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Réalisé par Thierry DELAMOTTE CPD TICE/Cinéma – Ecole et Cinéma ORNE – Mars 2006

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ECOLE ET CINEMA Formation du 21 mars 2007 Dossier réalisé par Thierry DELAMOTTE CPD TICE – Cinéma - IA ORNE

D o s s i e r p é d a g o g i q u e

F i l m d e c y c l e I I

C o u r t s m é t r a g e s c h i n o i s 山水

S O M M A I R E PREMIERE PARTIE - Préambule / Introduction-------------------------------------------------------------------- p. 2 - Le cinéma d’animation en Chine : Les précurseurs / le Studio de Shangaï --- p. 3 - Les réalisateurs du programme de courts---------------------------------------------- p. 4 (Te Wei – Ah Da – Zhou Keqin – Hu Jinqing) - Les films du programme 2 ---------------------------------------------------------------p. 5-6 - Les techniques utilisées -------------------------------------------------------------------- p. 7 Eléments de la culture chinoise : - La calligraphie, la peinture chinoise, le Shanshui ----------------------------------p. 8-9 - Confucius --------------------------------------------------------------------------------------p. 10 - Quelques contes et fables chinoises : - Le chien, le chat et la baguette magique ----------------------------------------------p. 11 - Le musicien et le marchand---------------------------------------------------------- p. 12-14 - Quelques références pour aller plus loin :---------------------------------------------p. 15 DEUXIEME PARTIE - Le cinéma d’animation (1892-…)--------------------------------------------------- p. 16-19

Le Thaumatrope inventé au début du 19ème siècle par deux anglais : Fitton et Paris

Zootrope inventé par William Horner en 1833

Praxinoscope, inventé par Emile Reynaud en 1877

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P R E M I E R E P A R T I E

F i l m s « C o u r t s m é t r a g e s c h i n o i s »

山水

P r é a m b u l e : Ces courts métrages sont issus d’une série de 7 courts métrages chinois distribués par la société « Les films du paradoxe ». ► Consulter leur site : http://www.filmsduparadoxe.com/impression.html ► Le DVD des 7 courts peut être acquis par les écoles http://www.filmsduparadoxe.com/bc.pdf (pour les écoles à un tarif préférentiel 19€).

Deux montages existent pour Ecole et Cinéma : Cycle I/II

(35 min.) L’épouvantail de Hu Jinqing (1985, 10 mn)

Les têtards de Te Wei (1960, 15 mn, lavis)

Les singes qui veulent attraper la lune de Zou Keqin (10 mn, papier découpé)

Cycle II/III

(48 min.)

Les 3 moines de Ah Da (1980, 19 min, gouache)

Les singes qui veulent attraper la lune de Zou Keqin (1981, 10 mn, papier découpé)

Impression de montagne et d’eau de Te Wei (1988, 19 min, lavis animé encre de chine et

aquarelle)

I n t r o d u c t i o n : Si en matière de cinéma d’animation asiatique, on pense immédiatement à la production japonaise (et dans une moindre mesure au petit frère coréen), on connait en revanche beaucoup moins, voire pas du tout, la création chinoise. Or, certains artistes chinois ont réussi à créer sous la Chine maoïste. On doit donc beaucoup au distributeur des Films du paradoxe de nous faire découvrir aujourd’hui ces petits bijoux du 7ème art. Véritables révélations primées dans de nombreux festivals internationaux, ces histoires courtes, tirées de contes ou proverbes chinois ancestraux constituent un riche éventail de créations, dont les racines à la fois picturales et philosophiques remontent à plus de 3000 ans ! Ce sont des œuvres «artisanales» uniques créées, comme elles le démontrent, avec beaucoup de patience et une notion du temps très particulière : «Le temps a tout le temps». Elles utilisent, certes les règles universelles du «cinéma d’animation» (image par image au rythme de 24 dessins par seconde), mais y mêlent tout l’héritage de la peinture traditionnelle chinoise (associant la calligraphie) ainsi que des références à la pensée philosophique et religieuse chinoise. Enfin, si la plupart des films sont muets, ils sont en revanche sonorisés. Ces éléments constituent des références qui serviront à mieux saisir ces petits chefs-d’œuvre du cinéma.

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L e c i n é m a d ’ a n i m a t i o n e n C h i n e L e s p i o n n i e r s : Les pionniers du film d’animation chinois sont les trois frères Wan : Laiming, qui se passionne pour le dessin animé, Guchan, qui mettra au point la technique de papiers découpés et Chaochen qui se spécialisera dans les marionnettes. Ils produiront ensemble « La révolte des silhouettes en papier » (1926) et le premier long métrage d’animation chinois «La princesse à l’éventail de fer» (réalisé par Laiming et Guchan en 1941, et qui s’inspire de la légende du Roi des singes. 70 dessinateurs y travailleront pendant un an et demi). L e s s t u d i o s d e S h a n g a ï La République Populaire (proclamée en 1949) crée en 1957 le Studio des films d'animation de Shanghai nommé en chinois « Studio d’Art ». L’expression est on ne peut mieux choisie, puisque ces studios réuniront tous les artistes peintres et dessinateurs les plus célèbres. Conjuguant leurs talents, tous ces artistes aspirent à créer des œuvres esthétiques remarquables susceptibles de faire découvrir aux jeunes le monde qui les entoure, ainsi que l’Art et les valeurs universelles. Pendant toutes les années 50, et jusqu'au milieu des années 60, les films d'animation chinois connaissent une période florissante dans le pays. Préférant la force de l’image et du mouvement à la parole, les courts métrages d’animation des Studios d’Animation de Shangaï font acte de poésie et d’exigence artistique. Ce sont de vrais moments d’émerveillement. Les créateurs, réunis autour de Te Wei, se détournent des modèles occidentaux pour chercher une inspiration plus personnelle, et s’orientent ainsi vers de nouvelles techniques tournées vers le papier découpé, la peinture sur verre et surtout le lavis et le dessin à l'encre de chine (voir plus loin). De 1965 au début des années 80, le lavis sera interdit car il utilise l’art du lettré, de la calligraphie et autres peintures traditionnelles, donc « intellectuel » dont Mao a juré l’élimination. Te Wei et ses collaborateurs sont envoyés en rééducation à la campagne. L’état va contrôler les productions du Studio de Shangaï. Il faudra attendre la fin des années 70 (Mort de Mao en 1976) pour que le Studio d’Art retrouve son souffle créatif. Les films du programme de courts distribués par les Films du paradoxe sont pour la plupart issus de cette époque de renouveau. Ils ont tous été primé et obtenu une reconnaissance internationale. Actuellement, la création chinoise se heurte à de gros problèmes. Aux films d’animation nationaux, le jeune public préfère de plus en plus les comédies et films d’actions américains ou les productions animées des voisins nippons et coréens. Cet engouement a forcé le gouvernement à mettre en place des mesures protectionniste au début des années 90. Un autre problème a surgi avec la télévision qui s’est imposée en Chine comme le média le plus populaire. Le budget consacré au cinéma étant trop négligeable, le coût d’une place est ainsi hors de portée de nombreuses bourses (5€ environ). Parallèlement, le marché du DVD (le plus souvent piraté) a continué à causé une fuite des spectateurs des salles de cinéma.

