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La Brigue

2015

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La Brigue (06430) Cet historique du village de La Brigue permet de préparer aussi la visite de la chapelle

Notre Dame des Fontaines (voir la monographie correspondante)

La Brigue : une histoire déroutante

On a peine aujourd’hui en visitant les villages de la haute vallée de la Roya à imaginer

leur importance économique autrefois avec la route du sel notamment, (55 000 mulets

par an enregistrés au péage de Sospel ce qui faisait 150 par jour !!!).

Ils étaient donc des enjeux de pouvoir qui se sont poursuivis jusqu’au XXème siècle.

Essayons un résumé….

La Brigue viendrait du mot celtique « brig », synonyme de « dunum » signifiant

« hauteur ».

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Le premier texte historique mentionnant La Brigue date du XIème

siècle, un acte souscrit par les Comtes de Vintimille où un certain

nombre de garanties étaient accordées aux habitants de La Brigue,

Tende, Saorge.

Au XIIème siècle, Guillaume II, Comte de Vintimille cède à Charles

Ier d'Anjou, Comte de Provence, ennemi de Gênes avec laquelle les

Comtes de Vintimille sont en conflit, La Brigue entre autres

territoires.

Au XIIIème siècle, Pierre-Guillaume Ier, Comte de Vintimille, envoyé

en mission à Constantinople, épouse Eudoxie, une fille de l'empereur

grec d'Orient déchu, Théodore II Lascaris, il adopte le nom de Lascaris

et modifie le blason rouge des Vintimille en y ajoutant les deux aigles,

attribut impérial. A sa mort Eudoxie va marier ses filles d’où un essaimage des Lascaris,

c’est le début de la fortune des Lascaris, mais à la mort de Guillaume-Pierre II, (1330

environ) ses biens sont partagés, conformément à son testament : Tende et La Brigue font

partie de lots différents et c'est ainsi que deux branches des familles Lascaris

apparaissent dans la vallée, celle de Tende et celle de La Brigue. (Cela se complique…)

C'est cette branche cadette des Lascaris qui a construit le château de La Brigue, entre

1376 et 1379 dont il reste surtout cette magnifique tour ronde, le château ayant été

détruit à la révolution.

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En 1388, le Comté de Nice et les villages de la Roya passent sous la domination des Etats

de Savoie.

Les seigneurs de La Brigue prêtent hommage au Comte de Savoie. Or leur branche cousine

de Tende est alliée au roi René d’Anjou, comte de Provence. Un complot fut donc ourdi

pour éliminer en 1474 le comte Honoré Lascaris de Tende. Plusieurs hypothèses sont

formulées, la plus crédible est celle de l’empoisonnement par son intendant soudoyé par

les seigneurs de La Brigue (Pietrino et Barthélemy) avec le concours d’un abbé de Turin

(capitale du comté de Savoie). Une tradition orale fait cependant de la femme d’Honoré,

Marguerite, celle qui a l’a fait empoisonner par son intendant dont elle était de plus la

maitresse.

Or après la mort d’Honoré, Marguerite accusa ses cousins de La Brigue et en profita pour

les emprisonner et exiger une énorme rançon, investir et piller La Brigue. Puis plus tard,

dit la tradition, sans doute par remord, elle renonça à la rançon qui va alors servir pour

partie à décorer l’église de La Brigue et faire réaliser les fresques de la chapelle Notre

Dame des Fontaines… (A garder en mémoire !!!)

Au XVIIème siècle, la vague Baroque issue de la Contre-Réforme catholique déferle en

provenance de Rome vers Turin, alors capitale des Etats de Savoie, et vers le Comté de

Nice. C’est un art démonstratif visant à asseoir le pouvoir de l’église catholique fortement

contesté par la Réforme protestante.

C’est alors qu’est modifiée la collégiale Saint Martin :

La collégiale Saint Martin (une

légende rapporte que Saint

Martin de Tours aurait prêché à La

Brigue) a été construite entre

1484 et 1509, mais « baroquisée »

au XVIIème. Elle est

caractéristique du style romano-

lombard avec sa façade en

alternance de couches ocre clair

et foncé. Le campanile de style

lombard est en retrait. Au-dessus

du porche une représentation de

Saint Martin coupant son

manteau.

