Asbl Trempoline- 3 Grand Rue à 6200 Châtelet - contact : +32 71 40 27 27 [email protected] www.trempoline.be
N° entreprise : 0431.346.924 N° Convention INAMI : 7.73.012.78
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En 2013, Trempoline reçoit la mention spéciale du Jury du Prix Wallon pour la Qualité!
Dans ce numéro…….
Les Familles dans le processus thérapeutique «
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L'asbl Trempoline est une communauté thérapeutique qui accueille les personnes confrontées à des problèmes liés à des consommations de drogues légales ou illégales. La vocation de Trempoline est d’accompagner des personnes ayant des comportements de dépendance aux drogues dans un processus d’apprentissage basé sur l’expérimentation et l’entraide afin qu’elles puissent devenir autonomes et s’insérer en société.
ADRESSE
Premier Contact et Admissions: du lundi au vendredi de 9h00 à 12h00 ou sur rendez vous 25, Rue Grégoire Soupart - B6200 Châtelet Tel : +32 (0) 71 40 27 27 Fax : +32 (0) 71 38 25 92 [email protected]
Siège administratif: du lundi au vendredi de 8h30 à 17h00 3, Grand Rue - B6200 Châtelet Tel : +32 (0) 71 40 27 27 Fax : +32 (0) 71 38 78 86 [email protected]
AGENDA 2014 DES VISITES INSTITUTIONNELLES
Les vendredis :
31 janvier, 28 février, 28 mars, 25 avril, 23 mai, 27 juin, 26 septembre, 24 octobre, 28
novembre
Pour tout renseignement et/ou inscription, veuillez vous adresser
par téléphone au 071/40 27 27
ou par courriel à [email protected]
ou via le site: www.trempoline.be
Votre avis nous intéresse……
Si vous avez des commentaires, des questions, des témoignages sur des articles parus dans ce numéro (ou dans un ancien numéro), n’hésitez pas à nous envoyer vos écrits à « Equipe Trempoline Info » : « [email protected] ou au 3 grand rue à 6200 Châtelet ou via le site internet www.trempoline.be onglet « contact »
Edito : C. Thoreau, Directeur Général A toutes les familles et proches de nos résidents et résidentes, à l’excellent travail de coopération que vous apportez au jour le jour, à notre alliance pour atteindre le même but : le rétablissement des personnes dépendantes que vous nous confiez. Merci de votre présence, car vous êtes nos plus proches alliés dans le processus de rétablissement. Ce numéro du Trempoline Info vous est dédié ! Depuis toujours, les familles se sont placées au cœur de toute société, tant sur le plan symbolique que sociologique ; dans le monde d’aujourd’hui peu importe comment elles se déclinent…ce qui compte, c’est la reconnaissance de leur impact dans le processus de rétablissement.. A Trempoline, on consacre du temps et des moyens à (ré) établir des liens, à construire une alliance avec ces familles et les proches afin qu’eux aussi, ils soient soutenus et entament un chemin, un processus vers un fonctionnement différent. De par sa neutralité et sa flexibilité à s’adapter aux histoires de vie de chaque famille, le service Famille crée un espace aux changements et ouvre des possibilités vers de nouvelles formes de restauration des liens. Le climat de collaboration qui est ainsi créé soutient l’espoir des familles et contribue à la qualité du programme thérapeutique. Il s’agit bien sûr et avant tout de leur rendre hommage, de les remercier mais surtout de reconnaitre leur courage à pousser la porte de notre institution pour se remettre en question. C’est une lourde responsabilité, c’est une décision difficile à prendre. Il s’agit également de reconnaitre et de défendre les expertises de ces familles, d’utiliser leurs compétences dans le processus de rétablissement. Il est important pour nous qu’elles y aient leur place à part entière, aux côtés des professionnels. A ce titre, Trempoline se fait le porte-parole de ces familles et proches auprès des instances publiques. A l’heure du transfert des compétences et de la Réforme des Soins en Santé Mentale, Trempoline, au travers de son réseau GEPTA, demande que ces familles et les proches soient reconnus comme partenaires à côté des professionnels dans le travail de rétablissement. Ils ont des expertises et des compétences qui doivent être valorisées et reconnues : nous avons une obligation éthique et morale de les impliquer davantage en tant qu’acteurs dans le processus de rétablissement de la personne dépendante. « La personne et la famille forment un tout plus grand que la somme de ses parties ; l’approche centrée sur la famille devient incontournable, notamment en raison de l’impact qu’a la famille sur la santé et la récupération de la personne» (Wright & Leahey, 2005). Bonne lecture !
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Les « Trempo-Brèves » Quai Jeunes :
En ce début d’année 2014, le Service Quai
Jeunes, service ouvert aux jeunes à partir de 14
ans et présentant une problématique
d’assuétude, a enfin pris son envol. Il est
actuellement constitué d’un groupe de parole tous
les mercredis après-midi et de suivis globaux
(individuels, familiaux et avec les partenaires
présents autour du jeune).
Une antenne du service Famille à 1er Contact :
Suite à un travail de réflexion, la
coordinatrice/animatrice du Groupe de Solidarité a
été déplacée (fin février), au Service 1er Contact,
situé à Châtelineau pour intensifier d’une part,
l’accueil des familles lors de l’admission d’un
proche et pour renforcer l’équipe lors des
entretiens individuels et familiaux proposés à
l’entourage d’un usager de drogues.
De nouvelles stagiaires ont rejoint l’équipe :
Actuellement Trempoline accueille deux
stagiaires :
Mélanie D. est stagiaire-psychologue française au
sein du Service Premier Contact depuis février et
jusque mi-mai. Elle est venue observer
concrètement la pratique professionnelle liée à
l’information théorique reçue lors du module « Délinquance et Toxicomanie » à l’ULg. Mélanie a
choisi spécifiquement Trempoline comme lieu de stage afin de découvrir la méthodologie des
Communautés Thérapeutiques, encore peu utilisée en France.
