LE TARZAN
Dossier pour la commission des objets mobiliers de l’Hérault
(vendredi 23 octobre 2009)
Synthèse
Dossier PHOTOGRAPHIQUE
Fiche TECHNIQUE
Fiche HISTOIRE
SYNTHESE
IDENTIFICATION DU NAVIRE STATUT
Le Tarzan
Typologie : Goélette italienne
Immatriculation : ST310587
Quartier maritime : Sète
Inscription aux Affaires maritimes : plaisance
Localisation : Sète, quai de la République:
Propriétaire : William CHERINO
Coordonnées : 06 14 52 33 53
Le Cayla
30120 Avèze
Acquisition : 2 septembre 2008
DIMENSIONS DESCRIPTION GENERALE Longueur hors-tout : 20,54m
Largeur au maître-bau : 4,90m
Hauteur sous barrot : 1,70m
Jauge nette : 21,20 tx
Longueur du pont : 18,70m
Tirant d’eau : 2,20m
Tirant d’air : 18m
MATERIAUX
Coque (membrures et bordés) : chêne
Pont : plastifié
Cabine, roofs, coffres : contreplaqué plastifié
sur structure iroko
Mâts : bois
Gréement : synthétique
Aménagements intérieurs : contreplaqué
INTERIEUR
Etambot : sortant, poupe ronde
Etrave : sortante à guibre
Cabine : un « dog house »
Roof : 2 petits et 1 grand
Coffres : 2 coffres sur l’avant
Treuil : à l’avant
Mâts : 2 mâts droits
Banc : un banc court sur l’arrière adossé au
pavois, en arc de cercle
Pavois : continu
Type de gréement : le gréement principal est
aurique
Type de barre : roue hydraulique
Moteur : 6 cylindres, DNK6, gasoil
Couleur dominante : blanc
Ornementation : décor floral jaune sur fond
bleu (fin du pavois jusqu’à l’étrave)
ETAT GENERAL
Aménagement intérieur et cabine :
équipement plaisance (cuisine, toilettes,
table, banquettes, douche, couchettes)
Equipement de navigation : timonerie
complète, tout électronique Etat général correct.
Naviguant
Difficile d’évaluer le détail des œuvres vives
HISTOIRE MODIFICATIONS Chantier de construction : MANNO, Sfax
Charpentier : ANSELMI ( ?)
Date de construction : 1950
Mise à l’eau : 18 mars 1950
Propriétaire d’origine / armateur : les frères
Vincent et Joseph MARINELLO
Port d’attache d’origine : Sfax, Tunisie
Usage d’origine : pêche à l’éponge
1950-1955 : Gangavier
Le bateau pêche l’éponge dans le Golfe de
Gabès.
1955-1957 : Chalutier
Il est transformé en chalutier et pêche au
large de la Tunisie.
1957 : Arrivée à Sète
25 juillet 1957, il fait partie d’un groupe de 5
bateaux tunisiens à bord desquels une
trentaine de personnes fuient la Tunisie pour
gagner la France.
1957-1965 : désarmement
Par manque de moyens et dans un contexte
sétois difficile le bateau est désarmé. Le
jaugeage et la francisation sont tout de même
effectués en 1960.
1965-1977 : la pêche à Sète
Réarmé, il assure 12 années de campagne de
pêche sur Sète. Il sort de la famille
MARINELLO en 1977.
1978-2008 : la plaisance
En 1978, il passe à la plaisance et par la suite
change de propriétaires de nombreuses fois.
Si les œuvres vives semblent
raisonnablement modifiées, de très
nombreuses modifications ont été apportées
au niveau des œuvres mortes ce qui éloigne
fortement le bateau de son apparence de
1950.
