FAITS SAILLANTS DE L’ÉTUDE
Le point de vue des acteurs sociaux locaux
de la MRC Le Rocher-Percésur le développement des
communautés et la santé :
opinions, représentations et enjeux
Direction de santé publique
FAITS SAILLANTS DE L’ÉTUDE
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Brochure de résultats de recherche Juillet 2009
Recherche et rédaction : Jocelyne Côté, agente de planification, de programmation et de recherche Supervision : Christiane Paquet, coordonnatrice en santé communautaire Collaboration à la collecte des données : Isabelle García, agente de planification et de programmation sociosanitaire, CSSS du Rocher-Percé Révision de texte et mise en page : Claudine Lamontagne, agente administrative Conception de la page couverture : Azentic Impression : Imprimerie des Anses Inc. Production et diffusion : Direction de santé publique Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine 205-1, boulevard de York Ouest Gaspé (Québec) G4X 2W5 ISBN : 978-2-923129-84-6 (version imprimée) 978-2-923129-85-3 (version électronique) Dépôt légal : Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2009 Bibliothèque et Archives Canada, 2009 Note au lecteur : Le genre masculin utilisé dans le texte désigne aussi bien les hommes que les femmes et n’est utilisé qu’à seule fin d’alléger le texte. La réalisation de ce projet est rendue possible grâce à la subvention conjointe du ministère de la Santé et des Services sociaux et de l’Agence de santé et des services sociaux de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine dans le cadre du Programme de subventions en santé publique pour projets d’étude et d’évaluation.
3
Introduction
L’idée d’étudier le point de vue des acteurs sociaux locaux de la MRC Le Rocher-Percé sur le
développement des communautés et la santé émane du Centre de santé et de services sociaux
du Rocher-Percé (CSSS du Rocher-Percé) pour qui l’animation communautaire constitue, depuis
de nombreuses années, une voie privilégiée d’intervention sociosanitaire (Clément, 1990; Roy et
al., 1995). La présente étude s’inscrit d’ailleurs dans un processus général de sensibilisation et de
mobilisation du milieu local autour des enjeux de santé engagé par le CSSS du Rocher-Percé
avec son Plan d’action local de santé publique (CSSS du Rocher-Percé, 2005). Elle visait à
répondre à l’intérêt et au besoin manifestés par le CSSS du Rocher-Percé de mieux comprendre
la place qu’occupent ces enjeux dans le développement des communautés tel qu’imaginé par les
acteurs sociaux locaux, notamment en rendant compte de l’opinion de ceux-ci quant à la
situation sociale et sanitaire actuelle des habitants de leur localité et la façon dont ils se
représentent la communauté, le développement et la santé.
Les acteurs sociaux locaux sont, pour la plupart, des organisations sans but lucratif (OSBL) et des
organisations liées à l’appareil gouvernemental ayant pignon sur rue dans la MRC Le Rocher-
Percé. Ces organisations bénéficient d’une reconnaissance sociale de leur activité au sein de la
collectivité locale et sont réputées avoir une influence sur le milieu de vie; c’est pourquoi elles
sont pressenties par le CSSS du Rocher-Percé pour d’éventuelles actions intersectorielles. Le
milieu de vie est reconnu pour avoir une influence sur la santé de la population : « En effet, le
pouvoir de l’individu de changer ses habitudes de vie ou de maîtriser sa situation de vie au
regard de sa santé et de son bien-être tient non seulement à sa volonté et à sa capacité d’agir
mais aussi aux conditions présentes dans son environnement immédiat — environnement
socioéconomique, physique, social et culturel […]. » (MSSS, 2003 : 70)
4
Dans un contexte où la situation sociale et économique difficile de la MRC Le Rocher-Percé est
suspectée d’avoir des effets négatifs sur la santé de la population, quels sont les lieux de
convergence de l’opinion des acteurs sociaux locaux face à la place qu’occupe la santé au sein
des préoccupations de développement local? Quels sont les dénominateurs communs de leurs
représentations de la communauté et du développement susceptibles de les rallier tous autour
de problématiques de santé dont le CSSS du Rocher-Percé souhaite partager la compréhension
et l’appropriation par le milieu? Ce sont quelques-unes des questions posées par cette
recherche.
Cette brochure présente en résumé les faits saillants des résultats de la recherche, lesquels font
par ailleurs l’objet d’un rapport de recherche complet (Côté, 2009) disponible sur le site Internet
de l’Agence de la santé et des services sociaux de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine
(www.agencesssgim.ca). Ces faits saillants seront précédés d’une mise en contexte de la
problématique et de la méthodologie de la recherche et suivis des conclusions principales.
5
Problématique générale : Le soutien au développement des communautés comme stratégie de santé publique
La préoccupation croissante pour la mobilisation des organisations et de la population locales
autour des problématiques de santé découle de la définition relativement récente de deux
stratégies québécoises de santé publique : la participation à l’action intersectorielle et le soutien
au développement des communautés (MSSS, 2003). Alors que l’action intersectorielle s’attache
à l’aspect « concertation des organisations » de la mobilisation, le développement des
communautés est tout particulièrement concerné par la « participation des citoyens » implicite à
la mobilisation. Dans la littérature de santé publique, ces deux stratégies sont conçues comme
distinctes, mais s’interpellant mutuellement. De manière générale, la mobilisation du milieu
local est présentée comme une façon d’avoir prise sur les différents facteurs de nature sociale
qui conditionnent l’état de santé et de bien-être de la population.
À l’heure actuelle, le développement des communautés est un large vase qui recueille les
ambitions les plus diverses quant à la modification des déterminants sociaux de la santé. Son
cadre et son contenu sont l’objet de vives controverses et peu de choses sont encore connues
des expérimentations sociales menées en son nom et de leurs effets. On pourrait dire que la
définition même du soutien au développement des communautés comme stratégie de santé
publique est un processus en cours. Un changement d’approche à ce sujet peut d’ailleurs être
constaté entre la première version du Programme national de santé publique 2003-2012 (MSSS,
2003) et sa dernière mise à jour (Gauthier et Langlois, 2008), laquelle démontre un choix
affirmé en faveur des études de capital social comme fondement conceptuel de ce
développement des communautés. Ce choix n’est pas sans entraîner diverses conséquences sur
6
l’analyse des faits sociaux, ce dont nous discutons plus en détail dans le rapport complet de la
recherche (Côté, 2009).
