République Algérienne Démocratique et PopulaireMinistère de L’enseignement Supérieur
et de la Recherche Scientifique
Université Larbi Ben M’Faculté des Lettres et des Langues
Département
Présenté par :
Ounis khaoula
Devant le jury :
Président: Mr. Hadjar Hamza
Rapporteur: Mr. Bouzidi
Examinatrice: Mm. Bakhouche Chehrazad
L’impact du temps et de l’espace personnage principal
République Algérienne Démocratique et PopulaireMinistère de L’enseignement Supérieur
et de la Recherche Scientifique
Université Larbi Ben M’ Hidi,Oum El BouaghiFaculté des Lettres et des Langues
Département De Français
Mémoire de Master
Thème :
Sous la direction de
Mr.
Mr. Hadjar Hamza
. Bouzidi Attef
Bakhouche Chehrazad
Promotion : 2015-2016
L’impact du temps et de l’espace sur le personnage principal dans Timimoun de Rachid
Boudjedra
République Algérienne Démocratique et Populaire
Oum El Bouaghi
Sous la direction de :
Mr. Bouzidi Attef
sur le de Rachid
“Les voyages les plus remarquables sont intérieurs, libérés
du temps et de l'espace.”
Henning Mankell
RemerciementRemerciementRemerciementRemerciementssss
Je tiens à remercier toutes les personnes qui, d’une manière ou d’une autre, m’ont aidé pendant
mes études et à la réalisation de ce mémoire.
Je remercie tous mes enseignants du département de Français de l’Université Larbi
Ben M’Hidid’Oum El Bouaghi.
Je présente mes remerciements les plus profondes à mon encadrant M. Bouzidi pour ses précieux
conseils et ses orientations durables.
Je ne peux oublier de témoigner ma gratitude et ma reconnaissance à mon enseignant Mr.
Hadjar et à mes enseignantes : Ben Abdelkader Selma, Rghiss Amel, Bouchen Karima, Bakhouche
Chehrazad et Azizi Sarah.
Mes remerciements vont également aux membres de jury d’avoir accepté d’examiner ce
modeste travail.
Je remercie ma famille : ma mère, mon père, mes sœurs et mon frère pour leurs soutiens et leurs
encouragements.
Je remercie, en dernier lieu, toutes mes amies qui m’ont encouragé de près ou de loin.
DédiDédiDédiDédicacecacecacecace ::::
Je dédie ce mémoire :
A mes parents.
A mes sœurs : Amina-Rania et Marwa.
A mon petit frère : Oussama Leith.
A toute ma famille.
A toutes mes amies.
A mes collègues et mon directeur à Hanchir Toumgheni
A mes élèves.
A tous mes chers enseignants.
Et à tous ceux qui m’aiment.
SOMMAIRE
Introduction ……………………..………………………………………….……. 1
- Motivations de choix ………….………………………………………….….....1
- Problématique……………………………………………………………….......2
Première partie : Notions théoriques
Chapitre 01: Présentation
1- Biographie de l’auteur.....…………………………………………………….4
2- Présentation de l’œuvre………………………………………………………5
3- Interprétation du titre …………………………………………………….…..6
4- Résumé de l’œuvre……………………………………………………..…….6
5- Autour de la littérature algérienne d’expression française……...……...........7
6- La situation des écrivains algériens pendant les années quatre-vingt dix ....10
7- Le récit de voyage………………………………………………..…………10
8- L’objectif d’un récit de voyage……………………...……………………...12
Chapitre 02: Cadrage théorique
I. Le temps…………………………………………….………………….…….13
1- Le moment de la narration………………………..……………..…………14
2- La vitesse du récit …………………………………………….…………...15
3- L’ordre du récit ……….……………………………………….…….……..16
II. L’espace ……………………………………………………………...……..17
1- Définition de l’espace …………………………………………………...….17
2- L’organisation de l’espace ………………………………………………….18
3- L’espace romanesque……………………………………...…………….…..18
4- Les fonctions de l’espace……………………………………………………20
Deuxième partie : l’impact du temps et de l’espace
Chapitre 01: Analyse spatio-tomporelle de Timimoun
I. Le temps………………………………………………………….………….21
- Le passé ……………………………………………………….………...22
- Le présent ……………………………………………….………………28
1- Le moment de la narration ……………………………….……..……..…36
2- Les mouvements narratifs ……………………………….…….....………38
- La pause ………………………………………………………...……….38
- La scène ………………………………………………………......……..40
3- L’ordre du récit……………………………………………………..…..41
II. L’espace dans Timimoun…………………………………………...…………..43
1- Les principaux espaces ……………………………………….….…..45
- Constantine…………………………………………..……………..…45
- Alger …………………………………………………..………….…..46
- Timimoun……………………………………………….…….………48
a. Timimoun : espace-refuge …………………………..…………49
b. Timimoun : espace affectif………………………..……………50
c. Timimoun : espace dur………………………………………………50
d. Timimoun : espace de beauté……………………………..……52
e. Timimoun : espace révélateur des souvenirs……………..……53
f. Timimoun : espace d’un désir…………………………….....…55
2- Les espaces secondaires …………………………………………….…56
a. Le bar genevois…………………………………………...……56
b. La maison familiale ……………………………………..….…57
c. Le car …………………………………………………..…...…58
Chapitre 02: Relation Sarah/Sahara
I. Analyse des personnages du roman…………………………………..…..61
1- Sarah……………………………………………………………..……..62
- Portrait physique ………………………………………………………62
- Portrait moral…………………………………………………………..63
2- Le personnage- narrateur (narrateur homodiégétique)…………………….64
- Portrait physique ………………………………………………………66
- Portrait moral……………………………………………………....…..68
II. Le couple Sarah/ Sahara ……………………………………….…………68
III. Conclusion……………………………………………………….………...73
Bibliographie………………………………………………….…………...75
Résumé…………………………………………………………………….78
Introduction
1
Le roman est « une histoire feinte, écrite en prose, où l’auteur cherche à
exciter l’intérêt par la peinture des passions, des mœurs ou par la singularité des
aventures »1. Et nombreux sont ceux qui l’utilisent comme un journal, une tribune
libre, un refuge expiatoire pour dire ce qui ne peut se dire à haute voix, soit pour
vaincre la solitude, atténuer la douleur et se libérer des angoisses car « C'est grâce à
cette charge que l'on dépose sur la feuille que l'on arrive à une certaine libération
de soi »2, soit pour fuir la réalité et vivre dans l’imaginaire qui est plus beau.
D’autres auteurs écrivent pour faire bouger le monde, pour dévoiler certains secrets
et vérités longtemps cherchés, ou pour dénoncer des opinions, critiquer un système
pour rendre le réel placide et éviter le mal.
De plus, il y a ceux qui veulent bouleverser ce qui est institué, ils écrivent
par défi, nous donnons l’exemple de l’écrivain Rachid Boudjedra. Ce dernier est
connu par son écriture subversive où se rencontrent fiction et réalité. Evidemment,
la vie avec ses évènements nous pousse volontairement ou involontairement à écrire
et à rédiger.
Il est à noter qu’il y a des écrivains qui ont choisi d’écrire sur leurs vies, leurs
sociétés, leurs rêves et leurs aspirations en décrivant minutieusement les faits, les
personnages, les temps et les lieux. Dans notre travail, il y aura lieu de s’intéresser
sur l’espace et le temps dans l’œuvre Timimoun pour montrer l’impact de ses deux
notions sur le personnage principal.
Motivations de choix :
En vérité, nous avons un penchant envers la littérature algérienne, c’est la
raison pour laquelle nous voulons étudier une de ses œuvres en espérant ajouter
quelque chose à la bibliothèque algérienne. Ainsi, l’œuvre de Rachid Boudjedra a
pu atteindre l’universalité, la preuve c’est qu’elle est traduite en plusieurs langues.
De plus, ce qui a attiré notre attention pour travailler sur ce roman c’est le
titre, et curieusement nous avons voulu savoir et connaitre pourquoi un tel titre ? Et
1 Littré cité par Raimond Michel in Le roman. Paris, Armand colin.2009, p 19 2 Bonn Charles, Khadda Najet & Alaoui Abdallah Mdarhri , La littérature maghrébine de langue française , Disponible sur : http://www.limag.refer.org/, (consulté le 15-03-2016 à 17.00)
2
qu’est- ce qu’il cache derrière. Ensuite ce sont les différentes descriptions faites par
l’auteur, parfois d’un paysage, parfois d’un personnage et parfois même d’un
sentiment.
Pour cela, nous avons choisi le thème suivant : « L’impact du temps et de
l’espace sur le personnage principal dans Timimoun de Rachid Boudjedra ».
Pour arriver à un résultat, nous proposons la problématique ci-dessous :
Problématique :
Dans ce long monologue intérieur, nous plongeons directement dans l’esprit
du personnage-narrateur et nous vivons avec lui tous ses moments passés au désert
(le Sahara algérien). Là, où ses souvenirs passés et ses désirs futurs se rencontrent.
Dans son écriture, Rachid Boudjedra peint trois mondes différents : Constantine,
Alger et surtout Timimoun.
Timimoun a toujours été une source de fascination et d’inspiration pour
plusieurs d’auteurs. Là, nous nous posons la question suivante : pourquoi s’enfuir
vers ce lieu mystérieux ? Et quelle est sa symbolique ? En plus, que symbolisent les
autres villes citées ? Ensuite, à un moment de la lecture, nous nous trouvons en
présence d’une comparaison implicite : celle du désert avec la femme aimée «
Sarah », une autre question nous alors vient à l’esprit : quel rapport entre « Sarah »
et le «Sahara» ? Dans notre travail, nous tenterons d’étudier le passé et le présent
du narrateur et les espaces qu’il a cités dans cette œuvre. Pour le faire, il nous est
nécessaire de poser la question suivante : quel est l’impact de l’espace et le temps
sur la personnalité du personnage principal ?
