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Chimie organique.

Chimie organique (régularisation).

1. Les composés carbonés : Généralités

1.1. Introduction

La chimie organique est l’étude des composés du carbone. Ce domaine de la chimie

est particulièrement important, lorsque l’on sait la place que prennent ces composés dans

l’industrie et la biologie, comme nous allons le voir ultérieurement.

1.2. Tracer des structures

Formules empiriques et moléculaires

La formule empirique (ou brute) d’un composé donne la proportion des atomes des

éléments qui se combinent pour former ce composé. Cependant, ce n’est pas

nécessairement la même que la formule moléculaire qui donne le nombre d’atomes des

éléments constitutifs en conformité avec la masse molaire du composé. La relation entre la

formule moléculaire et empirique, peut être illustrée en utilisant l’éthane, dans lequel la

proportion d’atomes de carbones et d’hydrogènes est de 1 : 3. Ce qui signifie que la formule

empirique de l’éthane est (CH3)n. La masse moléculaire relative de l’éthane est 30,

correspondant à deux unités CH3 par molécule – la formule moléculaire est donc C2H6. Dans

le méthane, par contre, la formule empirique est (CH4)n et la formule moléculaire est CH4.

Formule structurale et modèles « boules et bâtonnets »

Ni la formule empirique, ni la formule moléculaire ne donnent d’information sur la

façon dont les atomes d’une molécule sont connectés. La formule moléculaire H2S n’indique

pas l’arrangement de ces trois atomes dans la molécule de sulfure d’hydrogène. Par contre,

la figure ci-dessous, elle, est informative. On peut également arriver à cette structure en

considérant le nombre d’électrons de valence disponibles pour la liaison.

HS

H Pour certaines formules moléculaires, il est possible de connecter les atomes de plus

d’une façon raisonnable et on dit alors de cette molécule, qu’elle possède des isomères. Un

exemple en est C4H10 pour lequel deux structures moléculaires peuvent être tracées.

et

H

H H

H H

H H

H H

H

H H

HH

H H

HHH

H

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Chimie organique (régularisation).

Une information structurale détaillée peut être obtenue de modèles « boules et

bâtonnets ».

Notons dès à présent que le terme « stéréochimie » désigne la façon de laquelle les

atomes d’une molécule sont arrangés dans l’espace.

Dans ce cadre, il est évident que les modèles « boules et bâtonnets » sont d’une

grande utilité. Malheureusement, il n’est pas toujours possible et/ou pratique, de créer ces

modèles, que ce soit à l’aide de kits de montage ou de logiciels spécialisés.

En chimie organique, l’adoption de quelques conventions permet de facilement

dessiner une structure qui donne des informations quant à la stéréochimie d’une molécule.

Ainsi en voyant le dessin ci-dessous, il est possible de se rendre compte que, dans le

méthane, la structure du carbone est tétraédrique.

H

H HH

Dans ce dessin, l’atome central, le carbone, n’est pas représenté. C’est souvent le

cas et cela permet de simplifier la représentation (nous reviendrons sur ce point

ultérieurement). La liaison indiquée en gras signifie que l’atome d’hydrogène se trouve hors

du plan, du côté du lecteur, alors que la liaison indiquée en pointillée signifie que l’atome

d’hydrogène se trouve hors du plan, mais à l’opposé du lecteur, cette fois. Reprenons

l’exemple du butane, à présent le modèle « boules et bâtonnets » dessiné en haut, à gauche

de cette page sera souvent réduit au schéma suivant :

Sur ce schéma, les règles suivantes sont respectées :

• Des atomes de carbone forment le squelette de la molécule.

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Chimie organique (régularisation).

• Chaque position non spécifiée, dans la chaîne, y compris les fins, est occupée par un

atome de carbone.

• Chaque atome de carbone forme 4 liaisons.

• Tout atome restant, non spécifié, est un atome d’hydrogène.

1.3. Types de composés carbonés

Il existe une multitude de composés organiques différents, des plus simples, ne

contenant que du carbone et de l’hydrogène, aux plus complexes, portant de nombreux

groupes fonctionnels et pesant plus de 50 000 Da. Commençons par les plus simples, les

hydrocarbones.

Qu’est-ce qu’un hydrocarbone ?

Un hydrocarbone est un composé ne contenant que du carbone et de l’hydrogène.

Par facilité, on les classe souvent en aromatiques et aliphatiques, lesquels sont subdivisés

en composés saturés et insaturés :

Un hydrocarbone contient seulement

des atomes de C et H

Hydrocarbones aliphatiques Hydrocarbones aromatiques (cfr suite

du cours)

Hydrocarbones saturés : ne contiennent

que des liaisons simples C-C et C-H =

alcanes

Hydrocarbones insaturés : contiennent

au moins une liaison carbone – carbone

multiple en plus de liaisons simples

Un alcène contient le groupe fonctionnel

C=C

Un alcyne contient le groupe fonctionnel

C≡C

Le terme aliphatique était initialement utilisé pour décrire les graisses et les

composés reliés, mais il est à présent utilisé pour désigner des hydrocarbones contenant

des chaînes carbonées ouvertes (composés acycliques) ou des composés avec une

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structure cyclique, mais possédant des propriétés similaires aux hydrrocarbones à chaînes

ouvertes (ex. : cyclohexane).

