AVERTISSEMENT
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UNIVERSITE PAUL-VERLAINE - METZ
ECOLE DOCTORALE PIEMES
Dpartement de sociologie
Thse pour obtenir le grade de docteur
Discipline : Sociologie
Prsente et soutenue publiquement par
Sabrina SINIGAGLIA-AMADIO
Une approche sociologique du travail associatif dans les quartiers dits sensibles. De lexprience lexpertise
Thse dirige par Jean-Marc LEVERATTO
Soutenue le 11 octobre 2007
Jury :
Maurice BLANC, Professeur de sociologie, Institut d'urbanisme de l'universit Marc Bloch, Strasbourg, CRES Michel CHAUVIRE, Directeur de recherche au CNRS, Paris II, CERSA Jacques ION, Directeur de recherche au CNRS, Universit de Saint-Etienne, Modys (ex-CRESAL) Jean-Marc LEVERATTO, Professeur de sociologie, Universit Paul-Verlaine, Metz, 2L2S/ERASE Jean-Yves TRPOS, Professeur de sociologie, Universit Paul-Verlaine, Metz, 2L2S/ERASE
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A Marie et Auguste
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Remerciements
Ce travail de thse naurait pu aboutir sans un certain nombre de personnes quil sagit de
remercier tout particulirement ici.
Tout dabord, je tiens remercier mes collgues et ami(e)s qui mont aide tout au long de ces
annes laborer ma rflexion :
Jean-Marc Leveratto, qui a accept daccompagner mon travail de thse. Disponible et
attentif, il ma permis, par des critiques et des lectures exigeantes, toujours bienveillantes,
sans jamais tre complaisantes, daffter mon jugement, denrichir mes rflexions
thoriques et daffiner ma rdaction ;
Herv Jory, qui a suivi mon travail de recherche sociologique depuis mon anne de matrise et
avec qui jai ralis (avec Xavier Engels) lenqute de terrain, qui constitue le matriau
principal de ce travail, et le rapport qui a suivi ;
celles et ceux qui, au sein de lquipe de recherche en anthropologie et sociologie de
lexpertise du laboratoire lorrain de sciences sociales (2L2S/ERASE), mont permis dclairer
un certain nombre de points thoriques, mthodologiques et rdactionnels, loccasion de
discussions toujours stimulantes et denqutes collectives enrichissantes ;
lquipe de doctorant(e)s qui a particip lArthmetz (Atelier de ralisation de thse Metz)
avec qui jai eu de nombreux changes sur des questions de mthodologie et dcriture
propres la thse ;
Christelle Stupka, amie et compagne dans la souffrance de lexercice de thse, qui jai pu
confier lassitude et angoisses et qui a toujours su trouver les mots et blagues efficaces pour
me remettre en selle.
Je remercie galement les interviews qui ont accept de passer du temps avec moi pour me
dcrire patiemment ce quils font au quotidien.
Je remercie galement ma maman qui a relu mon tapuscrit afin dvacuer le plus possible de
coquilles malicieuses ; et ma famille, dune manire gnrale, qui ma toujours soutenue dans
cette aventure.
Enfin, je remercie trs tendrement Jrmy Sinigaglia, qui, par son soutien moral, affectif, ses
nombreuses relectures attentives et exigeantes et les changes quotidiens que nous avons eus
autour de mon objet de recherche, a largement contribu laboutissement de ce travail.
Que toutes et tous trouvent ici ma profonde reconnaissance et affection.
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PRSENTATION ............................................................................................ 15
PREMIRE PARTIE : LE TRAVAIL ASSOCIATIF EN QUARTIER DIT SENSIBLE, UN OBJET SOCIOLOGIQUE ................................................. 19 INTRODUCTION PREMIRE PARTIE ..................................................... 21 CHAPITRE I : Lmergence du travail associatif en quartier dit sensible23
I1 : Gense des politiques de la ville en France .......................................................... 23
I.1.1. Lesprit des lois et des dispositifs .................................................................. 23 I.1.2. Les prmices de la critique. Du grand ensemble social limage de la cit poubelle ....................................................................................................................... 26 I.1.3. De lmergence linstitutionnalisation des structures associatives comme partenaires de laction publique .................................................................................. 26 I.1.4. La Politique de la ville , un label li aux premires meutes urbaines et la multiplication des rapports instituant de nouveaux dispositifs ......................... 28 I.1.5. Une dcentralisation qui renforce le poids de lassociatif ................................. 32 I.1.6. Les effets du quartier sensible sur laction associative ................................ 34
I.2. Le travail associatif de proximit. Quelques jalons historiques......................... 43
I.2.1. Aux origines de lassociation............................................................................. 43 I.2.2. Du politique lconomique : secteur associatif, conomie sociale et solidaire et utilit sociale ............................................................................................................... 45 I.2.3. Secteur associatif et travail social, frres ennemis............................................. 46
I.2.3.1. Une formation du travail social................................................................... 48 I.2.3.2. Un public cible commun aux travailleurs sociaux et associatifs ................ 51 I.2.3.3. Un champ daction diversifi mais commun aux travailleurs sociaux ....... 53 I.2.3.4. Un territoire : le quartier dit sensible .......................................................... 54
I.2.4. La situation actuelle du secteur associatif. Un secteur en voie de professionnalisation..................................................................................................... 58
I.3. Un espace singulier : la figure du quartier dit sensible....................................... 66
I.3.1. Le quartier dit sensible. Retour sur lhistoire dune catgorisation ................... 67 I.3.2. Une dfinition et une dsignation publique performative.................................. 71 I.3.3. Le quartier dit sensible est-il un ghetto ? ........................................................... 72 I.3.4. Une figure essentiellement urbaine.................................................................... 76 I.3.5. Des analyses contrastes .................................................................................... 77 I.3.6. Les quartiers dits sensibles, une violence lgitime ? ......................................... 78
CHAPITRE II : Pour une ethnographie dun quartier dit sensible ........... 83
II.1. La dmarche denqute. ....................................................................................... 83
II.1.1. Behren-ls-Forbach : premire rencontre avec le secteur associatif en territoire dit sensible. La dcouverte dun secteur complexe..................................................... 84
8
II.1.2. Sarreguemines : une enqute-bilan pour le Club de Prvention du CMSEA. La dcouverte des frres ennemis..................................................................................... 87 II.1.3. Metz Nord-La Patrotte : tentative avorte de cration dun Club de Prvention. Histoire de luttes territoriales et enjeux de pouvoir locaux......................................... 87 II.1.4. Lagglomration messine face la lutte contre les discriminations. Associatif en territoire dit sensible vs non sensible ?........................................................................ 88
II.2. Le cadre de lobservation ..................................................................................... 90
II.2.1 Le contexte de lenqute.................................................................................... 90 II.2.1.1. Des prliminaires dordre quantitatif......................................................... 90 II.2.1.2. Un cur denqute de type qualitatif ........................................................ 92 II.2.1.3. Des complments informels ...................................................................... 93 II.2.1.4. Pourquoi Metz-Borny ? ............................................................................. 94 II.2.1.5. Rcit de prsentation du secteur associatif rencontr................................ 95
II.2.2. Le quartier dont on parle : sa dimension territoriale ...................................... 100 II.2.2.1. Des contours gographiques .................................................................... 103 II.2.2.2. Une histoire.............................................................................................. 107 II.2.2.3. Un espace social ...................................................................................... 109
II.2.2.3.1. Une territorialit socialement marque............................................. 109 II.2.2.3.2. Une territorialit sexue diffrentielle plus ou moins tendue ......... 113 II.2.2.3.3. Une territorialit sgrgue .............................................................. 114
II.2.2.4. Un espace conomique ............................................................................ 114 II.2.3. Traitement et analyse de la parole des gens ............................................. 116
II.2.3.1. Une dmarche systmatique .................................................................... 117 II.2.3.2. Une dmarche comparative ..................................................................... 119
CONCLUSION PREMIRE PARTIE........................................................ 121 DEUXIME PARTIE : LES ACTEURS ASSOCIATIFS PROFESSIONNELS ET EXPERTS............................................................ 123 INTRODUCTION DEUXIME PARTIE................................................... 125
La forme contemporaine de linvestissement associatif. Vocation, militance et plaisir....................................................................................................................................... 126 Les acteurs associatifs : de lart lexpertise.............................................................. 129
CHAPITRE III : Formes et rles du bnvolat .......................................... 133
III.1. Les formes de bnvolat .................................................................................... 135
III.1.1 Un bnvolat de bonne volont ................................................................ 138 III.1.2. Un bnvolat professionnel ..................................................................... 142 III.1.3. Un bnvolat de CA part ...................................................................... 149 III.1.4. Un bnvolat dinsertion ......................................................................... 151
III.2. Deux rles principaux : entre autonomie et soutien ........................... 153
III.2.1. Les bnvoles autonomes.............................................................................. 153 III.2.2. Les bnvoles soutiens ou dmultiplicateurs des forces salaries .... 154
9
CHAPITRE IV : Formes et rles du salariat .............................................. 159 IV.1. Les formes de salariat........................................................................................ 159
IV.1.1. Un salariat typique , un mode mineur du secteur associatif.................... 161 IV.1.1.1. Un salariat typique existant plutt dans les grosses structures .............. 162 IV.1.1.2. Le poids de la qualification.................................................................... 163 IV.1.1.3. Des CDI prcaires .................................................................................. 165 IV.1.1.4. Des CDI principalement pour les postes responsabilit ................ 166
IV.1.2. Les structures associatives, des auxiliaires des politiques de lemploi ... 166 IV.1.2.1. Les formes particulires demploi. Un effet daubaine.......................... 167 IV.1.2.2. Un ensemble demplois prcaires htrogne........................................ 170 IV.1.2.3. Une prcarit si prsente que lon peut parler de carrire dans lemploi prcaire ............................................................................................................... 171
IV.2. Une diversit des rles ....................................................................................... 172
