Download - Changement climatique: renforcer la résilience des ......L’eau de pluie et la neige fondue sont récupérées dans des fossés pour servir à l’irrigation. Les participants au

Transcript
Page 1: Changement climatique: renforcer la résilience des ......L’eau de pluie et la neige fondue sont récupérées dans des fossés pour servir à l’irrigation. Les participants au

Changement climatique:renforcer la résilience descommunautés rurales pauvres

Oeuvrer pour que lespopulations rurales pauvresse libèrent de la pauvreté

FID

A/A

.Wad

e

Page 2: Changement climatique: renforcer la résilience des ......L’eau de pluie et la neige fondue sont récupérées dans des fossés pour servir à l’irrigation. Les participants au

“Le changement climatiqueest un thème qui revêt uneimportance particulière pourle FIDA. L’agriculture est laprincipale source demoyens d’existence pour laplupart des populationsrurales, mais c’est aussil’activité humaine la plusdirectement touchée par lechangement climatique.

“Affronter l’impactinévitable du changementclimatique est désormaisune grande priorité dudéveloppement. En donnantvoix au chapitre auxpopulations rurales pauvresdans la planification desefforts d’adaptation etd’atténuation, nous seronsen mesure de réduire lesrisques liés au changementclimatique tout enaccélérant les progrès versla sécurité alimentaire etvers un monde libéré de la pauvreté”.

Président du FIDALennart Båge

Communautés rurales pauvres,FIDA et changement climatique Plus de 3 milliards d’êtres humains vivent dans les zones rurales des pays en

développement. La plupart d’entre eux survivent avec moins de 2 dollars par jour et

dépendent de l’agriculture. Beaucoup habitent des régions reculées et marginales comme les

montagnes, les terres arides et les déserts – des zones de ressources naturelles dégradées, de

communications et de réseaux de transport restreints et d’institutions déficientes.

Le FIDA est une institution de financement internationale et un organisme spécialisé des

Nations Unies qui se consacre à la réduction de la pauvreté rurale et de la faim. Il offre des

prêts à faible taux d’intérêt et des dons aux pays en développement pour financer les

programmes et projets de développement agricole rural.

Le FIDA a été constitué suite aux sécheresses et aux crises alimentaires qui ont frappé des

millions de personnes en Afrique et en Asie au début des années 1970. Depuis le début de

ses opérations en 1978, le FIDA est venu en aide à plus de 300 millions de femmes et

d’hommes ruraux pauvres pour leur permettre de bâtir, pour eux-mêmes et leurs familles,

de meilleures conditions de vie.

Depuis 30 ans, le FIDA s’emploie à aider les ruraux pauvres à gérer leurs ressources

naturelles dans une optique plus durable, à accroître leur productivité agricole et à réduire

leur vulnérabilité face aux chocs climatiques. Le FIDA a toujours eu à cœur d’aider les petits

exploitants à s’adapter au changement, mais avec l’intensification de ces chocs ces dernières

années, notre accent sur les questions de changement climatique s’est raffermi.

Aujourd’hui, le changement climatique représente un volet important des travaux du

FIDA, car il touche le plus directement l’agriculture. Les plus vulnérables aux effets du

changement climatique sont les populations rurales pauvres qui manquent trop souvent

des capacités de résister à ses impacts. C’est pourquoi le FIDA agit au niveau des politiques,

des opérations, ainsi qu’à l’échelle régionale pour placer l’atténuation et l’adaptation au

changement climatique au cœur des priorités.

L’adaptation à la variabilité du climat, par le renforcement de la résilience des ruraux

pauvres aux conditions difficiles, fait partie de facto des travaux du FIDA depuis des

décennies. Plus récemment, face à l’ampleur des changements climatiques, ce thème est

intégré de plus en plus dans les projets et programmes du FIDA, qui étudie des solutions

innovantes, telles que le soutien à la recherche agricole et l’assurance des risques

météorologiques basée sur un indice.

