TECHNIQUES DE CLASSES DES SCOUTS DE FRANCETEXTE DE PIERRE DELSUC DESSINS DE PIERRE JOUBERT11e Edition revue et corrige 170e mille

TAPES

COLLECTIONS SCOUTS DE FRANCE PRESSES DILE-DE-FRANCEPARIS - 1, Rue Garancire - PARIS

A TOI SCOUT DE FRANCE

Aprs Pour entrer dans le Jeu qui tas conduit ta Promesse Scoute, voil ETAPES qui veut te servir de guide tout au long de ta vie dEclaireur. Il ne sagit pas de passer des preuves mais de devenir quelquun de classe, de connatre fond toutes les techniques et ainsi dtre capable de ten sortir dans toutes les difficults de la vie du camp et de la vie de tous les jours et surtout dtre prt rendre service dans toutes les circonstances, quelles quelles soient. Un vrai scout est claireur de seconde classe six ou huit mois aprs sa Promesse, il est de premire classe aprs deux ans de Scoutisme mens vigoureusement en patrouille et la troupe. Ca demande des efforts, de lentranement et surtout de la volont. Si tu as peur lavance, il vaut mieux quitter la troupe, les scouts ce nest pas fait pour les amateurs et les poules mouilles, il ne fallait pas tengager sur ton Honneur. Tu verras... cest passionnant et a va toujours plus loin quon le croyait au dpart. Cest pourquoi dans ce livre tu ne trouveras pas tout ce quun scout doit savoir faire, il y a des tas de choses quil te faudra dcouvrir avec ta patrouille, avec ton aumnier et avec tes chefs. Le Scoutisme heureusement nest pas fig dans un livre comme lHistoire dans certains manuels dtudes, il est sans cesse nouveau, il progresse la lumire de toutes les dcouvertes modernes de la technique et de la science et selon toutes les audaces

et tous les rves dhrosme et de grandeur de tous les garons de France. Cest vraiment dans une grande aventure que tu es maintenant embarqu, si tu sais tre fidle et gnreux. Il y a aussi les Raiders , cest lavant-garde, llite des Eclaireurs. Il en est peu parl ici car il importe que les rgles, les us et coutumes des Raiders demeurent secrets. Cest quand la toute la troupe sera reconnue digne daccder cette dernire tape que les chefs te rvleront lentranement et les exigences demands aux Raiders. Cest lHonneur de la Troupe qui est engag et lHonneur du mouvement tout entier. Ce nest pas seulement une connaissance technique qui sera exige de toi, mais un esprit de service efficace, le regard clair et franc dun type dur, la Foi et lme gnreuse dun Fils de Dieu, le cran et la volont dun Chevalier. Cest une espce rare, une noblesse peu courante, aussi laisse ricaner les imbciles qui trouveront cet idal trop haut. Toi, va de lavant ! Comme Guy de Larigaudie et dautres, marche vers laventure dune belle vie dhomme et de chrtien, dcouvre le rve de Dieu sur toi, cela qui tes rserv, que seul tu peux faire et qui ne sera pas fait sans toi. Tout cela que tu imagines et construis dans le secret certains jours o rien ne te semble impossible... Bonne chasse !

L A V I E E N PATROUILLEOn dsigne souvent sous le nom de Patrouillard le garon qui se trouve plac dans les rangs dune Patrouille. Ce terme a lavantage de marquer quun tel garon est au service de se Patrouille. Aussi, marrivera-t-il de lemployer. Une ide laquelle tu dois thabituer le plus tt possible, cest que tu nappartiens une Patrouille que pour lui tre utile. Pour avoir brigu lhonneur dtre Scout, tu as pris lengagement de courir toujours l o il y a quelque chose faire, quelque service rendre. Maintes occasions soffrent la maison et lcole, certes. Et tu sais dj tout ce que la Loi tordonne ce sujet. La Patrouille aussi est exigeante, car elle ne vit que grce au concours que lui apportent tous ses Scouts. Tu dois te donner elle dautant meilleur cur que plus tu feras pour elle, mieux elle tapprendra servir.

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Cest chez elle et par elle que tu te familiariseras avec la Loi, que tu sauras manier les nuds, signaler, porter secours, que tu aimeras la vie des bois. Si tu voulais apprendre tout cela tout seul, certes tu le pourrais la rigueur, mais ce serait bien difficile ; peut-tre au-dessus de tes forces. Cest que Dieu ne tas pas cr pour vivre seul. Il ta plac dans une famille et cest dj le signe que tu es fait pour vivre en communaut avec dautres. Il ta fait natre dans la communaut franaise, et cest une indication que tu dpends de beaucoup dautres. Dpendre des autres, tu apprendras ce que cela signifie quand tu seras au camp, surtout sil arrive que ta Patrouille se trouve quelque jour en pays perdu, loin de tout. Alors, tu sentiras que lissue de laventure dpend de la bonne direction du C.P. ; que ton repas dpendra de la prvoyance des ravitailleurs et de la dbrouillardise du cuisinier.

UNE EXPERIENCE.Un jour, le Cerf partit en expdition. Ctait une fire Patrouille. Elle nen craignait gure. Le Chef de Troupe lui avait confi une mission difficile : aller reconnatre si une certaine petite route permettait datteindre une colline o il sagissait de camper. La colline tait loin et la route hasardeuse : aussi le Chef stait-il adress au Cerf, car il savait sa valeur. Le Cerf comptait parmi ses membres un novice nomm Jean-Pierre. Celui-ci ne savait rien encore, comme tu vas le voir. La Patrouille partit un matin et couvrit une longue route. De sorte quau soir, elle arriva dans une rgion tout fait sauvage et inconnue de Jean-Pierre. On senfonait dans une gorge assez impressionnante au fond de laquelle coulait un torrent. Un petit emplacement pour camper stant rvl sur la gauche, le C.P. ordonna de stopper et de dresser le camp. Puis, il signifia Jean-Pierre daller aider le cuisinier. Mais Jean-Pierre avait, avant le dpart, bourr ses poches de chocolat et de bonbons. Il navait donc pas trs faim et dailleurs, son repas tant assur, il ne trouva que dsagrment aider le cuisinier. Il manifesta toute la mauvaise grce possible, prtexta quil tait fatigu, etc...

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Tant et si bien que le C.P. qui savait quoi sen tenir, finit par lui dire : Va te reposer, mais pour tes repas tu te dbrouilleras tout seul dsormais. Jean-Pierre neut cure de cet avertissement, alla se coucher dans un coin pendant que chacun travaillait et se gava de tout le chocolat quil lui restait. Puis, la Patrouille dna avec entrain dun repas que Jean-Pierre avait mpris. Vint le lendemain matin et Jean-Pierre commena comprendre lorsque laccs au petit djeuner lui fut refus. Cependant, il trouva encore quelques bonbons au fond de ses poches et il put calmer ainsi les tiraillements de son estomac. Le Cerf reprit sa route. Ltape tait encore fatigante et Jean-Pierre se demandait, tout en peinant la flche de la charrette, ce quil adviendrait de lui pour le djeuner. Il crut habile doffrir ses services son C.P. pour aider la cuisine. Mais le C.P. le remercia en disant que le Cerf lui pargnerait cette peine. Et pour son propre repas, il lui donna un morceau de viande, des nouilles et de quoi les accommoder. Il le pria daller dans un coin prparer son djeuner. Mais Jean-Pierre ne savait nullement comment faire et se trouva trs embarrass. De sorte qualors que toute la Patrouille dgustait un succulent repas, il en tait encore essayer dallumer du bois vert. Il arriva manger un peu de viande crue, tout en regardant de loin les Patrouillards trs joyeux de ltape accomplie. Lui tait tout triste et son cur tait lourd. Compltement affam, il put quand mme faire la route du soir. Pour le dner, le C.P. lui offrit gracieusement trois ufs frais pondu, quatre ou cinq pommes de terre et tout ce quil fallait pour transformer ces matires premires en un repas rconfortant. Alors Jean-Pierre capitula et demanda pardon. Et, lorsquil accda la table de Patrouille nouveau ouverte son apptit, il avait compris que nous dpendons tous les uns des autres. Aucun des Patrouillards du Cerf souquant sur lattelage ne pouvait se flatter de faire seul avancer la charrette. Mais leurs efforts joints y parvenaient.

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C E Q U I L T E FA U T A P P R E N D R ELobjet de ce livre est de taider apprendre tout ce qui est ncessaire pour servir correctement ta Patrouille. Cest dautant plus intressant pour toi que rien de ce que tu apprendras nest inutile dans la vie courante. A la maison, lcole, latelier, la ferme, tu pourras constamment mettre en pratique les connaissances acquises en Patrouille. Cest dailleurs, un des grands bienfaits de celle-ci : tu y apprends devenir un Homme. Comptence technique. Rassure-toi, ce nest pas ennuyeux du tout. Bien au contraire. La raison en est que la Patrouille demande quon travaille beaucoup pour elle. Or, quand on se donne beaucoup quelque chose de bien, on est forcment joyeux. Cest l une vielle rgle qui te servira en de nombreuses circonstances. Pour tenir avec Honneur le poste que ton C.P. taura assign dans la Patrouille, de nombreuses connaissances pratiques te seront indispensables. Si tu es signaleur de la Patrouille et quun jour le sort de celle-ci dpende dun message qui lui est envoy de trs loin, ce serait une honte pour toi que de ne pouvoir interprter ce message. Si tu es orienteur et quun jour tu perdes la Patrouille de sorte quelle ne puisse remplir la mission que le Chef lui aura confie, il hors de doute que tu te sentiras dshonor. Il faut donc que tu te mettes avec courage la besogne. Mais comme cela ta t expliqu dj, napprends pas des leons. Lis ce livre, mais exprimente, essais par toi mme. Je te garantis qu savoir mme par cur les rgles de cuisson de la ctelette tu es sr de servir un plat dtestable si tu ne tes pas patiemment essay cette tche avec du feu, une pole, de la graisse et de la viande, si tu nas pas dj vrifi que tu tais capable de matriser ces lments.

Une autre chose que tu dois apprendre au plus tt, cest le respect du matriel. Haches, instruments de cuisine, lassos, boussoles, charrettes, tente, btons, autant doutils sans lesquels ta Patrouille ne saurait accomplir les missions qui lui sont confies, et sans lesquels elle nest plus bonne rien. Tous doivent tre lobjet de grands soins. Ne mets pas une marmite noire de suie en contact avec une tente, par exemple, tu dgraderais celle-ci. Si tu te sers dune hache, entretiensla bien emmanche : autrement tu touvriras le pied avec, moins quelle naille fendre le crne de ton voisin. Pierre tait, la Patrouille du Hibou, charg dentretenir une charrette en tat de route. Le Hibou partit un jour en camp. Au cours dune tape, le C.P. remarqua que lessieu de la charrette flchissait. Il en fit lobservation Pierre et lui recommanda dy veiller et de faire rparer au plus tt. Le soir, on arriva un village o il y avait un charron. Mais Pierre tait ngligent. Il pensa que la charrette tiendrait bien encore et il ne fit pas rparer. Or, ltape suivante eu lieu sur une route dtestable, couverte dornires et de cailloux, au travers dun pays dsert. Naturellement,

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Cest l une bonne image de la vie en communaut. Chacun doit faire de son mieux pour tenir sa place et tirer dans le mme sens que tous les autres. Voil la premire chose que la Patrouille tapprendra. Ce te sera utile toute ta vie, et surtout pour faire ton chemin. Nous y reviendrons plus tard.

