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Adaptation dynamique de processus métier

Application au circuit du médicament à l’AP-HM Renaud Angles*,** * Aix-Marseille Université – LSIS (UMR CNRS 7296)

Domaine universitaire de St Jérôme, Av. Escadrille Normandie-Niemen

13397 Marseille cedex 20, France

{prenom.nom}@lsis.org

** Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille / DSIO

147, Boulevard Baille

13005 Marseille, France

{prenom.nom}@ap-hm.fr

RÉSUMÉ. Les processus de santé ont pour caractéristique d’être sensibles aux contextes dans

lesquels ils sont mis en œuvre et sont donc fortement variables. Ce constat associé à une

volonté de sécurisation des processus mettant en œuvre la circulation du médicament a fait

émerger le besoin de maitriser la modélisation de ces processus, leur management ainsi que

la façon de les déployer de façon adaptée. L’AP-HM travaille dans cette optique au travers

de la modélisation de processus flexibles du circuit du médicament. Ce travail est réalisé

avec l’approche V-BPMI que nous développons pour la description, la gestion et

l’adaptation de processus métier. Ce papier présente une solution d’adaptation dynamique

reposant sur un référentiel de lignes de processus et de variantes de processus et permettant

le déploiement de processus opérationnalisables et adaptés à un environnement particulier.

La méthode V-BPMI adopte pour cela une double approche intentionnelle et contextuelle

pour la modélisation de processus flexibles.

ABSTRACT. Healthcare processes are influenced by the environment in which they are

implemented and they are so highly variable. The need for control the process modeling,

process management, and process deployment raised from this observation and the

requirements in healthcare processes security. AP-HM works on this issue throughout

flexible process modeling of the healthcare process of circulation of drugs. This work is

based on our approach, V-BPMI, which allows the description, the management and the

adaptation of opérationnalisable and adapted processes. This paper advocates a solution for

the dynamic process adaptation, supported by a process lines and process variants

repository. The V-BPMI method is based on a dual approach intentional and contextual.

MOTS-CLÉS : Processus métier, processus de santé, variabilité des processus, ligne de

processus, variante de processus, adaptation dynamique.

KEYWORDS: Business process, healthcare processes, process variability, process line, process

variant, dynamic adaptation.

2 JDL6’2013

1. Introduction

La qualité d’un produit (ou service) offert par une entreprise et le processus qui a

permis son élaboration sont étroitement liés. La notion de processus est intégrée

depuis longtemps dans les secteurs de l’industrie et devient peu à peu un enjeu

majeur dans d’autres domaines, comme celui de la santé (Berry and Bendapudi,

2007) où la connaissance et la maitrise de ces processus n’est pas encore mature

(Lenz and Reichert, 2007; Reichert, 2011).

Dans le domaine des systèmes d’information (SI), l’émergence des PAIS

(Process-Aware Information Systems) (Dumas et al., 2007) tend à considérer

l’importance de la maitrise des processus. Les PAIS se focalisent sur l’indépendance

entre le codage des fonctionnalités et la logique applicative. Leur introduction dans

les établissements de santé est confrontée à la forte variabilité des processus.

Deux problématiques de recherches ressortent de ce constat : (i) l’identification

et l’expression de la variabilité dans les modèles de processus (Rosemann and

Recker, 2006; Vervuurt, 2007) et (ii) l’adaptation de ces modèles dans un cadre

spécifique de déploiement (Weber et al., 2008; Andonoff et al., 2012; Weske, 2012).

La recherche que nous menons à l’AP-HM (Assistance Publique - Hôpitaux de

Marseille) s’inscrit dans cette double problématique et est expérimentée sur le circuit

du médicament (CDM) au travers de l’approche V-BPMI (Variability-oriented

Business Process Modeling and Implementation) que nous proposons.

Ce papier traite de l’adaptation de processus et présente une solution

d’adaptation dynamique, V-BPMI, qui permet, lors du déploiement d’un processus,

de construire par sélection et composition des lignes de processus et de variantes un

processus opérationnalisable et adapté à un contexte spécifique.

Le papier est organisé en 4 parties. Cette partie décrit le contexte d’application

de nos travaux de recherche en présentant le circuit du médicament et les exigences

liées à son adaptation. La partie 2 propose une revue des travaux dans le domaine de

la modélisation de processus et de leur adaptation. La partie 3 introduit l’approche

V-BPMI que nous proposons comme solution. La partie 4 conclut le papier.