Laurie F. est stagiaire-assistante sociale au sein du Service Social depuis le mois de janvier et
ce jusqu’à la fin mars. Grâce au site internet de Trempoline, Laurie a eu écho de notre
Sommaire : P.3 : Edito, C Thoreau
P.4 : Les « Trempo-Brèves », V.
Tichon.
P.6 : Notre Service Famille, J.Cardona Pradilla. P.11 : Les Groupes de Solidarité, N.Fantin. P.14 : Parentalité, V Tichon. P.16 : Chez nos partenaires :
-P.16 : Le réseau GEPTA -P.19 : En Espagne, Proyecto Hombre
-P.22 : En Italie, Ceis F. P. 22 : Dans les numéros précédents… P. 23 : Notre service de prévention. P. 24 : Aidez-nous.
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approche holistique et de la multitude d’offres que nous proposons à la population toxicomane,
aussi variée soit-elle : accueil de mamans avec enfant(s), collaboration avec la Justice,
prévention de la rechute etc. Elle a donc voulu parfaire sa méthode de travail et découvrir
l’expérience professionnelle et spécifique d’une Assistante Sociale au sein d’une Communauté
Thérapeutique aux multiples services (Kangourous, Alter-Ego, Horus, etc).
Soutien de la Ville de Châtelet (Plan de Cohésion Sociale à nos services Kangourou-Parentalité.
Dans le cadre de la réalisation du Plan de Cohésion Sociale, nous avons conclu une
convention avec la ville de Châtelet. Cette convention nous offre un financement pour aider,
développer et participer à des activités de renforcement des liens intergénérationnels au sein
de Trempoline. Plusieurs activités sont prévues (ateliers cuisine, ateliers couture, journée à
thème et autre). Si vous êtes désireux de donner de votre temps et de faire partager vos
compétences avec nos résidents et leurs enfants, merci de prendre contact avec la
responsable du service Kangourou-Parentalité.
Aménagement du 2ème étage :
Actuellement, tous les bureaux ont été déménagés au second étage, laissant ainsi toute la
place aux résidents du rez de chaussée au premier étage du bâtiment « la Rotonde ».
Les bureaux sont peints, décorés et aménagés offrant ainsi aux travailleurs un cadre de travail
plus qu’agréable.
Il reste à finaliser le nouveau coin « sanitaires » (peintures).
Merci à la Fondation Arnould qui ont permis l’achèvement de ces travaux.
Le bâtiment de notre Service Réinsertion Sociale:
Celui-ci a également fait l’objet d’une rénovation ; la toiture vient d’être remplacée tandis que la
Centrale d’Incendie est en cours de remplacement. Merci à la Fondation Arnould van der
Straten pour leur don qui a permis de financer ces travaux.
Le « Certificat du Patrimoine » pour notre bâtiment « Grand Rue » à Châtelet :
Trempoline est logée dans un bâtiment datant de 1830 qui est inscrit au Patrimoine Wallon ;
c’est une chance pour notre association de vivre au milieu de ces vielles pierres mais cela
occasionne aussi de grosses contraintes administratives lorsque que nous entamons des
rénovations ;
Nous sommes sur le point d’obtenir le Certificat du Patrimoine ; nous allons enfin pouvoir établir
le cahier des charges et les devis pour la rénovation de ce bâtiment, qui est prévue en 2016.
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Julio Cardona Pradilla est responsable du
service Famille de Trempoline depuis plus
de 17 ans.
Sa formation : Pédagogue et Thérapeute
Familial
Son parcours : 30 ans d’expérience répartis en
3 CT : Communauté Thérapeutique de
Colombie, Communauté San Grégorio
(Colombie), CT pour enfants de la rue,
Trempoline (Belgique)
Notre Service Famille, par Julio Cardona Pradilla
L’asbl Trempoline est une des réponses au problème de la toxicomanie en
Belgique francophone. Le parcours psychopédagogique proposé à Trempoline se
décline en 3 grandes étapes : la phase d’Accueil, la phase de la Communauté et la
phase de Réinsertion Sociale.
Tout au long de ce parcours, le service Famille sera présent aux côtés de ces personnes et de
leurs familles. Julio a accepté de nous parler de son travail.
« Dans notre institution, arrivent des personnes avec une toxicomanie avérée et des parcours
de vie chaotique : ils sont déscolarisés, isolés, en rupture avec leur famille. Ils ont connu
différentes institutions, personnes du milieu
« psy »…. Et souvent, ils sont devenus très
méfiants face à tout travail thérapeutique et
refusent de reconnaitre qu’ils ont besoin
d’aide et besoin de changements dans leur
vie.
Je préfère le terme d’ « Accompagnement
Familial » en parlant de mon travail à
Trempoline.
L’asbl Trempoline se veut proche du résident
et de sa famille.
Depuis la naissance de l’institution, la dimension familiale a été très présente : en effet, les
équipes de Trempoline proposent un parcours thérapeutique qui demande une introspection,
une mise au point sur soi-même et ce travail de réflexion doit passer par aborder sa propre
histoire familiale. C’est la raison pour laquelle, Trempoline a dans sa structure un service
spécifique pour le suivi familial : le service Famille.
Ce service permet de dégager la dimension familiale du quotidien du résident, de son travail
dans les secteurs. Ce service a donc son bureau d’entretien dans lequel l’animateur famille
entretient une atmosphère chaleureuse et accueillante.
C’est donc toujours la même personne, le même référent qui va suivre le parcours du résident
et de sa famille ; ce qui permettra la construction d’une approche globale dans le suivi familial
dans laquelle le résident et sa famille ont un rôle prépondérant et proactif.
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« Ce que nous voulons, c’est que le résident et
sa famille ne soient pas amenés à parler d’eux
de façon abrupte, précipitée ; nous voulons
avant tout recevoir ces familles, les accueillir,
construire un lien de confiance, avant de parler
de travail thérapeutique ; il s’agit de construire
une assise, une base, quelque chose de
chaleureux qui va pouvoir permettre la « mise
en mots » de ce qu’ils vivent…. parce que
l’histoire familiale de tout un chacun, c’est
quelque chose d’intime, de délicat…il faut
respecter cela : les gens ne sont pas censés
parler tout d’un coup d’eux mêmes, de leur
histoire, il faut d’abord construire une
ambiance, une vraie relation de confiance
chaleureuse et intime afin que les gens
puissent s’ouvrir progressivement».
