POUR N° 204 NOVEMBRE 20173
Après le rendez-vous salarial
manqué dans la Fonction
publique, commence
la séquence « Action publique
2022 ». Cycle de forums
et consultations des agent-es
et des usagers organisé par le
gouvernement pour tout à la fois
parler de la qualité des services
publics et du travail des agents
mais dans l'idée d'accompagner
« rapidement la baisse des
dépenses publiques »…
L'intervention de la FSU est
indispensable pour ne pas laisser
justier à travers ces débats, une
possible réduction des missions
et du périmètre de la Fonction
publique.
Faisons de ces temps, des
moments d'expression des agent-
es sur les nécessaires évolutions
de la Fonction publique pour bien
répondre aux besoins de la
population et contribuer au
développement du pays. Pour dire
aussi que cela n'est possible que
si les agent-es peuvent jouer tout
leur rôle.
Ce débat sur l'avenir de la
Fonction publique est un enjeu
de société.
Il nécessite de rassembler
largement pour peser. Pas facile
alors que le monde syndical est
déchiré. Pourtant, nous avons
prouvé dans la Fonction publique
que l'unité est possible. Tout en
assumant nos divergences.
Si très vite n'émergent pas
des alternatives aux politiques
libérales, des débats d'idées à la
place des divisions
stériles… les reculs
vont être lourds
de conséquence.
L'avenir est à portée
de main, nous y
mettons toutes nos
forces !
ÉDITO
L'avenir est àportée de main
Bernadette Groison
4HarcèlementMauvais genre…
17Évaluation :pour la réussite de tous
10SalairesUn rendez-vouspour rien
14ApprentissageVers un nouveau plande relance
24NumériqueLes GAFAM à l’assautde l’École ?
15Cour des comptesL’Éducation n’a pasde prix
5LuttesUn automne social
28Le cirque,éternel indiscipliné
30Rencontre avec David Lescot
Revue de la
Fédération Syndicale Unitaire
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Directeur de la publication :Bernadette Groison
Rédaction :
Grégory Bekhtari,
Sandrine Charrier,
Pierre Garnier,
Matthieu Leiritz,
Jacques Mucchielli,
Marie-Rose Rodrigues-Martins.
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Plus de la moitié des femmesdéclarent avoir eu à subir aucours de leur vie du harcèle-
ment voire des agressions sexuelles :remarques, gestes déplacés, impres-sion dégradante d’être réduites àl’état de « chose », d’objet sexuel.Cette forme de harcèlementn’a rien à voir avec de ladrague : « La différence entredrague et harcèlement, c’esttout simplement le consente-ment. Et pour s’assurer duconsentement d’une personne,il suffit de lui poser la question,et de respecter sa réponse si elleest négative. La drague, c’estun jeu qui se pratique à deux.Le harcèlement, lui, s’imposed’une personne sur une au-tre », détaille le site « Paye tashnek », qui recense des cen-taines de témoignages de har-cèlement « ordinaire ».L’affaire du producteur hol-lywoodien accusé de harcèle-ment sexuel, agressionssexuelles et viols, le hashtagcontroversé sur Twitter #ba-lancetonporc ont mis sur la
Quelle est votre réaction suite aux propositionsde la ministre ?
Les urgences sont le miroir grossissant des problèmesde santé. Si les usagers viennent aux urgences c’est parceque nous manquons de médecins. Et que les médecins dequartier ne disposent pas du plateau technique permettantles examens complémentaires (prises de sang, radios.).
Pour réduire les dépenses de santé la ministre proposede fermer les lits « qui ne servent à rien ». Qu’en pensez-vous ?
La ministre veut récupérer 3 milliards en fermant des litset en imposant l’ambulatoire. La chirurgie ambulatoireconcerne environ 5 patients sur 10 en France. L’objectifest de passer à 7 patients sur 10 d’ici 2022. Mais les lits« récupérés » ainsi doivent être transformés en litsde médecine an justement d’y accueillir les patientsdes urgences devant être surveillés et non pas supprimés. Ce qu’elle ne dit pas c’est qu’elle « encourage »
la construction d’hôtels hospitalierspour les patients qui devront y passerla nuit suite à leur intervention et quiseront pris en charge en fonctionde leur couverture mutualiste.
Quelles solutions proposez-vous ?
Nous demandons un moratoire à toutefermeture de lits et hôpitaux. Nousproposons de supprimer le numerusclausus (25 % des nouveauxmédecins ont obtenu leur diplôme à l’étranger), de revoirla sélection des étudiants et d’introduire les scienceshumaines dans la formation. Nous militons pour la créationde centres de santé publics avec des médecins salariéset des plateaux techniques. Enn, la suppression de la taxesur les salaires, impôt injuste prélevé sur le budgetdes hôpitaux, permettrait de récupérer 4 milliards d’euroset de créer 80 000 emplois.
C’E
ST
L’A
CTU
ChristophePrudhomme, porte-parole de l’Associationdes médecinsurgentistes de France(Amuf) et urgentisteau Samu de Bobigny.
© DR
Urgences : réaction aux annonces de la ministre
Kurdistan d’Irak:du référendum à l’échecpolitiqueLe peuple kurde se réparti
entre 4 états : Irak, Turquie,
Syrie et Iran. En Irak, un
Gouvernement Régional Kurde
(GRK) est dirigé par le Parti
Démocratique du Kurdistan
(PDK) et présidé par Massoud
Barzani. Le 25 septembre,
ce dernier a organisé
un référendum sur
l’indépendance du Kurdistan
d’Irak. Une large participation
et une majorité écrasante
pour le « oui » à
l’indépendance se sont
dégagées.
Toutefois, la déclaration
d’indépendance a suscité
l’hostilité des puissances
occidentales et régionales.
Le gouvernement central
irakien a lancé une offensive
militaire contre le GRK qui
s’est avéré divisé et incapable
de défendre la province
disputée de Kirkouk, riche
en pétrole. La perte de Kirkouk
a été un désastre pour le GRK,
entraînant la démission
de Barzani. L’hostilité
des différentes puissances
et les choix problématiques
du groupe dirigeant lié
à Barzani sont synonymes
d’une grande incertitude pour
l’avenir du peuple kurde.
place publique des paroles defemmes qui ont décidé desortir du silence entourant lesagressions sexistes dont ellessont victimes. Cette libérationde la parole ne peut suffire etdoit se traduire par des dé-pôts de plainte et par lacondamnation des auteurs :les agressions sexuelles sontdes délits passibles de 10 ansde réclusion et les viols descrimes passibles de 20 ans deréclusion.
Harcèlement
Mauvais genre…
À l’inverse, il ne s’agit pas dediaboliser des hommes qui se-raient systématiquement et apriori de agresseurs ou de fairedes femmes des victimes.L’éducation à l’égalité fillesgarçons est plus que jamais né-cessaire pour faire évoluer en-semble les mentalités et pourinstaurer enfin une cultureémancipatrice du respect et del’égalité de toutes et de tous.La FSU participera le 25 no-vembre à la Journée interna-tionale contre les violencesfaites aux femmes.
Sandrine Charrier
© M
IRA/N
AJA
s o c i a l e s
POUR N° 204 NOVEMBRE 20174
25 novembre, journéeinternationale contreles violences faitesaux femmes.
Budget : la colèredes maires rurauxFermeture des services publics
à Évreux, décision de 39 maires
de la Creuse de retourner
symboliquement le portrait
d’Emmanuel Macron : les
maires, et aussi les élus
régionaux, sont en colère
et le font savoir !
Les raisons : absence
d’information de Bercy
sur la compensation de la taxe
d’habitation, baisse annoncée
du nombre de conseillers
municipaux, suppression
de 120 000 contrats aidés
employés dans les écoles, pour
la sécurité, l’aide à domicile,
l’animation, les services de
restauration, les hôpitaux ou
les associations culturelles
et sportives. Sans compter la
réduction des APL qui met en
danger les bailleurs sociaux. Et
cerise sur le gâteau, trois jours
après la Conférence des
territoires, annonce brutale de
la suppression de 305 millions
d’euros de crédit. Ces mesures
ont provoqué l’ire des maires,
ruraux notamment.
Même son de cloche du côté
des présidents de régions qui
ont suspendu tout dialogue avec
l’État pour protester contre une
coupe de 450 millions d’euros
de leurs crédits dans le budget
2018. Une décision « en rupture
totale avec les engagements
de l’État et la volonté du
législateur », selon l’ARF
(Association des régions de
France). Le gel des crédits pour
2017 et la baisse du nombre
de contrats aidés ont aussi
contribué à cette impasse.
Emmanuel Macron, invité
en novembre au Congrès de
l’AMF (Association des maires
de France), va avoir besoin
d’un peu d’ambroisie.
ErratumL’article consacré à la
présentation de la FSU, dans
le précédent Pour, comportait
une formulation maladroite :
le SNUAS - FP et le SNPES –
PJJ ont bien fait partie des
membres fondateurs de la FSU,
en 1994. Toutes nos excuses
pour cette regrettable erreur.
Les attaques contre les conquêtessociales et les cadeaux fiscauxaccordés aux plus riches ne
restent pas sans réponses.En effet, les résistances s’or-ganisent sur plusieurs fronts,dans la durée et parfois dansl’unité. La CGT, face au dumpingsocial exigé par le patronatet les milieux financiers,poursuit la lutte contre lesordonnances Travail. Le16 novembre, la FSU seradans la rue à ses côtés, avecFO et Solidaires.Le projet ministériel visant à
Luttes
Un automne socialinstaurer une sélection dégui-sée à l’entrée de l’Université,quand notre pays a tant be-soin de citoyennes et citoyenséduqués et toujours plus qua-lifiés, a conduit l’UNEF etl’UNL à se joindre à cettejournée.Parallèlement, et dans uneunité aussi totale qu’histo-rique, incluant FSU, CGT, So-lidaires, CFDT, UNSA,CFTC, CGC, FO et FASP,l’intersyndicale Fonction pu-blique s’inscrit dans une ac-tion de longue durée après lepremier succès du 10 octobre,
pour les salaires, les carrièreset plus globalement les mis-sions de service public, que laréduction des moyens va fra-giliser.Face à la surdité ministérielle,notamment sur l’absence decompensation de la hausse dela CSG pour les actifs et lesretraités, sur le recul dans letemps des mesures PPCR, ousur le maintien du gel dupoint d’indice, l’intersyndicalea boycotté la séance duConseil supérieur de la Fonc-tion publique du 6 novembre.Au conseil commun du 8 no-vembre, toutes les organisa-tions ont voté contre les textesCSG et PPCR proposés par legouvernement. L’intersyndi-cal se réunit à nouveau fin no-vembre. La FSU y portera laproposition d’une nouvellejournée d’action de la Fonc-tion publique. Elle continuerade soutenir les luttes pour lerenforcement du droit duTravail et pour une démocra-tisation approfondie de l’en-seignement supérieur.
Matthieu Leiritz
9 millions de pauvres en FranceA l’occasion de la « journée mondiale du refus de la misère »,célébrée chaque 17 octobre à l’initiative d’ATD quart monde,Emmanuel Macron a annoncé une concertation pour dessinerune "stratégie de prévention". En France, neuf millions depersonnes sont en situation de pauvreté et de plus en plus dejeunes et d’enfants. Pour Agnès Buzyn, ministre de la Solidaritéet de la Santé et pilote de ce chantier, il s’agit de travailler à unepolitique de prévention qui consiste à investir socialement dansla jeunesse en lien avec les ministères du Travail, de l’Éducationet de l’Égalité femmes-hommes. Claire Hédon, présidente d’ATDquart monde souligne que la principale inquiétude concerne lesmoyens budgétaires. Et le gouvernement ne veut pas les mettre.
© M
IRA/N
AJA
s o c i a l e s
POUR N° 204 NOVEMBRE 20175
400 à 600 migrants s’entassentà Metz dans des tentes sur unterrain jouxtant une usine d’in-
cinération. Au sein d’un réseau desolidarité, la FSU se bat pour lascolarisation de tous les enfants. La situation des enfants mi-grants occupant le camp deMetz est préoccupante.170 enfants de 3 à 16 ans ysont recensés. Certains nesont toujours pas scolarisés.La LDH, le SNUipp 57 et laFSU, agissent dans le cadredu réseau de solidarité des as-sociations messines pour per-mettre la scolarisation de tousles enfants du camp.En octobre 2016, le réseauétait intervenu fermement au-près du préfet pour que lascolarisation soit mise enplace alors tout était prévupour accueillir les élèves. Celaa été fait mais il a fallu recom-mencer lorsque le camp s’estreformé. De son côté leSNUipp-FSU intervient régu-lièrement dans les instancesafin que ces enfants puissentêtre accueillis dans les meil-leures conditions sans quecela ne génère une dégrada-tion des conditions de travaildes équipes.
Camp de Metz
Scolariser tous les enfantsde migrants
Chômeurs : manif le 2 décembreDepuis l'obtention en 1997 d'une prime de n d'année par lemouvement des chômeurs, une manifestation est organisée tousles 2 décembre pour faire entendre leur voix. Aujourd'hui, denombreuses mesures prises par le président Macron visent lesplus pauvres et les plus précaires au bénéce des riches et desgrands patrons, alors que moins de 45 % des chômeurs sontindemnisés. L'appel rédigé par AC !, APEIS, CGT chômeurs etMNCP et rejoint par le SNUTEFI-FSU revendique notammentl'indemnisation des chômeurs et des précaires avec le SMICcomme référence, l'arrêt des contrôles et des sanctions contreeux et une véritable politique de formation professionnellechoisie. Rendez-vous Place Stalingrad à Paris à 14 heures.