1.1. Présentation et enjeux du circuit du médicament (CDM) au sein de l’AP-HM

L’AP-HM (Assistance Publique - Hôpitaux de Marseille) est constituée de quatre

sites hospitaliers majeurs disposant chacun d’une pharmacie. Les pharmacies de ces

sites jouent un rôle central dans le processus de circulation du médicament (CDM).

Il s’agit d’un processus complexe dont la qualité de sa mise en œuvre a des

conséquences directes sur la qualité du service fourni aux patients. Il se déroule en

trois phases majeures : la prescription, la dispensation, puis l’administration.

Adaptation dynamique de processus métier 3

La prescription est effectuée par le médecin en service hospitalier. Ce service

transmet la demande à la pharmacie afin de recevoir les médicaments nécessaires ou

reconstituer son stock. Une fois les prescriptions ou demandes validées par les

pharmaciens, les préparateurs en pharmacie réalisent les préparations qui sont

acheminées jusqu’aux services demandeurs. Il s’agit de la phase de dispensation1.

Enfin, les infirmiers procèdent à l’administration des médicaments aux patients.

L’ANAP (Agence Nationale d’Appui à la Performance) propose une description

du CDM (ANAP, 2012)2 et distingue des variations dans sa mise en œuvre selon des

paramètres comme le type de produit, l’organisation ou les ressources disponibles.

Le processus de circulation du médicament est complexe et soumis à de nombreuses

exigences générales (règlementaires, sanitaires, …) et spécificités locales

(ressources, organisation, …). Sa sécurisation, qui est un enjeu majeur (Montana et

al., 2009), requiert la prise en compte des éléments suivants.

Pour assurer la bonne mise en œuvre de ce processus complexe, les acteurs ont

besoin de le comprendre. La phase de modélisation permet de formaliser,

documenter et cartographier les processus. Les modèles doivent être décrits à haut

niveau d’abstraction (indépendamment des cas de mise en œuvre) et à un niveau

opérationnel et adapté (à différents cas spécifiques de mise en œuvre).

Mettre à disposition des acteurs une base de modèles partagés permet d’éviter la

production de doublons dans les modèles. Cela permet aussi de rationaliser les

modèles et mutualiser les connaissances de chacun pour assurer l’évolution et

l’amélioration des modèles et donc de fait, leur qualité.

Établir un référentiel commun permet d’éviter les incompréhensions et

irrégularités dans les procédures. La rationnalisant des termes entrant dans la

définition des processus permet d’assurer une meilleure lisibilité des modèles et de

produire des modèles réutilisables. Cela passe par la définition d’une ontologie de

domaine s’appuyant sur la description légale des hôpitaux afin d’homogénéiser le

vocabulaire dans les services et de s’aligner sur la terminologie officielle.

Identifier et gérer les sources de variabilité et les spécificités de mise en œuvre

permet de produire des modèles pertinents. Il n’existe pas à l’heure actuelle au sein

de l’AP-HM d’approche systématique pour organiser, fédérer et gérer toutes ces

spécificités. Les contraintes pesant sur l’exploitation de ce processus évoluent

rapidement et il est compliqué d’assurer une évolution cohérente du modèle. Il est

donc nécessaire de proposer des outils permettant de structurer, de gérer et

d’exploiter la variabilité inhérente à ce processus et de guider son adaptation aux

différents environnements (les quatre pharmacies de l’AP-HM dans notre cas)

dans lesquels on veut le déployer.

1. Dans la suite de cet article, tous les exemples et illustrations sont tirés de la partie

« dispensation » du processus de circulation du médicament. 2 L’étude concernant ce circuit se limite au côté « dispensation » du processus.

4 JDL6’2013

1.2. Identification des sources de variabilité

Le circuit du médicament se décline en un nombre conséquent de cas spécifiques

de mise en œuvre, selon des contraintes de différents types. Il est possible

d’identifier quatre types de contraintes impactant un processus : légales,

organisationnelles, environnementales et techniques.

