Histoire de la cosmologie
Un cours offert aux étudiants de la Faculté des Lettres,
de la Faculté de Biologie et de médecine, de la Faculté des Hautes études commerciales, de la Faculté de Géosciences et environnement,
de la Faculté des Sciences sociales et politiques et de la Faculté de Théologie et de sciences des religions
de l’Université de Lausanne
dans le cadre de « Sciences au carré »
Histoire de la cosmologie
Prof. Georges Meylan
Laboratoire d’astrophysique Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne
Site web du laboratoire et du cours : http://lastro.epfl.ch
Histoire de la cosmologie
le vendredi 19 mai 2017 le cours aura lieu de 13h00 à 15h10
dans l’auditoire I du Cubotron = BSP
Site web du cours : http://lastro.epfl.ch
Histoire de la cosmologie le vendredi 19 mai 2017 le cours aura lieu de 13h00 à 15h10
dans l’auditoire I du Cubotron = BSP
Histoire de la cosmologie
examen écrit portant sur la matière du cours vendredi 9 juin 2017
de 13h15 à 15h00
dans l’auditoire Internef # 263
Site web du cours : http://lastro.epfl.ch
Histoire de la cosmologie 07 – Galilée, Newton, Halley, Loÿs de Cheseaux
07.1 Galileo Galilei 07.2 Isaac Newton
07.3 Edmund Halley 07.4 Jean-Philippe Loÿs de Cheseaux
Voir le fichier 07-GaliléeNewtonHalleyLdC.pdf sur le site web du laboratoire et du cours : http://lastro.epfl.ch
Histoire de la cosmologie 07 – Galilée, Newton, Halley, Loÿs de Cheseaux
Bibliographie succincte
• CHRISTIANSON, Gale S. Isaac Newton. Oxford : OUP, 2005. • COOK, Alan. Edmond Halley : Charting the Heavens and the Seas.
Oxford : OUP, 1998. • GEYMONAT, Ludovic. Galilée. Paris : Editions du Seuil, 1992. • GLEICK, James. Isaac Newton New York : Random House, 2003. • HEILBRON, John L. Galileo. Oxford : OUP, 2010. • LE RU, Véronique. Voltaire newtonien. Paris : Vubert Adapt, 2005. • TRYSTRAM, Florence. Le procès des étoiles. Récit de la prestigieuse
expédition de trois savants français en Amérique du Sud, 1735-1771. Paris : Payot, 1982.
• WESTFALL, Richard. S. Never at Rest : a Biography of Isaac Newton. Cambridge : CUP, 1980.
07.1 Galileo Galilei
1564 – 1642
né le 15 février 1564 à Pise, Italie décédé le 8 janvier 1642 à Arcetri près de Florence, Italie
Galileo Galilei (1564-1642) né à Pise le 15 février 1564 mort à Arcetri le 8 janvier 1642 Galileo Galilei peint en 1605-1607 par Domenico Tintoretto (1560 – 1635)
Evènements et personnages politiques contemporains de Galilée
• 1560 : Guerres de religion en France (→ 1593) • 1572 : massacre de la Saint-Barthélemy • 1587 : Marie Stuart décapitée • 1598 : édit de Nantes • 1610 : Henri IV assassiné par Ravaillac → Louis XIII • 1618 : Guerre de Trente ans (→ 1648) • 1643 : décès de Louis XIII → Louis XIV
Personnages culturels contemporains de Galilée
• 1563 : Breughel peint le Massacre des Innocents • 1580 : Montaigne écrits ses Essais (→ 1592) • 1582 : Greco peint le Martyre de Saint Maurice • Roland de Lassus (XVIe) compose • Domenico Gabrieli et Arcangelo Corelli (XVIIe) composent • 1596 : Shakespeare écrit Roméo et Juliette • 1602 : Shakespeare écrit Hamlet • 1604 : Cervantès écrit Don Quichotte • 1607 : Monteverdi compose l’Orfeo • 1631 : Rembrandt peint La Leçon d’anatomie • 1636 : Corneille écrit Le Cid
Le massacre des innocents (1563) Huile sur bois de chêne 108 x 156 cm Kunsthistorisches Museum Wien
La tour de Babel (1563) Huile sur bois de chêne 108 x 156 cm Kunsthistorisches Museum Wien
Les moissons (1565) Huile sur bois de chêne 118 x 161 cm Metropolitan Museum of Art New York
William Shakespeare 1564-1616
Le seul portrait connu de Shakespeare réalisé de son vivant
Giordano Bruno (1548-1600) Né à Nola, dans le vice-royaume de Naples, où il suit l’enseignement élémentaire. Vers 1562, il se rend à Naples pour y « apprendre les humanités, la logique et la dialectique ». Remar- qué pour sa mémoire et son système mnémonique. Entre dans l’ordre des Dominicains, ordonné prêtre en 1572. Lecture des écrits d’Erasme, alors interdit. Fuit Naples et voyage par Savona, Turin, Venise, Bergame, Chambéry, Lyon et Genève. Séjourne à Toulouse, Paris, Londres, Oxford, Marburg, Witten- berg, Prague, Frankfurt. Toujours à la recherche de position académique. En 1591, va à Padoue (chaire à Galileo en 1592) puis invité à Venise par le patricien Giovanni Mocenigo pour lui servir de tuteur. Arrivé en mars 1592, Bruno est dénoncé comme hérétique par Mocenigo auprès de l’Inquisition Vénitienne, pour croire en la pluralité des mondes. Arrêté le 22 mai 1592. Roma
Campo de Fiori Ettore Ferrari 1889
Giordano Bruno (1548-1600) Postule a contrario de la doctrine de l'Église la pluralité des mondes (habités).
Prouve que le Soleil est bien fixe et que la Terre tourne autour de ce dernier. Postule aussi lors des dialogues philosophiques le fait que les étoiles sont des soleils, apparemment moins lumineux car très éloignés.
Démontre, de manière philosophique, la pertinence d'un univers infini, peuplé d'une quantité innombrable de mondes identiques au nôtre.
Bruno publie quantité de ses écrits, dont : De auditu kabbalistico sive ad omnes scientias (1578) De umbris idearum (1582) De compendiosa architectura (1582) Candelaio (1582) La Cena de le Ceneri (Le Banquet des Cendres) (1584) De la causa, principio, et Uno (1584) De l'infinito universo et Mondi (1584) De monade, numero et figura (1591) De innumerabilibus, immenso, et infigurabili (1591)
Roma Campo de Fiori Ettore Ferrari 1889
Giordano Bruno (1548-1600)
Accusé d'hérésie par l'Inquisition notam-ment pour ses écrits jugés blasphéma-toires et son intérêt pour la magie. Environ trente chefs d’accusation, dont : attitude envers la transsubstantiation, doute de la virginité de Marie, a vécu dans des pays hérétiques, soutient l’existence de mondes innombrables, que les Saintes Ecritures sont des fables, que le Christ était un mage, etc. Accusations basées sur les écrits imprimés et les interrogatoires de Bruno. Reconnu « hérétique impénitent, persévé-rant et obstiné », il est condamné à être brûlé vif au terme de 8 années de procès.
