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Etude du balafon sacré «balaba de Manisélia» Sous-Préfecture de Tokounou Préfecture de Kankan – République de Guinée

Etude réalisée par :

- Le Centre d’Etude des Cultures Africaines (CECA) de l’Université Julius NYERERE

de Kankan (UJNK)

- Le Centre National de Recherche sur le Patrimoine de Guinée (CENARPA/G) de la

Direction Nationale de Recherche Scientifique et Technique (DNRST)

- L’ONG Africawrites

Kankan, Avril 2012

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INTRODUCTION L’étude de la culture Africaine devient de plus en plus une préoccupation des chercheurs

contemporains compte tenu de sa richesse, sa complexité et de son originalité. Pape Massène

Sène du Sénégal fait remarquer que « … face à la mondialisation, le patrimoine immatériel

africain est plus que jamais menacé de disparaître et avec lui nos valeurs et traditions

communes indispensables dans l’éducation et l’enracinement des générations ».

Cette observation découle du fait que les Africains eux-mêmes se consacrent peu à l’étude et à

la mise en valeur de leur patrimoine culturel. Par contre en Europe et en Amérique, on assiste

à la naissance de divers centres et instituts qui se sont spécialisés dans l’étude et la promotion

des civilisations et cultures africaines.

En effet, le chercheur américain Joseph Elweg en séjour à l’Université Julius NYERERE de

Kankan en 2008 rapporte que «Je dirais aux Guinéens de faire des recherches eux-mêmes sur

leur culture, sans faire appel à des spécialistes étrangers et qu’eux ne deviennent que de

simples assistants. C’est les Africains qui connaissent mieux les cultures et mœurs africaines

que les chercheurs qui viennent de l’étranger. Peut-être qu’ils manquent de moyens mais, on

peut faire des recherches avec un peu de moyens si on est patient1 ».

C’est dans ce cadre que des chercheurs du Centre d’Etude des Cultures Africaines (CECA) et

du Centre National de Recherche sur le Patrimoine de Guinée (CENARPA/G) en

collaboration avec l’O NG Africawrites ont initié l’étude du balafon « sacré » (Balaba qui

signifie grand balafon en langue malinké) de Manisélia « Etude du balaba de Manisélia »

Sous –Préfecture Tokounou Préfecture de Kankan.

Loin de mener une étude exhaustive, la présente étude vise à apporter une modeste

contribution à la connaissance et à la promotion de la culture guinéenne en général et de celle

du Balaba de Manisélia, en particulier. Des travaux d’investigation sur ce balafon sacré

devront être complétés par d’autres recherches sur son espace culturel.

L’étude du Balaba a nécessité plusieurs déplacements dans des localités plus ou moins

difficiles d’accès en Guinée et en République du Mali. Les missions effectuées dans ses

différents villages visaient à comprendre, à travers les familles KOUYATE, détentrices des

traditions du manding, les itinéraires et le rôle historique de cet instrument mythique.

En Guinée, la recherche a commencé par Manisélia et nous a conduits vers le Sosso Bala pour

un rapprochement avec cette nouvelle découverte de Tokounou. A Nyagassola, l’équipe a

rencontré (nom………) conservateur du «Soso Bala » et certains membres de la famille

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Kouyaté pour recueillir des informations sur l’historique et la place qu’occupe le balafon, en

général, et celui de Manisélia, en particulier.

Après la recherche à Manisélia village qui abrite le Balaba, l’équipe de recherche s’est rendue

dans les localités de Tokounou centre, de Kolomangbéya, de Kolomafinya, de Gnaldou et de

Toumania pour recueillir les informations sur le balafon et son espace culturel.

Parallèlement, l’équipe s’est aussi intéressé à l’étude des masques sacrés « Konkoba » de

Tokounou et de Gnaldou, le Simbosi à Kolomangbéya et la mare de Kodjingban de

Toumanya.

En République du Mali, la recherche nous amenée dans les villages de Siby, Tabou,

Makandiana, Kignéroba, Bankoumana, Koulikoro et Kirina avec l’appui des autorités du

Cercle de Siby. Après un entretien sur le balafon, des visites de terrains furent organisées :

- A Kignéroba, la tombe de Bala Fassekè;

- A Kirina, le lieu de bataille entre Soumaoro KANTE et Soundiata KEITA ;

- A Koulikoro (situé à l’Est de Bamako), le lieu de disparition de Soumaoro KANTE

Dans ces villages visités, l’équipe a cherché à comprendre le rôle socio-culturel du Balaba, les

motifs de son déplacement, la chronologie dans la succession ou la possession de cet

instrument sacré et la raison de la création d’un balafon au pouvoir mythique.

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MILIEU PHYSIQUE Le village de Maniselia, situé dans la zone de Worobekoro, placé géographiquement entre 9°

47’ 895" de latitude nord et 9° 56’ 206" de longitude Ouest avec une altitude de 486 mètres

est à 35 km au Nord-Ouest de la Sous-Préfecture de Tokounou Préfecture de Kankan. Il est

limité par les villages de :

- Toumanya au Nord ;

- Fantonya au Sud ;

- Kouman à l’Est;

- Ouéla à l’Ouest.