La structuration du discours sur le développement social au cours des dix dernières années au
Québec est repérable à travers différentes archives institutionnelles. Les travaux du Conseil de la
santé et du bien-être (CSBE, 1997, 1998, 2001) sont à cet égard remarquables. Ils ont pavé la
voie à ce nouveau champ d’intervention pour la santé et les services sociaux et esquissé les
grandes lignes de la réflexion actuelle sur ce thème. Bien que relativement récente, l’attention
pour un développement proprement communautaire s’entoure d’une variété vertigineuse de
références savantes, parfois contradictoires. Le discours général sur le développement social et
des communautés fut pourtant rapidement d’une grande efficacité puisque ce courant de
pensée apparaît aujourd’hui colorer simultanément le discours de diverses institutions de l’État
et donner naissance à toutes sortes d’applications pratiques, comme le mouvement Villes et
Villages en santé dans lequel sont majoritairement impliqués des élus du monde municipal et
l’approche territoriale intégrée (ATI) soutenue par le ministère de l’Emploi et de la Solidarité
sociale (MESS, 2006). Toutes ces approches sont influencées de manière directe ou indirecte par
le courant des études sur le capital social.
Donc, nombreux sont les travaux qui discutent de la pertinence de la notion de « capital social »
pour la description et la mesure du développement communautaire (Bélanger et al., 2000;
Ferguson et al., 2004; Grootaert et al., 2003; Krishna, 2002; Lévesque et White, 1999; Lin, 2001;
Woolcock, 2001, entre autres). Différents chercheurs s’intéressent au défi théorique que
constitue son inclusion spécifique au domaine de la santé (Judge, 2003; Veenstra, 2001) et
Santé Canada a produit des documents visant son application dans le domaine de la santé (Van
Kemenade, 2003, 2003a). Selon Van Kemenade (2003 : 21), « [l]es recherches associant le
capital social à la santé démontrent que plus le niveau de capital social est élevé dans une
collectivité, meilleur est son état de santé. Le renforcement du capital social des collectivités (et
des pays) constituerait, par conséquent, une voie fort prometteuse pour la réduction des
7
inégalités en matière de santé. » Le capital social permettrait ainsi une lecture des déterminants
sociaux de la santé à l’échelle communautaire et de leur impact sur la santé et le bien-être de la
population (Van Kemenade, 2003).
Or, la notion de capital social charrie une conception de la société et des inégalités sociales et
économiques par ailleurs ardemment critiquée dans le monde de la recherche en sciences
sociales, ce que relèvent plusieurs auteurs (Arneil, 2006; Cusset, 2008; Kovalainen, 2005;
Lévesque et White, 1999; Muntaner et al., 2003; Paquet, 2005, entre autres). Cette conception
de la société et des inégalités sociales et économiques, dont les travaux de Putnam (2001) et
Coleman (1988) sur le capital social constituent la référence principale, suggère notamment que
les conditions de vie des individus dépendent pour beaucoup de leur capacité à développer des
relations avec autrui dont ils sauront ensuite tirer parti. À cette manière de voir s’oppose une
autre conception de la société qui démontre que la capacité des individus à modifier leurs
conditions de vie dépend étroitement de leur accès aux trois formes de capitaux, à savoir les
capitaux économique, social et culturel (Bourdieu, 1980a, 1980b, 1986, 1994). Autrement dit, le
capital social seul ne suffit pas aux individus pour modifier leurs conditions de vie et ils ont
également besoin d’un accès aux capitaux économique et culturel pour sortir, par exemple, de la
pauvreté.
Les trois formes de capital sont cohérentes entre elles : l’accroissement de l’une dépend de
l’accroissement des autres. La capacité de mobiliser des ressources sociales, par exemple,
implique des ressources économiques (à mobiliser ou déjà mobilisées et favorisant la
mobilisation de ressources sociales), et vice versa. Certaines ressources personnelles d’éducation
et/ou d’expérience constituent en réalité des ressources « sociales » qui correspondent à une
position sociale acquise de naissance : naître dans la pauvreté ou dans la richesse conditionne la
socialisation de manière très différenciée. Comme le souligne Arneil (2006 : 8) :
8
« L’accumulation passée du capital social pèse lourdement sur le type de groupes et l’activité sociale qui existent réellement […], tout autant qu’elle façonne la nature des opportunités futures pour plus de développement. […] Le capital social n’est pas, pour cette raison, une force bénigne s’exerçant également sur les intérêts de tous et chacun, mais du fait de l’accumulation passée, dessine les frontières autour et entre les gens, reconstruisant les mêmes différences de pouvoir entre ceux qui ont et ceux qui n’ont pas leur place dans les institutions plus formelles.1 »
Non seulement, donc, les rapports de pouvoir se matérialisent dans des inégalités sociales face à
la production, au contrôle et à l’accès au capital, mais ils forment littéralement ces mêmes
inégalités. En somme, le capital (comme produit, contrôle et usage du pouvoir) témoigne en lui-
même de l’état des rapports de force au sein de la société. C’est sur cette conception de la
société et des inégalités sociales et économiques que nous avons bâti notre questionnement de
recherche.
1 Notre traduction de l’anglais.
9
Méthodologie de la recherche
Quel est le point de vue des acteurs sociaux locaux de la MRC Le Rocher-Percé sur la santé des
communautés? Quels sont les dénominateurs communs de leurs représentations de la
communauté, du développement et de la santé? Quels sont les lieux de convergence de leurs
opinions face à la place de la santé des communautés au sein des préoccupations de
développement local? Ces questions, qui sont à l’origine de la présente recherche, expriment la
préoccupation de rendre notamment explicite le regard posé par les organisations locales sur les
besoins de la population de leur milieu, ainsi que sur les forces et les faiblesses du tissu
organisationnel local. Pour répondre à ces questions, une collecte de données a été réalisée en
deux étapes. Nous avons d’abord procédé à l’envoi d’un questionnaire d’enquête par la poste,
suivi de la réalisation d’entrevues de groupe.