Le schéma, ci-dessus, montre deux classes d’hydrocarbones aliphatiques. Un

hydrocarbone saturé ne contient que des liaisons C-C et C-H et n’a pas de groupe

fonctionnel. On appelle également ces composés des alcanes. La formule générale, pour un

alcane acyclique est CnH2n+2, et chaque atome de carbone forme quatre liaisons simples. Un

hydrocarbone insaturé contient au moins une liaison double ou triple, en plus de liaisons C-H

simples. Les composés qui portent une liaison double, s’appellent alcènes et les composés

qui portent une liaison triple, s’appellent alcynes. Les liaisons doubles et triples sont

considérées comme des groupes fonctionnels parce qu’elles ont une réactivité particulière,

dont nous reparlerons ultérieurement.

En dépit du fait que nous ne venons de présenter qu’une poignée de classes de

composés, nous pouvons dès à présent illustrer les géométries communes dans lesquels le

carbone sera trouvé.

Géométrie et hybridation

Un hydrocarbone peut contenir des atomes de carbone tétraédriques, trigonal plan ou

linéaires en fonction du type de liaisons C-C qu’ils forment. Dans le cadre du modèle

ondulatoire de l’atome et de la liaison (dont vous parlerez peut-être avec LH), on parle

d’hybridation sp3 (tétraédrique), sp2 (trigonal plan) et sp (linéaire). Le point important à

retenir, est que le carbone respecte la règle de l’octet et ne peut former plus de quatre

liaisons localisées. Ce qui peut être réalisé des façons suivantes :

• Quatre liaisons simples : (tétraédrique)

• Une liaison double et deux liaisons simples (trigonal plan)

• Une liaison triple et une liaison simple (linéaire)

• Deux liaisons doubles (linéaire)

Notons dès à présent qu’il est courant, dans une formule organique, de représenter

un groupement organique général et que la méthode conventionnelle, pour ce faire, est

d’utiliser la lettre R pour désigner un groupe aliphatique et le « symbole » Ar pour un

groupe aryle (aromatique).

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Groupes fonctionnels

On désigne par groupe(ment) fonctionnel (ou fonction) un ensemble d’atomes qui va

conférer, à une molécule organique, une réactivité particulière. Dans les hydrocarbones dont

nous venons de parler, nous avons déjà relevé que les liaisons doubles C=C et les liaisons

triples C≡C constituaient des groupes fonctionnels. Nous allons à présent voir que des

hétéroatomes (autres éléments que C et H, entrant dans la composition d’une molécule

organique) forment également des groupes fonctionnels. Les quelques exemples de

molécules que nous verrons sont utilisées en industrie, ou dans le vivant et nous permettront

de voir l’utilité des fonctions et d’illustrer le fait qu’une même molécule présente souvent

plusieurs groupes fonctionnels différents.

A part C et H, les éléments qui se retrouvent le plus souvent dans les composés

organiques sont N et O. Comme C, N et O obéissent à la règle de l’octet et sont donc limités

dans le nombre de liaisons qu’ils peuvent former (3 pour N et 2 pour O). Par contre,

contrairement au carbone, ces éléments présentent des paires d’électrons libres qui vont

jouer un rôle important à la fois au niveau de la forme, mais également de la réactivité des

centres N et O.

Etre capable de reconnaître les groupes fonctionnels d’une molécule est la clé de la

compréhension de ses propriétés chimiques, comme nous le verrons ultérieurement. Pour le

moment, nous allons commencer par apprendre le nom et la structure de quelques

groupements fonctionnels.

Un alcool contient le groupe –OH ; un exemple en est l’éthanol, qui est utilisé comme

solvant et qui représente l’ingrédient important des boissons alcoolisées. L’éthanol est un

exemple d’alcool primaire avec un groupe –CH2OH terminal. Les alcools secondaires et

tertiaires ont les structures générales R2CHOH et R3COH respectivement. Le propane-1,3-

diol contient deux groupements –OH (d’où le suffixe diol) et est utilisé industriellement dans

la fabrication du PET (polyéthylène téréphthalate). Le citronellol est une essence florale que

l’on retrouve dans les roses et qui contient à la fois les groupements fonctionnels alcool et

alcène.

OHOH OH OH

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Chimie organique (régularisation).

Dans un aldéhyde, le groupe fonctionnel est –CHO et un exemple d’aldéhyde naturel

est le cynnamaldéhyde, présent dans la cannelle. On appelle groupement carbonyle

l’ensemble C=O.

O

H

Dans une cétone, le groupe fonctionnel est également un carbonyl, mais cette fois,

attaché à deux groupements organiques, lequels peuvent être identiques, ou différents. Les

formules générales d’une cétone sont :

et R R'

O

R R

O

où R et R’ sont différents de H. L’acétone est un solvant commun en laboratoire et est utilisé

commercialement dans les peintures, les produits nettoyant et comme solvant d’enrobage.

La molécule qui présente à la fois un groupement fonctionnel cétone et alcène est

responsable, quant à lui, de l’odeur des fleurs de magnolia.

OO

Un acide carboxylique est caractérisé par une fonction –CO2H, les acides

dicarboxyliques possèdent deux fonctions de ce type, etc. L’acide hexan-1,6-dioïque est l’un

des deux précurseurs du Nylon 66, l’autre étant l’hexan-1,6-diamine dont nous parlerons

ultérieurement. Les acides carboxyliques jouent un rôle important dans la nature, par

exemple, l’acide citrique se retrouve dans le citron, tout comme dans d’autres fruits tels que

les airelles.