Les considérations liées au changement climatique commencent à être incluses dans

tous les aspects des travaux du FIDA, depuis la conception des projets à la mise en œuvre et

à l’évaluation, et ce, afin d’accorder la juste attention à la réduction de la vulnérabilité des

petits exploitants face aux incertitudes climatiques croissantes. Des mesures sont également

prises pour garantir la crédibilité et l’application des mesures d’atténuation.

Les programmes et projets du FIDA soutiennent principalement quatre types d’activités

d’adaptation: la diversification des moyens d’existence pour réduire le risque; l’amélioration

des techniques et technologies agricoles; le renforcement de la gestion communautaire des

ressources naturelles; et la planification préalable et l’adaptation aux catastrophes. Le FIDA

renforce également ses travaux de mitigation dans les secteurs du reboisement et

l’amélioration de la planification de l’utilisation des sols, notamment par la rétribution des

services environnementaux et la promotion de sources d’énergie renouvelables.

Les ressources pour combattre le changement climatique font cruellement défaut aux

pays en développement. La Convention-cadre des Nations Unies sur le changement

climatique estime qu’il faudra au moins 83 milliards de dollars par an d’ici 2030 pour

protéger les moyens d’existence des populations rurales pauvres vivant dans les pays en

développement. Le FIDA travaille avec les pays en développement pour mobiliser les

ressources financières nécessaires à l’atténuation du changement climatique. Notre

expérience montre que le moyen le plus efficace de réduire la pauvreté et de renforcer la

sécurité alimentaire est de veiller à ce que les ruraux pauvres participent à la planification

du développement, à l’élaboration des politiques, et s’emploient à mettre en œuvre le

changement par eux-mêmes.

Page 3: Changement climatique: renforcer la résilience des ......L’eau de pluie et la neige fondue sont récupérées dans des fossés pour servir à l’irrigation. Les participants au

Agriculture et changementclimatique: adaptation etmitigation en collaboration avecles populations rurales Au fil des siècles, les sociétés humaines ont appris à développer des capacités

d’adaptation aux changements de l’environnement. Citons notamment l’agriculture

itinérante, l’adoption de nouvelles variétés culturales et la modification des régimes de

pâturage. Aujourd’hui, cependant, la rapidité et l’intensité du changement climatique

dépassent le rythme d’adaptation autonome et risque de miner la capacité des ruraux

pauvres de faire face.

Pour s’adapter efficacement au changement climatique, le contexte est fondamental.

Comme le fait remarquer le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du

climat, la capacité d’adaptation est influencée par les changements de fortune, de capital

humain, d’information et de technologie, de ressources matérielles, d’infrastructures,

d’institutions et de droits.

Le changement climatique constitue une grave menace pour les agriculteurs pauvres

et les communautés rurales des pays en développement. Une hausse de la température,

ne serait-ce que minime, pourrait voir baisser les rendements agricoles pour les

habitants des plus faibles latitudes, en particulier dans les régions semi-arides et

tropicales. Les phénomènes météorologiques désormais plus fréquents et plus extrêmes,

tels que sécheresses et inondations, compliqueront encore davantage la production

agricole locale. On estime que le changement climatique risquera de voir gonfler les

rangs des affamés de 49 millions de personnes supplémentaires d’ici 2020.

S’il n’existe pas de panacée pour atténuer l’impact du changement climatique ou s’y

adapter, l’expérience montre que l’efficacité des mesures dépend du degré de

participation des communautés locales dès le début de la planification et de la mise en

œuvre des interventions. Le FIDA renforce continuellement sa collaboration avec les

associations d’agriculteurs en tant que partenaires dans les programmes de

développement et les dialogues de politique. Ce n’est qu’en travaillant avec les

communautés rurales pauvres que nous pouvons espérer réduire les risques liés au

changement climatique et atténuer la pauvreté et la faim qui règnent dans le monde.