Carte de localisation du village de Manisélia

Manisélia, à l’image de toute la Haute Guinée, jouit d’un climat tropical de type Soudano-

guinéen caractérisé par un prolongement de la saison sèche :

- une saison sèche de (sept) 7 mois (Novembre-Mai) dominée par l’harmattan avec des

températures élevées (jusqu’à 45 °C en Mars).

- une saison pluvieuse de Juin à Octobre avec des précipitations relativement faibles

soit (1314 mm de pluie en 92 jours pour une période moyenne de 44 ans).

Source : Encarta 2009

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Liée au climat, la végétation de Manisélia présente les caractéristiques d’une savane dont les

principales formations végétales rencontrées sont :

a. la savane herbeuse : C’est une zone couverte d’une végétation herbacée composée de

hautes graminées où l’espèce dominante est Andropogon gayanus. la rareté des arbres

est sa caractéristique essentielle ;

b. la savane arborée : compte plus d’arbres avec des tailles plus hautes que la savane

herbeuse. On y rencontre des espèces comme : Vitellaria paradoxa, Parkia biglobosa ;

Isoberlinia doka ; Khaya senegalensis ;

c. les galeries et îlots forestiers : ces types de végétations forment des franges boisées

souvent denses dont la luxuriance et l’étendue dépendent de la largeur de la vallée qui

les abrite et de la profondeur de la nappe phréatique. Les galeries et îlots forestiers qui

constituent, par endroit, de forêts communautaires sont protégés pour des raisons

essentiellement culturelles (lieux de cultes notamment).

Anciennement riche en faune et en flore, Manisélia est de nos jours très pauvre en animaux

sauvages à cause de la dégradation très poussée du couvert végétal et le non-respect des textes

juridiques de protection de l’environnement. Les animaux tels que les buffles (sii), l’hyène

(souloukou) et la panthère (wara) ont disparu, tandis que la biche (minan), les agoutis

(kognina), le chevreuil (konani), l’écureuil (filanissi) sont en voie de disparition.

La zone est arrosée par un réseau hydrographique composé du fleuve Niandan, du marigot

Safinada et de la mare de Kodjimgban située entre Maniselia et Toumanya.

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MILIEU HUMAIN

Comme tout le Manding, l’occupation de Manisélia et villages environnants est le produit

d’un long processus de migration qui s’est effectuée par vagues successives. Historiquement,

Manisélia serait fondé vers le 18ème siècle par Amaradjan, chasseur/cultivateur venu de l’Est.

Il fut rejoint plus tard par Fara Mansaly originaire de Worobékoro qui transita par Takoura en

compagnie de son jeune frère Fara Toumany.

Selon les informateurs, Fara Mansaly, second arrivant du fait de son prestige et de son

influence dans le milieu, le village a pris son nom Mansaly d’où Manisélia dans le dialecte

local. Son frère Fara Toumani voulant être plus autonome créa plus loin le village Toumanya.

Ce dernier serait mort dans la mare sacrée de Kodjimgban avec son griot Djéli Fodé Koudou

KOUYATE dans des conditions non élucidées par nos informateurs.

De nos jours, les descendants des patriarches de Manisélia ont fondé les villages de Kouman

par Fara Kouman, Fantoya par Fanto, Momoraya par Momora. Majoritairement, on trouve

dans ces différents villages les familles CONDE, CAMARA, KOUYATE, KOROMA,

KONATE, FARO, SOUARE, KANTE, CISSE, TOURE et MANSARE. De ces différentes

familles, le rôle de chef de village a toujours été réservé à la famille CONDE. Les successions

se sont déroulées comme suit : Kourafan, Koromba, Lansana, Amoro, Kolomadjo, Lamine,

Sarsan Kotou, Famourou, Felemoutou Mamadi, Woura Sidi, Sayon, Lamine, Mamadi,

Sékou, Mamadi. Parmi eux, trois sont encore vivants Sayon CONDE et les deux (2) Mamadi

CONDE.

Vue panoramique d’une partie du village de Manisélia et ses habitants

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Dans chaque village existe une organisation socio culturelle et économique basée sur les

coutumes. A Manisélia comme dans toute organisation traditionnelle de la Haute Guinée, on

distingue de la base au sommet la famille, le clan (kabila) et le conseil villageois.

Autrement dit, c’est toute une structure sociale fortement hiérarchisée qui s’est mise en place

autour de ses villages. C’est pourquoi Akoye Massa ZOUMANIGUI (2011) dira du chef

coutumier: « Quand il agit, il le fait pour sa gloire et pour celle de toute la société qui l’a

engendré et en l’honneur de laquelle il agit. C’est pourquoi il n’est jamais isolé dans ses

exploits. Son triomphe est toujours considéré comme le résultat de l’effort de toutes les

composantes (chef, vieux, féticheurs, religieux djéli). ZOUMANIGUI citant Ahmadou

Hampaté Bâ ajoute: « En Afrique, il y a trois choses qu’on respecte : l’âge, le pouvoir et la

mort qu’il ne faut jamais perdre de vue. Aucun pouvoir ne peut fonctionner sans le concours

des vieux et des chefs religieux, car ils sont les rois de l’ombre. Assis à l’ombre, ils perçoivent

ce que les jeunes, perchés au sommet de l’arbre, ne voient guère. Les jeunes donnent à leur

communauté la force de leurs muscles, tandis que les vieux, les sages, donnent les fruits de

leurs expériences ; ils sont obligatoirement complémentaires1».