OHOH

O

OOH OH

O OOH

OHO

Un ester ressemble à un acide carboxylique, mais l’atome d’hydrogène y est

remplacé par un groupement organique : le groupe fonctionnel dans un ester est donc –

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Chimie organique (régularisation).

CO2R. Beaucoup d’esters ont des odeurs caractéristiques, par exemple le méthyl salycilate

(communément appelé essence de wintergreen) possède un groupement fonctionnel ester

dans lequel un groupement CH3 correspond au groupement R de la formule générale.

OO

OH

Un éther a la formule générale R-O-R (éther symétrique) ou R-O-R’ (éther

asymétrique). Le diéthyl éther est un solvant communément utilisé pour les réactifs de

Grignard (dont nous parlerons éventuellement plus tard). Dans la nature, la vanilline,

présente dans l’huile de vanille, continent une fonction éther, ainsi qu’une fonction aldéhyde

et un groupement –OH aromatique (groupement phénolique ou phénol).

OHO

H O Une amine primaire est caractérisée par un groupement –NH2. La méthylamine est

responsable de l’odeur de décomposition du poisson, alors que l’hexan-1,6-diamine,

possède une grande importance commerciale, puisqu’elle intervient, comme nous l’avons

déjà signalé, dans la fabrication du Nylon 66. Les amines secondaires et tertiaires possèdent

les formules générales R2NH et R3N respectivement, les groupements R pouvant être

identiques, ou différents.

NH2 NH2

NH2

Le groupement caractéristique d’un amide primaire est –CONH2, qui contient un

groupement carbonyle (C=O). L’atome d’azote peut porter des groupements R à la place

d’atomes d’hydrogènes, on parle alors d’amides secondaires et tertiaires pour les formules

générales –CONRH et -CONR2 respectivement. Les groupements R peuvent être identiques,

ou non.

RN

O

HH

RN

O

HR

RN

O

RR

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Chimie organique (régularisation).

Les amides sont d’une importance immense en biologie ; les polypeptides sont des amides

et comprennent, entre autre, les protéines (polypeptides de haute masse moléculaire).

Plusieurs polymères sont des polypeptides comme le Nylon 66 et le kevlar. Des amides de

petite masse moléculaire ont également une importance commerciale, comme le

diethyltoluamide qui est le composant actif de certains insecticides.

O

NH

NH

O

n

N

O

Dans les dérivés halogénés, les groupements fonctionnels sont des atomes

d’halogènes (F, Cl, Br ou I). On a beaucoup parlé des halogénoalcanes parce qu’ils

comprennent les CFCs (chlorofluorocarbones). Des composés organiques comprennent les

solvants de laboratoire tels que CH2Cl2 et CHCl3. Le chloroéthène, également appelé

chlorure de vinyle est important, puisqu’il s’agit du précurseur du PVC (chlorure de

polyvinyle). Le DDT, un dérivé du trichloroéthane avec des substituants aromatiques a été

largement utilisé comme insecticide à partir de 1939, jusqu’à ce que l’on se rende compte

que plusieurs insectes y devenaient résistants et qu’il était hautement toxique pour les

poissons. Il est maintenant banni de tout insecticide.

Cl

Cl

Cl

Cl

Cl

Cl Le groupe fonctionnel dans un chlorure d’acide est le –COCl et contient un

groupement carbonyle (C=O). Ces composés sont très réactifs ; le chlorure d’acétyle est un

réactif de synthèse très utile en laboratoire.

Cl

O

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Chimie organique (régularisation).

Dans un nitrile, le groupe fonctionnel est -C≡N. L’acétonitrile, CH3CN, est un solvant

de laboratoire très utilisé. Un nitrile d’importance commerciale est par exemple, l’acrylonitrile

qui est un précurseur du polyacrylonitrile, une fibre synthétique.

N Le groupe fonctionnel nitro est –NO2 ; le nitrométhane est parfois utilisé comme

solvant en laboratoire. Les structures de la méthylamine et du nitrométhane semblent

similaires, mais il faut se rappeler que l’azote obéit à la loi de l’octet. La représentation

correcte de la liaison de valence dans le nitrométhane est représentée par la paire de

résonance suivante :

N+

O

O

N+

O

O

Un grand nombre de composés utilisés comme explosifs possèdent un groupement

fonctionnel nitro, comme par exemple, le TNT (trinitrotoluène).

NO2

NO2

O2N

Le groupement fonctionnel thiol est –SH, et l’une de leur propriété caractéristique est

l’odeur nauséabonde. Le mécanisme de défense développé par les putois est d’émettre,

sous forme de jet, une mixture à l’odeur fétide qui contient notamment des thiols.

SH SH

1.4. Le squelette des hydrocarbones et la nomenclature

Dans un premier temps, nous allons nous attarder sur la nomenclature des chaînes

carbonées droites et branchées. Les noms des molécules dérivées sont basés sur ces

chaînes carbonées qui forment leurs squelettes. Bien qu’il existe une nomenclature

recommandée internationalement (IUPAC), de nombreux noms « triviaux » sont encore

d’usage commun. Des noms tels que acétone et acide acétique sont tellement fermement

ancrés dans le vocabulaire des chimistes qu’il est impossible de les ignorer. Le tableau qui

suit reprend certains de ces noms triviaux :

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Chimie organique (régularisation).

