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  • UN TRAVAIL DOCUMENTAIRE DE RECHERCHEET DE CRÉATION SUR LE MONDE DE LAPRODUCTION DES OBJETS ET MACHINESART / ARCHI / URBA / MULTIMÉDIA REVUEFRANCO-RUSSE

    N°07

    Contact : [email protected]

    2018

    DÉSORDRE CULTURELART/ARCHI/URBA/MULTIMÉDIA11-13 rue Saint-Etienne des Tonnel iers76000 ROUEN / FRANCE02 35 70 40 05

    ÉCHELLE INCONNUE : 4 EUROS

    Journal à titre provisoire

  • ECHELLE INCONNUEQui sommes-nous ?

    Une guerre silencieusement alieu, guerre urbaine, guerre desreprésentations de l' espaceavant tout. Guerre qui atteintson paroxysme dans le mariagedu bulldozer et de l' uniforme.C' est une guerre sourde qui voitla victoire d’ Haussmann, desoctrois de Ledoux, de l' urba-nisme périphérique, de la vi-déo-surveillance, du bancanti-SDF ou de l' urbanismed' empêchement préventif à des-tination des populations Rromsou mobiles. Une ville contrel' étranger, le pauvre, contrela connaissance aussi.

    Depuis 1998, nous, Échelle In-connue, groupe réunissant desindividus issus des mondes del' architecture, de l' art, de lagéographie, du journalisme, dela sociologie et de la créationinformatique, tentons d' yprendre part en faisant émergerla carte de ce qui manque à notrecompréhension du réel. Traçantles pourtours d’ une ville com-plexe et polyphonique plutôtqu’ unidimensionnelle etconsensuelle et ce, à partir deses marges ou espaces de crise.

    Notre travail se voudrait ungrincement. Nous avançons dentsserrées croyant qu' il existe uneautre ville que celle des ar-chitectes, des urbanistes, despolitiques. Une ville, ou desvilles invisibles, probables,en attente, là.

    Éventrer la machine c’est le travail qu’Echelle Inconnue s’évertue à faire depuis1998. Machine-vil le, machine-concept des faiseurs de vil le ou plus simplementmachines électroniques et informatiques auxquelles nous essayons de faire faire

    ce que nous voulons d’elles et non ce qu’elles veulent de nous. C’est dans cettemême logique, moins de défiance que de reprise en main des machines et codes quinous environnent, que nous accueil lons depuis 2011 un hacker space, organisons ouaccueil lons rencontres et conférences susceptibles de nous faire entendre ce que leventre des machines cache. Éventrer la machine, c’est la pratique que nousobservons aussi chez d’autres dans les espaces de crise de la vil le visant à rendrel’ impossible vivable. Éventrer la machine, c’est enfin ce qu’ i l y a de commun au hackeret au bricoleur que les distinctions de classe séparent. Un numéro du «   journal àtitre provisoire   » pour ré-esquisser ces fraternités.

    Bricolage, ou plutôt, bidouil lage et hacking sont à l’origine un seul et même mot quemodes, institutions et marketing ont depuis longtemps séparé. En France comme enRussie, bricolages, samodelok, entrent au musée sous forme de pastiche ou decollection d’artiste. Cependant que le hacking, débarrassé de sa potentielledangerosité pour le système, se fait une place dans la sphère de l’art contemporain.

    Ce deuxième numéro consacré à ce thème ne se veut toujours pas une énièmetentative de revalorisation de ces pratiques clandestines de nos quotidiens maisplutôt une tentative de restauration de leur fraternité et leur potentielémancipateur face au monde de la division du travail et de l’économie l ibérale ; parlà, leur rendre leur capacité de perturbation d’un pouvoir qui tente de nous endépouil ler.

    De l' Ukraine à Moscou enpassant par la Moldavieet, peut-être bientôt,la France.

    Ce n' est pas, dans ledésordre, le parcoursqui mena le j eune NestorMakhno de Goulaï Polié àla prison moscovite deBoutyrka puis del' Ukraine à la France enpassant par la Moldaviepour échapper aux ballesrusses et françaises.Mais plus simplement leparcours d' un drôle devéhicule forain croiséavec son propriétaire aubord d' un trottoir de lagare de Beloruskaya.

    Nous l' avions croisé enMoldavie déjà, maisc' est d' Ukraine quevient la voiture/café.C' est Oleg qui nous ledit à l' arrière de sonvéhicule équipé.

    Il a vu ça en Ukraine eta décidé d' importerl' idée à Moscou. Savoiture équipée là-basd' un percolateur àalimentation mixte (gazet électricité) d' unmoulin à café et detiroirs de rangement eninox, il sillonne les

    rues de Moscou selon untrajet précis commetrois autres de cesvéhicules, véritablescafétérias ambulantes.La marque de café quiestampille le flan de savoiture signe un accordcommercial particulier.

    « Le problème, c' estqu' on se faitperpétuellement virerdès que l' on stationnequelque part. C' est pourça que j ' ai passé unaccord avec cetteentreprise pour qu' ellese charge d' arranger leshistoiresd' autorisation. . . »

    Dans une ville qui voitses kiosques et autresformes légères de petitscommerces arrachés parles pelleteuses pourfaire correspondre leterritoire à la cartepostale fantasmée d’ unemétropole enconcurrence avecLondres, New York ouParis, le dispositifd’ Oleg peuts’ apparenter à uncontournement ou unetactique : davantage delégèreté et de mobilitépour échapper à latraque.

    « Vous voulez ma carte ?On peut se revoir si vousvoulez. Pour discutermais aussi, si vous avezbesoin, j e me déplace,j ' ai un passeportSchengen. . . »

    Le café mobile pourraitdonc prendre la routepour la France ; en sortede pèlerinage peut-être, de la grille desusines de Billancourt,où Makhno finit sa vie,aux bidonvilles etcabanes de chantiers oùs' entassent Rroms,Roumains et Moldaves. . .

    L A R U B R I Q U E

    Journal à titre provisoire n°7inGENIErie enSAUVAGÉe

    Rédacteur en chef : Stany CambotRédacteurs : Stany Cambot / MisiaForlen / Alexandre Desliens / LiudmilaPiskareva / Mark Simon / JérômeGueneau / Kris De DeckerMaquette & I l lustrations : Gérard Alegre

    Secrétaires de rédaction : AlexandreDesliens / Rachel Doumerc / ChristopheHubert / Émil ie Richelle / Misia Forlen /Manon Lemaître / Thibault PoironTraduction franco-russe : LiudmilaPiskarevaTraduction de l 'anglais : Émil ie RichelleRédaction : Échelle Inconnue,11 -1 3 rue Saint Etienne des Tonneliers,76000 Rouen02 35 70 40 [email protected]°ISBN : 978-2-9551 848-6-8- Imprimeur : Le Ravin Bleu, 7, rue MariePia, 91 480 Quincy-sous-Sénart- Dépôtlégal : Mars 201 8Ce journal est sous licence libre creativecommons CC-BY-ND. I l a été mis en pagesur les logiciels libres Scribus et Gimp etles QRs Codes créés avec le générateurde qrcode.fr

    Soutiens d'Échelle Inconnue,association, représentée parArnaud Le Marchand :- Fonctionnement général : RégionNormandie / Ville de Rouen- Journal à titre provisoire : DRACNormandie, « Médias de proximité »- Makhnovtchina 201 5-201 8 : FondationAbbé Pierre / Région Normandie / DRACNormandie- MKN-VAN : Intercommunalité BernayTerres de Normandie / Ville de Brionne /DRAC Normandie / DRAC Île de France /DSDEN 27 / CAF / CD 27 / FondationAbbé-Pierre / Ville de Flamanville /Fondation Daniel et Nina Carasso- DSEA : Fondation F-Iniciativas- Camping Numérique : Région Normandie/ DRAC / Fondation AFNIC

