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MMtiiiilW>Mmr{ asa^aMaawa^^
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OS antiquits
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S
G.DOTTIM
COLLECTION POUR L'TUDEDES
ANTIQUITS NATIONALES
II
LA LANGUE GAULOISE
VVBR4>
te'2,
n
LA LANGUE (GAULOISE
Prcdemment paru dans
la
mme
collection.
(t.
Dottin, Les anciens peuples de l'Europe,
in-8'' reli,
6
fr.
COLLECTION POUR L TUDE DES ANTIQUITS NATIONALESII
LA
LANGUE GAULOISEGRAMMAIRE, TEXTES ET GLOSSAIREGeorges DOTTINDOYEXDEI-A
FACri.TE
DES
LETTRES
DE
RENXES
PARIS
LIBRAIRIEJl,
C. KLINCKSIECK RUE DE LILLE, 11 1920droitsrservs.
Tous
A.
noHyv^
cmvict:^ ?OQ-
Copyrif/hl hy C. Klincksieck,
1920.
Le
livre
de M. Dotlin renferme tout ce que nousla
savons de
langue gauloise, cest--dire dela
la
langue
parle dans
Gaule,
il
y
a deux mille ans, par les
peuples qui s'appelaient
les Gaulois.
Ce que nous savons desementpar lesfort
celle langue est:
malheureu-
peu de chose;
quelques mots, conservsle
Ancieus
beaucoup de noms propres, dont;
sens est souvent douteux
un
lot assez restreint d'in-
scriptions, plus faciles dchiffrer qu' traduire.le
Si
vocabulaire ne nous est point inconnu,la
la
structure
de
langue, qui est l'essentiel, nous chappe peu
prs compltement.
Ce
livre,
si
copieux
soit-il,
n'est
donc qu'un monument d'attente en vue d'un avenirqu'on ale
droit d'esprer.le
un avenir qui nous fera connatre, de la langue gauloise, beaucoup de ce que nous ignorons. La manire dont nous avons appris ceJe dis qu'on adroit d'esprer
que nous savonstie
d'elle est,
en
effet,
une
trs sre garan-
que des
faits
nouveaux
et
importants viendront,
trs bref dlai, satisfaire notre curiosit scientifique.
Regardez, dans
le livre
de M. Dottin, rignorance en
laquelle, au xvi" sicle,loise;
on
vivait
deil
la
langue gau-
l'tonneraent dans lequel,
y
a
moins d'unsurprise
sicle, la
dcouverte des premires inscriptions cel;
tiques plongea nos plus anciens matres
la
VI
et la joie moili dlirante
de vingt-cinq ans,
le
y calendrier de Colignyil
o nous mil,
a;
moinsla
stu-
peuraprs,
avecla
laquelletablette
on
accueillit,
quelquesla
annes
magique de
Rom,avaitIl
premireen langue
inscription
renfermant quelques phrases
celtique. Si le livre de
M. Dottin
t
compos
en 1880,
il
n'et pas eu vingt pages.
en a plus deL'enrichissefait
deux
cents, dont pas
une
n'est inutile.
ment rapide de nos connaissances nousde trs glorieux lendemains.
prsager
On
peut dire que ce livre
travaille surtout pour annoncer et hter l'avenir.
Voil
pourquoi
nous
avonstrs
t
heureux
que
M. Dottin consacrt une
longue partie de son
livre des tudes historiques sur l'rudition es lettres
celtiques. D'abord, l'histoire de cette rudition est
un
chapitre de l'humanisme, de l'esprit scientifique, ou,plutt,
de l'acheminement progressif de
l'esprit vers
des conclusions scientifiques, et rien de ce qui touche
auxtre
etTorts intellectuels
de nos anctres ne doit nousles
indifrent.
erreurs qu'on aconclusions,et
M. Dottin nous montre commises dans la mthode ou dansPuis, Enfin,il
les
connatre des erreurs c'est se rappro-
cher de
la vrit.
y
a
pour nous un encoul'on ignoraitil
ragement constater tout ce quecentans,:
y
a
mettre enil
regard tout ce
qu'on
sait
aujourd'huichapitres
rsulte
beaucoup de rconfort de ces
rtrospectifs, et,
mme
en matire scienti-
fique, l'esprance est
un gage de progrs.
Nous savonsmprisant
gr
M. Dottin de n'avoir point
t
l'endroit des
modestes ou audacieux cher-
vucheurs qui, clansles
temps passs, ont mis surd'trangest
la
langue celtique
tant
hypothses.;
Leursle
besognes n'ont pas
inutiles
elles
ont
attir
mondetiques
savant vers les questions de nos origines linguis;
et
travers vrit.
mille erreurs
il
reste
toujoursla
une part de
Plus nous
saurons sur
Gauleini-
d'autrefois, plustiateurs, depuis
nous serons indulgents pour
lesil
Ramus
jusqu' Le Brigant, et
n'estfaille
pas jusqu'au faussaire Annius de Viterbe qu'ilse
garder de ngliger
:
je suis
convaincu, pour
ma
part, qu'il a eu sous lesticulier
des scholiastes, qui
yeux des documents, en parnous manquent et qui
auraient une valeur relle.lui, est la
Ramus,
tout diffrent de
droiture, la conscience, la scurit
mme
;
et
il
n'allgue rien, sur les Gaulois, qui ne soit dans;
les textes
celui-ci est
un modle, du genre deestla
Tille-
mont,
et
dont l'exemple
toujours
mditer. Le
Brigant
est, lui, le
type de
hardiesse, j'ose dire dele
l'imprudence presque dmesure dans l'hypothse,type dela
demi-science applique aux plus dconcer;
tantes visions
et
cependant, tout n'est point ridicule
chez
lui,
par exemple dans sa prtention voir en sonla
nom
de Le Brigant
survivance d'une population:
matresse de tout l'Occidentcal brig- est
car, prcisment, le radiles plus
un des radicaux
universellement
rpandus dans cet Occident au troisime millnaireavantle
temps actuel
;
il
est,
ce
radical,et
une deslangue
preuves
les plus nettes
qu'une seule
mmeles
tait parle entre les Sierras et le
Danube,a
Apen-
nins et la
mer
d'Ecosse, et
il
y
une intuition de
vinl'avenir scientifique dans les liicubra lions de
Le Brirepr-
ganl. Je
ci le
dessein
ces Irois
noms commela
senlant chacund'aulrefois:
une modalil de
vie
scientifique
le
pastiche, la conscience, Fimagination.
Malgrtain
lesla
moissons qui nous alLendent,dans
il
est cer-
que
langue gauloise demeurerala
ternellement
uneIl
sacrifie
science des langues d'autrefois.la
nous manquera toujours, pourgrec,
connatre, ce quele latin
nous savons des langues ses contemporaines,
ou
le
il
nou s manquera
la littrature,
potiquele
ou en prose,tuelle,
c'est--dire ce qui
nous aideraitsa
mieux
a]3prcier sa structure
profonde,
valeur intellecl'esprit
son rle
comme instrument
de
humain.
Les plus longs documents que nous pouvons esprerd'elle
ne seront jamais que des documents pigra-
phiques, statistiques, textes juridiques, gvHfJiti populaires.
Victime,
la
langue gauloise
le
restera donc.les
Nous
serons tents toujours dequ'elle a
mconnatre
services
rendus
la civilisation.
Je dis services et
civilisation,
non pas parce que
j'cris sur terre qui fut gauloise,
non pas par chauvique de juger
nismetreles
rtrospectif,
mais par conviction absolue. C'estet pitre historien
mauvais savant
choses d'autrefois uniquement d'aprs ce qui nousd'elles,il il
reste
faut voir aussi
leur place dans
leil
monde,
faut, si hardie
que
soit cette expression,
faut deviner ce qu'elles ont valu, je dis deviner par larflexion.
Voici une langue,
la
langue gauloise, dont
IX
domaine a t presque latin ou que celui du grec.le
aussi tendu que celui duElle a t parle
du pied
des monts Grampians jusqu'au
des bords de l'Elbe aux bords du
sommet des Apennins, Danube on l'a;
comprise prs du Bosphoreet
et sur l'Ida
de Phrygie
:
vous ne voulez pas croire que cette langue a joul'histoire
dansrle
du monde un rle peine infrieur au
du
latin et
du grec,
elle
qui a servi de lien et de centrien
communion aux penses et au commerce de prs de millions d'hommes? Oui mais il ne nous rested'elle.
Disant
;
cela,
vous dites une double injustice.
D'abord vous transformez en motif de condamnationle rsultatsi
d'un hasard. Et ensuite vous oubliez que
elle
n'a rien laiss, ce n'est pas parce qu'elle n'ale
point produit. Je
rpte avec tristesse et colre
:
misrables sont les historiens qui ne comprennentpass que par les restes de ce pass:
le
ils le
tuent,
si
je
peuxle
dire,
une seconde
fois.
La langue gauloise
a eu
grand
tort, qu'elle a
partag avec l'indo-europen;
primitif, de
ne pas tre une langue crite
les Celtes
trouvaient plus beau, plus noble, plus pieux, de parler,
d'entendre et de se souvenir. Ce n'est pas dire qu'ils
ne parlassent pas fort bien. Les langues seulementparles ont parfois,
suprieures quiles les
me disait M. Meillet, des beauts manquent aux langues crites. Toutestaient reprsentes chez
formes deGaulois:
la littrature la
rhtorique, o excellaient tous leurs;
chefs de guerre
les
popes cosmogoniques, histo;
riques ou thiques, composes par les druides
les
posies lyriques ou les chants satiriques des bardes.
Je vous assure qu'il y avait chez eux rquivalent de
V Iliade ou de la Gense^ des Atellanes ou des odes de
Pindare. Je vous assure que cette littrature tait aussiriche,
plus riche
mme, que
celle
de
Rome
avant
Ennius. La langue gauloise rendait beaucoup ceuxqui s'en servaient.
Tout cela a disparu pour toujours. Aucun historiende l'avenir n'en connatra jamais rien.
Un
des plus
nobles chapitres de l'esprit humain nous sera ternel-
lement cach.Je ne pardonne point
RomeI
et
Csar d'avoir
t la cause de ce meurtre intellectuel, venant aprs
d'autres
meurtres.les
H
quoi
Charlemagne a eu;
la
pense de noter
chants populaires des Francsl'ide
et
personne dans l'Empire romain n'a eucrire
de trans-
des pomes
detait
drhides
ou
des strophes
de
bardes?
Gomment
donc
faite l'intelligence
de ces
matres du monde,
s'ilss'ils
n'ont pas vu la beaut de ces
uvres de vaincus,deles
n'ont pas comprisfait
le
devoirl'in-
conserver? Rien ne
mieux
sentir
croyable petitesse morale du grand Empire romain,
queune
le
ddain des pensesla
et
des lettres qui ne venaient
pas d'eux-mmes ou defoisles
Grce. Dbarrassons-nous,
pour
toutes,
de notre
admiration convenue
pour
formes
impriales
duet
pass,
somptueux
difices qui ne sont
que des faades, enveloppant sur-
tout des cadavrespatries.
d'hommes
des
souffrances de
Notre regret, de
la
disparition de cette langue, est
XI
d'autant
plus
grand qu'elle n'a pas tdans
seulement
une langue,collective,
c'est--dire l'instrument d'une civilisationt aussi,l'histoire
mais qu'elle a
gnrale de l'Europe, ujig_langue matresse et primordiale.