O

OH

O

H

O

Cl

O

NH2

O

acétoneacide acétique acétaldéhyde chlorure d'acétyleacétamide

H OH

O

H H

O

H NH2

O

acide formique formaldéhyde formamide

NH2OH

Ntoluène phénol aniline pyridine

OHOH

éthylène glycol

OO

monoglyme

OO

Odiglyme

H Hacétylène

Nacétonitrile

Les familles des hydrocarbones aliphatiques

Un composé aliphatique appartient à l’une des trois familles : alcane, alcène ou

alcyne. Le nom d’un composé nous dit immédiatement à quelle famille le composé

appartient :

- ane (hydrocarbone saturé, alcane)

- ène (hydrocarbone insaturé avec une liaison C=C, alcène)

- yne (hydrocarbone insaturé avec une liaison C≡C, alcyne)

Les alcanes à chaîne droite

Le nom d’un alcane à chaîne droite indique le nombre d’atomes de C dans la chaîne.

Le tableau, ci-dessous, liste les préfixes qui sont utilisés pour indiquer le nombre de C dans

la chaîne. Ce tableau liste également les préfixes qui sont utilisés pour décrire le nombre de

groupes ou substituants sur des molécules branchées (cfr. suite du cours).

Nombre Préfix indiquant le nombre de carbone

d’une chaîne

Préfixe décrivant le nombre de

substituants ou groupes.

1 Méth- Mono-

2 Eth- Di-

3 Prop- Tri-

4 But- Tétra-

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5 Pent- Penta-

6 Hex- Hexa-

7 Hept- Hepta-

8 Oct- Octa-

9 Non- Nona-

10 Déc- Déca-

11 Undéc- Undéca-

12 Dodéc- Dodéca-

13 Tridéc- Tridéca-

14 Tetradéc- Tetradéca-

15 Pentadéc- Pentadéca-

16 Hexadéc- Hexadéca-

17 Heptadéc- Heptadéca-

18 Octadéc- Octadéca-

19 Nonadéc- Nonadéca-

20 Icos- Icosa-

Les alcanes à chaîne branchée

Le nom de la racine d’un alcane branché est dérivé de la plus longue chaîne droite

d’atomes de C qui est présente dans ce composé. Souvenez-vous qu’une chaîne dite

« droite » peut ne pas avoir l’air droite (sur la formule structurale).

La plus longue chaîne est numérotée à partir de l’une de ses extrémités, laquelle est

choisie de sorte que les nombres désignant la position des chaînes latérales soit aussi petits

que possible.

Il est important de noter que l’on écrit un trait d’union entre la numérotation et le nom

du substituant et qu’il n’y a pas d’espace entre le nom du substituant et le nom de la racine

(ex : 2-méthylbutane).

Si plus d’un substituant est présent, leurs noms sont donnés dans l’ordre

alphabétique, chacun avec sa position respective. Les préfixes, di-, tri-, etc. sont utilisés pour

montrer la présence de plus d’un substituant du même type (ex : 2,4-diméthylhexane).

L’ordre alphabétique du groupe alkyle est prioritaire sur celui du préfixe multiplicateur (ex : 4-

éthyl-3,3-diméthyloctane).

Les alcènes

Lorsqu’une double liaison est présente dans un hydrocarbone, le nom du composé

doit indiquer :

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Chimie organique (régularisation).

• le nombre d’atomes dans la chaîne, et

• la position de la fonction alcène.

La géométrie de quatre groupes attachés à une liaison double est fixe (la rotation

autour d’une liaison double n’est pas possible), ce qui engendre la possibilité de rencontrer

des isomères géométriques E et Z (de l’allemand Entgegen = opposés et Zusammen =

ensembles). Donc, non seulement le nom de l’alcène doit contenir une information quant à la

position de la double liaison dans la chaîne, mais également permettre de faire la distinction

entre des isomères géométriques. Pour ce faire, on détermine l’ordre de priorité de chaque

substituant sur chaque carbone de la double liaison, en se basant sur la masse des

éléments liés à ces carbones (les plus lourds étant prioritaires), en cas « d’égalité » entre

deux éléments (ex : 2 carbones), on détermine la priorité des éléments qui lui sont

directement attachés (ex : éthyle prioritaire sur méthyle). Une fois la priorité des substituants

déterminée, si les deux substituants prioritaires sont du même côté de la double liaison, il

s’agit de l’isomère Z, tandis que s’ils sont de part et d’autre de la double liaison, il s’agit de

l’isomère E. A noter que dans les cas plus simples, où il y a un hydrogène sur chaque

carbone de la double liaison, la notation Z cède la place à la notation cis et la notation E

cède la place à la notation trans.

Br

F H

F

prioritaires

Cl

(Z)-1-bromo-1,2-difluoroéthène trans-but-2-ène (E)-1-chloro-3-éthyl-4-méthylhept-3-ène

En cas de présence de plusieurs doubles liaisons, l’utilisation des préfixes

multiplicatifs habituels est d’application et il convient d’indiquer la géométrie de chacune de

ces doubles liaisons (ex : (2E, 4Z)-hepta-2,4-diène).

Les alcynes

Dans le cas des alcynes, les mêmes règles que celles décrites pour les alcènes sont

d’application, si ce n’est qu’il n’y a pas d’isomères de géométrie (la géométrie des carbones

hybridés sp étant linéaire).

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Chimie organique (régularisation).

1.5. Atomes de carbone primaires, secondaires, tertiaires et

quaternaires

Un atome de carbone tétraédrique est souvent désigné comme primaire, secondaire,

tertiaire ou quaternaire en fonction du nombre d’autres atomes de carbones auxquels il est

connecté.