IV.2.1.Un rle rcurrent : former et encadrer les bnvoles ..................................... 172 IV.2.2. Des rles de communication, de militant et de pacification, plus marginaux mais nanmoins attachs aux missions associatives ................................................. 176
IV.3. Les enjeux du salariat associatif ....................................................................... 179
IV.3.1. Une polyvalence persistante.......................................................................... 179 IV.3.2. Un salariat garant de laction et de lexpertise associative ........................... 182
CHAPITRE V : Plus que des acteurs : une quipe de professionnels ...... 185
V.1. Une quipe hirarchise...................................................................................... 185
V.1.1. Du rcit de pratiques ordinaires.................................................................. 186 V.1.1.1. Des critres de division du travail et une hirarchie classiques .............. 187
V.1.1.1.1. Une hirarchie et une division du travail dpendantes du statut (bnvole/salari) .............................................................................................. 187 V.1.1.1.2. La place des diplmes dans la hirarchie et la division du travail ... 189 V.1.1.1.3. Une division du travail sexue ......................................................... 190 V.1.1.1.4. Une division du travail variable selon les actions, secteurs et axes de la structure associative .......................................................................................... 192
V.1.1.2. Des critres indits en matire de division du travail et de hirarchie .... 193 V.1.1.2.1. Une division du travail gographiquement situe ............................ 193 V.1.1.2.2. Une division du travail temporelle ................................................... 194 V.1.1.2.3. Une division du travail au feeling .............................................. 194
V.1.2. au rcit dun ressenti dcal : Y a pas de lien hirarchique bien sr mais cest elle qui dcide ................................................................................................ 195
V.1.2.1. Rhtorique de la libert ........................................................................... 197 V.1.2.2. Rhtorique de lgalit ............................................................................ 198 V.1.2.3. Rhtorique de la complmentarit........................................................... 199
V.2. Bnvolat/salariat. Une co-prsence aux enjeux forts...................................... 201
V.2.1. Du bnvolat au salariat, un passage diffrent selon les structures................ 201 V.2.1.1. Une vidence, une continuit organisationnelle...................................... 202 V.2.1.2. Un mode daction .................................................................................... 203 V.2.1.3. Une incompatibilit structurelle .............................................................. 204 V.2.1.4. Un passage qui gnre des transformations internes et externes............. 205
10
V.2.2.Quand les statuts se mlent : une question de temporalit .............................. 208 V.2.2.1. Le bnvole doit tre comptent, expriment, impliqu bref qualifi comme le salari.................................................................................................... 208 V.2.2.2. Le salari doit tre disponible, flexible, mallable bref libre, engag, militant, volontaire, avec lenvie, etc. comme le bnvole. .................................. 211
V.2.2.2.1. On ne compte pas son temps ...................................................... 213 V.2.2.2.2. Une appartenance ambigu au salariat ............................................. 216
CONCLUSION DEUXIME PARTIE........................................................ 221 TROISIME PARTIE : CADRE ET OUTILS DU SECTEUR ASSOCIATIF.................................................................................................. 223 INTRODUCTION TROISIME PARTIE ................................................. 225 CHAPITRE VI : Crer une structure associative en territoire dit sensible, un investissement territorial variable........................................................... 227
VI.1. Un investissement territorial spcifique. ......................................................... 229
VI.1.1. Rpondre un besoin.................................................................................... 229 VI.1.2. Rpondre une demande institutionnelle ..................................................... 232 VI.1.3. Crer une antenne locale ............................................................................... 233 VI.1.4. Ragir un vnement local ......................................................................... 235
VI.2. Les origines des fondateurs , des appartenances qui comptent................ 236
VI.2.1. Le poids des origines militantes.................................................................... 236 VI.2.2. Le poids des origines locales ........................................................................ 238 VI.2.3. Le poids des origines scolaires et professionnelles....................................... 239 VI.2.4. Le poids des origines statutaires et gnrationnelles .................................... 240 VI.2.5. La proximit comme instrument de mesure.................................................. 241
VI.2.5.1. Etre du terrain ................................................................................... 243 VI.2.5.2. Etre avec le terrain ........................................................................... 244 VI.2.5.3. Etre pour le terrain ........................................................................... 245
VI.3. Des modes de dveloppement structurel variables ......................................... 246
VI.3.1 Un dveloppement interne ............................................................................. 246 VI.3.1.1. La diversification des activits............................................................... 247 VI.3.1.2. La multiplication des locaux .................................................................. 248 VI.3.1.3. Llargissement des publics viss .......................................................... 250 VI.3.1.4. Ltendue du territoire temporel ............................................................ 251 VI.3.1.5. La salarisation ........................................................................................ 251
VI.3.2. Un dveloppement externe............................................................................ 253 VI.3.2.1. Crer une antenne................................................................................... 254 VI.3.2.2. Dvelopper des changes inter-quartiers ............................................... 254
VI.4. La mise en mouvement des usagers.................................................................. 257
VI.4.1. Les actions vise occupationnelle .............................................................. 259 VI.4.2. Les actions vise mancipatrice ................................................................. 260 VI.4.3. Les actions vise gestionnaire .................................................................... 261
11
CHAPITRE VII : Savoirs et comptences des travailleurs associatifs. .... 265
VII.1. Les registres du recrutement........................................................................... 265
VII.1.1. Un recrutement en mode industriel . Le rgne de la qualification et de lexprience ............................................................................................................... 266 VII.1.2. Un recrutement en mode domestique . ................................................... 270
VII.1.2.1. Quand tre de quelque part est institu en savoir exprientiel............. 270 VII.1.2.2. Un recrutement de type socio-tactique ........................................... 273
VII.2. Un recrutement rticulaire et exigent. Un turn-over modr ....................... 275
VII.2.1. Un recrutement rticulaire ........................................................................... 275 VII.2.2. Un recrutement exigent................................................................................ 280 VII.2.3. Un turn-over des personnels salaris et bnvoles modr ......................... 281
CHAPITRE VIII : Le travail en partenariat : leitmotiv du secteur associatif.......................................................................................................................... 289
VIII.1. Avec les institutions publiques : un partenariat ingalitaire ...................... 290
VIII.1.1. Le systme de financement ........................................................................ 290 VIII.1.2. Les enjeux du systme de financement ...................................................... 292
VIII.1.2.1. La prcarit institutionnalise ............................................................. 293 VIII.1.2.2. L effet balle de ping-pong ............................................................. 302
VIII.2. Le partenariat inter-associatif ....................................................................... 304
VIII.2.1. La dynamique concurrentielle ou lmergence de lesprit commerant du secteur associatif ....................................................................................................... 305 VIII.2.2. Les modalits pratiques du partenariat associatif....................................... 307
VIII.3. Le partenariat avec le secteur social ............................................................. 311 VIII.4. Le partenariat avec le secteur priv but lucratif ...................................... 313
CONCLUSION TROISIME PARTIE ...................................................... 317 QUATRIME PARTIE : FORMES ET ENJEUX DE LACTION ASSOCIATIVE EN QUARTIER DIT SENSIBLE .................................... 319 INTRODUCTION QUATRIME PARTIE ............................................... 321 CHAPITRE IX : Des acteurs du lien social ................................................. 329
IX.1. Un rapport l utilit sociale ....................................................................... 329
IX.1.1. Etre utile, servir quelque chose sur cette terre ..................................... 330 IX.1.1.1. Un rapport lautre ................................................................................ 331 IX.1.1.2. Un rapport soi...................................................................................... 334
IX.1.2. Rencontrer dautres personnes et voir autre chose que ses petites affaires .................................................................................................................... 337
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IX.1.3. Une contrepartie la retraite ................................................................... 339 IX.1.4. Entre dpendance et responsabilit ............................................................... 341
IX.2. Un rapport lutilit et la cration conomique ....................................... 345 IX.3. Un rapport au militantisme .............................................................................. 348
CHAPITRE X : Entre le secteur associatif et les institutions et pouvoirs publics, des rapports multiples ..................................................................... 353
X.1. Etre un relais territorial , une question de rflexe ................................ 354 X.2. De relais substitutif et palliatif ...................................................... 361 X.3. Du ractif social l agitateur ................................................................. 367
CHAPITRE XI : L'action associative en direction des usagers. Une grammaire normalisatrice............................................................................. 373
XI.1. De lantre lentre ou lart de faire exister publiquement le lien social.374
XI.1.1. Dvelopper un dialogue, une coute ....................................................... 379 XI.1.2. Animer le quartier ................................................................................... 385
XI.2. Un travailleur associatif entrepreneur de morale ..................................... 390
XI.2.1. Intgrer ? ....................................................................................................... 395 XI.2.2. Insrez ! ................................................................................................... 398 XI.2.3. Une insertion heureuse.................................................................................. 403 XI.2.4. Un travail de sensibilisation aux questions importantes ......................... 405
