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V

Moniteur* cl'Issolre

A 4 li. 1/2, Grand concert vocal et ins-trumental par l'Harmonie et l'Orphéon.

A 5 h., Concert de mandolines parl'Estudianlina.

A 5 h. ï /2 , Bal d'enfants (Orchestre;symphonigue).

A 8-h. 1/2, Retraite aux flambeaux,Vue féerique des Boulevards.

A 9 h., Bal à grand orchestre.A l h., du matin. Grande Farandole,

Cotillon.LUNDI 11 JUILLET ' • (

A 6 h. du soir, Concert par la'Lyre.A 9 h. Grand bal.

RETOUR DE LA FÊTE.'(14 Juillet)

A 3 h. Grandes courses vélocipédiquesd'arrondissement, nombreux prix.

A5h.l/2, ATTRACTION-SURPRISEA 6 h. Grand bal symphonique.A 8 h. 1/2, Retraite aux flambeaux;

Embrasement du Quartier de la Sous-Préfecture. .' , ••<

A 10 h.. Grand Bal.

Manège, Tirs, Jeux Forains, etc.NOTA. — Le Comité invite instam-

ment les habitants du Quartier de laSous-Préfeclurc à pavoiser et illuminerles façades de leurs habitations.

Le Comité décline toute responsabilitéd'accidents ou autres.

Publication de Mariagedu 30 Juin i94O

M.. Jean-Baptiste Glaizc, proprié-taire-cultivateur au Broc et MlleJeanne-Ernestine Bouthéon, sansprofession à Issoire.

ETAT CIVILDE LA VILLE D'ISSOIRE

Pendant le mois de Juin 1910

NAISSANCES "• •

Coupât André-Marie, fils de Jean-Bap-tiste, préparateur en pharmacie et dePissis Francine.

Pascal Jean-François, fils de Jean-Basile, jardinier et de Fargeix Antoinette.

Jacqucmin Madeleine-Jeanne-Clotilde,fille de Paul, employé de commerce et deAdam Léonie.

MARIAGES

M. Léon-Anloine-Paul Montagne, em-ployé de commerce à Issoire et MlleAnna-Francine Fayolle, sans profession,à Issoire.

M. Auguste-Ernest Lacroix, tailleurd'habits à Issoire et Mlle Francine-Clo-tikle-Antoinetle Yiannet, sans profession,à Issoire.

M. François-Pierre Ceytairc, jardiniera Issoire et Mlle Angéline-PhilomèneColadez, sans profession, au Vernet-la-Varennc.

DÉCÈS

Redon Marie-AdélaïdeAntoinetle, 70ans, institutrice en retraite, célibataire,de St-Eloy.

Gonotl Joseph, 43 ans, forgeron, deSeysscl(Ain), époux de Chassagnon Marie.

Bonbon Madeleine-Marie, 72 ans, deLamontgie, veuve de Boubon Désiré.

Gonzalvo Louis, 2 mois, d'Issoire.Froment Marie, 79 ans, de St-Georges-

Neyrcmonl (Creuse), veuve de LecourtJoseph.

RÉCAPITULATION .Naissances 3. — Mariages 3. — Décès 5

FÊTES DE ST-FLOUR(Grande Séance d'Aviation

. La commission centrale des Fêtes apassé samedi, un traité en règle avec unaviateur d'AIbi, M. Gilbert, pour la séanced'aviation qui aura lieu le dimanche10 juillet, de 4 heures à 7 heures dusoir.

Si le temps était défavorable, c'est-à-dire si le vent empêchait absolumentl'ascension, l'aviateur s'est engagé àdonner une deuxième séance le lundi etmême, si l'empêchement persistait, unautre dimanche fixait par la commissiondes Fêtes.

C'est dire que nous sommes sûrs devoir voler un aéroplane à Saint-Flour, àl'occasion des Fêles d'inauguz-ation.