Toute la vie communautaire s’articule autour de la famille sous l’autorité d’un patriarche

( luti) en passant par le clan (kabila), dirigé par le plus vieux ( kabila kunda) et le conseil des

sages, organe suprême de décision du village. Cet organe est dirigé par le doyen du village qui

est dans la majorité des cas l’ainé de la famille fondatrice (détentrice du pouvoir coutumier) Il

est le gardien de la tabala2, symbole du pouvoir et moyen de communication. Tapé sur ordre

du doyen, le son de la tabala annonce toujours un évènement majeur (fête religieuse, décès,

mobilisation autour d’une question importante, réception d’un hôte de marque, etc…)

.Au passage de la mission en juillet 2011, le conseil traditionnel villageois de Manisélia se

présentait comme suit :

- Mamadi CONDE chef coutumier (Djamanati) ;

- Sayon CONDE doyen du village (Soty kémo) ;

- Sidiki CONDE chef des jeunes mariés (Kamerinkoro Kounty) ;

- Fayimba CONDE et Mamoudou CONDE chefs des jeunes (Kamérin Kounty) ;

- Naaba KOUROUMA cheftaine des femmes (Mousso kounty)

1 Akoye Massa ZOUMANIGUI : Epopée de Zébéla Tokba : la Culture Loma : performance, genre narratif et non narratif. Thèse de Doctorat, Université de Besançon 2011, p 370 2 La tabala est un instrument religieux fait à partir de bois creusé circulairement et recouvert d’une peau de vache. Elle est jouée avec deux gourdins (boldé) par deux personnes et de manière alternative.

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Avec toute cette intégration sociale, Manisélia connait, à l’image de tout le Manding une

hiérarchisation sociale jadis composée de captifs, d’hommes de caste, d’hommes libres et

d’hommes nobles. Au tour de la noblesse vivent les griots (dyeli) maîtres de la parole,

conseillers auprès de l’autorité coutumière et conservateur du patrimoine culturel de la

communauté. Les griots constitués par une seule famille KOUYATE s’investissent aussi dans

la résolution des conflits entre les individus, les familles et les villages.

Transversalement, il existe à Manisélia et villages environnants des associations socio-

professionnelles qui jouent des rôles essentiels dans l’organisation des activités productives,

dans la gestion des ressources et l’animation de la vie socio-culturelle des villages. Il s’agit

notamment de la confrérie des chasseurs (donso) et des associations de jeunes (sèrè).

Manisélia village de guerriers anciennement encerclé par cent (100) fromagers lesquels, selon

la tradition, servaient de refuge aux djinns protecteurs d’une part, et de tours de garde contre

les attaques surprises des chefs rivaux tels que Séré Bouréma CISSE, Almamy Samory

TOURE, d’autre part. Ces fromagers servent encore de nos jours de sites de circoncision

d’excision et d’initiations des jeunes et de lieu de cérémonies de sacrifice rituel autour des

activités socio-éducatives.

Vue panoramique du village sous un fromager

A l’image de toute la région de la Haute Guinée, les habitants de Maniselia et villages

environnants attachent à la fois une grande considération aux conceptions spirituelles

(mythiques et religieuses). C’est pourquoi, dans ces localités où cohabitent pratiques

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animistes et islam, il existe des lieux de culte tels que les tombeaux des patriarches fondateurs

des villages comme celui de Fara Manseli CONDE, les fromagers et la mare sacrée de

Koyimgban. Ces différentes pratiques marquent profondément les paysages, les espaces et les

hommes par le culte des ancêtres à travers des rites divers et le recueillement sur les lieux

sacrés. Ils constituent en cela une mémoire vivante de la religion traditionnelle.

Tombe de Fara Manseli CONDE un des fondateurs de Manisélia

ETUDE DU BALAFON SACRE « BALABA DE MANISELIA » La découverte du Balaba sacré remonte aux travaux de recherche de 2006 par l’ONG

Africawrites en collaboration avec le CECA et les associations socio-culturelles" les Djéli

Tomba" de Kankan. Cette découverte encourage la poursuite des recherches approfondies sur

cet instrument mythique qui daterait probablement des débuts du 16ème siècle. L’identification

du Balaba a été possible grâce à la famille KOUYATE de Manisélia et de celle de Toumaniya

avec le concours financier de l’ONG Africawrites.

(mettre photos balaba dans sa phase de reconstitution)

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Pour comprendre le Balaba, l’équipe de recherche s’est rendu successivement dans certains

villages historiques de la Guinée (Nyagassola, Tokounou, Toumaniya) et en République du

Mali (Siby, Tabou, Kigneroba et Makandiana).

Origine du Balaba de Manisélia

La seconde moitié du XVème siècle marque le début d’une ère nouvelle pour le Manding. Le

pouvoir central s’affaiblit suites aux querelles intestines, et les royaumes de Oualata et

Tombouctou sont pris par les Touareg, tandis que Gao se libère de la tutelle impériale du Mali

vers 1473. Ces coups mortels furent accentués par le soulèvement des Bamanans de Ségou,

mécontents du pouvoir des Mansa du Mali ; et surtout du rôle important des musulmans dans

l’empire. Ces facteurs combinés ont entraîné le départ massif des populations du « vieux

Manding » (Siguiri, Bamako..) vers les régions du bassin du Haut Niger.

