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Hommage à Olivier MessiaenDimanche 18 mars 2018 – 16h

GRANDE SALLE PIERRE BOULEZ – PHILHARMONIE

Pour certains scientifiques et certains historiens, la musique pourrait être née du désir des hommes d’imiter la voix des oiseaux, ressentie comme un véritable langage musical, au-delà de la simple émission de sons. Force est de constater que, si l’on ne peut trancher cette question, ceux que Messiaen, reprenant une image déjà utilisée au xviie siècle par le moine Paul de Montaigu notamment, appelait « les premiers musiciens du monde » ont constitué une inspiration de choix pour les compositeurs, qui se sont volon-tiers adonnés à l’évocation ou à l’imitation.

De cette fréquentation plus ou moins intime, c’est effectivement Messiaen qui donna le témoignage le plus riche : « La nature, les chants d’oiseaux ! Ce sont mes passions. Ce sont aussi mes refuges. […] C’est là que réside pour moi la musique », écrivait-il en préface à son Catalogue d’oiseaux, qui réunit presque trois heures de musique évoquant rousserolle effarvatte, cho-card des Alpes ou traquet rieur – la journée du dimanche, en compagnie de Pierre-Laurent Aimard, y sera consacrée. Celui qui se définissait autant comme ornithologue que comme compositeur remplit au cours de sa vie des centaines de carnets de chants d’oiseaux notés aussi précisément que possible, un ardent enthousiasme dont ses pièces musicales sont très nom-breuses à porter la trace.

Mais les petites bêtes à plumes n’ont bien sûr pas attendu le xxe siècle pour investir le champ musical. La musique baroque regorge déjà de leurs trilles et de leurs envolées, chez Vivaldi (notamment dans le Concerto pour flûte « Le Chardonneret ») ou chez Couperin, qui avaient eux-mêmes été précédés par des compositeurs comme Jacob van Eyck. Moins fréquents chez les clas-siques – mais pas absents, loin s’en faut –, ils prennent ensuite une place de choix chez les romantiques. Musique vocale, musique de chambre, musique symphonique, tous les genres les intègrent, et tous les pays les chantent. Respighi, Vaughan Williams, Saint-Saëns ou Debussy donneront tous à entendre leurs oiseaux réels ou rêvés, leurs sons de nature ou leurs histoires et fables animalières : la riche programmation de ce week-end est l’occasion de coups de projecteurs divers sur cette tendance forte de la musique savante.

WEEK-END LES OISEAUX

02_WE_NDP_les-oiseaux.indd 1-2 08/03/2018 17:04

Pour certains scientifiques et certains historiens, la musique pourrait être née du désir des hommes d’imiter la voix des oiseaux, ressentie comme un véritable langage musical, au-delà de la simple émission de sons. Force est de constater que, si l’on ne peut trancher cette question, ceux que Messiaen, reprenant une image déjà utilisée au xviie siècle par le moine Paul de Montaigu notamment, appelait « les premiers musiciens du monde » ont constitué une inspiration de choix pour les compositeurs, qui se sont volon-tiers adonnés à l’évocation ou à l’imitation.

De cette fréquentation plus ou moins intime, c’est effectivement Messiaen qui donna le témoignage le plus riche : « La nature, les chants d’oiseaux ! Ce sont mes passions. Ce sont aussi mes refuges. […] C’est là que réside pour moi la musique », écrivait-il en préface à son Catalogue d’oiseaux, qui réunit presque trois heures de musique évoquant rousserolle effarvatte, cho-card des Alpes ou traquet rieur – la journée du dimanche, en compagnie de Pierre-Laurent Aimard, y sera consacrée. Celui qui se définissait autant comme ornithologue que comme compositeur remplit au cours de sa vie des centaines de carnets de chants d’oiseaux notés aussi précisément que possible, un ardent enthousiasme dont ses pièces musicales sont très nom-breuses à porter la trace.

Mais les petites bêtes à plumes n’ont bien sûr pas attendu le xxe siècle pour investir le champ musical. La musique baroque regorge déjà de leurs trilles et de leurs envolées, chez Vivaldi (notamment dans le Concerto pour flûte « Le Chardonneret ») ou chez Couperin, qui avaient eux-mêmes été précédés par des compositeurs comme Jacob van Eyck. Moins fréquents chez les clas-siques – mais pas absents, loin s’en faut –, ils prennent ensuite une place de choix chez les romantiques. Musique vocale, musique de chambre, musique symphonique, tous les genres les intègrent, et tous les pays les chantent. Respighi, Vaughan Williams, Saint-Saëns ou Debussy donneront tous à entendre leurs oiseaux réels ou rêvés, leurs sons de nature ou leurs histoires et fables animalières : la riche programmation de ce week-end est l’occasion de coups de projecteurs divers sur cette tendance forte de la musique savante.