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L e s r é a l i s a t e u r s : Te Wei : ► films des programmes : Les têtards à la recherche de leur maman (1960 - 15’) ; Impression de montagne et d’eau (1988 – 19’).

Né en 1915, il est à l’origine peintre caricaturiste. Co-fondateur des Studios de Shangaï, il dirigera cette structure jusqu'en 1986. Il donne au Studio une direction élitiste. Agé aujourd’hui de 92 ans, Te Wei est la plus grande personnalité du cinéma chinois. Un virtuose de l’animation. On lui doit la mise au point du « lavis animé » (voir technique)

Ah Da ► Film : Les trois moines (1980 – 19’)

Diplômé de l’école de cinéma de Pékin, il entre au Studio de Shangaï en 1953 où il prend la direction artistique. Admiré pour ses dons exceptionnels, il meurt prématurément à l’âge de 53 ans. Il reste une figure majeure de l’animation chinoise.

Zhou Keqin ► Film : Les singes qui veulent attraper la lune (1981 – 10’)

Diplômé de l’Ecole de cinéma de Shangaï, section animation en 1962, il entre la même année au Studio de Shangaï. Il devient réalisateur de découpages articulés. Il dirige actuellement la « Compagnie de coproduction Yilimei » (émanation des studios de Shangaï).

Hu Jinqing ► Film : L’épouvantail (1985 – 10 min. – programme 1) - La mante religieuse (1988 – 5 min. – Sur le DVD) ; L’aigrette et l’huitre (1983 – 10 min. – Sur le DVD)

Diplômé de l’Ecole de cinéma de Pékin, section animation, il entre au Studio de Shangaï en 1953. Il y devient spécialiste des animations en découpages de papier. Il reçoit en 1983 le Coq d’or pour l’ensemble de ses œuvres, puis en 1984, l’Ours d’Or des films courts au Festival de Berlin.

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L e s f i l m s ( P r o g r a m m e 2 ) Les trois moines de Ah DA Chine, 1980, 19minutes, Couleur, Musical. Dessins animés peinture gouache sur cellulos Ours d'Argent Berlin 1982, Prix d'excellence en Animation Beijing 1981

Synopsis :

Trois moines- un petit, un grand et un gros- arrivent tour à tour au sommet de la montagne où est situé le monastère, le problème d'approvisionnement en eau (il faut descendre la montagne jusqu'au cours d'eau, puis remonter les seaux), finit par semer la zizanie entre eux, jusqu'au jour où un incendie se déclare, mettant tout le monde d'accord.

Le sujet : Il s’agit de la transposition sans parole, de manière ironique et très drôle, d’un ancien proverbe chinois traditionnel : «Un moine seul porte deux seaux d’eau, deux moines portent un seul seau et quand ils sont trois, ils manquent d’eau… ». Ce proverbe montre la tendance à se reposer sur les autres, chacun estimant travailler suffisamment. La plus simple des tâches est toujours plus épuisante lorsqu'on peut la déléguer... Une fable universelle et très morale sur l’égoïsme et l’hypocrisie de l’espèce humaine, tous régimes confondus1. Ah Da nous emmène dans un monde insolite, unique en son genre, très « zen » dans ce film, où se mêlent poésie et ironie et une foule de gags et d’inventions tant visuelles que sonores, un peu à la manière de Tati. Le film joue principalement sur deux registres comiques, celui de situation et bien sûr celui de répétition, là où au vu du sujet on aurait pu croire à l'affrontement de trois moines aux personnalités bien distinctes... Mais malgré leurs différences physiques, les trois protagonistes se ressemblent énormément dans leur caractère, sans doute à cause du fait qu'il n'y ait pas de dialogue pour les fouiller et donc construire un comique de personnage. Le récit n'a de toute façon pas besoin de cela, le rythme étant suffisamment bien géré pour que l'on ne s'ennuie pas une seconde, et ce, jusqu'à la fin, drôle même si gentillette et un tantinet moralisatrice.

La technique : Le dessin animé est de facture classique (à l’occidentale), mais terriblement original. Il est réalisé à la gouache sur cellulo et incluant de manière naturaliste (et presque surréaliste) des musiques bouddhiques traditionnelles, y compris de nature sacrée. Les singes qui veulent attraper la lune de Zhou KEQUIN Chine, 1981, 10 minutes, Couleur, Musical. Papier découpé (déchiré). Prix Festival International du Film d’animation pour enfants, Ottawa, 1982 – Prix du meilleur court métrage, Festival du Film de Bulgarie, 1987

Synopsis : Par une belle nuit claire, un groupe de singes essaient d’attraper la

lune. Après avoir décidé de grimper les uns sur les autres, ils constatent bien vite qu’ils ne parviendront pas à l’atteindre. C’est alors que l’un d’entre eux, voyant le reflet de l’astre de la nuit au fond d’un puits, persuade ses amis de le capturer à la surface de l’eau !

Le sujet : Il s’agit de l’adaptation d’une histoire populaire très ancienne, inspirée des pensées de Confucius qui démontre que : « Toute apparence est fausse ». Si l'aspect "lavis" est moins marqué du fait d'un choix de couleurs que ne renierait pas Michel Ocelot, le dynamisme de la mise en scène et la rapidité de l'action surprennent dans un domaine qui nous avait tant habitués à une certaine "beauté statique". Sans rien perdre en richesse des détails, la fluidité de l'animation nous fait oublier l'habituelle mécanique de marionnettes du papier découpé...

1 A partir du document d’accompagnement de DVD, édition Films du paradoxe http://www.filmsduparadoxe.com/impressioncat.html

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Zhou Keqin a développé au maximum les péripéties de cette nuit folle au fond de la forêt. Un brin d'humour et beaucoup de poésie pour une œuvre fascinante, La musique, aux consonances européennes, était préexistante au scénario et au tournage.

La technique : Il s’agit d’une technique de lavis découpé qui est en fait déchiré et dont les fibres imbibées de couleur donnent cet aspect incroyablement duveteux aux singes qui semblent couverts d’une épaisse fourrure. Un clin d’œil amusé aux ombres chinoises. Impression de montagne et d’eau de Te WEI Chine, 1988, 19 min., couleur, sonore sans paroles, lavis animé à l’encre de chine et à l’aquarelle sur papier de mûrier.

Prix 1988 festival Film Shangaï, 1er Prix du Festival International Films d’Animation Shanghai 1988 Grand Prix au Festival d’Animation de Beijing 1989 Prix du Meilleur Court Métrage Festival International de Films de Montréal 1990 Prix du Meilleur Film au Festival International du Film d’animation de Mumbai 1992

Synopsis

Pour le récompenser de lui avoir porté secours sur le chemin vers son village dans les montagnes, un vieux musicien apprend à un tout jeune pêcheur son art du luth. Une profonde amitié naît entre eux, jusqu’au jour où le vieil homme, après lui avoir fait don de son propre instrument de musique, s’évanouit dans le paysage...