© DR
fants d’âge maternel, et pourles jeunes de 11 à 16 ansn’ayant jamais fréquenté uncollège en France. Depuis des années, L’État etle conseil départemental neprennent pas les mesuresadaptées pour accueillir en di-gnité et en droit toutes ces fa-milles. Les associations fontau mieux pour répondre auxbesoins élémentaires.Quant à l’accès à l’école, l’en-gagement des associations quitravaillent avec les services del’État a permis de scolariserune partie des enfants. Le ré-seau poursuit son action pouraméliorer la situation.
Marie-Rose Rodrigues-Martins
HélèneLeclerc,secrétairede la Liguedes droitsde l’hommede Moselle.
s o c i a l e s
POUR N° 204 NOVEMBRE 20176
Pourquoi y a-t-il autant dedemandeurs d’asile à Metz ?Du fait du regroupement des
services administratifs, Metz est
devenu le lieu unique de dépôt
des demandes d’asile pour tout
le nord - est (hormis
Strasbourg).
C’est donc à Metz que se
retrouvent toutes les familles
demandeuses d’asile, originaires
essentiellement des Balkans
Qui sont les responsablesde cette situation humaine-ment inacceptable ?L’accueil des demandeurs d’asile
relève de l’État qui a obligation
de loger durant la période
d’instruction de la demande
d’asile.
Toutefois, la durée d’étude des
dossiers pouvant s’entendre sur
plusieurs années, la
préfecture loge actuellement en
Moselle 4 900 personnes
Les possibilités d’accueil étant
saturées, les nouveaux arrivés
(600 actuellement) sont
regroupés sur un terrain en
bordure de ville.
Quelles associations travail-lent ensemble ? Quelles sontles solutions possibles ?Des associations du réseau de
solidarité, comme Médecins du
Monde, le Collectif d’accueil des
solliciteurs d’asile en Moselle
(CASAM), la Ligue des Droits de
l’Homme, le secours catholique
et la banque alimentaire,
apportent une aide matérielle,
logistique et humaine.
Elles sont épaulées par des
collectifs citoyens.
La LDH avec le soutien de la FSU
a fait pression auprès de la
mairie de Metz et de la direction
des services départementaux de
l’éducation nationale pour que
les enfants soient scolarisés.
Le problème reste entier pour
les jeunes de 11 à 16 ans qui
ne parlent pas français et n’ont
pas de dossier scolaire. Le CASM
organise pour eux des cours
d’apprentissage de la langue.
Il a obtenu des enseignantsremplaçants affectés dans lesécoles. Il demande à l’inspection aca-démique de veiller à ne pasmettre en difficulté leséquipes et à prévenir tousrisques psycho sociaux ou demal-être en mettant en placeune formation auprès despersonnels et des remplaçantsvolontaires pour le dispositifde soutien. Quelques tempsde formation ont pu se mettreen place.La scolarisation est actuelle-ment possible dans les écolesproches du camp pour les en-fants d’âge élémentaire. Cen’est pas le cas pour les en-
Perturbateurs endocriniens,effets du CETA sur l’environne-ment, hydrocarbures, glypho-
sate, nucléaire. Le chemin est trèslong vers la transition écologique.Cet été, premier dossier chaudpour le ministre, celui des per-turbateurs endocriniens. LaFrance s’était toujours expri-mée contre la définition de laCommission européenne, fer-mement. Elle a pourtant votépour un texte laissant la pos-sibilité d’exclure notammentle glyphosate de la liste despesticides perturbateurs en-docriniens. Début septembre, autre inco-hérence. Le CETA, traité de li-
Écologie
Une politique en transition ?bre-échange entre l’Union eu-ropéenne et le Canada, est en-tré en application provisoireavec des conséquences désas-treuses soulignées par unecommission d’experts. LeCETA met en cause la luttecontre le dérèglement clima-tique, l’emploi et la protectionde la santé des citoyens notam-ment. « Un certain nombre dedirectives tant sur les plansagricole que sanitaire – pour-raient – éventuellement nousprotéger des effets pervers » adéclaré Nicolas Hulot à lacommission européenne.Le CETA porte aussi unecontradiction en ce qu’il permet
s o c i a l e s
POUR N° 204 NOVEMBRE 20177
l’importation de pétrole cana-dien. Pourtant, la « loi Hulot »actant la fin de l’exploitation depétrole et de gaz en France àl’horizon 2040 a été adoptée parles députés le 10 octobre. Àcette occasion, le ministre a dé-claré: « la France donne l’exem-ple ». Cocorico à relativiser, laproduction française en pétrolereprésentant seulement 1 % dela consommation nationale etdes dérogations permettant auxindustriels de poursuivre l’ex-ploitation s’ils ne sont pas ren-trés dans leurs frais.Sur la question du glyphosate,après avoir proposé de renou-veler son autorisation pour
une durée de cinq à sept ans,la Commission européenne areporté le vote sous la pres-sion de pays dont la France.Nicolas Hulot a reçu le sou-tien de la ministre de la Santé,Agnès Buzyn, qui a dénoncéla nocivité de cet herbicide. Le recul sur la baisse du nu-cléaire à 50 % de la produc-tion électrique ajoute aux in-terrogations.Des chantiers ouverts, déjàquelques arbitrages. Réussir latransition écologique néces-site de réels moyens et capa-cités d’action. Et sans douteune mobilisation citoyenne.
Pierre Garnier
s o c i a l e s
POUR N° 204 NOVEMBRE 20178
HLM : le brasde ferQui sortira vainqueur ?Le gouvernement veutforcer les ofces HLM àbaisser leurs loyers de60 euros mensuels, pourcompenser la baisse dumême montant prévu en2008 sur les APL perçuespar les locataires les pluspauvres.Les ofces HLM verrontainsi leurs fonds diminuer,ce qui menace lesopérations de rénovation,de construction ou deréhabilitation thermique,pourtant indispensablespour améliorer le cadrede vie de tant de famillesmodestes et alors qu’il y atant de mals logés dansnotre pays.Seul bougé dugouvernement suite à lamobilisation des bailleurssociaux, un lissage sur troisans de cette ponction seraitenvisagé.Mais la situation sembleactuellement bloquée.Il est urgent de revenirsur la baisse injuste dumontant des APL, quiaffecte aussi leurs salariés.
Le premier projet de loi de finan-cement de la sécurité sociale(PLFSS) du gouvernement est
placé sous le sceau de la réductiondes déficits des comptes sociauxau lieu de chercher à satisfaire lesbesoins de la population.En dehors de quelques raresmesures bienvenues (aug-mentation du minimum vieil-lesse), ce projet de budgettourne le dos aux principesfondateurs de la sécurité so-ciale et met en danger l’avenirde notre système de protec-tion sociale.Le glissement de cotisationssalariales vers la CSG relèved’une logique de fiscalisationdu financement de la sécuritésociale alors que de nouvellesexonérations ou de nouveauxallégements de cotisations pa-tronales sont programméespour 2019, ce qui ne peut àterme que fragiliser les res-sources affectées à la Sécuritésociale.La suppression des cotisations
PLFSS 2018
Austérité confirmée
PLF 2018
Au bonheur des riches
salariales (maladie et chô-mage) en contrepartie d’uneaugmentation de la CSG de1,7 point, présentée par Em-manuel Macron lors de sacampagne comme une me-sure de soutien du pouvoird’achat des actifs, n’intervien-dra qu’en octobre 2018 pourles salariés du privé alors quela CSG augmentera en uneseule fois dès janvier.Les retraités dont la pensiondépasse 1 394 € par mois se-
ront fortement pénalisés parl’augmentation de leur CSG.Ils subiront, comme tous lesautres retraités, une autre dé-gradation de leur pouvoird’achat à travers le gel despensions en 2018 et le reportde la revalorisation au 1er jan-vier 2019.L’objectif national de dé-penses d’assurance maladie(ONDAM) est très en deçà del’augmentation tendancielledes dépenses (+ 4,5 %). Cesnouvelles économies dans lasanté (- 4,2 milliards d’euros)interviennent alors que notresystème de soins est dégradé,que les besoins augmentent etque les inégalités se creusentdans l’accès aux soins. L’augmentation de 2 € du for-fait journalier hospitalier pé-nalisera l’ensemble des assu-rés sociaux qui verrontaugmenter leur cotisation decomplémentaire santé ou leurreste à charge.
Matthieu Leiritz
Le projet de budget de 2018 estguidé par l’objectif de la baissedu déficit public en dessous du
seuil des 3 %, fixé par les traitéseuropéens. Le gouvernement prévoit unebaisse de 15 milliards des dé-penses publiques ainsi qu’unebaisse des prélèvements aubénéfice des plus riches et desentreprises. Le tout au nomde l’encouragement à l’inves-tissement car, pour Emma-nuel Macron et sa théorie duruissellement, dit également
du « premier de cordée », unefiscalité trop lourde sur le ca-pital dissuade les classes su-périeures d’investir dansl’économie, ce qui nuirait àl’activité et à l’emploi.Si l’Éducation, la Culture, l’Éco-logie et surtout la Défensevoient leurs budgets augmenter,le Logement, le Travail (avec despertes d’emplois au Ministère,à Pôle Emploi, dans les missionslocales, à l’AFPA…) et lesTransports sont les grands per-dants des arbitrages élyséens.
La FSU a alerté l’AssembléeNationale sur les conséquencesdésastreuses d’un tel budgetqui affectera négativementceux de la sécurité sociale(5 milliards), des collectivitésterritoriales (3 milliards) et del’État (7 milliards). La suppression de l’impôt desolidarité sur la fortune (ISF)remplacé par un impôt sur lafortune immobilière (IFI) etl’instauration d’une « flattax », prélèvement forfaitaireunique de 30 % sur les reve-
nus du capital (intérêts, divi-dendes, plus values) repré-sentent la moitié des allége-ments fiscaux, soit unmanque à gagner de 4,5 mil-liards d’euros.Pourtant « favoriser les plusfortunés ne produit pas unecroissance plus inclusive maisaugmente les inégalités » relèvePierre Madec de l’Observatoirefrançais des conjonctures éco-nomiques, analyse partagéepar ATTAC.
M. L.
© TR
EVIER
S/NA
JA
POUR N° 204 NOVEMBRE 20179
POUR N° 204 NOVEMBRE 201710
Taux d’encadrementen périscolaireLe syndicat UNSA de l’éducation
populaire avait saisi le Conseil
d’État pour lui demander
d’annuler le décret du 1er août
2016 xant le taux
d’encadrement à un animateur
pour quatorze mineurs dans
l’accueil périscolaire dans le
cadre d’un projet éducatif
territorial (PET). La Haute
juridiction a rendu son jugement
le 11 octobre. Elle a jugé que ce
décret « avait été précédé de
l’évaluation prévue et qu’il n’avait
donc pas été pris au terme d’une
procédure irrégulière ».
Pôle Emploi : préserverle service publicde retour à l’emploiAlors que les arbitrages
budgétaires étaient en discussion
concernant le projet de loi de
nance 2018, la presse a révélé
le 19 septembre que plusieurs
milliers de postes seraient
supprimés au sein de l’opérateur
public pour réaliser 3 milliards
d’économie d’ici 2022.
La ministre du travail, interrogée
par la suite, n’en a reconnu
que 300 pour l’année à venir.
Ce rétropédalage n’a pas
convaincu le personnel et tout
particulièrement le SNUTEFI,
qui a décidé de réagir vivement
et à chaud au moyen d’un
rassemblement devant Bercy
dès le lendemain, pour protester
contre les destructions d’emplois
de cadres d’abord et les menaces
de réorganisation, voire
d’externalisation et de
privatisations qu’elles annoncent
de tout ou partie des missions
dévolues à Pôle emploi.
L’intersyndicale, forte de sept
syndicats – dont le SNUTEFI-FSU
– pour la première fois depuis
2008, a mobilisé avec succès le
10 octobre, et appelle à continuer
le 16 novembre et au-delà.
Elle s’inquiète du risque
de dénaturation des missions –
de l’accompagnement des
chômeurs au contrôle social –
que pourrait causer une nouvelle
réduction des effectifs et rappelle
qu’avec 6 millions d’inscrits
à Pôle Emploi, aucun des
55000 agents n’est de trop.
Lors du rendez-vous salarial du17 octobre, le Ministre de l’Actionet des comptes publ ics a
confirmé les attaques sur le pouvoird’achat et les carrières des fonc-tionnaires.Gerald Darmanin n’ententcéder sur rien : gel du pointd’indice, jour de carence, re-port d’un an à partir de jan-vier 2018 de l’application desmesures issues du cycle dediscussions « PPCR », arra-chées par la FSU au précédentgouvernement, ce qui consti-tue une rupture de la parolede l’État. Seules l’intervention syndicaleet la mobilisation des agentsont permis que l’augmenta-tion de la CSG soit stricte-ment compensée pour lesfonctionnaires, y comprispour les nouveaux recrutés,petite avancée mais qui necorrespond pas à la promessed’Emmanuel Macron d’aug-menter leur pouvoir d’achat.La prime dite « GIPA » est re-conduite, maigre compensa-tion pour les agents ayant subi
Salaires
Un rendez-vous pour rien
Retraités
Poursuite de la mobilisation
une perte de pouvoir d’achatentre 2012 et 2016.Aucune réponse n’a été don-née aux autres demandes por-tées par les personnels engrève et manifestants le 10 oc-tobre. Le Ministre renvoie auxmutuelles la responsabilitééventuelle d’une compensa-tion du jour de carence, ce qui
entérinerait cette mesure in-juste et reporterait le coût surles cotisations.La FSU a réaffirmé son oppo-sition à cette politique sala-riale désastreuse pour plus de5 millions d’agents de la Fonc-tion publique.Pour la FSU, les fédérations defonctionnaires devront se re-trouver pour trouver lesmoyens, dans la suite du 10 oc-tobre, d’obtenir une réorien-tation de cette politique.
