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Le Magazine du Syndicat deS induStrieS de MadagaScar

Le développement industriel, non prioritaire

Loi de finances 2012

n° 14 - Mars / avril 2012

J’achète Malgache et tous nous y gagnons !Je consomme Malgache, nous y gagnons !

Mividy ny vita gasy aho, tombony ho antsika rehetra ! Manjifa ny vita gasy aho, tombony ho an’ny rehetra !

Rareté des industries

« les industriels sollicitent l’engagement de l’Etat »

Nos Régions | AMORON’I MANIA

Point de vue | StéPhANE RAvElOSON

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éditorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

Capital eCo | loi de finances 2012 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

loi de finances 2012 : le développement industriel, non prioritaire. . . . . . . . . . 8

la complexité des procédures, blocage au développement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

industrie : Vecteur de croissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

loi de finances 2012 : très peu de mesures incitatives pour la relance . . . . 14

poiNt de VUe | Stéphane raveloson, président du SiM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

«... les industriels sollicitent l’engagement de l’etat »

régioN | aMoroN’i MaNia : rareté deS iNdUStrieS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

développement : energie et routes font défaut . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

industrialisation : la région doit se limiter à la micro-industrie . . . . . . . . . . . . . . . 21

artisanat sur bois : Un secteur qui meurt à petit feu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

développement du tourisme : en construction

avec un nouveau circuit par an . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

imady : Un mode d’entreprenariat hors du commun . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

la Vie dU SiM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

Sommaire

1 bis, Rue Patrice LumumbaAntananarivo - MadagascarTél. : +(261) 20 22 240 07E-mail : [email protected] web : www.sim.mg

Fondateurs Hery Ranaivosoa • Fredy Rajaonera • Laurent Rajaonarivelo • Stéphane Raveloson • Damase Andriamanohisoa • Karim Barday • Francis Rajaobelina • Franck Fohine • Claude Ratefiarisoa

Directeur de publicationClaude Ratefiarisoa

CoordonnatriceLéa Ratsiazo

Ont collaboré à ce numéro- Fanjanarivo Symonette- Felana Lalatiana- Evelyne Fanantenana Rakotomanana

Régie Publicitaire :- Andoniaina Rova Razafitsialonina- Rindra Ambinintsoa

Maquette : (Hery Lalaina Razafimamonjiraibe)

Impression : Imprimerie NIAG Tél. 22 204 20 - [email protected]

Dépot légal : N°14-Mars 2012

820

18

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6 EXPANSION MADAGASCAR - MARS / AVRIL 2012 - N°14

editO

Mesdames et Messieurs, Chers lecteurs,

Comme dossier majeur, nous vous livrons dans cette parution la loi des finances 2012 pour votre information.

Comme chaque année, le secteur privé en particulier le SIM, reste le dindon de la farce dans l’élaboration de cette fameuse loi.

Nous rameutons les membres pour qu’ils fassent des propositions, nous montons un dossier bien relié, le premier responsable de l’administration nous invite une demi-journée pour discuter de nos propositions et cela à coup médiatique, au final, rien que des miettes si c’est encore le cas. Nos propositions ne seraient que des élucubrations pour le pouvoir public.

En effet, à lire l’exposé des motifs de la loi, il est bien stipulé : « les dépenses publiques seront allouées suivant les ressources disponibles et reflèteront les objectifs du Gouvernement en matière d’organisation des élections, de priorisation des activités à caractère sociaux touchant le domaine de la santé, de l’éducation et de la sécurité alimentaire, tout en appuyant davantage les secteurs de l’énergie et la production agricole ».

Même si on n’a pas tenu compte de nos propositions, est ce l’on pourrait s’attendre donc à une baisse du coût de l’énergie, à la limite une bonne qualité de service en la matière ? Est-ce que la population pourra-t-elle manger à sa faim?... au vu de ces priorités.

Pour l’écho régional, si l’on a voulu vous narrer sur la région de Melaky, on s’est rabattu sur l’Amoron’ny Mania. D’une part, il y avait le cyclone Giovannia, d’autre part, on s’est rendu compte qu’il n’y a plus de vol régulier. On ne peut risquer un déplacement par voiture, car même en période sèche, on peut dépenser facilement trois jours de route pour atteindre Maintirano.

Parler d’industrialisation dans la région d’Ambositra relève encore du domaine du rêve. Les industries existantes soufrent actuellement tant de l’insuffisance que du coût de l’énergie. Mais les opportunités ne manquent pas. Dommage.

Malgré ces réalités, le SIM croit fort au développement industriel du pays et poursuivra sa campagne de communication « MANJIFA NY VITA GASY AHO, TOMBONY HO AN’ NY REHETRA », « JE CONSOMME MALGACHE, TOUS NOUS Y GAGNONS » qui sera célébré par la tenue d’un salon de l’industrie malgache pendant la journée de l’Industrialisation de l’Afrique en novembre 2012.

Bonne lecture

Le Comité Directeur

Editorial

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8 EXPANSION MADAGASCAR - MARS / AVRIL 2012 - N°14

caPitaL ecO

Loi dE financES 2012Le développement industriel, non prioritaire

Felana Lalatiana

Après une faible croissance de 0,7% l’année dernière, Madagascar ambi-

tionne cette année d’atteindre un taux de croissance de 2%, essentiellement par le biais d’une performance du secteur secon-daire, selon la Loi de finances 2012. Le bud-get alloué à un secteur, ainsi que les mesures fiscales et douanières jouent un grand rôle pour atteindre cet objectif.

Priorité par rapport au budget

Dans la Loi de finances 2012, le secteur prioritaire est le social, qui englobe la san-té, l’éducation et la sécurité alimentaire. Viennent ensuite les secteurs de l’énergie et de l’agriculture. D’ailleurs, le budget alloué à chaque institution dans la Loi de finances 2012 reflète l’importance qu’accorde l’Etat à un secteur donné.

Le tableau ci-contre illustre l’ordre de prio-rité que l’Etat accorde à chaque département

ministériel. Au vu de ces chiffres, l’on peut constater que le secteur social notamment la santé et l’éducation arrive en tête des priori-tés. Par ailleurs, le ministère des Forces ar-mées et le Secrétariat d’Etat à la Gendarmerie sont également budgétivores. Le ministère de l’Agriculture n’est pas en reste, tandis que la Vice-Primature chargée de l’Economie et de l’Industrie, le ministère des Mines et celui de l’Energie ne disposent que d’un budget moindre par rapport à ceux cités plus haut.

Priorité suivant les mesures fiscales et douanières

Dans la Loi de finances 2012, force est de constater que le gouvernement n’accorde que peu ou prou de motivation aux secteurs jugés pourtant prioritaires. Cela s’explique par le fait que l’Etat se soucie en premier lieu de ses recettes. D’où la priorité pour les sec-teurs comme l’énergie, le transport, le jeu et l’agriculture. Or, une bonne croissance éco-

nomique peut apporter de l’argent frais aux caisses de l’Etat.

Dans le cadre des mesures fiscales prises, l’Etat a maintenu la baisse des impôts sur les revenus et assimilés. Ainsi, la réduction pro-gressive du taux de pression fiscale sur les revenus et assimilés (IR, IDH, IRSA, IRCM, IPVI) équivaut à un abaissement de l’ordre de 1%, le taux est passé de 22 à 21%. Ce taux est applicable aux exercices clôturés au cours de l’année 2011 pour l’Impôt sur les Revenus (IR) ; pour l’IRSA, les tranches inférieures à 250.000 Ar ne sont pas imposables, tandis que l’IRSA pour les tranches supérieures à 250.000 Ar est de 21%. Cette mesure concerne également les impôts sur les revenus des capi-taux mobiliers qui passent de 22 à 21%.

Dans le secteur énergie, la Loi de finances ac-corde une réduction d’impôts de 50% à tout investissement dans la filière énergie renou-velable réalisé. Le droit à réduction pouvant

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poUVoirS pUBliCS / iNStitUtioN Solde

FoNCtioNNeMeNt iNVeStiSSeMeNt

totalindemnités

«Biens et Services»

transferts S/total externe interne S/total

1 preSideNCe de la traNSitioN 5 327 626 8 330 830 10 950 301 1 992 699 21 273 830 19 786 530 2 190 890 21 977 420 48 578 876

2 CoNSeil SUperieUr de la traNSitioN 0 8 445 150 4 285 810 473 430 13 204 390 0 500 000 500 000 13 704 390

3 CoNgreS de la traNSitioN 0 16 425 640 4 322 860 223 570 20 972 070 0 750 000 750 000 21 722 070

4 HaUte CoUr CoNStitUtioNNelle 0 813 660 1 091 730 20510 1 925 900 0 100 000 100000 2 025 900

5 priMatUre 5 837 038 4 807 420 7 642 830 18 109 360 30 559 610 36 684 100 2 518 480 39 202 580 75 599 228

10MiNiStere deS relatioNS aVeC leS iNStitUtioNS

525 623 359 100 721 560 35 000 1 115 660 0 350 000 350 000 1 991 283

11 MiNiStere deS aFFaireS etraNgereS 38 102 141 1 880 330 4 784 990 2 593 390 9 258 710 0 575 000 575 000 47 935 851

12 MiNiStere deS ForCeS arMeeS 124 173 243 9 988 480 8 286 170 1 466 000 19 740 650 0 6 590 000 6 590 000 150 503 893

13SeCretariat d’etat CHarge de la geNdarMerie

119 053 108 1 940 030 7 327 850 447 880 9 715 760 0 7 500 000 7 500 000 136 268 868

14 MiNiStere de l’iNterieUr 18 071 780 288 200 3 812 200 209 890 4 310 290 341 950 2 945 170 3 287 120 25 669 190

15 MiNiStere de la SeCUrite iNterieUre 65 746 643 138 000 3 575 281 425 500 4 138 781 0 6 123 809 6 123 809 76 009 233

16 MiNiStere de la JUStiCe 41 006 065 8 129 560 8 870 700 3 428 000 20 428 260 1 357 060 2 209 170 3 566 230 65 000 555

17 MiNiStere de la deCeNtraliSatioN 0 196 701 1 110 362 48 300 000 49 607 063 15 078 020 2 383 010 17 461 030 67 068 093

21 MiNiStere deS FiNaNCeS et dU BUdget 143 772 311 11 948 416 92 099 285 132 382 450 236 430 151 7 984 570 33 752 703 41 737 273 421 939 735

25ViCe-priMatUre CHargee de l’eCoNoMie et de l’iNdUStrie

7 824 098 489 990 2 432 340 701 520 3 623 850 3 340 880 2 559 340 5 900 220 17 348 168

32MiNiStere de la FoNCtioN pUBliQUe,dU traVail et deS loiS SoCialeS

5 837 958 375 830 2 017 930 2 528 880 4 922 640 40 1 201 980 1 202 020 11 962 618

35 MiNiStere dU toUriSMe 1 239 175 238 860 1 101 312 234 840 1 575 012 0 655 000 655 000 3 469 187

36 MiNiStere dU CoMMerCe 4 411 577 582 660 2 299 610 4 395 860 7 278 130 0 440 000 440 000 12 129 707

37 MiNiStere de la CoMMUNiCatioN 4 139 123 73 190 1 221 360 1 617 590 2 912 140 20 2 037 900 2 037 920 9 089 183

38 MiNiStere de la proMotioN de l’artiSaNat 0 0 755 312 88 000 843 312 0 280 000 280 000 1 123 312

41 MiNiStere de l’ agriCUltUre 13 287 850 619 610 2 899 400 4 151 410 7 670 420 138 814 270 23 221 455 162 035 725 182 993 995

42 MiNiStere de l’ eleVage 5 801 265 192 700 684 790 100 590 978 080 0 2 654 150 2 654 150 9 433 495

43MiNiStere de la peCHe et deS reSSoUrCeS HalieUtiQUeS

1 307 591 201 110 563 750 8 297 780 9 062 640 3 215 060 706 350 3 921 410 14 291 641

44 MiNiStere de l’eNViroNNeMeNt et deS ForetS 6 311 056 415 740 953 660 309 870 1 679 270 11 079 470 3 631 250 14 710 720 22 701 046

51 MiNiStere de l’ eNergie 2 227 797 343 030 530 330 86 620 959 980 16 688 560 2 832 050 19 520 610 22 708 387

52 MiNiStere de l’ eaU 1 666 731 347 960 471 380 674 500 1 493 840 27 372 180 4 603 670 31 975 850 35 136 421

53 MiNiStere deS MiNeS 1 135 343 417 750 843 210 780 000 2 040 960 20 910 000 910 020 4 086 323

54 MiNiStere deS HYdroCarBUreS 0 0 1 043 210 0 1 043 210 0 70 000 70 000 1 113 210

61MiNiStere deS traVaUX pUBliCS et de la Meteorologie

5 836 784 194 480 1 290 180 3 590 820 5 075 480 94 690 310 11 666 140 106 356 450 117 268 714