Ne croyez pas que
je veuille, la
manire d'un
Le Brigant ou d'un La Tour d'Auvergne, voir en elle la langue universelle de l'Ancien Monde, anctre ouaeule de touteslest.c'jest, je^ le
autres
;
mais cependant
il
faut
regarder ce qui a
Ce qui
a t,
rpte,i
que
la
moiti de
l'Europe, aurnoins, ent re400eta parl le gaulois. C'est,
oO_a:!mjxUBotr..
r^^se
ensuite,
que
le
gaulois
rattache troitement l'unit
la
forme
la plus
ancienne de
linguistique de l'Europe, ^^oici du
moins cej'en
que, depuis
prs
de
trente
ans, j'aiet ce
commenc
penser de l'histoire du gaulois,toujours.
que
pense
Lorsque
l'unit
indo-europenne, ou, ce qui vaut
mieux, lorsque
l'unit
europenne
fut brise,
il
resta
toujours, matresse decel tique, c'est--direItalie,
tout l'Occident, l'unit italo-
une langue parle en Gaule, enles Iles
en Espagne, dans
Britanniques, dansla
la
valle
du Danube,
mme
dans
Basse-Allemagne
au moins jusqu' l'Elbe. Et
c'est cette unit dont les Anciens ont conserv un vague souvenir en parlant des temps ligures qui, ont-ils dit, embrassaient tout
l'Occident.Puis,
un beau
jour, et pas trs loin de l'ans'est
mille
avant notre re, cette unit italo-celtiquepose son tour.Il
dcom-
y
a eu d'un ct la langue italiote et
Xll
de l'autre
la
langue gauloise.
Il
n'est gure de linguiste,
aujourd'hui, qui n'admette de profondes ressemblancesenlrele gaulois et les langues de Fltalie, ressemblances
qui dnotent une parent originelle, tout ainsi que lessimilitudes
entre
les
diffrentes
langues romanes
dclent une
communecette
origine latine.
Cette parent,
ascendance unique
explique
pourquoi tant de mots celtiques, voire de formes grammaticales, se retrouvent en latin et en osco-ombrienet;
M. Dottin, aprslivre,
avoir
accept toutes
les
ana-
logies qu'on avait autrefois signales, a eu le mrite,
dans ce
d'en observer de nouvelles.le
J'ai
t
heureux en particulier deplusfortes
voir noter, encore qu'avec
une ncessaire timidit, certaines correspondancesceltiquelatinla:
dule
avec l'osco-ombrien qu'avec
et cela est naturel, car le latin, plus
proche de
mer, plus en contact avec des allognes, a d vod, danssi
luer plus vite que l'ombrien des Apennins.
Le gaulois de son ct alointaines de l'Europe o
ces
rgions
arrivaient
peu de marencore quevoi-
chands, le gaulois a d voluerles
moins
vite
langues
italiotes,
demeurer beaucoup pluset,
sin
de l'italo-celtique ou du ligure primitif,
parje
tant, de l'europen originel. C'est
du moins ce que
pense.
Par consquent, entre
la
langue dite ligure
et la
langue gauloise, je n'admets pas plus de divergenceessentielle qu'entre le latin de Grgoire dele
Tours
et
franais
des Serments
de Strasbourg. Faire desla
Ligures l'oppos des Celtes est pour moi
ngation
XIII
mme
des
faits hisLori([iies. Ils se lienneiiL,le
comme
les
(iallo-Romaiiis de Charles
Chauve tiennent auxJ'ai
Gallo-Romains de Drusus ou de Claude,
cherch,
je puis presque dire la loupe, tous les vestiges lin-
guistiques fournis par les textes, par Tanthroponymie
ou par
la
toponymie dans
les
pays soi-disant de langue
ligure. Je n'en ai pas trouv
un seul qui ne puissela
s'expliquer par la langue gauloise.Celle-cila plusici
donc
est la fille
de
langue italo-celtique par suite,
semblable sa mre,
et
sans doute ou peut-trela
j'ajoutedela
la petite-flle
langue
indo-europenne
plus semblable son aeule. Con-
natre le gaulois, c'est
donc
se
rapprocher davantagela
de
la
connaissance des origines europennes, de
solution de ce problme qui est le plus passionnant
peut-tre de l'histoire de l'humanit.Si cela m'tait permiside,ici,
je montrerais
que
celte
que
cette hypothse, laquelle peut-tre certains
linguistes feraient des objections, trouve sa confirmation,
non pas seulement dans desfaits
faits linguistiques,:
mais dans des
archologiques de tout ordre
insti-
tutions, religions,
manires de combattre
et
de goucel-
verner. J'aperois chaque instant, dans letique avant notre re, des vestiges quila plus
monde
me
rappellent
ancienne
Italie et
des vestiges qui
me
font
songer l'Indo-Europen primitif. Je ne dis pas quele
Gaulois soit pareil ce dernier,
loin de l.
Mais
entre tous lesdiffre le
hommes du
pass,
il
est
encore celui quifondateur
moins du grand
aeul, anctre et
des mes souveraines de l'humanit.
XIV
Voil pourquoiheure.
le
livresi
de M. Dottin vient sonspcialqu'il
Voil
pourquoi,les
paraisse,
il
touche toustive.
problmes de notre histoire primioil
Voilil
pourquoi, du sol franais
a
sesles
racines,
peut tendre son influence sur toutes
nations qui, aujourd'hui encore, se rclament du
nom
de l'Europe,
Camille Jullian.
15 aot 1918.
AVANT-PROPOS DE L'AUTEUR
Cedela
livre contient
peu prs tout ce quele
l'on saitest.
langue des Gaulois. Maissens restreintd'si
mot Gaulois yla
pris auIl
habitants de
Gaule
y
a quelque intrt,la
l'on veut
que
les
problmes
qui concernent
langue gauloise soient poss claireles
ment, ne pas tendre tousou moins longtemps parles
pays occups plusle
Celtes
champ, djce qui touchela
vaste, des recherches linguistiques.
En
l'onomastique, qui
est
de beaucoupil
plus
riche
matire dont nous disposions,tenant quecertains
apparat ds main-
nomsde
relevs
comme;
celtiques
sont caractristiques
l'Europe centrale
d'autres
nomsles
sont propres aux Iles Britanniques. Peut-treetles autresil
uns
ont-ils aussi t
employs en
Gaule, mais
est
aussi vraisemblable que des diff-
rences importantes aient, dans l'Antiquit
commeici
de
nos jours, spar, de ce point de vue,lectes
les divers dia-
celtiqueset les
'.
On
ne trouvera doncest attest
que
les
noms
mots dont l'usage
en Gaule-.
1. Cette question spciale sera traite dans l'Introduction au Lexique des noms gaulois de personnes, qui paratra dans la Collection pour l'lude des Antiquits nationales. 2. Les quelques mots celtiques trangers la Gaule et cits titre de comparaison dans le Glossaire sont entre ]. Je ne me dissi[
1
XVt
AVANT-PROPOSet ces
Ces nomsd'origine
mots ne sont pas, sans doute, tous;
celtique
ils
doivent tre
mlangs
d'l-
ments divers emprunts aux peuples qui ont prcdles Celtes
dans notre pays, ou avec lesquelsen contact.
les
Celtes ont t
savons que peu de chose,
et,
De ces peuples nous ne comme nous ignorons',
presque
compltement leurs langues
leur apport
linguistique n'ation
pu
tre prcis. D'autre part, l'absorp-
par
la
langue latine des lments du gauloiset
qu'elle a
pu assimiler
que
les
langues celtiques des
Iles Britanniques n'ont point
conservs empche de
reconnatre
la
nationalit
celtiquela
des mots qui
appartenaient sans doute
langue gauloise, mais
que nous n'avons aucun droit d'admettre dans unglossaire gaulois tant que les
moyens de dterminerIl
leur origine nous feront dfaut.
glossaire qui termine ce livre, des
y a donc, dans le mots qui ne sontla
pas celtiques etceltique n'a
il
y manque des mots dont
qualit
pu
tre reconnue.j'ai fait
Malgr reffort quepossible
pour admettreje
le
moinspas
de
formes hypothtiques,
ne
dois
dissimuler au lecteur que notre science du gaulois estfonde, pourla
plus grande part, sur des tymologies,
toujours discutables, de
noms
propres.
La premiremule pas quesurla
partie de ce livre, outre l'histoire
de
si, pour les noms de lieux, il ne peut j avoir doute provenance, la prsence en Gaule de tel ou tel nom de perjonne ne suflit pas en attester l'origine gauloise. I. Sur ces peuples, voir le tome l de la (^ntlrction pour l'tude
des AnlUfuiis nationales.
AVANT-PROPOSla
XVII
philologie gauloise et la comparaison du gauloisles autres les
avec
langues indo-europennes et spciaautres langues celtiques,
lement avecl'tudecales'
comprend
des;
sources et quelques notions grammatiles textes (inscrip-
la
seconde partie contient;
tions et manuscrits)
la
troisime partie est constitue
par
le glossaire
'2.
Un
index alphabtique permet dela
retrouver les dtails que
lable gnrale
ou
les titres
courants n'indiquent pas avec assez de prcision.
Rennes,
le
1^'"
octobre 1917.
1. Il ne peut tre question d'crire une^ grammairejdu gaulois, pour laquelle le s lm ents les plus essentiels nous font encoredfarti-;
2.
que
la lecture
Je remercie M. C. Jullian de m'avoir fait part des observations des preuves lui a suggres.
PREMIRE
PARTIE
LA LANGUE GAULOISE
LA LANGUE GAULOISELes anciennes thories sur le gaulois.rique ET COMPARATIVE.
La mthode
histo-
Le VIEUX-CELTIQUE CONTINENTAL. Les mots gaulois transmis par les Grecs et les Romains./ Les alphabets Les mots des inscriptions gauloises.
DES INSCHIVTIONS
GAULOISES."
LeS VARIANTES DES MANUSCRITS
ET DES INSCRIPTIONS.SON DU GAULOIS
HlSTOIRE DU CELTIQUE DE GaUL^'
LeS
-
TRACES DU CELTIQUE DANS LES LANGUES ROMANES.ET
COMPARAI-
DU VIEUX-CELTIQUE INSULAIRE.les
RaPPORTS
'
du
gaulois
avec
autres
l.vngues
indo-europeennes.
Histoire de la philologie gauloise.
LES ANCIENNES THEORIES SUR LE GAULOIS
La langueromaine
principale parle en Gaule avant la conqute
nom de gaulois ou de celtique de Gaule. Nous la connaissons mal. A l'poque la plus ancienne, nous ne trouvons que des noms propres et quelques noms communs. Plus tard, aux matriaux onomastiques s'ajoutent des inscriptions, dont le sens est encoreest dsigne par le
obscur. Aussi, les savants ont-ils tent d'acqurir indirec-
tement
les
renseignements qui ne leur avaient pas ten de multiples erreurs, jusqu' ce quela
transrais directement. Ils cherchrent ttons leur routeet s'garrent
mthode comparative, qui date seulement du milieu duxix^
siclCj^ur permt d'arriver des rsultats incontes-
tables.