Matthieu Leiritz
La mobilisation sans précédentdes retraités du 28 septembrea contraint la ministre de la santé
et des solidarités à recevoir une délé-gation du « groupe des 9 ».Mais le discours ministériel:« nous voulons une société plusjuste » sonne faux face aux re-vendications concrètes des or-ganisations qui rappellent leurexigence d’augmentation de leurpension face au gel annoncé de2018 et à l’augmentation de 1,7point de CSG pour 60 % des re-
traités. Certes, Madame Buzynannonce les mesures indispen-sables sur le minimum vieillesse(+100 euros par mois en troisans) mais rien sur la situation del’ensemble des retraités qui ontvu leur pouvoir d’achat baisserde 20 % en dix ans, rien sur lerenoncement aux soins pourbeaucoup d’entre eux face à leurcoût trop élevé, rien sur le « resteà charge » insupportable pour laperte d’autonomie. L’annoncede 4525 places supplémentaires
en EHPAD est dérisoire face auxbesoins et aux conditions scan-daleuses de vie en établissement.Aucune réponse sur la questionde l’indexation des pensions, dela prise en charge de la perted’autonomie par la sécurité so-ciale…La retraite est un droit, a rappeléle groupe des 9 qui poursuit lamobilisation avec notammentl’interpellation des élus et desgroupes parlementaires.
Sandrine Charrier
© M
IRA/N
AJA
Aucune réponse n’a été donnéeaux demandes portéespar les personnels en grèveet manifestants le 10 octobre.
p u b l i q u e s
POUR N° 204 NOVEMBRE 201711
p u b l i q u e s
Belle victoireélectoraledu SNE-FSULes élections desreprésentants auxCommissions ConsultativesParitaires des personnelscontractuels sous quasi-statut environnement onteu lieu le 17 octobre 2017.Ces élections concernaient800 personnes dans14 établissementsdifférents (les ParcsNationaux, l’ÉtablissementPublic du Marais Poitevin,l’Ofce National de laChasse et de la FauneSauvage, l’AgenceFrançaise pour laBiodiversité et leConservatoire du Littoral).Sur 8 sièges, le SNE-FSUen obtient 5 ! Avec ces 5 sièges, le SNE-FSU acquiert une majoritéabsolue sur une nouvelleinstance dont lesprérogatives portent surles taux de promotions, laréévaluation du régimeindemnitaire et surtout surla transparence de gestionde ce quasi-statut !Le SNE-FSU est le seulsyndicat représentatifdans tous lesétablissements concernéspar cette élection !
Le SNASUB, le syndicat FSU « del’administration scolaire, univer-sitaire et des bibliothèques », a
organisé pour la première fois uncolloque national le vendredi 13 octobre.La question de la position desgestionnaires dans les établis-sements y a été largement dé-battue. Des témoignages ontpermis de faire un état deslieux comme dans le Val-d’Oise où le conseil départe-mental a écrit aux gestion-naires qu’ils n’avaient aucuneautorité sur les agents et dansle grand Est où la collectivitéa décidé de récupérer certainslogements de fonction.Les gestionnaires des collègeset lycées occupent une posi-tion très difficile à tenir : ilssont adjoints du principal oudu proviseur et fonction-naires d’État, supérieurs fonc-tionnels des personnels TOSqui sont, hiérarchiquement,placés sous l’autorité du dé-partement ou de la Région.Une cité scolaire comprend
Établissements
Gestionnaires en mauvaise position :un colloque pour faire l’état des lieux
un collège et un lycée. Ils ontdonc affaire au départementet à la région. Les fonction-naires peuvent se trouveralors en concurrence. Les éluset leurs services ne sont pasnécessairement en cohérence.Les collectivités s’adressentplus facilement aux chefsd’établissement et ne recon-naissent pas les gestionnairescomme des interlocuteurs. Lecode de l’éducation devrait
s’imposer mais beaucoup decollectivités n’en sont pasconvaincues. Elles invoquentla légitimité politique qu’aamenée la décentralisation ets’immiscent dans la gestiondes établissements, plaçant lesgestionnaires au cœur de l’af-frontement de deux logiques.Ces derniers ont tenu lors dece colloque à réaffirmer leurmission : « réunir les condi-tions de possibilité de l’acted’enseignement et d’accueildes élèves ».
Marie-Rose Rodrigues-Martins
Le forestier sapeur travaille dansles collectivités territoriales ouau sein de l’office national des
forêts. Il est chargé d’entretenirles espaces naturels et d’intervenirsur les feux de forêt en premièreintention avant l ’arrivée dessapeurs-pompiers.Il assure aussi les travaux dé-finis dans le cadre de la dé-fense de la forêt contre les in-cendies (bûcheronnage…). Il
réalise l’entretien des pointsd’eau et de la signalétique. Depuis 1976 les forestiers sa-peurs font un travail aussi re-marquable qu’indispensable.Mais il arrive que leur profes-sionnalité ne soit pas reconnueet que des problèmes de com-munication avec les servicesdépartementaux d’incendie etde secours (SDIS) surviennent.Suite à une altercation entre un
forestier sapeur et le directeurdu SDIS 34 ayant entraîné ladécision de ne plus faire inter-venir les forestiers sapeurs surles départs de feux, le SNUTERa déposé un préavis de grèveillimitée. L’administration dé-partementale ayant reconnuune erreur dans la chaîne decommunication du poste decommandement et ayant as-suré à la délégation reçue son
souhait de poursuivre la valo-risation de l’action des fores-tiers dans le respect de la pro-fessionnalité de chacun, lepréavis a été levé. Il s’agit pourle SNUTER-FSU et les person-nels de rendre cohérentes et ef-ficaces les interventions simul-tanées des forestiers sapeurs etdes commandements des opé-rations de secours successifs.
M-R R-M
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EVIER
S/NA
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Forestier sapeur
Une profession insuffisamment reconnue
p u b l i q u e s
Les gestionnaires descollèges et lycées ne sontpas suffisamment reconnuspar les collectivités locales.
p u b l i q u e s
POUR N° 204 NOVEMBRE 201712
Jeunes endétresseLe budget du ministèrede la justice prévoit lacréation de 20 postes encentres éducatifs fermés(CEF) durant lequinquennat.600 professionnels serontrecrutés. Le SNPES/PJJ/FSUet le syndicat de lamagistrature dénoncent cesmoyens supplémentairesdévolus à l’enfermementalors que l’insertion et lesétablissements deplacement éducatif sontinsufsants.Les CEF, lieux de privationde liberté, sontrégulièrement pointés dudoigt par le Contrôleurgénéral des lieux deprivation de liberté àcause de leursdysfonctionnements.Plusieurs ont déjà étéfermés. La FSU continue dedemander la transformationde ces CEF en lieux deplacement éducatif et laréorientation des moyensdes CEF vers ces derniers.
Gérald Darmanin, ministre del’Action et des Comptes publics,lance une consultation sur le
service public de novembre à janvier.Destinée à prendre l’avis desagents, élargie aux usagers, elledevrait débuter en novembreet courir jusqu’en janvier pro-chain. Les avis seront recueillissous forme dématérialisée etdans le cadre de forums régio-naux. La consultation porte-rait à la fois sur les missionsdu service public et sur le res-senti des personnels, et côtéusagers sur les attentes. La véritable finalité de ce« Grand forum » est à inter-roger. En effet, parallèlement,le premier ministre lance deuxautres initiatives. « Cinq chan-tiers transversaux de transfor-mation » : simplification ad-ministrative, qualité deservice, transformation numé-rique, ressources humaines,
Sécurité
Retour de la police de proximité
durables », écrit Édouard Phi-lippe. Sur fond de diminutionde 25 milliards d’euros de dé-penses publiques notammentet de non-remplacement de120 000 départs en retraited’ici la fin du quinquennat, legouvernement se dit prêt à ladiscussion dans le cadre du« Grand forum » mais sembleavoir déjà tranché bon nom-bre de sujets. Il doit arrêter defaire semblant et préciser laméthode et le fond.
Pierre Garnier
Le 18 octobre, Emmanuel Macrona confirmé la mise en placed’une « police de sécurité du
quotidien » (PSQ), l’une de ses prin-cipales promesses de campagnedans le domaine de la sécurité.Il s’agit de « retisser avec lesassociations, les élus locauxdes formes d’actions réno-vées », après une année mar-quée par des actes de vio-lences policières et d’attaquesde membres des forces del’ordre. « La lutte contre le harcèle-ment » sera l’une des missionsde la PSQ, qui pourra recourirà des procédures simplifiées
de verbalisation, notammentdans les transports. Créée par le gouvernementJospin, la « polprox » avaitpour objectif principal unmaintien de l’ordre basé surla prévention, notammentdans les quartiers sensibles,où elle est chargée d’apaiserles tensions avec la popula-tion. En 2003, dans le quartierdu Mirail, à Toulouse, NicolasSarkozy, alors Ministre del’Intérieur lance aux policiers :« Vous n’êtes pas des travail-leurs sociaux. Organiser unmatch de rugby pour les jeunesdu quartier, c’est bien, mais ce
n’est pas la mission premièrede la police ». Flavien Benazet, secrétaire gé-néral de la branche Police duSNUP-FSU, rattaché au SNUI-TAM-FSU, est favorable à la« polprox », mais à la doublecondition d’effectifs suffisants –les 10000 policiers et gendarmessupplémentaires risquent d’uni-quement pallier les départs enretraites – et d’une formationcontinue des personnels. Une« bonne polprox ne se fait pas envoiture mais à pied » et nécessitedonc de bien gérer les rapportsavec les habitants, notammentles jeunes des quartiers sensibles
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DIEU/
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La consultation sur leservice public se déroulejusqu’à janvier prochain.
qui ont tendance, comme d’ail-leurs les policiers souvent justesortis de l’École de police, à vou-loir marquer leur territoire, d’oùles nombreuses tensions liéesaux contrôles d’identité. FlavienBenazet délivre ce messaged’une police républicaine enrencontrant régulièrement as-sociations et élus lors de réu-nions publiques en Seine-Saint-Denis.La PSQ sera expérimentée dansune quinzaine de sites au débutde 2018: Lille, Lens, Roubaix,Toulouse ou encore Aulnay-sous-Bois.
Matthieu Leiritz
Grand forum de l’action publique
Pour quoi faire ?
organisation territoriale, etmodernisation de la gestion.Édouard Philippe initie sur-tout le plan « Action publique2022 » et crée un comitéchargé de réfléchir à des ré-formes, dont sont exclues lesorganisations syndicales. Ils’agira « d’ici la fin du premiertrimestre 2018 », de proposer« des réformes structurelles etdes économies significatives et
POUR N° 204 NOVEMBRE 201714
Selon Muriel Pénicaud, le12 septembre, « 7 % desjeunes sont en apprentissage
en France », alors que « tous lespays européens qui ont vaincu lechômage de masse des jeunes sontdes pays où l’apprentissage estfort », citant « la Suisse » et « l’Al-lemagne » qui « ont entre 15 et20 % d’apprentis… »Pourtant, les chiffres de l’in-sertion professionnelle dissi-mulent mal les données glo-bales qui révèlent de meilleursrésultats pour la voie scolaireen termes de décrochage, derésultats aux examens, depoursuite d’études… L’apprentissage se développed’ailleurs essentiellement auniveau du supérieur : les en-treprises exigent de plus enplus des apprentis déjà quali-fiés. Aujourd’hui, 1 apprenti-e sur 2 est au moins diplomé-e du bac à la signature de sonpremier contrat.L’obtention d’un diplômeprofessionnel est toujoursplus « protectrice » vis-à-visdu chômage, or à l’entrée enformation, un élève a plus dechance d’obtenir un diplômepar la voie scolaire que parapprentissage : 66 % des élèvesde Bac Pro entrants en for-mation par la voie scolaire ob-
Réforme de la formationprofessionnelle L’individualisation de la
formation sera au cœur
de cette nouvelle reforme
de l’ensemble du système de
formation. La majeure partie
des contributions actuelles
des entreprises pour
la formation serait
progressivement convertie
en droits individuels pour les
actifs qui pourront acheter
directement de la formation
auprès des opérateurs. Le rôle
des OPCA (organisme
paritaires collecteurs agréés,
en charge du financement des
formations) et la participation
des partenaires sociaux dans
la gouvernance seront
considérablement réduits.
Estimant que la formation ne
bénéficie pas nécessairement
à celles et ceux qui en ont le
plus besoin, le gouvernement
prévoit de former un million
de jeunes peu qualifiés
éloignés de l’emploi, ainsi
qu’un million de chômeurs
de longue durée faiblement
qualifiés. Ce plan serait
financé par 50 milliards
d’euros sur le quinquennat,
dont 15 milliards consacrés
à l’acquisition de compétences
pour ceux qui en ont le plus
besoin.
L’objectif serait une formation
professionnelle plus juste
en développant des droits
d’autant plus élevés que les
besoins de qualification sont
importants. Ce sont donc les
jeunes salariés ou non, pas
ou peu qualifiés qui devraient
en profiter.
Il est à craindre qu’au nom de
l’employabilité des jeunes les
plus fragiles, le gouvernement
privilégie l’acquisition
de quelques compétences
(bloc de compétences
professionnelles) au détriment
de l’acquisition d’un diplôme
nécessitant une formation plus
longue et donc plus coûteuse.
Un document d’orientation
sera remis aux syndicats
et au patronat mi-novembre,
pour un éventuel accord fin
janvier.
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tion professionnelle sous statutscolaire relève d’un choix po-litique qui aggrave les inégali-tés. L’accès à un premier ni-veau de qualification pour tousles jeunes est une nécessité,comme l’élévation générale duniveau de qualification. L’Étatne peut se désengager de cettemission pour les jeunes lesplus en difficulté, très souventdes milieux populaires. Sil’égalité reste un objectif à at-teindre, et la lutte contre le dé-crochage et le chômage desjeunes une priorité, l’État doitdonner plus de moyens à laformation professionnellesous statut scolaire.