FAITS ET CHIFFRES

n Entre 15 et 37 pour cent desespèces végétales et animalesterrestres de la planètepourraient disparaître desconséquences du changementclimatique d’ici 2050

n Les émissions des gaz à effetde serre ont augmenté, enmoyenne, de 1,6 pour cent paran au cours des 30 dernièresannées

n L’agriculture et ladéforestation contribuentensemble à 30 pour cent detoutes les émissions de gaz àeffet de serre: les forêtsservent de puits de carbone,aussi la déforestationaugmente les émissions dedioxyde de carbone dansl’atmosphère

n Les changements et variationsclimatiques intervenusrécemment commencent àavoir des répercussions sur denombreux systèmes naturelset humains, par exemple, laprécocité des campagnes desemis de printemps aux plushautes latitudes del’hémisphère nord

n Au Sahel, en Afrique, le climatplus chaud et plus sec aréduit la campagne decroissance, avec des effetspréjudiciables sur les récoltes

n Les rendements des culturespourraient chuter de 50 pourcent d’ici 2020 dans certainspays

n Environ 95 pour cent del’agriculture africaine dépenddes précipitations

n En Asie de l’Est et du Sud-est,les rendements pourraientaugmenter de 20 pour centd’ici 2050

n En Asie Centrale et en Asie duSud, les rendementspourraient chuter de 30 pourcent d’ici 2050

FID

A/L

.Sle

zic

Page 4: Changement climatique: renforcer la résilience des ......L’eau de pluie et la neige fondue sont récupérées dans des fossés pour servir à l’irrigation. Les participants au

Les populations autochtones de l’altiplano andin ont toujours

été confrontées à un environnement inhospitalier caractérisé par

des vents forts, un couvert végétal parsemé, l’eau gelée et des

variations de température extrêmes. Ces variations augmentent

avec le changement climatique, avec des températures pouvant

osciller entre -8°C et 25°C dans la même journée, par rapport à

-1°C à 21°C il y a 50 ans.

Les pénuries d’eau dues au changement climatique sont

également un grave problème dans la région. Les précipitations

sont moins fréquentes et moins abondantes. Certains glaciers

ont complètement fondu, et de vastes zones se retrouvent sans

eau. Ce qui a pour conséquence la raréfaction du couvert

végétal et du fourrage pour les animaux.

Le Projet de commercialisation et de diversification des

moyens d’existence dans les hauts plateaux du Sud (Sierra Sur),

qui bénéficie de l’appui du FIDA, travaille directement avec plus

de 21 000 familles sur un territoire de près de 78 000 km2. Il les

aide à renforcer leur résilience devant l’impact du changement

climatique et à améliorer leur gestion des ressources naturelles.

L’eau de pluie et la neige fondue sont récupérées dans des

fossés pour servir à l’irrigation. Les participants au projet

diversifient leurs cultures principales et cultivent désormais du

maïs, des haricots, des céréales, des pommes de terre et de

l’origan en terrasses séparées par des murets de pierre sur les

flancs des montagnes.

Les murets en pierre servent de coupe-vent et évitent le

ruissellement des sols et de l’eau. Les pierres servent également

à emmagasiner la chaleur des rayons du soleil durant la journée,

qui se libère lentement et permet de mieux affronter les gelées

nocturnes. Les participants au projet interviennent également

Un projet de biogaz en Chine convertit les déchets en énergie

Adaptation et mitigation au Pérou

Le biogaz est un carburant issu de la digestion anaérobie des

déchets agricoles et animaux d’élevage. Avec les technologies

au biogaz, les déchets sont stockés dans des cuves

spécialement conçues. Le méthane, émis par les déjections

animales, est un des principaux gaz à effet de serre, qui arrive

en deuxième position derrière le dioxyde de carbone en termes

de quantités dégagées. Son impact sur le réchauffement de la

planète est toutefois 22 fois plus dévastateur. La combustion du

biométhane réduit les effets les plus néfastes du méthane sur le

réchauffement climatique.

Depuis les années 80, la Chine encourage avec succès

l’utilisation du biogaz comme source d’énergie domestique.

Dans les années 90, la stratégie de valorisation du biogaz

s’est étendue aux communautés reculées du Guangxi

occidental, touchées par la raréfaction du bois de feu et

le manque d’électricité dans les campagnes. En 2002, la

stratégie est devenue une des principales composantes

d’un projet sur six ans financé par le FIDA, visant à améliorer

et à soutenir les moyens d’existence des populations

rurales pauvres tout en restaurant et en préservant les

ressources naturelles.