4
LA LANGUE GAULOISE
Retracer brivementni superflu ni iniftile.
ici
l'histoire
de ces erreurs
^
n'est
Des hommes desprit
et de talent
y
ont attach leur nom. Elles ont persist jusqu' nos jours.Rfutes dans les revues scientifiques, elles se rpandentpar les revues g'nrales 2, par les journaux''^,
par les livres.
Ceux qui
propagent n'ont pas cette froide Srnit qui n'agit gure sur l'opinion publique ils sont enflamms du vibrant enthousiasme qui entrane les foules, ils font figureles;
d'aptres plutt que de savants. C'est, et ce sera
sans
doute encore,C'est dans
la
raison de leur succs.
l'ouvrage form
de textes apocryphes parla
A nnius de Viter b>fi-^-(^^32-1502), que l'on trouve pourpremirefois
une
liste
de
noms
gaulois
;
c'est
celle
des
1. Cette histoire a t crite par M. Victor Tourneur, Esquisse d'une histoire des tudes celtiques, Lige, 190,"), p. 188-206, livre que j'analyse et complte ici. Un rsum sur l'origine du gaulois est dans VHistoire littraire de la France, p. 62-65. Une bibliographie des livres anciens relatifs la langue des Gaulois se trouve chez Lelong et Fontette, Bibliothque historique de la France, 1768, I, p. 219-248. Cf. Mmoires de V Acadmie celtique, IV (1809), p. 321-324. Voir C. JuUian, Histoire de la Gaule, II, p. 360, n. 4 p. 363, n. 4. 2. En janvier 1905, la Nouvelle Bvue publiait (p. 145-162) une explication des inscriptions gauloises par le franais, l'allemand et l'anglais, o PO CARADITONV est traduit par peu donc qui a roue dit cela homme alors , et REMI FILIA par j'ai rendu la Ea/.ivyopsi fille . Quant l'inscription des tours Seguin Nmes c Oljliquement en ce que ici fugitif Kovo'.Eo:, elle signifierait esquiv je viens au roi (de Nimes), qui quand je ne dis pas ille (quand je ne parle pas latin) ne lutte pas contre le oui (ne proscrit pas le patois gaulois). 3. Voir par exemple, Le Bhin franais, journal panceltique, qui publiait en 1917 les Origines gauloises de La Tour d'Auvergne. 4. Commentaria fratris Joannis Annii Viterbensis, super opra diversorum auctorum de antiquilatibus loquenliuni confecta. Rome, 1498. Cf. la liste des rois gaulois chez P. Berthault, Florus gallicus sive rerurn a veteribus Gallis hello gestarum epitome, Caen, 1581 J. Le Maire de Belges, Les illustrations de la Gaule et singularits de Troye, 1548, rimprim par Steclier, Louvain, 1882-1801; Jacques de Guyse (xiv sicle). Histoire du Hainaul, d. Portia d'Urban, 1826-1838; J. de Charron, Histoire universelle de toutes nations et specialle ment des Gaulois ou Franois, 1621.;
:
:
;
LES ANCIENNES THORIESrois gaulois, soi-disant tire de
5
de Diodore de
Brose et du sixime livre Ces noms avaient t crs Taid' de mots plus ou moins gaulois cits par les Anciens Samoths d'aprs Sotion , Magus d'aprs Pline -, Sarron d'aprs Diodore ', Dry iu des d'aprs Lucain'', Bardus d'aprsSicile.:
Diodore
^
et
Strabon
^,
Longo d'aprs
le
nomnom
des Lingons,le
Namnes
d'aprs le
nom
des Namntes, Celtes d'aprsle
nom
desf Celtes,
Galathes d'aprs
des
Galates.
Beatus Rhenanus (li8o-io47) affirme que le gaulois tait diffrent du germanique, et que, d'aprs certains auteurs, la langue des habitants de la Grandeil est identique
Pour Guillaume Postel (J560-1681), le breton mme langue; la parent du gaulois et du grec se prouve en rapprochant des mots grecs de mots franais *. Guillaume Paradin (Iol0-I590), au contraire, soutient que les Gaulois parlaient une langue germanique 9. Joachim Prion (mort vers 1560) reprend l'opinion de Guilkuuue Postel et essaie de dmontrer que le franais drive du gaulois et que le gaulois vient du grec, Jean Picard (fin du mais s'est mlang de mots latinsBretag-ne^.
et le franais sont la
'^^.
xvi*^ sicle)
soutient
la
mme
thse, mais en faisant obser-
1.
opjtoa? zal jcavoOsou. Diog-ne Laerce,1
Vies des philosophes,
I,
prf.2.
druidae
(ita
suos appellant magos). Histoire naturelle, XVI,
249.3.
Spovi8a; des manuscrits corrigs en Sacwvia.
dryadae, variante de druidae. Pharsal, I, 4.jl. Bibliothque, V, 31, 2. 6. Gographie, IV, 4, 4. 7. Rerum germanicaruin lihri 1res, Ble, lo31. En lo33, Charles de Bovelles publiait un Liber de di/ferentia vulgarium linguarum... de hallucinatione Gallicanorum nominum. 8. De originibus, seu de hebrairae linguae et genlis antiquitate, deque variarum linguarum af/nitate liber, Paris, 1538-. 9. De antiquo statu Burgundiae liber, Lyon, lo4l. 10. /. Perionii Benedictini Cormriacensi Dialogorum de linguae gallicae origine, eiusque cum graeca cognatione libri quatuor,4.5.
1555.
6
LA LANGUE GAULOISE
ver que, d'aj3rs les des Grecsserait
documents publis par Annius deest antrieure celle
Viterbe, la civilisation des Gaulois',
Ramus
(1515-1572) rejette les opinions d'aprsle
lesquelles les Suisses parleraient le gaulois etle;
gaulois
germanique il se rallie la doctrine de la parent du gaulois avec l'armoricain et le gallois -. La doctrine de l'origine germanique reparat avec Goropius Becanus (1518-1572), qui explique le gaulois par le flamand '\ Franois Hotman de la Tour (1524-1590) reprend l'ide de Beatus Rhenanus, et, s'appujant sur les tmoignages de Csar et de Tacite, dcide que le gaulois devait se rapprocher du breton de Grande-Bretagne^.
C'est aussi l'opinion dele gallois les
Camden
(1551-1G23), qui
explique par
mots gaulois conservs par les Anciens '. Mais Isaac Pontanus (1571-1G39) explique les mots gaulois par des mots hollandais et allemands ^. Ph.(1580-1623)soutientetla
Cluvier
mme^.
thse
avec des
arguments historiques
gographiques
Claude Fauchet
(1530-1601) ne trouve pas vraisemblable que le langage breton bretonnant soit celui des vrais Gaulois ^. Avec A. van
Schrieck
(1560-1621)les
apparat
la^.
thse
de
l'origine
Les premiers historiens des Gaulois, Antoine de Lestang (mort en 1617) et Antoinehbraque de touteslangues1. 2.
De prisca Celtopaedia
libri F, 1556.p. 76-77 (1" d.,
Liber de morihus veterum Galloruin, Ble, 1572,,
Paris, 1559).3. Origines Antwerpianae Anvers, 1569. Dans l'ouvrage intitul Gallica (Anvers, 1580), il s'attache surtout rfuter la thorie d'aprs laquelle le gaulois serait d'origine grecque.
Franco-Gallia, Genve, 1573. liritannia, trad. Gibson, Londres, 1695, p. xviii-xxiii (l*d., 1 586). 6. Ilinararium Galliae narhonensis, cuni glossario prico gallico seu de lingua Galloruin veteri dinserlalione. Leyde, 1606. 7. Gennaniae anliquar libri trs, Leyde, 1616. 8. Recueil de Forigine de la langue et posie franaise, 1610 (1'"'' di4.5.
tion, 1581).
bclgicarum 9. Originuin rerumque celtiarum et Ypres, 1615. Europa rediviva, Ypres, 1625.
libri
XXIII,
LES ANCIENNES THORIES
7
Gosselin (n en 1580)velle au
n'apportent aucune solution nou-
problme de^;
l'origine
du
t,'-aulois
;
le
premier restede Jean
sceptique en face des contradictions qu'offrent les thoriesjusqu'alors misesPicard-'.le
second adopte
les ides
Le clbre Mzerai (1610-1G83) ne fait gure que reproduire la thse de Pontanus 3. Samuel Bochart (15991667) dveloppe et prcise l'orig-ine hbraque du gaulois;^,etil
a
pour adeptes Dickinson (1624-1707) en AngleterreBorel (1620-1689) en France.
',
et P.
Un
progrs notable fut accompli au xvii^ sicle parCelui-ci,
le
savant hollandais Boxhorn (1612-16S3).
repre-
nant l'uvre de Camden, et profitant de la publication du dictionnaire de'Davies ', put appuyer par des exemples l'ide, mise ds le xv^ sicle, de l'jdentit du gaulois et du celtique des Iles Britanniques, mais il rattacha au scythique l'origine du gaulois ^. L'ide de la parent du gaulois et des langues celtiques des Iles Britanniques resta longtemps mconnue en Allemagne. Andras Jger essaya une synthse linguistiqueen posant,le
comme
la
langue
la plus
ancienne de l'Europe,les
scythique qui aurait donn naissance au phrygien,
l'italique et
au celtiqueet
;
mais
les Celtes et
GermainsGrceet
1.
Histoire des Gaules
conqutes des Gaulois en
Italie,
Asie, Bordeaux, 1617.
Galloruni veleruni, Caen, 1636. Mzerai, Histoire de France avant Glovis, 1696. 4. Geographiae sacrae pars prier. Phaleg seu de dispersione gen~ tium et terrarum. Geographiae sacrae pars altra. Canaan, seu de coloniis et sernione Phnicuni, Caen, 1646 S*" d., Leyd, 1692. 5. Delphi phnicizantes cuni diatriba de Noe in Ilaliam adventu necnon de origine Druiduni, Oxford, 1655. 6. Trsor des recherches et antiquits gaaloites et franaises, 1655. Marcel, Histoire de Vorigine et du progrez de la monarchie franaise,2. Gosselin, Ilisloria3.;
1686,7.
I,
p. 11.
Antiqae linguae hritannicae dictionarium duplex,
Londres,
1632.8.
Originuni gallicaruni liber cui accedit antiqae linguae hritan-
nicae lexicon britannico-latinum,
Amsterdam,
1654.
8
LA LANGUE GAULOISE
n'auraient form qu'un seul peuple K J. G. Eccard (1674-
1730) introduisit, pour dmontrer la parent des Celtes et des Germains, la comparaison
de l'irlandais avec
l'alle-
mand et le frison '^ M. Hiller (1639-1700) ne fait gure que reproduire Gluvier J. G. Keyssler ^, V. E. Lsclier continuent confondre Celtes et GerJ. G. Wachter mains. Leibnitz dclare tenir le milieu entre ceux qui identifient le gaulois au germanique et ceux qui ne reconnaissent pas assez la parent de ces deux langues pour lui, la langue galloise ou bretonne est trs parente la gauloise, et demi germanique; le grec, le latin, le germain,'^.'',
'*
;
le gaulois
viennent de Scythieceltique celtique
~.
Ennique
France, Pelloutier (1094-1753)etle^.