Matthieu Leiritz
Apprentissage
Vers un nouveau plan de relance
é d u c a t i v e s
Assurance chômageLe gouvernement ouvrira n novembre le dossier, extrêmementsensible, d’une réforme en profondeur de l’assurance chômagealors que l’accord signé par une partie des partenaires sociauxau printemps dernier a déjà modié plusieurs règles applicablesaux demandeurs d’emploi à compter du 1er novembre. Quelles nouvelles règles de calcul du montant des allocationschômage dans le cadre d’un système universel ouvert auxtravailleurs indépendants et aux salariés démissionnaires ?Quelle durée maximale d’indemnisation pour les seniors ? Quelmode de nancement, entre cotisations sociales et CSG/impôt ?Et donc quelle gouvernance : État ? Ou syndicats et patronat ?Après la refonte du Code du travail, les enjeux de cette nouvelleréforme sont considérables.Le calendrier gouvernemental prévoit un projet de loi présentéen avril 2018, puis débattu jusque n juillet.
tiennent leur diplôme contre51 % des apprentis.Le nombre total d’apprentisallemands, plus importantqu’en France, est en baisseconstante (-10 % depuis1992). Le système écarte lesfilles, les jeunes d’origineétrangère, de plus en plus lesplus jeunes (1er contrat à 20ans en moyenne) et les plusfragiles : la moitié des sor-tant-es de la Hauptschule(prévue pour l’apprentissage,avec une faible ambition sco-laire), n’ont pas de contrat unan plus tard faute de niveausuffisant.Pour la FSU, promouvoir l’ap-prentissage contre la forma-
POUR N° 204 NOVEMBRE 201715
ABP : la CNILépingle leministère La présidente de la CNIL,sans en remettre en causele principe, a mis endemeure le ministère del’Enseignement Supérieur,de la Recherche et del’Innovation de cesserde prendre des décisionsconcernant des personnessur le seul fondement del’algorithme Affectation PostBac (APB) et de faire preuvede plus de transparencedans son utilisation. Le ministère dispose de troismois pour « cesser deprendre des décisionsproduisant des effetsjuridiques à l’égard despersonnes sur le seulfondement d’un traitementautomatisé » et pour« prévoir une interventionhumaine permettant de tenircompte des observations despersonnes », garantir « latransmission aux personnesdes informations permettantde connaître et de contesterla logique qui sous-tend letraitement APB ».
Quelques jours seulement aprèsla présentation par le gouver-nement d’un budget de l’édu-
cation nationale très insuffisantactant le retour des suppressionsd’emplois pour 2018, la cour descomptes a publié un rapport intitulé« Gérer les enseignants autrement :une réforme qui reste à faire », enréférence à son précédent rapportde mai 2013 insuffisamment prisen considération jusqu’ici selon elle.La Cour des comptes a pourmission principale « de s’as-surer du bon emploi de l’ar-gent public et d’en informerles citoyens. Juridiction indé-pendante, elle se situe à équi-distance du Parlement et duGouvernement, qu’elle assistel’un et l’autre, conformémentà l’article 47-2 de la Consti-tution ».Son rapport s’offusque du dé-calage entre moyens allouéset résultats des élèves. Dansune logique purement comp-table, il regrette la non-impo-
Cour des comptes
L’Éducation n’a pas de prix
Plan étudiants
Le libre accès à l’université remis en cause
sition de l’annualisation dutemps de service des person-nels enseignants, propose lerenforcement des préroga-tives des chefs d’établissement(notamment en matière d’af-fectation), une polyvalencedisciplinaire pour les profes-seurs enseignant en collège,une rémunération liée à la
« performance » fondée surles résultats des élèves et pré-conise que toute mesured’amélioration des carrières etdes rémunérations soit liée àl’augmentation du temps detravail. Ses recommandations s’inscri-vent dans une optique libéralesans se soucier des consé-quences sur les équipes desprocessus d’individualisationet de mise en concurrence.
Grégory Bekhtari
Lors de la conférence de pressetenue ce lundi 30 octobre parle Premier ministre et les minis-
tres de l’Éducation nationale et del’enseignement supérieur, ont étéannoncées plusieurs mesuresconstituant le « Plan étudiants »remettant en cause le libre accèsà l’enseignement supérieur de touteune génération. Cela se traduirapar un projet de loi soumis aux parle-mentaires en décembre.Cette réforme propose unempilement de dispositifspour encadrer l’orientationpost-bac des futurs bacheliers
et étend la possibilité de la sé-lection sur dossier à l’ensem-ble de l’enseignement supé-rieur : les lycéens font desvœux, le conseil de classe doitdonner son avis, les universi-tés ont la possibilité de trierles dossiers selon un ordre depréférence et enfin les lycéensauront une réponse plus oumoins favorable en fonctionde leur profil et des places dis-ponibles. Pour ceux dont le dossier sem-blerait trop fragile au regarddes attendus de la formation
envisagée, l’inscription pourraêtre subordonnée à l’accepta-tion d’un parcours spécifiquevoire à une année de remise àniveau. En dernier ressort, leRecteur pourra proposer uneformation « proche » de leursvœux à des bacheliers sans af-fectation.Les bacheliers technologiqueset professionnels ainsi quetous ceux dont le dossier sco-laire semble peu solide ris-quent de voir l’accès à l’en-seignement supérieur setransformer en véritable par-
cours du combattant. Fauted’un budget suffisant, les me-sures qui pourraient permet-tre d’améliorer la réussite desétudiants risquent fort de seréduire à des cours et des testsen ligne. Les mesures sociales,supposées améliorer la vieétudiante comme l’exonéra-tion du montant de la cotisa-tion à la sécurité sociale, ap-paraissent bien modestes tantle financement de ce plan àhauteur du milliard d’eurossur 5 ans semble dérisoire.
Sandrine Charrier
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é d u c a t i v e s
La cour des comptes apublié un rapport intitulé« Gérer les enseignantsautrement: une réformequi reste à faire ».
L’institut vous propose2 livres
IRNouveauté :Vous faites quoi dans la vie ?Raconter le travail, tel qu’il est vécu aujourd’hui, et comme vous ne l’avez jamais vu, c’est le paride ce livre. On plonge dans le travail quotidien comme dans une aventure. Il n’est pas seulementquestion de métiers, mais bien de raconter notre société.Des textes structurés en récits tour à tour tendus, romanesques, surprenants, spectaculaires,offrent une radiographie précieuse de notre société. D’un récit à l’autre, on découvre uneinfirmière, qui, le soir des attentats parisiens, tandis qu’une de ses patientes est en train demourir, doit assister une femme enceinte en train d’accoucher dans sa voiture ; une avocate quihésite à demander la libération conditionnelle de son client, sachant que, si elle l’obtient, il sesuicidera… des liens se tissent. D’un récit à l’autre, le lecteur se laisse surprendre, enchanter,déranger, parfois, sans jamais rester indifférent. Ils sont marin, enseignante, ramasseuse depommes, pilote d’avion, ingénieure, journaliste, femme de ménage, imprimeur… Ils travaillentpour nous, mais que savons-nous de ce qu’ils font ? 174 pages – 16 €
À paraître :Le soutien scolaire : un marché ?Le soutien scolaire marchand concerne une part tout à fait significative des élèves puisqu’environ 15 % des lycéens en bénéficient.Derrière cette moyenne se cachent d’importantes disparités sociales. Ainsi ce soutien scolaire est-il révélateur du poids du capitaléconomique dans la reproduction des inégalités scolaires. L’ouvrage se propose de saisir l’offre, sa diversité et ses stratégies mais aussi le rôle de l’État dans la structuration du marché. Ilmontre comment le soutien scolaire se construit un marché de l’angoisse et participe de l’exacerbation de la compétition scolaire.
Ce livre est le résultat des travaux de recherches conduits par Erwan Lehoux, jeune chercheur à l’Institut de la FSU en 2015-2016. 110 pages – 8 €
Institut de recherches de la FSU104, rue Romain Rolland, 93260 LES LILAS – Tél. : 01 41 63 27 60 – E-mail : [email protected] – Site Internet : www.institut.fsu.fr
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CP. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Téléphone . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Courriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Livre Quantité Prix TotalLe marché du soutien scolaire 8 €Vous faites quoi dans la vie ? 16 €
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POUR N° 204 NOVEMBRE 201717
L’évaluation est omniprésente dans le système éducatif.Le service public d’éducation doit « rendre des comptes »
aux familles et à la société tout entière sur les résultatsdes élèves comme sur le fonctionnement de l’école.
La difficulté première tient à l’absence de clarification desdifférents objectifs des évaluations : des acquis des élèves,
des établissements, des personnels, du système…
Évaluation :pour la réussitede tous
DOSSIER
...
L’évaluation est au cœur du métier
enseignant, c’est un acte professionnel
délicat, et c’est un de ceux parmi les plus
visibles et les plus sensibles pour les
élèves et leurs parents.
Or, ces dernières années, les enseignants ont été
désorientés par la mise en œuvre de dispositifs
d’évaluation dont les objectifs étaient loin d’être
explicites et l’intérêt loin d’être partagé.
Depuis la n des années 1980, une politique
d’évaluation globale du système éducatif a été
dénie visant à insufer une culture de
l’évaluation fondée sur la recherche de la
performance (évaluation des enseignements,
des politiques éducatives, comparaisons
internationales, etc.). Les résultats de l’évaluation
des acquis des élèves sont devenus un objet
politique par leur utilisation, voire leur
instrumentalisation pour évaluer le système
éducatif lui-même (classement des
établissements, palmarès des lycées fondés
sur les résultats au baccalauréat, taux de réussite
au Diplôme national du brevet…).
Quant aux évaluations internationales (PISA,
Dossier réalisé par:Grégory Bekhtari, Sandrine Charrier,Pierre Garnier, Matthieu Leiritz,Marie-Rose Rodrigues-Martins.
© MIRA/NAJA
POUR N° 204 NOVEMBRE 201718
PIRLS), si elles donnent des
éléments de comparaison
intéressants entre les
systèmes éducatifs, il est
nécessaire de les regarder
avec prudence car elles sont
souvent la traduction d’une
vision idéologique de l’École
qui ne correspond ni à
l’histoire du système
éducatif français, ni à ses
objectifs de culture. Elles ne
peuvent piloter les politiques
éducatives.
L’évaluation des élèves est
une question centrale dans
tous les systèmes éducatifs,
notamment en Angleterre où
le « teaching to the test »
est loin de celui d’une école
émancipatrice ou au Québec
où la nouvelle gouvernance
en éducation axée sur les
résultats statistiques exerce
une pression sur les
personnels. Perte
d’autonomie professionnelle,
interrogations sur le sens du
métier, c’est aussi ce que
vivent les enseignants en
France à travers certaines
modalités d’évaluations
imposées et chronophages.
Il s’agit donc de créer les
conditions favorables à une
évaluation au service de la
réussite des élèves. C’est
une question de rigueur dans
la dénition des nalités et
des usages. C’est aussi une
question de conditions de
travail (effectifs des
classes) et de formation.
Le choix fait dans ce dossier
est celui d’éclairages non
exhaustifs sur cette question
complexe liée à beaucoup
d’autres.
Nous aborderons plus
spéciquement la question
du baccalauréat, de
l’orientation des élèves, de
l’enseignement supérieur et
des diplômes dans un autre
dossier de POUR d’ici la n
de l’année scolaire.
Évaluations des élèves :quels enjeux ?
Évaluer est devenu un leitmotiv dansles temps actuels marqués par uneculture croissante de la « perfor-
mance ». Qu’est-ce qu’évaluer ? Quiévalue ? Dans quel objectif ? L’évaluation est une pratique quicaractérise l’enseignement. Elle estun outil dont s’emparent les ensei-gnants pour faire réussir tous lesélèves, notamment ceux les pluséloignés de la culture scolaire. Elledoit être positive pour valoriser ceque l’élève sait et sait faire, lui mon-trer ses progrès et le chemin qu’illui reste à parcourir et permettrede construire des remédiations(stratégie pour permettre à tous demieux entrer dans les apprentis-sages). Elle permet à l’enseignantde construire les réponses les mieuxadaptées à l’avancée de chacun. Évaluer c’est aussi mesurer uneproduction par rapport à unenorme. L’enseignant doit expliciterses attendus notamment pour lesélèves les plus en difficulté qui nevoient pas toujours ce qu’il estimportant d’apprendre. Il ne s’agitpas d’un contrôle, mais d’unaccompagnement. L’évaluation est aussi une pratiquesociale : les enseignants évaluentaussi pour l’institution, pourl’orientation, pour les examens,pour les parents…À ce titre, la communication est
cruciale et suppose une relation deconfiance entre élèves, enseignantset parents. La transmission desrésultats doit être commentée,explicitée, accompagnée. L’enjeuest bien d’associer toutes lesfamilles dans l’idée de tordre le couaux déterminismes sociaux.Parallèlement à ces évaluations, ontfleuri des évaluations standardisées :évaluations CE2/Sixième, dispositifCEDRE1 qui mesure tous les cinqans les acquis des élèves dans cer-tains domaines disciplinaires enréférence aux programmes. Coexis-tent des évaluations internationales,comme PISA, qui nous rappellerégulièrement que la France est lepays de l’OCDE où le lien entreinégalités scolaires et inégalitéssociales est le plus fort. Confondre les fonctions des éva-luations est aussi « potentiellementsource d’erreurs et de troubles, tantsur le plan scientifique que sociétal »selon la DEPP2. Comme le soulignait le HautConseil de l’éducation en 2011,« il n’est pas de bonne méthode deconfondre deux types d’évalua-tions : d’une part les évaluationsdans la classe dont l’enseignant arégulièrement besoin pour adapterson enseignement en fonction desacquis de ses élèves, d’autre partune évaluation nationale destinée
le HautConseil del’éducationsoulignait qu’iln’est pas bon« deconfondredeux typesd’évaluations:d’une part lesévaluationsdans la classedontl’enseignant arégulièrementbesoin pouradapter sonenseignement(…), d’autrepart uneévaluationnationaledestinée aupilotage dusystèmeéducatif».
