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INTRODUCTION

BURKINA FASO

Cadre Stratgique de Lutte contre la Pauvret

Ministre de lconomie et du dveloppement

Dcembre 2003

TABLE DES MATIERES

1Avant-propos

3I - INTRODUCTION

31.1 Croissance conomique erratique et persistance de la pauvret

51.2 Ncessit dune croissance de qualit fonde sur lquit

61.3 Le CSLP, une dmarche itrative fonde sur une large consultation

71.3.1 Objectifs et principes de la rvision du CSLP

81.3.2 Lorganisation du processus

81.3.2.1 Les consultations rgionales

81.3.2.2 Les runions de cohrence des politiques sectorielles avec le CSLP

91.3.2.3 Les ateliers de synthse

91.3.2.4 Les rencontres dinformation avec les partenaires techniques et financiers

91.3.2.5 Forum de la socit civile sur la relecture du cadre stratgique de lutte contre la pauvret

111.3.2.6 Les assises nationales sur le CSLP

111.3.2.7 La consultation des institutions rpublicaines (lAssemble nationale et le Conseil conomique et social)

111.4 Programmes et axes stratgiques du CSLP

13II: EVOLUTION ET DETERMINANTS DE LA PAUVRETE

132.1 DEFINITIONS ET APPROCHES DE LA PAUVRETE

132.1.1 La pauvret montaire

142.1.2 La pauvret humaine

152.2 CARACTERISTIQUES ET DYNAMIQUE DE LA PAUVRETE

152.2.1 Pauvret et dpenses des mnages

152.2.2 Seuil et indices de la pauvret

162.2.3 Perception du statut de la pauvret

172.2.4 Analyse selon le milieu de rsidence

172.2.5 Analyse de la pauvret selon les rgions

212.2.6 Analyse de la pauvret selon le genre

222.2.7 Analyse de la pauvret selon les groupes socio-conomiques

232.3 ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA PAUVRETE

232.3.1 Croissance, bien-tre, ingalit et pauvret

242.3.2 Pauvret et vulnrabilit des mnages

272.3.3 Pauvret et caractristiques socio-conomiques

272.3.3.1 Education et pauvret

282.3.3.2 Sant, nutrition et pauvret

332.3.3.3 Eau potable

332.3.3.4 Cadre de vie

342.3.3.5 Emploi, niveau dinstruction et pauvret

342.3.4 Autres dterminants

342.3.4.1 Accs des pauvres la terre

352.3.4.2 Accs des pauvres au capital productif et aux services financiers

37III: PERFORMANCES REALISEES DEPUIS 2000

373.1 Aperu gnral sur le financement du dveloppement

373.2 Etat de mise en uvre du CSLP par axe stratgique

373.2.1 Axe 1: Acclrer la croissance et la fonder sur lquit

373.2.1.1 Stabilisation du cadre macroconomique

393.2.1.2 Comptitivit de lconomie nationale

393.2.1.3 Dveloppement des transports et soutien aux secteurs productifs

393.2.2 Axe 2: Garantir laccs des pauvres aux services sociaux de base

393.2.2.1 Evolution du systme ducatif

413.2.2.2 Le secteur de la sant

423.2.2.3 Accs des mnages leau potable

433.2.3 Axe 3: Elargir les opportunits demploi et dactivits gnratrices de revenus pour les pauvres

433.2.3.1 Rduire la vulnrabilit de lactivit agricole

443.2.3.2 Lintensification et la modernisation de lactivit agricole

443.2.3.3 Accrotre et diversifier les revenus des ruraux

443.2.3.4 Le soutien constant aux producteurs et la mise en place dinfrastructures collectives

443.2.3.5 Le dsenclavement

453.2.3.6 Solidarit nationale et promotion de la femme

453.2.3.7 Promotion de lemploi et de la formation professionnelle

453.2.4 Axe 4: Promouvoir la bonne gouvernance

453.2.4 .1 La gouvernance dmocratique

463.2.4.2 Lamlioration de la gouvernance conomique

473.2.4.3 La gouvernance locale

48IV : PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT ET PRIORITES NATIONALES

484.1 PROSPECTIVE ET Vision du dveloppement du Burkina Faso

494.2 perspectives de dveloppement moyen terme

494.2.1 Education

494.2.1.1 Lducation de base

514.2.1.2 Pour les autres ordres d'enseignement

524.2.2 Sant

534.2.3 Lutte contre le VIH/SIDA

564.2.4 Eau potable

574.2.5 Dveloppement rural

584.2.5.1 Accrotre et diversifier les productions agricoles, pastorales, forestires, fauniques et halieutiques

594.2.5.2 Renforcer les liaisons production/march

594.2.5.3 Accrotre et diversifier les sources de revenus

604.2.5.4 Assurer une gestion durable des ressources naturelles

614.2.5.5 Renforcer les capacits des acteurs et crer un cadre institutionnel favorable

644.2.5.6 Promouvoir lapproche genre en vue damliorer la situation conomique et le statut social des femmes et des jeunes en milieu rural

654.2.6 Environnement et cadre de vie

664.2.7 Lutte contre linscurit

674.2.8 Petites et moyennes entreprises, Petites et moyennes industries et Petite mine

684.2.9 Renforcement des capacits

69V: STRATEGIE DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETE

695.1 LES PRINCIPES DIRECTEURS

695.1.1 Ladoption dune posture rsolument prospective

695.1.2 La promotion de la bonne gouvernance

705.1.3 Le dveloppement du capital humain

705.1.4 La gestion durable des ressources naturelles

705.1.5 La prise en compte de la dimension genre

705.1.6 La promotion de lemploi et des jeunes

715.1.7 La rduction des disparits rgionales

715.1.8 Linculturation et louverture

715.1.9 La promotion des nouvelles technologies de linformation et de la communication

725.1.10 La prise en compte de lintgration sous-rgionale

725.1.11 La promotion dun nouveau partenariat avec les bailleurs de fonds

725.2 LES AXES STRATGIQUES DE LUTTE CONTRE LA PAUVRET

725.2.1 Axe 1: Acclrer la croissance et la fonder sur lquit

725.2.1.1 Conditions dune croissance quitable

735.2.1.2 Maintenir un cadre macro-conomique stable

745.2.1.3 Amliorer la comptitivit de l'conomie et rduire les cots des facteurs

765.2.1.4 Appuyer les secteurs productifs.

865.2.2 Axe 2: Garantir laccs des pauvres aux services sociaux de base et la protection sociale

865.2.2.1 Le dfi du renforcement des capacits humaines

875.2.2.2 Promouvoir laccs des pauvres aux services d'ducation

895.2.2.3 Promouvoir laccs des pauvres aux services de sant et aux programmes de nutrition

925.2.2.4 Promouvoir laccs des pauvres l'eau

935.2.2.5 Amliorer le cadre de vie des pauvres : lhabitat

935.2.2.6 Lutter contre lexclusion sociale des pauvres

945.2.3 Axe 3: Elargir les opportunits en matire demploi et dactivits gnratrices de revenus pour les pauvres

945.2.3.1 Lagriculture pourvoyeuse demplois et de revenus

955.2.3.2 Diminution de la vulnrabilit de lactivit agricole

985.2.3.3 Lintensification et la modernisation de lactivit agricole

995.2.3.4 Laccroissement et la diversification des revenus des ruraux

1005.2.3.5 Le dsenclavement

1025.2.3.6 Le soutien aux organisations de producteurs et aux infrastructures collectives

1035.2.3.7 Lamlioration des conditions de vie et de travail des femmes rurales

1035.2.3.8 Promotion de lemploi et de la formation professionnelle

104A travers ce nouveau plan, le Gouvernement entend consolider les mcanismes, principes et pratiques de bonne gouvernance afin denraciner davantage lesprit de service public au sein de lAdministration et damliorer substantiellement ses performances dans tous les domaines. Ceci permettra lEtat dutiliser dune manire optimale et rationnelle les ressources nationales et de crer les conditions dune large mobilisation sociale pour le dveloppement. Les actions du Gouvernement sarticuleront autour de quatre ples de gouvernance : (i) la gouvernance politique y compris la scurit publique et la promotion des droits humains; (ii) la gouvernance administrative; (iii) la gouvernance conomique; (iv) la gouvernance locale.

1045.2.4.1 La gouvernance politique (y compris la scurit publique et la promotion des droits humains)

1065.2.4.2 Gouvernance administrative

1065.2.4.3 Bonne gouvernance conomique

1085.2.4.5 Gouvernance locale

109VI. CHIFFRAGE ET FINANCEMENT DE LA STRATGIE

1096.1.Programmes moyen terme en cours dans les secteurs prioritaires

1096.2 Cot des actions complmentaires a financer sur les ressources PPTE

1146.3 Instruments de mise en uvre de la stratgie de lutte contre la pauvret

1146.3.1Cadrage macro-conomique pour la priode 2004-2006

1166.3.2 Cadrage budgtaire

119VII: ANALYSE DES RISQUES

1197.1 Risques lis aux insuffisances des capacits

1197.2 Risques dans le domaine de lducation

1207.3 Risque dans le domaine de la dcentralisation

1217.4 Risque dans le domaine de la sant

1217.5 Risques dans le domaine du genre

1217.6 Risque dans le domaine des droits humains

122VIII: STRATGIE DE SUIVI ET DVALUATION DE LA PAUVRET

1228.1 Les acquis et insuffisances de la stratgie de suivi/valuation adopte en 2000

1228.1.1 Les acquis consolider

1228.1.2 - Les insuffisances remdier

1238.2 Le nouveau dispositif institutionnel

1238.2.1 - Elments de principe et attributions

1238.2.2 - Composition

1248.3 Llaboration et la prise en charge des indicateurs de suivi

1258.3.1 Les lments majeurs du processus dlaboration des indicateurs

1258.3.1.1 Les acquis du processus de consolidation des systmes dvaluation

1258.3.1.2 La recherche dune cohrence des indicateurs annexer au CSLP

1268.3.1.3 La mise jour des indicateurs de suivi

1278.4 La consolidation des systmes dvaluation

1278.4.1 Les politiques sectorielles des cadres de rfrence pour le suivi des performances ralises

1278.4.2 La prise en compte de la dimension spatiale dans le suivi de la pauvret

1278.4.3 Lidentification et la ralisation denqutes et dtudes au cours des prochaines annes

1288.5 Les actions mener pour la prochaine rvision du CSLP

1288.6 Le renforcement des capacits dans le domaine du suivi/valuation du CSLP

1288.6.1 Le renforcement des capacits dans le cadre du programme national statistique 2004 2008

1298.6.2 Le plan de renforcement des capacits en matire de suivi/valuation du CSLP

Avant-propos

Le principal enseignement quil importe de tirer de la mise en uvre du Cadre stratgique de lutte contre la pauvret (CSLP) au cours de la priode 2000-2002, est que cette stratgie doit sinscrire dans une perspective structurelle. Cest--dire que la lutte contre la pauvret doit tre considre comme un objectif stratgique de long terme. Cest aussi dans cette optique quil faut procder la lecture des rsultats des enqutes et tudes rcentes sur la pauvret au Burkina Faso.

