Download - Expertises faillibles, justice fragile - Défenseur des Droits · ExpErtisEs failliblEs, justicE fragilE ? Introduction - Ouverture par Jean-Paul Delevoye 4 EXPERTISES FAILLIBLES,

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Expertises faillibles, justice fragile ?Les expertises dans le cadre amiable et judiciaire, de la responsabilité médicale

et de la réparation des dommages corporelsParis, le 6 octobre 2009

Actes du colloque

ExpErtisEs failliblEs, justicE fragilE ?

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EXPERTISES FAILLIBLES, JUSTICE FRAGILE ?

Les expertises médicaLes dans Le cadre amiabLe et judiciaire, de La responsabLité médicaLe et de La réparation des dommages

corporeLs

Jean-Paul Delevoye, Médiateur de la République

Jesuisheureuxdevousrecevoiràl’Assembléepouruncolloquedontlesujetpourraitsuscitertouteslespassionsetqu’ilfautparconséquentregarderavecbeaucoupderaison.UnedespremièresquestionsquevouspourriezvousposerestdesavoirpourquoileMédiateurdelaRépubliques’estsaisidecesujet.Enréalité,entantqueMédiateurdelaRépublique,j’aitroismissionsessentielles.Lapremièreautorisetouteslespersonnes,physiqueoumorale,setrouvantsurleterritoirenational,ycomprisensituationirrégulière,àsaisirlemédiateur,soitdirectement, soit indirectement,par l’intermédiaired’unparlementaire,par celled’undes300déléguésdontlaMédiationdisposesurleterrain,ycomprispourlapopulationcarcérale.Àpartirde 2010, 100%de lapopulationcarcérale auradirectementaccèsàundéléguéduMédiateurpourtouteslesréclamationsconcernantleservicepublicausenslepluslargeduterme.LadeuxièmemissiondonneauMédiateur lapossibilité–et ledevoir–de fairedespropositionsderéformes,inspiréesparl’ensembleducourrierquinousparvient.J’yreviendrai.Latroisièmemissionestdedroit,leMédiateurfaitdedroit,partiedelaCommissionnationaledesDroitsdel’homme,quisontparailleurs,àtitreindividuel,aucœurdemapréoccupation.Au1erjanvier2009,nousavonscrééunPôlesanté,sécurité,soins,confirméparunelettreduMinistredelaSantéquitransféraitdelaHauteautoritédesantéàlaMédiature,l’ancienneMILICE(missiond’informationpourlesmaladiesnosocomiales).Bienévidemment,ilyavaitdanscetransfert,delapartduministre,unsoucid’extensionausecteurpublic,ausecteurprivé,maisaussilamédecinelibérale,pourletraitementdetouteslesréclamationsconcernantlesproblèmesdelasanté.LeMédiateurdelaRépubliqueestparlaloi,indépendantetnepeutêtrecondamnénipoursesproposnipoursesactes;unefoisnommé,ilnepeutpasêtre révoqué et dispose d’un certain nombre de pouvoirs, pouvoir de contrôle, pouvoird’injonction, pouvoir de recommandation, avec 300 délégués sur le terrain pour faciliterl’accèsaudroitetaccompagner l’ensembledesacteursdudomainede lasanté.L’objectifétantque, lorsqu’il yaeuerreur,on fasseensortequ’ellenese reproduisepas. J’ai ainsiJ’ai ainsi faitdespropositionsde réformesdont30à40%émanentdesacteursdu terraineux-mêmes.Lespraticiensm’ontalerté,parexemple,surlesenfantsquinaissentsansvie:notrecodefrançaisd’adoptiondelaviabilitén’apasstatuésurceproblème:lepolitiquen’apasencoreprisladécisiondedonnerunedéfinitionjuridiqueàcesenfants,cequilaisseper-plexeslesobstétriciensetlesofficiersd’étatcivil.Jesuisdeceuxquipensentqu’ilfautquelepolitiqueprécèdeledroit,car,quandlepolitiquenedécidepas,c’estlejugequidoitlefaire,aurisquedefragiliserlejugeetlepolitique.Monsoucic’estderestaurerlepolitique,c’estuncombatquejemène.Autresexemples,celuidudonducorpsàlascience,lescontentieuxavecl’établissementfrançaisdusang,ouencore,avecleMinistredelaDéfense,l’indemnisationdesvictimesdesessaisnucléaires,l’articulationdesmédecinsdutravailetceuxdelaSécuritésociale.Danscederniercas,ils’agitdecequ’onappellelarupturededroit:laSécuritéso-cialevousdéclareguérietapteàreprendreletravail,maissilemédecindutravailn’apasétécontacté,l’entreprisenepeutpasvousrecruter,vousvousretrouvezsansindemnités,sanssalaire.Citonsencorelerégimejuridiquedesautopsies judiciairesenfinlesréparationsévi-

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demmentamiablesdesaccidentsmédicauxquiontfaitl’objetdenotreprécédentcolloque.

LorsquelesMilicenousontétéadjointes,ellesrecevaient250appelstéléphoniquesparmois,parl’intermédiaired’uneplate-formetéléphoniquederrièrelaquelleilya10médecinscapa-blesdesolliciteruncertainnombredespécialistes.LorsquelaMiliceestpasséecheznous,onaconstatéuneaugmentationdesappelsde370%.Nousnoussommesévidemmentposélaquestiondesavoirpourquoiunchangementdelocalisationavaitbrusquementprovoquéunetelleaugmentationdunombred’appels.C’estunsujetquiseraaucœurdenotrecol-loque,etquiestétroitementliéàl’indépendancedel’institution.Nousnesommesnimédecinnigérantd’hôpitaletc’estcettenotiond’indépendancequiestaucœurd’uncombatqu’ilnousfautabsolumentmeneraujourd’hui,lecombatdelaconfiance.Notresociétéestminéeparledoute,parlasuspicionetnousvivonsencoredansuneculturedusecretetdelanontransparence.Jesuispersonnellement,sij’osedire,unfanadelatransparence,maisaussidelaresponsabilisation.C’estundessujetssurlequelnousdevonsréfléchiraujourd’hui,parcequesouvent,ceuxetcellesquiontuntitrepensentque,derrièreletitre,ilsontunpouvoirderrièrelequelilss’abritentpourneriendire.Jecroisqu’aujourd’huicettemurailleesttotale-mentfacticeetpeutaucontrairecréerdesdégâtsconsidérables.

Nousavonsdoncuneplate-formed’écoute,avecunnuméro, unesériedemédecins,unecelluled’aideàlamédiationetundispositifd’alerteévidemmentsil’ons’aperçoitqu’ilyaunproblèmedesanté.

Constatintéressantpourlemédiateur:noustraitons70000dossiershorssantéparan,50%sontdesdemandesd’informationsendroit.Çaaété lagrandesurprisedemesdébutsdefonction:après6moisd’activitéj’étaisà5000appelstéléphoniquesparmoisdont56%étai-entdesdemandesd’informationsurdescasindividuels.Plusdelamoitiédescasviennentdegensquiontbesoind’uneréponse.Laréponseen«tapez1,tapez2outapez3»voire«jen’aipasletempsdevousrépondre»susciteuneviolencetotalementinutilequ’onpourraits’épargner.Jepensequenotresociétéabesoindeconsidération,noussommesdansunesociétéquiatroptendanceàcultiverleméprisdesoi-même,leméprisdel’autre,ettoutlesystèmereflètecemépris.Sur100appels,22sontdesdemandesd’informationjuridique,13desdemandesd’orientationsetdemédiation,6desdemandesd’informationsurlesrisquesliésauxsoins.Leresteestconstituédetémoignagesetdesystèmesd’alerte.Ànoterque15%desappelsémanentdesprofessionnelsdesantéeux-mêmes.

Les expertises médicales, voilà le sujet que nous allons traiter aujourd’hui. Je souhaitel’aborderdefaçonapaisée.Danscegenredesituation,touteslespartiesonttouslesargu-mentspourpouvoirsejeteràlafigureuncertainnombred’accusations.Çafaitplaisiràceuxetcellesquilesprofèrentmaisçanefaitpasavancerledébat.Moi,jenesuispasundécideurpolitique, je suisunquestionneurau regardde l’équité.Quandnousavonsétéalertéssurlaproblématiquedesexpertisesmédicales,nousavonsmisenplaceungroupede travail,pendantunan,jeremercied’ailleurstoutesmeséquipesquiontbeaucouptravaillé.Desoncôté,laCourdeCassationamisenplaceuneconférencedeconsensusquiamisenlumièrelajurisprudencedelaCourEuropéennedeJusticequiaveilléàlacontradiction,aubénéficepourunepartiedefairevaloirunecontre-expertiseaveccomparaisoneuropéenne,désigna-tiond’expertsparlesjugesouparlespartiessurl’analyse,surlescompétencesdel’expert.C’estunsujetquidépasselargementlesujetdecematin,maisnousallonsnousconcentrer


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sur l’expertisemédicale judiciaire car le rôlede l’expertestentraind’entrer au cœurdenotreproblématiquesociétale.Onvoitbieneneffetquedansunesociétéquidoute,quis’interroge,onaparadoxalementtendanceàrevendiquerlaplacedel’expertàlaplacedudécideur,celapermetquelquefoisaudécideurdesedéfausserdesesresponsabilitéssurledosdel’expert.Maisl’expertnepeutpasêtreunboucémissaire,ilnepeutpasnonplusêtreundécideur,ilestseulementunélémentextrêmementimportantdelaconstructiondeladécision.Jecroisquel’articulationentreleresponsablequidoitdécideretl’expertestunélémenttoutàfaitimportant.Enmêmetemps,l’expertdoit-ildélivrerdesincertitudesoudoit-ildélivrerdesdoutes?Selondesconclusionsin-téressantesdelaCourdeCassation,l’expertquinerépondpassertautantlajusticequel’expertqueceluiquiprésentedescertitudesabsolues.Jefaispartiedeceuxquiseméfientdeceuxquisontsûrsdetout.Jecroisquedansunmondequibouge,ledouteetl’incertitudepeuventêtreunélémenttoutàfaitintéressant.Maisledouteméritepeut-êtred’êtreconfronté,d’oùl’intérêtducontradictoire.

Mais jevoisbienqu’aujourd’hui,quellesquesoientnosresponsabilités,qu’ellessoient journal-istiques,qu’ellessoientpolitiques,qu’ellessoientjudiciaires,qu’ellessoientmédicales,àunmo-mentouunautrel’expertseraàvoscôtéspourapporterunélémentquivousaideraàdécider.Ilestdonctrèsimportantquel’expertisepuisseêtreunélémentdelaconstructiondelaconfiance,de lacrédibilité,àunmomentoù,nous l’évoquions, internetpermet l’apparitionde touteunesériedepseudosexperts.Lacrédibilitéoulanoncrédibilitéestpourmoiunsujetmajeur,vousm’excuserezdesortirdusujetetd’évoquertouteslesentreprises–ellessontnombreuses–quiontétéacculéesaudépôtdebilan,nonpasparcequelechefd’entrepriseétaitincompétent,nonpasparcequ’ilmanquaitdemarchés,mais toutsimplementparceque l’expertquiétaitcenséleconseiller,l’expertcomptable,n’étaitpasdutoutàlahauteur.Onvoitbienqu’aujourd’hui,lacrédibilitédel’expert,lesconditionsderéalisationdel’expertise,au-delàmêmedelacompétencedesexpertsestundessujetssur lequel ilconvientd’apporterunélémentd’appréciation.C’estlaraisonpourlaquellenousavonsaussiessayéd’apporterunregardcroiséentrelesexpertisesmédicalesauseindudispositifderéparationamiable,où interviennentAMEDet lestribunaux,celapeutàlalimitesurprendre,maisleslistes,lesprocessusdesélectiondesexpertsmédicauxsontundessujetsquinousoccupentaumêmetitrequelesprocéduresd’indemnisation.Danslesdeuxcasseposentdesproblématiquesd’éthique:quelestlebonexpert?Quelleestlabonneexpertise?Est-cequedemainonpeutcontinueràfaireensortedeconcilieruneexpertiseauprèsdesassureursetuneexpertiseauprèsdestribunaux?Est-cequecelafragilisel’indépendance?Enmêmetemps,est-cequ’onpeutavoirdebonsexpertsquinetravaillentpaspourdesassur-ances?Etnousavonstousentêtecettephraseterribled’unexpertdansl’affaired’Outreau–quin’apasnécessairementservileurcause–«Puisquejesuispayécommeunefemmedeménage,jerendraiuneexpertisedefemmedeménage».Cemonsieuracommisunefautedéontologiquegrave,ilpouvaitrefuserl’expertise.Mêmesi,jelerépète,unprofessionnelnepeutpassepermet-tred’imaginerun instant,de rendreunemauvaisecopie toutsimplementparcequ’iln’estpasassezpayé.Surcesujet,nousavonsunbesoinderéfléchird’autantplusqu’ils’agitdedimensionshumaines,souventporteurd’émotion,onlevoitbienetc’estunedemespréoccupations.Notreanimateurjournalisteensaitmieuxquequiconqueleseffets,noussommesentraindequitterunesociétédeconvictionquiétaitréguléepardespensées,pardesphilosophies,pardesmorales,pourunesociétéd’émotionoùn’importequellecarrière,n’importequelstatutpeutêtrebalayépardevraiesoudefaussesrumeurs.Nousdevonsaujourd’huiabsolumentréfléchirsurlaplacedechacunpourasseoirdesconvictionsycomprisenrésistantàdesémotions,sinonnousrisquonsd’avoirdesdébatspolitiquesdeplusenpluspopulistes,deplusenpluspopulaires.D’oùencorelanécessitédeconstruirede laconfiancedans ladécisionquellequ’ellesoitpourstabiliserdel’opinion.Danscetteperspective,notrecombatn’estpasd’accuserl’expertoul’expertise,c’estaucontrairederéfléchirsurlesprocessusdechoixdubonexpert,surlamanièredontlamauvaiseexpertisefragiliseladécision,commentpalliercegenrededéficitetsurtoutcommentfairepour

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queledécideursoitrenforcédanssacapacitédedécisionenévitantqu’ilyaitdéfaussesurledosdel’expert.Jecroisqu’onnepeutpasaujourd’hui,dansunsoucideréflexionpermanen-tesurlaresponsabilisationdechacundesacteurs,parrapportàsaconscienceetparrapportàl’opinion,construiresaresponsabilitésurlesresponsabilitéscollectives.Etpuisnousauronsàréfléchirsanscomplaisance–sujetcompliqué,maisquivaentrerdeplusenplusdansnotrechocculturelfrançais–surlesconflitsd’intérêts.Commentfairepourinstallerlatranspar-ence,pouréviterlesprocèsoùunmagistratquiauraitdesopinionspolitiquesdifférentessoitforcémentunmauvaismagistrat,qu’unexpertlié…,etc.

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PREMIèRE TABLE RonDE

QU’EST-CE QU’Un Bon EXPERT ?

RichardZarzavatdjian-Journaliste Bonjourà tous,bienvenueàcecolloquequiseraarticuléautourdedeuxmomentsforts,deuxtablesrondes,surrespectivementcequ’estunbonexpertetcequ’estunebonneexpertise.Celaressembleunpeuàunesoiréetélévisionpourcomprendre lepremiertélé-film,ilfautavoirbiensuivilesecondetvice-versa,ouplutôtpourcomprendreledeuxièmetélé-film,ilfautbiensuivrelepremier.Àtitrepersonneletentantquejournaliste,cesujetdel’expertisem’intéresse.Jesuisdonctrèsheureuxd’animercecolloqueparcequ’ilyasûre-mentbeaucoupdechoseàdireetque,del’extérieur,onalesentimentquec’estunmondequivitenvaseclos,queparfoisilyacertainesopacitésetqu’ilestimportantd’ensavoirplus,decomprendre,d’êtreplustransparent,onl’adit,d’êtreplusinformatif.Pourquoi?Pourqui?Toutsimplementpourlepublic,pourlesvictimes,pourlesassociationsquiontunrôleim-portantàjouerbienévidemment.Pourtous,ilestimportantd’avoiruneexpertisedequalité,juste,etquicorrespondeauxbesoins,besoinsquiévoluent,quichangent.

Bienévidemmentvousaurez loisird’intervenir,detémoigner,deposervosquestions,deshôtessesserontlàpourvousdonnerdesmicros,c’estvousaussiquienrichirezledébat.

Jevousproposededémarrerparledébutparlapremièretableronde«Qu’est-cequ’unbonexpert?»J’attirevotreattentionsurlaprésencedupointd’interrogationàlafindelaphrase.Cesontdesréponsesquenouscherchons.

Jevousinviteàdécouvrirlesintervenantsquisontprésentsautourdecettetable,etsimple-mentjevaislesinviteràseprésenter.

ProfesseurJacquesHureau,ProfesseurJacquesHureau,experthonoraireagrééparlaCourde Cassation, membre de l’Académie deMédecine, membre de l’Académie de Chirurgie,membred’honneurduConseilNationaldesCompagniesd’ExpertsdeJustice

DocteurPatrickBernard,rhumatologue,médecinexpertauprèsd’uneCourd’Appeldeprov-ince,deMetz,chargéd’enseignementsenfacultédemédecinedepuis25ans.

Marie-OdileBertella-Geffroy,juged’instructionàParis,spécialiséedanslesaffairesderespon-sabilitémédicaleetdesantépubliqueaupoledesantépubliqueduTribunaldeParis.

DenisSafran,professeurdesuniversités,chefduserviced’anesthésie-réanimationdel’HôpitalGeorgesPompidouàParis,expertprèslaCourd’appeldeParis,agrééparlaCourdecassationetPrésidentdelaCompagniedesExpertsMédecinsdelaCourd’appeldeParis.

Marie-SolangeJulia,jen’aipastouscestitres,jesuissimplementPrésidentedelaFédérationdesAssociationsAVIAMdeFrancequiestuneassociationquis’occupededirigerlesvictimes,delesaider,delessoutenirdansleurdifficilecombatpourfairereconnaîtreleurpréjudice.

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AndréLienhart,chefdeserviced’anesthésieréanimationàl’HôpitalSaint-AntoineetàRoth-schild,présenticicommevice-présidentdelaCommissionNationaledesAccidentsMédicaux.

Richard Zarzavatdjian Merciàtous,jevousproposejustementdecommencerparlepublic,représentéd’unecertainefaçonparvousMadameJuliapuisquevousreprésentezl’associationAVIAMquiestuneassociationquifaitautorité,surlaquelleons’appuiesouvent,qu’est-cequevousinspirecedébat,unbonexpert,commentvousappréhenderunpeucettequestion-là?

Marie-Solange Julia Avant d’aborder immédiatement la question de l’expert, je voudrais re-situerl’expertisedansleparcoursdelavictime.Ilfautsavoirqu’unevictime,lorsqu’elleseretrouvedujouraulendemainhandicapée,fortementoumoyennementhandicapée,doitd’abordac-ceptersonhandicap,comprendre,chercheràsavoircequis’estréellementpasséetàpartirdelà,ilyatoutuncheminementquidoitsefaired’abordpsychologiquementpouracceptercettenouvellefaçondevivre,etadministrativementensuitepoursavoirexactementcequis’estpasséetpourcefaire,obtenirledossiermédical,cequin’estpastoujourstrèsfacile.Elledoitensuitesedemandercequ’ellevafaire,siellevaacceptersonnouvelétatouentameruneprocédure.C’estdanslamesureoùcetteprocédureestmaintenantréellementprésentedanssonespritquel’expertisevajouerunrôle.Lorsquelaprocédureseraengagée,ceseraunpeuplusfacilepourlavictimedanslamesureoùelleseraaidéeparsonconseil,sonavo-cat.Trèssouventl’avocatvas’adjoindreunmédecinetdanscecas,l’expertiseprendraunedimensionmoinsdifficile.

Richard Zarzavatdjian Pardonnez-moiMadameJulia,àladeuxièmetableronde,onseconcentreravraimentsurl’expertiseendétail,moij’aimeraisqu’onreviennesurl’expert.

Marie-Solange Julia Oui,maisc’estimportantdedirequ’avantd’arriveràl’expertise,ilafalluquelavic-timefasseungrandcheminetçàc’estimportantdelesavoir:onn’arrivepascommecelaà l’expertise, tout neuf, tout frais, non, la victime a déjà fait un long parcours difficile etlorsqu’ellevasetrouverfaceàl’expert,oui,celavaêtredifficilepourelle.C’estencoreplusdifficilesielleesttouteseule,cequiestlecastrèssouventlecasdanslesexpertisesamiablescar,pourlavictime,l’expertreprésentelasommité,lapersonnequivasavoir,quivapouvoirdiresiouiounonils’estpasséquelquechosequil’arenducommecela.Sil’expertabordel’expertiseenposantpleindequestionssurlepassé,–etnousavonstousunpassé–ilyauradesquestionspièges,desquestionsauxquelleslavictimen’aabsolumentpaspensé.

.Jean-Paul Delevoye C’estintéressantcequevousditesparcequepourpréparercecolloque,ilyaeudesretoursd’internautesquiontpudonnerleurimpression,ilsparlentdemanqued’humanité,demanquedecompassion,est-cequecelavousleconstatezaussi?

Marie-Solange Julia «Compassion»,estunmotquelavictimeneveutpasentendre,pourelle,lacompas-

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sion,c’estpéjoratif.Lavictimeveutquel’expertsoitlàpourfairereconnaîtresiouiounonilyaeuerreur,fauteoutoutautrealéa.Lavictimeneveutpass’entendredire,«ohj’aibeaucoupdecompassionmonpauvreami».Elleveutquelesexpertssoientlàentoutehumanitépourreconnaître,étudiersesdoléancesetstatuerréellementobjectivement.

Jean-Paul Delevoye soyonsconcrets,lesdélais,est-cequ’ilsvousparlentdedélaid’expertise,est-cequ’ilsvousparlentd’uncertainnombredechosesconcrètesdanslarelationqu’ilsontaveccetex-pert?

Marie-Solange Julia D’abordlarelationqu’ilsontavecl’expert,estcommandéeàl’origineessentiellementparlesCRCI. IlsontreçuuncourrierdelaCRCIavecunordredemission,ilsl’ontluetn’yontriencompris,poureuxc’estuncharabia,unjargonquileuresttotalementétranger.Parconséquent,cequ’ilsfontsouvent,c’estdes’adresseràuneassociationquipourralesaider.Notrerôleestdeleurexpliquerunpeulamission.Mais,devantl’expert,c’estvrai,ilfautlere-connaître,lavictimeeststressée,elleestperdue,elleseditqu’ellevientpourunproblèmeàlajambeetqu’onluiparledetoutessortesdechosesquionteffectivementleursensaucoursdel’expertise,maisdontlavictimenevoitnilalogiquenilanécessité.Manqued’humanité,non,nousavonsdesretoursd’expertsquisontaucontraire,trèsgentilsaveclavictime.IlyenaunenparticuliersurParisquiaunegentillesse,unecompréhensionvis-à-visdelavictimeextraordinaire,àcontrario,ilyenaunenprovincequin’estpastrèsaimablepourlavictime.

Richard Zarzavatdjian Lethèmedecettetablerondeest«qu’est-cequ’unbonexpert ?Commentrépon-driez-vousàcettequestion?

Marie-Solange Julia Unbonexpert,c’estd’abordetavanttout, l’expertquivaêtreà l’écoutede lavic-time.Sanscompassionetenprenantvraimentenconsidérationcequelavictimevadireetlesquestionssursonétatetlesraisonspourlesquelleselleestdanscetétat.Ellenepourraêtrepertinentequesielleévoquesonvécu,sonquotidien.Sielledit«Jenepeuxpasfaireplusde200m»,ilfautvraimentêtreàl’écoute.Beaucoupd’expertssontattentifsàçà.Pourrépondreàlaquestion,unbonexpertestceluiquivaécouter,renseignerlavictimeaulieudelastresserdavantage.

Richard Zarzavatdjian JemetourneversvousAndréLienhart,vousêtesicientantquevice-présidentdelaCNAMED,donnez-nousvotresentimentsurcequ’estunbonexpert.

André Lienhart Lapremièrechosequejeveuxdire,c’estquel’expertisemédicaleestdiverse.Oncon-naîtl’expertisemédicalequiaidelajusticeàsavoirquipeutêtrel’auteurd’unemortsuspecte,parlesautopsies,lesexamenstoxicologiques,c’estlamédecinelégale,c’estunmétier.

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Autretyped’expertise, l’évaluationdudommagecorporelsurvenulorsd’unaccidentdelavoiepubliqueoudanslecadredutravail.Ils’agitalorsd’évaluerledommagecorporel,devoirdequoiabesoinlavictime,enparticulierentiercepersonne.C’estunautremétier.Onvavoirdesmédecinslégistesdanslepremiercas,dansledeuxièmecasonvasouventfaireappelàdesneurologues…enfaitàdesspécialistes.Troisièmechamp,vaste,celuidesconséquencesdommageablesdespratiquesmédicales.Cedomaine,relèvedestribunaux,maiségalementdelacommissionnationaledesaccidentsmédicaux.

Ilest important,enpréambule,desavoirqu’ilyadifférentstypesd’expertiseetque,danschaquecas,ilyaunedéfinitionspécifiquedu«bonexpert».LaCommissiondesAccidentsMédicaux est un peu tripartie. Elle comprend des juristes dont le Président est Conseill-erd’État,des représentantsdesassociationsdepatientsetdesmédecinsdont je suis. Lapremière chose qui est apparue à cette commission, c’est qu’il fallait commencer par en-visagerlescompétences,etcededeuxpointsdevue.Ilyalescompétencesnécessairesàl’évaluationdudommagecorporel–etvouscomprenezbienquecelaserapprochebeau-coupdecequejeviensd’évoquerpourd’autrestypesd’accidents–etilyalacompétencetechniquenécessairepourdéterminersilesrèglesdel’artontétérespectées.Quandils’agitd’orthopédie, ilvautmieuxavoirà faireàunchirurgienorthopédiste,d’anesthésie,unan-esthésisteréanimateur,etc.Onaainsivuapparaîtreundoublechampdecritères,lescritèrespour l’évaluationdudommagecorporeld’unepart,etd’autrepart lescritèresenmatièredecompétencetechnique.Jeneveuxpasêtretroplong,tousceuxquecelaintéressepeu-ventallersurlesitedelaCNAMED,etvousaurezlàlescritèresquiontétéétablisentermesd’anciennetéetdediplômes.LetravailquiestfaitparlacommissionestpréparépardeuxrapporteursquivontbiensûranalyserleCVdescandidatsexperts.Ilsanalysentdeuxautrescompétencesquiparaissenttrèsimportantesdansledébat,l’unequiestlacapacitéàrédigerdesexpertises–ilnesuffitpaseneffetd’êtreunbonprofessionnel,ilnesuffitpasdesavoirévaluerdudommagecorporel,ilfautaussirespecteruncertainnombrederègles,pastrèscompliquées,maisquiexigeune formationpourcela.L’autrecompétencerequise vise lerésultatdel’expertise.Làencore,pourêtreextrêmementschématique,l’essentielqu’onvaretenir,c’estlaclartédelaréponseauxquestionsposées,laqualitédel’argumentairepourconduitàlaréponse,–pasquestionderépondreauxquestionsparouiouparnon,ils’agitd’argumenterbibliographieàl’appui.

