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Le journal intime : du réel au fictif, de la lecture à l’écriture

Dossier pédagogique pour les deuxième et troisième degrés de l’enseignement secondaire (lycée)

Françoise Chatelain Chargée de mission Courriel : [email protected] Sites Web : http://users.skynet.be/litterature http://www.enseignement.be

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Tables des matières

1. Du réel au fictif : lire 1. En apéritif : quelques rappels ....................................................................................................... 4

1.1. Rappel grammatical .................................................................................................................. 4

1.1.1. Le récit ........................................................................................................................... 4

1.1.2. Le discours ..................................................................................................................... 4

1.2. Rappel narratif........................................................................................................................... 4

1.2.1. La narration ultérieure .................................................................................................... 4

1.2.2. La narration simultanée .................................................................................................. 4

1.2.3. La narration antérieure ................................................................................................... 5

1.2.4. La narration intercalée ................................................................................................... 5

2. Le réel .......................................................................................................................................... 6

2.1. Le biographique ........................................................................................................................ 6

2.2. L’écriture de soi ........................................................................................................................ 7

2.2.1. Définition ....................................................................................................................... 7

2.2.2. Pourquoi se raconter ? .................................................................................................... 7

2.2.3. Un cas particulier : le journal intime .............................................................................. 8

2.2.4. Récapitulons ................................................................................................................. 10

2.2.5. Et la vérité dans tout ça ? ............................................................................................. 10

2.3. Synthèse .................................................................................................................................. 11

2.4. À vous ..................................................................................................................................... 11

3. La fiction .................................................................................................................................... 13

3.1. Lire une biographie imaginaire ............................................................................................... 13

3.1.1. Hitler, personnage de fiction – lecture du roman d’E.-E. Schmitt, La part de l’autre . 13

3.1.2. Napoléon Ier héros imaginaire ...................................................................................... 14

3.2. L’autobiographie fictive .......................................................................................................... 16

3.3. Journal intime et fiction .......................................................................................................... 17

3.3.1. Journal intime et histoire .............................................................................................. 17

3.3.2. Journal intime et fantastique : Maupassant et le Horla ................................................ 18

3.3.3. Synthèse ....................................................................................................................... 20

2. Ecrire un journal intime fictif

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1. Concevoir son récit .................................................................................................................... 21

1.1. Une « histoire » ....................................................................................................................... 21

1.2. Des personnages et un narrateur ............................................................................................. 22

1.3. Une sélection ........................................................................................................................... 22

1.4. Faire des choix narratifs .......................................................................................................... 23

2. Commencer ................................................................................................................................ 23

3. Dire pourquoi on écrit un journal ? ............................................................................................ 24

4. Finir ............................................................................................................................................ 24

3. Ecrire un journal collectif 1. Et le blogue ?........................................................................................................................... 25

2. Premier essai : un récit polyphonique ..................................................................................... 26

3. Un journal original à trente-six mains ..................................................................................... 27

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1. Du réel au fictif : lire 1. En apéritif : quelques rappels

1.1. Rappel grammatical On distingue deux systèmes d’énonciation : le récit (énoncé historique) et le discours.

1.1.1. Le récit Des événements passés sont racontés sans que ce récit soit lié moment de l’énonciation. Les déictiques (« ici », « maintenant ») ne sont pas utilisés. Les temps du récit sont : le passé simple, le passé antérieur, l’imparfait et le plus-que-parfait, le futur du passé et le futur antérieur du passé. Exemple : Le 24 juin, la majorité du clergé vint se confondre avec le Tiers dans l’Assemblée nationale. Le lendemain, quarante-sept députés de la noblesse sous la conduite du duc d’Orléans imitaient cet exemple. (A. Soboul, Histoire de la Révolution française, 1962)

1.1.2. Le discours Le discours suppose la présence d’un locuteur et d’un auditeur. Un lien est établi entre les événements racontés et le présent (ici et maintenant de l’énonciation) Il se caractérise par l’utilisation de tous les pronoms personnels, en particulier ceux de la 1re et de la 3e personne. Les temps du discours sont le présent, le passé composé, le futur simple et le futur antérieur. Les déictiques sont présents. Exemple : Je hais les voyages et les explorateurs. Et voici que je m’apprête à raconter mes expéditions. Mais que de temps pour m’y résoudre ! Quinze ans ont passé depuis que j’ai quitté pour la dernière fois le Brésil et, pendant toutes ces années, j’ai souvent projeté d’entreprendre ce livre. (C. Lévi-Strauss, Tristes Tropiques, 1965)

1.2. Rappel narratif Quand on examine la narration, on a coutume de s’interroger sur le narrateur et la focalisation mais aussi mais sur le temps, c’est-à-dire notamment sur l’ordre de la narration. C’est ce dernier aspect qui nous préoccupe dans l’analyse du journal intime. La narration peut se produire à divers moment par rapport aux événements racontés.

1.2.1. La narration ultérieure Le récit rapporte des événements passés et se situe après ces événements. C’est le type le plus fréquent : Exemple : Je naquis le 22 novembre 1869. Mes parents occupaient alors, rue de Médicis, un appartement au quatrième ou cinquième étage, qu’ils quittèrent quelques années plus tard, et dont je n’ai pas gardé souvenir. (Gide, Si le grain ne meurt, 1926)

1.2.2. La narration simultanée Le récit des événements se fait au fur et à mesure qu’ils se produisent. Le plus souvent, on utilise le système d’énonciation du discours.

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Exemple : La maison, le bureau du notaire sont sens dessus dessous : on y fait des travaux. J’ai failli m’asseoir sur un sac de plâtre. Le notaire est de très mauvaise humeur. (E. Triolet, Les manigances, 1962)

1.2.3. La narration antérieure Les événements n’ont pas encore eu lieu ; le récit se fait au futur, parfois au présent. Ce récit, prophétique ou prédictif, est exceptionnel.

Exemple :

Et le trône de Dieu et de l’Agneau y sera, et ses esclaves lui rendront, un culte ; et ils verront sa face, et son nom sera sur leurs fronts. Et il n’y aura plus de nuit. (Apocalypse de Saint-Jean)

1.2.4. La narration intercalée Le moment de la narration se situe dans les intervalles qui séparent les différents moments de l’action. On trouve soit du discours, soit un mélange de discours et de récit. C’est le cas du journal intime ou du récit épistolaire

Exemple :

25 novembre Avec quelle hâte, j’attends Joseph ! … Avec quelle impatience nerveuse j’attends le moment de savoir ce que je dois espérer ou craindre de la destinée […] Voici huit mois que je n’ai écrit une seule ligne de ce journal, - j’avais autre chose à faire et à quoi penser, - et voici trois mois exactement que Joseph et moi nous avons quitté le Prieuré, et que nous sommes installés dans le petit café près du port, à Cherbourg. […] Je suis heureuse. (O. Mirbeau, Le Journal d’une femme de chambre)

Exercices Lisez le début du roman de Camus, L’Etranger (Texte 1), Quel est l’ordre de la narration ?