• Un atome primaire est connecté à un autre atome de carbone (et à 3 H).

• Un atome secondaire est connecté à deux autres atomes de C (et à 2 H).

• Un atome tertiaire est connecté à trois autres atomes de C (et à 1 H).

• Un atome quaternaire est connecté à quatre autres atomes de C.

La distinction entre ces différents types de centres deviendra particulièrement

importante lorsque nous aborderons la description des la réactivité des composés

aliphatiques.

1.6. Quelques notions importantes lorsque nous aborderons les

mécanismes réactionnels

Le clivage de liaisons

Dans un clivage homolytique d’une liaison X-Y, un électron est transféré à chacun

des deux atomes et est représenté par une « demi-flèche ». Ce clivage résulte en la

formation de deux radicaux (espèces neutres, à la couche de valence incomplète très

réactionnelles). Attention que lorsque l’on dessine une flèche indiquant un mouvement

d’électron, comme c’est le cas dans le dessin ci-dessous, il est très important qu’elle soit

placée avec précision, partant toujours d’une paire d’électron, ou d’un électron célibataire.

X Y X Y +

Dans un clivage hétérolytique, les deux électrons sont transférés au même atome et

le transfert est représenté par une « flèche entière ». Un tel clivage provoque habituellement

l’apparition d’ions, mais ce n’est pas toujours le cas.

X Y X+

YO

+ HH

HO

H

HH

++ +

Electrophiles et nucléophiles

Un électrophile est une espèce qui recherche des électrons. Il est attiré par les

centres riches en électrons qui présentent une charge partielle (δ-), ou totale, négative.

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Chimie organique (régularisation).

Un nucléophile est une espèce qui peut donner des électrons. Il est attiré par les

centres qui présentent une charge partielle (δ+), ou totale, positive.

Nous reviendrons plus en détail sur ces concepts ultérieurement.

2. Les alcanes cycliques et acycliques

2.1. Les cycloalcanes : structure et nomenclature

Un cycloalcane non substitué avec un seul cycle (monocyclique) a la formule

générale CnH2n. Le nom du composé indique le nombre de carbones dans la portion cyclique

de la molécule.

cyclohexane cyclopropane Un cycloalcane substitué avec un seul substituant n’a pas besoin de nombre de

position.

méthylcyclohexane éthylcyclopentane

Lorsque le cycle a plus d’un substituant alkyle, il est nommé de sorte que les

numéros de position soient aussi petits que possible. Si les substituants alkyles sont

différents, c’est l’ordre alphabétique qui détermine quel carbone sera numéroté 1.

1,2-diméthylcyclohexane (et non 1,6-diméthylcyclohexane)

1-éthyl-2-méthylcyclohexane (et non 1-méthyl-2-éthylcyclohexane)

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Chimie organique (régularisation).

2.2 Cycloalcanes : conformation de cycle et tension de cycle

La conformation de cycle

Alors qu’il y a habituellement rotation atour des liaisons C-C dans les alcanes

acycliques, une telle rotation est limitée dans un cycloalcane, particulièrement dans les plus

petits. Dans le cyclopropane, il n’y a pas de rotation possible autour des liaisons C-C et le

cycle est contraint à être planaire. Cela impose une conformation éclipsée le long de chaque

liaison C-C. Cette conformation défavorable contribue à ce que le cyclopropane soit un cycle

tendu et que ça réactivité reflète ce fait.

Lorsque la taille du cycle augmente, des rotations partielles autour des liaisons C-C

deviennent possibles. Si les cyclobutane et cyclopentane adoptaient une conformation plane,

les groupements CH2 adjacents seraient éclipsés. Cependant, si une rotation partielle autour

d’une liaison C-C a lieu, le cycle devient non planaire et les contraintes stériques entre

atomes d’hydrogènes sur carbones adjacents diminuent, ce qui diminue également l’énergie

du système (stabilise). Dans le cas du cyclopentane, on parle alors de conformation

« enveloppe », à cause de sa forme qui n’est pas sans rappeler celle d’une enveloppe

ouverte.

Bien qu’il possède un certain degré de flexibilité, le cyclobutane est un cycle tendu.

De plus grands cycles ont de plus grands degrés de flexibilité. La rotation partielle autour des

liaisons C-C dans le cyclohexane résulte en une inversion entre les conformations « chaise »

et « bateau » ; l’énergie du conformère « chaise » étant beaucoup plus faible que celle du

conformère « bateau ». Le cyclohexane est un liquide à 298 K et la forme « chaise » est

favorisée dans un rapport de plus de 104 pour 1. Ceci est du au fait que les interactions

H…H sont plus importantes dans la forme « bateau » que dans la forme « chaise ».

conformation chaise conformation bateau

Dans la forme « chaise », il y a deux sites différents pour les atomes d’H et ils sont

appelés axial et équatorial.

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Chimie organique (régularisation).

La tension de cycle

Dans un cycloalcane, chaque atome de carbone forme quatre liaisons et peut être

considéré comme hybridé sp3. L’angle idéal, pour une hybridation sp3 est de 109,5° comme

dans le méthane. Les alcanes acycliques ont des angles de liaisons H-C-C, C-C-C et H-C-H

proches de 109,5°. Pour les cycloalcanes, la situation est un peu différente. L’angle C-C-C

dépend de la taille du cycle. Mais il convient de faire bien attention ! Les représentations des

squelettes carbonés des cycloalcanes donnent souvent l’impression qu’ils sont plats, alors

que ce n’est pas le cas, à l’exception du cyclopropane. Les angles de liaisons dans les

cycloalcanes CnH2n avec 3 ≤ n ≤ 10 sont repris dans le tableau ci-dessous.