Richard Zarzavatdjian Pardonnez-moi,maiscequevousditesparaîtrelativementévident.Lesexperts, lesmédecins,vousêtesmédecinvous-même,ontundérouléetcedéroulévaservir,peut-êtreaudécideur,celameparaîtévident.

André Lienhart Jeveuxvousdireunechose,jeparled’expérience,jeneprendsplusmacasquettedevice-président.Jesaiscequiestévident,c’estcequel’onvoitlesautresfaire.Jevoisdansmonmétier,unorthopédistequivoitfaireunanesthésiste,unanesthésistequivoitunor-thopédisteprendreunmarteauetunclou,c’estévident,maisquandonenabesoin,onvachercherquelqu’unquiadescompétences.C’estextrêmementcomplexe,lamédecine,c’estl’artducomplexe;l’expertise,c’estunefaçond’exprimerducomplexe.Pourarriveràrendrecettecomplexitéabordablepard’autres,nonmédecins,commelesjuristesparexemple,cen’estpastrèsdifficile,toutlemondefinitparyarriver,maisilfautuneformation,uneexpéri-enceetnousvoyonsdebonnesexpertises,nousenvoyonsdemauvaises.

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Autreélémentimportantanalysépar lesdeuxrapporteurs,c’est l’indépendance. Pourmefairecomprendre,jevaisrevenirsurlesdeuxchamps.Premierchamp,lescompétencestech-niques,orthopédie,gynécologie, cardiologie… Il s’agit-làde faire savoir à lapersonnequidemandel’expertise,lemagistrat,sionadesliens,parexemple,avecl’industriepharmaceu-tiqueoudesfabricantsdematériels.Quandils’agitdespécialistesdelaréparationdudom-magecorporel,engénéral,cesontlescompagniesd’assurancequidemandentcesexpertis-es.Danscecas,nousdemandonsauxexpertsauprèsdesCRCI,–ceuxquenousinscrivonssurlalistenationaledesaccidentsmédicaux–denepasréaliserd’expertisepourlescompagniesd’assurancesquisontimpliquéesfortementdansl’assurancemédicale.Onnepeutpasêtrejugeetpartie.C’estlethèmegénéraldu«conflitd’intérêts»;onnepeutpastirerunepartieimportantedesesrevenusd’unecompagnieetfairedesexpertisesquivontéventuellementlesobligeràpayer.Biensûrnousnepouvonspasexercerdecontrôleàpriori.Quequelqu’unaitfaitdesexpertisespourdescompagniesd’assurances,essentiellementdeshôpitaux,desétablissementsoudesmédecins,cen’estpasuncrime,c’estmêmeplutôtunebonnechose,maisàpartirdumomentoùilssontinscritssurcettelisteetqu’ilssontsollicitésparlesprési-dentsdesCRCI,ilsnepeuventpluslesaccepter.C’estunengagementsurl’honneuretbienévidemmentettoutmanquementseraitunmotifderadiation.C’estlaraisonpourlaquellenoussommesextrêmementfavorablesàlalisteuniqued’experts.Nousconsidéronsqu’ilfautgarderdescritèresdutypedeceuxquej’aiévoqués,ilyenaévidemmentbeaucoupd’autres,maisilfautaussiprendreencomptecescritèresd’indépendancepuisquebienévidemmentàunmomentdonné,sionaàfaireàdesspécialistesdelaréparationdudommagecorporel–etc’esttrèsimportantpourévaluerlesbesoinsdelavictime–ilfautquandmêmequecesexpertspuissentvivredecetteactivité.Danslecas,j’insiste,del’évaluationdelaresponsa-bilitémédicale.Dansledomainedesaccidentsdelavoiepublique,cetinterditn’existepas.Jepensedoncquecettetransparenceestimportanteetqu’elleestlefruitdecestroistypesdecritères,critèresdecapacitéstechniques,critèresspécifiquesdequalitédel’expertiseren-due,etenfincetroisièmecritèrequisous-tendlesautres,l’indépendance,indépendancebiensûrsubjective,maiségalementdansnotremonded’aujourd’hui,objectiveettransparente.

Richard Zarzavatdjian Unedernièrequestionrapidement,leslistesd’expertsgarantissent-elleslaqualitédel’expert?

André Lienhart Jevoudraispouvoirvousrépondrequeoui…mais…C’estpourquoicescritèressontsiimportants.Cesontdescritèresàpriori.Maisonrencontredesexpertsinscritssurlalistequinefontpasdebonnesexpertises.Doncilestindispensable–etlacommissionnationalevaprochainementtravaillersurcepoint–qu’ilyaitunretouravecévaluationextrêmementsimple,simplissimemême,desexpertises,uneàune,maisquipermette,aumomentdesre-nouvellements,devoircequ’ilenest.Peut-êtreundernierélémentpourvotreréflexioncaronvoitquecesmissionssontquandmêmeassezdifficiles.Pourlesaccidentsmédicaux,ilyaàpeuprès300expertsinscrits,l’ONIAMadescontratsavec600.Celaveutdirequ’onn’apasassezd’experts.Pourquoi?Parcequelecritèred’entréepourêtreinscritsurlalistedesexpertsenaccidentsmédicauxestd’êtredéjàinscritauprèsdesCoursd’Appel.C’estcequevousindiquieztoutàl’heure.Pourcomprendrel’épisode2,ilfautêtreàl’épisode1etvice-versa,c’estleserpentquisemordlaqueue.Doncnousallonsàl’échecévidentsionnevapasprendrelesexperts,pardonnez-moil’expression,àlasortiedesécolesoùilssontformésetbiensûravecdescritèresd’ancienneté,ilfautavoirpratiquépendant5ou10ans.Maisc’est

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enayantunvivierdecettenaturequ’onpourraàcemoment-làutiliserlescritèresàpriorietvérifieràposterioriqu’ilsrépondentbienauxquestionsetàl’argumentaire.Onpeutimaginerquec’estdanscevivier-làincluantdesgensquiauraientdéjàuneexpérience,parexempleauprèsdesCFCI,quel’onpourraitdésignerdesgenspourd’autrestypesd’expertises.Entoutcasc’estlademandequiaétéfaitedansundesderniersrapportsdelacommission.

Richard Zarzavatdjian Merci pour cette intervention. Je reviendrai vers vous pour vous interroger sur cequi sepasseà l’étranger,parcequ’il faut savoirquellesexpériencesontdonnéailleursdebonsrésultatsetsionpeutenadoptercertaines.PatrickBernard,vousêtesexpert-médecinprèslaCourd’AppeldeMetz,quelregardportez-vousunpeudel’extérieursurcemondedel’expertise,surceclubdontonalesentimentqu’ilestparfoisunpeufermé?

Patrick Bernard EnquelquesortevousmedemandezcommentonpeutêtrePersan.Jevaisessayerderépondreàvotrequestionsur lapertinencedenotreactivitéprofessionnelled’expertsà traversquelques réflexions surnotreactivité a la lumièrede rencontresavec lesmagis-tratsdontjedépends,Jecroisquecesréflexionsnesontpaslerefletd’unmicrocosmelocal,etqu’ellesvontnouspermettred’exposerlesdifficultésquenousrencontronsetcommentnoustendonsàlesrésoudre.Jecroisqueleclubmériteraitdéjàbeaucoupplusdecandida-turesqu’iln’ena.Parmid’autres,troisfacteursmesemblentlimitercetteadhésion:

–unfacteurstatistique,laréductiondunombredemédecinsenFrance,

–unfaitsociologique,l’émergencedenouvellesgénérationsdemédecinsquiaspirentàunequalitédevietoutàfaitdifférentedecellequiaétélanôtreetquimesembledifficile-mentcompatibleavecuneformationlongueetcomplexedansundomaineétrangerquin’estpasencoreinclusdanslecursusnormaldesétudesdemédecineetquiexposeàdenouvellesresponsabilités,àuncertaininvestissementpouruneactivitédecomplémentetdontlapré-caritéestsoumiseàdésignation;

– letroisièmefacteurqu’onaborderacertainement,estquelevisagedel’expertetl’expertise a changé.Une circulaire du Garde des Sceaux en 1975 rappelait que l’activitéd’expertn’étaitenaucuncasuneprofessionetquel’expertnedevaitconsacrerqu’unepartiedesontempsàl’expertisemédicale.Monexpériencede25ansestquel’évolutionsefaitversunevéritableprofessionnalisationcardenouveauxrisquessontapparus,denouvellesmisesenjeuderesponsabilités,parcequeletravail,lesmissions,sontpluscomplexesetparcequ’ilexisteunejudiciarisationdelasociété.

Tout celame fait penser qu’on parvient progressivement à unemédecine d’expertise quirelèvedelavocation.Sil’onétudieunpeulescritères,lacandidatured’expertneposeaucunproblème,elleestsimple,ilsuffitdefaireactedecandidatureauprèsduProcureurdelaju-ridictiondontvousrelevezetdefairelapreuved’uncertainnombredeconditionsd’étatciviletprofessionnellesquisont inchangées.Lasélectiondesexpertsmesembletransparentepuisqu’ellereposesurlacollégialité,elleestbaséesurlesbesoinsdelaCour,lerenouvelle-mentdesexperts–pointssurlesquelsnousreviendrons–etlevolumeannueldesdemandesd’expertisesauprèsduTGI.Lasélectionestsimple,ellereposesurlapersonnalitémoraleet

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lesqualitésprofessionnellesducandidat,notammentsaprobité,toutcelaestparfaitementclair.

Lanominationposecarrémentdeuxproblèmes:lepremierproblèmeestceluidesexpertsetlesecond,celuideslistes.Lepremierquim’aétéexposéparlesmagistrats,estlenombredesexpertsauregarddeleursactivitésréelles,Pourciterl’exempledelaCourd’Appelàlaquellejesuisrattaché, lesmagistratssoutiennentqu’iln’existepasdepénuriemaisunepléthored’experts,maisdesexpertsdontl’activitéexpertaleestloind’êtrecequ’elledevraitêtre.Desexpertsoubliantleursobligationsdeponctualitéauxquellesilssesontengagéslorsdelapr-estationduserment,actevolontaire.Cettefaibleactivitéposeproblème,certainsexpertsserécuseraientsystématiquementpourdesmotifsdesurcroîtdetravail,notammentpourdesexpertisesduTCIdontonconnaîtlefaibleniveaudetaxation,d’autresdemandentsystéma-tiquementdesreportsdedélais,d’autressolliciteraienttropsouventdessapiteursfautedetempsoudecompétence,d’autresnerespectentpaslesdélaisoubliantquelejugelui-mêmeestsoumisàl’article6delaConventionEuropéennedesDroitsdel’Homme…Enclair,cetencombrementdeslistespardesexperts,peuefficientsselonlesmagistrats,gênel’accèsàdespostulants.

Lesecondproblèmeestceluideslistes.LeproblèmedeslisteslocalesadéjàétédéveloppéparAndréLienhart.OnretrouvecesmêmesproblèmesenCRCI.C’est-à-direqu’ilexistedenouvellesspécialités,sous-spécialités,quirendentcomptedel’hyperspécialitédelaméde-cine.Parexempleonpourraitciterlacardiologie,lachirurgieinterventionnelle,lapédiatrie,l’oncologie,lagérontologieetbeaucoupd’autres.Peut-êtreconviendrait-ilderéactualiserleslistes,peut-êtrefaudrait-illesélargir,pourquoinepascréerunelistenationalequiauraitcom-meavantagedefaciliter ladélocalisationdesexpertisesetd’élargir l’éventaildechoixdesexperts.Enfin,etc’estunpointquiseraabordéetquiestimportantpourlesmagistratsquej’airencontrés,celuidesmoyensnettementinsuffisantsmisàdispositionduserviceducon-trôledesexpertisesquidevraitêtrerégionalisépourêtreefficace,etenfin,cequiestunpointparticulier,c’estledevenirdurapport.Ladésignationdesexpertsconstitueuneautrepierred’achoppement.Ladésignationdesexpertsestunsujettrèssensiblequiposeleproblèmedescritèresdechoixdesjuges.Ladésignationsefaitàpriorisurdescritèresdecompétence,j’ensuispersuadé,maisaussisurdescritèresdedisponibilitéetderespectdeponctualitéà laquelle les secrétariatsdesgreffesdes tribunaux sontextrêmement sensibles.Onpeutégalementarguerdeshabitudesdesmagistratslorsqu’ilssontsatisfaitsd’unexpert,ainsiqued’unevolontéd’équilibrerlesmissionsd’expertiseauciviletaupénaldontonconnaîtlafaibletaxation.Ilexistecertainementd’autrescritèresetmonproposn’estpasdetouslescibler.

J’aimeraisciterquelquesexpériencespersonnelles.Commerhumatologue, j’aiéténommépourapprécierlecasd’unpatientdécédéd’uncancerdupoumon,danslecadred’unemala-dieprofessionnelle.Cen’étaitpasdutoutdemacompétence,jemesuisdoncdéporté.Lemagistratm’aréponduquecompétentenréparationjuridiquedudommagecorporel,jede-vaisêtrecapabledegérertouteslesexpertisescequim’aquandmêmebeaucoupétonné.Autreexemple,jetravailleégalementcommeconseild’uncabinetd’avocats.Jemesouviensd’avoirassistéentantqueconseilunpatientâgéde74ans,victimed’unpolytraumatismegravepour lequel l’expertdésignéétaitpédiatre.Lesavocatss’ensontunpeuémusàmademandeetontdemandéconfirmationde ladésignationqui fut confirmée,etnousnoussommesdoncretrouvésàexpertisercepatientde74anschezlepédiatrequiavaitunebal-ancepourpeserlesbébésmaispasdetablepourexaminerunadulte.Heureusementque,

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rhumatologue,jemesuispermisdel’aiderunpetitpeudanslamission.

Richard Zarzavatdjian Pardonnez-moi,c’estdelacaricatureoubienest-cequelquechosedefréquent?

Patrick Bertrand Jenediraispasquec’estfréquent,maisc’estuncasd’espècemaisunélémentquejevoulaisporteràlaconnaissancedesjugeslorsqu’ilspensentquetoutelafautereposesurlesexperts.Jepensequec’estunpeucommedanslesdivorces,lestortssonttoujourspartagés.Personnellement, jemilite pour la nominationde jeunes experts.Nommer un jeune expert,c’estraccourcirlesdélaisdegestiondesdossiers,c’estsoulagerlesexpertssurchargés,c’estrépondreàl’innovationtechnologiqued’unescienceenmouvement.Maisleproblèmedesje-unesexpertsestceluidelaformation,nonpasprofessionnellepuisqu’ilspossèdentlediplômededocteurenmédecine,niceluidelaconnaissancedelaméthodologiehabituellementdon-néepar lesuniversitéspuisquenoussommestitulairesd’undiplômerelatifà l’expertise.Parcontrelelégislateursembleavoiromisdes’assurerdelacompétenceenmatièreprocéduraledes jeunesexperts.C’estunproblèmegravequiconduit les jeunesexpertsd’abordàétablirdesrapportsquisontcontestés–etc’estunfacteurdenon-désignationouderestrictiondedésignation–deuxièmement il lesexposesur leplande laresponsabilitéprofessionnelle.Jepensequ’ilseraitnécessairedereprendrel’idéed’untutoratpourcesjeunesexperts,aumoinspendantlapériodeprobatoirededeuxansàlaquelleilssontsoumis.Cetutoratavaitdéjàétéévoquéparlafédérationfrançaisedel’associationdesmédecinsexperts.Ilpeutêtreassurépardesexpertsquiont10ansd’anciennetémaissurtoutpardesexpertshonorairesquipourraientresterinscritssurleslistesdesexpertsàconditiondefairelapreuvedelapoursuitedeleurre-miseàniveau.Cetutoratn’estpasactuellementprévudanslaloi.Ilexistedoncunecarencedeformation,letutoratseraitundesélémentsderéponseàcettequestiondeformation.

Letroisièmepoint,estceluidudevenirdurapportlorsqu’ilaétécontesté.Unexpertn’aaucunmoyendesavoirquesonrapportaétécontesté,ill’apprendtoutàfaitparhasardparunbruitdecouloiretcetteméconnaissanceleprivedemoyensd’améliorersaformation:sionneportepasaujeuneexpertlelitigequis’estproduit,onluiretirelesmoyensdes’améliorer.Actuelle-ment,à laCourd’AppeldeMetzdont jerelève, leproblèmeestceluid’unedésaffectiondesexpertsanciens.Voussavezquelesexpertsancienspourleurrenouvellementquinquennaletlesnouveauxexpertsautermede lapériodeprobatoire,sontsoumisàdeuxobligations.Lapremière,estd’apporterlapreuved’uneformationdansledomainejuridiqueetladeuxième,est d’être évalué. (Comment évaluer fera certainement l’objet d’undébat.) Actuellement, àMetzonassisteàunedésaffectionàlaréinscriptiondesanciensexpertscarvraisemblablement,etc’estainsiquel’analysentlesmagistrats,ilsneveulentpassesoumettreàcetteobligationdeformation,deremiseàniveau.C’estainsiqu’onaboutiraàunepaupérisationintellectuelledansuncertainnombrededomaines,notammentenpsychiatrieet il fautsesouvenirde l’affaired’Outreau.Commentrépondreàceproblème?Jen’aipasdesolution,maisjepensequ’ilfautqu’onyréfléchissecollectivement.

Jetermineraissurlepointdeshonoraires,leticketchoc,leticketchic,leticketd’entréeauclubfermédontvousparlez,estloind’êtrecequel’oncroit:l’expertiseaupénal,esttarifée77€pouraumoins3heuresdetravailetsouventuneconvocationencorrectionnelleouauxassises.LeshonorairespourleTCI,sonttarifées77€,leshonorairespourl’expertiseduTASS,sontde77€.Quantàl’expertisejudiciaireaucivil,àMetz,nousétionsà405€etdepuisdeuxmoisnous

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sommespassésà600€fortheureusement,doncvoiciquelquesélémentsquivontpermettred’alimenterledébatetquejesouhaitaisexposerpubliquement.

Richard Zarzavatdjian Jevousremercie.Sionvousécoute,onconclutqu’ilyabeaucoupdechosesàchang-er.Jeretiendraiscesdeuxnotionsdeformationcontinue.Jepensequ’onval’aborderavecDenisSafrantoutàl’heure,etpuiscettenotiondetutoratqu’onretrouveaussienmédecine,lesétudiantsenmédecine lepratiqueaussi,cesontdeuxbelles idées.J’aimeraispasser laparoleàMadameBertella-Gefrroyquetoutlemondeconnaîtbiendanslemondedelasanté.Madame,j’aimeraisavoirvotresentiment,surlaplaceetlepoidsdecesexpertisesdanslaresponsabilitémédicale,dansvotredomainequiestceluidelasantépublique.

Marie-odile Bertella-Geffroy Jeseraiencontradictionavecleprécédentintervenantquinousaprésentéuntableaupeuélogieuxdel’expertiseetdel’expertjudiciaire,maissanstoutdemêmefairelepané-gyriquedecetexpert.Aumoinsleslistesjudiciairessont-ellesdéjàunegarantiedetouteslesqualitésdemandéesparl’autoritéjudiciaireàl’expertavantdel’inscrire:lacompétenceetl’indépendance.Aujourd’hui,depuispeudetempsaétéintroduitparlaloilecontradic-toiremêmedans lesexpertisesaupénalalorsqu’auparavantcecontradictoiren’étaitpos-siblequ’auciviletàl’administratif.Larémunérationtropfaibledesexpertsestégalementunproblème.Danscertainscaspréciscommelesexpertisestaxéesparlecodedeprocédurepénale(autopsies,examensdevictime).Mais,cequejevoudraisd’aborddire,c’estqu’ilyaunevraiedifférenceentrelesexpertisesjudiciairesd’évaluationdepréjudicequisontclas-siques,neprésententpasdegrandesdifficultésetsontsansdoutemalrétribuéesetlesex-pertisesjudiciairesderesponsabilitémédicale.Dansmoncabinet,jen’aiàordonnerquedesexpertisesderesponsabilitémédicale,avecdesfautesdénoncéesparlesplaignantsetdontlepréjudiceestimportant(invaliditégraveoudécès).C’estd’abordlepréjudicequedanslamissiond’expertiseonluidemanded’évaluer,etmalheureusementaupénalc’estsouventledécès, lesplaignantssetrouvantêtre lesayant-droitsdudéfunt.Mais le juge demandeégalementdanscettemêmemissiond’expertiseunesortedereconstitutiondesfaitsàl’aidedudossiermédicaletdudossierinfirmierconfiésàl’expert,(ceux-ciayantétésaisisdanslesformeslégalesenprésenced’unreprésentantduconseildel’ordredesmédecins),auxfinsd’yreleverlesdysfonctionnementss’ilyenaeu,etlarelationentreceux-cietledommage.Lejuged’instructionauretourdel’expertisederesponsabilitémédicalequalifiecesdysfonc-tionnementslorsqu’ilssontgravesetlorsqu’ilsontunliendecausalitéavecledommagedefautepénaleaveccommeconséquenceunemiseenexamendel’auteurdecettefautegrave.Letravaildel’expertpeutenfaitêtrecomparéauretourd’expérienceeffectuédésormaisdansunservicehospitalierencasdedécèsinexpliquépourenconnaîtrelescausesetéviterlasurvenued’autreserreurscaruneerreuroufautequin’estpascompriseserenouvellera.Mais,pour le juged’instructionet l’expert judiciaire, c’estunretourd’expériencemalheu-reusementplusieursmoisouplusieursannéesaprèslesfaits,cequiestunpeunotrefaiblessevisàvisdelaprévention(lesplaignantsmotiventsouventleursplaintesaupénalpourquelemêmedramenerecommencepaspourd’autres).C’estpourcelaquejetrouveplusutiledanslesensdelaprévention,lesretoursd’expérienceimmédiatsd’unservicehospitalierplutôtquelasanctiondelajusticedanscedomainemédical,danslamesureoùnous,nousarrivonstroptard,c’estàdireaprèsledommage)

Al’attentiondeceuxquinesontpasjuristesdanslasalle,jeprécisequ’ilfautvraimentfaire

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ladifférence,entreuneprocédureconcernantundommagesurvenudansunhôpital:c’estalors le tribunal administratif qui est compétentpourune indemnisation s’il y a faute , etunemêmeprocédureconcernantuneclinique:c’estletribunalcivilquiestalorscompétent.Quantaupénal,ilpeutêtresaisidanslesdeuxcas,maispourlesfautesd’uneparticulièregravité.Uneconstitutiondepartiecivile,c’est-à-direunaccèsdirectaujuged’instructionparledoyendes jugesd’instructionestpossibleencasd’inactionduparquet.C’est le rôledel’avocatd’orientercertainesplaintesversl’administratifouleciviloulepénaldansuneprocé-dure.Eneffet,certainsdossiersnedevraientpasalleraupénalparcequecesontseulesdesfautesgraves.quipeuventaboutiràunecondamnationetune indemnisation Je le répètesouvent:uneerreur,parcequel’onfaittousdeserreurs,lesmédecinspeuventfairedeser-reurs,uneerreurn’estpasunefaute.Ilfautaupénalqu’ilyaitungravedysfonctionnementrelevéparl’expertquiserapourlejugeunefauted’uneparticulièregravitéaveclaconnais-sancedurisquepourl’auteur,ouuneviolationdelaloi,depuisl’applicationdelaloiFauchondu10juillet2000,(c’estcelaquel’expertdoitétablir).Enrésumé,l’expertaupénal,quidoitreconstituer,commejel’aidit,lesfaitsàpartirdudossiermédicaletdudossierinfirmier,etmettreenlumièrelesdysfonctionnementséventuelsàl’originedudommage(cartoutestnotéIlreconstituelesfaitsetilvoitoùilyaeulesdisfonctionnements.Ensuitec’estaujugedetransformercesdisfonctionnementsounonenfaute,enfauted’uneparticulièregravité.Donc le choixde l’expertdoit être absolument compétentdans sa spécialitéet connaîtreégalementquelquesélémentsdeprocédurepénale.Jepensetoutdemême,àParisentoutcas,que les listes d’experts sontassez sérieusement .établies Cequ’ilmanqueeffective-ment,cesontcertainesspécialitéspointuesquinepossèdentmêmepasderubriquesdanscette liste.Jedoisajouterquejesuiscomplètementatterréepar lesexemplesdonnésparl’intervenantprécédent.Commentyrépondresinonpar laformationbiensurdesexperts,maisaussiparlaformationdesjugesdansledomainemédical?Etcetteformation,ilfautlesavoir,n’existepas.Unjeunemagistratquisortdel’écoledelamagistraturen’ajamaisvuundossierderesponsabilitémédicale.Commentva-t-ilpouvoirappréhendercesprocédurescomplexesetchoisirl’expert?

Richard Zarzavatdjian Donclechoixdel’expertdanscesaffaires-làestimportant.