© M
IRA/N
AJA
D o s s i e r...
POUR N° 204 NOVEMBRE 201719
Depuis quarante ans, le ministère del’éducation alterne les évaluations« de masse » et sur « échantillons ».
Elles varient d’évaluation diagnostique –lorsqu’il s’agit de fournir des outils auxenseignants – en évaluation bilan lorsqu’ils’agit de piloter le système. Jusqu’à la fin des années 60, l’éva-luation en classe était chiffrée et per-mettait de classer les élèves. À partirdes années 70, l’évaluation au servicedes apprentissages a fait son chemin.De la fin des années 70 à la fin desannées 80, les dispositifs, au regarddes programmes en vigueur, sontmis en place afin d’établir unconstat, d’évaluer le système. À partir de 1989 et suite à la loiJospin, des évaluations diagnos-tiques de « masse » sont instauréessuite au constat que « moins d’unélève sur deux arrive au collège avecune maîtrise insuffisante de lalangue ». Les résultats permettentde construire un suivi d’actions desoutien ou de reprises d’apprentis-sage dans chaque école et chaquecollège. L’évaluation est conçuecomme un outil pour déceler lesdifficultés des élèves et y apporterune réponse. À partir de 2000 se systématisentdes évaluations sur échantillonspour établir un bilan des acquis desélèves en fin de primaire et fin decollège. Elles permettent de mesurerl’efficacité du système dans le cadre
au pilotage du système éducatif ». « Les recherches tendent à montrerque c’est le couplage entre évalua-tions, suivi pédagogique des élèveset développement professionnel desenseignants dans un cadre collectif(école, circonscription, établisse-ment) qui est associé à des effetspositifs », écrit Nathalie Mons3. Ils’agit d’engager des dynamiques deréflexion collective en confianceavec les cadres de l’institution (ins-pecteurs, conseillers pédago-giques…). Elles vont de pair avecdes formations à l’évaluation et àses enjeux. Quant à l’évaluation du systèmeéducatif, elle doit être transparente,sur des critères reconnus dans lacommunauté éducative. Elle ne doitpas déboucher sur des formes demise en concurrence des établis-sements ou des personnels.
1. Cycle des évaluations disciplinaires réaliséessur échantillons.2. Direction de l’évaluation, de la prospectiveet de la performance.3. Présidente du Conseil national d’évaluation du systèmescolaire.
Il s’agira de dresser un bilan des SEGPA suite à l’application de la circulaire d’inclusiondes élèves de SEGPA dans les classes ordinaires. Ces Etats-Généraux devront permettre de faire remonter ce qui fonctionne ou pas à partirde témoignages L’inclusion doit être un outil cadré par un projet issu des professionnelsavec l’objectif de préparer l’élève à entrer au lycée et doit être accompagnée de moyens.Les professionnels ont leur mot à dire sur la structure ainsi que sur l’inclusion ou uneouverture raisonnée de la SEGPA sur le collège.Une véritable formation est nécessaire. Il s’agit donc aussi de dresser le bilan du CAPPEI(certicat d’Aptitude Professionnelle aux Pratiques de l’Éducation Inclusive). La question dufaible nombre de postes ouverts pour les détenteurs du CAPPEI provenant du Second degrésera soulevée.
La FSU organise des Etats-Générauxdes SEGPA le 11 janvier
L’objectif varieau gré des ministres
Colloque duSNES-FSU :évaluation(s)le 19 décembreL’évaluation des acquis desélèves est à la croisée denombreuses problématiquesqui interrogent les pratiquesde classe, le travail collectifet la liberté pédagogique,la conception du métier,l’orientation des élèves, lepilotage du système éducatif.Ses différentes nalités doiventêtre clariées.Comment mettre l’évaluationau service d’une école plus juste,du quotidien de la classe à laconstruction du diplôme dubaccalauréat ?Intervenants : Nathalie Mons(CNESCO) ; Fabienne Rosenwald(DEPP) ; Laurent Talbot, maîtrede conférences en sciencesde l’éducation, Université JeanJaurès Toulouse ; Mathias Millet,sociologue, Université de Tours ;Fabienne Maillard, professeur ensciences de l’éducation, Paris 8.Inscriptions : [email protected]
de la loi organique relative aux loisde finances (LOLF). Pendant cettepériode, quelques évaluations demasse apparaissent dans le but derepérer les difficultés des élèves maiselles disparaissent en 2012. Cet arrêtest motivé par la nécessité de rendreclairs les objectifs des évaluationset de rétablir la confiance entreministère et enseignants.Aujourd’hui, suite à la refondationde l’école, le principe d’une éva-luation positive est mis en avant.L’évaluation des acquis des élèvesest censée, selon les textes, répon-dre à trois objectifs : fournir auxenseignants des outils leur per-mettant d’améliorer leurs pra-tiques (outils parfois peu opérantsou ne répondant pas aux attentesdes enseignants), mesurer les per-formances de notre système édu-catif et doter les responsableslocaux (recteurs, DASEN, IEN)d’indicateurs leur permettant d’ef-fectuer un pilotage efficace des éta-blissements scolaires.
Collège : les dérivesde l’évaluationÉvaluations diagnostiques1, formatives2,
sommatives3, auto-évaluation4…Évaluations chiffrées ou non chif-
frées… de nombreuses formes et moda-lités d’évaluation en classe sont possibles,au service des progrès des élèves.Leur choix relève de la liberté péda-gogique des enseignants concep-teurs de leurs évaluations. Cepen-dant la mise en place du bilan defin de cycle (fin de sixième et finde troisième) via une applicationinformatisée (LSU5) conduit sou-vent à l’imposition par les hiérar-chies locales de modalités et degrilles d’évaluation. Elles remettenten cause la liberté pédagogique desenseignants et génèrent des tensionsqui pèsent sur les métiers. L’éva-luation des élèves est en fait utiliséecomme levier pour transformer,sans le dire, les pratiques profes-sionnelles des enseignants. Au-delà des différentes formes quepeut prendre l’évaluation, lamanière de la présenter et de lacommuniquer aux élèves et auxfamilles est décisive. Le LSU esttrop complexe pour les familles etgénère du travail supplémentairepour les personnels, sans intérêtpédagogique pour les élèves. En finde Sixième et de Troisième, lesbilans de fin de cycle exigent depositionner les acquis des élèvessur une échelle de 1 à 4. Or leurscontenus sont globalisants et peuopératoires : comment évaluer lacitoyenneté d’un élève ? Commentle positionner sur sa « maîtrise deslangages des arts et du corps »,regroupant EPS, éducation musi-cale et arts plastiques ? Commentévaluer les « méthodes et outils pourapprendre » toutes disciplinesconfondues ? Ces prescriptions n’ont pas de senspédagogique. Elles sont de plussouvent alourdies de demandeslocales de chefs d’établissementou d’inspecteurs pouvant conduireà un nombre invraisemblable detableaux et de pages à renseigner(combinaison de notes, compé-tences, couleurs…). Les ensei-
gnants sont désemparés et parfoisexaspérés par le temps perdu, quiserait mieux employé à la prépa-ration des séquences pédagogiqueset à la réflexion collective deséquipes. Quant au Diplôme national dubrevet (DNB), il prend en compteces bilans de fin de cycle et desépreuves terminales. D’unegrande complexité, il tente de« ménager la chèvre et le chou »entre bilan de fin de cycle et éva-luations terminales disciplinaires.Il ne valorise pas les élèves enréussite dans certaines disciplines :les arts plastiques, l’éducationmusicale, les langues vivantes,l’EPS ne sont pris en compte quedans le cadre du bilan de fin decycle. Quant aux épreuves termi-nales, elles ne sont pas conçues
Évaluer les enseignants parl’évaluation des élèves ? Le nouveau management public
afrme une logique d’évaluation
des enseignants corrélée aux résultats
des élèves, notamment dans la
perspective d’une rémunération au
mérite. La nalité de l’enseignement
n’est plus l’émancipation des élèves
par les savoirs mais devient la
production d’un résultat conforme aux
indicateurs choisis qui constitue une
illusion de réussite des élèves. C’est
ce que les Anglo-Saxons appellent
« teaching to the test » et qui conne
à un entraînement à réussir des
tâches, fort éloigné des perspectives
d’une école émancipatrice. Dans un
contexte qui associe une forte
demande sociale de démocratisation
de la réussite scolaire et une
conception politique dominante de
réduction de la dépense publique, la
tentation pourrait être de se contenter
de produire l’illusion chiffrée d’un
progrès.
Dans les pratiques quotidiennes des
enseignants, la subordination de leur
évaluation aux résultats éloigne
l’évaluation des élèves de ses nalités
didactiques, notamment celles de
l’identication et de l’analyse des
difcultés d’apprentissage. Pour faire
évoluer les constructions
pédagogiques et didactiques, une
évaluation des enseignants ne peut se
réaliser sur les résultats des élèves.
Elle doit donner lieu à des actions de
formation pour que les
enseignants puissent améliorer
continuellement leurs compétences
et mettre l’évaluation des élèves
au service de la démocratisation
des savoirs et de la culture commune.
Au-delà desdifférentesformes quepeut prendrel’évaluation,la manière dela présenteret de lacommuniqueraux élèves etaux famillesest décisive.
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Le baccalauréat au risquede l’évaluation locale
Dansl’enseignementprofessionnelet agricole,le contrôleen coursde formationconstituéd’épreuvesponctuelles estprivilégié pourla certification.
Colloque duSNUipp-FSU :à l’école« travailler avecla difficulté »Le SNUipp-FSU organise le23 novembre un colloque pourdévelopper des réexions et deséchanges entre des chercheurset la profession sur les enjeuxactuels du « traitement » de ladifculté dans le systèmeéducatif. Il veut questionner lamanière dont sont accompagnésles enfants qui rencontrent desdifcultés à l’école : aides dansla classe et/ou à côté de laclasse et à l’extérieur de l’école.Il approfondira des pistes quipermettent de faire face à cetenjeu complexe.Pour le SNUipp-FSU, sortir del’isolement, afrmer saprofessionnalité, s’interroger surles conditions du dépassementdes difcultés et de la réussite,c’est trouver les voies pourtransformer l’école versdavantage de justice sociale.
pour favoriser la liaison avec lesattentes du lycée.Pour la FSU, l’articulation entreévaluation en classe et certification6
doit être repensée. Le DNB doit êtreun examen national qui prenne encompte toutes les disciplines et cer-tifie l’acquisition d’une culture com-mune en termes de connaissanceset de compétences définies par lesprogrammes; il doit être conçu nonpas comme un examen de fin descolarité obligatoire mais commeune étape dans le cadre d’un seconddegré cohérent, articulant collègeet lycée et reposant sur des ensei-gnements disciplinaires.
1. Généralement en début de séquence d’apprentissage.Permet un état des lieux de l’acquisition des savoirset de la compréhension des élèves.2. Elle a lieu tout au long de l’apprentissage. Permet à l’élèvede se situer, de prendre conscience de ses progrès, de seserreurs. Permet à l’enseignant de savoir où en sont les élèves.3. Évaluation des acquis.4. L’élève porte un regard critique sur son travail afin de luipermettre de mieux s’impliquer dans ses apprentissages.5. Livret scolaire unique.6. Évaluation bilan débouchant sur un diplôme ;le DNB par exemple. ©
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POUR N° 204 NOVEMBRE 201721
La place centrale du baccalauréatdans le système éducatif le soumetà de multiples attaques. Il est critiquépour son « coût » et dénonçé sa com-plexité. Revendiquer son caractèred’examen national, terminal et ano-nyme, c’est revendiquer l’égalité desélèves sur le territoire, donc l’égalitéde formation des citoyens, et la forcedes garanties apportées par undiplôme national. Pour autant cebac est fragilisé : la multiplicationdes évaluations locales, en coursd’année (ECA), en contrôle en coursde formation (CCF), en mine sesfondements. Dans l’enseignement professionnelet agricole, le CCF constituéd’épreuves ponctuelles est privilégiépour la certification, bien davantageencore que dans les voies généraleset technologiques.Le ministère de l’éducation natio-nale trouve de nombreux avantagesau CCF : il conduirait à une éva-luation moins anxiogène pour lesélèves, en évitant l’effet « couperet »de l’épreuve terminale. En inter-venant en cours et non pas à l’issuede la formation, elle permettrait auformateur de rétroagir à partir desrésultats obtenus, à l’image de l’éva-luation formative. Pourtant, cettevision est très discutable. Cettemodalité diminue le temps accordé
aux enseignements et laisse peu deplace à l’exploitation des erreurs,tout en se révélant très chrono-phage pour les enseignants. Lecadrage national des attendus del’évaluation est souvent si léger qu’illaisse le champ libre à de multiplesinterprétations locales, Les ensei-gnants sont contraints d’évaluerleurs élèves, en portant la casquettede formateur et d’examinateur, sansanonymat ni sujets nationaux.Cette situation est donc sourced’inégalité de traitement entre lescandidats, en fonction des classeset des établissements. Pourtant, les actuels projets deréforme du bac visent tous àréduire le poids des épreuves ter-minales au profit du contrôlecontinu (évaluation tout au longde la scolarité) jugé plus fiable. Cer-tains prônent même le contrôlecontinu intégral, vu comme unesolution à l’échec et à la difficultéscolaire. Ce serait aussi « muscler »l’examen, aime répéter le ministrede l’éducation nationale qui aconfié cette mission à PierreMathiot, ancien chargé de missionsous la précédente mandature surles parcours d’excellence. Jusqu’enjanvier, le ministère consulte pourune réforme dont les contours sem-blent déjà dessinés.