Le sujet :

Te Wei ne procède pas véritablement de l’art du récit mais plutôt de celui de la sensation. Accompagnée d’une musique traditionnelle pour luth, elle met en scène, sans l’ombre d’un dialogue, la transmission de son savoir instrumental par un vieux maître à un jeune homme. L’impression d’harmonie, de beauté et de sérénité qui se dégage de ce film, où l’art du vide propre à la perception chinoise du monde se déploie dans toute sa délicatesse et sa puissance, est en vérité difficilement transmissible par les mots. Un univers subtil et moiré, en proie à un éternel engendrement, où la simple chute d’une feuille serait comparable à une fulgurance poétique. (…) Jacques Mandelbaum, Le Monde - 6 octobre 2004

La technique : Le film utilise une technique unique au monde, mise au point par le peintre caricaturiste Tei Wei depuis 1960 avec son film «Les têtards à la recherche de leur maman» (1960) : le lavis animé à l’encre de chine et à l’aquarelle dont il est le seul à connaître le secret. L’animation est si parfaite et si magique que l’on en oublie les difficultés. Ces 19 minutes de «lavis animé» ont nécessité plus de 20 000 clichés et près de 12 000 peintures ! Ce film survole dix siècles de la peinture chinoise, résumé animé de l’histoire de l’art chinois regroupant des centaines d’œuvres du patrimoine traditionnel. NB : Le shanshui (chinois : montagne-eau), est un type de représentation de paysage très répandu dans la peinture chinoise (voir plus loin). Impression de montagne et d’eau, (…) est un des quatre films jamais réalisés dans l’histoire de l’animation chinoise grâce à cette technique

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L e s t e c h n i q u e s : S’ils utilisent les règles universelles du « dessin animé » (24 images / seconde), ces films se détournent résolument des modèles plastiques occidentaux pour s’orienter vers de nouvelles techniques comme :

- le papier découpé, - la peinture sur verre - et surtout le lavis et le dessin à l’encre de chine.

La grande innovation et originalité résidera dans la mise au point (toujours mystérieuse à ce-jour) du « lavis animé » et du « lavis découpé » par Te Wei à la fin des années 50. Un travail qui puise dans la grande tradition millénaire de la calligraphie et de la peinture chinoise : une esthétique unique au monde découverte et remarquée dans les grands festivals internationaux.

Marie-Claire Quiquemelle, responsable du Centre de Documentation du Cinéma Chinois de Paris. «La peinture sur papier de mûrier, à l’encre et à l’aquarelle, est régie par des règles particulières. A priori, on est très loin du dessin animé traditionnel. Ici, il n’y a pas de trait délimitant précisément les formes mais des lignes de force plus ou moins appuyées et variables en fonction de la quantité d’encre qui imbibe le pinceau. Les formes apparaissent comme des taches aux contours flous lorsque le peintre appuie plus ou moins sur le papier pour qu’il boive la couleur qui s’étale en une infinie variété de nuances. L’exécution est très rapide, et comme il est impossible de reprendre un geste maladroit, le peintre rejette parfois plusieurs feuilles avant d’obtenir le résultat recherché. Quant à refaire deux fois la même chose, c’est pratiquement impossible... Dans de telles conditions, photographier image par image, en respectant la fluidité des mouvements des personnages semble un pari irréalisable. Comment une telle performance a-t-elle été possible ? Te Wei raconte qu’on lui a souvent posé la question. Mais il n’a jamais dévoilé le secret. «Impression de montagne et d’eau» est un véritable petit chef-d’œuvre.

De José Emmanuel Moura (Orient Extrême)2 Lavis animé... Te Wei s'est inspiré des peintures du célèbre peintre Qi Baishi 3. Le lavis est une technique de peinture à l'eau très particulière, qui offre entre autres une grande rapidité d'exécution, et une infinité de couleurs par les nuances de dosages entre la peinture et l'eau. Point de trait ici, simplement la délicatesse de la couleur, rehaussée par les teintes particulières du papier de mûrier. Une absence de trait qui conduit à un certain flou artistique pour les contours, et qui conjugué avec les superbes dégradés offre une sensation de relief rare, sublimée par l'animation fluide et les délicates variations d'une peinture-image à l'autre. On regrettera peut-être le manque de mouvements, mais aucune autre technique de dessin n'aura jamais offert de tels volumes, des images à la fois si profondes et épurées. ... Puis découpé. Mais le lavis animé coûte très cher. Au point que seuls quatre films ont été produits de cette manière, et qu'il n'y en aura probablement plus jamais. D'où le recours au lavis découpage, mélange entre le lavis animé des Têtards à la recherche de leur maman et le découpage articulé si souvent utilisé dans les films en silhouettes. Le résultat permet une palette de mouvements plus large et plus économique qu'avec la méthode de Te Wei, mais curieusement cela appuie l'aspect statique des peintures, et l'ensemble perd en dynamisme. 2 www.orient-extreme.net/index.php?menu=mangas_animation&sub=critiques&article=183 3 (1969-1957) Peintre populaire chinois, qui excellait dans la représentation de la nature et de ses habitants. Plus que de copier la nature, son but était de retranscrire l'émotion qui s'en dégageait.

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- E L E M E N T S D E C U L T U R E C H I N O I S E -