Le processus de CDM est encadré par un contexte légal fort. Les lois influant sur

ce circuit sont nombreuses et évoluent fréquemment, imposant à l’hôpital une grande

capacité d’adaptation et de vigilance. Par exemple, la traçabilité des produits est

décrite de façon précise et complexe. Nous parlons alors de contraintes légales. Les

ressources matérielles, la situation géographique ou encore la disposition des locaux

ont des conséquences sur la façon de mettre en œuvre les processus. Ces contraintes

sont appelées contraintes environnementales. Le déroulement d’un processus

dépend aussi des personnes qui le mettent en œuvre. Par exemple, un pharmacien

pourra modifier et valider les ordonnances alors qu’un préparateur devra attendre la

validation après une modification. De même, chaque unité de soin peut affecter ses

ressources comme elle le souhaite (dans la mesure de la conformité avec la loi). Il

s’agit de contraintes organisationnelles. Les logiciels ou la disponibilité du réseau,

par exemple, peuvent varier. Il s’agit de contraintes techniques.

L’ensemble de ces contraintes sont des sources de variabilité qu’il est nécessaire

de prendre en compte dans la définition du CDM.

2. État de l’art

Divers domaines de recherche s’intéressent à l’adaptation de processus comme la

production et la logistique avec C-EPC (Mendling et al., 2006), qui étend EPC et de

façon plus générale la méthode ARIS (Scheer, 2000). Cet état de l’art se limite à

l’étude d’approches orientées SI.

La variabilité comme support à l’adaptation est une problématique notamment

traitée au travers des lignes de produits (Klaus Pohl et al., 2005; Metzger et al.,

2007). L’émergence des PAIS a développée des courants de recherche relatifs à la

variabilité en ingénierie des processus (Ayora et al., 2011; Denekere et al., 2011).

Le langage BPMN (Object Management Group (OMG), 2008) (Business Process

Model and Notation) fournit un mécanisme d’expression de variabilité dans un

processus via les processus ad-hoc. Cependant, BPMN ne fournit pas de guide pour

la sélection et l’organisation d’activités dans un sous-processus ad-hoc. De plus,

bien que l’OMG ait défini dans le standard BMM (Business Motivation Model) la

notion de but (OMG, 2003), BPMN ne reprend pas cette notion, pourtant

fondamentale de notre point de vue.

Adaptation dynamique de processus métier 5

L’approche PROVOP (Hallerbach et al., 2010) considère que les différentes

façons de mettre en œuvre un processus ont une structure commune à partir de

laquelle il est possible de produire des processus adaptés. PROVOP définit un

processus générique comme un graphe d’activités contenant des points d’ajustement

qui permettent de localiser les zones de variabilité. L’utilisation d’options permet

d’ajouter, modifier ou supprimer des activités du processus générique. S’il est

possible de stipuler un contexte informel d’application des options, l’absence d’un

contexte formalisé rend difficile un déploiement automatisé de la méthode.

Un modèle BPCN (Ruopeng et al., 2006, 2009) est également composé d’une

structure figée. La variabilité est exprimée à l’aide d’ensembles ad-hoc qui

définissent un ensemble non ordonné d’activités. La définition de contraintes de

sélection et d’ordonnancement permet de spécifier des règles de composition. Ces

règles ne sont cependant pas caractérisées : il n’est pas possible de spécifier des

contraintes applicables dans certains cas de mise en œuvre et pas dans d’autres.

Le « framework » DECLARE/YAWL (Aalst and Hofstede, 2005; Pesic et al.,

2007) décrit un processus selon un paradigme déclaratif, basé sur l’expression de

contraintes (obligatoires ou facultatives). Tout agencement d’activités en conformité

avec les règles définies est un processus DECLARE valide.

Les méthodes étudiées introduisent des notions intéressantes pour supporter la

variabilité mais sont confrontées à la problématique de l’automatisation à grande

échelle. La formalisation des notions de but et de contexte semble être un moyen de

supporter ce déploiement. Dans (Chaabane et al., 2010), les versions de processus

sont associées à un but et un contexte. Dans (Nurcan and Edme, 2005), la notion

d’intention est associée à la description d’un processus et permet de supporter la

variabilité. L’approche contextuelle est aussi abordée dans (Saidani and Nurcan,

2009) comme support à la variabilité. Aucune méthode offrant un guidage à la

production et à une automatisation de l’adaptation ne semble s’imposer actuellement.