Pour réponde à ses questions, nous proposons de diviser notre travail en deux
parties : partie théorique et partie pratique. Dans la première partie, il y a deux
chapitres, le premier chapitre s’intitule « Présentation » dans lequel nous essaierons
de présenter l’œuvre d’une manière générale et son auteur ainsi nous évoquerons la
littérature algérienne d’expression française et le récit de voyage.
Le deuxième chapitre sera consacré au cadrage théorique, nous allons définir
la notion du temps et de l’espace.
3
En ce qui concerne la partie pratique, elle contient également deux chapitres,
dans le premier, nous essaierons d’analyser certains passages qui montrent l’impact
du temps et de l’espace sur le personnage-narrateur. Quant aux deuxième chapitre,
il sera consacré à l’étude de la relation Sarah/ Sahara.
Nous finirons notre recherche par une conclusion générale.
Première partie : Notions théoriques
Chapitre 01: Présentation
4
1- Biographie de l’auteur :
Homme de facettes multiples, Rachid Boudjedra poète, scénariste, essayiste,
chroniqueurs, dramaturge et surtout romancier. Il s’est imposé dans le monde
littéraire grâce à son pouvoir d’écrire différemment aux autres écrivains.
Un parfait bilingue qui écrit en arabe et en français. Connu par son écriture
subversive avec laquelle il cherche à perturber ou à renverser l’ordre social et
politique. Rachid Boudjedra, pour retrouver son originalité et son authenticité,
mêle souvent réalisme et symbolisme. Même ses thèmes sociaux qui font la trame
de ses romans sont souvent assez complexes et denses.
Né le 05 septembre 1941 à Ain el Baida, Rachid Boudjedra issu d’une famille
bourgeoise. Souffert de la féodalité d’un père polygame, il vivait une enfance
traumatisée auprès d’une mère tendre et bonne. Il commence ses études à
Constantine et les poursuit à Tunis au lycée Sadikia. En 1959, il prend le maquis.
Blessé, il voyage dans les pays de l’Est puis en Espagne où il est représentant du
FLN.
Apres l’indépendance, il rentre au pays natal, il entreprend ses études de
philosophie et il obtient sa licence en 1965 à la Sorbonne, sa recherche était sur «
Création et catharsis dans l’œuvre de Louis-Ferdinand Céline ». Il enseigne ensuite
à Blida, mais après la prise du pouvoir par Boumediene, il quitte l’Algérie, il est
condamné à mort suite à une Fatwa. En 1977, il devient conseiller pour le ministère
de l’information et de culture.
Rachid Boudjedra est connu par son langage cru, ses mots acerbes et parfois
choquants avec lesquels il rejette toutes les valeurs conventionnelles et touche au
triangle sacré des arabo-musulmans : la religion, la politique et le sexe. Cela ne
nous empêche pas de dire qu’il est un écrivain talentueux et brillant qui a fait ses
preuves. Il a un style lyrique et raffiné qui conduit le lecteur à savourer chaque
feuille de ses romans. Cet écrivain vit de son plume .Pour lui, écrire c’est survivre.
Invité, aujourd’hui, aux débats des intellectuels pour discuter des sujets
littéraires ou pour parler de ses œuvres. Il fait aussi plusieurs interviews dans
5
lesquels il dénonce et critique certains écrivains algériens ou certaines idées
politiques. Lors de l’émission « El Mahkama » (Tribunal) sur la télévision
algérienne, il revendique son athéisme, avec toute franchise. Il est régulièrement
sollicité pour des interventions dans des écoles et universités.
Parmi ses œuvres, nous citons, Journal Palestinien (1972), Le Désordre des
choses, (1991), Les Funérailles (2003) et son dernier roman Printemps (2014).
Il a eu plusieurs prix, à titre d’exemple : le Prix des Enfants terribles en 1970
pour La Répudiation et le prix du Roman arabe pour Les Figuiers de Barbarie en
2010.
2-Présentation de l’œuvre :
Timimoun, l’un des romans de l’écrivain « Rachid Boudjedra », objet de la
présente lecture, est publié en 1994 par les éditions « Denoël », réédité en 2004 par
les éditions ANEP. Constitué de 124 pages devisées en sept chapitres. Avec
Timimoun, c’est la décennie rouge des années quatre-vingt dix « les années de
sang et des massacres », où le terrorisme a déchiré le pays. C’est la guerre civile
algérienne qui a opposé les intégristes islamistes aux intellectuelles.
Sur la couverture du roman, selon la version de 2004, se figure le nom de
l’auteur « BOUDJEDRA », les lettres sont en majuscule, puis l’indication
« roman » juste en bas, à droite. Au-dessous, il y a le titre « Timimoun » écrit avec
une grande « T » En plus, ce « T » est sous forme d’un palmier. Les autres lettres du
titre sont écrites en minuscule. Ainsi, la couverture est un mélange de deux
couleurs : « le jaune » qui donne une impression subjective de chaleur et cela peut
représenter le sable du désert ou Timimoun en particulier. Le jaune peut représenter
également la tranquillité de l’âme car cette oasis évoque la vie et le calme au sein
d’un milieu hostile qui est le désert. La deuxième couleur est le marron, couleur
chaude qui symbolise, à nos yeux, la terre et la douceur. Nous suggérons que le
narrateur fait allusion à Constantine, sa ville natale. L’auteur, donc, en utilisant ses
deux couleurs, il rapproche deux mondes (Timimoun et Constantine) et deux
temps (le passé et le présent). Tout bas, il y a la maison d’édition : ANEP. Sur la
6
quatrième de la couverture nous lisons un extrait du roman suivi de quelques
questions posées par la maison d’édition.
3-Interprétation du titre :
Timimoun est le titre du roman. Ce titre indique un lieu réel qui se trouve en
Algérie. C’est une oasis connue par sa beauté, et surtout par ses constructions en
ocre rouge. Dans le roman, Timimoun est un refuge pour le personnage- narrateur.
Ce dernier fuit sa ville en voyageant vers Timimoun pour sauver sa vie au moment
où le terrorisme a secoué le pays. Selon notre lecture, le titre est un appel à une
aventure saharienne qui protège la vie du narrateur. Un voyage qui le délivre de sa
peur et de son inquiétude.
4- Résumé de l’œuvre :
C’est l’histoire d’un ancien pilote de chasse, renvoyé de l’armée car un jour
(un Samedi), il a laissé son travail et il est allé se souler dans un bar. Son père a
voulu faire de lui un ingénieur agro-alimentaire mais lui, il a refusé. Il avait toujours
des problèmes avec son père. Ce dernier était, à la fois, symbole de l’absence et de
l’autorité.
Le personnage-narrateur est un homme quadragénaire qui possède un autocar
et lui donne le nom d’« Extravagance ». Avec ce tacot, il sillonne le Sahara, il fait
découvrir à ses clients un désert magnifique. Une de ses haltes préférée c’est
Timimoun, une superbe oasis en ocre rouge. Il a perdu son travail pour devenir un
simple guide touristique qui transporte ses passagers d’Alger à Timimoun.
C’est aussi un homme alcoolique, à l’âge de seize ans, il a perdu son frère
ainé écrasé par un tramway. Il n’a pas arrêté de boire depuis. Aujourd’hui, il
s’oublie dans la vodka et il confronte ses errances intérieures par ces traversées
répétitives et interminables dans le Sahara cherchant la liberté de l’âme. De plus, il
pense beaucoup à la peur car il est une cible des terroristes ; s’ils le trouvent, ils
vont le tuer.
7
Mais sa grande désillusion, c’est son rapport aux femmes, précisément sa
rencontre avec Sarah, jeune fille âgée de 20 ans. Elle était parmi ses passagers, et sa
présence le déstabilise et fait naitre en lui un sentiment de malaise et de tristesse.
Durant cette expédition touristique, il souffre de cet amour désespéré et de
l’indifférence totale de Sarah envers lui. Il assiste également aux amours passagères
de Sarah avec un autre « un éphèbe noire » et cela le mortifie, lui pousse à boire des
litres de vodka.
Il porte toujours dans ses poches des capsules de cyanure, il pense au
suicide et il pense à cette fille qui le refuse constamment. Jusqu’à la fin de l’histoire
où il découvre que, ce n’est pas Sarah qu’il aime, il dit : « Elle est laide tout d’un
coup, comme morte pour moi »1
La fin du roman est brutale. Elle nous laisse à notre faim. Nous sentons une
certaine déception car nous attendions à un changement quelconque. Or, le ton de
l’histoire reste amer.
5- Autour de la littérature algérienne d’expression française:
Depuis les temps les plus anciens, la littérature a été le miroir, à travers
lequel, l’homme voit le monde. Elle reflétait les évènements historiques, politiques,
sociaux de chaque époque. Même si cet homme vit parfois en dehors de la réalité, il
imagine un monde meilleur et crée sa propre vie telle qu’il désire.
La littérature algérienne d’expression française est un héritage de son
Histoire. Elle préserve le patrimoine culturel algérien. Malgré qu’elle a subi
beaucoup de confrontations et perçue comme ambiguë, elle n’a pas cessé de
s’épanouir, elle continue de se propager et de fleurir durant la période de la
colonisation et aussi dans les temps modernes, jusqu’à devenue riche. Elle a connu
de nouveaux genres et de nombreuses productions qui ont jalonné le champ
littéraire.