- une autonomie et un panouissement personnel ................................................. 406 - une conscience cologique.................................................................................. 406 - une connaissance et un apprivoisement de lautre et de sa culture..................... 406 - un dveloppement du sens critique ..................................................................... 406 - une affirmation de soi et une libert individuelle ............................................... 407
XI.3. Un pdagogue militant ................................................................................. 410
XI.3.1. Tmoin privilgi.......................................................................................... 411 XI.3.2. Porte-parole mais de qui ?......................................................................... 414 XI.3.3. Un rle dactivateur ...................................................................................... 416 XI.3.4. Une priorit : le travail sur limage du territoire ........................................... 419
XI.3.4.1. Les enjeux de la lutte contre limage sensible dun territoire .......... 419 XI.3.4.1.1. Une action envers les autres habitants ...................................... 419 XI.3.4.1.2. Une action envers les autres institutionnels .............................. 421 XI.3.4.1.3. Une action envers les habitants du territoire stigmatis.................. 424
XI.3.4.2. Les effets de laction associative sur limage ........................................ 428 XI.3.4.2.1. Quand lorientation produit des effets inverses .............................. 428 XI.3.4.2.2. Contrer positivement cette image ................................................... 430
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CHAPITRE XII : Discours de lexpert associatif et situations extra-ordinaires ........................................................................................................ 435
XII.1. Les discours de lexpert associatif................................................................... 435
XII.1.1. Un discours normatif ................................................................................... 436 XII.1.2. Un discours performatif ? ............................................................................ 437 XII.1.3. Un discours analytique et rflexif................................................................ 439 XII.1.4. Un discours prospectif ................................................................................. 441
XII.2. Deux vnements dexpertise .......................................................................... 442
XII.2.1. La runion-dbat CRISE DES BANLIEUES, VIOLENCES URBAINES ? Quelle ralit ? Quelles explications ? Quelles solutions ? .................................... 442 XII.2.2. La confrence/ateliers Lutter contre les discriminations au sein de lagglomration messine ........................................................................................ 445
CONCLUSION QUATRIME PARTIE .................................................... 451
CONCLUSION GNRALE ....................................................................... 455
BIBLIOGRAPHIE......................................................................................... 465
TABLE DES SIGLES .................................................................................... 493
TABLE DES TABLEAUX ET CARTES..................................................... 499
ANNEXES....................................................................................................... 501 ANNEXE I : Lois 1901 et dite 1908 affairant au droit dassociation en France. ............................................................................................................. 503
Loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association (Journal officiel du 2 juillet 1901).............................................................................................................................. 504 Loi dEmpire du 19 avril 1908 sur les associations .................................................. 508 Droit Local (1908) - Code civil local .......................................................................... 510 Extraits (articles 21 79) ............................................................................................ 510 Tableau synoptique comparant les lois 1901 et 1908 ............................................... 518
ANNEXE II : Secteur associatif et conomie sociale et solidaire. Quelques explications...................................................................................................... 521 ANNEXE III : Texte de Jeune de banlieue Disiz La peste ...................... 533
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ANNEXE IV : Quelques prliminaires mthodologiques concernant l'investigation du terrain principal : le questionnaire ................................ 537 ANNEXE V : Lenqute principale : les interviews de Borny................. 547
V-1 Guide dentretien destination des responsables associatifs........................... 548 V-2 Guide dentretien destination des salaris/bnvoles associatifs .................. 550 V-3 Guide dentretien destination des usagers des structures associatives ........ 552
ANNEXE VI : Prsentation des structures associatives rencontres sur le quartier de Mezt-Borny ................................................................................. 553
Tableau rcapitulatif des caractristiques principales de ces structures............... 566 ANNEXE VII : Carte ZFU Borny Hauts de Blmont ............................. 567 ANNEXE VIII : Texte dinvitation au forum sur les banlieues, organis luniversit Paul-Verlaine, Metz le 22 novembre 2005............................... 569 ANNEXE IX : Affiche de la confrence/ateliers Lutter contre les discriminations dites ethniques et raciales au sein de lagglomration messine............................................................................................................. 571
15
PRSENTATION
Lobjectif de cette thse est dobserver comment le travail associatif, travers laction
quotidienne ordinaire et extraordinaire (au sens de situations rares qui rclament une
expertise) dacteurs locaux (ici, des professionnels bnvoles et/ou salaris associatifs)
sefforce de modifier lexprience et lidentit dun territoire.
Cette entreprise de normalisation1 de la vie des habitants dun quartier dit sensible et de leurs
relations est complexe car elle doit composer avec une dfinition plurielle2 de ce territoire,
rsultant de la diversit de ses mises en formes (institutionnelles, politiques, administratives,
professionnelles, mdiatiques, conversationnelles) et avec lexprience territoriale de la
population concerne (habitants, travaillants, passants). La question de la territorialisation
envisage dun point de vue cognitif, en tant que processus daccommodation intellectuelle et
dun point de vue sociologique, en tant que situation de concurrence professionnelle (le
secteur associatif nest pas un et unifi, m par une logique unidirectionnelle), est donc une
question centrale de notre analyse. Elle permet de mettre en lumire les nombreux enjeux
attachs linteraction dans un quartier partir de caractristiques spcifiques telles que sa
sensibilit , sa capacit dexclusion, son pouvoir de discrimination (ngative comme
positive), sa stigmatisation, son rapport aux autres territoires (les autres) qui le voisinent
plus ou moins de distance sociale et spatiale, etc.
Lapproche sociologique propose vise rendre compte des processus sociaux, politiques et
conomiques qui reposent, dans le cas du travail associatif, les rapports entre acteurs,
dispositifs et territoires. Sa progression rpond une construction somme toute assez
classique.
1 Normalisation dont on verra quelle ne se limite pas la seule acception de contrle social. 2 Lobjet de la construction dfinitionnelle du territoire par le secteur associatif tend exister au milieu dautres, politiques, mdiatiques, communes de tout un chacun mais galement des diffrents experts savants qui gravitent dans le champ de laction urbaine. Sur ces experts savants qui imposent une vision du monde urbain, une faon de poser les bons problmes , une manire de les rsoudre, voir Cadiou S., Vers une action urbaine "moderniste" : les effets du discours des experts savants , Sciences de la socit, n65 Les idologies mergentes des politiques territoriales , 2005, p. 8-27.
16
Avant tout, il sagira de revenir sur le contexte socio-historique de lmergence de la
professionnalisation du secteur associatif. Son implication progressive dans la Politique de la
ville est un lment fondamental de la place quil occupe aujourdhui dans la gestion du
social. Afin de satisfaire la demande politique, le secteur associatif a du se doter dun
arsenal de comptences. Le dcoupage des espaces urbains entre des quartiers plus ou moins
sensibles qui sest impos a galement contribu dlimiter le champ dintervention des
travailleurs associatifs. Il les circonscrit lespace du quartier dit sensible. Non quils soient
totalement absents des espaces urbains non sensibles ou ruraux mais leur importance et
leur visibilit est moindre. Linteraction entre le territoire et les travailleurs associatifs, on le
verra, alimente leurs caractristiques identitaires respectives. Cela sera notamment envisag
travers lanalyse du secteur associatif du quartier de Metz-Borny.
Ensuite, dans une deuxime partie, il importera de faire davantage connaissance avec les
travailleurs associatifs. Nous rappellerons et analyserons cette occasion la diversit des
formes de bnvolat qui ctoient la diversit des formes de salariat. Ce binme,
caractristique du secteur, structure lorganisation des structures associatives. Ces dernires
recrutent leur personnel suivant diverses logiques (classiques mais galement suivant des
stratgies locales, rticulaires, etc.). Et cette multiplicit des sources de recrutement permet au
secteur de disposer de savoirs et de comptences clats. Ces savoirs et comptences
tmoignent de la professionnalit croissante du secteur et de sa capacit tre expert en
situation. Lexistence du binme statutaire fait exister une structuration indite des collectifs
de travail et de lquipe associative.
Dans la troisime partie, nous envisagerons les outils et les quipements disposition des
travailleurs associatifs. Cette partie sera ainsi loccasion dinterroger le rapport au territoire
des acteurs et des structures, qui dveloppent des actions (ou plus exactement qui font reposer
leurs actions sur des modalits et des principes diffrents) en direction des publics privilgis
(usagers, travailleurs associatifs et autres professionnels et institutions locaux, les autres). La
question du (des) partenariat(s), leitmotiv impos et revendiqu, qui organise trs largement le
mode daction du secteur, occupera une place importante de lanalyse. Elle construit en effet
pleinement lidentit du secteur associatif des quartiers dits sensibles. Il sagira galement,
travers lanalyse des discours tenus par lacteur associatif (professionnel et/ou expert)
dapprofondir notre connaissance des nombreux savoirs et comptences de celui-ci. Nous
verrons galement que la proximit et la mise en mouvement des habitants constituent de
vritables outils de lacteur associatif.
17
Enfin, la dernire partie sera consacre lanalyse des formes de laction du secteur associatif
en territoire dit sensible. Nous verrons ainsi comment le secteur associatif interprte son
(ses) rle(s) pratiquement. Il importera de revenir sur cette diversit afin de comprendre
comment le processus de professionnalisation enclench par le secteur la conduit non
seulement asseoir sa lgitimit dintervenant professionnel mais galement, revendiquer
une forme dexpertise. Je montrerai cette occasion que lensemble des actions vise une
normalisation du territoire. Cette normalisation moderne3 (qui ne sattache pas au seul
contrle social) place le secteur associatif dans une position privilgie lheure de la
dmocratie participative , de la gouvernance locale et de la socit civile .
Ainsi lobjectif global est-il de mesurer leffet de laction associative en quartier dit sensible.