Cycloalcane Angle C-C-C

Cyclopropane 60°

Cyclobutane 88°

Cyclopentane 105°

Cyclohexane 111°

Cycloheptane 113-115°

Cyclooctane 115-117°

Cyclononane 115-118°

Cyclodécane 114-118°

Deux choses sont à noter :

• l’angle C-C-C augmente de 60° pour n = 3 jusqu’à des valeurs d’environ 116° pour n

≥ 7 ;

• les cycles avec n = 3 et 4 ont des angles de liaison C-C-C qui sont significativement

plus petit que l’angle idéal pour une hybridation sp3.

A partir de ces valeurs, il est possible de déduire que :

• le cyclohexane ne présente pas d’énergie de tension ;

• le cyclopropane présente la plus grande énergie de tension, juste suivi par le

cyclobutane ;

• Les autres cycloalcanes présentent des énergies de tensions similaires et

relativement petites.

Les cycloalcanes dont le n ≥ 15 ne présentent pas d’énergie de tension (comme

l’hexane).

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Chimie organique (régularisation).

Résumé

Deux facteurs contribuent à la tension dans le cyclopropane :

• Les atomes d’hydrogènes qui sont éclipsés dans les unités CH2 (contraintes de

torsion)

• Des angles de liaisons non favorables (contraintes d’angles)

Des effets similaires, mais moins prononcés contribuent à la tension de cycle dans le

cyclobutane. Les cycles avec plus de 3 carbones possèdent une certaine liberté de rotation

autour des liaisons C-C et ne sont donc pas obligés d’être plans, ce qui réduit sensiblement

la contrainte de torsion. En outre, lorsque la taille du cycle augmente, les angles de liaisons

C-C-C ne sont plus limités aux valeurs défavorables observées pour le cyclopropane et le

cyclobutane. Dans le cyclohexane, l’angle de liaisons est de 111° et la conformation chaise

mène à une situation qui n’est pas fondamentalement différente de celle des alcanes

acycliques et le cyclohexane ne présente donc pas de tension de cycle.

Le fait que le cyclopropane souffre de tension de cycle n’est pas une raison pour

supposer que ses dérivés soient chimiquement ou commercialement insignifiants. Le

pyréthrum a été utilisé comme insecticide depuis le début du 19ème siècle et est extrait de

fleurs voisines des chrysanthèmes. Le pyréthrum est un mélange de pyréthrine I, pyréthrine

II, cinérine I et cinérine II. Les pyréthroides synthétiques (comme leurs analogues naturels)

provoquent une paralysie rapide des insectes qu’ils ciblent. Bien qu’efficace, le pyrethrum

souffre d’instabilité à la lumière. Les analogues synthétiques, qui sont photostables,

comprennent la perméthrine.

O

O

O

Cl

Cl

O

OO

pyréthrine I perméthrine

2.3. Les propriétés physiques des alcanes

Les températures de fusion et d’ébullition

Les électronégativités de C et de H sont de 2,6 et 2,2 respectivement, et le moment

dipolaire de la liaison C-H est faible. Les alcanes sont des molécules essentiellement non

polaires et, à la fois à l’état liquide et à l’état solide, les interactions intermoléculaires sont de

faibles forces de van der Waals. La figure suivante illustre les tendances de température de

fusion et d’ébullition pour les alcanes dont la longueur varie de 1 à 20 atomes de carbone.

Gillet Steve, D.Sc. -17-

Chimie organique (régularisation).

Le méthane, éthane, propane et butane sont des gaz à 298 K et à pression

atmosphérique, alors que les alcanes du pentane jusqu’à l’heptadécane sont des liquides.

Ce ne sont que les alcanes de 18 carbones et plus qui sont solides à 298 K. La figure ci-

dessous illustre la façon dont les molécules d’icosane sont entassées à l’état solide.

L’augmentation générale du point de fusion avec la longueur de la chaîne carbonée

reflète le fait que les interactions intermoléculaires augmentent lorsque la surface des

molécules augmente.

On peut également voir sur la figure de température d’ébullition et de fusion en

fonction du nombre de carbones, les tendances pour les cycloalcanes de 3 à 8 atomes de C.

En général, les valeurs pour un cycloalcane avec un nombre d’atomes de carbone donné

sont supérieures à celles de son correspondant acyclique. Les forces de van der Waals

s’exercent entre les molécules de cycloalcane à l’état solide, mais la tendance au niveau des

températures de fusion n’est pas régulière. Cela peut se discuter en terme de variation de

forme moléculaire et de facilité d’empilement (plus l’empilement est facile, plus les

interactions intermoléculaires sont importantes, plus les températures de fusion sont

élevées).

Finalement, l’effet des substituants est illustré par la table ci-dessous, qui regroupe

les températures d’ébullition de différents isomères du cyclohexane.

Gillet Steve, D.Sc. -18-

Chimie organique (régularisation).

