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les amis de raoul salan

le bulletin

2ème trimestre 2006

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Disparition / Jean Valentin

Nos adhérents ont publié

Biographie / le lieutenant de Vaisseau Pierre Guillaume

Photographie / Le Général Salan, commandant la 14eme Division d’infanterie - Printemps 1945

association «les amis de raoul salan»24, rue alain chartier - 75015 Paris - www.salan.asso.fr - [email protected]

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Disparitions Nous déplorons le décès de Jean Valentin, cher à tous ceux qui se sont battus pour l’Algérie Française. Jean Valentin, né en 1920 a été maire de Chabanais, en Charente, de 1947 à 1971, conseiller général du canton de Chabanais de 1951 à 1958, député de la 3ème circonscription de la Charente (Confolens) de 1958 à 1968. Il a surtout été celui qui a déposé, en 1961, ce que l’on a appelé « l’amendement Salan ». L’amendement Salan, amendement au budget de la défense de l’année 1962, a été soumis au vote de l’assemblée nationale le jeudi 9 novembre 1961 ; Il reprenait un projet non mis en application lors du coup d’Alger d’avril 1961 qui avait pour objectif de réduire à 18 mois le service militaire et de rappeler huit classes d’Algériens, projet de nouveau exposé par le général Salan, chef de l’O.A.S. aux députés dans une lettre qui leur avait été adressée le 11 septembre 1961. Cet amendement a été voté par 80 parlementaires, parmi lesquels MM Abdesselam, Biaggi, Delbecque, Le Pen, André Marie, Henri Yrissou, de Lacoste Lareymondie, Royer, le Bachaga Boualem, le colonel Thomazo et Jean Valentin. François Valentin, président de la Commission de la Défense Nationale qui avait œuvré en faveur de cet amendement était mort dans un accident d’automobile peu de temps auparavant, en septembre 1961. L’histoire officielle retient le vote des 80 du 10 juillet 1940 ; elle devra retenir le vote des 80 parlementaires, qui le 9 novembre 1961, ont sauvé l’honneur de la France en refusant la politique de lâcheté et d’abandon du gouvernement De Gaulle-Debré. (Pour plus de détails sur l’amendement Salan, se reporter au site Internet www.salan.asso.fr)

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Nos adhérents ont publié

HUYNH Ba Xuan , Oublié 23 ans dans les goulags Viet-Minh Huynh Ba Xuan est né le 23 décembre 1929 à Bac Lieu, en Cochinchine. Après Coëtquidan (promotion 1946-1948 Général Leclerc) et Saumur, il est aide de camp du général de Lattre en Indochine. Il est capitaine au 10ème B.V.N. lorsque, en avril 1953, après un combat acharné sur la route de Hung-Yên à Hanoï, il est fait prisonnier par le régiment Viet-Minh 42. Commence alors un calvaire qui durera 23 ans. Le 12 juillet 1984, Huynh Ba Xuan s’envole de Tam Son Nut vers Paris. Il lui fallut attendre jusqu’au 31 janvier 1986 pour, avec l’aide de la maréchale de Lattre et de ses camarades de Saint Cyr, voir reconnaître ses droits, dont le premier d’entre eux celui à la nationalité française.

296 pages, Editions L’Harmattan, 2005, 26,50 €

Elizabeth Cazenave, F. Marius de Buzon 1879-1958 Marius de Buzon est né près de Bordeaux dont il fréquente l’Ecole des Beaux Arts. Il entre à l’Ecole Nationale des Beaux Arts de Paris en 1902 et se bâtit une réputation en exposant dans divers salons. En 1913, il est lauréat du prix Abd-el-Tif. L’Algérie le séduit à tel point qu’il s’y installe définitivement et devient l’un des fondateurs de l’Ecole d’Alger. Ses thèmes de prédilection sont la Kabylie, le Sud Algérien et Alger. Ce sont souvent des paysages animés ; ce sont également des scènes de la vie sociale : musiciens, lutteurs, bains maures, mendiants, enterrements, mariages. Le timbre-poste « 100F Grande Kabylie » de 1956 a été gravé par Gandon d’après un tableau de Marius de Buzon. Le 24 juin 2006, 25 de ses œuvres seront dispersées à Saintes.