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2. Le réel

2.1. Le biographique Le journal intime appartient à la catégorie plus large de la BIOGRAPHIE. Celle-ci trouve son origine dans la littérature antique, en particulier dans les « exempla », c’est-à-dire les dits et faits dignes de mémoire des grands hommes, il s’agit donc de récits édifiants à visée exemplaire, comme les Vies des hommes illustres de Plutarque. C’est dans cette lignée que se placent les nombreuses vies de saints qui vont fleurir au Moyen Âge, La légende dorée de Jacques de Voragine en est un exemple. Ainsi un récit biographique a d’abord eu pour fonction d’éduquer, de fournir des modèles exemplaires à suivre ou sur lesquels méditer et disserter ; il s’agit donc d’apologue : un récit accompagné d’une morale explicite ou non. Dans ce sens, la biographie peut donc être un essai, c’est-à-dire la défense d’une thèse.

Exercice Reportez-vous au texte d’André Maurois tiré d’Olympio ou la vie de Victor Hugo (texte 2) 1. Cet extrait raconte deux événements ; lesquels ? 2. Pourquoi l’auteur juge-t-il important de les rapporter dans sa biographie ? 3. Comment l’auteur authentifie-t-il son propos ? 4. Peut-on dire que ce récit est objectif ou, au contraire, y trouve-t-on des marques de la

subjectivité du biographe ? 5. Quelle image de Victor Hugo vous faites-vous à partir de ce texte ? 6. Correspond-elle à ce que vous connaissez de la doctrine romantique ? 7. En conclusion, ce texte peut-il être considéré comme un apologue, ainsi qu’on l’a défini

ci-dessus ?

Dans la biographie du XXe siècle, la fatalité antique est remplacée par le déterminisme scientifique, qu’il soit psychanalytique (Marie Bonaparte, Edgar Poe, sa vie, son œuvre, 1958) ou sociologique (Pierre Barberis, Balzac et le mal du siècle, 1970).

Aujourd’hui, on connaît une réappropriation de la biographie par la littérature, comme c’est le cas dans Rimbaud le fils de Pierre Michon ou L’adversaire d’Emmanuel Carrère.

On assiste donc à la rencontre intime de deux sensibilités : le biographe fait ainsi intervenir dans son travail une part de sa propre autobiographie.

On peut ainsi considérer que, quoi qu’il en soit, dans la biographie, il y a toujours instrumentalisation et la question qui se pose est celle de la vérité.

Pour aller plus loin • Confronter

o Verlaine d’ardoise et de pluie de Guy Goffette et Verlaine, Confessions o Rimbaud le fils de Pierre Michon et Madame Rimbaud de Françoise Lalande

• Observer la manière dont s’entremêlent biographie et autobiographie dans Dit Nerval de Florence Delay

À lire Philippe Beaussant, Le biographe (Folio)

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2.2. L’écriture de soi L’AUTOBIOGRAPHIE est une autre espèce de biographie qui se rencontre fréquemment sous des formes diverses. C’est une tradition qui remonte également à l’Antiquité, surtout en Grèce, dans la tradition socratique de la connaissance de soi.

Au Moyen Âge, cette tradition est reprise dans une perspective chrétienne : il s’agit de replacer l’homme à la place où Dieu l’a mis ; dès lors chacun doit connaître et confesser ses fautes, pour pouvoir obtenir le pardon divin. Les Confessions de Saint-Augustin sont un bel exemple de cette préoccupation.

À la Renaissance, la pensée humaniste replace l’individu au centre de son étude ; c’est dans cette perspective que sont écrits Les essais de Montaigne. Le XVIIe siècle, en revanche se méfie du « moi » que Pascal juge « haïssable ».

La deuxième moitié du XVIIIe siècle redécouvre la sensibilité et l’individualisme ; Rousseau, avec ses Confessions, va ouvrir la voie à un grand nombre d’autobiographies. Dès lors, l’engouement pour ce genre ne faiblira plus.

Le XIXe siècle, siècle du romantisme qui met l’individu au premier plan, verra proliférer les divers genres autobiographiques : Stendhal, Musset, George Sand ne sont que quelques exemples de ces œuvres.

Au XXe siècle la psychanalyse va apporter un éclairage nouveau sur ce genre.

2.2.1. Définition Philippe Lejeune définit l’autobiographie de la manière suivante :

« Récit rétrospectif en prose qu’une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l’histoire de sa personnalité. »1

Des critères sont à retenir :

• récit rétrospectif • thème : vie d’une personne • identité entre l’auteur, le narrateur et le personnage central • affirmation de la réalité et de la vérité des faits exposés.

On verra que tous les genres de l’écriture de soi ne se positionnent pas de la même manière par rapport à ces critères. P. Lejeune considère en effet que les mémoires, le journal intime et le roman autobiographique ne relèvent pas de l’autobiographie. Toutefois pour simplifier, nous intégrerons ces genres dans notre travail.

2.2.2. Pourquoi se raconter ? Les motivations des auteurs d’autobiographies peuvent être diverses.

Exercices Pour chacun des extraits présentés sous le titre texte 3, répondez aux questions suivantes : 1. Quelle est l’intention de l’auteur ?

se confesser ou se connaître se justifier témoigner triompher de la mort

2. Que raconte-t-il ? 3. Le texte respecte-t-il les quatre critères définis ci-dessus ?

1 P. Lejeune, Le pacte autobiographique, Seuil, 1975

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Voici les catégories principales d’écriture de soi :

• Autobiographie stricte • Mémoires : ils proposent le point de vue personnel de l’auteur sur l’Histoire mais il

arrive que l’auteur y mêle sa vie individuelle. • Témoignage : texte à cheval entre les mémoires et l’autobiographie ; il s’agit de

récits ne portant que sur un seul épisode de la vie de l’auteur ou sur une période limitée de sa vie d’adulte. Ces épisodes sont généralement associés à des circonstances historiques.

• Roman autobiographique : la vie de l’auteur devient la matière et le contenu de la fiction.

• On parle d’autofiction quand il s’agit, comme le dit Serge Doubrovsky, inventeur de la formule, de « fiction d’événements et de faits strictement réels ; si l’on veut, autofiction d’avoir confié le langage d’une aventure à l’aventure du langage » (recréation littéraire par les ressources du langage, de l’imaginaire et du style d’un contenu biographique réel et vécu). La progression n’est pas nécessairement celle d’un texte linéaire, elle fonctionne souvent par association d’idées.

Exercices Prouvez que les textes suivants que vous venez de lire relèvent bien du genre auquel ils appartiennent : Chateaubriand, René – Proust, A la recherche du temps perdu : romans autobiographiques Chateaubriand, Mémoires d’Outre-Tombe : mémoires Levi, Si c’est un homme : témoignage Doubrovsky, Fils : autofiction

2.2.3. Un cas particulier : le journal intime Caractéristiques

Selon P. Lejeune, il s’agit d’une « série de traces datées2 ». Il ajoute : « Si le cahier est continu, l’écriture du journal, elle, ne l’est pas du tout. Elle est fragmentaire. Elle se compose d’une suite d’ « entrées » ou de « notes » : on appelle ainsi tout ce qui est écrit sous une même date. Ces unités, séparées les unes des autres, ont leur morphologie : en tête, la date, un début, une fin, avec éventuellement des divisions intérieures – divisions thématiques, une même entrée peut évoquer des sujets différents, ou rhétorique, elle peut être divisée en paragraphes. Chaque entrée est donc un mini-organisme, pris dans un ensemble discontinu : entre deux entrées, un blanc. Elles se suivent dans l’ordre du calendrier et de l’horloge, continuum qui sert à évoquer leurs discontinuités et irrégularités.3

Deux traits distinguent donc l’autobiographie et le journal : la discontinuité et le caractère non rétrospectif. Mais, si leurs formes sont opposées, leurs objectifs peuvent concorder.