1 Ibid, p 126
8
En 1920, une littérature d’assimilation est née, et qui a obligé les écrivains
d’apprendre la langue de l’Autre. L’essai, la nouvelle et le poème étaient les genres
privilégiés à cette époque. Les premiers textes publiés sont plus informatifs
qu’esthétiques, ils témoignent le vécu. Des écrivains marquants paraissent, comme
Mohammed Ben Cherif qui a écrit : Ahmed Ben Mostapha, goumier en 1920, et
Abdelkader Hadj-Hamou avec son roman Zohra, la femme du mineur (1925) et
Mohammed Ould Cheikh avec Myriem dans les palmes (1936. Sans oublier Jean
Amrouche avec son œuvre Étoile secrète (1937).
Aux alentours des années cinquante, une littérature ethnographique a vu le
jour. L’autobiographie est le genre choisi par excellence. Le fils du pauvre (1950)
de Mouloud Feraoun en est un exemple. La Grande maison (1952) de Mohammed
Dib, aussi. Ce qui caractérise cette littérature c’est son style réaliste. Les écrivains
parlent des coutumes, des traditions et des mœurs en utilisant le « je » pour
s’affirmer.
Dès le déclenchement de la révolution en Novembre 1954, des romanciers
comme Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri, Kateb Yacine se posaient des
questions sur leur identité puis ils ont passé à un autre stade. Tout d’abord, ils
parlaient de misère, de malaise et du désarroi. Ensuite, ils voulaient combattre avec
leurs plumes en refusant le mutisme et l’acculturation. Elle devenait alors une
littérature de lutte et de résistance contre l’ordre colonial. Mostefa Lacheraf dit :
« Cette littérature va refléter, pour la première fois dans les lettres
françaises, une réalité algérienne qu’aucun écrivain, même Camus, n’avait
eu le courage de traduire. »2
Cela veut dire que, certes l’écrivain utilise le français mais pour traduire son
vécu. Ses écrits sont liés à ce qu’il vit. Ses souffrances et ses désirs sont l’image de
son peuple.
Kateb Yacine dit également :
2 Kennouche Kamel, professeur universitaire, paru dans El watan du 29 octobre 2009.
9
« J’écris en Français parce que la France a envahi mon pays et
qu’elle s’y est taillée une position de force telle qu’il fallait écrire en
français pour survivre ; mais en écrivant en Français, j’ai mes racines
arabes ou berbères qui sont vivantes, par conséquent tous les jugements que
l’on portera sur moi, en ce qui concerne la langue française, risquent d’être
faux si on oublie que j’exprime en Français quelque chose qui n’est pas
français ».3
Cela nous fait comprendre que l’écriture en langue française est une réaction
contre le colonialisme qui a établi une force impitoyable sur le peuple algérien,
Alors, l’objectif d’écrire en français c’est pour demeurer en vie et pour préserver
l’identité arabe avec ses origines subsistes. Cette langue étrangère utilisée à des fins
purement littéraires car on écrit quelque chose qui n’est pas français, au contraire,
elle est liée à nos racines. Bref, le français n’est qu’un outil pour lutter. Kateb Yacin
déclare :
« Nous sommes dans une Algérie qui est réelle et qui est invivable.
Pour nous, il est vital de lutter. Ceci n’est pas un choix ou une vision
purement intellectuelle, mais une lutte qui nous est imposée. »4.
Les années post-indépendantes changent la trajectoire de cette littérature.
Les écrivains sont devenus incapables d’écrire en arabe. Ils doivent garder la langue
de l’occupant. Le français devient, donc, un instrument d’expression et non un
moyen de création. Mais ces écrivains ont refusé cette tyrannie par exemple : Malek
Haddad a abandonné l’utilisation de cette langue étrangère en la considérant comme
un exil « Je suis moins séparé de ma patrie par la Méditerranée que par la langue
française. »5. Rachid Boudjedra s’est orienté vers l’écriture en arabe classique.
Les années soixante-dix sont le témoin d’une littérature dite « subversive ».
Des écrivains comme Rachid Boudjedra, Jean Sénac ou Nabil Fares sont
caractérisés par leur écriture violente et contestataire qui touche même les tabous.
3 Lacheraf Mostafa l’Algérie : notion et société, SNED Alger, 1976 p. 326.
4 Soukehal Rabah, Le roman algérien, Publisud, Paris, 2003, p 17. 5 Haddad Malek, Les Zéros tournent en rond, Paris, Ed. F. Maspéro, 1961
10
6-La situation des écrivains algériens pendant les années quatre-vingt dix :
Les années quatre-vingt dix sont connues par un évènement majeur qui a
déchiré toute l’Algérie. C’est la « décennie noire » comme son nom l’indique ; le
peuple algérien est jeté dans le noir. Ce sont les années de sang, d’horreur et de
massacres. C’est la violence terroriste qui a poussé les écrivains à produire des
textes qu’on a appelé des textes de «l’urgence » ; les écrivains se sentaient urgents
de réagir face aux différentes oppressions menées par les intégristes islamistes. Ces
derniers ne cessent de semer la terreur dans le pays. Les productions littéraires des
écrivains étaient capables de révéler les réalités algériennes. Les écrivains cherchent
d’être authentiques et originaux, même en cassant les tabous et renversant l’ordre
général. Ils tentent de dire l’indicible. Parmi les écrivains qui ont envahi la sphère
littéraire, Rabah Belamri avec son roman Femmes sans visage publié en 1992,
Rachid Boudjedra avec son œuvre Timimoun (1994), objet de notre travail. Après
un an, Mohammed Dib publie La nuit sauvage (1995). Il y a également, Yasmina
Khadra qui s’est imposé avec son roman A quoi rêvent les loups (1999).
Parmi les genres littéraires utilisés pendant cette période : « le récit de
voyage ». Nous allons le définir pour connaitre son objectif, en plus Timimoun en
fait partie.
7-Le récit de voyage :
Dans Timimoun, sujet de notre étude, il est question d’un voyage fait par le
personnage-narrateur et ses passagers. C’est pourquoi il nous semble essentiel de
définir ce genre de texte.
Le récit de voyage est un genre littéraire qui se base sur la description des
personnages, des régions traversées par le voyageur, des habitants, des traditions ou
des sentiments. On y trouve également des dates et des lieux comme dans un
journal intime. C’est aussi raconter une période de vie passée dans un espace, ce
qui va donner au texte un aspect du réel, le lecteur va directement croire à ce qu’il
lit. Les propos de Marco Polo illustrent bien cette définition :
11
« Un récit de voyage ou relations de voyage est un genre littéraire
dans lequel l’auteur rend compte d’un ou de voyages, des peuples
rencontrés, des émotions ressenties, des choses vues et entendues.
Contrairement au roman, le récit de voyage privilégie le réel à la fiction.
Pour mériter le titre de « récit » et avoir rang de « littérature », la narration
doit être structurée et aller au-delà de la simple énumération des dates et des
lieux. »6.
A partir d’un voyage réel, l’écrivain s’enrichit et découvre des choses :
« Partir voyager, c’est rompre avec la monotonie de la vie
quotidienne. C’est élargir son horizon, explorer le monde, découvrir une
autre nature, des peuples différents. C’est respirer le parfum de l’aventure.
C’est changer de vie. Voyage et exotisme deux mots magiques, chargés de
promesses et de rêves»7.
Cela nous fait comprendre que grâce au voyage, l’écrivain se débarrasse de
son routine journalier, il devient plus actif, il se déplace pour acquérir de nouvelles
connaissances et pour créer de nouveaux liens culturels ou amicaux avec les autres
pays. Entrer en contact avec l’autre peut lui donner la réponse aux multiples
questions qu’il les a posées pas mal de fois. Il peut même se connaitre et
comprendre son profond intérieur. Voyager c’est aussi rêver, s’évader dans un autre
monde, sentir le plaisir de voir de nouvelles choses.
« Dans le récit de voyage, l’écrivain-voyageur est producteur du récit,
objet privilégié du récit, et metteur en scène de sa propre personne. Il est
narrateur acteur, expérimentateur et objet d’expérimentation, mémorialiste
de ses propos faits et gestes, héros de sa propre histoire […] Il est surtout
persuadé, parce qu’il est voyageur, qu’il est un témoin unique.»8
Cela veut dire que le personnage est lui-même le producteur et l’acteur de
son récit de voyage, il est un témoin, il raconte et décrit sa propre vie telle qu’il la
6 Récit de voyage, [ en ligne], Disponible sur : https://fr.wikipedia.org (consulté le 14-02-2016 à 11 :42) 7 Couprie Alin, voyage et exotisme : thèmes et questions d’ensemble, Hatier, Paris, 1986, p.6. 8 Gannier Odile, La littérature de voyage, Ellipses, Paris, 2001, p.9.
12
voit, avec tous les détails : les gestes, les sentiments, les paroles, les paysages et les
évènements…etc. En plus, il est convaincu de ce qu’il dit car il est le seul
observateur de ce qui se passe et se produit. Lui est le seul qui connait tout à propos
de son voyage.
8- L’objectif d’un récit de voyage :
Les auteurs ont plusieurs objectifs en écrivant les récits de voyage. Il y a des
auteurs qui les écrivent pour raconter leurs aventures et découvertes, il y a d’autres
qui veulent renouveler leurs manières d’écriture, leur style donc va être changé pour
montrer qu’ils ont la capacité et le talon d’écrire autrement. Ainsi, parler d’autres
époques et cultures peut développer l’imagination du lecteur et lui permet de
voyager par le biais des mots.