48 pages, Editions les Abd-el-Tif, 1996

Roger Holeindre, La guerre psychologique et les nouveaux collabos Roger Holeindre, animé de sa passion pour la France, donne dans cet ouvrage, de l’histoire de France des 65 dernières années, une analyse d’un bon sens décapant qui remet les choses en place sur tout un ensemble d’événements : la Libération de 1944-45, l’Algérie de la bataille d’Alger, la loi Gayssot qui met en cause la possibilité de recherche historique. Heureusement un mouvement de fond se produit chez les historiens pour refuser une histoire « officielle ». Ce mouvement n’a cependant pas atteint les medias qui véhiculent les mêmes poncifs tous orientés sur une vision repento-tiersmondo-marxiste de l’histoire présente et récente. Nous en savons quelque chose, nous dont le combat pour un rééquilibrage de notre histoire en Indochine et en Algérie est permanent.

318 pages, Editions d’Héligoland, BP n°2 27290 Pont-Authou, 24€

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Le lieutenant de vaisseau Pierre Guillaume

Biographie de Pierre Guillaume

Pierre, Jean, Marie Guillaume est né le 11 août 1925 à Saint Servan (Ille et Vilaine). Son père, Maurice Guillaume était officier, sorti major en 1908, de la promotion « du Centenaire » de Saint-Cyr. Proche de Lyautey au Maroc, il est promu lieutenant-colonel à 34 ans. Après un épisode en disponibilité dans un grand groupe de presse, il rejoint l’armée. Promu général de brigade au cours de la guerre de 1939, chargé par le maréchal Pétain d’une mission auprès des travailleurs nord-africains en Ile de France, Maurice Guillaume, sera incarcéré en novembre 1944, libéré en mars 1945 et sera l’objet d’un non-lieu en 1946. Sa mère, née Germaine de Keratry, descend d’une vieille famille de la noblesse bretonne ; elle vivra jusqu à l’âge de 102 ans. Pierre aura un frère, Jean-Marie et deux sœurs, Monique et Claude. Pierre Guillaume fait ses études à Franklin à Paris, au collège de Saint-Malo et à Janson de Sailly. Il prépare Navale au lycée Saint Louis à Paris et y est reçu en 1945, non sans avoir participé pendant la guerre au service de secourisme qui intervient après chaque bombardement allié en région parisienne. Embarqué comme simple matelot sur le croiseur Duquesne, Pierre Guillaume arrive en décembre 1945 à Saïgon. Embarqué à bord du destroyer d’escorte Somali le 31 janvier 1946, il participe à une mission aux Philippines destinée à récupérer auprès des Américains une flottille amphibie destinée à l’Indochine. De retour en métropole en avril 1946, il suit les cours de l’Ecole Navale jusqu’en janvier 1948 et est embarqué sur la Jeanne d’Arc jusqu’au 1er octobre 1948. Enseigne de deuxième classe, volontaire pour l’Indochine, il rejoint Saïgon à bord du Pasteur et est affecté à son arrivée sur l’aviso colonial « Commandant de Pimodan » qui patrouille sur le Mékong entre la mer et Pnom-Penh. Le commandant de Pimodan relève l’aviso Dumont d’Urville à Shanghaï du 4 avril au 8 mai 1949, ce qui permet à Pierre Guillaume de remonter, entre nationalistes et communistes, le Yang Tse vers Nankin et d’assister aux prémices de la prise de Shanghaï par les communistes. Au retour, il embarque à bord quelques Français de Shanghaï, dont Jean-Michel Huon de

Deux ouvrages sur le commandant Guillaume sont récemment parus. L’un, publié chez Plon, est un livre de mémoires recueillis par Elizabeth Escalle. A sa lecture, il donne l’impression d’écouter Pierre Guillaume raconter certains de ses souvenirs lors d’une longue soirée. Le second, publié chez Perrin, est de Georges Fleury ; plus construit sur la période militaire et OAS de Pierre Guillaume, il passe très vite sur les années, pleines d’intérêt, qui ont suivi. Une dimension essentielle du personnage, spirituelle, échappe cependant à ces deux bons récits.