Mais avant
donnait
comme
confondait germaPezron (1039-1700) ayant fourni des mots au grec,lui
au
latinle
et
au teuton^. Lempereur (1050-1724) concluaitle
queJ.
breton et l'allemand ne sont pas
celtique et qu'ilfranais^o,
ne faut pas chercher celui-ci
ailleurs qu'en
Astruc dressait
la
liste
des mots^',
languedociens qu'ilD. Schpflin (1094-
retrouvait en breton et en gallois1.
et
De
liiigua vetuslissima
Europae,
scylJio-celtica et gothica,
WilGt-
temberg, 1686.2.
De
origine
Germanorum eorumqiie
l'eliistissiinis
coloniis,
De origine gentium celticarum, Tubingue, 1707. AntiquHates selectae septentrionales et celticae, Hanovre, 1720. ). Literator celta, seu de excolenda literatura europaea occidentali et seplentrionali consilium et conatus, Leipzig, 1726. 6. Glossariiiin germanicuni, Leipzig, 1727. 7. Collectanea etynwlogica, Hanovre, 1717, I, p. 57-')8, "2-74, 147148. Nouveaux Essais sur Venlendement humain, III, 2, 1. 8. Histoire des Celtes, et particulirement' des Gaulois et des Germains, depuis les tems fabuleux Jusqu' la ])rise de Borne par les Gaulois, La Haye, 1740-17r)0 2" d., Paris, 1770-1771. 9. Antiquits de la nation et de la langue des Celtes autrement4.;
tingue, 1750, Hillerus, .3.
appels Gaulois, 1703. 10. Dissertations historiques sur dirers sujets d'antiquit, 1706. 11. Mmoires pour l'histoire naturelle de la j)roi'ince de Languedoc,1737.
LES ANCIENNES THKORIES
1771) dmontrait que les Celtes taient distincts des Ger-
mains K Bullet (1699-1773) recherchait le vieux celtique, non seulement dans les lang-ues celtiques des Iles Britanniques, mais aussi dans le latin du Moyen-Ag-e, les patoisfran(,>ais et le
basque
'^.
Du Buat
reprenait l'ide de Ji^ger-K
et fais;iit venir les Celtes
de Scythiegrec,^.
Court de Gbelinlatin,
expliquait
le
franais par le
le
les
langues
orientales, le breton et le gallois
La
raction
contre les
thories qui expliquaient le gaulois par les langues
germa-
niques conduisit ceux que l'on a appels
les
celtomanes
attribuer aux langues celtiques modernes, et en particulier
armoricain, une importance singulirement Le fantaisiste Le Brigant (1720-1804) et l'hroque La Tour d'Auvergne (1743-1800) dclarrent que la langue bretonne tait la mre de toutes les langues et qu'elle expliquait non seulement le gaulois, mais presque toutes les langues modernes de l'Europe ^. Eloi Johanneau
au breton
exagre.
(1770-1851), secrtaire perptuel de l'Acadmie
celtique,
fonde en 1804fique,
^,
exposa, avec une mthode plus scienticeltiquese retrouvait
que l'ancienne langueles auteurset
non
seulement dans
monuments
anciens, mais
1.
Vindiciae celticae, ?>lvAsbourg,I,
1734;
traduit chez
Pelloutier,
d. de 1771,2.
p. 473.
Mmoires sur
3. 4.
la langue celtique, Besanon, 1754-1760. Histoire ancienne des peuples de VEurope, 1772.
Monde
primitif ou Dictionnaire
tymologique de
la
langue
franaise, 1778.la langue des Celto-gomrites ou breintroduction cette langue et par elle celle de tous les peuples connus, Strasbourg, 1779. Observations fondamentales sur les langues anciennes et modernes, ou prospectus de l'ouvrage La langue primitive retrouve, 1787. La Tour d'Auvergne-Corret, premier grena5.
Le Brigant, lments de
tons
:
:
dier de la Rpublique franaise, Origines gauloises, celles des plus anciens peuples de VEurope puises dans leur vraie source, 3'^ d. Hambourg, 1801 (1" d., Bayonne, 1792).6.
L'Acadmie celtique, rorganise en 1814, devint
la
Socit
des Antiquaires de France.
10
LA.
LANGUE GAULOISE
aussi dans le breton et le gallois etet
mme
dans
les
patois
jargons de
la
France
^.
Enfin, avec Adelung- (1734-1800), apparut cation exacte des
unele
classifi-
langues celtiquesbreton
:
le
premier groupe;
comprenantle gallois, le
1
irlandais et le galique d'Ecosseetlele;
second,
comique
tandis que le premier
tait
pur de tout mlange,
second, import par les Belges,
mlang de celtique et de germanique. Le gaulois une langue celtique dilfreute des autres langues indo-europennes, et, en particulier, du germanique ~. Cette classification ne devait pas imposer silence aux partisans de l'identit du germanique et du celtique. Cetteseraittait
identit
fut encore18'5")
soutenue par Radlof en^,
1822
^,
par
Holtzmann enen 1861l'aide^.
par
Moke en 1855'
'',
par Kiinssberg
Mais Diefenbach
s'efforait d'expliquer surtout
des langues celtiques modernes les mots gaulois^
transmis par les Anciens, et Brandes
rfutait
Holtzmann.
En
France, A. de Chevallet
^
n'assignait une origine gaului
loise
qu'aux mots franais qui
semblaient identiques k
des mots gallois, bretons, irlandais ou cossais.
La mthode historique, qui permettait d comparer1.
les
Mmoires de r Acadmie celtique, I (1805), p. 63-64. Milhridates, oder allgemeine Sprac/ikunde, II,. Berlin, 1809. zur Aufhellung der 3. Neue Untersuchungen des Keltenlhumes Urgeschichle der Teutschen, Bonn, 1822. J. de Bast (Recherches historiques et littraires sur les langues celtique, gauloise et tudesque, Gand, 181.^) admet une mme racine pour les langues celtique, germanique et gauloise, quelle que soit celle de ces trois langues que2.
l'on4. 5.
mette au premier rang. Kelten and Germanen, Stuttgart, 18;),"). La Belgique ancienne et ses origines gauloises, germaniques;
et
2 d., 1860. franques, Bruxelles, 1855 6. Wanderung in das germanische Alterthum, Berlin, 1861. 7. Celtica, sprachliche Documente zur (iescliichte der Kelten, Siuli~ gart, 1839-1840. VerhSltniss der Kcllm und Germanen^ 8. Das ethnographische Leipzig, 1857. 9. Origine et forma lion de la langue franaise, I, 1853, p. 216-
310.
LES ANCIEN.NES THORIES
H
mots des diverses langues en leur restituant des formesanciennes, contemporaines les unesenfin, de la
des autres, naissait,celtiques.
grammaire compare des languesle xyiii*^ sicle
Pressentie ds
par Ed^vardPrichard
Lhwjd
(1660-
1700) qui avait crit le premier dictionnaire compar des
langues celtiques
',
puis par
qui
dmontra
la
parent des langues celtiques avec les langues indo-euro-
pennes
~,
ensuite
parlefit
Pictet
'
qui soutint les ides dela
de
Prichard. eniin par
crateur
grammaire comgrammaire
pare Fr. Bopp, quicelticp-ies
dfinitivement admettre les langues
dans
la
famille indo-europenne % la
historique et compare des langues celtiques ne fut crite
que par
l'illuslre
Zeuss, dansle
la
4853. Cette date marquait
Grammatica celtica -^ en commencement d'une nou''.
velle re pour les tudes celtiques
Xapparition de1837, F.car lesJ.
pas compltement mis
celtica n'avait pourtant aux fantaisies des rudits. En Mone trouvait du celtique dans toute l'Europe.
la
Grammaticafin
noms
celtiques de lieux et de personnes agiraientslaviss et
t germaniss, romaniss,
mmede^.
grciss, etl'irlandais,
Mone
prtendait,
laide
du
gallois et
en donner l'explicationJ.
tymologique
En
1806,
Lo-
Archaeologia Britannica, Oxford, 1807.
The eastern origin of the Cellic nations, proved hy a coniparison oftheir dialects icith the Sanscrit, Greek, Latin and Teutonic langnages,2.
Londres, 1831..3. De Caffinit des langues celtiques avec le sanscrit, Paris, 18:n, et Journal Asiatique, 1836, p. 263-290, 417-448. 4. Ueber die keltischen Sprachen. Philosophische und historisehe Abhandlungen der kniglichen Akndemie der Wissenschaffen zu Ber-
lin, 5.
[S3S, p. 181 -iQi.
Grammatica celtica, e monumentis vetustis iam hihernicae linguae quam britannicae dialecti, camhricae, cornicae, armoricae, ne non e gallicae priseae reliquiis, Leipzig, 1853. 6. On trouvera ci-aprs une histoire de la philologie celtiquedepuis7.
18->3.
Celtische
Forschungen zur Geschichte Mitteleuropas, Fribourg-
en-Brisgau, 1857.
12pold
LA LANGUE GAULOISE
Hugo
recherchait
encore
dans
l'allemand moderne
Texplication des inscriptions gauloises^i.
En
1872, Gra-
nier de Gassagnac soutenait que le bas-breton n'tait qu'undialecte franais et que le franais etles
autres lang-ues
romanes venaient du gauloisexpliquaitles
2.
En
1883, M. G.
Touflet
inscriptions
gauloises,
quelquespar les
nomslangues
propres et
les-^
formules de Marcellus,
Scandinaves l'aide deslatin,
En
1884, H. Lizeray essayait de dmontrerirlandais,
que
le
emprunts ou apparents au franais drive du celtique En 1889, M. J.'*.
mots
Guillemaud tentait d'expliquerpar l'irlandais,le gallois et le
les inscriptions gauloises
breton modernes, sans tenir
compte de l'volution phontique de ces langues ^. En 1889, M. G. A. Serrure publiait dans le Muson un essai de grammaire gauloise o il dmontrait que le latin est une langue celtique et que l'irlandais et le gallois sont des langues cimmriennes ^\ En 1903, M. A. Beretta produisait
un
essai
d'explication
des inscriptions gauloises par
le
bas-latin, ce qu'il n'avait
pu
faire sans altrer les textes,
1. L. Hugo, Interprtation de V inscription d'Alise, 1866. V'oir la rfutation par A. Maury. Revue archologique, XIV (1866), p. 8-16, 222-223.
Histoire des origines de la langue franaise, 1872. G. Touflet, Epigraphie de laGaule Sceltane. Marcellus, 1883. 4. H. Lizeray, La langue franaise drive du celtique et non du latin, Paris, 1884. En 1903 et 1904, M. P. Malvezin publiait un2. 3.
Dictionnaire des racines celtiques o il exposait le rsultat, trop souvent contestable, de ses recherches des lments celtiques du franais. En 1914, M. Pelletier, directeur de La Bvue des Nations et secrtaire gnral de la Ligue celtique franaise, faisait remarquer que le bas-latin fut presque un patois celtique, ce qui est la rigueur possible, mais ajoutait que les mets d'origine celtique sont en franais au nombre de plusieurs milliers, ce qu'il est impossible de dmontrer. Voir des articles de M. Ch. Le Goffic sur le no-celtisme, dans L Rpublique franaise des 5, 8, 9 mars 1914. Revue archologique, XIII (1889), p. 381-397. C'est aussi la mthode de M. Courcelle-Seneuil dans la seconde partie de son livre, Les dieux gaulois d'aprs les monuments figurs, 1910..').