L a p e i n t u r e c h i n o i s e ► CF dossier du distributeur : http://www.filmsduparadoxe.com/montagne.pdf LA CALLIGRAPHIE («Shufa») est considérée comme l’une des quatre disciplines artistiques majeures, avec la peinture, la poésie et la musique. Elle est omniprésente dans la vie quotidienne : on peut observer de beaux caractères sur les enseignes des magasins, sur la vaisselle, sur les bijoux, sur les affiches publicitaires, sur les rochers des jardins, au-dessus des portes des temples. D’origine pictographique, cette écriture est bien plus qu’un simple moyen de communication : c’est une peinture du sens, des idées, qui transcende le verbe. La valeur du signe est primordiale en Chine, et elle est intimement liée à la calligraphie. LA PEINTURE CHINOISE : Dans l’histoire de l’Humanité, la peinture chinoise s’avère comme l’une des plus raffinées et des plus anciennes. Dès l’origine, écriture et peinture utilisent le même outil : le pinceau. Voilà pourquoi il est tout à fait habituel de trouver dans une «peinture», des signes d’écriture ; le peintre étant à la fois poète et calligraphe. Souvent plusieurs cachets (de couleur rouge) font office de signatures et révèlent noms, surnoms, pseudonymes et identité des Maîtres. La peinture chinoise est liée aux grands principes philosophiques du Taoïsme, à l’influence de Confucius (500 ans avant JC) et un peu plus tard du bouddhisme. Les peintres chinois ou « lettrés » pratiquent une peinture guidée par l’esprit, par la pensée intérieure, leur peinture n’est jamais descriptive, même si elle est souvent très expressive et proche de la nature. Malgré une apparente simplicité, la peinture chinoise est pleine de complexité et de subtilité. Certaines peintures de «Montagne et d’eau» (Shanshui) sont réalisées sur de longs rouleaux, pouvant atteindre 15 mètres, comme « Le monde de la terrasse céleste » de Fa Ruothen (1613 - 1696), qui ressemble à un vaste « dessin animé panoramique ». D’une manière générale, les « tableaux » ne sont jamais exposés en permanence. Ils sont déroulés, séquence par séquence à l’occasion de la visite d’invités. Avant d’entamer une œuvre, il est primordial pour le peintre de se préparer mentalement et de rechercher par décontraction et concentration le souffle créateur afin d’atteindre la sérénité et être en harmonie avec le monde. La peinture chinoise, qui n’utilise que le pinceau, l’encre et les couleurs naturelles, possède en réalité une palette d’outils et de matériaux fort diversifiés et complexes. Les pinceaux plus ou moins souples, de grosseur variable, sont fabriqués en poils de chèvre, de loup, de cerf, de lapin... et sont utilisés selon leur qualité pour peindre tel ou tel élément précis de la composition. Il existe aussi plusieurs sortes d’encres obtenues soit à partir de noir de fumée de sapin, de noir de fumée de corps gras ou encore d’un mélange des deux. Une multiplicité de couleurs sont obtenues à partir de pigments naturels mélangés à de la colle liquide, chacune ayant sa symbolique. Ainsi, selon le choix du pinceau, de la composition des encres et des couleurs préparées avec plus ou moins d’eau, le résultat sera différent : on répertorie par exemple quatre propriétés d’encre (épaisse, fluide, sèche, onctueuse) associées à six qualités (noir, blanc, sec, mouillé, épais, fluide) qui sont chacune affectées à des représentations précises qui ne sont pas seulement techniques mais correspondent bien plus à un ordre moral. L’encre fluide, par exemple, correspondant à la nuance suprême est considérée comme plus noble que l’épais. A noter que la création du «lavis» est attribuée à Wang Wei (699 - 759).

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A tous ces éléments, s’associe la diversité des supports : à l’origine la soie, puis le papier (de riz, de bambou, de chanvre ou de mûrier) de différentes épaisseurs, absorbants ou très fins. « Montagne et eau », peinture poétique et dépouillée, exige une composition en trois plans et deux sections où tous les éléments sont agencés de manière hiérarchique. En référence directe à ces programmes d’animation, on distingue principalement le style « fleurs et oiseaux », la peinture de personnages, la peinture d’animaux, la peinture de paysages, principalement « Montagne et eau », avec sous les Tang l’attention très particulière de bleu et de vert (VIIème/Xème siècle après JC) (Cf. le film L’Epouvantail : programme 1). A propos de Impression de montagne et d’eau : Le Shanshui

Le mot chinois shanshui (山水) signifie paysage de montagne et de rivière. Il se décompose ainsi : shan 山 montagne - shui 水 eau, rivière. Par extension, il signifie tableau de paysage quand on parle de peinture traditionnelle chinoise. Une montagne baignée par l'eau représente donc la quintessence du paysage. Dans la peinture chinoise, la Montagne et l'Eau sont souvent séparées par un Vide qui peut être de la brume, des nuages. Pourquoi cette séparation ? La peinture chinoise est soumise au principe du Plein et du Vide et à celui de leur succession. Le Vide n'est pas le rien ; il est le lieu de la transformation. Plus largement, la cosmogonie chinoise (théorie de la naissance, de l'organisation et du fonctionnement de l'Univers tout entier) est régie par ce principe de l'alternance dans lequel rien n'est stable, tout se transforme On retrouve ces principes et cette influence dans le taoïsme et le confucianisme. Le Vide entre la Montagne et l'Eau recèle tous les possibles, toutes les potentialités pour que la Montagne devienne Eau et pour que l'Eau devienne Montagne. ► D’autres infos sur le site de la boîte à image : http://laboiteaimages.hautetfort.com/archive/2006/05/22/shanshui.html

山水

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C o n f u c i u s Confucius, en chinois Kongfuzi (551 à 479 avant J-C), a été l’un des philosophes les plus influents de la pensée et de l’histoire chinoise. Il a vécu à peu près à la même époque que Lao Tseu (philosophe chinois) et Bouddha. Ils sont à l'origine des trois religions actuelles de la Chine. L’enseignement de Confucius est basé sur la morale et contient beaucoup de règles de vie pratique. Il a énoncé le premier la loi de bienveillance et de compassion: "Ne faites pas à autrui ce que vous ne voulez pas qu'on vous fasse". Quelques-unes de ses pensées : « Celui qui ne progresse pas chaque jour, recule chaque jour « Ne crains pas de rester méconnu des hommes Crains plutôt de les méconnaître toi-même » « Le sage est calme et serein. L'homme de peu est toujours accablé de soucis ». « L’homme qui fait une erreur et ne la corrige pas commet une 2eme erreur » « La joie est en tout: il faut savoir l'extraire » « La lanterne de l'expérience n'éclaire que celui qui la porte » « Quand vous êtes vivant, appréciez l'insécurité. » « Le sage attend tout de lui-même. Le vulgaire attend tout des autres. « Être humain, c'est aimer les hommes. Être sage, c'est les connaître. « Le sage respecte tout. Avant tout, il se respecte lui-même. « L'homme parfait parle peu. « Le fonctionnaire doit penser d'abord à son service, ensuite à ses appointements. « Entre hommes polis et sincères, il n'y a pas de classe. « Seuls les grands esprits et les sots ne changent jamais. « Pour bien gouverner un état, il faut éloigner les beaux parleurs. Ils sont dangereux. « L'homme qui sait n'hésite pas. « Le sage est ferme, il n'est pas obstiné. « Celui dont la pensée ne va pas loin verra les ennuis de près. « Agissez envers les autres comme vous aimeriez qu'ils agissent envers vous « Ce n'est qu'avec les yeux des autres qu'on peut bien voir ses défauts.