De plus, écrire un récit de voyage c’est chercher à produire une œuvre
artistique. C’est également ancrer l’histoire dans un espace précis. Le récit de
voyage nous donne à découvrir le point de vue du narrateur qui réagit face à ce qui
l’entoure. Il nous éclaircit, donc, son rapport avec le monde.
Chapitre 02: Cadrage théorique
13
La littérature est un art de l’espace et du temps. A travers le roman, on trouve
cette double dimension car tout récit « rapporte des évènements en les inscrivant
dans un cadre spatio-temporel »1. Ce dernier peut ancrer le récit dans le réel,
donner l’impression qu’il le reflète. Dans ce cas, nous attachons aux passages
narratifs et descriptifs, nous cherchons les noms, les lieux, les indications de temps
et toutes les informations qui peuvent créer cet effet réaliste.
« Le récit pour s’inaugurer, se maintenir, se développer comme un
monde clos, suffisant, constitué, exige à la fois local (localité) et temporalité.
Il doit dire quand, il doit dire où. L’évènement narratif ne se propose que
muni de toute ses coordonnées. Sans données temporelles, spatiales
(conjointes à d’autres) le message narratif ne peut être délivré. »2
Cela montre l’importance de l’espace et du temps dans une œuvre.Ils sont
des moyens nécessaires pour que le discours littéraire soit transmis.
Pour répondre à la problématique que nous avons déjà posée, nous faisons
certain appel à la démarche narratologique parce que nous avons besoin de
quelques outils de cette dernière, qui étudie le temps et l’espace.
I. Le temps :
Etudier le temps dans un récit c’est chercher la relation qu’existe entre le
temps de l’histoire (siècles, années, jours, ou heures…etc.) et le temps du récit (le
nombre de lignes ou de pages).
« Le récit est une séquence deux fois temporelle (…) il ya le temps de la
chose –racontée et le temps du récit (temps du signifié et temps du signifiant) »3.
Cela veut dire qu’on doit s’interroger sur « le temps raconté » car un récit peut
relater les évènements d’une journée ou plusieurs jours, sans oublier le « temps du
récit » (parfois en quelques lignes, parfois en grands volumes). Pour aboutir enfin à
un sens.
1Yves Reuter, Introduction à l’analyse du roman, Paris, Armand Colin, 2006, page 55. 2Grivel Charles, Production de l’intérêt romanesque, Paris, Mouton, 1973. 3Mertz Christian, Essais sur la signification au cinéma, Klincksieck, Paris, 1968, p. 27, cité par G. Genette, Figures III, Paris, Seuil, 1972, p. 77.
14
Le temps de l’histoire est parfois précisé (une époque donnée) parfois non
(un temps inconnu et illimité), sa durée peut être brève ou étendue. Il est à noter
également que les évènements racontés ne sont pas toujours organisés
chronologiquement, parfois on fait des retours en arrière, parfois on fait une pause ;
là, le récit s’arrête, et on remarque un temps mort de l’écriture et une immobilité des
actions. C’est le tour des passages descriptifs ou bien de longs commentaires du
narrateur.
1- Le moment de la narration :
Etudier le moment de la narration c’est s’interroger sur le temps du récit par
rapport au moment où l’histoire s’est passée car elle peut être :(selon Genette)
ultérieure, antérieure, simultanée ou intercalée.Vincent Jouve écrit :
« L’étude du moment de la narration revient à se demander quand est
racontée l’histoire par rapport au moment où elle est supposée avoir eu lieu :
Quatre possibilités se présentent la narration peut être ultérieure, antérieure ou
intercalée. »4. Voilà, les quatre types de narration :
• La narration ultérieure :
« Il s’agit de la position temporelle la plus fréquente. Le narrateur
raconte ce qui est arrivé dans un passé plus ou moins éloigné »5. Cela veut
dire que cette narration rapporte les évènements après qu’ils ont eu lieu .c’est
le cas le plus récurrent. On raconte ce qui est déjà passé.
• La narration antérieure :
«Le narrateur raconte ce qui va arriver dans un futur plus ou moins
éloigné. Ces narrations prennent souvent la forme de rêves ou de
prophéties. »6.Elle consiste à mentionner les évènements avant qu’ils ne se
produisent. Là on projette les faits et les évènements dans le futur.
4Jouve Vencent, La poétique du roman, Arman Colin collection Campus Lettres ,2001. 5 Genette Gérard, Figures III, Paris, Seuil, 1972, Cité Par Lucie Guillemette et Cynthia Lévesque in La narratologie, Université de Québec à Trois- Rivières. 6 Ibid.
15
• La narration simultanée :
«Le narrateur raconte son histoire au moment même où elle se
produit. »7
Elle se signale par l’emploi du présent. C’est donc raconter l’histoire au
même temps où elle se produit.
• la narration intercalée :
« Ce type complexe de narration allie la narration ultérieure et la
narration simultanée. Par exemple, un narrateur raconte, après-coup, ce
qu’il a vécu dans la journée, et en même temps, insère ses impressions du
moment sur ces mêmes événements. »8
Elle se situe entre les moments de l’action.L’histoire est racontée avec un
point de narration variable et mobile.
2- La vitesse du récit :
La vitesse du récit nous permet de comprendre le rythme du roman. Car il y
a, selon Girard Genette qui précise quatre mouvements narratifs :
• La pause :
« L’histoire événementielle s’interrompt pour laisser la place au seul
discours narratorial. Les descriptions statiques font partie de cette
catégorie »9.
Cela veut dire que ce sont les moments de descriptions qui interrompent le
déroulement des évènements, l’histoire est, donc, suspendue.
• La scène :
« Le temps du récit correspond au temps de l’histoire. Le dialogue
en est un bon exemple »10.
7 Ibid. 8Ibid. 9Ibid, p 129 10Ibid, P 129
16
Là, le récit se produit au même temps de l’histoire.
• le sommaire :
« Une partie de l’histoire événementielle est résumée dans le récit, ce
qui procure un effet d’accélération. Les sommaires peuvent être de longueur
variable. »11.
Comme son nom l’indique ; on résume les évènements qui ont une longue
durée en quelques lignes.
• l’ellipse :
C’est passer sous silence de certains évènements, une période du temps,
c’est-à- dire on ne va pas les raconter ou les expliciter. L’objectif c’est accélérer
dans le récit.
3- L’ordre du récit :
Ensuite, le récit peut se raconter en ordre, autrement dit : raconter les
évènements successivement, les présenter au moment où ils se sont déroulés
chronologiquement. Mais aussi, ce récit peut être raconté dans le désordre, par
anachronie :
« Une anachronie peut se porter, dans le passé ou dans l’avenir, plus
ou moins loin du moment “ présent ”, c’est-à-dire du moment où le récit
s’est interrompu pour lui faire place : nous appellerons portée de
l’anachronie cette distance temporelle. Elle peut aussi couvrir elle-même une
durée d’histoire plus ou moins longue : c’est ce que nous appellerons son
amplitude. » 12
Cela désigne nécessairement deux figures de styles ( l’analepse et la
prolepse) où comme précise Girard Genette : « les formes de discordance entre
l'ordre de l'histoire et celui du récit »13
11Ibid,P 129 12Ibid, P 89 13Ibid, P 79
17
• L’analepse :
On l’appelle également le récit rétrospectif ou le flashback ; c’est le
retour en arrière au moment où le narrateur raconte son histoire, par exemple :
quand un personnage se souvient de son passé et de ses souvenirs. On utilise
généralement les temps composés du passé. Ces retours expliquent et
éclaircissent davantage le présent.
• La prolepse :
C’est lorsque l’auteur avance dans son imagination et anticipe ce qui va
se passer. Cela suscite chez le lecteur la curiosité pour continuer sa lecture.
Nous passons maintenant à la notion d’espace :
II /L’espace :
1- Définition de l’espace :
L’espace, par la définition la plus simple, c’est là où on est, il nous permet
de comprendre le décor de l’action et sa signification.
Selon Gaston Bachelard l’espace est comme :
« L’étude des valeurs symboliques attachées soit aux paysages qui
s’offrent au regard du narrateur ou de ses personnages, soit à leurs lieux de
séjour, la maison, la chambre close, la cave, le grenier, la prison, la
tombe… »14
Nous pouvons déceler, à partir de cette citation, deux manières pour
représenter les valeurs symboliques d’un texte littéraire, la première est celle du
décor naturel vu par le narrateur ou par ses personnages (le désert, le fleuve, la
forêt…) et la deuxième est celle des lieux fréquentés par eux-mêmes tel que la
maison, le château, la prison…
Le récit peut présenter un espace réel ou imaginaire, un espace fermé (clos)
ou ouvert, un espace statique ou dynamique et cela va laisser un impact sur les
personnages, sur leur situation ou leur états-d’ âme.
14 Bachelard Gaston, Le récit poétique, 1957, p 45
18
Une correspondance peut s’effectuer entre un personnage et un paysage ou
entre un personnage et un lieu, donc, nous pouvons dire que le rôle primordial de
l’espace dans un récit est non seulement actualiser les évènements dans un lieu et
dans un décor précis mais aussi faire évoluer l’intrigue de l’histoire qui a une
portée lointaine et des significations symboliques.
Pour comprendre l’organisation de l’espace, nous devons analyser certaines
oppositions symboliques qui sont :
2- L’organisation de l’espace :
• L ’espace ouvert :C’est un espace à l’aire libre, vide, immense et
parfois infini comme le désert, la mer…etc.
• L’espace clos :
C’est un espace achevé, terminé, fini ; espace totalement ou
partiellement fermé comme les chambres, les couloirs…etc.