Marie-odile Bertella-Geffroy Ilestprimordial:l’expertiseestlacolonnevertébraledudossier,quecesoitaupénalouaucivil,ouàl’administratifTouteslesCoursd’AppeletlaCourdeCassationontdeslistesparrubriquesdespécialitésmédicales(pédiatrie,chirurgie,obstétrique..).Lescompagniesdemédecinsexpertsontégalementétablilesmêmeslistes,entoutcasàParis,avecdesru-briquesdespécialitésplusdétaillées.Donc,lejugedisposepourchoisirlesexpertsdenomsdansungrandnombredespécialitéset ilfautajouterquegénéralement,aupénalentoutcas,uneordonnanced’expertisederesponsabilitémédicale(esttoujoursrépartieà)nom-medeuxexperts.Danslecodedeprocédurepénaleilest pourtantprévuunseulexpert.C’estbonpourlesexpertisesdesseulspréjudicescorporels,iln’yapasbesoind’enavoir2.Maisdanslecasd’unaccidentmédical,ilestsouventnécessairequedeuxspécialitéssoientreprésentées:pourunbébéquimeurtaumomentdel’accouchementparexemple,ilyatou-joursunexpertobstétricienetunanesthésiste,etparfoisunpédiatreouencoreunexpertsage-femme.Cesontlesdysfonctionnementsquisonttransformésounonenfautesparlejuge,etpourcelacequ’ilestessentield’établir,c’estleliendecausalitéentrelesfauteset

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ledommage.Laréflexiondel’expertetsonintelligencevontêtrecruciales.Jevousdonneunexempledeceliendecausalité,quiexisteounon,avecunefaute:uneopérationquisesoldemalheureusementparledécèsdelapersonneopérée.Onconstateundysfonctionnement:iln’yapaseudeconsultationpré-anesthésique.Maisl’expertserendcompte,enexaminanttout ledéroulementdeaàzdecequis’estpassédepuisque lepatientestarrivépendantl’opération, jusqu’audécès,quecedécèsn’estpasdutout liéà unproblèmed’anesthésie:doncilestrelevéparl’expertl’existenced’unefaute,maisquineserapasretenue,fautedeliendecausalité.Jepeuxciterunautreexemple:trouverleliendecausalitédansuneaffaired’infectionnosocomialeavectelleoutellefautelorsqu’ellessontmultiples,ouavantoupen-dantl’opération,ouencoreenpost-opératoire?Ilfautdireeneffetquel’expertisemédicalereprésenteuntravailintellectueldifficile.Cetravailestenfaitmoyennementbienpayé:nousavonsdestarifsquisont,entoutcasaupénaletenresponsabilitémédicale,corrects:c’est110€del’heure,pouruneexpertisedifficile,sionypasse50heures,faiteslecalcul,c’esttoutdemêmeunerémunérationcorrecte.

Richard Zarzavatdjian Au-delàdel’argent,seposeleproblèmedutravail.Vousditesquec’estuntravailpasfacile,ilfautdoncavoiruneformation,c’estcequ’aditMonsieurLienhart,c’estcequevadiresûrementunautreintervenant,laformationc’estcapital.Etcetteformationn’estpastoujoursacquise.

Marie-odile Bertella-Geffroy C’estvraiDepuiscetteréformedéjàcitéede2004surl’expertisejudiciaire,iln’yapeut-êtrepasdevraitutoratorganisé,maisilaétéinstitué,unepériodedeprobationdedeuxans.Lesjeunesexpertsdoiventeneffetêtreépaulésetencadréspourleurspremièresexpertises,peut-êtrepaspar lesexpertshonorairescomme ilvientd’êtredit,quoique, ilestvrai quelesexpertshonorairesontbeaucoupplusdetemps,etplusd’expérience.Ilestvraiqueleschosesontbeaucoupévolué,ils’estcrééplusieursorganismesdeformationsd’experts,for-mationsuniversitairesouformationsprivées.Lesexpertssontévaluésmaintenant,etceuxquineveulentpasl’êtrenesontpasréinscritssurlalisteIlfautparlerégalementdelaquestiondel’indépendancedel’expert.Lesconflitsd’intérêtspossiblessontexaminésaumomentdel’inscriptionsurlaliste.OnpeutciterdeuxarrêtsrécentsdeladelaChambreCiviledelaCourdeCassationconcernantunecontestationdenoninscriptionsurlalisted’unecourd’appeldedeuxexpertsjudiciairesquiétaientégalementexpertsenassurance.

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L’und’euxétaitinscritdepuis1989surlalistedesexpertsjudiciaires,maisàcôtéilfaisaitdescen-tainesd’expertisesd’assuranceetilnevoulaitpaslâcherceslucrativesexpertisesd’assurance.Iln’apasétéréinscritparcequel’AssembléeGénéraledutribunaletl’AssembléeGénéraledelaCourd’Appelontestiméquecesdeuxactivitésétaient incompatibles?Cetexperta faitunrecoursdevant laCourdeCassationquiadonnéraisonà ladécisionde l’assembléegénéraleetdécidéen2009,del’impossibilitédepratiqueràlafoisdesexpertisesd’assuranceengrandnombreetd’êtreexpert judiciaire.Ledeuxièmecasétaitsimilaire, lesexpertisesétantmoinsnombreusesJevousdonnerailesréférencesdecesarrêtssivousvoulez.J’ajouteraiaussiunélémentimportantdansl’expertise:lerespectparl’expertducontradictoire,envigueurdepuis2007aupénal.C’estledroitàl’égalitédesarmesquivientd’êtreévoqué,l’article6.delaCEDH.Jeconstatesouventquelespatients-plaignantsétaientseuls,sansmédecinderecours,faceàunmédecind’assurances,lorsd’uneexpertise.Lemédecinmisencausealedossiercompletdupatientqu’ilasoigné,maislapersonneenfaceatoutjustecequ’elleapurécupérerdesondos-siermédicaldepuislaloiKouchner.L’égalitédespartiesestunedifficultéassezimportantedel’expertise,maisquin’existepasaupénal.carlejugefaitsaisirl’entierdossiermédical.Jevousfaispartd’uneidéetoutàfaitréalisableconcernantl’expertise:Ilexistelecodededéontologiemédicale,maispourquoinepourrait-onpascréer uncodededéontologiede l’expertisequiseraituneréférencepourl’expertpermettraitauxcompagniesd’expertsd’exercerunmeilleurcontrôlesursesmembres.Lechoixdel’expertinduitaussilaquestiondutitred’expert.Ilyaunnombreimportantd’expertsjudiciaires,tantmieuxparcequeceux-làsontdéjàformésetenthéoriecompétents.Maisilexisteégalementlesexpertsdesassurances,lesexpertsdesagenc-essanitaires,lesexpertsdesadministrations,ilfaudraituntitredel’expert,unstatutdel’expert.

Richard Zarzavatdjian Unstatutd’expert.Est-cequevousconsidérezquevéritablement,parmilesmesuresquevoussouhaiteriez,laprincipalemesureseraitlestatutdel’expert,saformation.Est-cequ’ilyad’autrespoints,d’autresmesuresqu’ilfaudraitprendre?

Marie-odile Bertella-Geffroy Jenevoudraispasallertrèsau-delàdusujetdel’expertisemédicale,mais,maconvic-tionprofondeestqu’ilfaudraitinstituerunesortedeCNILdel’expertise,unehauteautoritédel’expertisescientifique,ycomprisl’expertisemédicale,autoritéquiexerceraituncontrôlesurlestatutd’expert,laspécialité,etlesintérêtsdechacun.Jepeuxpeut-êtreterminersurquelquesmotsconcernantmesdossiersdesantépubliquedanslesquelslesexpertisesontégalementunegrandeimportance,maisils’agitalorscomptetenudesconnaissancesscientifiquesdel’époque:pourquoitelleréglementationpourprotégerdetelleépidémien’a-t-ellepasétéprisealorsqu’onavaitlesmoyensdeprotégerlapopulation:exempledeladécisiontardivedel’obligationdestestsdepochesdesangpourluttercontrelatransmissiondusidapartransfusionsanguine.Unautreexemple : l’amiante,dossiersdans lesquels il fautallerrechercher parexpertise lesconnaissances scientifiquesdes années 50, jusqu’à la décisiond’’interdictionde l’amiantedu1erjanvier1997quelesplaignantsouleursayant-droitsestimenttroptardive.N’oublionspasnonpluslanécessitéd’expertsenépidémiologie,parexemplepourledossierdelavaccinationcontre l’hépatiteB.oudunuagedeTchernobylCesontdesexpertises trèspointues,dont laspécialiténefigurepasdanslalistedelacourd’appeloudelacourdecassation.Jenetrouvepasd’expertsjudiciairesdanscesdomaines…Lepoledesantépubliquealachance(heureuse-ment,nousavons ici) de travailleravecunmédecinspécialiséaffectéàcepole.C’est luiquiessayedetrouver lapersonneadéquate,compétente,et laplupartdutempsnoninscritesurlalistequipourraitrépondreauxquestions,(parcequ’ilyadesdomainesoùl’onabeauavoirtouteslesspécialitésqu’onveut,ilya,surtoutdanslesdossiersdesantépublique,desdossiersquidéfientlacompétencel’hormonedecroissance,j’aitrouvédesexpertsfabuleuxquionteu

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lapossibilitéd’étudieravectoutcequiaétésaisiparlepénal.Jereprendscequ’aditMonsieurDelevoyeaudébutducolloque;pourunepersonne,laconfianceestlàlorsqueceluiquidécidedequelquechoseleconcernantestindépendant:c’estlamêmeconfiancequelespartiespeuventavoirquandl’expertetquandlejugesonteux-mêmesindépendants.L’hormonedecroissance,passée à l’audience récemment est uneprocédure actuellement en appel. Jepeuxdirequ’àl’instructionlesexpertisesontétéeffectuéesd’unefaçonrigoureusepardesexpertscompétentsetindépendantsetaveclecturedetouslesdocumentssaisisparlejuge.Maisj’aitoutdemêmeétéobligée,ouic’estlecontradictoire,d’annexeràmondossierdesexpertisesprivées,verséesparlesavocatsdesmisenexamenetprovenantmêmepourcertainesd’expertsjudiciaires,payésdoncparlesparties,enl’espècelespersonnesmisesenexamen.Ilsetrouvequebienévidemmentcesexpertisesprivéesprenaientlecontre-pieddesexpertisesjudiciaires,trèsbien,maiscesontdesexpertsquin’avaientpaseutouslesélémentscollectésparl’instructionetcelafaussecom-plètementledébat.Et,aumomentdel’audiencedevantletribunalilyavaitdavantaged’expertsprivéscitésparlesavocatsdesprévenusqued’expertsjudiciairesdel’instruction...

Richard Zarzavatdjian Merciàvous,bienévidemmentsivousvoulezinterveniràcemomentdudébat,vouspou-vezintervenir.Onavaitprévudedonnerlaparoleàlasalleàlafindechaquetableronde,peut-êtreunequestionavantdedonnerlaparoleàDenisSafran.

Philippe Froin Je suis avocat à Bordeaux et membre de l’ANADAVI, j’ai correspondu avec l’AVIAM,l’AssociationNationaledesAvocatsdeVictimesd’AccidentsCorporelsquellequ’ensoitlacause.JevoudraisdireavantqueleprofesseurSafrannes’exprime,quepourmoilebonexpertoulabonneexpertise,c’estlerésultatd’unsubtiléquilibredanslequell’experts’ilenestlepersonnagecentralavecsacompétence,sonobjectivité,sonindépendance,–pourmoil’expertjudiciairenepeutpasêtreenmêmetempsexpertdecompagnie– sonhumanitésansempathieexcessive,l’expertnepeutpasréaliserunebonneexpertises’ilesttoutseulàmonaviscarildoitêtre,danslecadredurespectdecesubtiléquilibre,àl’écouted’aborddelavictime,àl’écoutecritiquedelavictime,avecundouteméthodique,enécartanttoutcequipeutêtreexcessivementquérulentdanslesproposd’unevictime,ildoitcertesintégrersadouleurindividuelleetécartertoutcequiestexcessif,ildoitaussiaccepterlacontradiction.Etc’estlàoùjeveuxresituerlaplacedetroispersonnages :naturellementde l’autrecôtéde lavictime, il ya l’expertdecompagniequiestsouventunpersonnageredoutableetcompétent;ildoityavoirunexpertprochedelavictime,unexpertderecoursquidoitavoiruncritèredecompétenceluiaussietquidoitêtreobjectifetenfin,ildoityavoir,c’estindispensableàmonavis,unavocatdignedecenomquifaitcegenrededroitdesgens,etquinepeutêtreabsentduprocessusd’expertise,enrestantàsaplaceetenapportantsaparolenotammentpourlesquestionssociales,professionnelles.Jevoulaisportercetémoignagepourdirequel’expertnedoitpasêtreunhommeseul,s’ilveutêtreunbonexpert,ildoitacceptercettecontradiction.

Richard Zarzavatdjian JemetourneversDenisSafran.Mercid’avoirpatienté.Vousavezvu,ilyapleindechosesquisedit,l’attractivité,lestatut,Moi,j’aimeraisconnaîtredelapartd’unexpertdelaformationunpointdevuesurlaqualitédel’expertetsurlafaçondetrouverunbonexpert.

DenisSafran Je vais vous répondre, d’abord vousditesque j’ai attenduavecbeaucoupdepatience,

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jen’étaispasimpatientdutout,ilyabeaucoupdechosesàdiresurcequ’onaentendu,maiscen’estpaslaquestionquevousmeposez,donconyreviendrapeut-êtreplustard.Effectivement,enmatièremédicale,unbonexpertdoitd’abordêtreunbonmédecin,particulièrementcompétentdanssaspéci-alité.Sacompétencedoitêtrecontrôléeetreconnue.Mais,deplus,pourfairedel’expertisejudiciairepuisquec’estdecelaquejevaisparler,pourfairedel’expertisejudiciaire,ilfautavoiruneformationàlapratiqueexpertale.Àmonsens,ilfautavoiruneformationquipermetd’acquérirtouteslesconnais-sancesdesprincipesdirecteursduprocèsetdelaprocédure,enquelquesorteuneméthodologie.Laconduited’uneexpertisenevapasêtrelamêmesil’onestenprocédurecivileousil’onestenprocédureadministrative,àfortiorilorsqu’onestenprocédurepénale.L’expertdoitconnaîtrelesrèglesdedroitpropresàchaquetyped’expertisesetildoitégalementsavoirqu’iln’estpasisolésuruneîledéserte.Iln’yapasquelemomentdel’expertise,ilfautqu’ilaitbienconsciencequ’ilyaunmondeavantl’expertiseetqu’ilyauraunmondeaprèsl’expertise.C’est-à-direquel’expertdoitsavoirtoutcequisepasseavantetquiaconduitàladécisiond’unmagistratordonnantuneexpertise,etildoitégalementsavoircequivaêtrefaitàlasuitedesonexpertise,commentellevaêtretraitéeetcommentvasedéroulerlasuitedesévénements.End’autrestermes,l’expertnepeutpasneconnaîtrequesapartieetnesesouciernidecequisepasseavant,nidecequisepasseaprès.Celas’apprend.Lesmédecinsnesontpasdesjuristes,ilsnesaventpascommentçasepasseavant,commentçasepasseaprès,etilsnesaventpas,lorsqu’ilsdébutentlesexpertises,commentçadoitsepasserpendant,quellesdoiventêtrelesrèglesprocédur-alesàrespecter,d’abordpourquesonexpertisenesoitpasentachéed’unesuspicionquipourraitallerjusqu’àl’annulationdel’expertiseaucasoùlesrèglesprocéduralesn’auraientpasétérespectées.Celaças’apprendetondevraitexigerpourlapremièreinscription,pourlapériodeprobatoire,àmonsens,ondevraitexigerducandidatexpertqu’ilaitreçucetteformationinitiale.Cen’estpaslecasaujourd’hui,Aujourd’huipourlapremièreinscription,c’est-à-direpourl’inscriptionàlapériodeprobatoirededeuxans,iln’estpasexigédeformationinitiale.Autermedesdeuxansdepériodeprobatoire,lorsdelaréin-scriptionpour lapremièrepériodequinquennale,onvavérifierquependantcesdeuxans, l’expertaacquislesconnaissancesdesprincipesdirecteursduprocès,qu’ilaparticipéàdescolloques,ensommequ’ilaapprislesrèglesprocéduralesetqu’ils’estimprégnédelaculturedel’expertiseauseindescol-loques,maiscetteexigenceneconcernequeréinscriptionpourlapremièrepériodequinquennale.

Commentestfaitl’enseignement?Ilyabeaucoupdegensquienseignentl’expertise.Depuislaloidu11février2004etledécretqu’is’enestsuivi,ilyauneobligationdeformationinitialeetcontinuequivaêtrevérifiée.Bienentenduquandilyaunetelleobligationcelapeutentraînercertainsdébordements:onavufleuriruntrèsgrandnombred’officinesprivées,jediraisàbuttrèsnettementlucratif,distribuantdesenseignementsavecdesjetonsdeprésence,laissantparfoiscroirequesanscejetondeprésencelabellisédeleurofficine,onpourraitnepasêtreréinscrit,etc.Jepense,pourêtrebref,qued’unepartcetenseignementdoitêtredélivréparl’Université,c’estlamissiondesuniversitaires,etd’autrepartdélivrépardescompagniesd’experts.Auseindescompagniesd’experts,ilyabeaucoupd’expertschevronnésetilestdudevoirdecescompagniesd’assurercetenseignement,peut-êtrepasinitial,quoique…maisentoutcascetenseignementcontinu.

Richard Zarzavatdjian Cequevousditesest intéressantparcequ’enfindecomptevous souhaiteriezplaquer cequiexistedanslesystèmemédical,laformationcontinuedesmédecins,pourlesexpertsd’unepart,etpuiscettenotiondeformationinitiale,c’est-à-direàlafac,cen’estpasaussi,etl’onrejointlesinquiétudesdesunsetdesautres,unefaçonderendreplusattractif,desensibiliserlejeuneétudiant,lefuturmédecin,àcemétierd’expert?

Denis Safran Pasexactement,jepensequ’aucoursdesétudesmédicales,d’abordildoityavoireffectivementunenseignementdelaresponsabilitémédicale.

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Richard Zarzavatdjian C’estlecas?

Denis Safran Cen’estpaslecas.Aucoursdesacarrière,unmédecinalerisque,statistiquementparlant,seretrouveraumoinsdeuxfoisdevantunejuridiction.Doncondevraitàapprendreauxétudiantsengroscequilesattend.Jevoiscequisepassedansmonservicelorsqu’undemescollaborateursestconvoquédevantunexpert,c’estunaffolementcomplet,ilnesaitpascequisepasse,ilnecomprendrien.Donc ildevraitdéjàyavoirunesensibilisationaumodede règlementdescon-flitsmédicaux,juridictionnelsetnon-juridictionnels.Maisensuite,cetenseignementspécifiqueàl’expertisedontnousavonsparlé,ilnepeutpasêtredélivréaucoursdesétudesmédicales,celadoitêtreunenseignementoptionnelpour lesgensquecela intéresse, sous formedediplômed’universitéoudediplômeinter-universitaireparfaitementlabellisé,donnantundiplômereconnuparl’Université,voireparleConseildel’OrdredesMédecins.

Richard Zarzavatdjian Celavousparaîtquelquechosed’inévitable, il fautfairecommecelapourcommenceràdémarrerjustementdesgénérationsd’experts

Denis Safran Biensûrqu’ilfautlefairecommecela,d’ailleursonlefaitdéjà.

réaction dans la salle

Richard Zarzavatdjian MonsieurSafrann’étaitpastoujoursd’accordaveccequedisaitMonsieurBernard.

Denis Safran Oui.MonsieurBernardnousadonnéuntableaupeut-êtreunpeumisérabilistedel’expertiseenparticulierencequiconcernelesrémunérations.Moijemefélicite,aprèsl’avoirentendu,denepasêtreinscritauprèsdelaCourd’AppeldeMetz,jesuisàlaCourd’AppeldeParis.(Rires)

Jean-Paul Delevoye Cela pose un problèmede fond sur l’équité territoriale. Est-ce qu’à accident identique,traitementidentique?Laqualitédel’expertiseserait-elleuniformémentrépartieoudiversementrépartie.C’estpourcelaquevotreréactionm’intéresse.

Denis SafranJevaisvousdirequ’ilyaquandmêmebeaucoupdemagistratsquidélocalisentleursexpertises.Dans90%descas,jesuisdésignéparunejuridictiondeprovinceetpasparunejuridictionparisi-enne.Lesmagistratsonttoutloisirdedésignerunexpertdansuneautrerégion.Encequicon-cernelarémunération,puisquec’estlà-dessusquej’avaisunpeuréagi,jenesaispassiàMetzilyadestarifsparticuliers,trèsdifférentsdeParis.Jedoisdirequelarémunérationdel’expertenmatièrejudiciaire,jeneparlepasdesCRCI,nefaitquandmêmepaspleurerbienqu’ellenesoitpasflambante,sij’osedire.N’oublionspasquel’expertiseestuneactivitéannexe,cen’estpasuneprofession.

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Richard Zarzavatdjian Justement,est-cequ’ilnefaudraitpasprofessionnaliserdavantagecemétier?

Denis Safran Ahnon!Certainementpas!Unexpert,pourêtreunbonexpertdoitavoiruneactivitéprofes-sionnelledeterrainsoutenueetcontinuedanssaspécialitémédicale.Dèslorsqu’ilseraitdéconnectéduterrain,c’est-à-dire,s’ilnefaisaitplusquedesexpertises,ilnepourraitplusêtreexpert.Commentvoulez-vousêtreexpertparexempledansuneaffairedecœlioscopiesivousnefaitespasdecœlio-scopierégulièrement?Vousnepouvezpasjugerdesactionsdesautres,–jeparlederesponsabilitémédicale, ledommagecorporelestunautreproblème– si vousn’agissezpasvous-mêmesdans lamêmematièreetrégulièrement?AndréLienhartl’abiendit,ilyademultiplestypesd’expertises.Vousnepouvezpascomparerl’expertisedel’orthopédistequivaessentiellementfairedel’évaluationdedommagecorporeletquivapeut-êtrefaire300expertisesparan–celanemechoquepas,cesontdesexpertisesbrèvesqui sontessentiellementdesévaluations–avecundossierde responsabilitémédicalepénalecommel’adécritMadameBertella-Geffroy,quivavousprendredessemainesvoiredesmoisdetravaildereconstitutionquasipolicière.Dansces-là,l’expertvapeut-êtrefaire4ou5ex-pertisesdanstoutesonannée,parcequ’iln’apasletempsmatérield’enfairedavantage.Onnepeutpastoutmettredanslemêmesac.

Jean Paul Delevoye Jesuistotalementenphaseaveccetteanalyse:lacrédibilitéprofessionnelledel’expertestunélémentimportantdanslaconstructiondelaconfiancedanslesdifférentesparties.Question:danslaloiactuelle,ya-t-ill’obligationd’êtreprofessionnelpourêtreexpertoun’ya-t-ilaucunecontre-indica-tion?Etdanslecasoùonacesséd’exercer,quepréconiseriez-vous?Peut-ontoujoursêtreexpert?

André Lienhart JepeuxrépondresurquelquesélémentsconcernantlaCNAMED.Lorsqu’onn’exerceplus,auboutdedeuxans,onnepeutplusêtreexpert.Biensûr,ilpeutyavoirunpetitdébordementdedeuxans,maisattention, ladérivedescontinents,c’estmillimètreparmillimètreetcelafiniparfairedesocéans.Donc,ilfautbiendirequ’àunmomentdonné,sionnepratiqueplus,onnefaitplusd’expertise.Commevousl’avezvu,ilyaledomainetechnique,l’orthopédie,l’anesthésie-réanimation,lagynécolo-gie-obstétrique…etpuisl’évaluationdudommagecorporel.Desoncôté,l’évaluationdesdommagescorporelsestunmétierdansl’autre,c’estaccessoire.PourcequiestdesCRCI,larègleestdanslaloi,c’estlacollégialité.Qu’est-cequelacollégialité?J’aientendudirequel’expertnepouvaitpasêtreseul.Oui,c’estuncollèged’experts.Celaveutdirequ’ilyenaunquiestspécialisted’undomainetechnique,lacélioscopiepourprendrel’exempledeDenisSafran,etilyenaunautrequivaêtrespécialisédansl’évaluationdudommagecorporel.Certainsfontlesdeux,maisilsnesontpasnombreux.Vousdevezsavoirqueseules40%enmoyenneenFrancedesexpertisessontcollégialespourlesCRCI.C’estdirequepourpouvoirarriveràcela,ilfautunnombresuffisantd’expertsdequalitéetattention,lelégisla-teurpouravoirdesexpertsdequalitéamisunnombredefiltrestelqu’iln’yapasdecandidats.Ilfautbienpartirdelaformationetmettrel’entonnoirdanscesens-là.Nousmarchonsactuellementdansunsystèmequiestconstruitàl’envers.

Richard Zarzavatdjian MonsieurHureau, jevaisvousdemandervotresentiment.Vousreprésentezici leConseilNa-tionaldesCompagniesd’ExpertsdeJustice,commentvousréagissezàtoutcequiestdit,etrappelez-nousunpeulerôledescompagniesd’experts.

Jacques Hureau J’aiquelquedifficultéàparleraprèsavoirentenducequej’aientenducarpratiquementtouta

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étéditetsoncontraire…parfois.Lescompagniesd’expertssontenquelquesorteungarantdelaqualitédel’expertise.EllessontrassembléesauseinduConseilNationaldesCompagniesd’ExpertsdeJusticequiestd’ailleursmaintenantunorganismereconnud’utilitépublique,cequimontrebien laconscienceprisede l’importancedesonrôle.Onnes’improvisepasexpertde justice, ilfautêtrecompétentetpourmoi lacompétenceaunedéfinition trèsprécise.Lacompétence,c’estàlafoislesconnaissancesgénéralesscientifiquesettechniquesacquisesetentretenues,etc’estd’autrepartl’expérience.L’expérience,c’est-à-direl’expérienceacquiseaucoursdelapro-fessionprincipaledel’expert.Caronnepeutpasprofessionnaliserl’expertisequidoitêtreuneactivitéannexeàcôtéd’uneprofessionexercéeet,enmédecine,dansladiscipledontrelèvetrèsexactement lecasquiestsoumisà l’expert.C’esttrès importantparcequedesconclusionsdel’expertvontdécoulerdesconséquencesmultiplespourtoutlemonde,pourledemandeur,pourledéfendeuretpour leurentourage. Il fautêtrecompétentet il fautêtrereconnucompétent.AndréComte-Sponvilleaeuunetrèsjolieformuleendisantquel’expertsesituaitàl’interfacedel’ordre technoscientifiqueetde l’ordre juridico-politique.Effectivement, ce sont lesdeuxcom-pétencesqu’ilfautreconnaîtreàl’expertetexigerdelui.