»

Exercices

2 Philippe Lejeune, id. 3 Id.

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Pour chacun des extraits de journaux d’Amiel (texte 4) et Renard (texte 5), répondez aux questions suivantes : 1. Quelle est l’intention de l’auteur ? 2. Montrez que l’extrait présente les caractéristiques énoncées par le texte de P. Lejeune ci-

dessus. Pour le texte d’Amiel : 1. Quels indices vous permettent de le classer dans la catégorie des journaux intimes ? 2. Quelle image de lui-même l’auteur donne-t-il ? (observez les champs lexicaux, les

images et le vocabulaire). Pour le texte de Renard : 1. Y a-t-il un lien entre les paragraphes ? 2. Qu’apprend-on sur le caractère du diariste4

3. Quelles sont les qualités d’un bon écrivain pour Jules Renard ?

? Sur quels éléments avez-vous basé votre réponse ?

Journal intime et publication En principe, un journal intime est tenu pour soi-même ou un double de soi ; son nom même d’intime semble ne pas permettre qu’autrui y ait accès. Mais s’adresser à un double ne montre-t-il pas combien il est difficile de se parler à soi-même seulement ?

Le cas de Benjamin Constant est révélateur : d’un côté, il cache soigneusement son journal, de l’autre il avoue être tenté d’y « parler pour la galerie », il prend grand soin de conserver son manuscrit pour ses héritiers et au milieu du XIXe siècle, il envisage de laisser ses carnets à la postérité comme témoignage de son existence.

Amiel de son côté indique en 1852 : « Ces mille pages ne sont bonnes que pour moi, et pour ceux qui après moi pourront s’intéresser à l’itinéraire d’une âme, dans une condition obscure, loin du bruit et de la renommée. »

Il apparaît donc que, d’une manière qu’on peut juger paradoxale, l’auteur d’un journal envisage sa publication. Il arrive même qu’elle soit programmée dès le début, surtout si ledit journal accompagne l’écriture d’une œuvre, comme c’est le cas, par exemple, du Journal de la déchirure d’Henry Bauchau (Actes Sud, collection Babel)

Exercices Lisez l’extrait du Journal d’Anne Frank (texte 6) 1. À qui l’auteur s’adresse-t-elle ? qui est cette personne ? 2. Quels indices vous permettent de classer le texte dans la catégorie des journaux intimes ? 3. Que raconte cette page ? 4. Quels sentiments l’auteur exprime-t-elle ? 5. Informez-vous sur Anne Frank, son journal et les conditions de publication de celui-ci et

écrivez un texte informatif court dans lequel vous développerez vos découvertes. Vous pouvez vous référer au site de la Maison d’Anne Frank : http://www.anne-frank.org/

4 Auteur d’un journal intime.

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2.2.4. Récapitulons Voici un tableau récapitulatif des divers genres autobiographiques, complétez-le en utilisant vos observations :

Critères

Genres

Récit introspectif Thème :

vie d’une personne

Identité entre l’auteur, le

narrateur et le personnage

principal

Affirmation de la réalité et de la vérité des faits

exposés

La biographie

Les mémoires

L’autobiographie

Le journal intime

Le roman autobiographique

2.2.5. Et la vérité dans tout ça ? À propos de la biographie, il a été question d’instrumentalisation. Qu’en est-il quand on parle de l’autobiographie ?

Intertextualité Rappel : on parle d’intertextualité quand l’auteur d’une œuvre est influencé, consciemment ou non, par une œuvre d’art antérieure. On appelle cette dernière « hypotexte », et le nouveau texte « hypertexte ».

Exercice Lisez l’extrait du Journal de Zlata Filipovic (texte 7). 1. Montrez le caractère spontané de l’écriture. 2. Nous sommes clairement en présence d’intertextualité. Prouvez-le en désignant

l’hypotexte et l’hypertexte et en comparant les deux, dans leur forme et dans leur contenu.

3. D’autre part, pensez-vous que ce texte a été publié tel qu’il a été écrit ? Justifiez votre réponse.

4. Informez-vous : qu’est-il arrivé en Bosnie dans les années 90 ? Comment mettez-vous ces événements en rapport avec le contenu du journal ? Vous pouvez consulter les pages suivantes sur le site de Radio-Canada : http://www.radio-canada.ca/actualite/ZoneLibre/03-12/zlata.html

Travail de la mémoire La mémoire est infidèle, nous le savons tous. Même si nous n’avons pas l’intention de tromper, il arrive que nos souvenirs nous abusent.

Exercice Lisez l’extrait de W ou le souvenir d’enfance de George Perec (texte 8 ) et le commentaire qu’en a écrit P. Lejeune dans La Mémoire et l’oblique () 1. Comparez ce que raconte Perec dans son autobiographie et la réalité telle que la rapporte

Lejeune. 2. Recherchez ce que Freud appelle le « souvenir-écran ». Pouvez-vous mettre cette notion

en rapport avec les observations que vous avez faites en comparant les textes ?

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Sincérité ?

Exercice Lisez l’extrait des Mémoires capitales de Groucho Marx (texte 9). 1. Pourquoi Marx a-t-il écrit ce texte ? 2. À qui s’auteur s’adresse-t-il ? quel est son ton ? 3. S’engage-t-il à la vérité ? à la sincérité ? quelle différence faut-il faire entre ces deux

notions ? Quels sont les obstacles à la vérité, selon lui ? 4. Quel terme emploie-t-il pour parler de son ouvrage ? comment ce mot est-il connoté ? 5. Informez-vous sur Groucho Marx.

2.3. Synthèse Ecrivez un texte court qui commente l’extrait de Monsieur Nicolas ou le Cœur humain dévoilé de Restif de la Bretonne (texte 10). Vous tiendrez compte de toutes les observations que vous avez faites.

Pour aller plus loin Découvrez d’autres formes d’autobiographies :

• Poésie : o V. Hugo, Les Contemplations o R. Queneau, Chêne et chien o R. Obaldia, Les jumeaux de la nuit

• Cinéma o L. Malle, Au revoir les enfants o N. Moretti, Journal intime o F. Truffaut, Les 400 coups

• Théâtre o Ph. Caubère, Le roman d’un acteur o J.-L. Lagarce, Le pays lointain o J. Louvet, Conversation en Wallonie o F. Morel, Les habits du dimanche

• Peinture : la série d’autoportraits de Rembrandt ou de Van Gogh • BD :

o A. Spiegelman, Maus, un survivant raconte et A l’ombre des tours mortes o F. Neaud, Journal, Ego comme X

À voir et à lire Marjane Satrapi, Persépolis BD et film

2.4. À vous 2.4.1. À votre tour d’écrire, au choix, une biographie ou un fragment « d’écriture de soi ».

