L'année 1997 marquait le 150e anniversaire de la parution du poème Evangeline, A Tale of Acadie. Afin de souligner cet
anniversaire, le Musée acadien présentait du 6 juillet au 21 décembre 1997 une exposition itinérante sur le thème de notre
héroïne intitulée L'Odyssée d'Évangéline / Evangeline's Odyssey.
Le poème, qui est l'oeuvre du célèbre auteur américain Henry Wadsworth Longfellow, a été publié en 1847 et a fait connaître
au monde entier la tragique histoire de la Déportation des Acadiens. L'exposition illustrera l'impact du poème sur la société
acadienne ainsi que sur le monde des arts et du commerce.
Les objets d'art, les arts populaires, la musique, le cinéma, le théâtre, le tourisme, les produits commerciaux ont tous eu un
rôle à jouer dans la diffusion de ce poème épique. Le poème a eu des effets retentissants non seulement en Acadie et en
Louisiane, mais également à travers l'Amérique du Nord et l'Europe.
Visite guidée de L'Odyssée d'Évangéline >
Version française de Evangeline, A Tale of Acadie [pdf] >
Evangeline, A Tale of Acadie, de l'Américain Henry Wadsworth Longfellow fut publié en 1847. Cette
exposition commémore le 150e anniversaire de ce poème qui a profondément touché la vie des Acadiens
du Nord et du Sud. Depuis sa création, ce personnage littéraire jouit d'une influence énorme. Évangéline
a inspiré d'innombrables artistes. Elle est devenue vedette du grand écran. Elle a prêté son nom à une
quantité infinie de produits commerciaux. Elle attire encore les touristes en Acadie et en Louisiane.
Longfellow, l'œuvre et l'héroine
Henry Wadsworth Longfellow est né le 27 février 1807 à Portland (Maine) et il est mort le 24 mars 1882 à Cambridge
(Massachusetts). L'idylle Evangeline, A Tale of Acadie a assuré son succès à la fois littéraire et financier. C'est une histoire de
la Déportation des Acadiens qui capte l'imagination du poète.
Un soir, Longfellow se retrouve avec des amis, dont l'écrivain Nathaniel Hawthorne et le révérend H.L.
Conolly. Celui-ci raconte, pendant plus d'une heure, une histoire touchante qu'il a entendue d'une
paroissienne canadienne-française. L'histoire se résume ainsi : une Acadienne fut séparée de son jeune
mari au moment de la Déportation. Elle le chercha en Nouvelle-Angleterre pendant toute sa vie. Elle le
retrouva sur son lit de mort. Le choc fut si vif qu'elle en mourut aussi.
retrouva sur son lit de mort. Le choc fut si vif qu'elle en mourut aussi.
Longfellow déclare que c'était « la plus belle histoire de la fidélité et de la persévérance de la part d'une
femme qu'il m'ait été donné l'occasion d'entendre ou de lire ». Il travaille sur le poème entre 1845 et 1847. Il dira par la suite
que si le poème est si facile à lire, c'est parce qu'il était si difficile à écrire. Hésitant entre Gabrielle, Celestine et Evangeline,
Longfellow finit par choisir le nom Evangeline. Il crée ainsi un nom qui est connu maintenant à travers le monde. Il décide de
ne pas rester tout à fait fidèle à l'histoire qui lui avait été racontée. Par exemple, il préfère qu'Évangéline soit fiancée et non
mariée et qu'elle ne meure pas à la fin.
Évangéline illustrée
Il y a plus de 300 éditions du poème et il a été traduit dans la plupart des principales langues écrites. Les
éditions illustrées ont beaucoup contribué à la popularité du poème. Plus de 160 artistes ont illustré
l'oeuvre. N'ayant jamais visité l'Acadie, la plupart de ces artistes ont dû se fier aux descriptions évocatrices
de Longfellow.
Évangéline occupe souvent une place centrale dans les illustrations de la Déportation. De cette façon,
fiction et réalité s'entremêlent. À la fin du poème, la plupart des illustrations montrent Gabriel vieux et
malade. Évangéline, en revanche, conserve toute la beauté de sa jeunesse.
