Download - La pression N°7

Transcript

5/17/2018 La pression N°7 - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/la-pression-n7 1/16

Le Quotidiende la présidentielle 2012réalisé par les étudiantsde l’École supérieure de journalisme de LilleNuméro 7

Samedi 28 avril 2012

Thème de campagne

Deux candidats, deux visions de l’Unioneuropéenne

Débat

Deux jeunes militants UMPet PS défendent lesprogrammes de leurcandidat à l’ESJ Lille

page 16 page 11

Reportage photos en pages 8 et 9

Droit de vote :la parole aux étrangers

5/17/2018 La pression N°7 - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/la-pression-n7 2/16

2La Pression Samedi 28 avril 2012

Chère Martine,

 Alors, tu veux ou tu veux pas ? Situ veux,c’est bien, si tu veuxpas, tant pis. Martine au

gouvernement ? On en parle, onen parle mais le bruit courtqu’un ministère,ça te branchemoyen. Certains t’imaginent à laCulture,d’autres soufflentMatignon.

 Alors évidemment teconnaissant un peu, on t’imaginemal en “Fillon bis” de FrançoisHollande. C’est vrai, expédierles affaires courantes, te conten-ter de ce que monsieur leprésident ne veut pas traiter,très peu pour toi.Subir un mâledominant, et puis quoi encore ?Non,décidément, on ne te voitpas en couple avec François.

 Vous devrez en passer du temps

ensemble. Des chaudes nuits denégociations à Bruxelles, auxpetits déjeuners officiels, enpassant par des dîners en tête àtête à l’Élysée pour définir lapolitique du gouvernement.Entre vous, Martine, c’est pas lecoup de foudre en plus.Tu l’asdit toi même, « FH », c’est l’in-carnation de « la gauche molle ».Tu te vois vraiment avec lui ?Rappelle-toi de tes propos pen-dant la primaire : « Quand c’est 

 flou, il y a un loup ». Réfléchisbien avant de t’engager,t’esencore jeune.

 Accepter des responsabilitésparisiennes t’obligerait aussi àquitter Lille. Ah Lille ! La capitale

des Flandres que tu diriges sibien depuis 11 ans.Même Lionel Jospin l’avait dit :« Tu es la femme politique la plus 

 brillante d’aujourd’hui ».Bon,Chirac avait dit la même chose à

 Juppé : « le meilleur d’entre nous » et ça ne lui pas portébonheur. Premier ministre de1995 à 1997,putain deux ans ! Sacote de popularité était passéede 63 % à 37 % en cinq mois.Ben ouais, c’est pas toujourssimple premier ministre. Si on tepropose le job, penses-y à deuxfois.Nico et JujuPS : tu vas nous manquer ici.

NicolasRichaud& JustineWeyl

É D I T O

LA PRESSIONQuotidien réalisé par les étudiants de l’ESJ, depremière année (presse écrite) et de PHR.Refermentation et maturation - Directeurde la publication :Marc CapelleFermentation - Directeurs adjoints de lapublication :

 Yves Sécher, Corinne Vanmerris, Pierre Savary,Christian RoudautHoublonnage - Rédacteurs en chef :

 Justine Weyl, Nicolas RichaudEmbouteillage - Rédacteurs en chef techniques :

 Julien Momont, Julie Hamez, Marine Forestier, Alizée Golfier

Sur le blog des municipales de l’ESJ www.campagneennord.frÉcole supérieure de journalisme de Lille,50 rue Gauthier-de-Châtillon, 59046 Lille Cedex.Tel : 03.20.30.44.00. www.esj-lille.fr

É C H O S

 AxiomLa campagne est un «spectacle» qu’Axiomanalyse avec ses mots à lui. Le rappeur issude Lille-Sud, porte-parole d’AC-Le Feu,accuse les deux candidats d’asphyxier le

 vrai débat républicain.Par LucasRoxo

Quel est ton point de vue par rapport à lacampagne de l’entre-deux tours?Déjà, il faut voir qu’on assiste à des attaques très vi-rulentes de Nicolas Sarkozy, avec énormémentd’agressivité. Il essaie de tourner en ridicule l’autrecandidat,un peucommeon faitaux États-Unis.Après,si on était dans un cadre républicain absolu, ça irait.Mais là, il s’agit du candidat sortant. Ça pose pro-

blème. C’était la même chose pendant sonmandat: ilestabsolument libéral,il va vers tout et son contraire. Je plains les gens de droite.

Et pour François Hollande?Paradoxalement, je trouve qu’Hollande est partitardivement en campagne, notamment par rapportaux thématiques de l’immigration et des quartierspopulaires. La position de la gauche, on la connaît.Mais le problème du PS là, c’est qu’étant donné quel’UMP s’est rapproché du FN pour former une ex-trême droite très puissante, il n’y a plus de droite mo-dérée. C’est le PS qui doit remplir lui-même ce rôle,et c’est problématique. Il y a un brouillage descodes.

 Au fond, l’un ou l’autre, ça ne change rien?En fait, on ne dirait pas une campagne mais un réfé-rendum pour ou contre Sarkozy. Mais pour moi, la

 vraie question, c’est «le président peut-il vraiment 

changer les choses? ». Il faut se poser la question dechanger de système. C’est unclimat de défiance bizarre.Comme si l’alternance avait as-phyxié la République.

Tu te situes comment?En tant que personne de gauche,

 j’ai vraiment l’impression d’êtrepris en otage.Je pense sincèrementqu’un nouveau modèle social nous attend. Mais d’unautrecôté,il y a desgens d’extrêmedroite quiutilisent lapeur. Et nous à gauche, on se doit de proposer quelquechose en échange.Pour l’instant, on n’y arrive pas.

Que penses-tu du fait que les candidats usentet abusent de l’expression «les Français» ?

Cela montre qu’un mot a disparu de l’espace public:celui de « citoyen». Contrairement aumot «français», le mot «citoyen» n’apas de nationalité.J’organise des ate-liers avec des gamins autour de lanotion de citoyenneté, et pour moi leproblème, c’est l’absence de savoircommun. C’est quoi la République,au fond? LaRépublique, c’est uncadre qui permet aux gens de vivre

leurs particularismes,pas un fourre-tout.Aujourd’hui,il y a une incompréhension complète des fonde-ments de notre « vivre ensemble», et c’est pour moice qui nuit à cette campagne.

et la politique qui dérap’

« LE PRÉSIDENT PEUT-IL VRAIMENT 

CHANGER LES CHOSES?»

 Axiom profite du rap pour parler politique.

     ©

     E     S     J     /     L     i     l     l    e    e   n   q   u    a    r    t     i    e    r    s

Une invention prometteuseLe concours Lépine, qui récompense les inventeurs, s’ouvre au-

 jourd’hui à Pari s. Au programme, le “Fixacouette” , qui facilitel’enfilage de couettes. Né de la flemme de Philippe Dubois, quiexplique au micro de France Inter comment lui était venue cetteidée: «Un dimanche matin,ma femme m’a demandé de lui filer un

 petit coup de main alors que j’étais devant mon émission de télé fa-vorite…elle m’a dit :“au lieu de ronchonner, tu ferais bien de trou-ver une astuce pour mettre une couette tout seul”» . Une inventionqui réjouira les étudiants solitaires.

Sarkozy soutenu (ironiquement) par Tariq RamadanNicolas Sarkozy avait affirmé que l’intellectuel suisse Tariq Ramadan avait appelé à voter pour François Hollande. Après avoir exprimésa déception vis-à-vis des deux candidats finalistes, Tariq Ramadan a mis en ligne aujourd’hui sur son blog un texte très ironique, ap-pelant à voter... Nicolas Sarkozy! «L’actuel Président français est la chance, la gloire et la bénédiction ultime de la France et de l’Europe»,proclame Ramadan.Pas sûr que le chef de l’État apprécie ce soutien.

Morano refusedeux débatsen LorraineInvitée par France 3 etFrance 3 Lorraine, NadineMorano a refusé de partici-per à deux débats contreun adversaire socialiste dela région. La ministre del’Apprentissage et de laFormation professionnelle,soutien indéfectible deNicolas Sarkozy, a ainsi dé-claré: «je ne suis pas l’es-clave des médias ». FrançoisHollande pourra donc s’eninspirer pour répondre auprésident-candidat quil’accuse de se défiler enrefusant les trois débatsqu’il lui propose.

111 ansC’est l’âge de Madeleine Mieze, ladoyenne du Nord-Pas-de-Calais. Ils’agit de la cinquantième femme la

plus âgée du monde

ErratumLe chiffre d’hier,l’augmentation de7,6% du chômage,est en fait de 7,2%sur un an.

5/17/2018 La pression N°7 - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/la-pression-n7 3/16

Hollande valorisé, Sarkozy dégradé

Pas de triple Apour les candidats

François Hollande est le candidat qui s’ensort le mieux. Il n’obtient pourtant qu’un“B”, correspondant à une « qualité moyenne 

 faible ». Son point fort : ses propositions pour lesétudiants. Avec l’encadrement des loyers et l’al-location d’études, il obtient un “A” dans ce do-maine. Sur tous les autres thèmes (chômage, ré-insertion, stages…), il n’obtient que “BB” ou

“C”. Nicolas Sarkozy est, quant à lui, placé soussurveillance. Sa note générale est “D”, qui équi-vaut à un « risque élevé et contre-productif ». L’ab-sence de propositions sur les étudiants et sur lesstages lui vaut un “E” dans ces catégories. Seulesses propositions sur l’emploi (faciliter la créationde très petites entreprises) lui valent un “A”.L’agence a élaboré une grille de notation pour évaluer le programme des candidats sur la jeu-nesse. Elle se concentre sur dix thématiques(chômage, emploi, réinsertion des délin-quants…) qui sont analysées avec sept critères(cohérence avec le reste du programme, préci-sion, pertinence…).Les auditeurs analysent les programmes et lesdéclarations des candidats et proposent unenote. Celle-ci est validée après discussion par uncomité de notation qui regroupe des sociologues,un chef d’entreprise, une syndicaliste et d’autres

personnalités proches du monde du travail.Comme pour les vraies agences de notations, lanote peut aller de “AAA” à “E” (propositionsinexistantes).

