03Extra
Homenaje a Rodrigo de Balbín Behrmann
2015
ARPI 03 Extra
Homenaje a Rodrigo de Balbín Behrmann
Publicación Extra: 2015 ISSN: 2341-2496 Dirección: Primitiva Bueno Ramírez (UAH) Subdirección: Rosa Barroso (UAH) Consejo editorial: Manuel Alcaraz (Universidad de Alcalá); José Mª Barco (Universidad de Alcalá); Cristina de Juana (Universidad de Alcalá); Mª Ángeles Lancharro (Universidad de Alcalá); Estibaliz Polo (Universidad de Alcalá); Antonio Vázquez (Universidad de Alcalá); Piedad Villanueva (Universidad de Alcalá). Comité Asesor: Rodrigo de Balbín (Prehistoria-UAH); Margarita Vallejo (Historia Antigua- UAH); Lauro Olmo (Arqueología- UAH); Leonor Rocha (Arqueología – Universidade de Évora); Enrique Baquedano (MAR); Luc Laporte (Laboratoire d'Anthropologie, Université de Rennes); Laure Salanova (CNRS). Edición: Área de Prehistoria (UAH) Foto portada: Peña Somera (J. A. Gómez Barrera)
SUMARIO Editorial 05-12 Semblanza asturiana seguida de un oprobio de la vejez . Limón Delgado, Antonio 13-19 Hacerse humano. Carbonell Roura, Eudald 20-31 Peuplement de l’intérieur de la Péninsule Ibérique pendant le Paléolithique supérieur: où en est-on? Aubry, Thierry 32-43 Arte rupestre en la frontera hispano-portuguesa: cuenca del río Águeda. Reis, Mario; Vazquez Marcos, Carlos 44-55 Ganando altura. Tránsito, explotación y campamento de cazadores-recolectores en los espacios de monta-ña de la encrucijada vasca. Arrizabalaga, Alvaro; Calvo, Aitor; Domínguez-Ballesteros, Eder; García-Ibaibarriaga, Naroa; Iriarte-Chiapusso, María José 56-72 Los anzuelos de la Cueva de la Canaleja (Romangordo, Cáceres). González Cordero, Antonio; Cerrillo Cuenca, Enrique 73-80 L’art céramique et l’émergence de l’économie agricole. Salanova, Laure 81-95 La nécropole de Barnenez à Plouezoc’h dans le Finistère: le long tumulus nord et son implantation. Cousseau, Florian 96-110 L’intégration de pierres dressées isolées à l’air libre dans les espaces sépulcraux de l’ouest de la France: Le département du Morbihan Gouezin, Philippe 111-118 Les pétroglyphes de la Pierre des Farfadets. Commune du Poiré sur Vie–Vendée (France). Etude d’inter-prétation provisoire. Benéteau, Gérard 119-132 Algunas reflexiones sobre métodos de realce digital de la imagen en pinturas rupestres. Cerrillo Cuenca, Enrique 133-147 El tiempo y los ritos de los antepasados: La Mina y el Alto del Reinoso, novedades sobre el megalitismo en la Cuenca del Duero . Rojo-Guerra, Manuel; Garrido-Pena, Rafael; Tejedor-Rodríguez, Cristina; García-Martínez de Lagrán, Iñigo; Alt, K.W. 148-163 El megalito pseudohipogeico “Monte Deva III” como representación de la plenitud neolítica en el hinter-land de Gijón (Asturias). de Blas Cortina, Miguel Angel 164-179 Ad aeternum. Enterramiento de la Edad del Bronce en Carmona (Sevilla). Belén Deamos, María ; Román Rodríguez, Juan Manuel; Vázquez Paz, Jacobo
180-196 Nuevos datos sobre la secuencia de uso sepulcral de la cueva de Santimamiñe (Kortezubi, Bizkaia). López Quintana, Juan Carlos; Guenaga Lizasu, Amagoia; Etxeberria, Francisco; Herrasti, Lourdes; Martínez de Pancorbo, Marian; Palencia, Leire; Valverde, Laura; Cardoso, Sergio 197-210 Novedades en torno al arte rupestre de Valonsadero (Soria). Gómez-Barrera, Juan A. 211-223 Ces marques qui ne font pas partie du corpus. Hameau, Philippe 224-237 A dos metros bajo tierra. Pensando los yacimientos prehistóricos de hoyos. Márquez-Romero, José Enrique 238-256 The diversity of ideotechnic objects at Perdigões enclosure: a first inventory of items and problems. Valera , Antonio Carlos 257-271 Sobre la cronología de los ídolos-espátula del dolmen de San Martín (Laguardia– Alava). Fernández– Eraso, Javier; Mujika-Alustiza, José Antonio; Fernández– Crespo, Teresa 272-286 La diversidad campaniforme en el mundo funerario. Algunos ejemplos de la cuenca media/alta del Tajo en el interior peninsular. Liesau von Lettow-Vorbeck , Corina; Blasco Bosqued, Concepción 287-305 El Yacimiento romano de la Ermita de San Bartolomé (Atalaya del Cañavate, Cuenca). López, José Polo; Valenciano Prieto, Mª