Ensuite, lorsque cette relation de confiance et ce climat sont construits, la famille et le résident
sont prêts à entamer progressivement le dialogue. Plus ce dialogue sera constructif et aura un
sens pour eux en terme d’opportunité de changement, plus le triangle éducatif se renforcera
(famille-résident-institution).
Le travail de Trempoline et de son service Famille n’est pas basé sur une « thérapie
approfondie » du fonctionnement familial ou de l’analyse du passé des évènements
traumatiques de la famille, mais il est fait dans un premier temps, d’un accompagnement centré
sur les « ici et maintenant1 » qui va permettre au résident d’avancer dans son programme et
dans sa trajectoire thérapeutique résidentielle.
Il est important, dans le parcours du résident, d’avoir une cohérence dans le triangle éducatif,
et donc, le contenu des réunions familiales peut
avoir comme objectif de se mettre d’accord
sur des significations, définir des objectifs,
évaluer des situations, se donner de l’espoir
aussi, tout simplement.
Le temps que le résident reste dans le
programme est directement proportionnel au
taux de réussite du rétablissement donc si la
famille accompagne et est présente, c’est un
atout supplémentaire de stabilité pour lui.
A Trempoline, ceci est une garantie
essentielle dans l’établissement du lien de
confiance et le maintien de la sa qualité,
puisque le résident ne doit pas recommencer
son histoire plusieurs fois.
Le contenu de la relation d’aide reste le
même et des objectifs plus ciblés peuvent se
dégager.
« Dans les premières rencontres, je me trouve
confronté à des familles plongées dans le désespoir...isolées dans l’impuissance … au point de
ruminer « mais qu’est-ce que j’ai pu faire pour que mon fils en soit arrivé là ??, »et je trouve des
résidents paralysés par la culpabilité, remplis de remords, « comment en suis-je arrivé
1 Le travail dans le concept de « l’ici et maintenant »permet de mettre le passé du résident et de sa famille de côté momentanément, afin de
permettre de définir des avancements concrets dans une situation mais pas nécessairement de régler ce qui s’est passé. Les changements positifs du
résident au début de son programme sont facilement visibles et permettent de susciter une croyance positive vers le changement. Quand ce socle est
bien construit et solide, il sera possible de revenir sur les évènements traumatiques du passé.
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« Parfois je suis témoin de situations
touchantes …un frère d’un résident
qui ne lui parlait plus depuis deux ans,
a pris congé pour venir à la première
réunion; il s’est jeté à son cou……j’ai
moi-même exprimé mes émotions, il
n’y a pas de résistance, on veut se
mélanger avec les personnes, vivre
avec eux…sans oublier notre rôle »
là ??? »… Ce qui est curieux c’est que certains sont isolés de leur famille et en souffrent tandis
que d’autres sont étouffés par la famille et en souffrent également. Je me souviens d’un
résident qui me disait : « je n’ai pas envie que ma famille vienne, ils sont tout le temps-là, ils
posent toujours les même questions… ».
Et donc, l’approche « ici et maintenant » ne va pas supprimer les faits, mais va les mettre un
peu en attente, de côté. Et les familles, en voyant l’amélioration physique du résident, en
voyant l’acquisition d’un nouveau langage, en rencontrant les autres familles et notamment
celles qui ont un enfant ou un proche depuis plus longtemps dans le programme, vont
commencer à retrouver un peu d’espoir. »
En arrêtant le produit, le résident commence un réveil progressif, un réveil de ses liens
familiaux, de son corps, de son langage et il a besoin de sa famille.
Dès le départ, la famille est contente, soulagée, rassurée que le résident soit à Trempoline.
L’objectif de l’institution est évidemment d’amener le résident au bout de son parcours et en
réinsertion ; il donc important que la famille suive également tout le processus et soit également
amenée elle aussi vers une forme de « réinsertion » ; c’est essentiel afin d’éviter de répéter la
dynamique précédente
Il faut donc conscientiser la famille et le résident qu’ils doivent se retrouver dans une nouvelle
manière de fonctionner.
« Je me sens plus dans un rôle, une dynamique de conscientisation que dans un rôle
thérapeutique…J’essaie d’amener les personnes à réfléchir sur leur manière d’agir, sur leur
choix, sur la répétition de comportements inefficaces et que les gens puissent se repenser dans
leur relations familiales, se resituer, se réévaluer. Je leur explique que dans les relations
familiales, la remise en question doit être permanente, rien
n’est jamais acquis, figé, statique, tout en est
mouvement au travers d’évènements, de joies, de
déceptions, de malheurs et de bonheurs. Nous
ne sommes pas dans un internat de vie….le
parcours débouchera sur un retour en vie
sociétale ».
Il est donc important tant pour les
parents que pour les résidents, de leur
permettre de procéder par essais et erreurs :
quand ils vont essayer de nouvelles attitudes,
de nouveaux comportements, il y aura des
échecs « intéressants » et ils pourront en reparler
en réunion familiale. Donc, ils réaliseront qu’ils
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progressent et que ^leurs efforts pour changer seront reconnus.
« Je commence par me présenter, et expliquer mon parcours personnel ainsi que mon rôle
dans l’institution. Je parle à propos du sens du travail familial ; ensuite je leur donne le cahier
d’informations : informations relatives au cadre de fonctionnement des différents secteurs
résidentiels dans lesquels le résident se trouve, informations pratiques et je les informe que je
respecte la règle du secret professionnel partagé.
Ensuite, je propose de parler autour des « besoins réciproques » ; dans un premier temps,
toujours dans l’approche de « l’ici et maintenant ».
Les personnes se lancent d’une manière timide ; la culpabilité ressentie par le résident et
l’impuissance ressentie par la famille bloquent ce dialogue.