Le secteur associatif occupe un rle central aujourdhui dans lobservation et la reprsentation
de ces quartiers. Les couples notionnels norme/marge, inclus/exclus, socialis/dsocialis,
intgr/non intgr (dsintgr ?), scolariss/dscolariss, affilis/dsaffilis, etc. ne sont pas
que des catgories indignes des pouvoirs publics ou des catgories savantes de chercheurs
mais elles sont galement construites et mobilises par les acteurs eux-mmes. Le travailleur
associatif participe de cette construction, mme si son action en ce sens est plus ou moins
volontaire. Il participe de la stigmatisation et de la polarisation du regard sur ces territoires par
son action voire du seul fait de sa prsence.
Cette thse se veut ainsi contribuer une meilleure comprhension du monde du travail
associatif. Ce travail est difficile comprendre parce quil est insparable du territoire dans
lequel il sancre. De telle sorte quon peut dire que le territoire fait le travail associatif comme
le travail associatif fait le territoire. A la manire de Edward T. Hall4, qui parle dun
faonnement rciproque entre lhomme et son environnement, on peut soutenir la thse
3 La notion de modernit, ici utilise, ne fait quindirectement rfrence au dbat sur la modernit/post-modernit. Il ne sagit pas dentrer dans ce dbat qui ncessiterait une thse lui seul (Voir Trpos J.-Y., La sociologie postmoderne est-elle introuvable ? Un tat du dbat anglophone sur la modernit. , Le Portique, N1 La modernit , 1998, 12p.). Pour autant, ce qui est intressant garder de ce dbat cest la mise en avant de nouveaux rapports sociaux, peut-tre plus risqus, bass sur la confiance, davantage lectifs, moins ancrs dans des inscriptions sociales fatales et anims dune certaine rflexivit. Nous verrons notamment que le risque constitue une notion-matrice de la construction du territoire en tre dit sensible, comme pourrions-nous le dire avec les sociologues pragmatiques (voulant qualifier tout la fois la population, le quartier, les conditions sociales, les HLM ou encore dautres dispositifs marqueurs de difficult pouvant tour tour tre lacteur (lactant) agissant ou subissant au centre du risque : violence, dgradation, chec scolaire, sexisme, stigmatisation, insalubrit, etc.). Et nous verrons galement que la rflexivit constitue une part importante de lactivit associative, qui vise une innovation permanente (mme si les routines existent). Enfin la problmatique du lien social, quil sagisse de lenvisager comme idal perdu reconstruire ou comme ralit rendre visible, constitue le cur de la pratique et des attentes du secteur. Enfin, la dimension rticulaire du mode daction du secteur contribue asseoir le caractre moderne du secteur, non que les rseaux nexistaient pas avant mais ils sont aujourdhui prsents comme le socle sans lequel rien ne peut se faire. 4 Hall E. T., La dimension cache, Eds du seuil, Essais, Paris, 1971 (The Hidden Dimension, Doubleday & C, New York, 1966), 254p.
18
selon laquelle le territoire construit un secteur associatif et inversement dans la mesure o les
actions, les types associatifs, les modalits de prise en charge ou doccupation ne sont pas les
mmes selon les quartiers. On trouve nettement plus de structures associatives de type
social (soutien scolaire, aide linsertion sociale, professionnelle, linguistique, chantiers
de socialisation, etc.) sur les territoires dits sensibles que les autres non identifis comme tels.
Dans les autres quartiers, le secteur est structur autrement, suivant une logique
occupationnelle, danimation, de loisirs, bien plus que dintervention sociale. Pour autant ce
rapport nest pas si simple ni si dialectique quil ny parat au premier abord car sil existe une
telle correspondance entre une nature du secteur associatif (plutt social, plutt animateur
culturel, plutt animateur sportif, etc.) et une nature ou une essence de son territoire
dimplantation (plus ou moins sensible) cest bien plus parce que le secteur associatif est un
acteur qui dsigne, diagnostique le besoin comme tel (un besoin) et propose une rponse
possible. Il est lauteur de sa propre lgitimation. Il identifie une difficult (un chec scolaire
en Primaire, par exemple) et soumet une modalit de prise en charge (un atelier de soutien
scolaire collectif, individuel, etc.). Il ne sagit pas daffirmer que ces territoires nont aucun
problme ou quils sont uniquement crs, construits par les acteurs associatifs mais il sagit
de prendre en compte la dimension dexpertise dun problme (dans son processus global
allant de lobservation la dsignation puis la mesure et la proposition) car elle est
llment central qui permet de saisir les enjeux traduits le plus souvent par une concurrence
entre structures associatives parfois redoutable qui animent le secteur.
19
PREMIRE PARTIE
LE TRAVAIL ASSOCIATIF EN QUARTIER DIT
SENSIBLE, UN OBJET SOCIOLOGIQUE
21
INTRODUCTION PREMIRE PARTIE
Avant toute chose, il importe de contextualiser ltude ralise la fois dun point de vue
historique, thorique et mthodologique. Je mattacherai montrer dans un premier temps
comment le secteur associatif en est arriv occuper la place quil occupe actuellement. Sa
propre action, le processus de professionnalisation dans lequel il sest engag a trouv une
audience auprs des pouvoirs publics et des institutions locales qui ont en charge la gestion
des populations et quartiers dits sensibles. Ces derniers ont progressivement appel les
travailleurs associatifs participer la gestion locale des problmes du territoire dsigns
comme tels1. Nous verrons que larrive et linstitutionnalisation de la politique de la ville a
une part importante dans cette reconnaissance et cette opration de lgitimation du secteur
associatif comme professionnel de terrain et comme expert en situation. En outre, larrive de
catgorisations officielles pour dfinir les quartiers urbains aux grandes difficults sociales et
conomiques ( quartiers difficiles , quartiers sensibles , etc.) a contribu circonscrire
laction des travailleurs associatifs, trs souvent partenaires des travailleurs sociaux, dans des
espaces sociaux concerns par dautres dispositifs des politiques publiques (de lemploi, de
lduction, de la culture, etc.).
Dans un second temps, je prsenterai le cadre et les objectifs de mon observation. Il sagira de
dcrire ce qui ma conduit interroger lobjet sociologique tel que je lai construit avant de
donner quelques cls de comprhension du territoire (le quartier de Metz-Borny) sur lequel
porte lessentiel de lanalyse. Enfin, je conclurai cette partie par lexplicitation du mode de
traitement que jai choisi des matriaux recueillis.
1 Chauvire M., Le social territorialis, entre promesses, fictions et ralits , Projet, sept. 2005, 7p.
22
23
CHAPITRE I
Lmergence du travail associatif en quartier dit sensible
I1 : Gense des politiques de la ville en France
Au fil des dernires dcennies, le secteur associatif a en effet t projet au cur de la gestion
sociale des quartiers et des populations dits en difficult. Afin de mieux saisir les enjeux de
son action en territoire dit sensible, il est donc ncessaire doprer un retour sur le cadre social
et politique qui la conduit occuper sa place actuelle.
I.1.1. Lesprit des lois et des dispositifs
Nul ouvrage de sciences sociales, et plus particulirement de sociologie, digne de ce nom, ne
peut proposer aujourdhui une analyse du secteur associatif, des quartiers dits sensibles ou
mme traiter de la question du lien social sans envisager un retour sur ce que lon a appel
depuis la fin des annes 1970, la Politique de la ville . Cette politique accompagne et
soutenue par de nombreux dispositifs daction sociale a au fil des dcennies pos un cadre, un
rfrentiel incontournable du travail social, et notamment du travail associatif2. La politique
de la ville en tant que telle existe certes depuis une vingtaine dannes mais la logique sous-
jacente est prsente depuis bien plus longtemps. On peut faire remonter ces origines au
XIXme sicle, sicle hyginiste3 et social4 avec des structures associatives et politiques aux
origines et statuts divers (catholiques, laques, rpublicaines, patronales, etc.) qui soccupent
des indigents, des pauvres, des malades, des dpravs moralement, etc. Les traductions
2 Ce lien direct entre travail social et travail associatif sera montr plus loin dans le corps du texte. Pour simplement signaler au lecteur ce qui fonde le lien quasi organique entre ces deux espaces socioprofessionnels, cela renvoie la fois une proximit dobjet, une proximit de territoire, comme nous le montrerons, et dune proximit dorigines professionnelles et de parcours socioprofessionnels. Nous demanderons donc au lecteur de convenir provisoirement avec nous de ce lien, jusquau moment de la dmonstration. 3 Chombart-de-lauwe P.-H., La vie quotidienne des familles ouvrires, Editions du CNRS, Paris, 1956, 255p. 4 Sur un historique concernant ces premires mesures qui tablissent les prmices du social tel que nous le connaissons aujourdhui, voir Castel R., Les mtamorphoses de la question sociale. Une chronique du salariat, Gallimard, Coll. Folio essais, Paris, 1995, 813p. ; Chauvire M., Le travail social dans laction publique. Sociologie dune qualification controverse, Dunod, Paris, 2004, 304p. plus particulirement le chapitre 2 professions et professionnalit dans le secteur social , p. 39-127. ; Dubet F., Le dclin de linstitution, Seuil, Coll. lpreuve des faits, Paris, 2002, 421p., p. 231-268.
24
urbaines de ces premires prises en charge voient le jour partir des annes 1940, comme
nous le rappellent Christian Bachmann et Nicole LeGuennec5.