L'appareil que nous aurons le plaisirde visiter dans la cour de l'Hôtel de Ville,dès le vendredi ou le samedi est un mo-noplan Blériot, type traversée de la Man-che, mesurant 7 m. 80 sur 8 m. 60.

M. Gibert, qui a 25 ans, et qui estun ancien coureur cycliste, a débuté bril-lamment dans l'aviation le G juin à Albi,en faisant un vol de 10 kilomètres au-dessus de la ville et en contournant lacathédrale à une hauteur de 150 mètres.

Il est breveté de l'école de Pau. Lemaître Blériot qui assistait à la 3e sortiede Gibert, l'a vivement félicité sur sesaptitudes et lui a prédit le plus grandavenir.

Ajoutons que M. Gibert est engagépour voler à Rodez, Toulouse, Montau-ban, Carcassonne.

Souhaitons seulement que le vent nese mêle pas d'être de la fête.

D'après les renseignements parvenus àla commission des Fêtes, on peut compterque plus de 5.000 étrangers viendront àSaint-Flour les 9, 10 et 11 juillet.

Extrait du « Figaro s> du 1& Juillet 1910

LE " BLIMSTM "Donc, les « Cheminots » réunis à

la Bourse du Travail, ont encorevoté un menaçant « ordre du jour ».C'est apparemment pour n'en pasperdre l'habitude. Et, cet « ordredu jour », selon la coutume, déclareleur ferme dessein de recourir à lagrève générale, — épouvantai! quicommence à être vraiment bienusé, — si satisfaction ne leur estpas donnée dans un délai « trèscourt », mais enfin qu'ils ne pré-cisent pas....

Les votants de la Bourse du tra-vail ont bien fait de ne pas pré-ciser.

Ah ! certes, s'ils étaient les maî-tres de l'heure et de la situation....Cette poignée d'agitateurs est mûre,paraît-il, pour la grève; et, pourtromper le temps : elle s'assembleà la Bourse du travail, elle y votedes « ordres du jour » et les saluepar des acclamations qui font illu-sion sur le nombre et la puissanceréelle dont elle dispose. Une sallede vociférateurs enthousiastes, celaen impose....

Mais combien sont-ils ?Présents ou représentés, six mille

peut-être. Et, en dehors d'eux, il ya, sur les réseaux français, 320.000« cheminots », dont nul ne s'occupe,parce que ceux-là ne pérorent point,

ne peuplent point les meetings, ets'occupent seulement de faire leurdevoir, avec zèle et discipline :ceux-là, qui sont la masse, saventtrès bien que les Compagnies sup-portent pour leur personnel lescharges les plus lourdes, et ne sontpas tentés d'inquiéter l'esprit pu-blic par de « vains ordres du jour »qui leur font hausser les épaules.

Cette masse, sensée et forte, ré-siste aux meneurs, elle ne « marchepas.

Pour nous, nous ne cesserons denous en tenir à nos prédictions an-térieures : il n'y a pas lieu de re-douter la grève des chemins de fer.L'autre jour encore, à la tribunedu Sénat, M. Millerand évoquaitcomme nous ces centaines de mil-liers de travailleurs « qui ne nour-rissent en aucune manière les noirsdesseins que l'on prête ».

Et qui les leur prête ».Quelques «délégués» avisés, qui

savent profitent des petits avanta-ges du « syndicalisme révolution-naire » et qui ont inventé lc.bluff-system.

Le 10e concours Lépine aura lieucelte année du 12 août au 4 septembre1910, au Grand Palais, dans les Champs-Elysées.

Cette manifestation tous les ans plusconsidérable, fournit aux inventeurs etaux fabricants, l'occasion de faire con-naître au public, le produit de leur ima-gination, et par le certificat de garantieremis à ceux qui en font la demande,protège les inventions en France et dansles pays unionistes, sans aucun frais, pen-dant 12 mois, avant la prise facultativedu brevet définitif.

En deux ans, six cents certificats ontété délivrés.