Il ne sagit pas pour toi demmagasiner dans ta mmoire des quantits de connaissances pour pouvoir les dbiter avec assurances qui tinterroge. Il sagit au contraire, de devenir capable de faire effectivement tout ce dont il va tre question. Mieux encore, peut-tre, il sagit de savoir saisir les occasions de te rendre utile en te servant pratiquement de ce que tu sais. Mais je nai pas besoin dinsister. Tu tes srement aperu quil y avait une norme diffrence entre expliquer comment se fait un nud de chaise et faire ce mme nud dans leau pour tirer quelquun. Tu tes srement rendu compte aussi que la personne qui sest noye resterait tout fait indffrente une confrence sur la respiration artificielle. Elle se trouvera srement mieux des mouvements rythmiques dont nous parlerons. Un Scout est un homme daction ; ne loublie pas. Tu sais comment, dans lAssociation, on juge officiellement de la comptence technique dun scout : il est de 2e classe , ou de 1re classe ou Ecuyer ; il peut possder des brevets. Une vraie Patrouille est celle dont le C.P. est de 1re classe et presque tous ses patrouillards novices excepts de 2e classe. Nous en reparlerons plus loin.

lessieu cda. Le Hibou, se trouva immobilis loin de tout, en un lieu o camper tait impossible. Ce fut une aventure pleine de pripties pnibles. Parmi ces pripties, lune delles fut spcialement gote de la Patrouille : ce fut le voyage de Pierre jusquau charron : douze kilomtres aller et retour avec le lourd essieu sur le dos. As-tu remarqu le soin quun ouvrier apporte lentretien de ses outils ? Le soir venu, il les range avec ordre, et le matin commence par les vrifier minutieusement. Il sait que sils lui font dfaut, il ne pourra plus rien. Les grands hros, ceux que tu as appris aimer et admirer taient admirables de courage et de foi dans lidal. Mais ils taient aussi des techniciens prouvs. Sais-tu que Guynemer, cet aviateur lgendaire qui, pendant la guerre de 1914, ralisa tant dexploits extraordinaires, attribuait tout le mrite de ses succs aux soins quil donnait son avion. Et , en effet, il ne se fiait aucun mcanicien pour vrifier cellule et moteur. Il voulait tout savoir de lui-mme. Il en tait arriv ainsi si bien connatre son appareil, ses possibilits et ses limites, quen action, il faisait corps avec lui. Il pouvait alors se permettre de vritables tours de force, inexplicables pour tous ceux qui ne connaissaient pas son secret. Songe au soin avec lequel les explorateurs qui partent reconnatre des rgions inconnues vrifient leur matriel. Ils ne ngligent rien car le moindre dtail peut causer mort dhomme : une outre qui laisse

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fuir leau, une courroie de selle use, une boussole inverse, des cartouches dtriores, tout peut provoquer la perte de lexpdition. Aussi examinent-ils tout minutieusement. Apprends respecter le matriel que tu auras manier. Soignele, intresse-toi lui. Quand la Patrouille taura convaincu de cela, elle aura fait de toi un garon plein de ressources pour la vie courante, et elle taura pargn bien des dsagrments pour le temps o tu embrasseras une carrire. Le caractre. La vie en Patrouille nest agrable que si chacun pense son voisin et non soi-mme. Ne manque jamais de te poser la question que voici avant dentreprendre quelque chose : Est-ce que cette faon de faire ne va gner personne ? Je suis sr quil tarrivera alors de revoir la question. Nemprunte pas un objet sans demander la permission son propritaire, mme sil est ton meilleur ami. Rends cet objet en correct tat aprs usage, et remercie. Dis bonjour tous en te levant, et bonsoir avant de tendormir. Excuse-toi si tu gnes quelquun. Bonjour ; pardon ; sil te plat ; merci ; bonsoir : cinq mots qui sont autant de talismans pour assurer le bien-tre autour de toi. Nimpose pas ta conversation. Ecoute celle des autres. Sois serviable, doux et aimable pour tous. Quand la Patrouille est en action, tu ne tappartiens plus, tu appartiens la Patrouille : tout est alors subordonn ton service et ta mission. Sois dur pour toi mme. Si tu es fatigu, inutile de le proclamer, travaille quand mme. Si tu as de la peine, reste souriant. Un Scout ne scoute pas lui-mme : il na nul besoin de prendre lunivers tmoin de son infortune. Si tu rencontres un chec, serre les poings et recommence. On ne ten voudra jamais de ne pas russir ; mais on te pardonnera pas daccepter la dfaite. Ainsi, tu prendras peu peu des rflexes de scout, et tu te durciras pour les aventures de la Patrouille et les combats de la vie. Voici quelques conseils qui te permettront de tenir ta place avec des chances de succs. Si tu es dcid ne pas les suivre, ferme ce livre, ne va pas plus avant. Si tu veux les essayer et tout prendre ce nest que la Loi Scoute en action tourne la page, nous allons voir ensemble les connaissances pratiques ncessaires.

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LES TA P E S Q U I L T E FAUT F R A N C H I R

L E S P REUVESComment sy prparer Pour franchir toutes ces tapes, tu auras donner des preuves relles de ta comptence. Tu ty prpareras en lisant et travaillant avec ce livre mais surtout en tentranant par la pratique avec le conseil de ton C.P. Ne te contente pas dtre juste du niveau des preuves officielles qui ont t imagines pour les moins bons scouts, ne toccupe pas trop delles mais efforce-toi dobtenir de tes chefs la confirmation de ta comptence.

Seconde classe. Une fois que tu as fait ta Promesse, tu dois continuer jusquau niveau suivant qui est : la seconde classe, que tu dois mriter normalement six mois aprs ta Promesse. Etre de seconde classe cela signifie tre capable de tenir honorablement sa place dans la patrouille. Tu trouves le programme des preuves du Scout de Seconde Classe, page 343. 1re classe. Nul scout ne doit rester seconde classe plus longtemps que ncessaire ; il devient de premire classe aussitt que possible. En particulier tu ne peux tre un vrai chef de Patrouille et, comme tel, investi, que si tu es de 1re classe. Etre de premire classe, cela signifie quon est personnellement comptent en signalisation, cartographie, campisme, secourisme et beaucoup dautres choses. Tu trouves le programme des preuves de Scout de Premire Classe, page 345. Brevets. En mme temps tu pourras gagner des brevets de spcialit si tu acquiers des capacits particulires dans certaines matires qui te plaisent davantage.

Un exemple. On raconte que les jeunes indignes des tribus zoulou et swazi, en Afrique du Sud, doivent subir une redoutable preuve avant de pouvoir tre considr comme des hommes. La voici : quand un garon a atteint environ 15 ou 16 ans, les hommes de son village lui enlvent

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Tes chefs te jugeront laction. Pour cela il se peut quils tinterrogent et sassurent de tes comptences et capacits. Mais les preuves que tu donneras ce moment-l nauront de valeur que si tu te confirmes suffisamment capable au cours des jeux et du camp.

ses vtements et le peignent en blanc de la tte aux pieds. On lui donne un bouclier et une sagaie. Puis on le conduit hors du village et on lavertit quil sera tu si quiconque lattrape tant que la peinture nas pas disparu. Le garon doit donc fuir dans la jungle et les montagnes et se cacher des hommes. Il faut gnralement un mois pour que la peinture sen aille. Pendant tout ce temps il dois pourvoir sa subsistance, surprendre, tuer et dpecer le gibier dont il se nourrira. Il doit allumer son feu pour faire cuire ses repas, en frottant deux bouts de bois lun contre lautre ; il doit se vtir de la fourrure des btes. Il doit apprendre quelles espces de racines, de baies, et de feuilles sont bonnes manger. Sil nest pas capable de faire tout cela il meurt de faim ou est tu par les animaux sauvages. Sil parvient rester en vie et peut retrouver son chemin jusqu son village, quand la peinture est partie, il est reu avec de grandes rjouissances par ses parents et amis. On lui permet alors de devenir un soldat de la tribu.

D C O U VERTE D E L A NATUREIl y a un charme dans la vie de plein air dont un scout ne peut plus se passer une fois quil la connue. Celui qui a t lev dans la nature cultive la vrit, lindpendance, la confiance en soi ; il est gnreux ; il est fidle ses amis, loyal au drapeau de son pays. Il faut voir de bons exemples de scouts chez ces hommes de notre pays qui servent aux frontires lointaines de lempire. Ce sont les plus gnreux et les plus chevaleresques, spcialement envers les femmes et les gens faibles. Ils deviennent gentilshommes par leurs contact avec la nature. Bien des Franais se sont ainsi forms. Lun deux ma racont la vie quil mne dans une sorte de campement, en Afrique, la lisire

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de la fort quatoriale. Il soccupe dtablir le trac de futures routes et senfonce pendant des semaines dans des rgions entirement inexplores. Il est accompagn seulement de quelques porteurs. Sa vie dpend entirement de son savoir-faire et de son sang-froid. Quand il a travers, la hache la main, quelques portions de fort vierge, sorientant avec prcision, il lui faut pourvoir sa nourriture, son campement, se dfendre contre les animaux sauvages qui rdent la nuit. Cest une vie pleine de dangers, diras-tu. Mais ceux qui lont connue laiment et mprisent notre vie soi-disant civilise. Ils disent que celle-ci est amollissante. Et de ce fait, rflchis. Quas-tu faire par toi mme pour assurer ta subsistance ? Tu as besoin deau ? Tu nas qu tourner le robinet. As-tu froid ? Tu enfiles un chandail et viens te frotter les mains prs de la chemine. Veux-tu travailler le soir ? Tu tournes un bouton et llectricit sallume. On appelle a le confort moderne. Evidemment, cest trs agrable. Mais pratiquement, il ny a plus rien faire. Et ne rien faire, les hommes deviennent veules, pleutres. Ils sont habitus avoir toutes leurs aises. La moindre chose qui les gne devient leurs yeux un attentat contre leur personne. Alors ils ne mesurent les choses que selon leur bien-tre. Ils sont dsempars. Ca peut leur coter cher. UN EXEMPLE Un beau jour un autocar partit de Bou Saada, dans le Sud Algrien, pour conduire Touggourt un groupe dexcursionnistes. Parmi eux, il y avait un homme qui se fit tout de suite remarquer par son air poseur et dsagrable. Il se plaignait de la chaleur, prtendait changer de place au gr de sa fantaisie, trouvait que les indignes sentaient mauvais, etc... Vers le soir un des pneus clata. Il fallut rparer. Tous se proposrent pour aider le chauf-