    Nous remercions nos compagnons deroute :Le Centre d’Études Franco-Russe(Moscou), l ’École des Hautes-Études enSciences Économiques (Moscou), la Citéde l’Architecture et du Patrimoine (Paris),Toulouse HackerSpace Factory (Mix’artMyrys, Toulouse), l ’Elaboratoire (Rennes),Hackerspace Breizh Entropy (Rennes), leJardin Moderne (Rennes), la FNASAT(Paris), RELIER (Saint Affrique), HALEM(France), ANGVC (Paris), Institut Nationald’Histoire de l’Art (Paris), Festival ACCES(Pau), le PEROU (Paris), le CAUE 50(Saint-Lô), le CAUE 27 (Évreux), la Maisonde l’Architecture de Normandie (Rouen), laMaison de l’Architecture de Poitou-Charentes (Poitiers), l ’École d’UrbanismeSapienza (Rome), l ’École NationaleSupérieure de Paris Bellevi l le, l ’ÉcoleNationale Supérieure d’Architecture deParis La Vil lette, l ’École NationaleSupérieure d’Architecture de Normandie(Darnétal), l ’École Nationale Supérieured’Architecture de Marseil le, l ’ÉcoleNationale Supérieure d’Architecture et dePaysage de Bordeaux, le PoLAU (Tours),l ’ADVOG 95 (Pontoise), l ’associationPremiers Dragons (Cergy), Le RelaisAccueil des Gens du Voyage (Sottevil le-lès-Rouen), le Salon du livre indépendantBell issima (Milan), la Fanzinothèque(Poitiers), les éditions Eteretopia France(Paris), la l ibrairie Calusca (Milan), lal ibrairie Le Genre Urbain (Paris), DieppeVil le d’Art et d’Histoire, HSH Crew (Rouen),le Hackerspace Ventres mous (Rouen), laMaison de l’Architecture de Normandie(Rouen), le Pôle Image Haute-Normandie(Rouen), le Festival du Mois duDocumentaire, Temps Noir (Paris), le lycéeAugustin Boismard (Brionne), le col lègeBrossolette (Brionne), la Conjuration desFourneaux (Rouen), Les bibl iothèques dupays brionnais, la bibl iothèque deGarennes-sur-Eure, le Domaine d’Harcourt,la Médiathèque de l’Eure (Evreux), Pix3l(Rouen), HSH Crew (Rouen), la Forgette(Flamanvil le) & tous les acteurs des projets.

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    PETITS LIVRES À LIRE UN COUTEAU ENTRE LES DENTS :

    JOURNAUX :

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    Pour mieux comprendre l’esprit de la vil le mobile françaiseet russe contemporaine, qui échappe au cadastre, i lconvient de se tourner vers son histoire, l ’h istoire del’habitat «   léger   », russe en l’occurrence, et en observerles formes architecturales ignorées des créateurs demétropoles.L’habitat «   léger   », c’est-à-dire, sans fondation, sedécl ine dans la langue russe sous différents quasisynonymes   : «   vremyanka   » dont la racine «   vremya   »signif ie le temps, « bytovka   » dont la racine «   byt   »signif ie le quotidien, «   barak   »   : le baraquement, etc.Ainsi , dans la langue-même ce type d’habitat est l ié auxnotions de temporal ité et de changement. Mais en Russietout le monde le sait, r ien n’est plus durable que leprovisoire.

    Sous l’Empire russe, les ouvriers vivaient dans descondit ions insalubres   : habitats étroits, mal ou nonchauffés, bénéfic iant de peu ou simplement pas de lumièrenaturelle. À Moscou et dans ses banl ieues, selon lessondages de 1912, plus de 300   000 personnes(1) occupaientdes pièces dont elles louaient les l its. Ainsi , dans unepièce pouvaient vivre jusqu’à dix personnes. Et le même litpouvait être loué par plusieurs ouvriers si ceux-citravail la ient par équipes successives.La situation en province était pire encore. Selon lesobservations de la région de Bakhmut(2) datées de 1910,parmi les 1618 logements nommés offic iellement«   appartements pour ouvriers   » on comptait 40% deconstructions semi-enterrées, 25% de vremyankas auto-construites, 2% de cuisines d’été et seulement 33% depièces dans des bâtiments en pierre ou en brique.

    Après les révolutions et la guerre civi le, le nouvel Étatprend la voie de l’ industrial isation. Au cours du XIVeCongrès du Parti communiste qui se déroule du 18 au 31décembre 1925, la décision est prise de faire passerl’URSS «  d’un pays qui importe voitures et équipements àun pays qui les produit   » . Cette décision définit nonseulement les changements de l’économie soviétique, maisaussi la nouvelle logique urbaine.Le pays entame la construction massive d’usines   : de 1928à 1932 on construit 1500 entreprises industrielles, 4   500de 1932 à 1937, et de 1937 à 1940, 3   000 entreprisesindustrielles sont mises en service. I l faut soul igner quedans l’URSS de cette période c’est l ’ industrie lourde quiest mise en avant plus que l’ industrie légère. Ainsi , lepouvoir privi légie l ’ industrie mécanique, celle de l’armementainsi que les centrales électriques. Naissent aussi lesindustries automobile, aéronautique, chimique,électrotechnique, etc.Du point de vue urbain, on peut diviser ces usines en deuxgrands ensembles   : celles construites dans le tissu urbain

    existant et celles qui donneront naissance aux vil lesnouvelles. Pour il lustrer ces dernières, c itons le destin deMagnitogorsk (3)   : en 1926, le pouvoir soviétique décided’ implanter un Combinat métallurgique près de la montagneMagnitnaïa. La création de la vil le suivra cette décision.Ainsi , les entreprises industrielles à l’origine de laformation de nouvelles vil les sont au départ construitesdans des l ieux vierges (dans des forêts, près des rivières,dans des champs, etc. ) .L’autre facteur qui pousse le gouvernement à placer cesusines en pleine nature avant de construire les vil lesautour, est l ié à la Seconde Guerre mondiale. Poursauvegarder son industrie, le gouvernement se voit obl igéd’évacuer les usines de la partie occidentale du pays versson centre   : la Sibérie. Ces usines représentent, dans laplupart des cas, des enjeux importants en terme dedéfense. Et dans cette situation de guerre totale, le pays,après les avoir évacuées loin du front, a besoin de lesmettre en service le plus rapidement possible.La spécif ic ité de l’édif ication des équipements industrielssoviétiques repose d’une part sur leur situationgéographique, et d’autre part sur leur temporal ité deconstruction. En URSS, le temps se divise en plansquinquennaux qui impl iquent un développement rapide etefficace du pays. I l en résulte un désintérêt profond dugouvernement pour les condit ions de vie du peuple. De cefait, les ouvriers qui construisent les plus importantséquipements industriels soviétiques habitent des logementsmobiles et provisoires   : des vremyankas. Ainsi , selon lerapport que le gouvernement de Magnitogorsk adresse auComité central du Parti communiste de l'Union Soviétique,en 1938, 67,2% de m² habitables de la nouvelle vil le sontconstitués de vremyankas. Le gouvernement deMagnitogorsk met en cause le Département de constructionde la vil le qui privi légie la construction de la partieindustrielle, tandis que «   la construction civi le estabandonnée   ».

    Du point de vue architectural, la vremyanka n’a pas deforme prédéfinie.Voic i (photo en haut à gauche) l ’habitat des bâtisseurs deDniproHES (centrale hydroélectrique du Dniepr) , un desplus grands chantiers des années 1930.On peut y voir les parties auto-construites en bois et àl’aide de matériaux récupérés sur les chantiers.Selon les mémoires de Boris Weide, ouvrier sur ce chantier(qui fut aussi journal iste) , ce chantier gigantesque où en1927 plus de 10   000 personnes travail la ient, représente lamixité sociale absolue   : anciens prisonniers, bandits,voleurs de tous bords, anciens offic iers blancs,contrebandiers, prêtres, spéculateurs, koulaks, sectaires,rebelles, aristocrates. Et tous habitent ensemble dans desvremyankas sombres et étroites.