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POUR N° 204 NOVEMBRE 201722
Dans les années 1990, le systèmescolaire québécois subit descritiques : savoirs trop comparti-
mentés, taux de réussite plutôt faibles ettrajectoire scolaire rigide.Selon Sylvie Théberge, premièrevice-présidente de la Fédérationdes syndicats de l’enseignement(FSE-CSQ) qui regroupe 35 syn-dicats représentant plus de 65 000enseignants québecois, on souhai-tait une école qui permette auxélèves d’avoir la tête bien faite plu-tôt que bien pleine et davantageouverte sur la communauté.Parmi les chantiers prioritaires, denouveaux programmes de forma-tion ont été engagés dans lesquelsune place importante a été accordéeau développement de deux typesde « compétences » : les compé-tences disciplinaires et les compé-tences transversales. Le ministère de l’éducation a dérivévers une pédagogie basée sur l’ap-proche par compétences, qui a ulti-mement réformé l’enseignementen empiétant sur l’autonomie pro-fessionnelle des enseignantes etenseignants qui se sont vus imposerquoi enseigner, et comment l’en-
seigner. Le regard, initialement porté surla modernisation du curriculum(parcours de formation), le retourà l’essentiel et l’égalité des chances,
Les nouveauxprogrammesde formationaccordentune placeimportanteauxcompétencesdisciplinaireset auxcompétencestransversales.
En Angleterre depuis les années 1990, les élèves des classescorrespondant au CP et au CM2, étaient évalués en anglais, mathématiqueset sciences. Ces évaluations permettent aussi aux inspecteurs de mesurer l’efcacitéde la direction et de la gestion des élèves, la qualité de l’enseignementdispensé. La réputation des écoles dépend de leurs résultats avec un effet« teatching to the test », forme de bachotage qui conduit à une vive critiquede la part des parents et des enseignants du test CM2.
Le stress et la pression sur les enfantsont conduit le gouvernement à annoncercet été l’abandon du test de CP. À lalumière d’un recul de plus de vingt anssur des pratiques évaluativessystématisées, cette décision s’appuieégalement sur le fait qu’elles nedonnaient aucun résultat positif et queles tests portaient a contrario des effetsdélétères sur la conance et le morald’enfants de 5 à 7 ans. C’est sur l’annéescolaire et en contrôle continu que lesrésultats des élèves seront bientôtmesurés.
Les Anglais abandonnent le test de CP
Quebec : un laboratoire
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s’est alors tourné vers le change-ment imposé des pratiques péda-gogiques. Une gigantesque opération de lutteaux « anciennes » façons de faire(par exemple l’enseignementmagistral, la dictée ou les examenssommatifs) s’est ainsi mise enbranle, mobilisant d’énormesmoyens, occupant le centre des dis-cussions et accaparant le temps deconcertation, de formation et depréparation des équipes. On rem-plaçait le tout par la pédagogie parprojets, l’élève devenait un appre-nant et l’enseignant, un guide. Pen-dant une décennie, la questionpédagogique sera le thème princi-pal dans toutes les écoles du Qué-bec, gros facteur de discorde.La nouvelle gouvernance en édu-cation, axée sur les résultats statis-tiques, exerce une pression sur lespersonnels à partir de différentsindicateurs chiffrés. La différencia-tion pédagogique et la formationcontinue sont devenues les deux« mantras » du gouvernement enmanque d’argent et de solutions. Enfin, les enseignants ont l’impres-sion assez généralisée d’une perted’autonomie professionnelle.
POUR N° 204 NOVEMBRE 201723
Des évaluations standardiséespeuvent-elles être conçuesau service de la réussite de tousles élèves ?Les évaluations standardisées sontfaites d’épreuves conçues d’unemanière centrale avec critères etindicateurs nationaux. Elles sontprévues pour tous les élèves et surtout un territoire. Elles situent lesproductions des élèves sur uneéchelle. Ce peut être une note chif-frée, ou n’importe quel codage per-mettant de comparer entre elles lesproductions d’élèves. Or ce qui est utile à l’apprentissaged’un élève, ce n’est pas de compa-rer sa production à celle des autres,mais que les résultats donnent desindications sur ce qu’il a réussi ounon, ce qu’il a compris ou non,sur l’origine de ses erreurs, etc.C’est cela qui sera utile à l’ensei-gnant pour qu’il aide l’élève à pro-gresser et à l’élève lui-même pourqu’il saisisse où il en est de sesapprentissages.
Les évaluations prévues en CPet Sixième n’augurent-elles pasd’une dérive à l’anglo saxonne ?En situant les élèves les uns parrapport aux autres, de telles éva-luations remplissent la fonction« classante » qu’a involontairementl’école : la fonction de répartir lesjeunes entre ceux qui accéderontaux positions les plus socialementfavorables dans la société et ceuxqui n’y accéderont pas.Mais de telles évaluations ne per-mettent pas seulement un classe-ment des élèves les uns par rapportaux autres. Elles peuvent serviraussi à classer les classes entre elles,les écoles entre elles, les régions oules pays entre eux, etc. Par là, ellesentrent dans une tendance collec-tive de plus en plus forte à l’échelleinternationale, qui est d’évaluer lesperformances des personnes et des
institutions et de les comparer entreelles. En un sens, cela peut se jus-tifier par la volonté de responsabi-liser chaque personne et chaqueorganisme. Mais cela peut corres-pondre aussi au mouvement du« New public management », quiest en effet d’origine anglo-saxonne.Il consiste à ce que l’État ne s’im-plique plus dans la fixation et lecontrôle de normes dans les ser-vices publics, mais en laisse la res-ponsabilité à des organismes aux-quels une autonomie plus ou moinsgrande est donnée, qui sont mis enconcurrence et dont on va pouvoircomparer les performances grâceà l’évaluation.Il est possible qu’actuellement, enFrance, la mise en place de tellesévaluations ne corresponde passpécifiquement à une telle inten-tion et qu’elle soit conçue plutôten vue du pilotage du système édu-catif. Mais si c’est bien ce rôlequ’on leur assigne, alors elles doi-vent pouvoir fournir aux ensei-gnants des outils pédagogiquespour améliorer les apprentissagesdes élèves en difficulté.
A ce propos, le SNUipp-FSUa encouragé les enseignantsà adapter les évaluations de CPet à n’en faire remonter queles besoins ? Que pensez-vousde cette consigne ?Chaque fois que l’on parvient àtirer des renseignements diagnos-tiques à partir d’évaluations, on estgagnant. Dans ce cas, on est dansune optique d’amélioration de cha-cun. On ne compare pas l’élève auxautres mais on s’arrête à ce qui luipose problème. Si « faire remonterles besoins » consiste à diffuser ceque nous apprennent les évalua-tions sur les difficultés rencontréespar les élèves et sur leurs causes,alors certes cela est intéressant etva dans le sens d’une évaluation
Chaque fois quel’on parvientà tirer desrenseignementsdiagnostiquesà partird’évaluations,on est gagnant.
Bernard Rey : « interpréter, repéreret redresser les “malentendus” »
Les travaux de Bernard Rey, docteur en science de l ’éducation et professeur émérite à l ’Université l ibrede Bruxel les, portent sur l ’acquisit ion et l ’évaluation des compétences, sur les causes des difficultésscolaires et de l ’échec, ainsi que sur l ’autorité de l ’enseignant.
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formative. Encore faut-il que lesépreuves d’évaluations, par leurnature même, le permettent.
Les enseignants doivent-ils êtreformés à l’évaluation ?Bien sûr. Mais tout dépend de ceque l’on entend par « évaluation ».Si l’on s’arrête sur les résultats glo-baux sans s’interroger sur les rai-sons des réussites ou des échecs,on a le risque d’établir des hiérar-chies, sans se questionner sur lesécarts mis en évidence de manièrequantitative entre ceux qui réus-sissent et ceux qui ne réussissentpas et donc sans se donner lesmoyens de combler ces écarts. Initier les enseignants à ce typed’évaluations standardisées ne leurdonnera pas un véritable outil d’in-tervention pédagogique auprès desélèves en difficulté. En revancheune formation à l’évaluation diag-nostique et formative va leur per-mettre de travailler sur les raisonsdes échecs et d’analyser les erreurs.Les interpréter, repérer et redresserles « malentendus » à propos destâches scolaires devrait être la tâcheévaluative principale. Se former àl’évaluation au service des appren-tissages, c’est surtout se former àla connaissance des processus d’ap-prentissage et à la nature des diffi-cultés inhérentes aux différentssavoirs.
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POUR N° 204 NOVEMBRE 201724
Les cinq grandes firmes améri-caines qui ont créé et dominentle marché du numérique et de
la data, s’intéressent de près à l’édu-cation. Non sans quelques succésqui pourraient s’emplifier dans lefutur.GAFAM est l’acronyme uti-lisé pour désigner les cinqgrandes firmes américainesqui dominent le marché dunumérique (Google, Apple,Facebook, Amazon, Micro-soft), présentes dans notre viede tous les jours depuis l’ex-pansion d’Internet dans lesannées 90. L’omniprésenceet la puissance financière deces GAFAM font d’elles desacteurs difficiles à contournerdès qu’il s’agit de numérique(et ce même si une commu-nauté du numérique « libre »a vu le jour et continue de sedévelopper).L’école n’échappe pas à l’ap-
pétit des GAFAM : ainsi en2016, le partenariat Microsoft-Éducation nationale, l’accordCanopé-Amazon, ou encoreles contrats Google-Éducation.
L’offensive des GAFAMen direction de l’école françaisePlus récemment, l’éventua-lité de connexion des outilsdes GAFAM avec les an-nuaires de l’Éducation natio-nale (qui pourrait leur per-mettre d’accéder à ce qui sepasse dans la classe) a attirél’attention sur la question dela protection des donnéesdes personnels et des élèves,et a conduit à des réactionspas seulement syndicales. Eneffet, à l’heure du Big Data(explosion de la masse dedonnées disponibles numé-riquement), toute donnée ycompris scolaire est exploi-table par le biais d’algo-
rithmes pour en tirer un pro-fit : profilage (pour réaliserde la publicité ciblée parexemple), mais aussi récupé-ration de données gratuites
au détriment de la recherchepublique en éducation…
Un marché internationalde l’ÉducationOr, il existe un véritable mar-ché international de l’éduca-tion sur lequel les GAFAMcherchent à s’implanter afinde s’assurer que les élèvesd’aujourd’hui deviennent de-main leurs clients. Cetteconquête des salles de classeest déjà une réalité aux États-Unis : ainsi un article du New-York Times titrait le 13 mai2017 : « How Google TookOver the Classroom » qu’onpeut traduire par « CommentGoogle a pris possession dessalles de classe ». Les GAFAM sont-elles à l’as-saut de l’école en France? Pro-bablement oui, profitant entreautres d’une politique quicherche depuis des années àréduire le coût du service pu-blic dans le budget de l’État et
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Numérique
Les GAFAM à l’assautde l’École ?
La loi Informatique et libertés évolueLe nouveau règlement européen concernantla protection des données entrera en vigueuren mai 2018. Il entraîne une modicationdes missions de la Commission NationaleInformatique et Libertés (CNIL) : un« responsable de traitement » doit être désignépour tout traitement de données ; il sera garantde leur conformité vis à vis des textesrèglementaires. Il n’y aura donc plus dedéclarations à faire à la CNIL. Celle ciconservera cependant son rôle de « jugede paix », d’autant que les sanctions serontbeaucoup plus lourdes qu’auparavant en casde non respect de la réglementation. Si l’on peutsaluer la volonté de responsabilisation qui sous-tend cette réglementation adoptée par le G29(les « CNILS » européennes), il ne faudracependant pas hésiter à interpeller lesresponsables de traitements an d’avoir lacertitude qu’aucune dérive n’est possible quantà l’utilisation des données personnelles et suivrede près l’élaboration du nouveau texte de loi.
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POUR N° 204 NOVEMBRE 201725
juridiques du ministère del’Éducation Nationale quele SNES-FSU et la CGTEduc’action ont interrogée dansce cadre, les conditions géné-rales d’utilisation (CGU) et leschartes n’ont aucune valeur
réglementaire. Il apparaît doncurgent de définir un cadre régle-mentaire fort pour protéger lesdonnées sensibles des élèves(travaux, évaluations…) commedes personnels.
Sandrine Charrier
Christophe Cailleaux« Les GAFAM font des
consommateurs captifs »
Vous semble-t-il inévitable d’avoirrecours aux services et outils des GAFAMdans un contexte scolaire ?
Les GAFAM ont fait des personnels, élèves et parents desconsommateurs captifs, conditionnés à trouver leurs produitsplus performants, plus ergonomiques.Opter pour des alternatives libres demande un effort individuelet collectif. Des collègues et des établissements le font, pourla bureautique, la navigation internet, etc. Certains sont mêmepassés à Linux, qui propose aujourd’hui des interfacesparfaitement utilisables pour les élèves et les enseignants
Quelles sont à votre avis les mesures à prendre pour assurerla protection des données des personnels et des élèves ?
Quand les outils numériques sont réellement utiles, il fautprivilégier les logiciels libres et investir les ENT (pour la plupartpensés dans un souci de protection des données desélèves). Malgré les éventuelles pressions hiérarchiques,les collègues doivent éviter le recours au matériel des élèves,qui accroît les inégalités et pose des problèmes techniqueset juridiques.Le ministère, si prompt à vanter l’innovation, devraitencourager les initiatives qui vont dans le sens d’uneprotection des données personnelles, d’usages critiques etémancipés des outils numériques. Ce n’est pas la tendanceengagée depuis plusieurs années, mais nous devonssyndicalement continuer à faire pression en ce sens.