WEEK-END LES OISEAUX

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Dimanche 18 mars

DE 14H30 À 17H CONCERT-PROMENADE

DANS LA FORÊT LOINTAINECLAUDINE ET PAUL-HENRI FLORÈS, PIANO

ENSEMBLE BAROQUE ATLANTIQUE

ÉLÈVES DU PÔLE SUPÉRIEUR

PARIS BOULOGNE-BILLANCOURT

Œuvres de Couperin, Dvořák et Martinaitis

16H00 RÉCITAL ORGUE

HOMMAGE À OLIVIER MESSIAENVINCENT WARNIER, ORGUE

PAUL MEYER, CLARINETTE

DAISHIN KASHIMOTO, VIOLON

HENRI DEMARQUETTE, VIOLONCELLE

ÉRIC LE SAGE, PIANO

Œuvres d’ Olivier Messiaen

16H30 CONCERT SUR INSTRUMENTS DU MUSÉE

OISEAUX BAROQUESHUGO REYNE, FLÛTE À BEC, FLAGEOLET D’OISEAU, SERINETTE

SASKIA SALEMBIER, VIOLON, CHANT

MARINA PAGLIERI, VIOLON

JÉRÔME VIDALLER, VIOLONCELLE

YANNICK VARLET, CLAVECIN

Œuvres d’ Antonio Vivaldi, François Couperin, Jacob van Eyck…

Vendredi 16 mars

20H30 CONCERT

DES CANYONS AUX ÉTOILESENSEMBLE INTERCONTEMPORAIN

ENSEMBLE OF THE LUCERNE FESTIVAL ALUMNI

MATTHIAS PINTSCHER, DIRECTION

HIDÉKI NAGANO, PIANO

JEAN-CHRISTOPHE VERVOITTE, COR

SAMUEL FAVRE, XYLORIMBA

GILLES DUROT, GLOCKENSPIEL

ANN VERONICA JANSSENS, CRÉATION VISUELLE

Œuvre d’ Olivier Messiaen

Samedi 17 mars

11H CONCERT EN FAMILLE

CARNAVAL DES ANIMAUXSOLISTES DE L’ORCHESTRE NATIONAL

D’ÎLE-DE-FRANCE

CÉLINE GROUSSARD, COMÉDIENNE

NICOLAS GAUDART, COMÉDIEN

ÉDOUARD SIGNOLET, TEXTE ET MISE EN ESPACE

Œuvres de Luciano Berio et Camille Saint-Saëns

15H00 MUSIQUE DE CHAMBRE

LE PRINTEMPS

CLAUDE LE JEUNEDOULCE MÉMOIRE

DENIS RAISIN DADRE, DIRECTION, FLÛTE À  BEC, FLÛTES COLONNES

15H00 CONCERT SYMPHONIQUE

OISEAUX DE FEUORCHESTRE PASDELOUP

ELENA SCHWARZ, DIRECTION

DAVID BISMUTH, PIANO

GUILHEM LESAFFRE, RÉCITANT

FERNAND DEROUSSEN, SON

Œuvres de Ralph Vaughan Williams, Olivier Messiaen, Johannes Brahms, Einojuhani Rautavaara…

17H00 RÉCITAL

NATURE ENCHANTERESSEORCHESTRE DE CHAMBRE DE PARIS

SASCHA GOETZEL, DIRECTION

KARINE DESHAYES, MEZZO-SOPRANO

JULIAN PRÉGARDIEN, TÉNOR

Œuvres d’ Ottorino Respighi, Robert Schumann, Claude Debussy, Charles Gounod, Ernest Chausson, Gustav Mahler, Hugo Wolf, Richard Wagner, Franz Schubert, Johannes Brahms, Edvard Grieg…

Samedi 17 mars Dimanche 18 mars

11H ET 15H SPECTACLE JEUNE PUBLIC

LE NIDTHEATER DE SPIEGEL

HELENE BRACKE, CHANT, JEU

ASTRID BOSSUYT, VIOLON, JEU

HANNE DENEIRE, COMPOSITION

KAREL VAN RANSBEECK, STEF VETTERS,

WIM VAN DE VYVER, DÉCORS

ACTIVITÉS CE WEEK-END

SAMEDI Le Lab à 11hBESTIAIRE MUSICAL À PLUMES

Visite-atelier du Musée à 15h LE CONCERT DES ANIMAUX

DIMANCHEUn dimanche en orchestre à 14hIGOR STRAVINSKI

ET AUSSI

Enfants et famillesConcerts, ateliers, activités au Musée…

AdultesAteliers, visites du Musée…

WEEK-END LES OISEAUXDIMANCHE DE 06H À 22H

MESSIAEN / CATALOGUE D’OISEAUXPIERRE-LAURENT AIMARD, PIANO

CONCERT DU LEVER DE SOLEIL

PROJECTION

DAWN CHORUS : THE SOUNDS OF SPRING

Film de Nigel Paterson

LEÇON DE MUSIQUE

PIERRE-LAURENT AIMARD,

PRÉSENTATION, PIANO

DÉBAT

MESSIAEN ET LES OISEAUX

animé par Thomas Lacôte avec Julian Anderson, compositeur et Peter Hill, musicologue, Jean Boucault et Johnny Rasse, siffleurs