    VREMYANKASL’infrastructure d’abord ! Pour le logement, on bricolera plus tard...

    Alors que le XIXe siècle fut marqué en France par une volonté des autorités de sédentariser la main-d’œuvre, l ’année2002 et les débuts d’une pol it ique de déstructuration des entreprises de réseaux, marqua sa re-mobil isation. Chantiersurbains, d’ infrastructures, font désormais appel au mieux offrant, réquisit ionnant une main d’œuvre lointaine que l’on voitcamper en Algecos, containers ou campings à proximité de la zone de travail . Habitat ouvrier temporaire parfois géré parles entreprises-mêmes, comme à Flamanvil le dans la Manche, où les ouvriers travail lant à la construction de l’EPR(réacteur nucléaire de troisième génération conçu et développé par l’entreprise Areva) se voient proposer unencampement en cités provisoires de mobil-homes (appelées aussi bases vie) . Cette main-d’oeuvre mobile cohabite alorspar intermittence avec une autre population de l’ombre   : surnommés les «   invisibles du nucléaire   », plus de 20.000nomades qui parcourent chaque année la France de camping en camping, pour assurer la maintenance des 58 réacteursrépartis dans les 19 centrales nucléaires, pour des salaires proches du SMIC.Si ceci constitue en France le renouveau d’un certain «   nomadisme ouvrier   » i l n’en est pas de même dans l’espace post-soviétique où les containers dans lesquels s’entassent les ouvriers centre asiatiques qui édif ient le Grand Moscou, sontles hérit iers d’une histoire de l’habitat léger ouvrier qui se déroule sans discontinuer de la révolution à nos jours. Peut-être y-a-t-il une leçon russe à tirer de cette histoire et du devenir durable ou définit if de la vil le temporaire, noncadastrée et souvent bricolée.

    Quelques exemples de « vremyankas » : logements provisoires éternels

    Voici le document «  Stationnement desouvriers de l’usine automobile dans desvillages  : la situation au 28 janvier1970  ».

    Logements provisoires éternels

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    D’autres types de vremyankas sont conçues pour lestravailleurs de la zone polaire : les « tzub »

    Le 8 septembre 1931, le gouvernement soviétique signe l’arrêté «   sur ledéveloppement de l’économie des régions du Grand Nord   ». Cet arrêtéprescrit la fondation d’ industries forestière, chimique, charbonnière,pétrol ière ainsi que celle des cuirs et de peaux.Au mil ieu des années 1960, l ’exploitation minière du Grand Nord devienttrès importante   : l ’État a besoin de gaz et de pétrole, mais les ressourcesdes régions européennes d’URSS et d’Asie Centrale ne suffisent plus.L’une des difficultés les plus importantes dans le Grand Nord est l’habitat.I l faut assurer aux travail leurs de bonnes condit ions de vie, sinon ils nesont plus efficaces. Dans les années 1970, on comprend que leswagontchiks ne sont pas adaptés aux condit ions du Grand Nord. En 1975,on commande à l’usine DOZ-21 la production d’un nouveau type devremyankas. L ’usine conçoit une nouvelle forme en tonneau. Ce tonneau«   TZUB-2M  » peut assurer un confort intérieur même si à l ’extérieur latempérature est de -65°C et le vent de 60 m/s.Le tonneau peut accueil l ir 4 personnes, est isolé par du polystyrène et estéquipé d’un système de chauffage à l’eau chaude. Le chauffage se fait parle sol . Tous les meubles y compris les bas-flancs, les tables, leséquipements sanitaires sont installés en usine, ce qui faci l ite laconstruction de camps de base.

    Ce tonneau durable, résiste au transport en condit ions extrêmes et peutêtre faci lement transporté par hél icoptère grâce à ses caractéristiquesaérodynamiques. De plus, sa forme en tube en fait un habitacle adapté auxtempêtes de neige   : les coups de neige contournant le tonneau.

    Fait notable, ces tonneaux sont non seulement util isés par les mineurs,mais aussi par la population civi le qui uti l ise par exemple ces tzubs commedatchas (maison de campagne tradit ionnellement en bois) . On construit mêmedes vil lages d’entraînement pour sportifs de haut niveau.

    En 1980, sur la côte sud d’Elbrous, on construit une base d’entraînementpour skieurs professionnels qui ont besoin de pratiquer en toutes saisons.Les ingénieurs du département de construction des équipements sportifsprennent TZUB-2M pour base et le remettent à jour   : on y remplace lachaudière à carburant sol ide par une chaudière électrique. Le système dechauffage est aussi renouvelé   : l ’a ir froid entre dans le système par uneprise d’air, se réchauffe sous de plancher, avant d’entrer dans l’habitatpour enfin en sortir grâce au déflecteur cyl indrique. Les paramètres demicrocl imat sont réglés de manière automatique.

    Aujourd’hui , les vremyankas sont util isées sur les chantiers urbains, dansles datchas (comme bains ou cuisine d’été, par exemple) , et dans les campsde base. On produit les vremyankas en métal et en bois avec la possibi l itéde les assembler horizontalement et verticalement pour en faire desédif ices de 2 à 3 niveaux et de la dimension souhaitée.

    On peut cependant rencontrer aujourd’hui , en 2018, des personnes nées,ayant grandi et passé toute leur vie en vremyankas – «  bâtimentsprovisoires   ». Ainsi , la vi l le sibérienne de Niagan, compte 27 cités mobilesdans lesquelles les gens habitent depuis 1979. Le même problème touched’autres vil les sibériennes, comme Sourgout.

    Les habitants des vremyankas exigent leur relogement en appartements,mais se heurtent à un problème juridique. Car les wagontchiks n’ont pas destatut offic iel . Conçus et entendus comme «  des constructions adaptées àl’habitation   », i l n’en sont pas pour autant considérés comme de«   l ’habitat   » offic iel . Selon le cadastre, ces vremyankas, comme leurshabitants, n’existent pas.L’État russe possède un programme de relogement des habitants delogement vétuste, mais les wagontchiks n’étant pas considérés comme tel,l ’administration des vil les a la possibi l ité de laisser leurs occupants vivreencore quelques années dans ces logements «   provisoires   » - vremyankas.

    Vremyankas en métal et en bois.

    Les «  tzub ».

    Les «  tzub.   »  du mont Elbrus.

    «  Vremyankas, logements provisoires éternels   », auteur : LIUDMILA PISKAREVA.

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    Dans le sens classique, la « sphère publ ique » s’entend comme l’espace du débat publ ic ,rationnel et crit ique, où nous, représentants de la société civi le, avons l'occasion deparler pour nous-mêmes. Le plus grand théoric ien contemporain de la communicationpol it ique, Jürgen Habermas, insiste sur le fait que la sphère publ ique demeure tant qu'elleest en mesure de maintenir son autonomie par rapport à l'État et aux principaux acteursdu marché. Ces dernières années, le thème de la médiation de la sphère publ ique estdevenu un « lieu commun » des sciences sociales. Cependant, le phénomène d'auto-expression des travail leurs migrants à travers les médias disponibles ne correspondguère au cadre de description existant. La forme la plus courante de ce typed'expression personnelle - les cl ips vidéo lo-fi , que les migrants réal isent avec leurstéléphones mobiles - est une sorte de pol it ique affective plus que dél ibérée. Néanmoins,de cette manière, les migrants sont capables de s'exprimer en propre sans êtremédiatisés par différents types de structures de pouvoir . Les théoric iens des médiasJohn Hartley et Allen McKee (1) caractérisent l ' interaction entre les créateurs d'un telcontenu audiovisuel et leur publ ic comme «  D. I .Y. c itoyenneté   ». Cela fait référence à unsentiment d'appartenance découlant de la communauté, de l'expérience sociale et del' identité culturelle. Ces vidéos de migrants et les nombreux commentaires qui lesaccompagnent sur YouTube, créent une sorte de sphère publ ique numérique miniature.

