Chapitre 2 : EROSION EOLIENNE
I. ORIGINE DE L'EROSION EOLIENNE
Les vents violents tels que définis ci dessus sont à la base de cette érosion.
L’arrachage, le transport et dépôt des particules de sols sont fonction de la vitesse du vent,
de la taille et de la densité de ces particules, de l’humidité du sol et du couvert végétal.
L'arrachage des particules du sol est déterminé par les forces du vent qui s'exercent à la
surface du sol. La vitesse du vent qui se déplace au dessus de cette surface du sol devient
plus importante dès qu'on s'éloigne du sol. Cette vitesse augmente en proportion du
logarithme de la hauteur, définissant ainsi une courbe de vélocité. A partir de cette dernière,
on pourrait déterminer l'intensité de la force du vent exercée.
En d'autres termes, on pourrait dire qu'au niveau situé entre 0.03 et 2.5 mm d'une surface
du sol nu, la vitese du vent est nulle. Mais, juste sur une très faible hauteur au dessus de ce
niveau, la circulation de l'air est "laminaire" ou règulière. Cependant, dès qu'on s'éloigne de
cette hauteur au dessus de cette couche laminaire ou ce qu'on appelle la couche d'air
immobile, on assiste à un mouvement de turbulence entraînant le déplacement des
particules du sol. Cette couche de turbulence se crée dès lors que la vitesse du vent dépasse
2 à 3 km à l'heure.
Chapitre 2 : EROSION EOLIENNE
II. FACTEURS DE L’EROSION EOLIENNE:
II.1. Les facteurs causaux : climat (vent) Erosivité du vent
Le facteur déterminant dans la manifestation de l'érosion éolienne est particulièrement
l'intensité érosive de la forcedu vent.
Dans le cas de l'érosion éolienne, le vent est une force qui agit sur la surface du sol. L'effet
de ce vent sur la surface dépend des caractéristiques et de l'état du sol dans la couche
superficielle. La vélocité éolienne requis donc, pour engendrer le mouvement des particules
les plus sensibles est fonction de la taille et de la densité des particules détachables. Ainsi, la
vitesse du vent devrait être de 15 km/h à la hauteur de 30cm au dessus du sol pour pouvoir
déloger des particules du sol d'environ 0.1mm de diamètre. Sur une surface égale, ces
particules émergent à une hauteur suffisante pour absorber une force assez appréciable,
mais leur légèreté permet au vent de les déplacer plus facilement. Par ailleurs, les particules
les plus petites présentent une forte cohésion et n'émergent pratiquement pas dans la zone
de turbulance.
Dans les parcelles qui présentent un mélange de particules de diverses dimensions, la limite
pratique se situe aux alentours de 20 km/h ou de 6 m/s à la même. C'est ce qu'on appelle
couramment un vent efficace
Pour ce qui est des particules de grandes dimensions (supérieures à 1mm de diamètre), elles
sont assez lourdes à déplacer par rapport à leur hauteur d'émergence. Leur déplacement ne
peut s'effectuer qu'avec des vents très forts. Il est aussi à noter que la force exercée
augmente avec la vitesse du vent et que par conséquent, aucune particule de dimension
normale ne peut être à l'abri d'être sujet au détachement.
Lors de l’érosion éolienne, l‘effet du vent entraîne: •La disparition d'une grande proportion de la couverture végétale • La détérioration de la structure du sol • L’érosion de la couche la plus riche en éléments nutritifs.
Généralement, l'érosion éolienne se passe dans des conditions de vents qui soufflent sur une
surface de sol sèche composée de particules à texture grossière.
Les zones tropicales semi-arides y sont particulièrement sensibles. Pendant la saison sèche,
l'effet de surpâturage induit la disparition d'une grande proportion de la couverture
végétale, laissant des surfaces importantes non protégées et dont la structure se détériore.
Comme c'est le cas pour l'érosion hydrique, la couche la plus riche en éléments nutritifs est
érodée, ce qui provoque une diminution de la fertilité du sol.