Vousm’interrogezsurlareconnaissanceencompétenceexpertaleetsurlerôledescompagniesd’experts.Encequiconcernelacompétenceexpertale,infine,pourlesexpertsprèslesCours,elleestsousl’entièreresponsabilitédesCours.Lorsdel’inscriptionprobatoire,laplupartdesCourscommuniquentlesdossiersdescandidatsàlacompagnieduressortpouravisconsultatif.Cen’estd’ailleurspasspécifiquementimposéparlestextes,cen’estpasdanslaloi.Enrevanche,lorsdel’inscriptionoudelaréinscription,lalois’estpenchéesurleproblèmeetledossierestexaminéparunecommissionquiestpartieforméedemagistrats,partieforméedereprésentantsdesexperts.JesaluecettereconnaissanceparlaloiaunomduConseilNational.Merci.Ilfautreconnaîtrecettecompétencedansdeuxdomaines.Dansl’acquisitiondelacompétenceexpertale,lescompagniesontunrôleàjouer.Ilfautsavoirqu’ilyaunepetitesociologiedel’expertmédecinàconnaître.Ilyadeuxsortes,celaaétédit,d’expertisespourlesmédecins:ilyal’évaluationdudommagecor-poreletilyalaresponsabilitémédicale.Ilvadesoiqu’uneexpertiseenresponsabilitémédicalesetermineratoujoursparuneévaluationdudommagecorporel.Parcontre,lasimpleévaluationdudommagecorporel et surtoutenaccidentologiede la voiepubliquequi est régiepar la loiBadinter,apratiquementdisparudesCours.Ilfautsavoirque94à95%desdossiersenpureacci-dentologiesonttraitésselonlaloiBadinteretseulslestrèsgrosdossiers,lesdossierstrèslitigieuxoutrèslourdsvontenjustice.Parcontre,l’expertiseenresponsabilitémédicale,c’esttoutautrechoseet lacompétencequiestdemandéeà l’expertestcomplètementdifférente. Ilvaavoiràévaluerunactepratiquéparundesespairs,cequilesitueàuntoutautreniveaumoral,éthiqueetdéontologique.Lacompétenceprocédurale,celas’acquiert,ilyauncertainnombred’articlesduCodequ’ilfautlire,jecroisquelapremièrechoseàfairepourunexpertquiveutêtrecandidatsuruneliste,c’estd’abordd’acheterleCodedeProcédureCivil,leCodedeProcédurePénaletleCodeAdministratif,sinoncen’estpaslapeinequ’ilposesacandidature.Celaprouveraaumoinsqu’ilalavolontédefairebien.Ilfautqu’ilacquièreleprincipedirecteurduprocèsetlesrèglesap-plicablesàlaprocédure.ParmicesrèglesilyenaunequiestincontournableetjerejoinslàM.leMédiateur,c’estlerespectduprincipedelacontradiction,c’estnotreformedetransparence.S’iln’yapasderespectduprincipedelacontradictionàtouteslesétapesdel’expertise,l’expertiseestforcémentmauvaiseetpeutêtrerejetée.L’expert,lorsdel’inscriptionprobatoire,n’aaucuneformationcommecelaaétédittoutàl’heureetonpeutleregretter,enparticulierenmédecinedontonvousadéjàditquec’étaitunedisciplequiétaitmalheureusementfortéloignéedudroitmêmesielleaàenconnaître.Quantauxcandidatsàlaréinscription,ehbien!Ilfaudraqu’ilssoi-entformésetlàlerôledescompagniesestimportant.Jepensequec’estessentiellementlerôledescompagniespluridisciplinaires,enpremièreligne,seulesouregroupéesenintercourssielles

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nesontpassuffisamment importantes.Ellesontcréédescentresde formationdont lespro-grammessesontdéveloppés,précisés,harmonisés,grâceàunremarquabletravailquiaétéfaitparJean-FrançoisJacobpuissonsuccesseurauseindela«Commissionformation»duConseilNational.Là,desdirectivessontdonnéesettouteslescompagniespluridisciplinairespeuventassurercetteformation.Quantauxcompagniesmonodisciplinairesnationales,commelaCom-pagnieNationaledesexpertsmédecins,ellespeuventparticiperàcetteformationprocéduraledansleurdomainespécifique,etsurlesqualitésparticulièresquerequiertl’expertisemédicale.Maisàcôtédecettecompétenceprocédurale, jevoudrais insistersurunpoint importantau-queljetiensbeaucoup.J’airéclamépendantlongtemps,unpeudansledésertparcequec’estbeaucoupplusdifficileàcontrôler,l’acquisitionetl’évaluationdelacompétencescientifiqueettechnique.Jeneconçoispasqu’unbonexpertpuisseêtreunexpertincompétentcelavadesoietpourtant…Ilpeutêtreincompétentpourplusieursraisonsd’ailleurs.Ilpeutêtreincompétentparcequ’ilestincompétent,bon,onverracommentilssontnommés;ilpeutêtreincompétentparcequ’ilaétémallisté,parcequ’ilaétémaldésigné,parcequ’ilaétémalchoisi,parcequ’ilaétémalmissionné.Jemesouviensd’uneaffairequim’estarrivéeavecdeséchangesdecourrierdifficilesavecleTribunaldeBordeauxd’oùjereçoisunjourunemissionquiapparemmentcon-cernaitlaneurochirurgie.J’aifaittoutemaviedelachirurgiedigestive.Jemesuisdoncdéporté,trèsrapidementpournepasretarderlajustice.Lelendemainjerecevaisuncoupdetéléphoned’undemesconfrèresetamineurochirurgienquimeditqu’ilm’afaitdésignerdansuneaffairedutribunaldeBordeaux.Jeluidisquejesuisaucourantmaisquec’estdelaneurochirurgie.Ilmeditquenon,quec’estunecomplicationdigestived’unacteneurochirurgical.C’estclassique,c’est connu,c’étaitunulcèrehémorragiqueperforéde l’estomacaudécoursd’une interven-tionneurochirurgicale.Cen’étaitplusdutoutneurochirurgical.Jeluidisquejesuisnavrémaisquemalettrededéportationestpartie.Jereçoishuit joursaprèsuncoupdetéléphoned’unautreneurochirurgienquivenaitd’êtremissionnédansuneaffaireàBordeaux,maispourdelachirurgiedigestive!Jeluiracontel’histoireetonsedemandequefaire.Jeluidisquec’estunpeuneurochirurgicalmaisintéressesurtoutlachirurgiedigestiveetquesil’onrenvoietoutcelaàBordeauxilsnevontrienycomprendre.Pourquoin’ycomprenaient-ilsrien?Parcequecesontdesaffairesdontlesmissionssontordonnéesenréféré.Jevousreparleraiduréférétoutàl’heure:danslamissionderéféré,iln’yasouventrienpourorienterlamission.Onsavaitquelemaladeavaitétéopéréenneurochirurgieetpourlemagistratquidésigne,ilfallaitunneuro-chirurgien.J’aiditàmonconfrèreneurochirurgien«tuécris,tumeprendscommesapiteur»etjedoisbiendireàmagrandehontequecen’estpaslerôledusapiteurquej’aitenupuisquej’aifaittoutel’expertise.

Jepensequepourlacompétencescientifiqueettechnique,c’estsurunevéritableépreuvedetitresettravauxqu’ilfaudraitinscrirelesexpertsàtitreprobatoire.Jeplaceleniveaupeut-êtreunpeuhaut,maisc’estmoncôtéuniversitaire.Lorsdelaréinscriptionpourlescinqans,ilfauts’assurerquel’expertacontinuésaformationcontinueprofessionnelleetpournousmédecins,c’estuneobligation légaleà laquellenousnepouvonspaséchapper.Parquivaêtreévaluéecettecompétencescientifiqueettechnique?Quivaévaluerlesévaluateurs?Danslaloi,si jem’enréfèreauxtextes,cesontlesmagistratsquiinscriventetquiconsultentdescompagniespluridisciplinairesquinesontpas forcémentàmêmed’évaluer toutes lesdisciplines.C’est làpeut-êtrequelescompagniesmono-disciplinairesnationalespeuventavoirunrôleàjouer,maisnonexclusif,encoordinationenparticulieravectoutes lessociétéssavantes.Vousavezposétoutàl’heureleproblèmedesavoirsiunexpertquiétaitàlaretraitedesaprofessionpouvaitcontinueràfairedesexpertises.Poséesouslaformeoùcettequestionm’aétésoumise:«peut-onêtreunbonexpertquandonn’aplusdelienspratiquesavecsondomainedecompétence?»laseuleréponsepossibleestnon.Encorefaut-ilnuancerlaréponse.Unexpertmédecinnedoitpasêtreunprofessionneldel’expertiseetplusquelemaintiendel’activité,c’estdumaintiendesconnaissancesscientifiquesettechniquesdontilfautfaireétat.Lacompétencedoitêtrela

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premièrequalitéexigéedel’expert.Maiscombiendefoisn’ai-jepasvudesoi-disantexperts,–jefaisdel’expertiseenresponsabilitédepuis1972–quibienqu’enactivitépar l’âgeetpastoujo-urspourlapratique,acceptentdesevoirconfierunemissionpourlaquelleilsnesontpascom-pétents.Ilsdoiventsedéporter.Parcontre,unretraiténonencoretropcanonique,pluslibredesontempsetquiàtraversdesréunionsscientifiquesdetoutesnaturesentretientlaverdeurdesesconnaissancesetd’uneexpérienceencorerécente,estsusceptibled’apporterlasagesseetlapondérationdanslesaffairescomplexescar,jediraisdefaçonunpeuvulgaire«qu’iln’apluslenezdansleguidon».D’ailleurslelégislateuraétésagedanssadécisionpuisqu’ilafixél’honorariatdesexpertsà70ansalorsquel’activitéproprementprofessionnellenedépasseguère65ans.Jecroisquec’estunemargemaximale.L’experthonorairecontinuederecevoirencorequelquesmissionsdélicatesenraisondesanotoriétépendant3ou4ans,c’esttrèsbien,maisilfautsavoirquelesconnaissancesscientifiquesettechniquesenmédecineévoluentdeplusenplusvite:4à5ansc’estunmaximumraisonnable,ensuitel’expertdoitcertainementneplusfaired’expertise.Lesancienspeuventencoreêtreutilesquelquetemps,puisilsselassent,maiscroyez-moi,ilsnesedésintéressentpas.

débat avec le public

Quelqu’un du public Jesuisdéléguéegénéraledel’AREDOCetégalementmembretitulaire,unpeuvirtuelencemoment,delaCNAMEDentantquepersonnelqualifié.JedisvirtuelencemomentparcequelaCnamedestactuellementencoursderenouvellement.JevoulaisjustecomplétercequedisaitMadameBertella-Geffroyausujetdel’arrêtdelaCourdeCassation.Ilyenaunautreaussiquiestimportantaumêmemomentetquiditquel’expertisepourlesassurancesn’estpasensoiuncritèresuffisant.C’estimportantparcequeceladonneuneinformationcomplémentaire:lecasd’espècequevouscitiezMadameestabsolument juste, lorsqu’onfait350-400expertisespourunesociété,plusunemi-tempspourunesociété,onpeutcomprendrequelaCouraitréponduencesens.C’étaitunpetitcomplément.

Ledeuxièmeferacertainementl’objetd’uneprochainetableronde,maisjevoudraisquandmêmeendireunmot.Jecroisqu’unexpertcompétentestunexpertquiadebonsoutilsetlepremieroutilc’estlamission.Unexpertsansmissiond’expertisen’estpasunbonexpert,nepeutpasêtreunbonexpert,iln’apassoncadre,iln’apascequ’ildoitfaire,iln’apaslesélémentsdudossier,cequevousévoquiez,s’iln’yapasdebonnemissiond’expertisecequ’onatentédefaireauniveaudelaCnamed,avoirquelquechosedecomplet,lanôtreelleesttrèslongue,elleatroispages,maistroispagesquisontnécessairesetsurlesquellesonnepeutpasàmonsensrevenir.C’esttout.

Emmanuel Rosney JesuisgastroàBichatetenseignant,doncnulenexpertise.Jeretiensnéanmoinsquecequenousapprenionsànosétudiantsetquecequenousleurapprenonstoujours,c’est-à-diredefaireunemain-courante,undossiermédicalresteessentiel.QuandMarie-SolangeJuliaveutnousconsulter,noussommesquelquefoisànousdemandercequenousdevonsmettredanslamaincourante.Ils’agitdesimplifierlatâchedel’expert.

Jean-Paul Delevoye Est-cequesurledossiermédical,àcausedelapeurduprocès,vousmettezcertainesinfor-

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mationsetvousn’enmettezpasd’autres?

Emmanuel Rosney Danslacommunicationdegroupe,lorsdelavisite,onn’insistepassurcepoint.

André Lienhart Là,c’est l’enseignantquiparle,paslemembredelaCnamed.Lesfaits,touslesfaits,quelesfaits,voilàpourledossiermédical.Ilesthorsdequestiondedirequ’ilpourraityavoirdesélémentsdansledossiermédicalquin’apparaîtraientpasalorsquec’estutileauxsoinsdupatient.Enrevanche,lescommentairesoiseuxlaissantàpenserquetelcollègueauraitpuêtreenmeilleureformeteljour,çanon,ouquelafamilleestunpeucollante,etc.Non,factuel,lesfaitsnécessairesàlacompréhensiondudossier.Ledossierestfaitpourlesoinaupatient.Lesfaits,touslesfaits,quelesfaits

Denis Safran Oui, jesuistoutàfaitd’accordaveccequeditAndréLienhart,onn’ajamaisintérêtàcacherquoiquecesoitdansledossiermédicalcarlebonexpertcommevousdites,vas’enrendrecompte.Lesmanquesdansledossiermédical,onlesrenifletrèsvitesurtoutquandonaledossierinfirmierparcequelàilnemanquerienengénéral.

Jean-Paul Delevoye Vouscroisezlesinfos?

Denis Safran Bienentendu,d’où l’intérêtque l’expertpuissedisposerdesdossiersoriginauxdespatientsetnonpasdesphotocopies.C’estd’ailleursunvraiproblèmeactuellement,car très souventonnedisposequedephotocopiesavecdetrèsgrandesdifficultéspourl’expertparcequesouventlesphoto-copiessontdemauvaisequalité,mallisibles,pasencouleursetjepourraisvousfaireunedémonstra-tionintéressantesurlestyloà4couleursdesinfirmières,carquandl’écrituredevientrouge,c’estqu’ilsepassequelquechose.

Marie-odile Bertella-Geffroy Jenesuispastellementd’accordavecleprofesseurSafran.Aveclestechniquesactuelles,onpeutfairedetrèsbonnesphotocopies,mêmederadiographies,d’IRM…Et,lorsquelapersonnen’estpasdécédée,onnepeutpasenleverauservicehospitalierquilasoignel’originaldudossier,etcepourpermettrelacontinuitédessoins.Jecroisquec’estunevraiedifficultéetjenefaispassaisirlesdossi-ersmédicauxoriginauxlorsquelapersonneabesoindusuividessoins.Cela’dépendenfaitdechaquecasd’espèce.

Pierre André Lecoq Jesuisprofesseuréméritedesfacultésdedroits,membred’uneCRCIcequim’aamenéàécrireunouvragequivaparaîtrebientôtauxÉditionsHospitalièresetdanslequelj’aitraité150000dossiersdeCRCI.Jevous l’aid’ailleursenvoyéMonsieur leMédiateur,cen’estpasde lapublicité,nipour lecolloquequejeferaiensuite.J’aiaussiétéavocatdansunepremièrevieetj’aiplaidédesaffairesderesponsabilitémédicale.Cepanelestassezlarge.Orj’ail’impressionquesionsil’onfaitunegerbeliéedetouteslesinterventions,lebonexpertc’estunpeulaquêteduGraal,parcequecommevousl’avezsoulignéMonsieurlePrésident,onatoutditetsoncontraire.Jevoudraisd’aborddireunechose,jesuisseptuagénaireeten1977,j’enseignaislaresponsabilitémédicaleetlepréjudiceàdesmédecinsdanslecadred’undiplômeorganiséparl’UniversitéduDroitetdelaSantédeLille,auxmédecinsquiledésirai-ent.Àl’époqueilyavaitunerelativeadéquationentrelenombredepostulantsetl’expertisequiétaitmoinsdéveloppéequ’aujourd’hui.Maintenantc’estfini,mêmesionatoujoursdesmaster2quiensei-

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gnentcela.Onadoncici,j’allaisdire,unesortedejérémiade.Lestravauxquiontétéfaitsparex-empleparMonsieurleMédiateurdelaRépubliquel’annéedernièrequiontfaitréfléchirquelquesministèressur labonneexpertise, lestravauxsur laCourdeCassation, le rapportHuetquiestrécent,dumoisdejuillet,quiestcertesdédiéessentiellementàinfectionsnosocomialesmaisquiposeleproblèmed’expertise,sonttousfondamentaux.Mais,etlàjem’adresseauprésidentLien-hart,j’aiétéfrappéenpréparantl’ouvrageetenlisantdefaçonextrêmementprécisel’ensembledesrapportsaussibiendel’ONIAMquedelaCNAMED,parlefaitquelaCNAMEDs’investittrèsfortementdanssamissiondequêteduGraal,toutsimplementparcequecelafaitpartiedecesmissions,autermedesarticles142.9etsuivantsduCodedelaSantéPublique,Jevoudraistoutdemêmesouligner,vousl’avezlaisséentendreMonsieurlePrésident,qu’ilyadesrecommanda-tionsdelaCNAMEDdontilfaudraitpeudechosepourqu’ellesdeviennentdesréglementationsàcaractèreimpératif,–j’enparledansmonouvrage–ouquipourraientêtrel’objetdepropositionsfaitesaulégislateur.N’est-cepasquelecolloquequevousavezorganiséaumoisdejuin,MonsieurleMédiateur,enestladémonstrationetlaloid’ailleursdelamêmeépoqueacommencé.Ilyadeuxrecommandationsessentiellesenmatièred’expertise,d’abordunlivretdel’expertquicon-tiennetoutescesrecommandationsd’éthique,dedéontologieetdemaîtrisedelaméthodologied’expertise.Unedeuxièmerecommandationquiestégalementjecroisde2007,etquiétablitcequiestimportantpourl’égalitégéographiquedontonparlaittoutàl’heure,quiétablitunguidedel’expertextrêmementprécis,avecdesrubriquesquechaqueexpertdoitsuivredetellesortequ’ilyaituneunitédeprésentationdansl’ensembledesCRCIdesrapportsd’expertisecequiaidebeaucouplesmembresduCRCI.Voilàcequejevoulaisvousdireàpartirdecequejevis,decequenousvivonsaujourd’huietquicontinueànousfaireprogresser.

André Lienhart MonsieurLecoqfaitallusionauxtravauxdelaCNAMED.Jevoudraisindiquerquetouscesélémentsfondamentaux, jeveuxdire, le livretd’expert, lamissiond’expertise,setrouventsurlesitedelaCNAMED,doncsivousvoulezsavoircequec’estqu’unbonexpert,vousfaiteshttp/www.CNAMED.Sante.gouvetvousavezceséléments-làL’autrepoint,c’estqu’ilyadesmodifi-cations législativesquipermettraientd’améliorer l’expertise. Lapremièreaété indiquée, c’estcellequipermetd’augmenterleurnombre,quoiquelenombreaitétéaugmenté,c’estempêcherle recoursàdesexpertsquineseraientpaspassésparces formations,parces listes,avecsescritères.Maisévidemmentsioncommenceparladeuxièmepartie–iln’yapasassezd’experts–lesystèmenepourrapasfonctionner.Ilfautdoncavanttoutechose,mettrel’entonnoirdanslebonsens,laformation,casserl’élémentlégislatifquifaitqu’aujourd’huipourêtreexpertdesCRCI,ilfautpratiquementêtreexpertauprèsdelaCourdeCassation,etonsedemandepourquoiiln’yenapasassez!

Denis Safran AndréLienhartnousditquepoursavoircequ’estunbonexpert,ilfautfairehttp/www.CNAMED.Sante.gouv,vousytrouverezeffectivementcequ’ilfautpourfaireunbonexpertdelaCRCI,maispasforcémentunbonexpertjudiciaire.Nemélangeonspas.

Martine TimsitJetravailleausecteurRéformesduMédiateurdelarépublique,maquestionestenrapportno-tammentaveclaloide2004surlesexpertsjudiciairesparrapportàdeuxsujetsimportantsquiontétéabordés.D’abordtoutlemondeàl’aird’êtred’accordsurlefaitdedirequ’ilnefautpasdeprofessionnalisationdelamissiond’expert,ilfautquecelaresteuneactivitéannexe.Cen’est

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pascequeditlaloi,laloipermetqu’unexpertquin’estplusenactivitépuisseêtredésignéetinscritcommeexpert,ycomprisd’ailleurssurlalistedelaCNAMEDavecunelimitededeuxans.Sitoutlemondeestd’accordlà-dessus,pourquoinepasinscrireclairementdanslaloi lefaitqu’ondoitêtreenexercicedesonactivitépourpouvoirêtreexpert?Monsieur leProfesseurHureau,vousavezditàjustetitremesemble-t-il,quecequiestimportant,c’estlemaintienaveclaconnaissance,maisest-cequelemaintiendulienaveclecontextedelapratiquen’estpasimportantaussipourpouvoirévalueruncontexteparticulierd’uneaffaire?Parailleurs,actuellement,mêmequandonestnommé,inscritetquel’onexercetoujourssonactivité,concrètement,est-cequel’onvérifiesil’expertcenséexercerenparallèlesonactivité,continueeffectivementàexercersonactivitéounefaitplusquedel’expertise.Ilfaudraitpréciserlaloisurcepoint.Le2esujetsurlequelilparaîtyavoirconsensus,ycomprisauniveaudelaCourdeCassation,c’estlecumulconseild’experts,mé-decinconseilassuranceetexpertjudiciaire.Jemefélicitedelajurisprudencequejeneconnaispasetdontj’aimeraisbienavoirlesréférences,est-cequ’ildoitencoreyavoirunprolongementlégisla-tif?Est-cequec’estpraticable?Est-cequ’onaurasuffisammentd’expertssionsupprimececumulquivisiblementapparaîtquandmêmetrèsgênant.

Jacques Hureau Jenepensepasqu’ilsoitécritdanslaloiqu’onpeutêtreexpertsansêtreunprofessionnel.Celarépondàcequej’aidittoutàl’heureausujetdel’expertretraité,cen’estpaslimitédansletemps.

Marie-odile Bertella-Geffroy Je voudrais simplement parler pour la CNAMEDde la rémunération de l’expert.Un tarifuniquenepeutpasêtrepossibleparcequ’ilyadesexpertisesquisonttrèsdifficiles,etd’autresmoins.Commentpeut-onêtrepayé lamêmesommesion travaillesuruneexpertisependant2heuresoupendant20heures?Ilfaudraitunerémunération,commecelasefaitàl’instructionpourdesaffairesderesponsabilitémédicale,avecuntarifàl’heureselonlenombred’heurespasséesparl’expertsurl’expertise.Laréflexiondecetexpertd’Outreau,veutdirequelquechose,mêmesic’étaittrèsmaladroit.Celaveutdirequ’unexpertdoitêtrerémunéréàlahauteurdesacompétenceetdesesheuresdetravail.Onnefaitpasuneexpertisedifficilederesponsabilitémédicaleendeuxheures,n’est-cepasMonsieurSafran?

Denis Safran JerebondiraifavorablementettrèsbrièvementsurcequeditMadameBertellaGeffroysurl’expertiseàgéométrievariable.Ilyadesexpertisesquivontvousdonnerénormémentdetravail,d’autresquivontêtreplussimples.Encontre-expertiseparexemple,vouspouvezavoir justeunpetitélémentàajouter,donceffectivementilnepeutpasyavoirderémunérationglobale,celanepeutpasêtretarifécommel’autopsie,maisbienautempsréelpasséàtravailler.PourrépondreàMadameTimsit,effectivementonvérifiequelesmédecinssonttoujoursenexercice.Jevousrap-pellequ’onn’estplus inscritàvie, ilyauneprocédurederéinscriptionpour les listesdesCoursd’Appeltousles5ansetilyaunecommissionquiseréunitetquicomportedesmagistratsetdesexperts.Cen’estpasuneobligationlégale,simplementauniveaudescompagniesd’experts,voussavezquandonregardeledossier,onvoitbiensilecandidatn’aplusd’activité,c’estsignalé.

Richard Zarzavatdjian Etsil’onestinscritquelquesmoisavantlaretraite,est-cequel’onestrepartipourplusieursannées?

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Maisnon,detoutefaçonilyaunelimited’âge,pourl’expertisejudiciaire,c’est70ans.Lacarrièred’unmédecinsetermineentre65et68ans.Onpeutconcevoirquepourlesdeuxdern-ièresannées,l’expert,enrichidesalongueexpérienceprofessionnelledemeurecompétent.

André Lienhart MadameBertella-GeffroyparlaitdelaCNAMEDetdelarémunérationdesCFCI,biensûrc’estl’ONIAMquiestlaseulecompétence.Decepointdevue-là,ilyadescompétencesdifférentesL’autreélémentpourrépondreàMadameTimsit,surl’inscriptiondanslaloid’uneincompatibil-itéentre le travailauprèsdecertainescompagniesd’assuranceet…. jepenseque lescritèresqu’onamisenplaceauniveaudelaCNAMEDsontcohérents,maisonvoitbienlatrèsgrandedifficulté,qu’ilyaàétablirdeséquilibresquandonparled’unconflitd’intérêtsavecdescompag-niesd’assurancesmédicales.Etilyenabeaucoupd’autres.Jepensequepourfaireréférenceàl’introductiondeMonsieurDelevoye,l’évolutionsociétaleesttellequenousdevonsavancerversunetransparencequifaitquelorsqu’onestrémunéré,onfaitdesdéclarationsaufisc,maisondoitsavoird’oùçavientetnousavonsl’habitudequandonestexpertpourlaSAPS,pourlaHauteAu-toritédeSanté,nousavonsl’habitudededéclarertouslesanscepourquoinousavonsétépayés.Cenesontpasseulementdesconflitsd’intérêts,cen’estpasseulementl’argentqu’onpeutavoirsoi-même,c’estaussil’argentdontonpeutfairedisposersonhôpital,sonservice,sarecherche,doncilfautélargirçàetluidonnerunebasebeaucoupplussimple,beaucoupplusnaturelle.

Denis Safran Jenepensepasquel’AFSSAPSsoitunmodèledeladétectionduconflitd’intérêts,ilsuffitderegarderlatélévisiondetempsentempsettoutlemondeauracomprispourquoi.Ilestvraiqu’ilyacertainsexpertsquisonttrèsrares,parcequ’ilssontdansunespécialitétrèspointue,etonvalesretrouverpartoutcesgens-là.Etalorslà,onestenpleindansleconflitd’intérêts.Onl’avupourl’AFSSAPS,onnepeutpaslenier.

Véronique Elsève Je suisavocatesurNiceet je suisdans la responsabilitémédicaledepuisunequinzained’années.Mapremièrequestionportesur les importancesdifférencesdequalitéque l’oncon-stateentrelesexpertises.Maissionveutpermettreàl’expertdes’améliorer,peut-êtrefaudrait-ilquel’expertsachecequedevientsonrapportd’expertiseunefoisqu’ilaétédéposé,etça,àmonavis,c’estungrosproblème.Trèssouvent,lesexpertslorsqu’ilsnousrevoientpourd’autresdossiersnousdisent:«maisalors,cefameuxdossierqu’est-cequeçaadonné?»C’estdifficileeffectivementdedireàunexpertquesonrapportaétéannulédansun jugementnotammentparcequ’iln’apasrespectélesrèglesdeprocédures,etçajepensequec’estungrosproblème,ilfaudraitquelesexpertssachentcequedevientleur«enfant».