62ViCe-priMatUre CHargee dU deVeloppeMeNt et de l’aMeNageMeNt dU territoire

7 109 666 919 767 946 108 33 250 890 35 116 765 39 338 650 3 573 600 42 912 250 85 138 681

63 MiNiStere deS traNSportS 2 332 645 78 540 1 831 950 12 797 120 14 707 610 10 148 030 9 300 840 19 448 870 36 489 125

66MiNiStere deS teleCoMMUNiCatioNS, deS poSteS et deS NoUVelleS teCHNologieS

0 9 660 169 150 1 000 179 810 20 1 168 900 1 168 920 1 348 730

71 MiNiStere de la SaNte pUBliQUe 115 408 398 860 010 17 854 200 10 308 000 29 022 210 64 670 170 5 408 600 70 078 770 214 509 378

75 MiNiStere de la JeUNeSSe et deS loiSirS 1 708 359 307 350 922 890 170 000 1 400 240 231 200 1 510 490 1 741 690 4 850 289

76MiNiStere de la popUlatioN et deS aFFaireS SoCialeS

3 185 384 339 200 1 671 810 181 550 2 192 560 20 3 564 070 3 564 090 8 942 034

78 MiNiStere deS SportS 6 587 236 410 780 682 810 3 565 100 4 658 690 0 3 900 000 3 900 000 15 145 926

81 MiNiStere de l’edUCatioN NatioNale 358 191 719 4 384 507 20 943 363 94 641 600 119 969 470 23 340 090 13 618 890 36 958 980 515 120 169

83MiNiStere de l’eNSeigNeMeNt teCHNiQUe et de la ForMatioN proFeSSioNNelle

16 786 236 373 640 963 370 3 089 000 4 426 010 0 7 775 000 7 775 000 28 987 246

84 MiNiStere de l’eNSeigNeMeNt SUperieUr 28 294 820 64 700 1 345 080 45 799 000 47 208 780 1 750 040 4 767 490 6 517 530 82 021 130

86 MiNiStere de la CUltUre et dU patriMoiNe 1 753 611 80 570 861 734 1 145 280 2 087 584 20 511 000 511 020 4 352 215

total 1 164 000 000 86 013 151 226 182 168 442 614 499 754 809 818 515 911 280 181 056 397 696 967 677 2 615 777 495

en Milliers d’ariary

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10 EXPANSION MADAGASCAR - MARS / AVRIL 2012 - N°14

caPitaL ecO

être utilisé au titre de l’année d’imposition ne peut toutefois excéder 50% de l’impôt effec-tivement dû. Le reliquat est reportable dans la même limite, jusqu’à apurement, sur les impôts des années suivantes.

En matière de TVA, ce sont les profession-nels du transport terrestre de marchandises et d’hydrocarbures, soumis à la TVA, qui sont autorisés à déduire cette taxe, laquelle a

grevé les achats de produits pétroliers suivant le tarif douanier 27 10 19 31, nécessaires à l’exploitation normale de leurs activités.Outre ces secteurs, la taxe sur les produits de jeux est supprimée.

Le secteur transport est privilégié dans la Loi de finances avec une baisse de 10% du droit de douane sur les pneumatiques. Une baisse de 10% de droit de douane est également accor-

dée aux véhicules automobiles pour le trans-port de douze personnes et plus, mais n’excé-dant pas quarante personnes, chauffeur inclus. Pour les véhicules automobiles de transport de quarante personnes et plus, chauffeur inclus, le droit de douane est passé à 5%.

L’on note également une réduction de 10% des droits de douane pour les bondillons et copeaux (savon).

La complexité des procédures, blocage au développement

Le Directeur général des Impôts (DGI), Ar-mand Tazafy, a bien voulu nous accorder un entretien. Lors de cette interview, la com-plexité des procédures est citée comme l’une des causes qui a conduit l’Etat à ne pas prendre en compte les demandes des industriels.

Expansion  : Monsieur le Directeur général, pourriez-vous nous détailler les nouvelles pro-cédures en matière d’obligations fiscales des entreprises dans la Loi de finances (LF) 2012 ?DGI : dans le cadre de la LF 2012, je retiendrai les points suivants : A partir de cette année, les activités d’exploitation de jeu seront soumises au régime du droit commun. Ainsi, les exploi-tants de jeux auront l’obligation de déclaration de TVA et tenue d’une comptabilité annexe.

Par ailleurs, tout contribuable devra doré-navant utiliser dans tous les documents qu’il présente, l’immatriculation en ligne ou Nifon-line.

Cette immatriculation doit figurer sur les factures car elle constitue une condition pour la déductibilité de la TVA.

Il y a également l’obligation de paiement par voie bancaire pour tout achat de biens et services effectué par les assujettis à la TVA au-près de leurs fournisseurs non assujettis dont le seuil est fixé par voie règlementaire.

Enfin, l’autorisation du ministère chargé de la Réglementation fiscale est requise avant la délivrance de la carte CIF ou CIS, pour les activités de grossistes, importateurs et indus-triels.

Expansion : depuis le début de la crise, l’éco-nomie se trouve en difficulté, avez-vous pris des mesures pour la relance de l’Industrie dans cette LF 2012 ?DGI  : en matière d’impôts, nous poursui-

vons l’incitation à la production d’énergies renouvelables. De ce fait, les entreprises qui investissent dans la production et la fourniture d’énergies renouvelables bénéficieront d’une réduction d’impôt.

Nous appliquerons également la déductibi-lité de la TVA ayant grevé les achats de pro-duits pétroliers suivant le tarif douanier des professionnels de transport terrestre de mar-chandises et d’hydrocarbures.

En matière de douanes, en vue d’améliorer les moyens de transport à Madagascar, une harmonisation du droit des douanes (DD) rela-tif aux moyens de transport et aux pneus a été établie. A titre d’exemple, les bus de plus de 40 places sont exemptés de droit des douanes tan-dis qu’il passe de 20 à 10% pour les minibus de 12 places et plus. Pour les pneus utilisés par les voitures utilitaires et particulières le droit de douanes est uniformisé à 10%.

Le taux du droit de douanes sur certaines matières premières est également révisé à la baisse notamment le méteil pour la fabrication de la farine (DD réduit de 5 à 0%), les additifs pour la fabrication d’huile moteur (DD réduit de 10 à 5%).

Nous procéderons à l’alignement tarifaire complétant les dispositions déjà prises lors de la Loi de finances 2011 concernant les consom-mables médicaux par l’exemption du droit des douanes sur les stérilisateurs, les gants pour la chirurgie, les réactifs de diagnostic et les ali-mentations pour enfant.

Afin de relancer l’économie, cette année, nous avons décidé de ne pas créer de nouvelles taxes.

Expansion : le SIM a émis son souhait à ce que l’Etat prenne des mesures fiscales et douanières sur certains secteurs. Qu’en pensez-vous ?DGI : avant même l’élaboration de la LF 2012, nous avons eu des séances de travail avec les groupements d’entreprises à Madagascar au

cours desquelles nous avons discuté des propositions des industriels. Nous en avons retenu certaines d’entre elles et nos réponses ont été claires sur cer-taines aspirations qui ne peuvent être réalisées.

L’application d’un taux réduit de TVA à 5% sur les produits de consommation courante pose problème au niveau de la gestion de taux multiples. Elle entraînera une baisse considé-rable des recettes fiscales.

Quant à l’exonération totale des droits et taxes douaniers sur les équipements, les acces-soires d’usine et sur les matières premières, l’application de l’exonération s’avère difficile pour les équipements à usage multiple.

Parlant de la restauration de la réduction d’impôt sur les investissements à hauteur de 50%, il ne faut pas oublier que le délai de résorption de reliquat du droit à réduction est très long (droit commun : 18,3 ans ; entreprise zone franche  : 62 ans). D’où le risque d’appa-rition de crédit d’impôt chronique en matière d’IR. La fraude n’est pas non plus à écarter concernant la réalité des investissements. Les expériences du code des investissements nous ont permis de tirer des leçons. A cette époque, certaines entreprises ont confectionné des faux documents d’investissement.

Toujours est-il que le Système d’amortisse-ment accéléré est déjà appliqué (CGI). Par ail-leurs, il y a une adoption de réduction d’impôt pour les entreprises qui investissent dans la production et la fourniture d’énergies renou-velables ayant des retombées positives sur les autres secteurs d’activité en termes de coût de l’énergie.

Armand TazafyDirecteur général des Impôts

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induStrieVecteur de crOiSSance

La croissance économique est tirée par l’in-vestissement. Entre 2005 et 2008, le taux d’investissement était de 27,6%, ce taux a diminué pour n’atteindre que 21,8% entre 2009 et 2012. Il n’est pas donc étonnant de voir une croissance négative du pays car l’investissement a perdu plus de 5 points. Suite à la suspension des aides des bailleurs de fonds, le principal investissement réalisé à Madagascar est supporté par le secteur privé. Le tableau et graphe ci-dessous montrent la contribution de l’Etat dans l’investissement à Madagascar et la part du secteur privé. Jusqu’à maintenant , l’on peut dire que l’in-dustrie est vecteur de croissance car, à part les investissements, il donne également des emplois et verse des taxes et impôts à l’Etat.

Pourtant, la crise sociopolitique, conjuguée à la crise financière internationale, a durement touché le secteur privé. Ces crises ont aussi conduit à la baisse des investissements du secteur privé. Ainsi, si le taux de croissance économique était de 5,7% entre 2005 et 2008, cette croissance s’est réduite jusqu’à un taux négatif de -1% entre 2009 et 2012.

Secteur secondaire, pilier de la croissance

Après la forte crise de 2009, le secteur secon-daire a connu une légère amélioration au cours de l’année 2011 et a pu atteindre un taux de croissance de 2,7%. Cette croissance n’est pas hexogène. En effet, généralement, les industries extractives sont peu touchées par la crise socioé-conomique. Ce sont surtout les industries qui vendent sur le marché local, ainsi que ceux qui exportent vers les Etats-Unis qui sont les plus touchées. Les zones franches industrielles, l’industrie textile et l’agro-industrie ont en-core enregistré un taux de crois-sance négatif l’année dernière.

Le tableau ci-contre montre le taux de croissance par branche d’activité

Pour cette année 2012, la Loi de fi-nances compte sur le secteur secon-daire pour relancer l’économie. En effet, l’on s’attend à une croissance jusqu’à 6% de ce secteur pour cette année contre 2,7% l’année dernière. Le taux de croissance prévu dans la Loi de finances est de 2%. L’on s’attend à la relance des activités industrielles

notamment dans l’agro-industrie, la papete-rie et le textile à part l’industrie extractive. Le secteur primaire ne contribuera que très peu dans cette croissance avec 0,2% de par-ticipation, tandis que le secteur tertiaire aura une participation de 2,3% contre 2,1% l’année dernière.

année 2008 2009 2010 2011 2012

taux d’investis-sement (% PiB)

40,3 31,7 18,8 17,4 19,1

Public 7,7 4,3 4,0 3,0 2,5

Privé 32,6 27,4 14,8 14,4 16,6

Source : Vice primature en charge de l’industrie et de l’économie

Source : Vice primature en charge de l’industrie et de l’économie

Secteur 2010 2011 2012

Secteur secondaire hors zone franche

2,5 4,3 6,5

agro industrie 34 -10,3 11

industrie extractive 54,7 25,9 104

energie 7,5 4 1

industrie alimen -1,8 4 2,7

indus boisson 17,3 7,8 3

indus tabac -14,5 0 2,8

ind corps gras 3 0,5 0,5

pharmacie -7,6 1,5 1,5

ind textile 7,3 -1,1 7,8

ind cuire 0 1,4 1,4

nd bois -12,7 1,5 -0,6

Mat de constr «3 ,3 2,5 «3,5

ind métallique -17 1,5 1,8

M transport -9,3 0,9 1,5

appareil elec -44,5 0,3 1

ind papier 22,7 5 23,5

autres -13,5 3,5 -7,8

zones franches ind -14 -9,5 2

Source : Vice primature en charge de l’industrie et de l’économie

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Le tableau qui suit montre la croissance des trois secteurs d’activités depuis la crise et démontre le grand rôle du secteur secondaire dans la croissance économique du pays.

Pour le moment, le pays compte essentiel-lement sur le secteur secondaire pour redé-marrer sa croissance. En effet, faute de finan-cement, l’on ne peut pas compter sur l’Etat sur les investissements. Faute de ressources disponibles, les investissements attendus pour 2012 sont fortement réduits : passant de 1 251,9 à 697,0 milliards d’Ariary en 2012, en Budget général. Par conséquent, les priorités du Gouvernement se reflèteront à travers les allocations sectorielles ci-après : 26,2% pour le secteur productif, 33,6% pour le secteur infrastructure, 27,5% pour le secteur social et 12,7% pour le secteur administratif.