Fondé par M. le Préfet de Police en1901, le concours s'adresse à toutes lesbranches de l'industrie. Il est ouvert auxartisans de toutes les professions, métaux,bois, cuir, papier, céramique, tissus, etc.

Le concours comprendra une sectionspéciale d'aviation et de sports aériens,avec de nombreuses attractions.

Le comité d'organisation adresse unpressant apppel à tous les Français, quiayant créé une nouveauté, cherchent àen tirer profit, soit en vendant le modèle,soit en le lançant dans le commerce.

Le droit d'admission est à la portée desbourses les plus modestes, 3 fr. 50 pourles sociétaires et 11 fr. pour les nonsociétaires, agencements et assurancescompris.

Des prix nombreux et importants enespèces, objets d'art, médailles et diplô-mes seront attribués aux lauréats.

Le règlement du concours est adresséfranco à toute personne qui en fait lademande au siège social de l'Associationdes Petits Fabricants et Inventeurs Fran-çais, 145, rue du Temple, à Paris.

Les adhésions seront reçues jusqu'au30 Juillet, au Siège Social et du 31 Juil-let au 0 Août, au Grand Palais, où lesmodèles devront parvenir ou être appor-tés jusqu'au 10 Août, 5 heures du soir,dernier délai.

LE COMITÉ D'ORGANISATION.

a VICTOR VAISSIER

Chemins do fer do Paris à Lyon et à la Méditerranée

^ Cartes d'Excursions' (lre2°et 3e classes, individuelles ou de famille)

: Dans le Dauphiné, la Savoiele Jura, l'Auvergne et les Cévennes

Emission dans toutes les gares du réseau,du 15 juin au 15 septembre. Ces cartes don-nent droit à :

La libre circulation pendant 15 ou 30jours, sur les lignes de la zone choisie.

Un voijage aller et retour, avec arrêtsfacultatifs entre le point de départ et l'unequelconque des gares du périmètre de lazone. Si ce voyage dépasse 300 kilomètres,les prix sont augmentés pour chaque kilo-mètre en plus de 0 fr. 065 en 1™ classe,0 fr. 045 en 2? classe, 0 fr. 03 en 3e classe.

Les cartes de famille comportent les ré-ductions suivantes sur les prix des cartesindividuelles :

2E carte, 10 0/° : 3° carte, 20 0/°; 4° carte,30 o/° ; o" carte, 40 0/° ; 6e carte et les sui-vantes : KO o/°.' La demande doit être faite sur un formu-laire (délivré dans les gares) et être adresséavec un portrait photographié de chacundes titulaires à Paris, 6 heures avant ledépart du train ; 3 jours à l'avance dans lesautres gares.

Vacances de 1910Trains spéciaux à prix réduits

pour l'AUVERGNE

Départs de Paris les 18 ,22 ,27 Juillet et 9 AoûtALLER

PARIS, départ 11 h. 05 soir.Clermont, arrivée 7 10 malin.Coudes, — • . 8 08 —Issoire, — 8 23 —Le Breuil, — ' 8 39 -Brassac — . 8 56 —Arvant, — 9 07 —Brioude, — 9 32 -St-Flour, — 11 26 —

RETOURAu gré des voyageurs jusqu'au premier

novembre 1910 par tous les trains y com-pris les express, dans les mômes conditionsque pour les voyageurs en général.

BAGAGES. — Franchise de 30 kilg. parplace.

PRIX DES PLAGES (Aller et retour)Pour Clermont 38 f. en2ecl. 25 f. en3°cl.

Brioude 42 00 • 57 50La Bastide 48 00 31 00St-Flour 44 50 29 00Le Puy 40 00 30 00Ruines 46 20 30 10St-Chély 50 10 32 60

Amout-Aubrac 51 80 33 70Pour de plus amples renseignements,

consulter les arares ou les affiches.

Stations Thermalesdesservies par le réseau P.L.M. : Aix-les-

Bains, Chatelguyon (Riom), Evian-les-Bains, Genève-Menthon (Lac d'Annecy),Uriage (Grenoble), Royat, Saint-Gervais,Thonon-les-Bains, Vais, Vichy, etc.