• L’espace réel : c’est là où on est, comme la ville, la compagne…etc.
• L’espace rêvé :c’est un espace fictif, le narrateur le crée dans son
imagination. Il imagine par exemple qu’il est dans un endroit précis
et qu’il ya des gens et des actions alors que ce n’est pas vrai et ce
n’est pas encore réalisé.
3- L’espace romanesque :
La littérature refuse l’idée que l’espace est un simple décor ou une sorte de
description. Pour cela nous avions besoin de définir cette notion en faisant recours
aux différents théoriciens. Nous commençons par le philosophe et le critique
français Maurice Blanchot15 qui, pour lui, l’espace littéraire « se déployant entre
l’auteur, le lecteur et l’œuvre – constitue un univers clos et intime où le monde se
dissout »16. Nous comprenons à partir de ces mots que l’espace nécessite des points
de vue essentiels, ceux de : l’auteur, le narrateur, le personnage et même le lecteur.
Il se développe entre eux. Il crée un monde spécifique et particulier peint par le
biais des mots.
15
Un romancier, critique littéraire et philosophe français, auteur de l’espace littéraire. 16 Blanchot Maurice, l’Espace littéraire, Paris, Gallimard, 1955, p 46.
19
Jean Weisgerber17 dit également que l’espace romanesque est celui « où se
déroule l’intrigue » 18 cela veut dire que c’est le lieu où nous trouvons les
évènements et les faits qui constituent un récit. Pour lui, il est également « un
espace vécu par l’homme tout entier, corps et âme… »19 Car il produit un effet de
réel ; il donne au lecteur l’impression que le texte décrit le monde réel, il fait
référence à un espace réel ou réaliste, il se construit, alors, par les gestes, les
émotions et les sens, il n’est pas donné dès la première fois.
L’espace romanesque se fonde nécessairement sur le point de vue du
narrateur car c’est à travers les yeux du narrateur que le monde nous est peint. Ce
dernier peut être omniprésent, il dirige ce monde imaginaire dont il connait tout : les
personnages, leurs comportements, leur mode de vie ou même leurs manières de
pensée. Il peut être également personnage au même titre que les autres personnages,
il voit et entend. Il participe à l’action. Il peut même être le héros de l’histoire
explicitement par l’utilisation de la première personne du singulier « je » ou
implicitement, en employant le « il » pour être plus objectif face aux évènements.
Gaston Bechlard (un philosophe français de sciences et de la poésie) est
parmi les premiers qui ont fait des recherches dans le domaine de l’espace littéraire.
Dans son livre « la poétique de l’espace », il vise à dégager les valeurs
symboliques qui relient entre le personnage et le paysage.
Pour Jean Weisgerber, l’espace est attaché aux personnages et aux lecteurs.
Quant à Rolond Bourneuf20, l’importance est donnée à la relation existante entre
l’espace et les autres éléments constitutifs du roman qui sont l’intrigue, le temps et
les personnages. Il s’agit donc de ressortir chaque espace et analyser le lien entre ce
dernier et les personnages tout en distinguant l'espace réel et l’espace imaginé.
17
Historien bruxellois de la littérature. 18
Weisgerber Jean, L’Espace romanesque, Lausanne, l’Age d’homme 1978, p 227 19
Ibid, p 11-12 20
Un écrivain et ancien professeur québécois de littérature.
20
Henri Mitterrand (un professeur français de littérature) rejoint, lui aussi,
Jean Weisgerber en disant « l’espace fait émerger le récit, détermine les relations
entre les personnages et influe sur leur actions »21 En supplément, il y a Roland
Bourneuf qui considère, lui aussi, l’espace « au même titre que l’intrigue, le temps
et les personnages comme un élément constitutif du roman ».22 Cela nous conduit à
dire que c’est grâce à l’espace qui crée un lien entre les acteurs du récit que
l’histoire s’épanouisse et continue à s’élargir. Par conséquent, l’analyse de l’espace
donne accès à la signification totale de l’œuvre C’est-à-dire nous allons, à la fin de
notre étude, accéder à un sens et révéler la psychologie des personnages.
L’idée précédente nous mène à signaler quelques fonctions principales de
l’espace :
4- Les fonctions de l’espace :
L’espace permet des voyages, des déplacements donc des actions. Il permet
aussi des tableaux descriptifs et des décors multiples à l’action. De là, nous pouvons
carrément imaginer la situation du personnage et ce qui l’entoure. De plus, à l’aide
de l’espace, nous faisons plusieurs interprétations symboliques en décelant l’état
d’âme du personnage. Bref, l’espace donne, au texte, une signification.
21
Cité par Antje Ziethen in « La littérature et l’espace » Arborescences : revue d’études françaises, n° 3, 2013, p 11. 22
Bourneuf Roland , Études littéraires, vol. 3, n° 1, Département des littératures de l'Université Laval (Québec, Canada) 1970, p 82
Deuxième partie : L’impact du temps et de l’espace
Chapitre 01: Analyse spatio-tomporelle de
Timimoun
21
Toute histoire a un temps et un espace précis ou délimité, entre lesquels le
récit se construit et avance. Ces deux réalités significatives participent fortement à
la compréhension de l’œuvre littéraire. Le temps et l’espace représentent un «
opérateur de lisibilité fondamentale»1Cela veut dire qu’ils sont porteurs de sens.
Celui-ci va éclairer la trame de l’histoire.
Dans cette partie, nous allons nous intéresser à l’analyse de deux notions
fondamentales : le temps et l’espace, par rapport à Timimoun le roman sur lequel
porte notre recherche. Notre objectif est de retrouver et de dévoiler l’impact de ces
deux éléments sur le personnage principal. Nous commençons d’abord par
l’analyse du temps :
I.Le temps :
Dans Timimoun, nous remarquons la présence de deux temps, à savoir : le
passé et le présent du personnage narrateur. Nous allons nous intéresser dans cette
partie à l’ensemble des évènements qui se sont déroulés et c’est pour voir leur
relation et leur impact sur le personnage principale de ce roman.
Le narrateur dispose, pour rapporter son histoire, de plusieurs choix narratifs.
Ainsi, le passé, pour des effets souhaités, peut être rapporté au présent. Il est
également possible de proposer une histoire passée en respectant le passé des
verbes. Opter pour tel ou tel choix répond par une ambition et à un effet de lecture
espérés.
Dans Timimoun le choix de la narration s’est porté sur une narration qui
respecte l’enchainement des évènements : ce qui est passé est raconté au passé.
Cette réalité narrative offre au lecteur une certaine facilité et des repères
chronologiques bien stables. Rester sur cette stabilité pourrait être trompeur car le
passé des verbes est fortement symbolique.
Dans le roman, le passé et le présent s’alternent pour faire avancer la diégèse.
Ce va-et-vient aide le lecteur à comprendre le déroulement des évènements. A 1 Hamon Philippe, Du Descriptif, Paris, Hachette, 1993, p 108
22
travers l’analyse de certains passages, il nous a été possible de mettre au jour des
éléments significatifs. Quant à la présence du passé :
- Le passé :
Le passé est, par définition, l’ensemble des évènements et des faits qui ont eu
lieu avant le moment présent. C’est cet ensemble de souvenirs et des expériences
qui ont pu être vécus et qui ont, d’une façon ou d’une autre, motivé et orienté les
décisions et les choix présents.
Entre l’ensemble des évènements et le temps des actions, le narrateur dispose
alors de champs de manœuvre et de manipulation pour rapporter l’ensemble des
évènements passés. Sur le plan narratologique, il est possible de conter, au présent,
une série d’évènements passés ; cette option se trouve alors motivée par une
ambition et un effet narratif bien déterminés. Il est aussi possible de rester dans le
respect d’une chronologie narrative qui rapporte, au passé, un évènement passé. Le
narrateur dispose aussi, dans ce cas, d’une panoplie de temps du passés, ayant des
valeurs différentes et des effets divers.
Dans Timimoun, le narrateur offre un paysage narratif très significatif. En
effet, le lecteur est en présence d’une narration qui lui rapporte, au divers temps du
passé, les évènements révolus. Des évènements passés qui ont justement eu un
impact et une influence sur le personnage-narrateur, dans son présent et sur ces
décisions actuelles.
Ainsi, le passé douloureux du personnage narrateur, évoqué à travers les
souvenirs d’une enfance amère, est partagé avec le lecteur dans les divers temps du
passé. Et cet emploi des temps du passé serait, d’après notre analyse, une technique
narrative qui vise à mettre au jour l’impact et l’influence des évènements passés sur
le présent du personnage-narrateur qui a souffert du traitement de son père, dans sa
présence comme dans son absence. Le narrateur raconte son passé en jouant sur le
couple (passé simple/imparfait).Nous savons que le passé simple :
23
« est un temps perfectif, en ce qu'il saisit le procès de l'extérieur, dans
sa globalité, à la manière d'un point apparu à un moment donné. L'imparfait,
en revanche, est un temps imperfectif. Il présente le procès de l'intérieur,
dans son déroulement, sans lui assigner de bornes temporelles évidentes.
Lorsqu'on utilise l'imparfait, on signale que le procès est en cours au
moment choisi comme point de repère, mais on ne donne pas d'indication
quant à son achèvement. Si le passé simple est donc limitatif, l'imparfait peut
être dit non limitatif. »2
Cela veut dire que le passé simple est un temps accompli et limité. Il
envisage la fin de l’action. Les évènements se donnent dans leur totalité.