6.
Muson, VI-VIII (1887-1889).
LES ANCIENNES THORIESet rsolvaitcii.
13
la
question du gaulois en supprimant celuigaulois et de
Cette brve histoire des thories sur
le
la
marche, sans cesse interrompue et sans cesse reprise, de permet d'entrevoir quelles la science vers la vrit,difficults
se heurtrent, le plus
souvent faute de docudeles
ments,
les
intrpides
chercheursde
nos
origines.
Il
importeerreurs2,
maintenant
montrer
sources
de
leurs
que
l'on se contente, d'ordinaire, de
condamner
doctoralement, sans tenir compte de leur savoir et de leursefforts.w^'
V
L^LJiyiipale^ cause dela
leur che c
fut leIl
noLanque
de
notion du
dveloppement historique.
semble que
Ton crt jadis qu'une langue n'voluait pas ou gure, et que on pouvait comparer directement les mots des langues modernes avec les mots gaulois du premier sicle avant notre re, sans tenir compte des changements que les1
seconds auraient subisjours, et sans
s'ils
avaient persist jusqu' nos
rtablir les
premiers sousle
la
forme
qu'ils
auraient eue en remontantSi
cours des sicles.thories3,
on
laisse
de ct les
qui rattachaientetles
le
gaulois
l'hbreu, au grec
au scythique,
tho-
1. Origine et Iraduclion de l'inscription celto-grecqiie de Malaucne. Origine et tradu^ction de Vinscription celto-grecque de Nmes dite des Mres Nimoises , Lyon, 1903. Origine et traduction de Vinscription celtique d' Alise-Sainte-Reine, Lyon, 1904. Voici, par exemple, la traduction de l'inscription de Nmes Garta a donn deux fois L sayons de laine, aussi M mesures de bon bois ou de brindilles et de l'inscriplion d'Alise O guerrier, sois insensible un tel dsastre, dfends-toi contre Csar vainqueur. Relve ton courage, ne te rends pas. Et maintenant, chef suprme, rjouis-toi de la bonne nouvelle. Contre Csar victorieux dfends:
;
:
toi
!
ici,
dans Alsia.
2.
C'est ce que Gaston Paris lui-mme avait jug ncessaire de
faire en rendant compte dans la Revue critique d'histoire et de littrature, 1873, 1, p. 289-301, du livre de Granier de Cassagnac sur les origines de la langue franaise, cit ci-dessus, p. 12.3.
De 1739
1742,
une polmique s'engageait encore
ce sujet
14ries,
LA LANGUE GAULOISEbien plus extraordinaires encore, qui l'expliquaient par
lui-mme sans lintervention d'autres langues ^, on est en prsence de trois tendances peu prs g-alement rparties parmi les savants les uns regardaient le gaulois comme les autres considraient le identique au germanique ^ d'Armorique comme la survivance du gaulois breton d'autres s'efforaient de prouver l'identit du franais et Les uns et les autres s'accordaient ainsi, du gaulois inconsciemment, ranger le gaulois parmi les langues; ; ;
^.
indo-europennes, et
le
regarder
comme
plus particuli-
rement apparent au latin et au germanique. L confusion des Germains et des Gaulois remonte aux Grecs, qui employaient, pour dsigner les uns et les autres, tantt le nom Kea-oi, tantt le nom TaKy-x: ^. Strabon luimme remarque que les deux peuples se ressemblent beaucoup, physiquement et socialement, et, sauf que les Germains sont plus sauvages, plus grands et plus blonds que les Celtes, on trouve chez les Germains les mmes traits, le mme caractre, le mme genre de vie que Strabon attribiie aux Gaulois ^. Quoique les Anciens n'eussent pas parl de la parent des langues gauloise et germanique ^,entre M*** et R. L). R. clans le Mercure de France, aot 1739, dcembre 1739, p. 2777-2787 avril 1740, p. 640-658 p. 1773-1782 aot 1740, p. 1737-1741. De 1886 1890, M. Espagiolle s'efforait de dmontrer par diverses publications que, dans le fond gaulois de notre langue, le grec abonde ou peut-tre mme domine. 1. Telle semble tre la mthode de G. Touflet, Onomastique de la Gaule xceltane, 1884. 2. Ces thories sont tudies fond et rfutes par Roget de Belloguet, Glossaire gaulois, 2"' d.. 1872, p. 22-;)8. 3. Dans un article de la Revue des patois gallo-romans, I, 1887, p. 161-171, H. d'Arbois de Juhainville a rfut une fois de plus cette thorie et dmontr par des exem|)les bien choisis que le franais ne vient pas du gaulois. 4. H. d'Arbois de Jubainvillo, Les premiers habitants de l'Europe,;; :
II,
1894, p. .393-409. Strai)on, VU, 1, 2; IV, 4, 2. 6. Voir ci-aprs, p. 26-27, 128-129.\.
LES ANClENiNES THORIES
15
les Modernes, ds le xvi*' sicle, ont tir, des remarques ethnographiques de Strabon, des conclusions linguistiques. A une poque o Ton n'avait point ide de l'volution que subissent au cours des sicles les sons d'une
langue,
tout
rapprochement
mme
superficiel
entre
les
quelques mots gaulois que l'on connaissait alors et des mots pris dans les dialectes germaniques vivants passait
pour valable. Laloi_de mij^tatioii des consonnes germaniques, que l'on dsigne maintenant sous le nom de lautverschiehiing, et qui donne aux mots des langues germaniques,et surtout l'allemand,
une physionomie
si
ditrente de',
celle
des
autres
langues indo-europennesCette
ncessite
qu'avant tout rapprochement on rtablisse les consonnes
germaniques dans leur ancienleslois
tat.
loi,
de
mme que
d'inflexion
et
de
fracture
desles
voyelles, resta
inconnue jusqu'au xixfondes sur des analogies,taient
sicle.le
Toutes
comparaisons
plus souvent dues au hasard,
donc sujettes
caution.elles
A
supposer
mme
que
quelques-unes d'entreconcidences
se
trouvassent exactes, lessi les
savants n'taient point alors en tat de distinguer
de vocabulaire, dues l'origine indo-euroet
penne commune au celtiquetraient entre
au germanique, dmon-
ces deux
langues une parent plus troite
qu'entre les autres langues de laPelloutier-
mme
famille.-rnaffus,
Ainsi,-hric/a
expliquait les mots gauloissi
et -duriini^
frquents dans les:
noms
de lieux, par des,
et
mots allemands dur porte les
mag;
a
habitation, ville
briff
pont
il
en citant ces mots sous cette forme,les
montrait d abord qu'il n'hsitait pas
dformer ou ;
inventer pour les besoins de sa cause
le
mot 7nag
n'existe pas et la traduction en provenait d'un soi-disantdes langues germaniques, voir A. gnraux des langues germaniques, \% il Histoire des Celtes, nouv. d. par de Chiniac, I, 1770, p. 284Sui-
1.
les
caractristiques
Meillet, Caractres2.
295.
16texte de Pline;
LA LANGUE GAULOISEc(
pour forme anciennement ; tur, got. daur. Pelloutier croyait trouver (/au pays , got. v. h. a. gaivi, dans Ingaunum, Gergovia, et land terre dans Medio-lanum, sans tenir compte de la dri
pontilfvk
te.
sens
LES MOTS DES INSCRIPTIONS tiAULOSES
A
dfaut
de
phrases
gauloises
transmises
par
les
Anciens,
nous avons,difficile,
dans
quelques
inscriptions,
des
textes assez tendus qui nous fournissent, bien que la tra-
duction en soitnaison et surla
des renseignements sur la dcli-
conjugaison. Quelques-unes sont partiel;
lement en latin
^
une contient une phrase grecque
-K
La
lecture de plusieurs est douteuse.
La plupart sont des inscriptions votives qui emploientsans doute des formules analogueslatines. Elles doivent celles
des inscriptions
comprendre le nom du donateur, le nom de la personne divine ou humaine qui est fait le don. sans doute aussi un verbe, et l'indication, au moyen d'un nom ou d'un pronom, de lobjet offert, avec parfois une dtermination adverbiale ou circonstancielle. D'aprs lalphabet, on les partage en deux groupes:
les inscriptions
en caractres grecs
et
les
inscriptions en
caractres latins.
Les inscriptions votives ou ddicatoires en caractresgrecs, qui sont jusqu'ici presque exclusivement spciales la
Narbonnaise, comprennent deux types d'inscriptions(Bsos) et
:
un premier type, caractris par dedeEn vieuxconserv sous
par hratude
1.
fi'anais or/,
la
forme o dans
les dia-
iectes de l'Ouest."2.
Les inscriptions'Aviojvo;-6^'.^
n^ 4i, 43, 43, 49, 50.
C'est la formule ordinaire des sculpteurs grecs; il est vraisemblable qu'elle ;< t iatroduitedans l'inscription par une sorte de pdantisnie, et on a'en peut conclure que le g-re^; ft une%.
des langues parles ou crites
Bourges (inscription n"
45).
36((paTouSe);
LA LANGUE GAULOISE
un second type
caractris par eiru (suopcu) et
carnitu
(y.apvixou).
On
n'a jamais dni le caractre celtique au second type;
d'inscriptions
outre
les
mots
(jcaiv
et
i(j)pou
qui, sous la
forme sosinlui est
et
ieiwii, figurent
dans
les
inscriptions en
caractres latins, on y trouve encore le
mot
v.y.pvi-o'j
qui
commun
avec une inscription de
la
Gaule Cisalpine
en caractres trusques.reprises, tent deitalique.
Quant au premier type d'inscriptions, on a, plusieurs dmontrer qu'il appartenait un dialecte
l'inscription de
Ds 1876, H. d'Arbois de Jubainville crivait que, dans Nmes, les trois mots Sos {xy-pt^jo va[j.ajc-i'. Dede serait une forme vulg^aire de ddit sont latins y.a,3o matrebo et Namausicaho offriraient une variante de la;
dsinence -hus^ -bos. La suppression de s final tait, au temps de Cicron, un usag'e un peu rustique, aprs avoir t plus anciennement un signe de bonne ducation, et Cicron donne comme exemple le datif pluriel omnibu pour omnibus -. En 1890, H. d'Arbois de Jubainville exprimait l'ide que '^pxxouot pouvait tre une expression d'orig-ine italienne Tel tait aussi l'avis de M. Bral qui La ressemen 1897 crivait Alexandre Bertrand'''.:
blance
entre ces inscriptions gauloises
et les inscriptions
italiques est si grande, qu'un doute srieux peutet
nous venir
qu'on peut se demander
si
l'on n'a pas atTaire quelque
i. Revue des socits savantes, srie \l, iv (1876), p. 266-270. Ou trouve dede on latin (G. /. L., I, 62, 169, 180) et en ombrien (R. von Planta, Grammutik dcr oskisch-unibrischen Dialehtr, II, [). .')55, cf.
p. 328).2.
Cicron, Orator, 48, 161.
