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Cadre intégré de classification de la
sécurité alimentaire (IPC)
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Quatrième cycle d’analyse Côte d’Ivoire
Rapport de synthèse
Septembre 2009
2
PARTENAIRES : MINAGRI, MIPARH, Ministère d’Etat, Ministère du Plan et du Développement, Ministère de la Santé et l’Hygiène Publique, Ministère du Commerce, INS, BNETD, SODEXAM/DMN, FAO, PAM, UNICEF, OCHA, PNUD, OMS
Action contre la Faim, Solidarités, Merlin et IRC.
Carte de la classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC) en Côte d’Ivoire – 4ème cycle d’analyse (Septembre 2009)
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Table des matières
1. Contexte.......................................................................................................................................................................4 2. Méthodologie............................................................................................................................................................5
2.1. Organisation de l’atelier .......................................................................................................................................5 2.2. Zonage de la Côte d’Ivoire ..................................................................................................................................5 2.3. Application des modifications méthodologiques de l’IPC ..................................................................................6 2.4. Données utilisées .................................................................................................................................................7
3. Situation des productions agricoles ......................................................................................................................8 4. Accessibilité alimentaire..........................................................................................................................................9 5. Mortalité, malnutrition et poussées épidémiques ........................................................................................... 10 6. Déplacement de populations et sécurité civile.............................................................................................. 11 7. Questions structurelles et dénuement .................................................................................................................... 11 8. Dangers et Evènements adverses.......................................................................................................................... 13 9. Phases de sécurité alimentaire ........................................................................................................................... 15
9.1. Zones « généralement en sécurité alimentaire » 1A ...................................................................................... 15 9.2. Zones « généralement en sécurité alimentaire » 1B ...................................................................................... 16 9.3. Zones en « insécurité alimentaire modérée » ................................................................................................. 17
10. Risques de détérioration de la phase de sécurité alimentaire .................................................................. 19 11. Recommandations à court terme ................................................................................................................... 20 12. Recommandations à moyen et long termes................................................................................................. 22 13. Recommandations spécifiques ........................................................................................................................ 23 Annexe 1 : Liste des sigles et des acronymes....................................................................................................... 24 Annexe 2 : Données démographiques ................................................................................................................. 25 Annexe 3 : Table de référence de l’IPC................................................................................................................ 26
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1. Contexte
En raison des besoins importants en terme d’analyse de la sécurité alimentaire et de la nutrition en
Côte d’Ivoire, le Ministère de l’Agriculture, sous l’égide de la FAO, a adopté l’outil IPC (Cadre intégré
de classification de la sécurité alimentaire) depuis mars 2007. Cet engagement pour la mise en œuvre
de l’IPC en Côte d’Ivoire s’est concrétisé dès juin 2007 par la création d’un Groupe de Travail IPC au
sein du Groupe Sectoriel Sécurité Alimentaire et Nutrition. Depuis, quatre cycles d’analyse ont été
organisés et ont permis globalement de classer la Côte d’Ivoire en deux phases (phases 1et 2) et de
lancer des alertes de dégradation de la phase.
Dans le cadre du processus d’appropriation et de pérennisation de l’IPC, le quatrième cycle IPC,
comme le troisième, est organisé par le Ministère de l’Agriculture en collaboration avec l’Unité de
Coordination des Opérations d’Urgence de la FAO, chargée de faciliter le transfert des compétences.
Les partenaires techniques du CILSS et de FEWSNET ont été associés au Groupe de Travail IPC
comme l’a recommandé l’atelier de développement de l’IPC qui s’est tenu les 25 et 26 juin 2009 à
Johannesburg. Cet atelier a recommandé de fédérer les synergies pour améliorer les protocoles
d’évaluation, d’analyse du niveau de la sécurité alimentaire et nutritionnelle à travers une
complémentarité de l’IPC avec le Cadre Harmonisé Bonifié (CHB), développé expérimentalement et
pour l’instant par le CILSS, en collaboration de la FAO et du PAM, dans cinq pays de la sous-région
(Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad). Le CILSS et FEWSNET, malheureusement empêchés à
la dernière minute, n’ont pu participer à cet atelier du 4ième cycle IPC.
Le quatrième cycle d’analyse couvre la période d’avril à septembre 2009. Cette période est toujours
marquée par le processus de sortie de crise depuis la signature des Accords de Paix de
Ouagadougou, le 4 mars 2007. Malgré des lenteurs observées dans le processus de désarmement et
la constitution des listes électorales, des avancées notables au niveau politique ont été constatées et
matérialisées par l’achèvement de l’enrôlement et de l’identification de la population, la reconstitution
des registres de l’état civil détruits ou perdus et la fixation de la date des élections présidentielles au
29 novembre 2009. Malgré ces éclaircies dans le climat sociopolitique ivoirien, le profil de la sécurité
alimentaire et de la nutrition du pays présente toujours des poches de vulnérabilité préoccupantes.
L’objectif de ce rapport est de fournir aux parties intéressées une analyse approfondie de la situation
de la sécurité alimentaire, qui prévaut actuellement en Côte d’Ivoire.
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2. Méthodologie
2.1. Organisation de l’atelier Le Groupe de Travail IPC de la Côte d’Ivoire s’est réuni au cours d’un atelier de travail organisé par le
Ministère de l’Agriculture, en collaboration avec la FAO, les 22 et 23 septembre 2009 à IVOTEL
Plateau, pour analyser la sécurité alimentaire en Côte d’Ivoire. Les travaux de cet atelier ont porté
sur :
- des rappels méthodologiques des notions de base de l’IPC et des principales modifications du
manuel de guide version1.1, présentés par Monsieur Patrick David, Assistant Coordinateur et
Analyste en sécurité alimentaire / Cellule Régionale pour le Suivi de la Sécurité Alimentaire –
Opérations d’Urgence et de Réhabilitation FAO, Dakar ;
- le point de la situation de l’IPC et du CILSS en Côte d’Ivoire ;
- le rappel des résultats du troisième cycle d’analyse IPC et la présentation à titre indicatif de
drafts de cartes des moyens d’existence/subsistance des ménages en Côte d’Ivoire ;
- le passage en revue de la documentation disponible pour ce présent cycle au regard des
nouvelles enquêtes réalisées ;
- l’analyse IPC proprement dite : analyse région par région avec les grilles d’analyse.
2.2. Zonage de la Côte d’Ivoire Le Groupe de Travail IPC a décidé de réaliser le quatrième cycle d’analyse IPC en respectant toujours
les limites administratives adoptées au cours des trois premiers cycles IPC et de scinder la grille
d’analyse de la zone Centre et Centre Est en deux compte tenu de la disponibilité des données
nouvelles des enquêtes réalisées dans l’intervalle de la période de référence (avril à septembre 2009)
dans les 19 régions administratives de la Côte d’Ivoire et de la non validation des cartes des moyens
d’existence/subsistance en Côte d’Ivoire (celle présentée au second cycle et celle réalisée à partir des
données de l’Evaluation Approfondie de la Sécurité Alimentaire, EASA 2009).