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Q u e l q u e s c o n t e s e t f a b l e s c h i n o i s e s Le chien, le chat et la baguette magique

Un homme et une femme possédaient une bague en or, une bague magique. Celui qui la portait ne manquait de rien. Or, l’homme et la femme ne le savaient pas. Ils vendirent un jour la bague pour presque rien. À peine leur bague fut-elle vendue que la misère entra dans la maison. Bientôt, ils n'eurent plus assez à manger. Ils avaient un chien et un chat qui devaient partager leur triste sort. Ces animaux discutèrent sur la façon de rendre le bonheur à leurs maîtres. Le chien trouva la solution - Il faut reprendre la bague. - Elle est enfermée dans une armoire où nous ne pouvons pas pénétrer, répliqua le chat - Attrape une souris, avisa le chien. En rongeant, elle percera un trou dans l'armoire et reprendra la bague. Dis-lui que si elle n'obéit pas, tu la tueras, ainsi elle le fera bien. Le chat était d'accord. Il attrapa une souris et partit avec elle vers la maison où se trouvait l'armoire contenant le bijou. Le chien les suivit. Ils devaient franchir un fleuve. Comme le chat ne savait pas nager, le chien le prit sur son dos et traversa l'eau à la nage. Le chat porta la souris dans la maison, la souris perça un trou dans l'armoire et en sortit la bague. Le chat prit la bague dans sa gueule et revint au fleuve où le chien l'attendait pour le reprendre sur son dos. Ils prirent le chemin du retour pour rapporter la bague magique à leurs maîtres. Mais le chien ne pouvait, comme le chat, saute par-dessus le toit et quand il y avait une maison, il devait la contourner. Le chat, qui était donc plus rapide, arriva bien avant lui pour apporter la bague à leurs maîtres. L'homme dit à sa femme : - Le chat est une bonne bête. Nous le nourrirons et le soignerons comme si c'était notre enfant. Quand le chien arriva enfin, ils le grondèrent et le battirent, parce qu'il n'avait pas, dirent-ils, aidé le chat à retrouver la bague. Et le chat ronronnait et ne disait rien. Alors, le chien se fâcha contre le chat qui l'avait privé de sa récompense et chaque fois qu'il le voyait, il le pourchassait. Depuis ce jour, chien et chat sont ennemis.

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Le musicien et le marchand

Jadis, il y avait un musicien qui jouait d'une façon divine de toutes sortes d'instruments. C'était une joie de l'entendre. Et, devant sa maison, il y avait chaque jour, aux heures où il étudiait les morceaux de ses concerts, une véritable foule en extase. Quel talent! disait-on. Et que voilà un homme heureux!

Seulement le talent ne se monnaye guère et les hommes heureux doivent manger tout comme les autres. Or, il y avait bien des jours où le musicien aurait préféré être boulanger, il eût été sûr au moins de son pain quotidien. La petite maison qu'il occupait était située non loin de celle d'un riche et avare fermier et celui-ci entrait souvent en passant chez le pauvre musicien.

- Bonjour, voisin, lui disait-il, j'ai un peu de temps à moi, aussi suis-je venu vous demander de me jouer cet air si joli, tra-la-la-la, la, la, la-la! Ah! je l'écouterais toute la journée, tant je l'aime! Faites-moi ce plaisir de me le faire entendre encore. "

Et le musicien s'exécutait, en pensant avec quelque amertume que s'il était allé demander une douzaine d'œufs au fermier, celui-ci l'aurait reçu sans empressement.

-Mon ami, lui dit sa femme, un jour que le garde-manger était particulièrement vide, je ne vous comprends pas. Chacun vous répète toute la journée que vous avez une fortune dans les doigts, et nous sommes toujours aussi pauvres. Si j'étais à votre place, quand on vous demande de jouer un morceau de musique, je le ferais contre argent comptant ou denrée qui le remplace. Notre voisin, ce gros fermier qui est toujours à s'installer chez nous pendant des heures, et à vous déranger au milieu de votre temps d'études, perdrait peut-être cette mauvaise habitude si, en revanche, vous exigiez un paiement quelconque.

-Vous avez raison, ma femme, fit le musicien, et bien qu'il me répugne d'échanger mon art contre de l'argent ou quelque chose qui lui ressemble, je reconnais que je dois agir ainsi. Mais, je vous en prie, rappelez-moi souvent votre conseil afin que je ne l'oublie pas.

-Soyez tranquille, dit la femme, je ne l'oublierai pas, moi. Et ainsi fut fait. Les voisins qui vinrent désormais demander au musicien de leur jouer ce "petit air" -ci ou

ce "petit air" - là durent en échange lui apporter un échantillon de leur commerce ou de leur industrie. Le musicien ne s'enrichit pas beaucoup plus car les visites se raréfièrent, mais au moins y gagna-t-il de n'être plus dérangé inutilement. Le riche fermier, dont les fréquentes venues avaient fait adopter à l'artiste cette mesure pratique, fut un des premiers à se rebiffer d'avoir à payer son plaisir.

- Je ne vous aurais jamais cru si âpre au gain, fit-il en agitant la lourde chaîne d'or qui pendait à son col, et je suis étonné que vous me demandiez de payer ce qui, pour vous, est un véritable amusement. Pour un homme du métier, rien de plus facile que de promener ses doigts sur des touches ou sur des cordes. Ce n'est pas du travail, cela, et le faire payer, ah! fi! fi! je pensais que les artistes étaient des gens complètement désintéressés.

- Hélas, mon voisin, répondit le musicien, je préfèrerais de beaucoup vous faire cadeau de mon temps, car vous avez raison, rien de matériel ne peut être échangé contre la splendeur des rythmes. Mais ma femme assure que les notes n'emplissent pas notre garde-manger et que les applaudissements et les compliments n'engraissent en aucune façon. Ne m'en veuillez donc pas trop de mon "âpreté au gain ".

- Bon, bon! fit le fermier avec brusquerie, puisque c'est ainsi, gardez votre musique, voisin, je passerai mon temps autrement.

Plusieurs jours s'écoulèrent sans ramener le gros fermier. Le musicien et sa femme se félicitèrent d'une

résolution qui les délivrait des importuns, quand un matin leur voisin entra, le sourire aux lèvres. - Je viens voir, dit-il, si vous pourriez me jouer ce joli petit air, vous savez... Tra-la-la-la, la, la, la-la... J'en

rêve la nuit et je me le fredonne toute la journée. Je vous entendrais avec un immense plaisir. Le premier mouvement du musicien fut de prendre son instrument et d'accorder au fermier le plaisir qu'il

lui demandait, mais un regard de sa femme lui rappela leur convention, et il répondit: - Vous savez, voisin, que je ne puis donner de mon temps sans rien recevoir en échange. Que m'offrez-

vous pour me dédommager? - Quoi, dit le fermier, vous persistez dans cette idée indigne d'un véritable artiste? - Oui, car lorsque je suis à table, je suis un homme comme un autre. - Quelle idée! Quelle idée! fit le dernier en s'agitant d'un air mécontent. Mais je ne vous demande que

deux ou trois petites mesures de rien du tout, Tra-la-la-la, Tra-la-la-la la-la. - J'entends bien, dit le musicien avec froideur, et si vous voulez me donner, mettons deux litres de lait, je

suis prêt à vous jouer l'air que vous demandez pendant deux heures. Le fermier tergiversa et discuta longuement, mais le musicien tint bon, car il était indigné de l'avarice de

cet homme si riche. - J'accepte, fit enfin le fermier en poussant un gros soupir, mais jouez exactement pendant deux heures.

Réalisé par Thierry DELAMOTTE CPD TICE/Cinéma – Ecole et Cinéma ORNE – Mars 2006

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- Marché conclu! dit le musicien. Et pendant deux heures, il exécuta la mélodie demandée d'une façon chaque fois plus suave et plus

expressive. Au bout de ce temps, le fermier se retira. Mais le soir, puis le lendemain et le surlendemain se passèrent sans qu'il apportât le modeste payement exigé par le musicien. Le quatrième jour, on frappa à la porte. C'était le gros fermier. Il entra et s'assit.