A chaque changement de destination, le
bateau a été transformé :
- à l’origine : la propulsion principale est la
voile (gréement mystic), 3 capots (cale pour
éponges, poste d’équipage, descente du
patron) mais pas de cabine
- du gangavier au chalutier : nouvelle
motorisation, installation d’une petite cabine
- réarmement chalut en 1965 : nouveaux
mâts, nouvelle motorisation (moteurs
jumelés)
- de l’armement pêche à l’armement
plaisance : la liquidation d’office de 1979
signalait un « bateau très usagé, accidenté à
l’étrave ». Début des années 1980, son
propriétaire, M. RICHARDIS, l’aménage
avec l’aide d’un charpentier (non marin) sur
Port Vendre. La cabine, l’armement chalut et
le pont sont démontés. Ils installent les
actuels pont, roofs, cabine et barre
hydraulique. L’intérieur est aménagé pour la
plaisance.
En outre :
- suspicion d’une modification de la
coque sur l’arrière
l’écubier n’est pas d’origine
RESSOURCES PROJET Les ressources sont importantes et permettent
de retracer l’histoire du bateau et de donner
des informations sur son évolution
morphologique.
- Archives administratives
- Archives privées
- Documents iconographiques
- Personnes ressources
On note une faiblesse bibliographique
concernant des thèmes permettant une mise
en contexte : peu de monographies ou
ouvrages sur la pêche à l’éponge, les
goélettes italiennes, la pêche à Sète dans la
2ème
moitié du 20ème
siècle.
Via l’association « Les amis du Tarzan » un
projet est en cours de création.
- Restauration du bateau : souhait de le
restaurer dans sa version « gangavier »,
chantier pressenti en Tunisie.
- Création d’un partenariat franco-tunisien.
- Faire du bateau un lieu culturel :
événements, animations
- Support pour une collecte de mémoire
L’intérêt historique et ethnologique du Tarzan est certain et il appartient bien au
patrimoine sétois.
- Il est le bateau type employé par la communauté italienne pour la pêche à l’éponge
pratiquée en Tunisie jusqu’au milieu du 20ème
siècle. De l’importante flotte de
gangaviers qui occupait le port de Sfax, il ne reste quasiment plus de représentants. Il
semble en être l’un des derniers et constitue à ce titre un témoignage de cette activité.
- Le Tarzan est également, toute mesure gardée, un « acteur » dans l’histoire de
l’Indépendance de la Tunisie et plus généralement de la décolonisation du 20ème
siècle.
Nationalisé en 1956 suite à la déclaration d’Indépendance, les tunisiens fêtent à son
bord la victoire (présence de Habib BOURGUIBA à vérifier), et il participe à la fuite
de plusieurs familles siciliennes vers la France en 1957. L’arrivée sur Sète de ce
bateau et de ses passagers (ainsi que l’accueil qui leur est fait) est un prémisse de
l’arrivée de nombreux rapatriés venus d’Algérie au début des années 1960.
- Dans les années 1960-70, la pêche en mer à Sète connaît de profonds changements.
Sète devient le 1er
port de pêche méditerranéen de France. L’arrivée des rapatriés, de
leurs techniques de pêche et surtout de leurs puissants bateaux y est pour beaucoup. Le
Tarzan, armé à la pêche de 1965 à 1977, a participé de ces bouleversements et de cette
modernisation de la pêche sétoise, jusqu’à l’avènement des chalutiers métalliques
encore plus grands et puissants dans les années 1980.
- Ce bateau a également accompagné sur 50 ans, de la Tunisie à la France, l’histoire
d’une petite communauté de siciliens. Son histoire reflète les péripéties de ces
immigrés et leur dynamisme en tant que pêcheurs et armateurs.
Ces sujets n’ont apparemment pas fait l’objet de recherche poussée. Peu ou pas d’ouvrages, de
monographies leur sont consacrés. A ce titre, le Tarzan offre un support intéressant pour des
collectes de mémoires. Des personnes ayant connu le bateau sont à même d’apporter des
témoignages sur ces différents thèmes et évènements.
Si l’état du Tarzan est correct son authenticité est toute relative.
Certaines transformations dues à l’entretien du bateau, à sa modernisation, et à son activité de
pêche, qu’elle soit à la gangave ou au chalut, font partie de la vie d’un outil de travail.
Par contre en l’état actuel, tous les aménagements plaisance qu’il a subi dans les années 1980
et l’emploi de matériaux synthétiques altèrent profondément son authenticité en tant que
bateau de pêche.