Notre population à l’étude était formée de tous les « acteurs sociaux locaux » de la MRC Le
Rocher-Percé, c’est-à-dire de ces organisations qui jouissent d’une certaine reconnaissance
publique de leur rôle dans la collectivité locale. En cohérence avec notre vision des choses, un
individu peut être acteur au même titre qu’une structure ou une organisation. Bien que
l’« acteur collectif » et l’« acteur individuel » exercent des pouvoirs d’action autonomes, il est
clair (et largement connu) que le pouvoir d’action de l’individu peut être grandement augmenté
en prenant appui sur une structure ou une organisation. Cela est vrai tant pour un
regroupement de travailleurs, par exemple, que pour un regroupement d’entrepreneurs. Le lien
spécifique qui unit l’individu à l’organisation qu’il représente était donc également objet
d’analyse. Sauf exception, l’envoi du questionnaire a systématiquement été adressé aux élus
(préfet, maires, commissaires scolaires), présidents, directeurs et responsables officiels des
organisations ciblées comme acteurs sociaux locaux. L’analyse des questionnaires montre que ce
sont très majoritairement des répondants occupant un rôle décisionnel au sein de leur
10
organisation qui se sont eux-mêmes constitués informateurs2 pour le compte de leur
organisation.
Le questionnaire d’enquête s’inspirait à la fois des études de capital social et des études de
besoins. Sa distribution s’est effectuée par la poste à partir de répertoires d’adresses d’accès
public. Le document choisi comme référence principale pour recruter les organisations à titre
d’acteurs sociaux locaux est le Répertoire des services et des ressources communautaires et
publiques Rocher-Percé, édition 2007-2008 réalisé par le Centre d’action bénévole de Gascons–
Percé (CAB). En guise de complément, nous avons également retenu comme source de
référence le Guide d’information à l’intention des nouveaux arrivants réalisé par le Comité
d’accueil des nouveaux arrivants de la MRC Le Rocher-Percé. Ces deux documents recensent un
spectre très large d’organisations locales auxquelles le CAB et les municipalités reconnaissent un
rôle dans le milieu. La liste ainsi constituée compte 203 organisations ou acteurs sociaux
différents. On y trouve des structures attachées à l’appareil d’État, des organismes
communautaires, des associations civiques, des clubs sociaux et sportifs, etc. Le nombre et la
diversité de ces organisations sont impressionnants si l’on considère la dissémination de la
population sur le territoire. Le taux de réponse au questionnaire postal a frôlé les 50 %, avec 99
questionnaires remplis et retournés sur les 203 envoyés.
Tableau 1.
Nombre et pourcentage des organisations participantes à l’enquête, selon le type d’organisation
Type d’organisation Nombre % Appareil gouvernemental (services publics, municipalités, etc.) 30 31,3 Organisation sans but lucratif (OSBL) 56 56,6 Autre catégorie 10 10,1 Sans réponse 3 3 Total 99 100 2 Nous désignons par « informateurs » l’ensemble des personnes qui ont participé à cette recherche. Lorsque nous faisons spécifiquement référence aux personnes qui ont participé à l’enquête par questionnaire, nous les désignons par le vocable « répondants au questionnaire d’enquête »; s’il s’agit des personnes ayant participé aux entrevues de groupe, nous en parlons comme des « participants aux entrevues de groupe ».
11
La grille des entrevues de groupe, quant à elle, a puisé à la diversité des applications techniques
des méthodes du focus group et du groupe de discussion pour s’adapter aux objectifs de la
recherche. Les participants à ces entrevues totalisent l’ensemble des volontaires qui se sont
montrés intéressés par cette activité en fournissant leurs coordonnées à l’occasion de répondre
au questionnaire d’enquête, et qui étaient disponibles au moment où elle a eu lieu. Parmi les 99
répondants au questionnaire d’enquête, 40 personnes ont manifesté leur intérêt à poursuivre
leur réflexion sur le développement des communautés en participant à une entrevue de groupe.
Ces volontaires ont tous été joints par téléphone, et au total 16 personnes ont finalement
accepté de participer à une entrevue de groupe, lesquelles ont été réparties dans trois groupes.
Les données obtenues par questionnaire ont fait l’objet d’analyses statistiques. Les données
obtenues lors des entrevues de groupe ont, quant à elles, fait l’objet d’une analyse de contenu.
Les résultats de l’analyse permettent de dégager la lecture particulière que font les informateurs
de la communauté, du développement et de la santé, ce dont nous tenterons de rendre compte
dans les faits saillants suivants.
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Résultats de la recherche : faits saillants
Le point de vue des acteurs sociaux locaux de la MRC Le Rocher-Percé sur le développement des
communautés n’est pas monolithique. Les opinions empruntent à diverses représentations,
selon la lecture qui est faite des enjeux économiques, sociaux et politiques de la MRC et le
positionnement social des individus qui s’expriment. Le point de vue des acteurs sociaux locaux
dépeint dans le rapport de recherche (Côté, 2009), c’est celui des individus qui, à l’occasion de
l’enquête par questionnaire ou d’une entrevue de groupe, se sont constitués informateurs pour
le compte d’une organisation. Cette réalité est inévitable : les organisations ne peuvent être
interrogées que par les individus qui les animent. Or, ces individus n’occupent pas tous la même
place dans la société et n’exercent pas le même pouvoir non plus.