Brûlé vif le 17 février 1600
Considéré, depuis le 19e siècle, comme un martyr de la science
Roma Campo de Fiori Ettore Ferrari 1889
Galileo Galilei (1564-1642) né à Pise le 15 février 1564 mort à Arcetri le 8 janvier 1642
Galileo Galilei peint en 1605-1607 par Domenico Tintoretto (1560 – 1635)
Galilée découvre l’existence des forces de frottement
Jusqu’à Galilée, les objets lourds étaient considérés comme tombant plus rapidement que les légers.
Galilée étudie des cas idéalisés, simplifiés
Galilée postule que tous les objets tombent avec une accélération constante en l’absence d’air et d’autre force de frottement
Tour de Pise Selon A. Koyré, Galilée n’aurait jamais effectué d’expériences depuis cette tour.
Pour tout objet au départ au repos, Galilée montre que, une fois lâché, l’objet parcourt une distance proportionnelle au carré du temps écoulé :
€
d∝ t 2
Galilée peut être considéré comme le père de la science moderne : théorie ⇔ observation
En un point donné à la surface de la Terre et en l’absence de résistance de l’air (vide), tous les objets tombent avec la même accélération constante : g = 9,81 m/s2
Galilée et la chute des corps
• Le mouvement « naturel » des corps est rectiligne uniforme (principe d’inertie) ; toute déviation est due à une force.
• La chute des corps (dans le vide, v0 = 0) est un mouvement rectiligne uniformément accéléré sous l’effet de la force de la pesanteur.
– Prouvé expérimentalement par Galilée
• Galilée constate expérimentalement et théoriquement que la période d’un pendule est indépendante de sa masse m ;
→ force de pesanteur proportionnelle à m
Galileo Galilei (1564-1642)
Cinématique étude du mouvement
Dynamique étude des causes et des lois du mouvement
La création de cette nouvelle science (dynamique) :
commence avec Galilée (1638), se poursuit avec Descartes (1644) et Huygens (1673),
et culmine avec Newton (1686).
Galilée mathématise la physique
Dès ses premiers travaux, Galilée ne cherche pas une mathématisation
analogue à celle des néo-platoniciens, qui prétendaient trouver dans les nombres
l’essence des phénomènes naturels.
Ce qu’il propose d’obtenir par l’emploi des mathématiques,
c’est avant tout la rigueur du vocabulaire, des concepts et des déductions.
Galilée mathématise la physique
Il écrit lui-même :
« La méthode que nous suivrons dans ce traité consistera à toujours enchaîner les propositions
à celles qui les précèdent. Cette méthode,
je l’ai apprise des mathématiciens qui ont été mes maîtres »
Lunettes astronomiques de Galileo Galilei Dès le printemps 1609, Galilée entend parler de l’existence de lunettes. Vivement intéressé, il se met à construire en août 1609 des lunettes dans son atelier de Padoue.
Le cardinal Nicolas de Rouen
Fresque de Tommaso da Modena 1351-1352
Tommaso Barisini, dit Tommaso da Modena (1326 - 1379)
peintre et miniaturiste travaillant à Venise
Son style naturaliste s’épanouit dans son chef d’œuvre, la série de fresques des
Dominicains célèbres (signée et datée de 1352) de la salle capitulaire du couvent San Niccolò
de Trévise. Tommaso fait preuve d’une remarquable capacité à
décrire l'activité intellectuelle. Les personnages y sont décrits dans la méditation,
dans l'écriture ou la lecture.
l’un d’eux porte des lunettes, première représentation du genre
Cardinal Nicholas of Rouen Detail from Tommaso da Modena’s fresco cycle of forty Dominican scholars, 1352
Saint Pierre lisant, illustré par Friedrich Herlin en 1466 Sankt Jakobskirche, Rothenburg ob der Tauber, Deutschland
Saint Pierre lisant, illustré par Friedrich Herlin en 1466 Sankt Jakobskirche, Rothenburg ob der Tauber, Deutschland
Jean Collaert, 1582, engraving of a spectacle shop on a marketplace
Lunettes astronomiques de Galileo Galilei Dès le printemps 1609, Galilée entend parler de l’existence de lunettes. Vivement intéressé, il se met à construire en août 1609 des lunettes dans son atelier de Padoue.
Galileo Galilei (1564-1642) Telescope, Florence, ca. 1610 Florence, Istituto e Museo di Storia della Scienza (IMSS), inv. 2428 This is one of two original Galileo telescopes that have come down to us. This one is dedicated to Grand Duke Cosimo II de' Medici. It has a magnifying power of 20x.
Galileo Galilei (1564-1642) Telescope, Florence, ca. 1610 Florence, Istituto e Museo di Storia della Scienza (IMSS), inv. 2428
1609-1610 : Galilée observe de nouveaux mondes
la Lune Sidereus Nuncius (Venice, 1610)
1609-1610 : Galilée observe de nouveaux mondes
la Lune Sidereus Nuncius (Venice, 1610)
la Lune Sidereus Nuncius (Venice, 1610)
Sidereus Nuncius (Venice, 1610)
Quartier de Lune ESO WFI
Jupiter et ses quatre grands satellites
4 grands satellites : Io, Europa, Ganymède, Callisto
Galileo Galilei (1564–1642) Autograph notes on the satellites of
Jupiter, 14–25 January 1611 Purchased by J. P. Morgan, Jr. in 1928; MA 1064
Morgan Library
On this scrap of paper (an unfolded envelope), Galileo recorded the positions
of four satellites of Jupiter over a period of several nights. He had observed the moons
with the aid of his newly constructed telescope and published his findings in his revolutionary book The Starry Messenger
(1610). He then worked to define more precisely the periods of the orbits of the
Jovian moons, setting up his telescope night after night and making notes such as these. In a radical departure from his university training, Galileo insisted that scientific theory be grounded in observation and
physical evidence rather than reliance on ancient authority.
Autograph diary of observations of Jupiter, 1610
Les 4 grands satellites de Jupiter vus par Galileo Galilei (appelés planètes Médicées)
Les 4 grands satellites de Jupiter vus par Galileo Galilei (appelés planètes Médicées)
Jupiter et deux de ses quatre grands satellites
4 grands satellites : Io, Europa, Ganymède, Callisto
Les quatre grands satellites de Jupiter découverts en 1610 par Galilée et observée 4 siècles plus tard par la sonde spatiale Galileo
Io (1996 Galileo)
Europa (1996 Galileo)
Ganymède(1996 Galileo)
Jupiter(1996 Galileo)
Sonde Galileo : lancée le 18 octobre 1989, arrive vers Jupiter en décembre 1995, perdue le 21 sept 2003 quand elle s’est désintégrée dans l’atmosphère de Jupiter
Callisto(1972 Voyager)
Galileo Galilei
croquis taches
solaires 23 juin 1612
rayon = 700’000 km à 150’000’000 km de la Terre
Galileo Galilei
croquis taches
solaires août 1612 rayon = 700’000 km
à 150’000’000 km de la Terre
Soho MDI Continuum Le Soleil MDI continuum SOHO ~ 6768 Å
rayon = 700’000 km à 150’000’000 km de la Terre
Saturne apparaît comme triple
Christiaan Huygens
Systema
Saturnium 1656
Observations of Saturn
by others prior to Huygens.