Richard Zarzavatdjian Çafaitpartiedel’informationetdesaformation,carsisondossieraétéretiré…

Véronique Elsève C’estlesuividudossierparcequ’ilnousestquandmêmedifficileànousavocatsdedireàl’expertaprèscoupquesonrapportaétéannulé.

Françoise Avram JesuisprésidentedelaCERCIÎle-de-France,jevoudraisquandmêmerépondreàMonsieurSafranetàMonsieurLienhartencequiconcernelagarantieofferteparleslistesdesexperts.C’est

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unegarantie,maiscen’estpasunegarantietotale.DanslesCRCI,nousvoyonspasserdesexper-tisesquisontfaitespardesexpertsnommésparlestribunaux–jesuismagistratedel’OrdreJudi-ciaire,c’estencettequalitéquejeprésideunCRCI–etnousvoyonsdesrapportscatastrophiquesfaitspardesexpertsquisontsurunelistedeCourd’AppelsansparlerdecertainsexpertsquisontappelésparlaCourdeCassation,quisontsouventexcusez-moi,desmessieursquionteneffetuneexpérienceparl’âgeetparl’anciennetéetquineseremettentabsolumentpasenquestionetquifontdesexpertisesdramatiques.Doncilnefautpasêtresectaire,nousavonsdesexpertisesCRCIquisontfaitespardesexpertsquiontuneespècedenotiondeservicepublicetquisont,pourleurrémunération,danscertainsgrosdossiersabsolumentremarquablesalorsquenoustrouvonsl’inversedanscertainesexpertisesfaitesauprèsdelaCourdeCassation.Jecroisqu’ilnefautpasêtresectaireetformelsurcepoint.

Quelqu’un du public Jesuismédecinexpertauprèsde laCourdeCassationetrédacteurenchefde larevueExpert,jevoudraisunepremièrefoisrebondirsurlesujetdecettetableronde,c’est-à-dire,lebonexpert.J’adhèreàtoutcequiaétéditsurlacompétencetechniquedel’expert,etenparticulierjeremercieleProfesseurSafrand’avoirsouhaitéqu’onaituneformationavantl’inscriptionsurlalisteprobatoire,maisjesuisunpeuatterréparcequel’onn’aabsolumentpasparléd’éthique.Onn’apasparlédel’objectivité,plusprécisémentdelasubjectivitéoudelanon-subjectivitédel’expert.Onn’apasparlédelaconsciencedel’expert.Onaaussiparléd’uneHauteAutoritédel’Expertise,c’estunvœupieux.Peut-êtrequeçan’arriveraquedans15ou20ans,maisilfautqu’unjour,l’indépendancedel’expertsoittotalevis-à-visdesdonneursd’ordres,qu’ilssoientjudiciairesouqu’ilssoientassureurs

Sylvie LazarevskiDel’associationMaladiedeCreutzfeldtJacob,jevoudraissavoircequ’ilenest,c’esttoutàfaitnaïfmaquestion,del’expertisedupréjudicemoral

Carole Périgueux JesuislamamandeCédricunenfantdécédéaprèsuneerreur,aprèsuneopérationetmaquestionestsurlechoixdel’expertparlejugedanslecadred’uneexpertisejudiciaired’unacci-dentsurvenudansunhôpitaldel’APHP.Est-cenormalquel’onmissionneunmédecindel’APHP,sigrandprofesseursoit-il?Ya-t-ilvraimentimpartialité?

Docteur Éric Trotschmann Jesuiscardiologue,j’aisuividepuisdeuxansdesformationsdontuneavecleProfesseurSafran,etilsepassedeuxchoses,premièrementbeaucoupdegensquiviennentlàpourêtreex-pertsjudiciaires,finalementpourdesraisonséconomiques,choisissentdes’orienterverslescom-pagniesd’assurances,unpeuvers l’expertise judiciaireettrèspeuvers lamédecinederecoursd’assistanceauxvictimes.Lesconditionséconomiquessontquandmêmecompliquéespuisquefinalementellesportentatteinteàl’article6delaConventionsurl’équitéduprocès.Sitouslesmédecinsquisedestinentàcelavontdanslescompagniesd’assuranceparcequ’ilsontplusdedossiers,parcequ’ilssontmieuxpayés,quelques-unsvontvers l’expertise judiciaireparcequecommenousl’aexpliquéleProfesseurSafran,quandonestprofesseuràl’université,entermedetempsc’estplusfacile,notammentenresponsabilitémédicaleoùlesdossiers,c’estcommeunmicroscope,sivousvoulez,vouspouveztoujoursgrossirunpeuplus,c’est-à-direàtravaillerunpeuplus,vouspouvezpassersurundossier50,100,300,100h,300hetvoustrouveztoujoursdeschoses,C’estçaquiestincroyable.Donclarémunérationestunproblème.Ledeuxièmepointestquevousdemandeztellementdechosespourêtreexpertjudiciairequefinalementbeaucoupde

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gensrenoncentdecefait,alorsqu’ilyaquandmêmequelquechosequin’existepasenFrancemaisquimesembletrèsimportant,c’estlecontrôleàposterioridesexpertises.C’estcequedisaitlemédecinexpertdeMetz,quececontrôleàposteriori,s’ilétaitcorrectementeffectué,siàunmomentdonnéondisaitàunexpert,quesonraisonnementn’estpasclairouquesaconclusionnevapas,sansquecesoitforcémentunesanctionouuneradiation,ceseraitbien.S’ilyavaitquelquechosedecegenredurantcettepériodeprobatoire,çaéviteraitdedemanderà l’expertd’avoirtoutes lesqualités.Celaposeégalement leproblème,nond’uneprofessionnalisationabsolue,maisquandmême…lesproposquisonttenussurcepointsontassezcontradictoires.Ildevraitêtrepossibledetrouverunéquilibre.Entoutcas,siceschoses-lànesontpasréglées,vousêtessûrsque lesnouvellesgénérations irontvers lescompagniesd’assurancesdefaçonnettementprivilégiéeetlesvictimesserontmoinsdéfendues.

Jean-Paul Delevoye Jesuistrèsdemandeurdelaréactiondelatable,surcesujet.Est-cequ’onestlàaucœurduconflitd’intérêts?Est-cequ’onpeutêtreunbonexpertsansêtrerémunéréparlesassurancespour lesraisonsquevousévoquez?Est-ceque lesmagistratsontaujourd’hui l’impressionquel’expertisepeutêtreunfacteurderééquilibragedesparties,l’équilibredansleprocèsouaucon-traireunfacteurdedéséquilibre?

Marie-odile Bertella-Geffroy

Concernantlesuividesexpertisesdanslesdossiersderesponsabilitémédicale.jesoulignequ’ontétécréésen2003unPôleSantéàParis,etunàMarseille,maisenfaitilfaudraitquesoientcréésdespôlessantédanschaqueCourd’Appel,maiscelan’estpaspossibleàcausedesmoyensinsuffisantsdelajustice.Pourfairecesuividesexpertises,quiesteffectivementtrèsim-portant;nousavonscommeassistantsunmédecindesantépubliquequiestattachécheznous,unvétérinaire,unpharmacien, c’est vraiment laRolls-Royce.Ceux-ci envoient auxexperts lacontre-expertise,s’ilyenaune.Ilssonttenusaucourantd’unéventuelrecoursenannulationdeleurexpertise.Lesassistantsspécialisésoulesjugeslesrenseignentsurlessuitesdesdossiers(non-lieu,renvoiencorrectionnelle,appel,cassation).C’estimportantpourlesexperts.

Jean-Paul Delevoye Ona lesentimentquec’estvraimenttrèscontrasté,passeulementsurcettenotiondesuivi,maissurlarépartition,l’accèsauxexperts,c’estinévitable.J’aid’autresquestions,jeprofitedevotreprésencepourvousposerlaquestiondel’hormonedecroissance.Vousavezuneréponselà-dessus?Encequiconcernelepréjudicemoral, jenesaispassicettedameadéposéplainte,maisenfaitilyaleproblèmedel’indemnisationquidanscesaffairesdesantépubliqueestcom-plètementdifférente,parallèlesivousvoulez,auproblèmedelaresponsabilitéetdel’éventuelleculpabilité.Lepréjudicemoralc’estgénéralementlepréjudicedelaperted’unenfant,danscecas-là,ilestàdemandercertainementautribunalcorrectionnel,làc’estenAppel,ilserademandéenAppelsiellenel’apasfait.Ladifférenceentreleciviletlepénal,l’indemnisationuniqued’uncôté,l’immenseproblèmedel’indemnisation.Avecfauteceseral’assurancequipayeraetsansfauteceseral’État,l’AMNIAM,encequiconcernel’hormonedecroissance.Toutlemondeaétéindemnisépratiquementetheureusementdeplusenpluspendantlaviedel’enfant,del’adolescentouduje-uneadulteparcequec’estlàqu’ilfautaiderlesparentspourmalheureusementlesaideràprendreenchargecetenfant.DenisSafranvousvouliezréagiràceproblèmedujugequinommel’expert,cemêmeexpertétantàl’AssistancePubliquepournepaslaciter.Qu’est-ceque vous répondez

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là-dessus, il faut délocaliser ?

Denis Safran J’aiunpeudemalàvousrépondrequ’ilfautdélocaliserparcequej’aiquandmêmeétéexpert dans un certain nombred’affaires pénales quimettaient en cause, souvent gravementd’ailleurs,l’AssistancePublique-HôpitauxdeParisetjesuispourtantmédecindel’AssistancePub-lique-HôpitauxdeParis.Encequimeconcerne,jenemesuisjamaissentigêné,mêmesiledirec-teurdesaffaires juridiquesde l’AssistancePublique ledéplore, jenemesuis jamaissentigênépourdirecequejepenseetessayerdedémontrercequejepense.Jepensequ’iln’yapasincom-patibilité.Celaétant,unedesvertusdel’expert,c’estégalementlecourage.Sil’expertn’apaslecouragededirequedansl’institutiondanslaquelleiltravailleils’estpassécecialorsqu’ilyauraitdûsepassercela,ilestdesadéontologied’expertdesedéporter.Sil’expertsentqu’ilpeutavoirlecouragedelefaire,quecelanelegêneenrien,moicelanemegênepas,jesuisenfindecar-rière,jen’aipaspeurdegrandchose.Jepensequel’experteffectivements’ilsesentgêné,doitsedéporter.Parcequ’ilyaquandmêmedesaffairesextrêmementcomplexes.Maissivousélim-ineztousleshospitalo-universitairesparcequ’ilssesontforcémentconnusunjour,éliminez,vousn’aurezplusjamaispersonnedecompétent.Ilm’arrived’êtreexpertdansdesaffairesoùj’aieuàconnaîtrelesmédecinsunjouraucoursdemesétudes,aucoursdemoninternat.Maissij’éliminetouteslesexpertisescomportantdesgensquejeconnais,ycomprislesavocatsaveclesquelsjetravailletoutletemps,finalementjeneferaisplusjamaisd’expertise.C’estunsujeteffectivementdifficile.

Jean-Paul Delevoye Justeunephrasesurcesujetdontoncomprendbienlaproblématique.Jesuisconvaincuqu’aujourd’huienFranceonfaittropconfianceautitre,austatut,pasàassezàl’éthiqueetmoi,jesouhaiteraisqu’onviveenFranceavecdesgensquiaffichentleursopinions,quiaffichentleursidées.Cen’estpasparcequ’unmagistratestdedroiteoudegauchequ’ilrendramoinsbienlajustice,c’est lafaçondont ilpratiquesonéthiqueprofessionnelle.Jetrouvequ’unmédecindel’APHPqui jugeunevictimede l’APHPdoitd’abord,avant tout,construire laconfianceavec lafamillequipeutéventuellementlerécuserpourdesraisonspsychologiqueset,danscecas,ilfautqu’onchanged’expert.Lafamillepeutcomprendrequecemédecindépassesonmandatprofes-sionneldesalariépourpouvoiravoiruneexpertiseobjective.Jepensequedanscecas-làilfautque l’onsoit transparent,que l’expertviennevoir la famille lui fassesavoirqu’ilestmédecinàl’APHP,expert,etc…cequin’interdirapasunvraijugementpourleurfils.Jepensequ’ilfautqu’onréfléchissesurcettenotionde transparence, surcettenotionde traceécriteetd’information.C’estunsujetcompliqué.J’aibeaucoupentendutoutàl’heureleshistoiresdeconflitd’intérêt,jepartagelesvuesdeMonsieurSafran.Jepense,etjeledistrèsfermementetjem’évertueraisàfairebougerleschoses,qu’ilyatropd’organismesofficielsquiseréfugientderrièrelestextessansenappliquerl’esprit,Jecroisqu’ilyadesgensquidansledéclaratifnevontpasjusqu’auboutdeleurobligationdetransparence.C’estvraidansledomaineindustrielcommedansledomainedelasanté,commeprobablementdansledomainepolitique,alorsqu’aujourd’huinotresociétéasoifdetransparencepourrétablirlaconfiance.Jecroiseffectivementquemonindépendancem’oblige,m’inciteetmepermetdebousculercertainescitadellesquicontinuentàvouloirs’enfermerder-rièrel’opacité.Aujourd’hui,devantlesdramesquevousavezconnus,lemoyendereconstruire,laréparationsitantqu’ellesoitpossibleparcequ’ellen’estjamaispossiblepourledramequevousavezvécu,c’estévidemmentlaconfiancequevouspouvezavoirdansunexpert.J’aieuunbondébatavecMonsieurBadinter,parcequelaquestionquevousvousposezc’estexactementcellequejemesuisposéeàlamédiature.Lemédiateurestindépendant,etj’aidesopinionspolitiquesquej’afficheetj’aidesamitiésquejepratiqueetj’aiunephilosophie.Lavraiequestionquenousnoussommesposéeà lamédiature,c’estcommentêtre indépendantvis-à-visdesoi-même,de

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sesamitiés,deses intérêts,desacomplaisanceetévidemment j’aidéjàmisuncertainnombredeprincipesenaction:sij’aiétéconcernédansmavilleparunproblèmededysfonctionnement,jemerécuse.Jecroisquelevraisouciàtraverslaquestionquevousposez,cen’estpasdefaireunepratiqued’exclusionàprioridel’expert.Cequim’intéresse,c’estdesavoirs’ilestcompétentpourjugerunproblèmeetquelestsondegréd’indépendanceetquelleestlagarantiedesonin-dépendanceparrapportàunevictime.C’estunsujetcompliqué,c’estlaproblématiqueduconflitd’intérêts,c’estlaproblématiquedel’éthiqueetdelamorale.J’aimeraiseffectivemententendrelesdifférentsintervenantssurcesujet.Laclédecetteaffairec’estlatransparence,jel’aidittoutàl’heure,onestautoutdébutdecela,c’est-à-direqu’ilyadesgensquinedéclarentpastousleursintérêtsetcelaestextrêmementdommageable,maisattention,quandaujourd’huiquelqu’unadéclaréunintérêt,ilyatoutdesuiteunesuspicion.Nousdevonsaccepteraujourd’huilefaitquelesgenscompétentssontenlienlesunsaveclesautres,maisceladoitêtreclair,transparent.Unmédecinquiestàl’APHPn’estpaspourautantquelqu’unquin’estpasunbonexpert,maisceladoitsesavoir.LedeuxièmeélémentpourrépondreàMadameAvrametpourlaremercierparcequ’elleallaitdanslesensd’unedeschosesquis’estditeici,àsavoirquecen’estpasparcequequelqu’unestsurunelistequ’ildonneunetotalegarantie.Ildoitdoncyavoiruncontrôleàposte-riori,quiposeleproblèmedel’évaluationexpertiseparexpertise,etbienévidemmentd’unlieuoùonpourraitdébattredecela,parcequ’ilnesuffitpasd’avoirdesévaluations,encorefaut-ilqu’ellesconvergentàunendroitdonnéetquecesoitunpeuorganisé.

Marie-Solange Julia Jevoudraisrevenirsur lechoixde l’expert.Vouspouvezimaginerunesecondequelestlesentimentdelafamillequandellereçoituncourrieretqu’ellevoitquec’estl’expertdel’APHPquivaêtrenommé.CequeleprofesseurSafranaditestjuste,maisàcemoment-là,n’aurait-ilpasfalluqu’ilyaitunepréparationetqu’onexplique,parcequ’onesttoutàfaitcapableaujourd’huidecomprendrequ’unexpertdel’APHPpeutfairesontravailcorrectement.Mais,auniveaudesfamilles,c’esttrèsdifficileàvivre.

Richard Zarzavatdjian Jen’osepasvousdireouvousrappelerquedésormaisilexistedespalmarèsdeshôpitauxdanslapresse,qu’àunecertaineépoque,leMinistèredelaSantén’envoulaitpas,aujourd’huiill’accepte.Aujourd’huionpourraitavoir,pourquoipas,unpalmarèsdesexpertspourquelepublicpuisseparfaitementchoisirsonexpert.

Patrick Bernard Jevaisvousdemandersivousvoulezbienproduirelestroisslidesquej’avaisapportées.Jerépondssurlemisérabilismeavecunpeuderetard,ensouhaitantuneharmonisationnation-aledeshonoraires,lestarifsquej’aiannoncésm’ontétécommuniquéshierparlaCourd’AppeldeMetzsontofficiels.Parisn’estpaslaFranceOnm’avait interrogésurlesbonnesqualitésdel’expertetilyadeuxpointssurlesquelsjevoudraisrevenir.Standardiserlesqualitésdel’expert,estimpossible.Ilexisteunnoyaudurconstituédesqualitésintrinsèquesdel’expertquirelèventdel’innéetquisontfaçonnéesparl’acquis.Ilexistedesqualitésintrinsèquessurlesquellesonabeaucoupdébattu,unecompétencescientifique,techniqueetméthodologique.Onaégalementdiscutédelaprocédure.Jevoudraisrevenirsurlesrèglesdeladéontologienotammentl’honneuretconsciencequiévitenttoutedérivepartisane,racialeetprofessionnelle.Jeveuxrevenirégale-mentsurl’objectivitéquis’attelleàlaréalitédesfaitsetnonauxsentimentsqu’ellesuscite.Nousavonsparlédel’impartialité,laloyauté,ilfautrappelerégalementleconsentementéclairé,ledroitàl’informationetlesecret.

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Ilfautaussiêtresensibleauxrèglesnonécritesdurelationnelnotammentaveclesjugesetégale-mentaveclesavocats.Enfin,lecourageestlavertuessentielledel’expert,onneledirajamaisassez,lecouragec’esticid’affirmersesconvictionsaurisqued’êtrecontestéetdéplaire,etsavoirrésisterauxmarquesd’agressivitéoudeviolenceglobaleauxquellesnous,expertssommessou-ventexposés.

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DEUXIèME TABLE RonDE

QU’EST-CE QU’UnE BonnE EXPERTISE ?

Richard Zarzavatdjian Nousallonscommencer.Pourriez-vousvousprésenter?

Dr Dr Patrick Martre JesuisPrésidentde laFédérationFrançaisesdesAssociationsdeMédecinsConseilsEx-pertsetPrésidentdel’AssociationEuropéennedesMédecinsExperts.

Guillaume Chauvel JesuisAvocatàlaCouràRennes

Denis Safran Jesuischefdeserviceanesthésie-réanimation,médecinexpert

Patrick Peton Médecindeshôpitaux,chargéd’enseignementsurledommagecorporelet lamédecinelégaleàlaFacultédeNancy.

Françoise Avram Commeàla1retableronde,jesuisPrésidentedelaCommissionRégionaledeConciliationetd’Indemnisationd’Île-de-France,Magistratdel’OrdreJudiciaire.

Richard Zarzavatdjian Jemetourneversundernierintervenant,MonsieurFrkanec,bonjourmonsieur.Vouspar-ticipezàcettetablerondeautitredevictime.Pouvez-vousnousexpliquercequivousestarrivé,maissurtoutnousdirecommentvousavezgérél’expertiseavecvotreintervenant.

Monsieur Frkanec Suiteàunaccidentdelavoiepublique,j’aisubiplusieursinterventionsetj’aiétévictimed’uneinfectionnosocomialeetd’undéfautdesoinsquiafaitparlasuitel’objetd’uneestimation.JemesuisretrouvédansunpremiertempsfaceàunexpertnomméparleTribunalAdministratifdeParisetcetexpertàquinousavonsadjointunsapiteur,carcetexpertétaitorthopédistedoncilnepouvaitpasestimerl’infectionnosocomiale,ilnepouvaitpasdiresil’infectionétaitnosocomi-aleoupas.Aprèssonévaluationdudossiermédicaletdemonétataumomentdel’expertise,cetexpertaestiméqueselonlamédecinedeDominiqueLarey,ilauraitfalluamputerdèslepremierjour,dèslemomentdel’accidentsanstenterdeconserverlemembredequelquefaçonquecesoit.Lesapiteurquiluiétaitadjointétaitd’unavistoutàfaitcontraireetavaitdémontréparledos-sierquiluiétaitfournietlesélémentsqu’ilavaitensapossession,lanosocomialitédel’infection,donclaresponsabilitépourunepartdel’établissementoùj’aiétéprisencharge.Cetteexpertiseaétédonnéeà lapartieadverse, l’APHP, jepeux la citer, cen’estpasgênant, cetteexpertise

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était tellementdéfavorable et tellementpeuenphase avec lamédecinemoderneque l’APHPelle-mêmearefusédelaprendreencompte.Nousavonsdonc,moi-mêmeetl’APHPenaccordavecmonreprésentant,décidé,auseind’uncollèged’experts,detrouverunaccordmutueldesexpertsorthopédisteet infectiologuequipourraiententouteindépendanceetentouteclarté,évalueretestimerlaresponsabilitédansunpremiertempsetlepréjudicedansunsecondtemps.Suiteàcetteexpertise,àlasecondeexpertisequiaétéfaiteparunmédecindel’APHP,iln’apaséténisubordonnéàseshiérarchiesnidepartipris,ilaévaluélaresponsabilitédel’établissementdesoinsà80%cequiesténormequandmêmepourlapriseenchargeetl’infection.L’infectiologuequiluiétaitadjointétaitluiaussidel’APHPetaestiméquel’infectionétaitnosocomiale.Lesdeuxrapportsétaienttoutàfaitantinomiquesetn’avaientrienàvoirl’unetl’autre,lepremiermelais-santcommeentièrement responsabledemonétat, leseconddémontrant la responsabilitédel’établissementdesoinsparledéfautdepriseenchargeetparl’infection.Aujourd’hui,lapriseenchargedupréjudicen’esttoujourspasfaite.Çac’estunseconddébat,maisl’expertiseaétéfaite,lesdommagesontétéévalués,maislepréjudicepasencorereconnuetpasencoreprisencharge.Encequiconcernel’expert,jenesaispassic’étaitunequestiondesubordinationàlaprofession,siiln’apasvoulumettreencausedesconfrères,ousivraimentsescompétencesétaientplusquelimitées.PoursebasersurunemédecinequidatedeNapoléon,ilfautmalgrétoutêtreassezenretardouaimerl’histoire!DominiqueLareyétaituntrèsgrandmédecinpoursonépoque,ilavuénormémentdechoses,ilafaiténormémentdechosespourlamédecine,maisdepuisl’époquedeNapoléon,ilyaeuquelquesavancées.Cetexpert,jenepeuxpasvousgarantirqu’ilexerceencoreaujourd’hui,jen’aipasvérifié,maisilaeusûrementd’autrescasdanslesquelsiladûsûrementrendredesrapportsdumêmeétat.Silespersonnesn’ontpaseul’énergie,enfin,silesvictimesn’ontpaseul’énergieetlafoidecontinueretdedemanderunecontre-expertise,repartirdansdesdémarchesetdesfrais,–toutàl’heurenousparlionsd’émolumentspourlesexperts,àPariscenesontpaslestarifsdeMetz,maispasdutout–doncjenesaispass’ilacontinuéd’exercer.Silesautresvictimesqu’ilarencontréesn’ontpaseulavolonté,laforceetlesmoyensfinancierspourcontinueruneprocédure,jepensequ’ilssontrestéssuruneévaluationquin’étaitmêmepasuneévaluationdeminima,maisquiétaituneévaluationdefautetotalepourlesvictimes.

Richard Zarzavatdjian Mercientoutcasdecetémoignagequilanceparfaitementlecentredudébat.Jemetourneversvous,MadameAvram,pouressayerd’yvoirplusclair,surlescritères,justementauregarddecequevientdedireMonsieurFrkanec,quelssontlescritèresduchoixd’uneexper-tisemédicaledequalité?

Françoise Avram Lecritèreprincipal,c’estlaclarté.Unebonneexpertise,c’estuneexpertisequivapermet-treaujugeouàunecommissionrégionalededécider,destatuerpourunjuge,derendreunavispouruneCRCI.Unebonneexpertisedoit répondreauxquestionsque la commission– je vaisparleraunomdelacommissionpuisquejesuisprésidented’uneCRCI–auxquestionsquiluisontposées:est-cequ’ilyalieuàindemnisation?Quidoitindemniser?Qu’est-cequ’ondoitindemniser?Laréponseàcesquestionsrésulteeneffetd’uneexpertisequicomporte,d’unepartl’énoncédesfaits,ensuiteunediscussionmédico-légale.Laréponseauxquestionsestl’évaluationdupréju-dice.Donconabesoinquecesdifférentsélémentssoientfaitsdefaçonrigoureuse,defaçoncom-préhensible,claireetcrédible.Ilyabienentendu,celaparaîtuneévidencecequejesuisentraindedire,maiscen’estpassiévidentquecelaparcequelaclarté,çànes’inventepas,larigueurdansleraisonnementcelanes’inventepasnonplus.C’estcequenousdemandons,nous,àunebonneexpertise.Ilyadespetitsélémentsquisontimportantsmêmedansl’énoncédesfaits.Ilyadesexpertsqui

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setrompentdans lesdates,parexemple,celaa l’air idiotparcequecelapeutserétablir,onamarqué2006aulieude2007,onamarquéle25janvieraulieudu12février.Maisqu’est-cequelepatientquireçoitl’expertisevaendéduire?Ilvapenserquesil’ons’esttrompédanslesdates,ons’esttrompédansleresteaussi.Celaatteintlacrédibilité,c’estcommeçà.La discussion médico-légale vient ensuite. Elle consiste à retrouver un lien de causalité.L’établissementdecesliensdecauseàeffetentreunactemédicalbienoumalfaitetpuisledom-magequienarésulté,c’estaussiunequestiondelogique.Leraisonnementdoitêtresansfaille,ildoitêtreconstruitcommeunechaîneininterrompueavecdestermescompréhensiblespourtoutlemonde,quin’ontpasbesoind’êtreclarifiésparautrechosequineseraitpasàl’intérieurdurap-portd’expertiseetdel’expertise.Jevousparle iciessentiellementdu rapport, jenevousparlepasde lapratiquede l’expertiseparcequedecelaaussionpeutenparler.