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Kermadec qui dirigera les émissions en chinois de la radio à Saïgon. Par la suite, il patrouille sur les côtes de l’Annam et y gagne sa première citation, le 30 juin 1949, à l’ordre de la division, en arraisonnant un convoi de 23 jonques transportant armes et matériels au profit du Viet-Minh. Chef de la compagnie de débarquement et officier de navigation, il récidive en coulant une énorme jonque ennemie. Le 3 octobre 1949, Pierre Guillaume est affecté à la Flottille Amphibie d’Indochine Sud (F.A.I.S.). Il rallie Vinh Long et y prend le commandement de la 17ème section de L.C.V.P. (Landing Craft, Vehicle, Personnel) dans le delta du Mékong. Il patrouille sur le Mékong et participe à des opérations dans la plaine des Joncs, ce qui l’amènera à croiser le capitaine de Blignières. Enseigne de vaisseau de 1ère classe, il est de nouveau cité à l’ordre de la division,

le 26 février 1950, en particulier pour son action lors de l’opération Iroquois. . Pierre Guillaume, affecté à la 2ème escadrille de sous-marins rallie Lorient et embarque sur La Créole. En mai 1951, il est nommé chevalier de la Légion d’honneur à l’âge de 25 ans. En 1952, il est promu au grade de lieutenant de vaisseau. Jusqu’à l’été 1953, il reste affecté à La Créole bien qu’il ait demandé une affectation en Indochine qu’il finit par obtenir en étant désigné le 14 août 1953 pour le commandement du L.S.I.L 9036 (Landing Ship Infantry Large). Il convoie ce bâtiment de la côte Ouest des Etats-Unis, qu’il quitte le 12 février 1954, jusqu’en Indochine où il arrive à la fin de mars 1954. Le 21 avril 1954, Pierre Guillaume prend le commandement au Tonkin du L.L.S.L. (Landing Ship Support Large) Arbalète, alors que l’amiral Querville commande la Marine au Tonkin. Il patrouille sur la Rivière Noire, est basé un mois à Nam Dinh, évacue des populations de Phat Diem dans la cadre de l’opération Auvergne. Après le cessez-le feu, il évacue de nombreux catholiques de Nam Dinh puis participe, jusqu’au 16 novembre 1954, à bord du L.L.S.L. La Pertuisane, au sauvetage de milliers de réfugiés qui fuient le communisme et le Viet-Minh. Il y mérite la croix de chevalier de Saint Grégoire le Grand, décernée finalement par le Vatican à l’amiral Querville qui la désirait.

Le 28 mars 1950, Pierre Guillaume prend le commandement de la Marine à Ben Tré ainsi que celui de la 28ème section de L.C.V.P., toujours dans le delta du Mékong. Il y agit de conserve avec le lieutenant-colonel Leroy qui, en juillet 1950, devient commandant militaire et commandant de la province qu’il pacifie par ses méthodes propres. Au cours des 85 engagements avec les rebelles entre juillet et octobre 1950, Pierre Guillaume a l’occasion de rencontrer Graham Greene, de même que le lieutenant Oufkir qu’il apprécie particulièrement. Il reçoit son avis de rapatriement le 20 octobre 1950 et rentre en France à bord de l’aviso Commandant de Pimodan. Il débarque à Toulon le 1er décembre 1950 et est en congé de fin de campagne jusqu’au 23 mars 1951 ; il y apprend sa citation à l’ordre de l’armée (du 6 janvier 1951) accompagnée de la croix de guerre des T.O.E