V-PMI propose une approche centrée sur les notions de but et de contexte pour

guider l’adaptation.

3. V-BPMI : une approche pour le support de la variabilité

Cette partie introduit les concepts de V-BPMI pour la modélisation et

l’exploitation de la variabilité.

3.1. Vue générale de la production de processus adaptés avec V-BPMI

V-BPMI supporte la production, la gestion et le déploiement de modèles de

processus flexibles (cf. Figure 1) selon une double approche intentionnelle et

contextuelle. On considère que la mise en œuvre d’un processus permet de satisfaire

un but donné, ce qui correspond à la dimension intentionnelle de V-BPMI, et que la

6 JDL6’2013

façon de satisfaire ce but peut varier en fonction du contexte dans lequel un

processus est mis en œuvre, ce qui correspond à la dimension contextuelle de

V-BPMI.

Professionnelde santé

Besoin utilisateur

Production de processus de CDM

adaptés dynamiquement

Processus BPMN et BPEL de CDM

MoteurV-BPMI

Réalise

Référentiel V-BPMI pour le

CDM

Ontologiesdu CDM

Figure 1. Vue générale de la production de processus adaptés avec V-BPMI

Dans V-BPMI, la formulation des buts et contextes est guidée par l’usage d’une

ontologie de domaine (Gruber, 1993; Guarino, 1998; Dmitrieva and Verbeeck,

2008), actuellement en cours de formalisation et de validation à l’AP-HM.

V-BPMI permet la production de processus BPMN adaptés (opérationnalisables

en BPEL, (White, 2005)) en réponse à un besoin utilisateur. Cette production se base

sur un référentiel des modèles de processus

Le métamodèle des concepts de V-BPMI et l’architecture de l’approche sont

détaillés dans (Angles et al., 2013).

3.2. Le référentiel V-BPMI et l’ontologie de domaine

L’approche V-BPMI définit une base (appelée « référentiel V-BPMI »3) qui

regroupe les lignes de processus et les variantes de processus. Les concepts de

lignes de processus et de variantes de processus sont décrits avec le langage

V-BPMN (Variability-oriented Business Process Model and Notation) (cf. Figure

2), intégré à V-BPMI, qui embarque le standard BPMN (OMG, 2011).

Ligne de processus

But satisfait par la ligne de processus Variante de processus

abstraite

Contexte dans lequel cette variante est

pertinente

Variante de processus opérationnalisable

Contexte dans lequel cette variante est

pertinente

Figure 2. Formalisme V-BPMN des lignes de processus et variantes de processus

3 Dans la suite de l’article, le « référentiel V-BPMI » désigne la base contenant les lignes de

processus et les variantes de processus.

Adaptation dynamique de processus métier 7

Une ligne de processus abstrait l’ensemble des façons de satisfaire un même but

métier. Ce concept est similaire à celui des lignes de produits (Klaus Pohl et al.,

2005) utilisé dans le monde du génie logiciel et, depuis plus longtemps, dans le

monde de l’industrie. Un but peut être de plus ou moins haut niveau : (Assurer

l’approvisionnement du stock de la pharmacie)But est un exemple de but stratégique

et (Réceptionner une livraison)But est un exemple de but technique.

Une variante de processus contient un processus V-BPMN. Elle est caractérisée

par un contexte et est associée à une ligne de processus. Ce processus V-BPMN

exprime la façon de satisfaire le but de la ligne de processus à laquelle la variante est

rattachée, dans le contexte qui caractérise la variante. Un contexte est une

conjonction (AND) d’assertions contextuelles (pouvant être négativées : NOT). Un

contexte permet d’identifier sans ambiguïté un cadre spécifique d’exécution. Les

variantes associées à une même ligne de processus sont discriminées par des

contextes4 différents deux à deux.

Par exemple, on souhaite satisfaire le but (Ranger un produit livré par un

fournisseur dans le stock de la pharmacie)But. Celui-ci est associé à une ligne de

processus, qui contient un certain nombre de variantes. On souhaite pouvoir

satisfaire ce but dans deux pharmacies disposant de modes de stockage différents

(l’une avec robot de stockage et des étagères et l’autre ne disposant que d’étagères

par exemple). Ces deux cas de mise en œuvre sont donc décrits dans autant de

variantes associées à la ligne de processus (cf. Figure 3).