N.R.

D’aprèsYoung&Poor,François Hollande obtient un “B”(qualité moyenne faible) et Nicolas Sarkozy, un“D” (sous surveillance).

 J E UNES SE

3La Pression Samedi 28 avril 2012

Pourquoi avoir décidé decréer une agence de notationdes programmes [voir articleci-dessous] ?C’était par humour : on s’inscritdans la lignée des collectifs quifont partie de Young&Poor

comme Jeudi noir (pour le loge-ment) ou Génération précaire,

 voire Sauvons les riches. C’estdu militantisme satyrique : aumoment où on a créé le collectif,tous les médias parlaient des

 vraies agences de notation et dutriple A de la France. C’était de-

 venu un ma rronnier.

 Vous avez été repris par lesmédias internationaux,beaucoup moins par lesmédias nationaux.Commentl’expliquez-vous ?Les médias français ont été acca-parés par différents thèmes peuintéressants et ont laissé de côtédes thèmes qui nous paraissaient

importants.Par exemple, l’ap-

prentissage, personne n’en aparlé, alors que c’est pourtantune thématique essentielle del’emploi.

Nicolas Sarkozy l’avaitpourtant évoqué dans son

programme…C’est vrai, on a rencontré sonéquipe de campagne et on a puen discuter. Mais ça n’a pas dé-passé le stade de la discussionprivée. On regrette que le thèmen’ait pas été porté dans le débatpublic.

Pourquoi ne pas avoir faitdes propositions en plus dela notation ?Ça fait cinq ans, avec Générationprécaire [dont est issuYoung&Poor] qu’on propose,qu’on fait du lobbying au Sénat,avec les parlementaires. On a euun débat là-dessus et on a dé-cidé que pour une fois il fallait

plutôt écouter ce que tous les

candidats avaient à nous dire.Et ils nous ont déçus, très claire-ment.

 Votre grille de notation parled’un « emploi durable » etd’une « insertion humaniste »des jeunes. Pouvez-vous ex-pliquer ces deux termes ?L’emploi durable, c’est lasécurité dans l’emploi. Ce n’estpas nécessairement un CDI, maisc’est un travail qui doit permettrede se loger,d’avoir accès auxsoins. Aujourd’hui quand on veutun logement, on nous demandede payer trois fois le loyer en ga-rantie : sans emploi durable,c’est impossible. L’insertion hu-

maniste, ça veut dire que ni les

immigrés, ni les étrangers, nedoivent être exclus de la ré-flexion sur l’emploi. On ne doitlaisser personne derrière nous.L’UMP et le FN sont plutôt à latraîne sur ce thème.

Comme les agences de nota-tions que vous avez copiées,ne craignez-vous pas d’être

 vous aussi critiqués pour votre manque d’objectivité ?Nous ne sommes pas partisans,nous ne soutenons aucun parti.Pour éviter les problèmes, lespersonnes qui se disent prochesd’un candidat ne sont pas char-gées de son évaluation. La nota-tion se décide en groupe,jamais

individuellement.

 Young&Poor a évalué les programmesdes candidats sur la jeunesse.

 Valentine Umansky est la porte-parole de Young&Poor,“l’agence” qui note le programme des candidats pourles 16-34 ans. Elle se dit déçue par les propositions despolitiques, et regrette que l’emploi des jeunes n’ait pasété plus au centre du débat.Par NicolasRaffin

     ©     A     l    a     i   n     B    a    c     h    e     l     l     i    e    r

     ©     A     l    e   x     E .

     P    r    o     i   m    o

    s

Si les jeunes électeurs étaient des investisseurs, ils feraient mieux d’investir sur le Hollande plutôt que sur le Sarkozy. C’est l’analyse quefait Young&Poor après avoir étudié les propositions pour la jeunesse.

5/17/2018 La pression N°7 - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/la-pression-n7 4/16

PERSPECT IVES

« La France a besoin

de François Hollande » Accompagnée par le maire PS de la ville, Jean-Pierre Allossery, Martine Aubry s'est rendue vendredi dans le quartier populairedu Nouveau-Monde à Hazebrouck. À la rencontre des habitants, elle a prêché la bonne parole pour François Hollande.Par AnnabelleMaugé

Veste rouge et pantalon bleu, c’est une MartineAubry souriante et patrio-tique qui est venue militerdans la capitale de la Flan-

dre intérieure pour le second tour dela présidentielle. « Nous devons tous être derrière François Hollande, c’est le candi-dat du rassemblement», a commencé la

première secrétaire du Parti socialiste.À J-8 du second tour, Martine Aubrys’est présentée comme un soutien in-conditionnel du candidat socialiste.Venue à la rencontre des habitantsdans un quartier à fort taux de chô-mage, la maire de Lille a insisté surl’importance d’être sur le terrain «afind’expliquer aux gens qu’ils font fausse route».La patronne du PS a ainsi auréolé leprojet de François Hollande de toutesles qualités: «Il s’adresse à vous tous, àceux qui se sentent exclus, humiliés, ou-bliés et qui ont l’impression que la poli-tique ne peut rien pour eux. Il faut que son

 projet vous parvienne, vous avez les mêmes droits que les autres. Vos réponses se trou-vent dans le cœur du projet de François 

 Hollande. » Avec un fort taux d’absten-tion (18 %), le quartier du Nouveau-Monde s’est prononcé en grande par-tie pour Marine Le Pen: 21% dessuffrages le 22 avril.

Le FN, une échappatoirepour les Français«Une personne sur quatre a voté pour l’ex-trême-droite et une sur trois n’a pas voté, ce 

 sont des chiffres importants , a martelé lapremière secrétaire. Cela n'a jamais été la solution, chaque voix compte, votre voix compte.» Elle voit également dans lamontée du FN «un ras-le-bol des gens qui ne croient plus en la politique ». La raison:« La politique de Sarkozy a beaucoup fui ces quartiers. Il n’a rien fait pour le pouvoir d’achat, les Français n’en peuvent plus. » Et

pour accentuer son propos, Martine

Aubry n’hésite pas à tacler le présidentsortant. L'heure était venue de raillerNicolas Sarkozy. « Le président sortant est 

 sur un terrain vaseux. Il a franchi la ligne en disant que le FN avait sa place dans la

 République », soutient Martine Aubry.Ses propos sont virulents : « Il a sa propre responsabilité dans l’échec de la France. Sa

 politique se termine comme elle a com-mencé. La droite se refuse à avoir un débat démocratique.» La première secrétaire

en a profité pour aborder un sujet sen-

sible dans ce quartier populaire, le chô-mage. «François Hollande va redresser notre pays et remettre la justice partout. Ni-colas Sarkozy n’est pas le candidat du vrai travail, mais celui du vrai chômage.»

Indispensablepour Matignon?Martine Aubry y croit plus que jamaiset voit déjà François Hollande prési-dent. Mais elle sait bien qu'il reste une

forte abstention potentielle, beaucoupd'indécis et de nombreux électeurs no-mades.Elle a donc répondu aux inquiétudesdes habitants. « L’objectif est de redresser économiquement notre pays, de redonner des moyens à l’Éducation nationale, unmeilleur accès aux soins mais aussi l’éga-lité des salaires. On attend un grand chan-

 gement pour la France et l’Europe. Fran-çois Hollande ne s’est pas contenté de 

 présent er un projet, il a annoncé son fi-nancement. Nous avons envie d’un pays apaisé où chacun trouve sa place. La

 France a besoin de François Hollande ! »,a-t-elle finalement clamé, convaincue.Vis-à-vis des électeurs, la première se-crétaire duPS aura été loyale de bouten bout avec le candidat PS. Elle a assuré

l’unité et la mobilisationdes troupes. Ja-mais une campagne présidentiellen'aura vu les socialistes aussi unis. Alorson se pose la question, Aubry serait-t-elleaussi indispensablepourMatignon?

 Jean-Pierre Allossery, maire d’Hazebrouck (à gauche) et Michel Gilloen, maire de Bailleul ( à droite)ont, comme Martine Aubry, milité pour le candidat François Hollande durant la présidentielle.

4La Pression Samedi 28 avril 2012

Comme un airde protestationLes Jeunes populaires attendaient depied ferme Martine Aubry. Tracts à lamain, Valentin Belleval, délégué des

 JeunesPopulaires de la 15ème circons-cription, a fait entendre sa voix: «Le PS 

 n’a pas le monopole en France, tout le monde n’est pas d’accord avec François  Hollande ». Calmes et blagueurs, les jeunes militants n’étaient pas dans laprovocation, mais promouvaient lescouleurs de l’UMP. « On veut seulement 

 montrer que le Nord n’est pas que PS.On joue le jeu de la démocratie », avoue,souriant, Valentin. Martine Aubry,bonne joueuse,n’a pas hésité à les sa-luer.

LE PRÉSIDENTSORTANT ESTSUR UN TERRAIN VASEUX.

 Valentin Belleval (au milieu) a mis en avant l'atout d'une allianceentre «la dynamique des jeunes et l'expérience» de ses aînésdurant cette campagne.