A Nyagassola, les traditionnalistes des différentes localités visitées racontent que Batrou

Mori, le premier fils de Balla Fassekè a été père de quinze (15) enfants dont Namamoudou

KOUYATE qui donna naissance à Famoroba, Ce dernier a eu pour fils Djébourama ou Djéli

Bourama KOUYATE qui fabriqua l‘actuel Balaba de Manisélia qu’il donna à son fils Djéli

Moro KOUYATE.

Après la mort du fondateur Nassira Mady KEITA de Nyagassola, une partie de la famille

Djéli émigra de Nyagassola pour Massarena Banankoro en traversant Binko et plusieurs

autres villages. Djéli Moro KOUYATE et ses frères donnèrent naissance à plusieurs enfants.

Trois (3) d’entre eux dont Founou Séré ou Founi Séré KOUYATE, Karfala KOUYATE et

Seydou KOUYATE eurent le privilège d’accompagner la nouvelle épouse de Fara Mansali

CONDE chef de Maniselia. C’est à l’occasion de ce mariage que les trois griots apportèrent

pour la première fois le balafon dans le village. Séduite par la mélodie, la nouvelle mariée

recommanda à son époux que les trois griots s’établissent à Manisélia à côté du chef de

village.

Dans les sociétés traditionnelles guinéennes, chaque famille (djéli) accompagne une famille

royale que l'on nomme (diatigui). Il n'est pas de (djéli) sans (diatigui), il n'est pas de (diatigui)

sans (djéli). Les deux sont indissociables et l'un ne représente rien sans l'autre. C’est ainsi que

le Balaba fut transféré de Massarena Banankoro pour Manisélia.

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Il convient de rappeler que Batrou Mori, après la mort de Balla Fasséké, recommanda à tous

ses enfants et petits-enfants de fabriquer et de jouer le balafon. Pour la réalisation d’un

balafon anciennement appelé (Körö), le fabricant a besoin de l’apport de plusieurs corps de

métiers dont entres autres :

le forgeron (noumoun) fournit la tailleuse (Lesselan) en forme de houe et la

perforeuse (loyi) pour préparer le bois utilisé dans la fabrication du Balaba ;

le chasseur (donzo) fournit les peaux utilisées pour attacher avec soin les différentes

parties du Balaba. Les meilleures peaux sont celles du chevreuil (Konanin) et du

………… (Fory) ;

le griot (djéli) est l’acteur principal de la fabrication et de la réparation du Balaba. Il

cherche et taille le bois (Gben) choisi pour sa résistance et pour le son qu’il émet. Il

doit aussi rassembler le bambou (böö) qui sert de support à toutes les composantes

du balafon. Il est également chargé de trouver d’autres matériaux indispensables à la

confection de l’instrument :

• le (nono), plante dont le bois est utilisé pour fabriquer les deux bâtons

(balakala) qui servent à jouer le Balaba dont les extrémités sont enduites

d’une substance appelée (gbei) ;

• les calebasses ((balakoudouni) de taille proportionnelle aux lames sont

choisies, perforées et les trous refermés avec une toile d’araignée (yelen

yelen ba) ;

• le (balassen) se sont les quatre pieds du Balaba ne possédant pas la même

hauteur ;

• Le (fösson) est la peau du chevreuil servant à attacher les pieds du

balafon aux bambous et lames ;

• le (balakoun korokankan) est le châssis supérieur du Balaba possédant deux

trous appelés (Kounkorowo bomba)

• le (koukoro kankan doma) est le châssis inférieur du Balaba ;

• du coton (köröni) pour rassembler les différentes parties du balafon.

Après avoir réuni et préparé tous les matériaux, la fabrication de tout balafon connait

multiples étapes :

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• le (bala gba) est le premier aspect physique du balafon fait en bambou sans

lame (kissé) ni calebasses (balakoudouni) ;

• le (bala gbè) est le balafon fait en bambou avec les lames sans les

calebasses ;

• le (bala dafani) est le balafon au complet.

A cela s’ajoute des incantations et versets que le constructeur ajoute lors de l’assemblage du

balafon. Ce secret n’est pas à la disposition du public.

 

Les différentes composantes du Balaba

Tout cet arsenal et la technicité de fabrication consistent à créer des sons harmonisés soit dans

les chansons populaires ou dans la musique sacrée. Le balafon comme nous l’avons décrit

plus haut comporte au-dessus des lames posées sur un châssis et en dessous un jeu de

résonateurs en calebasses. Chaque calebasse est soigneusement choisie de manière à

s'accorder à la lame qui lui correspond (le volume de la calebasse est proportionnel à la

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longueur et à l’épaisseur de la lame correspondante). Sur chaque calebasse, une fine

membrane est collée pour obstruer un trou préalablement pratiqué sur la paroi.