- Voisin, dit-il, je viens vous demander mon petit air... Tra-la-la-la, la, la, la-la... - Et d'où vient que je n'ai pas reçu les deux litres de lait dont nous étions convenus? fit le musicien. - Deux litres de lait? Bah! Y teniez-vous vraiment? J'avais cru à une plaisanterie... - Non pas. Je vous l'ai dit je ne puis donner mon temps sans rien recevoir en échange. - Bon! Et bien! Ce sera pour demain, vous aurez vos deux litres de lait. Jouez donc. Tra-la-la… - Je vais jouer, dit le musicien, mais à une condition, c'est que, cette fois, vous n'oublierez pas de me

payer. - Je vous le promets. Le musicien prit son instrument, et pendant deux heures charma son voisin. Mais le lendemain et le

surlendemain celui-ci ne vint pas apporter le lait promis. Tandis qu'on le vit arriver le jour suivant pour entendre la musique. Sur la remarque que lui fit l'artiste, il s'excusa, prétextant de sa négligence et assurant qu'il s'acquitterait le soir même. Plus de deux mois s'écoulèrent ainsi. Le riche fermier venait entendre son air favori... Trala-la-la, la, la, la-la... sans jamais apporter les deux litres de lait qui avaient été convenus comme paiement, et la femme du musicien se répandait en amers reproches contre la faiblesse de son mari qui faisait de lui la dupe du fermier avare. Si bien que l'artiste se décida un jour à porter plainte au juge de son quartier. Celui-ci était un homme sage et juste. Il reconnut le bien-fondé de la plainte et manda près de lui le fermier.

- Tu dois à ce musicien, lui dit-il, quarante-deux litres de lait... Pas de contestation possible. Chaque heure de musique étant évaluée au taux d'un litre. Le fermier se débattit comme un beau diable,

mais le juge demeura impassible, et, finalement, l'avare dut convenir qu'il était en retard envers son voisin de quarante-deux litres de lait.

" -Mais, fit-il, et ses yeux pétillèrent d'astuce, si je reconnais cette dette, je dois dire qu'il ne me sera pas possible de m'en acquitter. Tous les récipients que je possédais m'ont été dérobés cette nuit même et il n'y a pas chez moi le moindre seau qui puisse servir à traire une vache.

- Ne te mets pas en peine, fit le juge à qui le regard du fermier n'avait pas échappé. Car j'accorde au musicien le droit de choisir dans ton étable la plus belle vache, de l'emmener chez lui, et de l'y garder pendant deux mois, afin de se payer du temps que tu lui as fait perdre...

- Ceci est une affreuse injustice! s'écria l'avare. Quoi! Ma plus belle vache! Mais elle me donne jusqu'à dix litres de lait par jour. Comptez ce que cela représente, Seigneur juge, et vous verrez de combien d'heures de musique mon voisin se trouvera ainsi en retard, vis-à-vis de moi.

- C'est tout compté, dit le juge, et quand le musicien sera rentré dans les quarante-deux litres de lait que tu lui dois, il te devra dix heures de musique par jour. Allez! j'enverrai un juge subalterne s'assurer de l'exécution de ma sentence.

Le fermier se retira à la fois furieux et content, car s'il était fâché de perdre pour deux mois sa plus belle

vache, il se sentait aise d'entendre tous les jours exécuter le petit air qui lui était si agréable... Tra-la-la-la, la, la, la-la...

Le quatrième jour après que la sentence du juge eut été rendue, le musicien se présenta chez le fermier. Il avait bonne mine et se sentait tout dispos pour jouer aussi longtemps que cela lui était imposé. Le fermier s'installa sur un sofa, de manière à pouvoir écouter confortablement la jolie mélodie... Tra-la-la... et le musicien préluda, tandis que le juge subalterne commençait un de ses bons sommes habituels. Tra-la-la-la, la, la, la-la... Tra-la-la-la, la, la, la-la... Tra-la-la-la, la, la, la-la... les accords se plaquaient avec entrain, scandés par le battement de l'horloge.

Durant les premières heures, le fermier avait marqué la mesure de la tête, de la main et du pied, puis de la main et du pied seulement, puis uniquement du pied. Au bout de dix heures, il n'en pouvait plus. Le musicien, habitué aux longues et patientes études, conservait, lui, le même entrain. Il prit congé en assurant qu'il serait exact le lendemain. Il le fut en effet, et recommença sa musique. Tra-la-la-la, la, la, la-la...

Où donc était la jolie mélodie d'autrefois, celle qu'on ne serait pas lassé d'entendre tout le jour? Ce n'était pas cette rengaine abominable qui, lentement mais sûrement, passait sur les nerfs comme un invisible rabot, les tordant, les exaspérant dans une savante torture... Le fermier eut une crise furieuse au bout des dix heures de musique, et quand le lendemain le musicien se présenta pour exécuter sa mélodie... Tra-la-la-la, la, la... il trouva l'avare prostré et geignant dans son lit.

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Toutefois, obéissant à l'arrêté du juge, il tint à donner au malade l'agrément de son air favori... Tra-la-la-la... Le soir, le fermier fut sur le point de rendre le dernier soupir. Et le lendemain, à la première heure du jour, il se fit porter chez le juge.

- Seigneur juge, lui dit-il d'une voix éteinte, grâce et pitié! Je n'en peux plus. - Tu me mets dans un cruel embarras vis-à-vis du musicien, fit le juge. Comment pourra-t-il s'acquitter

envers toi des dix litres de lait qu'il te doit par jour? - Qu'il prenne dix vaches! s'écria le fermier. Mais qu'il se taise! Et puissent tous les litres de lait qu'il

absorbera lui causer une aussi complète indigestion que m'en a donné son Tra-la-la-la, la, la, la-la!... - La cause est entendue, fit le juge avec solennité, et le musicien aura droit à dix vaches pour indemnité de

non-musique. Allez en paix! " Le fermier fut longtemps à se remettre du tourment enduré et jusqu'à la fin de sa vie on l'entendit

fredonner, dans une obsession, cette mélodie... Tra-la-la-la, la, la, la-la... Quant au musicien, il se fit marchand de lait, et sa richesse devint proverbiale

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A l l e r p l u s l o i n : q u e l q u e s l i e n s

Proverbes chinois et liens vers des contes chinois http://www.fete-enfants.com/nouvel-an-chinois/proverbes-chinois.htm

Fables et légendes chinoise http://www.chine-informations.com/mods/dossiers/categorie-fables-et-legendes-chinoises-4.html

Sur Confucius http://www.fraternet.com/magazine/etre2907.htm http://www.chine-informations.com/mods/dossiers/confucius-et-le-confucianisme_27.html

Quelques pensées chinoises : http://www.bonjourchezdo.com/pensees/pensees/pensees-chinoises.htm http://www.chine-informations.com/mods/dossiers/proverbes-chinois-et-pensees-chinoises_253.html

Bibliographie Deux ouvrages pour approfondir : Vide et plein - le langage pictural chinois de François Cheng, éditions du Seuil, collection Points (n°224) Souffle-Esprit - textes théoriques chinois sur l'art pictural de François Cheng, éditions du Seuil, collection Points (n°545).