Richard Zarzavatdjian Justementest-cequedanslesprocédures,ontrouvelerespectdelatransparence,delacontradiction?

Françoise Avram Onadéjàparlétoutàl’heuredurespectducontradictoirequi,bienentendu,estessentiel.Onaparléaussidel’humanitéquiesttrèsimportante.Maisl’expertaunrôlequivaau-delàmêmedecerapportd’expertise.Ilaunrôledecompréhensiondelavictimeetdelacompréhensionparlemédecin.C’estdoncsouventunrôled’apaisement,entoutcasdansnotreprocédure«amiable»etc’estunrôleextrêmementimportant.NousrecevonsdescourriersenCRCIquejelisrégulière-mentquandilsconcernentmescommissions,oùlesgensnousdisent,«GrâceauDr.Untelquevousaveznommécommeexpert,j’aicomprisenfin,j’airéussiàcomprendre…»Parfoisd’ailleursilsabandonnent,ilsneviennentmêmepasàlacommissionparcequ’ilsserendentcomptequ’ilssesontimaginédeschosesetquecequiétaitarrivétenaitàleurétatpropre.C’estdanscescasqu’ilsabandonnentetqu’ilsneviennentpas.C’estvraiquel’humanitéestimportante.Onparlaitdecompassion,MadameJuliadisaittrèsjustementquelesgensneveulentpasqu’onlesprenneenpitié,ilsveulentcomprendre,maiscelacommencepardel’humanitéetunegrandeécoute.Unebonneexpertiserésultedecetensemble-là.Ilyaautrechose:mesexpertsmedemandentsilorsdel’expertiseilsdoiventconclureparcequelesavocatssontlàquilespressentdeconclure.Maisnon,ilsontdroitàlaréflexionquandmêmelesexperts.Est-cequel’ondemandeàunmag-istratderendresadécisiontoutdesuite?Mêmes’illarendsurlesiège,c’estaprèsavoirdélibéré.Lesexpertsontdroitàcela.Parcontre,cequ’ilsdoiventexposer,cesonttouslesélémentsquivontêtresoumisàladiscussion.Sil’expertdonnesesconclusionslejourdel’expertise,onrisquedetrouverdanslerapportdesélémentsquisontencontradictionavecsesconclusions.Danscecas,ilfautqu’ilrecommencesonexpertise,ilfautqu’ilremettelespartiesenprésenceetqu’ilex-pliquepourquoiilachangéd’avis.Donctoutçac’estextrêmementimportant,ilyaénormémentd’élémentscommecelaquirentrentencompte.Autrepointtrèsimportant,lefaitquel’expertsoituntechnicien.C’estuntechniciendesacom-pétence,desaspécialité.Unexpertmédical,c’estuntechniciendelamédecine,ildoitavoirdesnotionsjuridiquespourleliendecausalité,pourconnaîtrelaprocédure,maiscen’estpasunju-riste,onne luidemandepasdequalification juridique,on luidemandededonner tous lesélé-mentsquivontpermettreaumagistratouàlacommissiondedonnerlaqualificationjuridique.Parexemple,danslecasdetroublesparticulièrementgraves,quiontdesconséquenceslourdessurlaviequotidienne,nousdemandonsàl’expertdenousexposerendétailslafaçondontvitaujourlejourlapersonne,lourdementounon,handicapée.C’estànousensuitedetransformerlesfaitsenqualificationjuridique.Cen’estpasàl’expertdelefaire.Nousluidemandonssil’acteaétéréaliséconformémentauxrèglesdel’artetselonlesrecommandationsenvigueuràl’époquedesfaits,

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conformémentauxdonnéesacquisesàl’époquedesfaitsetpuisànousdequalifierunéventuelmanquement,uneéventuelleerreur.Cesontdesqualificationsjuridiques.Ilfautquechacunjouesonrôle.Lerôledel’expertestdéjàtrèsdifficile,cen’estpaslapeined’enrajouter.

Richard Zarzavatdjian Dernièrequestion,avez-vouslesentiment,onenaparlélorsdelapremièretableronde,quelaforfaitisationdelatarificationàuneconséquencesurlaqualitédel’expertise?

Françoise Avram Mon expérience personnelle est que cela n’a pas de conséquence sur la qualité del’expertise. Jemetargued’avoirde trèsbonsexperts. J’obtiensdebons rapportsd’expertise,j’insistelà-dessus,j’aifaitetlacommissionafait,unesélectiondesexperts,àposteriorieneffet,c’est-à-direquecertainsexpertsquisontsurleslistesontrendudesrapportsd’expertisequinenousconvenaientpas.

Richard Zarzavatdjian Etalors?

Françoise Avram Alors,j’enaiparléaveceux.IlsetrouvequelefonctionnementdesCRCIestplussouplequeceluidestribunaux,doncj’aidesrapportsaveclesexpertsquisontassezproches.C’estvraiaussiquedansunevieantérieurej’étaismédecin,celamepermetd’avoirdesrapportsplusétroitsaveceuxetd’avoirunlangagepluscommun.Celafaitquandmêmeuncertainnombred’annéesquejesuisenplace,ilyadesexpertsquej’aiéliminésetj’aigardélesbons.Celadit,toutlemondeestfaillible,ilyadetrèsbonsexpertsquidetempsentempsrendentuneexpertisequin’estpasbonne.

Richard Zarzavatdjian Cepalmarèscommejedisaistoutàl’heure,vousl’avezdéjàfait?

Françoise Avram Eneffet,àmonniveau,jel’aifait.Touslesmagistratslefont,ilsnevontpasnommerunexpertdontilssaventtrèsbienqu’ilvavousrendreuneexpertisequinedonnerapassatisfaction.

Richard Zarzavatdjian Celaveutbiendireunpalmarès,unelistequiseraitrenduepublique?J’imaginequelesas-sociationsseraientintéresséesparcetteinformation?

Françoise Avram Certainement.Dans lesCRCI, il yadesassociationsqui sont largement représentéesetquid’ailleursnousdonnentdesretours,n’est-cepasMadameJulia,certainesnousdisent,etlàcen’estpasforcémentauniveaudelaqualitédel’expertise,queteloutelexpertnes’estpasmontréhumain.

Richard Zarzavatdjian vousêtesavocat,leprincipeducontradictoirevousparaît-ilsuffisant,qu’est-cequevousenpensezparrapportàcettenotiondebonneexpertise?

Guillaume Chauvel J’ailalourdetâchedeparlersouslecontrôledeMadamelaPrésidentedelaCRCId’Île-de-France!

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Jevoudraisd’abord fairedeuxobservations liminaires, lapremièrec’estque je souscris toutàfaitàcequiaétéditàlapremièretablerondequantàlapersonnedesexperts,lecontrôledesexperts,lechoixdesexperts,ladifficultéd’entrouverdebons,etc.JesaisparmonexpérienceaveclesCRCIqu’ilyad’excellentsexpertsenCRCI,ilyenadanslasalle,etdemauvaisexpertsquiviennentenCRCIunpeucommedevantlestribunauxjudiciairesouadministratifs.Deuxièmeobservation,j’aiunpointdevued’avocatdevictimesexclusivement.Mondiscoursneserapasforcémenttrèsneutre,maiscelaétant,jecroisquecertainsdemesconfrèresquitravail-lentpourlesétablissementsdesoinsseretrouverontdansmesobservations.QuandlaloiKouchnerestarrivéedanslesCRCI,nous,lesavocatsenresponsabilitémédicale,avonsététrèsagréablementsurprisparcequ’onpensaitquelaprocédurederèglementamiableoffraitdesconditionsd’expertiseidéalespourlesvictimes.Pourquoi?Parcequ’onavaitlesmêmesga-ranties,peuouprou,quedevantlestribunauxdel’ordrejudiciaireouadministratif,onavaitmêmeuncollèged’expertsquinousétaitpromis,oronsaitquececollèged’experts,pourdesraisonssansdoutebudgétairesoudesdifficultésdetrouverdesexpertsestaujourd’huiplusthéoriquequeréel.Onavaitégalementdesexpertsquiétaientdequalité,choisissurunelistedequalité,etonavaitsurtoutnous,avocatsdevictimes,lapossibilitéd’obteniruneexpertisegratuitepuisquelesfraisétaientavancésparl’ONIAM.Autrementdit,onatousapplauditrèsfortàlaloiKouchnerparcequel’ons’estditquepourlesvictimesc’étaitextraordinaire,qu’onn’allaitplusavoirbesoindepasserparlesfraisdeconsignationauprèsdurégisseurduTGIoudutribunaladministratif.Lesvictimesallaientdoncavoiruneexpertisequasimentimmédiate,réelleetsurtoutgratuite.Envérité, l’expériencem’amèneàmodérermonproposparceque jepenseeffectivementquel’expertise,tellequ’elleestdiligentéeàlaCRCI,aquandmêmedeslimites.Pourplusieursraisons,d’abordcommejel’indiquaistoutàl’heure,leprincipeducollèged’expertstelqu’ilestfixéparlestextesestplusthéoriquequeréel,etenvérité,aumoinsdanslesCRCIquejepratiquedanslegrandouest,lesCRCIdésignentenmajorité,unseulexpertpourlesexpertises.C’estrarequ’onaituncollèged’experts,unpeupluspeut-êtredanslesaffairesd’infectionsnosocomiales,maiscen’estpaslarègle.Cequejecomprendstoutàfaitparcequ’ilyasansdoutedesproblèmesbudgétairesquis’yopposentetqu’onpeuttrèsbienavoiruneexpertiseexcellenteavecunseulexpert,cen’estpaslenombrequifaitlaqualité.Ladeuxièmeobservationquejevoulaisfairesurl’effetunpeuperversdesexpertisesCRCI,c’estquel’onaoffert lapossibilitéà lavictimedemontersondossiertouteseuldevantlesCRCI.Jepensequec’estun fauxamipour lesvictimes.C’est trèsdifficiledemonterundossierdevantuneCRCI,c’esttrèsdifficilepourunevictimedéjàmatériellementdefaire ledossieretensuitedeserendreseuleàl’expertise.Orbeaucoupdevictimesontl’illusionqu’ellespeuventserendreseulesàuneexpertise,c’est-à-diresansaccompagnement,soitd’unmédecin-conseiletoud’unavocat.C’estuneerreurflagranteparcequelesvictimesviennentsouventavecunepersonnedeleurentouragequileuroffreunsoutienpsychologiqueindéniable,maispourautantnesontpasarméesfaceauxopérationsd’expertise.Orlesopérationsd’expertisesontévidemmentcapitalessurl’issuedudossieretonadesvictimesquiparfoisseretrouventtoutesseules,trèsseules,dansundébatqui lesdépasseparcequec’estundébatextrêmementtechniqueou juridique,parcequ’enfaceonaunétablissementdesoinsquilui,seraassistéd’unmédecin-conseiletdemêmepourlepraticien.DonclepremierécueildanscesexpertisesCRCI,c’estdefairecroireauxvictimesqu’ellespeuventsedéfendretoutesseulescequiestuneerreuràmonsens.LedeuxièmeécueildesexpertisesCRCI,c’estqu’onaparfoisdesexpertsCRCI,MadameAvramnousledisaitàl’instant,ellenousdisaitquel’expertnepeutpasdonnersonpointdevuelorsdesopérationsd’expertise.C’estvrai,onnedemandepasà l’expertdedonnersonpointdevueàl’issuedesopérationsd’expertise.Maisilfautsavoirquedanslecadredesopérationsd’expertiseCRCI,onn’aurapaslapossibilitédesavoirquelleestlatonalitédel’expertise:lerapportvatomb-erunjour,sansqu’onaitpus’exprimer,sansqu’onaitpuavoird’observationparticulièrepourlecomptedesvictimesdanslecadredesopérationsd’expertise.

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Cela pose un vrai problème au niveau du contradictoire, parce que cela veut dire qu’on va àl’expertise,onécoutel’échange,etpuisonfermelaporteetonattendquel’expertfassesonrap-port.C’esttrèsfâcheux.Parcequesil’expertsetrompe,sil’expertfaitfausseroute,onn’aabsolu-mentaucunmoyendecorrigerletir,aucunmoyen.C’estembarrassantetc’estaussipourcelaquejevoudraisrépondreàMadameAvramsurcepoint.Elleestsansdouteunpeuperplexefaceauxgensquidisentqu’ilsaimeraientsavoirquelleestlatonalitédel’expert,maisc’estprécisémentpourpouvoiréventuellementfairedesobservationsavantqu’onpasseencommissionetpourpermettreàl’expertderépondreàdesquestionsqu’onseposelégitimement,nousavocats,maisdansuneplusgrandemesureaussilemédecin-conseilquiaccompagnelavictime.Onadesexpertsquinousdisent,francodeport,“detoutefaçonjenerépondraipasàvosobser-vations,jenerépondraipasauxquestionsquevousvousposez.”Celaposedesproblèmesfon-damentauxparcequel’onadesexpertisesquisontlacunairesetquandonarriveensuitedevantlacommissionavecuneexpertiselacunaire,çàposeproblèmeparcequ’onpeutavoirtoutuntasdequestionnementsqui se révèlent lorsde l’audiencede la commissionparceque l’expertisen’estpascomplèteévidemment.Lavictimen’apasforcémenttouteslesréponses,jedislavic-time,maiscelapeutêtrelemédecinoul’établissementdesoins.Onperddutempsàl’audiencedelacommissionàévoquerdesquestionsquin’ontpasforcémentétédébattuesouquiontétédélibérémentévitéesparl’expert.DonconaunemoindregarantieàmonsenspourlesvictimesoulespraticiensquisontmisencausedanslecadredesexpertisesCRCIquedanslecadred’uneexpertisebienbaliséedansuntribunaldegrandeinstanceoudevantletribunaladministratifavecunjeudedires,derapport,quiestparfaitementcontradictoire.Voilààmonavis,unepremièreentorseaucontradictoirequiestfondamentaledanslecadredesexpertisesCRCI.Jenesaispasquellessolutionspourraientêtredonnéesàcegenredeproblèmes.Imposerauxexpertsdedéposerunpré-rapportouunrapportd’étape?Maisest-cequ’ilsenontletemps?Est-cequelaquestiondesfinancessepose?Jenesaispas.JesaisqueleprincipeducontradictoireestassurédanslaloiKouchnermaisc’estaussiillusoirequ’autrechose,d’adresserdesdiresquiserontforcémentjointsaurapportd’expertise.Moijenemeprivepasdefairedesdiresmêmesil’expertnem’enoffrepaslapossibilité,maiscesdiresnesontpasjointsaurapportdéfinitif.Alorsonarrivedevantlacommissionendisant,moij’aidéposé,j’aienvoyéundireàl’expert,maisiln’apasvoululejoindreaurapportdéfinitif.Leproblèmeresteposéauxcommissionsetonperddutempsàdiscuterpourdespointsquiauraientpuêtrevidésdanslecadredel’expertise.Aumoinsonpourraitdemanderàl’expertdedéposerunpré-rapportouunrapportd’étapequipermettraitauxpartiesd’avoirundébatclairetvraimentcontradictoire.Maisencoreunefoismesobserva-tionssontvalableségalementpourlesmédecinsetpraticiens,pourfairevaloirsesobservations.Ladeuxièmeobservationquejevoudraisfairesurlecontradictoiredevantlacommissionportesurlerôleparticulierdel’ONIAM.Parcequ’àmonsens,onaunorganisme,l’ONIAM,quijoueunrôleunpeuparticulierdans lecadredesopérationsd’expertise.Pourquoi?D’abordparcequel’ONIAMestunpeutoutàlafois:ilaideaufonctionnementdelacommission,ilassureunsoutienéventuellementlogistiqueàlaCRCI,ilfinance,enfinilavancedesfraisd’expertise.Ilyadéjàunrelatifmélangedesgenres.Enplus,ilsiègeàlacommission,etpeutêtremisencausedanslecadredurapportd’expertise.Maispourautantiln’estpaspartieauxopérationsd’expertise.Autrementdit,si l’onprendunterme juridique, lesopérationsd’expertisequisontréaliséesdans lecadredurèglementamiabledelacommissionneluisontpasopposables.Celabrouillecomplètementlescartesparcequ’onsentlaprésencedel’ONIAMdanslesopérationsd’expertise,maisonnelevoitpas.Onsentéventuellementqu’ilpourraitavoirvoixauchapitres’ilsedessinelaquestiond’unaléathérapeutiqueoud’uneinfectionnosocomialequipourraitamenerunepriseenchargedesapart,maisiln’estpasauxopérationsd’expertise,doncilnefaitpasvaloirsavoix,cequiestpréjudiciableàl’ONIAM.Onarrivedoncàlacommissionavecdesproblèmesinsolubles,nousavo-catsdelavictimeetsansdouteavocatsdemédecinaussi,parcequel’onnesaitpasquelleestlatendancedel’ONIAMquandonpassedevantlacommission.Autrementdit,onsaitsurlabasedu

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rapportd’expertisequetelmédecindiratellechose,telétablissementdesoinsdiratellechose,maisonnesaitpascequediral’ONIAMfaceaurapportd’expertisequiluiseraprésenté.Leproblèmeseposedans lesmêmestermesqueceluique j’aiévoquétoutà l’heure :commel’ONIAMn’estpasauxopérationsd’expertise,lesquestionsqu’ilauraitpuposern’ontpasforcé-mentétéévoquéesparl’expert.Justeunedernièreobservation.Leproblèmeseposedemanièreencoreaccrueaprèsl’audiencede lacommissionquand leproblèmen’estpas réglédevant lacommissionetqu’onvadevantletribunal.Parcequ’àcemoment-là, l’ONIAMprendcequ’ilveutbienprendredans lerapportd’expertisedéposéparlacommission.Autrementdit,silerapportd’expertiseluiestfavorable,l’ONIAMnousdit“lerapportd’expertisenousestfavorabledoncpasopposable,doncilfautab-solumentquelejugeadministratifoulejugejudiciairel’entérine”.Silerapportd’expertiseluiestdéfavorable,l’ONIAMatendanceàdire,“detoutefaçonc’estunrapportd’expertisequinem’estpasopposableparcequejenefaispaspartiedesopérationsd’expertisedevantlacommission,quelaprocédurederèglementàl’amiabledelaCRCIestparfaitementindépendantedelaprocé-duredevantletribunaldegrandeinstance.”Autrementdit,pournous,avocatsdevictimes,onestfaceàunproblèmeabsolumentinsolubleparcequel’onaunrapportd’expertisequiestrendudanslecadredelaCRCIdontonnesaitpasexactementàquellesauceilvaêtremangé,tantàl’audiencedelacommissionqu’éventuellementplus tard,dans lecadred’unrecours juridique.Commeselontoutevraisemblance, l’ONIAMvatireràbouletsrougessurlerapportd’expertisequiestdéposédanslecadredelaCRCI,ilfaudrarepasserdevantunexpertjudiciaireetauboutducomptelavictimeauraperdudutempseteubeaucoupdedésillusions.

Richard Zarzavatdjian Uneréaction,FrançoiseAvram?

Françoise Avram Jesuisquandmêmeunpeusurprise.JesuisvenueparlerdelaqualitédesexpertisesetonrecommenceleprocèsdesCRCIetdel’ONIAM.Jenesuispaspersuadéequecesoitlesujetd’aujourd’hui.Jeneveuxpasrépondreentotalitéaujourd’hui.Jediraisquelepré-rapportn’estpasprévuparlestextes,quelesystèmeCRCIestunsystèmebienspécifique, ilestfacultatif, ilpermetàtouteunepopulationd’avoiraccèsàl’indemnisation,cequijusqu’àmaintenantn’étaitpaspossible.Jeneveuxpascommenceràrentrerdanslesdétailsducontradictoireparcequecen’estpaslapeine,doncjevaism’arrêterlàcarjecroisquel’ondéplaceleproblème.Lesujetc’est«qu’est-cequ’unebonneexpertise».Onfaitdel’ONIAMundiablerouge,àmonaviscen’estpasdutoutcommecelaqueçaseprésente.Ilyadesgarde-fous,ilyadesobservationspossibles,ilyalapossibilitédemanderunecontre-expertise.IlnefautpasoubliernonpluslaquestiondelacompositiondesCRCI,ellen’estpascomposéed’unoudeuxmagistrats,maisdepersonnesquisontdequalitétoutàfaitdifférentes,avecdesjuristes,avecdesmédecins,jecroisqu’onnevapasrefaireicileprocèsdesCRCI.

Richard Zarzavatdjian Vousavezraison.JevoudraisexcuserMonsieurGérardGaucherquin’apuêtreavecnouspourdesraisonspersonnelles.VousêteslàMadamepourleremplacer.J’aiunequestionsurcequisepasseàl’étranger.Est-cequ’ilyadesexpériencesétrangèresquisontintéressantes?

Madame Bertella-Geoffroy Ouicelavarejoindreleproblèmeducontradictoireetdustatutdel’expert.C’estlaprocé-dureaccusatoireauxÉtats-UnisetenAustralieparticulièrement, cela s’appelle« l’audienceduchaudronbrûlant».Chaquepartieasonexpert,c’est lesystèmeducross-examination,tout lemondepeutposerlesquestionsetmettrel’expertendifficulté,c’esttrèstonique.

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Jean-Paul Delevoye Ladifférencefondamentale,c’estquel’expertn’estpasnomméparlejuge,ilestchoisiparlesdifférentesparties.

Madame Bertella-Geoffroy Là,c’estlesystèmeaccusatoire.Onretrouvelaquestiondustatutdel’expert.Ilfautsavoirpourquiilestenfait.C’estunebatailled’experts,expertdelavictime,expertdeceluiquiestmisencause.Onsaitoùonva.C’estçalestatutdel’expert.Ondevraitavoirchacundanssacase!Est-cequel’onveutunsystèmeaccusatoireavecuncontradictoirecomplet,c’estlesystèmeaméric-ainetaustralien.Est-cequelavéritésortdelà,ilparaîtquenon.

Jean-Paul Delevoye EnEuropeaussi ilyadessystèmesdifférents, iln’yaquela jurisprudencedesDroitsdel’Hommequipeutdonnerunerelative,nonpasharmonisation,maiscontrainteàl’ensembledespayseuropéens.C’estd’abordlerespectducontradictoire,çac’estunsujetquifiguredanslaju-risprudencedesDroitsdel’Homme.C’estensuitelerespectdesdélaiscequiestaussiunélémentsurlequelonpourraitréfléchir.C’estenfinlebénéficepourunepartiedefairevaloirunecontre-expertisedanslerespectducontradictoire.VoilàlajurisprudencedelaCourEuropéenne,maisenmêmetempscequiseraitintéressantetpourrebondirsurvotrequestion,cequin’ajamaisétéévoqué,c’estqu’onpeutaussichoisirdesexpertseuropéens.

Madame Bertella-Geoffroy Oui,toutàfait.PourlanouvellegrippeH1N1,c’estl’AgenceEuropéennequiadonnél’AMMets’ilyadesdifficultés,ilfaudravoiravecl’Europe.Jepensequecec’estl’Europequivanousfaireavancerdansl’accusatoire,c’estlaCEDH,avecleproblèmeduprocèséquitableetdespartiesquidoiventêtreàégalité.Onrejointlàleproblèmefinancieretdesavocats.C’étaittrèsintéressantcequej’aientendusurlesavocats,jenesavaismêmepasqu’ilyenavaitdesavocatsdevictimes,jen’enconnaispasmoiaupénal.Lesavocatsdel’APHPsontremarquables,ilssontpourdéfendrelesmédecins,iln’yavraimentpasdeproblème.Maispourlesvictimes,iln’yavraimentpasbeau-coupdespécialisation,enfinjeparlepourmachapelle,lepénal.Vousêtesvictimed’unaccidentmédicalgrave,vousnesavezpasàquiconfiervotredossier.Lesspécialisations,cesont,jepense,desgensdesassurancesetdesresponsabilités.Unpetitmotpeutêtredel’APHPquiestunmon-streetsonpropreassureur,personnenel’aencorefaitremarquer.

Jean-Paul Delevoye C’estunmonstreparladimension,pasparl’esprit,si?Jediscelaparcequedansnotrecolloquebienévidemment,entantquemédiateur,jesuisàéqui-distanceentrelesvictimesquidoiventêtredéfendues,lesprofessionnelsdelasanté,lesgestion-naires.Jeveuxdirequel’ensembleestconcernéquelquefoisparlesproblèmesd’expertise.

Madame Bertella-Geoffroy Oui,maissivousvoulez,pourl’expert,ilsuffitqu’ilsoitimpartialetqu’ilnesoitpasenliendesubordinationdansunhôpitalquipourraitêtremisencause.C’estpourcelaquejedisquec’estunmonstre,parcequ’ilya39hôpitaux,onnetrouveraitpasd’expertssionn’avaitpasd’expertsAPHP.MonsieurSafrannepourraitpasêtreexpert.

Richard Zarzavatdjian Pourfairelatransition,puisqueDenisSafranrevendiquesonindépendance,commentréa-

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gissez-vousàcequivientd’êtredit?

Denis Safran Cen’étaitpasexactementpourcelaquej’avaisdemandélaparole.Jevoudraisrecentrerledébat.Qu’est-cequ’unebonneexpertise?Pourbeaucoupdegens,labonneexpertisec’estcellequivousdonneraison.Quandvousrendezuneexpertisedansuneaffairequiopposedeuxparties,soitvousfaiteslejugementdeSalomon,c’est«p’êtrebenqu’oui,p’êtrebenqu’non»,lemagis-tratdiraquec’estunemauvaiseexpertiseparcequel’expertn’apasprisparti,n’apasrépondudefaçonformelleàlaquestion.Enrevanchesivousrépondezdefaçonformelle,ilyatoujoursunepartiequidiraquel’expertn’estpasbon,quel’expertisenevautrienetengénéralc’estparcequel’expertiseneluiapasdonnéraison.Doncilfautêtreextrêmementprudentsurcepoint-là.Lefusibledelachaînejudiciairenedoitpasêtretoujoursl’expert.Cenesontjamaislesavocats,c’esttoujoursl’expert.Finalementlespartiessonttoujoursentêteàtêteavecl’expertàuncertainmo-ment,aumomentdelaréuniond’expertise.Pouravoirunebonneexpertise,ilfautcertesunbonexpert,maisilfautaussiavoirunbonjuge,c’est-à-direunmagistratquisoitcapablederédigerunemissiond’expertisecohérente,quiposelesbonnesquestions,etonsaittrèsbienquedanslesexpertisescivilesordonnéesenréféré,onreçoitdesmissionabsolumentstandards,complètementbanales,oùl’onposetoujourslesmêmesquestionsdontlamoitiétotalementàcôtédelaplaque.Soit l’expertsecontentederépondreparcequenormalementl’expertdoitrépondreàcequ’onluidemande,riendeplus,riendemoins.Sil’expertneprendpasunpeul’initiatived’orienterledébatverslesbonnesquestions,l’expertiseseracomplètementplate.Doncilfautunbonjugequisaitposerlesbonnesquestions,quisaitcor-rectementrédigerunemissiond’expertiseciblée,adaptéeàl’affaireencours.Ilfautunbonexpertbienentendu,maisilfautaussidebonsavocats.Ilfautdebonsavocatsparcequelecontradictoiren’apasdesenssil’avocatnefaitpassontravail.C’estquoisontravail?C’estd’êtreàlaréuniond’expertise.Trèssouventlesavocatsnesontpasauxréunionsd’expertise,alorsonsedemandecequ’ilsvontfaire.L’avocatdoitêtreprésent,doitposerlesbonnesquestionsàl’expert,doitsefaireexpliquerparl’expertcequ’ilnecomprendpaspuisqueluiiln’estpasmédecin,iln’estpassensétoutcomprendre,etpuisildoitaussisavoiradresserlesbonsdiresaprèslespré-rapports.