    Bien qu’uti l iser cette conception de déclaration publ ique puisse sembler exagéré parrapport à l’ interprétation des pratiques esthétiques des migrants, celles-ci acquièrentune certaine valeur heuristique dans le contexte post-soviétique. Premièrement, unhéritage important et encore opérant de l'expérience soviétique est le transfert del’énoncé pol it ique, à la sphère des pratiques esthétiques. En raison de l' impossibi l ité demener le débat pol it ique, on attend de l’œuvre d’art qu’elle soit un objet autour duquelpeut se mener la discussion sur des sujets tabous sous forme allégorique. Dans la Russie

    d'aujourd'hui , un mouvement de base des travail leurs migrants pour leurs droits, nonaffi l ié aux structures du pouvoir, est pratiquement impossible. Dans ces circonstances, lescommentaires sur les cl ips vidéos sur YouTube sont presque la seule voie publ ique dediscussion autour des questions importantes et actuelles. Deuxièmement, malgré lescondit ions de vie et la discrimination appl iquée par les organismes, les agences demaintien de l'ordre, les travail leurs en provenance d'Asie centrale (Ouzbékistan etTadj ik istan en particul ier) , se sentent souvent plus l ibres ic i que chez eux, du fait del’absence de pression idéologique. Ce genre de pression concerne, en particul ier, lesmanifestations extérieures de l' identité islamique, auxquelles les juridict ions de leurs paysd’origine sont très attentives. Se trouver "en migration" stimule souvent l’expressioncréative tant des condit ions de vie diff ic i les dans un pays étranger, que des problèmessociaux du pays d’origine.

    Quoi qu' i l en soit, les travail leurs migrants en Russie préfèrent souvent rester anonymes,quand ils postent leurs œuvres sur le web. Le fait qu' i l s'agisse d'une stratégieconsciente est confirmé par l'étude de l'ethnologue Tohir Kalandarov, qui étudie la poésieen l igne des migrants du Tadj ik istan. Même dans les groupes spécial isés des réseauxsociaux consacrés à la poésie migrante, de nombreux auteurs préfèrent afficher leursœuvres sous pseudonymes, inconnus ou empruntés aux stars internationales du sport oudu cinéma. Olga Zhitl ina, artiste pétersbourgeoise travail lant sur le thème de lamigration, a dépensé beaucoup d’énergie à rechercher les travail leurs migrants auteurs decl ips vidéo parodiques. Mais toutes ses tentatives sont restées infructueuses. Olgal’expl ique par le fait que les migrants, craignant de subir la censure de leurscompatriotes, tentent donc d’éviter de révéler leur identité. De fait, outre lescommentaires enthousiastes sur les vidéos, on peut l ire des déclarations telles que   : cesgens sont « une honte pour notre nation. »Ces vidéos ont inspiré Olga Zhitl ina au point qu’elle consacre un des numéros de sonjournal « Nasreddin en Russie » à ce phénomène. I l est pourtant impossible de choisir unterme approprié pour définir ces vidéos. Ce sont des vidéos parodiques, faites avec leurstéléphones mobiles ( i ls choisissent un des cl ips musicaux connu et font leur version   : i lsfont une vidéo parodique. Cela n'est pas toujours très gai , de temps en temps ilsrelèvent des sujets sociaux complexes) dans lesquelles les migrants apparaissent enpopstars sur leur l ieu de travail , et transforment leurs outils en instruments de musique.On peut trouver des vidéos similaires en Amérique latine par exemple, mais c’estparticul ièrement sur le web russe, que l’on observe un tel développement de ce genre deproduction. Olga note que ce genre peut être condit ionnellement appelé «   Uzbek-prikol   »,parce qu'une telle requête permet de trouver les vidéos pertinentes sur YouTube.Cependant, ce marqueur «   Uzbek-prikol   » (une blague Ouzbek) est un marqueur externe

    Une vie ou une maison bricolée. En opposition à la propagande de la beauté que les Moscovitescommencent à découvrir et qui leur a déjà arraché les kiosques de rue jugés inesthétiques, les citésde garages sont loin de correspondre aux critères esthétiques internationaux. Pas plus d’ailleursqu’aux critères sanitaires ou de confort.

    DU BRICOLAGE À L'ARTISANATExemple des garages à Shanghaï

    MIGRANTS « Lo-fi »un phénomène de la sphère publ ique   : cas de travail leursmigrants d'Asie centrale

    À Moscou, le chantier urbain bat son plein, et des milliers de vremyankasbon marché et souvent sous-équipées abritent la main-d’œuvre venue desanciennes républiques soviétiques d’Asie Centrale. Dans cette société detravailleurs souvent ostracisée et encampée se développe une culturepropre empruntant tant à la culture d’origine qu’à celle du pays d’accueil,syncrétisme, bricolage culturel autant que technique voire technologique.

    Baimuratov Allaberdieva, surnommé « Jimmy Tadjik » .

    (1) Hartley, John and Allen McKee (2000) The Indigenous Public Sphere. Oxford: Oxford University Press.

  • 11et douteux, car ces vidéos sont réal isées tant par desmigrants d’origine ouzbek, que par ceux d’autresnational ités. Nous nommerons ce phénomène «   migrants lo-fi" migrants   », car son étude révèle des parallèlesintéressants avec le développement de l’art contemporain.

    Le refus des méthodes d'enregistrements audio et vidéode qual ité et l ' ironisation constante des formestradit ionnelles de la culture pop sont caractéristiques dela scène musicale indépendante, comme de l'art visuelcontemporain. Cependant, si music iens et vidéastesd'avant-garde recourent consciemment à des stratégies dedépersonnal isation, uti l isant le D. I .Y. Do It Yourselftechnologique comme piste artistique, la situation estdifférente en ce qui concerne les travail leurs migrants.Contrairement aux acteurs du monde de l'art, lestravail leurs migrants s’engagent spontanément dansl'esthétique « Lo-fi ». I ls y ont recours par nécessité,d’une part en raison du manque d’accès à des systèmesd’enregistrement plus coûteux, et d’autre part afin deconserver une certaine discrétion face à un environnementglobalement hostile à leur égard. Cependant, migrants«   Lo-fi » peut bien sûr être interprété commel'appropriation du langage de la culture pop par les exclusdes médias du divertissement grand publ ic .

    Cependant, la représentation des travail leurs migrantsdans les cl ips en question peut être interprétée demanière ambiguë. Si mil itants, artistes et chercheurs sontencl ins à voir dans ces vidéos des réflexions sur lasituation des travail leurs en provenance d’Asie centraledans leur pays «   d’accueil   », cet état d’esprit ne fait pasl’unanimité dans l’opinion russe. Comme le laissent voir lesnombreux commentaires laissés en langue russe. Nombreuxsont ceux qui dénotent une certaine arrogance envers les

    héros de ces vidéos. Même lorsqu’on leur rend, ladimension ironique de ces cl ips est bien souvent ignoréepar le grand publ ic . Par conséquent, de nombreuxstéréotypes négatifs continuent d’être reconduits, quantaux altérités sociales et culturelles des migrants enquestion.

    En ce sens, l ’h istoire de Baimuratov Allaberdieva,surnommé « Jimmy Tadj ik », est révélatrice. Cet hommed'origine ouzbek, venu du Tadj ik istan en Russie, estdevenu une star de YouTube en interprétant, sur leschantiers de construction, les chansons des bandesoriginales des films de Bollywood. Ses vidéos ont été vuesdes mill ions de fois, puis, en 2009, les organisateurs duconcert du groupe Asian Dub Foundation à Saint-Pétersbourg ont invité Baimuratov à prendre la parole enpremière partie.