Ranger un produit livré par un fournisseur dans le stock de la pharmacieB

ut

Var

ian

tes

réd

uit

es

Lign

e d

e p

roce

ssu

s

(Mode de stockage = Étagères)Ressource

(Mode de stockage = Robot)Ressource AND

(Mode de stockage = Étagères)Ressource

Figure 3. Exemple de ligne de processus associée à deux variantes

Une variante peut à son tour contenir des références à des lignes de processus

pour lesquelles plusieurs cas de mise en œuvre (i.e. variantes) sont définis : il s’agit

alors d’une variante abstraite. Si au contraire, il n’existe qu’un moyen de la mettre

en œuvre, il s’agit d’une variante opérationnelle. Le processus V-BPMN embarqué

dans une variante opérationnelle est donc un « pur » processus BPMN.

La variante de gauche dans la Figure 3, sous sa forme étendue, contient une

référence vers une ligne de processus, comme le montre la Figure 4. Cette ligne de

4 Dire que deux contextes sont différents n’implique pas qu’ils soient disjoints.

8 JDL6’2013

processus est elle-même associée à trois variantes. Cela signifie qu’il existe plusieurs

façons de ranger un produit dans le contexte de cette variante.

Valider la réception

Pro

cess

us

V

-BPM

N

ContexteVar

ian

te a

bst

rait

e d

e p

roce

ssu

s

(Mode de stockage = Robot)Ressource AND (Mode de stockage = Étagères)Ressource

Approvisionner le stock d un produit réceptionné

(Retour = Automatique robot)Ressource

(Retour = Manuel

robot)Ressource

(Retour = Étagère)Ressource

Figure 4. Exemple de variante de processus abstraite

La méthode V-BPMI est basée sur l’usage d’une ontologie de domaine, définie

par des professionnels de la santé, dans le cas de la mise en œuvre de V-BPMI au

sein de l’AP-HM, en collaboration avec des modélisateurs. À haut niveau, elle décrit

cinq types de concepts : les buts métier, les activités du domaine, les acteurs, les

ressources et les contextes. Cette ontologie a notamment un double usage : (i) elle est

utilisée pour formuler des buts et des contextes identifiant respectivement les lignes

de processus et les variantes de processus et (ii) elle permet la mise en œuvre de

l’adaptation dynamique (cf. 3.4).

3.3. Organisation du référentiel V-BPMI

Dans le référentiel V-BPMI, une ligne de processus est liée de façon statique

avec ses variantes. Il est possible de représenter cette structure sous forme d’arbre

de variabilité à deux niveaux : la ligne de processus est la racine et les variantes

définissent les feuilles. Le référentiel V-BPMI peut donc être vu comme une forêt

d’arbres de variabilité (cf. Figure 5) tous indépendants, un par ligne de processus.

Ligne de processus 1

But 1

Variante 1.1

Contexte 1.1

Variante 1.2

Contexte 1.2

Variante 1.n

Contexte 1.n

...

Variante 2.1

Contexte 2.1

Variante 2.n

Contexte 2.n

...

Ligne de processus 2

But 2

Variante m.1

Contexte m.1

Variante m.n

Contexte m.n

...

Ligne de processus m

But m

...

OUOU OU

Figure 5. Le référentiel V-BPMI : une forêt d’arbres de variabilité

Cette représentation est utilisée pour l’adaptation dynamique de processus,

présentée dans la partie suivante.

Adaptation dynamique de processus métier 9

3.4. Adaptation dynamique de processus

La phase d’adaptation est initiée par l’expression d’un besoin utilisateur

caractérisé par un but et un contexte (cf. Figure 6). Le résultat est un processus

BPMN adapté, opérationnalisable en BPEL.

Besoin

métier

But Réceptionner une livraison

Contexte (Mode de stockage = Robot)Ressource

AND NOT(Type de livraison = Dépôt-vente)Environnement

Figure 6. Exemple de besoin métier

Ce besoin utilisateur va pouvoir évoluer au cours des itérations du cycle

d’adaptation dynamique présenté ci-dessous (soit en étant reformulé, que ce soit au

niveau du but et/ou du contexte, soit en étant complété au niveau de son contexte).