CONCERT D’APRÈS-MIDI

CONCERT DU COUCHER DE SOLEIL

CONCERT DE LA NUIT

06H

10H

11H30

14H30

16H

18H30

21H

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Dimanche 18 mars

DE 14H30 À 17H CONCERT-PROMENADE

DANS LA FORÊT LOINTAINECLAUDINE ET PAUL-HENRI FLORÈS, PIANO

ENSEMBLE BAROQUE ATLANTIQUE

ÉLÈVES DU PÔLE SUPÉRIEUR

PARIS BOULOGNE-BILLANCOURT

Œuvres de Couperin, Dvořák et Martinaitis

16H00 RÉCITAL ORGUE

HOMMAGE À OLIVIER MESSIAENVINCENT WARNIER, ORGUE

PAUL MEYER, CLARINETTE

DAISHIN KASHIMOTO, VIOLON

HENRI DEMARQUETTE, VIOLONCELLE

ÉRIC LE SAGE, PIANO

Œuvres d’ Olivier Messiaen

16H30 CONCERT SUR INSTRUMENTS DU MUSÉE

OISEAUX BAROQUESHUGO REYNE, FLÛTE À BEC, FLAGEOLET D’OISEAU, SERINETTE

SASKIA SALEMBIER, VIOLON, CHANT

MARINA PAGLIERI, VIOLON

JÉRÔME VIDALLER, VIOLONCELLE

YANNICK VARLET, CLAVECIN

Œuvres d’ Antonio Vivaldi, François Couperin, Jacob van Eyck…

Vendredi 16 mars

20H30 CONCERT

DES CANYONS AUX ÉTOILESENSEMBLE INTERCONTEMPORAIN

ENSEMBLE OF THE LUCERNE FESTIVAL ALUMNI

MATTHIAS PINTSCHER, DIRECTION

HIDÉKI NAGANO, PIANO

JEAN-CHRISTOPHE VERVOITTE, COR

SAMUEL FAVRE, XYLORIMBA

GILLES DUROT, GLOCKENSPIEL

ANN VERONICA JANSSENS, CRÉATION VISUELLE

Œuvre d’ Olivier Messiaen

Samedi 17 mars

11H CONCERT EN FAMILLE

CARNAVAL DES ANIMAUXSOLISTES DE L’ORCHESTRE NATIONAL

D’ÎLE-DE-FRANCE

CÉLINE GROUSSARD, COMÉDIENNE

NICOLAS GAUDART, COMÉDIEN

ÉDOUARD SIGNOLET, TEXTE ET MISE EN ESPACE

Œuvres de Luciano Berio et Camille Saint-Saëns

15H00 MUSIQUE DE CHAMBRE

LE PRINTEMPS

CLAUDE LE JEUNEDOULCE MÉMOIRE

DENIS RAISIN DADRE, DIRECTION, FLÛTE À  BEC, FLÛTES COLONNES

15H00 CONCERT SYMPHONIQUE

OISEAUX DE FEUORCHESTRE PASDELOUP

ELENA SCHWARZ, DIRECTION

DAVID BISMUTH, PIANO

GUILHEM LESAFFRE, RÉCITANT

FERNAND DEROUSSEN, SON

Œuvres de Ralph Vaughan Williams, Olivier Messiaen, Johannes Brahms, Einojuhani Rautavaara…

17H00 RÉCITAL

NATURE ENCHANTERESSEORCHESTRE DE CHAMBRE DE PARIS

SASCHA GOETZEL, DIRECTION

KARINE DESHAYES, MEZZO-SOPRANO

JULIAN PRÉGARDIEN, TÉNOR

Œuvres d’ Ottorino Respighi, Robert Schumann, Claude Debussy, Charles Gounod, Ernest Chausson, Gustav Mahler, Hugo Wolf, Richard Wagner, Franz Schubert, Johannes Brahms, Edvard Grieg…

Samedi 17 mars Dimanche 18 mars

11H ET 15H SPECTACLE JEUNE PUBLIC

LE NIDTHEATER DE SPIEGEL

HELENE BRACKE, CHANT, JEU

ASTRID BOSSUYT, VIOLON, JEU

HANNE DENEIRE, COMPOSITION

KAREL VAN RANSBEECK, STEF VETTERS,

WIM VAN DE VYVER, DÉCORS

ACTIVITÉS CE WEEK-END

SAMEDI Le Lab à 11hBESTIAIRE MUSICAL À PLUMES

Visite-atelier du Musée à 15h LE CONCERT DES ANIMAUX

DIMANCHEUn dimanche en orchestre à 14hIGOR STRAVINSKI

ET AUSSI

Enfants et famillesConcerts, ateliers, activités au Musée…

AdultesAteliers, visites du Musée…

WEEK-END LES OISEAUXDIMANCHE DE 06H À 22H

MESSIAEN / CATALOGUE D’OISEAUXPIERRE-LAURENT AIMARD, PIANO

CONCERT DU LEVER DE SOLEIL

PROJECTION

DAWN CHORUS : THE SOUNDS OF SPRING

Film de Nigel Paterson

LEÇON DE MUSIQUE

PIERRE-LAURENT AIMARD,

PRÉSENTATION, PIANO

DÉBAT

MESSIAEN ET LES OISEAUX

animé par Thomas Lacôte avec Julian Anderson, compositeur et Peter Hill, musicologue, Jean Boucault et Johnny Rasse, siffleurs

CONCERT D’APRÈS-MIDI

CONCERT DU COUCHER DE SOLEIL

CONCERT DE LA NUIT

06H

10H

11H30

14H30

16H

18H30

21H

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PROGRAMME

Olivier MessiaenLivre d’orgue

ENTRACTE

Olivier MessiaenQuatuor pour la fin du temps

Vincent Warnier, orguePaul Meyer, clarinetteDaishin Kashimoto, violonHenri Demarquette, violoncelleÉric Le Sage, piano

FIN DU CONCERT VERS 18H15.

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LES ŒUVRES

Olivier Messiaen (1908-1992) Livre d’orgue

1. Reprise par interversion

2. Pièce en trio

3. Les mains de l’abîme

4. Chants d’oiseaux

5. Pièce en trio

6. Les yeux dans les roues

7. Soixante-quatre durées

Composition : 1951-52.

Création : avril 1952, inauguration de l’orgue de la Villa Berg à Stuttgart,

par le compositeur.

Edition : A. Leduc, 1953.

Durée : env. 45 minutes.

Le titre Livre d’orgue évoque les publications des organistes français du Grand Siècle comme Nivers, Lebègue, Grigny ou Clérambault, compo-sées de pièces destinées à la liturgie. Olivier Messiaen était lui-même un organiste au service de la liturgie : il a tenu le grand orgue Cavaillé-Coll de l’église de la Trinité à Paris depuis 1931 jusqu’à ses dernières années. Il aimait se définir comme musicien croyant et sa foi profonde teintée de mysticisme imprègne l’ensemble de sa musique. Pourtant, son Livre d’orgue n’est pas directement destiné à la liturgie, contrairement à son œuvre d’orgue précédente, la Messe de la Pentecôte (1949-50), et com-prend même les deux seules pièces complètement abstraites de toute sa production pour orgue. Les autres portent en revanche en exergue des citations bibliques, et pour certaines, des indications du temps liturgique auxquelles elles sont appropriées. Mais leur caractère expressif énig-matique, d’une écoute quelque peu ardue, et leur difficulté d’exécution doivent les faire considérer comme des méditations théologiques plutôt que des pièces fonctionnelles destinées à s’insérer dans des célébrations.