La danse et la musique chantée sont fonction des cérémonies. Il est fréquent de donner à telle

musique le même nom que la cérémonie au cours de laquelle elle se joue (musiques rituelles,

musiques d'initiation ou d’ordre généalogique…)

Rôle du griot et place du Balaba à Manisélia Dans toutes les manifestations culturelles du manding, le djéli occupe une place importante. A

travers son balafon il est l’acteur principal de toutes les cérémonies dans sa communauté,

qu’il s’agisse de cérémonies de mariage, de baptême, de funérailles ou de tout autre

événement comportant une réjouissance publique. Cette fonction est d’ailleurs reconnue par

Amadou KOUROUMA dans son ouvrage la Figure du Griot quand il affirme que : « Depuis

sa légitimation au début de la consolidation de l’Empire du Mali au 13ème siècle jusqu’aux

temps actuels, le griot ou djéli désigne, dans la société mandingue l’artisan de la parole; une

position stratégique qui le place au cœur de la dynamique sociale. Le verbe est son

instrument de travail et l’oralité demeure le véhicule par lequel il transporte, construit,

déconstruit, façonne la parole ». Plus loin le même auteur ajoute « L’artisan nommé griot

est à l’intersection des valeurs sociales et politiques à transmettre. Il est au point de

convergence du contenu historique, linguistique, socio- politique de la société mandingue».

A Maniselia et villages environnants, la famille Kouyaté est dépositaire de la tradition orale

et est spécialisée en histoire du terroir, surtout en généalogie, en art oratoire ou en pratique

musicale. Elle est propriétaire du balafon sacré dont la gestion est revenue successivement à :

- Founou Sere KOUYATE ;

- Seydou KOUYATE ;

- Djéli Fodé KOUYATE ;

- Bakary KOUYATE ;

- Saran Seydou KOUYATE ;

- Djéli Douba Bakari KOUYATE ;

- Saran Bakari KOUYATE ;

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- Filan Saran Bakari KOUYATE ;

- Djéli Fodé KOUYATE ;

- Amara KOUYATE.

Aujourd’hui, le Balaba devait être détenu par Djéli Fodé KOUYATE, enseignant de

profession, souvent absent du village qui a donc préféré le confier à son oncle paternel qui le

garde pour le moment. L’administration du Balaba est assurée par un processus constant de

succession qui est une cérémonie qui suit dès après les funérailles de celui qui le détenait pour

en assurer la pérennité. Elle ne fait l’objet de contradictions, car le balafon sacré se transmet

par héritage et non par voie élective et le successeur est toujours le plus âgé de la lignée

paternelle. Comme pour d’autres sociétés secrètes, on apprend l’exercice du pouvoir avant de

l’assumer.

Le Balaba enveloppé d’un tissu blanc est transporté pour le lieu de cérémonie .

Il est important de souligner qu’en milieu africain, le chef bénéficie de grand protocole lors

des funérailles. Son décès n’est pas l’affaire de sa seule famille mais requiert la mobilisation

et la contribution de toute la communauté. Outre le cérémonial mis en place quand un chef

meurt, le djéli chroniqueur restitue la part glorieuse de l’histoire des aïeux dont le récit se

termine par la vie du défunt lui-même.

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A Manisélia, il existe plusieurs catégories de djéli. Au sommet, se trouve ceux attachés à la

cour royale ou aux chefs locaux dont les plus respectés sont les généalogistes, au service de

la dynastie à laquelle ils sont liés de père en fils. Ils sont chargés de perpétuer, dans le temps,

la légitimité de la dynastie en faisant remonter la lignée des ancêtres le plus loin possible.

À côté de ces généalogistes royaux, il y a les djéli musiciens qui sont parfois les mêmes. Leur

présence est indispensable à la vie sociale et aux grandes manifestations. Le griot chante les

louanges dans les mariages, les baptêmes et parfois les funérailles. Ces éloges peuvent se

présenter sous la forme d’une devise bien tournée qui implique de la part de celui à qui elle a

été « adressée » un « don » sous forme d’argent ou d’habits sous peine d’entendre les

félicitations se transformer en moqueries. Ces djéli musiciens sont souvent accompagnés de

leurs épouses qui sont d’ailleurs écoutées pour leurs poésies et chants d’amour.

Toutes ces catégories de djéli sont redoutées pour le pouvoir qu’elles possèdent sur la

mémoire collective et sont aussi respectés pour le rôle qu’elles jouent dans la préservation de

l’histoire de la communauté.

A l’image du Sosso Balla de Nyagassola considéré comme l’ancêtre des balafons et conservé

par la famille Kouyaté de Dokala, le Balaba de Manisélia assume le rôle d’intégration des

divers aspects de la vie traditionnelle. Au sein de la famille, sa sacralisation s’explique par le

fait qu’il n’est pas à la portée de tout le monde, et est soigneusement conservé par l’héritier

désigné des KOUYATE. Il est également défendu de le jouer n’importe où, n’importe quand

et par n’importe qui.

D’après les informateurs rencontrés, le Balaba possède un pouvoir mythique qui fait que tous

les villageois lui accordent un respect scrupuleux. Il est supposé défendre les habitants à

travers l’esprit des ancêtres et protéger contre tout malheur qui plane sur le village grâce à

l’information qu’il donne à l’avance car deux génies protecteurs appelés « soro » veillent sur

lui et n’ont de contact qu’avec le détenteur du Balaba.

Autre caractère mythique du Balaba est qu’il n’est exposé qu’en des circonstances et des

moments bien indiqués. C’est seulement lors des cérémonies funéraires des personnages

comme le chef du village, le doyen (Soti kémo) ou lors de la réception d’une grande

personnalité et pendant les fêtes de Ramadan et de Tabaski qu’il est sorti de sa demeure.