Au Sahel, durant l'établissement des cultures, des vents violents accompagnant les orages et
précédant la pluie provoquent des flux de sable importants sur sol sec. Au cours de ce
phénomène, les jeunes plantes sont attaquées ou recouvertes par les particules de sable, ce
qui entraîne des pertes importantes pour les cultures.
II.2. Les facteurs de conditionnement :
o Nature du sol (texture, structure, teneur en M.O) : La texture et la structure
du sol interviennent comme facteurs de risque de l’érosion éolienne. Les sols
loameux, loam argileux et loam sableux sont généralement plus résistants à la
désagrégation et par la suite à l’érosion éolienne. Il est à noter que les sols les
plus fragiles et les plus sensibles à l'effet de l'érosion éolienne sont les sols
sableux. Cependant, certaines particules de faible diamètre peuvent résister
à l'action érosive du vent et ce, grâce à leur aptitude à la cohésion. Ainsi,
l'optimum de la taille des particules du sol pour résister contre l'érosion
éolienne se situe autour de 80 mm.
La structure du sol est l’arrangement des particules individuelles du sol en
agrégats. Les agrégats sont plus lourds que les particules individuelles à
être transportées par le vent. Les processus d'agrégation dépendent étroitement
des conditions climatiques et des phénomènes mécaniques qui interviennent en
surface: pratiques culturales, piétinement par les animaux, passage d'engins
mécaniques, auxquels il faut ajouter l'action abrasive des particules en
saltation. La structure se modifie constamment et tout ce qui tend à réduire le
degré d'agrégation aggrave par la suite les risques d'érosion. Moins les sols
comportent en surface de matières qui améliorent la structure
(matières organiques, fer et alumine libre, calcaire), et plus ces sols sont
fragiles. Aussi, la présence de sodium ou de sel entraîne souvent la formation
d'une couche pulvérulente en surface, ce qui est déclencheur de l'érosion
éolienne.
La matière organique qui est un agent liant entre agrégats, fait que les sols
riches en M.O. sont plus résistants à l’action de l’érosion éolienne.
o Topographie : agit dépendamment de plusieurs cas de figures notamment:
L’augmentation de la rugosité du terrain par la présence de billons ou des bandes de labour intervient à réduire l’effet de l’érosion éolienne et ce, en
agissant comme un obstacle de réduction de la vitesse du vent (donc selon l’orientation par rapport au vent dominant).
Aussi, la pierrosité à la surface du sol, en formant un "pavage", réduit les risques d'érosion éolienne. C'est le cas dans les regs.
o Couvert végétal : La couverture végétale protége contre l’érosion éolienne
par son action à réduire la vitesse du vent à la surface du sol. La plupart des
sols ont besoin une couverture végétale d’au moins de 30% pour prévenir
l’action destructrice de l’érosion éolienne. Aussi, à signaler que les chaumes
et les résidus de culture étalés sur le sol pourraient représenter une
alternative à adopter pour réduire la vitesse du vent au ras du sol.
o L'humidité du sol augmente la cohésion des particules du sol, rendant ceux-ci
temporairement indisponibles pour l’arrachage et le transport par l'érosion
éolienne.
o L'aridité du climat : on constate en Afrique que l'érosion éolienne se
manifeste là où les pluies sont < à 600 mm sur des sols dénudés et en
présence des vents avec des vitesses dépassant un seuil de l'ordre de 20 km/h
ou de 6 m/s sur sols secs. Egalement, il est à noter que l'érosion éolienne peut
avoir lieu également dans des climats humides lorsque certains mois de
l'année sont particulièrement secs, en plus que le sol soit préparé par des
techniques culturales qui pulvérisent la surface du sol.