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Les notes préparatoires laissées par Messiaen révèlent que le Livre d’orgue est la suite de la Messe de la Pentecôte, les deux œuvres faisant partie d’un même projet artistique. Ces deux recueils se caractérisent par une volonté poussée de recherche sur le langage musical, atteignant un degré inédit de radicalité. Dès la publication de son ouvrage Technique de mon langage musical (1944), Messiaen considère les différents éléments de la composi-tion (la mélodie, le rythme, l’harmonie) comme relativement indépendants, pouvant donner lieu à des traitements complexes différenciés et autonomes (emprunts, variations, déformations…) : « J’ai essayé de séparer l’étude de la durée de l’étude du son, j’ai essayé de libérer le rythme non seulement de la mesure mais aussi de la métrique et de la symétrie […] En résumé, je suis avant tout un rythmicien » (1954). Cette pensée paramétrique dissociée ouvre la voie à l’idée de sérialisation intégrale qui sera explorée par ses disciples, au premier rang desquels Pierre Boulez.

Dans le Livre d’orgue, « l’inquiétude rythmique » qui anime Messiaen depuis toujours prend la forme d’une expérimentation spéculative qui relègue exceptionnellement critères mélodiques ou harmoniques au second plan. Pour le choix des hauteurs, Messiaen emploie systématique-ment les douze sons de la gamme chromatique, ce qui donne un langage complètement atonal, sans utiliser pour autant la technique sérielle à la manière de l’École de Vienne. L’emploi de registrations atypiques, aux plans sonores très différenciés, renforce l’étrangeté de ce monde sonore « à la limite du pays fertile ».

1. Reprises par interversion donne son intention formelle dans son titre : cette pièce plutôt aride met en œuvre un schéma préétabli de permuta-tions, en quatre sections séparées par des silences. Son écriture stricte-ment monodique (une seule note à la fois) met en évidence les structures rythmiques réparties de manière pointilliste sur les différents plans sonores de l’orgue. Messiaen emprunte trois « rythmes hindous » (deçî-tâlas) trai-tés en « personnages rythmiques » : les valeurs de l’un augmentent de la durée d’une triple croche à chaque répétition, le second diminue d’autant et le troisième reste fixe. Ces trois rythmes impairs et asymétriques (res-pectivement 3, 3 et 6 notes) sont habillés d’une série de douze hauteurs et vont ensuite être répétés selon toutes les permutations possibles. Les seconde et troisième sections intriquent les motifs rythmiques en

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employant des rétrogradations : en éventail « des extrêmes au centre » puis « du centre aux extrêmes ». Enfin, la dernière section est la rétro-gradation exacte de la première (des dernières notes aux notes initiales). Une telle invention sonore met évidence « le charme des impossibilités » dont se délectait Messiaen.

2. La première Pièce en trio est associée symboliquement au mystère de la Sainte Trinité. Sa polyphonie complexe à trois voix (deux mains et pédalier) utilise pas moins de dix-sept rythmes hindous différents, deçî-tâlas qui fascinaient Messiaen par leur plasticité irréductible à une pulsa-tion régulière et leur subtilité bien supérieure aux rythmes des musiques occidentales. Leurs noms en sanscrit émaillent la partition, et ils sont « variés, monnayés et traités en valeurs irrationnelles », ce qui confère à l’ensemble souplesse et vivacité.

3. Les mains de l’abîme, qui cite le prophète Habacuc (« L’abîme a jeté son cri ! la profondeur a levé ses deux mains ! ») est inspiré d’un paysage impressionnant des montagnes du Dauphiné : le défilé de l’Infernet où se précipite le torrent de la Romanche. C’est aussi un appel désespéré vers Dieu qui monte de l’abîme, composé « pour les temps de pénitence », joué en tutti, dans les nuances fortissimo. Messiaen utilise des rythmes hindous caractérisés par des durées très longues opposées à des très courtes et les traite de nouveau en « personnages rythmiques ». La partie centrale fait entendre les jeux les plus graves de l’orgue au pédalier (mélodie indiquée « la profondeur ») auxquels se superposent des sonorités impalpables et très aigues, « la réponse divine, douceur aérienne, tendresse lointaine et cachée » (Olivier Messiaen).

4. Au milieu de l’austère abstraction, les Chants d’oiseaux forment un contraste étonnant. Messiaen a noté les chants du merle noir, du rouge-gorge, de la grive musicienne et du rossignol avec une précision d’ornitho-logue au cours de ses promenades dans la forêt de Saint-Germain, dans l’Aube ou en Charente. Les oiseaux sont pour lui « nos petites serviteurs de l’immatérielle joie », et le renouveau de leurs chants au printemps convient au temps pascal. Différentes strophes gazouillées, monodiques, sont séparées par un refrain sur un rythme hindou affecté des mêmes types de rétrogradations complexes que dans la première pièce.