I Observation by Galileo in 1610, II by Scheiner in 1614, III by Riccioli from 1641-1643, IV-VII represent suggestions by Hevelius based on his theories, VIII and IX are observations by Riccioli
from 1648-1650, X is an observation by Divini from 1646-1648, XI by Fontana in 1636, XII by Gassendi in 1646, XIII is from observations by Fontana and others from 1644-1645.
Les phases de Vénus semblables à celles de la Lune
Ces observations contredisent tout système géocentrique
Croissants de Lune et de Vénus 6 mars 2009
Croissants de Lune et de Vénus 6 mars 2009
Ces observations contredisent tout système géocentrique
La Voie Lactée est constituée d’une multitude d’étoiles
Galileo Galilei
Notes manuscriptes 1610
Observations et calculs sur les
planètes médicéennes
dessin sur feuillet 54v
Anagrammes des découvertes
• Anagramme envoyé à Kepler concernant Saturne : « Salve umbistineum geminatum Martia proles »
« Salut descendance de Mars au double nombril » « Altissimum planetam tergeminum observavi »
« J’ai observé la plus haute planète en triple forme »
• Anagramme envoyé à Julien de Médicis concernant Vénus : « Haec immatura a me iam frustra leguntur o y »
« En vain j’ai cueilli ces fruits verts + deux voyelles o y » « Cynthiae figuras aemulatur mater amorum »
« La mère des amours (Vénus) imite les formes (phases) de Cynthie (la Lune) »
Un anagramme plus récent
établissant un lien entre le CERN et la religion
L’accélérateur de particules
éclipsera l’éclat du créateur
On ne possède pas de preuve que Galilée soit le premier observateur
des cieux étoilés par contre
il est certain qu’il est le premier à posséder le bagage
scientifique nécessaire pour comprendre l’importance
de ce qu’il voit et pour l’interpréter
Naming the Moons : Galileo called his discovery the Medicean Stars, after his patron. The names we use today were chosen by Simon Marius, a German astronomer who discovered the moons independently
around the same time as Galileo. A diagram of the four moons appears over his shoulder in “Mundus Iovialis,” the World of Jupiter.
Galileo Galilei montrant au doge de Venise comment utiliser la lunette Fresque de 1858 Sala Bertini Villa Andrea Ponti Varese, Italy
Galilée expliquant
ses découvertes à deux cardinaux
Peinture de Jean-Léon Huens
(1921 – 1982) illustrateur belge
Galilée expliquant
ses découvertes à deux cardinaux
Peinture de Jean-Léon Huens
(1921 – 1982) illustrateur belge
Donato Creti (1671-1749) Moon and Jupiter, 1711 Rome, Pinacoteca Vaticana, inv. 40433 and 40437 These two pictures are part of a series of small paintings of the stars and planets which Creti painted as they appear through a telescope. The paintings record Galileo's discoveries.
Mais Galilée a des détracteurs
« Galileo Galilei, mathématicien de Padoue, vint nous voir à Bologne et il apporta cette lunette à travers laquelle il a vu 4 planètes imaginaires.
Quant à moi, le 24 et le 25 avril, je n’ai dormi ni le jour ni la nuit, mais j’ai essayé cet instrument de Galilée mille fois et de mille façons,
aussi bien pour considérer les objets terrestres que ceux célestes. Pour les objets terrestres, la lunette fait merveille.
Pour les objets célestes, elle se trompe, car certaines étoiles fixes y apparaissent doubles.
Je peux produire les témoignages d’hommes très distingués et de savants les plus connus …
tous ont avoués que l’instrument de Galilée donne une vision fausse. »
Antonio Magini via Martin Korky de Lochovic
Bologne, avril 1610
La polémique naît peu à peu… Les disciples d’Aristote ne croient pas à l’existence de montagnes
sur la Lune car elles empêcheraient cette dernière d’avoir cette forme sphérique qui convient aux corps célestes
en tant que forme absolument parfaite.
Le père Clavius part de l’hypothèse que les vallées et les montagnes de la Lune sont recouvertes d’une substance cristalline
absolument transparente, disposée de telle sorte qu’elle redonne à l’astre
une forme parfaitement sphérique.
La polémique menée par Galilée contre la notion de perfection absolue ne peut se comprendre
dans toute la richesse de ses motivations critiques que si on la replace dans le refus global qu’il oppose à toute tentative
visant à introduire dans la science des concepts invérifiables.
Un programme ambitieux Très tôt après ses découvertes qui corroborent
la théorie de Copernic, Galilée décide de défendre et de diffuser l’héliocentrisme ainsi que
l’approche scientifique et objective de l’étude de la nature.
Il n’y a pas de doute que l’attitude de Galilée est caractéristique de la plus pure philosophie des lumières, représentée par une confiance en la raison humaine qui,
par la recherche scientifique, parvient à dissiper les malentendus, à dépasser les vieux préjugés,
à arracher à la Nature tous ces secrets.
1616 : premier procès • Dès 1611, large controverse sous forme de lutte interne entre les deux
parties de l’Eglise : d’une part le parti des réactionnaires les plus intransigeants et de l’autre celui des défenseurs les plus hardis d’une complète ouverture de l’Eglise au système de Copernic et à la culture moderne.
théologiens et diplomates roués ⇔ savant ingénu et optimiste
• Le 24 février 1616, le Saint-Office condamne deux propositions supposées résumer l’ensemble de la controverse. Le 3 mars 1616, la sentence du Saint-Office est transmise à la Congrégation de l’Index, laquelle interdit les livres de Copernic.
• Aucune mention explicite des œuvres de Galilée : désir de ne pas offenser un grand savant protégé par la famille très puissante et catholique des Médicis (entre autres son protecteur Cosme II).
• Le pape Paul V ordonne au cardinal Bellarmin de convoquer Galilée et de le sommer d’abandonner l’opinion censurée. Galilée obéit…
Galilée continue ses travaux « La philosophie est écrite dans ce livre immense
perpétuellement ouvert devant nos yeux (je veux dire : l’Univers),
mais on ne peut le comprendre si l’on n’apprend pas d’abord à connaître la langue et les caractères
dans lesquels il est écrit. Il est écrit en langue mathématique et
ses caractères sont des triangles, des cercles, et d’autres figures géométriques, sans l’intermédiaire
desquels il est humainement impossible d’en comprendre un seul mot.
Si on ne les comprend pas, on tourne vainement en rond dans un labyrinthe obscur. »
En 1623, le cardinal Barberini élu pape
Maffeo Barberini Florence, avril 1568 – Rome, 29 juillet 1644
233e pape, de 1623 à 1644,
sous le nom d’Urbain VIII
Esprit fin, particulièrement convaincu de la suprématie de la culture. Galilée pense pouvoir reprendre le vaste programme de politique
culturelle interrompue par le procès de 1616.