Sur les films http://www.abc-lefrance.com/fiches/conteschinoiscycle2et3.pdf

Sur Montagnes et eau (peinture) http://laboiteaimages.hautetfort.com/archive/2006/05/22/shanshui.html Sur le cinéma d’animation : Inventions et procédés du pré-cinéma http://www.institut-lumiere.org/francais/selection/inventions.html Fabriquer un thaumatrope (en grec : Roue à miracle)

http://www.cite-sciences.fr/francais/web_cite/experime/bricocite/fran/anim_flash/thaumatrope.swf http://cd77-upbe.creteil.iufm.fr/preps/Pourfabriquerunthaumatrope.doc http://www.teteamodeler.com/vip2/nouveaux/decouverte/fiche219.asp http://www3.ac-nancy-metz.fr/cddp57/cinema/articles.php?lng=fr&pg=25 http://www.fr.ch/mhn/ecole/dossiers/Dossier_pedagogique_f.pdf http://alecole.educ.cg86.fr/sites/neuville-jferry/cine9697/thauma.htm http://catho62-bruay.cef.fr/enfant/2005/janvier/jan053.htm

Fabriquer un praxinoscope

- http://www.ac-nancy-metz.fr/cinemav/imageaile/precinema2.htm - http://www.alhambracine.com/1fiches/praxinoscope.pdf

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DEUXIEME PARTIE

L E C I N E M A D ’ A N I M A T I O N ( 1 8 9 2 - … ) Cinéma d’animation et Dessins animés Le terme « cinéma d'animation », souvent distingué du « dessin animé » (peut-être trop connoté jeune public), recouvre en réalité, et historiquement, un genre qui inclue toutes les formes cinématographiques dites « image par image », dessin animé compris. Son étude nous renvoie au pré-cinéma et aux trois techniques sur lesquelles repose le 7ème art au plan historique. A savoir :

- La technique de projection - La technique du mouvement (qui s’appuie sur composante physiologique : la persistance

rétinienne : 16 images secondes au début du cinéma, 24 maintenant, 25 en vidéo) - La technique de la photographie.

C’est la conjugaison de ces 3 techniques qui permit aux Frères Lumière de mettre au point le Cinématographe. Or, depuis plus d’un siècle, et avant même la naissance du Cinématographe des frères lumières, de nombreux créateurs ont donné vie à toutes formes de matériaux inertes. Emile Reynaud

Le premier dessin animé peut être attribué à Emile Reynaud qui mit au point le Praxinoscope, en 1876 (animation cyclique de 12 dessins à travers un cylindre à facette de miroirs tournant autour d'un axe), puis Le théâtre optique en 1889 (qui permettait de projeter à une assemblée, sur un écran, une animation de longueur et de durée variables à l'intérieur d'un décor fixe, via deux lanternes magiques. On lui doit les films : Autour d'une cabine et Pauvre Pierrot (1892) premiers dessins animés de l’histoire du 7ème art et seuls rescapés de l'œuvre développée par Émile Reynaud avant l'invention du cinématographe.

Depuis Emile Reynaud, des créateurs n’ont cessé de développer leur art de l’animation pour fabriquer des œuvres s’adressant aussi bien aux adultes qu’aux enfants, en utilisant toute sortes de techniques plastiques (2D et 3D), jusqu’à l’avènement aujourd’hui du numérique. Un outil pour aborder l’histoire et les techniques : Le DVD Eden Cinéma

Le DVD « Le cinéma d’animation », réalisé par le Scéren-CNDP (et disponible dans tous les CDDP) nous permet de parcourir plus d’un siècle de cinéma d’animation à partir d’approches : techniques, stylistiques, narratives, historiques et contemporaines. Deux thèmes ont guidé les choix des concepteurs - celui du créateur et de la créature, qui souligne la relation particulière du cinéaste d'animation face à des personnages qu'il crée de toutes pièces - Celui de la métamorphose, qui resurgit régulièrement dans les films et qui manifeste les capacités illusionnistes de l'animateur, initié à l'art de la transformation.

Cette spécificité magique n'est pas sans rappeler les débuts du cinéma dans les spectacles forains : un public ébahit et avide d'émotions spectaculaires et spectrales. Le cinéaste d'animation, pas dupe de son « pouvoir », avec l'humour qui lui est propre, sait souvent mettre en scène des créatures parfois rebelles qui accèdent à l'autonomie. En leur donnant une âme (A partir des notes des auteurs, livret d’accompagnement)

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Quelques réalisateurs et écoles

Émile Cohl : Le réalisateur français Émile Cohl (de son vrai nom Emile Courtet) est né en 1857. Il est considéré comme le premier réalisateur de dessins animés cinématographiques (sur pellicule).

Son premier film Fantasmagorie est daté de 1908. Aux Etats-Unis

Winsor McKay, lui, tient le pari de faire revivre une espèce disparue, un dinosaure nommé Gertie sur qui il exerce une autorité de dompteur. Le film associe prises de vues réelles et dessins animés. Le pari gagné de 1914 épate une assemblée de mécènes qui ouvre la voie à l'ère du dessin animé américain.

Film : Gertie the trained Dinosaur (1914, 8 min. 23) Durant les années 1910-1920, l'école de New York verra apparaître une multitude de petits studios prolifiques qui donneront naissance à des personnages mythiques tels que

Koko le clown (Max Fleisher) ou Félix le chat (Otto Messmer).

Charley Bowers le célèbre réalisateur burlesque mêle prise de vue réelle et animation.

Un drôle de locataire (1926) – Pour épater les poules (programme courts burlesques Ecole et Cinéma) L'industrie disneyenne s'élèvera au statut d'empire et s'exportera à travers le monde, donnant à ses voisins d'outre-Pacifique l'idée de développer à leur tour une industrie du dessin animé. Le Japon s'accapare dans un premier temps les ficelles de l'art animé pour créer une expression propre dont l'un des meilleurs représentants actuels est Hayao Myazaki. Dans les années 1940, face à l'empereur Disney, Tex Avery met en place une forme plus caricaturale, plus vive, plus outrée, plus adulte aussi : le « cartoon ». Son humour acide génère aujourd'hui encore de nombreux disciples. Le cinéma d'animation connaît aussi ses chercheurs.

L’Ecole Canadienne : ONF

En 1941, l'Écossais Norman McLaren intègre l'Office national du film du Canada (ONF) et y développe un cinéma d'animation sans caméra. Tout comme le Néo-zélandais Len Lye qu'il rencontre à Londres en compagnie de John Grierson (le futur fondateur de l'ONF), Norman McLaren intervient directement sur la pellicule image et sur la bande-son pour créer un cinéma expérimental basé sur la perception rétinienne, repoussant les limites de l'image par image.