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5. Dans la seconde Pièce en trio, destinée également à la fête de la Sainte Trinité, les deux voix manuelles se livrent à de savants jeux d’augmenta-tions et diminutions rythmiques, permutations et rétrogradations à partir de différents rythmes hindous (la partition donne comme ailleurs les clés de l’analyse), alors qu’au pédalier est jouée une ligne aux intervalles distendus que Messiaen appelle « mélodie principale ». On a décou-vert récemment qu’il s’agissait d’un emprunt au contour mélodique de « La chanson du perroquet » du deuxième acte de Boris Godounov de Moussorgski. La matrice d’allure populaire est devenue complètement indécelable, avec ses intervalles mélodiques modifiés1. Cette pièce a été écrite en contemplant les glaciers du Râteau, de la Meije et du Tabuchet.

6. Les Yeux dans les roues cite une vision du prophète Ezéchiel : « Et les jantes des quatre roues étaient remplies d’yeux tout autour. Car l’Esprit de l’Être vivant était dans les roues ». Répondant à la pièce no 3, cette page se joue avec toute la puissance du tutti de l’orgue. Elle évoque ainsi l’Esprit Saint et est destinée à la fête de la Pentecôte. Alors que les mains exécutent une redoutable toccata disjointe et acérée, la partie grave jouée au pédalier est traitée en ce que Messiaen appelle des « sons-durées » : chaque hauteur est toujours associée à la même durée (de une à douze double croches), au sein d’une série dodécaphonique où l’ordre des sons subit toutes les permutations possibles.

7. Messiaen considérait l’ultime pièce, Soixante-quatre durées, comme une « victoire rythmique ». L’élaboration autonome des structures de durées y atteint son paroxysme, à partir d’un matériau constitué d’une échelle chromatique de soixante-quatre valeurs temporelles différentes (de la triple croche à la note carrée) soumise, par groupes de quatre notes, à toutes sortes de permutations et de canons sophistiqués. On atteint là la pure abstraction géométrique car l’oreille humaine ne peut saisir une telle complexité, ne pouvant percevoir finement la différenciation des durées entre elles. Cette page qui met à rude épreuve la concentration de l’interprète est en outre habitée par des chants d’oiseaux notés près

1 Voir Yves Balmer, Thomas Lacôte, Christopher Brent Murray, Le modèle et l’inven-

tion, Messiaen et la technique de l’emprunt, éd. Symétrie, 2017, p. 51.

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du lac de Petichet où Messiaen avait une maison, joués fréquemment dans le registre grave, comme une présence naturelle et spirituelle vivante.

Isabelle Rouard

Quatuor pour la fin du Temps

1. Liturgie de cristal

2. Vocalise, pour l’Ange qui annonce la fin du Temps

3. Abîme des oiseaux

4. Intermède

5. Louange à l’Éternité de Jésus

6. Danse de la fureur, pour les sept trompettes

7. Fouillis d’arcs-en-ciel, pour l’Ange qui annonce la fin du Temps

8. Louange à l’immortalité de Jésus

Composition : 1940.

Création : le 15 janvier 1941 à Görlitz (Silésie), Stalag VIII A, par Jean Le Boulaire (vio-

lon), Henri Akoka (clarinette), Étienne Pasquier (violoncelle), Olivier Messiaen (piano).

Effectif : violon, clarinette, violoncelle, piano.

Éditeur : Durand.

Durée : environ 49 minutes.

« Je vis un ange plein de force, descendant du ciel, revêtu d’une nuée, ayant un arc-en-ciel sur la tête. Son visage était comme le soleil, ses pieds comme des colonnes de feu. Il posa son pied droit sur la mer, son pied gauche sur la terre, et, se tenant debout sur la mer et sur la terre, il leva la main vers le Ciel et jura par Celui qui vit dans les siècles des siècles, disant : Il n’y aura plus de Temps ; mais au jour de la trompette du septième ange, le mystère de Dieu se consommera. »

(Apocalypse de saint Jean, Chapitre X)

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Conçu et écrit pendant ma captivité, le Quatuor pour la fin du Temps fut donné en première audition au Stalag VIII A le 15 janvier 1941, par Jean Le Boulaire (violoniste), Henri Akoka (clarinettiste), Étienne Pasquier (violoncelliste) et moi-même au piano. Il a été directement inspiré par cette citation de l’Apocalypse. Son langage musical est essentiellement immatériel, spirituel, catholique. Des modes, réalisant mélodiquement et harmoniquement une sorte d’ubiquité tonale, y rapprochent l’auditeur de l’éternité dans l’espace ou infini. Des rythmes spéciaux, hors de toute mesure, y contribuent puissamment à éloigner le temporel. (Tout ceci res-tant essai et balbutiement, si l’on songe à la grandeur écrasante du sujet !)

Ce Quatuor comporte huit mouvements. Pourquoi ? Sept est le nombre parfait, la création de six jours sanctifiée par le sabbat divin ; le sept de ce repos se prolonge dans l’éternité et devient le huit de la lumière indé-fectible, de l’inaltérable paix.

Olivier Messiaen(Préface de la partition)

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Olivier MessiaenFils de la poétesse Cécile Sauvage et de Pierre Messiaen, Olivier Messiaen crut toujours en la bonne étoile du parrai-nage artistique de sa mère. Dès l’âge de 11 ans, il entre au Conservatoire de Paris où il suit une formation complète qui durera plus de dix ans, comprenant piano, accompagnement, harmonie, orgue et composition. Les Préludes pour piano datent de la fin de cette période. En 1931, il est nommé titulaire de l’orgue de l’église de la Trinité à Paris, mais échoue au prix de Rome. En 1935, il s’associe aux compositeurs de la Spirale puis fonde le groupe Jeune France avec Baudrier, Daniel-Lesur et Jolivet. Les Poèmes pour Mi (1937) chantent son amour pour la violo-niste Claire Delbos épousée en 1932. Mobilisé au début de la Seconde Guerre mondiale, Messiaen est fait prisonnier et détenu au camp VIIIa de Görlitz, en Silésie. C’est là, dans des conditions proches du dénuement, qu’il écrit le Quatuor pour la fin du temps, qui y est créé le 15 janvier 1941. Libéré début mars 1941, le compositeur rejoint Vichy puis Paris, où il est nommé professeur d’harmonie au Conservatoire. Parmi ses premiers élèves figure la jeune pianiste Yvonne Loriod, qui sera son interprète privilégiée avant de devenir sa seconde épouse ; les Vingt Regards pour l’Enfant Jésus (1944) lui sont