L’analyse IPC au cours de ce quatrième cycle a uniquement concerné le milieu rural comme l’ont
d’ailleurs été les cycles précédents.
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2.3. Application des modifications méthodologiques de l’IPC Les principaux changements contenus dans le manuel technique version 1.1 concernent les
terminologies d’une part et les formats des grilles d’analyse et les protocoles cartographiques d’autre
part.
Pour rappel, les recommandations formulées dans l’addendum technique1 pour accorder une grande
importance aux situations de non crises propres au contexte de certains pays, ont été suivies et la
phase 1 a été subdivisée en 2 phases : 1A et 1B (voir annexe 3). Le Groupe de Travail IPC de la Côte
d’Ivoire a reconduit le même paramètre utilisé aux cycles précédents pour marquer la distinction entre
les phases 1A et 1B à savoir les données de pauvreté de 2008 (Enquête sur le niveau de vie de
l’Institut National de la Statistique – ENV 2008), dont le seuil a été fixé à P0 = 0,489 ; P0 représentant
le ratio de pauvreté : nombre d’individus pauvres rapporté au nombre total d’individus. P0 = 0,489
représente le taux moyen national de pauvreté de la Côte d’Ivoire.
Phase 1A P0 < 0.489 avec maintien des moyens d’existence durables
Phase 1B P0 > 0.489 avec érosion des moyens d’existence durables
La phase 2 « insécurité alimentaire chronique » est désormais nommée « Insécurité alimentaire
modérée/limite » pour répondre davantage à l’échelle de sévérité qui n’implique pas sa durée dans le
temps. Cette dénomination rappelle la distinction entre « aiguë » et « modérée » concernant la
malnutrition ; elle est très explicite pour les lecteurs francophones.
Compte tenu du fait que la classification de la phase IPC est une projection mise en référence par
rapport aux effets immédiats ou imminents, la dénomination des catégories du tableau de référence
d’alerte précoce est modifiée de « niveaux d’alerte précoce » à « risque d’aggravation ».
Concernant les grilles d’analyse, les révisions de la partie 1 sont relatives au regroupement dans une
seule colonne pour énumérer les preuves directes et indirectes, distinguées dans la forme par le
caractère et à l’insertion d’une colonne pour documenter les preuves étayant une déclaration de
risque.
1 Integrated Food security Phase Classification (IPC). Technical Addendum. Final Draft. Issued: December 2007
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2.4. Données utilisées L’Evaluation Approfondie de la Sécurité Alimentaire (EASA 2009) dans les 19 régions administratives
du pays et l’enquête nutritionnelle SMART 2009 à l’ouest et au nord constituent les deux principales
sources de données quantitatives à l’échelle nationale.
Les informations de sécurité alimentaire et de nutrition pour lesquelles des nouvelles données existent
ont été soit mises à jour (exemple de la malnutrition aiguë et chronique pour les zones couvertes par
l’enquête SMART 2009), soit maintenues en fonction des indicateurs d’effets pour apprécier
l’évolution de la situation concernée. Dans le second cas, le niveau de fiabilité des données s’est
réduit et est passée soit à R=2 soit à R=3 en général suivant l’année de l’enquête. Toutefois les
données qui n’ont pas connu d’actualisation ont conservé le niveau préalable de confiance de
l’analyse. Globalement, les principales sources ci-dessous ont été utilisées dans l’analyse du Groupe
de travail IPC :
1. Enquête Approfondie de la Sécurité Alimentaire des ménages ruraux de Côte d’Ivoire.
MINAGRI – INS – PAM – FAO. Juin 2009 ;
2. Enquête nutritionnelle SMART. PNN – UNICEF – PAM. Août 2009 ;
3. Suivi de la saison agricole et de la sécurité alimentaire de l’année 2008. MINAGRI – MIPARH
– FAO – PAM. Mars 2009 ;
4. Suivi des prix en zone Centre, Nord et Ouest de la Côte d’Ivoire. PAM. 2007 à 2009 ;
5. Suivi des prix au Sud de la Côte d’Ivoire. OCPV. Janvier 2008 à août 2009 ;
6. Système de suivi de la sécurité alimentaire (FSMS) Rounds de Mai/Juin, d’Août et de
Novembre 2008. PAM – FAO. Mars 2009 ;
7. Etude de l’impact de la hausse des prix sur la situation alimentaire des ménages – Régions
Centre – Nord – Ouest et Sud. PAM – FAO. Mars 2009 ;
8. Enquête sur le Niveau de Vie des ménages (ENV 2008). INS. Octobre 2008 ;
9. Rapport de Mission de l’Evaluation Nutrition du 1er - 19 Septembre 2008 - ACF. Septembre
2008 ;
10. Mission d’évaluation de la situation zoosanitaire dans le Nord de la Côte d’Ivoire. FAO – OIE.
Novembre 2008 ;
11. Enquête à indicateurs multiples MICS 2006. INS/UNICEF, Décembre 2006 ;
12. Diagnostic des Infrastructures Hydrauliques. Direction de l’Hydraulique Humaine. Octobre
2005 ;
13. Divers rapports de mission de terrain.
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D’autres données provenant de diverses structures (Bourse de Café et Cacao, CIDT, APROMAC,
etc.) ont permis d’affiner l’analyse situationnelle des cultures de rente dans les différentes zones de
production.
3. Situation des productions agricoles
Le niveau de disponibilité nationale est jugé satisfaisant dans l’ensemble. Les marchés agricoles en
Côte d’Ivoire sont relativement bien approvisionnés. Les prévisions des récoltes en productions
vivrières sont caractérisées par des spécificités régionales. Les décalages pluviométriques de 2009,
avec des pluies inférieures à la normale (1971-2000) auront certainement des conséquences
négatives. On devrait s’attendre à une stagnation ou à une légère baisse de la production vivrière
surtout que les mois de juillet et août, habituellement pluvieux, n’ont pas permis, dans certains cas,
une bonne réalisation des phases sensibles de la montaison, de l’épiaison et du remplissage des
grains, notamment au nord et au centre du pays. Les paysans ayant semé au cours du premier cycle
des cultures (mars-avril-mai) connaîtront une bonne saison s’ils possèdent des variétés de cycles
court ou moyen.