Bien que la vaste majorité de nos informateurs déclarent occuper un rôle décisionnel au sein de
leur organisation et qu’ils présentent globalement un profil socioéconomique avantageux par
rapport au « citoyen moyen » de la MRC Le Rocher-Percé, nous avons pu constater que leurs
opinions varient de manière significative en fonction de facteurs tels que le sexe, la scolarité et
le niveau de revenu. De manière générale, les informateurs de sexe féminin, de faible scolarité
et/ou de faible revenu tendent à exprimer plus de préoccupations face aux enjeux qui mettent
en scène le pouvoir de changement des organisations (questionnaire d’enquête) et les
inégalités sociales et économiques au sein de la population (entrevues de groupe). Ces
différences d’opinions traduisent autant, sinon davantage, des différences de situation
personnelle entre les informateurs eux-mêmes qu’entre les organisations dont ils sont issus. Il
est admissible de penser que la lecture plus ou moins positive que font les informateurs de la
capacité d’agir de leur organisation est influencée par leur propre capacité d’agir.
13
Les résultats de la recherche montrent que la participation de la population au fonctionnement
et aux activités des organisations apparaît relativement forte, mais les informateurs estiment
que la population pourrait s’impliquer davantage, car cela profiterait aux organisations.
L’importance vitale de l’implication bénévole pour le fonctionnement ordinaire d’une bonne
part des organisations locales explique en effet le grand intérêt manifesté à l’égard de la
participation. Les informateurs pensent en majorité, cependant, que les personnes impliquées
sont souvent les mêmes et que le manque d’intérêt de la population est l’obstacle le plus
fréquent à la participation au sein des organisations. Cette situation témoignerait d’un certain
désengagement de la population envers la communauté, selon les informateurs des entrevues
de groupe.
La MRC tend à s’imposer, dans le discours des participants aux entrevues, comme communauté
de référence pour l’ensemble de la population du territoire. Si pour le moment la MRC ne suscite
pas partout l’adhésion et un sentiment d’appartenance, cette communauté apparaît être la seule
qui soit politiquement viable à long terme. Les tensions qui s’expriment entre les identités
municipales ou villageoises et la MRC montrent que celle-ci n’est une communauté encore qu’à
l’état de projet.
Face aux différents problèmes, besoins et défis de la communauté mercéenne, la mise en
relation des organisations (l’intersectorialité) est vue par les informateurs comme une solution
porteuse de changements sociaux et économiques. Même en ce qui concerne le problème de la
pauvreté et celui de la faible satisfaction du besoin de subsistance (voir le tableau 2), le
développement des relations entre les organisations apparaît être la panacée (entrevues de
groupe), bien que paradoxalement une proportion importante d’informateurs déclarent que le
pouvoir des organisations à effectuer des changements économiques et à influencer le pouvoir
politique est faible (voir le tableau 3).
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Tableau 2.
Tableau récapitulatif de la satisfaction des besoins
Besoin Totalement satisfait
Partiellement satisfait
Non satisfait
Sans réponse Total
Subsistance 0 % 45,5 % 51,5 % 3,0 % 100 % Protection 12,1 % 71,7 % 14,1 % 2,0 % 100 % Affection 5,1 % 80,8 % 14,1 % 0 % 100 % Compréhension 5,1 % 66,7 % 28,3 % 0 % 100 % Participation 2,0 % 52,5 % 43,4 % 1,0 % 98,9 %3 Loisirs 6,1 % 54,5 % 39,4 % 0 % 100 % Création 0 % 62,6 % 37,4 % 0 % 100 % Identité et mémoire 4,0 % 64,6 % 31,3 % 0 % 100 % Liberté 9,1 % 59,6 % 28,3 % 3,0 % 100 % Proportion moyenne 4,8 % 62,1 % 32,0 % 1,0 % 100 %
Tableau 3. Tableau récapitulatif sur la question du pouvoir de changement
des organisations dans la MRC Le Rocher-Percé
Type de pouvoir Pouvoir réel Pouvoir à vérifier/
construire
Faible pouvoir
Sans réponse Total
Capacité à initier et soutenir des changements sociaux
41,4 % 16,2 % 38,4 % 4,0 % 100 %
Capacité à initier et soutenir des changements dans les mentalités
47,5 % 20,2 % 30,3 % 2,0 % 100 %
Capacité à initier et soutenir des changements économiques
31,3 % 16,2 % 50,5 % 2,0 % 100 %
Capacité d’influence politique
27,3 % 14,1 % 56,6 % 2,0 % 100 %
Proportion moyenne 36,9 % 16,7 % 44,0 % 2,5 % 100 %
3 1 % des répondants affirment que la participation n’est pas un besoin, ce qui explique ce total.
15
Le développement, comme pouvoir de changement, paraît en grande partie viser et reposer sur
un changement dans les valeurs (pour devenir plus « communautaires ») et dans les relations
(pour devenir plus « engagées »). Alors que le développement des relations entre les citoyens
eux-mêmes ne semble pas être un objet de préoccupation très important, celui des relations
entre les citoyens et la communauté mercéenne se présente comme le nœud principal du
problème de la pauvreté et de l’exclusion sociale. Il est facile de reconnaître que cette vision du
développement, dans le propos des informateurs, est le signe d’une ratification populaire du
modèle basé sur le capital social qui circule depuis quelques années dans les discours
institutionnels.
La lecture que font les répondants au questionnaire de l’état de satisfaction du besoin de
subsistance est plutôt défavorable, 51,5 % affirmant qu’il est non satisfait et qu’il devrait être
considéré comme prioritaire (voir le tableau 2). La subsistance et la création sont les seuls
besoins sur les neuf besoins proposés dans ce questionnaire pour lesquels aucune réponse
« totalement satisfait » n’a été enregistrée. Il est intéressant de souligner que la proportion
moyenne des répondants à affirmer que les besoins de la population de la MRC Le Rocher-Percé
sont « non satisfaits » est de 32,0 %. La satisfaction des besoins vue sous l’angle de la variable
« type d’organisation » montre que la similarité de vue domine, c’est-à-dire qu’il n’existe pas de
différences significatives entre les organisations liées à l’appareil gouvernemental et les OSBL.
Comme nous pouvons le constater dans le tableau 3, les répondants au questionnaire sont
partagés sur la question de la capacité de changement social des organisations : 41 % affirment
que le pouvoir de leur organisation à initier et soutenir des changements sociaux est réel et
38 % affirment qu’il est faible. La situation est assez similaire sur la question de la capacité de
changement dans les mentalités où près d’un tiers des répondants (30 %) affirme que le
pouvoir de leur organisation est faible à ce niveau. Plus de la moitié des répondants (51 %)
affirme que le pouvoir de leur organisation à initier des changements économiques est faible.