dédiés. Messiaen esquisse Technique de mon langage musical, qui présente ses modes à transposition limitée, les rythmes hindous… Ce traité sera édité en 1944. Au lendemain de la guerre, on reproche au compositeur ses commen-taires mêlant théologie et analyse, ainsi que la nature même de sa musique. Roland-Manuel et Poulenc prennent sa défense. Trois œuvres liées au thème de l’amour voient le jour : Harawi (1945), Turangalîla-Symphonie (1948) et les Cinq Rechants (1949). Au début des années 1950, Messiaen fréquente l’avant-garde musicale, dont certains membres sont ses étudiants au Conservatoire : Boulez, Stockhausen, Xenakis. En témoignent les Quatre Études de rythme pour piano (1949), mais aussi le Livre d’orgue (1952). Son style s’infléchit avec un travail approfondi sur les chants d’oiseaux, qu’il recueille et note après avoir rencontré l’ornithologue Jacques Delamain, établissant un gigantesque réservoir mélodique. Le Réveil des oiseaux (1953), Oiseaux exotiques (1956), Catalogue d’oiseaux (1958) illustrent cette nouvelle manière. La nature au sens large, découverte au cours de ses nombreux voyages, inspire la musique de Messiaen : Sept Haïkaï (1963), Des canyons aux étoiles… (1974). En 1975, Rolf Liebermann passe commande à Messiaen d’un opéra : ce sera Saint François d’Assise. Messiaen en écrit

LE COMPOSITEUR

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livret et musique, et passe plus de cinq ans à réaliser l’orchestration de l’œuvre créée au Palais Garnier le 28 novembre 1983 sous la direction de Seiji Ozawa. Épuisé, le compositeur met un an à se lancer dans un nouveau projet : Le Livre du Saint-Sacrement, pour orgue.

Sa dernière œuvre achevée, Éclairs sur l’au-delà, pour grand orchestre, est habitée de la foi profonde qui traverse tout l’œuvre du compositeur : « J’y parle naturellement du Christ, qui sera la Lumière des Ressuscités : ils seront lumis-neux parce que le Christ est lumineux. »

Vincent WarnierConcertiste, pédagogue et organiste titulaire de Saint-Étienne-du-Mont à Paris, Vincent Warnier est l’un des musiciens français les plus en vue. Il effectue des études très complètes au Conservatoire de Strasbourg puis au Conservatoire de Paris (CNSMDP), où il obtient de nombreux premiers prix, étudiant auprès de Daniel Roth, André Stricker, Michel Chapuis ou encore Marie-Claire Alain. Premier grand prix d’interprétation au Grand Prix de Chartres en 1992, il débute une carrière de concertiste dans le monde entier, partageant avec le public sa passion pour le répertoire de son instrument et pour l’improvisation. Ses enregistrements, qui témoignent de son éclectisme, sont régulièrement saluées par la critique (Diapason d’or pour l’intégrale des œuvres de son prédécesseur à Saint-Étienne-du-Mont, Maurice Duruflé, ainsi que pour son réci-tal de musique française du XXe siècle comprenant des créations de Thierry

Escaich, Éric Tanguy et Jacques Lenot). Vincent Warnier se produit régulière-ment aux côtés de formations comme l’Orchestre de Paris, l’Orchestre Philharmonique de Radio France, l’Or-chestre National de France, l’Orchestre National de Lille, l’Orchestre National de Lyon, l’Orchestre de l’Opéra de Lyon, Les Siècles ou l’Orchestre de la Radio Suédoise, sous la direction de chef tels que Daniel Harding, Christoph Eschenbach, Evgeny Svetlanov, Leonard Slatkin, Emmanuel Krivine, James Colon, François-Xavier Roth, Kazushi Ono, Jun Märkl… On a pu récemment l’entendre lors des concerts d’inauguration des orgues de la Philharmonie de Paris et de l’Auditorium de Radio France, en compa-gnie de l’Orchestre National de Lyon et de l’Orchestre National de France respectivement dirigés par Leonard Slatkin et Christoph Eschenbach. Ces manifestations ont été saluées par la presse. Parmi ses projets immédiats figure une importante tournée de concerts en Amérique du Nord en avril

LES INTERPRÈTES

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2018. Pédagogue recherché, Vincent Warnier donne de nombreuses master-classes. Agrégé de musicologie, il est un conférencier très apprécié et collabore à la production d’émissions sur France Musique tout en publiant de nombreux articles musicologiques.