L’enseigne de vaisseau Pierre Guillaume sur le toit de

son LCVP, à l’été 1950

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A la fin de 1954, Pierre Guillaume passe en Cochinchine avec La Pertuisane, puis prend le commandement du L.L.S.L. Etendard le 22 septembre 1955, avant d’être désigné, le 18 octobre 1955, pour le Cambodge où il participe à la formation de la jeune Marine Khmère. Décidé à rentrer en France à la voile, il achète un ketch de 8 mètres qu’il baptise Manohara. A son bord, il prend la mer le 20 avril 1956 en compagnie de l’enseigne de vaisseau Yann Bordier qui ne peut, pour raison de santé, poursuivre au-delà de l’escale de Singapour. Pierre Guillaume touche Diego Garcia, dans l’archipel des Chagos, le 27 juillet après avoir affronté des tempêtes sévères. Il lève l’ancre le 16 août et mouille le 30 août devant Port Victoria, sur l’île de Mahé dans les Seychelles qu’il quitte le 30 septembre. Le 13 octobre, Pierre Guillaume aperçoit la côte de Somalie au nord de Mogadiscio. Ayant des problèmes de safran, il se fait drosser sur une plage, le 13 novembre 1956. Il établit une relation à la fois d’hôte et de prisonnier avec les guerriers vivant dans cette contrée. Ne pouvant récupérer son Manohara très endommagé, Pierre Guillaume est conduit à Mogadiscio, mis dans un avion et arrive à Paris le 23 décembre 1956, huit mois après son départ d’Indochine. Il est affecté au commandement de vedettes côtières en cours d’achèvement aux chantiers navals de Brême et qu’il amène à Cherbourg en mars 1957. Le 22 mars 1957, son frère Jean-Marie est tué en Algérie à la tête de son commando de parachutistes coloniaux. Les sous-officiers du commando ayant demandé qu’il en prenne le commandement, à la suite de son frère, Pierre Guillaume fait sa demande de mutation qui est appuyée par le général Salan et par l’amiral Rosset, major général de la Marine. Affecté le 23 avril 1957 à la Brigade de Parachutistes Coloniaux à Bayonne, il y effectue un stage de commando parachutiste avant de rejoindre, le 12 juillet, son commando dénommé désormais « Commando Guillaume » en mémoire de son frère Jean-Marie. Il y traque les rebelles dans l’Ouarsenis, n’hésitant pas à sortir en opérations la nuit avec quelques uns de ses hommes, vêtus de djellabas. Le 12 mars 1958, il quitte son commando (une citation à l’ordre de l’armée lui sera décernée le 3avril 1958) et rejoint la Marine où il embarque, d’abord, sur le Gustave-Zédé, puis, le 16 juillet 1958, comme officier en second, sur l’escorteur rapide L’Agenais. Il en prend le commandement le 3 juin 1959 à Smyrne à la suite d’un accident survenu au capitaine de corvette Derlot. Le 1er février 1960, Le lieutenant de vaisseau Guillaume rejoint le 3ème bureau de l’Etat-Major Interarmées du général Challe, commandant en chef en Algérie ; il y est chargé des liaisons entre les trois armées et d’études tirant les enseignements de cas concrets d’opérations. Le général Challe est remplacé par le général Crépin en mars 1960 ; le général Gambiez lui succède en février 1961. Le 24 janvier 1961, Pierre Guillaume est promu au grade d’officier de la Légion d’honneur. Au moment du coup d’Alger du 22 avril 1961, Pierre Guillaume se met à la disposition du général Challe et agit à Alger et à Mers El Kébir pour rallier, puis neutraliser, l’amiral Querville qui commande la Marine en Algérie. Il prépare pour le général Challe les mesures à prendre pour tout ce qui concerne les questions liées à la Marine Nationale et à la marine de commerce. Incarcéré après l’échec du « putsch », il témoigne au procès des généraux Challe et Zeller le 30 mai 1961. Le 17 août suivant, ayant revendiqué haut et fort son action et indiqué que, s’il était libéré, il rejoindrait l’O.A.S., il est condamné à quatre ans de prison avec sursis par le Tribunal militaire spécial. Au cours de son procès, de nombreux témoignages, dont celui du lieutenant de vaisseau Klotz (futur vice-amiral d’escadre et conseiller du gouvernement pour la défense en 1984-85), sont portés en sa faveur par ses camarades de la Marine Entre-temps, son père, le général Maurice Guillaume décède, frappé d’une embolie, le 10 mai 1961, lors de la cérémonie du retour en France des cendres du maréchal Liautey.