Pour sortir ou exposer le Balaba, un rituel est observé par le sacrifice d’un gros coq (dondon

kassini) et d’un taureau suivi de préparation de repas que toutes les personnes mangent par

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classes d’âge. Par le passé, on offrait deux autres moutons (un pour l’exposition et l’autre

pour l’accueil des Djéli étrangers qui participent à la cérémonie). Ces offrandes sont faites

pour apaiser l’esprit des ancêtres et pour le respect du totem des djéli appelé (Kémoba tana).

Elles se déroulent habituellement le lundi ou le jeudi.

Avant de sortir le Balaba, le gardien demande la permission auprès des (soro) (esprits ou djinn

en offrant une cola blanche appelée (ka-hadia). Avant l’exposition, du Balaba se faisait à

Worogbè Danka, un village situé à six (6) kilomètres de Maniselia et le lieu de sacrifice était

appelé (djélilu la sö li dia) (lieu de sacrifice des Djéli), mais à présent toute la cérémonie se

déroule à Maniselia Centre. (Expliquez le déplacement de lieu ?

Cérémonie de sacrifice

Sacrifice du taureau pendant l’exposition du balaba

Il y a lieu de souligner que l’apparition du balaba est au centre d’une ambiance festive avec

des activités culturelles et artistiques menées parallèlement par les chasseurs (donzos), les

agriculteurs (konkobas) et les griots (djélis)

ACTEURS CULTURELS ET INSTRUMENTS DE MUSIQUE

Les konkoba

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Le Konkoba est un concept à signification multiple regroupant en son sein les agriculteurs et

les djélis. Pour les agriculteurs le (Konkos) désigne un espace cultivable, le (konkoba toura)

identifie le grand cultivateur et son masque (tenue de labour).

Par contre, le Konkoba djéli est le masque que porte le djéli pour célébrer les grandes

cérémonies. Outre son apparence physique, le masque possède des pouvoirs mythiques.

Selon la tradition, les premiers Konkoba ont été concédés grâce à la collaboration avec les

djins. Par exemple, le Konkoba de Toumanya résulte du pacte entre Dinimba Sangban

KOUYATE (fils de Djéli Fodé Koudou KOUYATE) et du génie protecteur de la mare sacrée

de Koyingban. Aux dire des habitants de Manisélia c’est dans cette mare que disparurent Fara

Toumany et son griot Djéli Fodé Koudou KOUYATE.

La mare sacrée de Koyingban.

Le Konkoba de Gnaldou est aussi le fruit d’un pacte entre Djéli Yara KANTE et un djin qui

habitait la rivière Sirakoro ou Sidakoro. Il semble qu’il y passa huit (8) jours en compagnie

du génie avant de rentrer en possession du masque.

Le Konkoba de Tokounou, détenu par Famoro DJOUBATE, résulte d’une alliance avec une

diablesse Djinamousso habitante de la mare Daladoun dans le village de Délédou.

Ces différents Konkoba renvoient à des masques au pouvoir mythique qui jouent des rôles

très importants dans le village. Ces masques sont à la fois des tenues de fête et symboles de

protection contre toutes les attaques maléfiques des diables et autres sorciers. Par ses pouvoirs

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protecteurs, les masques (konkoba) aident à soigner les morsures de serpent et la stérilité chez

les femmes. A travers les consultations occultes, les Konkoba favorisent la réalisation des

projets et la réussite dans les multiples activités

Habituellement, le konkoba djéli est de couleur rouge, mais de nos jours on rencontre :

le Konkoba fiman, ou KONKOBA noir ;

le Konkoba gbèman, ou KONKOBA blanc ;

le Konkoba woulemen ou KONKOBA rouge.

Les masques konkoba

Les initiés porteurs des masques Konkoba perdent leur caractère habituel pour devenir, tant qu'ils sont revêtus de cette tenue des êtres situés entre le surnaturel et le monde réel. A Manisélia, selon les informations recueillies, les précautions, sont nécessaires pour concéder les risques entraînés par la confection et par l'usage du masque Konkoba (sacrifices, ports d'amulettes et de gris-gris, abstinence sexuelle, incantations…).

Les masques Konkoba jouent un rôle essentiel dans le rétablissement de l'ordre social dans les villages mandingues. Ils veillent à l'harmonie de la communauté et punissent ceux qui apportent le désordre et l'insécurité. Ils assurent la pérennité de l'initiation et garantissent le respect de la hiérarchie sociale. Ces masques interviennent directement dans la production économique (opération d'assainissement, champs collectifs), comme éléments mobilisateurs des forces invisibles.