Galileo Galilei (1564-1642) né à Pise le 15 février 1564 mort à Arcetri le 8 janvier 1642
Galileo Galilei dessiné en 1624 par Ottavio Leoni (1578-1630) Florence, Biblioteca Marucelliana, Disegni H 18
« Dialogue sur les deux grands systèmes du monde »
Un des plus admirables chefs-d’œuvre de la littérature scientifique et philosophique de tous les temps, publié par Galilée en 1632
Trois personnages : Salviati est copernicien, Simplicio défend le géocentrisme, Sagredo arbitre neutre au début penche finalement vers Copernic. Galilée montre le lien indissoluble entre l’hypothèse copernicienne et les principes de la nouvelle mécanique
Urbain VIII passe du camp des amis au camp des adversaires de Galilée
• Facteur personnel : Le pape se laisse convaincre, par les insinuations de certains rusés
adversaires de Galilée, que celui-ci a voulu se moquer de lui en le personnifiant sous les traits du naïf et ignorant Simplicio.
• Facteur politique : Une grave crise éclate lors du consistoire tenu en mars 1632 quand le
cardinal Gaspard Borgia a l’audace d’attaquer le pape ouvertement et violemment, en l’accusant de protéger les hérétiques et en l’invitant à fournir la preuve qu’il était vraiment animé de ce même « zèle apostolique » dont avaient donné tant de preuves ses prédécesseurs « plus pieux et plus dignes de gloire ».
D’où la décision d’Urbain VIII de se venger de Galilée, de le punir, et de rétablir son propre prestige de pape en humiliant l’ami infidèle
Joseph Nicolas Robert-Fleury (Cologne 1797 - Paris 1890)
Galilée devant le Saint-Office au Vatican 1847, huile sur toile, 197 x 308 cm, Musée du Louvre, Paris
1633 : second procès L’autorité ecclésiastique engage contre Galilée
une procédure ultra-secrète.
Galilée réalise petit à petit qu’il doit renoncer, non pas seulement à exprimer sa propre foi dans la théorie copernicienne,
mais également à exposer les raisons scientifiques qui viennent à l’appui de cette théorie.
C’est l’abandon définitif du programme de politique culturelle pour lequel il avait si longtemps combattu.
Durant les interrogatoires du Saint-Office des mois d’avril, mai, et juin 1633, affaibli, déprimé, Galilée adopte une ligne de défense qui le perdra :
« l’intention du dialogue était de combattre la doctrine de Copernic ». Galilée renie son œuvre tout entière.
Le 22 juin 1633, Galilée, écoute à genoux la sentence et abjure publiquement, ( puis se relevant aurait dit « Eppur si muove ! » )
Maria Céleste 1600-1634
Galilé assigné à résidence surveillée dans sa villa d’Arcetri près de Florence
Profondément éprouvé,
il se remet au travail, certain de la victoire future
de ses travaux, soutenu par sa fille aînée
Sœur Maria Céleste qui a suivi
avec une vive et profonde anxiété les épreuves traversées par son père
Elle meurt le 2 avril 1634
Discours sur
deux sciences nouvelles
Discours sur deux sciences nouvelles
Discours sur deux sciences nouvelles (1638)
Quelques contributions de Galilée
• Découvre la loi de la chute des corps dans le vide. • Donne une première formulation du principe d’inertie. • Pressent la loi de composition des vitesses. • Met en évidence l’isochronisme des oscillations d’un pendule. • Introduit l’emploi de la lunette en astronomie ⇒
révolution dans l’observation de l’Univers. • Découvre - le relief de la Lune, - les 4 principaux satellites de Jupiter, - les taches solaires et la rotation du Soleil, - l’étrange apparence de Saturne, - les phases de Vénus et - la présence d’innombrables étoiles dans la Voie Lactée. • Se rallie au système héliocentrique de Copernic (mis à l’Index). • Condamné par le tribunal de l’Inquisition et obligé de se rétracter en
1633. • Réhabilité par l’Eglise en ????.
• Découvre la loi de la chute des corps dans le vide. • Donne une première formulation du principe d’inertie. • Pressent la loi de composition des vitesses. • Met en évidence l’isochronisme des oscillations d’un pendule. • Introduit l’emploi de la lunette en astronomie ⇒
révolution dans l’observation de l’Univers. • Découvre - le relief de la Lune, - les 4 principaux satellites de Jupiter, - les taches solaires et la rotation du Soleil, - l’étrange apparence de Saturne, - les phases de Vénus et - la présence d’innombrables étoiles dans la Voie Lactée. • Se rallie au système héliocentrique de Copernic (mis à l’Index). • Condamné par le tribunal de l’Inquisition et obligé de se rétracter en
1633. • Réhabilité par l’Eglise en 1992.
Quelques contributions de Galilée Jean-Paul II
Jean-Paul II rend hommage à Galilée lors de son discours aux participants à la session plénière de l'Académie pontificale des sciences. Il reconnaît clairement les erreurs de certains théologiens du XVIIe siècle et réhabilite de fait Galilée, le 31 octobre 1992.
“La question de l’origine de l’univers, comme la question de la chute de corps,
nécessite un réponse fournie par des méthodes scientifiques,
des observations suggérées par la théorie et
des théories vérifiées par les observations, mais ne peut être résolue
ni par la pensée pure ni par une authorité religieuse.”
Steven Weinberg , 1992, in L’Anno Galileiano
Benoît XVI En janvier 2008, le pape Benoît XVI juge la position de l'Église d'alors plus rationnelle que celle de Galilée. Controverse avec 67 professeurs et des milliers d’étudiants de l'Université de Rome « La Sapienza ». Le pape doit renoncer au Dies Academicus. Une manifestation en soutien au pape réunit 100 000 fidèles sur la place Saint-Pierre le 20 janvier 2008 …
Portrait de Galileo Galilei dessiné par Ottavio Leoni (1578-1630).
Galilée (1564-1642) travaux publiés en 1638
Galilée (1564-1642) travaux publiés en 1638
Portrait de Galileo Galilei peint en 1636 par Justus Sustermans (1597–1681)
Cinématique étude du mouvement
Dynamique étude des causes et des lois du mouvement
La création de cette nouvelle science (dynamique) :
commence avec Galilée (1638), se poursuit avec Descartes (1644) et Huygens (1673),
et culmine avec Newton (1686).