Le diagnostic d’un charpentier de marine permettrait d’aller plus loin dans l’évaluation de
l’état comme de l’authenticité de ce bateau.
DOSSIER PHOTOGRAPHIQUE
Le Tarzan, Sète, avril 2009
Le Tarzan, Sfax, mars 1950, photographie famille Marinello
Photographies Jean-Marc ROGER et Sarah VALQUE PIRIOU
Photographies Jean-Marc ROGER et Sarah VALQUE PIRIOU
Photographies Jean-Marc ROGER et Sarah VALQUE PIRIOU
Détails
Photographies Jean-Marc ROGER et Sarah VALQUE PIRIOU
Aménagements intérieurs
La cabine : équipement de navigation, cuisine. La cabine : table, banquette, accès au moteur.
Sous le roof principal : couchette, coffre
Cale sous la cabine : moteur
Photographies Jean-Marc ROGER et Sarah VALQUE PIRIOU
Le Tarzan sous voile (voiles actuelles)
Années 1990, photographie Gilles Boutibones
1980, photographie Gilles Boutibones
FICHE TECHNIQUE DU BATEAU
IDENTIFICATION DU BATEAU
Type
Goëlette italienne
Immatriculation
ST310587
Patronyme
Tarzan
Inscription aux Affaires Maritimes
Plaisance
DESCRIPTION GENERALE
Longueur hors-tout (en m)
20,54
Largeur au maître-bau (en m, hors
bordés)
4,90
Nature du fond
quille
Capion
non
Inclinaison de l’étambot
sortante
Inclinaison de l’étrave
sortante
Proue
Sortant à guibre, Beaupré de 3m
Poupe
« Popa ronda » = ronde
Pontage
oui
Bouge
faible
Banc
Un banc court sur l’arrière adossé au pavois
(en arc de cercle)
Tonture
relativement importante
Roof
3 roofs
Cabine
un « dog house »
Nombre de mâts
2
Type de gréement
Le gréement principal est aurique
Quête des mâts
droits
Couleur dominante
Blanc
Moteur
oui
DIMENSIONS
Longueur du plan (en m)
accès impossible
Longueur du pont (en m)
18,70
Longueur à la flottaison (en m, hors
bordés)
17,40
Creux sur quille (en m)
Accès difficile
Jauge nette (en tx)
21,20
Tirant d’air (en m)
18,00
Tirant d’eau (en m)
2,20
Hauteur du pavois (en m)
0,70
Hauteur sous barrot (en m)
1,70
MORPHOLOGIE
LA COQUE
Lest
ciment
Nombre de couples
70 (estimation car l’accès y est difficile : 1
couple de 10cm de large tous les 20cm)
Composition des couples
Couples et varangues
Matériaux de la coque
Chêne (membrures et bordés)
LE PONT
Largueur des virures de pont
Matériaux du pont
contreplaqué plastifié
Echancrures du pavois
Pavois continu sans échancrure
Petit coffre
- Un à tribord avant
- Un adossé au grand roof central
Treuil
Oui, à l’avant entre le roof avant et l’étrave
Description de la cabine
Elle est située sur le tiers arrière et mesure 5
m de long sur 2,80m de large.
En contreplaqué plastifié sur structure iroko,
elle vitrée sur quasiment toute sa longueur.
Description des roofs
En contreplaqué plastifié sur structure iroko :
- Petit roof avant
- Grand roof central
- Petit roof arrière
Les deux premiers sont équipés de hublots.
INTERIEUR
Equipement de navigation
Equipement électronique : sonar, feux…
= timonerie de navigation
Aménagements de la cabine
Cuisine équipée
Petit salon : table, banquette escamotable
Toilettes + douche
Aménagements sous le roof principal
Equipement pour la plaisance : coursive,
couchettes, placards, toilettes…
Aménagement sous la cabine
Espace dédié au moteur et au stockage, pas
d’aménagement spécifique.