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La vie à Grand-Pré
Évangéline, fille de Bénédicte Bellefontaine, et Gabriel, fils du forgeron Basile Lajeunesse, habitent à Grand-
Pré. En âge de se marier, ils se promettent l'un à l'autre, en présence de leurs pères et du notaire René
Leblanc. Le bonheur de la fête des fiançailles est interrompu par le son des cloches de l'église qui
convoquent les hommes du village. Le colonel John Winslow lit l'ordre de la déportation. Le père Félicien
tente de calmer les esprits, tout en demandant à Dieu de pardonner aux malfaiteurs.
La Déportation et l'exil
Cinq jours plus tard, les hommes sortent de l'église. Hommes, femmes et enfants sont embarqués sur des bateaux séparés.
Les familles sont déchirées. Le père d'Évangéline, affligé de chagrin, meurt sur la grève. Grand-Pré est incendié.
Accompagnée du père Félicien et d'un groupe d'exilés, Évangéline part à la recherche des parents et
des amis. Certains lui disent d'oublier Gabriel, mais elle ne peut pas. Les pérégrinations mènent les
exilés de la rivière de l'Ohio jusqu'au Mississippi, d'où ils se rendent au bayou de Plaquemine et aux
lacs de l'Atachafalaya. Un soir, les exilés amarrent leur bateau en sécurité sur une île. À leur insu,
lacs de l'Atachafalaya. Un soir, les exilés amarrent leur bateau en sécurité sur une île. À leur insu,
Gabriel passe de l'autre côté de l'île, sans les apercevoir. Évangéline se réveille, convaincue que
Gabriel est tout près. Les exilés poursuivent leur périple jusqu'au bayou Teche. Ils traversent la
prairie de l'Opelousas pour se rendre aux villages de Saint-Maur et de Saint-Martin.
En compagnie des compatriotes
Basile le forgeron, maintenant propriétaire de ranch, s'étonne qu'ils n'aient pas retrouvé son fils qui vient tout juste de quitter
le village. Le groupe remet son départ au lendemain. L'hospitalité règne chez les anciens amis. Évangéline sent que Gabriel
n'est pas loin.
La poursuite
Évangéline et ses compatriotes cherchent Gabriel à travers le centre et l'ouest du pays.
Des rumeurs qu'il vient de quitter tel ou tel endroit raniment sans cesse l'espoir de le
retrouver. Ils se rendent jusqu'au pied des monts Ozarks. Évangéline rencontre une
Shawni qui lui parle de sa propre souffrance depuis la mort de son mari, coureur de bois.
Chez un missionnaire jésuite, Évangéline apprend que Gabriel est parti vers le nord, mais
qu'il reviendra après la chasse. Le printemps amène la rumeur qu'il est au Michigan.
Arrivée là-bas, elle découvre la cabane de Gabriel en ruines.
Les retrouvailles
Pendant des années, Évangéline cherche Gabriel sans succès. À Philadelphie, elle devient soeur de la Miséricorde pour
travailler auprès des pauvres. La peste s'abat sur la ville. Parmi les mourants à l'hospice, Évangéline trouve enfin Gabriel! Elle
lui baise les lèvres, mais il meurt dans ses bras.
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Le souffle mystique
L'auteur français, Ernest Martin, croit que le poème de Longfellow a contribué à un « souffle
mystique » qui a redonné à une Acadie mourante la volonté de vivre, en ranimant la flamme de
l'ancienne fierté française. Sortant d'un siècle d'isolement après la Déportation, les Acadiens
rebâtissaient petit à petit leurs assises. Évangéline devint alors un symbole d'espoir et un point de
ralliement au coeur de cette renaissance.