Chapitre 2 : EROSION EOLIENNE
III. MECANISMES DE L'EROSION EOLIENNE
Du point de vie mécanique, le vent a plusieurs modes d’action suivant l’échelle considéré:
III.1. Les mécanismes de mouvement à l'échelle des particules
La déflation : enlèvement des particules légères et sables fins du sol. En fait, la
déflation entraîne le départ en suspension des particules légères du sol (argiles, limons
et matières organiques). Ces poussières sont aspirées par les tourbillons jusqu'à
plusieurs milliers de mètres d'altitude pour être ensuite dispersées sous forme de
brume sèche ou pour circuler sous forme de nuage sur plusieurs milliers de kilomètres.
Figure 2.1. Déflation: les grains de petites dimensions sont emportés par le vent
Le transport des particules mises en mouvement par le vent peut s’opérer de trois
façons différentes suivant la dimension des matériaux, la vitesse du vent et son degré
de turbulence.
1. Dans la saltation, les particules avancent par bonds ou sauts. Celles qui se meuvent
de cette façon ont généralement de 0.05 à 0.5 mm. Ce mode de transport consiste
en une succession de sauts balistiques dont la concavité des trajectoires est toujours
dirigée vers le bas. Un grain est arraché du lit par le cisaillement, puis retombe plus
loin en délogeant statistiquement dix grains. La plupart du matériel érodé est
transporté entre 0 et 0.3 m au-dessus de la surface du sol par saltation. Elle présente
7 à 25 % du transport.
Figure 2.2. Schéma de saltation. Les axes sont gradués en diamètre de grain.
2. Dans le second type de mouvement : reptation en surface, les particules de plus
grande dimension roulent ou glissent à ras de terre. Trop lourdes pour être soulevées
par le vent, elles sont mises en mouvement par l’impact des particules en saltation
plus que par la force éolienne directe. Les particules qui se déplacent de cette façon
peuvent mesurer de 0.5 à 2 mm de diamètre, suivant leur densité et la vitesse du
vent. Il représente 50-80% du transport et est le principal déplacement des grandes
mantes dunaires ;
Figure 2.3. Schéma de roulement et glissement.
3. La suspension, troisième mode de déplacement, correspond au flottement dans l’air
de particules fines de diamètres faibles < à 0,1 mm dont le mouvement initial est
également déclenché par l’impact des particules en saltation. Ce type de
transport apparaît pour un cisaillement supérieur à la vitesse de sédimentation. Les
grains ont des trajectoires quasi rectilignes, de sommet ondulé, situées bien au
dessus du lit granulaire. En d’autres termes, c’est un transport sous forme de
poussière, même par vent léger sous des grandes distances (milliers de Km).
Figure 2.4. Schéma de suspension. Les axes sont gradués en diamètre de grain.
Photo 2.1. Le mode du transport des particules par suspension dans un champ agricole.
Dans les écoulements complexes ou qui possèdent plusieurs gammes de tailles ou de
densités de grains, comme les écoulements en rivière, les trois modes de mouvement de
grains décrits ci-dessus cohabitent comme schématisé sur le graphique suivant :
Figure 2.5. Mode d'entraînement des particules par érosion éolienne.
III.2. Les mécanismes à l'échelle des mouvements globaux
Les particules en mouvement sont le siège d'interactions dont il faut citer principalement
L'effet d'avalanche : Ce phénomène est la conséquence de la saltation. Les particules
qui ont sauté provoquent, en retombant, le départ d'une quantité plus importante de
particules. Plus le terrain est étendu, plus les impacts des particules déplacées par le
vent sont nombreux. En conséquence, à mesure que le processus gagne du terrain
dans le sens du vent, le nombre des particules mises en mouvement s'accroît. C'est ce
qu'on appelle l'effet d'avalanche. Aussi, lorsque le vent progresse sur un sol dénudé, sa
charge en particules augmente sans cesse jusqu'à atteindre un maximum tel que la
quantité perdue est égale à la quantité gagnée à chaque instant.
La charge maximale du vent en particules est sensiblement la même pour tous les
types de sols et elle est égale à celle que l'on rencontre sur les dunes de sable. La
distance nécessaire pour que cette saturation soit atteinte varie en raison inverse de la
sensibilité d'un sol à l'érosion comme illustrée sur le tableau suivant :
Sensibilité du sol Distance nécessaire pour la
saturation du vent
un sol très fragile 50 m
un sol de bonne cohésion > 1000 m
Ainsi sur un sol très fragile, la saturation du vent en particules transportées peut se
produire en une cinquantaine de mètres, et demander plus de 1000 mètres sur un sol
de bonne cohésion.