Très souvent, je les rassure en leur disant que c’est normal, que cette situation est ancienne et
qu’ils doivent se laisser le temps pour s’apaiser et que l’on peut profiter de ce qui se passe
dans « l’ici et maintenant », de ce que vit concrètement le résident à Trempoline (pas de
consommation, dynamique positive, amélioration nette en terme de santé, de langage…).
Il est important de formaliser cette première approche, de la mettre en mots, de la « déguster »
car c’est sur ce socle que l’espace du possible et l’espoir peuvent se fonder. C’est également
essentiel que cette étape dure un certain temps, pour pouvoir apaiser les esprits, et permettre
à chaque partie de retrouver une sérénité qui va faire que la famille se lancera dans un
nouveau challenge.
Ce qui est particulier à Trempoline, c’est que l’institution s’adapte aux besoins de la
famille. Elle n’est pas figée dans des horaires stricts, des plannings figés, des stéréotypes de
rencontres ; les horaires de rendez-vous sont souples. Si une famille doit rester plus longtemps
ou vivre un moment différent avec son enfant, l’institution le permet. On s’adapte à la situation
du moment que vit le résident avec sa famille.
Le « Savoir être » est plus important que le « Savoir-faire » avec les parents.
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« Entendre les autres parler de ce qu’ils vivent et ressentent (et réaliser que nous
vivons la même chose), comprendre que nous ne sommes pas seuls devant nos
problèmes, que nous pouvons en toute franchise et en toute confiance parler de ce
qui nous préoccupe avec d’autres parents mais aussi avec des personnes
compétentes… pas de critique, pas de jugement, juste de l’écoute et quelques
pistes , de quoi réfléchir, … »
« J’ai été très bien reçue.
Cet accueil m’a
réconfortée et m’a donné
l’envie de revenir … »
Les Groupes de Solidarité, N. Fantin, membre du service Famille et Anne Marie Van De Steene, volontaire dans le service Famille.
En 1988, le service Famille de l’Asbl Trempoline a mis en place des
Groupes de Solidarité pour l’entourage de personnes
dépendantes (consommation problématique de drogues, d’alcool ou
de médicaments) que celles-ci intègrent ou non le programme
thérapeutique de notre institution. L’expérience montre que leur
implication dans le parcours de l’usager est un facteur important dans son processus de
guérison.
Pour compléter le travail familial, nous donnons la possibilité aux membres de l’entourage de
participer à ces réunions. Ce lieu d’accompagnement valorise la connaissance issue de
l’expérience : l’attention est portée sur les ressources de la personne plutôt que sur ses
fragilités. Dans cet espace de parole, il s’agit de sensibiliser et de mobiliser l’entourage à une
dynamique d’auto-aide ayant comme principe : « Ne me dis pas ce que je dois faire mais dis-
moi ce que tu as fait. ». Le soutien collectif, l’écoute et le dialogue induisent naturellement le
changement chez les participants.
Les Groupes de Solidarité sont gratuits et se tiennent tous
les premiers et troisièmes samedis du mois au Service
Premiers Contacts de 9h45 à 12h30/13h30.
BESOINS DE L’ENTOURAGE :
Besoin d’accueil et d’écoute : Les familles ont besoin d’être accueillies et écoutées sans
jugement afin de rompre l’isolement en créant des liens soutenants qui restaurent l’estime de
soi.
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Elles témoignent :
« Notre première expérience fut étrange, on se disait qu’on avait bien de la chance, qu’il y avait
bien pire que nous… Mais bien vite, nos yeux se sont ouverts et nous avons compris qu’il n’y a
ni pire ni moins grave ; nous avons tous la même souffrance ! »
« L’accueil est très important car la personne qui s’inscrit dans ce groupe de parole et de
solidarité se présente dans un état de grande vulnérabilité … »
Besoin d’informations :
Pour sortir des relations conflictuelles générées par la consommation d’un proche, les familles
ont besoin d’être informées sur les assuétudes et sur les mécanismes qui permettent la
restauration des liens qui les unissent. Ce recul permettra de modifier le regard de l’entourage
sur l’usager comme sur lui-même.
« Comprendre à travers le vécu de l’autre le comment et le pourquoi de la relation que nous
avons créée et entretenue avec notre parent toxicomane et se découvrir la capacité de donner
une nouvelle dimension à cette relation pour qu’elle ne soit plus source de souffrance. »
Un suivi individuel possible :
Si nécessaire, pour renforcer le soutien à leur
apporter, un suivi individuel peut-être demandé
ou proposé en complément des Groupes de
Solidarité. Il permettra une meilleure intégration
et utilisation du Groupe lors des réunions.
« Chaque semaine, à heure fixe, j’ai un rendez-
vous auquel je suis invitée à venir avec des
demandes, difficultés, joies à partager et
objectifs … Ecoute, partage, empathie, m’aident
à mieux comprendre la situation pour réfléchir et
apprendre à la gérer différemment dans le
respect de mes valeurs… ».
Les bénéfices d’une participation au groupe
solidarité pour les familles de nos résidents sont
considérables :
Plus de sérénité et d’apaisement émotionnel permettant le recul nécessaire pour
construire de nouvelles bases permettant au résident d’être plus serein et plus
responsable de ses choix.
Meilleure compréhension du programme thérapeutique.
« La participation au groupe a été
pour moi le point de départ d’une
remise en question, d’abord par
rapport à mon fils toxicomane mais
aussi dans notre couple, dans notre
famille. Je modifie petit à petit mon
point de vue, mon comportement et
par conséquent mon entourage est
perçu différemment, le résultat est
très positif. »
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Chacun retrouve sa place au sein de la famille.
Réflexion et prise de responsabilité de chacun dans le problème de toxicomanie.
Renforcement du triangle éducatif (résident – famille – institution) par une vision plus
positive du rôle respectif de chacun.
Grande alliance constatée pour soutenir le projet des résidents.
« Grâce à notre remise en question, cela a d’abord changé notre relation de couple pour
ensuite évoluer au fur et à mesure. A chaque réunion, on peut y déposer en toute franchise et
en toute sécurité nos craintes, nos peurs et trouver des réponses à nos souffrances et
questionnements ».