Certes, les objectifs quantitatifs majeurs pour la priode sous-revue nont pu tre pleinement atteints pour diverses raisons lies aux conditions naturelles, lenvironnement sous-rgional et aux lourdeurs administratives et procdures encore prjudiciables lutilisation judicieuse des ressources financires. Mais, la parfaite adhsion de ladministration publique et du secteur priv, de la socit civile et de la coopration bilatrale et multilatrale, au cadre stratgique de lutte contre la pauvret (CSLP) en tant que rfrence unique en matire dorientation pour le dveloppement, ouvre des perspectives fort prometteuses.

Le Gouvernement burkinab a bien conscience de cet important crdit dont jouit le CSLP et entend crer les conditions pour que, chacune des tapes successives de sa mise en uvre, des rsultats tangibles soient enregistrs au profit vritablement des populations les plus dmunies. Cette volont devra se traduire :

Premirement, par le parachvement des mesures de rformes conomiques et structurelles en vue de crer un environnement favorable aux affaires, la concurrence et linvestissement priv. Dans cette optique, le Gouvernement mettra en uvre linitiative (contrat dobjectifs( avec les oprateurs du secteur priv;

Deuximement, par une mobilisation plus accrue et une utilisation plus efficace et efficiente des ressources financires. Sagissant de la mobilisation des ressources, le dialogue avec les Partenaires techniques et financiers (PTF) selon lesprit de Rome sur lharmonisation des procdures sera renforc dans la perspective dune large participation lappui budgtaire, dune part, au plan interne les efforts damlioration du recouvrement des recettes fiscales seront poursuivis, dautre part. En ce qui concerne lefficacit de lutilisation des ressources, outre le renforcement de la gestion budgtaire, une rflexion sera initie sur les contraintes et les limites de la croissance conomique en vue de rendre celle-ci plus intensive;

Troisimement, par un meilleur recentrage et une acclration des rformes dans les secteurs sociaux. La dernire enqute sur les conditions de vie des mnages a encore mis en lumire le rle dterminant des secteurs sociaux dans lvolution de la pauvret. En effet, lon observe que ces secteurs, notamment lducation et la sant bnficient dimportantes ressources. Mais, cest aussi dans ces secteurs que les progrs sont lents. Or, la persistance et laccentuation du dficit social expliquent en partie ltat actuel de la pauvret. La redfinition du concept dducation de base, lobligation et la gratuit de cet ordre denseignement ainsi que lamlioration de la prestation des services de sant et le renforcement de la lutte contre le VIH/SIDA demeurent les principales et constantes proccupations du Gouvernement;

Quatrimement, par un partenariat plus explicite avec les organisations de la socit civile. Celles-ci ont jou un rle effectif dans le processus de rvision du Cadre stratgique de lutte contre la pauvret et disposent davantages comparatifs dans divers domaines (alphabtisation, dveloppement communautaire, sant, etc.). Le Gouvernement initiera un contrat dobjectifs avec ces organisations de manire assurer une grande cohrence de leurs interventions avec les priorits du CSLP.

Au cours de la priode 2004-2006, nos moyens de lutte contre la pauvret devront sintensifier pour des rsultats plus importants. Cest donc pour nous loccasion, dune part, de fliciter lensemble des acteurs qui ont apport leur contribution utile au processus de rvision du Cadre stratgique de lutte contre la pauvret et, dautre part, de ritrer notre profonde gratitude tous les partenaires au dveloppement pour leur constante disponibilit.

Le Ministre de lconomie et du dveloppement,

Seydou BOUDA

Officier de lordre national

I - INTRODUCTION

Le Burkina Faso a raffirm depuis 1991 son option pour une conomie de march, fonde sur les principes de la libre entreprise. Dans cette perspective, le Gouvernement a entrepris, avec lappui de la communaut financire internationale, dimportantes rformes conomiques et structurelles afin de crer les conditions de promotion de linitiative prive et de ralisation dune croissance durable, nettement suprieure la croissance dmographique. Aprs plus de dix annes dajustement sans interruption (1991-2002), lconomie nationale a progress un rythme moyen de 3,2% par an, en termes rels, contre une pousse dmographique de 2,4% par an.

Au cours de cette dcennie, les objectifs de croissance ont t contraris en dbut (19921993) et en fin de priode (2002), dune part, du fait de ladversit et des alas naturels et, dautre part, du fait des crises socio-politiques dans la sous-rgion. Ainsi, au cours de la priode 19901994, la croissance conomique sest tablie 3,2% en moyenne par an en termes rels. La priode 19951999, du fait des effets de la dvaluation et des conditions climatiques plus favorables, a t caractrise par un rythme de croissance plus stable, 5,5% en moyenne par an; contrairement cette priode, celle correspondant la mise en uvre du Cadre stratgique de lutte contre la pauvret (20002002), a accus une dclration du rythme de croissance tablie 3,9% en moyenne par an. Toutes choses qui ont limit, par moment, limpact des rformes au cours de la dcennie, se traduisant par un niveau de croissance (3,2%) quasi identique celui de la priode 1981 1990 (3,3%).

Ainsi donc, lconomie nationale aura stagn pendant deux dcennies compte tenu de sa faible capacit rpondre avec promptitude et vigueur aux chocs extrieurs en raison mme de certaines contraintes et limites intrinsques quil conviendra de surmonter imprativement. Il sagit notamment: (i) de la faiblesse du capital humain, (ii) de linsuffisance des infrastructures de dveloppement conomique, (iii) de la faiblesse des capacits nationales et (iv) des problmes de gouvernance.

1.1 Croissance conomique erratique et persistance de la pauvret

Au total, la croissance a volu en dents de scie sur lensemble de la priode. Les niveaux enregistrs par lconomie burkinab nont pas t suffisants pour faire reculer la pauvret qui ne fait que saccentuer. En effet, les rsultats des trois enqutes prioritaires effectues par le Gouvernement en 1994, 1998 et 2003 dcrivent une aggravation de lincidence de la pauvret. Sur la base dun seuil absolu de pauvret estim 82 672 F CFA en 2003 contre 72 690 FCFA par adulte et par an en 1998, la proportion des pauvres est passe de 45,3% 46,4%, soit une aggravation de 1,1 point. Comparativement 1994, elle sest globalement accentue de 2 points (en 1994, lincidence de la pauvret tait estime 44,5% pour un seuil de 41 099 FCFA par adulte et par an). Les indices relatifs la gravit de la pauvret (profondeur et svrit) ont aussi lgrement augment, indiquant que les pauvres se sont davantage loigns du seuil de pauvret.

Les rsultats de la troisime enqute burkinab sur les conditions de vie des mnages confirment la tendance la pauprisation des populations urbaines. En effet, lincidence de la pauvret urbaine a pratiquement doubl entre 1994 et 2003 passant de 10,4% 19,9%. Toutefois, la pauvret demeure un phnomne rural, la contribution du milieu rural bien quen baisse, demeure importante: 92,2% en 2003 contre 96,2% en 1994. Cette situation de pauvret, qui touche prs de la moiti de la population, explique la faiblesse du niveau de dveloppement humain du pays. Lindicateur de dveloppement humain a progress trs faiblement passant de 0,313 en 1995 0,330 en 2001, soit un accroissement annuel de moins de 1%.

La promotion des secteurs sociaux de base (ducation de base, sant de base y compris la sant de la reproduction, eau potable, nutrition, hygine et assainissement) a toujours constitu la pierre angulaire de la stratgie de dveloppement du Burkina Faso. En effet, 16 19% des ressources nationales et de laide publique au dveloppement sont consacres ces services. Toutefois, le pays souffre encore dun faible niveau de dveloppement du capital humain entranant une faible productivit du travail, notamment dans le secteur agricole, source demploi et de revenus pour prs de 80% de la population active.

Le taux brut de scolarisation au primaire est de 47,5% la rentre 2002 - 2003 contre 42,7% en 200-2001. Le taux brut de scolarisation des filles quant lui a atteint 41% contre 36,2%. Bien quen lger progrs, ce taux demeure lun des plus faibles de la sous-rgion. Outre les disparits rgionales, il rvle surtout une inefficacit du systme ducatif. Le taux net de scolarisation au primaire observ en 2003 (33,8%) est rest identique celui de 1994 (33,7%). Le taux dalphabtisation a aussi enregistr une faible progression, passant de 18,9% en 1994 32,25% en 2003.

Au plan sanitaire, les taux de morbidit et de mortalit sont trs levs. Selon les rsultats du recensement gnral de la population et de lhabitation de 1996, le taux de mortalit gnrale tait de 14,8 et celui de la mortalit infantile de 105,3. Quant la mortalit maternelle, elle est de 484 pour 100.000 naissances vivantes selon lenqute dmographique et de sant de 1998. Cette situation est imputable aux maladies infectieuses et parasitaires et lexpansion de linfection VIH. Cette pandmie est devenue un problme majeur de sant publique et, surtout de dveloppement car elle handicape les capacits de production dans tous les secteurs. En 2002, prs de 250.000 personnes vivaient avec le VIH/SIDA dont plus de la moiti tait des femmes. La prvalence de linfection VIH au sein de la population, principalement active, de 15-49 ans, est en constante diminution (4,2% en 2002 contre 6,5% en 2001 et 7,17% en 1997, selon les estimations de lOMS/ONU-SIDA). Comparativement la situation en Afrique subsaharienne (8%), il faut relever que le Burkina Faso a fait dimportants progrs du fait mme du niveau dengagement politique en matire de lutte contre cette pandmie.

Ltat nutritionnel de la population nest globalement pas satisfaisant. Le niveau de couverture des besoins nutritionnels reste encore en-dessous de la norme des 2500 Kcal requise. Au-del de la disponibilit, qui nest pas permanente, linscurit alimentaire sexplique par ltat massif de la pauvret, la dispersion gographique de la production, lenclavement, linsuffisance de la fluidit et du fonctionnement des marchs. Les enfants et les femmes sont les plus exposs: 44,5% des enfants de 0 5 ans ont un retard de croissance et 13% des femmes en ge de procrer souffrent de malnutrition chronique.

La situation en matire dapprovisionnement en eau potable sest amliore. La proportion des mnages utilisant le forage comme source dapprovisionnement est passe de 31% en 1998 40,4% en 2003, tout milieu de rsidence confondu, et de 37,9% 48,8% pour le milieu rural. Toutefois, cela reste encore insuffisant pour couvrir lensemble des besoins des populations tant urbaines que rurales. Mais cest en milieu rural que le problme dapprovisionnement en eau potable se pose avec le plus dacquitt. En effet, en 2003, 5,3% des mnages ruraux consomment encore leau des rivires et des cours deau. En milieu urbain par contre, 77,4% des mnages utilisent leau courante ou de robinet.