Pour le secteur primaire, dont notamment l’agriculture qui occupe plus de 70% de la population active, la Loi de finances a, depuis l’année dernière, consenti une réduction d’impôts sur l’importation des matériels agricoles, mesure poursuivie cette année. Mais ces mesures fiscales n’ont pas eu les effets escomptés. Ceci en raison de la petite taille de la majorité des exploitations agri-coles. Le problème des petites exploitations résident plutôt dans le foncier, l’assistance en matière de formation, d’information, les sub-ventions pour les intrants comme les engrais. Certes la Grande ile dispose encore de vastes terrains agricoles mais les polémiques sur l’affaire Daewoo ont fait fuir les investisseurs dans l’agriculture. Des projets de développe-ment financés par le FIDA comme le PPRR, Prosperer, Aropa, ainsi que le PSDR financé par la Banque mondiale continuent d’ap-puyer l’agriculture. Cependant, bon nombre d’entre eux se rapprochent de la fin du projet..

Concernant le secteur tertiaire, le volet télé-communication a connu une forte croissance ces dernières années. L’on peut dire que ce secteur est parmi les moins touchés par la crise. Malgré cela, l’on constate que la télé-

communication rencontre encore des pro-blèmes sur la législation qui régit le secteur. Le BTP et le tourisme sont classés dans le secteur tertiaire qui commence à se redresser.

Notons que le secteur secondaire, notamment les industries sont des grands contribuables et versent des sommes importantes à la caisse de l’Etat. En 2012, les membres du syndicat

des industries de Madagascar ont versé près de 180 millions de dollars d’impôt dans la caisse de l’Etat. Rappelons que le Chiffre d’affaire des membres du SIM a atteint 730 millions de dollars et qu’ils ont investis près de 1,360 milliards de dollars. Ces industries versent près de 101 millions de dollars de salaire.

LOi de financeS 2012trèS Peu de MeSureS incitatiVeS POur La reLance

Une politique de relance ou plan de relance est un ensemble de mesures de politique économique, qui s’effectue par des dépenses publiques supplémentaires et de réduction de certains impôts, décidées par le gouverne-ment d’un pays ou d’une zone économique, dans le but de provoquer une « relance éco-nomique », c’est-à-dire une augmentation de l’activité économique et une réduction du chômage lors des périodes de faible crois-sance ou de récession.

La relance par l’offre

La relance de l’industrie peut se faire soit par la baisse du coût de la production, rendant ainsi les produits plus compétitifs sur le mar-ché. Sur ce plan, le Syndicat des industries a demandé des mesures comme la réduction à 50% de l’impôt sur l’investissement et la ré-duction à 15% de l’impôt sur le revenu.

« L’investissement fait les pays riches ». Cette formule lapidaire exprime une vérité profon-dément ressentie par les économistes. Il est indéniable que la vitesse de développement dépend étroitement de l’importance de l’in-vestissement, de sa structure, de sa compo-

sition, de son orientation et de son efficacité. Dans ces conditions, on comprend la volonté de tous les pays d’instaurer un climat favo-rable à l’accroissement de l’investissement, aussi bien autochtone qu’étranger. Si l’inves-tissement relève d’abord d’une décision des entreprises du secteur privé, les pouvoirs pu-blics peuvent également agir pour soutenir et orienter l’investissement. Ils disposent pour cela de plusieurs instruments  : la politique monétaire, la politique fiscale, l’investisse-ment public, la politique de réglementation, le soutien au crédit bancaire, etc. La politique économique peut se préoccuper du niveau de l’investissement, mais aussi de la qualité des investissements. Dans la Loi de finances 2012, l’Etat compte beaucoup sur le secteur secon-daire pour le démarrage de la croissance éco-nomique, mais ne donne pas les moyens pour y parvenir. Les moyens donnés par cette Loi de finances n’est pas à la hauteur des attentes. En effet, les mesures incitatives à la relance de l’économie, surtout pour l’investissement est très faible. Si les industriels, à travers le Syndicat des industries de Madagascar (SIM) ont demandé une réduction à 50% de l’impôt sur l’investissement, la réponse de l’adminis-tration dans la Loi de finances 2012 est néga-tive. Il n’y a que les investissements dans le secteur énergie qui bénéficie de ce taux. Or, si les industriels ont demandé cette mesure, c’est d’abord pour réduire le coût de produc-tion et avoir une meilleure productivité. Leur demande montre leur volonté de réaliser en-core des investissements malgré la situation actuelle.

La réduction de la taxe à l’importation sur les équipements, matières premières et pièces détachées pour l’industrie va entraî-ner en premier lieu une petite réduction des ressources dans les caisses de l’Etat. Cette diminution est insignifiante par rapport aux retours de cette réduction de taxe à l’impor-tation. En effet, cette taxe a une faible contri-bution dans la recette de l’Etat alors qu’avec une réduction de 50%, les industries pourront redémarrer leurs activités, offrir de nouveaux emplois ou, au moins éviter, la contraction de personnel ou, pire encore, éviter la fermeture de l’usine. Les impôts sur les bénéfices de la société, les impôts sur les revenus des sala-riés renfloueront la réduction citée plus haut. Mieux encore, cette réduction de la taxe à l’importation sur les équipements, matières premières et pièces détachées pour l’indus-

Source : MFB

en pourcentage de variation 2009 2010 2011 2012

taux de croissance économique -4,1 0,5 0,7 2

Secteur primaire 8,5 -3,3 -2,3 0,2

Secteur secondaire -7,8 0,2 2,7 6

Secteur tertiaire -7,5 1,7 2,1 2,3

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15N°14 - MARS / AVRIL 2012 - EXPANSION MADAGASCAR

trie va relancer à la fois l’offre et la demande des produits industriels locaux, ainsi que sur d’autres produits. Un début à la relance écono-mique.

Dans la plupart des pays en phase de relance de l’économie, l’utilisa-tion de congés fiscaux (exonérations fiscales totales ou temporaires) est une pratique courante comme une incitation à l’investissement. De tels congés visent, entre autres, à alléger le coût du capital. Les me-sures fiscales temporaires conduisent à l’incitation à l’investissement.

A part la réduction du taux d’impôt sur l’investissement à 50%, les in-dustriels ont demandé la réduction de l’impôt sur les revenus à 15%. La Loi de finances a octroyé une réduction d’impôts sur revenu mais à hauteur de 1%. L’impôt sur le revenu est donc à 21% au lieu de 15%, comme demandé par les industriels. Or, cette demande résulte de la constatation que le taux de l’impôt sur le revenu constitue un blocage dans la compétitivité des produits de nos industriels par rapports aux autres pays. A l’île Maurice, par exemple, ce taux est de 15%. Il n’est pas étonnant de voir que les produits mauriciens sont moins chers. Cette concurrence est de plus amplifiée par la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs. Faute de moyen, la plupart des ménages ne consom-ment que les produits à prix moins cher. L’intégration régionale de Madagascar a conduit à l’ouverture du marché, qui facilite l’entrée des produits des pays membres de ces zones. L’envahissement des pro-duits informels ne font qu’aggraver la situation. Depuis ces derniers temps, l’on assiste à l’accroissement de vente sans facture, rendant ainsi ces produits moins chers par rapport aux produits locaux.

relance par la demande

L’augmentation de la demande peut également entraîner une relance de l’économie. Le secteur privé, pour inciter à la consommation, a demandé une réduction de TVA pour les produits de consommation courante. La taxe sur la valeur ajoutée est un impôt indirect sur la consommation. Certes, l’application de TVA à taux multiple s’avère plus difficile que la TVA unique pour l’administration ; cependant, sur le plan économique, la différentiation des taux permet de consen-tir un régime plus favorable à certains secteurs. Des taux moins élevés sont donc prévus pour les produits dits de subsistance, notamment les produits de consommation courante comme les produits alimen-taires, les produits à usage agricole, comme les engrais, les produits antiparasitaires ou les aliments utilisés pour la nourriture du bétail ; certaines prestations de service respectant des conditions définies, telles que la fourniture de logement, la fourniture de repas aux can-tines d’entreprise et aux hôpitaux… dont l’achat représente un pour-centage important des foyers les plus modestes. Cette demande des industriels n’est pas prise en compte à part la TVA sur le carburant.

Le redémarrage de l’industrie est aussi une relance à la demande. Dans la situation actuelle, l’on craint encore une réduction de cette demande suite à la compression de personnel. Selon une enquête faite par le Syndicat des industries de Madagascar, 6 industries sur 7 ont été contraintes de faire une compression de personnel l’année dernière. La situation ne s’améliore guère et l’on craint encore une chute de la demande.

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une Loi de finances rectificative s’impose

Face aux difficultés qu’il rencontre, le secteur privé n’a pas baissé les bras et a, à plusieurs reprises, engagé des échanges avec l’admi-nistration. Ainsi, après la rencontre avec la Vice-Primature chargée de l’Economie et de l’Industrie, plusieurs solutions proposées entre

l’administration et des représentants du secteur privé comme le SIM, le GEM, la FIVPAMA ou autres ont été établies. Une Loi de finances rec-tificative s’impose afin de prendre en compte ces propositions. Soulignons que le Vice-Pre-mier ministre en charge de l’Economie et de l’Industrie s’est engagé à défendre les intérêts du secteur privé. L’administration par le biais du Vice Premier Ministre chargé de l’économie

et de l’industrie ainsi que plusieurs Ministres membres du gouvernement a promis que les rencontres avec le secteur privé ne doivent pas se limiter pas aux discussions mais seront ac-compagnées par des actions concrètes.

Les problèmes soulevés par le secteur privé ainsi que les solutions proposées lors de ces rencontres sont résumés dans le tableau qui suit :

PrOBLèMeS du Secteur PriVéPrOBLèMeS du Secteur PriVé SOLutiOnS PrOPOSéeS

Problèmes nécessitant des actions et/ou mesures immédiates ewt à court terme : • planning de prévision de déles-tage fourni par la JiraMa non res-pecté générant une perte financière et en matériels se chiffrant à 2 mil-lions de dollars

• retard sur le paiement des arrié-rés des entreprises (contrats de four-niture, tVa notamment au niveau des entreprises franches et des Btp• libéralisation des prix des produis pétroliers non effective

• désordres fiscaux au niveau dé-centralisés (ristourne et redevance)

• inexistence de mesures d’incita-tion sur les investissements

• mise en place d’une plate-forme de dialogue entre l’administration, la JiraMa et le secteur privé pour mieux définir les dispositions à appliquer et les responsa-bilités de chaque entité ; • prise en charge des coûts relatifs aux mesures urgentes à entreprendre pour faire face aux problèmes de délestage et ce, à travers le paiement partiel des arrié-rés de l’administration envers la JiraMa

• examen au niveau de la table ronde entre la dgi comme il a été annoncé par le MFB ; résolutions prises à formaliser dans les meilleurs délais

• plutôt opter sur le réajustement des prix d’une manière concertée entre les entités concernées car dans le contexte actuel, la libéralisation des prix pourrait aboutir à des problèmes sociaux• information et sensibilisation des me-sures déjà prises par le MFB notamment en ce qui concene l’harmonisation des différentes mesures fiscales et parafis-cales comme les ristournes et les rede-vances au niveau des collectivités décen-tralisées ; • établissement du nouveau code des in-vestissements à Madagascar pour que les entreprises de production et/ou à forte valeur ajoutée soient compétitives

Problèmes communs du secteur privé• absence de maîtrise de la tech-nique des normes et qualités ;• qualification insuffisante du per-sonnel aussi bien en gestion qu’en technique• difficulté d’approvisionnement en matière première de qualité, conju-guée avec la faible connaissance des marchés extérieurs ; • difficulté d’accès au financement en vue de la constitution de fonds de roulement significatif, et ce malgré l’amélioration de la santé du secteur financier suite à la privatisation des banques d’etats.• défaillance des infrastructures appropriées (énergie, route, ports et aéroport) ;• production de qualité insuffisante à travers une faible productivité entraînant une faible compétitivité ; • coût de facteurs non compétitifs par rapports à ceux des pays voisins (énergie, loyer, transport)

Volet commerce

• application effective des normes et réglementations déjà publiées et en vi-gueur ; • application de la loi sur la concurrence • dispositions à prendre sur les mesures préférentielles accordées aux opérations d’importation des marchandises concur-rençant la production nationale ; • facilitation des procédures d’octroi de diverses autorisations administratives • contrôle à effectuer par des agents mandatés au niveau du marché et à l’en-trée du territoire douanier national ;• dispositions réglementaires sur la conformabilité des denrées alimentaires (contrôle, délivrance de certificat …)• appui au secteur privé dans sa cam-pagne de promotion Manjifa ny vita gasy, tombony ho an’ny rehetra• voir la possibilité d’appliquer des tarifs préférentiels au profit des industriels sur l’énergie, l’eau et d’une manière générale sur les coûts des facteurs de production industriels.