Contrairement à l’imparfait, est un temps inaccompli. Il envisage l’action dans son
déroulement. La durée de cette dernière n’est pas donnée. Le dénouement des
évènements n’est pas précisé. Il est illimité.
Mais la présence du passé simple est très peu par rapport à l’imparfait. Il dit :
« Je devins pilote de chasse pour embêter mon père qui voulait faire
de moi un ingénieur agro-alimentaire parce qu’il me prédestinait à diriger
une usine de concentré de tomate »3.
Là, le narrateur emploie le passé simple pour le verbe « devenir », il dit : « Je
devins pilote de chasse ». Le verbe « devins » est ensuite suivi de l’imparfait «
voulait » et « prédestinait ». Nous voyons que lorsqu’il parle de sa personne, il
utilise le passé simple alors quand il parle de son père, il emploie l’imparfait. Ces
deux temps s’opposent en quelque sorte. Le passé simple est le temps de la première
action et l’imparfait est le temps de la deuxième action. Ce qui montre la hiérarchie
des évènements. « Je devins » exprime une action terminée, achevée et même
brutale. C’est l’action principale. Il a pris hâtivement sa décision et est devenu
2 Kaempfer Jean & Micheli Raphaël, la temporalité narrative, [ en ligne].Disponible sur https://www.unige.ch, consulté le 29/04/2016 à 11:13 3Boudjedra Rachid, Timimoun, éd ANEP, 2002, page 20.
24
pilote de chasse pour achaler son père qui « voulait » faire de lui un ingénieur agro-
alimentaire.
Le verbe « voulait » exprime une durée. C’est une action qui n’est pas
achevée. Elle représente le désir du père. Le narrateur mentionne la cause : « parce
qu’il me prédestinait à diriger une usine ». Le verbe « prédestinait » est aussi à
l’imparfait. Il indique le rêve de son père mais c’est un rêve qui n’est pas réalisé, il
est ignoré par son fils et jeté dans l’oubli. Nous pouvons dire que le passé simple et
l’imparfait sont des temps complémentaires. Leur emploi n’est pas gratuit.
Ils rapportent, dans ce passage, en plus de la décision du personnage
narrateur quant à son devenir, les motivations qui ont conduit à cette décision et les
émotions qui l’ont accompagné. Ainsi, le couple passé simple/imparfait crée dans la
narration un effet à deux plans : un premier plan mis en place par le passé simple et
un arrière-plan envisagé par l’imparfait : « L'Imparfait est dans le récit le temps de
l'arrière-plan, le Passé simple le temps du premier plan. »4
Avec sa valeur de temps du passé qui exprime une action accomplie, qui peut
être dans sa réalisation brutale et violente, le passé simple introduit, sur le premier
plan une action, qui se trouve être en réalité un choix qu’avait pris le personnage
narrateur pour sa vie et pour sa carrière « je devins pilote de chasse ». Un choix
accompli lui-même dans la brutalité et la violence du moment et qui s’est appuyé
essentiellement sur un vécu, tristement et malheureusement marquant, et dont a
tellement souffert le personnage -narrateur.
Cette souffrance était assez forte pour constituer pour lui, sur un plan
psychologique, la motivation profonde qui a orienté son avenir, et c’est là, l’impact
du passé sur le personnage- narrateur. Il a donc échappé au désir de son père, et
pour l’embêter et le contrarier, il a préféré travailler comme pilote de chasse et ne
pas exécuter ses volontés.
4Weinrich Harald. Le temps, trad. fr. de Michèle Lacoste. Paris: Seuil, 1973, p 114-115
25
L’imparfait, temps des actions passées inachevées mais qui durent dans le
passé, reflète un rêve lui-même inachevé et qui reste suspendu sans possibilité de
réalisation. Le personnage narrateur se venge d’une certaine manière de son père et
de ce qu’il a pu vivre. Cet imparfait marque et installe également une sorte de
distance que le personnage narrateur veut transmettre à son lecteur : une distance
psychologique qui dévoile un défi, conscient ou inconscient, mais qui a
certainement motivé le devenir du personnage narrateur.
Le ton sur lequel est écrit ce passage est plein d’émotions et d’attitudes. Le
personnage narrateur essaye, à travers ce jeu et cette manipulation des divers temps
du passé, de partager, avec son lecteur, un univers émotionnel qui traduit l’impact et
l’influence du temps sur lui-même et sur ces décisions.
Il dit également :
« Mon père n’aimait pas beaucoup que je fréquente Henri
Cohen parce qu’il était juif, pauvre et parce que son père qui
travaillait comme gardien de l’aéro-club était communiste »5.
Nous rencontrons l’imparfait une autre fois. Mais dans ce passage, il a une
autre signification. Le verbe « travaillait » indique la fonction du père d’Henri
Cohen. Il était un gardien. C’est une action habituelle, c’est-à-dire il fait toujours ce
métier. Le narrateur dévoile le sentiment de son père envers Henri Cohen et il utilise
également l’imparfait « Mon père n’aimait pas beaucoup que je fréquente Henri
Cohen ». C’est un sentiment qui dure aussi dans le temps et qui exprime la dureté
de ce père et son arrogance.
Nous comprenons que c’est un père raciste, autoritaire et injuste. Il n’aime
pas que son fils fréquente des amis juifs alors que lui, il voyage souvent et
accompagne les femmes juives. Et parce qu’il est un homme d’affaire riche, il
déteste les pauvres. Ce qui fait naitre chez le personnage-narrateur un sentiment de
haine et de dégout envers son père.
5Ibid, p 34
26
Tout au long de l’histoire, le père est cité d’une manière péjorative. Il est
également le symbole de l’absence. Il a négligé son rôle et sa responsabilité envers
sa femme et ses enfants ce qui mène à la dissociation de cette famille. Il dit :
«(…) Notre père qui était devenu le symbole incarné de l’absence, ne
cessant pas de voyager et d’explorer le monde, envoyant carte postale sur
carte postale, sans écrire dessus un seul mot capable d’exprimer un
sentiment, une nostalgie, une tendresse »6.
Il est loisible de se demander pourquoi le narrateur a employé, là, le plus-
que-parfait « Notre père qui était devenu ». Nous savons que le plus-que-parfait est
un temps qui indique l'antériorité dans le passé. Il a une valeur accomplie d'un fait
déjà achevé « On utilise le plus-que-parfait pour parler d'une action antérieure à
une autre action qui se passent toutes deux dans le passé. »7
Nous pouvons dire qu’à force de l’inexistence du père, il est devenu le
« symbole de l’absence ».Après, le narrateur ajoute ceci : « …il était revêche et
opposé à toute forme de communication »8. Donc, « était devenu » est la première
action. La deuxième action est « était revêche » à l’imparfait. Ce qui organise le
déroulement des évènements. Le père du narrateur était devenu le symbole de
l’absence avant qu’il soit opposé à toute façon d’échanger. Comme si, il a choisi de
s’éclipser étape par étape. L’adjectif « revêche » prouve son caractère difficile et
dur.
Il est également injuste envers sa femme ou autrement dit infidèle. Il voyage
pour rencontrer les femmes et pour constituer des relations. Et pour que sa femme
ne le sache pas et ne fasse pas attention à ses péchés et à ses erreurs, il lui achète, à
chaque fois, une machine à coudre. Le verbe « n’arrêtait » montre la répétition du
6 Ibid, p 107 7 Le plus-que-parfait dans un récit, [en ligne]. Disponible sur : http://www.bonjourdefrance.com, (consulté le 29/04/2016 à 10 :30)
8 Ibid, p 107
27
fait. Elle s’occupe d’elle et fait son travail naïvement. Le verbe « restait » indique
une habitude. Il dit :
« Elle restait attelée, du matin jusqu’au soir, à sa machine à coudre ou
plutôt à ses machines à coudre parce que mon père n’arrêtait pas d’en
acheter des nouvelles malgré les protestations répétées mais naïve de ma
pauvre mère. Comme si le maitre des lieux voulait, par ce subterfuge subtil et
cynique, la clouer là à ses machines stupides qu’il faisait venir du monde
entier. Des marques toujours nouvelles. Toujours le dernier modèle. Le
dernier cri. Il voulait, ainsi, l’attacher et la bâillonner pour cacher ses
interminables errances, ses extravagances maîtresses, ses incroyables
passions encyclopédiques et ses nombreux séjours en prison pour des raisons
politiques. »9
Notre citation est d’une certaine longueur et cela pour avoir le sens complet.
C’est aussi pour permettre au lecteur de vivre la scène contée. De plus, c’est pour
que la narration ait les effets de lecture du passage. L’état d’âme du lecteur va être
changé. Après la lecture de ces mots, ce dernier va être sympathique et compatissant
avec cette mère.
Ainsi la mort de son frère ainé a gravement marqué l’enfance de ce
personnage- narrateur : « je n’ai jamais oublié le jour de l’enterrement de ce frère
qui a raté sa vie en ratant une marche de tramway… »10. Là, il utilise le passé
composé pour dire que c’est un souvenir qui reste gravé dans sa mémoire. La
valeur du passé composé dans cette phrase est l’éternité. Le fait est terminé mais ses
effets restent à jamais :« Depuis des années, le premier nom qui me vient à l’esprit,
à chaque réveil, c’est celui de mon frère ainé. »11, voilà, le mirage de son frère
revient sans cesse pour l’obséder encore et encore. Il ajoute :
9 Ibid, p 96 10 Ibid, p 47 11Ibid, p 49
28
« Mais la mort de mon frère ainé ne pouvait être ramenée à un simple
fait divers ou à une mauvaise plaisanterie de cancre chahuteur. »12.