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Dès sa libération, Pierre Guillaume rejoint l’O.A.S. en métropole, puis, appelé par le général Salan, il gagne l’Algérie le 12 novembre 1961 en compagnie du capitaine Le Pivain qui sera abattu par les « forces de l’ordre » à Alger le 7 février 1962. Le général Salan envoie Pierre Guillaume et le commandant Camelin en Oranie pour seconder le général Jouhaud. Pierre Guillaume a la responsabilité de l’intérieur de l’Oranais (Tiaret, Mascara, Sidi Bel Abbes, Aïn Temouchent, Tlemcen, Nemours), le commandant Camelin (ancien du 5ème R.E.I.) prenant celle de la ville d’Oran. Il y organise, entre autres, un raid aérien de bombardement d’un camp de l’A.L.N. situé à Oujda en territoire marocain. Le 24 mars 1962, Pierre Guillaume est arrêté à Tlemcen sous une fausse identité; le lundi 26 mars, il est reconnu et transféré immédiatement en Dakota vers la prison de la Santé à Paris où il est rejoint, le lendemain par le général Jouhaud et le commandant Camelin, eux-mêmes arrêtés à Oran. Le 18 juillet 1963, l’ex-lieutenant de vaisseau Pierre Guillaume est condamné à huit ans de détention criminelle par la Cour de sûreté de l’Etat. Il connaît alors les prisons de Fresnes, de Melun, de Rouen avant de rejoindre celle de Tulle où il retrouve les officiers généraux et supérieurs du « putsch » et de l’O.A.S.. Non sans avoir tenté de s’évader de toutes ces maisons d’arrêt ou de détention, il est finalement libéré le 1er avril 1966.

Le lieutenant de Vaisseau Pierre Guillaume à la prison de Tulle

au cours d’une visite du lieutenant de vaisseau Pierre Lagarde, son cadet de sept ans, gendre du général Zeller.

Commence alors pour le commandant Guillaume une nouvelle vie, qui reste axée sur la mer et les océans. Il crée avec le général Challe, libéré en décembre 1966, la Société européenne de Transport et d’Affrètement (SETAF) dont il devient le directeur général. Avec une autre société, ATAO, il travaille avec le CNEXO et l’Ifremer , au Gabon , à Tahiti. En 1977, il trouve et arme un ancien morutier Terre Neuvas reconverti dans l’exploration pétrolière pour Bob Dénard, que celui-ci baptise « Antinéa ». Avec ce bâtiment, Bob Dénard débarque aux Comores le 13 mai 1978 et y arrête le dictateur fou Ali Soïlih, ce qui permet à l’ancien président Abdallah de reprendre le pouvoir. Pierre Guillaume rejoint Bob Dénard quelque temps après et assiste à la remise en marche des Comores qu’Ali Soïlih avait conduit à la misère.

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C’est également en 1977 que Pierre Schoendorffer tourne le « Crabe-Tambour » qui reprend, en les adaptant, certains épisodes de la vie de Pierre Guillaume, ce qui vaudra à ce dernier d’être largement connu comme « Le Crabe-Tambour ». Pierre, clin d’œil, y tient le très bref rôle de son avocat au cours de son procès. Par la suite, Pierre Guillaume continue ses activités marîtimes, en particulier dans le renflouement ou le nettoyage d’épaves : le pétrolier Olympic Bravery, le chalutier Frédéric-Carole. En 1981, Pierre Guillaume rejoint l’Arabie Séoudite pour être conseil, pour les phares et balises et la radionavigation, auprès de la Saoudi Port Authority dirigée par Fayez Badhr. Il voit ses fonctions s’étendre à l’hydrographie et à la cartographie marine de l’Arabie Séoudite et, à ce titre, dirige l’établissement et l’édition des cartes des côtes séoudiennes de la mer Rouge ; En 1984, son patron, Fayez Badr, devient ministre d’Etat et membre du conseil supérieur du Royaume. En 1987, Pierre Guillaume regagne la France. Il partage désormais son temps entre Saint-Malo et la Bretagne, à bord de son voilier l’Agathe, et Paris. Il y anime, sur Radio Courtoisie, jusqu’à ses derniers jours, tous les lundis, des émissions très suivies auxquelles il invite, en particulier, les combattants de l’Union Française et dont les enregistrements constituent un patrimoine extrêmement riche. Il meurt d’un cancer le 3 décembre 2002. Ses funérailles sont célébrées dans la chapelle de l’Ecole Militaire en présence d’une foule nombreuse rendant hommage à la personnalité unique qui vient de disparaître. Pierre Guillaume était officier de la légion d’honneur et titulaire de la croix de guerre des T.O.E., de la croix de la valeur militaire et de six citations dont deux à l’ordre de l’armée. Il a laissé des souvenirs, publiés aux Editions Plon en 2006, après sa mort, sous le titre : « Mon âme à Dieu, Mon corps à la Patrie, nom Honneur à moi ».