    ©    A   n   n   a    b   e    l    l   e    M   a   u   g     é

    ©    A   n   n   a    b   e    l    l   e    M   a   u   g     é

5/17/2018 La pression N°7 - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/la-pression-n7 5/16

Madame la ministre ?Martine Aubry peut-elle refuser un poste au gouvernement ? Dans le milieu politique lillois on n’exclut pas cette hypothèse caravec la règle du non-cumul des mandats, la première secrétaire du PS devra choisir entre la municipalité et un ministère.Quatre scénarios (au moins) se dessinent.ParManonRescan

Scénario n°1 :Elle démissionnede son poste de maireet reste conseillèremunicipale

C’est ce qu’impose la nouvelle règle duPS. François Hollande l’a rappelé sur France 2 jeudi soir:aucun ministre nepourra cumuler cette fonction avec unmandat exécutif local. MartineAubry

devrait alors démissionner et un nou-veau maire serait élu au sein du conseilmunicipal.Pour lui succéder, beaucoup s’accor-dent sur l’actuel premier adjointPierre de Saintignon qui a déjà large-ment suppléé MartineAubry ces der-niers mois. «Il a prouvé que ça tournait avec lui», note Michelle Demessine,adjointe communiste aux sports àLille. «Mais ça pourrait lui poser pro-blème puisqu’il brigue la présidence de la

 Régio n », précise le chef de l’opposi-tion municipale ChristianDecocq.Audrey Linkenheld, adjointe au loge-ment, souvent présentée comme sadauphine, ne peut briguer le poste.Elle serait empêchée «parce qu’elle se 

 présente aux légi slatives dans la 2 e  circons-

cription», rappelle Gilles Pargneaux,premier secrétaire fédéral de la fédéra-tion du Nord. Contacté par la rédac-tion, Pierrede Saintignon n’a pas sou-haité s’exprimer sur le sujet.Pour Martine Aubry, ce scénario estconfortable. Si M. De Saintignon estmaire, elle peut continuer à l’épau-ler: « elle restera la tête pensante de Lille»,assure YvesDu rand, maire deLomme. « Dans ces cas-là, l’ancien maire devient une sorte de maire virtuel. Aucune décision importante n’est prise sans son ac-cord», note Gil Desmoulins, maître deconférence en droit public à l’Institutd’études politiques de Rennes.Une situation que Gilles Pargneauxn’imagine cependant pas.Autre avantage : si elle devait quitter 

la fonction de ministre après un re-maniement, elle pourrait alors re-trouver son fauteuil de maire par lamême procédure qui a conduit àl’élection de son successeur.Seul risque pour la première secré-taire du PS: s’éloigner d’une villedont elle est devenue une figure em-

 blémati que. « C’est peut-être ce qui ferait qu’elle ne sera pas au gouvernement »,confie Gilles Pargneaux.

Scénario 2 :Elle refuse un poste deministre

Une hypothèse qui se dessine dans la

 bouche de nombreux politiqueslillois: « J’ai entendu dans son entourage qu’elle ne voulait pas entrer au gouverne-ment», affirme Michelle Demessine, encitant des proches de la première se-

crétaire du PS. Elle précise : « mais après tout, au départ, elle ne voulait pas non plus être candidate à la primaire socialiste…»Autre possibilité : Matignon ou rien.« Franchement, je ne la vois pas abandon-ner Lille pour le ministère de la culture. Elle ne partira que si elle est nommée Premier ministre», analyse Christian Decocq.Pour EricQuiquet, conseiller munici-pal, EELV, l’hypothèse du refus d’unministère est crédible « sauf si on lui pro-

 pose un poste intéressant : premier ministre ou ministre de la culture par exemple. »

Scénario 3 :Martine Aubry restemaire de Lille épauléepar son Premier adjoint

Un scénario assez inenvisageable. Onimagine mal la première secrétaire duPS enfreindre une règle qu’elle a lar-gement contribué à imposer au seindu parti, notamment au moment desuniversités d’été du PS à La Rochelle.C’est néanmoins ce que fait actuelle-ment AlainJuppé à Bordeaux. «Dans ce cas, le maire assure une simple fonctionde représentation, il est présent le week-end», explique Gil Desmoulin.

Les ministres-maires de grande villesont toujours suppléés par leur pre-mier adjoint. Si MartineAubry faisaitce choix, ChristianDecocq prometque l’opposition mettrait «le feu à lamaison en bloquant le travail municipal.»

Scénario 4 :Elle démissionnede la mairie etgarde la direction dela communauté urbaine

GillesPargneaux est ferme, selon lesnouvelles règles du PS, les ministresne pourront pas non plus garder 

leurs mandats exécutifs dans lesintercommunalités.Pour ChristianDecocq, il ne fait pasde doute que Michel-FrançoisDelan-noy, maire de Tourcoing et vice prési-dent de Lille Métropole CommunautéUrbaine, prendra la tête de la LMCUsi Martine Aubry doit changer defonction. «Mais parfois, certains minis-tres annoncent qu’ils quittent la mairie mais, stratégiquement, gardent l’inter-communalité», indique Gil Desmoulin.C’est ce qu’avait fait Jean-LouisBorloo en 2002. Nommé ministre dé-légué à la rénovation urbaine de Jean-Pierre Raffarin, il avait laissé son fau-teuil de maire de Valenciennes maisétait resté président de la commu-nauté d’agglomération de Valen-

ciennes Métropole. Quoiqu’il en soit,MartineAubry ne se détachera pascomplètement du Nord. Sauf énormesurprise.

PERSPECT IVES

5La Pression Samedi 28 avril 2012

Les autres maires “ministrables”concernés par le non-cumul à gauche

•Jean-Marc Ayrault, (pressenti au poste de Premier ministre) : Nantes

•Manuel Valls (Sécurité intérieure) :Evry

•François Rebsmanen (Sécurité intérieure) :Dij on

•Michel Sapin (Justice – Premier minsitre) : Argenton-sur-Creuse

•Jérôme Cahuzac (Economie ou budget) :Villeneuve-sur-Lot

•Vincent Feltesse (Logement) : Blanquefort (Gironde)

•Valérie Fourneyron (Sport) : Rouen

(D’après le gouvernement imaginé par Frédéric Martel auteur du

blog “Sarkozysme culturel”sur Lexpress.fr)

Martine Aubry, 2012 et après ?     ©

     F    a    n    e     t     t    e     H    o    u    r     t

5/17/2018 La pression N°7 - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/la-pression-n7 6/16

Quand

les partis fontleur B.A.Les vacances scolaires risquent d’aller de paire avec une hausse du taux d’abstention. Pour éviter de perdre des soutiens, les partis des deux finalistes ont mis en place un système simple de procuration.En quelques clics, un militant du parti s’occupe de tout.Par Barbara Schaal

Sarah David, 21 ans, aurait dû voter àson ancien domicile, à 200 kilomè-tres de chez elle. Plutôt que de se dé-placer, elle a choisi de déléguer sonvote. Mais comme elle n’avait plus ni

ami, ni famille sur place, elle s’est lancée à larecherche d’une alternative.En se rendant sur le site du PS, elle découvreque l’on peut donner sa voix à un militant duparti, votant dans la même commune. Ni uneni deux, elle décide de donner sa voix à unmilitant du PS, non seulement pour les deuxtours de la présidentielle, mais aussi pour lesélections législatives, à venir. « Tout est allé très vite, c’est très pratique », se réjouit la jeune

femme.Garder l’anonymatde son voteSarah David reconnaît toutefois s’être poséquelques questions avant de se lancer. « C’est vrai que je ne connais pas la personne qui a voté 

 pour moi. Nous avons simplement eu un contact  par téléphone. Mais comme j’étais sûre de vouloir voter François Hollande aux deux tours, je ne me 

 suis pas fait trop de soucis. Si j’avais eu la moindre hésitation, je me serais déplacée pour voter »

Des centainesde demandesCertaines personnes donnent procuration àleur parti de cœur car elles sont en déplace-ment ou ne peuvent pas se rendre au bureaude vote. Mais pourquoi ne pas se tourner vers

un ami ou un membre de la famille ? D’aprèsMonique Loosen, de la fédération Nord del’UMP, « Parfois les gens ne connaissent tout sim-

 plement perso nne. Mais il arrive aussi, qu’ils n’aient pas confiance dans le vote de leurs proches 

ou ne veuillent pas dévoiler leurs opinions poli-tiques ».Ce n’est pas la première fois que le Parti so-cialiste et l’UMP mettent un tel dispositif surpied. « Mais cette année, nous avons mieux com-muniqué là-dessus. Avec les vacances scolaires,c’était nécessaire », explique une militante à lafédération Nord du PS.À la fédération Nord de l’UMP, le téléphonen’arrête pas de sonner, « toujours pour des pro-curations, les gens s’y prennent à la dernière mi-nute », soupire Monique Loosen.D’après elle entre 500 et 600 personnes ontdonné leur voix à un militant de la fédération,pour chacun des deux tours. Même engoue-

ment à la fédération PS du Pas-de-Calais. Ici,plus de 800 procurations ont été enregistréespour le premier tour et 400 pour le deuxième.

« Mais on s’attend à avoir encore beaucoup d’ap- pels », explique une militante. Au Parti socia-liste, on reconnaît qu’il n’est pas aisé derépondre à toutes les demandes. « Malheureu-

 sement, on arrive à saturation. On n’a pas assez de militants pour répondre à toutes les demandes. Ona dû refuser beaucoup de monde, surtout à Lille » ,

explique la militante de la fédération duNord. Car c’est à Lille que la formule ren-contre le plus de succès : on évoque un chiffre4 000 demandes pour le premier tour, touspartis confondus.

 Jusqu’ici, quelle était la règleappliquée pour les maires en matière decumul des mandats ?Il n’y a pas d’interdiction. Jospin a lancé leprincipe du non-cumul de la fonction deministre avec un mandat exécutif local. Maissous Sarkozy, ça n’a pas été appliqué.En fait, la pertinence de la règle dépend de lataille de la collectivité. S’il est maire d’unecommune de 2 000 habitants,un

ministre peut garder son mandat municipal. Lacharge de travail est moins importante.C’est pour les collectivités les plus impor-tantes que c’est problématique (grandes villes,département, régions, conseils d’agglo). Au-

 jourd’hui, avec la décentralisation, c’est diffi-cile d’exercer ces fonctions de façon complèteet correcte en plus d’une fonction de ministre.