Le narrateur-personnage ne cesse de souvenir de la mort de son frère. A
chaque fois, il en parle car tellement touchant, il n’arrive pas à l’oublier.La mort
devient une image obsessionnelle qui nait et renait tout le temps.
Nous pouvons dire que le passé est un temps qui représente une grande
souffrance. Le narrateur a vécu des moments pénibles. Des pertes successives ont
dessiné le reste du chemin du narrateur. Ce passé est le constructeur du présent
actuel du personnage-narrateur. C’est en quelque sorte, le point de départ de sa vie.
Voilà, nous avons évoqué le passé du narrateur et ses effets sur le personnage-
narrateur. Nous allons maintenant passer au présent :
- Le présent :
Le narrateur utilise, également, pour faire évoluer son histoire, le présent de
l’indicatif. Parfois, pour relater ce qui est en train de se passer. Parfois, il le fait pour
raviver les évènements passés en les réactualisant.
Il est connu que le présent est la période qui énonce le moment actuel. Et en
tant que temps, il exprime un fait qui se déroule au moment où on le rapport. Selon
Larousse : le présent est le « temps qui indique que l'action marquée par le verbe se
passe dans le moment même où l'on parle, ou bien qu'elle est non datée et conçue
comme indépendante de la durée. »13
Le présent dans Timimoun est également dur et déchirant, d’une part, car le
narrateur a peur des terroristes qui ne cessent de tuer impitoyablement les gens :
12 Ibid, p 53
13 Le présent, [en ligne]. Disponible sur : http://www.larousse.fr/, (consulté le 29-04-2016 à 21:26)
29
« Mais la vielle peur qui m’habite constamment rend mes mains très
moites malgré le froid saharien qui règne à l’intérieur »14.
Dans cette phrase, le personnage- narrateur emploie le présent « m’habite »
pour parler de son sentiment qui est la peur. Le présent ici est choisi pour exprimer
l’habitude. Pour dire que cette peur l’accompagne comme son ombre. Elle est
toujours avec lui. Elle l’habite.
Ensuite, il ajoute l’adverbe « constamment » qui montre la continuité de ce
sentiment. La peur est durable. Le verbe « rend » indique une action, un
changement d’état. Ses mains, à cause de la peur, deviennent moites c’est-à-dire
mouillés. Chose qui parait un peu étrange aux yeux du lecteur surtout que
l’atmosphère est froide. Nous comprenons que cette peur a influé même sur ses
mains. Donc, le sentiment peut changer l’aspect physique d’une personne.
« La peur est là. Elle est atroce. Elle m’a toujours habité. J’essaie de
l’enrayer à coups de vodka et de randonnées dans le désert le plus grand et
le plus désertique du monde. »15 .
Nous remarquons que lorsque le narrateur parle de ses sentiments, il utilise le
présent comme la présence du verbe « être » qui indique l’état. Et là il parle encore
de la peur « la peur est là ». L’adverbe « là » nous fait penser que cette peur est
comme une chose concrète. Comme si, elle a une place,et il peut la voir. Ensuite, le
personnage-narrateur ajoute l’adjectif «atroce » qui indique la férocité de cette
peur. Pour cela, il voit que la vodka est le seul moyen pour oublier ses peines, elle le
soulage et diminue sa peur.
Ainsi le narrateur utilise des tournures phrastiques qui s’apparentent à des
coupures journalistiques pour nous rapporter les évènements tels qu’ils sont. Des
flashes d’informations qui viennent brusquement s’installer au sein de la lecture du
14 Ibid, p 15 15 Ibid, p 15
30
roman et qui relatent toujours les massacres commis par les attentats terroristes. Ces
coupures sont écrites en majuscules et en caractère italique comme :
« LE GRAND ECRIVAIN TAHAR DJAOUT ABATTU DE DEUX
BALLES DANS LA TETE AU MOMENT OU IL DEPOSAIT SES DEUX
FILLETTES DEVANT LEUR ECOLE. »16
Ou encore :
« ...UNE FEMME DE MENAGE AGEE DE 46 ANS ET MERE DE 9
ENFANTS A ETE ABATTUE DE DEUX BALLES DANS LA TETE ALORS
QU'ELLE REVENAIT DE SON TRAVAIL... ».17
L’utilisation de cette nouvelle technique n’est pas gratuite. Ce caractère
grand des lettres est attirant, captant et choquant comme le sont les nouvelles
rapportées. C’est aussi une rupture dans la forme générale et dans la narration, donc
une coupure dans la vie, dans les rêves, et dans les espoirs.
Ce qui attire l’attention c’est que ces flashes d’informations ne sont pas
précédés ou suivis d’explication ou de commentaire. C’est une sorte de pause,
comme si nous racontons une histoire et soudainement nous entendons une nouvelle
à la radio ou nous lisons un journal. Cette écriture journalistique rafraîchit d’une
certaine façon, le texte. Elle lui donne un effet de réalité, pour que le lecteur croie à
l’histoire. En plus, c’est une manière de renouveler l’écriture. Et nous remarquons
un changement du ton et dans les idées.
D’autre part, le narrateur personnage souffre de son amour envers Sarah,
cette fille indifférente qui ne lui donne aucune importance. Là, la narration du
présent vécu nous est donnée au passé : « Sarah allait aggraver ma situation, déjà
désastreuse »18. La combinaison allait (aller à l’imparfait) + aggraver (l’infinitif)
donne ce qu’on appelle un futur proche dans le passé, appelé également passé
16 Ibid, p 90 17, Ibid, p 24 18Ibid, p 83
31
postérieur : « Le passé postérieur marque un fait futur par rapport à un moment
passé »19.
Dans ce fragment. Le narrateur sait que Sarah va empirer de plus en plus sa
situation. Les comportements de cette fille le déstabilisent et ne laissent point une
lueur d’espoir dans sa vie. Ce qui fait naitre en lui un sentiment d’inquiétude et
d’anxiété.
Il dit également :
« J’étais abandonné et humilié par Sarah comme jamais Kamel et
Henri Cohen ne l’auraient fait… »20.
Le plus-que-parfait dans cette phrase est suivi par un autre temps qui est le
conditionnel passé qui peut servir à trois choses : donner une hypothèse, exprimer
un regret ou une antériorité. Mais là, la phrase est à la forme négative « ne
l’auraient fait » ce qui indique que l’action n’est pas réalisée. Le conditionnel passé
est aussi un temps qui permet d'imaginer des situations irréelles dans le passé.
Le personnage- narrateur avoue, encore une fois, sa souffrance à cause de
Sarah qui ne cesse de l’humilier et cela lui fait souvenir de ses deux amis Kamel
Rais et Henri Cohen. Ils étaient ses collègues depuis son enfance. Chacun d’eux
avait son propre caractère. Kamel Rais était beau et charmant. Il attire toutes les
filles : «Avec sa taille superbe, sa beauté légendaire »21.
Quant à Henri Cohen était juif, pauvre garçon. Mais les deux se moquaient
de lui car il n’aime pas les femmes. Il les évite et il en a peur : « les femmes, j’en
avais peur. »22 Ils le trouvent différent. Lui, il préfère regarder un film qu’avoir une
femme à ses côtés. Il dit un jour à Kamel Rais : « Tu ne sais pas ce que tu rates en
19 Les temps simples de l'indicatif - le passé postérieur, [en ligne]. Disponible sur : http://gabrielwyler.com, (consulté le 26 Avril 2016 à 14 :22) 20 Ibid, p 98 21Ibid, p 99 22
Ibid, p 29
32
ne regardant pas les films »23.Il est différent aussi car il voit qu’il y a beaucoup de
choses importantes dans la vie que les femmes. Il dit : « les avions, les copains et la
vodka remplissaient ma vie. Un peu trop. J’aimais lire aussi. »24.
Il compare en quelque sorte, le mauvais traitement de Sarah avec celui de
ses deux amis. Il pense que si ses deux amis vont encore se moquer de lui, le degré
de leur humiliation ne serait pas plus fort que celui de Sarah. L’adverbe « jamais »
montre sa confirmation. Nous pouvons dire que la valeur du conditionnel passé
dans cet énoncé est la supposition car il imagine un fait dans le passé, seulement. Ce
sentiment d’humiliation a un grand impact sur lui. Ce qui vit maintenant fait vivre
les chagrins du passé et les moments durs de déprime.
Nous pensons que le présent raconté par le narrateur ne vise pas seulement le
protagoniste du récit. Il n’est pas spécifique. Certes, il raconte une histoire intime
d’un homme qui souffre des terroristes, d’un amour dur et des coups de la vie qui ne
cessent de lui faire mal. Mais aussi c’est une traduction de ce qu’il se passe en
Algérie. La décennie rouge des années quatre-vingt dix n’est pas un simple
évènement. Elle est la source des maux, de l’horreur, et de tous les malheurs. Les
articles du journal insérés dans le roman montrent le crime hideux des intégristes
islamistes. Ces derniers ont commencé par torturer et assassiner les hommes
instruits, les artistes et les personnalités connues. Ensuite, ils se sont dirigés vers
toute la population algérienne pour continuer leurs actions sanglantes. Deux cent
mille morts ont été le résultat.
Justement, le personnage-narrateur fait partie des intellectuels recherchés et
rattrapés par les terroristes. C’est pourquoi nous rencontrons, à chaque fois, des
passages qui nous font sentir sa peur et son inquiétude. C’est une réalité générale
qui a touché tout le monde. Elle a fait basculer le pays dans le chaos et dans le flou.
23 Ibid, p 29 24Ibid, p 29
33
L’imparfait n’est pas choisi uniquement pour relater des actions inachevées.