Le titre de leur ouvrage Violences urbaines. Ascension et chute des classes moyennes
travers cinquante ans de politique de la ville resitue clairement la naissance de la politique de
la ville une date antrieure sa dclaration officielle en 1981. Les dispositifs tatiques en
tant que tels naissent la fin des annes soixante-dix, prcisment en 1977, avec les
oprations Habitat et vie sociale 6 (HVS) qui consistent en des sminaires (notamment
celui de Marseille, qui verra natre le terme de rhabilitation ) o il sagit la fois de
rnover le bti et danimer la vie sociale ; ce qui suppose alors une implication de lensemble
des services concerns. Nous touchons ici aux prmices du dveloppement social ,
valorisant tout la fois la prise en charge globale et le partenariat .
Mais, pour ce qui concerne la politique du logement, ses prmices apparaissent ds la sortie
de la seconde guerre mondiale. Raoul Dautry, alors ministre de la reconstruction et de
lurbanisme, dfinit ds 1944 la faon dont lEtat traitera le logement en France tout au long
du vingtime sicle. Voulant redresser le peuple la sortie de la guerre, la reconstruction
se traduira principalement par de la construction. Cest ainsi que sortiront de terre les tours de
bton dans de nombreuses villes franaises : ce que dans les annes soixante-dix lon
appellera les grands ensembles .
Il faut noter cependant que le premier grand ensemble nest pas n dans les annes cinquante
mais en 1932 Drancy. Certains notent que la maldiction des grands ensembles serait ne
ce moment mme. Bachmann et Le Guennec notent que sa lgende anticipe la maldiction
qui frappe sa race. Des architectes renomms se penchent sur son berceau et il sort de terre en
1932. Mais ds que les Drancens le voient, ils labhorrent et refusent obstinment de
lhabiter. Quatre ans plus tard, il est transform en caserne pour gardes mobiles. En 1942,
nouvelle mue, fatale cette fois sa rputation future. La premire grande ralisation de
larchitecture sociale " la franaise" passera la postrit comme camp de regroupement o
lon parque des malheureux en partance vers les geles nazies. Cest le fameux "camp de
Drancy" 7. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, lide de grand ensemble nest pas
repousse, elle reprsente au contraire une promesse de bien-tre pour des centaines de
milliers de familles prives dun logement dcent par les bombardements de la guerre.
5 Bachmann Ch., Le Guennec N., Violences urbaines. Ascension et chute des classes moyennes travers cinquante ans de politique de la ville, Albin Michel, Paris, 1996, 557p. 6 Ibid., p. 333 et suivantes. 7 Ibid., p. 120.
25
Cest bien pourquoi laction politique de Dautry recueille le soutien du Mouvement populaire
des familles (MPF), devenu en octobre 1950, aprs des vnements qui lont conduit se
radicaliser, le MLP, Mouvement de libration du peuple puis, en juin 1951, aprs scission et
rorientation limitant laction des actions dducation et de solidarit en direction des
ouvriers, le MLO, Mouvement de libration ouvrire8. Ce mouvement a galement exerc
une influence certaine sur les futurs mouvements urbains, fournissant leurs cadres aux
associations de quartiers des annes cinquante et soixante. 9 Cette priode du IIme Plan
(1954-1957) donne la priorit au relogement des populations mal-loges ou non-loges. De
nombreuses actions participeront ldification de la politique de la ville telle que nous la
connaissons aujourdhui. Le mouvement dautoconstruction dit Mouvement des Castors (n
ds le dbut des annes cinquante, dont lapoge sera les annes soixante-dix) propose des
constructions mais pas uniquement en ce quil est un mouvement communautaire utopiste,
visant un meilleur vivre ensemble. Larrive de Franois Bloch-Lain la direction de la
Caisse des dpts et consignations en 1953 constitue galement une pierre de taille ldifice
de la politique de la ville. Il est celui qui transforme les modalits de financement et les
priorits de financement du logement en passant des immeubles cossus bourgeois lhabitat
populaire. Mais il est galement linitiative de la cration des villages de vacances familiaux
(VVF) et fera la promotion des quipements sociaux. Son action politique est donc largement
constitutive de lallure des quartiers de grands ensembles que nous connaissons aujourdhui.
Sajoutent des interventions de plus en plus mdiatises de labb Pierre, celle de lhiver 54
restera dans la mmoire collective, notamment parce quelle aura des retombes politiques
fortes avec, entre autres, la cration dune loi interdisant les expulsions pendant lhiver etc.
Elles vont vritablement poser les bases de ce que deviendra la politique de la ville en matire
dhabitat urbain ou de formation socioculturelle, mlant construction urbaine, habitat social,
services de proximit et espaces collectifs de vie.
Cette priorit du logement se traduit alors par une dmultiplication des constructions en
prfrant axer sur le quantitatif plutt que le qualitatif. Aussi, partir de 1950, on surenchrit
coup de 500 habitants, 1 000 habitants aux 4 000 (comme la Courneuve en 1956) ou 10
000 ( Sarcelles en 1955) sur 400m (le Haut-du-Livre Nancy), 260m (Parilly Bron) etc. 8 Pour davantage de dtails concernant lvolution de ce mouvement, voir Bachmann Ch., Le Guennec N., Op. cit., 1996, p. 35-50 ; Chauvire M., in Singly F. de, La famille, ltat des savoirs, La dcouverte, Paris, 1991, 448p. ; Talmy R., Histoire du mouvement familial en France, Etude CAF, UNCAF, Paris, 1962, 281p. ; Chauvire M., Duriez B., La bataille des squatters et linvention du droit au logement 1945-1955, Groupement de recherche sur les mouvements familiaux, Paris, n7, 1992, 259p. ; Nizey J., Les belles annes dun mouvement, le Mouvement populaires des familles au lendemain de la Libration , Cahiers de lanimation, n57/58, dc. 1986, p. 177-185. 9 Bachmann Ch., Le Guennec N., Ibid., p. 48.
26
I.1.2. Les prmices de la critique. Du grand ensemble social limage de la cit poubelle
La critique ne se fait pas longtemps attendre face ces constructions dmesures. Marcel
Cornu note que, ds la fin des annes cinquante, dans la bouche de ses rsidents, les HLM
changent de sexe. Une HLM est une noble ralit administrative ; un hachlme est un objet
suspect o lon vous a rang faute de mieux 10 et Gilbert Mathieu, journaliste au journal Le
Monde entrine, dans un article assassin11, lide dune gestion catastrophique de la question
du logement sous la IVe Rpublique. Le IIIme Plan (1958-1961) verra alors la priorit
roriente vers lenseignement plutt que le logement, avec une arrive massive de
travailleurs sociaux (assistants sociaux, ducateurs, puricultrices, infirmires), remplaant les
dames patronnesses et autres instances du sicle prcdent. Dautant que la mauvaise
rputation commence toucher les grands ensembles12. Ds 1962, 1963, lensemble de la
presse nationale (Le Figaro, Le Monde, Libration, etc.) fait tat de lennui, de la solitude des
grands ensembles et les expressions cit-dortoir , caserne , univers
concentrationnaire , bote chaussures , poulailler ou encore clapier voient le jour.
Cest aussi lmergence des blousons noirs et des critiques sur les cits de transit 13
perues comme degr zro du logement social 14 ou habitat de relgation 15. Les
pouvoirs publics vont ds lors chercher de nouveaux outils et dautres acteurs, notamment
associatifs locaux, pour tenter doprer une transformation de la situation sociale et urbaine de
ces quartiers.
I.1.3. De lmergence linstitutionnalisation des structures associatives comme partenaires de laction publique
Dun point de vue institutionnel, les annes soixante voient la cration de la Dlgation
lamnagement du territoire et laction rgionale (DATAR) (en 1963)16, du ministre de
10 Cornu M., La conqute de Paris, Environnement et Socit/Mercure de France, Paris, 1972, 343p. 11 Mathieu G., Logement, notre honte , in Le Monde du 11 au 19 avril 1958. 12 Haumont N., Les pavillonnaires, CRU, Paris, 1966, 150p. ; Raymond H., Haumont A., Haumont N., Dezes-Raymond M.-G., Lhabitat pavillonnaire, CRU, 1966, 146p. ; Dezes-Raymond M.-G., La politique pavillonnaire, C.R.U., Paris, 1966, 313p. 13 La J.F., Murard N., Largent des pauvres, Le Seuil, Paris, 1985, 209p. 14 Tricart J.-P., Prcarit et pauvret , Le logement social dans le contexte dune crise durable, dossier prparatoire aux Assises pour lavenir des cits dhabitat social, 1981. 15 Pialoux M. et Thret B., Etat, classe ouvrire et logement social , Critiques de lconomie politique, oct-dc. 1979, p. 43-89. 16 Monod J., Castelbajac Ph. de, Lamnagement du territoire, Que-sais-je ?, PUF, Paris, 1971, 128p.
27
lquipement (en 1966) et la reconnaissance officielle des structures associatives en 1969
puisque des locaux collectifs rsidentiels (LCR) ou mtres carrs sociaux comme les
acteurs associatifs les nomment vont tre attribus aux habitants des grands ensembles pour
quils y installent des lieux de rencontre, danimation culturelle ou de garde denfants. Les
structures associatives vont ds lors tre de plus en plus impliques dans la gestion des
territoires dfinis aujourdhui comme sensibles . Cest le dbut de la valorisation de la
souplesse de gestion des structures associatives. Elles deviennent alors un interlocuteur
privilgi, auquel lEtat et les lus locaux attribuent des comptences, forces vives
(reconnues et se rendant) indispensables pour la mise en uvre des actions de la puissance
publique au niveau local. En 1972, il en sera de mme pour les clubs et quipes de prvention
spcialise qui seront officiellement reconnus par larrt ministriel du 4 juillet. La mme
anne, aprs un long dbat lAssemble nationale, est lance lide dun droit la ville ,
visant donner davantage de pouvoir aux lus locaux en matire de politique urbaine et de
privilgier laspect qualitatif au quantitatif des annes cinquante. Place au cadre de vie .