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La collégiale garde encore un ancien linteau avec une main bénissant dans un cercle

symbolisant la Sainte Trinité et un millésime gravé MCCXXXIIII (1234), le plus ancien

linteau connu dans la région. Date de la fin de la construction de la première église.

La nef gothique a trois travées et des collatéraux avec des chapelles richement décorées

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Quelques particularités de la collégiale.

L’autel baroque est surmonté d’un dais

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La chaire a la particularité d’être dotée d’un

bras tenant un crucifix, à gauche.

Ci-dessous le magnifique orgue de

fabrication piémontaise.

Tableau du martyr de saint Elme, le patron des bergers et des marins, il eut l’estomac

coupé en deux

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Autel de Notre Dame des neiges un triptyque de Sébastien Fuseri de Fossano de 1507

De gauche à droite : Saint Louis, évêque de Toulouse, Notre Dame et Saint Nicolas de Bari.

Triptyque de Sainte Marthe vers 1530.

On voit Marthe au centre tenant la tarasque

qu’elle a dompté, à gauche Lazare et à droite

Marie Madeleine tenant un vase de myrrhe

Au-dessus l’annonciation de part et d’autre de

Dieu le père.

Détails de la prédelle ci-après.

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Arrivée des Maries, Marthe, Lazare et Maximin…à ce qui deviendra les Saintes Maries de la mer. Prédication de Marie Madeleine Marthe et la tarasque

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Ce tableau de la nativité est attribué à Louis Bréa (vers 1510). On peut voir un ange dans

le paysage au fond qui annonce la Bonne Nouvelle aux Bergers qui symbolisent la famille

Alberti, famille du donateur qui est agenouillé à gauche.

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Le village de La Brigue était très religieux puisqu’on a compté jusqu’à 15 églises ou

chapelles et notamment des chapelles de pénitents comme celle de l’Assomption ou des

Pénitents blancs d’en bas ou celle de l’Annonciade ou Pénitents blancs d’en-haut.

Les pénitents blancs s’occupaient en général plus spécialement des malades et des pauvres.

La chapelle de l’Assomption ci-dessus a été construite en 1725 pour les Pénitents Blancs dits d’en-bas.

Sa façade est un bel exemple d’architecture baroque avec des niches contenant des

statues. Un campanile indépendant un peu penché vient compléter l’ensemble.

La chapelle ne se visite pas

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Une seconde confrérie des Pénitents Blancs dite celle « d’en haut » fit construire la

chapelle de l’Annonciade dans la première moitié du XVIIIème siècle. La chapelle jouxte la

collégiale Saint Martin. L’originalité de son architecture est dans sa façade incurvée et

dans son plan qui combine le rectangle et l’ellipse, parti souvent adopté par les églises

baroques de Ligurie.

Elle a été transformée en petit musée d’art religieux après la réunification des Pénitents.

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Intérieur de la chapelle

Charles Borromée et Ignace de Loyola de part et d’autre de la Vierge

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Sur les murs toute une série de médaillons sur des épisodes de la vie de Jésus comme ici avec la samaritaine au puits.

Il existe aussi toute une présentation de

vêtements liturgiques

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La visite du village médiéval recèle encore des surprises

Rues étroites et rues caladées, de l’eau partout.

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Une rue dite du « ghetto » avec une

fenêtre de l’ancienne synagogue, en effet,

La Brigue était riche non seulement des

droits de passage des marchandises mais

aussi de la chair, des fromages et de la

laine de la brebis « brigasque » (photo ci-

dessous). Les juifs chassés de Nice s’y

étaient donc établis.

Ci-dessous également une Ca D’arbinée,

maison des abeilles en brigasque (la

langue locale) c’est-à-dire un emplacement

protégé des prédateurs par des murs pour

les ruches

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Et avant de terminer par quelques-uns des célèbres linteaux qui ont font aussi partie du

patrimoine de La Brigue, la fin mouvementée de l’histoire du village.

En 1770, Victor Amédée III est Duc de Savoie et Turin est la capitale de ses Etats. La Brigue

s'appelle Briga, elle est rattachée aux Etats de Savoie et s'étend des deux côtés de la

chaine de montagne des Alpes maritimes. Le pays brigasque comprend La Brigue et le

hameau de Morignole et de l'autre côté de la chaine de montagne des hameaux

piémontais.