Si vous optez pour la première possibilité, choisissez une personne que vous connaissez bien, par exemple un membre de votre famille. Si vous optez pour l’écriture de soi, choisissez la forme qui vous convient et respectez les caractéristiques que vous avez pu observer dans les textes que vous avez lus.

2.4.2. De nombreuses personnes écrivent des « journaux de lecture » ; c’est le cas du Journal de l’imitateur de G. Goffette, par exemple. Ecrivez votre journal de lecture : au fur et à mesure de la lecture d’un livre que vous aurez choisi librement ou qui vous aura été imposé en classe, notez vos impressions, vos attentes, les réflexions que la lecture vous suggère…

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3. La fiction Il arrive fréquemment que les romanciers décident d’écrire des biographies fictives.

3.1. Lire une biographie imaginaire 3.1.1. Hitler, personnage de fiction – lecture du roman d’E.-E. Schmitt,

La part de l’autre Tâche Présenter, dans un exposé d’une dizaine de minutes le roman d’E.-E. Schmitt, en discutant l’usage que l’auteur fait de la biographie imaginaire.

Avant tout, faites le point sur ce que vous savez d’Hitler ; complétez vos connaissances grâce à une recherche documentaire.

Introduction : Mulisch, Siegfried, Une idylle noire (texte 11) Lisez les extraits du roman qui évoque, comme d’autres, la vie d’Hitler sur le mode fictif.

Les numéros de pages renvoient à l’édition Folio de 2005. Extrait 1 : 1. Reformulez l’utilisation qu’Herter envisage de faire de la fiction littéraire. 2. Pouvez-vous mettre en rapport cette déclaration d’intention avec ce que certains auteurs

d’autobiographies déclarent ? Extrait2 : 1. Quels aspects de la personnalité d’Hitler intriguent-ils le narrateur ? 2. Selon vous, cette démarche est-elle aussi celle de Buzzati dans Pauvre petit garçon

(texte 12) ? Justifiez votre réponse.

Lecture intégrale du roman de Schmitt. Enoncez vos observations :

1. Qu’est-ce qui relève 1.1. de la biographie d’Hitler, 1.2. des faits historiques avérés, 1.3. de la pure fiction ?

2. Comment l’auteur parvient-il à tisser ces éléments divers ? 3. Selon vous, quelles sont ses intentions ? 4. Pouvez-vous lire ce roman sous l’angle théorique du texte 13 ? 5. Pensez-vous que la démarche de Schmitt soit similaire à celle énoncée par le héros de

Mulisch ? Justifiez.

Eléments critiques

1. Lisez le commentaire que fait l’auteur sur l’écriture de ce roman : http://www.eric-emmanuel-schmitt.com/fr/work_details.php?oeit_id=27&oecat_id=2&section_id=2&table=comments Reformulez les intentions de l’auteur en écrivant ce roman.

2. Confrontez les hypothèses que vous avez émises préalablement avec ces déclarations. 3. Lisez l’extrait de l’essai de Michel Meyer (texte 14). Comparez ce que vous avez

reformulé des intentions de l’auteur (question 1) avec l’interprétation qu’en donne ce spécialiste universitaire.

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Synthèse A propos du roman

1. Le roman La part de l’autre est-il biographique, d’une manière ou d’une autre ? 2. Si oui, laquelle/lesquelles de ces fonctions ordinairement assignées à l’(auto)biographie

remplit-il ? Éducation et édification morales, à travers la présentation de modèles exemplaires à suivre, de sujets de méditation et de réflexion (cf. Vie de héros dans l’Antiquité, Vies de saints au Moyen Âge) ; ainsi toute biographie s’apparente d’une manière ou d’une autre à un apologue (récit + leçon explicite ou implicite au lecteur). Élucidation historique. Étude de l’enfance conçue sur un plan philosophique et psychologique comme le fondement, l’origine et la source de l’identité et du caractère. Argumentation, justification, disculpation : défense d’une thèse.

Méthode pour lire une biographie fictive

1. Se documenter sur le personnage dont il est question dans le roman. 2. Discerner, dans l’œuvre, les éléments avérés par l’histoire et les éléments purement

fictifs. 3. Observer les techniques d’écriture grâce auxquelles l’auteur parvient à intégrer ces deux

aspects. 4. Emettre une opinion sur les intentions de l’auteur et sur la fonction de la biographie. 5. Rechercher des textes critiques, des témoignages pour éclairer le sens de l’œuvre.

Pour aller plus loin D’autres œuvres consacrées à Hitler

• Cinéma o Chaplin, Le Dictateur : visionner le documentaire de K. Brownlow, présenté

au Festival de Berlin en 2002, The Tramp and the Director (bonus du DVD) : réflexion sur la présence de l’autobiographie dans la biographie fictive.

o Hirschbiegel, La chute : après avoir visionné le film, lire les critiques favorables et défavorables et écrire un article de synthèse, prenant position dans le débat.

• Littérature o H. Mulisch, Siegfried, une idylle noire

3.1.2. Napoléon Ier héros imaginaire Napoléon Ier a fait l’objet d’un nombre important de biographies plus ou moins romancées ; il a été le héros de nombreuses œuvres littéraires de fiction et de films. Tâche 1 Dans un texte informatif de 3 pages maximum, présenter le « mythe » de Napoléon tel qu’il apparaît dans quelques textes. Corpus

• Balzac, Le médecin de campagne • Hugo, « L’Expiation » dans Les Châtiments – « Lui » dans Les Orientales – « Le

retour de l’empereur » dans Les Rayons et les ombres • Béranger, Les souvenirs du peuple • Musset, Confessions d’un enfant du siècle • La bataille de Waterloo vue par Stendhal dans La Chartreuse de Parme et par Hugo

dans Les misérables

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Tâche 2 Lire le récit de Simon Leys, La mort de Napoléon (Labor, Espace nord). Et écrire un article de commentaire.

1re étape : appliquer la méthode étudiée pour le roman de Schmitt. 2e étape : confronter les aspects du mythe napoléonien observés dans le corpus avec l’image qui transparaît dans ce récit. 3e étape : analyser les « leçons » de l’apologue.

Pour aller plus loin 1. D’autres œuvres consacrées à Napoléon Ier

• Les romans de Patrick Rambaud : La Bataille – Il neigeait – L’absent – Le chat botté • J.-P. Kauffman, La chambre noire de Longwood • Le film d’A. de Caunes, Monsieur N. • La pièce de P. Emond, Seul à Waterloo, seul à Sainte-Hélène • La pièce de V. Sardou, Madame Sans-Gêne • Les chansons de la comédie musicale de Serge Lama • La peinture de David, Le sacre de Napoléon : http://education.france5.fr/napoleon/

2. D’autres personnages peuvent servir au même type d’exercice, en particulier les vedettes

de la chanson ou de l’écran : • Claude François : Podium de Y. Moix (roman et film) • James Dean dans la comédie musicale de M. Berger La ballade de Jimmy • …

3. On pourra aussi travailler sur la fabrication des « autobiographies » de stars du sport ou du show-business ou sur leur mythification à travers les reportages de la télévision • Point de départ : D. Daeninckx, Play-back • Comme corpus, utiliser les titres d’actualités sur les footballeurs, par exemple ou les

publications liées aux commémorations (mort de Dalida, de Lady Di, d’Elvis Presley…). Attention, ce genre d’ouvrages se démode très vite.