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feur. Notre individu dclara que ctait dgotant de mettre un pareil appareil en circulation et en matire de protestation il dclara quil allait faire un tour. Or, entre Bou Saada et Touggourt, cest le dsert, des dunes de sable, quelques touffes dalfa : rien dautre. En ce pays le crpuscule est trs court. La nuit vient fort vite. La rparation sacheva aux lanternes. Au moment de partir on saperut que le protestataire ntait pas de retour. On corna longtemps, longtemps. Tous les voyageurs allrent sa recherche. Ce fut en vain. Aprs plusieurs heures dattente, il fallut abandonner les recherches. On retrouva notre homme huit jours plus tard, mort de faim, prs de cinquante kilomtres de larrt de lautocar. Ne sachant pas sorienter, il stait perdu et, croyant revenir vers la voiture, il lui avait tourn le dos. La nuit tombe, il stait affol, avait compltement perdu le contrle de lui-mme. Alors avait t la fin. Sil avait t scout, cest--dire sil avait su trouver son chemin daprs le soleil ou les toiles, cet homme se serait tir daffaire. Trouver son chemin est en effet une des choses quon apprend dans la nature. Ne crois pas dailleurs que cette vie quil te faudra mener soit dure. Elle tobligera faire effort. Une fois que tu seras habitu cet effort, une telle vie te semblera idale, au contraire. Son bienfait, cest justement de thabituer leffort. Tu vas mobjecter que pour apprendre mener une telle vie il faudrait que tu partes dans des pays lointains et que a nest pas possible. Il nest pas ncessaire daller si loin. En notre pays de France, il y a presque partout des lieux dlection pour les scouts. La pleine campagne permet de se familiariser avec la plupart des choses quun scout doit connatre. Tu ne cesseras de la parcourir en tous sens avec ta Patrouille. LA VIE DANS LA FORT. Mais il y a des lieux encore plus favorables, pleins de mystres, quhabite un monde souvent inconnu. On y peut apprendre tout ce quun scout doit savoir et bien dautres choses encore. Si on ne sait y faire, on peut sy perdre ; on peut y mourir de faim. On y trouve des quantits danimaux sauvages. Tu as peut-tre dj travers un de ces lieux, mais sans y prter attention. Il ta alors compltement chapp : cest la fort. Lcole du scout, cest la fort. Cest l quil peut le mieux aider sa

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patrouille subsister. Cest sa connaissance de la vie des bois qui le rendra utile tous. Quiconque sait mener la vie des bois peut sengager avec confiance dans la jungle de lexistence moderne. Il aura appris la matrise de soi, le coup dil, le courage, la courtoisie, la serviabilit, lamour de Dieu. Il saura faire quelque chose de ses doigts. Il dominera les foules parce quil gardera sa tte froide en toutes circonstances. Il viendra bout de toutes les difficults parce quil aura appris la tnacit. Enfin il sera un homme. Rien nest plus facile que de traverser une fort sans y rien voir. Il suffit de ny pas prter attention. Pour les expditions que tu es appel faire, il importe de savoir se taire. Cette loi du silence simpose chaque instant dans la vie du scout. Elle seule permet de voir et dcouter. Tu pourras traverser la fort dix fois, tu ny pntreras jamais si tu ne sais pas te taire. CONNATRE ET AIMER LA FORT. Or, il faut bien connatre la fort. Dabord parce que ce sera le lieu normal des expditions de ta Patrouille. De la mme faon quune embarcation ne se risque pas en mer moins quil ny ait bord un marin qui la connaisse bien, de mme il pourrait y avoir une grande imprudence pour une Patrouille sengager en fort si aucun des Patrouillards ne la connat. Par exemple, il y a certains bois qui en brlant ne dgagent pas de chaleur et jamais ne permettront de faire cuire un repas. De mme, il y a certains terrains dangereux pour camper ; ils sont marqus par les essences darbres qui y poussent. Enfin, il peut se produire telle circonstance o une connaissance des arbres puisse tre une question de salut. Un jour, une Patrouille suivait en fort un certain itinraire. Elle devait emprunter entre autres choses une portion de sentier qui traversait un massif de htres. Le sentier commenait un carrefour o trois autres se croisaient. Or, cette Patrouille tait ignorante. Cela faillit lui coter cher. Car elle ne sut pas reconnatre les htres et sengagea froidement dans un sentier qui tait bord de charmes. Rsultat : elle se perdit ; elle erra pendant des heures. Ce fut une Patrouille puise, sale et honteuse qui rentra au manoir avec un retard considrable. Encore heureux quelle sen soit tire ainsi.

L E S A RBRESLa premire fois que tu taventureras dans la fort tu ny verras quune grande quantit darbres, sans autre chose. LE TAILLIS ET LA FUTAIE. Puis tu discerneras des rgions plus touffues de petits arbrisseaux et dautres plus dgages, plantes de beaux et grands arbres. Dans le premier cas tu te trouveras dans le taillis. Dans le second, ce sera la futaie. Le taillis est dune pntration difficile. Les baliveaux (jeunes arbres)

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Une autre raison pour bien connatre la fort, cest que cest la seule faon de laimer. Pourquoi des bouleaux viennent-ils ici plutt que l ? Pourquoi les cureuils nichent-ils nombreux dans tels massifs ? Pourquoi les taupes creusent-elles des galeries plus nombreuses dans certains terrains ? Autant de questions pleines dintrt et peut-tre lourdes de consquences si tu ne sais pas ce quest un bouleau, un cureuil ou une taupe. Mais si tu es en mesure de percevoir ces questions et dy rpondre, alors tu comprends la raison de bien des choses. Et tu en viendras vite admirer lorganisation providentielle de la fort.

LE TAILLIS SOUS FUTAIE Enfin, il y a des parties de la fort o de jeunes arbres poussent au milieu dautres adultes, grands et forts. Cest le taillis sous futaie. Il est plus ou moins pntrables, selon la nature du taillis. Peu peu, tu discerneras dautres choses. Il y a des rgions sombres et humides, mme par le soleil le plus clatant. Quand on les traverse il semble quun manteau froid tombe sur les paules. Elles sont mystrieuses et secrtes. Enfin, il y en dautres tout fait claires et chaudes. Elles sont gaies et rconfortantes. Si tu cherches la raison de ces diffrences, tu arriveras vite voir que cela tient aux espces darbres qui dominent dans ces rgions. Il y a les espces (on dit des essences) dombre et dautres de lumire. Les essences crent dans les rgions o elles dominent des caractristiques trs intressantes connatre. Il est vident que ta Patrouille ne saurait camper sans danger sous un couvert pais dessences dombre. Lhumidit, lobscurit pourrait provoquer toute sortes de troubles. Dautres part, il est certaines essences de lumire sous lesquelles

LA FUTAIE

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sont emmls de ronces portant des pines redoutables et vigoureuses. Tu comprend donc tout de suite quil y a l quelque chose de fort intressant retenir. Si tu tengages en plein taillis tu progresses difficilement. Tu ne vois pas devant toi, car les petits arbres se pressent serrs autour de toi. Cela taidera comprendre pourquoi dans certains jeux ta Patrouille se placera en des endroits plutt quen dautres. Par exemple, si le Lopard doit empcher le Tigre de traverser une certaine zone moiti taillis, moiti futaie, son C.P. devra garder fortement la futaie afin dobliger le Tigre sengager dans le taillis o il se dispersera, se fatiguera et se perdra peut-tre.

on ne camper sans prendre de grandes prcautions, par exemple contre lincendie. Cest ainsi que tu es peu peu conduit examiner de prs les arbres de la fort. Et tu verras quil y a beaucoup despces diffrents. Quand je dis beaucoup, ne teffraie pas. En ralit il ny a gure plus dune quinzaine dessences distinctes connatre en France, parce quon les rencontre le plus frquemment. Il y en a videmment beaucoup dautres, mais tu nauras les tudier que si tu te spcialises dans la question. Pour les premires, au contraire, tu les rencontreras chaque pas. Constamment ta Patrouille se trouvera dans un massif dune ou plusieurs de ces essences et toute sa vie, sa manuvre dpendront delles. Il faut de hter de lier connaissance avec chacune afin de ne pas faire trop pitre figure ! Il y a bien des faons de reconnatre une essence darbre. La plus facile consiste examiner la feuille. Mais, avec un peu dhabitude, au simple aspect dun arbre, on le reconnat. LE CHNE. Une essence qui se rencontre frquemment, cest le chne. Le roi de la fort. Dans toutes les vieilles lgendes cest toujours lui qui gouverne le peuple des arbres. Il est en effet plein de majest, de gravit, de solennit. Son tronc est droit, son corce gris cendr, terne, sombre, sillonne dans le sens de la hauteur de failles serres longues et peu profondes. On peut lcailler la main. Son tronc vertical et vigoureux voque une colonne. Il en a la solidit et la froideur. Son corce fait penser aux plis de la peau de llphant. Ses branches sont grosses, tortueuses, tourmentes. Son feuillage est assez clairsem. Vois le dessin dune de ses feuilles. Son allure gnrale est massive, un peu triste. Sa solidit fait que le vent ne peut branler ni son ft, ni ses matresses branches. Il donne donc limpression de limmobilit. Comme il est assez dpouill, on pense parfois des ruines bien conserves. Grave, imposant, indiffrent, en somme assez impressionnant. Dautant plus que cest un seigneur qui rsiste longtemps aux mouvements de foule. Ainsi, il est le dernier laisser pousser ses feuilles au printemps. La fort est dj verte quil reste encore maussade. En revanche, quand il a ses feuilles, il ne veut pas sen sparer. Mme en automne. Elles roussis-

sent, schent, mais ne tombent que comme regret, et les dernires. En hiver et souvent au printemps on voit sur les chnes subsister des feuilles rouilles qui tournent au vent comme des girouettes avec de petits froissements secs. Il se plat dans les terrains fris et profonds. L o il domine il entretient une zone dombre lgre et verte. Mais il est un peu dprimant et il vaut mieux ne pas camper prs de lui. Dailleurs souvent son sol est humide. Il est frquemment pntr par de petits insectes qui silencieusement le dvorent. Cest ainsi quil arrive que de grosses

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branches qui paraissent saines tombent tout dun coup. Cest ennuyeux quand la tente se trouve juste dessous. Cest une autre raison pour ne pas camper prs de lui si lon peut choisir autre chose. La prsence de ces petits insectes fait quil est un des terrains de chasse favoris des pics, sittelles et grimpereaux. Ce sont l des oiseaux qui grimpent le long de son ft ou de ses branches et en fouillant lcorce coups de becs retentissants. Il y a bien des varits de chne. Notamment le chne rouvre, que tu entendras nommer quelquefois. Deux varits trs rpandues dans le Midi sont le chne vert et le chne-lige. Cest un arbre qui peut vivre fort vieux. Il mest arriv den voir un dans la fort du Perche qui a t plant sous Franois 1er. Et il tient bon toujours. Son bois est excellent pour la construction et lameublement. Son corce sert tanner les cuirs, grce au tan quelle contient. Mais il brle difficilement, ce qui ne le recommande pas pour en faire la cuisine au camp. Son fruit est le gland. Les cureuils en sont trs friands et en font des provisions dans leur nid, en prvision de lhiver. LE HTRE. Au contraire du chne qui a un feuillage lger, le htre a un feuillage abondant, pais. Cet arbre entretient donc sous lui lobscurit. Cest une essence dombre. Et pourtant il nest pas triste. Cela doit tenir pour partie ce que ses feuilles sont dun vert clair lger et quelles luisent (voir ci-contre sa feuille). De sorte que sa masse est gaye. Et puis cette masse est plus que le chne sensible la brise. Aussi donne-t-il une impression de vie. Il peut atteindre une grande taille. Son ft est droit, lanc. Son corce est lisse, gris olivtre, parsem de taches blanches. Cest un arbre splendide, sympathique et rassurant par limpression de joyeuse vigueur quil donne. Il faut le regarder, ladmirer, mais ne pas camper dessous en raison de son ombre. Toutefois, cest un bon ami de la Patrouille, car son bois est de qualit suprieure pour faire le feu. Sa flamme est vive et claire et sa braise excellente. Cest donc une aubaine que den avoir proximit. Son bois est utilis en charpente et en bnisterie. Il sert aussi faire des sabots. Voici ce que raconte ce sujet un Chef de Bretagne : Dans les forts de Camoens, de Clohan-Caruvet, de Cranou, des

familles de sabotiers viennent sinstaller dans un massif de htres. Elles coupent les arbres et font des sabots. Elles habitent des espces de huttes en branchages. Ces huttes sont coniques. Au milieu se trouve une aire pour le foyer et au-dessus un trou pour la fume. Les sabotiers restent ainsi jusqu ce que la coupe soit puise. Alors ils vont planter le camp en un autre endroit o lexploitation recommence. Je connais une Patrouille qui doit une fire chandelle au htre. Elle sappelle le Cygne. Une anne elle entreprit lascension du Monte-Cinto, qui est un pic lev de la Corse. Pour y arriver il faut passer la nuit moiti chemin. Or, ce point darrt est une bonne altitude. De plus, le temps ntait pas beau. De sorte qu la tombe du jour une temprature glaciale sinstalla et quelques flocons de neige commencrent voltiger. Les Patrouillards du Cygne se sentirent transis. A grandpeine la Patrouille put-elle gagner le refuge

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LORME.