Les annes soixante-dix sont galement les annes de lexplosion associative. Quil sagisse
de dfendre ses propres intrts ou ceux dautrui, on ne compte plus la cration de clubs et
associations en tous genres17. Comme le notent Bachmann et Le Guennec, ce moment,
tout se conjugue pour mobiliser les troupes associatives. Lhritage du pass, tout dabord.
Les puissants mouvements davant-guerre, chrtiens ou communistes, bien quayant dj
perdu de leur puissance, sont loin dtre dlits. Sy ajoutent de nouveaux regroupements qui
se dploient selon la logique organisatrice du salariat pour la dfense de tel ou tel groupe. Les
locataires ont leur syndicat, tout comme les ouvriers dusine ou les employs de bureau.
Enfin, - et cest la troisime strate, la plus rcente mai 68 a laiss derrire lui, dans les
classes moyennes, une profonde aspiration la prise en charge de sa vie quotidienne, qui se
manifeste par de multiples tentatives autogestionnaires. Dans tous les cas, on cre ce quon
appelle une "1901"18. Ces trois composantes se rencontrent et conjuguent leurs efforts. Au
tournant des annes soixante-dix, cest le grand renouveau des associations. 19 Sajoutent
ces mouvements de dpart des incitations politiques qui voient dans les structures associatives
des lieux propices au jeu de la dmocratie et limplication collective dans la vie sociale20.
17 Canto J.-F., Panorama des dclarations dassociations , in Recherche sociale, n60, mars 1978. 18 Appellation qui renvoie lanne de la loi autorisant la cration de structures associatives. La grande majorit des associations sont cres selon cette loi. Seul le droit local (Alsace-Moselle) introduit une spcificit en termes de cration associative franaise permettant une cration selon la loi 1908. 19 Bachmann Ch., Le Guennec N., Op. cit., 1996, p. 265-266. 20 Ibid., p. 266-267 ; Stasi B., Vie associative et dmocratie nouvelle, PUF, Paris, 1980, 157p. ; Lenoir R., La participation des citoyens la vie sociale , in Projet, n107, juillet-aot 1976.
28
Cette incitation politique se concrtise en 1976 avec le vote dune loi attribuant aux structures
associatives un rle semi-officiel partir dun agrment officiel leur autorisant un droit de
regard sur le Plan doccupation des sols (POS). Place est faite aux structures associatives
animatrices et innovantes21 dans la gestion urbaine. Leur place est alors toute lgitime dans
les oprations Habitat et vie sociale qui arrivent en 1977. Ces oprations sont les
premires dun nouveau mode de gestion urbaine. Il ne sagit plus de grer centralement, de
faon litiste et techniciste comme Dautry ou dautres avaient pu le faire jusqu cette
priode. Avec Habitat et vie sociale arrive la participation 22 des habitants,
llaboration concerte. La premire rgie de quartier, cre Roubaix par une structure,
lAtelier populaire durbanisme (lAPU) lie au CERFI mont entre autres par Felix
Guattari23 nat donc cette poque. Le territoire est ainsi envisag par dautres acteurs
sociaux. En 1977, Habitat et vie sociale intervient sur 39 sites, soit 60 000 logements, alliant
rnovation du bti et actions interministrielles d"animation". 24 A sa suite vont se succder
de (trop) nombreux dispositifs qui vont un un contribuer dcrdibiliser laction de lEtat
dans la gestion urbaine mais qui, paralllement, vont participer de linstitutionnalisation, de la
professionnalisation et de la spcialisation des structures associatives, qui occuperont une
place toujours grandissante dans la gestion de ces territoires dits sensibles.
I.1.4. La Politique de la ville , un label li aux premires meutes urbaines et la multiplication des rapports instituant de nouveaux dispositifs
Ce que Bachmann et Le Guennec appellent le mythe de 1981 25 rsume la stratgie
politique de la droite depuis cette poque qui lie intrinsquement larrive de la gauche au
pouvoir avec llection de Franois Mitterrand la prsidence de la Rpublique et la logique
de gestion urbaine que nous connaissons. Ce qui est concomitant cest larrive des meutes.
21 Nous verrons quel point cette notion et cette logique dinnovation est inhrente laction associative partir de cette poque qui cre de nouveaux rapports entre le local et le global et entre les lus et ce que lon nomme la socit civile. 22 Participation est envisage par les institutionnels comme une participation-gestion , selon la terminologie mobilise par Abdelmajid Bennour, cest--dire une participation qui cherche impliquer davantage de personnes dans la prise de dcision. A ct de ce mode participatif, lauteur distingue la participation-solidarit (qui dveloppe une cohsion autour de valeurs communes) et la participation-contestation (qui revient sengager contre un changement propos, le plus souvent, par les acteurs institutionnels locaux). Ces trois modes coexistent au sein des quartiers dits sensibles. Bennour A., Logiques des participations citoyennes. Solidarit, contestation, gestion, LHarmattan, Coll. Logiques sociales, Paris, 2006, 191p. 23 Bachmann Ch., Le Guennec N., Op. cit., 1996, p. 283-296 ; Les rgies de quartier, exprience et dveloppement, Plan urbain, 1994, 159p. 24 Ibid., 1996, p. 334. 25 Ibid., p. 338-339.
29
1981 connat sa premire meute des banlieues (juillet 1981) et connat alors le dbut des
dispositifs26 pris dans une logique de Politique de la ville tiquete en tant que telle.
Cependant, comme on la vu, la logique de gestion est prsente depuis les annes cinquante
avec les diffrentes lois qui ont introduit de nouveaux acteurs dans la politique urbaine : les
lus locaux, les professionnels du social et de lducatif, les structures associatives jusquaux
habitants eux-mmes. Elle se concrtise mme ds 1977 avec Habitat et vie sociale. Les
annes quatre-vingt connaissent une accentuation de ce mode de prise en charge avec les
premiers dispositifs : en juillet 1981, les zones dducation prioritaires (ZEP) sont cres par
Alain Savary en calquant la formule anglaise des Educational Priority Areas et en reprenant
les suggestions du SGEN 27 ; la suite du rapport de Bertrand Schwartz28, sont cres les
missions locales pour lemploi (septembre 1982) ; la suite du rapport de Hubert
Dubedout29, sont crs les quartiers qui deviennent des laboratoires o se rinventeront
le social et lurbain 30 (dispositif qui prendra lappellation DSQ, Dveloppement social des
quartiers avec les dcrets dapplication en 1986 puis, en 1989, DSU, Dveloppement social
urbain31) ; suite au rapport de Gilbert Bonnemaison32, cest la dlinquance qui devient un
dispositif avec lapparition des Conseils communaux de prvention de la dlinquance
(CCPD), dpendants du Conseil national de prvention de la dlinquance (CNPD) ; enfin, le
dernier de cette priode est Banlieues 89 33, cr en 1983, qui est la petite sur de la
commission de dveloppement social des quartiers. Ces dispositifs, tous contractuels, se
caractrisent par une prise en charge globale , transversale puisque le partenariat (lus,
administrations et structures associatives) sinstitutionnalise, base sur des projets34 (et non
plus des programmes) ancrs et inscrits territorialement puisquils sont ports localement (la
commune, le quartier) et doivent porter prioritairement sur les territoires dfavoriss. Ces
nouvelles modalits et injonctions tatiques de prise en charge tendent alors vers un rattrapage
26 Terme ici faisant rfrence tant la rhtorique politique, administrative voire du travail social et associatif qu la conceptualisation de Michel Foucault, Surveiller et punir. Naissance de la prison, Gallimard, Coll. Tel, Paris, 1975, 360p. 27 Anderson A., Vieillard-Baron H., La politique de la ville. Histoire et organisation, Editions ASH, Paris, 2003, 236p., p. 29. 28 Schwartz B., Linsertion professionnelle des jeunes, La Documentation franaise, Paris, 1982. 29 Dubedout H., Ensemble, refaire la ville, La Documentation franaise, Paris, 1983. 30 Bachmann Ch., Le Guennec N., Op. cit., 1996, p. 378. 31 Anderson A., Vieillard-Baron H., Ibid., p. 32. 32 Bonnemaison G., La scurit en libert, Syros, Paris, 1987, 155p. 33 Bachmann Ch., Le Guennec N., Ibid., p. 381-382 : Le nom de banlieues - avec un s pour tenir compte de leur diversit - sert demblme aux deux architectes, tout comme le chiffre de 89 choisi pour une double raison politico-lectorale : labolition des privilges en 1789 et le renouvellement des mandats municipaux en 1989 les maires y seront sensibles, dit-on. 34 Ce qui construit un nouveau mode de gestion et dorganisation suivant le nouvel esprit du capitalisme . Voir Boltanski L., Chiapello E., Le nouvel esprit du capitalisme, , Gallimard, Coll. essais, Paris, 1999, 843p.
30
des territoires les moins dots, les moins quips visant contrecarrer le dveloppement
radio-concentrique des villes savoir plus on sloigne du centre de la ville et moins on
dispose dquipements sociaux, culturels, sanitaires, etc. quont dcrit Monique Pinon-
Charlot, Edmond Prteceille et Paul Rendu propos de lIle-de-France35.