Problèmes spécifiques du secteur industriel

• concurrence déloyale des pro-duits importés concernant entre autres les traitements préféren-tiels sur les produits de confise-rie et de biscuiterie, les savons « Citron plus » ;• introduction frauduleuse à Ma-dagascar de produits au prix de vente sur le marché local inférieur à la valeur des intrants des entre-prises locales• insuffisances d’infrastructures (énergie, route, port aéroport, transport,…)

• lenteur et lourdeur des procé-dures de dédouanement tant à l’importation qu’à l’exportation

autres problèmes

• importation massive des pro-duits à des coûts anormalement bas pénalisant fortement les in-dustriels locaux• redevance liée au prélèvement d’eau• suspension à l’agoa• application des dispositions particulières entravant la bonne marche des unités de production : réquisition des produits (sucre), subvention (produit pétrolier),...• non respect des dispositions en matière de protection et sécu-risation des investissements, des biens et des personnes ;• relance des activités des entre-prises sinistrées

Volet fiscalité

• lutte contre les ventes sans factures, fraudes à la tVa, à l’ir• lutte contre l’informel,• réflexion sur l’assujettissement à la tVa des produits de consommation courante ainsi que du transfert des crédits d’impôts (tVa, irCM…) ;• réflexion sur l’impôt sur les revenus des industries de transformation• dispositions sur le versement de l’ac-compte pour des sociétés ayant de crédit d’impôts ou estimant un Ca révisé à la baisse pour l’exercice suivant ; • disposition sur le système de prorata de tVa• réflexion sur l’irSa et l’irCM ;• acceptation des échéances en matière d’application des pénalités et des amendes ;• d’une manière générale, réflexion sur des éventuelles mesures incitatives à l’investis-sement (nouveau code des investissements)

Volet douane

• révision des droits et taxes à l’importation pour les équipements, matières premières et pièces détachées pour l’industrie ;• mise en place d’un prix de référence pour les produits importés qui affichent des prix anormalement bas concurrençant la produc-tion locale• facilitation et l’accélération de la procédure de dédouanement aux fins de favoriser en particulier le secteur industriel.

Volet finance

• stabilité du taux de change• disponibilité de réserves en devises• rapatriement de devises• mécanisme de détention des comptes à l’extérieur

Volet infrastructure et transport

• mise en place des zones d’investissements industriels• promotion de production énergétique ;• amélioration des infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires• amélioration des techniques de communi-cation et d’information• développement et promotion du secteur transport y compris voies ferroviaires et flu-viales

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POint de Vue

Stéphane raveloson |

Président du Syndicat des industries de Madagascar (SiM)

«  ... les industriels sollicitent l’engagement de l’Etat »

expansion Madagascar : Mr le président, quel a été l’objectif principal de la réalisation des etats généraux des industries ? Stéphane Raveloson  : Les industries à Ma-dagascar se heurtent actuellement à une double crise à savoir la crise financière mon-diale et la crise socio politique à Madagascar. D’après l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce), un ralentissement de 6,5% du commerce mondial a été constaté en 2011. Ainsi, les industries malgaches se trouvent actuellement dans une situation précaire. Il est donc primordial d’apporter une analyse profonde et des solutions sur les obstacles au développement du secteur industriel. D’où, la réalisation des Etats Généraux des industries qui ont pour but d’accompagner au-delà de la crise actuelle les industries malgaches vers les marchés porteurs de croissance et d’emplois. D’ailleurs, les Etats Généraux des industries sont la suite logique du manifeste des indus-triels élaborés en 2007 à travers la « stratégie du développement industriel à Madagascar -Vision 2010 ».

eM : Sur quels critères se sont basés le SiM sur le choix des régions d’accueil des ateliers de ces etats généraux ? SR  : 6 chefs lieux de province et Vakinan-karatra où sont implantées les unités indus-trielles ont été choisies pour organiser les ateliers régionaux car ils ont leurs spécificités que l’on a rassemblées, notamment la taille des sites industriels, la nature des problèmes rencontrés par les industriels.

eM : quelles sont les actions à entreprendre dans le court terme ?SR : Pour l’instant, la priorité est de soutenir les activités des industries même en période de crise. Aussi, l’harmonisation des taxes et redevances fiscales s’avère prioritaire, les pro-blèmes liés à l’énergie, en l’occurrence la Ji-rama et les produits pétroliers. Ajouté à cela, il faut réguler le marché local pour éradiquer toute forme de concurrence déloyale, voire sauvage. Le but actuellement est de rendre compétitive l’industrie nationale sur le mar-ché local et régional.

eM : qu’attendez- vous de l’etat pour la relance de l’industrie ? SR  : Actuellement, les industriels sollicitent la mobilisation et l’engagement effectifs de l’Etat autour de l’objectif d’une véritable relance face à la crise. Ceci se traduit par la création et l’application d’une loi favorisant l’activité industrielle. Certes, des mesures ont été déjà prises par l’Etat, à travers la loi de finance 2012, mais nous demandons un peu plus pour qu’il y ait une vraie relance. Les industriels ont déjà avancé des suggestions concernant la réduction des impôts sur les investissements en vue de redynamiser les investissements globaux, de croître la pro-ductivité de l’industrie et de redonner à Ma-dagascar une véritable ambition industrielle.

A partir des investissements, les indus-triels pourront augmenter leur production, créer de nouveaux emplois et relancer la consommation qui à son tour suscitera de nouveaux investissements. A part la création d’emplois et d’augmentation de production, l’Etat peut récupérer son manque à gagner par les nouvelles recettes générées par cette relance qui est mutuellement avantageuse.

Concernant l’intégration régionale, nous souhaitons que l’Etat soit l’avocat du secteur privé en général et des industriels en particu-lier. Elle doit être au profit de Madagascar et

non au détriment de son développement. Le rôle de l’Etat est de défendre l’intérêt du pays dont les industries locales à travers les lois exis-tantes. L’ouverture du marché ne devrait pas être brutale mais progressive au fur et à me-sure de la mise à niveau des industries locales.

Pour tout ce qui est décision concernant l’industrie, nous exigeons une consultation préalable avec les industriels avant la pro-mulgation ou l’adoption d’une quelconque loi ou mesure sur le secteur. Nous sollicitons d’ailleurs une discussion périodique avec les démembrements de l’Etat.

L’énergie, est une charge lourde pour les industries car elle représente près de 40% des charges d’exploitation. Il faut avouer que cet excès de charge engendre une perte en termes de production et en termes de marge.

eM : quelles seront vos apports dans cette relance ?SR  : En tant qu’entreprise citoyenne et res-ponsable, la promotion du code d’éthique signé lors de la célébration de la journée de l’industrialisation en Afrique le 21 novembre dernier sera poursuivie. L’objectif du SIM est d’assurer un développement durable et pé-renne de ses membres. Ainsi, des formations leur seront dispensées pour renforcer davan-tage leurs compétences et leur compétitivité sur le marché. Des actions seront également menées pour la promotion des produits « vita Malagasy » à travers le slogan « Manjifa ny vita gasy aho, tombony ho an’ny rehetra  ». L’appui des membres à l’exportation sera aussi une de nos priorités. Toujours sur le marché, le SIM mènera des combats agressifs contre l’informel et les produits périmés ainsi que les produits hors normes. Notre vocation est de protéger nos membres de l’importa-tion sauvage. La communication du SIM sera accès sur l’amélioration de l’image de l’indus-trie malagasy vis-à-vis des consommateurs. A l’interne du SIM, une approche inter filière sera adoptée.

eM : vos prévisions pour 2012 ?SR : Malgré l’élection et la crise un peu par-tout dans le monde, nous restons positifs. Avec l’aide de l’Etat et l’effort des industriels nous espérons que cette année sera l’année de relance des industries. Nous espérons éga-lement construire une réponse industrielle au défit du développement durable et de l’in-novation.

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caPitaL ecO régiON | aMoroN’i MaNia

dévELoppEmEntenergie et routes font défaut

«  Dans le Nord, l’électricité s’arrête à Sahani-votry (là où il y a une centrale hydroélectrique). Dans le Sud, elle ne remonte pas jusqu’à Ambo-sitra alors que le fleuve du Namorona alimente Fianarantsoa, etc. Bref, nous sommes enclavés par rapport à cette force de développement qu’est l’électricité. Or, les potentiels en hydro-électricité ne manquent pas dans la région. Il y a la rivière de Bemaha susceptible de fournir 20 MW, Dangoro, Tazonana, Antetezambato… ». Ces constats et remarques viennent des res-ponsables de la région. Il faut rappeler qu’Ambositra est alimenté par la Jirama dont les tarifs locaux sont 2 fois supérieurs à ceux de la capitale. De plus, la puissance installée est trop insuffisante pour développer l’industrialisation de la région. La centrale thermique d’Ambositra fournit seule-ment 860 kW en période de pointe, contre 112 kW pour Ambatofinandrahana et 43 kW pour Manandriana. Les données de la monographie de la région précisent  : « La ville d’Ambositra bénéficie de fourniture d’électricité 24h sur 24 tandis que la couverture en électricité dans les autres communes restantes tourne autour de 50%. Actuellement, malgré la disponibilité de potentiel de production hydroélectrique,

le coût de production d’énergie est élevé à cause du vieillissement des machines. Cela se répercute sur le prix d’installation et la disponi-bilité insuffisante par rapport aux besoins des consommateurs. Le coût de l’électricité était de 200 Ar/ kWh en 2003, avec environ 4 000 abonnés en électricité ».

La valeur ajoutée s’exporte ailleurs

Or, la zone de Soavina (à l’Ouest) est une grande productrice de riz et compte deux récoltes annuelles. Les paysans y utilisent des variétés hybrides et commencent à pratiquer aussi la riziculture sur tanety grâce à une sensi-bilisation de la FAO. Mais à cause de « la mau-dite électricité », la moitié de la production va sur Antsirabe et Tana, là où il y a des rizeries et d’importantes décortiqueuses. Ainsi, la valeur ajoutée s’exporte ailleurs. Il en est de même pour l’industrie du bois. La région exploite environ 60 000 m3 d’eucalyptus et de pins par an. Mais seuls 5 à 10% de ce volume sont travaillés à Ambositra. La grande partie de la valeur ajoutée est une fois de plus exportée à Antsirabe ou à Fianarantsoa. En même temps, la région donne des emplois à d’autres villes au lieu d’en créer pour elle. Bref, l’énergie et les routes sont des infrastructures structurantes qui font défaut dans l’Amoron’i Mania.

L’insécurité bloque les projets de développement

Les zones à l’est de la RN7, avec une densité démographique élevée, est accessible mais peu productrice. En revanche, les grands bassins de production agricole de l’Ouest sont mar-qués par l’enclavement, facteur d’insécurité. Ils comptent à peine 3 à 5 habitants au km2. Ces zones sont pourtant propices aux activités agri-coles et à l’élevage. De par leur isolement, elles sont indemnes de la peste porcine. A Man-gataboahangy, l’élevage porcin se développe beaucoup. En plus à cause de l’enclavement, les éleveurs donnent du riz à leur cheptel ! Les porcs peuvent faire les 60 km reliant la zone à la RN35. Il faut souligner que cette route reliant la RN7 à Morondava est impraticable depuis des décen-nies. Dans les années 70 pourtant, elle était en bon état et permettait de développer à Ambo-sitra et ses environs des filières comme la van-nerie dont les matières premières venaient de Malaimbandy et de Morondava. Sinon, l’insé-curité favorisée par l’enclavement n’encourage pas les projets de développement à donner un coup de pouce à ces bassins de production. A la région, l’on avance que le projet ADRA assor-ti d’un financement d’une vingtaine de millions de dollars n’entend pas pousser ses activités jusqu’à Ambatofinandrahana. Cette ville n’est

regiOn aMOrOn’i Mania

Rareté des industries Fanjanarivo Symonette

Les industries dans cette région ne se comptent pas sur les doigts d’une seule main. Elles sont rares à cause notamment d’une fourniture d’énergie défaillante. De plus, la région est marquée par l’enclavement de ses grands bassins de production agricole situés à l’Ouest. Malgré ces problèmes d’infrastructures structurantes, Amoron’i Mania essaie de sortir des sentiers battus en développant de nouvelles filières comme l’agrumiculture et les huiles essentielles. Elle mise aussi sur le tourisme, un secteur en pleine construction. Il ne faut pas non plus oublier les espoirs suscités par une présence éventuelle de diamant dans le sous-sol d’Ambatofinandrahana, des espoirs entretenus par les recherches effectuées par un jeune géologue malagasy reconnu par ses pairs en France, en Allemagne…

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pourtant pas qu’insécurité et actes de bandi-tisme. Ses environs pourront abriter d’impor-tantes richesses minières (voir encadré).

Vivement l’après-crise !