Le cycle d’adaptation dynamique, itératif, est au centre de l’adaptation

dynamique. Il est organisé en quatre activités majeures (cf. Figure 7).

Sous-butSous-but Recherche

Sélection

Opérationnalisation

Co

mp

osi

tio

n

But Ligne de processus

Contexte

Variante de processus

Variante de processus

partiellement ou totalement

exécutable

Services

Variante abstraite

Sous-but

Référentiel V-BPMI pour le

CDM

Figure 7. Le cycle d’adaptation dynamique

La phase de recherche prend en entrée un but (fourni par un besoin utilisateur

lors de la première itération) et permet d’identifier dans le référentiel la ligne de

processus la plus pertinente satisfaisant ce but, s’il en existe une. Cette identification

est rendue possible par la partie but de l’ontologie de domaine. Il est possible d’en

produire une manuellement si aucune ne répond au besoin, ou de reformuler le but

du besoin utilisateur.

10 JDL6’2013

La phase de sélection prend en entrée une ligne de processus (sélectionnée en

phase de recherche) et un contexte et permet de sélectionner la variante dont le

contexte est le plus proche de celui spécifié dans le besoin utilisateur initial. Cette

sélection est basée sur l’utilisation de la partie contexte de l’ontologie de domaine.

L’utilisateur peut là aussi produire une variante spécifique si aucune ne répond à son

contexte de mise en œuvre ou reformuler/compléter le contexte du besoin utilisateur.

La sortie de cette phase est le processus V-BPMN contenu dans cette variante.

La phase d’opérationnalisation permet de lier des web services à tout ou partie

des activités présentes dans le processus V-BPMN sélectionné en phase précédente.

En sortie, ce processus V-BPMN est totalement opérationnalisé s’il ne contenait que

du BPMN en entrée, ou partiellement opérationnalisée sinon (i.e. si au moins une

ligne de processus est référencée dans ce processus). Dans le second cas, il est

nécessaire de réitérer le cycle d’adaptation, en passant par la phase de composition.

La phase de composition prend en entrée une variante abstraite de processus et

invoque autant d’instances du cycle d’adaptation qu’il y a de lignes de processus

référencées en son sein. Les processus BPMN produits par ces itérations sont

composés en remplaçant la référence à la ligne de processus ayant déclenché

l’itération qui les a produits.

Ainsi, chaque itération dans le cycle fournit un fragment du processus BPMN

final. Il est à noter que, de par sa construction, ce processus BPMN peut être

opérationnalisé en BPEL et exécuté fragment par fragment (V-BPMI permet de ne

pas attendre que le processus BPMN soit totalement produit pour ensuite

l’opérationnaliser et l’exécuter).

4. Conclusion

Ce papier présente la méthode V-BPMI, permettant l’adaptation contextuelle des

processus. Cette méthode est expérimentée dans le cadre de la sécurisation du circuit

du médicament à l’AP-HM. Ce cadre d’expérimentation a permis d’identifier les

manques dans les méthodes existantes (cf. partie 2) et de formaliser les concepts qui

semblent nécessaires à la mise en œuvre d’une méthode d’adaptation à grande

échelle. Dans l’approche V-BPMI, un processus n’est pas simplement décrit par un

graphe organisé d’activités : il est défini par le but qu’il permet de satisfaire et le

contexte dans lequel sa mise en œuvre est pertinente. La prise en compte de ces deux

dimensions (contextuelle et intentionnelle) permet la représentation et le stockage

des processus sous forme d’arbres de variabilité. Le cycle d’adaptation permet de

produire des processus BPMN adaptés et opérationnalisable en BPEL, en se basant

sur une ontologie de domaine.

L’ontologie de domaine est actuellement en cours de modélisation, en

collaboration avec les professionnels de la santé qui fournissent la connaissance

métier. Ils contribuent également à la validation expérimentale de la méthode. La

Adaptation dynamique de processus métier 11

définition d’opérateurs, aussi bien de comparaison et de manipulation des concepts

présents dans l’ontologie de domaine que de mise en œuvre du cycle d’adaptation est

en cours. La définition de ces opérateurs permettra le développement du moteur

d’adaptation en apportant un support outillé pour chacune des quatre phases

présentées précédemment. Nous étudions également la définition de graphes

d’adaptation dynamique supportant et traçant la mise en œuvre du cycle

d’adaptation.

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