    Asian Dub Foundation, immigrés issus de familles demigrants sud-asiatiques, sont connus pour leurengagement antimondial iste. Cependant, Taj ik Jimmy n'ajamais fait partie de la scène alternative russe. Aprèsavoir partic ipé à plusieurs festivals indépendants, i l acommencé à jouer dans des films commerciaux et desémissions de télévision populaires. Jouant les règles desmédias du courant dominant, i l est finalement devenuotage de l’ image d’ ingénu immigré, une sorte d’empotéjoyeux – image famil ière aux téléspectateurs russes. Ainsi ,peut-on parler d'appropriation inverse, d’uti l isation de lacréativité spontanée des migrants par les institutionsculturelles dominantes. Dans une certaine mesure,l 'h istoire de Taj ik Jimmy ressemble à celle des hits de lamusique afro-américaine dans les charts américains de laseconde moit ié des années 1940. Les puristes du jazz etles national istes « noirs » ont vu, dans l'adaptation aux

    conventions de la musique commerciale, des éléments du «spectacle de ménestrel » ou «   Minstrel Show  » -performance théâtrale dans laquelle les « blancs »parodient le style de la performance « noire ». Dansnotre cas, les opprimés s'érigeraient eux-mêmes en clownspour le bien des oppresseurs.Compte tenu de l' inégal ité des moyens de représentation,le « Lo-fi » des migrants se retrouve dans une sorte deghetto médiatique. Et si les cl ips musicaux parodiquespeuvent atteindre un publ ic relativement large (en dépitdu fait qu' i ls uti l isent généralement des chansonsinterprétées dans les langues nationales des travail leursmigrants) la diffusion des composit ions est encore pluscompliquée. Les recherches de Saodat Ol imova sur lescréateurs du Tadj ik istan montrent que les migrantspréfèrent écrire des chansons dans leur languematernelle, en util isant des mots russes que dans lesrares cas où il est nécessaire de soul igner une expériencesociale précise acquise en Russie. De plus, parmi lesmigrants du Badakhshan, i l y a une sorte d' intérêt pourles langues des peuples du Pamir, qui est devenu possiblegrâce à la fixation de l'art populaire oral sur Internet.Ainsi , les stratégies l inguistiques des artistes migrantsl imitent l 'audience de leurs chansons non seulement aucondit ionnel « tadj ik », mais déjà à l’échelle de régiongéographique, c’est-à-dire, locale.

    Du point de vue de la rationalité communicative lesmigrants agissent comme quiconque se retrouve dans descondit ions similaire dans n’ importe quelle métropole. Parcontre, l ’art des migrants se distingue par larevendication visible de «   tradit ions   » et de«   construction des principes la local ité   ». Leur modecréatif imposé par l’exclusion sociale et l 'adaptation auxcondit ions de vie diff ic i les dans une grande vil le, est

    davantage axée sur la recherche de refuge dans unepetite communauté ethnoculturelle que sur la sol idaritéavec ceux qui sont dans une situation similaire. Une tellestratégie de posit ionnement dans un certain sensconstitue un obstacle à la sortie du ghetto médiatiquedécrit .

    I l existe cependant un exemple unique d'artiste migrantayant réussi à se détacher du publ ic de la diaspora. I ls’agit d’Abdumamad Bekmamadov, venu du Badakhshan pourtravail ler en Russie i l y a plus de dix ans. Abdumamadjoue des ballades sur tout ce qui lui arrive à Moscou. Lesintrigues de son histoire réelle se transforment en textespoétiques interprétés sur les rythmes des chansons

    tradit ionnelles du Pamir. Accompagné de deux autresmusic iens du Pamir, Abdumamad a joué pendant plusieursannées la pièce "Akyn-opera" au Theater.doc, danslaquelle l ’h istoire de sa vie à Moscou a été racontée sansembell issement. Cette performance s’est vue décerner leplus prestigieux prix théâtral en Russie « The GoldenMask ».

    Le 4 juin 2017, le festival «   Pamir-Moscou   » s’est dérouléau Musée de Moscou grâce à la collaboration de l’ensembledes music iens Pamir «   Nur   » (dir igé par Abdumamad) etdes mil itants moscovites (en particul ier, le groupe musical« Arkady Kots ») . Ce festival a réuni plus de cinq mil lepersonnes issues du Pamir.

    C'est le premier événement dans la capitale russe, où laprésence de migrants s'est manifestée de cette manièredans l’espace publ ic . I l reste à espérer que la sortie desmigrants d' Internet sera accompagnée de la découverted'un langage commun avec ceux qui se sentent exclus dela sphère publ ique en Russie.

    (1) Le terme Lo-fi (abr. de low-fidelity, «  de bassefidélité  ») est une expression apparue à la fin desannées 1980 aux Etats-Unis pour désigner certainsgroupes ou musiciens underground adoptant desméthodes d’enregistrement primitives pour produire unson «  sale  », volontairement opposé aux sonoritésjugées aseptisées de certaines musiques populaires(source  : Wikipédia, «  Lo-fi  »).

    Scannez avec votre téléphonepour voir quelques extraits

    Наша Рашаhttps://www.youtube.com/watch?v=aSQFAUJ_HJU

    Jimmy Tadjikhttps://www.youtube.com/watch?v=QCPi1BpqJfM

    «  Migrant Lo-ficomme un phénomène de la sphère publ ique »   :

    cas de travail leurs migrants d'Asie centrale   » auteur :MARK SIMON.

    Abdumamad Bekmamadov au festival Pamir-Moscou, photo: Elena Shalkina.

    Наша Раша (Notre Rasha).

  • 1 2

    Vladimir, le sellier.

    La chanson de la machine

    Ingénieur et bricoleur ou

    l’œuf et la poule post-apocalyptiquesBranchement, mutation et syncrétisme dans les parcours des Garagniks de Kazan, Dimitrovgrad et Nabrejnie Tchelny

  • 1 3

    Un autre sellier.

    Nail.

    Un bricoleur.

    «  Ingénieur et bricoleur ou l’œuf et la poule post-apocalyptiques   », auteur : STANY CAMBOT.

  • 1 4

  • petits l ivres à l ire un couteau entre les dents

    #9

    Книги«наодинзубок»

    #9

  • Certains disent  : en Russie, les gens meurent dans la rue, enRussie, on mange ou on peut manger, de la viande humaine…D’autres disent  : en Russie, les universités fonctionnent, enRussie, les théâtres sont pleins. Vous ferez votre choix  : Toutest vrai. En Russie, il y a l’un et l’autre. […] En 1917, jevoulais le bonheur de la Russie, en 1918, je voulais le bonheurdu monde entier et rien de moins. Aujourd’hui je ne veux qu’unechose  : retourner, moi, en Russie. Ici finit la marche du cheval.Le cheval tourne la tête et rit.

  • (1) Прим. перев. Аналог «Пьяницы».

  • 01 5

  • 13

    Ещёодинмастершитьячехлов.

    Наиль.

    Бриколёр.

    «Инженерибриколёриликурицаияйцовусловияхпостапокалипсиса»,автор:СТАНИКАМБОТ.

  • 12

    Владимир.

    Швейнаямашинапоёт

    Инженерибриколёрили

    курицаияйцовусловияхпостапокалипсисаМетаморфозы,мутацииисинкретизмвработегаражниковКазани,ДимитровградаиНабережныхЧелнов.