Enfin, les femmes qui reprsentent environ 52% de la population totale, demeurent encore, du fait des pesanteurs socioculturelles, insuffisamment impliques dans les activits de la vie publique nationale. En 2003, lensemble des Burkinab de plus de quinze (15) ans sachant lire et crire dans une langue quelconque, est estim 22% dont 29,4% pour les hommes et 12,5% pour les femmes. Dans lexercice de leur fonction sociale de procration, les femmes reoivent trs peu dassistance. En 1998, seulement 32% des accouchements ont t assists par un personnel qualifi de sant, 58% des femmes enceintes ont t vues en consultation prnatale et la prvalence contraceptive reste encore faible (10,2%). Il reste vident que ces statistiques cachent dnormes disparits entre les zones urbaines plus favorises et les zones rurales.

Une telle situation de faible dveloppement humain et de pauvret de masse constitue une grave menace la cohsion sociale et toute initiative de dveloppement durable. Le Gouvernement burkinab en laborant en 2000, avec la participation du secteur priv, de la socit civile et des partenaires techniques et financiers, un Cadre stratgique de lutte contre la pauvret a voulu, dune part, traduire sa ferme volont de sattaquer ce phnomne qui constitue un rel dfi politique et, dautre part, mettre la disposition de lensemble des acteurs de dveloppement, un outil de cohrence des politiques et de coordination de laide publique au dveloppement.

Les rsultats de trois annes de mise en oeuvre du cadre stratgique de lutte contre la pauvret ont t trs mitigs. Les rsultats de lenqute burkinab sur les conditions de vie des mnages le confirment. La rtrospective des deux dernires dcennies de dveloppement au Burkina Faso montre quil y a des contraintes dordre structurel mais aussi dordre institutionnel qui sopposent la croissance. Ces contraintes mritent dtre repres et leves pour faire place aux conditions et un environnement dune croissance de qualit.

1.2 Ncessit dune croissance de qualit fonde sur lquit

Depuis la Lettre dintention de politique de dveloppement humain durable de 1995 dont le cadre stratgique de lutte contre la pauvret tire ses fondements, lambition du Gouvernement est de centrer la stratgie de dveloppement du pays sur la promotion de la scurit humaine. Il sagit daccrotre lefficacit des politiques publiques afin den assurer le maximum dimpact sur les principaux indicateurs sociaux, daccrotre le pouvoir dachat des populations les plus dfavorises et de leur offrir un meilleur cadre dpanouissement social. Ce renouveau de politique conomique et social est dautant plus ncessaire que le Burkina Faso a souscrit dune part, aux objectifs du millnaire pour le dveloppement et dautre part, au nouveau partenariat pour le dveloppement de lAfrique. Cette dmarche implique au plan macroconomique, la poursuite des efforts pour raliser ce paradigme quest la recherche dune croissance de qualit. Par croissance de qualit, on entend, dune part, une croissance soutenable face aux chocs exognes, plus forte car fonde sur des sources diversifies et sur une base conomique plus large et, dautre part, redistributive et proccupe de la prservation de lenvironnement. Elle implique linstauration dune meilleure gouvernance administrative et conomique. Dans cette perspective, il importe de recourir des instruments pertinents de politique budgtaire et de politiques sectorielles pour aider les populations burkinab prendre une part plus active leur dveloppement et rduire les ingalits.

La croissance conomique est certainement indispensable pour relever le niveau de revenu gnral et le bien-tre des populations burkinab, mais elle nest pas suffisante pour lutter contre la pauvret et les ingalits. Dans le cadre dune politique conomique qui se veut judicieuse et efficace pour les couches les plus larges de la population, la recherche de lquit doit tre un objectif essentiel.

Diverses tudes rcentes conduites par le Gouvernement ont identifi les principaux obstacles une croissance quilibre:

1) la faiblesse du capital humain, qui contribue la faiblesse de la productivit du travail et au niveau de chmage lev;

2) linsuffisance des infrastructures de dveloppement conomique qui explique le cot lev des facteurs de production et ltroitesse du secteur moderne de lconomie;

3) linsuffisance des capacits nationales, qui aggrave les problmes de civismeet de gouvernance ;

4) le faible degr douverture de lconomie sur lextrieur qui limite les opportunits de croissance et de cration demplois en dpit des efforts consentis dans le cadre des programmes de stabilisation et dajustement.

Le Burkina Faso voudrait tirer le meilleur parti du processus dintgration rgionale en cours au sein de lUnion conomique et montaire ouest africaine (UEMOA) pour transformer son handicap de pays enclav en un atout, et se positionner comme le carrefour des conomies de la sous-rgion. En poursuivant et en renforant des programmes de rformes structurelles complmentaires centrs sur la leve des quatre grands obstacles identifis ci-dessus, le Burkina Faso pourrait rapidement atteindre les taux de croissance permettant une rduction sensible de lincidence de la pauvret. Etant donn le faible niveau de comptitivit actuel de lconomie burkinab, le processus dintgration conomique ouest africain comportera sans doute des cots conomiques et sociaux. Mais le Gouvernement est confiant en sa capacit travailler avec les autres partenaires de lunion pour, dune part, limiter ces cots et, dautre part, maximiser les opportunits quoffrira un march rgional beaucoup plus large.

Par ailleurs, le Burkina Faso fait partie des pays les moins avancs (PMA) qui mobilisent des flux importants daide publique au dveloppement. Celle-ci contribue pour prs de 80% au financement du programme dinvestissement public mais les capacits dabsorption de celle-ci demeurent insuffisantes du fait des lourdeurs administratives et des longues procdures des bailleurs de fonds. Des tudes spcifiques montrent que linfluence de cette aide sur la croissance nest perceptible que dans un cadre caractris par de bonnes politiques conomiques . Do limportance de politiques conomiques efficaces fondes sur louverture et la stabilit macroconomique mais aussi la ncessit dappliquer dans la lettre et lesprit, la rforme de laide publique au dveloppement.

1.3 Le CSLP, une dmarche itrative fonde sur une large consultation

Le CSLP est un document - cadre qui vise noncer les objectifs prioritaires de dveloppement fixs par le Gouvernement. Il ne se substitue pas aux stratgies sectorielles existant dj ou en cours de finalisation mais en assure la cohrence pour leur garantir un meilleur impact sur les populations bnficiaires. Il a donc vocation dinfluencer les objectifs sectoriels et le choix des indicateurs de suivi des programmes et plans daction financs. Il est le reflet des choix essentiels mens au niveau des secteurs prioritaires. La dmarche qui soutend llaboration et la mise en uvre du CSLP est une dmarche itrative. Le Gouvernement a dcid de le mettre jour tous les trois ans, pour tenir compte des leons de la mise en oeuvre des politiques publiques adoptes dans ce document, des rsultats des travaux complmentaires menes par diverses institutions pour mieux comprendre le phnomne de la pauvret, ainsi que du volume des moyens disponibles.

Le Gouvernement sest davantage convaincu au bout des trois annes que lefficacit de la mise en uvre du cadre stratgique de lutte contre la pauvret tait fortement dpendante de son appropriation par les diffrents acteurs (cf. Rapport des assises nationales sur le CSLP de juillet 2002).

Aussi a - t-il tenu ce que le processus de rvision du cadre stratgique de lutte contre la pauvret lanc officiellement le 18 avril 2003 lors dune crmonie regroupant toutes les composantes sociales (600 participants environ), fasse lobjet dune large consultation.

Il est important de souligner que le lancement officiel du processus a t prcd par une srie de rencontres en fvrier mars 2003 avec les oprateurs du secteur priv sous lgide de la Chambre de commerce, dindustrie et dartisanat ainsi quavec les organisations de la socit civile et les partenaires techniques et financiers. Lobjectif de ces rencontres tait de rappeler le contexte dlaboration du CSLP, les rsultats partiels atteints et la justification de sa rvision.

1.3.1 Objectifs et principes de la rvision du CSLP

Le processus de rvision du cadre stratgique de lutte contre la pauvret poursuivait quatre objectifs essentiels:

1. apprcier la pertinence des objectifs du Cadre stratgique au regard des rsultats acquis et de la nouvelle mesure de lincidence de la pauvret;

2. examiner lopportunit de llargissement des secteurs prioritaires et du rajustement des lments de stratgie;

3. rgionaliser le cadre stratgique de lutte contre la pauvret;

4. assurer une plus grande implication du secteur priv et de la socit civile.

Le processus de rvision du CSLP a t guid par les principes suivants:

1. lquit: la croissance espre doit tre forte et de qualit, rductrice des ingalits. Elle doit tre bnfique la majorit de la population notamment aux pauvres parce que, impliquant une participation active de tous (pauvres, hommes et femmes) la production et la rpartition des fruits de cette croissance. Une croissance rductrice des ingalits qui sont lies aux diffrences des capacits humaines et daccs aux actifs et aux ressources productives;

2. la cohrence des actions: elle implique la promotion systmatique dactions se renforant mutuellement entre les divers domaines dintervention afin de crer des synergies au service de la rduction des ingalits et de la pauvret;

3. lhabilitation des pauvres: La promotion du dveloppement durable exige, de toutes les populations actives sans exclusion, une contribution effective au processus de dveloppement. Elle va au-del de lassistance aux pauvres pour renforcer leurs capacits prendre en charge leur propre destin;

4. lingalit entre les hommes et les femmes: elle dtermine les chances de russite des stratgies de lutte contre la pauvret. Les processus qui mnent la pauvret affectent diffremment et des degrs divers les hommes et les femmes. Lingalit entre les hommes et les femmes est une cause majeure de pauvret chez les femmes et de pauvret en gnral;

5. la rduction des disparits rgionales: les disparits rgionales sont source dexacerbation de la pauvret et des ingalits et limitent la participation des diffrentes rgions au processus de dveloppement national;

6. la participation: le processus CSLP doit tre compris juste titre comme celui du dialogue social sur la problmatique du dveloppement du pays. En consquence, tous les acteurs doivent y prendre part pour assurer une plus grande validit des dcisions prises.

1.3.2 Lorganisation du processus

Le processus a dur sept mois, davril octobre 2003, et a comport sept tapes.

1.3.2.1 Les consultations rgionales

Pour tenir compte des proccupations de chacune des treize (13) rgions dans le cadre stratgique de lutte contre la pauvret rvis et la doter dun cadre stratgique rgional de lutte contre la pauvret, dix consultations rgionales ont t organises du 8 mai au 7 juin 2003. Elles ont runi environ trois mille (3 000) participants dont moins de 10% de femmes, soit une moyenne de deux cents (200) participants par consultation, lexception de celles du Centre et des Hauts Bassins. Celle du Centre a regroup les rgions du Centre-Sud, du Plateau Central et du Centre et a mobilis quatre cents (400) participants tandis que celle des Hauts Bassins a regroup les rgions des Cascades et des Hauts Bassins et mobilis trois cents (300) participants. Chacune de ces rencontres a t parraine par un membre du Gouvernement et prside par le haut commissaire de la province abritant le chef-lieu de rgion. Outre lmulation rgionale quelles ont suscite, ces consultations ont permis de renforcer lappropriation du cadre stratgique par les diffrents acteurs provenant notamment des administrations dconcentres et des organisations communautaires et de doter chaque rgion dun projet de cadre rgional de lutte contre la pauvret refltant les ralits locales.