Comment s’en arrangentles ministres ?Ils s’appuient sur une équipe municipale pro-fessionnelle, une équipe administrative faitede hauts-fonctionnaires territoriaux. Du pointde vue de la gestion de la ville, cela ne posepas de problème. Cela pose surtout des ques-tions éthiques car le cumul des mandats n’estpas bien vu. Le moyen le plus légal de garderune place est de démissionner.

On procède alors à une nouvelle élection demaire au sein même du conseil municipal.Lenouveau ministre peut rester un conseiller. Mi-nistre, c’est une fonction“précaire”, qui peutne durer qu’un temps.Une fois qu’il quitte son ministère un ancienmaire peut le redevenir en se faisant élire ànouveau par son conseil.

 Y-a-t-il des moyens de garder unefonction exécutive malgré tout ?Ils peuvent garder la présidence de leur inter-communalité s’ils ont ce mandat. C’est straté-gique. Ça leur permet de soigner leur imageen ne cumulant pas, mais de garder un exécutif local.C’est ce qui s’est passé pour PhilippeDouste-Blazy [ resté président de la commu-

 nauté d’agglomération du Grand Toulouse alors 

qu’il était ministre de la santé en 2004 ] C’estaussi ce que pourrait faire Martine Aubry.C’est un cumul un peu déguisé et une manièrede se mettre en conformité sur le non-cumuldes mandats.

« Il existedes cumuls

déguisés »

Un simple récepissé permet

d’effectuer un vote par procuration.

DÉCRYPTAGE

6La Pression Samedi 28 avril 2012

LES GENSS’Y PRENNENT À LADERNIÈRE MINUTE

     ©

     P     h    o     t    o    m    o    n     t    a    g    e     B    a    r     b    a    r    a     S    c     h    a    a     l

Trois questions à...Gil Desmoulin, maître de conférence en

droit public à l’IEP de RennesParManonRescan

     ©     D     R

Gil Desmoulin.

5/17/2018 La pression N°7 - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/la-pression-n7 7/16

Le vote blanc en voit

de toutes les couleursLe vote blanc dans l’actualité à neuf jours du second tour de laprésidentielle.Marine Le Pen, la 3e femme du scrutin, devrait appelerle 1er mai à glisser un bulletin blanc dans l’urne. Boycottdes institutions pour les uns, vote contestataire pour les autres.Le vote blanc se vit tout en nuance.Par Audrey Radondy

On détourne l’usage du vote blanc au

 second tour », explique PierreCharet. « Ça n’a pas du tout la

même connotation » précise cet anciencadre du MoDem.Toujours proche des idées de son parti,Pierre Charet alias Pierre Jean Andréest aussi l’auteur d’ Election 2012 mode d’emploi  (éditions Arjo Production,2011). Le centriste a démissionné deses fonctions au sein du MoDem pour mener « une campagne pour la reconnais-

 sance du vote blanc ». Ses trois bonnesraisons : « redonner la voix au peuple, faire barrage aux extrêmes et sanctionner laclasse politique ».L’annonce imminente de la candidatefrontiste en faveur du vote blanc nel’enchante pas. « Je trouve opportuniste de 

 sa part de donner cette consigne de vote. Au premier tour elle s’était prononcée contre ».« Elle récupère les votes blancs, comme si c’était une fin politique, comme s’ils lui ap-

 partenaient ».

« Je suis un soldat, je sui- vrai les consignes de Ma-rine »Un revirement de situation sans expli-cation. « On a le droit de ne pas choisir »affirme Guy Cannie, secrétaire dépar-temental FN du Nord- Hainaut.Pour lui aucun doute, « Marine va appe-ler à voter blanc le 1er mai ». Le cadrefrontiste va suivre sans sourciller le mot

d’ordre de sa chef de file et fera lamême chose aux législatives. « Je suis un soldat, je suivrai les consignes de Ma-rine » s’exclame t-il.

Au premier tour, Pierre Charet a de-mandé à l’ensemble des habitants de sacommune de Puymaurin (31) de glis-ser dans l’urne un bulletin blanc. Il leur a envoyé une lettre à laquelle il a jointun papier blanc aux dimensions lé-gales. Résultat au soir du 22avril : sur 187votants, 28 ont voté blanc ou nulsoit 10,7%, « le meilleur score national »clame t-il. Au second tour, pas ques-tion de réitérer l’opération : « les gens fe-ront comme ils veulent ». Ce dernier se

 bat pour faire triompher le vote blancau premier tour, synonyme de fronde

contre les institutions et la classe poli-tique. Le centriste impute son insuccèsà la méconnaissance de la démarchepar les électeurs.Une difficulté saisie par le parti duVote blanc présidé par StéphaneGuyot. Derrière le slogan « Je vote blanc,

 j’existe !», le Parisien pur beurre a crééce parti en novembre2010. Objectif :porter à la présidentielle un candidatqui incarne l’insatisfaction des élec-teurs. Une démarche pour aller au-delà du simple lobbying associatif, quis’est révélée inefficace. Tout commel’abstention, « premier parti de France de-

 puis dix ans, qui n’a rien changé et qui es 

une grande supercherie ». Pour lui, pasquestion de laisser passer la présiden-tielle, véritable occasion pour poser undébat. Lui même avoue que cette ques-tion « est un marronnier des élections ».

La peur du blocage desinstitutionsLe deuxième objectif du parti est depousser les députés à se prononcer sur le sujet. Un but qui aurait pu être atteinten 2002. « Il y a eu beaucoup de proposi-tions de loi quand Jean-Marie Le Pen a ac-cédé au second tour. » E clair delucidité pour les députés qui y voient lemoyen de freiner l’engouement pour l’extrême droite. Rien n’en sortira.Ces vingt dernières années, une tren-taine de propositions de loi ont systé-matiquement été rejetées. « Les hommes 

 politiques ont peur que le vote blanc bloque 

les institutions », précise Stéphane Guyot.Dernière proposition en date, celle dudéputé UMP alsacien Jean-PhilippeMaurer, enregistrée à l’Assemblée na-tionale le 3 avril 2012 : « Certains de nos 

électeurs peuvent ne pas trouver d’intérêt àvoter pour l’un des candidats qui se présen-tent à leurs suffrages et feront le choix de dé-

 poser dans l’urne une enveloppe qui ne contient aucun bulletin ou qui contient un

 papier blanc. (…) Aussi convient-il de préve-

nir et d’organiser la reconnaissance du vote blanc aux élections, dans le souci de lutter contre l’abstention. C’est le sens de ma pro-

 position de loi. » Le président du parti duVote blanc est persuadé que rien ne va

aboutir.Aux détracteurs qui font rimer lâchetéet vote blanc, Pierre Charet précise :« C’est lâche si on ne comprend pas la fina-lité ». Une critique qu’il adresse à Ma-rine Le Pen, l’accusant de vouloir seprésenter comme un « sauveur de la

 France ».A l’inverse, Guy Cannie n’y voit enaucun cas un acte de lâcheté. « C’est une 

 position », précise t-il. Il imagine troisscénarios possibles pour le 6 mai : « ceux qui ont peur de la gauche et du Parti com-muniste voteront Nicolas Sarkozy, ceux qui en onttellement marredu chef de l’Etatchoi-

 siront François Hollande et les autres vote-ront blanc ». Le chevalier StéphaneGuyot sur son cheval blanc, a désor-mais pour cible les législatives.Il prévoit

une armée de près de cent candidatspour partir à l’assaut de toute la France.Dans sa ligne de mire : les échéances àvenir avant 2017.

S O U S E N V E L O P P E

7La Pression Samedi 28 avril 2012

« C’EST LÂCHE SION NE COMPRENDPAS LA FINALITÉ»

Histoire duistoire du VOTE BLANCOTE BLANC à lala PRÉSIDENTIELLERÉSIDENTIELLEsous laous la Ve RÉPUBLIQUERÉPUBLIQUE

1965

1969

1974974

1981

1988

1995995

2002

2007

2,7%

6,4%

1,3%

2,8%

3,6%

5,9%

5,3%

4,2%

1er tour2012: 1,9%

Source : www.france-politique.fr Pour chaque élection, les chires présentés sont ceux du second tour.

     ©    I   n     f   o   g   r   a   p    h     i   e    R   o   m   a     i   n    F   o   n   s   e   g   r     i   v   e   s

     ©    M   a   r     i   n   e    F   o   r   e   s    t     i   e   r

Le bulletin blanc a trouvé ses défenseurs avecle Parti du vote blanc (PVB)

5/17/2018 La pression N°7 - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/la-pression-n7 8/16

TÉMO IGNAGE

8La Pression Samedi 28 avril 2012

Miriam Santos a 40 ans.Elle est brésilienne.

Arrivée en France il y a vingt-deuxans, elle a suivi les pas de sa sœurainée.

Miriam a un diplôme d’infirmière,mais ne trouve aucun débouché. Ellese lance dans le secteur de la restaura-tion et finit par ouvrir son propre res-taurant. Le Chiquita Bacana.

Elle participe activement à la vie fran-çaise : « Je devrais pouvoir voter, je donne du travail aux gens ! ».

Miriam ouvrira son deuxième restau-rant début juin. Elle s’apprête àdemander la nationalité française. Lespapiers sont prêts.

André Adams a 35 ans.

Il est américain.Arrivé en France en Janvier 2009, ilfuit la crise économique et vients’installer avec sa femme et ses deuxenfants à Marcq-en-Barœul.

La politique française l’intéresse :« J’espérais que Ségolène Royal gagne en

 2007 ! ». Pourtant, il n’irait pas forcé-ment voter s’il en avait le droit. En toutcas pas aveuglément. À ses yeux, levote d’un étranger devient légitimelorsqu’il a vécu longtemps dans uneville. Lorsqu’il est intégré.