  • 11:JHD=JCI8JHIGJKI8F=FASWKG;G?8FI8./DT;8GKE=O8=K,OKG

    WKGK?8FIEG?FGLJDG:FGF8@:8KTZL@9=C-HIACGD[,HGJCGDTCL

    K8CG=JDG:GJGO=K8FA=HG@:GDS=KG9F8IL?AKT

    JGGK:=KJK:LXRA=:A

  • 10

    %HGJD=

  • 9

    И,наконец,ещёодинвариантвремянки(наэтотраздлязоныЗаполярья)-«ЦУБ»,«цубик»:«Цилиндрическийунифицированныйблок»

    8сентября1931годаправительствоподписываетпостановление«ОхозяйственномразвитиирайоновКрайнегоСевера».Даннымпостановлениепредписаносозданиелесной,химической,угольной,кожевенной,нефтянойпромышленности.Всередине1960-хгодовнефтянаяпромышленностьнуждаетсявзалежахКрайнегоСевера.Странануждаетсявнефтиигазе,ноевропейскаячастьСССР,атакжереспубликиСреднейАзииуженемогутобеспечитьСССРсвоимсырьём.ОднойизважнейшихпроблемвусловияхКрайнегоСевераявляетсяпроблемапроживаниярабочих.Необходимопредоставитьлюдямхорошиебытовыеусловия,иначеонипопростунесмогутэффективноработать.В1970-хгодахприходитосознаниетого,чтовагончикинесодаютдостойныхусловийжизниврегионахКрайнегоСевера.В1975заводуДОЗ-21заказанновыйтипвремянки.Сокольскийдеревообрабатывающийкомбинатнаходитновуюархитектурнуюформу-бочка.Бочка«ЦУБ-2М»обеспечиваеткомфортноепроживание,дажееслитемператураснаружиопускаетсядо-65°C,скоростьветрадостигает60м/с.

    Вбочкемогутпроживатьдо4человек.Вкачестветеплоизоляциииспользуетсяпенополистирол,аводяноеотоплениеобеспечиваеткомфорт.Системаотоплениянаходитсяподполом.Всёоборудование,включаяоткидныекровати,столы,сан.узлы,устанавливаетсяещёназаводе,чтооблегчаетсозданиевахтовыхпосёлков.

    Бочкаотличаетсяпрочностьювэксплуатацииитранспортировкенанеосвоенныхтерриториях,атакжелегкоперемещаетсяприпомощивертолетаблагодарясвоимаэродинамическимсвойствам.Конструкторыиспользовалиобтекаемуюформу-потокивоздухаобходятбочку,чторешаетпроблемуснежныхзаносоввпургу.

    Примечательно,чтоэтибочкиобживаютсянетольковахтовымирабочими,ноиобычнымилюдьми,например,надачах.Крометого,этотвидвремянокпозволяетсоздаватьтренировочныелагерядляпрофессиональныхспортсменов.

    В1980насклонеЭльбрусастроитсябазадляпрофессиональныхспортсменов,которыедолжныпрактиковатьсявезденагорныхлыжахивзимнее,ивлетнеевремягода.Сотрудникиинститута«Союзспортпроект»берутЦУБ-2мзаосновуислегкаобновляют:заменяюткотёлнатвердомтопливенаэлектропечь.Системаотоплениятожеизменена:холодныйвоздухпоступаетчерезвоздухозаборники,проходитчерезсистемуотопления,находящуюсяподполом,подаётсявжилыепомещения,азатемвыходитчерезцилиндрическиедефлекторы.Установкимикроклиматарегулируютсяавтоматически.

    Внастоящиймоментвремянкииспользуютсянастройках,надачах(например,баниилилетниекухни),ввахтовыхпосёлках.Сегодняпроизводятсявремянкиизметаллаидерева.Ихможноблокироватьисоздаватьзданиежелаемыхразмеровв2-3этажа.

    Сегодня,в2018году,можновстретитьлюдей,родившихся,выросших,проведшихвсюсвоюжизньвовремянках–«временномжилье».Так,например,всибирскомгородеНяганьпродолжаютфункционироватьоколо27вагон-городков.Людиживутвовремянкахс1979года.ПодобнаяпроблемахарактернанетолькодляНягани,ноидлядругихсибирскихгородов,например,Сургута.

    Жителивремяноктребуетпереселениявнормальныеквартиры,однакосуществуетпроблемавзаконодательстве.Внастоящиймоментувагончиковнетофициальногостатуса«жилища».Онирассматриваютсякак«строения,невходящиевжилищныйфонд,нопредназначенныедлявременногопроживания».Прощеговоря,сточкизрениякадарстровогопланаиэтивремянки,илюди,внихпроживающие,несуществуют.Исходяизтого,чтоофициальновагончики-нежилище,жителинемогутвоспользоватьсяпрограммойрасселенияветхогожилья.Тоесть,людимогутещёнесколькодесятилетийпрожитьво«временныхжилищах»-вовремянках.

    Металлическиеидеревянныевремянки.

    «ЦУБ». 

    Эльбрус,Мингитау.

    «Времянка,постоянствовременногожилья»,автор:ЛюдмилаПискарева.

  • 7

    ПроектМахновщиназатрагиваетвопросымобильногогородавоФранциииРоссии.Города,которомусегоднявсёещёудаётсязащититьсяотлогикикадастровогопланирования.Однакодляанализасовременнойситуацииимеетсмыслобратитьсякисториисозданияэтого«нестационарного»городаиизучитьархитектурныеформы,полностьюигнорируемыеавторамисовременныхметрополий.Подтермином«нестационарноежильё»подразумеваетсястроениебезфундамента.Строениескрайнеограниченнымсрокомслужбы,начтоуказываетдажесобирательноеназвание-«времянка».Языкпытаетсянастоятьнафактенедолговечностиэтихобъектов.НовРоссиикаждыйзнает,чтонетничегоболеепостоянного,чемнечтовременное.

    УсловияжизнирабочеговРоссийскойимперииоставлялижелатьлучшего:тесное,частосыроежильёбылослабоосвещеноиплохоотапливалось.Согласнопереписи1912годавМосквеипригородахболее300000(1)человекживут,снимаякойки.Всреднемвкомнатеживётдо10человек.Ктомуже,рабочиевцеляхэкономииснимаютоднукойкунанесколькочеловек,еслиработаютпосменно.Впровинцииделообстоитещёхуже.Согласноисследованиям,проведеннымвБахмутовской(2)губерниив1910году,из1618помещений,официальноназываемых«квартирамидлярабочих»,около40%представляютсобойполуземлянки,25%-времянки,2%-летниекухниилишь33%-зданияизкамняикирпича.

    Послереволюцийигражданскойвойны,новоегосударствоставитсвоейцельюиндустриализациюпромышленности.ВходеXIVСъездаВКП(б),прошедшего18-31декабря1925года,приняторешениепревратитьСССР«изстраны,ввозящейоборудование,встрану,производящуюэтооборудование».Эторешениеопределитнетольковекторразвитияпромышленности,нотакжесформируетновуюградостроительнуюполитику.Входепятилетокстроительствозаводовпринимаетмассовыйхарактер:с1928по1932строится1500предприятий,с1932по1937построеноуже4500предприятий,с1937по1940построеноивведеновэксплуатацию3000предприятий.Заметим,чтовэтотпериодтяжёлаяпромышленностьразвиваетсябыстрымитемпами,тогдакакразвитиелёгкойпромышленностиотстаёт.Правительствоформируетпреждевсегообороннуюимашиностроительнуюпромышленность,атакжеставитцельюэлектрификацию,необходимуюдляуспешнойиндустриализации.Вэтотпериодсозданыавтомобильная,авиационная,химическая,электротехническаяотраслипромышленности.Сградостроительнойточкизрениязаводыипредприятияможноразделитьнадвечасти:создаваемыевсуществующейтканигородаите,чтосамисталиосновойдлябудущихгородов.Вкачествепримераможновспомнитьсудьбу