La majorité des agriculteurs de la province de Guangxi n’ont

pas de quoi payer le combustible ou l’électricité, et rares sont

ceux qui sont reliés au réseau électrique. Avant le projet, les

femmes, généralement chargées de la collecte du bois de feu,

consacraient des heures chaque jour à cette activité et à

préparer les repas dans leurs habitations noircies par la fumée.

“Avant, nous faisions toute la cuisine au bois”, dit Liu Chun

Xian, l’une des bénéficiaires du projet. “La fumée me piquait

les yeux et je toussais en permanence. Les enfants étaient

souvent malades et je devais les emmener au dispensaire, ce

qui coûtait cher. Aujourd’hui, avec le biogaz, la situation s’est

nettement améliorée”.

Chaque ménage participant au projet construit son propre

système pour canaliser les rejets domestiques et les déjections

des animaux d’élevage (généralement des porcs) dans une

cuve étanche. En fermentant, les déjections se transforment

naturellement en gaz et en compost. Outre la production

d’énergie, le projet a amélioré les conditions hygiéniques

des ménages.

Les ménages les plus pauvres, qui n’avaient qu’un seul porc,

ont construit de petites unités pouvant produire suffisamment de

gaz pour les alimenter en électricité tous les soirs. Les familles

ayant deux cochons ou plus ont construit des installations plus

grandes pour produire du gaz en quantité suffisante pour

pouvoir s’éclairer et préparer les repas.

Le double avantage en termes d’énergie et de compost a

incité un grand nombre de communautés pauvres à adopter

cette technologie. En 2006, le projet avait dépassé son objectif

initial en fournissant plus de 22 600 cuves à biogaz en faveur de

quasiment 30 000 ménages dans plus de 3 100 villages. Ce qui

équivaut à une économie de 56 600 tonnes de combustible

ligneux chaque année dans la zone du projet et permet de

préserver 7 470 hectares de forêts.

En transformant les déjections humaines et animales en un

mélange de méthane et de dioxyde de carbone pour l’éclairage

et la cuisine, le projet contribue directement à l’atténuation du

changement climatique et à la réduction de la pauvreté. Les

conditions de vie et l’environnement se sont améliorés et les

exploitants ont plus de temps à consacrer à la production

agricole. Les forêts sont protégées et les émissions de gaz à

effet de serre par conséquent réduites. La paille, au lieu d’être

brûlée, est désormais mise à fermenter en grande quantité dans

les citernes de biogaz, ce qui réduit la pollution atmosphérique

provoquée par la fumée et contribue à la production d’excellents

engrais organiques.

Ayant davantage de temps à consacrer à l’amélioration des

cultures, les agriculteurs de Fada ont accru la production de thé

qui est passée de 400 kilos à 2 500 kilos par jour en cinq ans.

Les revenus moyens du village ont quadruplé dépassant tout

juste 1 dollar par jour. Dans la mesure où le seuil de pauvreté en

Chine est de 0,26 dollar par jour, ce résultat est significatif.

Ce sont les vies des femmes qui ont été tout particulièrement

transformées par le projet. Depuis que la famille de Liu Chun Xian

a commencé à produire du biogaz à la ferme, elle n’a plus besoin

de passer 3 heures par jour à ramasser le bois pour préparer les

repas. Elle en a profité pour suivre une formation et apprendre à

mieux gérer la plantation de thé familiale qui est désormais plus

productive. Des milliers de petits agriculteurs de la province ont

fait de même, contribuant à faire reculer la pauvreté rurale.

Page 5: Changement climatique: renforcer la résilience des ......L’eau de pluie et la neige fondue sont récupérées dans des fossés pour servir à l’irrigation. Les participants au

dans les initiatives de plantation d’arbres pour aider à

reconstituer le couvert végétal de la région. Les arbres

servent de brise-vent et contribuent à réguler la température.