Confrontée à ces problèmes liés aux infrastruc-tures structurantes, la région en fait ses priori-tés. Elle attend impatiemment la fin de la crise pour accélérer les actions s’y rapportant. Parmi les 9 régions bénéficiaires du projet ACORDS financé par l’Union européenne, elle était au 1er rang en matière d’appropriation des réalisa-tions. Cette appropriation se manifeste par la prise de responsabilité de la population et des collectivités en cas de dégradation des infras-tructures mises en place. La région espère ainsi convaincre ce bailleur de fonds à financer le dé-senclavement des zones concernées, une fois que les financements extérieurs reprennent. Elle compte aussi sur la Suisse à travers le pro-gramme Saha a produit des effets positifs dans des domaines comme la gouvernance locale, l’apiculture, la soie, etc. La région apprécie par-ticulièrement l’approche suisse qui part des be-soins de la base tout en créant un dynamisme de groupes animés par des gens bien formés en gouvernance et en économie locale. Elle estime que si les problèmes d’énergie et de routes sont résolus, l’agrumiculture et la culture de ravint-sara se développeront pour devenir des filières à part entière. Des filières qui généreront sur place beaucoup d’emplois et de la valeur ajou-tée. Dans le secteur agricole, un autre problème

se pose aussi. Il s’agit de la vétusté des barrages qui datent des années 60. La moitié n’est plus d’ailleurs fonctionnelle, même à Soavina, l’une des zones les plus fertiles de la région.

Non au biocarburant !

200 000 tonnes de paddy, c’est la prévision en production rizicole de la région. Et on l’a atteint lors de la dernière campagne. Pour 2011-2012, la production devrait atteindre les 230 000 tonnes et permettre à la région d’avoir une autosuffi-sance en riz. Seulement, la propriété foncière est toujours problématique. Les litiges fonciers pullulent et engorgent le tribunal d’Ambosi-tra. Ils sont souvent à l’origine de crimes. Or, seuls 8% des surfaces cultivables de la région sont effectivement cultivés. Mais la région est ferme : elle refuse les projets de biocarburant en arguant que ce n’est pas une priorité, d’autant que la population locale n’en profitera pas. En fait, elle estime qu’avec des gros projets de ce genre, l’inflation ne pourra qu’exploser dans la région. Et ce sera au détriment de la popu-lation. Par contre, elle accueille à bras ouverts les grands projets de production vivrière. Pour l’heure, l’agriculture de la région et surtout celle de l’Ouest souffrent du phénomène « dahalo » ou bandits de grand chemin. Elles ne disposent plus d’engrais et manquent de bétails pour le labour. L’engrais sur le marché coûte cher, soit 2 500 Ar/kg. Le revenu moyen par habitant dans la province de Fianarantsoa est pourtant de 120 000 Ar par an, soit un montant en-dessous du seuil de la pauvreté.

L’exportation favorise les vols de bœufs

Les paysans ne gardent plus leur bétail parce que les « dahalo » le volent et le font cheminer par Ikalamavony avant de rejoindre Morondava et puis Mahajanga. En réalité, les réseaux ma-fieux autour de la filière bovine se renforcent avec la reprise de l’exportation de bovidés sur pied vers des îles voisines. Et l’Amoron’i Mania n’est pas épargnée. Auparavant pourtant, des grands fermiers avaient entre 500 à 1 000 têtes

de zébus. Le cheptel bovin de l’Amoron’i Mania est estimé à 200 000 têtes à l’heure actuelle.La population et les autorités semblent impuis-santes face aux vols de bovidés. Elles préfèrent donc miser sur l’agriculture. A la région, l’on se souvient qu’en 2008, la subvention de l’engrais a abouti à des très bons résultats en matière de rendement rizicole : « Si l’on affecte au soutien à l’agriculture l’équivalent des devises pour les importations de 200 000 tonnes de riz par an, la production rizicole s’en trouvera mieux ».

Miser sur la gouvernance locale

Outre les infrastructures structurantes et l’ac-cent mis sur l’agriculture, la région mise aussi sur la gouvernance locale. A l’heure actuelle, nombreux sont les maires ayant terminé les études secondaires de 1er cycle. Sinon, la ré-gion compte des maires économistes, docteurs en sciences physiques, ayant un diplôme de maîtrise en gestion, etc. Cet état des choses diminue les cas de corruption et rend efficace l’élaboration et la mise en œuvre du budget participatif. A Mahazina-Ambohipierenana par exemple, une dame surnommée «  la Jeanne d’Arc de Mahazina » a pu obtenir d’un bailleur de fonds 200 millions Ar pour développer cette commune. Ce montant n’a été ni dilapidé ni dé-tourné, il a financé des projets d’intérêt général.

induStRiaLiSationLa région doit se Limiter à La micro-industrie

Des décortiqueries, des menuiseries bois et d’ouvrages métalliques… Voilà en quoi se résume l’industrie dans l’Amoron’i Mania. Le président de la Chambre de commerce et d’in-dustrie, Jacob Randriamanjatoarivo explique  : « L’énergie coûte ici très cher, soit 2 fois plus que dans la capitale. Elle absorbe 35 à 40% du coût de production. De plus, la puissance installée ne couvre pas les besoins  ». Le soir au-delà de 18h, la Jirama n’offre plus suffisam-ment de puissance pour l’industrie. Même des

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SeCteUr MiNierLe SOL d’aMBatOfinandrahana Peut receLer du diaMant

les 6 et 7 décembre 2011 à paris, le jeune docteur en géologie Brice randriana-solo reconnu par d’éminents chercheurs européens, a présenté à une conférence organisée par la Société géologique de France les différents modèles de gise-ments de kimberlite à Madagascar. Cette roche est souvent annonciatrice du dia-mant. et d’après les études et recherches menées par ce scientifique, andomaha-masoandro dans la zone d’itremo-am-batofinandrahana (à l’ouest de la région amoron’i Mania) fait partie des zones dont le sous-sol présente des kimber-lites. il y ajoute tsiazomboalavo à l’est de Marolambo sur l’axe ouest de Nosy-Varika. dans le Sud du pays, il y a Satro-kala, Fenoarivo, analavoka et iavaraty. pour l’heure, aucune prospection n’a encore affirmé l’existence réelle de dia-mant dans le sous-sol malagasy. Mais les roches de kimberlite sont souvent des indices de diamant. Brice randrianasolo estime qu’il est temps que les Malagasy s’occupent eux-mêmes de l’exploitation de leurs richesses, au lieu de céder cette activité aux étrangers.

MONOgRaPhIe De La RégION aMORON’I MaNIa :

Superficie : 16.540 km2 Population : 880.000 d’habitants PIB Région (2010) : 542.381.047.000 Ar PIB/habitant : US $ 304 par an Taux de chômage: 3.4 % Secteur primaire : 32,06% des emplois Secteur secondaire : 16,18% des emplois Secteur tertiaire : 51,76% des emplois Nature des entreprises : artisanat, transformation du bois, commerce, tourismePart de la population urbaine : 18%Principales localités: Ambositra (40 000

habitants), Fandriana (15 000 habitants) , Ambatofinandrahana (15 000 habitants), Ambovombe centre (6 000 habitants), Kianjandrakefina (4 000 habitants), Soavina (4 000 habitants ) Imady (1 200 habitants)…Port : Néantaérodromes pour petits avions : Ambatofinandrahana, Marosoa, Fiadanana Routes bitumées : 215 km Pistes : 1 230 km

Sources : Fiche monographique MDAT, FTM BD500, INSTAT, DIRTP

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petites unités comme les ateliers de vulcanisa-tion ne peuvent plus travailler au-delà de 18h. Certes, le chef-lieu de région, soit Ambositra ne connaît pas les affres du délestage, mais l’offre en énergie permet seulement l’essor de la mi-cro-industrie. La Chambre de commerce estime que celle-ci connaît environ une croissance de 10% par an.Les machines pour ce type d’industrie sont d’ailleurs plus accessibles grâce à des prêts contractés auprès d’institution de microfinance ou à des fonds propres. Une décortiqueuse coûte entre 5 et millions Ar. Mais les gens optent souvent pour les fonds propres que pour le prêt. A Soavina et Ambondromisotra dans la partie ouest et très fertile, on comptait 4 décortiqueuses en 1996, contre 40 à l’heure actuelle. Cette explosion s’accompagne certes d’une rude concurrence, mais la zone est as-sez fertile pour offrir suffisamment de riz. En moyenne, la région compte 4 décortiqueuses par commune selon l’estimation de la Chambre de commerce et d’industrie.

La menuiserie est en régression

Si la décortiquerie ne fléchit pas, il n’en est pas de même pour la menuiserie bois. Outre le pro-blème d’énergie, l’approvisionnement en bois est un grand problème dans l’Amoron’i Mania. Les textes et mesures pour juguler les trafics illi-cites expliquent cette situation. C’est à peine si les ateliers de menuiserie survivent, c’est-à-dire qu’ils dégagent juste de quoi payer les salaires et la Jirama. En tout, la région ne compte que deux unités industrielles, soit l’Afoma d’Ambo-sitra pour la fabrication d’allumettes et Magra-ma d’Ambatofinandrahana pour l’exploitation et la transformation du marbre. L’unité de la Hodima, un des investissements de l’époque socialiste, n’a jamais été fonctionnelle pour dif-

férentes raisons. Il y a l’énergie mais aussi les problèmes environnementaux par rapport au traitement du cuir. Les bâtiments de la Hodima sont actuellement exploités par l’université pu-blique régionale, soit l’ISTRAM.Sinon, les opérateurs économiques de la région optent pour le tourisme et le secteur des ser-vices, notamment les transports. D’après les dernières statistiques de la Chambre de com-merce datant de 2010, la région compte plus de 1 670 entreprises inscrites sur la liste des électeurs de la Chambre. 25% d’entre elles sont des ressortissantes de cette chambre consulaire opérationnelle depuis 2009. Il faut encore faire connaître les missions et rôle de cet organisme d’après son président pour convaincre les opé-rateurs de la nécessité d’y adhérer.

aRtiSanat SuR boiSun secteur qui meurt à petit feu

Capitale de l’artisanat et surtout de la sculpture et de la marqueterie. Ambositra s’autoproclame ce titre. Il l’a bien mérité grâce au développe-ment du marché, du savoir-faire et de l’arrivée de nouvelles générations d’artisans. Mais depuis 2009, nombreux sont les propriétaires d’ateliers et les artisans qui sont plus qu’amers quand on évoque ce titre. Par crainte de vivre le même sort que trois artisans emprisonnés en 2009 et écœurés de l’entrée de la politique dans leur filière, des artisans expliquent leurs problèmes mais veulent garder l’anonymat. Ils précisent  : « 95% des artisans sont devenus des tireurs de pousse-pousse depuis que l’artisanat peine à s’approvisionner en bois précieux. Les autorités locales tout comme les associations d’artisans ont essayé à plusieurs reprises de trouver des solutions, mais en vain ! Les autorités nous ont

proposé en septembre dernier du bois à Mora-manga pour une vingtaine de millions d’ariary. Même si tous les artisans d’Ambositra vont se regrouper, nous n’aurons pas l’argent néces-saire. De plus, la cargaison compte plus de bois ordinaires que d’essences précieuses. Si l’Etat facilite notre accès à un container de bois pré-cieux, tous les artisans de l’Amoron’i Mania en auront pour 6 mois ». Comme quoi, deux containers suffisent pour une année mais l’accès y est très difficile. Par contre, les trafiquants ont souvent la voie libre. Que faire face à cette situation ? Beaucoup d’artisans envisagent de se reconvertir dans d’autres secteurs. Si un atelier comptait 15 à 20 employés avant 2009, il a juste maintenant les moyens d’en payer 6 tout au plus. Et encore ! Seuls 3 sur 6 ont un travail régulier.

Travailler sur des rebuts

Faute de bois précieux, les artisans doivent se rabattre sur des articles comportant des défauts et qu’ils ont relégués à la remise des années auparavant. Il en est ainsi de chaises en bois précieux de style zafimaniry et de mobiliers en palissandre. Chez un spécialiste de la fabrica-tion de chaises zafimaniry en palissandre, la demande avoisine 60 à 80 unités par semaine. Il s’agit de commandes provenant d’opérateurs qui approvisionnent les marchés de Mayotte, de La Réunion et de Maurice. Mais il est de plus en plus difficile de les honorer puisque l’atelier doit travailler des rebuts. Son stock de rebuts sera bientôt épuisé.D’ores et déjà, nombreux sont les artisans qui renoncent de monter toutes les semaines à Tana. Ils y obtiennent d’habitude des com-mandes et y écoulent leurs produits. Avant la crise, 5 minibus Mazda remplis d’artisans et de leurs articles partaient d’Ambositra tous les jeu-dis pour le marché hebdomadaire du Coum aux 67 ha. Et c’est à peine si les artisans arrivent à vendre quelque chose. Des fois même, ils per-çoivent juste de quoi payer leurs frais pour le re-tour. Les clients sont à la recherche d’articles en palissandre et en bois de rose, des articles qui font défaut depuis les restrictions sur l’accès à ces essences précieuses. Sur une dizaine d’ate-liers-boutiques, seuls 8 survivent actuellement à Ambositra.