Billets d'aller et retour collectifs (defamille), lr0, 2e et 3e classes, valables 33jours avec faculté de prolongation, déli-vrés du 1er mai au 15 octobre, dans toutesles gares du réseau P.L.M., aux famillesd'au moins trois personnes voyageant en-semble.

Minimum de parcours simple : 150 kilo-mètres.

Prix : les deux premières personnespaient le Tarif général, la 3a personne béné-ficie d'une réduction de 50 °/0, jla 4° et lessuivantes d'une réduction de 75 %.

Arrêts facultatifs aux gares de l'itiné-raire.

Demander les billets (individuels oucollectifs) quatre jours à l'avance à la garede départ.

NOTA. — II peut ctre délivré à un ouplusieurs des voyageurs inscrits sur unbillet collectif de stations thermales et enmême temps que ce billet, une carte d'iden-tité sur la présentation de laquelle le titu-laire sera admis à voyager isolément (sansarrêt) à moitié prix du tarif général, pen-dant la durée de la villégiature de la fa-mille, entre le point de départ et le lieu dedestination mentionné sur le billet collectif.

Billets d'aller et retourde Vacances

A prix réduits, 1™, 2° et 3° classes pourfamilles d'au moins trois personnes.

Emission du 15 Juin au 15 Sepembre."Validité jusqu'au 5 novembre 1910.Prix : les deux premières personnes

paient le Tarif général, la troisième per-sonne bénéficie d'une réduction de 50 °/0,la quatrième et chacune des suivantes d'uneréduction de 75 %.

Arrêts facultatifs aux gares de l'itiné-raire. .

Demander les billets quatre jours à l'a-vance à la gare de départ.

Faiblesse et FatigueLes Pilules Pink

donnent des Forces.Les Pilules Pink sont excellentes pour

réparer les forces perdues, pour combattrela fatigue. En ce temps de grandes cha-leurs où tant de personnes souffrent del'élévation de la température et sont à boutde forces, ceci est intéressant à savoir.

A tous ceux qui sont déprimés, fatigués,épuisés, nous citone le cas de Mme Klein,rue Crillon, 82, à Lyon (Rhône). Mme Kleinqui est âgé de plus de 60 ans, nous a écritce qui suit :

« L'anémie aura été ma grande maladieet j'ai dû la combattre toute ma vie. Toutejeune j'ai été en traitement à l'Hôtel-Dieu,car j'étais chlorotique et anémique. Par lasuite ayant toujours beaucoup travaillé,j'ai souvent été à bout de forces et biensouvent j'ai dû cesser tout travail pour lesrefaire. Sur mes vieux jours, cola menaçaitde devenir pire encore mais heureusementil y a plusieurs années, j'ai été engagée à.essayer les Pilules Pink, et je m'en "suistrès "bien trouvée. J'ai retrouvé des forces,de l'appétit, de bonnes digestions. J'aiéprouvé une grande sensatiion de bien-êtrequi a longtemps persisté. D'ailleurs lorsqueje me sens un peu fatiguée, lorsqueje sonsque ma vieille maladie, l'anémie, a tendanceà reparaître, je me mets à prendre les Pilu-les Pink pendant quelques jours et toutrentre aussitôt dans l'ordre. »

Vous le voyez, cher lecteur, les effets desPilules Pink sont immédiats et persistants.Les Pilules Pink donnent du sang, don-nent des forces à chaque Pilule.

Le traitement n'est pas compliqué, il estefficace et n'est pas coûteux.

On trouve les Pilules Pink dans toutes,les pharmacies et au dépôt : Pharmacie A.Gablin, 23, rue Ballu, Paris ; 3 fr. 50 laboîte, 17 fr. 50 les 6 boîtes, franco.