Nom du composé Structure Point d’ébullition (K)

Hexane 341,7

2-Méthylpentane

333,3

3-Méthylpentane

336,3

2,3-Diméthylpentane

331,0

2,2-Diméthylbutane

322,7

En général, un isomère qui a une chaîne branchée a une température d’ébullition

plus faible qu’une molécule avec une chaîne droite. Les forces moléculaires décroissent à

mesure que le contact entre les molécules décroit. Un alcane a une forme de plus en plus

sphérique à mesure que son degré de branchement augmente.

Densité et miscibilité avec l’eau

La densité des alcanes à chaîne droite augmente à mesure que la longueur de la

chaîne augmente, mais les valeurs plafonnent aux environs de 0,8. Tous les alcanes sont

moins denses que l’eau.

Comme nous l’avons vu, les alcanes sont non polaires, alors que l’eau, elle, est

polaire. Les alcanes sont donc non miscibles à l’eau.

De ces deux observations, il résulte qu’un alcane liquide, lorsqu’il est mélangé à

l’eau, va former une couche à la surface de cette dernière.

2.4. Combustion des alcanes à chaîne droite

Les alcanes brûlent en présence d’O2 pour donner du CO2 et de l’eau et ces réactions

sont exothermiques.

CH4 + 2 O2 CO2 + 2 H2O

C9H20 + 14 O2 9 CO2 + 10 H2O

Gillet Steve, D.Sc. -19-

Chimie organique (régularisation).

En pratique, la combustion est incomplète et des quantités variables de carbone

élémentaire et d’autres composés carbonés sont formées en plus du CO2. La présence de

carbone élémentaire et de grosses molécules aromatiques provoque l’épaisse fumée qui est

observée lors de la combustion d’hydrocarbones lourds.

Lorsque la quantité d’O2 est limitée (par exemple, lorsque l’on brûle de l’essence

dans une pièce close), la combustion peut mener à la formation de CO. De nombreux

accidents domestiques, liés à un mauvais fonctionnement de chauffage ou à une ventilation

insuffisante, peuvent résulter de cette réaction incomplète.

Les valeurs de variation d’enthalpie standard de combustion peuvent être trouvées

expérimentalement en utilisant une bombe calorimétrique et de là, les variations d’enthalpie

standard de formation peuvent être déduites en utilisant le cycle de Hess (comme nous le

verrons en chimie appliquée). La combustion peut également être utilisée pour déterminer la

formule moléculaire d’un composé comme illustré par l’exercice suivant :

Lorsqu’il est complètement brûlé, un alcane acyclique X donne 211,2 g de CO2 et

97,2 g d’H2O. Suggérez une possible identité pour X. (R : C8H18)

2.5. La chloration du méthane : une réaction en chaîne radicalaire

Caractéristiques générales d’une réaction en chaîne radicalaire

Une réaction en chaîne radicalaire comprend une série d’étapes :

• L’amorçage

• La propagation

• La terminaison

Dans l’étape d’amorçage, des radicaux sont produits à partir d’un ou plusieurs

réactifs. La production de radicaux peut provenir du chauffage ou de l’irradiation du mélange,

ou encore de l’ajout d’un amorceur chimique. L’équation ci-dessous montre un exemple

classique d’amorçage dans lequel des radicaux X• sont formés à partir X2 par la rupture

homolytique de la liaison lors de l’irradiation de X2.

Etape d’amorçage

Les radicaux organiques ont souvent une durée de vie courte. Lorsqu’ils entrent en

collision avec d’autres espèces, des réactions peuvent avoir lieu qui peuvent résulter soit en

une propagation, soit en une terminaison. Si un radical entre en collision avec une espèce

non radicalaire, alors c’est l’étape de propagation qui a lieu, générant un nouveau radical.

Etape de propagation

X2 X 2hν

Y R XX R Y +

Gillet Steve, D.Sc. -20-

Chimie organique (régularisation).

Le radical nouvellement généré peut maintenant réagir avec une seconde espèce

pour produire un troisième radical.

Etape de propagation

Finalement, les radicaux peuvent entrer en collision entre eux pour former une

nouvelle espèce lors de l’étape de terminaison (les différentes étapes de terminaison

possibles sont illustrées ci-dessous).

2 X• X2

2 Y• Y2

2 R• R2

Y• + X• X-Y

Y• + R• R-Y

R• + X• R-X

L’ensemble de ces séquences d’évènements se combine pour donner une réaction

en chaîne avec les étapes de propagation qui gardent la chaîne « active ». La concentration

en radicaux dans le milieu réactionnel est faible à tout moment. Donc l’interaction entre un

radical et une espèce non radicalaire (c'est-à-dire la propagation) est de loin plus probable

que la réaction entre deux radicaux (c'est-à-dire la terminaison). Après le processus

d’amorçage, un grand nombre d’étapes de propagation peuvent avoir lieu avant que les

radicaux ne disparaissent en une étape de terminaison. Très souvent la production d’un seul

radical permet la formation de plusieurs milliers de molécules avant que la chaîne ne se

termine.

R Y YY Y R +

Le mécanisme de chloration du méthane

L’absorption de lumière par le Cl2 provoque une fission homolytique de la liaison Cl-

Cl. C’est ce qui est illustré dans l’étape d’amorçage suivante :

Cl2 2 Cl•

Des collisions peuvent avoir lieu entre des radicaux Cl• et des molécules de méthane,

et une séquence d’étapes de propagation commence, comme illustré ci-dessous. Dans

chaque étape un radical est consommé et un autre radical est formé.