Le triage : Le vent déplace les particules très fines et très légères beaucoup plus
rapidement que les grosses. Plus les particules sont fines, plus leur vitesse est grande et
plus la distance qu'elles parcourent et les hauteurs qu'elles atteignent sont
importantes. Le vent sépare ainsi les différents éléments du sol en catégories suivant
leurs dimensions: mottes non érodables, gravier, sable, argile et loess. Il emporte ainsi
les éléments fins et ne laisse sur place que les éléments grossiers.
Une autre conséquence de ce triage est la stérilisation progressive du sol car la matière
organique elle-même formée d'éléments fins et peu denses, est l'un des premiers
éléments à être emportés.
La corrasion : est l'attaque mécanique de la surface sur laquelle souffle un vent
chargé de particules. C'est dans les régions arides, une cause aggravante de l'érosion
des sols.
- Dans un matériau cohérent et homogène la corrasion se traduit par des stries
parallèles ou par un remarquable poli. Le polissage affecte les affleurements
comme les cailloux des regs, plus ou moins alvéolés ou façonnés en facettes.
- Par ailleurs, dans les roches meubles et en particulier dans les terres agricoles
(argile et limons), les vents creusent des sillons parallèles mettant à nu les
racines des jeunes plantes. Lorsque ce phénomène est poussé plus loin, la
corrasion délimite des buttes allongées aux profils longitudinaux
aérodynamiques, hautes parfois de plusieurs mètres appelées "yardangs"
(Figure 6).
Figure 2.6. Yardangs.
L’accumulation : dépôt de poussière et sables transportés quand le vent perd de la
vitesse ou quand il est trop chargé pour donner naissance à des dunes de formes les
plus simples aux plus complexes.
Il apparaît que la zone d’accumulation est toujours associée à la zone de déflation et la
conséquence est qu’une dune mobile avance par le mouvement de ses propres sables et est
à la fois zone d’alimentation et d’accumulation. C’est pour cela, pour stopper les dunes, il
faut traiter dune et zone d’alimentation où elles se forment et se mettent en mouvement.
Les formes d'accumulation sont nombreuses pour ne citer que certaines notamment: Voile éolien, Nebka, Barkhane, Dunes linéaires ou sif, Dunes en pyramide ou "ghourds", Aklé, Dune parabolique, Cordons longitudinaux: Sandridge, etc…
Chapitre 2 : EROSION EOLIENNE
IV. ESTIMATION DE L’EROSION EOLIENNE
IV.1. Mesures directes
1. Elle peut se faire directement par mesure qualitative des effets sur la baisse de
productivité des sols ;
2. Elle peut être estimée par la quantification de l’ensablement des infrastructures ;
3. Elle peut être réalisée par la collecte de particules à l’aide de capteurs mobiles situés à
différents niveaux au dessus du sol.
Dans cette partie, nous allons nous essayer d'énoncer de façon sommaire certaines
méthodes directes de quantification de l'érosion et ce, avec illustration en photos:
a/ Méthode de piquets
A l’échelle de la parcelle, une des techniques les plus utilisées pour vérifier l'efficacité des
techniques de lutte contre l’érosion éolienn est celle de la “méthode des piquets”. Il s’agit
d’un réseau de piquets en fer rond, parfois gradués, dont la disposition sur le terrain dépend
du dispositif expérimental et de l’objectif de l’étude. Ce réseau de piquets sert à quantifier
les apports/pertes en sol (ensablement/érosion) exprimés en hauteur ou en masse et
déterminés à partir de l’évolution naturelle du niveau de la surface du sol. Cette
quantification est calculée sur la base du bilan des fluctuations du niveau du sol à partir d’un
état initial pris comme origine.