Y a-t-il selon vous un risque de marchandisation du servicepublic d’éducation par le biais des outils numériques ?
Le risque est indéniable. Il passe par des possibilités accruesde surveillance des personnels, mises au service d’unmanagement calqué sur celui du privé. Les nombreuses formesd’externalisation (formation, remplacement, orientation, etc.)sont rendues plus faciles par des solutions numériques clés-en-main. Les marchands du numérique, non contents de signerdes contrats transformant professeurs et élèves enconsommateurs captifs, se placent en alternatives àl’Éducation nationale, qu’ils dénoncent comme obsolète.Mais les GAFAM sont loin d’être les seuls concernées :de nombreuses startups (la « EdTech »), avec l’appui explicitede ce gouvernement et du précédent, placent leurs pions surce que le ministère lui-même, lors d’un récent appel d’offresdans le domaine de l’intelligence artificielle, désigne commele « marché de l’éducation »
Christophe Cailleaux est professeur d’histoire-géographie,
formateur TICE, et auteur d’un blog portant sur le numérique
et la marchandisation de l’éducation.
Apple, première entreprisemondiale par lacapitalisation, à New-York.
des collectivités. Faut-il ce-pendant leur fermer la porte ?Probablement non, car leurforce en terme de rechercheet de développement d’outilspeut aussi être intéressantepédagogiquement. Face à cela,il est fondamental, d’une part,de continuer à défendre notreconception du service publicd’éducation, et d’autre part,comme le recommande laCNIL (voir ci-contre), denous doter des outils légauxqui permettront d’éviter lesabus et de protéger les per-sonnels et les élèves.
Protéger les donnéesdes élèves et des personnels :un enjeu juridiqueUn courrier de la Directiondu Numérique de l’ÉducationNationale (DNE) à destina-
tion des cadres chargés du nu-mérique au niveau acadé-mique a confirmé qu’il n’yavait pas de réserve généraleconcernant l’usage des outilsdes GAFAM « dans la mesureoù ils rentraient bien dans lesservices couverts par lesconditions générales d’utilisa-tion “éducation” ».Plusieurs syndicats de la FSUse sont interrogés et ont réagipar le biais d’un vœu enConseil supérieur de l’éduca-tion sur les protections desdonnées des élèves et des per-sonnels et la nécessité de sui-vre les préconisation de laCNIL. Dans un avis du 23 mai2017, la CNIL avait soulignéla nécessité d’un encadrementjuridique contraignant no-tamment en ce qui concernela non utilisation des donnéesscolaires à des fins commer-ciales, l’hébergement des don-nées à l’étranger (hors UE)… Pour la Direction des affaires
Allemagne : l’art « dégénéré »refait surfaceDevant le vieil immeuble en briquerouge de l’hôtel de ville de Berlin sedressait, avant les bombardementsqui ont détruit la ville en 1945, unpâté de maisons qui n’a pas étéreconstruit. Depuis, c’est une placesur laquelle s’élève une nouvellestation de métro. Lorsque, en 2010,les travaux d’excavation ontcommencé, les ouvriers sont tombéssur seize morceaux de statues aumilieu des éboulis des anciennesmaisons.Qui les a entreposées là? Lesrecherches se sont d’abord tournéesvers un expert-comptable, ErhardOewerdieck, qui avait ses bureauxau quatrième étage. Cet homme,avec sa femme, a aidé des juifs aupéril de sa vie, recevant pour sesactes le titre de « Juste parmi lesnations ». Mais la piste n’était pas labonne. Les choses se sont passéesplus simplement. Dans ce mêmeimmeuble, un entrepôt appartenaitau ministère de la propagande qui aordonné, le document a été retrouvé,qu’y soient déposées les statuesde l’exposition d’art « dégénéré »organisée par Goebbels dansla capitale du Reich en 1938.Restaurées, elles sont actuellementexposées à Sarrebrück (jusqu’au2 février 2018), au Sarrelandmuseum. Le portrait de l’actriceAnni Mewes (notre photo) parEdwin Scharff a retrouvé son galbed’origine. Mais la plupart des piècesn’ont pas eu cette chance.Les bronzes sont altérés, commela danseuse de Marg Moll, intégralecependant, ou en morceaux commeles terres cuites d’Otto Freundlichou la femme enceinte d’Emy Roederdont il ne reste que la tête. Le muséey a ajouté des œuvres de sa proprecollection, également réquisitionnées
par les nazis,des dessins etgravures signésOtto Dix, MarxBeckmann,Edward Munchet George Groszet des statuesd’Archipenkoet de KätheKollwitz.
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C u l t u r e l l e s
Arts + sciences = FACTSExplorer et expérimen-
ter les différentes
facettes de la relation
entre les arts et les
sciences, tel est le pari
fou que s’est lancé
l’université de Bor-
deaux. La 2e édition de FACTS, son festival
arts et sciences, envahira les campus et
les lieux culturels de la métropole bor-
delaise du 14 au 24 novembre. Les
artistes ont été accueillis avec leurs pro-
jets dans les laboratoires de recherche,
17 collaborations artistes chercheurs en
sont nées. Spectacles, installations, confé-
rences… attendent les festivaliers.
Agoramania
La ville dans ce qu’elle réunit aujourd’hui,
collaborative… Chacun à leur manière,
c’est ce qu’expriment la dizaine d’artistes
contemporains rassemblés au MAIF Social
Club jusqu’au 6 janvier 2018. Les propo-
sitions disparates vont du partage des
jardins urbains de Thierry Boutonnier à
l’installation sonore de casseroles de Lucy
& Jorge Orta, référence aux casserolades
des activistes d’Amérique du sud. Du
Nuage de mots interactif d’Isabelle Bonté-
Hessed aux perspectives alimentaires
d’Azolla, une plante qui a mené loin Erik
Sjödin.
Art & Langagequitte la CatalogneLes visiteurs du musée d’art contemporain
de Barcelone n’auront plus accès aux 500
œuvres et documents du collectif « Art
& Langage », créé par des artistes-ensei-
gnants anglais en 1966. Le propriétaire
de cette collection, Philippe Méaille, a pré-
texté l’incertitude politique de la Catalogne
pour ne pas renouveler son prêt et rapatrié
les œuvres au château de Montsoreau-
musée d’art contemporain.
Le MoMa à Paris
New-York au Bois de Boulogne. La fon-
dation Vuitton réussit un grand coup en
exposant un résumé du Museum of
Modern Art de New-York, un des musées
d’art contemporain le plus complet du
monde. Exposition Être moderne, jusqu’au
5 mars 2018.
L’année France-Colombie
offre de nombreuses oc-
casions de saisir ce pays
d’Amérique latine à tra-
vers ses créateurs, peu
montrés en France.
Le CAPC de Bordeaux ac-
cueille la première rétros-
pective de Beatriz Gon-
zàles en Europe, jusqu’au 27 février 2018. À travers le dessin,
la peinture, l’illustration et la sculpture, cette artiste inuente
traite de sujets en lien avec le contexte historique et culturel
colombien, accompagnant les mutations sociales et politiques
de son pays.
En octobre et novembre 2017, la Bibliothèque nationale de
France présente une histoire du cinéma colombien des pre-
miers temps aux documentaires d’aujourd’hui, en passant
par le cinéma militant et l’école de Cali. À Marseille, les œu-
vres d’artistes colombiens, dont plusieurs réalisées in situ,
sont à voir au FRAC PACA à partir du 2 décembre.
La jeune scène artistique colombienne de Paris est à l’honneur
à la Cité Internationale des Arts du 7 décembre au 13 janvier
2018. Aux Abattoirs de Toulouse, l’exposition Medellin, une
histoire de la Colombie, devrait faire date par son propos es-
thétique et politique.
Elle explore les pratiques artistiques dans la région d’Antioquia,
et sa capitale Medellín, des années 1950 à nos jours, au tra-
vers d’une centaine d’œuvres (peinture, photographie, instal-
lation, vidéo, etc.), grâce aux prêts exceptionnels provenant
des collections du musée d’Antioquia à Medellín et aux pro-
ductions d’artistes colombiens invités.
La présence de 40 artistes contemporains, dont beaucoup
n’ont jamais été vus en France, permet de mesurer l’effer-
vescence créatrice dans le domaine des arts visuels que la
Colombie est en train de vivre.
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L’art colombien s’inviteen France
POUR N° 204 NOVEMBRE 201727
Porto, l’autre vitrine contemporaine du Portugal
quable de l’architecture des années 30.Sa décoration intérieure et ses proportionsreflètent en tous points l’harmonieuseélégance du style art déco, signée ici parses plus grands contributeurs, dontLalique, Perzel et Ruhlman.
La Fondation Serralves à la pointede l’art contemporainQuant au musée, signé Alvaro Siza Vieira,un artiste-architecte du fonctionnalismeradical, il épouse les inclinaisons du sol,interrompant l’horizon d’une simple ligne
Porto est une ville active, industrielle, quimet les bouchées doubles pour afficher undynamisme créatif et exigeant, comme en
témoigne la Fondation Serralves. Porto a sans doute moins le vent en poupeque sa grande sœur Lisbonne. Mais, enparcourant ses rues, remonte à la surfaceun passé grandiose, aux parfums d’Indeet de Brésil, dans le sillage de riches colonsrevenus dans leur ville natale où ils ontfait construire de beaux hôtels particuliersdécorés de trésors lointains.Son centre historique, le quartier de laRibeira, aux ruelles pavées et aux maisonsmédiévales bordant le fleuve Douro, a étéclassé par l’UNESCO sur la liste du patri-moine mondial de l’humanité, ses églisessont recouvertes de l’or d’Amérique duSud et, après des années de repli, la villetrouve un dynamisme nouveau pour met-tre à neuf ses plus beaux atours et s’ouvrirau monde. Ses nouvelles constructionsl’inscrivent dans la modernité euro-péenne.Parmi elles, la Casa da Mùsica, dont lasurprenante architecture a été conçue parle Néerlandais Rem Koolhaas pouraccueillir depuis 2005 toutes les formesde musique, et le musée de la FondationSerralves, imaginé comme une premièrefenêtre ouverte sur l’art contemporain. Installée dans un parc magnifique, la fon-dation réunit la Casa Serralves à unmusée. La Casa est un exemple remar-
La FondationSerralves,fer de lancede l’artcontemporainau Portugal.
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blanche par-delà les bosquets et les jar-dins à la française, avec la seule prétentionde se fondre dans son environnementvégétal. Depuis l’ouverture en 1999, musée et parcse prêtent aux expositions, aux concerts,représentations de théâtre et de danse, etautres festivités artistiques.La collection de la fondation recèlequelques 4 300 œuvres, 1 700 lui appar-tenant en propre, le reste étant prêté pardifférentes collections privées etpubliques. Outre la présentation de cettecollection, qui s’étend des années 60 àaujourd’hui, le musée organise réguliè-rement des expositions temporaires. Aux côtés des très connus, Tapiès, Arroyoou Miro, pour lequel une grande expo-sition a eu lieu en octobre 2016, le muséedonne l’occasion de découvrir de jeunesartistes du monde entier. À la tête du Musée d’Art contemporainde la Fondation Serralves depuis 2013,l’Australienne Suzanne Cotter y a présentéplusieurs expositions ambitieuses, ponc-tuées de collaborations marquantes avecde grands artistes contemporains, dontJulie Mehretu, Philippe Parreno, Wolf-gang Tillmans, Helena Almeida ou encoreYto Barrada. Elle a aussi ouvert le lieuaux performances chorégraphiques, dufrançais Boris Charmatz, de Trajel Harrellou de Michael Clark. L’année 2018 débu-tera le 13 janvier par l’exposition La col-lection Serralves : 1960-1980.
Pauline Rivaud
À Lisbonne, Porto, Braga, le design occupeles boutiques, les hôtels et les musées.Le designer portugais a un matériau deprédilection : le liège. Accessoires de mode,ustensiles de cuisine, objets, mobilier, dumarché populaire de Bolhào à la très chicboutique Panamar, les créations inondentétals et vitrines. Porto est pionnière de lamouvance du liège noir.Jusque-là utilisé dans l’isolation thermique,les designers l’ont élevé au rang de matériaunoble, avec pour ambassadeur dans le monde,le jeune franco-portugais Toni Grilo, venutravailler à Porto.
Porto à l’ère du liège noir
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C u l t u r e l l e s
POUR N° 204 NOVEMBRE 201728
Dans le domaine des artsvivants, le cirque contempo-rain est arrivé à maturité tout
en continuant à évoluer à la vitessede l’éclair. Multipliant les proposi-tions, composant avec toutes lesdisciplines artistiques, véhiculantle dépassement de soi, dans la rueet sous le chapiteau, il représentece que l’humain a d’indomptable.C’est le cirque ! L’expressionéchappe devant le désordred’une chambre d’enfant ouquand se grippent les rouagesd’une organisation. Le cirquepeut paraître désuet, avec sesclowns souvent dépassés et sesnuméros de domptage desanimaux aujourd’hui trèsdécriés. S’il attire toujoursautant, c’est parce qu’il a faitsa mue dans les années 80.Porté par des gens du théâtreet de la danse, le « nouveaucirque » s’est vite imposé dansles rangs exigeants de l’artvivant. Les cirques Plume etArchaos en sont les embléma-tiques initiateurs. L’appel auxautres créateurs de l’art vivant
fut fondatrice : « Quand Ber-nard Turin, directeur de l’écolede Châlons, a demandé en 1996à Joseph Nadj de venir encadrerles étudiants de dernière année,ça a donné Le cri du caméléon.Le chorégraphe était le patron,il a donné sa vision des choses,l’a imposée, et le cirque s’en esttrouvé grandi », rappelle GuyFouilland, qui dirige depuisvingt ans CIRCa Auch et sonfestival international.Aujourd’hui le cirque contem-porain poursuit cette évolu-tion à l’échelle du monde,réinventant sans cesse le lan-gage du corps, celui des sen-sations, tout en maintenant saposition d’un art insoumis.