Les groupes Solidarité sont aussi ouverts aux familles dont l’usager ne bénéficie pas d’un suivi.
Dans la majorité des cas, les changements d’attitudes et de comportements de l’entourage vont
provoquer chez le consommateur la reconnaissance de son problème et le sortir du déni. Cette
dynamique de changements aide les proches à mieux
accompagner l’usager.
« Nous avons appris à dialoguer en posant des
conditions mieux adaptées à nos besoins, plus justes
et pas trop élevés pour pouvoir les tenir. Nous lui
avons fixé une condition de se donner les moyens de
s’en sortir ou de ne plus vivre sous notre toit. Son
choix a été de partir habiter seul. Très soutenus par
les membres du groupe, nous avons maintenu notre
position. Après dix-huit mois, il s’est rendu compte
qu’il n’avait plus grand-chose : santé, dignité, joie de
vivre. Il a pris la décision seul de se faire aider. »
Chez Trempoline, nous sommes convaincus que les familles doivent être accueillies et
écoutées dans la bienveillance, que l’usager s’inscrive ou non dans une démarche
thérapeutique. Il est important de souligner qu’elles ont des ressources pour rétablir l’équilibre
et jouer un rôle actif dans le rétablissement de la personne toxicomane. L’émergence de ces
ressources nécessite donc la prise en compte de leurs souffrances.
« Pousser la porte du Groupe de Solidarité était, pour moi, une tentative de plus pour sortir notre famille des
difficultés rencontrées face à la toxicomanie de notre fils. Pour la première fois, en écoutant les témoignages
d’autres parents, j’ai pu porter un autre regard sur le fonctionnement de notre cellule familiale ; j’ai compris
que je n’avais pas de pouvoir sur mon fils mais que je pouvais être l’acteur du changement. Et cela a porté
ses fruits : notre fils est complètement abstinent depuis plus de 3 ans et j’ai eu l’envie de partager avec
d’autres le fruit de nos victoires ; je suis depuis devenue co-animatrice du Groupe de Solidarité aux côtés de
Nathalie Fantin. Toutes deux, nous sommes convaincues de l’importance capitale de l’implication des
proches dans le processus de guérison du toxicomane. »
« Je suis persuadé et reste
convaincu que nos
changements d’attitude et de
comportements ont permis
l’évolution du parcours de
notre fils lors de sa thérapie
à Trempoline »
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Le service Parentalité, par Vanessa Tichon, Responsable du Service Kangourou et Parentalité.
Le service Parentalité, une aide supplémentaire pour les résidents de
Trempoline qui sont parents.
Pourquoi un Service parentalité a-t-il été créé à Trempoline ?
Ces quinze dernières années, le pourcentage de résidents ayant un ou plusieurs enfants est
passé de 12% à plus de 50%. La parentalité s’est donc imposée comme une réalité dont il
fallait tenir compte.
Outre le nombre de parents, la demande d’aide concrète des résidents-parents s’est également
faite plus importante au fil du temps.
Le parcours d’un résident à Trempoline :
Pour accompagner le parcours du résident, différents services sont disponibles pour chacun :
- Service social.
- Service familles.
- Service parentalité.
Ces trois services interagissent entre eux et avec les secteurs dans lesquels passe le résident
(1er contact, accueil, Communauté thérapeutique, réinsertion sociale).
Notre objectif général
Aider les résidents-parents à (r)établir ou préserver le lien avec leurs enfants et à développer
leurs potentialités éducatives.
Qui sont les bénéficiaires ?
Les bénéficiaires directs sont évidemment les parents qui résident à Trempoline. Mais, par
extension, nous travaillons également avec et pour leurs enfants, l’autre parent des enfants et
1er
contact
Accueil +/- 2 mois
Communauté
thérapeutique
+/- 8 mois
Réinsertion sociale
+/- 12 mois
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d’éventuelles institutions. Cela représente, pour une année de travail, un total de 60 résidents-
parents, 38 d’entre eux sont suivis de manière régulière. Il est à noter que pour beaucoup de
résidents-parents, il faut composer avec la justice (toutes situations confondues, que ce soit
décision par rapport à la garde de l’enfant lors de divorce ou intervention du Service de
Protection Judiciare).
Ce que nous avons mis en place
Les activités mises en place l’ont été en partant des besoins et des demandes des résidents.
Chaque situation est unique, nous avons donc travaillé, avec les résidents, à définir les
principaux besoins qu’ils rencontraient.
Les activités du service « Parentalité » sont :
Des entretiens individuels.
Des groupes de parole mensuels.
Des groupes à thème mensuels.
Le service « Parentalité », propose aussi :
Un accompagnement lors de visites et/ou
rendez-vous.
Une présence en journée, soirée, week-end.
Des outils de communication parents-enfants.
Des outils d’informations.
Des activités parents-
enfants.
15
Et chez nos partenaires ? Le Réseau GEPTA 2: quand l’entourage accompagne les professionnels dans le
domaine des assuétudes, par Nathalie Fantin, coordinatrice du réseau.
En 2006, GEPTA association de fait créée par l’Asbl Trempoline se constitue et
réunit un certains nombres d’initiatives déjà au travail sur le terrain. Ce groupement
a pour mission d’améliorer la visibilité et l’accessibilité des groupes/séances d’entraide
(d’information, de réflexion, de soutien, de parole et autre) pour l’entourage d’une personne
présentant des troubles d’assuétudes (consommation problématique de drogues, alcool,
médicaments, jeu …) dans toute la Fédération Wallonie Bruxelles.
Il permet de consolider le partenariat entre les structures existantes et à venir pour améliorer la
dynamique de complémentarité et de transversalité des services, en tenant compte de la
diversité des pratiques. Il s’emploie dès lors à promouvoir toutes initiatives impliquant les
membres de l’entourage dans le soin de sa propre souffrance.
GEPTA est composé d’un « groupe de terrain » dont les membres sont issus de 10 institutions
et depuis 2012 d’un Comité de Direction (CD) qui a soutenu les démarches des travailleurs
sociaux depuis sa constitution.
Les bénéficiaires :
Les parents et les proches de personnes dépendantes.