La physionomie du marché reste lamême c'est-à-dire cours fermes et pé-nurie d'affaires. Notre 3 % se tient dansles environs de 98. L'Extérieure estlourde à 95.35; les autres fonds varientpeu. Les valeurs de crédit sont calmes :

Banque de Paris 1834, Union Pari-sienne 1035, Lyonnais 1406. Le Suez estplus calme à 5430. Le Rio recule à 1646sur de mauvaises nouvelles de New-York.

Les obligations de la Compagnie Géné-rale de Rio de Janeiro vont être pro-

(8) Feuilleton du MONITEUR D'ISSOIRE

LE:

par Maxime AUDOUIN

CHAPITRE V .TANT 10 H É L È N E

Or, à Paris, mille facilités s'offrent à luipour nous dissimuler sa présence et dé-jouer nos recherches... tandis qu'en pleinecampagne, dans le'pays perdu qu'habitevotre tante, il lui est impossible d'échapperlongtemps à la vigilance de l'argus que jechargerai de vous garder et de surveillervos abords. Le danger existe ici comme là-jjas) — plus grand peut-être..., et toutbien considéré, si périlleuse que soit celtechance, pourquoi ne la courrions-nouspas'?... Vous êtes vaillante, Denise?

•— Quand il s'Agit de venger ma inôre ? —en doutez-vous Jean ?

— Non, ma bien-aimée, non, cent foisnon, je n'ai jamais douté de votre courage.

— Eh bien, Jean, c'est entendu, j'écris'à ma tante que je vais la rejoindre,—quand ? V • :•'• •••. .

— Ah ! j'hésite encore à vous laisserpartir seule si loin, si loin ! \

— Je ne serai pas seule, ne me parliez-vous pas à l'instant d'un argus, d'un pro-tecteur V...

— Pierre Marnay.— Quel est ce Pierre Marnay ?— Un inspecteur de la Sûreté, un brave

garçon aussi avisé qu'énergique, dont j'aisauvé la mère d'une grave maladie et quibrûle de nie témoigner sa reconnaissance.J'ai confiance en lui autant qu'en moi-même. Moi, je ne puis vous accompagnerpour des raisons impérieuses de convenan-ces, et aussi de prudence. Mais lui, qui esthabitué à affronter les malfaiteurs, soustous déguisements, saura, sans susciter dedéfiances, vous entourer d'une action effi-cace... J'y songe, pourquoi ne vous sui-vrait-il pas à VOlivette en qualité de do-mestique ?

— Oh ! un pareil rôle !— C'est son métier.— Mais je ne le présenterai pas comme

tel à mon oncle et à ma tante !— Si fait ! diable ! la moindre indiscré-

tion « brûlerait » mon policier. Mis dans laconfidence, vos parents peuvent oublier dele traiter en domestique devant une per-sonne de leur entourage, — un mot, ungeste suilil pour qu'on s'étonne, pourqu'on jase et que notre secret coure leschamps... Or, encore une fois, plus j 'yréfléchis et plus je me fortifie dans niaconviction que l'on vous suivra là-bas....ma chère Denise, gardez-vous bien vous-même dans vos sorties! je tremble à l'idée,du péril auquel je vous expose...

— Allons, allons, interrompit-elle avec

un petit sourire crâne, je vous croyais plusbrave, Jean, moi, je vous jure bien que jen'ai pas peur ! Et, somme toute, je suisheureuse de connaître bientôt cette tanteHélène dont mon père m'a si souventparlé. Il l'aimait tant !

— Comment donc se sont-ils brouillés ?— A propos de son mariage que mon

père fit tout pour empêcher. Le futur ne luiplaisait pas. Etant majeure et maîtresse deses volontés, elle passa outre à ses repré-sentations et épousa M. Thomas Resse-quain.