Richard Zarzavatdjian MerciDenisSafran,uneréactiontrèsvitedesavocatspuisqu’ilssontdanslasalle.Jean-Michel Ras Jenesuispasavocat,jesuismédecin,jem’occupeduservicemédicaldel’ONIAM.Ducoupjen’entreraipasdansladiscussionquiétaitjuridiqueetpasmédicale.Enrevanchej’étaistrèscontentqueMonsieurSafransoulignenonseulementcequ’estunebonneexpertise,maisaussilesconditionsdepossibilitéd’unebonneexpertiseensoulignantlaqualitédel’ensembledelachaînejudiciaireetmédicale.Jesouscrisàcequ’iladit.Pourcequiestsim-plementdel’expertise,effectivement,jepensequepourrelierlaquestiondubonexpertetdelabonneexpertise,c’estnonseulementlaqualitépropredel’expert,maislaqualitédel’ensembledesprotagonistesdel’expertise.Onpeutforcerunexpertmoyenouunmauvaisexpertàêtreunbonexpert,parcequ’onvaposerdesquestions.Parceques’ilacceptederéaliseruneexpertiseuniquementsurlescomptes-rendusopératoiresouradiologiquessansavoirlesoriginaux,onvaleforcer,sipersonneneleforce,ilneleferapas.C’esttrèsimportant.Celaestvraipourlesmédecinsetcelaposeévidemmentlaquestiondel’accompagnementdesvictimes.Personnellement,jesuistrèssouventenassistanceà l’expertisepour l’ONIAM.Jamaisdans lamesureoùl’ONIAMvotedanslesCRCI,ilnepourraitpasêtreprésentauxexpertises,s’ilestprésentauxexpertises,ilsortdefactodesCRCI,celan’apasdesens,oualorsonjouelespotichespourtouslesdossiers.Pourcequiestdujudiciaire,jenecroispasqu’ilyaitdedifférencesfondamentalesentrelaqualitéau

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judiciaireetauCRCI.Encequiconcerneletribunaladministratif,iln’yajamaisdepré-rapportouquasijamaisdepré-rapport.EntoutcasàParisiln’yajamaisdepré-rapport,parcequetrèssou-ventlorsqu’ondemandegentimentauxexperts,denousfaireunpré-rapport,laréponseestnon.Deuxièmement,ilyaaussibeaucoup,beaucoupdevictimesquiviennentabsolumentseules.Orjeresteconvaincuquelaqualitéducontradictoire,c’estlaqualitédesprotagonistes,sipersonnenetitillel’expert,sipersonneneleforceàargumenter,ceseraunemauvaiseexpertisemêmeavecunbonexpert.

Richard Zarzavatdjian MonsieurDrPatrickMartre,vousêtesprésidentdelaFédérationFrançaisedesAssocia-tionsdeMédecinsConseilsexperts.Pourriez-vousnousdireexactementcequ’estcettefédéra-tion?Est-elleréservéeauxmédecinsexpertsouest-elleaussipourlesmédecinsd’assurance,lesexpertsjudiciaires?

Dr Patrick Martre La fédération que je préside regroupe 840membres qui sont répartis dans 13 associa-tionsrégionales.Elleréunittouteslescatégoriesdemédecinsquifontdel’expertiseà lafoisàlademandedescompagniesd’assurance,destribunaux,desorganismessociaux,delafonctionpublique,descollectivitésterritoriales,etdesvictimes.Nosmembressontàlafoisdesmédecinsdevictimes,desexpertsjudiciairesetdesmédecinsquifontdesexpertisespourlescompagniesd’assuranceainsiquedesmédecinsagréésetdesmédecinsdelaCPAM.Touscesmédecinssesontregroupéspourselancerrésolumentdansunedémarchequalitédepuis10ans.Nousavonscom-mencépar lacertificationISO9001detous lescabinetsmédicauxd’expertise.Cettedémarchenousaamenésàrédigerun“manuelqualité”etnousavonsobtenudel’organismevérificateurquiestlebureauVeritasQualitéInternationaled’élargirlechampd’applicationàl’accueildublessé,cequinousparaîttrèsimportantmaiségalementauxlocaux.Cemanuelqualité,toutlemondepeutleconsulterpuisqu’ilestsur lesitedelafédération,vousverrezlesdifférentsprocessquisontconcernés.Lacertification ISO9001concerne lesprocessetpasdu tout l’actemédical.Concernant l’actemédical, nous nous sommes engagés maintenant dans l’évaluation des pratiques profession-nelles.D’autrepart,nousavonségalementétéàl’originedelacréationd’uneSociétéFrançaisedeMédecined’Expertise,unesociétésavantequin’existaitpasetquial’avantaged’êtregéréedefaçonparitaireàlafoispardesexpertsjudiciairesdesservicesdemédecinelégale,universitaireounon,pardesmédecinsintervenantàlademandedesociétésd’assurances,etpardesmédecinsdesvictimes.Commecelatoutesles«catégories»d’expertssontlàpourréfléchirsurl’expertiseetsurlesfaçonsdelafaireprogresserenqualité.Jevoudraisrajouterpourcompléterladéfinitiondecequimeparaîtêtreunebonneexpertise,qu’ilyaàmonavistroiséléments,unquiconcerneledroit,unquiconcernelavictimeetunquiconcernelemédecin.L’élément qui concerne le droit, c’est le principe incontournable du contradictoire, l’élémentqui concerne la victime c’estque l’expertisenedoitpasêtreun traumatisme supplémentaire.L’élémentquiconcernelemédecinmeparaitimportant.Ilyadesdéfinitionssurlesquellesilfauts’accorder:l’expertiseestunactetechniquemédical.Elledoitêtrefaiteparunmédecinquiéval-ueundommage.Laréparationdupréjudiceestduressortdumagistrat,enaucuncasdumédecin.C’estpourquoijepartagetoutàfaitl’avisdemadameAvram,lemédecindoitêtreextrêmementdescriptifdanssonrapportetuniquementdescriptif.Ilnefautpasquel’expertjudiciaires’identifieaumagistrat,celuidelacompagnied’assuranceàl’assureuretceluidelavictimeàl’avocat.

Richard Zarzavatdjian PatrickPeton,vousêtesmédecin,ExpertàlaCourd’AppeldeNancy.Pourriez-vousnousdire,entantqu’expert,quelssontlescritèresquivouspermettentdereconnaîtreleniveaudela

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qualitéd’unebonneexpertise?Questionà10€!

Patrick Peton Sic’étaitseulementà10EUR!Effectivementonl’avu,lesexpertssontletraitd’unionentrefinalementunejuridiction,onl’apré-cisé,mêmesilaCRCIn’estpasàproprementparlerunejuridiction,etdesintervenantsautres,no-tammentdespartiesetparmicespartiesilyabienévidemmentlesvictimesquiontbesoind’êtreéclairéesetsurtoutd’obtenirunejusteréparationdeleurdommage.Letravaildel’expertvatrou-versonaboutissementdanslarédactiond’undocumentquel’onappellelerapportd’expertise.Jenereviendraipassurlescritèresquiontétésoulignésicisurlaqualitédel’expertpourécrireunbonrapport.Cependantcetteexpertise,ilfautlavoirdanslaperspectived’unecertaineautorité,d’un caractèred’autorité,mais avecdes composantes scientifiquesetdes composantespéda-gogiquespuisqu’ils’agitd’uneautoritétouterelativefinalementneserait-cequeparl’apparencetechniquequ’ellerevêtetdoncquiimposenécessairementunetrèsgrandehumilitédelapartdel’expert.Cespréambulesdits,est-cequel’onpeuttrouverquelquesélémentsd’orientationsurlaqualitédel’expertise,j’enaipointéquelquesuns.

Lapremièreaétéévoquéeprécédemment,c’estlanotiondebonnemission.Iln’yapasdebonneexpertises’iln’yapasdebonnemission.C’estpeut-êtreuneLapalissade,maisilfautsavoirquecettemissionestlaisséeàl’appréciationdumagistratoudela juridiction,etelledevraitêtrelaplusprécisepossible,notammentlorsquelemagistratquiauneparfaiteconnaissancedudossier,souhaiteunéclairageparticuliersurunedifficultéévoquéeparlesparties.Àl’inverseetlàjeseraisunpetitpeuplusréticent,désignéaussiparunemissiontype,l’expertdoitêtreparticulièrementvigilantàcemoment-làpourreprendrechaquechapitreendéveloppantdemanièrepréciseunargumentaireetnotammentlescritèresd’imputabilité,onleverraultérieurement.Lastandardi-sationdel’expertiseoudesamissionnedoitpasconduireàunecertainestéréotypiepournepasdireunlaconismedanslesréponses.Ledeuxièmepoint,c’estceluidurespectducontradictoire,ilaétémaintesfoisrappelé,maisjediraisqu’àtouslesniveauxdel’expertise,l’échangedesproposdespièces,desdocuments,ap-paraîtessentiel,voiredéterminantdanslaconduited’unebonneexpertise.Jereviendraisicisurcettenotiondupré-rapportquin’estpeut-êtrepastotalementnécessaireàconditionquel’expertprésentedespropositionsetjedisbiendespropositions,avantlarédactiondesonrapport,prop-ositionsdanslesquellesildonnelesorientationsquiferontultérieurement,jediraisacteetpreuvedepédagogieauprèsdesparties.Troisièmepoint,lerecoursàlacollégialitéquiaétéaussimaintesfoissoulignémêmes’iladisparudanslesexpertisesnotammentpénales,judiciaires.Ilestévidentqu’ilestinscritdanslecadrelé-gislatifpourcertainesexpertisesetl’expertdoitlefaireadmettresoitdanslesensd’unepluridis-ciplinarité,voiredansceluid’unecomplémentaritécommecettefameusedualité.Autrepointparticulier,celuidel’analysedespostes,posteparposte.L’applicationdelanomen-clatureDINTHILLACabouleversénotredémarche,maiscelasupposebienpourl’expertqu’ilex-plicitelecontenudesdifférentschefsd’indemnitésqu’ilenvisagedeciter.Jenerappelleraiqu’unseulexemple,c’estceluidudéficitfonctionneltemporairequipeutêtrefacilementévaluablesionselimiteàlapérioded’immobilisation,àlapérioded’hospitalisation.Maisilfautsavoirquecedéficitfonctionnelpeutdépassercecadretechniqueetilestévidentquel’expertdoitbienmen-tionnerque,danscetélémentilprendencomptelapertedelaqualitédevieoucelledesjoiesusuellesdelaviecourante.Autrepointintéressant,c’estceluidel’imputabilité.Jeferaisimplementunbrefrappelparrap-portàcequedisaitClaudeBernardsurleraisonnementquiseratoujoursjustequandils’exercerasurdesnotionsexactesetdesfaitsprécis.Maisiciletravaildel’expertconsisteàrassemblerles

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diversélémentsobjectifspourreconstituerunehistoireparfoisévidemmentbiendouloureuse,ressentieparlavictime.Cen’estquelorsquetouscesélémentssontrapportésquel’expertévo-queralemécanismephysio-pathologiqueetlaprobabilitéauregarddesconnaissancesmédicalesdel’époquepuisquebienévidemment,trèssouvent,cesexpertisesinterviennenttrèsàposteri-oriparrapportauxfaitsgénérateurs.Au-delàdecesréponsessimples,c’estcetravaild’analyse,présentéauxparties,quipermettraaumagistratderetenirlacausalitéetd’indemniserlepréju-diceaujusteniveau.Peut-on faireà ceniveauuneproposition ? Ilm’apparaîtdifficilementcompréhensiblequecesquelquespointsquej’airelevéssoientencorecitéscommedéfaillantsdanslesrapportsd’expertise.J’enveuxmalheureusementpourpreuveunreportagequevousavezpeut-êtrevusamedisoir,oùonvoyaitquandmêmejedirais,lacaricaturedel’expertisejudiciairemenéepardeuxéminentsconfrères.Laissons de côté l’aspect techniquede l’expertise, comme le lieu, comme l’accueil ou commela conduite de l’acte technique, qui évidemment contribuent à donner une bonne expertise,j’évoqueraislesouhaitd’adapterl’article23del’arrêtédu23.12.2004danslesensd’uneévaluationdelaqualitédesexpertises.Eneffet,cetarticledanssarédactionactuellesoulignequelanotiondecontrôlegénéraldesexpertisesreposesimplementsur lenombre,sur le respectdesdélaisetaussil’actualisationdesconnaissancesdel’expert.Sansremettreencausel’indépendancedecelui-ci, l’évaluationdevrait intégrerune lecturetechniqueoucritiquedesrapportsd’expertiseportant sur la présentationmatérielle dudocument, sa cohérence, sapertinencedu raisonne-ment,sonargumentaire,c’est-à-direce fameuxenchaînementanato-cliniqueque lesmédecinsdécriventetpuisbien sûr les conclusions facilementévoquées,maisprécisées avec concision.Ilappartiendraitàcettecommissionparitaired’appréciercetteévaluationparuneanalysedelacompétence,commelaformation,l’expérience,l’acquisitiondesrèglesprocéduralesetparuneanalysedelaqualitédesexpertisesquipourraitêtreconfiéeàunrapporteursouslaformed’unenotetechnique.Enconclusion,jediraisquel’évaluationdudommageparl’expertdemeureuneétapeessentiellepour lavictime.Faceà latrèsgrandedisparitédessystèmesd’indemnisation,onl’aprécédem-mentévoqué,etcomptetenudescritiquestoujoursformuléesàl’encontredesexpertises,chaqueintervenantetplusparticulièrementlemédecinexpert,doits’efforcerd’améliorersespratiques.Silaréflexionmenéeaujourd’huitraduitpourmoiuncertainpessimisme,jem’engageàdirequelesmédecinsexpertsdans leuraction ferontpreuved’optimismepour l’harmonisationde leurconduiteexpertale.

Débat avec le public

Aline Levray Je suis avocateet j’interviensponctuellement tantpourdes victimesdevant les juridic-tionscivilesquedevant les juridictionspénaleset jevoudraisvousfairepartd’unproblèmedupointdevuedesavocatssur laqualitédesexpertises. Ilaétérappeléqu’onvoit rarement lesavocatsauxcoursdesexpertises,mais jepensequ’il ya làunproblèmedemoyensfinancierspourlesparties.Vousavezd’uncôtéleschanceuxc’est-à-direlesmédecinsquivontêtreassistésparleurcompagnied’assurances,lemédecinexpertdelacompagnie,cellesdesvictimesquiontdesmoyensfinanciersréels,quivontêtreassistéesdeleurprotectionjuridique,quivontpouvoirdiligenterunexpertpour les assister etqui vont égalementpayer l’avocatqui va assister auxopérationsd’expertise.D’unautrecôté, ilya lagrandemajoritédespersonnesquibénéficientéventuellementdel’aidejuridictionnellepourlesfraisd’expertise,maisquinepeuventpass’offrirl’assistanced’unmédecin-conseiloud’unavocat-conseil.Jecroismêmequ’auniveaudel’aideju-ridictionnelle,cequiestrégléàl’avocatetquicouvrelesfraisdeprocéduredeprésentationdelarequêteenréféréexpertise,necouvreabsolumentpaslesuividesopérationsd’expertise.Encequimeconcerne,jesuisauregretdevousannoncerquejen’aipaslesmoyensfinanciersd’assister

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unclientquinevapasêtreenmesurederéglermondéplacement, letempspassé, lesdiresàl’expert.Danscesconditions,oncontinueraànepasvoird’avocatsauxopérationsd’expertise.Leproblèmeesttoujourslemême.

Public Jevoudraissavoirsi l’expertatoujoursbesoindeconvoquer, l’avocatet lafamillepourrendresonjugementd’expertise.

Richard Zarzavatdjian–Vousêteslamamand’unpetitenfant,Cédric,c’estàl’APHP.Ilestdécédéàl’hôpitalRobertDe-brésuiteàuneinterventionchirurgicaleetàunehémorragieinterne.Vousvoulezsavoirquellessontlesobligationsdel’expert?–Cetteaffaireest-elleaucivil,aupénalouàl’administratif?–Elleaétéaupénal.L’APHPaétérelaxéeetmaintenantnoussommesenadministratif.–Enmatièrepénale,lamissiondel’expertiseestordonnéeparunmagistratinstructeurauquell’expertremetsonrapport,lemagistratinstructeurdevantensuitelenotifierauxparties.Ilyaeuuneréformedel’expertisepénale.MadameBertella-Geffroymereprendrasijemetrompe,enprocédurepénaleonpeutmaintenantdemanderun rapportprovisoirequicorrespondunpeuaupré-rapportdu civil où làdéjà lespartiesont connaissancedudéroulementdesopérationsd’expertise,deleuravancementetdel’orientationgénérale.Maissinon,l’expertn’aaucuneobli-gationd’organiseruneréunion,entoutcaspasaupénal.–Vousconfirmez?

Marie-odile Bertella-Geffroy Ouijeconfirmeetjeconfirmeaussil’utilité,l’efficacitédel’avocatquidemandeunecontre-expertisequandlafamillevoulaitêtrereçueetnel’apasétéetquidemandeunrapportprovisoire.Etsilapartiecivileousilemisenexamenledemande,c’estobligatoire,c’estlapremièrefoisquejevoisceladanslecoursd’uneprocédurepénale;c’estobligatoire,lejugenepeutpasfaireuneordonnancederefus.C’estlecontradictoirequientredepuis2007aupénaletaupénal,ondevraitavoirtouteslesgaranties.Maiscelaposeleproblèmedesmoyensfinanciersdespartiescivilesetsurtoutdeladéfensequin’apasdeformation.Encoreunefois,laformationetlaspécialisationdesmagistrats,desexpertsetdesavocatssontvraimentlestroischosesessentielles.–Souventlesvictimesneconnaissentpasleursdroits.–Ilsnesaventpas,ilssontcomplètementperdus.

Michel Debout JesuisprofesseurdemédecinelégaleauCHUdeSaintEtienne.Jepartagebeaucoupdecequiaétédit.Jesouligneunenouvellefois ledéséquilibreentrelesmoyensquisontdonnésnaturellementà ladéfenseet lepeudemoyensdesvictimesquiviennentsouventseules.Là ilfautfaireattentionauxtermeseux-mêmes,parceque,quandonappellemédecin-expertàlafoislemédecin-conseildelavictime,éventuellementlemédecin-conseildel’établissement,etlemé-decinexpertjudiciaire,ontrompeunpeu.Lapersonnenesaitplusquiestl’expert,etexpertdequi,dequoi?Pourmapart,jepensequ’ondevraitréserverletitred’expert,àl’expertjudiciaireetceluidemé-decin-conseilouderecoursauxautres.C’estunepropositionquiamèneraitunecertaineclarté,carjesaislemédecindel’établissement,resteunmédecin.Iln’estpascomplètementneutremêmes’ils’essayeàlaneutralité.JevoudraisdireaussiàMonsieurMartrequ’ilyadansnotrepaysunesociétésavanteàlaquellej’appartiens–jenesaispassielleaétéinvitéeàcedébatMonsieurleMédiateur–quis’appellelaSociétédeMédecineLégale,quiestplusquecentenaireetquiréfléchitauxquestionsd’expertisedepuislongtemps.Jeseraisheureuxdepartagercesréflexionsavecvouspuisquec’estunemat-

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ièredifficileoùpersonne,jecrois,nedétientlavérité.Pourinsistersurundernierpoint,jecroisquelemédecin-expertouconseilourecours,resteunmédecin.J’ail’habitudededirequec’estunmédecinquin’estpasunmédecinàpart,maisunmédecinàpartentière.Etlemédecin-experta toujours soncodededéontologiequiprévoitdeuxobligationspour lemédecin, lapremièreestd’exercersonartnonpasseulementauservicedelapersonnemaisdelasantépublique.Ilyatouteunedimensionde lamédecinelégalequi intéresse lasantépublique,notammentlor-squelemédecinstatuersurunemortéventuellementunemortviolente.Ilyalàuneobligationd’éclairagedelasociétéelle-mêmesurl’importance,parexempledusuicidedanslasociétédontmalheureusementl’actualiténousmontrel’importance.Ilyauneobligationdesantépublique,lemédecindevantconcouriràlacompréhensiondufait,pourlasociétéelle-mêmeetpasseulementpourlesparties.Jen’aipasbiensaisiMadame,lorsquevousavezditquevousn’aviezpaspurencontrerl’expert,avez-vousvouludirequevousn’avezpaspurencontrer lapersonnequiaréalisé l’autopsiedevotreenfant?–Enfaitjen’aipasditquejen’aipasétéreçueparl’expert,j’aidemandésic’étaituneobligationpourl’expertderecevoirlafamille.–Dequelexpertparlez-vous?–Del’expertjudiciaire–Quiaréalisél’autopsie?–Elleaétéfaiteàl’hôpitalRobertDebréetoui,jeconnaislenomdumédecinquiaréalisél’autopsie.–Vousl’avezrencontré?–Non,pasdutout.

Michel Debout Pourterminer,trèsvite,jediraisqu’àmonavis,ilyaundevoirdumédecinlorsqu’ilaréaliséunexamen,notammentlorsqu’ils’agitdel’autopsied’unepersonne,derencontrerlesfamillesquisontenquêtedecompréhension,d’information.Dansl’étatactueldeschoses,ilyavraimentunmanquedepriseencomptedecettequêtedelapartdesvictimes.Surtoutdanslecasd’unemortviolente,onnetientpasassezcomptedubesoinirrépressibledelafamilledevoirlecorpsdelapersonnedécédéeetmêmeleplusvitepossible.J’insistesurcepoint,encoreunefoisàlasuited’unelonguepratiquedelamédecinelégaleetdelapsychiatrie.Voilàcequej’avaisàdiresurladimensiondéontologiquedumédecinexpert.

Danièle Bernard JesuisavocateauBarreaudeLille,etexclusivementavocatedevictimes.Nous sommes plusieurs icimembre de l’ANADAVI qui est une association d’avocats extrême-mentspécialisésdansladéfensedesvictimes.L’existencedecetteassociationestinsuffisammentconnuepuisqu’uncertainnombredesintervenants,notammentdanslaréparationdupréjudicecorporeletuncertainnombredemagistratsquineconnaissentpaslaspécialisationdecertainsavocats.Nousnesommespasnombreux,nousnesommespeut-êtrepasconnus,maisnoussom-mesextrêmementmotivés.Jevoulaisdiresimplementqu’ilyadonctroisintervenantsdansceproblèmed’expertise. Il fautunbonavocat,extrêmementspécialisé,susceptibled’indiqueraumagistratquellessontlesquestionsauxquellesunebonneexpertisedoitrépondre.Ilfautdoncunbonavocataidéd’unbonmédecinexclusivementconsacréàlavictime,tousdeuxtotalementindépendantsdescompagniesd’assurances,ilfautunbonmagistratquireprennelamissionde-mandéeparl’avocatetilfautunbonexperteffectivement.C’estlaquestionquejevoulaisposertoutàl’heure,enfindecomptesurlecontrôleexercésurlesexperts,surlanominationdesex-perts.Jeconstateque,malheureusement,ilsuffitpourêtreinscritsurunelisted’experts–entoutcasdansleNordetjenevoudraispasfairedeparticularité–deposersacandidatureàlaCour

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d’Appeletd’avoirpeut-êtreuntitreetpeut-êtrequelquesrelationspourêtresystématiquementinscrit.Laquestionquejepose,c’estlecontrôledelanominationdesexperts.

Madame Bertella-Geffroy C’estvraiqu’ilyalaquestiondesrelations,l’interventiond’unparrainage.Ilyabienuncon-trôledesexpertisesdanschaqueCourd’Appel,unservicedecontrôledesexpertises,maisencoreunefoislecontrôleestgénéralementdévoluàunmagistratquineconnaîtpasdutoutledomainemédicaletquisecontentedefaireuncontrôledespaiementsetuncontrôledesdélais.Quantàl’inscriptionsurleslistes,àPariselleesttrèsdifficile:ilyadesgensquiseprésententdeux,trois,quatrefoisquinesontpaspris.Celadépendaussidunombredemédecins-expertsdéjàin-scritsdanslesspécialités.Parexempledanslesdossiersd’amiante,surParis,onatroispneumo-logues;ilyenaunquineveutpasdupénaletonnepeutpasl’obliger,unautrequis’estimetrèsmalpayécequin’enlaisseplusqu’un.Ilyadesspécialitésoùl’onnetrouvepasd’expertsetmal-heureusementcenesontlescréneauxsurlesquelsseprésententlescandidatsexperts.Quantauxrelations,ellespeuventjouerpourl’inscriptionsurlaliste,maissilescandidatsnesontpascompétents, ilyaquandmêmedesrécusations.Danslecasdeplusieursrécusations,vousn’êtespasréinscrit,ilyadesdemandesd’annulation.Descontrôlesefficacesexistentmalgrétout.

Denis Safran Bienqueçànesoitpasinscritdanslaloi,lescompagniesd’expertssontconsultées,ellesreçoiventlesdossiersdescandidats,pourunavisévidemmentpurementconsultatif,mais,àmaconnaissancequandlacompagnied’expertsaémisunavisbientranché,bienargumenté,j’airare-mentvulescandidatsretenusmalgrécetavis.Pourfinirsurlecontrôledesexpertises,effectivementilyaunmagistratquienestchargéducon-trôleàParis,maisilcontrôletouteslesexpertises,automobile,industrielle,fauxenécriture…desmilliersd’expertises,doncilnepeutpaslesregardertoutes.Onregardebeaucouplesexpertisesmédicales,maisj’espèrequ’unjourMonsieurDelevoye,onferauncolloquesurlesautresexper-tises,ilyabeaucoupàdireaussi,peut-êtremêmeencoreplus.