Les institutions spécialisées et les travailleurs sociaux.
Les usagers.
Descriptions des dispositifs qui intègrent les membres de la famille et
les professionnels
Les séances d’information, les conférences avec débat et les forums de
dépendance
Ces types de dispositifs offrent une porte d’entrée qui permet une implication mesurée des
participants. Tout le monde peut y assister sans prendre la parole pour obtenir des informations
sur les processus à l’œuvre dans les problèmes de toxicomanies.
2 GEPTA : Groupement d’Entraide pour parents et Proches de personnes Toxicomanes et Alcooliques.
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Ces événements favorisent les contacts et les rencontres entre
les familles, les usagers et les équipes éducatives lors de
diverses activités proposées dans une ambiance de convivialité.
Groupes d’entraide, de soutien, de solidarité, d’échange, avec les familles ou
de construction de savoirs-partagés.
Les groupes d’entraide sont efficaces pour améliorer le savoir-faire et le savoir-être des
personnes qui vivent des situations problématiques similaires dans le respect des valeurs de
chacun. L’objectif est d’instaurer une dynamique de changement susceptible d’aider les familles
à mieux accompagner l’usager. La solidarité, l’entraide mutuelle, le soutien et la convivialité
sont des dimensions essentielles au fonctionnement de ces groupes. Le travail qui s’y construit
est toujours progressif et permet de restaurer un équilibre personnel et familial.
Les parents et les proches sont invités à accompagner et à témoigner de leurs expériences
vécues au sein d’un groupe/séance d’entraide. L’objectif vise à sensibiliser et montrer aux
professionnels que l’expérience collective vécue par ces personnes peut remplir une fonction
d’aide complémentaire et supplémentaire aux autres approches (suivi individuel, ambulatoire,
thérapie familiale, …).
Accompagnement familial avec ou sans l’usager de type individuel
Ecoute spécialisée et soutien psycho-social proposés aux membres des familles,
indépendamment de l’usager.
Les Journées Familiales
La Multifamiliale
La multifamiliale s’appuie sur une rencontre directe entre tous les acteurs (usagers, entourage
et institution) concernés pour créer et favoriser les échanges suivant un thème préétabli en
fonction des besoins. Nous constatons un renforcement du triangle éducatif et une meilleure
collaboration entre tous qui restaure la confiance et permet l’émergence d’un horizon
d’évolution positive.
L’activité d’été
Pour pallier l’interruption de certains groupes d’entraide en juillet et en août leurs participants
proposent des activités culturelles. Il s’agit d’une co-construction dans laquelle nous constatons
une volonté propre de construire une activité familiale avec ou sans l’usager. Ce moment
permet de prendre de la distance avec le problème et de tisser des liens différents dans un
climat chaleureux.
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Sensibilisation à la formation à la communication et à la gestion des
émotions
Sensibilisation proposée dans les groupes d’entraide comme en entretien individuel ou familial.
Cet apprentissage permet de mieux comprendre le fonctionnement des relations humaines.
Formation et information pour les professionnels de l’aide, du soin et de
l’éducation
Gepta propose à ses membres divers outils :
La formation à l’animation qui consiste à l’appropriation de compétences activables
au quotidien. Cet apprentissage laisse une part importante à l’échange de bonnes
pratiques issues des différents contextes de travail des participants.
Les intervisions permettent d’élaborer de nouvelles méthodologies de travail grâce à
des échanges entre les professionnels.
Les échanges entre animateurs intra-réseau permettent d’aller observer d’autres
styles d’animation afin de transposer et utiliser de nouveaux outils dans les groupes
d’entraide, en fonction des philosophies et contextes spécifiques de chaque institution.
Echanges de bonnes pratiques à travers le réseau européen du service Ecett. Les
membres de notre groupement ont la possibilité de découvrir le travail familial dans
d’autres Communautés Thérapeutiques Européennes. Il s’agit d’un réseau d’échanges
de stages sur le modèle du compagnonnage, qui réunit une quarantaine d’organisations
en Europe. Celles-ci envoient leurs propres membres pour des stages de 2 à 5 jours
chez des partenaires du réseau et ouvrent leurs portes aux membres des autres
équipes.
Pour conclure, GEPTA met l’accent sur l’importance d’une collaboration qui permet de renforcer
le lien de confiance et de soutien entre toutes les parties.
www.gepta.be
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« Trop souvent les professionnels renvoient aux familles qui viennent
demander une aide « tant que la personne n’a pas décidé de changer, rien
ne peut être fait » alors qu’il est à mon sens nécessaire de développer des
compétences à utiliser un traitement en s’appuyant sur l’implication de la
famille, travailler le système. » P Hennaut
Dans la CT de Proyecto Hombre, Palma de Majorque
Extrait de la Bonne pratique de P. Hennaut de l’asbl Zone T, en stage Ecett3 à Proyecto
Hombre Baléares, Palma de Majorque Spain, Novembre 2010.
Proyecto Hombre offre un grand intérêt au développement des interventions impliquant les
membres de l’entourage dans le processus de réadaptation des personnes alcooliques et
toxicomanes.
Il travaille avec cette conviction de la nécessité de tenir compte du rôle de ces personnes
significatives auprès des personnes dépendantes aux produits.
En effet, l’ampleur des problèmes familiaux vécus par les personnes qui entreprennent une
démarche de soin est une réalité bien connue auprès des services ambulatoires, des centres
de jour, de cure, de postcure… Souvent, ils expriment le besoin d’obtenir de l’aide pour les
difficultés interpersonnelles avec leurs proches.
En Espagne et plus précisément dans les îles Baléares, la culture familiale et la crise
économique font partie du paysage, c’est pourquoi beaucoup de personnes vivent encore avec
leur famille (conjoint/enfants ; parents ; famille élargie) au moment d’entreprendre un traitement.
Ceci vaut également pour les personnes consommatrices de cocaïne et d’alcool, la plus part
ont pu préserver une certaine structure. Les usagers soulignent la présence de conflits dans
leur famille, avec des grandes difficultés à communiquer, et des ressentis de rupture du lien de
confiance dans les deux parties…. et pour l’entourage un sentiment de désespoir face aux
échecs répétitifs et au non-respect de la vie en communauté, avec absences de règles
intérieures pour le bon fonctionnement du système familial.