del Carmen 306-319 De un largo “tiempo perdido” en la reconstrucción de la Prehistoria canaria a una rápida construcción de su protohistoria. González-Antón, Rafael; del Arco Aguilar, Carmen 320-333 Manifestaciones rupestres protohistóricas de la isla de Lanzarote en un contexto doméstico: el sitio de Buenavista (Teguise). Atoche Peña, Pablo; Ramírez Rodríguez , Mª Ángeles 334-356 Décorations et représentations symboliques sur les mégalithes du Sénégal et de Gambie. Laporte, Luc; Delvoye, Adrien; Bocoum, Hamady; Cros, Jean‐Paul; Djouad, Sélim;Thiam, Djibi 357-370 Breves notas en torno a unos grabados de armas metálicas de influencia atlásica en las tierras del Tiris, al SE del Sahara Occidental. Sáenz de Buruaga, Andoni 371-387 La figura humana en el arte rupestre en el sur del Valle Calchaquí (Salta, Argentina). Ledesma, Rosanna
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L’INTÉGRATION DE PIERRES DRESSÉES
ISOLÉES À L’AIR LIBRE DANS LES
ESPACES SÉPULCRAUX DE L’OUEST DE
LA FRANCE: LE DÉPARTEMENT DU
MORBIHAN
Philippe Gouezin (1)
Resumé
A l’intérieur des espaces sépulcraux, des monolithes offrent une mise en scène évidente dans leurs
emplacements, leurs formes singulières et leurs aspects des surfaces. Ce phénomène atlantique concerne un
large spectre de types architecturaux. Certaines pierres dressées sont l’élément de départ de conception et de
mise en œuvre du projet architectural, intégration du monde des vivants dans le monde des morts. La réap-
propriation de cultes anciens, la protection et la mémoire des ancêtres et la complémentarité évidente entre
menhirs et dolmens met en avant un processus continue de transformation des dispositifs architecturaux. La
question d’éventuels dispositifs de pierres dressées à l’air libre postérieurement intégrés dans la construction
d’un dolmen, est celle qui nous occupera au travers de cet article.
Mots-clé: Mégalithisme, stèles, espaces sépulcraux, pierres dressées, remploi.
Abstract
Inside the sepulchral spaces, the monoliths have been selected and positioned for their physical at-
tributes or their visual impact, (appearance, size, shape, surface...). This Atlantic phenomenon applies to a
large range of architectural types. Raised stones are probably the initial elements in the conception and im-
plementation of the architectural project, that-is, the integration of the world of the living into the world of
the dead. The re-appropriation of ancient cults, the protection and the memory of the ancestors and the obvi-
ous complementarity between menhirs and dolmens leads us to study the continuous process of transfor-
mation of the architectural systems. The question of possible arrangements of raised stones in the open air
that can subsequently be integrated into the construction of a dolmen is the question we will address in this
article.
Key words: megaliths, stele, sepulchral spaces, raised stones, re-use.
(1) Doctorant, Université de Rennes 1, UMR 6566 du C.N.R.S. [email protected]
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1 - INTRODUCTION
Le démontage, l’abattage et le débitage
de pierres dressées puis leur intégration ou leur
remploi dans les espaces sépulcraux, sont des faits
majeurs dans les processus de construction des
monuments mégalithiques. Entre la destruction et
la réappropriation des éléments symboliques, la
mémoire des ancêtres perpétué, les éléments en
remploi montrent l’intérêt symbolique que les bâ-
tisseurs portaient aux éléments architecturaux
situés dans leur environnement. Quelques-uns de
ces monolithes offrent une mise en scène évidente
dans les couleurs, les états de surface, les position-
nements, les gravures, les formes. La variabilité
apparente de ces pierres dressées, bien différente
des autres dalles utilisées dans les mêmes projets
architecturaux, interroge à la fois sur leur fonction-
nalité, comme sur l’emplacement initiale de cer-
taines d’entre elles. Elles ne semblent pas avoir
d’utilité architectonique mais accentue des valeurs
symboliques fortes dont l’essence initiale nous
échappe.