Photo 2.2. La méthode des piquets utilisée sur le terrain pour quantifier l’érosion éolienne.
Cette technique a montré sa satisfaction dans les études comparatives entre les diverses
techniques de lutte contre l’érosion éolienne et pour des conditions particulières de terrain.
Par contre, elle ne peut fournir qu’une idée très approximative sur le mouvement du sable à
l’échelle de la parcelle.
b/ Méthode de pièges à sable
Pour pouvoir évaluer les quantités de sable déplacées, le sable est attrapé à l'aide de pièges
ou des trappes dont quelques dispositifs sont illustrés en photo ci-dessous. Ce sont des
collecteurs qui peuvent être disposés à différentes hauteurs au dessus du sol.
On peut illustrer également des pièges à sable de type BSNE (Big Spring Number Eight;
Fryrear, 1986). C'est l'instrument pour mesurer les flux de saltation le plus utilisé. Le BSNE
sont utilisé dans une configuration à plusieurs étages, les ouvertures s'orientent face au
vent (photo 3).
Photo 2.3. Une illustration des collecteurs mobiles de sables.
Photo 2.3. Une illustration des collecteurs mobiles de sables.
IV.2. Mesures indirectes : La modélisation
L’évaluation de l’érosion éolienne peut se faire indirectement par l’utilisation de l’équation
universelle de l’érosion éolienne (Wind erosion model). L'équation utilisée est la suivante:
E = f (I, K, C, L, V)
avec E perte potentielle du sol en fonction des plus importants facteurs qui contribuent à
l'érosion. Elle est exprimée en T /ha/an
I: érodabilité du sol qui est fonction de la texture de la structure (facilité de désagrégation du
sol)
K: indice de rugosité du terrain
C: facteur climatique qui est fonction du vent et de la température
L: distance couverte par le vent sur le champ dénudé
V: couverture végétale équivalente
Parmi les facteurs susceptibles d'influencer l'érosion éolienne, les facteurs K et V sont
probablement les plus faciles à manipuler par les agriculteurs. Ainsi les travaux de Fryrear
(1985) ont permis avec un recouvrement de 20% de la surface du sol à l’aide des résidus de
culture (l'équivalent de 600 kg/ha de tiges de maïs), une réduction de 57% des pertes du sol.
De plus, il est également à signaler que les résidus sur pied sont plus efficaces que les résidus
étendus sur la surface du sol.
Mais d’une façon générale, les quantités de résidus nécessaires pour assurer un certain
degré de protection contre l'érosion dépendent du type de culture.
Ainsi, à titre d’exemple comme illustré sur le tableau suivant, il y a un certain nombre de
possibilités d’interventions sur les différents paramètres de cette équation universelle de
perte du sol par érosion éolienne :
Paramètres du modèle Moyens d’intervention
I: érodabilité du sol le labour
K: indice de rugosité du terrain le billonnage ⇗ la rugosité
L: distance couverte par le vent la culture alternée ou les brise vents
V: couverture végétale utilisation des résidus de culture
La liste des modèles utilisés pour simuler l'érosion éolienne est longue. On peut se contenter
à énumérer les méthodes communes et les méthodes complexes.
a/ Méthode commune:
E = K × P
avec E : érosion éolienne
K: Facteur de climat qui dépend de:
1/ vitesse du vent (énergie cinétique),
2/ force d'entraînement du vent et
3/ effet du vent sur le dessèchement du sol (degré d'humidité)
P: Facteur de résistance du sol.
b/ Méthodes complexes: On va citer deux modèles, modèle de chepil et woordruff
(1954) représenté par la formule suivante:
W = 491,3 × I /(R ×K)0,835
avec W: érosion éolienne (T/acre)
I: Facteur d'agrégation du sol (teneur en particules > 0,84 mm)
R: facteur des résidus des cultures
K: facteur de rugosité de la surface du sol.