4. On pourra conclure par une réflexion de type philosophique portant sur la notion de vérité.

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3.2. L’autobiographie fictive Il est bien clair que les enjeux de l’autobiographie fictive ou la fiction sous forme autobiographique sont très différents de ceux d’une vraie autobiographie. Par ailleurs, on l’a déjà remarqué, la crédibilité à accorder aux événements racontés est très relative dans l’autobiographie. Qu’en dire alors quand il s’agit de fiction déclarée ? Divers cas devraient être envisagés :

• tout d’abord, l’autobiographie fictive d’un personnage sur lequel on possède des sources suffisantes et personnelles pour pouvoir raconter des faits avérés. Toutefois, jusqu’à quel point peut-on prêter au narrateur toutes les pensées, la vie intérieure que l’auteur de la fiction l’amène à formuler ? C’est le cas par exemple du roman de Robert Merle, La mort est mon métier, inspiré des interrogatoires du directeur du camp d’Auschwitz. L’auteur modifie d’ailleurs le nom du personnage pour ne laisser aucun doute sur la dimension fictive de l’autobiographie.

• ensuite, l’autobiographie d’un personnage historique également, sur lequel on possède de nombreuses sources indirectes mais très peu ou même pratiquement aucune de sa propre main. C’est le cas de l’empereur Hadrien, le narrateur des Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar. Quand Hadrien parle de la situation de la femme, de l’esclavage…, à qui faut-il attribuer ces réflexions ? à Hadrien ou à Marguerite Yourcenar elle-même ?

• enfin, le personnage totalement inventé : en ce qui concerne ce dernier cas, il est évident que la question de la vérité ne devrait pas se poser puisque, en principe, le lecteur connaît le « pacte de lecture ». mais là aussi, il arrive que l’auteur joue avec son lectorat prétendant que le personnage dont il a inventé l’autobiographie est un personnage réel, qu’il s’agit d’un document réel et non d’une fiction. C’est le cas de Torrentera de P. Cauvin, par exemple

Exercice Lisez l’extrait des Nouvelles confessions de William Boyd (texte 15). Il s’agit de l’autobiographie fictive de John James Todd, personnage imaginaire, admirateur fanatique de Rousseau. 1. Il s’agit du pastiche du prologue des Confessions de Jean-Jacques Rousseau : montrez-le. 2. L’auteur établit une étroite connivence avec le lecteur qui a lu Rousseau : justifiez cette

affirmation. En revanche, un lecteur qui ne connaîtrait pas l’œuvre pourrait lire cet ouvrage différemment. Comment ?

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3.3. Journal intime et fiction 3.3.1. Journal intime et histoire

Le récit historique se prête bien au journal intime fictif. Il se base souvent sur des documents réels (souvenirs, lettres, archives diverses) mais assure la médiation de ces informations par le biais d’un personnage, témoin supposé des événements qui les aurait consignés.

Exercices Lisez les quatrièmes de couverture de Constance Journal d’une jeune fille aux premiers temps de la Nouvelle-Angleterre de Patricia Clapp (Texte 16) et Mémoires imaginaires d’Adrienne de La Fayette de Sabine Renault-Sablonière (Texte 17) et, pour chacune d’elles, répondez aux questions. 1. Pouvez-vous dire à quel public s’adresse l’auteur ? Justifiez votre réponse. 2. Quels sont les événements rapportés dans le journal en question ? 3. Comment l’auteur se situe-t-elle par rapport au personnage censé être l’auteur du

journal ? 4. Comment l’auteur justifie-t-elle le recours au journal intime pour raconter ces faits ? 5. L’auteur prétend rapporter la vérité ? Comment se justifie-t-elle ? Lisez les extraits de Constance (texte 18) et des Mémoires imaginaires d’Adrienne de La Fayette (texte 19). 1. Quelles informations ces extraits apportent-ils ? 2. Expliquez pourquoi, selon vous, l’auteur a jugé bon d’introduire ces informations dans le

roman. 3. Ces explications recoupent-elles celles de la 4e de couverture ? Justifiez votre réponse. 4. S’il y a une différence, comment l’expliquez-vous ?

Recherche De nombreux romans ont cette forme. Souvent il s’agit du journal fictif d’une jeune fille ou d’une jeune femme et souvent aussi, l’auteur est une femme. Peut-on dire

1. que le journal intime est davantage une pratique féminine ? 2. que les garçons seraient moins intéressés par un roman présenté sous forme de

journal intime ? Vous pourrez utiliser les statistiques sur le site « Autopacte » : http://www.autopacte.org/Statistiques.html

Pour aller plus loin Voici quelques lectures en littérature de jeunesse ; étudiez ces romans du point de vue de la sociologie de la littérature : public, auteur, intentions avouées, paratexte… Vous vous interrogerez également sur les sources et le respect des sources dans le cas des journaux à caractère historique. Journaux intimes et histoire COLOMB Christophe, La découverte de l’Amérique, Ecole des loisirs, 1999 (Médium) CUSHMAN Karen, Le livre de Catherine, Ecole des loisirs, 1998 (Médium) DU BOUCHET Paule, Journal d’Adèle, Gallimard, 1998 (Folio junior) OLDFIELD Pamela, L'Année de la grande peste : journal d'Alice Paynton, 1665-1666, Gallimard jeunesse, 2005 (C’est mon histoire) SCHAMI Rafik, Une poignée d’étoiles, Ecole des loisirs, 1987 (Médium) Journaux intimes et adolescence BRANTOME Marie, Avec ce qu’on fait pour toi, Seuil, 1995 CATHRINE Arnaud, Vendredi 13 chez tante Jeanne, Ecole des loisirs, 2001 (Médium) DOHERTY Bernie, Cher inconnu, Gallimard, 1993 (Page blanche) MAZARD Claire, Le cahier rouge, Syros, 2000 (Les uns et les autres) PELOT Pierre, La passante, Flammarion, 1999 (Tribal)

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3.3.2. Journal intime et fantastique : Maupassant et le Horla Maupassant a écrit trois versions distinctes de l’histoire du Horla : Lettre d’un fou (1885) – Le Horla (1re version, 1886) – Le Horla (1887). Cette nouvelle fantastique raconte la manière dont une entité vampirise peu à peu le narrateur. L’écrivain a vraisemblablement trouvé une partie de son inspiration dans la maladie mentale qui devait l’emporter quelques années plus tard. Voici les trois versions des mêmes épisodes : textes 20 (Lettre d’un fou), 21 (Horla 1886) et 22 (Horla 1887) Exercice Texte 20 Texte 21 Texte 22 Quelle est la forme narrative ?

Qui est le narrateur ?

S’il est identifiable, qui est le narrataire ?

Quel est l’ordre de la narration ?

Quel est le ton ?

Comparez les textes

Quelles conséquences les choix narratifs ont-ils sur • le sens de l’histoire ? • la perception qu’en a le lecteur ?

Justifiez vos réponses. Lisez maintenant la version intégrale des nouvelles et répondez aux questions qui suivent :

Journal d’un fou

1. Relevez les traces du destinataire de la lettre à l’intérieur du texte (pronoms, adresses, réactions…).

2. Que cherche le narrateur en racontant cette histoire ? Justifiez votre réponse par des éléments du texte (explicites ou implicites).