Revue celtique, X\ (1890), p. 249-252. La question est rsume par II. d'Arbois de Jubainville, ihid., XVIII (1897), p. 318-324, et Elments de la grammaire celtique, 1903, p. 173-177. Voir aussi Vacher de Lapouge, Bulletin historique et philologique, 1898, p. 328349, qui a donn au dialecte de ces inscriptions le nom de namau3.
sique.
a'frre de
les mots dks inscriptions gauloises
37ici
Tosquele
et
de
l'ombrien,
si
l'on
n'a pas
le
reprsentant,1.
plus septentrional des dialectes italiques K
Rhys
est d'accord avec
H. d'Arbois de Jubainville pour
refuser au celtique les inscriptions gauloises contenant Oceet Ppato'js,
maisa
il
les attribue
une langue encore mal-.
dfinie qui aurait tet laquelleil
en usage sur l'ancien domaine ligurele
donn
nom
de celtican
Pourtant,
il
est difficile de sparer les inscriptions
de celles du premierg-ure
(csos
j^paxouSe).
du second tjpe(uopoy) On ne s'expliqueraitfussent crites
que
des
inscriptions3.
italiques
en
Enfin, nous ne connaissons pas dans le du gaulois avec l'italique. Pour toutes ces raisons on peut, au moins provisoirement, ne pas sparer
caractres grecs
dtail la parent
ces inscriptions des autres inscriptions gauloises.
Les inscriptions votives en caractres latins se rpartissent entre un premier type, dont l'lment caractristiqueest ieu/'u, variante du etwpou des inscriptions grecques un second type, dont on n'a qu'un exemple et qui est enfin, un troisime type reprsent caractris par iorehe par une inscription contenant legasit.;'*
;
Il
importe de dterminer quels sont, dans ces inscriptions^verbes, en
les
nous guidant sur
les
inscriptions
g-allo-
romaines analogues.Il
est trs vraisemblable
que legasit
soit
un verbe
la;
troisime personne du sing-ulier,
comme;
le latin le/avit
dede a t rapproch du latin ddit(etwpsu) et iorehe'!
mais que sont ieuru(siojpiu)
A la
rigueur ieuru
pourrait tre
un verbe
la premire personne
du
singulier,
mais l'emles inscrip-
ploi de la premire personne
du singulier dans
1.
2.
Revue archologique, XXXI (1897), p. 104-108. Rhys, The Celtic inscriptions of France andla
llaly,
Londres,
1906, p. 78-81. 3. Jullian, Histoire de4.
Gaule,l'onlit
II, p.
371, n. 6.et
Dans l'hypothse o
LeucuUosu iorebe
non LeucuUa
suiorebe. Voir ci-aprs, inscription n" 48.
btions votives n'est
LA LANGUE GAULOISE
'. Quant iorehe, il un parfait latin en -vit il aurait Mais on peut songer aussi perdu le t comme dede expliquer ces deux mots par mi datif singulier ieurn[z\(,ipo>j)r et un datif pluriel iorebe ^. Il est vraisemblable que l'inscription d'Alise contient un second verbe qui serait dugiionliio ou ageonieo^. Quant ^i!xzo.\x-at, caractristique de tout un groupe
gure frquent
pourrait tre
compar
;
'^.
d'inscriptions,
il
est plac la lin de la phrase et doit cor-
respondre une deslatines.
formules
finales
des
inscriptions
du mot" celtique qui lui est identique, irl. hrth jugement , on a d'abord pens une formule assez rare en latin ex imperio ou une autre formule svnonjme ex Jus^u^; on pourrait aussi songer h ex testamento Puis, comme il s'agit vraisemblablement non d'actes pufolics, mais d'ex-votos privs,se fondant siu' le sens:
En
',
:
"'
.
on s'es;t adress,, pour rendre compte de iipa-ojo, la formule courante votum solvit: libems rmeriio, abrge d'ordinaire en V S. L. M. (ip^rcue doit donc rpondre soit lihens^, soit merito^. Le sens de 1 irlandais brth se:.
;
Voir toutefois les exemples cits par H. (VArbois de JubaiiiElments de la grammaire celtique, p. 123. D'autre part, si ieuru est le verbe qui exprime la ddicace, comment expliquer que dans L'inscription de Sa/.eirat oa ait, outre ie/'(/,. la formule ddicatoire V. S. L. M. ?. 2. Cette hypothse est peu vi'aisomblable, car la forme legasil montre que^ le t ne tombe pas ki troisime personne du singulier, et eSe peut s'expliquer comme un aacien parfait indo-europen sans autre dsinence q,ue e cf. a. s. dyde il a fait . 3. Voir ci-aprs, p, 40, 120. 4. Voir ci-aprs, p. 122, eb n 33. rj. Wli. Slokes, lieilrage zur Kunde der i/tdngerin;uii^cheii Spraclien, XI (1886), p. 12:i. 6. Souvent abrg en EX IV, EX IVS, EX IVSS. 7. Voie Gagnt, Cours d'epigraphie latine, 4* d., I'9t4, p. 428, 8. Rhys, r/ie Celtic inscriptions ofGaul, additions and' corrections,1.
ville,
;
Londres"^, 1911, p. 26.9^.
H. d'Arbois de .Jubainvillc, Hhhnents de
In
grammaire
celtique,
p. 17(5.
LES MOTS DKS liNSC.RIPTIONS GAULOISES
39le
rapprochant plutt de merito, c'est sans doute ajuste titre qu'il faut
sens de
donner
^px-o'joz
'.
Les noms desoffrent des
donateurs et de leurs fonctions nous exemples de nominatifs singuliers:
en
-os
:
Andecaniulos,
Licnos,
Ilsvotxapc,
Kaaixx:;,;
Iccavos, Doiros,
Oor,lipou[j.y.poq,;
Kapirap;?,
Bratronos
en
-io8-is:
:
Apronios;
en
vo^[j.y.j7y.-'.:
en -as xooutiou^ en -d epad; en -u Frontu: :
;
;
en -aet des
:
Buscilla.:
exemples de nominatifs pluriels:
en
-i
Scnani:
;
en -es
Eurises.
Ces noms sont souvent accompng-ns d'une dtermination1:
D'un nom de pre au[fils]
gnitif
:
Dannotali
[iils]'
de
Dannotalos, Segoinari2" d'un
de Segomaros.:
patronymique en -cnosDanotalos,
Ouspt7r,/.vs,;
Oppianicnos,
Toutissicnos, Aope-arAvo;, \antonicn[os)[fils
cf.
Tanotaliknoi
de]
Trutiknos
tls
de]
Drutos transcrit
Druti3
f[iliiis]
dans
le
texte latin de l'inscription bilingue-;:
d'un surnom patronymique, local, ou hypocoristique-eos-ios:
en en
;
OuXcvso;Contextos:
;
Tarhelsonios: ;
;
en -tos
en
-acoi'
lAXavsuiay.o.
1. On trouve dans quelques inscriptions osques un mot de mme racine dont ou a les formes braleis gn,, [paTwij. ace, en plignien hratoin. Zvvetaieff, Inscriptiones Italiae inediae, n"* '), 33. Sylloge inscriptionum oscarum, n 113. R. von Planta, Grammatik der oskisch-
umbrischen Dialekte, II, p. 678,716. 2. Voir ci-aprs, inscriptions n* 17
bis, 33.
40
LA LANGUE GAULOISE
Les noms des personnes ou des divinits auxquellessont adresses les offrandes nous donnent des exemples
de datif
:
Datif singulier.
Enen
-Il
:
Alisanu, Maffalu,
Tapavoiu, ieurii
(?), pac7/>cu.
Anvalonnacu, Elvontiu]-i:
Br;A-/;(7a[j.i;
(cf.
Belisama) (thme en
-i);
;
Brigin-
doni (thme en -n)en -ui:
Kl^(iv^ otv^i
(thme en-^)
BaXx'jccui May.xaptoui, Aa[j.i sivoui, ASv^vcut
;
en -eenen-ai
:
Ucuefe;:
Etjy.YY*^ B/.avSGU'.y.sjvai, Aiouviai
;
-0
:
Dvorico, Esomaro.Datif pluriel.
Enen
-ho:
'.
Mcf-pt^jo
yy-iJ.a'j'j'.Y.ocljo,
p.aTia|ic (?),;
Avccouvvais
;
en -he-/>/:
suiorebe ou iorebe
(?)
gohedhi
(?).
Le nom del'accusatif:
l'objet
consacr ou donn devait
tre
Accusatif singulier.
Enen-
-on;
:
canecosedloii, can talon,
v[j.-/;tov;
celicnon (thmes
o)
en -oni en -0endieu; :
:
hrivatiom;
;
sosio:
-m
ratin, sosin
(thmes en
-/),
Cf.
Lcueiin,
nom
de
en -an en -eni11
:
"[j-xTixav (?);y.avTsiJ.
:
(?),
est probable
que
sosio (accusatif neutre), sosin
(accu-
satif
masculin ou fminin) sont des cas d'un pronom.Accusatif pluriel neutre
(?).
En
-a
:
y.zvTsvx.
LES MOTS DES INSCRIPTIONS GAULOISES
41
Enfin, quelques inscriptions contiennent des complments circonstanciels l'ablatif. Le plus remarquable est hralde qui semble tre l'ablatif d'un thme en ~u suivi de la postposition de '. Mais on a aussi un datif ou un ablatif (locatif) en -a ou -e prcd de la prposition in:
in Alisiia, in Alixie.
Les inscriptions funraires, qui sont moins nombreuses,ne nous fournissent gure que des noms propres au nominatif % quelquefois suivis d'une dtermination OuptTTaxi:
HXouaxovio,
Bivvaij.o
AiToujj.apeo,
KoYYSVvoA'.Tavo KapOiAi-
-avio, EXoDiao-a Mayoupsiviasua, M-ao-ouxo HiXouxvocj,Eiiy.iy^opzi^ KovoiXXeo,
KaiouaAc,
Kx^ipsq Ojivoiaxo.
Outre ces inscriptions votives et funraires, qui sontles
plus
intressantes,et
nous
avons
conserv
sur
des
poteries
sur
un des boucliers de l'Arc d'Orange un^
groupe d'inscriptionspropre, un
qui contiennent, ct d'un
nom
mot
singulier qui apparat
une''.
fois
sous la
forme complte auotis, mais, le plus souvent, sous les formes abrges aiioti, aiioi, auiiot, auo, au On a donntrouve eu latin qiiihus de (Cicron, Invenf. II, 48, 141) XLI, 23, 13). Des postpositions analogues sont frquentes dans les dialectes italiques -en (lat. in) en osque et ombrien, -C0//1, -/ium (la t. -cum),-/)er( la t. /)ro),-a/"s (la t. -af/), en ombrien. R. von Planta, Granimatik der oskisch-umhrischen Dialekte, II, p. 440. Wh. Stokes compar.e le vieil-ii-landais ci-de u de quo Sg. 3 a 9 [Archiv fur cellische Lexikographie, I (1900), p. 108). On peut songer aussi expliquer -i5 par le latin -de [in-de], en grec -G,-0v, ou par l'ablatif zend en -dha. R. Thurneysen, Miscellanea linguistica in onore di Graziadio Ascoli, Turin, 1901, p. 38. 2. Dans les inscriptions chrtiennes de Grande-Rrelagne, les noms sont au gnitif. II est possible que quelques-unes des inscriptions gauloises qui offrent des noms au datif soient des inscriptions1.:
On
provinciis de (Tite Live,
funraires.3.