A ces dispositifs sajoutent galement des coups , comme les nomme entre autres Didier
Lapeyronnie36 : ce sont notamment les oprations anti-t chaud (qui prendront le nom
d oprations prvention t partir de 1984-8537) qui consistent en lorganisation de
vacances pour des jeunes des communes sensibles . Cest galement par ces vnements
que le partenariat sinstitutionnalise et devient un rel nouveau mode dintervention politique
et sociale, avec la cration de nouveaux mtiers : le chef de projet , le charg de
mission ou encore l animateur issu du milieu 38. Ces vnements, ces coups
participent de la gestion tatique de la ville, de lurbain et joueront galement sur limage que
cette prise en charge acquiert : limage dune dispersion (de moyens, de personnels, etc.),
dune accumulation, de concurrence parfois mme entre dispositifs. Lide dun catalogue de
mesures voire dune potion magique 39, selon Bachmann et Le Guennec, rappelant les
propos dun maire, illustrant assez justement limage dominante des dispositifs de la Politique
de la ville depuis cette poque :
le maire de Rez, Jacques Floch, constate en 1990 : "Dans ma commune, il y a tous les quipements, tous les monuments. Une glise, une mairie, une unit dhabitation construite par Le Corbusier. Mais il ny a pas de ville." Car la ville est aussi affaire de reprsentation : cest un lieu didentification, un morceau de territoire quon fait sien. Un adage puritain semblait prsider la multiplication des services publics : quimporte livresse, pourvu quon ait le flacon Dans la conception classique des quipements, le flacon est l. Mais pas livresse. 40
Je montrerai au cours de cette tude combien lappropriation de lespace urbain
appropriation individuelle et collective insparable dun travail de traduction, au sens
sociologique,41 des dispositifs tatiques de gestion de la ville, de politiques publiques et
dinscription territoriale est ncessaire pour assurer le dveloppement de lurbanit. En
35 Pinon-Charlot M., Prteceille E., Rendu P., Sgrgations urbaines, Editions Anthropos, Paris, 1986, 290p. 36 Lapeyronnie D., Les limites dune stratgie , in Les oprations t-jeunes . Analyse longitudinale dune politique publique, in MIRE/IDEF, recueil collectif par Dubet F., Dupe M., Duprez D., Jazouli A., Lapeyronnie D., Lefebvre B., Pitaud Ph. Et Porter F., Publications du CTNERHI, diffusion PUF, 1986, 2990p. 37 Anderson A, Vieillard-Baron H., Op. cit., 2003, p. 33. 38 Bachmann Ch., Le Guennec N., Op. cit., 1996, p. 396-397 et p. 435. Nous reviendrons sur cette notion de nouveau mtier : sagit-il de nouveaux mtiers ? de nouvelles fonctions ? de redfinition de mtiers et fonctions ? de nouvelles comptences ? 39 Ibid., p. 392-395. 40 Ibid., p. 153. 41 Callon M., Elments pour une sociologie de la traduction. La domestication des coquilles Saint-Jacques et des marins-pcheurs dans la baie de Saint-Brieuc in Lanne sociologique, n36, 1986, p. 169-208.
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labsence de cette appropriation, dmocratie participative, mobilisation citoyenne,
investissement local, etc. ne restent qu ltat larvaire et ne produisent pas de rels effets
long terme. Dautres vnements vont marquer et orienter fortement la politique du logement
en France de sorte que ces territoires progressivement stigmatiss vont devenir, selon les
auteurs, le symbole de lexclusion42, de la dsaffiliation43, de la dsinsertion44, de la
disqualification45, de la dliaison46, de la dsagrgation47, de la dliance48 ou encore de la
dissociation49, etc.
Ce dbut des annes quatre-vingt50 opre galement un changement de regard, qui soriente
vers les immigrs51 et ltranger devient le bouc missaire. Sans tre une relle novation
sociale52, ce changement va dclencher des actions et des prises de position politiques. Ainsi,
le 9 octobre 1981, une loi est vote et abroge le dcret-loi de 1939, qui restreignait les droits
des trangers se constituer en association de 1901. Cette nouvelle loi, essuyant quelques
critiques au nom dun refus de la rcupration , donnera cependant lieu la cration de
nombreuses structures associatives, qui bnficieront de subventions publiques. Comme le
notent Bachmann et Le Guennec, le paysage associatif de la migration sen trouvera
transform. Contrairement ce que suggrent ceux qui se dsolent du "vide associatif" des
banlieues, il nest pas de quartier o les migrants, jeunes et moins jeunes, naient cr de
structure de regroupement. Sans crer toutefois de mouvement unifi et sans recevoir daide 42 Elias N., Logiques de lexclusion, Fayard, Coll. Pocket Agora, Paris, 1997 (1965, The Established and the Outsiders, Sage Publications), 341p. 43 Castel R., Op. cit., 1995. 44 Gaulejac V. De, La lutte des places, Descle de Brouwer, Paris, 1997, 286p. 45 Paugam S., La disqualification sociale, PUF, Coll. Quadrige, Paris, 2004, 280p. 46 Moncomble F., La dliaison. La politique de la ville en question ?, LHarmattan, Coll. logiques sociales, Paris, 2001, 178p. 47 Foot White W., Street corner society. La structure sociale dun quartier italo-amricain, La Dcouverte, Coll. Sciences humaines et sociales, Paris, (The University of Chicago Press, Chicago, 1943) 2002), 403p.; Shaw C., The Jack-Roller. A Delinquent Boys Own Story, University of Chicago Press, Chicago, 1930, 225p. ; Sutherland E., The Professional Thief, University of Chicago Press, Chicago, 1937, 268p. 48 Bolle de Bal M., La tentation communautaire, EUB, Bruxelles, 1985, 264p. 49 Waltzer M., Individus et communauts : les deux pluralismes , Esprit, juin 1995, p. 103-113. 50 Ce tournant des annes quatre-vingt ne constitue pas une premire dans lhistoire puisque, de faon assez classique, toute crise conomique, politique et sociale sest accompagne dun changement de ce type, limmigr du moment servant alors de bouc missaire. Voir Noiriel G., Le creuset franais. Histoire de limmigration XIX-XX sicle, Editions du Seuil, Coll. Points, Paris, 1988, 437p. Voir particulirement p. 262 et suivantes. 51 Pour une analyse fine des rapports entre immigrs, trangers et gestion urbaine dans diffrents contextes nationaux (Allemagne, Etats-Unis, Frances, Grande-Bretagne), voir Blanc M., Le Bras S., Les minorits dans la cit. Perspectives comparatives, LHarmattan, Coll. Logiques sociales, Paris, 1993, 214p. 52 Des auteurs tels que Bernard Ph., Blanc-Chalard M.-C., Khellil M., Lemoigne G., Lebon A. ou Ra A. et Tripier M. ont montr comment, historiquement, chaque flux migratoire en France comme ailleurs suit un mme processus social dintgration et dinsertion, qui prend les mmes chemins et mme cycles de rejet, de haine avant darriver une acceptation progressive puis une intgration, une insertion. Bernard Ph., Limmigration, Le Monde Poche, Paris, 1993, 177p. ; Blanc-Chalard M.-C., Histoire de limmigration, La Dcouverte, Coll. Repres, Paris, 2001, 121p. ; Khellil M., Sociologie de lintgration, PUF, Coll. Que sais-je, Paris, 1997, 127p. ; Lemoigne G., Lebon A., Limmigration en France, PUF, Coll. Que sais-je, Paris, (1986) 2002, 125p. ; Ra A., Tripier M., Sociologie de limmigration, La dcouverte, Coll. Repres, Paris, 2003, 122p.
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substantielle des pouvoirs publics, le plus souvent. 53 Nous verrons dans le chapitre suivant
que le vide associatif ne concerne pas non plus les quartiers54 que nous avons analyss. Il
y existe de trs nombreuses structures associatives. Lexistence de cette force associative est
entre autres ce qui permettra en 1983 la dsormais clbre marche des Beurs , qui, dbute
dix de la cit de la Cayolle Marseille le 15 octobre, passant par Lyon et par un prompt
renfort 55, arriva Paris environ 100 000 le 3 dcembre. Mobilisation associative (plusieurs
mouvements et structures associatives y participent), simplement citoyenne (individus aux
origines sociales et ethniques diverses) et politique (de la gauche trotskiste ou de ministres en
poste), elle rendra mdiatique la situation des habitants des banlieues franaises sans devenir
pour autant un lieu de contestation possible pour ces territoires. Le sentiment prouv par
certains participants dune rcupration politique du mouvement par le parti socialiste
contribuera ltiolement de la mobilisation56. De plus, ces structures associatives dun genre
nouveau (communautaire, ethnique ou religieuse) ne seront que trs faiblement investies par
les pouvoirs publics et trs peu associes la gestion des villes.