Il peut arriver quon rencontre des ormes. Toutefois, ils sont assez rares en fort. Un orme, quand il atteint son plein dveloppement, est un grand et bel arbre assez majestueux. On nen voit gure ainsi que dans les parcs et les promenades publiques. Je te lindique pourtant afin que tu le distingues du charme, si jamais tu en trouves. Sa feuille ressemble en effet celle de celui-ci, mais elle est dissymtrique, comme le montre le croquis. Elle pousse au printemps aprs la fleur, ce qui est assez surprenant. Le tronc de lorme se distingue aussi de celui du charme en ce quil est sillonn de gerures longitudinales nombreuses et profondes. Tu auras rarement loccasion dutiliser son bois pour le feu. Cest heureux, parce quil nest pas bon. Il charbonne. Dailleurs, il ne faut pas camper sous un orme. Son ombre est trop paisse. Comme le chne, il est tourment par la vermine et ses branches peuvent tomber. LE CHARME. Le charme natteint pas les tailles du chne et du htre. Ceux-ci dpassent souvent 30 mtres. Le charme sen tient 20 mtres au

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dune petite grotte fort troite. Heureusement, le C.P. se rappela une vieille histoire de htres nains qui poussent sur les hautes montagnes. Et il se mis chercher. Il ne tarda pas trouver des buissons pais de cette essence. Cest bel et bien du htre, mais naturellement, une telle altitude, il ne dpasse pas la hauteur de nos bruyres. Il ramassa une belle brasse de branches mortes et jamais le Cygne neut de feu plus beau, plus rconfortant que ce soir-l. Ce fut une fameuse veille pour lentretenir. Depuis, la Patrouille a le plus grand respect pour le htre. Cette varit naine pousse aussi dans les Pyrnes.

plus. Son tronc est droit, un peu cannel. Son corce lisse, gris olivtre, avec de larges taches rousses et blanches, dun bel aspect velout. Son feuillage est assez pais, mais son allure est dgage, lgante. Les tons chauds de son ft le rendent agrable regarder. Bien proportionn, il mrite son nom : il est charmant. Il se plat en terrain humide et il faut se mfier avant de camper sous lui. Dailleurs, il donne beaucoup dombre. Mais cest un ami de la Patrouille : son bois est excellent. Il brle avec une flamme vive et des braises parfaites pour en retenir un feu doux ou faire des grillades.

LE BOULEAU. Au cours dexpditions en fort tu rencontreras frquemment des fts grles, blanc argent, qui paraissent slever au milieu de nuages de petits copeaux sombres ou dors selon le soleil, toujours frissonnants. Ce sont des bouleaux. Leurs feuilles assez clairsemes, lgres, les rameaux un peu retombants, constamment balancs par le vent, lui donnent un aspect gracile, lair un peu malheureux. Cest un arbre joli. Son corce est blanche avec des saillies rugueuses et sombres. Il ple. On peut lui arracher la main de bons morceaux de peau. Sur ces morceaux tu peux facilement crire avec la pointe dun couteau. Le bouleau aime les terrains sablonneux frais. Il offre dexcellents endroits de camp et son bois est de premire qualit. Il brle un peu vite, mais chauffe bien.

Quand tu veux reconnatre, en fort, sil y a un peu de brise et sa direction, regarde un bouleau. Il frmit au moindre souffle. Il peut tre prcieux pour un orienteur. Voici pourquoi : il est souvent trs difficile de garder sa direction en fort. Surtout quand on est sans boussole et que le soleil est cach, le problme est ardu. Mais si, au dbut de lexpdition, on a pris soin de voir do souffle le vent, tu comprends bien quil suffit pour sorienter de vrifier de temps en temps quon fait bien toujours le mme angle avec la direction du vent. Pour cela on regarde un bouleau et on en dduit do le vent souffle. Ce nest dailleurs pas si simple et il faudra ty exercer longtemps. LE PEUPLIER. On pourrait aussi regarder un peuplier. Mais on ne trouve gure de peupliers en fort. Par contre, il est frquent prs des ruisseaux et le long des routes. Tu le connais bien dj. Regarde la silhouette en fuseau ci-contre et tu y seras tout de suite. Sa feuille est trs mobile, comme celle du bouleau.

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Comme elle est souvent blanche en dessous, au vent, un peuplier jette des clats argents. Son tronc est rugueux et gris roux. LE TREMBLE. En fort il pourra tarriver tout de mme de rencontrer une espce de peuplier : le tremble. Il a la forme dun plumeau qui aurait un long manche. De tous, cest celui qui a la feuille la plus mobile. A vrai dire elle lest tellement quelle est toujours en mouvement et quon a du mal en dduire la direction du vent. Cest un bel arbre, avec un tronc lisse et gris verdtre parsem de grosses pustules assez disgracieuses. La tribu des peupliers comprend dailleurs de nombreuses espces (noir, dItalie, blanc, grisard). Aucune ne donne un bon endroit de camp. Ces arbres aiment les terrains humides. Et puis, comme au chne et lorme, il peut arriver au grisard de laisser ngligemment tomber les grosses branches qui le gnent. LE CHTAIGNIER. Il est une essence que tu reconnatras sans mal, surtout en automne, cest le chtaignier. Ses feuilles sont trop caractristiques pour quil soit possible de sy tromper. Elles sont grandes et trs allonges. Agites par le vent, elles produisent par leur frottement un bruit qui ressemble celui du ruisseau un peu rapide dont leau clapote sur les pierres. Cest un bel arbre qui prend facilement des proportions

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imposantes. Il a un aspect trapu. On en cite un dont la circonfrence mesure quatorze mtres. On dit quil aurait plus de mille ans. En fort, il est souvent ltat de taillis. Son corce alors est lisse, brune et assez terne. Toutefois, jen ai rencontr de magnifiques qui avaient la taille, lcorce et lallure de chnes normes. Le fait le plus remarquable du chtaignier, cest la chtaigne ; intressant en octobre. A un autre point de vue, cest la cosse de la chtaigne. Elle est hrisse de piquants ; quand ces piquants ont pntr sous la peau, il nest pas facile de les retirer. Ces cosses jonchent le sol : il faut viter de faire de la marche rampante sous des chtaigniers. Mais il est de bonne guerre dy contraindre son adversaire.

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Il y en a qui trouvent que le pin est dpouill et que sa futaie manque de gaiet. Cest vrai, il a un feuillage clair. Quand je dis feuillage, il faut sentendre. Le pin est un rsineux et ses feuilles sont remplaces par des aiguilles. Regarde le croquis. Mais si le feuillage manque de beaut, cest par tout un ensemble que le pin est un des arbres les plus sympathiques et attirants que produise la fort. Dabord il est toujours vert. En hiver, lorsque la fort est toute grise, sombre et comme morte, seuls les pins demeurent un peu gais. Leur masse apparat riche alors, comme la promesse de temps meilleurs et aussi un message de fidlit. Fidle et tenace, voil une des qualits du pin. Car il pousse dans des terrains dont nul autre ne voudrait. Dans les cas dsesprs, quand des terres sboulent, que des montagnes de pierres brlent au soleil ou que des dunes de sable sont manges par la mer, on pense au pin ; on linstalle son poste et il fait bravement et loyalement son mtier. Son tronc est droit, tout dun jet. Il slve dans les hauteurs. Cest un bon symbole. Son corce est rugueuse, craquele dans le sens de la hauteur, mais surtout dans sa partie basse. Son coloris est admirable. Dans le bas, rouge ml de gris et tachet de vert par une lgre mousse qui lui est familire. Dans les hauts, des jaunes clairs, ocres, orange, jonquille, et, par certaines touches de soleil, des mauves ou des pourpres. Il sent bon la rsine. Il embaume vraiment. Dans la fort, un massif de pins est une clart, un repos de lesprit. Cest un rconfort aussi, car son sol est sec et moelleux et son sous-bois chaud. Il est on ne peut plus accueillant pour la Patrouille. Le vent mugit dans ses aiguilles. Il voque la mer qui dferle sur la plage. Ferme les yeux. Tu suivras en les coutant la marche des rafales. Tu croiras tre au bord de lOcan. Et, entrouvrant les paupires pour apercevoir les mouvements de la cime, tu penseras la pomme du mt du navire que la houle balance. Tu feras ainsi de beaux voyages. Le pin fait tout ce quil peut pour aider la Patrouille. Il nest pas de plus confortable matelas que les aiguilles sont il tapisse le sol. Son bois est un bon combustible. Il dgage une flamme claire, vive, qui sent bon. Il dgage de la fume. On peut se servir de sa pomme. Cest idal pour allumer un feu.

LE PIN. Au hasard des expditions en fort, il arrive quaprs une longue course dans les couverts pais et crasants, on dbouche dans un espace lumineux qui sannonce par un dlicieux parfum. Cest un massif de pins.

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Le pin est extrmement inflammable. Le tapis daiguilles tendu terre constitue dautre part un danger dincendie. Aussi faut-il prendre des prcautions spciales pour linstallation des foyers. Nous verrons comment. Telles sont les essences que tu rencontreras constamment en fort. Chacune de celles que je viens de citer comporte dailleurs de nombreuses varits et il se peut que tel aspect dune espce, frquente dans ton pays, prsente des diffrences avec la description donne. Cest l pour toi une bonne occasion de recherches personnelles. Bien entendu, il y a de nombreuses autres essences darbres. On les rencontre moins constamment en fort, mais il est ncessaire de les connatre, car certaines jouent un grand rle en pleine campagne, pour la dcoration des villes et dans certains pays. LE ROBINIER. Je te dirai seulement propos du robinier quil a un aspect gnral assez dgarni et que son tronc profondment crevass nest pas bien beau. Par contre, au printemps, ses fleurs sentent bon. Il a assez mauvais caractre. Il porte des pines noires et aigus dont les piqres senveniment facilement. Il ne faut donc laborder quen employant des formes courtoises. Par ailleurs, il est envahissant. Il y avait une fois un brave homme qui possdait un joli bois de chtaigniers. Ctaient de forts beaux arbres. Un jour, le vent y dposa quelques graines de robinier. Bientt un petit plan poussa, lair innocent. Rapidement il devint arbrisseau, puis baliveau, et dix, puis vingt poussrent autour, commenant dtouffer les chtaigniers. On eut beau les couper, employer tous les moyens possibles pour les expulser, les chtaigniers prirent et les robiniers aujourdhui paradent leur place. LE PLATANE. A propos du platane, il faut que tu saches que cet arbre est extrmement dcoratif et utile dans les pays de soleil, en raison de son ombre. Son tronc largement jasp de gris olive et de blanc est dun bel effet. Tu ne le verras que fort exceptionnellement en fort, mais il borde beaucoup de routes et de rues et promenades dans les villes. Il a un fruit qui de loin ressemble une chtaigne pendant une longue queue.