Paul MeyerDepuis ses débuts fulgurants – il a remporté les prestigieux concours de l’Euro vison et Young Concert Artist à New York en 1982 à l’âge de 17 ans –, Paul Meyer n’a cessé de surprendre. Son parcours est jalonné des plus belles ren-contres musicales : Benny Goodman, Isaac Stern, Mstislav Rostropovitch, Martha Argerich, Yo-Yo Ma…, parte-naires avec lesquels il joue dans les salles de concert les plus réputées. Il s’oriente très vite vers la direction d’orchestre, tout en poursuivant une carrière de clarinettiste qui l’impose dans le monde entier. Après avoir créé l’Orchestre de chambre d’Alsace, il se perfectionne à la direction d’orchestre auprès du pédagogue anglais John Carewe – professeur de Simon Rattle – et profite des conseils de chefs tels que Marek Janowski, Emmanuel Krivine ou encore Myung-Whun Chung. De 2006 à 2010, il est chef associé de l’Orchestre Philharmonique de Séoul, à l’invitation de Myung-Whun Chung. En 2009, il est nommé chef principal de l’Orchestre Kosei de Tokyo. Très vite, il dirige les plus grands orchestres

symphoniques et de chambre en Europe, Asie et Amérique du Sud : Orchestre Philharmonique de Radio France, Brussels Phi lharmonic, Orchestre Symphonique d’Anvers, Sinfoniker Hamburg, Tonkünstler-Orchester, Sinfonia Varsovia, Orchestre Philharmonique de Prague, Orchestre de chambre de Lausanne, Orchestre Philharmonique de Copenhague, Orchestre Symphonique du Dane-mark, Russian National Orchestra, Orchestre Métropolitain et Orchestre Philharmonique de Tokyo, Orchestre Philharmonique de Shanghai, Orchestre Philharmonique de Chine, Orchestre Symphonique de Taipeh Symphonic… Sa rencontre avec Pierre Boulez et Luciano Berio fut déterminante : Paul Meyer œuvre au développement du répertoire pour clarinette en créant des concertos écrits pour lui par Krzysztof Penderecki, Michael Jarrell, Qigang Chen, Luciano Berio, Édith Canat de Chizy ou Thierry Escaich dans les plus grands festivals (Salzbourg, Vienne, Amsterdam…). Ses prochaines créa-tions seront des œuvres de Guillaume Connesson et Éric Montalbetti. La car-rière discographique de Paul Meyer, qui comprend plus de cinquante disques chez DGG, Sony, RCA ou EMI, a rem-porté de nombreuses récompenses : Fono Forum, Diapason d’or, Choc du Monde de la musique, Choc de Classica, Gramophon, Grammy Awards… Il a récemment enregistré les concertos

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de Weber, qu’il joue et dirige, avec l’Orchestre de Chambre de Lausanne et le concerto de Thierry Escaich qui lui est dédié avec l’Orchestre National de l’Opéra de Lyon. Il a fondé l’ensemble Les Vents Français et est cofondateur avec Éric Le Sage et Emmanuel Pahud du Festival International de Musique de Salon de Provence.

Daishin KashimotoPremier violon solo des Berliner Philharmoniker et soliste très demandé, Daishin Kashimoto s’est produit avec de nombreux orchestres, dont le Boston Symphony, l’Orchestre National de France, les orchestres de la radio bavaroise et de la radio de Francfort, la Staatskapelle de Dresde, l’Orchestre Philharmonique de Saint-Pétersbourg, l’Orchestre de la Suisse Romande, l’Orchestre Philharmonique Tchèque ou l’Orchestre Symphonique de la NHK, sous la direction de chefs comme Seiji Ozawa, Lorin Maazel, Semyon Bychkov, Sir Simon Rattle, Mariss Jansons et Charles Dutoit, entre autres. Également actif dans le domaine de la musique de chambre, il a joué aux côtés de musiciens comme Martha Argerich, Itamar Golan, Yuri Bashmet, Gidon Kremer, Mischa Maisky, Gérard Caussé, Paul Meyer, Emmanuel Pahud, Éric Le Sage… Depuis 2007, il est direc-teur musical du festival de musique de chambre « Le Pont » à Ako et Himeji au Japon. Nommé premier violon solo

des Berliner Philharmoniker en 2009, il s’est produit en tant que soliste avec les Berliner Philharmoniker sous la direction de Sir Simon Rattle et Andris Nelsons. Il est également membre de l’Octuor des Berliner Philharmoniker. Entre 2010 et 2013, Daishin Kashimoto a interprété et enregistré l’intégrale des sonates pour violon et piano de Beethoven avec Konstantin Lifschitz. Les trois tournées au Japon aux -quelles a donné lieu ce projet ont été saluées par la critique. Cette intégrale est parue chez Warner Classics en 2014. Auparavant, Daishin Kashimoto avait gravé différents disques, dont le Concer to de Brahms avec la Staatskapelle de Dresde et Myung-Whun Chung chez Sony. Daishin Kashimoto a débuté le violon avec Kumiko Etoh à Tokyo. En 1986, il a été le plus jeune étudiant à intégrer le programme pré-universitaire de la Juilliard School of Music de New York, où il a étudié avec Naoko Tanaka. En 1990, il a accepté l’invitation de Zakhar Bron d’étudier avec lui en Allemagne, à la Musikhochschule de Lübeck. De 1999 à 2004, il a été l’élève de Rainer Kussmaul à la Musikhochschule de Fribourg. Il a remporté les premiers prix de nombreux concours, notamment du 6e Concours Yehudi Menuhin en 1993, du Concours de Cologne en 1994, et des Concours Fritz Kreisler à Vienne et Marguerite Long-Jacques Thibaud à Paris en 1996. Daishin Kashimoto vit

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à Berlin. Il joue sur un violon d’Andrea Guarneri de 1674.