André ne se considère pas comme tel.Il souhaite avant tout convaincre safemme de rentrer en Californie.

«LAFRANCEC’EST CHEZMOI,LE BRÉSILN’EST PLUSQU’UNPAYSPOUR LESVACANCES.»

«IL EST DIFFICILE DEDÉFINIRUN ÉTRANGER…QUELQU’UNCOMMEMOI.»

L’isoloir contrel’isolement

     ©     P     h    o     t    o    s     E     l    e    n    a     F    u    s    c    o

5/17/2018 La pression N°7 - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/la-pression-n7 9/16

TÉMO IGNAGE

9La Pression Samedi 28 avril 2012

Abdul Khaliq a 53 ans.

Il est pakistanais.Arrivé en France en 1979, il a com-mencé à travailler comme cuisinierquelques années plus tard dans un res-taurant libanais.

Il ne sort pas beaucoup, il regarde ra-rement la télé. La politique ? Ce sontsurtout ses enfants qui lui en parlent.Abdul pense demander la nationalitéfrançaise. Il est en train de préparer undossier.

« Je fais tout comme les Français, je vis comme les Français, je paie tout comme les 

 Français.»

Abdul n’a pas le droit de vote.

Keita Fatoumata a 38 ans.

Elle est guinéenne.Arrivée en France il y a quatorzeans,elle est venue retrouver son mari.Elle vit à Roubaix depuis 2000.

« Je ne connais pas la vie politique fran-çaise », dit-elle.

Même si elle ne se sent pas Française,la France est un peu son pays. Ses cinq enfants ont la double nationalité.

Miriam souhaite qu’ils fassent leursétudes en France. Ensuite, elle rentreraen Guinée avec son mari.

Elle sourit.« Ils viendront me visiter souvent. »

«LE PRÉSIDENT FRANÇAIS,C’EST NOTRE PRÉSIDENT AUSSI !»

«ÇANEME DÉRANGE PAS DENEPASCHOISIRMONMAIRE.»

Le droit de vote pour les étrangers revient sur le devant de la scène. Les deux candidats s’opposent frontalement sur un sujetqui divise depuis trente ans. François Hollande souhaite permettre aux immigrés de voter aux municipales après cinq ans deprésence sur le territoire. Nicolas Sarkozy ne veut plus en entendre parler, et revient sur sa promesse faite en 2007.Les étrangers, qu’ils soient brésiliens, guinéens, américains ou pakistanais, donnent leur avis.ParElena Fusco et Lucas Roxo

5/17/2018 La pression N°7 - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/la-pression-n7 10/16

Nord-Pas de Calais :

la marée noiredu chomâgeBilan du chômage sur le quinquennat de Nicolas Sarkozy : 747 000 demandeurs d’emploi supplémentaires, soit une hausse de35%. Une tendance confirmée au mois de mars au niveau national, et encore plus prégnante dans le Nord-Pas-de-Calais, avecune hausse de 5,4 % en un an.Par LauraPlacide

EMPLO I

1 0La Pression Samedi 28 avril 2012

E

t de onze ! Pour le onzièmemois consécutif, le chô-mage est en augmentationen France. Les chiffres sont

tombés hier : +0,6% aumois de mars 2012. On est loin de lapromesse faite par Nicolas Sarkozyen 2007, «5 % de chômeurs à la fin de mon quinquennat. » L’UMP peut bienconsidérer que la crise est passée parlà, la situation sur le front de l’emploin’est guère brillante. À l’annonce deschiffres, le ministre du Travail, XavierBertrand a estimé que les socialistesn’avaient pas de « recette miracle» dansce domaine. Il cite en exemple leNord-Pas de Calais, « deuxième régionde France par le chômage et où [les socia-listes] dirigent quasiment tout ». Unefaçon de tacler le candidat Hollande.L’excuse ne parle guère aux Nordistesdans une région, où les chiffres dé-passent la moyenne nationale. «Il est 

 gonflé le ministre du Travail de critiquer les socialistes, alors que lui et son entou-rage mènent une politique de précarité et d’exclusion depuis leur accession au pou-voir», réagit Serge Havet, présidentnational de l’association Agir ensem- ble contre le chômage.

 Voter massivementcontre Nicolas SarkozyCréée en 1993, AC contre le chômagelance aujourd’hui un appel régional àvoter contre Nicolas Sarkozy. « Les chô-meurs, les précaires, les handicapés, les 

 jeunes… Tous les exclus doivent se mobili- ser et voter massivement contre le président  sortant. On ne peut plus supporter cette po-litique!», s’exclame M. Havet, au bordde l’explosion. Même si les chiffres ne

sont pas bons, chez nos voisins, ilssont encore plus mauvais. Le nombrede demandeurs d’emplois en Espagneatteint un niveau record avec 5,7 mil-lions de chômeurs, soit 24,4% de lapopulation active. Avec la crise, le chô-mage est en augmentation dans la plu-part des pays européens.Un François Hollande président ferait-il mieux ? Pour Serge Havet, rien dechangera vraiment mais «la situationactuelle est invivable, on ne peut que faire 

autrement.» Mensonges, inutilité,oubli, amitié avec le patronat… Cesmots reviennent dans la bouche detous les chômeurs rencontrés dans lesdifférents Pôle emploi de Lille.

«Ma situation a modifiémon vote»Mère célibataire de 45 ans, au chô-mage depuis un peu plus d’un an, Ré-gine semble résignée. «C’est une galère 

 sans nom et j’ai l’impression que je ne m’en sortirai pas. » Interrogée sur un change-ment de président, elle répond qu’ellene connaît pas « le programme en matière d’emploi de François Hollande mais ça ne 

 peut pas être pire que ce qui s’est passé de- puis cinq ans. » Électrice de droite de-puis toujours, cette année, elle a dé-posé un bulletin socialiste dans l’urne,une façon pour elle d’exprimer sonras-le-bol.Alexandre, lui aussi est désabusé. À26 ans, il fait partie de ces jeunessans diplôme comme on en trouvetant dans le Nord. En 2007, il avaitvoté pour Ségolène Royal. Cetteannée, il a décidé de bouder les urnesau premier comme au second tour.«Ça ne sert à rien. Ce sont tous les 

mêmes. Ils ne se préoccupent pas de nous. En plus de m’avoir fait perdre m on em- ploi, ils o nt réussi à me dégouter de la po-litique.»

Un sentiment d’abandonDans le Nord-Pas de Calais, les jeunessont très touchés par le chômage, plusencore que la moyenne nationale. Ilsconstituent 18% des demandeursd’emploi de la région, le taux le plusélevé de France.A l’UMP, Xavier Bertrand se consolecomme il peut. Il note que la onzièmehausse consécutive du nombre de chô-meurs est «la plus faible». Et de pro-

mettre «une stabilisation du chômage.»Des paroles qui ne convainquent pasSami, un chômeur de 30 ans, rencon-

tré au Pôle emploi de Lille Fives. Depère algérien, il a voté Marine Le Pencette année, pour «envoyer un message 

 fort. » Complètement en désaccordavec les idées de la candidate frontiste,il a senti qu’il n’avait pas le choix «pour 

 [se] faire entendre. »Le 6 mai, il choisira François Hol-lande car il en a assez «des mensonges de Nicolas Sarkozy, qui ne s’intéresse pas ànous. »

Mais peu importe le futur président,Sami se voit toujours au chômagedans un an.

«CE SONTTOUSLES MÊMES.ILS NE SE

PRÉOCCUPENT PASDE NOUS»

Arras

Lille

Lee CHÔMAGEHÔMAGE dans leans le NORD-PAS-DE-CALAISORD-PAS-DE-CALAIS

12,7%de chômeurs * 

320 600 inscrits

à Pôleemploi

18% des moins de25 ans au chômage

10%

Moyenne nationale

*Ce chirene prendencomptequelescatégoriesA,B,etC.

     ©

     I    n     f    o    g    r    a    p     h     i    e     R    o    m    a     i    n     F    o    n    s    e    g    r     i    v    e    s

     ©

     F     l     i    c     k     R

     /     J    u     l     i    e    n

5/17/2018 La pression N°7 - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/la-pression-n7 11/16

ÉDUCATIONFrançois Hollande propose decréer 60000 postes dans l’édu-cation nationale sur le quin-quennat : un chiffre inférieurau nombre de postes suppri-més depuis 2007 par NicolasSarkozy.Martin David-Brochen : Les 60000postes, c’est symbolique. Et leur coûtest équivalent à celui du bouclier fis-

cal de Sarkozy…Antoine Sillani: Le PS ne marcheque dans le symbolique. Sarkozy estplus concret: il propose aux ensei-gnants de donner 26 heures de courspar semaine, contre 18 actuellement.M.D.-B. : Travailler 45% de temps enplus pour être payé seulement 25% deplus, c’est injuste !A.S. : Cela représente quand même500 euros en plus : ils seront bienutiles aux professeurs.

François Hollande propose derétablir l’année de formationpratique en alternance desprofesseurs, supprimée parNicolas Sarkozy.M.D.-B.: L’UMP considère l’ensei-

gnement comme un don divin !A.S. : Ce thème continue de faire

débat au sein de l’UMP: nous pen-sons en tout cas qu’il faut plus dediscipline et de psychologie danscette formation.

IMMIGRATIONNicolas Sarkozy propose de di-

 viser par deux l’immigrationlégale. Pourtant, selon uneétude réalisée en 2009 sous ladirection du Pr. Xavier Choj-nicki, les immigrés rappor-tent plus que ce qu’ils nouscoûtent.

A.S. : On peut contester les résultats detelles études. Quoiqu’il en soit, l’immi-gration n’est pas qu’un problème éco-

nomique: la machine à intégrer nefonctionne plus en France.