Ces éléments justifient la pertinence d’un questionnement sur le rôle que chacun peut jouer
dans le système pour le rétablissement d’une vie sans consommation.
Proyecto Hombre s’appuie sur les groupes d’entraide pour aider les membres de l’entourage à
retrouver leur bien-être mais aussi à modifier leur façon d’interagir avec leur proche afin de
favoriser un changement vers une vie sans produit. Pour cela les thérapeutes s’inspirent d’une
approche cognitivo-comportementale et systémique.
3 Stage Ecett : stage d’apprentissage de bonnes pratiques par le voyage, mis en place par Trempoline et dont la gestion est reprise par l’asbl Ecett-networks (www.ecett.eu).
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L’intervention s’appuyant sur la famille, le proche et le réseau nécessite un investissement intensif.
Description de la Bonne Pratique :
La durée du programme s’étale sur 18 mois, découpée en trois phases, la première : 8 mois
avec deux séances par semaine, la deuxième : 6 mois avec une séance par semaine et la
troisième : 6 mois à raison d’une séance tous les 15 jours. Pour accéder aux différentes
phases, les résidents sont amenés à remplir une auto-évaluation (la valorisation) sur leur
parcours qu’ils communiquent à leur famille, celle-ci fera l’objet d’une supervision collective
avec le thérapeute. Et c’est lui qui marque son accord pour le passage supérieur.
Les groupes observés ; le programme des personnes structurées âgées de 23 à 60 ans, consommateurs exclusivement de cocaïne et d’alcool. Dans ce programme, 120 usagers pour environ 100 familles.
Dans la première phase, les personnes dépendantes doivent se débarrasser du produit. Pour ce faire, les thérapeutes font appel à l’entourage pour qu’il soit le garant des lignes de conduite par ex : ne plus donner la voiture, ne pas leur donner d’argent, garder leur gsm, ne pas donner les clés de chez eux, mettre des distances avec les réseaux de consommation… Tout doit être remis en question pour pouvoir s’écarter du produit.
Instauration de règles dans la vie commune, Proyecto appelle cela « les règles domestiques » ex : ranger son linge, participer à la réalisation du repas… dans le but que la personne consommatrice puisse reprendre conscience des valeurs du quotidien, du règlement d’ordre intérieur, du partage avec la famille.
C’est toujours la famille qui accompagne vers l’extérieur que ce soit vers un médecin (s’il y a lieu d’un traitement de substitution) ou vers le groupe d’entraide.Lors de séances, les thérapeutes travaillent sur les différents évènements de la semaine et voient avec les différentes parties comment ils peuvent recommuniquer entre autres…
Dans la deuxième phase, c’est la phase de dépassement, ils doivent identifier la raison pour laquelle ils ont consommé tel ou tel produit, et retrouver l’état d’avant produit. C’est une démarche beaucoup plus thérapeutique. Dans cette phase, c’est le moment où ils ouvrent leur porte vers de nouvelles relations, des nouvelles activités, c’est un peu un retour vers le passé avant le produit.
Dans la troisième phase, c’est une étape plus concrète, réflexion sur ce qu’ils veulent être réellement, ils travaillent sur le style de vie.Les phases sont ponctuées de séminaires ou les thérapeutes réunissent toutes les familles et usagers pour éveiller leur attention aux différents signes de rechute ; ex :
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- Si l’usager re-consomme 1 fois ne pas dramatiser ce pourrait être une prise de conscience de « je ne veux plus ça ».
- Faire attention aux fausses sécurités en se disant un verre ou deux. - Eviter de penser aux éléments positifs de la période de consommation. - Expliquer la première phase concernant la haute surveillance (clef, argent, gsm), que ce n’est
pas pour les infantiliser mais pour regagner une structure. - Les parents doivent être attentifs à communiquer au-delà des tâches ménagères. - Si l’usager recommence un travail, ce n’est pas non plus pour abandonner les tâches, sinon
risque de se décentrer. - Ne pas se poser en victime, voir plus loin. Le contrat des trois phases est acté entre toutes les parties, cet engagement se fait sur base
d’un contrat thérapeutique humaniste.
Réflexion critique :
Il est difficile de comparer, les données sont tellement différentes, en termes de culture. Et puis
tout simplement parce que je n’ai pas assez de recul, 5 jours, c’est peu. Comme je l’ai souligné
plus haut, ma valise à outils est pauvre, mais effectivement, je trouve que Proyecto aborde les
groupes de façon plus directive que nous, il donne des lignes de conduite aux proches en
apportant des stratégies parentales efficaces, concrètes, pour améliorer leurs habilités de
communication et de résolution de problèmes. Chez nous, nous sommes moins
interventionnistes, l’écoute emphatique tient une place importante et nous veillons à la bonne
circulation des échanges de la parole entre les familles, dans un climat de respect. Mais, je
pense sincèrement que les familles auraient besoin de pistes d’action concrètes également.
Les plus-values de cette BP :
Pour les usagers :
une vie, sociale, familiale, économique
équilibrée et sans produit,
Pour l’entourage :
une thérapie individuelle, un mieux-être.
En général, le développement d’une intervention davantage familiale, la formation des
intervenants à l’approche systémique, l’amélioration de du service avec les partenaires des
milieux scolaires (si ouverture d’un groupe ado-entourage), les comités de parents, de la santé,
et des services sociaux.