3. Par rapport aux événements vécus, quels sont les sentiments du narrateur ? 4. Avant même de raconter son histoire, l’auteur développe un exposé. Sur quoi porte-t-il ?

En quoi contribue-t-il à faire de ce texte un apologue ?

Le Horla 1886

1. Montrez la mise en abyme du texte : à quoi sert l’introduction ? 2. Relevez les traces des destinataires à l’intérieur du récit. 3. Par quels procédés la crédibilité est-elle renforcée ? 4. Que cherche le narrateur en racontant cette histoire ? Justifiez votre réponse. 5. Par rapport aux événements vécus, quels sont les sentiments du narrateur ?

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Le Horla 1887

1. Si l’on compare avec les deux versions précédentes, dans quelle position se trouve le lecteur par rapport aux événements racontés ?

2. Quel effet cela a-t-il sur la crédibilité du récit ? 3. Par rapport aux événements vécus, quels sont les sentiments du narrateur ? 4. Quel rôle l’ordre la narration joue-t-il dans la perception de ces sentiments par le lecteur que

vous êtes ? 5. Quelle(s) interprétation(s) donnez-vous aux événements racontés ? Justifiez votre réponse

par des éléments du texte. 6. Le narrateur rapporte des explications scientifiques. De qui émane-t-elles ? comment sont-

elles rapportées par le narrateur ? paraissent-elles crédibles ? Justifiez votre réponse. 7. La fin est-elle la même que dans les versions précédentes ? Justifiez votre réponse.

Conclusion pour les 3 récits

1. Le choix du journal intime change la perspective du lecteur sur les événements racontés, montrez en quoi.

2. Selon vous, quelle est la version qui est le plus susceptible de faire réagir le lecteur ? Argumentez.

3. Quels sont donc les avantages du choix de ce genre, dans le cadre d’une nouvelle fantastique comme celle-ci ?

1. Matheson

À vous

Lisez la nouvelle de Matheson, Né d’un homme et d’une femme. (http://archives.site.free.fr/siteportail/site3em2001/matheson.htm sur ce site, vous trouverez le texte et une séquence centrée sur le thème du monstre) Analysez le texte : 1. Faites le portrait du narrateur. Cette nouvelle est aussi intitulée « Journal d’un monstre ».

Justifiez ce titre. 2. Le récit à la 1re personne a souvent comme effet une identification du lecteur au narrateur.

Est-ce le cas ici ? Quel effet cela a-t-il sur le lecteur que vous êtes ? 3. Souvent, le journal intime se clôture sur une interrogation, une incertitude. Quelle est-elle

ici ? Selon vous, pourquoi le narrateur a-t-il interrompu son journal ? Exercice d’écriture 1. Faites un résumé objectif d’une dizaine de lignes de l’histoire racontée. 2. Comme l’a fait Maupassant, choisissez un autre genre pour raconter la même histoire : lettre

ou récit enchâssé. 3. Étant donné les événements racontés, vous souhaiterez peut-être changer de narrateur. Si

vous optez pour ce choix, réfléchissez bien à l’identité de celui-ci : qui pourrait être ce narrateur ? à qui et dans quel contexte ferait-il son récit ?

2. Gudule

Lisez la nouvelle de Gudule, Journal d’un clone. (Vous trouverez le texte sur http://www.noosfere.com/autres-mondes/concours-2001/journal_d_un_clone.htm) Exercice d’écriture 1. Faites un résumé objectif d’une dizaine de lignes de l’histoire racontée. 2. Identifiez les protagonistes et caractérisez-les brièvement. 3. Ecrivez un journal parallèle qui suivra la même structure chronologique et dont l’auteur sera

un des autres protagonistes. 4. Veillez à bien adapter le langage au personnage tel que vous l’avez précédemment

caractérisé.

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3.3.3. Synthèse Tâche 1 Ecrivez une synthèse sur l’utilisation du journal intime en tant que genre de fiction.

Votre texte prendra en considération :

1. la comparaison entre le journal intime réel et le récit de fiction sous forme de journal intime (points communs et différences)

2. l’intérêt de choisir ce genre pour écrire un récit 3. les catégories particulières de journaux fictifs : littérature de jeunesse, récit historique,

littérature de genre.

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2. Ecrire un journal intime fictif 1. Concevoir son récit

Voici une méthode – il y en a certainement beaucoup d’autres – pour construire l’histoire qui va devenir votre journal intime fictif.

1.1. Une « histoire » Votre journal intime va nécessairement raconter une histoire ou un fragment de celle-ci.

Une histoire complète ou un fragment ? Bien que la convention soit de se dire que les pages du journal données à lire ne sont qu’un extrait d’un journal plus vaste, on peut se poser la question : faut-il écrire une histoire qui puisse être analysée par un schéma narratif ou un fragment sans début ni fin ? Le genre que vous allez choisir déterminera la réponse à cette question :

• Si vous décidez de vous rapprocher d’un journal intime réel, vous préférerez sans doute n’en raconter qu’un fragment :

o quelques jours de la vie du narrateur qui représentent par exemple une crise, un changement, ou qui visent à révéler un état d’âme : la pluie pendant les premiers jours de vacances, l’adaptation dans une nouvelle école…,

o un événement personnel ou familial : la naissance d’une amitié, la fin d’un amour, un deuil, l’arrivée d’un petit frère…

On s’attendra toutefois à une sorte de conclusion personnelle – explicite ou non – qui pourra d’ailleurs ne pas appartenir au journal en lui-même. Par exemple : le narrateur tire une conclusion des années après, en relisant son journal.

• Vous pouvez aussi choisir d’écrire quelques fragments épars, par exemple d’un journal de voyage, ou de lecture qui n’a d’autre but que de garder un souvenir de ce voyage ou de ce livre….

• Si vous décidez de raconter plutôt une histoire, vous devrez la construire complètement, même si vous n’en révélerez pas tous les éléments dans votre texte. Si vous vous lancez dans la fiction policière, fantastique…, il faudra donner les éléments susceptibles de soutenir l’intérêt de votre lecteur, même si vous le laissez dans une incertitude finale.

Résumez votre histoire Quel que soit votre choix, il va vous falloir écrire un résumé de votre histoire : « au début :…, à la fin :… et, entre les deux, il se passe… ». Ne perdez pas de vue que le journal doit couvrir un laps de temps d’une semaine.

Par exemple : Au début, c’est le premier jour des vacances, le narrateur est dans l’avion vers l’Australie avec ses parents. Il est de mauvaise humeur car il aurait préféré passer cinq jours dans les Ardennes avec ses copains plutôt que deux mois au bout du monde, comme un bébé avec papa, maman et la petite sœur.

À la fin, la famille est depuis une semaine à Sidney ; il est de très bonne humeur : les parents sont désespérés que leur beau projet prenne l’eau ; bien fait pour eux !

Entre les deux : les catastrophes des premiers jours : bagages perdus, bras cassé de la petite sœur, temps exécrable…

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1.2. Des personnages et un narrateur Telle que vous l’avez racontée, votre histoire concerne un certain nombre de personnages. Etant donné que votre texte doit rester court, ce nombre est nécessairement limité.