I.1.5. Une dcentralisation qui renforce le poids de lassociatif
Comme le rappellent Antoine Anderson et Herv Vieillard-Baron, [la] dcentralisation
nonce par les textes de rfrence de 1983 et 1984, notamment par la loi du 7 janvier 1983,
conduit progressivement transfrer aux rgions une large partie des attributions de la
commission nationale de dveloppement des quartiers. 57 On entre dans lre de la
contractualisation avec les contrats de plan Etat-rgion dune dure de cinq ans et les contrats
53 Bachmann Ch., Le Guennec N., Op. cit., 1996, p. 416-417. De nombreuses enqutes ont t menes sur les rapports entre association et immigration. Le lecteur pourra en avoir un aperu sur le site de lex-FASILD qui en propose une recension. http://www.fasild.fr/ressources/files/etudesetdocumentation/Thematique/Vie-asso.doc 54 Il est important, ici, de prciser que les quartiers dont il sagit et notamment le quartier principal de linvestigation appartiennent des communes de taille moyenne ou petite (la plus grande tant Metz, ville de 120 000 habitants). Les ralits des petites communes ne sont sans doute pas la mesure des quartiers et communes plus volumineux tels les quartiers parisiens, lyonnais ou marseillais. Pour autant je montrerai que lessentiel des questions ayant trait aux grandes banlieues se retrouvent localement diffrents degrs. 55 Cet vnement nest en effet pas sans rappeler les clbres vers du Cid, Acte IV, Scne 3. Corneille P., Le Cid, Nouveaux classiques Larousse, Paris, 1959,151p., p. 105. Nous partmes cinq cents, mais par un prompt renfort Nous nous vmes trois mille en arrivant au port. Tant nous voir marcher avec un tel visage, Les plus pouvants reprenaient du courage ! (Don Rodrigue) 56 Voir sur lanalyse de la marche des Beurs : Bachmann Ch., Le Guennec N., Ibid., p. 419-422. ; Bouamama S., Dix ans de marche des Beurs, Descle de Brouwer, Paris, 1994, 232p. ; Bouzid, La marche : traverse de la France profonde, Sindbad, 1984, 158p. ; Delorme Ch., Par amour et par colre, Le centurion, Paris, 1985, 159p. ; Jazouli A., Les annes banlieues, Editions du Seuil, Paris, 1992, 200p. 57 Anderson A., Vieillard-Baron H., Op. cit., 2003, p. 37.
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dagglomration, favorisant les municipalits ayant manifest lintention de mener une
politique en direction des populations immigres.
La fin des annes quatre-vingt et le dbut des annes quatre-vingt-dix, qui voient le retour de
la gauche au pouvoir aprs deux annes de cohabitation58, crent de nouveaux acteurs de la
politique de la ville tels que la Dlgation interministrielle la ville (DIV) en juillet 198859
ou encore le ministre de la ville, cr en 1990 par Franois Mitterrand la suite des assises
de Bron qui marqueront un vritable tournant politique dans la gestion urbaine en gnral et la
gestion des quartiers dits sensibles en particulier. Ces nouvelles crations sont dimportance
dans la mesure o la dfinition du territoire dintervention change. Il passe, avec les contrats
territoriaux60 et principalement les contrats de ville qui simposeront comme outils majeurs
de la Politique de la ville avec le temps et les programmes de solidarit61, officiellement du
quartier lagglomration, mme si en ralit le quartier reste le territoire dintervention
privilgi. Lassociation Droit au logement (DAL) nat galement en 1990, en raction la loi
Besson du 31 mai et au dcret dapplication du 7 septembre. Michel Dellebarre, nomm
ministre dEtat, ministre de la Ville et de lAgglomration du territoire le 1er dcembre 1990,
confie Jean-Marie Delarue62 une mission de consultation afin de rcolter les demandes des
habitants, des lus et des intervenants sociaux dans les quartiers pour ainsi coller au plus prs
des attentes locales. Cette innovation marquera durablement la Politique de la ville et, en
linstitutionnalisant, la fait exister politiquement, donnant ainsi lurbain non seulement une
priorit politique mais galement un sens explicatif social fort63. La loi dorientation pour la
58 Le 16 mars 1986 voit larrive de Jacques Chirac Matignon, suite lchec de la gauche aux lections lgislatives. Entre cette date et le 8 mai 1988, date de la rlection de Franois Mitterrand la prsidence de la Rpublique et nomination de Michel Rocard au poste de Premier ministre, la politique de la ville est en veille. 59 Par le dcret du 18 juillet 1988, le prsident de la Rpublique nomme Yves Dauge, maire de Chinon, dlgu interministriel la ville et au dveloppement social urbain. Quelques mois plus tard, le 28 octobre, parat le dcret n88-1015 portant cration de la dlgation du mme nom, du Conseil national des villes (CNV) et du Comit interministriel des villes. Lancienne commission pour le dveloppement social des quartiers, devenue dveloppement social urbain , voit son destin confondu avec celui du conseil national de la prvention de la dlinquance et de Banlieues 89. Roland Castro est nomm dlgu la rnovation des banlieues. , Anderson A., Vieillard-Baron H., Op. cit., 2003, p. 43. 60 Conventions de DSQ, conventions de quartier, contrats de ville, conventions ville-habitat, P.A.C.T. 61 Anderson A., Vieillard-Baron H., Ibid., p. 44-46. 62 Delarue J.-M., Banlieues en difficult : la relgation, Editions Syros, Paris, 1991. 63 Jacques de Maillard nous rappelle comment Dominique Dammame et Bruno Jobert ont montr que la puissance publique a institu la politique de la ville comme investissement symbolique et pratique au dbut des annes 90 dans le domaine urbain parce que, contrairement au chmage dont il ne matrise pas les paramtres, le gouvernement apparat en mesure dagir sur lobjet social quartier, parce que cette thrapie a des effets dans un espace-temps limit . Maillard J. de, Rformer laction publique. La politique de la ville et les banlieues, Librairie Gnrale de Droit et de Jurisprudence, Srie politique N40, 2004, 242p., p. 12 ; Dammame D., Jobert B., La politique de la ville ou linjonction contradictoire en politique , Revue franaise de science politique, N45 (1), 1995, p. 10. Par ailleurs, Catherine Bidou-Zachariasen a montr le rle de l effet de territoire dans les rapports entretenus entre les populations et leur lieu de rsidence. Bidou-Zachariasen C., La prise en compte de l"effet de territoire" dans lanalyse des quartiers urbains , Revue franaise de
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ville (LOV), vote le 13 juillet 1991 (ex-loi anti-ghetto 64) (re)dfinit le cadre
dintervention urbaine en prnant diversit de lhabitat, mixit sociale, lutte contre la
sgrgation avec notamment une meilleure rpartition des logements sociaux dans la ville ou
lagglomration. Cette ide nest pourtant pas trs neuve. Franois Mitron, prvt des
marchands sous Henri IV [disait dj lpoque] : "Il ne faut pas que les petits soient logs
dun ct et les gros dodus de lautre. Cest plus srement meslang."65 66 Cette proposition
nen sera pas pour autant applique puisque les dcrets dapplication signs tardivement et les
amendements vots aprs lchec de la gauche en 1993 videront la loi de son contenu. a
nest pas non plus pour autant que la fin des annes quatre-vingt-dix et les annes deux mille
cesseront dentendre encore et encore cette mme ide67, alors que les analyses sociologiques
tendent mettre en doute la croyance que le rapprochement spatial dagents trs loigns
dans lespace social peut, par soi, avoir un effet de rapprochement social : en fait, rien nest
plus intolrable que la proximit physique (vcue comme promiscuit) de gens socialement
loigns. 68 Pour autant lide est tenace puisquen 2007, elle continue de nourrir les mmes
espoirs. Mais revenons cette premire moiti des annes quatre-vingt-dix.
I.1.6. Les effets du quartier sensible sur laction associative
Cette priode voit aussi sinstitutionnaliser le qualificatif sensible comme dsignant les
quartiers en difficult. Cest au commissaire Bui-Trong69, responsable de la section Villes et
banlieues aux Renseignements gnraux du ministre de lIntrieur, que lon doit ce
qualificatif. Elle est alors charge dlaborer une chelle valuant le degr de violence des
quartiers en difficult. Cest en 1992 quelle annonce quune trentaine de quartiers sont
sociologie, XXXVIII, janvier-mars 1997, p. 97-117. Pour prolonger cette analyse des effets de territoire et lenvisager dans une perspective comparative internationale, voir la partie III de Authier J.-Y., Bacqu M.-H., Gurin-Pace F. (sous la dir.), Le quartier. Enjeux scientifiques, actions politiques et pratiques sociales, La dcouverte, Coll. recherches, Paris, 2007, 293p. 64 Anderson A., Vieillard-Baron H., Op. cit., 2003, p. 48. 65 Houdeville L., avec la collaboration de Dhuys J.-F., Pour une civilisation de lhabitat, prface de Pierre Mends France, Eds. Economie et humanisme, Paris, 1969. 66 Bachmann Ch., Le Guennec N., Op. cit., 1996, p. 66 67 Cette ide, appuye dun rappel de lexigence faite aux communes davoir 20% de HLM sur leur territoire, est rcurrente ds quun vnement social ou politique de premier plan surgit : ce qui a t appel les meutes doctobre/novembre 2005 en furent une occasion ; le dcs de lAbb Pierre en fut une autre ; les lections prsidentielles de 2007 en sont encore une autre. 68 Bourdieu P., Effets de lieu , La misre du monde, Eds. du Seuil, Paris, 1993, p. 249-262. 69 Bui-Trong L., Linscurit des quartiers sensibles : une chelle dvaluation , Les cahiers de la scurit intrieure, n14, p. 235-247. Son chelle proposait huit degrs allant du vandalisme lmeute, ce qui avait, comme le souligne Laurent Mucchielli, pour effet vident denlever tout caractre politique lmeute pour en faire une simple dlinquance en bande. . Mucchielli L. Violences urbaines, ractions collectives et reprsentations de classe chez les jeunes des quartiers relgus de la France des annes 1990 , Actuel Marx, n26, 1999, p. 85-108.
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hyper-sensibles , 70 sont au degr 4 et 210 sont au niveau 1 et 270. A partir de 1993, la
Politique de la ville ne sera plus gre par le ministre de la ville mais par un grand ministre
des Affaires sociales, de la Sant et de la Ville qui sera alors confi S
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