« Du reste, elle ne tarda pas à se repen-tir de ce coup de tôle puisque, quelquesdix-huit mois plus tard, mon père devaits'entremettre à sa propre requête pour ra-mener la paix dans le ménage. Il y réussit,mais.., c'est assez ordinaire, le raccommo-dement se fit « sur son dos ». Le mari et lafemme réconciliés partirent pour la Pro-vence et, depuis leur installation dans cettepropriété de l'Olivette, qu'ils habitent en-core, ma tante cessa avec lui toutes rela-tions. Mon père qui l'adorait, qui ne cessade s'inquiéter d'elle jusqu'à sa mort, fitplusieurs tentatives de rapprochement. Leslettres lui furent retournées sans avoir étédécachetées. Il songeait à se rendre surplace pour pénétrer la cause de cet obstiné,de cet incompréhensible silence, lorqu'ilfut frappé de la terrible maladie qui, en leretenant à jamais cloué sur son fauteuil,l'empôcha de donner suite à son projet. Ilne se consola jamais de cette rupture, et lenom de sa sœur Hélène revint sur ses lè-vres dans son agonie. Quelle triste chose

Jean, que des querelles de famille ! Mais,enfin, comme dit-elle-ménie ma tante, lamort fait taire tous les ressentiments. Lesien apaisé, son cœur s'est rouvert, ému demon isolement, et je vais la revoir. Il fau-drait que l'âge et les privations l'aient bienchangée, pour qu'elle ne ressemblât pas àcette jolie, douce et spirituelle tanteHélènedont mon père évoquait si complaisammentdevant moi la chère image.

— Vous ne m'avez jamais montré sonportrait ?

— Je n'en possède point, Le seul souve-nir que nous ayons conservé d'elle, c'estune bague dont mon père lut fit cadeau,lors d'un anniversaire de naissance, etqu'elle porta jeune fille jusqu'à son ma-riage. Cette bague, je l'ai à mon doigt, lavoici.

Denise, ce disant, tendait à son fiancé samain patricienne, où, encerclant étroite-ment l'annulaire, brillait un triple fil d'ormonté d'un trèfle à quatre feuilles en mi-niscules émeraudes.

Le docteur l'admira, et apitoyé :« [1 est triste de penser que la femme

qui se para de ce délicat bijou, et connutles recherches d'une vie élégante, vit,maintenant, confinée dans une ferme, encompagnie de quelque rustaud incapablede la comprendre. Son mariage remonte a...

— Vingt-cinq ans environ.— Je crains que vous ne la trouviez en

effet bien changée, et que vous ne vousplaisiez guère dans ce milieu ! Enfin, c'estdécidé, écrivez donc que vous partez pourl'Olivette aussitôt après le service de vôtres

mère, emmenant avec vous un de vos do-mestiques : un télégramme ultérieur préci-sera le jour et l'heure de votre arrivée. Etquant à la cause du décès, dites ce dontnous sommes convenus. Moi je vais de cepas faire la leçon à Marnay. »

Quelques jours plus tard, Jean accompa-gnait à la gare de Lyon son amie escortéedu policier, grimé, de façon irréprochable,au domestique de bonne maison.

Sur le quai, il prit celui-ci à l'écart, et,pour la vingtième fois peut-être lui renou-vela ses instructions au sujet do Denise.

Que Marnay fit bonne garde a,utour d'elleau moins, qu'il ne la perdit pas de vue unseul instant, qu'il ne lui permit pas surtoutde s'éloigner de la maison sans être accom-pagnée de lui ? — il répondait de cette pré-cieuse tête !...

Puis, ce furent, auprès de Denise elle-même, des recommandations analogues.Elle ne devait s'inspirer que des conseils-de son fidèle garde du corps, n'agir entout que de concert avec ce dernier, à quielle confierait ses lettres pour les lui faireparvenir, et qui lui remettrait celles deJean, adressées poste restante. Si elle re-marquait autour d'elle, le moindre fait in-solite, si insignifiant lui parût-il, qu'ellen'hésitât pas à en avertir immédiatementMarnay...

Etait-ce tout?... Non, sans doute mais leconducteur donnait le signal du départ, leconvoi s'ébranlait.

' < ' •'• (k suivre^