Principaux matériaux d’aménagement
Contreplaqué
Aménagement du poste avant
Rangement pour l’outillage, couchettes
Remarques et modifications
- Pont et aménagements à l’époque de la pêche à l’éponge (d’après Rocco MORELLO) :
- un capot devant (carré d’environ 1,50m de côté). C’était la cale aux éponges.
- un capot dans la 2ème
moitié du bateau. C’était le poste d’équipage. C’est là que
se trouvaient les couchettes : en général 7 pour les hommes d’équipage et les
autres pour les provisions.
- un capot, plus petit, tout à l’arrière, appelé « la cabine » ou « descente du
patron ».
- une sorte de mât tronqué (à environ 1m) sur la partie avant du bateau entre les 2
cales. On l’appelait la « tête de l’arabe » et tous les cordages y étaient rassemblés.
- La barre était une barre franche d’environ 1,70m et il y avait un banc à l’arrière
pour s’asseoir.
- En 1954-55, le bateau abandonne la pêche à l’éponge et est armé pour la pêche au
chalut. Des modifications sont apportées pour installer un moteur plus puissant et une
cabine est construite à l’arrière du 1er
mât (dernier tiers du bateau).
- En 1978, le bateau passe en armement plaisance. La liquidation d’office de 1979
signalait un « bateau très usagé, accidenté à l’étrave ».
Au début des années 1980, son propriétaire, M. RICHARDIS, l’aménage avec l’aide
d’un charpentier (non marin) sur Port Vendre. La cabine, l’armement chalut et le pont
sont démontés. Ils installent les actuels pont, roofs, cabine et barre hydraulique.
L’intérieur est aménagé pour la plaisance.
- Suspicion de modification de la coque sur l’arrière (sorte de cassure dans la ligne).
Pas de trace ni de date.
- L’importance de l’aménagement intérieur gêne l’accès et la visibilité de certains
éléments.
EQUIPEMENTS DE NAVIGATION
Type de barre
Roue hydraulique
Safran
Oui
Taille du safran
Forme du safran
à pavillon
Largeur du safran
Système de mouillage
ancre à jas
Chaîne de mouillage
oui
Autres ancres
2 autres ancres de types différents
Remarques et modifications
- L’écubier (ouverture pour le passage de la chaîne d’ancre) était à l’origine dans le
pavois à bâbord. De forme arrondie, il en reste la trace mais il est bouché. Un nouvel
écubier a été aménagé dans la coque juste en dessous de son emplacement d’origine.
Pas de date.
- A l’origine la barre était franche. L’actuelle barre hydraulique a été installée lors de
l’aménagement de la cabine en 1981-82.
GREEMENT
GREEMENT PRINCIPAL
Mât
Mât d’Artimon (le plus en arrière)
Type de gréement
Aurique
Emplacement du mât
situé à 5,50 m de l’arrière
Tête de mât
pas de flèche
Haubans
Fixes en cordes et acier tressés
Système de fixation du mât
Emplanture contre quille et pont
Coins
Oui
Matériau du mât
Bois résineux
Collier
Oui
Poulies
Cap-de-mouton en hêtre et bois exotique
Espar
Bôme en bois
Matériau de la voile
Darcon (synthétique)
Surface de la voile (en m2)
100
Creux de la voile
Largeur des laizes (en cm)
Pas de laizes
Ralingage
Non
Remarques et modifications
A l’origine le gréement principal était un gréement mystic.
Les deux mâts actuels ont été installés en 1965 par Rocco MORELLO qui est allé les
chercher à EDF.