Pierre Guillaume a toujours été d’une très grande fidélité au général Salan qui, semble-t-il, le lui rendait bien. Celui-ci s’était fortement impliqué dans l’obtention de la croix d’officier de la Légion d’honneur de Pierre Guillaume, ainsi que le montre le document de 1959 figurant ci-après. Dans les dernières années de sa vie, Pierre Guillaume n’a pas manqué une messe célébrée en souvenir du général Salan. A Radio Courtoisie, il a invité plusieurs fois des membres de notre association à l’occasion d’émissions radiophoniques consacrées au général Salan.

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Gouvernement militaire de Paris Le Général Gouverneur

Rapport du général d’armée Raoul Salan, gouverneur militaire de Paris, pour la proposition au grade d’officier de la Légion d’honneur au lieutenant de vaisseau Guillaume. Le lieutenant de vaisseau Guillaume a pris à la mort de son frère le commandement en Algérie du commando de parachutistes « Guillaume » du 12 juillet 1957 au 18 mars 1958. A la tête de ce groupement, il a été le chef de guerre et le fantassin prestigieux digne de nos plus belles traditions militaires ; animé d’une foi indomptable, faisant preuve d’une résistance physique extraordinaire, d’une bravoure de tous les instants, il a fait du commando « Guillaume » une unité exceptionnelle. Dans une des régions les plus difficiles d’Algérie, il a su constamment adapter son commando au terrain, aux formes de combat qui variaient de l’embuscade de jour et de nuit par petits éléments ou tous moyens réunis jusqu’à l’extermination de son adversaire. Il a ainsi provoqué le démantèlement de l’O.P.A. et infligé des coups sensibles aux bandes adverses qui infestaient l’Ouarsenis, au cours d’accrochages violents qui se sont traduits par la mort de chefs rebelles importants et la dispersion des éléments survivants, la capture d’un important armement de munitions, de documents précieux. Constamment en action, doué d’un sens tactique très aigu allié à un dynamisme peu commun joint à un caractère bien trempé et à une autorité de chef de guerre exceptionnelle, il a obtenu de ses hommes une efficacité totale dans des actions inhabituelles propres à la guerre subversive. Parmi les très nombreuses opérations que le commando à menées dans l’Orléansvillois, le commando « Guillaume » s’est particulièrement distingué en août 1957 dans la région de Molière où il intercepte un chef rebelle et son escorte puis décèle une bande importante. Engageant seul le combat, il le mène jusqu’à la destruction après des combats allant jusqu’au corps à corps. En février 1958, dans l’opération El Marsa, il accroche la bande de Si Tarik qu’il détruit aux deux tiers et après des violents combats. Une citation à l’ordre de l’armée sanctionne l’action menée sans répit par le lieutenant de vaisseau Guillaume à la tête du commando. Tous ses chefs lui ont rendu un vibrant hommage. Le général Allard, commandant le corps d’armée d’Alger, à son départ souligne qu’il mérite d’être promu officier de la Légion d’honneur à titre exceptionnel. Le commandant Pépin Le Halleur, commandant le quartier de Bou Caid, écrit : « Je vous félicite d’avoir su inspirer à certain de mes cadres une émulation productive…Nous nous efforcerons d’entretenir ce goût du maquis de renseignements où vous excelliez par nature de marin solitaire. » Tandis que le colonel Morel, commandant le secteur d’Orléansville, déclare : « Au cours de raids audacieux dans l’Ouarsenis, en particulier, il a su insuffler à tous sa foi ... et galvaniser par son exemple les unités du secteur combattant à ses côtés. » Officier d’élite d’un tempérament extraordinaire, le lieutenant de vaisseau Guillaume a été un chef d’infanterie que les officiers de l’armée de terre ont admiré sans restriction. Sa promotion au grade d’officier de la Légion d’honneur qu’il aurait pu obtenir à titre exceptionnel devrait intervenir lors des prochaines propositions.

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Signé : Salan

Le général de brigade Raoul Salan, commandant la 14ème Division d’Infanterie

Printemps 1945