Ils sont en outre une source de bois de feu et leurs racines

aident à stabiliser le sol sur les versants.

Les familles prenant part au projet se sont également

défendues des températures plus rigoureuses en améliorant

leurs habitats. Elles construisent des doubles murs pour

aider à absorber la chaleur du soleil, et adoptent des

fourneaux économes en combustible au lieu de cuisiner sur

des feux ouverts. L’air n’étant plus empli de fumée irritante,

les gens peuvent passer plus de temps à l’intérieur.

Résultat du projet: la population locale est mieux nourrie

et l’élevage prospère. Les améliorations constatées dans la

gestion des ressources naturelles se sont traduites par de

nouvelles initiatives commerciales. Avec davantage de bétail,

par exemple, les communautés peuvent fabriquer du

yoghourt et du fromage à vendre à des communautés

voisines. Grâce aux fourneaux plus efficaces, les familles

économisent 2,6 tonnes de combustible chaque année –

l’équivalent de 32 hectares de forêt par famille et par an.

Et les gaz à effet de serre rejetés par la déforestation ont

été réduits avec la diminution de l’exploitation forestière.

Le projet, qui a démarré en 2005, devrait se prolonger

jusqu’en 2011.

RUPES: de nouvelles idées pour améliorer les moyens d’existenceet l’environnementLes ruraux pauvres peuvent être des acteurs de premier

ordre dans la gestion des ressources naturelles et la fixation

du carbone. Le “Programme de conception de mécanismes

d’indemnisation des habitants pauvres des hautes terres

d’Asie pour les services environnementaux rendus”

(RUPES), financé par le FIDA, a mis au point des moyens de

récompenser les agriculteurs pauvres qui protègent les

écosystèmes.

Le projet initial RUPES, qui a duré de 2002 à 2007, a

aidé à instaurer un élan et à susciter l’intérêt du public pour

la rétribution des services environnementaux au niveau

national en Indonésie, aux Philippines, au Népal, en Chine,

au Laos et au Vietnam. Le processus d’identification et

d’évaluation des services environnementaux et de

renforcement des institutions locales s’est traduit par

une sensibilisation accrue à la conservation des bassins

versants et à une meilleure gestion des terres dans tous

les sites du RUPES.

Le RUPES et d’autres initiatives ont encouragé les ruraux

pauvres à adopter des techniques améliorées de gestion

des terres et des forêts, comme dans le Sumberjaya en

Indonésie, où le mécanisme de rémunération a démarré

avec l’agroforesterie associée à la caféiculture et s’est

désormais étendu à l’aménagement des cours d’eau. Il a

été prouvé que de meilleures pratiques environnementales

ont un impact direct sur la production agricole (ex.

rendements de café plus élevés à Sumberjaya).

Le projet RUPES a illustré de nouveaux concepts

d’amélioration des moyens d’existence des habitants

pauvres des hauts plateaux. A Sumberjaya, où les droits

fonciers sont un problème de longue date, le projet a

contribué à la résolution de conflits sur la terre et a permis

d’offrir une sécurité foncière en échange de l’engagement

des agriculteurs pauvres à préserver ou à restaurer les

services environnementaux. Le régime foncier a d’ailleurs

été le principal mécanisme utilisé pour rétribuer les projets

de protection des bassins versants et de séquestration du

carbone. Avec le soutien financier du FIDA, le Centre

mondial pour l’agroforesterie et des ONG locales ont aidé

les agriculteurs à mettre en place des plans de foresterie

communautaire qui prévoient un régime d’occupation

des terres sur 25 ans, au terme d’une période d’essai

de cinq ans.

En Indonésie, le petit comité consultatif technique initial

du RUPES est devenu une institution nationale

financièrement indépendante, qui insiste auprès du

gouvernement afin qu’il insère une rétribution des services

environnementaux dans les règlements forestiers. Toujours

en Indonésie, le RUPES a aidé à faire pression pour la

ratification du Protocole de Kyoto.