2ND
GREEMENT
Mât
Mât de Mestre
Type de gréement
Fisherman
Emplacement du mât
situé à 5m de l’avant
Tête de mât
Pas de flèche
Haubans
Système de fixation du mât
Coins
Matériau du mât
Bois
Collier
Oui
Poulies
Cap-de-mouton en hêtre et bois exotique
Matériau de la bôme
bois
Matériau de la voile
synthétique
Surface de la voile (en m2)
45
Creux de la voile
Largeur des laizes (en cm)
Ralingage
Remarques et modifications
Autre gréement
Mât
Beaupré de 3m, d’une seule pièce
Type de gréement
Petit foc, foc de route
Matériau de la voile
Surface de la voile (en m2)
20 et 10
AUTRES PROPULSIONS
Rames
Non
Année de motorisation du bateau
Sûrement un petit moteur dès la construction
Année du moteur
1980
Marque du moteur
Baudouin
Type de moteur
6 cylindres, DNK6
Puissance (en cv)
150
Autonomie (en h)
Carburant
Gazole
Vitesse moyenne (en nœuds)
8-10
Remarques et modifications
- Le bateau a sûrement été motorisé dès sa construction en 1950. Pas de traces
d’archives mais d’après les témoignages il possédait un petit moteur de moins de
100CV lorsqu’il pêchait l’éponge : un DB6 de 90CV ou un moteur de 36CV.
- Lorsqu’il est transformé en chalutier en 1955 à Sfax il est équipé d’un moteur plus
puissant, un Burmeister de 180CV.
- En 1965 quand il reprend la pêche sur Sète il est équipé d’un groupe de moteurs
marins jumelés, type DNK 6 MR I/3, réglage 320 CV, n° 670 573 _ 670 574.
- L’actuel moteur a été installé par les propriétaires Messieurs CALLI et LEBOFFE a
priori en 1980.
ORNEMENTATION
Couleur de la coque
Blanc
Couleur du pavois
blanc
Couleur du liston
bleu
Couleur de la planche à dalots
blanc
Couleur du plat-bord
blanc
Couleur du pont
blanc
Décorations externes
Sur la fin du pavois jusqu’à l’étrave : un
décor floral jaune sur fond bleu.
Décorations internes
HISTOIRE
Construction
Le Tarzan a été construit à Sfax (Tunisie) en 1950 au chantier Pierre MANNO, un chantier
sicilien. D’après différents témoignages le charpentier pourrait être un certain ANSELMI. Ce
quartier de construction navale est appelé Madagascar.
En ce qui concerne la typologie du Tarzan, il s’inspire fortement des goélettes italiennes
construites notamment dans la région de la Torre del Greco (sud de l’Italie, région de
Naples) : étrave à guibre, poupe ronde, lignes générales. Il ressemble beaucoup à certains
bateaux comme par exemple l’Aurore construite en Italie en 1946. Il serait une copie de la
Furieuse mais en plus grand.
Il est construit en bois (chêne), possède deux mâts et ses dimensions d’origine sont les
suivantes :
- longueur : 19,90m
- largeur : 5,10m
- hauteur : 1,80m
- Contenance : 26,20tx
Il est équipé dès le départ d’un petit moteur (un 35CV ou un DB6 de 90CV selon les
témoignages) mais sa principale propulsion est à l’origine la voile : gréement mistique. Le
principal vendeur et fournisseur de moteurs de l’époque à Sfax était ROCOPOLOS, c’est
sûrement lui qui a équipé le bateau de sa motorisation.
Ce sont les frères MARINELLO, Joseph et Vincent, famille d’origine sicilienne, qui ont fait
construire le Tarzan pour agrandir leur flotte de chalutiers et gangaviers basée Sfax.
Il a été conçu pour pêcher l’éponge et est donc appelé gangavier (en français), saccaleva ou
saccolève (en italien), carcare (en arabe) du fait de son armement à la gangave, instrument
employé pour pêcher les éponges dans cette région.
Il est mis à l’eau le 18 mars 1950.
Mise en contexte
Dans les années 1950 le port de Sfax présentait différents types de bateaux de pêche, miroir
des différentes communautés qui pratiquaient cette activité : maltais, grecs, italiens, arabes.
Chaque communauté avait son type de bateau inspiré du pays d’origine du groupe mais
également fonction de la technique de pêche pratiquée. Les grecs par exemple pêchaient
l’éponge au scaphandrier alors que les siciliens pêchaient l’éponge uniquement à la gangave.
D’après les témoignages le port de Sfax comptait au moins 15 bateaux du type du Tarzan
avant 1956.
Le Tarzan est a priori un des derniers représentants de cette flotte de bateaux italiens de
Tunisie construits pour la pêche à l’éponge.