Blinkily Blank est l'expression parfaite de son art, Palme d'or à Cannes en 1955 (Voir / Les films ). À Montréal, une véritable école mondiale du cinéma d'animation s'installe pendant près de trente ans. Chaque film devient une expérience et une aventure inédite qui permet aux auteurs l'expérimentation de techniques et de formes de récit originales. Paul Driessen démultiplie le cadre en un multi-écrans et rend le récit interactif.

Voir / Les films : Le garçon qui a vu l’iceberg (2000, 8’) Caroline Leaf donne vie à la matière picturale et métamorphose le langage cinématographique.

Voir / Les films : La rue (1976, 10’)

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Ishu Patel travaille la pâte à modeler en ombres chinoises et donne à l'image un rendu onirique troublant, en lien avec sa culture et son sujet.

Voir / Les films : Après la vie (1978, 7’) Frédéric Back intègre quant à lui le département « Animation » de la société Radio-Canada en 1968. Il utilise d'abord la technique des papiers découpés pour adapter des légendes amérindiennes ou des récits cosmogoniques (La Création des oiseaux, 1972). C'est à partir de Crac (1981) qu'il affirme une technique originale et sophistiquée de pastel sur « cellulo » riche en couleurs qui rappelle la peinture impressionniste.

Voir = Thèmes / métamorphoses : La création des oiseaux (1972, 10’) Le volume – les marionnettes

Ladislas Starewitch Entomologiste, Ladislas Starewitch (né à Moscou en 1882) découvre Émile Cohl et son film Les Allumettes animées. Il réalise dès 1910 Lucanus Cervus, une animation d'insectes naturalisés. La révolution de 1917 l'amène à s'installer à Paris en 1919 où il crée son studio de marionnettes animées. Réalisé en 1930, Le Roman de Renard est l'une des plus belles adaptations de fables dans le domaine du film animé.

Voir = Techniques / Marionnettes ou Histoire/noir et Blanc ou Lumière/éclairage studio L'art de la marionnette a abondamment été développé dans les pays de l'Est, à la suite du travail d'Alexander Ptouchko (origine russe) et de son Nouveau Gulliver en 1935. Mais il trouve sa véritable terre d'accueil en Tchécoslovaquie où le théâtre de marionnettes occupe une place culturelle privilégiée. Après la Seconde Guerre mondiale, c'est autour de Jiri Trnka (La Main) et de Bretislav Pojar que l'animation de marionnettes connaît son heure de gloire jusqu'à son déclin, au début des années 1960. Jan Svankmajer, l'indépendant, prend le relais à partir de 1964. Membre du groupe surréaliste de Prague, il exprime un art disparate peuplé d'objets en tous genres (Historia Naturae) à l'opposé des productions des studios d'État. Cinéaste de grande inventivité, son adaptation d'Alice retrouve la plus cruelle valeur initiatique du célèbre récit de Lewis Carrol

Voir : Alice sur Thème / Chute. D'origine hongroise, George Pal séjourne à Berlin, à Prague, à Paris, puis en Hollande où il crée un studio important axé sur la commande publicitaire. Il émigre aux États-Unis en 1940 et devient l'un des grands spécialistes du trucage à la suite de Willis O'Brien (King Kong) et de Ray Harryhausen (Jason et les Argonautes). Mr Strauss Takes a Walk illustre bien la souplesse de l'animation d'un des maîtres de l'animation en volume. Ses petites marionnettes en bois sculpté s'ouvrent à la vie par le biais d'une panoplie d'expressions de visages interchangeables.

Le cinéma d’animation :

Depuis quelques années, le volume animé connaît un renouveau, particulièrement en Grande-Bretagne avec le Studio Aardman. Le fameux Wallace & Gromit de Nick Park donne la possibilité au studio de s'orienter vers le long-métrage avec Chicken Run. Engagée comme animatrice sur ce dernier, la Belge Guionne Leroy réalise des courts-métrages d'une très belle facture : Noi Siamo Zingarelle, belle illustration d'un extrait de La Traviata de Giuseppe Verdi, fait passer la pâte à modeler dans le monde de la crème pâtissière. De son côté, Barry Purves se replonge dans le théâtre de marionnettes et introduit William Shakespeare dans le monde de l'animation avec Next et Screen Play. En France de jeunes auteurs redécouvrent le travail de leurs ancêtres et remettent au goût du jour l'art du volume animé : Jean-Luc Gréco et Catherine Buffat, Laurent Pouvaret, Jacques-Rémy Girerd, Philippe Jullien...

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Les tendances actuelles sont riches en propositions. Le cinéma d'animation indépendant fleurit aux quatre coins du monde. Les grands thèmes sont toujours présents, revêtant toujours avec autant d'inventivité des formes stylistiques, rythmiques et techniques. Pas à deux de Monique Renault et Jan Van Sandwijk excelle dans l'art de la métamorphose et invite les grandes célébrités historiques et animées à un grand bal costumé. Avec Manipulation, Daniel Greaves réinvestit quant à lui le thème du créateur et de la créature dans une relation quasi sadomasochiste qui n'est pas sans rappeler Koko le clown. Dans Les Oiseaux blancs, les Oiseaux noirs, Florence Miaihle expose elle un joli conte philosophique contemporain au milieu d'un ballet de pastel et de sable animés.

Voir Les Films Serge Elissalde fait ressurgir l'esprit « cartoon » adapté à un public d'enfants, panachant humour, qualité de la mise en scène, de l'animation et du graphisme. Voir > Loulou, dans Lumières / Ombres et Lumières (scénario Solotareff) Pour conclure, on ne saurait parler de l'animation sans souligner la progression fantastique des images dites de synthèse. Insektors de José Xavier se présente à la fois sous la forme d'une fiction et d'un « making off ». Créé de façon ludique, il met en scène un personnage à la recherche de son identité, de son histoire et de son environnement : une approche très pédagogique de l'animation 3D.

Voir Techniques > Images de Synthèse Quant à Richard McGuire, il choisit avec Micro Loup l'art de la microconception dans le domaine de la 2D cette fois, en résumant son récit à des formes minimales. Romain Segaud et Cristel Pougeoise enfin, dans Tim Tom, rendent un bel hommage au monde de l'animation traditionnelle, y compris dans le rapport du créateur avec sa créature, en traitant le film totalement en 3D. Le cinéma d'animation s'affirme, construit son histoire, ses références, son propre regard sur le monde. Plus que jamais, il sort de son ghetto et s'affiche comme un art à part entière.

Rappel : Quelques techniques courantes :

Le dessin (crayon, peinture, pastel, ….) Le sable (voir Les oiseaux noirs les oiseaux blanc > technique sable Les marionnettes (Voir le Roman de renard) La pâte à modeler Prises de vues réelles et animation (dessins ou volume) Pixilation Images de synthèse mais aussi : Ombres chinoises (Princes et Princesses de Michel Ocelot)