LERABLE. Lrable a une feuille qui ressemble elle du platane. Mais son fruit est caractristique, avec ses petites ailes qui permettent aux graines de se dissminer. Son ft se diffrencie nettement de celui du platane. Il est rid et rugueux, gris, couleur de celui du chne. LE NOISETIER. Le noisetier (ou coudrier) forme des taillis peu levs. Sa noisette intresse beaucoup le mulot et lcureuil. En septembre on voit ce dernier devenir lhte assidu de son couvert. Les sourciers se servent de branches de noisetier pour leurs oprations. Mais ils lappellent alors de son autre nom, le coudrier , je ne sais pas pourquoi. LE FRENE. La feuille du frne a une certaine ressemblance avec celle du robinier. Mais laspect gnral des deux arbres est bien diffrent. Le frne est beaucoup plus fourni. Le robinier a toujours un aspect un peu dpouill. Le frne est un bel arbre touffu. Son tronc nest pas profondment fissur comme celui du robinier. Il est mme plutt lisse et clair. Mais il se gerure en vieillissant. Tu en rencontres dans certaines forts. LE SAPIN. Le sapin est un bel arbre. Il est sans doute gai dans les intrieurs comme arbre de Nol quand il est couvert de bougies. Mais en fort, cest un arbre assez triste. Une obscurit presque complte rgne sous son couvert. Il a une forme dteignoir. Curieuse concidence. Toutefois, il ne manque pas dallure. Cest un rsineux, comme tu sais. La planche tapprend distinguer le sapin de lpica et du mlze. ARBRES

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Et je crois que tu es maintenant assez au courant des choses de la fort pour ne pas trop faire mauvaise figure au cours des prochaines expditions de ta Patrouille. Tu dois tenir compte dun fait qui risque de te drouter quelque peu.

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Cest quen hiver, part les rsineux (et encore pas tous, puisque le mlze perd ses aiguilles), les arbres sont sans feuilles. Il devient beaucoup plus difficile de les reconnatre. Toutefois, avec un peu dhabitude, on y parvient aisment en sattachant regarder les silhouettes gnrales. Elles ne changent gure de lt lhiver. Ainsi, quand tu vois un beau cne avec de petite ramures fines, presque de la dentelle, pas dhsitation : cest un mlze. Les troncs des robiniers et platanes sont trop caractristiques pour quon puisse sy tromper. Les grosses branches tordues des chnes les font reconnatre dun coup doeil. Il est rare quun htre ne conserve pas quelques feuilles sches pendant lhiver. Enfin, en cas de doute, tu as la ressource de chercher au pied de larbre qui tintrigue quelques feuilles mortes du dernier automne. Mais cest un moyen sans lgance et il nest bon que pour apprendre les silhouettes.

L A F ORETCATHEDRALE DES MERVEILLES La fort tapparatra bientt comme une demeure splendide. Il y a tant de beaut, tant de grandeur dans sa magnificence, tant dlan dans le jaillissement de ses fts, tant de ferveur dans le bruissement des fougres inclines dans le vent, que lide simposera toi dune cathdrale gigantesque. A la diffrence de toute les plus belles que tu peux connatre, elle a t btie par Dieu. Par tous ses dtails elle porte le signe de lHarmonie Parfaite dont elle est luvre. Elle invite au recueillement, la prire. Essaie un jour dcouter son silence. Il nest pas vide, image de la mort, comme celui du dsert. Il est bruissant de mille sons incertains qui trahissent une vie ardente. En t, ramage des grillons, des abeilles, de tous les insectes qui raient lair de traits sombres ou brillants, chants des fauvettes, pinsons, msanges, rossignols et autres oiseaux. En hiver mme, le silence de la fort nest pas vide. De petits cris doiseaux laniment encore. Ce sont des cris de msanges, parfois des chants de rouge-gorge, joyeux et pleins. Souvent, le vent fait alors siffler les rameaux nus, et cest comme un mugissement de mer. Apprends aimer ce silence et le respecter. Cest le seul moyen pour toi de pntrer dans la fort. La vie des hommes retentit de cris divers, peu harmonieux. Quand deux garons vont leur chemin, ils sont la plupart du temps tout leur conversation et ne prennent pas garde la fort. Ils y restent trangers. Mais quils coutent : cest bientt comme un rideau qui se lve et dcouvre le monde merveilleux. Ce monde est hostile ou amical, suivant quon lignore ou quon le connat bien. Son aspect est parfois effrayant, mais ce nest quune apparence. Une fois vaincue la crainte, on devient aisment lhte familier de la fort. Un jour, ton chef te demandera daller faire un long trajet seul ou deux, et den dresser rapport. Ce sera lpreuve finale de la premire classe. Cest une bonne occasion saisir pour entrer une bonne fois en fort. A SA DECOUVERTE... Voici comment un scout qui sappelait Philippe y passa seul la nuit. Il tait entr dans les premiers massifs vers la fin de laprs-midi.

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Aprs une longue course, il atteignit une rgion plus sauvage. Elle souvrait par un layon verdoyant qui menait aux profondeurs de la fort. Il redressa son sac dun coup dpaule et pntra sous la vote sombre. Premier pas... Le layon descendait assez rapide. Ctait comme un tunnel vert traversant des massifs de chnes et de htres. Une demi-obscurit moite et humide donnait de rares chappes des profondeurs de grotte. Quoique lheure ft encore chaude, Philippe sentait sur ses paules comme un manteau mouill. Quelques cris de geais clatrent. Quand leur cho se fut assourdi, il perut un bourdonnement dailes incessant. Une arienne chanson baignait la fort dun infatigable murmure de prires. Des chvrefeuilles blancs ou crme purifiaient ces lieux dun arme dencens. Les pas du scout stouffaient sur un pais tapis de mousse. La solitude tait vaste et douce. Rien ne dtruisait le bon, le pur, le sensible et frmissant silence. Puis il eut remonter et le chemin slargit en une nef plus haute que soutenaient les piliers dune futaie de chnes. Il comprit quil dbouchait dans un monde o tout vibrait et palpitait dinvisibles prsences. Il sattendit quelque rvlation dun tre. Des craquements de branches, et l, trahissaient une agitation secrte. Alerte !... Soudain, il tressaillit et sarrta tout ple. Une masse brune avait surgi dun foss presque sous ses pas. Elle senvola dans un fracas pouvantable de feuilles bouscules, de battements dailes mcaniques et de cris gutturaux : un faisan. Philippe pensa une sentinelle avance qui lanait un cri dalarme. Oh ! Oh ! Oh ! Un intrus savance. A tous ceux de la fort... alerte. Oh ! Oh ! Oh ! Deux piverts traversrent les votes avec un jacassement prcipit, prolongeant lappel du faisan. Des geais le transmirent et la terre bruit des signaux inconnus. Des msanges acclrrent leurs tours de manivelle. Un merle lana une roulade moqueuse. Philippe fut soulag dapercevoir les troncs hauts et la clart dune pinde. Il sy hta. Mais une srie de gloussements prcipits le glacrent et lcorce dun grand ft rsonna de grattements. Ctait

lappel des elfes de ces bois. Un cureuil surpris rptait, en senfuyant, lalarme du faisan. Et pourtant la curiosit lemporta. Il grimpait sur le ct du tronc oppos Philippe. Il sarrta et avana la tte pour examiner lintrus. Immobile, celui-ci guettait cet habitant lger des hauteurs : Je ne veux pas passer pour un ennemi, pensait-il. Je viens en ami, partager une nuit le repos de la Cathdrale des Merveilles. Je souhaite passer inaperu. Le scout et lcureuil se regardaient. Philippe demandait humblement passage et la sentinelle le jugeait. Le dialogue muet dura quelques instants. Accueil... Lcureuil repartit, lentement cette fois, et par le mme ct que Philippe. Signe de confiance. Le visiteur tait admis, au moins provisoirement. Il avana avec prcaution. Il faut tre discret quand on ne vous admet que par grce. Pour tmoigner sa sympathie, lcureuil vaquait ses cabrioles, comme sil avait t seul. Il parcourait les nervures des votes, passant dun arbre lautre, en des bonds pro-

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digieux de souplesse. Les branches lgres o il prenait appui palpitaient doucement pour bercer cette harmonie. Philippe atteignit respectueusement la pinde. Les fts mergeaient, sombres, de fougres lumineuses aux taches dombre. Des touches de soleil les teintaient docre jaune vers les cimes. Les aiguilles retenaient les rayons et suspendaient des masses en paillettes. Quelques baliveaux de bouleaux rayaient de bandes dargent la poussire dor du sous-bois. Leurs feuilles triangulaires retenant la lumire sous les arceaux obscurs, taient des copeaux brillants qui semblaient suspendus. Les bruyres, vieux rose, rehaussaient des mousses que le soleil peignait jonquille. Des fils daraignes jetaient des traits vifs entre les rameaux. Des lueurs de vitrail tombaient des votes. Le crpuscule... Le scout choisit un bon emplacement et dressa sa petite tente sur un sol feutr. Travaillant geste silencieux, il prenait garde de ne rien dranger de ce recueillement. Un ramier roucoulait tendrement. Ce fut bientt lheure o le ramage voil des grillons ressort, comme une prire tenace et somnolente. Les fonds lointains en rsonnrent de toutes parts, en sourdine. Les bruyres rpandaient des parfums de miel : elles cessrent bientt de bourdonner du voltigement des abeilles basculant entre leurs pattes les urnes odorantes. Une bande de sittelles voleta encore, de tronc en tronc, parcourant les corces, piquant de-ci de-l avec de petits cris. Elle disparut en flnant. La vibration de lair tomba comme dun coup. Sous un souffle lger le peuple des fougres sinclina, fervent, entre les hautes colonnes. Un chtaignier bruissant sous cette haleine fit un clapotis de ruisseau qui saute sur des pierres. Philippe prpara son repas du soir. La brise modulait de doux mugissements de mer paisible, qui passaient, en ondes, au-dessus de lui. Lobscurit vint pas de loup. Les cimes rougeoyaient encore que le scout se vit environn dun voile bleu. Sa solitude commena lmouvoir. Le silence tait devenu vide. Tout tmoignait dune attente. Alors le rossignol chanta. Il rassemblait ladoration des tres et linterprtait en stances lentes. Cest justice, pensa Philippe. Cest la voix la plus belle qui doit parler au Bon Dieu.