L’exportation est également bloquée

Le marché local n’est pas le seul à souffrir de la situation actuelle. Les exportateurs aussi se plaignent et ce problème déteint sur la produc-tion. Il arrive que leurs marchandises restent bloquées un mois entier au port de Toamasina. De quoi décourager la filière avec tout ce que cela comporte comme frais supplémentaires et retards de livraison. Ce problème se traduit par la cessation d’activités de plusieurs ateliers non dotés d’une boutique mais qui s’appuyaient sur

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les exportations pour écouler leurs produits. En réalité, l’artisanat qui travaille le bois pré-cieux meurt à petit feu. Les artisans et les ate-liers d’Ambositra sont les plus affectés par ce déclin. Depuis longtemps déjà, ils ne bénéfi-cient d’aucun soutien, même en matière de for-mation, une denrée rare et sporadique. Il en est de même pour l’accès au financement. Rares sont les ateliers qui disposent des machines adéquates. Une machine de polissage coûte, par exemple, 800 000 à 1 million Ar. Un atelier disposant des matériels et des machines perfec-tionnés vaut entre 8 et 10 millions Ar. Un mon-tant très éloigné des possibilités des artisans. Pour aggraver le problème, la politique vient y semer la zizanie. Lors du dernier passage du ministre de tutelle à Ambositra, les membres de la Chambre des métiers lui ont été présentés. Censés être élus, ces gens-là ne l’ont pas été et à peine si 5% des artisans étaient au courant de leur désignation. Pareil pour le projet de soutien pour l’artisanat et le tourisme. 25 artisans sélec-tionnés par on ne sait comment vont profiter d’une formation prévue par le ministère. « Am-bositra, capitale de l’artisanat n’est plus qu’un nom. Nous ne vivons plus de notre métier qui ne nous donne plus de quoi payer la sco-larisation de nos enfants et de subvenir à nos besoins quotidiens », lance une mère de famille amère qui possède un atelier et une boutique.

dévELoppEmEnt du touRiSmEen construction avec un nouveau circuit par an

Le circuit des orangers à Andina, le circuit zafimaniry à Antoetra, le massif d’Itremo. Ce sont les circuits créés par l’Office régional du tourisme Amoron’i Mania (ORTAM) sur les 4 dernières années. Le président de l’office, Eva Hassambay explique : « L’un des rôles de l’office est de créer des circuits pour retenir les tou-ristes dans la région. Ambositra est un passage obligatoire pour les circuits du Sud et aupara-vant, les touristes n’y séjournaient que pour une nuit. Actuellement, ils y demeurent pour 2 à 3 nuitées grâce aux circuits créés par l’office ». Ils ne se contentent donc plus d’y prendre un déjeuner et de faire du shopping dans les bou-tiques d’artisanat.

Outre les circuits, l’office a également mis sur pied l’événement annuel « Festamania ». Orga-nisé en juin ou en juillet, celui-ci a pour objectif de faire mieux connaître la culture betsileo à travers des ventes-expositions, des démonstra-tions des métiers de l’artisanat, des concours pour les artisans, le « savika » ou le combat à la malagasy avec les taureaux, le défilé de « ran-drana » ou de tresses typiquement betsileo…

au moins un nouveau circuit par an

La région dispose des potentiels en tourisme même si elle ne peut pas devenir une desti-nation à part entière. Le président de l’office remarque qu’Ambositra et ses environs n’ont, par exemple, ni une faune exceptionnelle ni des sites balnéaires. La concurrence avec d’autres sites est donc rude, mais l’office estime qu’il y a complémentarité entre les différents sites tou-ristiques du pays. Pour son compte, il se pen-chera cette année sur la création d’un nouveau site. Il s’agit du circuit de la soie à Soatanàna et à Anjomanakona, des localités dans l’Ouest de la région. Au moins un nouveau circuit par an, c’est le défi de l’office. D’autres sites peuvent être convertis en circuits touristiques. L’on peut citer la soie et les pierres d’Ambohimanjaka, un village situé à l’entrée nord de la région, Fandriana à l’est où un parc est en train de se mettre en place. Sinon, l’office projette cette année de dresser le plan de la ville à l’entrée nord d’Ambositra et de former les guides pour améliorer leur professionnalisme. En ce qui concerne l’hébergement, la capacité d’accueil connaît un bond exceptionnel. Il y a 10 ans, Ambositra ne comptait que 4 hôtels, contre 12 à l’heure actuelle. Ces établissements offrent jusqu’à 120 chambres.

Importer du personnel d’antsirabe

Si l’office peut assurer la formation des guides, il sollicite le soutien de l’office national pour celle des métiers de l’hôtellerie et de la restau-ration. Malgré tout, aucun retour négatif de la part des touristes n’a été enregistré en ce qui concerne les prestations et services fournis par ces établissements. En fait, des hôtels et restaurants d’Ambositra préfèrent importer du personnel d’Antsirabe. La majorité doit for-mer leur personnel sur le tas. Pour l’heure, les écoles professionnelles de la ville n’offrent pas encore des modules sur le tourisme. Certaines proposent seulement des cours de pâtisserie. Sinon, le président de l’office souligne que les circuits de la région sont en sécurité.Il avance que le tourisme est un secteur à pro-mouvoir étant donné qu’il fait vivre plusieurs autres secteurs et apporte des devises au pays. De plus, Madagascar dispose de plusieurs potentiels offrant par la même occasion plu-sieurs options en matière de promotion. Dans

l’Amoron’i Mania, on mise sur une promotion focalisée sur la culture, l’agriculture, les res-sources minières. Quant à l’investissement dans le secteur, la culture du crédit fait encore défaut. La plupart des opérateurs préfèrent ainsi travailler sur fonds propres. Par conséquent, ils construisent progressivement leur hôtel et/ou restaurant. Et y mettent souvent plus d’une année. Le retour sur investissement n’est pas rapide étant donné que le tourisme fonctionne seulement pendant la haute saison, soit 7 à 8 mois sur 12.

Le circuit des orangersMarier richesses culturelles et agricoles

Ce circuit créé par l’Office régional du tourisme Amoron’i Mania (ORTAM) est un concentré de découverte à la fois agricole, culturelle et historique. Il comprend quelques étapes. La première se trouve à 1 km au sud-ouest de la ville d’Ambositra, soit le village de Maharivo. Cette petite localité compte 150 familles vivant de la sculpture sur bois. Faute de matériels per-formants, ces ménages excellent dans les tech-niques traditionnelles et utilisent, par exemple, le tour à la main pour façonner un soliflore en bois aux belles courbes… Les tâches se répar-tissent clairement entre les sexes : le travail du bois revient aux hommes, tandis que la finition et la commercialisation auprès des touristes ou des boutiques en ville sont du domaine des femmes.La 2ème étape du circuit se trouve à 9 km d’Ambositra, soit à Ivony. Ce village est réputé pour ses rizières en terrasses appelées «  l’am-phithéâtre d’Ivony ». Ces rizières sont uniques au monde avec ses 170 étages, contre 126 à Sumatra. La 3ème et dernière étape du circuit est Andina situé à 17 km d’Ambositra. La tra-duction littérale du nom de ce village est « là où l’on a fait un pacte ». Du temps de la royauté, le roi Radama 1er y a fait un pacte avec les 3 chefs de village. Considérés comme sages, ces derniers n’avaient pas fait preuve de comporte-

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ment belliqueux. Au contraire, ils étaient coo-pératifs vis-à-vis des militaires de Radama 1er venus pour la conquête de leur village. D’où le pacte entre les deux parties non assorti d’une annexion par le roi merina. Andina est connu pour son agrumiculture. Il est d’ailleurs le pionnier de cette culture dans la région d’Amoron’i Mania. Le village et ses envi-rons ont également introduit la caféiculture et une filière nouvelle qu’est la plantation et la dis-tillation de plantes aromatiques et médicinales.

Le pionnier dans ce domaine est Henri Randria-nasolonjanahary, un docteur en océanographie polyvalent, car il s’intéresse tout autant à des thérapies par les huiles aromatiques et médici-nales qu’à la lithothérapie ou les soins par les vertus des pierres. Natif d’Andina, il y cultive plusieurs plantes aromatiques et médicinales dont le romarin, le citriodora, le piperment, le ravintsara. Il a également mis en place une unité de distillation aux normes. Sinon, Andina dispose aussi d’une piscine naturelle et d’une grotte.

imadyun mode d’entreprenariat hors du commun

Les activités de cette zone située à une dizaine de kilomètres à l’est d’Ambositra ne sont pas plus intéressantes qu’ailleurs. Par contre, le mode d’entreprenariat de ses opérateurs est hors du commun et fait poser d’innombrables questions. Dans la grande majorité des cas, ces opérateurs migrent à Ambositra et un peu par-tout à Madagascar. Certains les surnomment même «  les juifs betsileo  ». Ils sont souvent

dans le secteur des services dont le commerce, le transport, les transactions en tous genres dont certaines sont carrément des activités illé-gales comme la vente de produits pharmaceu-tiques à Ankatso et Ambohipo dans la capitale. Un fait étonne à chaque fois les observateurs : nombreux sont les natifs d’Imady à devenir rapidement riches. Comment s’y prennent-ils ? Un sociologue natif de la région répond  : «  A partir des années 80, les terres d’Imady étaient trop étroites pour contenir la croissance démographique. De plus, elles sont peu pro-ductives et les parents n’avaient pas assez de ressources pour scolariser leurs enfants et les pousser jusqu’aux études supérieures. Ils ont quand même voulu se rattraper plus tard mais les postes administratifs censés caser leurs en-fants étaient remplis. Ces derniers étaient donc poussés à la migration. Il faut toutefois rappeler qu’aux époques royales, les ancêtres étaient for-més au management lors de la conquête d’An-drianampoinimerina. Ce savoir-faire s’est trans-mis de génération en génération. Et lorsque le contexte a contraint à la migration, le goût du risque et de la compétition s’y ajoutent et dé-bouche souvent sur les réussites qui suscitent curiosité et méfiance chez les observateurs ».

Le rôle crucial de la femme

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Qu’ils soient instruits ou non, l’opérateur d’Ima-dy «  incorpore » sa femme dans ses activités. Cette approche améliore la gestion des affaires et amène l’homme à faire preuve d’austérité budgétaire. Le sens du sacrifice aussi est très fort chez ces gens-là. Il est forgé par le contexte difficile de la terre natale et l’envie de se sortir de la pauvreté. Quant au risque, les opérateurs de cette zone en sont des consommateurs im-modérés. Un exploitant de saphirs dans le Sud du pays affirme que même au dépend de sa vie il va aller chercher les saphirs enfouis dans des galeries de fortune situées à 30 m sous terre. Il prendra les saphirs et advienne que pourra ! A part le commerce et le transport, les gens d’Imady n’hésitent pas non plus à s’inves-tir dans des activités où l’aventure et les gros risques sont étroitement mêlés. Les dures conditions de leur enfance et de leur jeu-nesse les aident d’ailleurs à être persévérants au travail. Mais dans la plupart des cas, ils investissent une partie de leurs gains dans des grandes maisons à plusieurs étages érigées sur leur terre natale. Des constructions qui sus-citent des interrogations car elles sont implan-tées en pleine brousse et ne servent à rien, sauf à se faire voir des autres natifs. Et comme l’esprit de compétition fait rage parmi ceux-ci, les grandes maisons poussent un peu partout dans les campagnes isolées d’Imady.

Vers la création de filières nouvelles D’après notre interlocuteur, le goût de la com-pétition vient du « savika », la tauromachie à la betsileo. Tout ceci signifie que le mode d’entre-prenariat d’Imady est le résultat d’un mélange d’ingrédients culturels, historiques et socioéco-nomiques. Si l’un de ces ingrédients fait défaut, les autres sont là pour le compenser. C’est la raison pour laquelle la majorité des opérateurs d’Imady rencontrent la réussite dans les affaires. Leur mode d’entreprenariat est d’ailleurs un mé-canisme dynamique grâce à l’instruction. Celle-ci opère une ouverture sur d’autres filières. C’est ainsi que des riches opérateurs de la zone commencent à investir dans des nouvelles fi-lières comme la culture de ravintsara. Certains construisent aussi des maisons dans la capitale pour en percevoir des loyers. Il s’agit ici d’un investissement rentable, contrairement aux grandes maisons implantées en pleine brousse.

afomaLes activités reprennent après Le chômage technique

AFOMA, l’unique industrie d’Ambositra re-prend ses activités depuis le 17 janvier dernier après 6 mois de chômage technique. Cette uni-té de production d’allumettes compte fabriquer

55 à 60 millions de boîtes cette année, contre 72 millions de boîtes, il y a 5 ans. Le directeur technique par intérim, Sylvain Andriambelo explique que malgré l’arrêt de 6 mois, le savoir-faire et la productivité des employés sont restés intacts. Notons que 60% des employés sont là depuis le démarrage de l’industrie, soit il y a deux décennies. L’unité importe ses matières premières dont la paraffine et les produits chimiques. L’impor-tation directe revient moins chère que l’achat local. 13 à 15 matières premières entrent dans la fabrication des allumettes. Notre interlocuteur rappelle que le chômage technique était décidé à la suite de problèmes d’énergie et d’approvi-sionnement en matières premières. AFOMA dé-plore la cherté du coût de l’énergie fournie par la Jirama. Celui-ci représente au moins 40% de son coût de production. Ce problème d’éner-gie risque aussi de faire reculer un investisseur chinois qui veut implanter une unité textile à Ambositra. Cet investisseur y était en prospec-tion en décembre dernier et il souhaite installer une usine de tricotage et de crochet.