Selon l’EASA 2009, la culture de riz est pratiquée par une proportion importante des ménages
(42,9%) et sa production reste essentiellement pluviale. Quand à la culture de maïs, 48% des
ménages ont disposé d’une production durant la campagne 2008/2009. Les stocks réalisés
généralement par les ménages permettent de couvrir leurs besoins de consommation pour une
période d’environ 4 à 5 mois. Les dernières récoltes de tubercules, de racines (ignames, manioc, etc.)
et de banane plantain ont été moyennes à bonnes en général.
La faible productivité, du fait des difficultés d’accès aux intrants agricoles (semences de qualité et
engrais notamment au nord du pays), de la précarité de l’outillage agricole et la faible technicité des
producteurs, est également un facteur qui affectera négativement les rendements agricoles. Les
mortalités bovines notamment des bœufs de culture attelée observées ces dernières années ont
affecté la capacité productive des ménages au nord de la Côte d’Ivoire. Cette situation était surtout le
fait de l’existence d’une multitude de pathologies animales et du faible niveau d’encadrement des
vétérinaires publics et privées, qui se redéploient progressivement.
La mission de suivi de la saison agricole 2009, qui se réalisera en fin d’année, permettra d’avoir une
idée précise des productions agricoles et servira de base à la réalisation d’un autre cycle d’analyse
IPC.
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4. Accessibilité alimentaire
L’insécurité alimentaire en Côte d’Ivoire est surtout liée à la problématique de l’accès et de la
diversification alimentaire. Malgré la disponibilité alimentaire, les ménages ne disposent pas de
suffisamment de ressources financières pour s’approvisionner sur les marchés locaux. Le maintien
des prix élevés et l’impact du dysfonctionnement des filières de rente surtout pour les zones du nord
du pays (coton et anacarde), ne permettent pas de diversifier et de garantir des revenus suffisants,
entraînant ainsi un rallongement et une sévérité de la période de soudure. Le prix d‘achat de la noix
de cajou aux producteurs au nord du pays est resté très bas, avec une détérioration continue des
termes de l’échange en relation avec le maintien à la hausse du prix du riz. La filière coton reste l’une
des plus sinistrées en raison de la forte chute des prix sur le marché mondial et des difficultés
consécutives à la faillite des sociétés cotonnières. Malgré une reprise timide dans la Région des
Savanes grâce aux subventions accordées par l’Etat pour la fourniture d’intrants agricoles en 2008, on
assiste à une situation constante de baisse du nombre de producteurs et des superficies.
Concernant les filières de rente dans le reste du pays, il n’est pas aussi évident que la hausse des prix
officiels et « bord champ » du cacao et du café ait compensé la chute des rendements agricoles et de
la production nationale en 2008, due à l’expansion de maladies (swollen shoot, pourriture brune, etc.)
et au vieillissement des vergers.
Après une situation de relative normalisation en
2008 et une chute caractéristique des cours en
Côte d’Ivoire du kilogramme de régime de
palme de 14% entre janvier et mars 2009, le
second trimestre de l’année a enregistré une
nette amélioration des termes de l’échange par
rapport au riz. Le prix du caoutchouc naturel
(voir figure 1 ci-contre) a connu une baisse de
30% de janvier à septembre 2008 par rapport à la même période de 2009 ; ce prix connaît cependant
une hausse de 56% depuis le début de l’année 2009 allant de 189 FCFA/Kg à 294 FCFA, contre une
moyenne comparative de 405 FCFA en 2008.
Figure 1 : Evolution mensuelle du prix de caoutchouc naturel de 2000 à 2009 (Source : APROMAC)
- 50
100 150 200 250 300 350 400 450 500
Janv
ier
Févrie
rMars Avri
lMai
Juin
Juille
tAoû
t
Septem
bre
Octobre
Novembre
Décembre
Moyen
ne
2000200120022003200420052006200720082009Moyenne
- 10 -
Les petits producteurs d’ananas dans la zone de Bonoua (Région des Lagunes) connaissent toujours
également des difficultés majeures avec la perte importante de parts de marché à cause du manque
de compétitivité (variétés utilisées en inadéquation avec le marché, exigences sanitaires : LMR2, etc.).
De plus, l’analyse de la chaîne de commercialisation montre que les petits producteurs ne profitent
toujours pas de la hausse généralisée des prix des produits alimentaires, du fait entre autres de leur
inorganisation, de leur faible pouvoir de négociation, du nombre élevé d’intermédiaires (pisteurs), des
difficultés de stockage des produits vivriers et animaux et d’écoulement liées au mauvais état des
pistes, aux frais de transport élevés et aux tracasseries routières. Le phénomène des tracasseries
routières, relevé lors du troisième cycle d’analyse IPC, qui constitue une importante barrière à l’accès
du marché, continue d’être décrié.
5. Mortalité, malnutrition et poussées épidémiques
Les données du MICS de 2006 concernant la mortalité n’ayant pas été actualisé à ce jour, le Groupe
de travail IPC de la Côte d’Ivoire s’est accordé sur le maintien desdites données compte tenu de la
faible variabilité dans le temps de ces informations, suggérée par des appréciations qualitatives en
provenance du terrain.
Les résultats de l’enquête SMART menée au nord et à l’ouest, réalisée en 2009 par le PNN, en
collaboration avec le PAM, la FAO et OCHA, indiquent une amélioration de la situation dans les zones
du nord du pays comparativement à 2008, avec néanmoins certains indicateurs qui restent
préoccupants. A l’exception des Régions du Moyen Cavally et du Bas-Sassandra où elle est inférieure
à 4%, la prévalence de la Malnutrition Aigüe Globale (MAG) chez les enfants de 6 à 59 mois avoisine
les 8 % et reste donc préoccupante dans les autres régions enquêtées du nord et de l’ouest du pays.
Quand à la malnutrition chronique globale chez les enfants de 6 à 59 mois, à l’exception de la Région
du Bas-Sassandra, elle atteint le seuil critique de 40 %. De plus, elle est en constante progression. Le
caractère « chronique » de la malnutrition, caractérisée par une alimentation de manière générale très
peu diversifiée et équilibrée, dénote aussi une détérioration générale et dans le temps des moyens
d’existence des ménages ruraux en Côte d’Ivoire. Des actions énergiques devront être rapidement
prises pour inverser la tendance. Des options de réponses ont été proposées à cet égard.
En ce qui concerne la morbidité, il n’y a pas eu de poussée épidémique ayant un impact sur la
sécurité alimentaire des ménages.