M.D.-B. : Non, le repli identitaire n’estpas généralisé : nous avons le taux demariage mixte le plus élevé en Europe.Nous devons accueillir les immigréssur des critères objectifs: temps de pré-sence sur le territoire, travail, enfantsscolarisés…

A.S. : Il faut aussi que les immigrés sesentent français, et adoptent la cultureet la langue française.M.D.-B. : Cela n’est pas nécessairepour les immigrés qui ne demandentpas la nationalité française. On peut

 bien aller étudier en Angleterre sans sesentir Anglais !

LE DROIT DE VOTE DESETRANGERSFrançois Hollande souhaiteque les étrangers puissent

 voter aux élections locales.A.S. : Cette proposition va encourager le communautarisme et pourrait nousmener à la guerre civile.M.D.-B. : Pourquoi Nicolas Sarkozyavait-il alors déclaré en 2005 ne pas y

être opposé ?A.S. : Il a changé d’avis: depuis, il a

pris connaissance de problématiquesqu’il ne connaissait pas

CROISSANCEFrançois Hollande souhaite re-négocier le pacte budgétaireconclu par Nicolas Sarkozy et

 Angela Merkel, afin d’y ajou-ter des mesures de crois-sance.M.D.-B. : Il n’y aura pas de redresse-ment économique sans croissance: ilfaut par exemple renégocier le statut dela Banque centrale européenne ou ins-taurer une taxe sur les transactions fi-nancières pour financer des grands in-vestissements européens. MarioDraghi,le présidentde la BCE, nous a d’ailleursrejoint sur la nécessité d’ajouter un voletde croissance au traité.A.S. : Nous sommes d’accord sur lefait qu’il faille relancer la croissance,mais pas sur les moyens de le faire. Onne peut pas dépenser l’argent qu’on apas, sous peine de finir comme laGrèce. Pour recréer de l’emploi, il faut

 baisser les charges patronales, et nonpas créer de nouvelles dépenses.

DÉBAT

Entre-deux-tours :

place aux jeunes Antoine Sillani et MartinDavid-Brochen marchentdans les traces de leursaînés. Respectivementresponsable adjoint des Jeunes pop’ du Nord (UMP)et animateur nordiste duMouvement des jeunessocialistes (MJS), ils ontprofité d’un débat organisé jeudi à l’ESJ Lille pourdéfendre les propositions deNicolas Sarkozy et deFrançois Hollande.ParMaximeVaudano

Les deux jeunes intervenants ont débattu pendant une heure.

1 1La Pression Samedi 28 avril 2012

L’IMMIGRA-TION N’EST PASUN PROBLÈMEÉCONOMIQUE

     ©     M   a   r     i   n   e     F   o   r   e   s    t     i   e   r

     ©     M   a   r     i   n   e     F   o   r   e   s    t     i   e   r

     ©     M   a   r     i   n   e     F   o   r   e   s    t     i   e   r

Martin David-Brochen. Antoine Sillani.

5/17/2018 La pression N°7 - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/la-pression-n7 12/16

PORTRA I T

Nicolas Reynès, trop

extrême pour le FN ?Le jeune responsable des Jeunessesfrontistes et candidat aux législativesNicolas Reynès vient d’être suspendu parsa hiérarchie. En cause, les lienssupposés du jeune homme avec un siteau contenu porno-eugéniste et raciste. LeFront national, en quête de respectabilité,fait le ménage dans ses rangs.ParLénaïgLeMouël

Au FN, on ne flirte pas avec le scandale.

Nicolas Reynès, 21 ans, candidat FN duNord aux législatives et responsable duFNJ, l’a appris à ses dépens. Au cœurd’une polémique, il vient d’être sus-

pendu par sa hiérarchie.À l’originede la controverse, le blog d’extrêmegauche,Lutte en Nord. Mi-avril, ce site a accusé le jeune fron-tiste de régulièrement promouvoir sur sa pageFacebook des photos issues du site Les Elégances. Lehic, c’est l’idéologie du site en question, aujourd’huifermé.Galeries de photos de jeunes femmesblondesetrousses censées illustrer la pureté de la race blanche,articles à la gloire du IIIe Reich ou encore représenta-tion héroïque du tueur norvégien Anders Breivik.Entre racisme, nazisme et porno-eugénisme, la direc-tion régionale du Front national n’a pas apprécié.Le jeune homme de 21 ans, d’apparence réservée,presque timide, se défend cependant vigoureusementde toute volonté de provocation, mais reconnaît une

« imprudence » : «Je n'ai fait que partager des goûts artis-tiques et esthétiques, et j’ai eu la naïveté de croire qu'on ne me reprocherait jamais le reste du contenu.» Bien que«certain» de ne pas être exclu du parti, le jeunehomme se montre en revanche moins confiant sur laquestion du maintien de sa candidature : «De ce que 

 je sais aujourd'hui, c'est plutôt mort. » Il est à ce jour enattente d’une convocation devant les instances duparti pour s’expliquer sur les faits qu’on lui reproche.

« Le FN, c’est chouette»Côté pile, Nicolas est un étudiant ordinaire : enmaster de philosophie à Lille III, il dort en Cité U,est féru de littérature grecque antique et de pop-rock. Côté face, il est responsable des Jeunessesfrontistes, conseiller de quartier à Villeneuved’Ascq et candidat du Front national aux législa-tives de juin prochain.Avec un père routier, trotskiste de la première heure,

et une mère assistante juridique rangée du côté dumitterrandisme, rien ne présageait de l’engagementde Nicolas Reynès pour l’extrême-droite. Il s’inté-resse pourtant aux idées du FN dès l’âge de 14 ans,trouve que « c'est plutôt chouette ». Il n’avait que 11 ansen 2002, lorsque Le Pen s’est retrouvé au secondtour de l’élection présidentielle. « Trop jeune pour com-

 prendre », il se souvient néanmoins « des profs qui pre-naient les élèves par la main pour les emmener aux ma-nifs ». « C'était délirant », juge-t-il avec le recul.C’est “naturellement” qu’il prend sa carte au Frontnational à sa majorité en 2009, en pleine campagnepour les élections européennes. Éric Dillies, secré-taire départemental du FN, qui perçoit en lui beau-coup de détermination, lui confie les rênes du FN jeunes Nord-Pas-de-Calais. Le moteur de cet enga-gement politique précoce? La défense des classes dé-favorisées et la déception des politiques de gauche.« Mes parents ont toujours pensé, à tort, que la gauche amé-

liorerait le sort des gens modestes.»Le père de Nicolas, d’abord inquiet, a ensuite rapi-dement soutenu son fils. Le jeune homme se targued’avoir réussi à faire virer sa famille de bord: «J’ai ouvert la voie, ma famille a suivi. Désormais, mes parents 

Le responsable du FN Jeunes vient d’être suspendude ses fonctions par la direction régionale du parti.

1 2La Pression Samedi 28 avril 2012

votent FN. » Ses idées politiques lui valent des alter-

cations régulières avec les autres étudiants de la facde Lille III, «une université à l’esprit très baba-cool de  gauche ». « Le collage d’affiches, c’était comme un viol de 

leur territoire. J’ai reçu des appels masqués la nuit, des mes- sages d’intimidation, je me suis déjà fait rouer de coups »,raconte-t-il d’un air détaché.Mais ce genre d’expédition punitive ne semble pasimpressionner ce militant déterminé, pas plus que lesnombreuses insultes et menaces qui fleurissent auquotidien sur sa page Facebook: « La seule humiliation

 possible serait qu’on me retire mon investiture », déclare-

t-il. Quelle que soit l’issue de l’affaire, le jeune mili-tant est catégorique: ses convictions politiques « ne changeront pas d’un iota, c’est clair». Pour lui, les idéesde Marine Le Pen ont de l’avenir: «Ce n’est pas radi-cal, c’est juste du bon sens! » D’ailleurs, le score du FN

(17,9%), qui a fait bondir plus d’un politologue le

soir du premier tour, n’était pas une surprise pour lui.Alors que les sondages pronostiquaient un Frontnational dépassé, relégué derrière un Mélenchon élo-quent et enflammé, il a toujours cru à la troisièmeplace frontiste.

«Hollande, ce Sarkozy de gaucheélu au rabais»À quelques jours du second tour, il espère une dé- bâcle mémorable dans le camp Sarkozy, qui feraitselon lui imploser l’UMP et laisserait la place à unedroite nouvelle, organisée autour du Front national.«Il faut que Sarkozy fasse le pire score possible pour que ladroite soit complètement déboussolée. À force de miser sur un cheval toujours perdant, les électeurs UMP finiront par 

 passer à autre chose. » La France bleue Marine, il ycroit dur comme fer. François Holande, ce «Sarkozy de gauche », ne sera élu que “par défaut”. Et selon lui,cette victoire au rabais instaurera le cadre idéal au

développement des idées populistes et d'extrêmedroite durant le prochain quinquennat. «Le remède que la gauche prépare pour la France va tout empirer , pré-dit-il. Et c’est pourquoi Marine a toutes les chances de l’emporter en 2017 ».

IL FAUT QUE SARKOZY

FASSE LE PIRE

SCORE POSSIBLE

      ©

      N      i    c    o      l    a    s      R    e    y    n      è    s

5/17/2018 La pression N°7 - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/la-pression-n7 13/16

PORTRA I T

Le fantasme

du « vote musulman »L’article de l’hebdomadaire Marianne paru le 20 avril et selon lequel des responsables musulmans avaient appelé à voter pourFrançois Hollande, relance le débat sur le vote communautaire. À Lille, les fidèles accusent les politiques de vouloir simplifier

le débat et de stigmatiser encore une fois une population en évoquant “un vote musulman”.Par Zoé Leroy

Des gouttes fines tombaient hier après midi sur lamosquée El-Imane de Lille Sud. Il est 13h58 et 2000fidèles s’apprêtent à entamer leur troisième prièrede la journée. Ici, 20% d’entre eux ne peuvent pasvoter car ils ne possèdent pas la nationalité fran-çaise. Mais cela ne les empêche pas d’avoir suivi lacampagne présidentielle très scrupuleusement.« C’est la moindre des choses, on est l’un de leurs sujets 

 préférés » concède ironiquement Medhi, un pratiquant.« Je juge cette cam-

 pagne comme, je pense, pas mal de Français. C’est-à-dire à dix mille lieux de nos  préoccupations. Une campagne où on débat sur la viande hallal ? J’ai cru à unmoment qu’on élisait un boucher », rigole avec ses amis, Sofiane, devant lamosquée.