Le piégeage du carbone est un service environnemental

à l’échelle de toute la planète. Les sites de Kalahan

(Philippines) et Singkarak (Indonésie) ont été identifiés

comme des marchés potentiels du carbone. La recherche

FID

A/P

.C.V

ega

Page 6: Changement climatique: renforcer la résilience des ......L’eau de pluie et la neige fondue sont récupérées dans des fossés pour servir à l’irrigation. Les participants au

Le mont Kenya est le deuxième sommet le plus haut d’Afrique.

Ses forêts étendues abritent un large éventail d’animaux et de

plantes. Les vastes lacs souterrains et réseaux de cours d’eau

alimentent en eau des millions d’habitants des zones rurales

environnantes et de la capitale, Nairobi.

Le retrait des glaciers cause déjà des problèmes à

l’environnement local. La fonte des neiges alimentait jadis les

fleuves et maintenait l’humidité du bassin hydrographique, tout

en modérant la saison sèche. Mais désormais, à cause de la

précocité et de la brièveté de la fonte des neiges, l’eau se

raréfie dans les rivières et les sources, et les terres deviennent

de plus en plus arides et perdent de leur productivité.

Davantage de feux éclatent dans la forêt dont la végétation se

régénère à un rythme plus lent. Les animaux sauvages migrent

en aval à la recherche d’eau et de nourriture, exacerbant le

conflit homme-faune sauvage. Les agriculteurs de la région

déplorent l’effet fatalement négatif qu’ont les disponibilités

réduites d’eau, les récoltes médiocres et la diminution du

fourrage sur leur sécurité alimentaire, leurs revenus, leur emploi

et leur santé.

Avec l’impact du changement climatique qui se fait déjà sentir

dans la région et qui a de fortes chances d’augmenter dans les

années à venir, le Projet pilote de gestion des ressources

naturelles du versant oriental du mont Kenya, financé par le FIDA,

s’emploie à améliorer l’adaptation tout en veillant à ce que la

dégradation des écosystèmes, l’utilisation non durable des

ressources naturelles et la pression démographique n’aggravent

pas les effets du changement climatique.

Le projet, qui a été lancé en 2004, renforce la capacité

d’adaptation des systèmes naturels et agricoles à la variabilité

climatique à court terme et réduit la vulnérabilité aux risques

climatiques actuels. Il soutient l’adaptation par toute une série

de mesures, à savoir le reboisement, l’amélioration de la gestion

des ressources hydriques et des pratiques agricoles

appropriées. On doit les résultats les plus marquants à des

projets qui se sont attelés à l’amélioration des réseaux

d’alimentation en eau, à la remise en état des terres dégradées

et des sommets de collines, et à la protection des rives grâce à

des plantations et à l’agroforesterie.

Ces initiatives ont vu croître la végétation et le couvert

forestier. Dans la partie supérieure du bassin hydrographique, la

régénération et la protection des forêts ont donné lieu à des

niveaux stables d’eau dans plusieurs fleuves et réduit

l’envasement dans certaines zones. Dans la partie médiane, les

périodes d’assèchement des sources et des cours d’eau sont

plus brèves. Dans la partie inférieure dépourvue de rivières

pérennes, de meilleures infrastructures – telles que les citernes

de collecte de l’eau – ont permis aux agriculteurs de mieux

affronter les précipitations insuffisantes.

Le gouvernement du Kenya et le FIDA aident les

communautés à former des associations d’utilisateurs d’eau

le long des principaux fleuves qui descendent de la montagne.

Les membres des associations plantent des arbres et un

couvert végétal pour protéger les lits des rivières et les

sources naturelles, et effectuent le suivi des niveaux de

pollution des fleuves.

A longue échéance, le but est d’avoir des institutions

communautaires pleinement conscientes de leur responsabilité

de préserver leurs ressources naturelles tout en générant

suffisamment de revenus pour vivre en autonomie.

Le FEM finance un projet complémentaire au mont Kenya qui

s’efforce d’améliorer l’utilisation équitable des ressources

naturelles en mettant un accent particulier sur deux zones

protégées – le Parc national du Mt Kenya et la réserve nationale

du Mt Kenya – et leurs zones tampon. Le projet entend

contribuer à la mitigation du changement climatique en

conservant les stocks de carbone et en améliorant son

piégeage dans les forêts tout en conservant la biodiversité.