Grand-Pré : La Mecque de l'Acadie
En 1907, John Frederic Herbin, descendant acadien du côté maternel, achète un terrain de grande valeur
historique. Aujourd'hui, le lieu historique national de Grand-Pré couvre une partie de ce terrain. En 1916,
Herbin vend le terrain au Dominion Atlantic Railway qui, à son tour, l'offre aux Acadiens, moyennant
certaines conditions. Les Acadiens se cotisent pour construire un monument commémoratif. Mgr Édouard
LeBlanc, premier évêque acadien, bénit la pierre angulaire de l'église souvenir le 16 août 1922. Bien que les
Acadiens aient été déportés de divers villages de l'Acadie, c'est grâce au poème que Grand-Pré devient le
lieu symbolique de la Déportation et un site de pèlerinage pour les Acadiens, surtout lors de leur fête
lieu symbolique de la Déportation et un site de pèlerinage pour les Acadiens, surtout lors de leur fête
nationale, le 15 août. Sur le site se trouve une statue d'Évangéline conçue par Louis-Philippe Hébert et réalisée par son fils,
Henri Hébert. La statue fut dévoilée en 1920.
St. Martinville, Louisiane
En 1895, Felix Voorhies publie une nouvelle consacrée à Évangéline dans le journal Weekly Iberian et, en
1907, un livre intitulé Acadian Reminiscences: The True Story of Evangeline. Voorhies voulait mousser la
fierté acadienne, tout en rétablissant l'honneur des Acadiens, qui avaient été malmenés dans la presse et
dans la société. Il raconte une histoire apprise, dit-il, de sa grand-mère. En fait, c'est lui-même qui a
inventé cette histoire de toutes pièces. L'histoire se résume ainsi :
Une orpheline, Emmeline Labiche, séparée de son fiancé Louis Arceneaux pendant la Déportation,
s'est rendue au Poste des Attakapas (aujourd'hui St. Martinville) où elle a retrouvé son être cher,
sous un grand chêne. Malheureusement, Louis en avait épousé une autre. Affligée de peine, Emmeline a perdu la
raison et elle est morte peu après.
Les touristes accourent à St. Martinville pour admirer le chêne Évangéline et le bayou Teche, site de l'une des scènes du
poème. En 1931, une statue d'Évangéline, financée par l'actrice Dolores Del Rio après le tournage du film Evangeline, stimule
l'intérêt des touristes.
Le bicentenaire de la Déportation des Acadiens, 1955
Il y a eu de nombreuses festivités pendant le bicentenaire de la Déportation des Acadiens. Les rassemblements et les défilés
plaçaient Évangéline et Gabriel au premier plan. Les gens portaient des costumes représentant ces deux personnages,
affichant ainsi leur identité acadienne. En Acadie, on commémore le bicentenaire avec des manifestations telles que des
messes solennelles, des défilés, des levées de drapeaux, des banquets, des spectacles historiques, des pièces de théâtre et
des concerts folkloriques. En Louisiane, on marque l'événement avec une reconstitution de l'arrivée d'Évangéline à St.
Martinville, un grand festival folklorique, des spectacles historiques et des concerts. C'est le comité ABC (Acadian Bicentennial
Celebration), sous la présidence de Thomas J. Arceneaux, qui organise les fêtes. En tant que représentante officielle, Emelie
Breaux incarne Évangéline et assiste à de nombreuses cérémonies en Louisiane et en Nouvelle-écosse.
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La dispersion des Acadiens, 1939
Ce film a été tourné sur les rives de la rivière Petitcodiac, près du quai de Belliveau-Village (Nouveau-Brunswick) à l'occasion
d'un congrès de la Société Mutuelle l'Assomption.
Évangéline en musique
Plus de 90 compositeurs se sont inspirés d'Évangéline pour écrire toutes sortes de pièces de
musique : au moins 10 opéras, des cantates, des valses, des polkas et des chansons country.
Chez les Acadiens du Nord, c'est la chanson d'André-Thaddée Bourque, publiée en 1910, qui
est souvent chantée lors des rassemblements publics et des fêtes de famille. En Louisiane, de
nombreux interprètes ont fait des enregistrements de la Evangeline Waltz et de la Evangeline
Special de Iry Lejeune. Ces pièces sont presque obligatoires aux fais-dodo, qui sont des soirées
dansantes.