Ni d’appel au vote, ni de candidat favoriSur place, deux idées ressortent clairement. Premièrement, non il n’y apas d’appel à voter pour qui que se soit. « Jamais, jamais, jamais on nous a désigné quelqu’un. On nous a invités à aller aux urnes mais aucun nom n’aété cité, ni même sous entendu. Puis même si c’était le cas, on n’est pas des mou-tons ! » clame Mohammed. Et deuxièmement non, il n’existe pas dansla communauté religieuse un consensus autour d’un candidat. «Mes amis fidèles sont de tous les bords politiques, il n’y a pas de vote musulman aumême titre qu’il n’y a pas de vote français», ajoute le Lillois.Par exemple pour Walid ce sera Hollande. « Sarkozy a balayé cinquante ans de gaullisme, avec des discours simplistes et stigmatisants, c’est la porte ou-verte à la haine et au racisme. Même si tout ce qu’il fait est stratégique pour être élu, comment reconstruire un pays après ça ? », questionne Walid en s’em-portant. Alors que pour Medhi, étudiant en physique, se sera Sarkozy

car « avec Hollande ce sera pire ». « On est pas une entité indivisible et uniforme,on essaie parfois de nous toucher avec certain sujet comme le vote des étrangers,nous sommes globalement pour, mais comme tous les Français, ce n’est pas notre 

 principale préoccupation », ajoute Medhi.

Un vote « aligné sur les moyennes nationales»Sur un vote qui serait traditionnellement à gauche chez les musulmans,Rachid Lamaarti, chargé de dialogue interculturel à la mosquée deLille, nuance et donne ses explications. « Par le passé, on a pu constater unvote à gauche, mais aujourd’hui les fidèles commencent à se répartir et à s’ali-

 gner sur les moyennes nationales. C’est davantage un diagramme sociologique que religieux. La gauche a fait l’erreur de penser qu’il s’agissait d’un électorat 

acquis. Aujourd’hui, il y a même une minorité es-timée à 2% qui vote Marine Le Pen. »Le fidèle, tout comme Yamina Sedjerari, re-présentante de l’association musulmane d’en-traide et de solidarité à Roubaix, dément l’ap-pel aux 600 mosquées de France d’aller voter François Hollande. « Il s’agit encore une fois 

d’une polémique inutile, on nous stigmatise pour racoler des voix. On vote pour nos idées comme tout citoyen français », dit Yasmina. Pour Rachid

Lamaarti, c’est « une intox ». Ce dernier souhaite voir tous les tamponssur les cartes électorales. « Il ne doit manquer aucune voix de la part des fi-dèles, ne pas voter c’est être défaillant au titre de l’éthique civique et religieuse.

 Mais un appel au vote pour un candidat, non. On encourage les jeunes à réf lé-chir pour désigner un candidat le plus proche de leurs idées. »L’hebdomadaire Marianne affirmait que « c’est un réseau de quelques 700 mosquées qui devrait se mobiliser en faveur du candidat socialiste. » La polé-mique a ensuite enflé suite aux déclarations sur TF1 mercredi puis sur France Inter jeudi du président candidat. Il affirmait queTariq Ramadan, intellectuel suisse controversé, s’était prononcé pour un vote en faveur de François Hollande. Ce que dément formellementl’intéressé. « Jamais de ma vie, je n’ai appelé à voter François Hollande. Je ne 

 suis pas français, je n’ai pas donné de consigne de vote (…) J’ai simplement ap- pelé les citoyens français, de confession musulmane ou autre, à voter enconscience et à faire le bilan de la politique de Nicolas Sarkozy, qui est très mau-vais » déclarait-il à l’AFP.

Vincent Geisser, chercheur au CNRS, dans une interview au Monde ex-pliquait qu’il n’existait aucun lien entre l’appartenance religieuse et levote. « Sur le plan statistique, toutes les études sérieuses ont montré qu'il n'exis-tait pas d'électorat ou de vote musulman », déclarait-il au quotidien.

ONVOTE POURNOS IDÉESCOMME TOUTCITOYENFRANÇAIS

4La Pression de mars Mercredi 10 mars 2010

Rachid Lamaarti contredit l’idée que les musulmans votenttraditionnellement à gauche.

     ©

     Z    o     é     L    e    r    o   y

Le minaret de la mosquée de Paris.

     ©

     J    o     h   n     A     l    t     h    o   u    s    e     C    o     h    e   n     /     F     l     i    c     k    r     /     C     C

5/17/2018 La pression N°7 - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/la-pression-n7 14/16

Lors de la campagne de 1995, lesGuignols de l’Info l’avaient rendusympathique et attachant. Le«Chi», alias Jacques Chirac, étaitprésenté sous les traits d’un candi-

dat guévariste, répétant jusqu’à plus soif son

slogan «Mangez des pommes» . Ilse dit que dansson duel fratricide avec Edouard Balladur, samarionnette lui aurait donné un sérieux coupde pouce pour arriver jusqu’à l’Elysée. «En 95,les Guignols de l’info jouaient un rôle considérable et exerçait une grande influence sur les téléspecta-teurs mais aussi dans toutes les rédactions», ana-

lyse Yves Derai, auteur de l’ouvrage Le pou-voir des guignols  publié en 1998. «Les auteurs [Benoit Delepine, Bruno Gaccio et Jean-

François Halin] avaient choisi leur camp. Ils dé-testaientBalladuret donc soutenaient Chirac. Lui,quiétaitperçucomme un homme duret cassant, le “bulldozer” devenait un type sympathique et mar-rant». Yves Derai et Laurent Guez voient unlien entre le succès électoral de Jacques Chi-rac auprès des jeunes en 1995 et la popularitéde l’émission satirique de Canal plus.Autre temps, autres mœurs, dix-sept ans plus

tard, les Guignols n’ont plus le même impact.« Aujourd’hui, de tels grands rendez-vous n’existent 

 plus. Mise à part peut-être Canteloup sur Europe 1le matin [3 124 000 auditeurs en 2012]. Maisil 

 semble beaucoup moins politisé. Son but n’est pas militant mais de faire marrer les gens».

Pour Bertrand Thiriet, dessinateur de presseindépendant, les humoristes n’influencentpasle public, et particulièrement dans la presseécrite. «Des journalistes comme Plantu [leMonde] ou Charb [Charlie Hebdo] sont lus par ceux quipartagent déjà leurs pointsde vue. Un des-

 sin de presse est éphémère, on le regarde et dans l’heure d’après, on l’oublie. Un croquis politique au jour le jour ne change pas grand chose».

« Dérision généralisée »Aujourd’hui, caricatures et postiches fleuris-sent dans les médias. Inévitablement ellessont aussitôt reprisesen boucle sur les réseauxsociaux. Cette prolifération de la vanne poli-tique n’est pas du goût de tout le monde.François L’Yvonnet, professeur de philoso-phie et éditeur auxéditions de l’Herne et chezAlbin Michel, publie un pamphlet intitulé

 Homo comicus, ou l’intégrisme de la rigolade . Ils’insurge de la « dérision généralisée ». Dans uneinterview pour Le Monde, il déclare que «les humoristes sont devenues l’une desfacettesdu pou-voir. Leur positionnement relève à la fois de la sa-tire, de l’humour, du divertissement et de la chro-nique journalistique (…) Lorsqu’on y regarde de 

 plus près, on s’aperçoit qu’ils ne nous apprennent rien».

HUMOUR  

Les humoristes ont-ils une influence sur les électeurs ? En 1995, l’ascension de Jacques Chiraca été facilitée par sa marionnette des Guignols. Aujourd’hui la donne a changé.Par Géraldine Ruiz

1 4La Pression Samedi 28 avril 2012

LES HUMORISTESSONT DEVENUSUNE FACETTEDU POUVOIR

Pistes de lecture, dessinées et politisées

G Quai d’Orsay, chroniques diplomatiques , de Christophe Blain et Abdel Lanzac aux éditions Dargaud

G Ségo, F  ra nç oi s, pa pa et mo i , d’Oliv ier Faure aux éditions Hachette.