La pêche en Tunisie
1950-1955
Le Tarzan est armé à la gangave et va pêcher l’éponge dans le Golfe de Gabès. Immatriculé
SF1222, il est armé par ses propriétaires, les frères MARINELLO (49% pour Joseph et 51%
pour Vincent) mais pas commandé par ceux-ci.
Le 1er
juillet 1954, le Royaume de Tunisie leur accorde un « Congé » pour que le bateau
circule librement.
On sait qu’en 1954-55 le patron du bateau est M.AURESLE et que à titre d’exemple sont
débarqués de son bord 280kg d’éponges le 28 juillet 1954 à Maharès (32km au sud de Sfax).
Mise en contexte
La pêche à l’éponge est une activité qui semble importante à Sfax au moins depuis le milieu
du 19ème
siècle. La pêche se faisait au large de la Tunisie et de la Lybie dans le golfe de Gabès
: Djerba, Querkina, Sersis, Ampedouza…
Les campagnes de pêche duraient de 2 à 3 mois à la voile ou d’1 à 2 mois lorsque le moteur
est arrivé.
[Voir dans le « Dossier ressources » l’interview de Rocco MORELLO et l’interview de Joseph
RUVIO pour la description de cette pêche]
1955-1957
Le Tarzan navigue sous pavillon tunisien : les documents sont enregistrés le 28 juin 1955 et
l’Acte de nationalité signé le 7 juillet 1955 à Sfax.
Le bateau, toujours armé par les frères MARINELLO, est transformé en chalutier car cela
rapporte plus que l’éponge : son tonnage passe à 40,57tx et il est équipé d’un moteur plus
puissant (180CV).
Les rôles d’équipage montrent des campagnes s’étalant du 28 juin 1955 à avril 1957. Les
équipages sont mixtes : français, italiens, tunisiens. En 1956 et 1957, le patron du bateau est
Antonio FORTINO, dit Toto le Géant (1,55m).
La fuite et l’arrivée en France
La fuite, 1956-1957
En 1956, suite à la proclamation de l’Indépendance du 20 mars, les biens des européens sont
nationalisés. Les bateaux des MARINELLO ne leur appartiennent plus. Un tunisien est
nommé à bord de chaque bateau pour le commander. Il semble qu’il y ait également eu des
grèves qui bloquaient les bateaux à quai. La situation n’est pas très bien acceptée par la
communauté de pêcheurs et propriétaires siciliens.
D’après Vincent FORTINO, en avril 1956 le Tarzan (ou un autre des bateaux de la flotte des
MARINELLO) aurait conduit Habib BOURGUIBA sur l’île de Kerkéna alors qu’il faisait le
tour du pays pour fêter la victoire. (Voir photographie en annexe)
Les hommes FORTINO (Antonio et Giro) et MARINELLO (Joseph et Vincent) se décident à
quitter le pays en secret avec leurs bateaux. Ils embarquent le soir de l’Aïd en juillet 1957. La
flotte de 5 bateaux (la Furieuse, le Tarzan, l’Aurore, le Dany, la Mamma Bianca) quitte la
Tunisie avec à bord une trentaine de personnes : la famille MARINELLO, la famille
FORTINO, Nuncio RUVIO, quelques matelots. Le périple dure plusieurs jours avec des arrêts
en Corse et en Provence.
Ils arrivent à Sète le 25 juillet 1957.
[Voir dans le « Dossier ressources » l’interview de Vincent FORTINO pour le détail du
départ et du périple de ces 5 bateaux]
Mise en contexte
Indépendance de la Tunisie, immigration sur Sète.
En Tunisie le début des années 1950 est marqué par de nombreuses attaques contre le système
colonial. La situation est alors assez difficile dans le pays et la tension monte. Sfax semble
être un foyer important dans la lutte pour l’indépendance. A titre d’exemple deux militants de
la lutte nationale y sont assassinés en 1952 et 1953 par la « Main rouge » organisation
terroriste coloniale. Le 31 juillet 1954, Pierre Mendès France signe l’autonomie interne de la
Tunisie. Une convention franco-tunisienne est signée le 3 juin 1955. Elle est approuvée par le
Néo-Destour (parti créé par Habib Bourguiba en 1934) le 15 novembre à Sfax.