Parmi ces personnes, il importe de choisir le narrateur, l’auteur du journal.

Si vous avez choisi d’écrire un extrait de journal proche de ce qu’est en réalité un journal intime, le narrateur va s’imposer d’office.

En revanche, si vous voulez construire une sorte de nouvelle, vous êtes forcément amené à respecter les règles du genre. Ainsi, imaginons que vous ayez choisi d’écrire une nouvelle policière, il est important de bien choisir le narrateur : l’enquêteur, un ami à lui, la victime potentielle, un témoin, le criminel ?

Lorsque votre choix définitif est effectué, préparez une brève fiche aide-mémoire qui reprendra les éléments les plus importants à ne jamais oublier au cours de votre rédaction.

1.3. Une sélection Le journal intime que vous allez écrire doit couvrir une semaine, ne l’oubliez jamais. En fonction de cette nécessité mais aussi de ce que vous allez raconter et de votre narrateur, sélectionnez, dans votre résumé, les moments où vont s’insérer les pages du journal et les informations qui vont y être distillées.

Reprenons notre exemple : Au début, c’est le premier jour des vacances, le narrateur est dans l’avion vers l’Australie avec ses parents. Il est de mauvaise humeur car il aurait préféré passer cinq jours dans les Ardenne avec ses copains plutôt que deux mois au bout du monde, comme un bébé avec papa, maman et la petite sœur.

Voici un exemple de trajet Bruxelles-Sidney : Départ de Bruxelles à 20h45 - Arrivée à Francfort à 21 h 45 - Départ de Francfort à 23h55 - Arrivée à Singapour à 18h locales - Départ de Singapour à 19h45 - Arrivée à Sydney à 5h05. 1er jour : le narrateur dans l’avion - contenu : le départ et ses impressions (on peut lui faire écrire une seule intervention ou segmenter car le voyage est long).

2e jour : moment d’écriture : l’escale à Singapour – contenu : l’arrivée en Asie.

3e jour : à l’aéroport de Sidney – contenu : l’arrivée à l’aéroport, la longue attente des bagages, l’énervement des parents.

4e jour : le lendemain, dans le salon de l’hôtel – contenu : les problèmes liés à la non récupération des bagages et à une réservation erronée des chambres : une petite chambre où toute la famille doit s’entasser.

5e jour : dans la minuscule chambre de l’hôtel, tard le soir – contenu : le temps détestable, l’ennui, l’écriture est interrompue par un cri épouvantable dans la salle de bain.

6e jour : dans la salle d’attente des urgences à l’hôpital de Sidney – contenu : l’accident de la petite sœur qui s’est cassé le bras dans la baignoire.

7e jour : le lendemain dans la chambre d’hôtel – contenu : les démarches des parents désespérés pour négocier leur retour avec leur compagnie d’assistance, le bonheur de la sœur qui se sent une vedette, le plaisir du narrateur devant les catastrophes en série : il sera peut-être rentré suffisamment tôt pour rejoindre ses copains en Ardenne.

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1.4. Faire des choix narratifs Faire parler le narrateur Définissez le niveau de langue de votre narrateur : il dépendra de son âge, de son milieu, de l’époque… veillez à ne pas changer de niveau en cours de journal.

Employer correctement les temps N’oubliez pas le rappel du début concernant le récit et le discours, n’oubliez pas non plus que la narration est intercalée.

Le journal en lui-même relève de la conversation : on emploiera donc les temps du discours.

Il peut toutefois arriver que vous soyez amené à évoquer des événements passés (voyez Le Horla, texte 22). Vous pourrez choisir de continuer dans le système du discours et d’employer le passé composé. Vous pouvez également employer pour ces passages rétrospectifs le système du récit. Soyez toutefois attentif à quelques points concernant le passé simple :

• il rarement employé aujourd’hui dans le récit familier ; par conséquent, si votre narrateur est un personnage contemporain, il vaut mieux l’éviter,

• les temps du discours ne sont pas en relation avec le moment de l’énonciation ; par conséquent, on ne l’emploiera jamais pour raconter des événements qui sont en relation directe avec le moment et le lieu de l’énonciation du journal.

2. Commencer Un certain nombre de possibilités peuvent s’offrir au narrateur. Nous allons examiner ici quatre débuts de journaux intimes :

• Le Horla (texte 22) • Constance (texte 235

• Journal de l’Imitateur de G. Goffette (texte 24) : il s’agit du journal de lecture d’une œuvre de T. Bernhard

)

• Journal d’un crime de C. Bertin (texte 25) : il s’agit d’un roman qu’on ne peut qualifier de policier mais qui raconte, sous forme de journal intime l’enquête de Saint-Pons, avocat retraité, sur la mort d’Elio Cantelli qu’il avait croisé un soir au bord de la Seine et empêché de se suicider.

Texte 22 Texte 23 Texte 24 Texte 25 Quand et où a lieu l’énonciation ? Qu’apprenons-nous sur le narrateur ?

Qu’apprenons-nous sur le contenu de son récit ?

Quel système énonciatif emploie-t-il ?

En quoi le niveau de langue est-il ou non adapté au narrateur ?

Pourquoi, selon vous, avoir choisi ce moment comme point de départ à la narration ?

• Pouvez-vous tirer des constantes de cette observation ? • Reprenez votre schéma d’histoire : écrivez la première page du journal.

5 Il ne s’agit pas de la totalité de la première intervention pour les textes 23, 24 et 25.

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3. Dire pourquoi on écrit un journal ? Faut-il ou pas justifier le fait que l’on écrit un journal ? Bien que ce ne soit pas général, les narrateurs de journaux intimes fictifs éprouvent souvent le besoin d’expliquer le fait qu’ils se livrent à cette habitude de tenir un journal. Voici quelques extraits :

• Constance (texte 18) • Mémoires imaginaires d’Adrienne de La Fayette (texte 19) • Journal d’un crime (texte 26)

Texte 18 Texte 19 Texte 26 S’il l’évoque, quand le narrateur a-t-il commencé à écrire ?

Pourquoi ? Ces précisions précisent-elles notre connaissance du narrateur ?

Sont-elles nécessaires ? Justifiez. À quel moment apparaissent-elles ? pouvez-vous imaginer pourquoi ?

• Pensez-vous introduire une explication de ce genre ? pourquoi ? • Si vous le faites, quelle sera-t-elle ? comment allez-vous la rendre vraisemblable ? à

quel moment allez-vous l’introduire ? On peut imaginer que le jeune narrateur de notre exemple indique que c’est l’ennui d’un long voyage en avion qui le pousse à tenir son journal.

4. Finir Terminer son texte est toujours délicat. Bien sûr, la consigne du concours permet d’ajouter quelques lignes de commentaires pour conclure. Cette solution ne devrait toutefois être choisie qu’en cas d’absolue nécessité ou pour ouvrir le texte vers de nouvelles perspectives. Voici quelques extraits

• Constance (Texte27) • Journal d’un crime (Texte 28) • Le Horla (Texte 29) • Le dernier d’un condamné de V. Hugo (Texte 30) : ce n’est pas un journal mais, par

certains aspects, sa forme en est proche.

Texte 27 Texte 28 Texte 29 Texte 30 Quel est le dernier événement raconté ?