Henri DemarquetteNé en 1970, Henri Demarquette entre à 13 ans au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, où il étudie avec Philippe Muller et Maurice Gendron. Titulaire d’un premier prix à l’unanimité, il travaille également avec Pierre Fournier et Paul Tortelier, puis avec János Starker à Bloomington aux États-Unis. Sa carrière prend un essor international qui le conduit dans de nombreuses capitales, accompa-gné des plus grands orchestres fran-çais ou étrangers ou en compagnie de ses partenaires pianistes privilégiés : Boris Berezovsky, Michel Dalberto, Jean-Bernard Pommier, Fabr izio Chiovetta, Vanessa Benelli Mosell ou Jean-Frédéric Neuburger. Henri Demarquette joue également en duo avec l’accordéoniste Richard Galliano un programme éclectique s’étendant de Bach à Galliano. En 2014, ce duo crée Contrastes, pour accordéon, violoncelle et orchestre, composé par Richard Galliano. Depuis 2015, Henri Demarquette se produit en quatuor à cordes aux côtés d’Augustin Dumay, Svetlin Roussev et Miguel da Silva. Henri Demarquette a créé le concerto pour violoncelle de Michel Legrand, qui a fait l’objet d’un enregistrement sous le label Sony avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Mikko

Franck. Henri Demarquette est l’initia-teur de Vocello, un projet réunissant violoncelle et chœur a cappella, avec l’ensemble vocal Sequenza 9.3 dirigé par Catherine Simonpietri, autour d’œuvres de la Renaissance et de partitions contemporaines. Depuis 2012, de nombreuses œuvres nouvelles ont été composées pour cette forma-tion. Courant 2016, Vocello a été en résidence au Collège des Bernardins. Depuis 2012, Henri Demarquette est invité par Michel Onfray à intervenir dans le cadre de l’Université Populaire de Caen. En compagnie de l’essayiste, poète et musicien Jean-Yves Clément, il évoque divers aspects de la musique sous forme de causeries-conférences. Cette ouverture d’esprit se reflète dans une discographie éclectique, couronnée de nombreuses distinctions en France et à l’étranger. Henri Demarquette a reçu de l’Académie des Beaux-Arts le Prix de la Fondation Simone et Cino del Duca. Il joue le Stradivarius « Vaslin » de 1725, qui lui est confié par LVMH/Moët Hennessy Louis Vuitton.

Éric Le SageÉric Le Sage est un pianiste très demandé à travers le monde. L’année 2010 est pour lui l’aboutissement d’un magnifique et ambitieux projet qui lui tient à cœur depuis ses débuts, avant même qu’il remporte le Concours Schumann de Zwickau en 1989 : enregistrer et jouer sur scène l’intégrale

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de la musique pour piano de Schumann. Ses enregistrements sont considérés par la critique internationale comme une référence. Ils sont récompensés en août 2010 par le Prix de l’année de la critique de disque allemande. Il reçoit par ailleurs le Choc de l’Année de Classica pour l’un des volumes de son intégrale en décembre 2010. Un deuxième Choc de l’Année lui est attribué pour son disque consacré à Guillaume Connesson avec le Royal Scottish National Orchestra. Le Théâtre des Champs-Élysées, le Festival Beethoven de Varsovie, le Musée Louisiana au Danemark, le Festival Schumann de la Tonhalle de Düsseldorf, le Festival de La Roque-d’Anthéron, la Folle Journée de Nantes, le Festival de Stavelot en Belgique, le Festival de Torroella en Espagne, le Domaine Forget au Québec, la Salle Philharmonique de Liège, parmi de nombreux autres lieux, l’invitent à célébrer Schumann en 2010. Éric Le Sage est par ailleurs l’invité de très nombreuses salles de concert et de nombreux festivals à travers le monde. En 2008 et 2010, la Salle Pleyel lui offre deux cartes blanches. Il se produit par ailleurs au Wigmore Hall, à la Schubertiade de Schwartzenberg, au Festival de Ludwigsburg, à l’Alte Oper de Francfort, au Théâtre du Châtelet, au Suntory Hall de Tokyo, à Carnegie Hall à New York, au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, au Festival d’Édimbourg, au Festival de Saint-Magnus… Parmi

ses collaborations récentes ou à venir, figurent des orchestres comme le Los Angeles Philharmonic Orchestra, le Toronto Symphony Orchestra, le Saint Louis Symphony Orchestra, le SWR Sinfonieorchester de Stuttgart, le Rot terdam Phi lhar monic, le Münchener Kammerorchester, l’Orches-tre Philharmonique de Liège… Il s’est également produit en soliste aux côtés de formations comme l’Orchestre Philharmonique de Radio France, l’Orches tre du Capitole de Toulouse, la Philharmonie de Dresde, l’Orchestre de Chambre de Cologne… sous la baguette de chefs comme Armin Jordan, Edo de Waar t, Stéphane Denève, Louis Langrée, Michel Plasson, Sir Simon Rattle… Né à Aix-en Provence, Éric Le Sage termine ses études au Conservatoire de Paris (CNSMDP) à 17 ans puis se perfectionne à Londres auprès de Maria Curcio. Il est lauréat de plusieurs concours internationaux : Premier Prix du Concours International de piano de Porto en 1985, Premier Prix du Concours International Robert Schumann de Zwickau en 1989 et lauréat du concours de Leeds l’année suivante. Il a enregistré de nombreux disques, notamment chez BMG-RCA, Denon, Harmonia Mundi, Naïve et EMI, salués par la critique (Choc du Monde de la Musique, 3 Diapasons d’Or, 10 de Répertoire, Grand Prix du Disque, Disque du mois des maga-zines Gramophone et Fonoforum, Echo E

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Klassik…). Son enregistrement de l’inté-grale de Francis Poulenc pour RCA-BMG (piano seul, musique de chambre et concertos) a été couronné par le Prix de l’Académie Charles Cros, une Victoire de la musique, un Prix Caecilia (Belgique) et élu Disque de l’année au Japon. En 2014 est paru le dernier des cinq opus qui constituent l’enregistre-ment de l’œuvre intégrale avec piano de Gabriel Fauré. Éric Le Sage est aussi, avec Paul Meyer et Emmanuel Pahud, le créateur et le directeur artistique du Festival Musique à l’Empéri à Salon de Provence. Il enseigne à la Hochschule für Musik de Fribourg.