2 Limite Maximale de Résidus (Voir index des sigles et des abréviations en annexe)
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6. Déplacement de populations et sécurité civile
Les mouvements de retour se sont poursuivis à l’ouest du pays dans les Régions des Montagnes, du
Moyen Cavally et du Haut Sassandra (Vavoua) ; cette situation est en partie due à l’évolution du
processus de paix (enrôlement, identification, etc.). Selon les estimations d’OCHA (septembre 2009)
et des acteurs humanitaires, plus de 88 312 personnes sont retournées, de 2006 à fin août 2009,
dans les localités de l’Ouest (Moyen Cavally et Montagnes), sans compter les importants retours des
allogènes ‘’bannis’’ signalés dans le Bas Sassandra. Cependant, la situation de cohésion sociale reste
préoccupante notamment dans le Moyen Cavally et les Montagnes à cause entre autres des conflits
fonciers (occupations anarchiques des forêts classées) entre les communautés autochtones et
allogènes/allochtones retournées, principalement dans le département de Blolequin (Moyen Cavally)
et la sous-préfecture du Zou (Montagnes). Cette situation requière le maintien de la vigilance et la
promotion de la cohésion sociale. La situation sécuritaire est préoccupante dans le Moyen Cavally et
marquée depuis quelques mois par une recrudescence des vols, des braquages avec les coupeurs de
routes (23 cas en août et 27 dans la première moitié de septembre) sur les axes Duékoué-Bangolo,
Guiglo-Duékoué, Guiglo-Zagné-Taï et l’axe Duékoué-Guessabo-Daloa. Ce phénomène qui était
alarmant dans le Bas Sassandra et le Worodougou, sur l’axe San Pédro-Sassandra-Abidjan a été
réduit ces derniers mois, avec l’appui des patrouilles FDS, quoique toujours préoccupante. Enfin, des
risques de mouvements de populations à la frontière de la Guinée et du Libéria sont à craindre eu
égard à la situation sociopolitique dans ces pays.
7. Questions structurelles et dénuement
Selon l’Enquête sur le Niveau de Vie 2008 (ENV 2008) de l’INS, les crises économiques et politiques
que traverse la Côte d’Ivoire depuis 1985, ont accentué l’état de pauvreté des populations, faisant
passer le taux de pauvreté de 10% en 1985, à
32,3% en 1993, puis 33,6% en 1998, 38,4% en
2002, pour atteindre 48,9 % en 2008. La pauvreté
est fortement ancrée dans le milieu rural en Côte
d’Ivoire. En effet, le taux de pauvreté en milieu rural
est passé de 15,8 % en 1985, puis à 49 % en 2002
pour atteindre 62,5 % en 2008. La contribution du
milieu rural à la pauvreté nationale est de 75,4%
contre 24,6% en milieu urbain.
Figure 2 : Evolution du taux de pauvreté de 1985 à 2008, ENV 2008
0
10
20
30
40
50
60
70
1985 1993 1995 1998 2002 2008
Milieu urbainMilieu ruralEnsemble de la CI
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Le ratio d’extrême pauvreté (dépense quotidienne de moins de 280 F CFA) est de 14,31% en milieu
rural et de 3,81% en milieu urbain (voir figure 2).
L’analyse de la pauvreté par pôle de développement montre que huit (8) pôles de développement sur
les dix (10) que compte le pays présentent un taux de pauvreté supérieur à 50%, notamment : le Nord
qui passe de 40,3% en 2002 à 77,3% en 2008, soit une variation exceptionnelle de 91,8% ; le Centre-
Nord qui connaît également une forte variation du niveau de pauvreté de 78,1%, en passant de 32,0%
à 57,0% ; le Centre (56,0% en 2008) et le Centre-Est (53,7% en 2008). En ce qui concerne l’extrême
pauvreté, les régions les plus fortement touchées sont celles du Nord (avec un taux d’extrême
pauvreté de 29,62%), du Nord-ouest (18,36%), du Centre-Nord (17,83%), de l’Ouest (14,14%) et du
Centre-Ouest (13,6%).
Ces données sont confirmées par l’EASA 2009 qui montre que le taux d’insécurité alimentaire est
quatre fois plus élevé parmi les 20% des ménages les plus pauvres par rapport aux
20% les plus nantis. L’enquête révèle que les dépenses alimentaires représentent entre 62% et 65%
des dépenses globales des ménages les plus pauvres contre 51 à 56% pour les plus riches. Il faut
également préciser que plus de 30% des ménages ruraux consacrent plus de 70% de leur budget à
l’alimentation, ce qui réduit considérablement la part de ressources allouées aux autres besoins vitaux
comme la santé et l’éducation.
D’autres problèmes structurels persistent, notamment ceux relatifs aux structures bancaires et
financières, avec des difficultés d’accès au crédit formel (malgré le redéploiement de certaines
banques au nord du pays) et aux dysfonctionnements des filières de rente. Fort des difficultés qui
caractérisent la filière cotonnière au plan mondial, les producteurs font face à la désorganisation de la
filière et à des arriérés de paiement qui accentue leur endettement. Parallèlement, les filières café et
cacao sont en pleine restructuration ; les plantations, trop âgées, ont des rendements de plus en plus
faibles, du fait du faible niveau d’entretien et d’encadrement durant ces années de crise.
Figure 3 : Distribution des dépenses suivant
les quintiles de revenu, EASA 2009
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8. Dangers et Evènements adverses
Le maintien des prix des denrées alimentaires de première nécessité et des intrants agricoles à la
hausse au niveau local a été mentionné comme danger immédiat le plus significatif au niveau de
toutes les régions de la Côte d’Ivoire par le Groupe de travail IPC. En effet, malgré la baisse du cours
du carburant et des principales matières premières sur le marché international en fin 2008, les prix de
gros et de détail restent élevés en Côte d’Ivoire et ne sont pas revenus à leur niveau d’avant la forte
flambée survenue au premier trimestre 2008.
Cas du riz Comparés à la moyenne des trois dernières années (2005-2007), les prix de détail de 2008 en francs
constants du riz local ont enregistré une hausse de 22% sur le marché d’Adjamé (Lagunes), de 18%
sur celui de Bouaké (Vallée du Bandama) et de 25% sur le marché de Korhogo (Savanes). Les
légères variations sur l’ensemble des marchés (-0,5%) montrent une tendance au maintien des prix
élevés, relativement accentués sur les marchés de Duékoué et de Man (3%) et de Ferké (2,4%) en
comparant les huit premiers mois de 2008 et de 2009.
Le riz importé de grande consommation est celui dont les prix ont subi les plus fortes volatilités en
2008 (entre 25 et 29%). Comparés à la moyenne des trois dernières années, les prix en francs
constants ont subi une augmentation de 29% à Abidjan, de 25% à Bouaké et de 28% à Korhogo.
Cette tendance à la hausse est maintenue en comparaison des huit premiers mois de 2008 et 2009
notamment sur les marchés de Bouaké (12%), Katiola (4%) et Korhogo (1%) contre une légère baisse
de 3% sur l’ensemble du pays.
Les prix des produits vivriers sont relativement maintenus à la hausse à Adjamé et sur les autres
marchés Abidjanais.