Dans ses descriptions des dolmens à cou-
loir à chambre simple, J. L’Helgouach aborde en
quelques lignes, les piliers situés au centre des
chambres sépulcrales (L’Helgouach 1965). Il
s’interroge sur leur véritable fonction comme un
éventuel élément complémentaire à la mise en
place de couvertures en encorbellement ou sur le
sens rituel de leur présence. Les monuments qui
présentent ce détail architectural ne sont pas
nombreux et montrent une variabilité dans leur
positionnement. Des comparaisons avec quelques
monuments de la péninsule ibérique sont alors mis
en évidence avec des interprétations partagées
(Leisner 1943 ; Almagro et Arribas 1963).
En 1983, au fil de ses observations sur les
monuments de Locmariaquer, J. L’Helgouach dé-
montre la réutilisation importante de stèles bri-
sées dans la construction des tombes mégali-
thiques (L’Helgouac’h 1983). Il est, à ce propos, le
premier à utiliser le terme « stèle », menhir porteur
de symbole, car l’ensemble de ces monolithes por-
tent des gravures ou prennent un aspect anthropo-
morphe plus ou moins élaborée. Il s’interroge sur
la véritable fonction de ces pierres dressées déco-
rées et sur leur impact visuel dans le paysage. Les
morceaux réutilisés n’ont pas toujours mis en va-
leur les décors apparents comme l’ont montrés les
travaux menés sur le site emblématique de Gavri-
nis à Larmor Baden (Le Roux 1985).
Cette problématique dépasse largement
nos frontières armoricaines. Rappelons la synthèse
réalisée sur l’art mégalithique et le phénomène
des stèles dans la péninsule ibérique (Bueno et al.
2007), et les travaux de G. Robin sur l’art caché et
la question des réemplois autour de la mer
d’Irlande (Robin 2009). Dans tous les cas, l’origine
des dalles en position primaire et secondaire n’est
pas toujours très simple à entrevoir. Le cas particu-
lier d’une utilisation de dalles provenant de tels
dispositifs démantelés s’inscrit dans un processus
plus général, et continuel, de remaniement des
espaces sépulcraux et de réappropriation de ces
lieux de mémoire (Laporte 2011).
Récemment, lors du colloque sur la sta-
tuaire mégalithique de Saint-Pons de Thomières
en septembre 2012, L. Laporte a insisté sur la
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complémentarité évidente entre menhirs et dol-
mens, réservant ces deux termes à la description
de dispositifs architecturaux distinctes qui tous
deux, en revanche, comprennent un certain
nombre de pierres dressées. « Dans un processus
continue de transformation des architectures », il
constate que « ce n’est pas la présence de menhirs
en remploi dans certains dolmens qui puisse rendre
compte de phasages chronologiques, mais plutôt la
succession conjointe de formes différentes que pren-
nent chacun des dispositifs de type dis-
tincts » (Laporte 2015).
Dans ce cadre, la question d’éventuels
dispositifs de pierres dressées à l’air libre postérieu-
rement intégrés dans la construction d’un dolmen,
est celle qui nous occupera au travers de cet ar-
ticle. Nous nous baserons pour cela sur la docu-
mentation que nous avons accumulé sur les monu-
ments mégalithiques du Morbihan parmi celle qui
nous sert de base pour la réalisation d’une thèse en
cours à l’Université de Rennes I sous la direction de
L. Laporte. De tels cas de figure sont souvent diffi-
ciles à démontrer. L’exemple le plus emblématique
est sans doute celui du dolmen de la Casa de don
Pedro, en Andalousie , où le calage d’un menhir est
séparé par une couche stérile des calages corres-
pondant aux orthostates du dolmen (Gavilan et al.
2003). De tels arguments stratigraphiques ont été
invoqués, en Bretagne, pour la dalle de chevet de la
Fig.1.-Situation des sites référencés dans le texte. 1, Mané-Bras à Erdeven ; 2, Tuchenn Pol à Ploemeur ; 3, Roch er Vil à Locma-
riaquer ; 4, Le Rocher à Le Bono ; 5, Butten erHah à Groix ; 6, Coëby à Trédion ; 7, En Tri Men à Kervignac ; 8, Beudrec’h à
Crac’h ; 9, Mané er Loth à Locoal Mendon ; 10, Roch er Vras à St. Philibert ; 11, La Haye à St. Gravé : 12, Hardys-Béhellec à St.
Marcel ; 13, Mané-Rétual à Locmariaquer ; 14, Kercado à Carnac ; 15, Kerroyal à Plougoumelen ; 16, Gavrinis à Larmor-
Baden ; 17, Pen Hap à l’Île aux Moines ; 18, Kermarquer à La Trinité sur Mer ; 19, Kerourang à Crac’h ; 20, Goërem à Gâvres ;
21, Saint-Michel à Carnac ; 22, Mané Kerioned à Carnac ; 23, Les Mousseaux à Pornic (44) ; 24, Les Trois Squelettes à Pornic
(44) ; 25, Port-Louit à l’Île d’Hoëdic ; 26, Cosquer à Plouharnel ; 27, Table des Marchands à Locmariaquer ; 28, Château Bu à
St. Just (35) ; 29, Kerugou à Plovan (29) ; 30, Ty ar Boudiged à Brennilis (29) ; 31, Barnenez à Plouezoch (29) ; 32, Tombeau
des Martyrs à Nivillac ; 33, Grah-Niaul à Arzon.