Et il fit sa propre prire. Ctait comme sil avait chang les rponses avec loiseau. La nuit... Quand le rossignol se fut tu, la nuit commena. Un hibou marqua le rveil des tnbres. Autour de Philippe, tout semblait crpiter mystrieusement. Il se dshabilla en hte et chercha refuge sous sa tente. Il la ferma avec soin et prtendit dormir. Mais son attention restait tendue. Son oreille guettait anxieusement les bruits. La sarabande commena. Des craquements sonores rsonnaient trangement, suivis de coups sourds, comme des objets tombant sur le sol. Un galop de bte affol passa tout prs. Un grand-duc, roi de la nuit, perla son rire sinistre. Des chouettes changrent des recettes de sabbat. Une danse infernale tourna autour de la tente. Le scout rentra la tte sous son sac de couchage pour ne pas entendre. Il y avait des bruits inexplicables de tous cts. Un dchirement brutal le fit sursauter. Il ouvrit les yeux hors du sac et tressaillit deffroi : la tente tait claire. Il sassit, une sueur froide au front. Mais, dun effort nergique, il se calma et se rassura. La lune tait leve, simplement. Elle rpandait sa lumire ple. La pinde devait tre jolie. Mais il neut pas le courage douvrir la tente. Il entendait au loin des glapissements aigus. Un renard... ou bien quelque me en peine. Il se renfona au plus profond de son sac. Il se dressa soudain, terrifi. On avait touch la tente. Il en tait sr. Un coup mat sur la toile comme un caillou. Est-ce que les sorciers de la nuit samusent bombarder les tentes des scouts ? Ou bien peut-tre, une branche morte, descendue de la vote ? Il se sentait hriss de terreur. Alors il entendit marcher. Ctait tout prs... Encore un pas... encore un. Cela approchait... Un cri vrilla, comme un tre quon assassine. Il imposa silence aux battements de son cur et tenta reprendre empire sur lui-mme. Il prit sa lampe, lalluma et sortit, tremblant, de la tente, projetant le rayon dans tous les sens pour chasser les divinits infernales. Au dehors tout tait calme. Un sanglot lointain de chouette rsonna. Une lumire bleue, paisible, baignait les pins noirs. Il eut honte de ses craintes. La lune ronde brillait au travers des fines ramures. Elle jetait sur les mousses comme un tapis dargent.

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Il frissonna, car son lger pyjama ne le protgeait pas contre la fracheur. Il rentra sous la tente, dans la tideur du sac de couchage. Il glissa bientt dans un mauvais sommeil, agit de brusques rveils. Laube... Quand il reprit conscience, la tente tait redevenue obscure. Tendant loreille, par habitude, il ne perut aucun bruit. Les malfices de la nuit semblaient vapors. Un silence oppressant pesait sur toutes choses. Il attendit quelques vnements imminent. Alors un chant doiseau frais, cristallin, parvint jusqu lui. Sa musique lui parut ravissante. Ctait le jour, la fin des alarmes. Il couta avec transport. Il reconnut la ritournelle endiable dune msange tte bleue. Puis tout un concert sveilla. Il sortit de la tente pour assister au retour de la lumire. Les cimes sirradirent, puis les votes, enfin le jet des colonnes. A nouveau le silence vibra, pur et vivant. Et le rossignol, paisible ministre de ce monde bruissant, modula sans hte ses phrases chaudes et ferventes.

LES OISEAUX, LES ANIMAUXLe jour o tu seras entr toi-mme, tu auras appris tout ce quun scout doit savoir. La leon de la fort, peu peu, tinstruira. La Loi te paratra toute simple observer et tu seras, parmi les autres garons de ton ge, un chef cout et aim. Les tres de la fort que rencontra Philippe lors de cette quipe fameuse, tu les rencontreras toi-mme souvent. Afin de taider les reconnatre, voici quelques explications leur propos.

Le faisan est un gros oiseau brun tachet de sombre. Le mle porte des couleurs brillantes vert et rouge. Sa queue est longue. Son vol est lourd et bruyant. Il court sur le sol assez rapidement. On le chasse beaucoup dans nos forts. Son cri est guttural.

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Lcureuil arriva, ondulant par bonds lgers. Familier, il se planta droit devant le scout. Fouillant le sol, il y cueillait des champignons quil dgustait, hochant la tte et fixant son interlocuteur. Je nai rien gn, et jai vu bien des choses, sexcusa Philippe. Narquois, lcureuil acheva son djeuner. Sous le nez du scout, un rouge-gorge insolent vint sgosiller. Ses notes presses, cristallines ou graves, sgrenaient clatantes. Sa queue frtillait joyeusement. Sa tte, par des mouvements vifs, sinclinait, de-ci de-l. Une fauvette tte noire sapprocha et changea avec lui des trilles clatants. Un dlicieux petit troglodyte se percha sur un buisson tout proche et sembla rflchir quelque envole prochaine. Ravi, au milieu de ses htes maintenant familiers, Philippe sentit quil tait dsormais entr dans lintimit de la fort.

Les msanges constituent une espce aux varits nombreuses. Les msanges bleues et charbonnires sont les plus frquentes. Elles ne se distinguent que par la couleur de la calotte sur la tte : bleu ple chez la premire, noire chez la seconde. Les reste du corps est pareil : bleu fonc sur le dos et les ailes, jaune sur le ventre. Les joues sont blanches. Elles nichent dans le creux des arbres, de prfren ce. Elles dtruisent des quantits de vers et dinsectes nuisibles. Elles chantent en tout temps, mme dans les jours dsesprs de lhiver. Mais alors leur cri est si mu et si faible quon le peroit peine. Tandis quen t leur ritournelle est brillante et sonore.

Les sittelles volent gnralement en bandes dune quinzaine. Comme les piverts, elles se nourrissent des insectes quelles trouvent dans les corces. Elles grimpent aux arbres. Souvent, on les voit accroches un tronc, la tte en bas. Elles sont plus petites que le moineau. Leur dos est gris sombre ; leur ventre plus clair. Elles jettent, en voletant, de petits trilles gracieux. Le rossignol est le roi des chanteurs. Sa voix est magnifique. Elle sgrne en stances trilles, jamais semblables, pendant les nuits de mai, notamment. Cest un oiseau un peu plus gros que le moineau, mais plus fin. Son plumage est fauve clair. Il habite volontiers les rgions humides.

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Le Pivert a la taille dun poing ferm. Son plumage est olivtre. Sa tte est tache de rouge. Il creuse son nid dans les troncs darbres : chne ou pin de prfrence. Le nid souvre lextrieur par un trou circulaire bien reconnaissable. Le fond nest jamais recouvert de duvet. Les ufs sont pondus mme le bois, dailleurs soigneusement liss. Le pivert est trs utile, car il passe son temps explorer les corces des arbres et en retire tous les vers et insectes qui les rongent. Il tarrivera souvent dentendre ses coups de bec rapides qui rsonnent trangement fort dans les fts. Quand il vole, il lance souvent un jacassement dune voix clatante.

Le merle est un oiseau dune taille qui approche celle du pivert. Il est tout noir avec un bec jaune. Il est familier. Il siffle des roulades dun beau son plein. Il mange beaucoup dinsectes et de vers. Il tarrivera peut-tre un jour de voir un merle extraire de son trou un ver de terre. Cest trs amusant. Le ver rsiste tant quil peut et a se comprend. Le merle tire, tire, arc-bout sur ses pattes, avec des secousses tout fait drles. La femelle du merle a un plumage qui nest pas compltement noir, mais gris sombre. Il ne faut pas la confondre avec la grive.

La fauvette tte noire est grosse comme un moineau, mais plus allonge. Elle est gris verdtre, brune sur le dos. Elle porte sur la tte une petite calotte noire. Elle chante, avec des roucoulades qui ressemblent beaucoup celles du rouge-gorge. Mais ce dernier a une voix plus pleine et plus grave. En outre, elle chante volontiers dans le milieu du jour ; le rouge-gorge, plutt le matin et le soir.

Le troglodyte est un oiseau tout petit comme une grosse noix. Il est frmissant, sa courte queue toujours releve. Sa couleur est brun sombre mouchet de noir. Il va de buisson en buisson, y cherchant de petits insectes. Il lance un ramage en plusieurs notes hautes tonnamment fortes pour un si petit corps. On le confond parfois avec le roitelet, dont les habitudes sont semblables. Mais celui-ci est gris vert et ne dresse pas la queue comme le troglodyte.

Le pinson est un bel oiseau aux couleurs brillantes, surtout commun prs des vergers. Poitrine saumon, tte grise, ailes brunes taches de blanc. Il lance une ariette bien reconnaissable, car elle est toujours la mme. Il sautille ou marche comme les pigeons et les poules, indiffremment.

Le geai est un oiseau de la taille du pigeon. Son plumage est gris rougetre marqu de noir, de blanc et de bleu de ciel. Il ne quitte gure la fort. Son cri a quelque chose dune mcanique qui se dmonte trop vite. Cest un carnassier qui tue beaucoup de petits oiseaux. Beaucoup de ces oiseaux dont je viens de te parler migrent en hiver vers des rgions plus chaudes. Quelques-uns vont fort loin. On cite souvent lhirondelle et le martinet (tu les connais bien, je nai pas besoin de te parler deux, ni de leurs nids de boue sous le toit des maisons), qui vont en Algrie, au Maroc et mme jusquau Cap. Aprs daussi longs voyages, ils sont capables de retrouver sans erreur le chemin de leur nid. Il faut quils aient un sens de lorientation qui nous chappe. Que tarriverait-il si on te lchait du ct de Madagascar sans carte ni boussole avec mission de te rendre la troisime maison partir de lglise de Trou-le-Sec ? Ainsi, en hiver, la fort est dserte par la plupart de ses habitants dt. Seuls demeurent les plus courageux, comme le rougegorge. Le rouge-gorge a la mme taille que la fauvette, mais sa forme gnrale est plus ramasse. Sa couleur est fauve, avec une poitrine rouille, do son nom. Il a un gros bec et de gros yeux sympathiques. Il niche dans les buissons. Il est familier. En hiver, il lui arrive dentrer dans les maisons pour se rchauffer. Quand la fort est toute dpouille par le froid, quand tout sest tu sous un manteau de neige ou de paillettes de givre, vienne un rayon de soleil et le rouge-gorge chante aussitt de tout son cur. Nest-ce pas un beau trait de courage et de foi dans lavenir que ce faible oiseau qui ne veut pas dsesprer quand tout semble mort ? Le rouge-gorge nous donne une des leons de la fort.

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Le hibou est un oiseau de nuit de la grosseur dun fort pigeon. Autour de ses yeux, son plumage sarrondie en sorte de disques blancs. Sur la tte ses plumes lui font aussi des sortes de petites oreilles pointues. Sa couleur est brune. De jour, il reste immobile dormir sur des branches. La nuit, il part en chasse dun vol silencieux. Il voit mal pendant le jour, beaucoup mieux pendant la nuit. Son cri est un hululement qui sachve sur un cri lev. Il dtruit beaucoup de petits rongeurs nuisibles. La chouette, la hulotte sont dautres nocturnes qui ne sont pas plus beaux regarder que le hibou. Elles nont pas les fausses oreilles de celui-ci. Pour le reste, elles lui ressemblent fort et ont les mme murs. Elles sont aussi utiles que lui. Leur hululement est modul sur une note unique. Il est triste entendre. Curieuse rencontre, chez ces oiseaux de nuit, de tant de caractres qui leur crent une personnalit lugubre et terrifiante. Il faut vaincre ce sentiment de rpulsion, car ce sont au demeurant de braves et honntes oiseaux qui chassent pour vivre et chantent en chassant, comme tous les autres. Philippe navait rencontr ni pie ni corbeau pendant son expdition. Je ten parle pourtant, car on les rencontre constamment. La pie porte une robe noire et blanche. Elle a une longue queue aux riches reflets verts et pourpres. Son naturel est pillard. Elle jacasse souvent au haut des arbres. Ses bandes blanches au bout des ailes ressemblent des manchettes, et comme son plastron est blanc, elle a tout du monsieur en habit.