Évangéline sur scène
Évangéline sur scène
Une histoire d'amour pleine d'aventures dramatiques, Evangeline se prête bien à l'adaptation théâtrale.
Jouées par des classes scolaires et par des troupes professionnelles, les pièces de théâtre en anglais et en
français suivent de près les vers de Longfellow. De nos jours, la danse moderne reproduit les pas
d'Évangéline à la recherche de son Gabriel.
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Commerce
À travers les années, Évangéline a donné son nom à toute une gamme de produits.
Les plus populaires sont des produits alimentaires : lait, pain, boissons gazeuses, vin,
chocolats, fruits et produits traditionnels acadiens. En Louisiane, le nom Évangéline
sert à la fois à indiquer que le commerce appartient à un Acadien et à s'affirmer en
tant qu'Acadien. Souvent, il n'y a pas d'image d'Évangéline, car le nom seul suffit à
identifier le produit.
Il y a beaucoup plus de commerces en Louisiane qui portent le nom Évangéline qu'en Acadie. Dans les provinces Maritimes, le
nom est utilisé par de nombreux commerces anglophones, tels que des agences immobilières, un centre commercial ou une
banque. Les Acadiens ont tendance à utiliser le nom davantage pour des institutions comme des caisses populaires, des
écoles, des coopératives et des centres de santé, sans toutefois négliger le potentiel commercial du nom.
Tourisme
En Nouvelle-Écosse, le tourisme basé sur le phénomène Évangéline débute dans les années 1860, grâce au
En Nouvelle-Écosse, le tourisme basé sur le phénomène Évangéline débute dans les années 1860, grâce au
transport par voie maritime et par chemin de fer. La compagnie Dominion Atlantic Railway organise des
excursions par train et par bateau au « Pays d'Évangéline ». Grand-Pré devient le pôle d'attraction de cette
région. En Louisiane, l'histoire inventée par Felix Voorhies donne naissance à l'industrie touristique dans la
région de St. Martinville au tournant du siècle. Le nombre de touristes croît considérablement avec la venue
de l'automobile, la sortie du film en 1929 et l'érection de la statue d'Évangéline à St. Martinville.
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Évangéline aujourd'hui
Quel est le rôle d'Évangéline dans la société acadienne contemporaine? Le mouvement contestataire des années
1970 et 1980 en Acadie et en Louisiane percevait les symboles acadiens comme des carcans vieillots qui
empêchaient le progrès. On ridiculisait les symboles à l'aide de chansons et de textes. On rejetait Évangéline,
création d'un descendant de ceux qui avaient rejetés les Acadiens.
Peut-on renier un symbole qui a capté l'imagination pendant si longtemps? Peut-on se détourner complètement
d'un personnage qui a suscité tant de respect et de vénération? En dépit des attaques, Évangéline demeure
profondément enracinée dans la société acadienne. Elle reste apparentée à l'héroïne de Longfellow, symbole de la fidélité et
de l'espoir.
À l'échelle mondiale, Évangéline ne connaît plus la même popularité. Les poèmes de Longfellow ne sont presque plus
enseignés dans les écoles et les universités. Rares sont les enfants américains ou canadiens qui doivent apprendre les vers de
Longfellow par coeur.
Que deviendra Évangéline?
Que deviendra Évangéline?
Les événements autour de son 150e anniversaire ont suscité une recrudescence d'intérêt à son
égard. Le lieu historique national de Grand-Pré et les terres avoisinantes connaîtront des
aménagements au cours des prochaines années. Le public semble se prononcer contre la
création d'un parc thématique. Exploitée et honorée à travers les décennies, Évangéline sera-t-
elle vendue au plus offrant?
Cette reine du romantisme a survécu à plusieurs tentatives de la détrôner. Citoyenne du
monde, elle gardera néanmoins une place privilégiée dans le coeur des Acadiens et Acadiennes, et inspirera toute personne
qui lira son histoire.
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