Le nationalisme littéraireen France
4. La suprématie françaisedans la culture européenne
La Querelle des Anciens et des Modernes la langue et la
littérature les emblèmes
fondamentaux l’œuvre grandiose
d’écrivains, de poètes et d’érudits
un message culturel l’imitation
consciente à égalité avec les
achèvements culturels de l’Antiquité
l’esthétique du classicisme s’affranchir de modèles
périmés précurseur des Lumières le mouvement nationaliste la supériorité de la France
moderne sur la tradition latine et grecque
une opposition entre la réglementation normative du goût moderne et le mystère sublime de la liberté poétique
Charles Perrault Le Siècle de Louis le Grand. Poème. Paris 1687 le progrès – l’ère du Roi Soleil remplacer les interventions militaires L’invincible Louis sans flotte, sans armée,
Laisse agir en ces lieux sa seule renommée,Et ces Peuples charmez de ses exploits divers,Traversent sans repos le vaste sein des mers,Pour venir à ses pieds luy rendre un humble hommage,Pour se remplir les yeux de son auguste image,Et goûter le plaisir de voir tout à la fois,Des hommes le plus sage, & le plus grand des Roys.
La politique extérieure des nouvelles colonies incarnation d’Auguste
et merveille de la terre les Médicis de la
Florence du 15e siècle moins coûteuse les pensions royales inférieures aux
dépenses pour les armées
éviter le risque d’une défaite
la question de la culpabilité
un général devra se défendre
la résistance d’un peuple
l’ignorance irrémédiable
les Anglais et les Allemands
le facteur central = la langue
Dominique Bouhours (1628-1702) ami de Jean
Racine correcteur de ses
textes Entretiens
d’Ariste et d’Eugène. Paris 1671
[…] si la langue française n’est pas encore la langue de tous les peuples du monde, il me semble qu’elle mérite de l’être.
sa sobriété
Mais ce qu’il y a de plus merveilleux en notre langue, ajouta-t-il, c’est qu’étant si noble et si majestueuse, elle ne laisse pas d’être la plus simple et la plus naïve langue du monde.
la clarté exceptionnelle la parfaite harmonie entre les
idées et la construction linguistique
l’ordre syntaxique SPO(sujet – prédicat – objet)
C’est que la langue française est peut-être la seule qui suive exactement l’ordre naturel, et qui exprime les pensées en la manière qu’elles naissent dans l’esprit.
Une langue unique
toutes les autres langues = des singeries Les Chinois et presque tous les peuples de
l’Asie chantent ; les Allemands râlent ; les Espagnols déclament ; les Italiens soupirent ; les Anglais sifflent. Il n’y a proprement que les Français qui parlent ; […]
la pureté naturelle de son vocabulaire les règles philosophiques du cartésianisme Cette naïveté, qui est le propre caractère de
notre langue, est accompagnée d’une certaine clarté que les autres langues n’ont point.
Le prince éloquent les Italiens et les Espagnols l’obscurantisme spirituel et la déformation ridicule Le langage des Espagnols se sent fort de leur gravité
et de cet air superbe qui est commun à toute la nation. Les Allemands ont une langue rude et grossière ; les Italiens en ont une molle et efféminée, selon le tempérament et les mœurs de leur pays.
la langue, la monarchie et la nation françaises Si la langue française est sous son règne [de Louis
XIV] ce qu’était la langue latine sous celui d’Auguste, il est lui-même dans son siècle ce qu’Auguste était dans le sien. Entre les grandes qualités qui lui sont communes avec cet empereur si célèbre, il a l’avantage d’être né éloquent, comme il faut qu’un prince le soit.
François Charpentier (1620-1702) Deffense de la Langue françoise, pour
l’inscription de l’Arc de Triomphe (Paris 1676) […] on peut juger de la grandeur ou de la
petitesse du Genie d’une Nation par sa Langue. Epistre au Roy les liens indissolubles entre le roi, la nation et la
culture La Cause que je deffens, est celle de Vostre
Majesté, puisque c’est celle de toute la France. Il y a une relation si estroite entre l’Esprit d’un Peuple & sa Langue, qu’elle ne peut estre méprisable, que ce ne soit un sujet de blasme pour luy.
Les plus nobles symboles du royaume Il n’y a point de doute que l’Inscription de l’Arc
de Triomphe doit estre Françoise, & non pas Latine. Il importe à la gloire du Roy, & à celle de toute la Nation, que ce fameux Monument soit tout François ; & comme on n’y a point mis les Aigles Romaines à la place des Fleurs-de-lys, il n’y a point d’apparence que le langage de l’ancienne Rome s’y establisse, au préjudice du nostre.
Vivant Denon – l’Arc du Carrousel Il faut aymer sa Patrie, il faut aymer sa Langue ;
Il faut selon son pouvoir embellir l’une et l’autre ; mais il ne faut pas les trahir par une preference ingrate donnée aux estrangeres.
François Charpentier De l’Excellence de la Langue françoise. Paris 1683 une obligation morale envers la société L’Amour de la Patrie est si juste & si raisonnable,
qu’il fait une partie du merite des plus grands personnages. C’est un tribut legitime qu’on doit à l’Estat où l’on est né, où nos Peres ont vescu, & où se trouve noste establissement.
la réciprocité entre les hommes qui la parlent et les qualités extraordinaires qu’elle possède
C’est desormais une Langue de Reflexion & d’Estude ; C’est une Langue raisonnée, qui n’est pas moins ennemie de la Superfluité que de la Seicheresse. Sur tout, Chaste jusqu’au scrupule, & d’une Delicatesse de goust presque infinie.