Figure 4 : Evolution du prix du riz importé de grande consommation (a) et du riz local blanchi (b) sur différents marchés de janvier 2007 à août 2009
050
100150200250300350400450500
janv-0
7
mars-07
mai-07
juil-0
7
sept-
07no
v-07
janv-0
8
mars-08
mai-08
juil-0
8
sept-
08no
v-08
janv-0
9
mars-09
mai-09
juil-0
9
BouakéDananéDuékouéFerkéGuigloKatiolaKorhogoManOdiénné
a)
0
100
200
300
400
500
600
janv-0
7
mars-07
mai-07
juil-0
7
sept-
07no
v-07
janv-0
8
mars-08
mai-08
juil-0
8
sept-
08no
v-08
janv-0
9
mars-09
mai-09
juil-0
9
BouakéDananéDuékouéFerkéGuigloKatiolaKorhogoManOdiénné
b) Sources : PAM, OCPV, août 2009
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Cas du maïs grain En comparaison de la période de janvier à
août de 2008 par rapport à celle de 2009,
la tendance de maintien des prix élevés a
plutôt été constatée au niveau de certains
marchés de l’ouest (10% à Danané, 5% à
Guiglo et 17% à Man), tandis que le nord et
le centre ont été marqués par des
variations en faveur des ménages. Les
baisses sont de l’ordre de 2% à Bouaké, 1,8% à Ferké, 6% à Odienné et 34% à Korhogo. La relative
baisse enregistrée à Korhogo comparativement au premier trimestre de l’année 2008 où la zone a
connu une hausse d’environ 40% pourrait s’expliquer par une baisse de la pression des commerçants
des pays frontaliers en raison de la bonne saison agricole et de l’augmentation des productions
annoncées des pays sahéliens suite aux programmes agricoles de riposte à la flambée des prix de
2008.
Chocs et stratégies d’adaptation des ménages
Les types de chocs et les mécanismes d’adaptation relevés par l’évaluation rapide de l’impact de la
hausse des prix menée en octobre 2008 par le PAM et la FAO au niveau de la situation alimentaire
des ménages urbains et ruraux ne se sont pas modifiés de façon significative par rapport aux résultats
de l’EASA 2009.
En réponse aux grands chocs que sont le maintien des prix élevés, la baisse des prix aux
producteurs, les maladies des cultures et du bétail, les maladies et les décès, les ménages ont
conservés les stratégies d’adaptation auxquelles ils ont recours habituellement. La différence est plus
marquée au niveau de la fréquence à laquelle ils sollicitent les mécanismes de substitution des
aliments, d’achat d’aliments à crédit, de réduction du nombre de repas par jour et de la quantité de
nourriture, etc. D’autres stratégies se sont parallèlement renforcées comme par exemple dépendre
des aides des parents et des amis, recourir aux emprunts et mettre en œuvre de petites activités
génératrices de revenus en zones rurales, mais aussi en zones urbaines. Le fait que la fréquence de
ces mécanismes d’adaptation soit plus accentuée en période de soudure est révélateur des difficultés
d’accès et de paupérisation grandissante des populations, dont le maillon le plus exposé sont les
ménages en insécurité alimentaire sévère.
Figure 5 : Evolution du prix de détail du maïs sur différents marchés de Côte d’Ivoire
0
50
100
150
200
250
300
janv-0
7
mars-07
mai-07
juil-0
7
sept-
07no
v-07
janv-0
8
mars-08
mai-08
juil-0
8
sept-
08no
v-08
janv-0
9
mars-09
mai-09
juil-0
9
BouakéDananéDuékouéFerkéGuigloKatiolaKorhogoManOdiénné
- 15 -
9. Phases de sécurité alimentaire
Selon les grilles d’analyse, le « Groupe de Travail IPC » a classé la Côte d’Ivoire en phase 1 (généralement en sécurité alimentaire) et en phase 2 (insécurité alimentaire modérée/limite).
9.1. Zones « généralement en sécurité alimentaire » 1A
Régions du Sud (Lagunes, Agnéby, Sud-Comoé, Sud Bandama et Bas-Sassandra)
Cette zone est en sécurité alimentaire en général (1A) avec un accès à une alimentation
généralement adéquate et stable et un risque faible de tomber graduellement en phase 2, 3, 4 ou 5.
Cette phase correspond aussi à une situation de maintien des moyens d’existence durables à cause
des principaux facteurs suivants :
• Le sud de la Côte d’Ivoire a été nettement moins affecté par la crise sociopolitique de
Septembre 2002. Les déplacements de populations en milieu rural ont été très limités et les
villes qui avaient enregistrées l’arrivée de populations déplacées fuyant les zones de conflit
connaissent progressivement un retour important desdites populations grâce aux programmes
de réinstallations des déplacés.
• Les moyens d’existence des populations pour la plupart planteurs sont les cultures de cacao,
de café, d’hévéa et de palmier à huile, dont les productions ont été moyennes à bonnes en
2008 et ne présentent aucune alerte au regard des répartitions pluviométriques des neuf
premiers mois de l’année 2009. Le prix indicatif du cacao est maintenu à 700 FCFA/kg pour la
grande traite 2008/2009 et la petite traite 2009, tout comme les prix pratiqués bord champ qui
était de l’ordre de 630 FCFA et 535 FCFA pour les périodes respectives.
• Ces Régions sont les moins pauvres en 2008 (P0 inférieur à 0,489).
• Les approvisionnements sont assez satisfaisants malgré la persistance des taxes routières
illégales, des cas de braquage récurrents et le maintien des prix élevés au niveau des
différents marchés.
- 16 -
9.2. Zones « généralement en sécurité alimentaire » 1B
Régions du Centre Ouest (Fromager, Haut Sassandra et Marahoué)
Cette zone est en sécurité alimentaire en général (1B) avec un accès à une alimentation
généralement adéquate et stable et un risque modéré de tomber graduellement en phase 2, 3, 4 ou 5.
Cette phase correspond à une situation d’érosion des moyens d’existence durables à cause des
principaux facteurs suivants :
• Une partie des ménages sont également des planteurs de cacao, de café, d’hévéa et de
palmiers à huile dont les productions ont été moyennes à bonnes en 2008 et les prix d’achat
sont stables pour le cacao et le cacao notamment, ce qui atténue l’impact du maintien des prix
élevés. Les prix du régime de palme et du caoutchouc humide sont en baisse depuis le dernier
trimestre de l’année 2008 et cette situation doit être suivie avec attention, notamment en ce qui
concerne les petits producteurs, dépendant du marché (acheteurs nets). Pour le palmier à
huile, on observe une légère amélioration du pouvoir d’achat des producteurs après chute de
14 à 32% de janvier à mars 2009.
• Ces Régions sont parmi les plus pauvres en 2008 (P0 supérieur à 0,489).