Hron de
Villefosse,
criptions et belles-lettres,
XV
Comptes rendus de V Acadmie des ins(1887), p. 231-25o. Bvue archologique,
XI
(1888), p. lo3-l.o9.
4.
Ce genre d'abrviations est frquent dans le calendrier de Coligny.
42
LA LANGUK GAULOISE
de ce mot les explications les plus diverses. Ce serait soit
simplement
le latin a votis'^
',
soit
un nom'^.
celtique signila
fiant fabricant
Depuis la dcouverte de
forme auotis,
renonc y voir un verbe Ces inscriptions contiennent d'intressants noms propres RexUif/enos, SulliaSy
on
a
:
Sacrillos Carati^ Aucirix, Biiccos.
I
r
Les monnaies gauloises
^
portent
le
plus
souvent dessans doute,
noms d'hommes, rarement accompagnsI;
de qualificatifs,
ce qui rend les attributions difficiles
;
il
s'agit,
tantt de chefs, tantt de magistrats montaires. C'est, enparticulier, le cas des
monnaies o sont runis deux noms d'hommes. Comme noms communs, on ne peut gure citer que vlatos^), vercohrelo^ arcantodan. Les noms de lieux Ratumacos. On trouve quelques noms de sont rares Ehurovicom, Aulircus, Eduis, Ao-^yo^j-xKTiXiiyf^ peuples::
MedioTna{trici),'^o!.\viOL'rr-.[ur))^ Veliocaf^i,
Volcae Arec[omici)\
et
quelques adjectifs ethniques
:
Bv;txppaTt, Namasat[is),
Remos^ Santonos, Segusiaus, Turonos. Les dsinences ne utilises qu'avec prudence pour l'tude de la dclinaison gauloise, car les mots sont souvent crits en abrg faute de place ils sont, pour la plupart, au nominatif ils nous fournissent, en tout cas, des exemples despeuvent tre;
;
diffrents
en -0ratos,
thmes Aremagios^ Artos, Atepilos, Belinos, CassisuCisiamhos, Contoutos, Diasulos, Durnacos, GianiiloSy: :
Litavicos^1.
A;j7.c-:r.-/.vo,
Ilsvvoouivco,
Viros]
D'aprs R. Thuriieysen. Mais la formule latine est ex vota et volis, qui est d'ailleurs invraisemblable sur des poteries. Socit des la 2. H. d'Arbois de^ubainvilie, Centenaire de Antiquaires de France, Recueil de mmoires, 1904, p. l"!. M. C. Jullian {Histoire de la Gaule; II, 1908, p. Tr.l, n. 1) :i. objecte l'inscription ([ui porte Sacrillos avof foi-main. Mais formant
non a
Revue celti(/ue, I (1871), p. 291-298; IX (1888), p. 2G-3o. Muret et Cliabouillel, Catalogue des monnaies gauloises de la Bibliothque nationale, 1889, p. 317 et suiv. Blanchet^Trait des monnaies gauloises, 1905.
y est en abrg- form. 4. A. de Barthlmy,:
LES SIOTS DES INSCRlPTlOiNS GAUF-OISES
43
en
-io-
:
Aremagios^
B(o"Ato;,
Tasgelios, Lucotios,
Lux-
terios;
en -a- Motuidiaca, A feu la, Verg a; Vindia en -iaen-/ Lixoviatis, BY]TappaT'-, Agedoinapatis; en -n- Calcdu (cf. Caledones), Criciru [Criclroni):: ;
:
:
;
en
-g-
:
Celecorix,
CosccalUix,;
Inecriiurix,
Magurix^
Togif'ix,
Vcrclngetorlxs:
en -d-
Ciceduhri epad.
Des inscriptions populaires sur des pesons de fuseaux, rcemment interprtes, semblent contenir des mots et mme des phrases gauloises. La plus curieuse offrirait deuxexemples de verbes l'impratif ^
tierslois
Parmi les tablettes magiques, l'une, la ', semble un mlange de grec et den'apparat-^
tablette de Poilatinla
o
le
gaudeles
pas
clairement
;
l'autre,;
tablette
Rommots
semble entirement gauloise
elle
comprend
sosio et cialli;
que Ton trouve dans d'autres inscrip-issie,
tions gauloises
on j a dcouvert des dsinences d'appa-mo,-ont;
rence verbale
:
peut-tre aussi le
nom
de la desse Divona crit Dihona.
Quantbet
la tablette d'Eyguires
^,
crite
dans un alphaet
intermdiaire
entre
l'alphabet
grec
l'alphabet
trusque, on n'y aperoit,
comme mot
tournure celtique,
que
(j;j,pTtoTo,
Enfin, les tablettes d'Amlie-les-Bains-', eni.
dehors
de
A^oir cj-aprs, n o9.
2.3.4.
tin
Voir ci-aprs, n 60. Voir ci-aprs, n" 52. Jullia^, Revue des ludes anciemies, 11 (1900), p. 47-55. Bullearchologique, 1899, p. cxii, cxxiii. Audollent, Defixionum
tabellae, 1904, p. .172-173. 5. C. I. L., XII, 5367.
des
Antiquaires de
Hron de Villefosse, Bulletin de la Socit France, 1895, p. 122. Audollent, Defixionum
tabellae, p. 173-175.
44
LA LANGUE GAULOISElatins,
quelques mots
ne prsentent rien que l'on puisseinscriptions gauloises, malgr
encore identifier une lang-ue connue.
La plus importante des
son obscurit et bien que l'intrt en soit un peu spcial,est sans contredit le calendrier_d_Co]ignv
^ Ce calendrier comprenait cinq annes de douze mois chacune, plus deux mois complmentaires, placs l'un au commencement dula
calendrier, l'autre entre le sixime et le septime mois de
troisime
anne
;
ces
deux
mois
complmentaires
occupent chacun sur la table de bronze un espace double de l'espace occup par un mois ordinaire. Chaque mois st divis en deux parties. La premire partie, qui estprcde du
nom du
mois, comprend toujours 15 jours; la
seconde partie, prcde uniformment du mot Atenoux, comprend 14 ou la jours, selon que le mois a 29 ou 30jours;
cette seconde partieIl
un
tout distinct.
est numrote part comme y a sept mois de 30 jours et cinq mois
de 29 jours.
Les mois complmentaires, destins rtablir l'accord entre l'anne lunaire de 354 jours et l'anne solaire de 365 jours 1/4, prsentent tous deux 30 jours. Ces 30 joursportaient chacunet la liste desle
nom
d'un des trente mois qui suivaientfois et~,
mois tait contenue deux les trente jours du mois complmentaire tage en trois sries, deux de 12 joursIl
demie dans
c'est--dire par-
et
une de 6 jours.
est curieux qu'en Bretag-ne les 12 jours supplmentaires
[gourdeziou)^
que
la tradition
la
plus ancienne place dula qualit
25 dcembre au 6 janvier, passent pour dnoterdes douze mois de l'anne3.
Les joursle
1,
7, 8, 9
de chaque
mois sont souvent indiqus dans par le nom du mois suivant.
calendrier de Colig;ny
1. J. Loth, Revue celtique, XXV (1904), p. 113-112. Voir la bibliographie ci-aprs, inscription n 53. 2. Seymourde Ricci, Revue celtique, XXIV (1003), p. 313-310. 3. J. Lolh, Revue celtique, XXIV (1903), p. 310-312.
LES MOTS DES INSCRIPTIONS GAULOISES
45;
La plupart des mots deabrviations du
ce calendrier sont en abrg
les
mme motla
sont multiples, en sorte qu'on
en peut dresserd'en
srie
croissante
mots sont sans doute au nominatifdterminersoit critle
;
ou dcroissante. Ces mais il est difficilen'est pas sr
cas,Il
tant qu'on
que:
le
mot
y a au moins trois gnitifs Equi Cantll ct de Canilos, ct du nominatif Eqiios
en entier.
;
Jiiiu'i
ct de liiuros.
A la fin du premier mois complmentaire et au commencement du second, on trouve une phrase, complte dans le premier, incomplte dans le second. Dans la premire, il y a sans doute un verbe la troisime personne du singulier:
cariedif ou r ledit.
Rhystion
runit dans
un mme groupe
linguistique l'inscripl'inscription
de
Goligny, l'inscription de
Rom,
de
Sraucourt, l'inscription de Yieil-Evreux, les formules de
Marcellus de Bordeaux K
LES ALPHABETS DES INSCRIPTIONS GAULOISES
Csar nous apprend que, lorsqueavant notreils
les
Romains,
eiL 58
re, pntrrent
dansen
le
camp des Helvtes,grecques,le
y
trouvrent
des
tables
lettres
o
taient relevs les
noms de
tous les migrs,et,
nombre^.
des
hommesdes
en tat de porter les armes,des enfantset
sparment,
celui
vieillards,
des femmes
Les
i. Celtae and Galli, p. ;J5. Ds 1896, M. Seymour de Ricci attribuait au ligure l'inscription de Coligny, en se fondant sur divers caractres linguistiques, dont le plus important est l'emploi simultan du q et du p [Revue celtique, XIX, 1898, p. 217). M. Nicholson l'attribuait en 1898 une langue indo-europenne intermdiaire entre le latin et le celtique et qu'il nomme Sequanian [Sequanian,
Londres, 1898).
J.
nom de2.
Celtican.29.
Rhys (The Celtic inscriptions, p. 81) lui donne le Sur ces fragiles hypothses, voir J. Loth, Compteset belles-lettres,
rendus de T Acadmie des inscriptionsCsar,1,
1909, p. 16.
46druides gaulois,
LA LANGUE GAULOISE
dans
les
servaient de lettres grecques
Nerviens, Csar eut fairetenant Q. Cicron,il
comptes publics et privs, se '. Quand, dans le pays des parvenir une lettre son lieuen lettres grecques, pour
l'crivit
que l'ennemi,son desseintexte, lesles^;
s'il
arrivait l'intercepter, ne pt connatreil
commelitteris
mots
graecis aient
et
deux prcdents et non en caractres grecsqui,d'ailleurs,
peu probable que, dans ce un autre sens que dans signifient en langue grecque est, il
s'ensuit
que
la
connais-
sance de l'alphabet grec ne s'tait pas rpandue chez les
Nerviens,
dfendaient'^.
aux
marchandstait-
trangers l'accs de leur payselle
La langue grecque
connue dans
la
Gaule Celtique? Strabon, sans doute
d'aprs Poseidnios, rapporte que les Gaulois voisins desMarseillais
ont t:
amens^.
par ceux-ci
crire
leurs
contrats en grecsavait
XXvjvtari
Mais^.
le
druide Diviciacus ne
pas
le
grec,
puisqu'il
ne peut s'entretenir avecIl
Csar sans
l'aidele
d'un interprte
faut
donc seulementfut l'alphabetla
conclure que
premier alphabet des Gaulois
grec et que c'est par les Grecs de Marseille que
connais-
r
sance de l'alphabet s'tait rpandue en Gaule.