    Магнитогорска(3):в1926годусоветскоеправительстворешаетосноватьметаллургическийкомбинатугорыМагнитной.ЭтомурешениюобязансвоимсуществованиемисамгородМагнитогорск,построенныйдлярабочихзавода.Такимобразом,новыегородавозникаютвбезлюдныхместах,посредилесов,полей,рядомсреками-предприятия,ставшиефундаментомдляэтихнаселенныхпунктов,напрямуюзависятотисточниковсырьяиисточниковэнергии.НаступлениенемецкойармиивходеВтороймировойвойнытакжеприводитктому,чтозаводыстроятся«вчистомполе»,авокругнихвозводятсягорода.Правительствовынужденоспасатьпромышленность,адляэтогонеобходимоэвакуироватьеёкакможнодальшеотфронта,вчастности,вСибирь.Вбольшинствесвоём,эвакуированныезаводыявляютсячастьюобороннойпромышленностиСССР.УчитываятотальныйхарактерВтороймировойвойны,эвакуированныезаводынеобходимоввестивэксплуатациюкакможноскорее.СпецификапромышленногостроительствавСССРзаключаетсянестольковгеографическомположенииобъектов,скольковтемпахстроительства,обусловленныхжесткимивременнымиограничениями.ВремявСССРразделенонапятилетки,чтодолжнообеспечитьстранебыстроеиэффективноеразвитие.Результатомнацеленностинаскоростьразвитиястановитсяполноеигнорированиеусловийжизнилюдей.Аследовательно,строителинаиболееважныхдлягосударствапредприятийживутвнестационарныхстроениях:вовремянках.СогласнодокладнойзапискеМагнитогорскогоГоркомаВКП(б)ЦентральномукомитетуВКП(б)в1938году67,2%м2жилойплощадиновогогородапредставляютсобойвремянки,неблагоустроенноежильебезводопровода,канализацииицентральногоотопления.Администрациягородауточняет,чтозасложившуюсяситуациюнесетответственностьУправлениестроительства«Магнитострой»,концентрирующеевсесилыивниманиенастроительствезавода,тогдакакстроительствожилья«являетсязаброшеннымучастком».

    Сархитектурнойточкизрениявремянкапредставляетсобойобъект,неимеющийопределеннойформы.Вот,например,жильёстроителейДнепроГЭС-однойизсамыхбольшихстроек30-хгодов.Переднамивременныепостройкииздерева,строительногомусора.

    ПовоспоминаниямБорисаВейда,работавшегонастройке,апозжеставшегожурналистом,этаграндиознаястройка,гдев1927годуработалоболее10000человек,представляласобойсложнуюсоциальнуюсмесь,состоящуюизбывшихкаторжан,преступников,вороввсехмастей,бывшихбелыхофицеров,контрабандистов,священников,спекулянтов,кулаков,фанатиков,мятежников,аристократов.Ивсежиливместевтесныхитёмныхвремянках.

    ��������Первымделоминдустрия!Нуажильё?Ажильёкак-нибудьпотом...

    ФрацияXIXвекахотелаперевестирабочихнаоседлыйобразжизни,привязатьихкземле.Но,начинаяс2002года,идётпроцессизмененияструктурысетевыхкомпаний,иФранциявновьстимулируетрабочихкмобильномуобразужизни.Длягородскогостроительстварабочиерукиищутсяповсюду,строителиприезжаютиздалекаиселятсявконтейнерахAlgecoилинастоянкетрейлеровпососедствусместомработы.Периодическистроительныекомпаниисамивыступаютуправляющимилагерейвременногожильядлярабочих,как,напримервгородеФламанвилльнаМанше,гдекомпанияArevaстроитатомныйреактортретьегопоколения,сконструированныйеёжеинженерами.Строителямпредлагаетсяжитьвовременномлагере,состоящемизнекапитальныхстроений.Этамобильнаярабочаясилапериодическисосуществуетсдругимвидомнаселения,окоторомумалчивают.Более20000«номадов»,переезжающихсместанаместорабочих,прозванных«незримымирабочимиатомнойотрасли»,каждыйгодменяютодинкемпингзадругим,выполняятехобслуживание19атомныхэлектростанцийиполучаяприэтомзарплатунагранипрожиточногоминимума.ВотличиеотФранции,гдевпоследниегодыстановитсявидимымпроцессопределённой«номадизации»рабочейсилы,впостсоветскомпространствеконтейнеры-лишьодинизэтаповнепрерывногопроцессасуществованиянестационарногожилья.История,начавшаясяещёдореволюцииинезаканчивающаясяипосейдень.Яркимпримеромслужатконтейнеры,которыеможновстретитьнастройкахнастроительстве«БольшойМосквы»икоторыесталижильёмстроителей,выходцевизСреднейАзии.Бытьможет,этаисторияпоспособствуетокончательномустановлениюгороданестационарного,переменного,живущеговнекадастровойлогикиизачастуюсозданногонепрофессионаламиизтого,чтобылоподрукой.

    Времянки.Постоянствовременногожилья

    Постоянствовременногожилья

  • С1998годагруппаEchelleInconnue(«Неведомыймасштаб»)изовсехсилраскрывает

    внутреннееустройстворазличноговидаавтоматов:Города-Автомата,градостроительнойконцепции-автоматаилижеэлектронныхсредствавтоматизации

    всевозможныхпроцессовилимеханизмов,которыемыиспользуем,непозволяяимиспользоватьнас.Следуяэтойлогике,мыстараемсяпреодолетьнедовериекавтоматамивзятьподсвойконтрольмеханизмыикоды,насокружающие.Дляэтогов2011годумысоздалихакер-пространствоисэтогожемоментапроводимконференциииоткрытыедискуссии,которыепризваныпомочьнамвосмыслениинутрянойсущностиавтоматов.Мыотслеживаеманатомированиеавтоматическихмеханизмовблагодарятем,ктосуществуетвусловияхгородскогокризиса,тем,ктостремитсяпревратитьнепереносимыеусловия–впригодныедляжизни.Наконец,анатомированиеавтоматовобъединяетхакеровиумельцев,мастеровнавсеруки,которыхобычнопроисходятизразличныхсоциальныйгрупп.Сноваиснова,каждыйномер«Временнойгазеты»служитдляосознанияихединства.Кустарноепроизводствоихакерство-итоидругоесвидетельствуютотом,чтоповальныеувлечения,социальныеинститутыирыночнаяфилософиямаркетингаужедавным-давносуществуютотдельнодруготдруга.ВоФранции,какивРоссии,кустарноепроизводствопредставленовкачествеподелок,гротескныхимитацийилиобъектовчастныхколлекций,ставшихмузейнымиэкспонатами.Втожевремя,хакерство,избавленноеотярлыкапотенциальноопаснойдлясистемыдеятельности,занимаетсвоёместовсфересовременногоискусства.Второйномер«Временнойгазеты»неставитсебецельюочереднуюпопыткуприданияважностиэтимпотаеннымповседневнымвидамдеятельности.Скорее,мыпытаемсявосстановитьуэтихлюдейощущениеобщностиинапомнитьимобихважности,ихвозможностяхборьбысмиромразделениятрудаилиберальнойэкономики.Итакимобразом,восстановитьихспособностьпротивостоятьсилам,которыепытаютсяотнихизбавиться.

    ПутешествиеизУкраинычерезМолдавиювМоскву.Авозможно,идальше–воФранцию.

    НевольноприходитнаумсудьбаНестораМахно.ВмолодостионпопализГуляйполявБутырскуютюрьмувМоскве,аужевзреломвозрастебежализУкраинычерезМолдовувоФранцию,спасаясьотрусскихпуль.Нонет,этомаршрутнемногочудаковатогоавтомобиля,свладельцемкоторогомыразговариваемуБелорусскоговокзала.

    СниммыужевстречалисьвМолдове.НомашинаскофедержитсвойпутьизУкраины.Олеграссказываетнамобэтомпозадиоснащённоговсемнеобходимымавтомобиля.

    ИзначальноподобныйавтомобильонвиделвУкраине.Идеяемупонравилась,ионрешилсоздатьнечтопохожеевМоскве.Внизумашиныустановленакофеварканадвухисточникахпитания(газиэлектричество),кофемолкаиместодля

    хранениякофесящикамиизнержавеющейстали.Четыретакихмашины-настоящиекафенаколёсах-курсируютпоопределенномумаршрутупоулицамМосквы.Олегподписалконтрактсоднимизпроизводителейкофе,итеперьбортмашиныукрашенлоготипомэтогобренда.