Il y a aussi à signaler le modèle de chepil (1959) formulé par l'équation suivante:
E = I × R × K × F × B × W × D
avec E: érosion éolienne
I: facteur d'agrégation du sol (teneur en particules > 0,84 mm)
R: facteur des résidus de culture
K: facteur de rugosité
F: facteur d'arabilité du sol
B: facteur des brises vents
W: facteur de l'étendue de terrain
D: facteur de direction du vent.
Chapitre 2 : EROSION EOLIENNE
V. CONSEQUENCES DE L’EROSION EOLIENNE
Ø Parmi les conséquences de l’érosion éolienne, la plus fâcheuse est le tri qu’elle opère
entre les particules de sol, dont elle élimine constamment les plus fines. La répétition
de ce processus risque d’abaisser la productivité du sol et d’en accroître la sensibilité
à l’érosion. A moins d’être fixées par une végétation permanente, les sols ainsi
érodés sont appelés à se transformer ultérieurement en dunes instables.
Figure 2.4. Le vent enlève les de plus petites particules de sol et laisse les cailloux exposés en surface
Ø Les formes les plus spectaculaires sont les dunes, accumulation de sables plus ou
moins stériles qui migrent au gré des vents au point d'ensevelir les oasis et les cités.
Ø La dégradation des croûtes de sédimentation à la surface des sols dénudés ou encore
la désagrégation des roches, à leur base, au niveau de leur contact avec le sol
(abrasion).
Ø Les nappes de sable qui circulent à faible altitude (30 à 50 m) peuvent dégrader les
végétaux (en particulier les jeunes semis).
Ø L'érosion éolienne peut donner un dessèchement du milieu par perte de la capacité du
stockage des nutriments et de l'eau dans le sol.
Ø Pertes du sol et éléments nutritifs.
Ø Asphyxie des semis et plantules, nécessité de ressemer.
Ø Problème de pollinisation/pulvérisation dans vergers et certaines cultures (vents trop
violents).
Ø Lacération du feuillage:
- susceptibilité accrue aux maladies
- diminution de la qualité (exp : laitue)
- baisse possible de rendement
Chapitre 2 : EROSION EOLIENNE
VI. DEFENSE CONTRE L’EROSION EOLIENNE
L’analyse des mécanismes de l’érosion éolienne permet de dégager quatre méthodes
fondamentales de défense, qui consistent respectivement à :
1. Former ou ramener en surface des agrégats ou des mottes de dimension suffisante
pour résister à la force du vent ;
2. Rendre la surface inégale de façon à ralentir le vent et à retenir la terre mise en
mouvement ;
3. Etablir par intervalles des pare-vent ou des bandes de fixation pour réduire pour
réduire la vitesse du vent et freiner le processus d’avalanche ;
4. Etablir et maintenir une végétation ou des résidus végétaux qui protègent le sol.
Ces principes peuvent trouver partout leur application, mais l’efficacité relative de chacun
d’eux varie avec les conditions locales de climat, du sol et d’utilisation du sol.
En résumé, nous pouvons dire que le principe de la lutte contre l'érosion éolienne s'organise
selon deux niveaux:
• d'une part réduire la vitesse du vent à la surface du sol,
• d'autre part, augmenter la cohésion du matériau face à cette agression.
1. Pratiques de gestion du sol : Si les pratiques de gestion visant à maîtriser l'érosion
éolienne s'imposent dans le cas des sols sableux, organiques ou tourbeux, elles ont
également leur place là où les sols sont argileux ou limoneux.
a/ Le maintien d'une bonne structure de sol et d'une couche de résidus laissée en
surface rend le sol plus résistant à l'érosion éolienne dans les champs exposés aux vents
dominants. Ce sont ordinairement les sols sableux et les argiles granuleuses qui sont les plus
sensibles à l’érosion éolienne
b/ Le billonnage (le facteur K), qui augmente la rugosité de la surface des
sols sensibles à l'érosion peut réduire les pertes de sol de 85% (Fryrear, 1984). Le billonnage
sera d'autant plus efficace si les billons sont orientés perpendiculairement à la direction du
vent érosif dominant. Les billons et les mottes se décomposent après un certain temps,
particulièrement sur sols sableux pauvres en argile et en limon. Si on a peu ou pas du tout de
résidus, comme c'est souvent le cas au Sahel, un billonnage répété devient la dernière
mesure de protection possible au cours de périodes de vents violents, sous conditions
sèches. Ce type de travail du sol est connu comme "le travail du sol d'urgence" (Fryrear et
Skidmore, 1985).