René Descartes (1596-1650) travaux publiés en 1644
René Descartes (1596-1650) travaux publiés en 1637
René Descartes (1596-1650) Tourbillons : pour Descartes, le mouvement des planètes est dû à de grands tourbillons d'éther qui les emportent et les maintiennent sur leurs trajectoires. travaux publiés en 1644 dans Les principes de la philosophie
Masse - quantité de mouvement - forces • Descartes énonce ses trois lois du mouvement : • 1 « La première est : que chaque partie de la matière, en particulier, continue toujours
d'être en un même état, pendant que la rencontre des autres ne la contraint point de le changer. » (AT, XI, 38)
• 2 « Je suppose pour seconde règle : que, quand un corps en pousse un autre, il ne saurait lui donner aucun mouvement, qu'il n'en perde en même temps autant du sien ; ni lui en ôter, que le sien ne s'augmente d'autant. » (Ibid., 41)
• 3 « J'ajouterai pour la troisième : que, lorsqu'un corps se meut, encore que son mouvement se fasse le plus souvent en ligne courbe, et qu'il ne s'en puisse jamais faire aucun, qui ne soit en quelque façon circulaire, […], toutefois chacune de ses parties en particulier tend toujours à continuer le sien en ligne droite. » (Ibid., 44)
• « De tous les mouvements, il n'y a que le droit, qui soit entièrement simple, et dont toute la nature soit comprise en un instant. »
• Descartes, outre le principe d'inertie, affirme donc le caractère rectiligne du mouvement, illustré par le mouvement à tout moment possible de la pierre d'une fronde. « Donc suivant cette règle, il faut dire que Dieu seul est l'auteur de tous les mouvements qui sont au monde, en tant qu'ils sont, et en tant qu'ils sont droits ; mais que ce sont les diverses dispositions de la matière, qui les rendent irréguliers et courbes. Ainsi que les Théologiens nous apprennent, que Dieu est aussi l'auteur de toutes nos actions, en tant qu'elles sont, et en tant qu'elles ont quelques bontés; mais que ce sont les diverses dispositions de nos volontés, qui peuvent les rendre vicieuses. »
René Descartes (1596-1650) « Car, bien que le mvt ne soit qu’une façon en la matière qui est mue, elle en a une certaine quantité qui n’augmente et ne diminue jamais, encore qu’il y en ait tantôt plus et tantôt moins en quelques-unes de ses parties. » Les principes de la philosophie,
1644. Premières mentions de la quantité de mvt Portrait d’époque peint par Frans Hals (c. 1580 – 1666)
Christiaan Huygens (1629-1695) quantité de mvt travaux publiés en 1673
07.2 Isaac Newton
1643 – 1727
né le 4 janvier 1643 à Woolsthorpe, UK décédé le 31 mars 1727 à Kensington, UK
(après ou avant l’adoption du calendrier grégorien)
né le 25 décembre 1642 à Woolsthorpe, UK décédé le 20 mars 1727 à Kensington, UK
Du calendrier julien au calendrier grégorien
• Le calendrier grégorien est analogue au calendrier julien de la Rome antique en vigueur jusqu'alors. C'est un calendrier solaire se basant sur la révolution de la Terre autour du Soleil en 365,24221935 jours de 24 heures. Le calendrier grégorien donne un temps moyen de l'année de 365,2425 jours. Pour assurer un nombre entier de jours à l'année, on y ajoute tous les 4 ans un jour intercalaire, le 29 février (l’année est alors bissextile), à l'exception des années bissextiles séculaires, qui sont supprimées, sauf si leur millésime est divisible par 400. Il reste actuellement une erreur d'environ un jour sur 3 000 ans, au lieu d'un jour sur 134 ans avec le calendrier julien.
• En 1582, le pape Grégoire XIII décida dans la bulle Inter gravissimas que le jeudi 4 octobre 1582 serait immédiatement suivi par le vendredi 15 octobre pour compenser le décalage accumulé au fil des siècles.
• Le passage du calendrier julien au calendrier grégorien n'eut pas lieu au même moment partout dans le monde, ce qui n'a pas manqué de causer des confusions (par exemple, dates de naissance et de décès de Newton).
Isaac Newton 1643-1727
• Il publie en 1687
« Philosophiae naturalis principia mathematica »
Principes mathématiques de philosophie naturelle
• Trois lois de
Newton • Lois de la
gravitation universelle
Portrait d’Isaac Newton peint par Godfrey Kneller en 1689
Portrait d’Isaac Newton peint par Godfrey Kneller en 1702
Isaac Newton 1643-1727
• Il publie en 1687
« Philosophiae naturalis principia mathematica »
Principes mathématiques de philosophie naturelle
• Trois lois de
Newton • Lois de la
gravitation universelle
Isaac Newton 1643-1727
• Il publie en 1687
« Philosophiae naturalis principia mathematica »
Principes mathématiques de philosophie naturelle
• Trois lois de
Newton • Lois de la
gravitation universelle
Portrait d’Isaac Newton peint en 1726 par Enoch Seeman (1694-1744)
Maison natale d’Isaac Newton à Woolsthorpe Enfance, jeunesse, études • Isaac Newton nait, prématuré, à Woolsthorpe près de Grantham dans le
Lincolnshire (Angleterre). Son père meurt trois mois avant sa naissance et sa mère se remarie avec un riche pasteur lorsque le petit Isaac a trois ans. Il est alors placé chez sa grand-mère sous la tutelle de son oncle maternel, également pasteur et ancien étudiant à Cambridge ; son enfance semble ne pas être très heureuse. A douze ans, il fréquente l’école primaire de Grantham.
• Il y reste quatre ans jusqu’à ce que sa mère le rappelle à Woolsthorpe afin qu’il devienne fermier et qu’il apprenne à administrer le domaine. C’est un échec. L’oncle pasteur persuade la mère d’autoriser Newton à retourner à l’école pour peut-être pouvoir entrer à l’université.
• En 1661, il entre au Trinity College de Cambridge où il se fait remarquer par son maître, Isaac Barrow. Il y étudie l’arithmétique, la géométrie dans les Éléments d'Euclide et la trigonométrie. Il s’intéresse personnellement à l’astronomie, à l’alchimie et à la théologie. Il devient à vingt-cinq ans bachelier des arts, mais est contraint à suspendre ses études pendant deux ans en raison de la peste qui s’est abattue sur la ville en 1665 ; il retourne dans sa région natale. C’est à cette période que Newton progresse fortement en mathématiques, physique et optique : toutes ses grandes découvertes futures découlent de ces deux années d’isolement et d’intense concentration.
Le génie • Newton débute en 1666 l’étude des fonctions dérivables et de leurs dérivées
sur la base des travaux de Fermat. Il classifie les cubiques et en donne des tracés corrects avec asymptotes, inflexions et points de rebroussement. En 1669, il rédige un compte rendu sur les fondements du calcul différentiel et intégral qu’il appelle « méthode des fluxions ».
• Durant la même année 1669, Newton reprend la chaire de mathématiques à l’Université de Cambridge, laissée libre par son maître Isaac Barrow, démissionnaire. Trois ans plus tard, en 1672, à l’âge de 29 ans, il entre à la Royal Society de Londres.
• Son premier grand exploit reconnu par le grand public est la conception et la construction d’un télescope à miroir.
• En 1675, dans son ouvrage Opticks, il expose ses travaux sur la lumière et prouve, à l’aide d’un prisme, que la lumière blanche est constituée d’un spectre de plusieurs couleurs. Il complète ses travaux en exposant sa théorie corpusculaire. Ces travaux le rendent immédiatement célèbre.