    «Проблемавтом,что,гдебытыниприпарковался,тебяотовсюдугонят.Такчтояподписалконтрактсэтойкомпанией.Они,вотличиеотменя,могутдостатьразрешение...»

    Вгороде,гдековшиэкскаваторовуничтожаютторговыепавильонычастныхпредпринимателей,гдеживоепространствоподстраиваютподобразымегаполисасфантасмагоричныхоткрыток,изображающихЛондон,Нью-ЙоркилиПариж,Олег,кажется,нашёлвернуютактику:доведённаядоабсолютамобильность,позволяющаяспастисьотпреследования.

    «Адавайтеявамвизиткуоставлю?Можноещёувидеться,еслихотите.Простопоговорить.Ну,илиеслинужно,яжеиприехатькуда-нибудьмогу,уменяШенгеноткрыт...»

    Изначит,кафенаколёсах

    можетотправитьсявоФранцию.Своегородапаломничество-отзаводовгородаБийанкур,гдеокончилсвоидниНесторМахно,втрущобыилачугистроителей,гдеютятсяцыгане,румыныимолдаване...

    Временныйжурналподномером7.Главныйредактор:СтаниКамботАвторы:СтаниКамбот/МисьяФорлен/АлександрДельенс/ЛюдмилаПискарева/МаркСимон/ЖеромГено/КрисдеДекерМакет:ЖерарАлегреСекретариредакции:АлександрДельенс/РашельДумерк/КристофЮбер/ЭмилиРишель/МисьяФорлен/МанонЛемэтрПереводсфранцузскогонарусский:ЛюдмилаПискареваПереводсанглийскогонафранцузский:ЭмилиРишельРедакция:Неведомыймасштаб,11-13поулицеSaintEtiennedesTonneliers,76000Руан[email protected]°ISBN:978-2-9551848-6-8

    Данныйжурнализдаётся,используялицензиюCreativeCommonsCC-BY-ND.ПрисозданиижурналаиспользовалосьпрограммноеобеспечениесосвободнойлицензиейScribus,GimpиQR.QRкодысозданынасайтеqrcode.frНеведомыйМасштабполучилподдержку:-Общаядеятельность:РегионНормандия/ГородРуан-Временныйжурнал:DRACNormandie,«Местныемедиа»-Махновщина2015-2018:фондAbbé-Pierre/РегионНормандия/DRACNormandie-Махно-Вэн:ОбъединённыекоммуныБернэНормандии/ГородБрионн/DRACNormandie/DRACÎledeFrance/DSDEN27/CAF/CD27/фондAbbé-Pierre/ГородФламанвилль/фондDanieletNinaCarasso-DSEA:фондF-Iniciativas-Кемпингитехнологии:РегионНормандия/DRAC/фондAFNIC

    Мыблагодаримвсехспутников:ЦентрФранко-РоссийскихИсследованийвМоскве,Московскуювысшуюшколусоциальныхиэкономическихнаук,Городокархитектурыикультурногонаследия(Париж),ToulouseHackerSpaceFactory(Mix’artMyrys,Тулуза),Elaboratoire(Ренн),СовременныйСад(Ренн),FNASAT(Париж),RELIER(Сент-Африк),HALEM(Франция),ANGVC(Париж),НациональныйИнститутИсторииИскусства(Париж),ФестивальACCES(По),lePEROU(Париж),leCAUE50(Сент-Ло),leCAUE27(Эврё),ДомАрхитектурыНормандии(Руан),ДомАрхитектурыПуату-Шарант(Poitiers),ШколуУрбанизмаСапиенца(Рим),НациональнуюШколуАрхитектурыПарижБелльвилль,НациональнуюШколуАрхитектурыПарижЛяВиллетт,НациональнуюШколуАрхитектурыНормандии(Дарнеталь),НациональнуюШколуАрхитектурыМарселя,НациональнуюШколуАрхитектурыиПейзажаБордо,lePoLAU(Тур),l’ADVOG95(Понтуаз),ассоциациюПервыеДраконы(Сержи),ПунктПриёмаЛюдейДороги(Соттвилль-ле-Руан),СалоннезависимойкнигиБеллиссима(Милан),Франциотека(Пуатье),издательскийдомEteretopiaFrance(Париж),библиотекуКалуска(Милан),библиотекуГрадостроительныйПорядок(Париж),Дьепп,ГородИскусстваиИстории,HSHCrew(Руан),leHackerspaceVentresmous(Руан),ДомАрхитектурыНормандии(Руан),ИзобразительныйЦентрВысокойНормандии(Руан),ФестивальМесяцаДокументальногоКино,ЧёрныйПериод(Париж),лицейAugustinBoismard(Брионн),колледжBrossolette(Брионн),laConjurationdesFourneaux(Руан),библиотекибриннскогорегиона,библиотекуГаренн-сюр-Эр,ПоместьеГанкур,МедиатекуЭр(Эврё),Pix3l(Руан),HSHCrew(Руан),laForgette(Фламанвилль)ивсехучастниковнашихпроектов.

    НеведомыйМасштаб

    ЧЕРНАЯРУБРИКА

    Ктомы?

    Вчертегородаидётнегласнаявойна.

    Еёглавнаяцель–поискобраза

    городскогопространства.Этавойна

    достигаетсвоегопика,когдабульдозер

    истремлениекуниформизацииидутрука

    обруку.Цельнаякартинабоевых

    действийскрытаотглаз,ногромкие

    победынаслухуувсех:

    градостроительныенововведениябарона

    Османа,таможниЛеду,

    градостроительныеособенности

    городскихокраин,видео-наблюдение,

    скамейки«антибомж»,

    градостроительныепринципы,которые

    превентивноисключаютизгородского

    населениявсемобильныекатегориии

    группылюдей,например,цыган.Город

    выступаетпротивчужаков,бедняков,

    противлюбогознакомствас

    инородностью.

    С1998годагруппаНеведомыйМасштаб

    объединяетлюдейизмираархитектуры,

    искусства,географии,журналистики,

    социологии,информационных

    технологий.Мыстараемсяучаствовать

    всозданииновойкартографии–той,

    котораябыотображалареальностьи

    которой,нанашвзгляд,такнехватает

    сегодня.Мыотслеживаемконтуры

    сложного,многоголосогогорода,

    отказываясьотидеиегоупрощения,

    выделениявнёмлишьодногоголоса,

    одногоинструмента.Мычерпаем

    вдохновениевегоокраинах,в

    территориях,вызывающихвопросыи

    проблемы.

    Нашаработасопровождаетсяскрежетом.

    Недовольством.Непониманием.Мыидём

    вперёд,сжавзубы,веря,чтогород

    архитекторов,градостроителей,

    политиков–неединственный.Невидимый

    город,возможныйгородждётсвоего

    воплощения.

  • ДОКУМЕНТАЛЬНОЕИССЛЕДОВАНИЕИРАБОТАПОСОЗДАНИЮОБЪЕКТОВИМЕХАНИЗМОВ.РУССКО-ФРАНЦУЗСКИЙЖУРНАЛВОБЛАСТИИСКУССТВА/АРХИТЕКТУРЫ/ГРАДОСТРОИТЕЛЬСТВА/МУЛЬТИМЕДИА

    N°07

    КОНТАКТЫ::[email protected]

    2018

    КУЛЬТУРНАЯСВАЛКАИСКУССТВО/АРХИТЕКТУРА/ГРАДОСТРОИТЕЛЬСТВО/МУЛЬТИМЕДИА.11-13поулицеSaint-EtiennedesTonneliers76000Руан/Франция+330235704005

    Неведомыймасштаб:100руб

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