Cl• + CH4 HCl + CH3•

CH3• + Cl2 CH3Cl + Cl•

Cl• + CH3Cl HCl + •CH2Cl

•CH2Cl + Cl2 CH2Cl2 + Cl•

Gillet Steve, D.Sc. -21-

Chimie organique (régularisation).

La terminaison de la chaîne a lieu lorsque deux espèces radicalaires se combinent.

Les équations ci-dessous illustrent quelques-unes des étapes de terminaison possible, mais

d’autres le sont également.

2 Cl• Cl2

Cl• + CH3• CH3Cl

2 CH3• CH3CH3

La première de ces étapes de terminaison illustre la réaction inverse de l’étape

d’amorçage, alors que la deuxième illustre la formation d’un produit désiré. La dernière, par

contre, complique le processus en allongeant la chaîne carbonée. La molécule de C2H6 peut

à son tour subir une chloration par un radical Cl• et la chaîne peut éventuellement s’allonger

à nouveau, ce qui peut produire, au final, des alcanes à longues chaînes. Une réaction

radicalaire est, dès lors, non spécifique.

2.6. Des processus en compétition : la chloration du propane et du

2-méthylpropane

Pour les chaînes d’alcanes qui possèdent plus de deux atomes de C, une

complication supplémentaire voit le jour lors des réactions radicalaires : un radical peut

attaquer à différents endroits. Illustrons le problème en considérant la chloration du propane

et du 2-méthylpropane. Ces composés contiennent différents types d’atomes de C, comme

le montrent les structures suivantes :

CH3

H

HCH3 CH3

CH3

HCH3

Primaire

SecondaireTertiaire

La réaction entre Cl2 et le propane

Lorsqu’un mélange de Cl2 et de propane est irradié, l’étape d’amorçage consiste en la

formation de deux radicaux Cl•. Les étapes de propagation suivent alors l’une des deux

séquences illustrées ci-dessous, suivant que l’hydrogène impliqué est attaché à un carbone

primaire ou secondaire. La première équation illustre l’arrachement d’un proton à partir d’un

carbone primaire, alors que la deuxième illustre l’arrachement d’un proton à partir d’un

carbone secondaire.

Gillet Steve, D.Sc. -22-

Chimie organique (régularisation).

Cl C

Cl C

+ HCl +

+ HCl + L’arrachement d’un proton pour donner un radical alkyl libre s’effectue

préférentiellement à partir d’un atome de carbone secondaire plutôt qu’à partir d’un atome de

carbone primaire. Donc, la seconde étape, illustrée ci-dessus prédomine sur la première. La

réaction entre un radical alkyle et le Cl2 mène soit au 1-chloropropane ou au 2-

chloropropane.

Cl Cl C

Cl

Cl C

Cl2

Cl2+

++

+ A cause des stabilités relatives des deux radicaux formés, le mélange final contient

plus de 2-chloropropane que de 1-chloropropane.

La stabilité des radicaux

La réaction décrite ci-dessus conduit à un résultat plus général et plus important.

Dans une réaction radicalaire, un radical dérivé d’un carbone tertiaire est formé

préférentiellement par rapport à celui dérivé d’un carbone secondaire et un radical dérivé

d’un carbone secondaire est formé préférentiellement par rapport à celui dérivé d’un carbone

primaire. Ce qui peut se traduire par le schéma suivant :

R3C• > R2HC• > RH2C• > H3C•

Les stabilités relatives des radicaux alkyles et la formation préférentielle de l’un ou de

l’autre affecte la distribution finale en produits dans la réaction en chaîne que nous avons

déjà vu.

La réaction entre le Cl2 et le 2-méthylpropane

Lorsqu’un mélange de Cl2 et de 2-méthylpropane est irradié, l’étape d’amorçage

consiste, à nouveau, en la formation de deux radicaux Cl•. Ces radicaux réagissent ensuite

avec le 2 méthylpropane en différentes étapes en compétition. L’une de ces étapes consiste

en l’arrachement d’un proton d’un carbone primaire, alors que l’autre consiste en

l’arrachement d’un hydrogène d’un carbone tertiaire.

Gillet Steve, D.Sc. -23-

Chimie organique (régularisation).

Gillet Steve, D.Sc. -24-

Cl C

C

HCl

+

HCl

+

+

Les radicaux alkyles peuvent alors réagir avec Cl2 pour donner du 1-chloro-2-

méthylpropane et du 2-chloro-2-méthylpropane.

Cl ClC

C

Cl2

Cl2 Cl Cl

+

+

+

+ Des données expérimentales montrent que le 1-chloro-2-méthylpropane prédomine

sur le 2-chloro-2-méthylpropane (65 % : 35 %) même si le radical intermédiaire formé par

l’arrachement d’un proton du carbone tertiaire est favorisé énergétiquement sur

l’arrachement du proton d’un carbone primaire. Les résultats expérimentaux peuvent

toutefois être expliqués par le fait qu’il y a neuf hydrogènes attachés à un carbone primaire,

pour seulement un atome d’hydrogène attaché à un carbone tertiaire. Ainsi, même si

l’arrachement de l’hydrogène du carbone tertiaire est favorisé énergétiquement et

cinétiquement, il y a statistiquement plus de chance que ce soit un hydrogène d’atome de

carbone primaire qui se fasse arracher. Il y a donc deux facteurs en compétition et la

distribution en produits observée confirme que l’arrachement d’un hydrogène d’un carbone

primaire l’emporte sur la réactivité accrue de l’atome de carbone tertiaire.