• Newton est contacté en 1684 par l’astronome britannique Edmund Halley (le découvreur éponyme de la célèbre comète) à propos des lois de Kepler sur les orbites elliptiques des planètes. Newton répond de manière convaincante et Halley le pousse à publier ses travaux.
Réplique du télescope de 15 cm qu'Isaac Newton présente à la Royal Society en 1672
Le génie • En 1687, Newton publie son œuvre majeure :
Philosophiæ Naturalis Principia Mathematica • Cette somme marque le début réel de la mathématisation moderne de la
physique. Newton y expose le principe d’inertie, la proportionnalité des forces et des accélérations, l’égalité de l’action et de la réaction, les lois du choc, il y étudie le mouvement des fluides, les marées, etc.
• Il expose également sa théorie de l’attraction universelle : les corps s’attirent avec une force proportionnelle au produit de leur masse et inversement proportionnelle au carré de la distance qui les sépare.
• La simplicité et l'efficacité de cette théorie aura une très forte influence sur les autres sciences dès le XVIIIe siècle. Toutefois, alors que ce livre est bien accueilli en Grande-Bretagne, la réaction des scientifique sur le continent lui est hostile. €
F = −G m Mr2
Mm
F
r
€
ˆ e r loi de la gravitation universelle
Isaac Newton 1643-1727
• Il publie en 1687
« Philosophiae naturalis principia mathematica »
Principes mathématiques de philosophie naturelle
• Trois lois de
Newton • Lois de la
gravitation universelle
Isaac Newton 1643-1727
• Il publie en 1687
« Philosophiae naturalis principia mathematica »
Principes mathématiques de philosophie naturelle
• Trois lois de
Newton • Lois de la
gravitation universelle
Illustration tirée des Principia du mouvement d’un objet
lancé de plus en plus rapidement autour de la Terre
Lois de Newton
« Philosophiae Naturalis Principia Mathematica » (1687) • Lex prima (loi d’inertie) :
– « Tout corps persévère dans l’état de repos ou de mouvement uniforme en ligne droite à moins qu’une force n’agisse sur lui et ne le contraigne à changer d’état »
• Lex secunda : – « Les changements dans le mouvement d’un corps sont proportionnels à la force et
se font dans la direction de la force »
• Lex tertia (action-réaction) : – « A chaque action, il y a toujours une réaction égale et opposée; si un corps exerce
une force sur un autre, cet autre corps exerce une force égale et opposée sur le premier »
€
F = m a
€
mouvement rectiligne uniforme ⇔ F = 0
€
F 1→2 = −
F 2→1
Tube de Newton
rempli d’air vide
Loi de la gravitation universelle (Newton)
L’interaction de gravitation entre deux corps s’exprime par une force centrale attractive proportionnelle aux masses des deux corps et inversement proportionnelle au carré de leur distance :
« Philosophiae Naturalis Principia Mathematica » (1687)
€
F = − G M m
r2 ˆ e r = − G M mr3 r
G = constante de gravitation universelle
Mm
F
r
€
ˆ e r Notes:• En pleine cohérence avec les lois de Kepler,
cette loi a tout de suite été acceptée, mais …• G = (6.673 ± 0.010)×10-11
m3 kg-1 s-1�
(valeur actuelle)
Lettre de Newton à Bentley 25 Feb. 1692/93
Toute action instantanée à distance demeure incompréhensible
• Newton postule que deux corps exercent l’un sur l’autre une force similaire à celle du Soleil sur une planète :
– Exemple : la Terre attire aussi bien la Lune qu’une pomme, et donc la Lune « tombe » en chute libre de la même manière que la pomme.
• Vérification du postulat (1666) : – A la surface de la Terre de rayon R, la pomme de masse m
subit une force donnée par : mg = χT m / R2, donc χT = gR2
– Newton calcule alors la période de révolution T de la Lune connaissant sa distance d à la Terre :
mais le résultat diffère de 15% par rapport à la valeur observée ! Il renonce à publier, jusqu’à ce que, plusieurs années plus tard, la longueur du méridien terrestre soit mesurée plus correctement, réduise l’écart de 15 % à 1 %.
Les planètes, la lune et la pomme
€
T = 2π d 3
χT = 2π d 3
gR 2
Got
lib
Distance moyenne Terre - Lune : d = 384404 km Accélération gravitationnelle : g = 9.81 m/s2 Rayon moyen de la Terre : R = 6371 km T = 2π sqrt(d3/(gR2)) ~ 27.5 jours
La résistance française ! • Newton fait paraître ses Philosophiae naturalis principia mathematica
(Principes mathématiques de la philosophie naturelle) en 1687 mais, cinquante ans plus tard, on est toujours majoritairement cartésien en France, y compris dans l’Académie royale des sciences de Paris, dont le secrétaire perpétuel, Fontenelle, reste fidèle à Descartes jusqu’à sa mort, en 1757, à l’âge respectable de cent ans.
• Voltaire publie les Éléments de la philosophie de Newton en 1738 et c’est le premier ouvrage qui introduit véritablement Newton en France. Certes, en 1732, Maupertuis a publié son Discours sur différentes figures des astres où il compare le système de Descartes et celui de Newton mais cet ouvrage a très peu de retentissement.
• Voltaire livre un véritable combat pour la science newtonienne et pour la vérité qui ne peut être délimitée ni par des frontières ni par des conflits politiques. Quand un philosophe se met au service de la science, il a ses raisons que parfois la raison ignore. Celles de Voltaire sont idéologiques, théologiques mais aussi amoureuses : Voltaire étudie Newton parce qu’il vit à Cirey avec une grande Dame mathématicienne, la marquise du Châtelet, qu’il admire et à qui il veut plaire : les Éléments de la philosophie de Newton lui seront dédicacés.
La résistance française ! • Newton fait paraître ses Philosophiae naturalis principia mathematica
(Principes mathématiques de la philosophie naturelle) en 1687 mais, cinquante ans plus tard, on est toujours majoritairement cartésien en France, y compris dans l’Académie royale des sciences de Paris, dont le secrétaire perpétuel, Fontenelle, reste fidèle à Descartes jusqu’à sa mort, en 1757, à l’âge respectable de cent ans.
• Voltaire publie les Éléments de la philosophie de Newton en 1738 et c’est le premier ouvrage qui introduit véritablement Newton en France. Certes, en 1732, Maupertuis a publié son Discours sur différentes figures des astres où il compare le système de Descartes et celui de Newton mais cet ouvrage a très peu de retentissement. Lisez « Le procès des étoiles » Florence Trystram
• Voltaire livre un véritable combat pour la science newtonienne et pour la vérité qui ne peut être délimitée ni par des frontières ni par des conflits politiques. Quand un philosophe se met au service de la science, il a ses raisons que parfois la raison ignore. Celles de Voltaire sont idéologiques, théologiques mais aussi amoureuses : Voltaire étudie Newton parce qu’il vit à Cirey avec une grande Dame mathématicienne, la marquise du Châtelet, qu’il admire et à qui il veut plaire : les Éléments de la philosophie de Newton lui seront dédicacés.