G Soigne ta gauche , de Jean-Yv es Duhoo collection Carrément ! aux éditions du seuil

G Objectif Elysée, de Guy Birenbaum et Samuel Roberts, collection Carré ment ! aux éditions du Seuil

G  La fa ce ka rc hé e de Sar ko z y , de Philippe Cohen, Richard Malka et Riss, éditions Fayard

Gagnera bien qui rira le dernier

   ©    D

   R

   ©    D

   R

5/17/2018 La pression N°7 - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/la-pression-n7 15/16

Sous la Vème République, la plaisanterieest une arme à manier avec d’infinies pré-cautions. Et c’est pour faire mentir sa ré-putation de “Monsieur petites blagues”,que François Hollande a pris deux enga-

gements avant de se lancer dans la campagne pré-sidentielle : perdre dupoids et cesser les bonsmots. «On a tendance àconsidérer que ceux qui font de l’humour manquent de 

 sérieux. Il faut trouver le  juste milieu» , affirme Ber-trand Thiriet, dessinateur depresse indépendant. «L’esprit 

 peut porter préjudice à celui qui en fait trop comme à celui qui n’en fait pas assez. Mais si onmet côte à côte Poutine et Obama, franchement on a plus de sympathie pour Obama. Etre drôle prouve que l’individu est assez à l’aise dans ses baskets pour oser plaisanter».Le quinquennat sarkoziste n’aura pas franchementété marqué par la rigolade. Et même si le climatactuel ne prête pas forcément à rire, un soupçond’humour en politique ne peut pas faire de mal juge le journaliste et écrivain Yves Derai. «Quand on voit Sarkozy qui ne crée aucune empathie, on peut 

 penser qu’après son quinquennat, les gens peuvent ap- précier un peu d’humour et d’autodérision. Tous l es  grands présidents ont fait preuve d’esprit. Comme Mit-terrand avec ses petites vannes au troisième degré. Der-nièrement, François Hollande lors d’un débat face à

 François Copé [UMP] a pris l’avantage après une ré- partie bien placée. Et ça, ce n’est pas négligeable».L’humour n’est pas ce qui caractérise le plus la

classe politique fran-çaise. Bertrand Thiriet,dessinateur de presse,ne trouve pas nos élusdrôles mais risibles. « Je ne dois pas partager leur 

 sens de l’humour. On dé-

crit souvent François Hol-lande comme quelqu’unde drôle. Certes, il a de larépartie. Mais je ne pense 

 pas qu’ils soient nombreux dans ce cas. Quand je vois certains politiques se réjouir de leurs blagues, j’ai sou-vent du mal à les comprendre. Ils sont déjà des carica-tures d’eux-mêmes et nous on rame comme des malheu-reux pour trouver un angle différent ». La professiondes humoristes et des caricaturistes crient à laconcurrence déloyale. «Je suis d’accord avec monconfrère Charb lorsqu’il soutient que « les hommes poli-tiques vont finir par nous foutre au chômage.»

1 5La Pression Samedi 28 avril 2012

HUMEUR  

Le rire en rase campagne

Top 5 du prix de l’humour politique

Prix créé en 1988 par le Club de l’humour politique et repris à partirde 2002 par le Press Club de France, il récompense l’humour deshommes et des femmes politiques sous toutes ses formes. « LaPression » a réalisé son classement du LOLN°1 : Nicolas Sarkozy : « Mourir, c’est pas facile ». Il y en a qui ont

essayé, ils ont eu des problèmes…N°2 : Nadine Morano fait un cours de sciences : « Je suissarkozyste jusqu’au bout des globules ». Voilà une déclaration qui

n’est pas tombée sur l’orteil d’un sourd.N°3 : Valéry Giscard d’Estaing, sur le référendum pour laConstitution européenne en 2005 : « C’est une bonne idée d’avoirchoisi le référendum, à condition que la réponse soit oui ». Il fautvoter oui, c’est ton d’Estaing !N°4 : Hervé de Charrette : « Ce n’est pas parce que nous sommesun parti charnière qu’il faut nous prendre pour des gonds ».Charrette ne voulait pas être la cinquième roue du carrosse.N°5 : Laurent Fabius tacle Ségolène Royal en 2006 : « Je préfèredire voici mon projet, que mon projet c’est Voici ». Pour lesprimaires, Fabius ne voulait pas que ce soit Elle. Nicolas Raffin

La présidentielle de 2012 a été dure et pas franchement drôle.Même François Hollande, réputé pour son sens de la répartie, abridé ses penchants comiques. Ca fait pas très sérieux l’humouren politique.Par Géraldine Ruiz

LES HOMMES POLI-TIQUES VONT FINIR

PAR NOUS FOUTRE AU

CHÔMAGE

5/17/2018 La pression N°7 - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/la-pression-n7 16/16

T H È M E D E C A M P A G N E

Deux candidats,

deux visions de l’EuropeLa question de l’Europe prend de l’ampleur dans le débat de l’entre-deux tours. François Hollandeet Nicolas Sarkozy évoquent plus clairement leurs visions de l’UE à l’approche du 6 mai.Par NicolasRichaudet ElenaFusco

Le combat d’idées Sarkozy/Hollandese poursuit au-delà des frontières del’Hexagone. L’affrontement sur lessolutions pour l’avenir de l’Europe ar-rive tard dans le débat. Pour François

Foret, spécialiste de la politique de l’Union eu-ropéenne, rien d’illogique: «L’Europe est un sujet mineur, ce n’est pas là dessus que se gagne la prési-dentielle française, qui s’apparente à une confronta-tion de personne à personne».Un thème européen fort se dégage pour chaquecandidat: l’immigration pour Nicolas Sarkozy,l’économie pour François Hollande.

Pour ce professeur à l’université libre deBruxelles, «François Hollande est parti avec un dis-cours plus eurosceptique pour finalement évoluer vers un discours en faveur d’une UE plus solidaire. Alors que Nicolas Sarkozy a fait la démarche opposée.»

«Une Europe passoire»selon Sarkozy«Les Français ne veulent plus d’une Europe passoire.C’est ce que j’ai entendu. Si l’Europe ne peut pas dé-

 fendre ses frontières, la France le fera », a affirméNicolas Sarkozy au lendemain du premier tour.Mercredi, Claude Guéant a enfoncé le clou.Selon lui, les accords de Schengen doivent êtrerévisés. Le ministre de l’Intérieur souhaite qu’ilsoit possible de «sanctionner, suspendre, ou exclure un État défaillant, c’est-à-dire un pays qui ne parvient 

 pas à maîtriser son flux d’immigration».Tenant de ladroite dure, Claude Guéant va même plus loin.

Il proclame que la France sortira des accords deSchengen si «aucun progrès n’est fait dans les douze mois à venir». Un coup électoral qui n’a pas étédu goût des partenaires européens de la France.La révision des accords de Schengen est déjà

dans les tuyaux depuis plusieurs semaines. Fran-çois Foret ne cache pas son étonnement. « Je suis 

 frappé par le discours de Nicolas Sarkozy. Il ne se rend  pas compte de la politique et de la réalité juridique eu-ropéenne. Il remet en cause des choses qui ne tiennent 

 pas la route. Un discours qui sert surtout à grappiller les votes des électeurs du Front national».

Hollande: un keynésien isolé?Dans sa profession de foi publiée mercredi,François Hollande certifie vouloir «relever» uneFrance «abaissée». Selon lui, l’Europe « n’est pas condamnée à la récession».

La solution? Une renégociation du pacte bud-gétaire élaboré par Nicolas Sarkozy et AngelaMerkel en décembre 2011 et qui doit être ratifiéaprès la présidentielle française. Ce pacte est axésur la rigueur. Le terme de “croissance” n’y ap-paraît pas une seule fois. François Hollande aprécisé qu’il aurait une discussion «amicale et 

 ferme » sur le sujet avec An-gela Merkel s’il est élu prési-dent de la République. ÀBerlin, on lui a répondu parun «nein» ferme: «Il n’y au-rait pas renégociation du pacte budgétaire européen ». De belles disputes en perspec-tive pour le couple franco-allemand si la Francevire au rose le 6 mai prochain.Sur cette question, le candidat socialiste a pensépendant quelques heures avoir reçu le soutien

involontaire du président de la Banque centraleeuropéenne (BCE), Mario Draghi. Lui aussis’est déclaré favorable à la réforme du pacte bud-gétaire, ce qui apportait de l’eau au moulin “hol-landais”. Mais l’ancien banquier de Goldman

Sachs et le candidat socialiste ne parlaient pasexactement de la même chose.Aux yeux de Draghi, l’Europe ne peut pas secontenter d’adopter des mesures d’austéritépour sortir de la crise. La rigueur doit s’accom-pagner selon lui de mesures permettant égale-

ment aux pays européens derenouer avec la croissance.Mais il évoquait une relancede la l’activité par l’offre, cequi se traduirait par des ré-formes structurelles, tellesque la dérèglementation dumarché du travail, comme

c’est déjà le cas en Espagne. Une potion libéraleamère peu au goût du social-démocrate qu’estFrançois Hollande.Ce dernier souhaite également élargir les préro-

gatives de la Banque centrale européenne. Dansses statuts, l’institution de Francfort a pourunique objectif la limitation de l’inflation. Lecandidat PS souhaite y ajouter la croissance, surle modèle de la réserve fédérale américaine(FED).Ses propositions ne s’arrêtent pas là. FrançoisHollande souhaite créer des “eurobonds”. Cesobligations européennes permettraient de cen-traliser les sources de financement des États eu-ropéens avec un produit garanti par les 17 mem- bres de la zone euro. Les “mauvais élèves” bénéficieraient de la caution de pays à la répu-tation sûre comme l’Allemagne. Ces dernierspaieraient eux plus cher leur refinancement. Cequi déplait fortement de l’autre coté du Rhin, oùcette réputation a été acquise aux forceps pen-dant que les États du sud de l’Europe laissaientcourir leurs déficits. Une manière selon François

Hollande de renouer avec la solidarité euro-péenne et d’en terminer avec le «chacun pour soi».Keynésien dans l’âme et dans les lignes de sonprogramme, le candidat PS défend égalementun budget européen au service de programmesde grands travaux. Une sorte de “New deal” ver-sion 2012 à la sauce européenne.

Le changement, c’est demain?Depuis des mois, les plans de rigueur se succè-dent en Europe. Mais les déficits continuent dese creuser et les dettes publiques d’augmenter.Dans le même temps, la croissance ne parvientpas à reprendre du poil de la bête. L’Espagne aadopté le 30 mars un énième plan d’austérité.Ce qui n’a pas empêché hier l’agence de nota-tion Standard&Poors d’abaisser la note du paysde “A” à “BBB”. Encore peu écouté, notam-ment par Angela Merkel, taulière de l’Europe,

François Hollande a laissé entendre que le chan-gement, ça pourrait être demain. S’il est élu le 6mai, il espère qu’en endossant le costume deprésident de la République, ses propositions se-ront entendues par les grands pays d’Europe.

1 6La Pression Samedi 28 avril 2012

Leur projet

pour l’Europe

Infographie Pierre Le Baud

UNE DISCUSSION

«AMICALE ET

FERME»