Rien ne permet de croire qu'antrieurement l'introduction des lettres grecques les Gaulois se servissent d'alphabets forms de barres parallles disposes l'arte d'une pierre ou d'un tronc quarri, comme l'alphabet oghamique, qui tait encore en usage en Irlande au vu* sicle''.
son temps la limite de
Csar, VI, 14. Tacite rappelle [Germanie, 3; .^-q,;
Durnovaria, Durohrivae, Ariconiinn, SorPtolme viodunum, Margiduniini,Lactodorum, Camhoduniun, Carn-
A-/]oa,
Noouic,
noms de
rivires chez
horitum, Durocomovinm^ Derventio, Duhris, Gohanniiini,
Vindomora, Luguvallium, Peniiocr'uciiini, dans ITtinraire d'Antonin Amboglanna, Segediinum, Branodunurn, Cilurnum^ Condercum, Gabrosentuin, Vindolana, Anderidos, noms de villes dans la NotiVindogladia,
noms de
villes
;
fia
montairesros,
Dignitatum. D'autres noms proviennent des lgendes Du bnoveUaunos Addedomaros, Andocomius,: ,
Boduos, Cunobelijius, Cattos, Commios, Tascio, Dumnove-
noms d'hommes;
Vocorio,
nom
de peuple
(?)
;
Ver-
1. I.a parent de langue des Gaulois et des Bretons a t signale par Tacite (voir ci-dessus, p. 26). Csar dit que les parties maritimes de la Grande-Bretagne avaient t peuples par les Belges du continent (V, 12, 2; 13, 1). Il y a en Grande-Bretagne des Belgav, des Alrebatii, des Catiiellavni, des Parisi tribus issues sans doute de leurs homonymes de Gaule; des Uxellodunum, Novioniagas, Camborifiim, Condate, Vernemetum, Segedimuni, Camhodunum, homonymes de villes gauloises. Rhys, Earhj Brilain. Cellic Brilain. d. 1904. H. d'Arbois de Jubainville, Les druides Londres, 1882; et les dieux ce/tiques forme d'animaux, 1906, p. 27-50. Windisch, Das keltische Brilannien bis zu Kaiser Arthur, Leipzig, 1912.:.ro
pays;;
gaul.
-tragus,v.
pied
gr.
'piyM
g'aul.
Giamo-,
gall.
gacm
hiver,
cf.
lat. hienis.
Xg-all.
:
gaul.
taxi-,
irl.
^a/s
doux
;
gaul.
ej7-,
irl. e.s.s-,
eh:
hors de
.irl.
mi.
gaul.
-nemeto-,
nemed
lieu
sacr
;
gaul.
intervocalique en irlandais complique les rappropar exemple, on ne sait si on doit rtablir l'irlandais fiach sous la forme vsaco- ou la forme vepaco- et le rapprocher des noms gaulois en Vepo-, D'autre part, il est possible que sr initial soit devenu fr en gaulois comme en brittonique pou8i; nom de la Bresle chez Ptolme, Gliick a compar le gallois ffrwd, bret. froud torrent , irl. sruth fleuve .s
La cliute de
chements entre
l'irlandais et le gaulois
;
;
100morin:
LA LANGUE CiAULOISL
mer,gaul.noinis.
irl.
/nuir^irl.
n^l^- bret.
mor,
cf.g"all.
lat.
mare
'.
gaul. cintu-,;
ce/-,
bret.
kent,
cijnt
pre>:
:
[j.ipy,y.
;
r;/
:
vergo-
;
r/
:
Nerto-
;
/(/
:
hardusMeldi
:
r/j
:
Car-pento-, Kapj^'-VTS-.:
Zc
Volcae;
;
/^
;
hulga
;
//
:
CeltUliis
;
/r/
:
;
//*
:
Alpesne:
^/j
:
Alhiorix.\
arinca
ng
:
Cingeto-; ni
:
y.avTsva
:
///
:
canllos;
nd
;
^n(/(GUE
GAULOISEdeux, familles de languesf/
communs aux/>,
celtiques sont la mutation de,
d,
en v
[iv), 5, y, c'est;
-dire des occlusives sonores en fricatives sonores
et
la
mutation de L, d, g en m, sonores en nasales.2
n,
/?,
c'est-k-dire des occlusives
U
infection
vocalique, c'est--dire la modification^;
des voyelles par les consonnes qui les suivent((
irl.
marc
march, pi. meirch. 3 la triple formation des pronoms personnels. Ces pronoms ont trois formes la forme absolue, cjuand ils sont sujets, attributs ou complments directs; la forme inlixe". quand ils sont complments directs ou indirects d'un verbe|; la forme suffixe, aprs les prpositions. Ainsi, on dira en moyen gallois mi a tvnaf a ^e ferai , ncu-'si-goruc il m'a fait , yn-o- en moi . 4" le futur en -/), le passif et le dponent en -r -^ quicheval,
pi.
maire;
gall.
:
caractrisent la fois le celtique et le latin.5" la double conjugaisonle
verbe est simple ou compos je
du prsent galique, selon que ainsi, on dit en irlandais:
berim
porte
,
mais do-biur
j'apporte
.
6" l'expression
du
pluriel par le collectif et la transfor-
mation de cesi
collectif
en singulatif au moyen d'un suffixe,:
frquente
en brittonique;
gall.
givydd,
bret.
givez
gwczen un arbre . Le gaulois n'a, en gnral, pas fait subir aux consonnes intervocaliques, ni aux consonnes doubles ou prcdes de les changements que l'on observe certaines consonnes
des arbres
gall. givijdden, bret.
''.
1.
la voyelle le c
craiticulaliou de la consonne dpend, son tour, de suivante et persiste aprs la chute de celte voyelle. Ainsi, de maire est palatal ou antrieur, i)arce ([u'il tait jadis suivi
Le point
Voir ci-dessus, p. 113. H. d'Arbois de Jubainville, Mmoirrs de la Socit de lincjuisligue de Paris, X (1898), p. 283-289. marcosior. 3. Voir nanmoins ci-dessus, p. 123 4. Irl. lche, gn. lchel, gall. llug, gaui. Leucclius irl. celhir, m.d'un2.T.:
;
gall.irl.
pedwar, gaul. pelor-;h, gaul.jjLipy.a;
irl.
hrecc, gall.
hrijch, gaul. Briccogall.
crol, gallo-rom. ^crolfa, gall.irl.
crwth
;
irl.
marc,
march, bret.
marc
nert, gall. nerlh, bret. nerz, gaul. Nerto-.
SYMTAXEen celtique.par///
125la
Onla
peut toutefois considrer
notation de
t
dans
ijuatlia
comme un commencement
d'affaiblis-
consonne sourde intervocalique, et noter quelques chang-emenls de h, m en v, de (/ en /i, de p en h,
sement de
T
de c en g. Le gaulois s^oppose,laires,
mme, aux langues
celtiques insu-
pour l'un des
faits les
plus caractristiques de ces
langues. Tandis que la construction de la phrase galiqueet
brittonique
comporte l'ordre suivantles
:
verbe,
sujet,
complnient, les mots de toutes
phrases gauloises qui
sont parvenues jusqu' nous sont rangs peu prs dansle
mme
ordre
qu'en latin, mais aucime ne prsentela
le
verbe en tte deIccavos
phrase
^
:
1 sujet, (verbe),
complmentieuru
indirect,
complmentcantalon;
direct:
Oppianicnosieuru
Brigindonietwpou
;
Licnos
ContextosO'ji/vXoveov;j//;tov;
Anvalonnacnvap.auo-aT^
canecosedlon
llsy^IJ-^po
lOO'j-iouq
B-/;AYjaa;j-'.
aoaiv
2" sujet, verbe,direct,
complment complment indirect'/.u[v.
circonstanciel,Kao-jitaX;?
complmentcsBs
:
Ouspar/.vo-
3paT0U0 y.avTSva
sivoui
;
3 sujet, verbe,
complments indirect
et circonstanciel;
:
Kap-apo
IXXavou'.ay.a; osos [^.a-ps^o va[j,auffiy,apc pparouos
i sujet, verbe,
complments indirect:
et circonstanciel,
complment7.avx[j.;
direct
Ou-r][3pou[ji.apo
Ssos
Tapavoou
Ppaxo'jos
3
complment
direct,
sujet,;
(verbe)
:
Ratin hrivatiom
Frontu Tarbelsonios ieuru6 sujet,
complment:
direct,
verbe,
complmentslegasitin
cir-
constanciel et indirect;
Buscilla sosio
Alixie
Magalu 7 complment indirect, (verbe), sujets Aneuno Oclicno, Luguri Aneunicno.1.
:
Elvonliu ieuru
Voir
J.
Vendrys, Mmoires dep. 338-339.
la
Socit de linguistique de
Paris,
XVII (1911-1912),
126
LA LANGUE GAULOISEpartl'ordre des
A
mots,
la
syntaxe gauloise,
faute
d'exemples comprenant des conjonctions et des phrasessubordonnes, nous est peu prs inconnue. Linscription(TAlise semble offrir
un exemple de phrase
relative
'
ana-
logue
la
forme galique correspondante.
Comme
nous l'avons vu,
lois et les autres
il semble y avoir entre le gaulangues celtiques d'importantes diffrences.
Mais ces diffrences sont sans doute provisoires,
et
lale
dcouverte de nouvelles inscriptions peut en rduire
nombre. Elles portent sur les trois parties de la grammaire phontique, morphologie et syntaxe. S'il n'est pas probable que les langues celtiques insulaires aient beaucoup innov en morphologie et en syntaxe, il faut tout de mme admettre l'influence possible qu'ont pu avoir sur:
elles les
langues des
Iles
Britanniques parles antrieure;
ment
l'arrive des Celtes
et
il
est admissibleles
tains faits de phontique,
comme
que cermutations consonanbritto-
tiques (qui ne sont pas propres au galique et au
nique, mais qui se trouvent, par exemple, dans^un dialecte
roman de Sardaigne)des
soient postrieurs la sparale
tion
langues celtiques insulaires d'avec
celtique
continental. Notre connaissancefaite
du gaulois est trop imparpour que nous puissions arriver, sur ce point, des
rsultats probants.
RAPPORTS DU GAULOIS AVEC LES AUTRES LANGUES INDO-EUROPENNES
2
L'tablissement des Gaulois dans
la
plus grande partie
de l'Europe les mit en rapports avec des peuples auxquelsi.
Voir ci-dessus
p. 122, et
inscription n" 33.
pour la premire fois, par Ebel, Sprachforschung, II (1865), p. 137-194; puis par Fick, Vergleichendes Wrterbuch der indogcrinanischen Sprachen, 1 d. 1868, 2 d. 1871, 3 d. 1874 nouvelle dition comprenant un Urkellischer S])rachschatz, Gttiugue, 1894, par Stokes et Bezzenberger.2.
Ces rapports ont t
ex[)oss,
Beitrfje zur verylcichpiiden
;
LE GAULOIS ET LE SLAVEils
127
ont pu emprunter ou fournir des mots.
Nous ignorons
presque compltement, faute de connaitre les langues despeuples qui occupaient l'Europe antrieurement l'arrive des Indo-Europens, les rapports linguistiques des Celtes avec les peuples qui ne parlaient pas des langues indo-
europennes
'.
Mais, pour les peuples indo-europens,
la
dterniination de ces rapports est ralisable, bien qu'elle
en etfet, le plus souvent impossible de distinguer les mots anciennement emprunts - par une langue une autre langue, des mois qui taient primitivement communs ces deux langues.prsente de graves difticults.Il est,
C'est la parent de grammaire, plutt que la parent
de
dmontre la communaut d'origine. La liste, rcemm
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