Gabrielle Émilie le Tonnelier de Breteuil du Châtelet Emilie du Châtelet (1706-1749)
François Marie Arouet dit Voltaire (1694-1778)
Château de Cirey Haute Marne Voltaire y réside de 1734 à 1749 invité par Emilie du Châtelet
Voltaire newtonien • L’importance du rôle de Voltaire dans la diffusion de la pensée de Newton en France
est essentielle : l’ouvrage où il expose son système du monde, les Eléments de la philosophie de Newton , a connu vingt-six éditions entre 1738 et 1785.
• En 1727, alors que Voltaire ignore à peu près tout de Newton mais est fasciné par les funérailles nationales qui honorent sa mémoire à Westminster, il apprend de la nièce de Newton, Mrs Conduit, l’anecdote de la pomme. Il en comprend tout de suite la portée et s’empresse de la publier dans le texte qu’il a sous le coude, son Essay upon epick poetry, où elle n’a en réalité que faire. Le génie de Voltaire est de discerner la signification de l’épisode. En outre son instinct de « journaliste » lui dit que l’information est denrée périssable. Il se hâte donc de publier l’histoire de la pomme dans le premier texte imprimé à paraître.
• Vulgarisateur ou passeur de savoir, c’est Voltaire qui, le premier, a rapporté l’anecdote de la pomme. Newton, en observant la chute d’une pomme, a (?) le génie de s’en étonner et de rapprocher les phénomènes de la pesanteur terrestre et les mouvements des planètes. Mais il prend le temps et la peine de donner à ce rapprochement le sens scientifique d’une analogie : il montre que les phénomènes de pesanteur et les mouvements des planètes relèvent d’une même structure mathématique et se comprennent bien à partir d’un même calcul. Il publie ce calcul en 1687, dans les Principes mathématiques de la philosophie naturelle.
• Voltaire reprend l’histoire de la pomme en 1734 dans les Lettres philosophiques puis dans les Eléments de la philosophie de Newton en 1738.
L’attraction universelle de Newton La théorie de l’attraction universelle n’est réellement acceptée
qu’après avoir connu des confirmations expérimentales, portant notamment sur la forme du globe terrestre, en 1736 par Pierre Louis Moreau de Maupertuis (1698-1759), la prédiction par Edmund Halley (1656-1742) du retour pour 1759 de la comète de Halley et la découverte en 1846 de la planète Neptune par le calcul des perturbations newtoniennes en 1845 de John Adams (1819-1892) et en 1846 de Urbain Jean Joseph Le Verrier (1811-1877).
Grandes confrontations de Newton avec Robert Hooke (1/r2) et Gottfried Leibnitz (calculus)
TRYSTRAM, Florence. Le procès des étoiles. Récit de la prestigieuse expédition de trois savants français en Amérique du Sud, 1735-1771. Paris : Payot, 1982.
Isaac Newton peint en 1795 par William Blake (28 November 1757–12 August 1827)
If I have seen further it is by standing upon the shoulders of giants. From a letter written by Isaac Newton to Robert Hooke, 5 Feb. 1676
« If I have seen further it is by standing upon the shoulders of giants. » From a letter written by Isaac Newton to Robert Hooke, 5 Feb. 1676
Image illustrant l’épisode de
la mythologie grecque dans lequel le géant aveugle Orion porte
son serviteur Cedalion sur ses épaules pour
que ce dernier lui serve de guide
Library of Congress, Manuscript from Süd-Deutschland
ca. 1410
Image illustrant l’épisode de la mythologie grecque dans lequel le géant aveugle Orion porte son serviteur Cedalion sur ses épaules pour que ce dernier lui serve de guide
Nicolas Poussin, 1658, huile, Metropolitan Museum of Art, NYC
Newton maître de la monnaie
• En 1692-1693, Newton subit une grave période de dépression nerveuse, probablement due à la mort de sa mère, à la destruction de son laboratoire d’alchimie, et à l’excès de travail. Il met trois ans à se remettre.
• En 1696, il quitte Cambridge pour devenir d'abord gardien de la Royal Mint puis maître de la monnaie dès l’année suivante.
• En 1699, il est nommé membre du conseil de la Royal Society puis élu président en 1703. Il garde cette place jusqu’à sa mort.
• En 1705, il est anobli par la Royauté. Isaac Newton tombe malade en 1724. Trois ans plus tard, il se remet à peine d’une crise de goutte qu’il se rend à Londres pour présider une réunion de la Royal Society. Ce voyage le fatigue terriblement... De retour à Kensington, il doit rester alité et meurt le 31 mars 1727, à l'âge de 84 ans. Son corps est alors porté en grande pompe et inhumé dans la nef de l'abbaye de Westminster, aux côtés des rois d’Angleterre.
• Newton est considéré comme l’un des plus grands génies et savants de l’histoire humaine.
Abbaye de Westminster Londres
Abbaye de Westminster Londres Tombe de Isaac Newton
07.3 Edmund Halley
1656 – 1742
né le 8 novembre 1656 à Haggerston, London, UK décédé le 14 janvier 1742 à Greenwich, London, UK
Edmund Halley (1656-1742)
• né à Londres, • décédé à Greenwich • Premier à déterminer
la périodicité de la comète de 1682, qu'il fixa par calcul à 76 ans environ. Il prédit le retour de la comète pour 1758, qui depuis porte son nom
Les comètes ont toujours fortement impressionné les êtres humains
L’orbite d’une comète
Comète Kohoutek 1973-1974
Galilée (1564–1642), Newton (1643–1727) et le développement de la dynamique
• Qu’est-ce qui fait bouger les planètes ? – Avant Galilée/Newton :
• Le mouvement « naturel » d’un corps est l’immobilité • Une planète doit constamment être poussée ou tirée
(par « miracle ») dans la direction de son mouvement, autrement elle s’arrête
– Après Galilée/Newton : • Le mouvement « naturel » d’un corps est rectiligne
uniforme; une planète dévie de sa ligne droite si une force non tangentielle agit sur elle
• Newton tire les conséquences des lois de Kepler : � La 2ème loi et la planéité de l’orbite implique que la force
et donc l’accélération subies par une planète pointent toujours vers le Soleil : ⇒ cette force centrale attractive est exercée par le Soleil (action instantanée à distance, comme par miracle)
� En utilisant de plus la 3ème loi, Newton montre que la force est proportionnelle à 1/r2 (r = distance Soleil-planète)
� A partir de là, il prédit une trajectoire elliptique ! (1ère loi)
€
F ∝ 1r2
loi de la gravitation universelle
⇐
Et plus loin que le système solaire ?
Distance typique dans le système solaire :
1 UA = distance Terre - Soleil = 150 106 km
A grande échelle, 106-109 fois plus grande, la structure de l’Univers
est complètement dominée par les forces gravitationnelles.