Régions du Centre Est (Moyen Comoé), du Centre (Lacs, N’Zi Comoé) et du Centre Nord (Vallée du Bandama)
Cette zone correspond à la région agro écologique de transition entre la forêt et la savane (forêts
galeries), permettant la pratique de cultures vivrières et à la fois de l’anacarde et du café. Cette zone
est en sécurité alimentaire en général avec érosion des moyens d’existence durables (1B) à cause
des principaux facteurs suivants :
• Les productions d’igname ont été bonnes et les prix aux producteurs du café et du cacao sont
relativement stables ; malgré la faible production et la baisse de rendement particulièrement
constatés pour le café, les prix d’achat bord champ ont été satisfaisantes, en moyenne 484
FCFA et 353 FCFA pour respectivement la grande traite 2008/2009 et la petite traite 2009,
contre 500 FCFA comme prix indicatif. Néanmoins, en raison de l’inflation, la vente d’un kg de
café en juin 2009 ne suffirait à acquérir que 0,92 kg de riz contre 1,5 kg en 2008.
• En revanche, les prix de l’anacarde restent très bas à cause des difficultés structurelles de
commercialisation. Les nombreux intermédiaires sont les principaux bénéficiaires au détriment
des producteurs.
- 17 -
• Cette zone est marquée par une forte proportion de ménages pauvres en 2008 (P0 supérieur à
0,489) ;
• Le taux de sécurité alimentaire selon l’EASA est satisfaisant dans l’ensemble des régions ; Le
pourcentage des ménages en sécurité alimentaire (96,5% contre seulement 0,9% d’insécurité
alimentaire sévère) dans la Vallée du Bandama a été un des facteurs clés qui a permis
d’évoluer de la phase 2 au cycle précédent à la phase 1B.
Région du Nord Ouest (Denguélé)
Cette zone correspond à la région agro écologique de savane, permettant la pratique de cultures
vivrières, de l’anacarde et du coton. Cette zone est en sécurité alimentaire en général avec érosion
des moyens d’existence durables (1B) du fait principalement de l’amélioration de la situation
alimentaire des ménages ruraux selon l’EASA 2009. Les principaux facteurs suivants peuvent aussi
être énumérés :
• La faible densité de population favorise une meilleure disponibilité des productions agricoles
pour les ménages.
• La proportion de ménages en sécurité alimentaire est de 90% contre seulement 0,9% en
insécurité alimentaire sévère, le deuxième taux le plus faible du pays.
• Cette zone est marquée par une forte proportion de ménages pauvres en 2008 (P0 supérieur à
0,489).
9.3. Zones en « insécurité alimentaire modérée »
Région du Nord Ouest (Bafing et Worodougou), Région Nord (Savanes), Région Nord Est (Zanzan) et Ouest (Montagnes et Moyen Cavally)
Cette zone est en insécurité alimentaire modérée à cause des principaux facteurs suivants :
• Les prévisions des récoltes de vivrier (maïs et de riz notamment) sont moyennes à mauvaises
en raison d’une interruption des pluies et du décalage du calendrier cultural de 1 à 2 mois en
particulier dans le Nord et l’Ouest (Guiglo).
- 18 -
• La crise cotonnière prive les planteurs de leur principale source de revenus, provoque leur
endettement (77% des ménages dans le Bafing et 67% dans les Savanes selon l’EASA 2009)
et diminue l’accès des ménages à cette culture dans certaines localités, nonobstant une
reprise timide en 2008 dans la Région des Savanes. La fixation tardive du prix de l’engrais
subventionné par l’Etat pour la campagne 2009 (pas encore effectuée à un mois du début des
récoltes) n’a semble t-il pas eu d’effets positifs sur les mises en place de la présente
campagne.
• Les prix de l’anacarde sont restés bas (inférieur à 100 FCFA/kg) et provoquent une diminution
du pouvoir d’achat accentuée pendant la période de soudure. Les producteurs ont perdu
environ 18% de leur pouvoir d’achat entre avril et juin de cette année.
• Les avoirs relatifs aux moyens d’existence sont globalement en baisse, en particulier :
o la baisse des effectifs bovins (notamment des bœufs de culture attelée) à cause des
diverses pathologies animales qui se sont développées ces dernières années
notamment au Nord et dans le Zanzan (cowdriose, trypanosomiase, barbesiose,
anaplasmose, etc.), de l’insuffisance du suivi sanitaire adéquat avec pour conséquence
majeure la diminution de la capacité productive des paysans ;
o l’insuffisance des prestations du système de santé et éducatif avec les difficultés
d’accès à alphabétisation et aux soins de santé ;
o l’appauvrissement des sols au nord avec comme corollaire directe les faibles
rendements notamment dans la zone dense de Korhogo (pas d’accès à l’engrais) ;
o la faible présence de l’administration malgré la poursuite du processus de
redéploiement ;
o les difficultés d’accès aux soins (pas d’interventions additionnelles) suite à la rupture du
programme de gratuité des soins aux malnutris (Danané, Bangolo) et de nombreux cas
soupçonnés de kwashorkor dans les Montagnes surtout à Blolequin ;
o les infrastructures économiques dégradées malgré une reprise partielle de l’entretien
routier.
• Le maintien des prix élevés des denrées alimentaires de première nécessité, des intrants
agricoles (engrais inaccessible pour les ménages ruraux) continue de fragiliser les ménages
déjà vulnérabilisés par la flambée des prix de 2008 et les effets latents de la crise
sociopolitique de 2002.
• La situation nutritionnelle des enfants de 6 à 59 mois est jugée médiocre dans les régions du
Nord, du Bafing et des Montagnes pour la malnutrition aigue selon la dernière enquête
SMART 2009. La comparaison avec les résultats du SMART de juillet 2008, indique
néanmoins une amélioration en raison des taux acceptables à médiocres de moins de 10%.
- 19 -
• La recrudescence dans le Moyen Cavally des vols à domicile/commerces, des braquages avec
les coupeurs de routes (23 cas en août et 27 dans la première moitié de septembre) sur les
voies secondaires menant aux villages (sur les axes Duékoué-Bangolo, Guiglo-Duékoué,
Guiglo-Zagné-Taï et l’axe Duékoué-Guessabo-Daloa et la présence de nombreux groupes
d’autodéfense/milices, apparemment encore armés, constituent un autre facteur important
d’insécurité.
• La situation de cohésion sociale reste toujours préoccupante dans le Moyen Cavally à cause
des conflits fonciers (occupations anarchiques des forêts classées) entre les communautés
autochtones et allogènes/allochtones retournées, notamment les forêts classées du
Département de Blolequin (Goin Débé, Mont Péko, SCIO), dans les régions du Haut
Sassandra et du Worodougou (Mont Ko et de Yarani) et des Montagnes.