16
Par ailleurs, 30 % affirment que le pouvoir de leur organisation dans ce domaine est réel. De
tous les pouvoirs exercés par les organisations, celui d’influencer les politiques publiques et la
gouvernance apparaît comme le plus faible. En effet, 57 % des répondants affirment que leur
organisation a une faible influence politique. Les répondants provenant d’organisations de
l’appareil gouvernemental sont deux fois plus nombreux que les autres à affirmer que le pouvoir
de leur organisation dans ce domaine est réel. Quant au pouvoir d’influence politique, les
répondants des OSBL affirment deux fois plus souvent que ceux de l’appareil gouvernemental
que le pouvoir de leur organisation en cette matière est faible. En résumé, les répondants de
l’appareil gouvernemental manifestent en général une plus grande confiance que ceux des
OSBL dans la capacité de leur organisation à produire des changements sociostructurels.
Tableau 4. Tableau récapitulatif sur le thème du potentiel de développement
et du dynamisme de la MRC Le Rocher-Percé
Thème BonVariable selon le secteur
Faible Sans réponse Total
Potentiel de développement 23,2 % 55,6 % 20,2 % 1,0 % 100 % Dynamisme social 19,2 % 58,6 % 21,2 % 1,0 % 100 % Dynamisme économique 11,1 % 55,6 % 32,3 % 1,0 % 100 % Proportion moyenne 17,8 % 56,6 % 24,6 % 1,0 % 100 %
La majorité des répondants au questionnaire (55,6 %) est d’avis que le potentiel de
développement de la MRC varie selon le secteur, ainsi que le montre le tableau précédent
(tableau 4). Le reste des répondants se partage dans une proportion équivalente (autour de
20 %) entre l’opinion que le potentiel de développement de la MRC est bon en général ou faible
en général. La lecture du dynamisme social de la MRC est assez similaire quoique légèrement
moins positive. Le tiers des répondants (32,3 %) affirme que la MRC présente un faible
dynamisme économique. Près de 60 % des répondants tendent à opiner que le potentiel de
développement et le dynamisme social et économique sont variables selon le secteur de la MRC.
17
La question du dynamisme économique est celle pour laquelle les répondants expriment le plus
d’opinions défavorables. Il est intéressant de rappeler que plus de la moitié des répondants
affirme par ailleurs que le pouvoir de leur organisation à effectuer des changements
économiques et à influencer le pouvoir politique est faible.
Les attentes envers le développement sont importantes, mais la perspective de changer
concrètement les conditions matérielles et sociales de l’ensemble de la population grâce à des
leviers locaux apparaît limitée aux yeux des informateurs. La complexité des problèmes à
résoudre, le manque d’expertise, le manque de moyens financiers, le manque d’ouverture et de
souplesse au sein des structures organisationnelles, le manque d’engagement de la population
(investisseurs et travailleurs potentiels), le manque de relève en général et les effets sociaux de
la pauvreté pèsent d’autant plus lourdement sur les possibilités de changement que des
rapports de pouvoir importants se livrent au niveau des sphères décisionnelles et politiques
locales dont l’issue tourne trop souvent à l’avantage de ceux qui préconisent le statu quo.
Les participants aux entrevues de groupe ont été unanimes à opiner que « le développement
doit aussi s’occuper de santé », bien que tous ne s’entendent pas sur la façon dont le
développement peut et doit le faire. Dans deux groupes de discussion sur trois, la responsabilité
d’atténuer les effets des inégalités sociales et économiques sur la santé incombe très nettement
au réseau de la santé et des services sociaux : des programmes devraient être offerts pour
diminuer le fossé entre les générations, lutter contre l'isolement, travailler au sentiment
d'appartenance, diminuer les problèmes de négligence et de violence familiales, soutenir les
aidants naturels. Si l’exclusion sociale et économique (dont les personnes assistées sociales
fournissent une figure emblématique) est un problème rarement soulevé dans les discussions
sur le développement, on la voit se profiler lorsqu’il s’agit de parler de la santé.
Cette constatation est préoccupante car une exclusion sociale et économique trop
exclusivement associée aux services sociaux et de santé risque de contribuer à ce que les
18
programmes et les politiques de développement perpétuent de manière systémique une
exclusion sociale et économique que le réseau de la santé et des services sociaux se verrait
ensuite chargé de « traiter ». La vivacité des préjugés qui circulent sur les personnes
économiquement défavorisées abrite malheureusement l’idée selon laquelle la pauvreté serait
un état pathologique incurable. Une telle idée risque très certainement de contribuer à exclure
les pauvres des ambitions de « développement », c’est-à-dire de l’amélioration des conditions
de vie, que porterait le développement des communautés.
Plus de la moitié des répondants au questionnaire (51,5 %) affirme que la santé est un facteur
toujours considéré dans les activités de leur organisation (voir le tableau 5). Le cinquième des
répondants (21,2 %) affirme que l’impact des activités de leur organisation sur la santé de la
population n’est pas un facteur pris en compte. Pourtant, moins nombreux sont les répondants
(13,1 %) à soutenir que leur organisation n’apporte aucune contribution à la santé et au bien-
être de la population (voir le tableau 6). La très large majorité des répondants, soit 82,8 %,
reconnait un impact positif (important ou modeste) des activités de leur organisation sur la
santé et le bien-être de la population. L’impact des activités de l’organisation sur la santé et le
bien-être de la population est un facteur plus souvent pris en compte, selon les répondants, par
les organisations liées à l’appareil gouvernemental que par les OSBL. Les répondants de
l’appareil gouvernemental sont également presque deux fois plus nombreux que ceux des OSBL
à croire que leur organisation contribue à la santé et au bien-être de manière importante.