Un art humaniste hors compétitionLe cirque contemporain gardesa singularité : mettre l’humainà nu, créer la proximité avecle public, et avant tout porterune valeur qui a peu coursaujourd’hui : le dépassementde soi. « Pas seulement ledépassement physique, égale-
ment le dépassement de ses pro-pres frontières, explique GuyFouilland. Il y a une façon d’al-ler vers l’autre, d’essayer de nepas rentrer dans des systèmesde compétition alors que touts’y prête. Les circassiens sontdes sportifs de très haut niveau,mais n’acceptent pas l’idée decompétition. Ils ont aucontraire une logique de colla-boration pour aller plus loinensemble ». Ce qui a touché leco-fondateur du CIAM Centreinternational des arts en mou-vement à Aix-en-Provence,Philippe Delcroix, lors de sapremière rencontre avec le
cirque en 1997 sous le chapi-teau d’Annie Fratellini, « c’esttout ce que le cirque emporteavec lui autour de l’idée de latransmission d’un art et devaleurs, et autour du regardporté à l’autre ».Si la prise de risque est pousséetrès loin aujourd’hui, elle n’estpas l’unique ingrédient duspectacle de cirque, mais faitpartie intégrante de la part desensation que partagentartistes et public. Plus que toutautre art vivant, il se vit endirect. Ce qui l’a changé, c’estla narration, la fiction. Onparle aujourd’hui de création.
Et si les circassiens étaientde grands physiciens ? Scrutateurs des trajectoiresd’une balle ou d’un tubemétallique, du tournoiementd’une plume, de la chute d’uneplanche de bois, les acteurs ducirque (on dit « circassiens »)sont des observateurs compul-sifs des effets de la gravité. Ilsles expérimentent de leursmains, de leurs pieds, de toutleur corps, debout sur uncâble, élancés sur une corde,agrippés d’une seule main àune perche. Ils répètent sanscesse l’opération, comme desphysiciens. Eux n’ont rien à
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Le cirque,éternel indiscipliné
Le cirque moderne fêtera ses 250 ans en2018, rappelant la mémoire de l’écuyeranglais Philip Astley, jeune sergent-majordes hussards de la royauté ayant quittél’armée, qui, séduit par les protsoccasionnés par les représentations ducirque au XVIII
e siècle, a créé son propreétablissement à ciel ouvert en reprenantle cercle pour y galoper devant le public etréaliser pour la première fois des acrobatieséquestres. Il n’est sans doute pas le seul
mais l’histoire a retenu son nom pour marquer les débuts d’un nouveau modèle de cirque. Pour fêtercet anniversaire, un tout premier projet européen, Diverse Real Physical, collaboration entre lapépinière Premier pas du Plus Petit Cirque du Monde de Bagneux et Crying Out Loud (Royaume-Uni),Cork Midsummer Festival (Irlande) et Subtopia (Suède). Le projet rassemble des artistes conrméset émergents an de créer dans quatre lieux d’Europe une œuvre unique. La création Union Black,est le principal résultat de ce travail au long cours.
250 ans de cirque : 1768-2018
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POUR N° 204 NOVEMBRE 201729
question de la piste, le cercleoriginel, puisque la plupart dessalles offre une représentationfrontale avec le public.Marie Jolet (Cie Cheptel Ali-khoum) a fait appel pour sacréation collective Les prin-cesses aux conseils du metteuren scène Christian Lucas afind’imaginer une proximiténouvelle avec le public. Ras-semblé en petit comité dansle cercle d’une charmante glo-riette métallique, le public estinvité à ne pas rester passif etexpérimente un contact phy-sique avec les artistes. Jona-than Guichard, avec sa créa-tion 3D, sollicite le public d’unregard appuyé pour l’aider àmaintenir sa planche en bois.Autant d’initiatives auda-cieuses dans un monde derepli, et qui réveillent l’enviede vivre les choses ensemble.
Occuper la rueLe cirque est et reste un art dela rue. Aux côtés des repré-sentations dans les théâtres etsous chapiteau, celles de la ruemaintiennent un cirque insou-mis. « Le cirque est obligatoi-rement politique, affirme MarcFouilland. C’est d’une part l’au-tre, c’est aussi la question de lafrontière, de la circulation, de
projets collectifs, de requestion-ner et réinventer des modes decoopération ». Ces projets col-lectifs trouvent sens et libertédans la rue, dans une cour delycée ou de musée, sur uneplace. S’exprimer parmi lespassants, perturber le rythmede la rue, contribuer au ras-semblement, donner le vertige,susciter des cris de joie, d’ad-miration, de peur, tout cela aune portée politique. L’été, lesfestivals de cirque de rue sont
nombreux en France. Drai-nant les compagnies dumonde, l’historique Aurillac,qui cohabite depuis dix ansavec le street-art, Châlons-en-Champagne, qui associecirque et théâtre de rue, Alba-la-Romaine, fondé par la com-pagnie Les Nouveaux Nez, Laroute du Sirque de Nexon,Alès, le transnational Chalondans la rue, ou encore Scènesde rue à Mulhouse.
Véronique Giraud
Marc Fouilland : « On ne peut pas former desjeunes artistes sans leur offrirl’accès aux écoles supérieures »
Le cirque est-il le parent pauvre des artsvivants ?
Comment continuer à faire avancer lespolitiques publiques en faveur du cirque etcomment résister à ce qu’on voudrait nousimposer, c’est-à-dire inventer de nouveauxmodèles sans argent ? Nous avons été un peu entendus l’andernier par la ministre Audrey Azoulay, avec un supplémentde 650 000 euros en direction des compagnies nationales etdes pôles cirque. Néanmoins nous sommes très loin du compte.
Les efforts des pouvoirs publics se sont portésvers l’enseignement du cirque ?
Oui. Le secteur a reçu beaucoup d’argent investi dans laformation professionnelle, c’est bien. Le Lido de Toulouse seprépare à délivrer, comme l’académie Fratellini et l’école deChâlons, le diplôme national supérieur professionnel d’artistede cirque, d’ici un an ou deux. Mais on ne peut pas former desjeunes, leur donner envie, quand beaucoup en restent aux écolespréparatoires en deux ou trois ans sans pouvoir entrer dansles écoles supérieures. Ils ne sont pas préparés. Il n’y a pasde raison que le cirque ne soit pas comme les autres artset ne se calque pas sur les autres modèles de politique publiquedu spectacle vivant subventionné.
Malgré cela, y a-t-il un cirque français ?
Une des difcultés du cirque aujourd’hui n’est pas tant saprofusion de projets que l’identication de ses projets. Authéâtre, les auteurs, classiques ou contemporains, sont repérés.Dans le cirque, c’est plus compliqué. La façon de contournercela, c’est d’arriver à ce que le public soit curieux et qu’on necherche pas toujours à communiquer autour du sensationnel oud’un nom. Le cirque contemporain a peut-être aujourd’hui troisou quatre artistes repérés du grand public. Tant pis ! On ne vapas chercher à faire reconnaître tous les noms. Le cirque, c’estun art qui surprend, pour lequel les spectateurs doivent restercurieux, prendre le risque d’être clivés. Le public le sait. Ce seraitbien que les salles aillent dans ce sens. Elles ont tendance àchoisir un cirque étranger formaté, qui aura la presse avec lui,plutôt qu’un cirque français inconnu. C’est dommage parce qu’ona une proposition en France qui est très riche.
Ça a l’air simple, mais ça nel’est pas. Ce paradoxe exercesur le spectateur unetroublante fascination.À la dimension expérimentale,les circassiens ajoutentl’esthétique.
Marc Fouilland,directeur du CIRCaAuch, qui fête sestrente ans cette année.
prouver, ils veulent montrerce que tout le monde peutfaire, mais qu’eux seuls réali-sent à la perfection. Ça a l’air simple, mais ça nel’est pas. Ce paradoxe exercesur le spectateur une trou-blante fascination. À la dimen-sion expérimentale, ils ajou-tent l’esthétique. Leur rapportà l’objet, ou au corps de l’autre,fascine par son intelligence etsa maîtrise. « Pour moi, lecirque contemporain est unediscipline qui a encore unénorme potentiel, de création,mais aussi de liens avec lessciences. Avec le CIAM, nousavons voulu montrer que lecirque pouvait dialoguer avecbeaucoup de disciplines »,estime Chloé Béron. « Nousessayons de générer de nouvellespistes de recherche. Nous créonsdes workshops où nous invitonsdes artistes de cirque et d’autresdisciplines, voire des chercheurs,des ingénieurs, des entreprises,pour essayer de générer d’autresidées. »
Conserver la pisteCe renouveau, qui se joue par-fois dans des théâtres, pose la
r e n c o n t r e
POUR N° 204 NOVEMBRE 201730
En quoi l’enfance passée dans
le ghetto de Varsovie, telle qu’elle
vous a été remémorée par Paul
et Wlodka, les deux protagonistes
de Ceux qui restent, a-t-elle
une résonance contemporaine ?
Je ne me serais sans doute pas lancédans ce projet si ça n’avait pas étépar le biais de l’enfance. Raconterces histoires du ghetto de Varsovieme paraissait juste, et je me sentaiscapable de le faire, à partir dumoment où c’étaient des récitsd’enfance. J’avais abordé la questiondans un projet antérieur, La com-mission centrale de l’enfance. Ils’agissait des colonies de vacancesorganisées par les juifs commu-nistes à la fin de la guerre, quiavaient duré jusqu’aux années 80et que j’avais fréquentées en tantqu’enfant. Là c’était mon rapportavec cette histoire. Il y a eu énormément de chosesécrites sur la seconde guerre mon-diale mais, du point de vue de l’en-fance, cela me paraissait un regardneuf, fait de détails qu’on neconnaissait pas, de pensées, deréflexions émanant de deux enfants,de deux trajectoires. Cela permettaitde transmettre ces faits à des enfants,à la génération d’aujourd’hui, mêmesi ce n’est pas dans un but pédago-gique que je l’ai fait. J’ai un rapportparticulier avec l’enfance au théâtre.Je m’en rends compte. À chaquefois que je suis dans cet univers, jem’y sens à ma place.
La résonance personnelle et
collective de l’enfance se retrouve
dans trois de vos œuvres. Quels
sont leurs points communs?
Les trois reposent sur le langage,sur le regard de l’enfant, sa pensée.
Tenter de la retrouver. À traversune matière documentaire, uneécriture poétique ou des souvenirs,c’est à peu près la même démarche.C’est se mettre à la hauteur de l’en-fance, s’y reprojeter. Et surtout nepas essayer d’imiter l’enfant. Je n’aijamais demandé aux comédiens dele faire. Alors que j’ai assisté à unelecture de Ceux qui restent, à Var-sovie la semaine dernière où lesacteurs polonais jouaient desenfants, étaient dans une caricaturede l’enfant. J’ai trop peur parle avant tout despeurs, de l’initiation d’un enfant.Elle n’est pas aussi tragique ou dra-matique que celle de Ceux qui res-tent, mais c’est quand même leregard de l’enfant sur les choses.L’enfant dans J’ai trop peur a exa-gérément peur de choses qui nesont pas très graves, son entrée en6e. Les enfants dans Ceux qui restentsurmontent des choses terribles,mais ce n’est peut-être pas de ceschoses-là qu’ils ont peur. Ça mefascine.
Certains de vos spectacles sont
présentés comme s’adressant aux
enfants de 7 ans et plus. Cela
pose-t-il un problème en matière
de diffusion ?
J’ai trop peur est un spectacle quis’adresse en priorité à des enfants,il a été fait dans cette optique. Lespectacle a eu beaucoup de succèset continue à tourner. Nous l’avonsjoué beaucoup dans les salles declasse comme dans les centres dra-matiques nationaux. C’est bien queles écoles viennent au théâtre maisc’est bien aussi qu’on vienne dansles écoles. Quand les CDN nousdemandent de jouer pour des sco-
Musicien, auteuret metteur en scène,David Lescot a reçule grand prixde littératuredramatique en 2008pour sa pièceL’européenne.
David Lescot : « Tenter de retrouverle regard de l’enfant »
Avec sa pièce Ceux qui restent, reprise au théâtre Déjazet à Paris en ce moment, l ’auteur abordeune autre vision de l ’enfance en mettant en scène deux personnages qui racontent leurs souvenirsd’enfants au ghetto de Varsovie.
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laires, nous leur demandons ausside faire quelques représentationsdans le théâtre pour le tout public.Nous aimons faire ce travail auprèsdes scolaires mais aussi qu’il fassepartie de la programmation duthéâtre. Afin que les parents voientce que leurs enfants voient. Moi çam’a manqué quand j’étais enfantet que j’allais voir un spectacle.J’avais l’impression qu’on m’em-menait voir des trucs choisis maisque ce n’étaient pas des vrais spec-tacles. Il n’y avait pas d’adultes dansla salle.
Vous écrivez en ce moment ?
J’écris beaucoup en ce momentparce que je finis une pièce pourla Comédie Française qui sera jouéeen mai 2018. C’est une pièce qui apour thème les radios libres desannées 80. C’est une manière de parler d’unepériode de deux, trois ans où enFrance il y a eu tout à coup uneespèce d’euphorie, la gauche arri-vant au pouvoir (c’est une histoirequi se referme). J’aime remonteraux origines de l’histoire et nousregarder à travers cette distance.
Propos recueillis par Véronique Giraud
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