Moins dépendre de la Jirama

Mais il n’y a pas que l’électricité. L’eau fournie par la Jirama est aussi onéreuse. Voilà pourquoi l’AFOMA cherche tous les voies et moyens pour réduire sa consommation d’eau et d’électricité. Elle exploite un puits pour une partie de ses besoins en eau. Elle utilise aussi une chaudière fonctionnant à l’huile de vidange. L’objectif est d’engranger suffisamment de profits à partager avec les employés. Ceux-ci sont actuellement au nombre de 200, contre 250 il y a 2 ans. Pour

l’heure en effet, les machines installées ne fonc-tionnent pas encore en pleine capacité. Malgré tout, l’industrie ne néglige pas le côté emploi  : elle préfère engager le maximum d’employés pour contribuer à la résorption du chômage et au sous-emploi. Pour se convaincre de l’ampleur du sous-emploi, il suffit de voir la laideur de quelques rues de la ville entièrement bloquées par le petit commerce. De son côté, l’unique industrie de la ville combat pour se faire de nouveau une place sur le marché. Elle mise notamment sur la qualité de ses produits et le savoir-faire de ses employés.

halte aux importations sauvages !

Seulement, les importations sauvages nuisent à l’industrie locale. Le directeur technique par in-térim estime que l’Etat devrait voir ce problème de près car il tue l’industrie malagasy. Celle-ci fait pourtant des efforts pour améliorer la qua-lité de leurs produits et elle crée des emplois, génère de la valeur ajoutée. Contrairement aux importations. Et quand elles sont frauduleuses, elles pénalisent fortement l’industrie locale en affichant des prix nettement inférieurs à ceux des industriels. Pour le cas des allumettes, une boîte importée est proposée entre 50 et 60 Ar, alors que le pro-duit local est de 100 Ar. Afficher un prix à 50 à 60 Ar est impensable quand on fait le calcul de tous les coûts. Sans fraude donc, il n’est pas possible de proposer des prix dans cette four-chette. Dans la capitale, la recherche effectuée par AFOMA montre que le marché propose une dizaine de marques d’allumettes en majorité importées.

Sylvain Andriambelo, le directeur technique p.i, retrace l’histoire d’AFOMA

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Renforcer la position sur le marché local

En 2005 et 2006, l’unité a exporté vers Maurice des allumettes ayant servi d’objets publicitaires à des entreprises mauriciennes. Elle préfère actuellement renforcer sa position sur le mar-ché local. Cette option est dictée par l’arrêt de 6 mois qui requiert un repositionnement sur le marché. L’AFOMA estime qu’outre le marché grand public, il est aussi possible de développer la vente d’allumettes sous forme d’objets publi-citaires. Dans ce cas, la boîte d’allumettes est estampillée du logo du client. C’est ainsi que cette industrie a déjà fabriqué des boîtes pour des sociétés telles Telma, Siped, Socolait, Carl-ton. Elle a également travaillé pour des ONG internationales.En fait, la demande devrait permettre à cette unité locale de se développer si les impor-tations sauvages ne viennent bouleverser le marché. De plus, Ambositra a suffisamment de main d’œuvre pour une telle unité industrielle.

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HuiLES ESSEntiELLESLa région s’engouffre dans cette fiLière innovante

L’Amoron’i Mania a été depuis longtemps une région vouée à la production vivrière. Les filières huiles essentielles et agrumes viennent rompre favorablement cette tradition agricole, sans pour autant nuire à la production vivrière. Pionniers de la plantation de plantes aroma-tiques à Madagascar, les fondateurs de l’entre-prise Arôme de la Mania ou Aromania située à Ambositra, investissent et s’investissent beau-coup dans la filière huiles essentielles. Celle-ci

est une affaire de savoir-faire, de recherches et d’expériences. Dès l’aménagement d’une plantation, l’improvi-sation n’est pas de mise. Les fondateurs de l’en-treprise, un ingénieur pétrolier et une sortante de l’INSCAE ont déjà travaillé sur une grande plantation de 200 ha sur la côte est. Ils ont éga-lement acquis d’importantes expériences dans l’agribusiness auprès de différents organismes internationaux et de projets de développement. Riches de ces expériences, ils ont mis en place des plantations dont les objectifs sont la qualité et le rendement. Beaucoup de facteurs entrent en ligne de compte et il faut y ajouter les re-cherches permanentes. Dans la région, la filière est, innovante et ses différentes chaînes ne comptent pas encore des professionnels. Il faut ainsi acquérir les compétences et les connais-sances au fil du temps et à coup d’expériences et de recherches.

Prévoir une extension en 2012

La filière huiles essentielles attire de nombreux investisseurs. Mais il n’est pas donné à tout le monde de la maîtriser. Pour Aromania, elle tra-vaille sur le ravintsara et le géranium. L’offre et la demande à l’international pour l’huile essen-tielle de ravintsara est actuellement équilibrée. En revanche, la demande en huile essentielle de géranium est en hausse. Notons que la quasi-totalité de la production d’Aromania est exportée. Dans cette filière, la solidarité entre exportateurs existe pour mieux répondre aux demandes du marché orientées vers les parfu-meries, l’aromathérapie, l’agroalimentaire. C’est ainsi que cette entreprise prévoit une extension de ses plantations. Elle prévoit de planter des poivriers sur des zones adaptées, car la demande en huile essentielle de poivre

noir monte en flèche. Les plantations de poi-vriers est pourtant en déclin à Madagascar. Il faut 7 tonnes de poivre noir pour obtenir 53 kg d’huile essentielle. Un partenaire convaincu de la qualité des plantations et de la technicité de cette entreprise l’a approchée pour ses projets d’extension. Les responsables de l’entreprise affirment qu’il n’est pas possible de dévelop-per une filière innovante sans des partenaires commerciaux et financiers. Ils expliquent : « La commercialisation de l’huile essentielle diffère de celle d’un produit comme le maïs ou le riz. Chaque produit livré a son histoire. A part la traçabilité, le client exige aussi des dimensions autres que commerciales ».

ankazomivady, une zone rouge, devenue bleue

Ces dimensions recouvrent plusieurs domaines dont le côté humain. A Ankazomivady, un vil-lage sur la RN7 situé à quelques dizaines de km au sud d’Ambositra, des clients d’Aromania sont ravis de savoir que la zone qui était rouge en matière de sécurité, devient une zone bleue depuis plus de 7 mois. Même les chauffeurs de taxi-brousse en sont surpris et ravis car aupara-vant, « le couloir de la mort » situé dans cette zone était redouté à cause des actes de ban-ditisme qui y régnaient. Ce changement vient de l’installation d’une plantation de géranium d’Aromania. Cet investissement a créé des emplois pour le village et des revenus pour les familles des concernés. L’entreprise emploi 20 personnes par jour. Le chef d’équipe de la plantation, un garçon qui a causé beaucoup de soucis à ses parents, est devenu un modèle sur la planta-tion, grâce à la discipline et à la rigueur impo-sées par celle-ci. Les clients sont à l’affût de telles petites histoires, lesquelles donnent une autre valeur au produit.

Une qualité irréprochable

L’huile essentielle de ravintsara d’Amoron’i Mania est de très bonne qualité. Elle ne pré-sente aucune trace de camphre et de safrole. La présence de ces éléments dans l’huile essen-tielle entraîne le rejet du produit. Des huiles essentielles provenant de certaines régions du pays rencontrent ce problème. Ce n’est pas le cas pour celles d’Ambositra et de ses environs. Aromania adopte d’ailleurs une démarche qua-lité. Pour cette entreprise, le rendement est de 1,4% pour le ravintsara. Cela veut dire que 140 kg de feuilles donnent 1,4 kg d’huile essentielle, contre 1,1 kg chez la plupart des producteurs.Pour le géranium, le rendement est de 1,4 à 1,8 pour 1 000. Comme quoi, 1 tonne de feuilles ou un camion rempli de feuilles donne 1,3 kg d’huile essentielle. La filière géranium est très

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caPitaL ecO régiON | aMoroN’i MaNia

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délicate. La plante réagit beaucoup par rapport au climat, aux doses de fertilisation, aux mala-dies… Le coût de plantation est très élevé par rapport à celui du ravintsara. Un ménage ne peut donc pas investir sur 1 ha de géranium. Tout au plus, il peut s’occuper de 20 ares. La plantation exige beaucoup de main d’œuvre et il n’est pas facile non plus de trouver des bou-tures.

Le bourbon de Madagascar est très recherché

Sur le marché international, l’huile essentielle de bourbon de Madagascar (une variété de gé-ranium) est très recherchée. La demande y est élevée alors que l’offre abonde pour l’huile de géranium de Chine et d’Egypte. Le caractère na-turel des produits de Madagascar intéresse les clients. Le pays compte quelques grands plan-teurs-distillateurs dont la production se chiffre à plusieurs tonnes par an. Un grand planteur peut avoir jusqu’à 3 000 pieds. Quant aux petits planteurs, ils proposent entre 4 à 150 kg de feuilles provenant de 100 pieds au maximum. Les fondateurs d’Aromania ont choisi d’implanter leur projet dans l’Amoron’i Mania car en tant que natifs de la région, ils veulent y apporter leur contribution au déve-loppement de leur « tanindrazana malala » ou à la chère terre de leurs ancêtres. Toujours dans cet esprit, ils s’engagent à acheter les feuilles de ravintsara des petits planteurs même s’ils cessent officiellement d’en prendre sur une cer-taine période de l’année. Le prix des feuilles est de 1 200 Ar/kg en début d’année, contre 2 000 Ar de septembre à octobre. A partir de la 5ème année, une plante donne 2 kg de feuilles par ré-

colte et en une année, on peut faire 3 récoltes. Pour Aromania, chaque récolte sur ses 10 ha de plantation de ravintsara crée 50 emplois sur 1 mois et demi ou 2 mois.

agRumicuLtuREamv vuLgarise à fond pour L’essor de cette fiLière

Industrialisation et exportation ne sont pas un rêve inaccessible pour la filière agrumiculture. D’ici 5 ans, le gérant de la société Amoron’i Mania voasary (AMV), Richard Ravonindrato estime que le pays pourra exporter des oranges et autres agrumes. Son estimation est basée sur le nombre des jeunes plants vendus par cette société à travers le pays. Depuis 5 ans déjà, la société vend 20 000 pieds par an, soit 100 000 pieds aptes à donner dans les 200 tonnes par an. Ces plants d’agrumes se trouvent évi-demment dans l’Amoron’i Mania mais aussi à Morombe, Ambovombe androy, Fénérive-est, dans l’Alaotra… Les marchés à l’export sont très ouverts. Plu-sieurs secteurs utilisent actuellement l’agrume. On peut citer la parfumerie, la filière des huiles essentielles, l’alimentation. Dans les pays de l’Union européenne et aux Etats-Unis, les gens prennent leur petit-déjeuner avec un jus d’orange. Les Etats-Unis sont un marché de 280 millions de consommateurs. Certes, ils plantent des agrumes mais la récolte américaine ne coïn-cide pas avec celle de Madagascar. De plus, la production africaine représente seulement 1% du marché mondial. Les conditions climatiques devraient pourtant aider le continent à enre-

gistrer une bonne production apte à lui don-ner une bonne place sur ce marché. En effet, le plant d’agrume se développe bien du moment que la température se situe entre 12 et 35°C et que la plantation se situe entre 4 et 2 000 m d’altitude. De plus, l’agrume est tout terrain mais elle n’aime pas l’immersion dans l’eau.

agrumicultureS’occuper des plants comme d’un homme

Le gérant d’AMV affirme que le plant d’agrume respire comme l’homme, qu’il a besoin d’eau, de chaleur… Si le planteur s’en occupe comme s’il doit veiller sur un homme, sa plantation n’en sera que plus productive. Ainsi, il ne doit pas oublier que 60% des racines de l’agrume vivent dans les premiers 40 cm de profondeur, les 30% dans les 40 cm suivants et les 10% restants vivent un peu plus profondément dans le sol. C’est ainsi que le trou pour le jeune plant mesure 50 cm3. Sur le sol en pente, il faut aménager des courbes de niveau parce que les racines de l’agrume ne vont pas en profondeur et ne retiennent pas le sol. Quant à l’engrais, plusieurs matières peuvent être utilisées. Il y a le déchet de café filtré, les matières organiques, la dolomie, le sang de bœuf coagulé… L’objectif est de bien doser les apports en potassium, en phosphore et en azote. Pour améliorer le sol, il faut aussi des cultures intercalaires dont notamment les légu-mineuses (haricot, arachide, etc.). Celles-ci ne concurrencent pas l’agrume. Au contraire, elles dégagent de l’azote dans le sol. Ce n’est pas le cas pour le manioc ou le maïs. Actuellement, AMV mène des recherches sur d’autres cultures susceptibles de servir d’intercalaires. Sinon, elle préconise que le planteur doit veiller à ce que les porte-greffes qu’il utilise résistent aux mala-dies. De l’avis d’AMV, il faut que les pépinié-ristes soient des professionnels. Elle demande au ministère de l’Agriculture d’agréer les pépi-niéristes professionnels car la rentabilité et la qualité de la production dépendent beaucoup d’eux.