Lcureuil est un petit rongeur, gracieux au possible. Son pelage est fauve rouge. Sa queue lui sert de balancier pour excuter des cabrioles tonnamment hardies de branche en branche et mme darbre en arbre. Il se construit un nid dans les cimes les plus hautes de la fort. Il descend souvent par terre et sasseoit drlement sur ses petites pattes de derrire, se servant pour manger de ses pattes avant comme toi de tes mains. Il pousse, quand il est effray, une sorte de gloussement bruyant. Tu rencontreras aussi la taupe. Cest un petit animal au beau pelage couleur gris sombre. Il est aux trois quarts aveugle, gros comme un rat, avec des pattes avant grandes et fortes, armes dongles solides, de vraies pellespioches grce auxquelles il creuse des galeries dans le sol avec une incroyable rapidit. De place en place il vacue les terres de djet et les accumule en petits tas vaguement coniques quon appelle taupinires.

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Le corbeau et la corneille qui lui ressemble fort, et est en fait plus frquente est un gros oiseau noir, avec des reflets violets ou verts. Il a un gros bec robuste. Il croasse de faon fort disgracieuse. Une ronde de corbeaux croassant dans un ciel gris dhiver est un des spectacles les plus tristes qui soient. Le corbeau se nourrit de mulots quil pourchasse avec ardeur, et aussi dinsectes divers. Il mange un peu de tout.

Le hrisson prsente la particularit davoir sur tout le corps (sauf la poitrine et le ventre) des piquants acrs et touffus. Attaqu, il se met en boule et se prsente alors ses ennemis comme une pelote dpingles. Il est trs utile en dtruisant quantit de limaces et chenilles. Il tue les vipres. Voici cet gard lhistoire arrive un scout que je connais et qui sappelle Jean. Il avait recueilli deux petits de msanges. Il les avait mis dans une cage et la cage tait pose sur un buisson du jardin. Les parents des oisillons venaient les nourrir au travers des barreaux et chaque matin il venait constater les progrs de ses pensionnaires. Cela allait trs bien. Il finit mme par laisser ouverte la porte de la cage. Or, un soir, il trouva un hrisson dans un coin du potager. Et ce hrisson avait soif. Une soucoupe deau le rassura quant aux intentions de Jean. Dix jours aprs, celui-ci lui donnait du lait la petite cuiller et il le suivait comme un jeune chien. On lappela Jo. Il tait trs intress par les deux petites msanges. Il se plantait souvent au pied du buisson portant la cage et regardait vers celle-ci. Puis il reprenait sa chasse aux limaces, hochant la tte. Il avait lair de trouver que les choses ntaient pas son got. Un matin, Jean ne le vit plus. Il le chercha partout sans le trouver. Il pensa quil tait parti chasser sous dautres cieux. Le lendemain matin, il dcouvrit une catastrophe : la cage des msanges tait dvaste. Lune delle avait disparu. Lautre gisait, morte et sanglante. Jean en eut beaucoup de chagrin et chercha qui pouvait tre le coupable. Comme il se retournait il vit Jo qui regardait la cage. Il tait dsol. Sa petite tte errait de droite gauche. Mais il y avait une flamme de colre dans ses yeux. Il partit en courant. Jean essaya de le suivre. Il disparut dans les fourrs. Le lendemain, Jean alla par habitude la cage dserte. En arrivant, il vit Jo en boule qui dormait au pied du buisson. Devant lui, morte, une grosse vipre : ctait la sale bte qui avait tu les

msanges. On sen assura en lui ouvrant le ventre ; on y trouva des dbris doiseau quelle navait pas fini de digrer. Sil avait eu la parole, Jo aurait expliqu Jean, ds le dbut, que les msanges taient en danger. Cest ce quil voulait exprimer en restant devant la cage. Aussi montait-il la garde. La vipre avait profit dune courte absence. Mais il la punit sans tarder. Il tarrivera peuttre de rencontrer des loirs, petits rongeurs gris bleuts qui chassent pendant la nuit lt et dorment lhiver. Ils se nourrissent des oisillons quils peuvent surprendre au nid. Ils gtent dans des trous darbres creux ou de vieux murs. Lhiver, ils se rfugient parfois dans les granges et les greniers.

Putois, hermine et belettes sont des carnassiers au corps allong et souple qui dvastent les nids. Lhermine prsente la particularit de changer de couleur. Brun fauve pendant lt, en hiver elle devient blanche avec seulement le bout de la queue noir. Il nest pas impossible de rencontrer un renard. Par une orageuse aprs-midi dt, jai presque march sur la queue dun splendide spcimen, alourdi peut-tre aussi par quelque bon repas. Il est parti au petit galop, sans avoir lair trop inquiet. Le renard a le museau effil et la queue touffue. Il vit en fort. Il en sort la nuit pour chercher sa nourriture. Le jour, il se retire dans

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les terriers quil creuse sur le flanc des talus, prs des colonies de lapins. Je crois que les lapins naiment pas beaucoup ce voisinage. Ils ont les meilleurs raisons du monde de sen mfier.

Tels sont quelques-uns des animaux que tu peux rencontrer. Il y en a beaucoup dautres, mais je ne peux pas les citer tous. Ce volume y passerait tout entier. Ces quelques explications tauront peut-tre appris que le monde de la fort foisonne dtres intressants connatre. Tu as l de belles dcouvertes faire. Fais-toi aider par les gardes forestiers, les bcherons, les paysans rencontrs au hasard de tes expditions. Ils te renseigneront volontiers. Mais, pour observer toi-mme, rappelle-toi quil faut savoir garder le silence et limmobilit. Connatre la fort, cest laimer. Cest voir en ces arbres et ces tres des cratures de Dieu. Cest aimer la beaut que Dieu mit en eux et qui nous ravit ds que nous avons la sagesse de lobserver. Aimer les plantes et les animaux, ainsi que nous lordonne la Loi, cest surtout leur prter une attention sympathique, comprendre leurs besoins, leurs souffrances, les aider quand on le peut, apprcier et admirer lordre divin dont tmoigne sans cesse nos sens tonns laccord harmonieux de leurs couleurs et de leurs formes, de leurs mouvements et de leurs chants.

Comment se cacher pour observer ? En restant sous un arbre un long moment sans bouger ; il mest arriv ainsi de voir des cureuils venir tout prs de moi, vaquer leurs occupations sans plus se soucier de moi que si je navais pas exist. Si tu es contraint de te dplacer, opre par gestes lents, insensibles, en tudiant chaque endroit o tu poseras mains et pieds, ceci afin dviter de faire craquer feuilles mortes ou petites branches. Apprends ramper, on peut trs bien progresser en prenant appui sur les coudes et les pointes des pieds. Tu peux arriver approcher de prs certaines btes de la fort, tels les biches et mme les renards et les cerfs, si tu sais ty prendre. Voici quelques prcautions ncessaires : Tout dabord il faut choisir le terrain sur lequel tu tavances, afin que la couleur des vtements que tu portes ne tranche pas trop sur celle du sol. Si tes vtements sont kaki, vite de te profiler sur un mur blanc ou un buisson sombre. Mais tu seras peu vu sur un fond de sable, de terre claire, ou de rochers, ou dherbe pauvre. Quand tu utilises des talus comme cachette, veille ne pas te montrer leurs sommets. Mets ton il le plus prs du sol possible et regarde par un des cts du talus. Evite aussi de te profiler sur lhorizon. De mme si tu te caches derrire un arbre, et que tu veuilles examiner ce qui se passe.

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L A P P ROCHE

Voici comment procde un indigne du Soudan. Cest srement une bonne leon retenir : Il rampe sur les coudes et les orteils, bien aplati dans lherbe. Quand il atteint le sommet dune colline, il lve trs lentement la tte, petit petit, jusqu ce quil aperoive ce quil cherchait. Sil voit lennemi au loin, il lobserve attentivement et, sil croit quil a t vu, il tient sa tte parfaitement immobile pendant un temps trs long dans lespoir quon la prendra pour une souche ou une pierre. Sil na pas t aperu, il baisse graduellement sa tte, petit petit, et se retire en rampant doucement. Tout mouvement rapide ou soudain de la tte sur lhorizon attirerait srement lattention, ft-ce trs grande distance. De nuit, reste autant que possible dans le creux, les fosss. De la sorte, tu restes invisible dans lobscurit, tandis quau contraire un adversaire ou une bte se dcoupera en ombre noire sur le ciel moins noir. Tout mouvement doit tre lent et doux pour rester inaperu. Le pas dun homme peut sentendre une grande distance. Aussi fautil marcher lgrement, sur la pointe des pieds, et non pas sur les talons. Tu feras bien dailleurs de thabituer marcher toujours ainsi, ta dmarches sera silencieuse et souple. Et tu dcouvriras que plus cette habitude simplantera chez toi, plus grandes seront les distances que tu parcourras sans fatigue. Quand tu cherches approcher un animal, reste sous le vent, mme si le vent est imperceptible. Donc, quand tu pars en expdition, assure-toi de la direction du vent et marche contre lui. Pour trouver cette direction, mouille ton doigt et tiens-le dress. Le ct qui te semble le plus frais tindique la direction du vent. Tu

peux aussi lancer en lair un peu de poussire ou quelques feuilles sches et regarder la direction quelles prennent. Il est prudent, lorsque tu progresses parmi les herbes ou les fourrs, de te fixer des branchages ou des herbes avec une courroie autour de la tte. De la sorte ton visage reste invisible. De mme, mfietoi des taches claires de tes bras et de tes genoux quand tu es en uniforme. Camoufle-les avec des feuillages ou au moyen de linge de teinte neutre. Tout ce que je viens de te dire de lapproche dun animal peut tre utilis par toi si, au cours dun jeu ou dune expdition prilleuse, tu as approcher dun adversaire ou chapper sa recherche. Peut-tre arriveras-tu un jour approcher un des animaux les plus mfiants de la fort, par exemple un geai, un cerf ou un renard. Tu lobserveras un long moment. Tu parviendras mme en prendre un croquis ou une photographie. Ce jour-l, tu pourra tre fier de toi. Ce sera un bel exploit et tu auras ainsi montr que tu tais familier de la fort.