Pourquoi le journal s’achève-t-il ? émettez éventuellement une hypothèse.

La fin est-elle vraisemblable ? Justifiez votre réponse.

La présence d’un texte de conclusion se justifierait-elle ? Justifiez.

• Reprenez votre schéma d’histoire : écrivez la dernière page du journal. Texte de Maupassant : Comparez la première (Texte 22) et la dernière page du journal

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3. Ecrire un journal collectif 1. Et le blogue ?

La question de savoir si le blogue peut ou non être envisagé comme un journal intime ne va pas retenir notre attention ici. Pour travailler cette question, on se référera à L’autobiographie ou l’écriture de soi (collection WebLettres in Folio du Scéren CNDP), par une équipe de professeurs français qui animent la liste de diffusion Profs-L ou y participent : voir http://www.cndp.fr/themadoc/autobiographie/presentation.htm et, plus spécialement: http://www.cndp.fr/themadoc/autobiographie/blog-different.htm

Il va être question ici d’exercices visant à permettre une écriture collective ou collaborative.

En effet, pourquoi ne pas utiliser ce support pour écrire un journal intime fictif à plusieurs mains, éventuellement même entre élèves de classes très éloignées. On pourrait, par exemple, inscrire un projet de ce type entre deux classes européennes dans le cadre du projet eTwinning (voir http://www.enseignement.be/prof/dossiers/etwinning/index.asp)

Qu’est-ce qu’un blogue, quels services fournit-il ? Celui-ci résulte de la technologie web2.0 qui permet l’interactivité. Sur un blogue, on trouve une série de textes (ou articles) classés dans l’ordre chronologique inverse. La composition des textes et leur mise en ligne est simplifiée au maximum : il suffit en effet de taper son texte dans un formulaire ou de le rédiger dans un traitement de texte et de le « copier / coller ». Généralement, on peut insérer des photos, fichiers audio…

Quel hébergeur choisir ? En fonction du degré de compétence technique du propriétaire, on pourra opter pour un hébergeur qui permet plus ou moins de perfectionnements techniques (paramétrage des bordures, taille des polices, intervention sur le code html…). On trouvera du plus simple, où tout se fait en 3 clics, au plus compliqué.

La tolérance à la publicité est également un critère à prendre en considération. Il faut aussi savoir que ce qui est gratuit chez certains hébergeurs est payant chez d’autres. Un seul conseil donc : visiter des sites d’hébergeurs, essayer de créer un blogue et voir. On peut, de toute façon, supprimer l’essai par la suite.

Il est toutefois préférable, quand on veut utiliser le blogue à des fins pédagogiques de choisir un hébergeur qui permet la modération des commentaires, afin d’éviter quelques surprises désagréables pour tous.

Sur le site de la Libre Belgique, vous trouverez quelques explications utiles pour la création des blogues : http://download.saipm.com/pdf/blogs/lalibreblogs.pdf

Quelques hébergeurs gratuits :

• Canablog : http://www.canalblog.com/public/ • Skynet:

http://blogs.skynet.be/index.html?l1=communication&l2=blogs&l3=help&l4=about • Blogger (Google): https://www.blogger.com/start?hl=fr • …

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2. Premier essai : un récit polyphonique Tâche La nouvelle de P. Mérigeau, Quand Angèle fut seule, est devenue un grand classique. Cet exercice se propose de l’utiliser comme point de départ à la rédaction d’un texte polyphonique. Il s’agit de raconter les événements à travers les pages du journal intime des protagonistes de l’histoire. Texte : http://www.pedagogie.ac-caen.fr/la.reussite.en.seconde/IMG/pdf/Evaluation_formative_Merigeau.pdf

Lecture du texte

L’histoire et le genre: Résumer l’histoire en complétant la phrase suivante : « C’est de … qui … parce que… ». (A l’oral, les élèves auront à justifier leur réponse.)

Certains n’auront pas compris qu’il s’agit d’un récit policier. Toutefois d’autres interprétations sont possibles ; elles ne doivent pas forcément être éliminées.

Les personnages Faire la fiche de chacun d’eux : âge, milieu, habitudes, traits de caractère.

Préparation de l’écriture

Le calendrier Collectivement la classe élaborera une chronologie des événements qui servira au travail de tous. Répartition des rôles Individuellement ou par petits groupes, les élèves prendront en charge un personnage. Les personnages 1. Ils enrichiront la fiche du personnage qu’ils auront en charge, toujours en accord avec la nouvelle de départ 2. En fonction de cette fiche, ils caractériseront le langage de leur personnage. 3. Ils détermineront les moments où le journal intime du personnage mentionnera les événements de l’histoire et ce que leur personnage peut savoir avec certitude, supposer…

Écriture

Rédaction collective

Les différents fragments écrits seront « tissés ». On pourra opter pour une stricte chronologie mais ce n’est pas obligatoire. Ce choix sera l’occasion d’une réflexion sur l’ordre de la narration.

Variante pour le blogue

On pourra mettre en ligne jour après jour les fragments du journal d’un nouveau personnage, le lecteur, rôle qui peut être tenu par le professeur, et proposer à la classe et à celle(s) avec laquelle/lesquelles on est en partenariat de réagir en introduisant la version des protagonistes de l’histoire par des commentaires dans le blogue.

Exemple : Le lecteur écrit un article dans lequel il dit avoir assisté aux funérailles ; l’élève qui tient le rôle d’Angèle intervient. Réaction de Cécile…

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3. Un journal original à trente-six mains On reprendra les consignes générales proposées pour la rédaction du journal mais, cette fois, une part va être réservée à l’aléatoire.

Organisation

Deux classes sont concernées ; elles peuvent appartenir à la même école ou être plus ou moins distantes. Les échanges pourront se faire via le papier, le courriel ou un blogue (solution sans doute préférable).

1re

Il va falloir que les deux classes se mettent d’accord sur un certain nombre de points : qui est le narrateur du journal ? quel est son profil ? où vit-il, quand ?

étape

Les deux classes sont tenues au courant des décisions. Elles peuvent choisir en commun un portrait qui le représentera, des photos qui montreront son environnement.

Un genre peut être préalablement choisi ou imposé.

Écriture

La classe A dispose d’une semaine pour écrire la première page du journal ou le premier jour (si nécessaire, on fixera des contraintes de longueur) et faire parvenir son texte à la classe B.

Le travail sera mené sur 7 semaines.

Il est important que les élèves tiennent compte de l’évolution apportée par les textes de l’autre classe : impossible donc de préparer un scénario au préalable qu’on « tordra » pour l’adapter.

La classe qui terminera le journal devra le faire de manière satisfaisante pour le lecteur (éventuellement par un petit texte de conclusion).

Les élèves pourront insérer des documents illustratifs.

Evaluation

L’évaluation sera collective, menée sur l’ensemble de la production par les deux classes, sur base de la fiche d’évaluation du concours.

Prolongement éventuel

1. Après la fin de la rédaction, on pourra, si les élèves des deux classes le souhaitent, ouvrir les commentaires à des personnes extérieures, par exemples les élèves d’autres classes qui n’auraient pas suivi le projet.

2. On peut imaginer de continuer le journal avec deux autres classes et faire ainsi une sorte de « journal relais ».