Une variété pour l’industrie agroalimentaire

Pour l’industrie agroalimentaire, AMV vulgarise aussi la variété appelée Valencia. Celle-ci est très juteuse et s’apprête bien à la production de jus d’orange. Une Valencia pèse jusqu’à 170 g. Le gérant de l’entreprise remarque d’ailleurs que la production est bonne parce que les planteurs maîtrisent bien les techniques. Ceci grâce aux échanges dans les foires régionales et nationales et au manuel technique et de ges-tion publié par ce jeune opérateur. La maîtrise de l’agrumiculture n’est pas difficile du moment que les conditions en matière de température et d’irrigation sont réunies. Elle consiste à apporter l’engrais nécessaire

Richard Ravonindrato, le gérant de la société Amoron’i Mania voasary (AMV),

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en, temps voulu, à tailler, à traiter les plants. Le planteur peut trouver tous les intrants sur place. Pour l’engrais par exemple, il peut faire du compost et récupérer les déchets de café je-tés par les gargotiers et restaurateurs. Sinon, le contrôle très serré de la plantation est aussi une condition sine qua non pour avoir une bonne production, détecter précocement les éven-tuelles maladies dont le tristeza (ou l’assèche-ment du plant par le sommet) et la gommose, une maladie provoquée par une forte humidité. A Madagascar, ces maladies peuvent être en-core soignées avec « l’ady gasy » ou le système D à la malagasy qui utilise, par exemple, l’eau pimenté ou les feuilles de « voandelaka ».

Un investissement plus juteux que la riziculture

Le jeune plant d’oranger coûte 2 000 Ar et selon les calculs d’AMV, les dépenses totales sont de 20 000 Ar par pied sur 3 ans. L’oranger donne à

partir de sa 3ème année avec un rendement mi-nimum de 10 à 15 kg par pied. A la 4ème année, la production augmente à au moins 20 kg par pied. A la 10ème année, elle peut aller jusqu’à 200 kg par pied. Si on se base sur un prix mini-mum de 1 000 Ar/kg, les dépenses sont amor-ties dès la 5ème année. Dans l’Amoron’i Mania, le prix au producteur est à 2 000 Ar/kg.Comparée à la riziculture, l’agrumiculture rap-porte nettement plus. Le coût de 1 ha de plants de riz est de 1,2 million Ar, contre 2,750 millions Ar pour une plantation d’orangers. Seulement, celle-ci rapporte plus d’autant que la produc-tion d’un oranger est très performante jusqu’à l’âge de 35 ans. Le plant se meurt seulement au bout de 60 ans. Sans vouloir concurrencer la riziculture, le gérant d’AMV estime qu’il faut sensibiliser les gens à planter des orangers, des citronniers et autres mandariniers quand il s’agit de faire du reboisement. Ces plants contribuent à l’amélioration de l’environnement et pro-curent des revenus non négligeables.

La maîtrise des prix est une réalité

Contrairement aux autres fruits, l’orange peut ne pas être récoltée à sa maturité. Même mûr, il ne se décroche pas de l’arbre pendant 3 à 4 mois. Il faut seulement veiller à irriguer correc-tement le plant pour que les fruits ne se rata-tinent. Cette caractéristique de l’orange permet au planteur de maîtriser les prix : il a, en effet, la possibilité d’échelonner la récolte sur une longue période et de garder le prix à un niveau stable mais élevé. C’est ainsi qu’à Ambondro-misotra (à l’ouest de la région), l’unité vaut 400 Ar sur le marché. Sinon, les planteurs d’Amo-ron’i Mania écoulent leurs produits jusqu’à Ila-kaka, Toliara, Antsirabe, Antananarivo.Les variétés vendues et vulgarisées par AMV sur le marché sont des sans pépin très appré-ciés sur le marché international, que ce soit pour l’orange, le citron ou la mandarine. Elles se récoltent sur une période différente. AMV si-gnale que quelques grands planteurs s’entêtent à utiliser des porte-greffes qui ne résistent pas aux maladies et qui mettent du temps pour pro-duire. Or, le gérant de cette entreprise a fait des recherches sur 30 variétés et sur une décennie pour améliorer l’agrumiculture. Ses recherches incluent l’identification de porte-greffes résis-tants aux 3 maladies qui affectent habituelle-ment les plants d’agrumes à Madagascar. Aupa-ravant, il a observé la plantation de ses parents dans les années 80-90 et constaté le déclin de l’agrumiculture à la fin des années 90. C’est à partir de là qu’est née AMV.

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Vie du SiM

LOBBYING

•DialogueJIRAMA-secteurprivéSoulevé lors de la rencontre avec le Premier Mi-nistre en décembre 2011, plusieurs rencontres se sont tenues entre le secteur privé, la JIRAMA et l’ORE en vue de discuter du taux d’augmentation à appliquer. Si tous reconnaissent la logique du réajustement du tarif de l’électricité compte tenu du coût du baril de pétrole et de l’évolution du taux de change, il est toutefois indéniable que cette augmentation aura une répercussion sur le pouvoir d’achat des ménages.

Différentes propositions ont été avancées par les différentes parties, mais la décision finale reviendrait à l’Etat.

La position du SIM est toujours restée la même : toute augmentation entrainera une baisse de la compétitivité de la production nationale,

•MICTSLSuite à l’augmentation du tarif et à la réduction du délai de franchisage de 7 à 5 jours, les Grou-pements (GEM, SIM, GPCAD) ont envoyé une lettre le 10 janvier 2012 au Directeur Général du MICTSL lui demandant de maintenir le délai de 7 jours pour l’enlèvement des marchandises.

Lors de la réunion qui s’est tenue au GEM le 03/02/2012 et à laquelle le SIM a participé, MICTSL a expliqué qu’une augmentation a du être effectué depuis trois ans selon la convention qu’il a signé avec l’Etat.

Concernant le raccourcissement du délai, cette décision a été prise afin d’éviter le risque de congestion.

•RencontreavecleVicePremierMinistreChargédel’Economieetdel’IndustrieLors d’un dîner de contact organisé par M. le Vice Premier Ministre de l’Economie et de l’Industrie, au cours duquel ont été évoqués les attributions et le programme d’activités de la vice primature, les problèmes rencontrés par le secteur privé dans la situation de crise et les propositions de relance de l’économie, il a été décidé de mettre en place une commission de suivi sur les propositions émises.

Une première réunion s’est tenue le 14 février 2012.

La mise en place d’une plateforme au niveau de la CCIA a été proposé. Concernant les mesures immédiates demandées par le SIM, le Vice Premier Ministre a demandé de lui faire parvenir un argu-mentaire pour pouvoir présenter une communica-tion en conseil de gouvernement.

Ces demandes urgentes concernent :- La lutte sans merci contre la concurrence dé-

loyale (produits importés hors normes, sous facturation et fausse déclaration à la douane,

informel). - La mise en place d’un système financier d’aide à

la trésorerie des entreprises- La réduction d’impôts sur les investissements

en attendant la sortie du code des investisse-ments

•Redevancesurprélèvementetdéversementd’eauDepuis 2011, lorsque l’ANDEA a envoyé des ordres de recettes à toutes les entreprises pour réclamer les redevances en eau depuis 2008, tous les groupements membres du GEM a confié au SIM le leadership pour défendre les intérêts de leurs membres. Des négociations et des échanges de correspondances ont eu lieu jusqu’à la plus haute hiérarchie de l’Etat pour demander la sus-pension de l’application de l’arrêté en question. L’absence de réponse de leur part a amené le SIM à saisir le conseil d’Etat pour demander la suspen-sion à exécution de la lettre du Ministère de l’eau obligeant les entreprises à payer la redevance. Le SIM a eu gain de cause suivant arrêt n° 439 du 17/08/2011 de la Cour Suprême.

LLe 10/02/2012, le Ministère de l’Eau a deman-dé une réunion de travail avec le SIM pour lever les différents contentieux relatifs à l’application de l’arrêté. Lors de la rencontre du 21/02/2012, il a été convenu qu’un atelier sera organisé et tous les secteurs d’activités concernés par l’application de ce texte réglementaire seront conviés.

DEVELOPPEMENTDELACOMMUNICATION

•NouveausitewebduSIMUne présentation du site internet reconfiguré a été effectuée par l’infographiste du SIM lors de la réunion du Comité Directeur du 07 février 2012. A part les améliorations apportées sur la forme, les rubriques suivantes ont été insérées dans le nouveau site :- Rubriques principales  : accueil, à propos du

SIM, nous contacter- Rubrique membre : coordonnées des membres- Rubrique magazine : contenant la version com-

plète des magazinesCe nouveau site présente des avantages par-

ticuliers tels que  : la possibilité de modification, l’accessibilité aux versions complètes des maga-zines, la présence d’espaces publicitaires.

Ce site sera opérationnel dans le courant du mois de mars.

•RéuniondeconvivialitéDans le cadre de la nouvelle année, une rencontre conviviale entre les membres du SIM a eu lieu le 20 janvier 2012 au Motel Anosy. Cette réunion vise à renforcer la communication entre les membres et à tisser un lien d’affaire entre eux. Au cours de

cet évènement, certains membres ont procédé à la signature de leur engagement d’intégrité.

Nous remercions la Compagnie VIDZAR pour les bouteilles de punch qu’elle a offert aux membres du SIM à l’occasion de cette rencontre.

RECHERCHEDEPARTENARIAT

•RencontreaveclePNUDDans le cadre du programme de lutte contre la pauvreté, les représentants du PNUD accompa-gnés du Ministère de l’Industrie, sont venus au siège du SIM le 17 janvier 2012 pour discuter de l’appui que le PNUD pourra apporter en vue de promouvoir les industries.

A l’issu de cette réunion, il a été décidé que le PNUD va soutenir le SIM dans la réalisation des activités suivantes : salon de l’industrie, et la pro-motion du slogan « MANJIFA NY VITA GASY ».

PERSPECTIVESDUSIMPOUR2012

Lors de la réunion du Conseil d’Administration qui s’est tenue le 20 janvier 2012 au Motel Anosy, le Président a effectué une présentation du pro-gramme d’activités du SIM pour cette année 2012. Ce programme se subdivise en 7 axes de dévelop-pement dont : le développement du membership, la recherche et documentation, la communication, les services directs aux membres, le lobbying, la mobilisation des ressources et l’administration et reporting. Après les remarques et suggestions des Administrateurs, le programme a été adopté et pour sa mise en œuvre, il a été décidé que des comités de travail vont être crées. Ces activités seront présentées aux membres à la prochaine Assemblée Générale.

EVENEMENTSDUBIMESTRE

• JournéeinternationaledelaDouane2011Le SIM a été représenté par son Président et son Directeur Exécutif lors de l’inauguration du scan-ner fixe au port de Tamatave durant la célébration de la Journée Internationale de la Douane 2011.

Après cet évènement, la délégation et les membres du SIM à Toamasina se sont réunis à la Chambre de Commerce et d’Industrie. Le Pré-sident a évoqué qu’il devrait y avoir une synergie entre le SIM et ses membres, et faire en sorte que d’autres industries adhèrent au SIM. La mise en place d’une antenne du SIM a été proposée mais aucun membre ne s’est manifesté pour jouer le rôle. D’autre part, les membres ont été sollicités à participer à la redynamisation de la Chambre de Commerce et de l’Industrie, qui actuellement, se trouve dans un état très critique.

A la fin de cette rencontre, les membres du SIM à Toamasina ont signé leur engagement d’in-tégrité.

La vie du Sim

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