L’amas globulaire 47 Tucanae
un essaim d’environ 2 millions d’étoiles
Distance typique : 10 pc = 3,1 1014 km = 32,7 al
Messier 31 ≡ galaxie d’Andromède
~ 200 milliards d’étoiles
Distance typique : 105 pc = 3,1 1018 km = 3,27 105 al
Distance typique : 105 pc = 3,1 1018 km = 3,27 105 al
Distance typique : 105 pc = 3,1 1018 km = 3,27 105 al
Abell 1689 HST ACS zamas = 0.182 σa= 1848 ± 166 km s-1 Très fortes indications de la présence de grandes quantités de matière noire
Image HST profonde tint = 13.2 heures
Un amas de galaxies
Distance typique : 107 pc = 3,1 1020 km = 3,27 107 al Distance typique : 107 pc = 3,1 1020 km = 3,27 107 al
07.4 Jean-Philippe
Loÿs de Cheseaux 1718 – 1751
né le 4 mai 1718 à Lausanne, Suisse
décédé le 30 novembre 1751 à Paris, France
Cheseaux sur Lausanne
Le Léman vu de la Navette Spatiale
L’astronomie à Lausanne
Académie de Lausanne fondée en 1537
Astronomie enseignée depuis 1549
Jean-Pierre de Crousaz ( 1663 – 1750 ) grand-père maternel
de Jean-Philippe Loÿs de Cheseaux et professeur de mathématiques
et de philosophie l’Académie de Lausanne dès 1700
Jean-Pierre de Crousaz ( 1663 – 1750 ) Professeur de mathématiques et de philosophie l’Académie de Lausanne dès 1700 Peint en 1738 par Jean-Pierre Henchoz (80 cm × 64 cm BCU Dorigny)
Jean-Philippe Loÿs de Cheseaux Lausanne, 4 mai 1718 Paris, 30 novembre 1751 Petit fils de Jean-Pierre de Crousaz Astronome et physicien, jamais formellement lié à l’Académie de Lausanne Peint en 1746 par Jean-Pierre Henchoz (80 cm × 64 cm BCU Dorigny)
Le nouveau Château de Cheseaux près de Lausanne
début XVIIIe siècle
L’ancien Château de Cheseaux près de Lausanne
1593 ?
NOMBREUSES VARIATIONS DE L’ORTHOGRAPHE NOUS ADOPTONS CELLE UTILISEE
Enfant prodige acquiert des connaissances étendues
sous la direction de son grand-père de Crousaz
• En plus du français, le latin, le grec et l’hébreux sont ses langues favorites • Etudie également l’arabe, l’allemand et l’anglais • Brillant théoricien • Brillant observateur • Fait construire en 1736 un observatoire dans le domaine de la famille situé
à Cheseaux (probablement le premier de Suisse occidentale, dont il ne reste aucune trace).
Œuvres de Loÿs de Cheseaux • Essais de physique, écrits en 1735, publiés à Paris en 1743 (mvts des corps) • Sur les satellites en général, écrit en 1735, publié en 1765 (posthume) • Traité de la comète qui a paru en décembre 1743 et en janvier, février et
mars 1744, publié à Lausanne en 1744 • Nouvelles méthodes de calculer la position des orbites des comètes ou de
résoudre le problème des trajectoires cométiques, écrit en 1748 • Mémoires posthumes de Monsieur Jean-Philippe Loÿs de Cheseaux sur
divers sujets d’astronomie et de mathématiques, publiées en 1754
• Manuscrits disparus : Précis du système newtonien, Catalogue des nébuleuses et réformation du calendrier
• Dissertation critiques sur la partie prophétique de l’Ecriture, publié à Lausanne en 1751
Passage de la comète de Halley en 1066
La comète de Halley fut observée 240 ans avant notre ère, et elle a accompli 29 retours vers le soleil. On trouve en particulier sa trace sur la tapisserie de Bayeux pour son passage en 1066.
Giotto di Bondone (1267-1337) Padova Cappella degli Scrovegni (1303-1305) Passage de la comète de Halley en 1302
Loÿs de Cheseaux établit
un catalogue de 21 nébuleuses dont 8 découvertes par lui
préfiguration du catalogue de Messier
Charles Messier (1739 – 1817) Catalogue de nébuleuses publié en 1774 facilitant la découverte des comètes
Traité de la comète - Planche III
Traité de la comète - Planche IV
Traité de la comète - Planche V
Traité de la comète - Planche V 7-8 et 8-9 mars 1744
Comète de Loÿs de Cheseaux 7-8 et 8-9 mars 1744 Comète de Loÿs de Cheseaux 7-8 et 8-9 mars 1744 Les comètes, Amédée Guillemin, 1875
Comète de Loÿs de Cheseaux 7-8 et 8-9 mars 1744 Les comètes, Amédée Guillemin, 1875 Comète McNaught ESO-Paranal janvier 2007
Comète McNaught ESO-Paranal janvier 2007 Comète McNaught ESO-Paranal janvier 2007
Comète McNaught ESO-Paranal janvier 2007
Le plus ancien problème de la cosmologie :
pourquoi le ciel est-il noir la nuit ?
Dans un appendice du Traité de la comète J. P. Loÿs de Cheseaux Lausanne, 1744 Pourquoi le ciel est-il noir la nuit ?
pour deux coquilles données, l’atténuation de la lumière due à l’éloignement est compensée par l’augmentation du volume
chaque coquille contribue de façon égale à la lumière reçue sur Terre
n n+1
Le paradoxe de Cheseaux - Olbers XVIIIe et XIXe siècles : Univers infini, éternel, étoiles plus ou moins
au repos, luminosité moyenne par unité de volume = constante mais J. P. Loys de Cheseaux en 1744 et Heinrich Olbers en 1826
• La luminosité apparente d’une étoile de luminosité absolue L à une distance r est donnée par L / 4π r2
• Si le nombre d’étoiles n par unité de volume est constant, le nombre d’étoiles dans la coquille entre les distances r et r + dr est donné par : 4π n r2 dr
• L’énergie émise par toute les étoiles est donnée par :
€
L4π r2#
$ %
&
' ( 0
∞
∫ 4π n r2dr = Ln dr0
∞
∫- isotrope - infini - stationnaire
Solution : liée à l’expansion de l’Univers et l’âge fini des étoiles
weinberg
S. Weinberg, 1972, in Gravitation and Cosmology, p. 611
Première estimation de la distance des étoiles (qq a.l.) un siècle avant l’utilisation de la parallaxe trigonométrique par W. Bessel
La grande qualité des travaux de de Cheseaux est rapidement reconnue
Il est appelé à être membre correspondant :
• de l’Académie des Sciences de Paris • de l’Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg • de la Société savante de Göttingen • de l’Académie des Sciences de Stockholm • de la Société Royale de Londres
Saint-Pétersbourg l’appelle à la direction de son observatoire ; il décline cette offre flatteuse
En 1751 effectue un voyage à Paris Quelques semaines après son arrivée dans
la capitale française, il est frappé d’une maladie dont il ne se relève pas.
Après huit jours de souffrances supportées avec résignation, aidé par sa foi, il décède le 30 novembre 1751.
On ne connaît que très peu d’informations sur la vie de J.-P. L. de C.
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