Les partenaires techniques et financiers se sont organiss de manire spontane pour suivre ces consultations rgionales et contribuer, par leurs observations, fort propos, en amliorer lorganisation. Ils reconnaissent de faon unanime que cette dmarche novatrice a cr une certaine dynamique quil conviendrait dentretenir.

1.3.2.2 Les runions de cohrence des politiques sectorielles avec le CSLP

Les runions de cohrence avec lensemble des chefs de dpartement ministriel se sont tenues du 1er au 17 juillet 2003. Elles avaient pour principal objectif de mieux prciser le lien entre les politiques sectorielles et les diffrents axes du cadre stratgique de lutte contre la pauvret. De manire spcifique, elles ont permis:

i) une meilleure appropriation du cadre stratgique de lutte contre la pauvret par les dpartements ministriels: le premier responsable de dpartement et ses principaux collaborateurs ont t amens dcouvrir ou redcouvrir le CSLP pour en faire le rapprochement avec les politiques sectorielles. Ce rsultat participe, du reste, de la mise en uvre de la recommandation issue des assises nationales sur le CSLP, organises en juillet 2002;

ii) une claire perception de limportance et du rle des politiques sectorielles en tant quinstruments doprationnalisation du CSLP: les dpartements ministriels qui disposent dune politique et dune stratgie sectorielles ont pu indiquer avec nettet leur axe dinsertion au CSLP et leur contribution sa mise en uvre. Ceux qui nen disposent pas encore ont peru la ncessit de disposer sans dlai de telles politiqueset stratgies ;

iii) des contributions substantives la rvision du CSLP: les changes au cours de ces rencontres ont dmontr la ncessit de tenir compte de certains domaines ou thmatiques qui navaient pas pu ltre en 2000 lors de llaboration de la premire version du CSLP, savoir: la scurit publique, lemploi et le secteur informel, lexclusion sociale, le concept genre et dveloppement, lenvironnement et le cadre de vie, les PMI/PME, llectrification rurale, la petite mine et la migration. Il sest avr galement ncessaire dassortir le CSLP rvis dune matrice dindicateurs de rsultat et dun plan de renforcement des capacits nationales;

iv) la ncessit de doter chaque politique et programme dune stratgie de communication: un tel support est dautant plus indispensable quil importe dinstaurer un dialogue permanent de politique avec tous les acteurs. 1.3.2.3 Les ateliers de synthse

Le premier atelier a regroup, du 4 au 17 aot 2003 Bobo-Dioulasso, lensemble des directeurs rgionaux de lconomie et du dveloppement, les directeurs des tudes et de la planification des ministres chargs de lagriculture, de la sant, de lducation, de ladministration territoriale et de la dcentralisation et de la scurit ainsi que les cadres du Secrtariat technique pour la coordination des programmes de dveloppement conomique et social. Il a permis de finaliser les treize cadres stratgiques rgionaux de lutte contre la pauvret et dtablir des notes de synthse pour faciliter la prise en compte des priorits rgionales dans le CSLP.

Le deuxime atelier, tenu les 25 et 26 aot 2003 Ouagadougou, a regroup une soixantaine de participants dont une dizaine de femmes provenant de ladministration publique, de lUniversit et des instituts de recherche, du secteur priv et des organisations de la socit civile (SPONG, RECIF/ONG, RENLAC). Sappuyant sur un rapport de lecture critique du CSLP tabli par une quipe de trois personnes ressources indpendantes dont une femme, les participants avaient pour mission:

1. dapprcier la pertinence des options stratgiques suggres dans la version relue du CSLP sur la base des conclusions dtudes et denqutes ralises dans le cadre de la rvision du CSLP;

2. de finaliser les stratgies et politiques mettre en uvre dans le cadre du CSLP rvis en compltant et en affinant les propositions issues de la lecture critique du CSLP;

3. dapprcier, si possible, la pertinence de la matrice dfinitive dindicateurs de suivi du CSLP qui fera lobjet dun consensus au cours des assises nationales.

Les rsultats de ces deux ateliers de synthse ont t forts dterminants dans la formulation du cadre stratgique de lutte contre la pauvret rvis.

1.3.2.4 Les rencontres dinformation avec les partenaires techniques et financiers

Outre la latitude qui a t laisse lensemble des partenaires techniques et financiers pour participer activement au processus, le Gouvernement a organis tout au long du processus, plusieurs points dinformation et dchanges avec les partenaires techniques et financiers. Ces rencontres ont permis, dune part, de partager le calendrier de rvision du CSLP et les leons des consultations rgionales, et dautre part, de requrir les diffrents points de vue sur le dispositif institutionnel de suivi de la mise en uvre du CSLP ainsi que sur la nature des indicateurs de suivi.

1.3.2.5 Forum de la socit civile sur la relecture du cadre stratgique de lutte contre la pauvret

A leur propre initiative, les organisations de la socit civile ont tenu, du 28 au 30 juillet 2003, un forum dont le but tait de permettre une plus grande appropriation du cadre stratgique de lutte contre la pauvret en vue dune contribution constructive au processus de rvision et sa mise en uvre. Au terme du forum, elles ont adopt unanimement une importante dclaration sur le processus CSLP.

1.3.2.6 Les assises nationales sur le CSLP

A linstar de la crmonie officielle de lancement du processus de rvision le 18 avril 2003, les assises nationales ont runi encore environ 600 participants comprenant les membres du Gouvernement, les reprsentants de lAdministration, du secteur priv, des organisations de la socit civile y compris celles des producteurs, le Parlement des enfants, les reprsentants des treize rgions administratives, les partenaires techniques et financiers. Les travaux des assises se sont droules dans six commissions (dveloppement rural et scurit alimentaire, infrastructures conomiques, secteurs sociaux, finances publiques et allocation des ressources, comptitivit et promotion du secteur priv, gouvernance, rformes institutionnelles et dcentralisation). Elles ont valid le cadre stratgique de lutte contre la pauvret rvis, son cadre logique et les indicateurs de suivi, ainsi que le document de synthse des cadres stratgiques rgionaux de lutte contre la pauvret. Par del lexamen de ces documents, les assises ont donn des directives pour:

lever les contraintes la croissance;

allger les procdures de mobilisation et dabsorption des ressources internes et externes;

acclrer le dveloppement des secteurs sociaux notamment lducation de base, lalphabtisation, la sant et la disponibilit de leau potable;

acclrer le programme de dsenclavement inter et intra-rgional;

lutter contre linscurit;

renforcer le dispositif statistique et de suivi du CSLP;

assurer plus de cohrence entre les politiques sectorielles et le CSLP et privilgier lapproche programme.

1.3.2.7 La consultation des institutions rpublicaines (lAssemble nationale et le Conseil conomique et social)

A linstar du document labor en 2000, la version rvise du CSLP a fait lobjet dune prsentation par le Ministre de lconomie et du dveloppement devant la reprsentation nationale. Cette dmarche a son importance dans la mesure o cest le Parlement qui approuve le budget de lEtat, instrument doprationnalisation du CSLP. La saisine du Conseil conomique et social par le Gouvernement fait partie des bonnes pratiques de gouvernance. Cette institution de par sa composition trs diversifie (administration publique, secteur priv, socit civile) a, dans ses attributions, celle dexaminer les programmes de dveloppement conomique et financier et dattirer lattention de lexcutif sur les contraintes et forces de succs de ces programmes.

1.4 Programmes et axes stratgiques du CSLPLes rsultats de lenqute sur les aspirations nationales, ceux de lenqute participative sur lvaluation de la pauvret et lenqute burkinab sur les conditions de vie des mnages (juillet 2003) ainsi que lanalyse structurelle de ltude nationale prospective Burkina 2025 mettent encore en vidence que le grand dfi auquel fait face le Burkina Faso est de rduire le niveau de pauvret de ses populations, leur vulnrabilit face aux crises de toutes natures et lingalit entre les diffrentes rgions et groupes socio-conomiques. Pour ce faire, la stratgie de rduction de la pauvret a pour ambition de concilier les ncessits de rformes structurelles et de redressement de lconomie avec les objectifs daccroissement des revenus des pauvres et de transferts aux plus dmunis. Conscient cependant du caractre limit des ressources dont il pourrait disposer et soucieux de ralisme dans son approche des problmes, le Gouvernement a nonc ses priorits de dveloppement en matire de lutte contre la pauvret:

i) la rduction du dficit social;

ii) la promotion du dveloppement rural et de la scurit alimentaire;

iii) lamlioration de laccs des populations, notamment pauvres, leau potable;

iv) la lutte contre le VIH/SIDA;

v) la protection de lenvironnement et lamlioration du cadre de vie;

vi) le dveloppement des PMI/PME et de la petite mine;

vii) le renforcement de la scurit publique;

viii) le renforcement des capacits nationales avec un accent particulier sur la promotion des nouvelles technologies de linformation et de la communication.

Pour rduire de faon significative lincidence de la pauvret, la croissance conomique devra tre plus forte au cours des annes venir. Lacclration de cette croissance devra:

i) crer les conditions damlioration des conditions de vie des populations notamment les plus dmunies;

ii) amliorer limpact et lefficience des politiques publiques, avec une focalisation dans un premier temps sur les secteurs sociaux;

iii) sappuyer sur une gestion rationnelle des ressources naturelles;

iv) sappuyer sur linstauration dune meilleure gouvernance et dune meilleure coordination de laide publique au dveloppement.

La ralisation des objectifs du cadre stratgique sarticulera autour de plusieurs programmes organiss en quatre axes stratgiques pour lesquels des actions prioritaires chiffres sont envisages:

Axe 1: Acclrer la croissance et la fonder sur lquit

Maintenir un cadre macroconomique stable

Accrotre la comptitivit de lconomie et rduire les cots des facteurs

Acclrer le dveloppement du monde rural

Appuyer les secteurs productifs

Axe 2: Garantir laccs des pauvres aux services sociaux de base et la protection sociale

Promouvoir laccs des pauvres aux services dducation

Promouvoir laccs des pauvres aux services de sant et de nutrition

Promouvoir laccs des pauvres leau potable et lassainissement

Amliorer le cadre de vie des pauvres: lhabitat

Garantir une protection sociale aux pauvres

Axe 3: Elargir les opportunits en matire demploi et dactivits gnratrices de revenus pour les pauvres dans lquit

Diminuer la vulnrabilit de lactivit agricole

Intensifier et moderniser lactivit agricole

Soutenir les organisations de producteurs et dvelopper les infrastructures collectives

Accrotre et diversifier les revenus des ruraux

Acclrer le dsenclavement

Promouvoir lemploi et la formation professionnelle

Amliorer les conditions de vie et de travail des femmes rurales

Axe 4: Promouvoir la bonne gouvernance

Promouvoir la gouvernance politique

Promouvoir la gouvernance administrative

Promouvoir la gouvernance conomique

Promouvoir la gouvernance locale

II: EVOLUTION ET DETERMINANTS DE LA PAUVRETE

2.1 DEFINITIONS ET APPROCHES DE LA PAUVRETELa pauvret est un concept polysmique qui mrite dtre apprhende de manire multidimensionnelle. Les diffrentes approches en la matire, complmentaires lune de lautre, mettent en vidence deux dimensions essentielles de la pauvret: la dimension montaire qui est mesure par le revenu et la dimension humaine qui sintresse la faon dont les ressources sont rparties entre les individus ou les groupes composant la socit.2.1.1 La pauvret montaire

La notion de pauvret montaire sinscrit essentiellement dans la perspective dune approche quantitative et oprationnelle visant offrir un repre global permettant de classer les inidividus par rapport leur niveau de bien-tre. Il existe un niveau de bien-tre prdfini qui, sil nest pas atteint par dfaut ou par insuffisance de revenu, correspond une situation sociale de pauvret. Le revenu qui permet de satisfaire ce niveau de bien-tre est le seuil de pauvret; toute personne dont le revenu est infrieur ce seuil est donc considre comme pauvre.