Il est aussi un moyen pour décrire. Nous pouvons le repérer facilement à l’aide des
adjectifs et des adverbes. Comme :
« La nuit saharienne devenait de plus en plus charnelle, concrète et
voluptueuse. L’horizon se rapprochait et s’éloignait à la fois. La lune monta
dans le ciel. Elle était bombée, glacée, comme cristallisée. »25
Ce passage décrit les sensations et les émotions du personnage- narrateur. En
évoquant la nuit, il nous semble qu’il est seul, pensif et même triste. Il utilise des
adjectifs érotiques « charnelle, voluptueuse » qui expriment son désir refoulé. En
un instant, nous pensons qu’il parle d’une femme, mais l’adjectif « concrète » est,
dans ce sens métaphorique. La nuit n’est pas une chose concrète.
Il décrit la nuit comme si c’était une femme. C’est peut être Sarah qu’il
désire. Il contemple l’horizon « L’horizon se rapprochait et s’éloignait ». Cela aussi
nous fait penser à Sarah qui, tantôt, elle est proche, tantôt, elle est loin de lui.
Ensuite, il s’oublie en regardant et en décrivant la lune « La lune monta dans le ciel.
Elle était bombée, glacée, comme cristallisée. Dans la plupart des cultures « La
Lune est associée aux déesses et au principe féminin »26.
Comme si ses yeux cherchaient des réponses dans le ciel. Et selon les
interprétations courantes, la lune est aussi un symbole du rêve et de l’inconscient.
En général, comme les amoureux qui admirent la lune et cela le fait rêver
inconsciemment. Son rêve est clair comme la lune « cristallisée ».
L’imparfait employé dans l’énoncé précédant nous dévoile, donc, un
paysage mélancolique, petit à petit des sentiments inexplicables écrasent ce
personnage. Il est limité par son destin inévitable. Il rêve d’un monde paisible où il
peut s’amuser d’une nouvelle vie, remplie de joie et de gaité. Un monde où il peut
voir la lumière immuable du jour. 25Ibid, p 81/82 26 Signification des symboles : la Lune,[ en ligne]. Disponible sur: https://www.jweel.com. Consulté le 29/04/2016 à 05:54
34
Le personnage-narrateur utilise également le présent de l’indicatif pour
rapporter ce qu’il vit, car c’est un temps qui : « (….) maintient néanmoins une
relation étroite avec l’actualité du discours »27. Cela veut dire que le présent nous
rapporte les actions qui sont en train de se dérouler au même temps où le
personnage-narrateur raconte son histoire et décrit ce qu’il voit. Prenons l’exemple
suivant :
« Je sens les autres occupants du car quelque peu perdus, y compris
ceux qui ne se sontengloutis dans un sommeil sans profondeur, très
épuisant »28
Là, le personnage-narrateur est à l’intérieur du car. Il est en train de conduire
et décrire ses passagers. Il sent qu’ils sont perdus, d’autres dorment profondément à
cause de la fatigue « très épuisant ».Nous pouvons dire que la valeur du présent,
dans ce passage, est la description. A partir de cela, nous pouvons imaginer la scène
et la situation des personnages. Le narrateur met le lecteur dans le bain pour donner
l’illusion du vrai.
Le présent a d’autres valeurs. Il nous rapporte pas seulement ce que le narrateur
vit actuellement mais il nous raconte des actions passées pour les rendre plus
vivantes et plus touchantes, il donne une impression de direct :
« Je regarde la maison à travers les arbres. Toutes les fenêtres sont closes.
J’entends les lamentations et les psalmodies. Des bruits de vaisselle qu’on lave
nous parviennent de la cuisine (…) Mehdi affirme qu’on est en train de laver le
mort. Je ne veux pas comprendre ce qu’il dit. Pourquoi laverait-on les morts ?
Drôle d’idée quand on sait à quelle vitesse un corps pourrit, se désagrège… »29.
Dans le passage précédant le narrateur évoque un souvenir amer, c’est celui
de la journée des funérailles de son frère aîné. Il nous montre qu’il était en dehors
de la maison en train d’observer la scène de loin, entendant les pleurs des gens.
27 Jeandilou Jean-François, L’analyse textuelle, Paris, Arman Colin 2011, P61 28Ibid, p 18 29 Ibid, p 54
35
Nous sentons sa peur et son désir d’aller plus loin pour ne pas regarder et entendre
ces choses. Mehdi c’est son frère cadet. Au moment où sa famille était en train de
laver le mort, Mehdi sort pour lui donner des informations, à propos de ce qui ce
passe à l’intérieur de la maison. Il lui dit qu’ils sont en train de laver le mort. Le
personnage-narrateur est étonné. Il ne comprend pas pourquoi ils faisaient cela. Il
voit que c’est inutile de laver un corps déjà véreux et sale. Nous pensons que ces
faits ambigus et difficiles à comprendre étaient la cause d’un déséquilibre et d’une
perturbation mentale pour le personnage-narrateur qui, à ce moment, n’avait que
seize ans. Les effets ne se manifestent que plus tard.
Pour décrire fidèlement les personnages, les temps ou les lieux, le narrateur
fait encore recours au présent de l’indicatif :
« La nuit est épaisse bien que le ciel grouille d’étoiles. Je regarde
mon visage dans le rétroviseur, il me parait vieilli, hagard,
poussiéreux, cireux comme celui de mon frère aîné, le jour de son
enterrement… »30
Ici, le personnage-narrateur précise le temps qui est la nuit, il emploie
l’adjectif « épaisse » qui veut dire lourde et dense et cela est le symbole de
l’obscurité. Le personnage- narrateur veut nous faire imaginer une nuit très sombre
au point de voir beaucoup d’étoiles dans le ciel. Puis, le narrateur se voit dans le
rétroviseur du car et commence à décrire son visage. Les adjectifs « vieilli, hagard,
poussiéreux, cireux » nous dessinent l’image d’un homme fatigué, dispersé comme
perdu.
Le narrateur emploie également l’imparfait. Nous savons que c’est le temps qui
est, le plus souvent utilisé pour décrire et pour narrer. Dans les passages suivants, le
narrateur décrit l’état de sa mère face aux actions de son époux.
« Ma mère donc, à cause de lui, restait là, toujours immobile et clouée à ses
satanées machines. Elle restait calme, voire apathique et sans ressort face à la
30 Ibid, p 39
36
nervosité de son époux, son agitation et son activisme(…) Maman ne se rendait
compte de rien avec sa naïveté, sa bonté et son manque désespérant
d’imagination. »31
Ou encore :
« Ma mère, elle, était trop irréelle, trop savoureuse pour rendre
compte de cette stratégie des cartes postales. A sa façon, elle était, elle aussi,
absente… »32
Nous comprenons que la mère, dans cette histoire, est une bonne personne,
naïve, comme absente. Elle n’a aucune force ou autorité envers ce qui se passe. Elle
est triste également depuis la mort de son fils ainé. Sa grande amertume l’a poussé à
garder le silence : « Elle s’était enfermée dans son mutisme »33. C’est également
quelqu’un qui souffre dans cette famille du traitement d’un père dictatorial qui fait
ce qu’il interdit aux autres. Mais c’est le symbole de la tendresse pour le
personnage- narrateur. Il l’aime bien même si elle ne fait rien pour apaiser ses
tourments. C’est, en quelque sorte, son refuge quand toutes les portes de sa vie se
ferment. La mère dans Timimoun est un être positif contrairement à plusieurs
personnages.
Nous avons essayé de trouver l’impact du présent sur le personnage-
narrateur, à travers l’analyse de certains passages. Nous passons maintenant au
moment de la narration. Notre objectif est de connaitre quand est-ce-que cette
histoire est racontée par rapport au moment où l’action s’est produite.
1- Le moment de la narration :
Nous avons déjà expliqué dans la partie théorique les quatre types de la
narration : la narration ultérieure, antérieure, simultanée et intercalée. Dans ce
roman, il est question de parler de deux types de narration : la narration ultérieure et
la narration simultanée. 31 Ibid, p 97 32 Ibid, p 22 33Ibid, p 96
37
•••• La narration ultérieure : nous avons déjà signalé que la narration
ultérieure c’est lorsque le narrateur raconte quelque chose du passé.
L’histoire donc est déjà finie et achevée. C’est le cas de ce personnage-
narrateur lorsqu’il évoque la période de son adolescence :
« A seize ans, avec la complicité d’Henri Cohen et de Kamel Rais, je
contrevins à la tradition religieuse en buvant mon premier verre de vodka ;
le lendemain des funérailles »34.
Là, le narrateur se rappelle de la première fois quand il a bu la vodka. Suite à
la mort de son frère écrasé par un tramway. Là, c’est le début de la déviation du
personnage-narrateur.
•••• La narration simultanée : quant à la narration simultanée, c’est le
moment où le narrateur raconte l’histoire en même temps qu’elle se
produit. Et ce sont les passages où il évoque son présent actuel qui le
montrent. Parfois, il parle de Sarah et de son voyage et parfois des
terroristes islamistes :
« Sarah refuse de m’accompagner à cette fête païenne parce qu’elle a
peur d’être tentée de fumer du Kif. Elle dit : « Avec votre vodka vous êtes un
homme très dangereux ; avec le kif, je deviens une femme très
dangereuse. » »35.
Le narrateur emploie le présent d’énonciation qui exprime le moment où il
parle. Lors du voyage, le narrateur fait, avec ses passagers, des promenades et des
soirées nuiteuses pendant lesquelles, les touristes chantent et dansent et s’amusent.
Sarah aime rester avec ses amis et refuse de joindre le personnage- narrateur,
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