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D’ailleurs, toutes les sociétés animistes guinéennes font usage du masque. A ce propos,

Claude Rivière dans son ouvrage Fétichisme et démystification. L’exemple guinéen dira :

« Simulacre de nature sacrale, le masque participe, en symbiose d’ailleurs avec son porteur,

au pouvoir surnaturel de l’entité, ancêtre ou génie, qu’il représente. Il reste craint même

lorsqu'il intervient comme divertissement dans les festivités publiques (Doudou en pays

baga). Par-delà son appartenance à l'ordre des choses matérielles, puisqu'il est fabriqué la

plupart du temps en bois et fibres, sauf le cas de certains masques malinké en peau et poil

(Kondén), il est saisi comme émanation du sacré. Les mythes le disent souvent découvert par

les ancêtres dans le sol ou dans l'eau, démontrant par là son caractère de support des

divinités telluriques ou aquatiques1 ». Au même auteur d’ajouter « Le masque, en tant que

symbole des génies et des ancêtres, assume des rôles sociaux importants tels que :

la personnification du code moral auquel il prête son hiératisme ;

la protection et la sanction des lois coutumières ;

la surveillance de la transmission de ces lois ;

le maintien de la suprématie de la société des hommes sur celle des femmes ;

l'initiation à la sagesse et à la science des anciens ».

Toutes les cérémonies konkoba s’accompagnent de danse, acte culturel bien ancré dans les

traditions des djélis. Les djélis danseurs chantent au rythme du balafon, des tam-tams ou de

tout autre instrument de musique en exécutant des pas en avant et en arrière et en brandissant

parfois des foulards pour les femmes, les queues d’animaux pour les hommes.

1 Claude Rivière (1969) Fétichisme et démystification. L’exemple guinéen. Afrique

Documents, Dakar, N° 102-103, pp. 131-168.

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Prestation des femmes (djéli-mousso)

Les Donzo A Manisélia et dans les villages environnants, il existe une organisation connue sous le nom

de confrérie des chasseurs ou « donzo » fortement hiérarchisée du sommet à la base. A la tête

de la confrérie, se trouve le doyen des chasseurs (donso-kèmo) qui veille à l’application des

règles qui régissent le fonctionnement de l’association et la protection de la faune.

Le chef des chasseurs (donso-kunti) est le véritable leader de l’activité de chasse. Il est choisi

en fonction de critères suivants: avoir subi des épreuves initiatiques, avoir une bonne

connaissance des plantes et de leurs vertus thérapeutiques, des animaux et de leurs

comportements, être honnête, généreux et respectueux des règlements de l’association.

Le simbon est un chasseur expérimenté qui fait preuve de courage. Il est le chef des chasseurs

(donzo) et des apprentis chasseurs (nantan) ou (donzo karandin), auxquels ils dispensent des

enseignements pour une maîtrise correcte des techniques et méthodes de chasse. Il faut subir

les épreuves initiatiques pour appartenir définitivement à cette grande confrérie des chasseurs.

Il revient à cette confrérie, le rôle capital de faire appliquer les règles de gestion1 de la faune

et de la flore décidées par les communautés villageoises. Les contrevenants sont traduits

devant le conseil villageois et punis de sanction corporelle pour les jeunes et la corvée ou

l'amende en nature ou en espèce pour les personnes majeures.

Les donzo détenteurs des secrets et mystères de la brousse sont aussi des acteurs culturels et sont toujours présents aux grandes cérémonies de Manisélia et viennent de tous les villages environnants. Ainsi à l’exposition du balaba de Manisélia les 25 et 25 juin 2011, les donzo kounti présents à la cérémonie ont fourni de larges informations sur la fondation du village et localités environnantes ainsi que sur l’organisation de leur confrérie.

Tableau n°1: Chefs des chasseurs ( donzo kounti) de Manisélia et villages environnants

N° Prénoms et Nom Ages Village d’origine 1 Mamadi CONDE Kouman 2 Sidiki TOURE Bananko 3 Sékata KANTE Fantonia 4 Féré Mori conde Fantoumania 5 Nafina Moussa KANTE Fadou 6 Yomba Mama CONDE Faboya 7 Kenda CONDE Férékéréya

1 Ces règles concernent les périodes de cueillette (néré, karité), de la battue des animaux prédateurs, etc.

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8 Karifa CONDE Toumania 9 Momori KOUROUMA Manisélia 10 Famoura MARA Worondo

Source : enquête 2011

Tableau 2: Le nombre de donzo par village et de donzo présents à la cérémonie.

Villages d’origine Effectifs donzo par village

Effectifs donzo présents à la cérémonie

Observ.

1 Kouman 20 8 2 Bananko 37 2 3 Fantonia 10 1 4 Fantoumania 7 2 5 Fadou 9 1 6 Faboya 12 2 7 Férékéréya 7 3 8 Toumania 8 7 9 Manisélia 25 15 10 Worondo 6 2

Au cours de la cérémonie, les donzo furent une prestation de danse des chasseurs « danse

des chasseurs » (donzo don) animée par les Séréwa Sékou CONDE de Koumana et Facély de

Yarako jouant tous le bolon (bolonfola) accompagnée d’éloges et de coup de canon. Dans les

activités de chasse et les manifestations socio culturelles les chasseurs donzo utilisent

plusieurs catégories de fusils dont :

- fusils de fabrication locale : Farafing Morifa, Lonkan, Losi, Gbassa;

- fusils importés : le calibre 12 et 16.