Devant certaines difficults pratiques pour cerner le revenu des mnages ou des individus, on essaie trs souvent dapprhender le bien-tre par le niveau de consommation. Si la somme des dpenses de consommation est infrieure au seuil prdfini, lindividu est considr comme pauvre. La proportion des individus pauvres dans la population totale indique lincidence ou acuit de la pauvret.

Le seuil de pauvret (ou ligne de pauvret) est donc un niveau normatif de dpenses calcul partir des besoins alimentaires et non alimentaires en dessous duquel les individus sont considrs comme pauvres.

Lincidence de la pauvret est la proportion des personnes pauvres (cest--dire ayant un niveau de dpenses en dessous de la ligne de pauvret) dans lensemble de la population.

Dautres indices non moins importants permettent de caractriser et danalyser la pauvret montaire en tenant compte de la distribution des revenus individuels individus autour du seuil.

Il sagit notamment de la profondeur et de la svrit de la pauvret. La profondeur ou ampleur de la pauvret est la distance moyenne qui spare les revenus des personnes pauvres de la ligne de pauvret. Elle permet de dterminer le montant thorique des ressources ncessaires pour liminer la pauvret. La svrit ou gravit de la pauvret est la mesure de la dispersion (cest--dire ltalement) des revenus des personnes pauvres autour de la distance moyenne qui les spare de la ligne de pauvret.

2.1.2 La pauvret humaine

A ct des manifestations lies linsuffisance de revenu, il existe dautres aspects de la pauvret comme le non accs aux ressources productives, le non accs certains services sociaux (ducation, sant, eau potable, logement, etc.), lexclusion sociale, la non participation la vie de la communaut, etc. Ces diffrents aspects ont t recenss par le sommet social de Copenhague sur llimination de la pauvret et ont t repris et approfondis par le Programme des nations unies pour le dveloppement pour formaliser le concept de pauvret humaine.

Ce concept de pauvret humaine, qui sinscrit dans la perspective dune approche qualitative de la pauvret, se base essentiellement sur le manque ou la privation de capacits allant du domaine matriel aux domaines sociaux les plus complexes.

Les visages multiples de la pauvret exclusion, marginalisation, discrimination, vulnrabilit indiquent que la pauvret nest plus un enjeu conomique et social; elle constitue une violation des droits humains. La pauvret et, plus gnralement, lingalit mettent la stabilit sociale en danger et reprsentent une menace pour les liberts fondamentales au sens civil et politique. Rciproquement, llimination de toutes les formes de discrimination et de marginalisation peut contribuer puissamment radiquer une grande partie des causes profondes de la pauvret.

Outre les caractristiques ci-dessus soulignes, le Burkina Faso en tant que pays moins avanc (PMA) subit du fait de la mondialisation et du commerce ingal (subventions agricoles dans les pays riches), des causes systmiques de la pauvret. Aussi, la ncessit de tenir compte des diffrentes approches de la pauvret a-t-elle conduit le Gouvernement initier depuis 1994 plusieurs investigations dans le but de cibler convenablement les personnes touches par la pauvret et dutiliser une gamme tendue doutils pour mieux lutter contre celle-ci. Les plus importantes sont:

les enqutes prioritaires sur les conciditions de vie des mnages ralises en 1994, 1998 et 2003;

les enqutes qualitatives sur les perceptions de la pauvret dnommes enqutes participatives sur lvaluation de la pauvret ralies en 1998 et en 2003;

les tudes socio-conomiques relatives aux revues de la dpense publique et celles relatives laccessibilit des services sociaux essentiels (sant et ducation) rgulirement effectues depuis lanne 2000.

Ces tudes ont mis en vidence le caractre massif de la pauvret qui touche la majorit de la population burkinab. En 1998, par exemple, 62% des mnages vivaient en dessous du seuil de pauvret si lon tient compte des questions de vulnrabilit et de prcarit des conditons de vie dune frange importante de la population notamment rurale. Lampleur de cette pauvret exige donc une approche vigoureuse que celle quexigerait une pauvret rsiduelle. En effet, un tel niveau, les thrapies se doivent datteindre un certain seuil pour provoquer des effets cumulatifs susceptibles de rendre terme le phnomne rsiduel.

2.2 CARACTERISTIQUES ET DYNAMIQUE DE LA PAUVRETE

2.2.1 Pauvret et dpenses des mnages

Les rsultats de lenqute bukinab sur les conditions de vie des mnages ralise en 2003 indiquent que le niveau moyen annuel de dpenses par mnage est estim 866 381 F CFA soit une dpense mensuelle de 72 198 CFA par mois. Une proportion de 47,9% de cette dpense est consacre lalimentation tandis que les dpenses non alimentaires correspondent 52,1%. Parmi ces dpenses alimentaires, les produits craliers restent prdominants (48,9% de lensemble des mnages).

La structure de cette dpense montre que chez les pauvres, celle-ci est largement consacre lacquisition des produits alimentaires; prs de deux tiers des dpenses dans les mnages pauvres contre 43,3% chez les non pauvres sont consacres lachat de produits alimentaires. Lautoconsommation constitue galement un poste dominant chez les pauvres; elle reprsente 51% de leurs dpenses alimentaires. Les dpenses en crales chez les pauvres sont encore plus importantes et atteignent 55% de lensemble de leurs dpenses en produits alimentaires dont 42% pour le mil et le sorgho.

Au niveau des dpenses non alimentaires, lautoconsommation des mnages pauvres rprsente 41,2% contre seulement 17,7% chez les non pauvres. Le loyer, le bois et charbon de bois, le savon, les dpenses pour crmonies diverses et la sant constituent les postes de dpenses les plus importants chez les mnages pauvres. Chez les mnages non pauvres, le loyer reprsente le premier poste de dpenses mais ceux-ci allouent plus de ressources la sant quaux crmonies diverses qui viennent en troisime position.

2.2.2 Seuil et indices de la pauvret

Les rsultats de lenqute ralise en 2003 permettent d'estimer le seuil absolu de pauvret 82 672 F CFA par adulte et par an. Sur cette base, la proportion de la population burkinab vivant en dessous de la ligne de pauvret stablit 46,4% soit une hausse de 1,9 point comparativement 1994 (44,5%) et de 1,1 point par rapport 1998 (45,3%).

Lampleur de la pauvret a connu une lgre augmentation aprs une relative stabilisation observe entre 1994 et 1998. En effet, la profondeur de la pauvret est passe successivement de 13,9% en 1994 13,7% en 1998, puis 15,5% en 2003. Par contre, la svrit est reste stable au cours de la priode, passant de 6,0% en 1994 5,9% en 1998 et en 2003.

Le graphique 1 indique lvolution des indices de pauvret en 1994, 1998 et 2003.

2.2.3 Perception du statut de la pauvret

Selon les rsultats des enqutes participatives sur les perceptions des dimensions du bien-tre, de la pauvret et de laccessibilit des services sociaux de base en milieux urbain et rural, ralises en 1998 et en 2003, la pauvret, notamment conomique, se traduit au niveau individuel par la non satisfaction des besoins essentiels tels que lalimentation, lhabillement et le logement. Au niveau collectif, elle se traduit plutt par labsence de facteurs naturels favorables, la famine et les situations dpidmies. En outre, labsence dun environnement scurisant (scurit publique), le manque dinfrastructures socioconomiques (coles, marchs, dispensaires, etc.), lenclavement de certaines zones et la faiblesse des moyens de transport accentuent cette notion de pauvret collective ressentie par les populations (Voir graphique 2).

Le diagramme indique clairement quau plan individuel, les trois premiers lments de perception de la pauvret sont par ordre, lalimentation, lemploi ou activits gnratrices de revenus et la sant. Ce classement ainsi que les lments de perception confirment les dimensions conomique et humaine de la pauvret et renforcent lide selon laquelle lanalyse de ce phnomne peut et doit sappuyer sur une approche intgrant ces deux dimensions.

Les perceptions des populations sur les dterminants de leur situation de pauvret sont claires mais le classement des principaux facteurs de pauvret diffre selon le milieu de rsidence.

En milieu urbain, les dix premiers facteurs de pauvret, par ordre dimportance dcroissante, sont les alas climatiques, la faiblesse du pouvoir dachat, la vieillesse, la famille nombreuse, la paresse ou le manque dinitiative, linsuffisance de bonne gouvernance, le handicap physique, le vol, la mort du conjoint et la pauvret chronique. Le mme classement en milieu rural donne la paresse ou le manque dinitiative, lchec permanent, le handicap physique, la dchance sociale, la pauvret chronique, la faiblesse du pouvoir dachat, les entraves sociales et culturelles, labsence dONG ou de projet daide, la famille nombreuse et la difficult de planification.

Au total, la faiblesse du pouvoir d'achat, le poids d'une famille nombreuse et le manque d'initiative apparaissent comme des causes tant en milieu urbain quen milieu rural. Bien que les causes et dterminants, notamment les deux derniers, ne soient pas indiques et analyses et que les donnes disponibles nexpriment pas les diffrences de perceptions de la pauvret selon le genre (hommes/femmes, vieux/jeunes, etc.), il est vident que les perceptions des mnages commandent souvent leur comportement. Do la ncessit de les considrer dans la dfinition d'une stratgie de rduction de la pauvret.

2.2.4 Analyse selon le milieu de rsidence

La pauvret en milieu urbain sest accentue du point de vue tant de son incidence que de sa profondeur et de sa contribution lindence globale nationale. En effet, tous les indices relatifs ce milieu ont pratiquement doubl entre 1994 et 2003. Lincidence en milieu urbain sest accrue de 3,4 points entre 1998 et 2003, stablissant respectivement 16,5% et 19,9% alors quelle tait de 10,4% en 1994. La profondeur de la pauvret urbaine qui tait de 2,5% en 1994 sest tablie 4% en 1998 et 5,5% en 2003. Quant la svrit de la pauvret en milieu urbain, elle passe de 0,9% en 1994 1,5% en 1998 et 2,2% en 2003. Enfin, la contribution de la pauvret urbaine lincidence globale de la pauvret est passe de 3,8% en 1994 7,8% en 2003; en 1998, elle tait de 6,1%.

Le tableau 1 donne les indices de pauvret selon le mileiu de rsidence de 1994 2003.