Le 20 mars 1956 la France reconnaît solennellement l’Indépendance de la Tunisie. Le 25
juillet la Monarchie est abolie dans le pays et la République proclamée. Habib Bourguiba en
devient le président. Cette année là la Tunisie effectue de nombreuses nationalisations.
La République est proclamée le 25 juillet 1957.
L’accueil sétois, 1957-1960
Sète a été choisi comme destination par la famille MARINELLO pour son port de pêche et
donc pour ses potentialités de travail. Aucun lien familial, la communauté sicilienne y était
alors inexistante.
L’accueil sétois a été des plus frais pour ces rapatriés. A cela différentes raisons : ils arrivaient
avec des bateaux plus gros et plus puissants, ils étaient siciliens. Le Prud’homme, comme
l’ensemble de la communauté de pêcheurs, n’a pas apprécié cette arrivée et les bateaux ont été
mis en cale pendant 5 ans. Le Tarzan a donc été désarmé.
De son côté, la municipalité ne les a pas du tout aidé. Les familles ont dormi longtemps sur les
bateaux, quai d’Alger. Les hommes allaient travailler sur des bateaux sétois.
C’est une période qui a été assez durement vécue par ce petit groupe qui avait tout perdu en
dehors de leurs bateaux.
[Voir dans le « Dossier ressources » l’interview de Vincent FORTINO et de Rocco
MOERELLO]
Mise en contexte
La pêche à Sète dans les années 1950 :
- La communauté de pêcheurs au chalut de Sète était majoritairement d’origine
italienne. Issue des mouvements d’immigration initiés dès 1880, elle provenait de la
région de Naples, Cetara, Gaete.
- La pêche à Sète n’est pas caractérisée par sa modernité («archaïsme des méthodes ») et
son tonnage annuel est relativement modeste (750tonnes).
Ces nouveaux arrivants, « étrangers » aux bateaux puissants et aux pratiques différentes, sont
donc accueillis avec méfiance.
Ils font partie des premiers rapatriés politiques de la décolonisation que Sète découvre.
La pêche à Sète
Tout l’administratif concernant le Tarzan est effectué en 1960 :
- 1er
juin 1960, le jaugeage maritime du Tarzan
On remarque des modifications dans ses dimensions par rapport à celles consignées en
Tunisie:
- longueur : 20,54m
- largeur : 4,90m
- hauteur : 1,74m
- jauge nette : 21,20tx
- juin 1960, importation officielle
- 25 août 1960, francisation
Le Tarzan retrouve l’autorisation de pêcher. Néanmoins par manque de moyens il n’est pas
réarmé tout de suite.
En 1965, Vincent MARINELLO vend ses parts à son frère Joseph qui réarme le bateau. Rocco
MORELLO participe à ce réarmement et transformation du bateau notamment concernant sa
motorisation (moteurs jumelés). Le chalutier part alors pour 12 années de campagnes de pêche
de 1966 à 1977. Les équipages se succèdent, avec toujours à bord un membre de la famille
MARINELLO (Joseph ou Vito) jusqu’en 1977 date à laquelle le bateau est vendu à Messieurs
CALLI et LEBOFFE.
Mise en contexte
Dans la décennie 1960-1970, la pêche à Sète va connaître plusieurs bouleversements qui vont
profondément modifier ce secteur économique et le moderniser :
- mutation des techniques de pêche
La pêche au lamparo est autorisée le 25 juin 1960.
- arrivée de nombreux rapatriés, notamment d’Algérie après 1962,
Equipés de bateaux performants, les Pieds-Noirs créent une concurrence qui oblige la
flottille sétoise à se moderniser.
Des chalutiers plus grands, plus puissants sont construits, la « production » de poissons de
fond augmente.
- la réglementation des activités se précise
Sète devient le 1er
port de pêche de la Méditerranée.
Exemple de modernisation : une nouvelle criée électronique ultra moderne est construite en
1966.