1794: Napoléon Bonaparte est général de la République. Pour sa campagne d'Italie, il

part de Nice et se dirige vers Turin. Les Français occupent la haute vallée de la Roya et La

Brigue devient française. Elle fait partie du département des Alpes maritimes.

1814 : A la chute de Napoléon, par le traité de Paris, le Duc de Savoie retrouve ses droits

sur Nice et la Savoie, La Brigue redevient rattachée aux Etats de Savoie.

1860 : Par le Traité de Turin, Victor Emmanuel II de Savoie cède la Savoie et le Comté de

Nice en échange du soutien de Napoléon III pour la création du royaume d'Italie dont

Victor Emmanuel II devient le premier roi en 1861.

La Brigue et Tende demandent leur rattachement à la France car elles font partie

du Comté de Nice. Malgré la demande de la population, les deux communes sont

pourtant exclues et restent rattachées à l'Italie, le roi Victor Emmanuel en faisant un

territoire de chasse.

1947 : Après d’âpres négociations, Tende et La Brigue redeviennent français mais le

territoire de la Brigue est partagé par la frontière qui passe par la ligne de crêtes et les

hameaux de la Brigue, côté italien sont éclatés entre plusieurs communes du Piémont et

de Ligurie.

Une histoire certes un peu compliquée mais qui explique que ce linteau ait eu des

blasons de Savoie, martelés par les troupes révolutionnaires….

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La Brigue possède une magnifique collection de linteaux armoriés ou historiés, entre le

milieu du XVème siècle et nos jours. Le schiste noir, extrait des carrières de Realdo

(hameau brigasque rattaché aujourd'hui à la commune italienne de Triora) et le schiste

vert des carrières de Tende, sont les matériaux utilisés pour leur fabrication.

Chargés de symboles philosophiques ou religieux, transformés en éléments décoratifs, ils

témoignent de la richesse et du niveau intellectuel de la bourgeoisie et noblesse locale. Le

sigle "I.H.S" (Iesus Hominum Salvator) est le plus utilisé.

Celui-ci est un des plus connus quoique moderne, en shiste vert, c’est celui d’un tailleur

de pierres qui a représenté ses outils avec un blason des Lascaris et à droite ses initiales

surmontées d’une croix et à gauche, un religieux tenant une bougie, symbole de la

lumière.

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L’Agneau pascal dans un tore est entouré par deux grandes lettres, peut-être J et S, à

gauche fleur de lys martelée (symbole du royaume de France) à droite une fleur à

quatre pétales. En haut à gauche on croit distinguer le mot « Jus » et à droite le mot «

ordo » (le droit et l’ordre). La date 1477 est écrite en caractères gothiques comme les

deux mots. On retrouve souvent l’agneau sur les linteaux qui évoque peut-être aussi la

« brebis brigasque »

Sur celui-ci le signe IHS surmonté d’une croix et un texte en latin qui signifie qu’il faut

méditer devant la sainte croix sur laquelle est mort le Christ….

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Et on quitte le village de la Brigue

avec cette belle maison avec une

façade en schiste vert et une

décoration de céramiques.

Sur le chemin, vers Notre Dame des

Fontaines, le pont du coq, pont

ancien (XVème siècle) mainte fois

réparé à cause des crues de la

Levanza. Il est "coudé", cette

particularité est due au fait qu'il

prend appui sur deux rives

dissemblables, la rive droite basse

et large, la rive gauche fortement

escarpée. Il doit son nom au fait que

le diable avait exigé, pour

récompense d’avoir réalisé le pont,

l’âme de celui qui passerait en

premier et que ce fut un coq…

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Fin de cette partie consacrée à La Brigue

A compléter par la monographie consacrée à la

chapelle Notre Dame des Fontaines

Photos : Anne-Marie, Jean-Pierre Joudrier

Sources :

Les excellents commentaires d’un guide local

Pour le village : http://www.labrigue.fr/

http://alelia.lanteri.free.fr/genea/histoire_geo/histoire_brigue.html

Pour les linteaux : http://www.archeo-alpi-maritimi.com/labriguemurs.php

Réalisation : Jean-Pierre Joudrier

Juillet 2015.