Tableau 1 : Indices de la pauvret (en%) selon le milieu de rsidence de 1994 2003Indices de pauvret199419982003Evolution 94 - 98Evolution 98 - 03

Incidence

Urbain10,416,519,9+ 6,1+3,4

Rural51,051,052,30+1,3

National44.545.346,4+ 0.81,1

Profondeur

Urbain2,54,05,5+1,5+1,5

Rural16,115,717,9-0,4+2,2

National13,913,715,5-0,2+1,8

Svrit

Urbain0,91,52,2+0,6+0,7

Rural7,06,86,8-0,20

National6,05,95,9-0,10

Contribution

Urbain3,86,17,8+2,3+1,7

Rural96,293,992,2-2,3-1,7

National100100100

Source : INSD, Analyse de la Pauvret au Burkina Faso, 1999 et 2003En dpit de laggravation sensible de la pauvret urbaine, la pauvret au Burkina Faso demeure un phnomne essentiellement rural. En effet, comme en 1994 et en 1998, les rsultats de lenqute burkinab sur les conditions de vie des mnages indiquent une incidence en milieu rural suprieur 50% (52,3% en 2003 contre 51% en 1994 en 1998).

Cette augmentation de lincidence en milieu rural entre 1998 et 2003 sest accompagne dune aggravation en terme de profonteur, dune stabilisation de lindice relatif la svrit et dune hauusse de la contribution la pauvret nationale. La profondeur de la pauvret en zone rurale est passe de 15,7% en 1998 17,9% en 2003 alors quelle avait connu une baisse de 0,4 point en 1998 par rapport 1994. Cette augmentation de lcart entre le niveau du revenu moyen des pauvres en mileu rural et le seuil de pauvret signifie probablement une aggravation de la pauvret durable dans ce milieu qui contribue encore pour 92,2% lincidence globale de la pauvret nationale en 2003.

2.2.5 Analyse de la pauvret selon les rgions Lenqute burkinab sur les conditions de vie des mnages de 2003 sest appuye sur les treize rgions administratives et de planification issues de la loi N013-2001/AN du 02/07/2001, relative la dcentralisation pour la production et la reprsentativit des donnes.

Lanalyse spatiale de la pauvret sur cette base permet de classifier les rgions en trois groupes:

le premier groupe comprend les rgions les plus affectes par la pauvret avec une incidence nettement au-dessus du niveau national. Il sagit des du Nord, du Centre-sud, du Plateau central, de la Boucle du Mouhoun, du Centre-est et du Sud-ouest;

le second groupe rassemble les rgions o l'incidence de la pauvret avoisine la moyenne nationale. Ce sont les rgions du Centre-ouest, de l'Est et des Cascades;

enfin, le troisime groupe concerne les rgions relativement moins affectes par la pauvret. Ces rgions sont celles des Hauts bassins, du Sahel, du Centre-nord et du Centre.

Le tableau 2 donne les indices de pauvret par rgion administrative en 2003.

Dune manire gnrale, la contribution dune zone la pauvret nationale est lie limportance de sa population et au niveau de lincidence mme de la pauvret dans cette zone. Une zone peut ainsi contribuer de manire significative la pauvret nationale si sa population est importante ou lorsque sa population est pauvre. Ainsi, la Boucle du Mouhoun, le Nord et le Centre-est sont les rgions qui contribuent le plus la pauvret nationale avec, respectivement des indices C0 de 15,9%, 12,7% et 9,8% (rgions forte population et forte incidence de pauvret). Elles sont suivies par les rgions des Hauts bassins (8,1%), du Centre- Ouest (7,7%), du Plateau central (7,6%) et de lEst (7,5%) (Rgions forte population et faible incidence de pauvret). Les rgions qui contribuent le moins la pauvret nationale sont les Cascades (3,1%), le Sahel (4,6%) et le Centre (4,9%) (Rgions faible incidence de pauvret).

Tableau 2 : Indices de pauvret par rgion administrative en 2003

RgionsIncidence P0Contribution

C0Profondeur

P1Contribution C1Svrit

P2

Hauts bassins34,88,110,67,34,5

Boucle du Mouhoun60,415,921,316,69,6

Sahel37,24,612,64,75,8

Est40,97,512,36,75,3

Sud-ouest56,66,017,55,57,3

Centre-nord34,06,08,24,32,8

Centre-ouest41,37,714,17,86,8

Plateau central58,67,620,37,89,5

Nord68,612,724,713,611,8

Centre-est55,19,819,710,49,1

Centre22,34,97,14,62,9

Cascades39,13,114,63,47,4

Centre-sud66,16,126,07,213,5

Burkina Faso46,410015,61007,1

Source: INSD, Rsultats de lEBCVM, 2003

Lanalyse de lvolution de ltat de la pauvret dans les diffrentes rgions repose sur une observation pralable quant la comparabilit des donnes en ce qui concerne chaque rgion entre les trois priodes denqute (1994, 1998 et 2003). En effet, les donnes de 1994 ont t produites sur la base des sept zones agro-climatiques du pays (Centre-nord, Centre-sud, Est, Nord, Ouest, Sud-est et Sud); lenqute de 1998 sest appuye sur les dix rgions de planification du ministre de lconomie et des finances (Centre, Centre-est, Centre-nord, Centre-ouest, Est, Nord, Nord-ouest, Ouest, Sahel et Sud-ouest). Quant lenqute burkinab sur les conditions de vie des mnages de 2003, elle a fourni des rsultats qui se rfrent aux treize rgions administratives et de planification selon la loi N013-2001/AN du 02/07/2001 (Boucle du Mouhoun, Cascades, Centre, Centre-sud, Centre-est, Centre-nord, Centre-ouest, Est, Hauts bassins, Nord, Plateau central, Sahel et Sud-ouest) (voir carte 1).

En 1998, pour les besoins de lanalyse compare, les donnes sur les dix rgions conomiques avaient t retraites en fonction des six zones agro-climatiques. Ce qui avait permis de constater une modification de la cartographie de la pauvret en raison dune rgression importante de lincidence de la pauvret dans les rgions agro-climatiques du Sud, du Sud-est et du Nord de prs de 8 points et son aggravation significative dans le Centre-sud et relativement moins importante lOuest. Lanalyse indiquait que les disparits rgionales sexpliquaient par les fortes diffrences dans la disponibilit des ressources naturelles (eau, terres fertiles, environnement) qui dterminent souvent les types de spculation. En outre, la forte pression dmographique conjugue un cosystme trs fragile rend cruciale la question de la pauvret dans certaines zones notamment le Centre-nord, le Centre-sud et le Sud-est.

Des tudes complmentaires montrent que lvolution de lincidence de la pauvret au niveau des diffrentes rgions du Burkina entre 1998 et 2003 permet de regrouper les diffrentes rgions en trois catgories:

les rgions o lincidence de la pauvret sest rduite au cours de la priode: le Centre-nord qui enregistre la plus forte baisse (-24,1 points), lEst (-5,7 points), le Sahel (-5 points) et le Centre-ouest (-3,6 points);

celles o lincidence sest accrue de moins de 5 points: il sagit des Hauts bassins (+1,7 point), du Centre-est (+4 points) et des Cascades (+4,3 points);

celles o elle sest accrue de plus de 5 points: le Centre (+5,8 points), le Centre-sud et le Nord (+7,7 points), le Plateau central (+8,7 points), la Boucle du Mouhoun (+11,1 points) et le Sud-ouest (+11,7 points).

Tableau 3: Evolution de lincidence de la pauvret par rgion de 1998 2003

Catgories de rgionsRgionsIncidence (%)Evolution 98 - 03

19982003

Rgions o e

lincidence d

la pauvret

sest rduiteCentre-Nord 58,134-24,1

Est 46,640,9-5,7

Sahel 42,237,2-5

Centre-Ouest 44,941,3-3,6

Rgions o lincidence sest accrue

de moins de 5

pointsHauts bassins33,134,81,7

Centre-Est 51,155,14

Cascades 34,839,14,3

Rgions o elle sest accrue de plus de 5 pointsCentre 16,522,35,8

Centre-Sud 58,466,17,7

Nord 60,968,67,7

Plateau Central 49,958,68,7

Boucle du Mouhoun 49,360,411,1

Sud-Ouest 44,956,611,7

Burkina Faso 45,346,41,1

Source: Jean-Pierre LACHAUD, "Pauvret et ingalit au Burkina Faso: Profil et dynamique, 2003"

Le tableau 3 et la carte 2 indiquent lvolution de lincidence de la pauvret par rgion administrative de 1998 2003.

Enfin, lanalyse spatiale des rsultats de lenqute sur lvaluation participative de la pauvret (avril 2003) note des nuances entre les rgions du Burkina Faso. Ainsi, les populations de la rgion du Centre-Sud mettent laccent sur les problmes de sant et dinactivit, celles de lEst inistent sur les problmes dinscurit, alors les populations du plateau central sont proccupes par linaccessibilit des services sociaux et celles du Sahel relvent lanalphabtisme. Elle note galement des diffrences de perception selon les groupes spcifiques comme celui des enfants de la rue et des enfants non scolariss qui mettent laccent sur labsence demploi ou dactivits gnratrices de revenus, labsence de solidarit, la taille leve de la famille, lorigine pauvre ou reproduction sociale gnrationnelle de la pauvret.

2.2.6 Analyse de la pauvret selon le genre Lenqute burkinab sur les conditions de vie des mnages indique le niveau de discrimination entre les femmes et les hommes, que lon peut exprimer par lcart des incidences de pauvret, est de 1,4 point au profit des hommes. Les femmes contribuent galement plus que les hommes lincidence globale de la pauvret au niveau national (52% contre 48%) et la svrit de la pauvret chez les femmes est lgrement suprieure son niveau chez les hommes. Toutefois, il ressort que les mnages dirigs par les hommes sont les plus pauvres (46,9% contre 36,5% chez les femmes), cette situation sexpliquant entre autres par limportance numrique des mnages dirigs par les hommes (Voir tableau 4).

Tableau 4: Indices de pauvret selon le genre en 2003

Indices de pauvretIncid.

P0Contrib.

C0Profond.

P1Contrib. C1Sv.

P2

Sexe

Femmes47,15215,952,37,3

Hommes45,74815,347,76,9

Sexe du chef de mnage

Fminin36,54,112,74,35,7

Masculin46,995,915,895,77,2

National44,545,346,41007,1

Source: INSD, Rsultats de lEBCVM, 2003

Le retard de scolarisation fminine constitue un frein la participation de la femme au secteur moderne o les femmes scolarises reprsentent environ 21% des effectifs dans les administrations publiques et seulement 5% dans les socits prives du secteur moderne. Au niveau de lanimation de la vie publique (politique), bien que de nets progrs aient t raliss, les femmes demeurent peu reprsentes au Parlement, au Gouvernement comme dans la haute administration centrale et communale. Par exemple, en 2000, la fonction publique comptait environ 11 206 femmes fonctionnaires sur 44 316, soit 25,3%. En 2003 on comptait:

04 femmes ministres sur 30, soit 13,3%;

13 femmes dputs sur 111, soit 11,7%;

50 femmes magistrats sur 200, soit 25,0%;

04 femmes secrtaires gnrales de provinces sur 45, soit 08,9%;

05 femmes Hauts commissaires sur 45, soit 11,1%;

05 femmes Ambassadeurs sur 25, soit 20,0%;

03 femmes maires sur 57, soit 05,3%.