Antoine de Rivarol (1753-1801) Marc Fumaroli: Quand l’Europe parlait français.
Paris 2001 à l’Académie de Berlin, en 1783 De l’Universalité de la Langue française un uniforme et paisible empire des lettres la culture romaine et la religion chrétienne Quand les Romains conquirent les Gaules, leur
séjour et leurs lois y donnèrent d’abord la prééminence à la langue latine ; et quand les Francs leur succédèrent, la religion chrétienne, qui jetait les fondements dans ceux de la monarchie, confirma cette prééminence.
La sympathie pour la langue le caractère de la nation la culture spirituelle et linguistique une réalisation sociale – le classicisme français Enfin le bon goût ne se développa tout entier
que dans la perfection même de la société : la maturité du langage et celle de la nation arrivèrent ensemble.
Nos livres, rapidement traduits en Europe et même en Asie, devinrent les livres de tous les pays, de tous les goûts et de tous les âges.
les séjours d’étrangers en France et de voyageurs français dans ces pays
La prédominance culturelle On ne parlait enfin que de l’esprit et des grâces
françaises ; tout se faisait au nom de la France, et notre réputation s’accroissait de notre réputation.
une certaine décadence à une distance de plus d’un siècle Il semble que c’est vers le milieu du règne de
Louis XIV que le royaume se trouva à son plus haut point de grandeur relative.
une deuxième vague d’influence Enfin, l’Europe, lasse d’admirer et d’envier,
voulut imiter : c’était un nouvel hommage. Des essaims d’ouvriers entrèrent en France et en rapportèrent notre langage et nos arts qu’ils propagèrent.
La tradition de l’âge classique un instrument de la diffusion de la culture
française un témoin spectaculaire de sa supériorité la clarté de ses constructions les efforts purificateurs de l’école rationaliste Ce qui distingue notre langue des langues
anciennes et modernes, c’est l’ordre et la construction de la phrase. Cet ordre doit toujours être direct et nécessairement clair.
Ce qui n’est pas clair n’est pas français ; ce qui n’est pas clair est encore anglais, italien, grec ou latin.
Les échecs politiques l’Angleterre ou les Pays-Bas:
véritables empires de commerce
les possessions d’Outre Mer les projets de colonisation
en Indochine quelques comptoirs isolés les territoires américains:
terre d’exil de criminels et de désespérés
les îles des Caraïbes: l’affluence d’esclaves africains
la bataille de Plassey, 1757
la Compagnie française des Indes orientales – comptoir de Pondichéry
la Guerre de Sept Ans
les prises de Québec et de Montréal
le traité de Paris en 1763
la cession de toute la Nouvelle-France
La Guerre de Sept Ans, 1756-63
une confrontation avec l’Angleterre la domination dans l’Atlantique la nouvelle alliance avec l’Autriche la montée du royaume de Prusse une nouvelle militarisation spirituelle
Pierre Laurent de Belloy (1727-75) Le siège de Calais, 1765 Auguste Rodin le roi d’Angleterre Édouard et la couronne de France la reine Aliénor d’Aquitaine Amour de la patrie, ô pure et vive flamme,
toi, mère des vertus ; toi, l’âme de mon âme,rallume dans mon sein tes transports généreux ;que mes pleurs paternels soient séchés par tes feux.C’est mon pays, mon roi, la France qui m’appelle,et non le sang d’un fils qui dut mourir pour elle...
Gaston et Bayard (1770) La Nation aime qu’on lui retrace ses Grands-
Hommes. Gaston de Foix (1489-1512), duc de Nemours, neveu
de Louis XII l’armée d’Italie Bologne, Brescia, Ravenne On le surnomma l’Achille Français, parce qu’il était,
comme le Héros Grec, le plus beau & le plus brave Guerrier de l’Armée.
Pierre Terrail de Bayard (~1475-1524) le « chevalier sans peur et sans reproche » la conquête du Milanais, contre les Espagnols en
Italie
Gaston et Bayard le siège de Brescia (1512) la victoire de Marignano (1515) à Romagnano, le passage de la Sesia (1524) Bayard, « l’Hercule de France » Afin que tous les ordres du Militaire trouvent
dans cette Tragédie des objets intéressans pour eux, j’y fais paraître un simple Soldat ; qui n’est pas cependant un Personnage épisodique, car il forme le nœud & le dénoûment de la Pièce. Je souhaite que nos braves Grenadiers reconnaissent en lui leur ame héroïque.
l’épouvantail des éventuels déserteurs finissent dans la misère et se suicident
Gaston et Bayard
C’est lorsqu’on ne voit plus sa Patrie, qu’on sent toute la force de ces nœuds intérieurs qui nous attachent à elle malgré nous : comme on ne sent tout le prix de la santé, que dans l’instant où on l’a perduë.
Tous les objets sacrés de mon culte suprême,Dieu, la France, l’Honneur, l’Amitié, l’Amour mêmeDe Milan, vers ces lieux, ont fait voler Baïard.
les cinq lois principales de la chevalerie du Moyen Age
de longs monologues et des dialogues violents
Gaston et Bayard
un conflit sentimental entre les deux héros français
une princesse italienne générosité et obéissance Dans ton ame, ô Baïard, la Nation réside. la perfidie des seigneurs italiens l’honneur des Français un ample commentaire historique et une riche
documentation des lettres, l’ordre de bataille, la description des
monuments funéraires des deux protagonistes enseigner l’Histoire nationale à ses compatriotes
Un index prémonitoire Toi seul peux soutenir le fardeau de ta gloire,
Mais crains de t’oublier au sein de la Victoire.
Jacques Louis David: Le serment des Horaces, 1784
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