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La vitesse du vent peut sestimer laide des indications suivantes :DEGRS Calme Presque calme Lgre brise Petite brise Jolie brise Bon frais EFFETS PRODUITS Calme, la fume slve verticalement. La direction du vent est releve par le sens de la fume mais non par la girouette. On peroit le souffle du vent sur la figure. Une girouette ordinaire est mise en mouvement. Feuilles et petites branches constamment agites. Le vent dploie les pavillons lgers. Soulve la poussire et les papiers, fait mouvoir les petites branches. Les grandes branches bougent. Les fils tlgraphiques bougent. Lusage des parapluie devient difficile. Les arbres entiers sont agits. Il est pnible de marcher contre le vent. Brise les petites branches des arbres, empche gnralement la marche en avant. Peut endommager les constructions lgres (chemines et ardoises arraches). Rarement observ lintrieur des terres. Graves dgts aux constructions. Trs rarement observ, saccompagne de ravages tendus Exceptionnel Vitesse : mtre en 1 seconde 0,3 0,3 1,5 3 5,5 10 14 17 21 1,5 3 5 8

MET E O R O L O G I ECest un bien grand mot pour dsigner la technique du campeur qui sait prvoir le temps daprs les phnomnes atmosphriques. Quand tu auras une solide exprience du camp, tu te rendras compte combien il est prcieux de pouvoir prvoir le temps quil va faire dans les heures qui viennent : ne serait-ce que pour le choix de ton quipement. Mais cela te sera surtout prcieux quand il te faudra prendre une dcision sur le moment opportun pour excuter une mission, ou sur lheure de dpart en exploration. Il faut donc que tu saches observer ce quon appelle les phnomnes mtorologiques mais aussi que tu saches en dduire lvolution probable du temps. LES VENTS. La direction du vent est celle do il vient. Elle peut-tre facilement observe au moyen dune girouette, dune fume, dun chapeau, dun ruban fix un mt, dun mouchoir tenu bout de bras.

Grand frais Petit coup de vent Coup de vent Fort coup de vent Tempte Ouragan

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24,5 28,5 28,5 33,5 33,5

LES NUAGES. Quand tu sauras reconnatre les nuages et observer leur volution, tu seras fort bien plac pour prvoir le temps venir. Pour tentraner demande ton chef de taider en te servant de ce tableau.

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NOMS Cirrus

ASPECT

ALTITUDE

PRVISION DU TEMPS

NOMS Fractostratus

ASPECT

ALTITUDE

PRVISION DU TEMPS Lorsque ces nuages apparaissent sous l Altostratus la pluie est immdiate.

Formes varies ; fila- Altitude suprieure Ne donne pas de prcipiments isols, touffes, 6.000 m. tations. traits crayonns sur le ciel bleu. Ciel trs pommel. finement Altitude suprieure Ne donne pas de prcipi 6.000 m. tations.

Nuages trs sombres et Altitude comprise trs dchiquets, quon entre le sol et 2.000 voit courir sur le fond mtres. gris du ciel.

Cirrocumulus Cirrostratus

Cumulus

Voile laiteux donnant Altitude suprieure Ne donne pas de prcipile phnomne du 6.000 m. tations mais prcde souhalo. vent larrive des nuages de pluie Couche de nuages frag- Altitude comprise Ne donne pas de prcipiments comportant des entre 2.000 et 6.000 tations. dchirures, des trous mtres. et donnant souvent au ciel laspect pommel. On y observe parfois le phnomne des couronnes. Couche de nuages continue opaque, sans aucun trou, de teinte grise, daspect fibreux ou stri. Ce nuage donne pluie ou neige.

Nuage base horizon- Altitude de la base Peut donner des prcipitale et fort dveloppe- entre 500 et 2.000 tations. ment vertical. mtres. Altitude du sommet pouvant atteindre 8.000 m. Sous ce nuage il y a en gnral une averse ou un orage accompagns de grle, de pluie forte ou de neige en priode froide. En dehors du nuage le temps peut tre assez beau.

Altocumulus

Altostratus

LES PRECIPITATIONS. Il est utile de pouvoir identifier les phnomnes atmosphriques que tu peux rencontrer. Voici quelques dfinitions :NOM DU MTORE DFINITION ET CARACTRES PRINCIPAUX

Stratocumulus

Couche de nuages frag- Altitude comprise Peut donner de trs faiments, comportant des entre le sol et 2.000 bles prcipitations (goutmtres. dchirures, des trous. tes isoles). Couche de nuages continue, trs brumeuse sur laquelle on ne distingue aucun dtail. Analogue un brouillard qui ne reposerait pas sur le sol. Sauf la fin de lautomne et en hiver ce nuage se dsagrge et disparat au cours de la matine. Peut-tre accompagn de bruine (petite pluie excessivement fine).

Brouillard

Stratus

Brume Bruine Pluie

On naperoit pas les objets situs plus de 1 km. Ceci peut se produire notamment soit lorsquon se trouve dans une nappe de brouillard au sol au fond dune valle, soit lorsquon se trouve dans les nuages (en montagne). On naperoit pas les objets situs plus de 2 km. Chute de trs fine gouttelettes deau excessivement nombreuses, qui paraissent presque flotter dans lair. Chute prolonge et assez rgulire de gouttes deau de taille moyenne.

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Cumulonimbus Nuage trs dvelopp verticalement comportant son sommet un panache de nuages levs, sa base est toujours sombre, souvent dun noir dencre.

NOM DU MTORE Neige Averse Grsil Grle Orage Tempte de sable Chasse-neige Rose Gele blanche Givre Arc-en-ciel

DFINITION ET CARACTRES PRINCIPAUX Chute de cristaux de glace, le plus souvent assembls en flocons. Chute gnralement de courte dure, ayant un dbut et une fin assez brusques, de gouttes deau assez grosses, de flocons de neige, de grlons, etc... Petits grains deau gels, plus ou moins translucides, gnralement sphriques, rebondissant sur le sol. Globules ou morceaux de glace, de formes varies et pouvant atteindre jusqu 5 cm. de diamtre et plus. Accompagne gnralement les orages. Tonnerre et clairs, accompagns ou non daverse. Poussire ou sable soulev du sol par le vent et rduisant considrablement la visibilit. Neige souleve du sol par le vent et rduisant considrablement la visibilit. Gouttes deau qui se forment par condensation de lhumidit de lair sur les surfaces horizontales pendant les nuits claires. Petits cristaux de glace qui se forment sur le sol et les plantes la place de la rose, lorsque la temprature descend au-dessous de 0. Dpt de glace qui se forme par temps de brouillard ou de brume sur les objets dont la temprature est infrieure 0. Se produit loppos du soleil sur lcran form par les gouttelettes deau tombant des nuages averses. Est color en violet lintrieur, en rouge lextrieur. Peut tre doubl dun deuxime arc dont les couleurs sont inverses. Consiste en un ou plusieurs anneaux entourant le soleil ou la lune, lorsque ceux-ci sont vus travers un nuage peu pais. Ces anneaux sont colors en violet lintrieur, en rouge lextrieur. Grand cercle entourant le soleil ou la lune lorsque ceux-ci sont vus travers un nuage form de cristaux de glace (Cirrostratus). Pour lobserver tendre le bras vers le soleil, masquer celui-ci avec la paume de la main, lextrmit des doigts se trouve sur le cercle du halo.

Si tu veux mesurer les prcipitations il faut te servir dun pluviomtre. Demande ton chef en quoi consiste cet instrument. COMMENT PRVOIR LE TEMPS ? Il ne suffit pas de savoir observer vents, pluies et nuages. Il sagit de savoir prvoir le temps quil va faire. Cela est trs utile mais aussi trs difficile. Et parfois la mtorologie commet des erreurs. Elle emploie des instruments dont le maniement est dlicat et dont je ne vais certes pas tentretenir ici. De plus un systme nuageux reprsente un ensemble qui nat, se dplace, et meurt. Pour prvoir quelque distance dans le temps, il faut disposer dun rseau de renseignements sur la vie et la vitesse mme du systme, renseignements complets que tu peux te procurer. Ce quon demande un scout cest dtre capable de se faire une ide approximative du temps quil fera daprs certains indice observs dans le ciel durant un dlai trs court (1 2 heures). Retiens les indices nots ci-dessous, observe, dduis, et vrifie par la suite si tu es tomb juste. A part certains phnomnes locaux comme le brouillard ou les orages dt, les changements de temps sont toujours dus des perturbations ; elles donnent naissance aux nuages aux prcipitations, aux vents, provoquent les variations de temprature. Tu pourras observer la pratique les phnomnes suivants : Avant le passage dune perturbation. Le ciel se couvre dabord par nuages levs isols (Cirrus) puis par un voile continu de nuages levs (Cirrostratus) avec un halo et ensuite par des nuages moyens continus (Altostratus). Le plus souvent le vent qui tait dW ou NW soriente SW ou S. Cest le cas le plus

Couronne

Halo

Aspect du halo du soleil

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frquent en France, o la perturbation vient en gnral de lW. Le baromtre est en baisse. La temprature est en hausse. Aprs le passage dune perturbation. Le ciel est variable : tantt trs peu nuageux, tantt presque couvert avec des averses. Les nuages sont en grande majorit du type dveloppement vertical (Cumulus, Cumulonimbus). Le plus souvent (perturbation de lW) le vent a tourn au passage de la perturbation dans le sens des aiguilles dune montre (par exemple du S lW, ou du SW au NW, ou du S au NW, etc...) Le baromtre est en hausse. La temprature est en baisse. Si on nobserve pas de nuages dveloppement vertical et daverses aprs le passage dune perturbation, cela indique quune autre perturbation existe derrire la premire et a des chances dintresser la rgion bref dlai. Lorsque le baromtre est trs haut et ne varie pas, cest lindice quil ny a pas de perturbations proximit de la rgion. La pluie nest donc pas craindre. En t, le ciel restera clair ou sera orn de cumulus de beau temps. Pendant les autres saisons le ciel sera soit clair, soit couvert avec Stratus ou brouillards. Phnomnes locaux. Formation pendant les nuits claires et sans vent dans les valles et bas fonds, spcialement aux endroits humides, de brouillards qui se dissipent dans le courant de la matine. En t pendant les journes chaudes et sans vent, notamment sur les montagnes, formation le matin, dans un ciel clair, de petits nuages blancs (Cumulus) qui se gonflent et se transforment laprsmidi en gros nuages trs sombres (Cumulonimbus) qui saccompagnent dorages. Nuages. Enormes, noirs, blafards : Annoncent un grain Contours flous et mal dfinis : Pluie, coup de vent. Pommels : Changement de temps. Marchant contre le vent : Changement de temps. Avec barbes de chat : Vent fort en altitude.

Nuages en sens diffrents : Temps orageux. Longs filaments, chevelures, stries, blanc, sans ombre (cirrus envahissant le ciel) : Vent et pluie. Petits flocons blancs sans ombre, en groupes ou files, ciel moutonn, halo du soleil ou de la lune : Mauvais temps plus ou moins proche. Nuages arrondis, plus gros que les prcdents, avec ombres en longues files de groupes serrs, ciel pommel : Mauvais temps rapproch. Nuages bas et gros, aspect cotonneux, blancs avec dmes arrondis et base horizontale : Beau temps. (Cumulus de beau temps).

Voiles opaques gris ou noirs : Pluie. Si la lune est brillante, bords nets : Temps sec et beau. Si elle est embrume : Temps humide. Si elle est entoure dun halo ou dune couronne lumineuse : Pluie probable. Si les toiles ont peu dclat, si elles sont obscurcies : Pluie. Si elles sont en grand nombre et tincelantes : Beau temps. Vents. Le vent donne aussi des indications utiles, mais cela dpend des pays.

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Dans toute la France : Vent du secteur nord : Beau et froid (en Provence on lappelle mistral). Vent du sud : Pluie, grains et orages. Dans les rgions de climat atlantique : Vent du secteur ouest : Pluie. Cependant, le vent du nord-ouest indique souvent un temps stable. Mais le vent du sud-ouest apporte la tempte Vent du secteur est : Beau et sec. Dans les rgions mditerranennes : Vent du secteur ouest : Beau. Vent du secteur est (tramontane) : Pluie et tempte. Tu auras intrt, si tu veux pousser ta comptence en mto te mettre en relations avec les indignes et