Tableau 5. Niveau d’importance accordé par l’organisation
à l’impact de ses activités sur la santé de la population
Niveau d’importance accordé Nombre % La santé est un facteur toujours considéré dans vos activités 51 51,5 La santé est un facteur considéré dans certaines de vos activités 25 25,3 La santé n’est pas un facteur considéré dans vos activités 21 21,2 Sans réponse 2 2 Total 99 100
19
L’impact présumé de l’activité des organisations sur la santé de la population, et en particulier
l’impact de leur activité intersectorielle, fait partie des représentations dominantes de la santé
telles qu’exprimées par nos informateurs. Dans ce cas cependant, la description de l’apport des
organisations à la santé est moins l’occasion pour les informateurs de mettre en relief
l’importance de s’occuper de la santé en tant que telle, ce qui est considéré comme une
« évidence », que de mettre en relief la valeur de la mission et des activités de l’organisation
elle-même vues sous cet aspect.
Tableau 6. Qualification de la contribution de l’organisation à la santé de la population
Qualification Nombre %Votre organisation apporte une contribution importante 53 53,5 Votre organisation apporte une contribution modeste 29 29,3 Votre organisation n’apporte pas de contribution 13 13,1 Sans réponse 4 4 Total 99 100
L’usage métaphorique répandu de la notion de santé (la santé de l’économie, la santé d’une
organisation) témoigne de glissements de sens significatifs d’une certaine instrumentalisation
de la notion de santé. Par exemple, l’expression « communauté en santé » est employée pour
décrire la dynamique sociale et économique des municipalités, voire même pour décrire la
dynamique des organisations locales elles-mêmes. Cette « communauté en santé » correspond
pour beaucoup à l’image véhiculée par le discours en provenance du Réseau des villes et villages
en santé repris par les municipalités. Cette « communauté en santé » offre un « milieu et une
qualité de vie » qui renvoient dans une large mesure aux services municipaux organisés et
rendus disponibles aux résidents. Dans cette optique, « communauté en santé » et « milieu de
vie de qualité » se présentent finalement à l’usage comme des synonymes.
De manière globale, il ressort des résultats des entrevues de groupe que le développement des
communautés et la santé apparaissent liés, dans l’opinion de nos informateurs, à l’amélioration
20
des relations (entre les organisations et entre les citoyens et la communauté mercéenne) et à
l’amélioration des milieux de vie (qui renvoie à la notion de qualité de vie). L’amélioration des
conditions de vie, quant à elle, apparaît surtout relever du développement proprement
économique 1) face auquel la santé de la population (entendue comme réservoir de travailleurs
actuels et potentiels) se présente souvent comme une condition de réalisation plutôt que
comme un résultat; et 2) duquel les personnes les plus démunies et exclues ne peuvent rien
attendre, les services sociaux et de santé représentant leur seul recours.
Bien que le développement des communautés, en dehors de toute allusion à la santé, soit
d’emblée appréhendé par la lorgnette économique, le potentiel de développement
communautaire ne suscite pas l’optimisme général. Le développement économique nécessite
des leviers qui dépassent souvent la communauté mercéenne; aussi, l’amélioration des
conditions de vie ne semble pas accessible même à moyen terme, sinon à travers une éventuelle
dynamisation de la vie locale grâce au retour espéré de la jeunesse en exil scolaire. En contraste,
l’amélioration des relations et de la qualité du milieu de vie apparaît beaucoup plus simple,
immédiate et donc réalisable à court terme. La meilleure capacité d’agir de la communauté
apparaît donc se situer à ce niveau, ce qui donne de l’oxygène aux espoirs de changement.
21
Quelques conclusions sur les enjeux de la mobilisation
Face à la préoccupation du CSSS du Rocher-Percé concernant la participation citoyenne et la
mobilisation des acteurs sociaux locaux autour des enjeux de santé, les conclusions à tirer des
résultats de la recherche sont multiples. Tout d’abord, les données du questionnaire d’enquête
montrent que les dénominateurs communs les plus prometteurs à une mobilisation des acteurs
sociaux locaux apparaissent concerner l’évaluation des besoins comme grille diagnostique du
milieu. En effet, la notion de besoin semble capable de toucher les acteurs sociaux locaux et de
les rallier dans des projets d’action commune. Par contre, les défis concrets de la mobilisation se
révèlent dans l’expérience même des entrevues de groupe où les différences de point de vue
exprimées sont clairement associées à des différences sociales, et donc à des différences
(actualisées ou potentielles) d’intérêt et de pouvoir d’action. Cette situation risque de soumettre
les activités de mobilisation à des luttes conflictuelles dont l’objet principal ne serait pas la
santé.
En effet, les résultats montrent aussi que, pour nos informateurs, le développement des
communautés concerne en tout premier lieu l’amélioration de la situation socioéconomique de
la MRC Le Rocher-Percé, ce qui relègue les considérations de santé au second rang. Il relève
donc de l’intérêt stratégique de se démarquer d’un certain discours sur le développement des
communautés qui est propre au monde municipal, sous peine de voir les préoccupations de
santé noyées dans celles de la politique locale et régionale. L’approche spécifique de la santé
publique au regard du développement des communautés doit être claire aux yeux de tout le
monde et il faut d’abord pour cela qu’elle soit clarifiée et précisée en tant que stratégie de santé
publique. Nous traitons d’ailleurs de ce sujet dans la section suivante.
22
Il relève également de l’intérêt stratégique d’avoir conscience des différences sociales qui se
jouent derrière les activités locales de mobilisation et des rapports de pouvoir implicites au
processus décisionnel que constitue toute exigence de consensus. Cette conscience pourra aider
à évaluer l’à-propos de réunir autour d’une même table des acteurs sociaux locaux de niveaux
différents et des citoyens provenant de catégories sociales très diverses. Elle permettra de
pondérer les attentes qui pourraient être formulées à l’endroit d’un développement des
communautés visant strictement la croissance du « capital social » local. L’avertissement réitéré
des études sur le développement des communautés quant au risque inhérent de reproduire les
inégalités sociales responsables des écarts de santé dans la population trouve un écho dans les
résultats de la recherche où les plus pauvres et les exclus ne sont considérés ni l’objet ni les
sujets du développement économique, faisant de ceux-ci des bénéficiaires éternels et incurables
des services de santé.