Adaptation au mont Kenya

soutenue par des partenaires nationaux a abouti à des Notes

d’identification de projet sur le carbone visant à aider les

négociations avec les acheteurs dans le cadre de mécanismes

volontaires et de mécanismes de développement propre (MDP).

Le RUPES a mis au point une Évaluation rapide du carbone

(RaCSA) qui, à l’instar d’autres outils d’évaluation rapide, réduit

considérablement le coût de l’estimation de la capacité de

fixation du carbone des forêts et des agroforêts. L’association

des services eau et carbone (une agroforesterie communautaire

efficace fournirait les deux à la fois) pourrait également réduire

les coûts de transaction. Le RUPES a effectué une évaluation

rapide pour quantifier le carbone piégé dans les forêts et les

agroforêts de Singkarak et de Kalahan. Durant la dernière année

du programme, deux acheteurs privés potentiels ont contacté

les sites en question pour envisager de mettre au point des

marchés volontaires du carbone.

Les résultats préliminaires du programme RUPES ont été si

encourageants qu’une deuxième phase a été approuvée en avril

2008. Celle-ci s’étalera sur quatre ans, tirant parti des leçons

apprises durant la première phase.

FID

A/A

.Man

ikow

ska

Page 7: Changement climatique: renforcer la résilience des ......L’eau de pluie et la neige fondue sont récupérées dans des fossés pour servir à l’irrigation. Les participants au

Rétribution des servicesenvironnementaux: initiativeslocales, avantages planétaires L’agriculture et l’aménagement forestier peuvent jouer un rôle fondamental dans l’atténuation

des impacts du changement climatique et la promotion de l’adaptation à l’échelon local. Il existe

une multitude de façons de fixer le carbone et de réduire ses émissions, à savoir le boisement et

le reboisement, une meilleure gestion de l’élevage, la remise en état des terres cultivées et des

pâturages dégradés, et de meilleures pratiques de gestion des terres comme l’agroforesterie.

Les populations rurales pauvres – dont beaucoup sont indigènes – sont tributaires des

ressources naturelles pour vivre. Elles sont les gardiennes de la base des ressources naturelles,

et peuvent jouer un rôle essentiel dans la protection des écosystèmes au service de toute la

communauté. Toutefois, des personnes qui luttent déjà pour leur survie et celle de leurs

familles sont souvent contraintes de recourir à des solutions à court terme, telles que

l’abattage d’arbres pour se procurer du bois de feu au lieu de préserver les forêts.

Afin que les populations rurales pauvres puissent jouer un rôle actif dans l’atténuation du

changement climatique, il est capital de les dédommager pour leurs activités contribuant à

cette atténuation. Tout le monde y gagne, leurs familles et toute la planète.

Il existe divers mécanismes – tels que les paiements pour services environnementaux (PES)

et la rétribution des services environnementaux (RES) – destinés à dédommager les

communautés pour la gestion durable des ressources naturelles et pouvant aider à réduire les

émissions dues à la déforestation et à la dégradation dans les pays en développement (REDD).

Pour impliquer efficacement les petits exploitants et les communautés pauvres, il est

important de les aider à surmonter les obstacles – comme des coûts très élevés de transaction,

l’insécurité des droits de propriété, l’incapacité d’investir, le manque d’information et

l’aversion pour le risque.

Les récompenses pour services environnementaux ne sont pas nécessairement monétaires,

mais peuvent comprendre le renforcement des droits de propriété, l’amélioration de

l’information, des opportunités de commercialisation, des intrants et des services de crédit.

Les ruraux pauvres, forts de leurs savoirs traditionnels, sont à même de contribuer de

manière significative à la mitigation. Les organismes internationaux, œuvrant de concert,

devraient redoubler d’efforts pour soutenir les initiatives qui récompensent les communautés

rurales et les petits exploitants pour les services rendus à l’environnement.