• La zone présente des taux d’insécurité alimentaire de plus de 12% (moyenne nationale) avec
des pics respectifs de 29% dans le Bafing, le Moyen Cavally et de 23% dans la région des
Montagnes
• Cette zone est enfin la plus pauvre de la Côte d’Ivoire selon l’ENV 2008 (P0 = 77,3% dans la
Région des Savanes et P0 = 63,2% dans l’Ouest), taux les plus élevés en Côte d’Ivoire.
• Les termes de l’échange se sont détériorés dans le nord pour les produits de rente comme
l’anacarde, l’arachide ; La comparaison de juin 2008 à juin 2009 montre une détérioration de
17% pour l’anacarde et 18% pour l’arachide ; la vente respective d’un kg d’anacarde et
d’arachide ne suffirait à acquérir que 0,38 kg et 1,08 kg de riz en juin 2009, selon l’EASA.
10. Risques de détérioration de la phase de sécurité alimentaire
Le Groupe de Travail, IPC de la Côte d’Ivoire a lancé trois (3) situations de « veille/risque de dégradation de la phase » :
• Un Risque modéré de passer en phase 3 (crise alimentaire et des moyens d’existence aiguë)
dans le Bafing en raison de :
- un afflux potentiel des réfugiés et/ou de retour de populations à la frontière guinéenne
en relation les contestations relatives aux futures élections présidentielles et le risque
de rallongement de la période de soudure lié à la malnutrition ;
- une trop forte dépendance de la population aux activités commerciales et pastorales au
détriment de la pratique agricole qui a été fragilisée davantage par la clôture du projet
soja et les perturbations de fonctionnement des exploitations sucrières ;
- 20 -
- la faible capacité d’accès à la nourriture et à des besoins élémentaires de base en
raison du taux d’endettement des ménages de cette région : 77% avec une moyenne
d’emprunt supérieure à 100 000 FCFA ;
- les transferts d’argent des migrants constituent une source de revenus des ménages
ruraux dans le Bafing (2,9 %, taux le plus élevé des 19 régions du pays). Avec la crise
mondiale, les fréquences et les montants des transferts d’argent se sont amenuisés.
- la prévalence de la malnutrition aigüe globale (8,3%) chez les enfants de 6 à 59 mois
est jugée précaire et le taux d’insécurité alimentaire atteint 29% selon EASA 2009.
• Deux veilles (surveillances simples) :
1. Veille sur toute la région des Savanes en raison de la baisse de pluies et du décalage
du calendrier cultural de 1 à 2 mois (plus accentué à Tengréla dans la période début
août). Un arrêt brusque des pluies risquerait d’affecter les cultures et présagerait de
récoltes de vivriers moyennes à mauvaises.
2. Veille dans l’ouest (régions des Montagnes et Moyen Cavally), le long de la frontière
du Libéria avec un focus particulier à Danané à cause :
i. du risque d’impact à l’ouest du pays eu égard au contexte de mécontentement
des ex-rebelles au Libéria et au refus d’intégration des ex-réfugiés d’une part et
de la situation socio-politique de la Guinée ;
ii. de la fragilité de la cohésion sociale dans un contexte pré-électoral en raison de
la forte concentration d’allogènes, allochtones et autochtones dans la zone.
L’estimation du nombre de populations affectées au niveau des zones où des alertes ont été lancées
figure dans le tableau de l’annexe 2.
11. Recommandations à court terme
Sur l’ensemble du territoire
• Poursuivre la politique de redéploiement de l’administration (politique, judiciaire et technique) ;
- 21 -
• Renforcer les moyens d’existence des ménages ruraux vulnérables à travers l’organisation des
filières, des programmes de renforcement de leurs productions vivrières pour faire face aux
effets persistants de la hausse des prix, à la paupérisation grandissante et aux aléas
pluviométriques localisés (distributions de semences de qualité (céréales, maraîchage) et
d’engrais), amélioration de la production des filières semencières, amélioration de l’accès aux
bœufs d’attelage au nord, réhabilitation de périmètres irrigués et formation en gestion desdits
périmètres, activités génératrices de revenus, etc.) ;
• Faire un plaidoyer auprès des autorités pour lever les difficultés de commercialisation (taxes
illégales, état des pistes, tracasseries routières, etc.) et faire face à la montée des problèmes
de sécurité sur les routes ;
• Soutenir les ménages extrêmement vulnérables affectés par notamment le maintien des prix
élevé à travers des distributions de vivres en période de soudure ;
• Poursuivre le processus électoral pour créer un cadre propice à la relance des programmes de
développement ;
Dans les régions du Nord
• Poursuivre les programmes de prévention et de prise en charge de la malnutrition ;
• Poursuivre la restructuration des filières « anacarde » et « coton » ;
• Soutenir les productions d’élevage à travers la poursuite du renforcement des services
vétérinaires (publics et privés) ;
Dans les Régions de l’Ouest
• Développer en urgence des programmes de prévention et de prise en charge de la
malnutrition ;
• Maintenir la protection des déplacés et appuyer la Réinstallation/Réinsertion des populations
retournées et des jeunes à risques (ex-combattants, etc.) ;
• Poursuivre le plaidoyer auprès des autorités sur les conflits fonciers entre communautés et
renforcer les activités de cohésion sociale ;
• Augmenter la production vivrière des ménages vulnérables et favoriser l’accès à la terre des
ménages ;
• Développer des programmes de développement des filières cacao et café (lutte contre les
maladies, promotion de la qualité, structuration des organisations paysannes, etc.) ;
- 22 -
12. Recommandations à moyen et long termes
Sur l’ensemble du territoire
• Mettre intégralement en œuvre le programme de relance de la rizicole et les programmes de
relance de la production des autres vivriers afin réduire les effets latents de la hausse des prix
d’une part et diminuer les importations de riz pour rendre la Côte d’Ivoire autosuffisante en
produits vivriers ;
• Poursuivre la réhabilitation et l’entretien des pistes, des pompes villageoises et des autres
infrastructures économiques ;
• Mettre en œuvre des politiques de développement agricole et forestier, afin de lutter
efficacement contre le déboisement ;
• Favoriser les politiques de libre circulation et d’échanges des biens à l’intérieur du pays
(agricoles et non agricoles) ;
• Poursuivre la mise en œuvre du programme de sécurisation foncière pour résoudre de façon
durable les conflits fonciers ;
• Développer les politiques de gestion durable des ressources naturelles ;
• Favoriser la diversification agricole et la promotion d’activités génératrices de revenus (AGR) ;
• Renforcer les programmes de lutte contre le VIH SIDA dans les zones les plus affectées ;
• Renforcer les programmes de prise en charge des malnutris aiguë sévère et de prévention de
la malnutrition (programmes d’éducation nutritionnelle, de diversification alimentaire, de
renforcement des moyens d’existence des ménages,..).