Jean-Paul Delevoye Nevousinquiétezpas,évidemmentnousnoussommesconcentréssurlesexpertisesmédi-cales,maislavraieproblématique,vousavezraison,c’estl’ensembledesexpertises.Onenrevienttoujoursàlaquestiondesconflitsd’intérêts,àlaquestionqueposeMeBernard,c’est-à-direlasus-picion,lesdélitsdecooptation,decopinage,decompétence.LevraiproblèmedesOrdresquelsqu’ilssoientestderéfléchirpourgarantirlatransparence,pourfairereculerlesconflitsd’intérêts.C’estleproblèmedelatransparencedansleprocessusd’évaluationdurapport,c’estl’aspectdelaconfrontation,c’esttoutcequevousévoquezlesunsetlesautresetjetrouvequecettenotiond’évaluation,c’estquelquechosesurlaquelleonnetravaillepassuffisamment,nonpasdansunsoucidepunir–onesttropsouventdanslesoucidetrouverunefauteetuncoupable–maisaucontrairedanslesoucid’épurerl’évaluationdesesdéfautspouraméliorerlaqualitédeladéci-sion.Jecroisqu’aujourd’huipluspersonnenepeutsesentirisolé,vousl’avezévoquéàplusd’untitre,vousêtesundesmaillonsdeladécisionetmoijesuiseffrayéquelquefoisdespouvoirsquel’ondemandeauxmagistratsd’exercerdansdesdomainesquivontêtredeplusenpluscompli-qués,deplusenplustechniquementdifficilesàappréhender,avecdestechnologiesquiévoluentàtoutevitesse.Danscesconditions,commentsécuriser ladécision judiciairequiest lourdedeconséquencespourleprofessionnel,pourlegestionnaireetpourlafamille?Commentfairepourqueladécisionsoitlameilleurepossibleavecuneexpertisequiaidevraimentàlaprisedecettedécision.Surcesujet-là,vousaveztotalementraison,ilfautquel’ontravaillesurlaproblématiquedel’expertiseengénéral.Onytravailledéjàdepuisquelquesannéesetilfaudrapeut-êtretordrelecouàuncertainnombredefauxprocès.Est-cequedemainonpeutsepasserdesexpertspayéspar lesassurancesparcequesinon iln’yenaurapas?C’estunsujetquidoitêtretranché :un

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expertd’assurancesnedoitplusêtreexpertjudiciaire.Maispeut-êtredevronsnousd’abordclari-fierlanotiond’expert-conseil.Jecroisqu’aujourd’hui,cequiestimportant,c’estcommentêtregarantquelameilleurecompétencepossiblesoitdisponiblepourlesmagistrats.Quandonmeditque,danscertainsdépartements,iln’yapasassezd’expertsdequalitédanscertainesspécialités,jesuiseffrayépourlemagistratquiseretrouveunpeuorphelin.Enmêmetemps,ilfauttoutre-garder,parexemple,est-cequ’onaintérêtàavoirdeslistesuniques?MadameFleuriaut,toutàl’heure,m’aparlédesexpertisesdanslebâtiment,celan’arienàvoiravecl’expertisemédicale,maisilyadesconcordancesextrêmementfortesparcequelàaussicesontdesmillionsetdesmil-lionsd’eurosquisontencause.

Gérard Chinet JeviensduNorddelaFrance,simplementpouruntémoignagedeparents:nousavonsperduunfilsàl’âgede17ans,ilestpassépartoutlesystèmemédicaletnousyauronstoutconnuycompriscequi s’appelle lamaltraitancehospitalière,maisçà,c’estunautresujet.Vousaveztousparléicid’humanité,c’estunmotclé.L’humanité,c’estcequel’onrecherchequandonvitcequ’onvitentantqueparents:lasouffranced’undesesenfants,lamortd’undesesenfants.Cequel’oncherche,c’estsavoirdansuneatmosphèred’humanité.Lorsqu’ilyaexpertisejudiciaire,onabesoind’unminimumd’empathie.Onn’yapaseudroitaprèslamortdenotrefils.L’expertnousa simplementcrucifiésparun rapportdedeuxpages,dont lapremièrepageconsistaitàreprendrelesquestionsqu’avaitposéeslejuge,celas’estlimitéàcela.Notrefilsavaitundéficitimmunitairequifaisaitquel’ondevaitlesurveillerd’assezprèsencasd’infection,detouteslesmaladiesautourdelui.MaisilétaitsuividansungrandhôpitaldeParis,pournepasleciterNecker,dansleserviceduProfesseurFischer,unesommité.Notrefilsvivaitàpeuprèsnormalement.Ils’estfaitagresséàlasortiedesonlycée,lestressdel’agressionafaitque…samaladie,onnes’enestpasrenducomptetoutdesuite,maisdanslesjoursquiontsuivi,parlesanalysessanguines,ons’estrenducomptequ’ilatransformécelaenanémieémolitiqueautoimmune,c’est-à-direparl’autodestructiondesonpropresang.Ilafallufaireunegreffedemoelleosseuse,lapremièreaéchoué,lasecondearéussimaisilaétévictimed’uneinfectionurinairephénoménalequil’aobligéàpasserdansunservicederéanimationurologiqueadultesoùl’onavécucequis’appellevrai-mentlamaltraitancehospitalièreetilestmortd’infectionsnosocomialesmultiples.Ilad’ailleursétéexpédiépoursestroisderniersjours,dansunautrehôpitalparcequeNeckernesavaitpasleprendreenchargeetsijepuisdire,onarefilélebébéàunautrehôpital.C’estcommecelaqueçàs’estpassé.L’expertarenduunrapportquiestàpeuprèsdigned’unmauvaisélèvedeCM2,del’aveumêmedenosdéfenseurs,ycomprisdelapartdesjugesquionteuàjugercetteaffaire,ycomprisdelapartdelaHauteAutoritédeSantéqu’onavuplusieursfois,àplusieursreprises,cetteexpertise,c’étaitpresqueuntorchon.–C’estunpeulamêmesituationcelledemonsieurFrkanec.–Ouic’estçà.C’estuneinsulteànotrecapacitédecomprendre,c’estpresqueunenégationdeno-tredouleur,c’estunenégationdenous-mêmesentantqu’individu,cegenrederapport.Pourdesgenssimplescommenous,laJusticereprésentequelquechose,l’expertisereprésentequelquechose,commeuneclésivousvoulez.Onnousaexpliquéquedansledomainedupénal,ilfautdescertitudesinfailliblespourpouvoircondamner.Cen’étaitpastellementlebutdelacondamnationdel’agresseursivousvoulez.Enfait,onnousafaitcomprendrequ’expertiseoupasexpertise,unecontre-expertisen’auraitserviàrien,puisqu’unexpertnepouvaitpas“affirmer”.Danscetteaffaire,cequinousablessésdans-là,c’estquecethomme,professeuréminent,habillesesigno-rancesdecertitudes.–J’aigardélaformulationd’uninternaute,quiconsistaitàdirequel’expertisen’apasuniquementpourbutd’évaluerledommagecorporel,d’endéterminerlescausesetlesresponsabilités,elleaaussicommebutd’éclairerledécideur,elleaencore,commelerappelaitunautreinternaute,uneutilitéthérapeutiquepourlavictimeoulapersonnequisevitcommetelle,pourl’aideràcom-prendreetàacceptercequis’estpassé,avecsesconséquencesetrestaurerlaconfiancedansla

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médecine.Votretémoignagevadanscesens-là–Ilyaundeuilàfaireetc’estundeuilquipasseparl’entremisedel’État,dujuridiqueetl’Étatc’estquandmêmelejugesuprême,enfinpournous.

Richard Zarzavatdjian MercidevotretémoignagequicommejeledisaisrejointletémoignagedemonsieurFr-kanec.Ilenestquandmêmedesexperts,commedesouvriers,commedesministres,cen’estpasunniveausocio-économiquequidonnelaqualitédel’individu.Vousavezd’excellentsouvriersetdemauvaisministres.

Jean-Paul Delevoye Jenecessededirequeletitren’estpasungagedequalité,c’estungagederesponsabilité.

Yves Hartmann JesuisavocatàLyon,avocatdevictimeségalementetmembredel’ADAVI.Jevoulaisréa-giràcequ’àditMonsieuràl’instantetàqu’àditMonsieurDelevoye,àsavoirqu’àlaquestiondecequ’estunebonneexpertise,ilfauteffectivementquec’estcellequiestbiencomprise.Maispourêtrebiencomprise,ilfautquel’expertisenereposepasuniquementsurlaqualitédel’expert,maiségalementsursescomposantesetnotammentl’accompagnementdelavictime.Lorsqu’onparlaitdesexpertisesCRCI,etMadameAvram,cen’étaitpasfaireleprocèsdesCRCI,ils’agissaitdedirequ’onnedonnepasforcémentauxvictimeslapossibilitéd’êtreaccompagnées,contrairementàcequisepassedanslesprocéduresjudiciairesouadministratives.LesCRCItraitentdesdossierstrèsimportantsavecdespréjudiceslourdspuisqu’ilfaut24%d’incapacitéousixmoisd’arrêtdetravail.JesouscrisàcequevousdisiezMonsieurDelevoye,quevousavezécritdansvosproposi-tionsdanslefasciculequevousnousavezdonné,jesouscrisaufaitquedevantlesCRCI,ilconvientd’inviter,j’iraismêmeplusloinquecequevousproposez,d’inviterlesvictimesàêtreaccompag-néespardesmédecins-conseil,pardesmédecinsdevictimeslecaséchéantpardesavocatsetquecetteinformationsoitréellementdonnée.Etpuis,dernièreréflexion,dernièreinterrogationpourrejoindrecequiaétédittoutàl’heureconcernantlesdiscussionsd’expertise,pourquel’expertisesoitfaitedansdebonnesconditions,ilnefautpasforcémentqu’ellecomportedesconclusions.Ilfautquel’expertisesusciteunediscussionetc’estdecettediscussionquevanaîtreledébatetquivadonnerauxmédecins,auxavocats,auxprofessionnelsdesanté,deréagiretuneexpertisecomplète,travaillée,étudiéeetquicorrespondraàcequ’aditMonsieur.

Mireille Didier JesuisjournalisteàlarevuePrescrire,est-cequevosréflexionss’étendentauxexpertisesquiconduisentàlamisesoustutelleetest-cequedanslecadredecesexpertises,ilestdemandéàl’expertdedécrirel’environnementdanslequelsetrouvelapersonnesurlaquelleilseprononce.Desrenseignementscommedepuiscombiendetempsellesetrouveàl’endroitoùonlavoit,desrepèresautourdetemps,desinformationsquipermettentdesesituer

Jean-Jacques Dumesnil Jesuisexpertjudiciairepourlescompagniesd’assurance.Jevoudraisjustefairebasculerledébatquis’instauredepuiscematin,pourvousdirequel’angledémographiquen’apasétéréel-lementabordé.Orlesplusgrandsstratèges,lesplusgrandsétats-majors,pourgagnerlabataille,doiventavoirdestroupessurleterrain.Sinousneprenonspasleproblèmeparledébut,c’est-à-direparunepépinièred’experts,nousn’arriveronsàrien,ornoussommesaubordd’undésertexpertal.Nousn’arriveronsàriensinousneformonspasdesexpertsenFrance.

Madame Julia

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Cen’estpasunequestionquej’ai,maisuneproposition.Enfaitenfaisantdel’accompagnementdevictimes,jemeposetoujourslaquestiondesavoirsinepourrait-onpasobteniruneaidecom-parableàl’aidejuridictionnellepourquelavictimepuissesefaireaccompagnerparunmédecin,parcequ’endéfinitive,lesvictimeslorsqu’elless’adressentàuneassociationcommelanôtre,nousdisentqu’ellesontunproblèmemédical,pasunproblèmededroit.Est-cequ’onnepourraitpasobteniruneaidefinancièrepourqu’ellepuissesefaireaccompagnerparunmédecinderecours?

Jean-Paul Delevoye Jerépondraiàcettequestionparcequ’onabeaucoupparlédestutellescuratellesetcen’estpasdutoutl’objetdececolloque,c’estunproblèmedifficileetd’ailleursquimepermetaussid’appelerlespolitiquesàêtreattentifsàl’infaillibilitédel’expertsurlaquelleonpeuts’appuyerenmatièrepsychiatrique.Jesuisdeceuxquipensentquelorsqu’ontravaillesurdel’humain,ontravailledel’incertain,etsinousn’yprenonspasgarde,ens’appuyanttropsurl’expertdanscegenrededécision,ontuelaqualitédeladécisionjudiciairequi,parexemple,entantquejugedeslibertésvaremettreenlibertéconditionnellequelqu’unqu’onnegarantirapasà100%.Orilestimpossiblequ’unexpertgarantisseà100%,quequelqu’unneselaisserapasdenouveaualleràunedéviationunefoisremisenlibertéet,l’opinionaujourd’huivafustigerimmédiatementlemagis-trat.Parfoisparfaitementàtortpuisqu’ons’aperçoitquequelqu’unquiacomplètementpurgésapeine,nefaitrienpendant4ans,5ans,etrecommenceensuite.Mêmedanscecas,oncondamnelemagistrat.Ilyadoncaussiàfaireuntravailauprèsdel’opinion:unexpertn’estpasinfaillibleetonnepeutpassedéfaussersurluidetouteslesresponsabilités.Ceseraitmêmedelapartdel’expertd’acceptercegenrederôle.

Monsieur Peton Jedonneraisquandmêmedeuxélémentsderéponsequicontrarientunpeulepessimismedemonconfrère: ilexistedeuxsitesdeformationd’experts, l’unàlafacultédeNancy,l’autreàlafacultédeNantes.ÀNantes,onformedes«spécialistes»enréparationdedommagesod-ontologiques.Ilyaunepromotiontouslesdeuxansde20à25candidats.D’autrepartàNancynous formonségalementdesmédecins spécialistesen réparationdesdommages corporels etlàaussinousavonsdespromotionsde15à20candidats.Quesepasse-t-ilensuite?Est-cequ’ilsdemandentleurinscriptionsurleslistesjudiciairesous’orientent-ils,commecelaaétésouligné,verslescompagniesd’assurances?Jenesaispas,maisilfautquandmêmesavoirquelesfacultésdemédecineetdechirurgiedentaireformentactuellementdesexpertsetjenecroispasqu’onsoitàl’aubed’undésert.Ilyapeut-êtredesdomainescommel’asoulignéPatrickBernardtoutàl’heure,lapsychiatrieparexemple,oùnoussommesentrèsgranddéficitetjepensequeM.De-boutpourraleconfirmer.

Monsieur Martre La pénurie médicale est perceptible dans le secteur de soins mais aussi dans celui del’expertise.Notrefédérationen2006comptait1280adhérentsettroisansplustardnouscomp-tons840membres,àcausedesdépartsenretraiteuniquement.C’estdufaitdecettepénurie,dufaitdelanécessaireformationpratiqueetdurecrutementdenouveauxexpertsquenousavonsmisenplaceceprocessusdetutorat.

Madame Bertella-Geoffroy L’assistancefinancièreseraitl’idéal.C’estaussicequel’ondemandepourlesaffairespénal-es,uneaidejudiciairepourqu’ilyaitl’équilibredesparties.Maisc’estencoreunefoisuneques-tiondemoyens,lesavocatssonttrèschers,ilsontdescharges.Pouruneexpertise,ilfautpourtantqu’ilyaitl’équilibreentrelapersonnequiaunmédecinderecoursouunmédecind’assuranceetleplaignantoulepatientquin’apersonne.C’estunequestiondemoyensetd’équilibredesparties.–C’estundébattrèscompliqué.Mais,sijeprendslaglobalitédesprocèsaujourd’hui,onvoitbien

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qu’ilyauneévictionnotammentd’uneclassemoyennequinevaplusautribunalcarçàcoûtetropcher.Ceuxquionténormémentd’argent,lesgrandescompagniesentreautres,ontrecoursauxprocédures,nonpasqu’ellessoientprocédurièresmaisparcequ’ellesontlesmoyensd’ensup-porterlesfrais.Doncaujourd’hui,onnepeutpasparlerdel’égalitédel’accèsàlajusticepourtous.D’oùl’intérêtparfoisdesrèglementsdeprocédureàl’amiable.C’estundébatdefondàavoirsurl’équilibredespartiesquin’estpastoujoursassuré.–Ilyaquandmêmedesprotectionsjuridiquesqu’onpeutmettreenplacenotammentàtraverslesassurances,–C’estcequej’allaisvousdire.MadameJuliademandaits’ilfallaitseprémunirparunsystèmed’assurance.C’estl’objetd’unautredébat.NousnotonsqueMadameJuliarépondpartl’affirmativemaissoulignelamédiocritédesmédecinsrecoursfournisparlesassurances.–Avecuneprotectionjuridique,onalechoixdesonconseil,onpeutchoisirsonavocat.

Brigitte Maigret JesuismédecindesantépubliqueauTGI,jevoudraisdirequ’ilyaunechoseindispensablepourunebonneexpertiseen responsabilitémédicale,c’est l’autopsie.En régionparisienneentoutcas,notreproblèmemajeurquenousavons,c’estquesontdésignéssystématiquementlesmédecinsdel’Institutmédico-légaldontjediraisàMonsieurDelevoye,qu’ilsneparticipentpasbeaucoup,sicequel’onm’aditestvrai,auxtravauxdelasociétésavantedemédecinelégale.Or,àpartirdumomentoùlesautopsiesontétémalfaitesenmatièrederesponsabilitémédicale,onnepourraallernullepart.– C’est effectivement un problème très grave ce problème de la qualité et de l’évaluation del’expertiseetdu travailde l’Institutmédico-légalàParis. L’évaluationn’a jamaisété faite,per-sonneneveutlafaire.Onsaitpourtant,qu’onlitdeschosesincroyablesdanslesrapports,desgensquiontgrandide10cm,quiontmaigride25kg,desnouveau-nésquisemordentlalangue,saufquelesnouveaux-nésn’ontpasdedents…

Jean-Paul Delevoye LeprofesseurDeboutlesait,nousavonsfaitunepropositionderéformesurlesautopsiesjudiciairesquelaGardedesSceauxabienvouluconsidérercommeintéressanteetquifaitl’objetaujourd’huid’undébataveclesparlementaires.Ilyaunautreproblèmequiesttoutsimplementdeformulation.Lesrapportssontparfoisformu-lésdetellesortequ’onnecomprendcequ’ilsdisent.

Madame Dubois UFCQueChoisir.JesiègeencommissionCRCI,entantquereprésentantedesusagers.Latablerondeétaitintéressanteparcequeletémoignageétaitaudébut,l’autretémoignagepresqueàlafinetonavulehiatusentermesdecompréhensionentrelespersonnesparcequecen’estpasdutoutévidentàcomprendre.J’auraisvoulumentionnerquelquesproblèmesponctuelsconcernantleslitigesensantéenliaisonaveclemanqued’expertssiégeantenCRCI.OnyvoitquantitésdedossiersquiarriventenCRCIetquinedevraientpasarriverenCRCI.Pourquoi?Parcequelamédiationetlaconciliationnefonc-tionnentpas.C’estvraiquec’esttrèsdifficilepourlesgensdecomprendrequ’ilyauneprocédureamiable,gratuitedelaCRCIetuneprocédureavecund’accompagnementsionalachanced’avoiruneprotectionjuridique.Une«chance»,sionalesmoyensd’êtreaccompagnéparunavocat.MaisdepuislaloiKouchnerde2002,lesgenssaventqu’enCRCI,l’expertiseestgratuitealorsque,s’ilsvontauTribunal,l’expertiseestpayantebiensouvent.VousêtesMédiateurdelaRépubliqueetvousavezcompétenceensanté,ilfautabsolumentrepartirsurdesconciliationsetdesmédia-tions.Vousleditesvous-mêmes,50%devosappelstéléphoniquessontdesinformationsetdoncjenesuispasdutoutd’accordavecl’intervenantdeMetztoutàl’heurequiparlaitdejudiciarisationdusystème.Ilyajudiciarisationparcequelesgensn’ontpasl’information.Onvoiteffectivement

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beaucoupdedossiersquinedevraientpasarriverdansdesjuridictionsqu’ellessoientamiables,civilesouadministratives.C’estunproblèmedefond.EnCRCI,lapremièreprocédureestgratuite,l’expertiseestgratuite,maisonnesaitpaspourquoi,lorsquelesgenssontconvoqués,lesfraisdedéplacementsontàleurcharge,cequipeutêtreinenvisageablespourcertains.

Alain Guinet Jesuisunsimplecitoyenetilyaunedizained’années,entantquevictime,j’aieudumalàmedéfendre.Leprincipalproblèmeétaitrelevaitdesexpertises,certainesontétédénoncéespar le juge lui-mêmependant l’instruction.Danscecas, iln’yapasdeproblème.D’autressontpasséplusinaperçuesetilafalluquejebattecontreçà.J’aiététrèssensibleauxexplicationsdeMonsieurSafranainsiquedeladamedel’Aven,s’ilyauneéquipequidoitbienfonctionner,c’estbiencelledujuge,del’avocatetdel’expert.Moileproblèmequej’airencontré–pourcontredireunpeuMonsieurSafran–c’estqu’iln’yavaitdanslecompte-rendud’expertiseaucunélémentquipermettraitdedémontrerenquoicetteexpertiseétaitmalconstruite,donclaprocédureaduréextrêmementlongtemps.Cequimefaitréagirparrapportàlasituationsociale,c’estd’apprendrequ’onveutprofessionnaliserlesexpertsetqu’ilssontpartantspourcela.–C’estlecontraire,ils’agitdedonnerplusdemoyensmaispasdeprofessionnaliser,onl’adit.–Ilyadesgensquiontditquecelapouvaitlesintéresserquel’expertisedevienneunmétieretjevoulaissignalerqued’autresprofessions,ycomprislesprofessionsd’avocats,cenesontpastoutàfaitdesmétierspuisqu’ilyal’aidejuridictionnellequifaitquecen’estpasleprofitquimotivel’avocat,maislefaitqu’ilaitacceptéledossier.Pourlesjugesparcontre,làcesontdesprofes-sionnelsetjevoudraisrevenirsurlaremarquedeJean-PierreDelevoyesurlesÉtats-Unis,jenesaispascommentsontlesÉtats-Unisaujourd’hui,maisautrefois,j’yaiséjournéetilestextrêmementfacileàdescitoyensaméricainsdesesaisirentantqu’autoritépourjugerd’unesituation,cequiapparemmentn’existepasdutoutcheznous.

Madame Rambaud DuLien.Jevoudraisdirequenousavonsdesdossiersavecexpertisesjudiciairesparcequel’affairevaaupénaletquenoussommespartiecivileentantqu’associationetnousavonsdesex-pertisestouslesjourssurlesCRCI.Aujudiciairenousrecevonslesexpertises,lejuged’instructionnousl’envoie,nouspouvonsfairedesobservationsetsurcesobservations,siellestiennentde-bout, ilpeutdemanderunecontre-expertise.Cen’estpasunpré-rapport,c’est l’expertiseelle-mêmeetonaimeraitavoirlamêmechoseenCRCI.Jevoudraisposerunequestionparticulière-mentàMadameAvram, jepensequevouspouvezpeut-êtremerépondre.Lorsqu’unepièceaétéécartéelorsdel’expertiseparl’expertlui-mêmeparcequ’elleestfrappéedevicedeforme,maisqu’àlaCRCIelleestrepriseetréintroduiteàlademandedel’assureurparcequ’ellevaalleràl’encontredelavictime,est-cequec’estnormal?S’ilyavicedeformeenjudiciaireetqu’elleaétéécartéeparl’expert,commentpeut-ellenéanmoinsêtrepriseencompte?

Madame Avram Nonellenedoitpasêtrepriseencompteàpartirdumomentoùl’expertnel’apaspriseencomptedanssonraisonnement.Oualorsilfautlarefaire.Mais,jenesaispascequevousappelezlevicedeforme?–Vicedeformeparcequec’estuneautopsiequiaétéfaitedansdesconditionsparfaitementil-légales,c’est-à-direquelapersonnequil’afaiten’étaitpashabilitéeàlafaire,lerapportaétéfaitpartéléphoneparuneautrepersonne.–C’estdansundossiertrèsparticulier,jenepeuxpasvousrépondrelàmaintenant,l’importantc’estquetouslesélémentsaientpuêtresoumisàunediscussion,c’estleprincipeducontradic-toire.LeMédiateurinviteClaudeRambaudetmadameAvramàpoursuivrecetteconversationhorsan-tenne.

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Richard Zarzavatdjian Je voudrais d’abord vous remercier et remercier l’ensemble des intervenants et à lapremièreetàlasecondetablerondeMercipourlarichessedevosinterventions,devostémoignages,devosquestionsetjevouspro-posedecéderlaparoleàJean-PaulDelevoyepourconclurececolloquequiaétévraimentd’unegrandequalité.

Jean-Paul Delevoye Deuxmotsseulement,envousremerciantlesunsetlesautrespourlaqualité,latenue,lahauteurdevospropos.J’avaisétémisengardecontrecetypedecolloquepour lesrisques“d’explosion” qu’ils comportaient. J’étais convaincu qu’au contraire chacun y apporterait sonémotionmaisaussisavolontédebâtirquelquechosed’équitableentrelesvictimes,lesmédecins,lespraticiens,lesexperts.Ilestparfoisfacilemédiatiquementdesefaireleprocèsdesunsdesautres,onoubliequechacunestentraindefaireunboutdecheminversuneéthiqueincontestée,incontestablepourrétablirceclimatdeconfiance.Nousavonsfaittouteunesériedepropositionsderéformes,certainessontpertinentes,d’autreslesontpeut-êtremoins,maistoutesvoscontributionsnouspermettentdefaireavancerlaréflex-ionpourinterpellerlepolitique.Jeconcluraienremerciantlesvictimesmaisaussilesexpertsetlesmagistratspourlafranchiseetl’honnêtetédeleurproposcarcetypedecolloquenepeutavancerquesichacunditcequ’ilpense.Jecroisquenousvivonsunmomentcompliquédenossociétésdémocratiques.Pourfaireunbonexpertilfautunbonmagistratetunbonavocat,ilfautsurtoutqu’onseposelesbonnesquestions.Jelivreàvotreattentionunephrasequejenecessederépéteràlamédiatureoùl’onfinitparcroirequejeradote,c’estunecitationd’ÉlieWiesel«Lorsquejerentraisdel’école,mamèrenemedisaitjamais‘est-cequetuasbienrépondu?‘,ellemedisaittoujours‘est-cequetuasposélabonnequestion?’».Mercidenousavoiraidésàposerlesbonnesquestions.

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