La situation sanitaire des femmes se caractrise par une morbidit et une mortalit leves. Les causes directes telles les hmorragies et les infections sont responsables denviron 72% des cas de dcs maternels. Par ailleurs, il est tabli que 55% des femmes enceintes sont anmies. Sur lensemble du pays, seulement 38,4% des femmes enceintes bnficient dune consultation prnatale. A cause des accouchements dans des conditions dhygine dfectueuses, le taux de mortalit prnatale tait de 126 pour mille en 1995. Les facteurs explicatifs de la situation sanitaire des femmes relvent, en plus de lignorance et de la pauvret, du fardeau des activits domestiques ainsi que des pratiques traditionnelles nfastes, de linsuffisance des mesures dassainissement et de fourniture deau potable.

Les conditions socio-conomiques et les pesanteurs sociologiques et culturelles dterminent souvent la faible participation des femmes la vie conomique et publique, notamment la difficult daccs la terre et au crdit. Avec laide des ONG, les coopratives de femmes exercent des activits de production marachre et dartisanat dans le secteur touristique. Cependant, ces activits ont une faible productivit en raison du manque de services dappui et daccs au crdit.

Linsuffisance des mcanismes institutionnels mis en place pour octroyer des crdits aux femmes empche celles-ci de bnficier des facilits de crdit. Pour amliorer les conditions socio-conomiques des femmes, il est ncessaire de crer un rseau dinstitutions financires capable de drainer lpargne et de la recycler des fins dinvestissement travers des crdits moyen et long termes leur profit.

Les femmes au Burkina Faso sont deux fois moins alphabtises (12,9%) que les hommes (24,8%). Cette ingalit qui existe dans toutes les catgories sociales est beaucoup plus prononce au niveau des catgories les plus pauvres. Ainsi, par exemple, alors que pour le dernier quintile de niveau de vie (les moins pauvres), le taux dalphabtisation des femmes tait en 1994 de 33,5% contre 53,8% pour les hommes, pour le premier quintile de niveau de vie (les plus pauvres), ces taux taient respectivement de 3% et 10,8%.

En rsum, les femmes ont un accs limit aux soins de sant, aux opportunits demploi et de crdit, et participent moins la vie politique nationale et la prise de dcision. Toutes choses qui traduisent et dterminent leur niveau de pauvret en mme temps quelles amplifient celui de lensemble de la population compte tenu du rle dterminant des femmes dans la production, la sant, lhygine, la nutrition et lducation des enfants. Do la ncessit imprieuse dacclrer laccroissement du taux dalphabtisation des femmes.

2.2.7 Analyse de la pauvret selon les groupes socio-conomiques

Lanalyse selon les groupes socio-conomiques distingue neuf catgories en fonction du statut du chef de mnage. Le tableau 5 indique la situation de la pauvret pour les diffrents groupes en 1998 et en 2003.

En 2003, tout comme en 1998, les agricuteurs vivriers et les agriculteurs de rente constituent les groupes socio-conomiques dont la situation en termes montaires est la plus prcaire. En effet, lincidence de la pauvret est passe de 53,4% en 1998 55,5% en 2003 pour les premiers, soit une augmention de 2,1 points tandis que pour les seconds lincidence est passe de 42,4% en 1998 45,5% en 2003 ( Voir tableau 5) .

Tableau 5 : Incidence de la pauvret selon le statut du chef de mnageStatut du chef de mnage19982003

Salari public5,94,4

Salari priv formel1,111,3

Salari priv informel16,214,8

Indpendant/Employs non agricoles12,721,5

Agriculuture de rente42,445,5

Agriculture vivrire53,455,5

Aide familiale et apprenti29,34,5

Chmeur30,028,3

Inactif41,334,5

Source: Jean-Pierre LACHAUD, "Pauvret et ingalit au Burkina Faso: Profil et dynamique, septembre 2003"

Au cours de la priode, lincidence de la pauvret a galement augment chez les salaris du secteur priv formel (11,3 % en 2003 contre 1,1% en 1998) et les indpendants/employs non agricoles (12,7% en 1998 et 21,5% en 2003) . En revanche, parmi les salaris du secteur public, les salaris du secteur priv informel, les aides familiaux et apprentis, les chmeurs et les inactifs lincidence de la pauvret montaire a connu une baisse (Voir tableau 5). La prcarit de la situation des agriculteurs vivriers est tributaire de plusieurs facteurs tels:

le manque dinformations sur les dbouchs nouveaux et sur les prix;

la restriction des possibilits de commercialisation lie linsuffisance dinfrastructures de transport et limportance de lauto-consommation;

laccs limit aux facteurs daccroissement de la productivit existants;

linsuffisance et la pauvret des terres cultivables;

le accs des agriculteurs aux services dducation, de sant, de formation et dencadrement.

Quant aux agriculteurs de rente, ils souffrent eux aussi de la faible dotation en capital humain; les diffrentes politiques de libralisation des prix, de restructurations institutionnelles et dinvestissement ne semblent pas encore avoir entran une dynamisation du monde rural profitable ces derniers.

2.3 ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA PAUVRETE

Lapprhension de la dynamique de la pauvret implique ncessairement des investigations sur les relations existant entre cette dernire, le bien-tre, la croissance conomique et les ingalits.

2.3.1 Croissance, bien-tre, ingalit et pauvret

Dune manire gnrale, les liens entre la croissance et la pauvret indiquent que lune augmente quand lautre diminue. En dautres termes, la croissance semble lie au recul de la pauvret. Bien que cette tendance ne mette pas en vidence les liens de cause effet entre les deux phnomnes, on peut considrer dans une certaine mesure que la croissance favorise la rduction de la pauvret mme si elle nexplique pas toujours toute sa diminution. La croissance nest certainement pas suffisante pour imposer un recul de la pauvret, mais sa ncessit se justifie par le fait que la cration de richesses est indispensable pour relever le niveau de revenu gnral et de bien-tre des populations. Pour que la croissance soit un puissant moyen de lutte contre la pauvret, il est ncessaire que soient rsolues les questions de disparits et dingalits. Si cette condition est remplie, la rduction de la pauvret devient elle-mme une stimulation relle pour la croissance travers:

le dveloppement de lesprit dentreprise et le got du risque, indispensables la croissance;

lamlioration de la mobilit des individus grce laccs plus de ressources productives;

lamlioration de la productivit humaine, une meilleure rpartition et une meilleure utilisation des investissements sociaux et conomiques.

Au cours de la priode 1991-2001, le Burkina Faso a enregistr une croissance conomique annuelle moyenne de 5,1% en termes rels. Durant la priode du CSLP (2000-2002), le taux de croissance moyen a t de 3,9%. En 2001 et 2002 le taux de croissance du PIB rel par tte a t respectivement de 3,7% et de 3,2%. Ces performances sont nettement en de des objectifs initialement fixs pour impulser une augmentation substantielle du niveau de vie des populations. En effet, il tait attendu un niveau de croissance denviron 7 8% correspondant un accroissement du PIB par tte de lordre de 4 5% susceptible dentraner un doublement du revenu par tte en 15 ans. Sagissant des ingalits, les rsultats de lenqute sur les conditions de vie des mnages de 2003 indiquent une rduction des ingalits de dpenses par tte entre 1994 et 2003 puisque lindice de Gini relatif au niveau de dpenses par tte des mnages de lensemble est pass 0,560 en 1994 0,530 en 1998 et 0,506 en 2003. Mais cette rduction est plus le fait du milieu rural que du milieu urbain. En effet, lenqute indique aussi une tendance laggravation des ingalits en milieu urbain (+2,8%) et leur dclin en milieu rural (-3,3%) entre 1994 et 2003. Toute chose qui tend renforcer les disparits entre les deux milieux devenus moins homognes au cours des dix dernires annes.

En termes de concentration des dpenses, la valeur de lindice de Gini (0,46) indique une concentration moyenne, mais en ralit on note des ingalits importantes dans ces dpenses: 50% de la population dpense moins du quart du montant total des dpenses tandis que moins de 25% dpense plus de 50% de la dpense totale.

Au niveau rgional, entre 1998 et 2003, les rgions du Centre-Ouset, du Centre-Sud, de lOuest, de la Boucle du Mouhoun, du Sud-Ouest et du Centre-Est enregistrent une rduction des ingalits alors que les autres rgions se sont caractrises par une augmentation des ingalits. Toutefois, cette volution des ingalits dans les diffrentes rgions ne peut tre directement lie lactivit conomique dominante et lvolution de la pauvret dans la mesure o les rgions ayant enregistr la rduction des ingalits se caractrisent diversement du point de lactivit conomique. Les rgions des Hauts bassins et de la Boucle du Mouhoun, par exemple, se cractristisent par des productions de rente alors que celles du Centre-sud et du Centre-est se cractrisent par la prdominance de lagriculture de subsistance. De mme, les rgions qui ont enregistr une hausse des ingalits rpondent des caractristiques diffrentes: les cultures de rente pour les Cascades, llevage pour le Centre-nord et le Sahel, lagriculture vivrire pour le Nord et le Plateau central, lagriculture et llevage pour lEst. Cette dernire a enregistr une forte baisse de lincidence de la pauvret tandis que le Centre-sud, malgr la rduction des ingalits, se caractrisent par laugmentation de lincidence de la pauvret.

2.3.2 Pauvret et vulnrabilit des mnages Ltude sur lvolution de la pauvret et de la vulnrabilit indique que laggravation du phnomne de la pauvret est essentiellement due la pauvret transitoire. En effet, les rsultats consigns sur le graphique 3 indiquent que laggravation de la pauvret au Burkina Faso entre 1998 et 2003 est globalement due au nombre de pauvres transitoires et volutifs. Ce nombre a beaucoup plus augment que celui des pauvres durables qui est en relative diminution. Cette situation proccupante signifie un accroissement de la vulnrabilit parmi les couches sociales pauvres et, peut-tre mme, non pauvres. Elle interpelle sur la ncessit de prendre en charge les questions de vulnrabilit des populations dans les diffrentes stratgies.

Sagissant de la vulnrabilit des mnages, certes, la pauvret en milieu urbain nest pas toujours bien connue, mais, lvolution de lincidence de la pauvret dans ce milieu met en vidence la tendance lurbanisation de la pauvret. Ainsi, les trois enqutes sur les conditions de vie des mnages, ralises en 1994, 1998 et 2003, indiquent que lincidence de la pauvret en milieu est passe de 10,4% en 1994 16,5% en 1998 et 19,9% en 2003, soit un accroissement de 9,5 points par rapport 1994 et de 3,4 points par rapport 1998.