Nous savons que les conditions de vie ont un impact certain sur la santé et le bien-être. La
détermination de ces conditions de vie dépasse toutefois largement les compétences et le
mandat des autorités de santé publique. Elle dépasse aussi, comme le révèlent les résultats de la
recherche, la capacité d’action des acteurs sociaux locaux pour emprunter des ramifications
économiques et politiques nationales et internationales. Cette situation complexe conditionne
et limite l’objectif d’améliorer les conditions de vie en vue d’obtenir une amélioration
significative de la santé et du bien-être de la population. Il est très important de rappeler à tous
les partenaires impliqués dans les activités de développement des communautés que la
pauvreté et l’exclusion sociale sont des problèmes de société, et non de santé, qui interpellent
l’ensemble de la société et des institutions de l’État.
23
Quelques conclusions sur la stratégie de soutien au développement des communautés dans une perspective de santé publique
Bien qu’une stratégie soit par nature transversale, cela n’infirme aucunement la possibilité d’en
définir le cadre et le contenu spécifiques. Dans cette tâche, nous estimons que les résultats de la
recherche offrent des pistes de réflexion pertinentes et utiles pour dissiper le flou dont s’entoure
la stratégie de soutien au développement des communautés, telle qu’elle est actuellement
véhiculée dans le domaine de la santé publique. Si la définition du soutien au développement
des communautés correspond à la volonté de contribuer à la promotion de la santé, celle-ci doit
nécessairement dépasser le simple rappel des valeurs fondatrices de la santé publique, parmi
lesquelles figurent le bien commun, la solidarité et la justice (MSSS, 2003 : 19), pour se
matérialiser dans une approche claire (éclairée et éclairante) et dans des pratiques dont la forme
et le contenu servent des objectifs à la fois réalistes et porteurs d’un regard critique sur les
risques inhérents de reproduction des inégalités sociales. Au lieu de discuter des valeurs ou de
l’action politique qui seraient sous-jacentes au développement des communautés, il semble
plutôt opportun de répondre aux questions suivantes :
Quel est l’objet d’intervention dans le cas qui nous occupe? À quoi renvoie concrètement une
stratégie de soutien au développement des communautés? Quel développement et quelle
communauté s’agit-il de soutenir? Quel type de soutien et pour quelle finalité?
L’objet d’intervention concerne-t-il le territoire? Celui de la MRC ou celui du CSSS du Rocher-
Percé? S’agit-il de promulguer une forme d’organisation sociale précise, la communauté en
l’occurrence, comme garante de conditions sociales protectrices de la santé et du bien-être?
24
Dans ce cas, de quelle communauté s’agit-il? De la communauté mercéenne ou de la
communauté de proximité (village, municipalité) dont l’existence, comme référent identitaire,
rivalise fortement avec la première? S’agit-il du capital social? Et encore dans ce cas, du capital
social de qui et en vue de faire quoi?
Puisque les acteurs sociaux locaux de la MRC Le Rocher-Percé considèrent que la meilleure
capacité d’agir de la communauté réside dans le travail des relations sociales et dans
l’amélioration de la qualité de vie du milieu, il pourrait s’avérer intéressant d’y prendre appui
pour définir un cadre et un contenu à la stratégie de soutien au développement des
communautés. Il existe d’ailleurs déjà la notion de milieu de vie favorable à la santé pour
effectuer une transposition dans ce sens. La définition de milieu de vie, dans ce contexte,
pourrait être davantage élaborée et tendre vers l’idée que le milieu de vie se rapporte à un cadre
quotidien des relations sociales pour les individus, qu’il s’agisse de la maison, du quartier ou du
village, du milieu de travail ou du milieu scolaire. Ce choix faciliterait l’identification des
différentes sphères d’intervention possibles en lien avec la santé et le bien-être pour y situer la
contribution spécifique d’un soutien au développement des communautés. En tant que cadres
quotidiens des relations sociales pour les individus, les milieux de vie ciblés pourraient alors se
prêter à une évaluation de la qualité de la vie dans tous ses aspects (aménagement des lieux
physiques, ressources disponibles, état des relations entre les personnes, etc.) et offrir le
contexte d’un éventuel travail sur les relations sociales.
Pour éviter de tomber dans le piège de la reproduction des inégalités sociales, il s’avèrerait
également essentiel de statuer que, pour être considérées comme telles, les activités de
développement des communautés doivent non seulement profiter directement aux franges les
plus démunies de la population, mais doivent aussi être déterminées, organisées et réalisées en
grande partie par les bénéficiaires du développement eux-mêmes. C’est d’ailleurs précisément
ce type de « participation » qui distingue une activité de développement d’une intervention. Cet
25
énoncé de principe pourrait d’ailleurs servir de base à la détermination du type d’activités ou de
projets de développement qu’il faudrait soutenir dans une perspective de santé publique et des
manières dont il serait approprié de les soutenir. L’élaboration d’une grille d’évaluation des
initiatives de développement des communautés pourrait aider à établir le degré de pertinence
qu’il y a, pour la santé publique, de les soutenir ou non. Parmi les critères d’une telle grille
d’évaluation, il devrait figurer, selon nous, les éléments suivants qui découlent de l’énoncé de
principe précédent :
1) quelle portion de la population (groupe, catégorie sociale, catégorie de
travailleur, etc.) est concernée par l’initiative de développement;
2) dans quelle mesure cette population est impliquée dans l’identification des
besoins qui motivent l’initiative de développement;
3) dans quelle mesure cette population est impliquée dans le choix des moyens
d'agir, leur organisation et leur mise en œuvre;
4) dans quelle mesure les actions planifiées poursuivent ultimement des objectifs
qui bénéficient à cette population;
5) dans quelle mesure l’évaluation des actions implantées et exécutées démontre
que la majorité des bénéfices réels du développement profite à cette population.