En zones Centre, Nord et Ouest
• Poursuivre le redéploiement des agents de l’administration publique notamment de la santé et
de l’éducation ;
• Poursuivre la réhabilitation des écoles et des centres de santé ;
• Poursuivre le redéploiement du tissu bancaire et financier et améliorer davantage l’accès des
ruraux au crédit ;
• Développer des politiques de diversification agricole auprès des producteurs d’anacarde et de
coton ;
• Poursuivre la réactivation des comités de gestion des conflits entre éleveurs et cultivateurs et
faire de la sensibilisation au respect des couloirs de transhumance ;
• Mener des programmes d’alphabétisation fonctionnelle.
- 23 -
13. Recommandations spécifiques
Au groupe de travail IPC et à tous les acteurs de la sécurité alimentaire et de la nutrition
• Initier des requêtes pour la réalisation périodique des grandes enquêtes de base du type
Evaluation approfondie de la sécurité alimentaire, MICS, SMART et EDS, afin d’actualiser les
données de base en Côte d’Ivoire sur la sécurité alimentaire et la nutrition ;
• Elargir le Groupe de travail ou au besoin servir d’interface avec certaines structures clés
comme le Ministère de la Santé, le CNRA, la Banque mondiale, etc. pour affiner les analyses
causales sur la santé et la malnutrition, les maladies des cultures, les problèmes structurelles,
etc. ;
• Finaliser et opérationnaliser le Système d’Alerte Précoce (SAP) ;
• Mettre en exergue et formaliser les complémentarités au niveau national entre l’IPC et le
Cadre Harmonisé Bonifié, afin de mieux suivre l’évolution des acquis, dégager les besoins
réels en matière d’évaluations et alimenter le SAP ;
• Travailler à l’élaboration d’une carte commune de moyens d’existence de la Côte d’Ivoire, avec
tous les pairs intervenant dans la sécurité alimentaire ;
• Harmoniser et regrouper si possible les strates au niveau de certaines enquêtes générales
suivant le découpage des zones des moyens d’existence, afin de faciliter l’analyse IPC ;
• Maintenir le calendrier des rencontres du Groupe de Travail IPC à savoir deux rencontres par
an : une en septembre (après la mission de suivi de la campagne agricole à mi-parcours) et
une en février (avant le commencement de la période de soudure). Des rencontres ad hoc lors
de la publication d’informations essentielles doivent également être envisagées.
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Annexe 1 : Liste des sigles et des acronymes
ACF Action contre la Faim APROMAC Association des Professionnels du Caoutchouc naturel de Côte d’Ivoire BNEDT Bureau National d’Etudes Techniques et de Développement CIDT Compagnie Ivoirienne pour le Développement des Textiles CILSS Comité Inter Etats de lutte contre la Sécheresse au Sahel CNRA Centre National de Recherche Agronomique EASA Enquête Approfondie de la Sécurité Alimentaire des ménages ruraux en Côte
d’Ivoire EDS Enquête Démographique et de Santé ENV Enquête sur le Niveau de Vie des ménages FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture F CFA Franc de la Communauté Financière Africaine INS Institut National de la Statistique IPC Classification intégrée de la phase de sécurité alimentaire IRC International Rescue Committee kg Kilogramme LMR Limites maximales de résidus MAG Malnutrition Aigüe Globale MICS-3 Enquête par grappe à indicateurs multiple MINAGRI Ministère l’Agriculture MIPARH Ministère de la Production Animale et des Ressources Halieutiques OCHA Bureau de Coordination des affaires humanitaires des Nations Unies OCPV Office d’aide à la commercialisation des produits vivriers OIE Organisation mondiale de la santé animale OMS Organisation Mondiale de la Santé ONG Organisation Non Gouvernementale PAM Programme Alimentaire Mondial PNN Programme National de Nutrition PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement RGPH Recensement Général de la Population et de l’Habitat SAP Système d’Alerte Précoce SODEXAM/DMN Société d’exploitation et de Développement aéroportuaire, aéronautique et Météorologique/ Direction de la Météorologie Nationale UNFPA Fonds des Nations Unies pour la Population UNICEF Fonds des Nations Unies pour l’enfance
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Annexe 2 : Données démographiques
IPC : Estimation ménages affectés *** SAG IAM CAACME
Données démographiques
Total
RGPH98
Projection
2008*
Phase 1 Phase 2
Phase 3
Total population
affectée (phase 2+phase3)
% en phase 83% 14% 3% Savanes : 929 673 1 294 393
Savanes : Population 1 070 463 185 098 38 832 223 930
% en phase 0,70 0,24 0,06 Bafing 139 251 193 881
Bafing Population 135 911 47 113 10 857 57 970
% en phase 0,77 0,16 0,07 Biankouman 122 224 178 443
Biankouman Population 136 866 28 729 12 848 41 577
% en phase 0,77 0,16 0,07 Danané 314 428 459 055
Danané Population 352 095 73 908 33 052 106 960
% en phase 0,71 0,17 0,12 Total Zone Guiglo - Blolequin - Péhé** 146 051 159 923
Total Zone Guiglo - Blolequin - Péhé*** Population 113 385 27 507 19 031 46 538
Total 2 285 695 Total
1 092 575 431 339 183 784 476 975
* : Taux de croissance démographique 3.5%/an dans Zou 50% autochtones sont rentrés ; les autochtone représentaient 50% de la population) ** : S/P de Guiglo et de Blolequin sauf villes de Guiglo et de Blolequin *** : Les % viennent de l’EASA 2009 N.B : Les estimations des ménages affectés se sont essentiellement basées sur les résultats de l’EASA 2009 : Phase 1 IPC : Classe en Sécurité Alimentaire de l’EASA 2009 Phase 2 IPC : Classe en Insécurité Alimentaire Modérée de l’EASA 2009 Phase 3 IPC : Classe d’Insécurité Alimentaire Sévère de l’EASA 2009
Il est bon de notifier que les pourcentages de populations indiquées dans les attributs définitoires concernent plus les populations en insécurité alimentaire (données de l’EASA 2009), plutôt que des populations dans une phase spécifique de l’IPC. La mise à disposition de données récentes et l’affinement de l’exercice IPC au niveau international devraient permettre aux prochains cycles d’analyse d’avoir des attributs définitoires avec des pourcentages de populations qui cadrent mieux avec les différentes phases IPC.
NB : Pour les localités de l’ouest (Zou, etc.), les chiffres sont hypothétiques, vu l’ampleur des déplacements et le manque de données
exhaustives sur les retours.
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Annexe 3 : Table de référence de l’IPC
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Risques d’aggravation
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