FID

A/P

.Wig

gers

Page 8: Changement climatique: renforcer la résilience des ......L’eau de pluie et la neige fondue sont récupérées dans des fossés pour servir à l’irrigation. Les participants au

Contacts

Atiqur RahmanCoordonnateur des politiquesDivision des politiquesFIDATél: +39 06 5459 2390Courriel: [email protected]

Sheila MwanunduConseiller technique en chef Gestion de l’environnement et desressources naturelles Division de la consultation techniqueFIDATél: +39 06 5459 2031Courriel: [email protected]

Rodney CookeCoordonnateur par intérimUnité Environnement mondial etchangement climatique (GECC)FIDATél: +39 06 5459 2450Courriel: IFAD/GECC Registry:[email protected]

Oeuvrer pour que lespopulations rurales pauvresse libèrent de la pauvreté

Fonds international de développement agricoleVia Paolo di Dono, 4400142 Rome, ItalieTél.: +39 06 54591Télécopie: +39 06 5043463Courriel: [email protected] FID

A/A

.Wad

e

Bâtir des alliances Le changement climatique est un enjeu environnemental planétaire. Aider les ruraux pauvres

à s’adapter à ses impacts et les impliquer dans les initiatives de mitigation est une tâche à

laquelle ne peut s’atteler une seule organisation; c’est une mission qui requiert une approche

coordonnée et la coopération de toute la communauté internationale.

Les partenariats sont un moyen essentiel utilisé par le FIDA pour en savoir plus sur le

changement climatique, partager ses connaissances, renforcer les opérations auxquelles il

apporte son soutien, mobiliser des fonds additionnels et influencer le programme politique

mondial. Le FIDA travaille avec les gouvernements des pays en développement, les

organisations de ruraux pauvres, les organisations non gouvernementales et le secteur privé

pour concevoir des projets et programmes innovants adaptés aux priorités nationales pour

l’agriculture et le développement rural. En outre, le FIDA collabore étroitement avec d’autres

organismes des Nations Unies et institutions de financement multilatérales.

Le FIDA soutient les efforts de renforcement des impacts des travaux du système des

Nations Unies et participe aux initiatives pilotes visant à améliorer la coordination des

organismes onusiens unis dans l’action au niveau des pays. Le FIDA travaille également en

étroite collaboration avec les autres organisations des Nations Unies implantées à Rome:

l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme

alimentaire mondial (PAM).

En tant qu’un des principaux mécanismes de financement du changement climatique, le

Fonds pour l’environnement mondial (FEM) représente un partenaire primordial pour le FIDA

qui agit pour son compte. La coopération FIDA/FEM se concentre actuellement sur les liens

entre réduction de la pauvreté, gestion durable des terres et changement climatique. Par le biais

de l’Unité GECC (environnement mondial et changement climatique), le FIDA aide les pays à

accéder aux financements dans le cadre du programme d’adaptation du FEM, qui comprennent

les ressources gérées par le FEM au titre de la Convention-cadre des Nations Unies sur le

changement climatique (fonds pour les pays les moins avancés, fonds spécial pour le

changement climatique et fonds d’adaptation), et le fonds fiduciaire du FEM.

Le Mécanisme global (GM) de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la

désertification (UNCCD) travaille avec les pays afin de mobiliser des ressources pour la mise en

application de l’UNCCD. Le FIDA a collaboré avec le GM à de nombreuses reprises pour relier les

nouveaux projets appuyés par le FIDA aux initiatives du GM et aux objectifs de la Convention.

Le FIDA est également signataire du Programme de travail de Nairobi (UNFCCC) sur les

impacts, la vulnérabilité et l’adaptation au changement climatique.

Par ailleurs, le Conseil des Chefs de Secrétariat des organismes des Nations Unies pour la

coordination (CEB) encourage une approche coordonnée et orientée vers l’action face au

changement climatique, sous la direction du Secrétaire général. L’objectif est de soutenir la

mise au point d’un régime post-Kyoto, et de coordonner les efforts des États membres de lutte

contre le changement climatique, à l’échelle nationale, régionale et mondiale.