Quand on sait que dici 2025 un tiers de la population burkinab vivra en ville, il est impratif de prendre en considration cette situation et cette volution de la pauvret urbaine. En fait, lampleur et le caractre gnral du phnomne de la pauvret et de la pauprisation exigent la mise en place dun mcanisme dynamique et prospectif de protection sociale contre les risques sociaux et la vulnrabilit, avec la participation active de toutes les couches de la population burkinab.

2.3.3 Pauvret et caractristiques socio-conomiques

2.3.3.1 Education et pauvret

Le Burkina Faso figure toujours parmi les pays o la situation de lducation reste encore proccupante. Le taux brut de scolarisation au primaire qui tait de 42,7% en 2000/2001 est de 47,5% la rentre scolaire 2002/2003 tandis que le taux dalphabtisation est pass de 30,1% 32,25%.

On note ainsi que prs de 53% des enfants burkinab dge scolaire sont encore exclus du systme en 2003. Toutefois, il existe des diffrences selon le milieu de rsidence, le sexe et la rgion administrative. En effet, le taux brut de scolarisation est trois fois plus lev en ville quen campagne (101,9% contre 34,1%). Par rapport aux rgions administratives, les rgions du Centre, des Hauts bassins et du Centre-Ouest ont des taux de scolarisation suprieurs la moyenne nationale avec respectivement 94,4%, 56,7% et 56,1%. La rgion du Sahel possde le plus faible taux de scolarisation avec un niveau de 22%. Selon le sexe, le pourcentage de garon ens ges scolaires, admis dans le systme dpasse celui des filles de 11,4 points soit 49,6% contre 38,2%.

Le taux dalphabtisation est galement rparti de faon ingalitaire selon le genre et le milieu de rsidence. Selon le genre, les rsultats de lenqute burkinab sur les conditions de vie des mnages indiquent que le taux daphabtisation des pauvres est deux fois infrieur la moyenne nationale et quatre fois infrieur celui des riches qui est de 42,1%.

Par rapport au sexe, lenqute note que les hommes ont amlior leur taux dalphabtisation de 2,3 points entre 1994 et 2003, en passant de 27,1% 29,4%; dans le mme temps le taux dalphatisation des femmes na gagn que 1,1 point en passant de 11,4% 12,5%.

Par rapport au milieu de rsidence, les populations des zones urbaines accdent plus lalphabtisation (56,3%) que les populations des zones rurales (12,5%). Entre 1994 et 2003, le milieu urbain a amlior son taux dalphabtisation de 9,1 points alors que le milieu rural ne la augment que de 5,9 points.

Au niveau des rgions administratives, ce sont encore les rgions du Centre, de lOuest et du Centre-ouest qui enregistrent les meilleurs taux tandis que celles du Centre-Sud et du Sahel enregistrent les plus faibles taux en 2003.

Pour les enseignements secondaire et suprieur, en 2003, les taux brut de scolarisation au niveau national sont respectivement de 15,6% et 2,4%.Toutes les tendances dgages en ce qui concerne le taux brut de scolarisation au primaire et le taux dalphabtisation se retrouvent pratiquement au niveau de ces ordres denseignement (Voir tableau 6).

Tableau 6 : Indicateurs de lducation en 2003

Taux bruts de scolarisationMilieu de rsidenceQuintiles de dpensesTotal

Urbainruraltotal1 + pauvre2345 - pauvres

Masculin 104,240,649,636,344,650,751,174,449,6

PrimaireFminin99,627,038,222,132,537,643,9866,138,2

Total101,934,144,129,123,844,547,770,344,1

Masculin 53,88,017,36,17,713,519,743,717,3

SecondaireFminin47,94,213,83,55,99,612,033,213,8

Total50,76,115,64,96,911,615,837,615,6

SuprieurMasculin 11,50,13,4..4,30,30,711,13,4

Fminin5,0..1,2......0,22,51,2

Total6,1...1,2......0,14,01,2

Source : Rapport danalyse de la pauvret - INSD-EBCVM - 2003

2.3.3.2 Sant, nutrition et pauvret

Les donnes de lenqute burkinab sur les conditions de vie des mnages de 2003 permettent dapprcier la situtation sanitaire et nutritionnelle travers essentiellement le taux de morbidit global, le taux de consultation, le retard de croissance des enfants, linsuffisance pondrale et lmaciation. Lanalyse de lensemble de ces indicateurs montrent que la situation sanitaire est proccupante.

Le taux de morbidit global qui mesure ltat gnral de sant est de 5,8% en 2003 signifiant quenviron six individus sur cent ont connu au moins un cas de maladie. Ce taux a connu une volution favorable par rapport 1998 o son niveau tait de 7,1% soit une baisse de 1,3 point. Il est de 6,8% pour le milieu urbain contre 5,3% pour le milieu rural. En terme danalyse spatiale, les rgions administratives du Plateau central (8,3%), du Sud-Ouest (7,6%), du Centre (7,3%) et du Centre-est enregistrent des taux de morbidit suprieurs la moyenne nationale. Les taux les plus faibles sont enregistrs dans les rgions des Cascades (3,9%), du Nord (4%) et de lEst (4%).

Quant au taux de consultation, la moyenne nationale en 2003 est de 4,2%. En milieu urbain, il est relativement plus lev (5,8%) quen milieu rural (3,8%). Il est sensiblement le mme chez les femmes et chez les hommes: 4% et 4,4%. Il est ingalement rparti entre les rgions, entre 6,6% et 3,7%. Dans les rgions du Plateau central (6,6%), du Centre et du Centre-est les populations consultent plus dans les formations sanitaires (16,6%) tandis que celles de rgions du Nord, du Centre-sud, de lEst, de la Boucle du du Mouhoun et du Sahel ont les plus faibles taux de consultation (3,7%).

En ce qui concerne ltat nutritutionnel, lenqute indique que 44,5% des enfants burkinab souffrent dun retard de croissance. Cette malnutrition touche plus les enfants du milieu rural (46,8%) que ceux du milieu urbain (29,7%). Les rgions de lEst (59,9%) et du Plateau Central (52,2%) sont les plus touches par le retard de croissance. Linsuffisance pondrale concerne 42,2% des enfants du Burkina Faso, surtout en milieu rural. Dans les rgions de lEst et du Centre-Est, plus de 50% des enfants sont concerns. Enfin, la prvalence du retard de croissance (maciation) touche 19% des enfants au Burkina Faso. Les tableaux 7 et 8 donnent quelques indicateurs de sant au Burkina Faso en 1990-1993 et 1993-1999.

Tableau 7 : Indicateurs de sant au Burkina Faso en comparaison l'Afrique Subsaharienne* PaysEsprance de la vie a la naissanceMortalit infantile

(pour 1000 naissances vivantes)Mortalit juvnile (pour 1000 naissances vivantes, Mortalit maternelle (pour 100.000 naissances vivantes )Indice de fcondit

(no. d'enfants par femme)Prvalence VIH malnutrition des enfants

(pourcentage en desous de 5 ans, 1990-96)

Burkina Faso54 1052199306,87%

Afrique 52911518225,68%32

Guine461222208805,724

Madagascar58961626006,00,5%36

Mali501201925806,731

Cte dIvoire 55881386005,614%24

Ghana60711107405,027

Ouganda40991415506,726

Source : INSD

* Pour lAfrique, valeurs moyennes, 1990-1993

Tableau 8 : Indicateurs de Sant Burkina Faso 1993-199919931999

Mortalit juvnile (enfants de moins de 5 ans)204,5219

Mortalit infantile107,6105

Mortalit nonatale51,341

Mortalit post- nonatale56,265

Mortalit maternelle930

Indice de fcondit (femmes 15-49ans)6,96,8

Taux de malnutrition

- Poids pour ge

- Taille pour ge29,5%

29,4%

L'examen des indicateurs de sant par niveau socio-conomique montre galement des disparits significatives de l'tat de sant entre les groupes les plus riches et les plus pauvres du Burkina Faso (Tableau 9). Le graphique 4 montre clairement le foss existant entre le groupe des 20% les plus riches o les indicateurs sont significativement meilleurs et le groupe des 80% les plus pauvres qui prsentent des taux de mortalit et de malnutrition encore trs levs. Ce foss parait tre li essentiellement au diffrentiel urbain-rural. Il est, par exemple, observ en milieu urbain une chute de la fertilit qui ne se retrouve pas en zones rurales (EDS 1998/99). Par contre, l'incidence des maladies comme la diarrhe et les infections respiratoires aigus n'est pas fortement lie au statut socio-conomique ; ce qui reflte, probablement, la forte pression infectieuse de l'environnement (avec le paludisme) et les problmes d'assainissement dans lensemble du pays et des milieux de rsidence. Cependant, dans les groupes les plus riches, l'utilisation des services de sant est plus leve et la malnutrition plus basse ; ce qui confirme que l'tat nutritionnel et l'accs aux services de base sont des cofacteurs importants de la mortalit des enfants et de la morbidit chez les adultes.

Tableau 9 : Indicateurs de Sant par niveau socio-conomique1993

QuintilesPopulation

Indicateurs de santPauvreMoyen PauvreMoyenMoyen RicheRicheMoyenneRatio

Mortalit infantile (en pour 1000)113,6 113,0 129,8 98,6 79,7 107,6 1,425

Mortalit des enfants de ( 5 ans(en pour 1000)199,2 223,9 237,3 198,6 156,4 204,5 1,274

Malnutrition modre, taille pour ge (%)36,1 38,9 34,8 33,8 21,5 33,3 1,679

Malnutrition poids pour ge(%)

( modre)35,6 35,4 33,5 35,7 22,0 32,7 1,618

Malnutrition

Poids pour ge (%)

(svre)9,6 11,8 8,9 11,1 4,0 9,3 2,400

Indice de masse corporelle chez les mres (%)15,7 16,5 16,5 16,1 10,2 15,1 1,539

Indice de fcondit 7,5 6,7 7,1 7,0 4,6 6,5 1,630

Indice de fcondit

(15-19 ans)182,0 142,0 173,0 190,0 97,0 149,0 1,876

Prvalence de la diarrhe chez les enfants 22,3 18,3 20,5 21,5 17,9 20,1 1,246

Prvalence des IRA chez les enfants10,2 12,3 11,2 10,6 11,1 11,1 0,919

L'utilisation des services de sant est encore trs insuffisante, malgr les amliorations enregistres ces trois dernires annes. Par exemple, en 2002, la couverture vaccinale des enfants de 0 11 mois a t satisfaisante sauf pour la fivre jaune qui a connu une lgre baisse due, probablement, linaccessibilit des formations sanitaires et certaines pratiques traditionnelles. Ces amliorations ont t possibles grce une adaptation des services rendus plus accessibles aux besoins des populations, notamment grce au recrutement en 2001 de 776 agents de sant permettant de porter la proportion des CSPS normalises de 70% en 2000 74% en 2001.

Mais lutilisation des services curatifs de base, tout en restant un niveau comparable aux pays voisins d'Afrique de l'Ouest, reste basse : 0,2 visite par personne et par an. La prvalence contraceptive est de 5% seulement. L'utilisation des moustiquaires, imprgnes ou non, est trs basse. La proportion des femmes ayant accouch d