La position affirmée de l’importance de faire du développement des communautés un processus
réalisé par et pour la population concernée pourrait ainsi transparaître dans le choix des
initiatives à soutenir, et prôner, par la même occasion, des pratiques du développement
véritablement alternatives par rapport à celles qui prévalent actuellement et qui conçoivent trop
souvent le développement comme une intervention (approche top down classique). Une telle
pratique du développement constituerait en outre une forme appliquée d’empowerment.
26
Quant aux manières de soutenir les initiatives de développement des communautés jugées
pertinentes pour la santé publique, elles devraient sans doute être définies en relation avec le
Plan d’action régional de santé publique et tenir compte des priorités régionales de santé
publique tout comme d’éventuelles priorités locales si distinctes de ces dernières. Le soutien au
développement des communautés pourrait certainement être l’occasion d’identifier de
nouveaux lieux de diffusion des outils d’intervention déjà existants (information, formation,
activités de sensibilisation et de prévention, etc.) concernant différents problèmes de santé
publique (promotion de saines habitudes de vie, prévention des problèmes de santé mentale et
du suicide, etc.). Mais tout plan d’action qui viserait précisément à implanter une stratégie de
soutien au développement des communautés au-delà des activités déjà existantes serait
inévitablement confronté à la question de ses moyens financiers de réalisation et il appartient
aux autorités de santé publique de faire des choix en cette matière.
Il serait théoriquement possible d’envisager l’élaboration de nouveaux outils pour soutenir
spécifiquement l’animation et l’évaluation des initiatives de développement. Dans cette
perspective, il serait approprié d’évaluer la pertinence et la possibilité de désigner un porteur de
dossier régional pouvant faire le pont entre les attentes nationales en matière de soutien au
développement des communautés et les organisateurs communautaires et/ou les
professionnels assignés à des tâches de soutien au développement des communautés à l’échelle
des territoires locaux de services (CSSS). Le travail des organisateurs communautaires pourrait
ainsi être valorisé et encouragé. Une formation en animation du développement pourrait leur
être proposée, laquelle serait l’occasion de les outiller face à l’identification des effets de la
pauvreté sur les conditions d’action des individus. Un éventuel professionnel porteur régional de
la stratégie de soutien au développement des communautés pourrait également participer à des
actions intersectorielles ciblées en fonction de leur impact pressenti sur une initiative de
développement donnée.
27
Il serait logique et certainement bénéfique de privilégier le soutien d’initiatives de
développement en provenance des partenaires organisationnels du réseau de la santé et des
services sociaux qui sont issus du milieu, qui créent et qui reposent sur une certaine activité
citoyenne, comme c’est le cas des organismes communautaires autonomes. Plusieurs de ces
organismes communautaires travaillent d’ailleurs auprès de personnes vulnérables et de leur
famille, tissent des réseaux d’entraide au fil du temps et animent des sociabilités qui font échec
à l’isolement. Soutenir, par exemple, un projet qui correspond aux critères du développement
des communautés et qui est engagé par un groupe formé de bénéficiaires d’un organisme
communautaire, de membres de leur famille et/ou de bénévoles (qui sont parfois d’anciens
bénéficiaires), permettrait de dynamiser la vie communautaire autour de cet organisme tout en
contribuant à la réalisation d’objectifs précis de développement.
Enfin, l’activité de recherche régionale en santé publique, permise par les modestes fonds du
Programme de subventions en santé publique, devrait être reconnue, protégée et encouragée,
car elle permet une expertise et une relation de proximité avec le « terrain » local et régional
que les grandes enquêtes ne peuvent fournir. Si la Direction de santé publique Gaspésie–Îles-
de-la-Madeleine a effectivement reconnu l’importance de l’activité de recherche régionale aux
fins de sa mission, notamment à travers l’intégration d’un calendrier de recherche à son plan
d’action régional, il n’en va pas ainsi de manière générale au Québec. La centralisation
progressive de la production des connaissances savantes entre les mains de l’Institut national de
santé publique (INSPQ) tend malheureusement à éloigner l’activité de recherche de la
population et à appauvrir la diversité des approches en matière de recherche, notamment en ce
qui a trait aux questions sociales associées à la santé. À la mode intersectorielle, il serait
beaucoup plus intéressant de relever le défi de mettre en relation les praticiens de la recherche
régionale en santé publique, de consolider ses modes de financement, de promouvoir
l’excellence en recherche par divers moyens, de favoriser les échanges scientifiques (notamment
28
avec les chercheurs académiciens) et la circulation interrégionale des résultats de la recherche
en santé publique, plutôt que de tendre vers la dissolution de l’activité régionale de recherche
en santé publique, comme c’est le cas actuellement.
La relation de proximité de la recherche régionale en santé publique avec la population locale et
régionale, avec les intervenants et les professionnels de la santé, est un ingrédient essentiel au
processus d’intégration et d’application des connaissances aux pratiques d’intervention. Dans
l’optique du développement des communautés, la recherche qualitative apparaît tout
particulièrement offrir des connaissances et des méthodes susceptibles de soutenir des
initiatives de développement, que ce soit par le biais de diagnostics de besoins, par la recherche
évaluative ou encore par la réalisation de recherches participatives étroitement liées aux
objectifs de développement. Le savoir local et régional est un pouvoir local et régional d’une
portée non négligeable. La recherche régionale en santé publique est en effet un moyen
irremplaçable de mener des réflexions sur nous-mêmes et sur notre réalité, de porter un regard
capable d’embrasser les relations entre intervenants, professionnels de la santé et population
(individus et groupes). L’activité de recherche en elle-même pourrait permettre de stimuler la
réflexivité nécessaire au développement des communautés et contribuer de cette manière à ses
meilleures chances de succès.
29
Pour en savoir plus
On peut trouver ce document ainsi que le rapport complet de l’étude sur le site Web de l’Agence
de la santé et des services sociaux de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine à l’adresse suivante :
www.agencesssgim.ca
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FAITS SAILLANTS DE L’ÉTUDE
Le point de vue des acteurs sociaux locaux
de la MRC Le Rocher-Percésur le développement des
communautés et la santé :
opinions, représentations et enjeux
Direction de santé publique
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