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Dans la CT de Ceis - Modena, Italie
Extrait de la Bonne Pratique d’Annick Gilsonnet, de l’asbl Zone T, en stage Ecett à la Communauté Thérapeutique de Modène en Italie
« Nous avons pu assister à différents groupes de parole (entourage, dépendance à l'alcool,...) ce qui nous a permis d'envisager d'autres formules de groupes à mettre en place au sein de notre centre. En effet, le groupe associant à la fois les consommateurs et les membres de l'entourage nous semble particulièrement intéressant. Celui-ci permet de relever les dysfonctionnements mais également les ressources que les familles possèdent et de les confronter avec d'autres familles. L'expérience vécue lors de l'observation de ce groupe nous a permis d'envisager dans tous ses avantages le travail avec l'entourage d'une personne dépendante. De plus, nous avons pu également nous rendre compte de la possibilité d'inclure plus systématiquement les familles dans un suivi thérapeutique (par des entretiens automatiques et fréquents avec les familles, ...) Ceci nous donne des pistes pour implémenter ce type d'approche au sein de notre centre. »
Extrait de la Bonne Pratique de Philippe Pironnet, Directeur de l’asbl Zone T, en stage Ecett à la Communauté Thérapeutique de Modène en Italie. « Nous avons pu observer une séance de ce groupe d'entraide animée par un de ses membres et regroupant à la fois des personnes consommatrices et des membres de l'entourage de personnes consommatrices. Le fait de mélanger ces deux publics nous semble pertinent car cela permet à chacun de mieux appréhender la réalité de l'autre. Certains participants restent activement impliqués dans le fonctionnement du groupe alors qu'ils ne vivent plus depuis un certain temps de situation problématique. Cette implication pour apporter à d'autres ce qu'ils ont pu recevoir quand ils en avaient besoin et la richesse des relations qui se créent sont deux éléments marquants qui ont motivé ce choix en tant que bonne pratique.
En tant que coordinateur, je veillerai spécialement à ce que ces observations donnent suite à la mise en place de ce type de bonne pratique. Il est important que l’entourage puisse prendre une place considérable au sein de notre travail, que ce soit en tant que « patient » ou en tant que « levier » thérapeutique ».
Résultats attendus
Mobiliser les énergies autour du changement et préparer le système familial à un nouveau fonctionnement.
Faire évoluer les représentations des membres de l'entourage sur les consommateurs et celles des consommateurs sur la souffrance des familles.
Diminuer la souffrance et la culpabilité ressenties par les consommateurs mais aussi par les membres de l'entourage.
Développer une meilleure cohésion d'équipe autour d'un projet fédérateur.
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Si vous souhaitez en savoir plus au
sujet de Trempoline, visitez notre
site internet : découvrez notre
travail sur la vidéo en page
d’accueil
www.trempoline.be
Dans les numéros précédents… Numéro 1 : notre rapport d’activités 2011
Numéro 2 : consommation de drogues chez les Ados
Numéro 3 : à quoi servent vos dons ?
Numéro 4 : notre rapport d’activité 2012
Numéro 5 : Le concept du Rétablissement
Si vous souhaitez recevoir les numéros précédents, veuillez envoyer un mail à
« [email protected] » en précisant votre nom et votre adresse complète.
Avec le soutien de : Le Fonds A.van der Straten, la Fondation A. Faes, le Tournoi de
l’Orée, le Foyer des Amies, Unitas, Hoofje, la Table Ronde de Thuin, la Fondation Serge
et les Autres, la Fondation Aider Autrui et de nombreux donateurs.
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SSeerrvviiccee ddee ffoorrmmaattiioonn ccoonnttiinnuuee ddeess pprrooffeessssiioonnnneellss
eett ddee pprréévveennttiioonn gglloobbaallee eett iinnttééggrrééee ddeess aassssuuééttuuddeess
Que faisons-nous ?
Former, soutenir et accompagner les personnes et les équipes confrontées à des
comportements problématiques en matière de consommation: usage de psychotropes,
abus ou dépendance afin qu’elles puissent remplir au mieux leurs missions avec ce type
de public.
Rompre le silence sur les signes de détresse afin de résoudre les problèmes de façon
constructive plutôt que d’attendre une crise grave et plus généralement lutter contre
les tabous et les stéréotypes liés aux consommations de psychotropes.
Former des professionnels qui travaillent avec des jeunes à des méthodes et
techniques de prévention efficaces afin que les adolescents soient capables de faire des
choix responsables et de les assumer.
Sous quelle forme?
Journée ou cycle de formation thématique pour les travailleurs du non-marchand
Offre d’interventions spécifiques pour les acteurs scolaires et les jeunes
Ateliers avec les parents, supervisions, …
Nous proposons notamment la méthode « Unplugged » : un programme de prévention
pour apprendre aux jeunes du premier degré du secondaire à se protéger des assuétudes.
Nos formations sont conçues pour pouvoir s’adapter à la réalité de chaque institution et à
la pratique quotidienne.
Vous avez des questions ? N’hésitez pas à nous contacter au :
071/ 24 30 06 ou via [email protected] ou
consultez notre page sur le site web : www.trempoline.be (onglet prévention)
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Nous avons toujours besoin de vous !
Nos projets 2014 :
L’achèvement du second étage. Le remplacement de la verrière et des châssis du bâtiment de la réinsertion. La rénovation de la centrale « Incendie » du bâtiment de la réinsertion. La rénovation du salon et des sanitaires à Kangourou.
Continuer à aider nos résidents, c’est un
geste concret de solidarité !
L’asbl Trempoline est très vigilante quant à l’utilisation des dons reçus. Les comptes annuels sont soumis à
l’examen d’un expert-comptable agréé.
L’asbl Trempoline adhère au code éthique de l’Association pour une Ethique dans les Récoltes de Fonds
(AERF). Ceci implique, notamment, que les donateurs ont le droit d’être informés au moins annuellement de
l’utilisation des fonds récoltés.
Ces informations sont disponibles sur simple demande en nous contactant par téléphone (071/40 27 27) ou par
mail ([email protected]) ou par courrier (3 Grand’Rue à 6200 Châtelet)
Avantage fiscal :
Si le cumul annuel de vos dons atteint 40 € ou plus, vous recevez automatiquement une
attestation fiscale l’année qui suit votre versement.
Don ponctuel ou don permanent :
Vous pouvez faire un don ponctuel ou un ordre permanent en faisant un virement au compte
général de Trempoline, en indiquant en communication : « nom du projet soutenu » au compte
de l’Asbl :Dexia Dons : BE36 0682 0698 4081
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