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Prestation des donzo Pendant le déroulement de la cérémonie, plusieurs types de chants et de danses donzos sont exécutés à savoir :

Les danses

le "Konko Mansa " est un type de danse exécuté uniquement par le simbo ou donzo

kounti ;

le "Sanking" est la danse populaire de tous les donzo ;

le "Douba" est une dance dédiée aux grandes personnalités (soti kémo, chef des

villages, les donzo kounti) du village ;

le "Bansoran" est une danse d’exhibition où les donzo démontrent leur pouvoir

mythique;

le "Djandjon," cette danse est réservée seulement aux grands détenteurs de fétiches et

reconnu comme tel dans la confrérie.

le « Doua ou Douga» : c’est la danse dans laquelle on flatte les chefs et des coups de

fusils accompagnent la musique traduisant ainsi la joie et l’excitation du chef chasseur.

Cette danse est accompagnée d’un chant appelé Sanking.

Les chants

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Pour accompagner ces différents pas de danse, des chansons traditionnelles sont exécutés par

les séréwa dont entre autres :

le (Djandjon), est un chant sacré qui parle de différents types de fétiches qui

accompagne la danse du même nom dont le titre signifie « as-tu le corté ? le sagbèlin

ou le soubalabè ? ». Pendant cette danse, le public est tenu de s’assoir et de rester

tranquille pour ne pas attirer les puissances maléfiques sur soi et au risque d’être

victime d’un mauvais sort de la part du chef donzo. Il revient au maître donzo

d’exécuter les premiers pas du Djandjou et puis invité ses frères chasseurs à le

rejoindre dans le cercle tout en observant une certaine discipline. Toute désobéissance

au cours de la danse est punie sévèrement et de fois l’intéressé peut peu perdre la vie.

le "Sanking" est un chant qu’accompagne la danse sanking pour magnifier les

chasseurs capables d’attirer vers eux un animal à abattre et des djins protecteurs ;

le "Bansoran " est un chant que le Séréwa entonne pour les personnes dignes de leur

père et reconnu par la société comme issues de mères fidèles et soumises à leurs

maris.

L’exposition du balaba a donné aussi l’occasion de répertorier d’autres instruments qui

se jouaient pendant les chants et danses énumérés plus haut qui sont : le tambour

(Kounan), le ……..(daro), le balafon ordinaire (bala), la flute (flé), le…. (bala woyélan),

le bolon (bolon), la calebasse (fè), le tamtam (djembè), les castagnettes (sèkè)…

Bolon Fê Sêkè

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Flé Bala Djembé

     

Kounan et Daro Bala woeilan

ANNEXE

Les villages présents à la cérémonie L’exposition du balaba du Manisélia tenue les 24 et 25 juin 2011 a regroupé plusieurs villages

dont entre autres Fantoumania, Kouman, Bananko, Fantonia, Bananko, Fadou, Faboya,

Worondo, Déledou,Tokounou, Koumban, Sobalia, Sérékoronia, Dialadou et Nyagassola

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Personnes ressources Au cours de la recherche sur le balaba et son environnement les chercheurs ont recueilli des

informations auprès des personnes (traditionnalistes) ci-dessous en Guinée et en République

du Mali

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Djedama DIOUBATE propriétaire du Konkoba de TOUKOUNOU ;

Sayon KANTE propriétaire du Konkoba de Gnaldou ;

Amara KOUYATE détenteur du Balaba de Manisélia ;

Fodé KOUYATE enseignant à Kankan, propriétaire du Balaba

……….. KOUYATE de Nyagossala

Famo CONDE de Toumania

Nounké KOUYATE de Kankan

Kaba CONDE Chef du village de Toumania

Karamoko Adama DIABATE dit la « source », chroniqueur de la famille

KOUYATE de Dokala (Siguiri) détentrice du Sosso bala, il est également

animateur culturel à la Radio rural de Siguiri, porte-parole de l’Association

Régionale des « Djéli Tomba » de la Haute Guinée et membre fondateur du

Réseau National des Communicateurs traditionnels de la Guinée (RENACOT)

Diocolo DOUMBIA Secrétaire du Cercle de SIBY (République du Mali) ;

….. KOUYATE de Kigneroba ( République du Mali) ;

…..KIETA de Kirina (République du Mali)

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De gauche à droite de haut en bas, on a : Adama DIABATE ; Doyen KOUYATE ; Sayon

CONDE ; Djedama DIOUBATE ; Famille KOUYATE ; Kaba CONDE et Famo CONDE

Chercheurs Associées Centre d’Etudes des Cultures Africaines (CECA) de l’Université Julius NYERERE de Kankan (UJNK)

N° Prénoms et Nom Spécialité Tél : Email 1 Robert Saa MILIMONO Géographie 6464-0200 [email protected] 2 Lancéi DIAKITE Philosophie 3 Victor Faya IFONO Sociologie 4 Zoma ZOUMANIGU Lettres

Equipe des chercheurs du CECA

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- Centre National de Recherche sur le Patrimoine de Guinée (CENARPA/G) N° Prénoms et Nom Spécialité Tél : Email 1 Dr Mamadou Mouditaba DIALLO Géographie 68-71-04-60 [email protected] 2 Dr Alpha Mohamed DIALLO Archéologie

Equipe des chercheurs du CENARPA/G

- ONG Africawrites (AW)

N° Prénoms et Nom Spécialité Tél : Email 1 Patrick GORHAM Informaticien +1-646-338-7239 [email protected] 2 Idrissa FENDOUNO Géographie 640-40-986 [email protected]

Chercheurs ONG Africawrites