La plaisance
En 1978, le Tarzan est racheté par Jean-Louis RICHARDIS et Jean SEGUI. Les nouveaux
propriétaires changent le genre de navigation du bateau et l’arment à la plaisance. Il est alors
très usagé, accidenté à l’étrave et ne possède plus de moteur.
1982, le Tarzan est rattaché au port de Port-la-Nouvelle.
Les propriétaires font de très nombreux travaux sur le bateau et l’aménage pour la plaisance.
En 1987 M.RICHARDIS confie la garde, l’utilisation et l’entretien du bateau à l’association
pour la Sauvegarde des vieux gréements (bail d’un an) basée à Port-la-Nouvelle et dont le
président est Bruno REGIS.
Mise en contexte
Le passage du Tarzan part l’association s’inscrit dans un mouvement de prise de conscience et
de prise en compte du patrimoine maritime qui se développe en Méditerranée dans les années
1980.
Aujourd’hui
William CHERINO rachète le Tarzan en septembre 2008. Il le ramène de Canet-en-Roussillon
à Sète et crée l’association « Les amis du Tarzan ».
Les projets à venir concernant le Tarzan via l’association :
«Dans un premier temps :
• restaurer le bateau en développant un projet technico-culturel avec la ville de SFAX où il a
été construit,
• développer un véritable partenariat culturel avec la maison de FRANCE à SFAX, en
proposant un projet d'animation pluridisciplinaire,
• créer et animer un ‘’ Festival du Conte’’ sur les deux rivages destiné aux scolaires et au
grand public de la Région "Si la Méditerranée m'était contée..."(écriture en cours) »
Dans un deuxième temps :
TARZAN emblème de la Méditerranée et de la Région Languedoc Roussillon, ancré dans la
mémoire collective des "Gens de Mer de SETE" servira de support pluridisciplinaire:
- En collectant en Italie, en Tunisie et en France:
• les événements qui retracent la "Saga de la famille sétoise"
• les savoirs et savoir faire, les techniques du chantier naval qui a construit le TARZAN
• la construction navale des goélettes italiennes
• la mémoire des hommes de la mer concernant la pêche à la voile (éponge, chalut)
• les éléments populaires de la culture maritime...
- En accueillant à son bord:
• différents intervenants (artistes- conteurs- scientifiques...) des deux rivages de la
Méditerranée
• du public scolaires et du grand public...
- En participant aux animations:
• concernant les rassemblements de bateaux à voiles traditionnelles de la Méditerranée
• des ports de la Région... »
Propriétaires
2 septembre 2008, William CHERINO (totalité)
Immatriculation : 310.587V (Port Vendre)
Port de Stationnement : Canet en Roussillon
11 septembre 1995, Georges SABATE (totalité)
Immatriculation : 310.587V (Port-Vendres)
Francisation : (Sète)
Port de Stationnement : Port Leucate
28 septembre 1993, Georges SABATE (50%), Jean-Louis RICHARDIS (50%)
Immatriculation :
Francisation : 77709 (Sète le 3 avril 1979)
Port de Stationnement : Port Leucate
19 septembre 1993, Jean-Louis RICHARDIS (totalité)
Immatriculation : 310 587V, Port-Vendres
Port de Stationnement : Port la Nouvelle
25 octobre 1983, Jean-Louis RICHARDIS (90%), Jean SEGUI (10%)
Immatriculation : 310 587, Sète
Port de Stationnement :
2 novembre 1978, Jean-Louis RICHARDIS (50%) et Jean SEGUI (50%)
(totalité, coque (pas de moteur))
Immatriculation : 310 587
Port de Stationnement : Sète
Utilisation avant la vente : pêche / Utilisation après la vente : plaisance
2 juin 1977, Ange CALLI (50%), Alain LEBOFFE (50%)
(avec licence Chalut)
Immatriculation : 1991
Port de Stationnement : Sète
3 août 1965, Joseph MARINELLO
Immatriculation : 1783, Sète
Port de Stationnement : Sète
Vincent MARINELLO (51%), Joseph MARINELLO (49%)
Immatriculation : SF1222, Sfax
Port de stationnement : Sfax
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