2. Brise-vent et haies : Inertes (Tôles perforées, grillage, branchage, pierres sèches...etc.) ou
vivants (Plantations), ils permettent de limiter la vitesse du vent. Les plus répandus sont les
brises vent de plantation en ligne. Pour pouvoir être utilisée comme brise-vent, les essences
forestières doivent posséder les caractéristiques suivantes :
Les feuilles persistantes
une croissance rapide
un encombrement réduit
un système radiculaire tel que la concurrence des racines soit limitée
Il est recommandé de planter des arbres comme brise-vent aux limites nord et ouest des
champs. On peut même en planter tout autour des champs là où l'érosion éolienne est un
problème particulièrement préoccupant. Pour les zones montagnardes, sur les pentes très
abruptes ou aux endroits où le vent balaie les champs, forme des sillons superficiels ou
ravine la surface du sol, il faut maintenir un couvert végétal permanent d'herbe ou d'arbres.
3. Couverture du sol
Elle peut se faire soit par :
Paillage
Photo 2.5. Illustration du paillage installé entre les rangs dans un champ maraîcher sujet au problème d'érosion éolienne.
Couverture vivante durant la saison sèche dans la mesure où le climat le permet.
Le rôle de cette couverture est qu’elle permet dépendamment du type de culture :
- Pour les résidus dressés, une diminution de la vitesse du vent et une captation
des particules qui se déplacent par saltation;
- Pour les résidus couchés, une réduction de l’évapotranspiration (assèchement)
au niveau du sol, ce qui a un effet bénéfique important en période de sécheresse.
Finalement, il convient souvent de combiner la couverture du sol avec l’implantation des
haies vives
4. Fixation des dunes : Normalement, les dunes de sables vont se mouvoir lorsqu’elles sont
dépourvues de végétation. Ces dunes mobiles peuvent s’observer sur le littorale et sur le
continentale.
Lorsqu’on veut fixer les dunes, il est nécessaire de faire un certain nombre d’études
préalable à savoir :
composition du sable
force, fréquence, direction du vent
hauteur, durée, répartition des pluies
existence de végétation naturelle sur les dunes
Le principe de la fixation des dunes est d’empêcher au sable de se déplacer pendant un
temps suffisamment long pour permettre à la végétation naturelle ou plantée de s’y
développer par l’application de la technique de la stabilisation des sables.
Cette technique consiste à freiner le mouvement de sables et pour cela on peut ériger des
palissades.
Ces palissades sont en branches, nattes, planches enfoncées dans la dune, etc. Ces obstacles
doivent être parallèles entre elles et perpendiculaire à la direction des vents dominants. Si
les vents viennent dan toutes les directions, il faut faire alors des palissades croisées.
4. Irrigation: qui est une solution temporaire permettant une augmentation de la cohésion
des particules sableuses ou en sols organiques.
5. 5. Irrigation: qui est une solution temporaire permettant une augmentation de la
cohésion des particules sableuses ou en sols organiques.
6. Cultures en bandes alternées: ex. maïs-cucurbitacées (courges, concombre) qui favorisent
la réduction de la vitesse du vent et également une meilleure pollinisation par insectes.
Pour pouvoir établir un programme de défense, il est indispensable de bien connaître le
mécanisme de l’érosion éolienne et les processus qui interviennent dans ce phénomène.
Bien que les principes soient partout les mêmes, le choix entre les diverses méthodes doit
être dictée dans chaque cas particulier par les circonstances locales. Il y a généralement
intérêt à combiner plusieurs méthodes.
………………………………………………………………………………………………………………………………………………
……Bibliographie : cours CES /ZAHER…Maroc
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