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chambre de la Table des Marchands, à Locmaria-
quer (Cassen 2009), ou pour certaines des dalles
dressées constituant le couloir du dolmen de Port
Louit, à Hoëdic (Large 2004). Nous allons voir que,
dans le Morbihan, la question se pose en réalité
pour un nombre plus important de monuments
qu’on ne l’avait imaginé jusqu’à présent.
2 - ANALYSE DESCRIPTIVE DES DISPOSITIFS
ARCHITECTURAUX.
A partir des exemples précédents, les cri-
tères que nous utiliserons pour tenter d'individuali-
ser celles des pierres dressées à l'intérieur de l'es-
pace sépulcral (Bueno et al. 2007) qui pourraient
participer d'un tel dispositif antérieur sont :
Leurs emplacements privilégiés à l’intérieur des
espaces sépulcraux (chambre et couloir), en
placage devant les parois (chambres et cou-
loir) ou dans les parois.
Leurs formes singulières (taille, section), leur
degré de mise en forme et leur aspect an-
thropomorphe parfois bien marqué.
L'aspect des surfaces aux décors constitués de
gravures et de peintures, la couleur et
l’aspect de surface géologique de la pierre.
Nous commencerons par aborder le cas
des pierres dressées isolément au centre d’un es-
pace construit et couvert. En dehors peut-être des
dolmens à chambre compartimentée, leur fonction
architectonique paraît souvent assez aléatoire.
Nous aborderons ensuite le cas des pierres dres-
sées plaquées contre une paroi, celle-ci pouvant
elle-même être constituée de pierres dressées,
souvent qualifiés d’orthostates, ou de murettes en
pierre sèche. Parmi les pierres dressées intégrées
dans la construction des parois internes d’un dol-
men, certaines se distinguent enfin de toutes les
autres par leur forme, leur surface, leur couleur ou
leur décoration. Certaines d’entre elles au moins
pourraient-elles avoir été conservées d’un état an-
térieur du dispositif. Ce dernier point est sans
doute le plus difficile à interpréter, mais aussi de
ceux qui consolident le cadre général de notre ré-
flexion.
2.1 - Des pierres dressées, seules ou par paires, en
position centrale à l’intérieur des espaces sépul-
craux.
Le monument de La Haye en Saint-Gravé,
découvert en 1873 et décrit par A. Fouquet montre
un dolmen à couloir à chambre polygonale avec
des dimensions internes de 4,00 m de toute part
(Fouquet 1875). Les pierres dressées le long des
parois mesurent 1,00 m de haut. Deux pierres d’une
hauteur de 1,75 m et 1,70 m, se dressent au centre
de la chambre. Légèrement séparées par un espace
à leur base, elles se rejoignaient à leur sommet,
peut-être du fait du basculement de l’une d’entre
elles . La fouille de l’espace sépulcrale décrit la pré-
sence de plus en plus importante de cendre et de
charbons près des pierres dressées au centre de la
chambre. On pourrait imaginer que la construction
du dolmen à couloir se soit fait autour de ces deux
pierres dressées déjà en place (Laporte et al. 2011).
En revanche, les deux pierres dressées à
l’intérieur de la chambre sépulcrale du monument
n°14 des Hardys Béhélec, à Saint-Marcel, sont
moins hautes que les pierres dressées constituant
les parois de la chambre, hautes de 0,90 m. Elles
mesurent 0,60 m de haut et supportent une petite
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dalle horizontale. Celle-ci est située en dessous du
niveau de la dalle de couverture encore présente
sur la chambre sépulcrale (Marsille 1916) . Les
deux petites pierres dressées se positionnent juste
devant la dalle de chevet située à ouest de ce dol-
men à couloir à entrée évasée. Un tel dispositif
n’est pas sans rappeler les éléments du coffre qui
avait été découvert contre l’une des parois de la
chambre M du monument de la Hogue. Dans ce
dernier cas, il s’agit d’une chambre circulaire cou-
verte en encorbellement.
Le monument de Mané er Loth à Locoal-
Mendon possède deux pierres dressées dans l’es-
pace sépulcrale mais avec une plus grande ampli-
tude d’espace entres elles (Gouézin 2007) .) Au-
jourd’hui, la dalle de couverture repose sur l’une et
l’autre, comme sur certaines des dalles consti-
tuant les parois de la chambre. Mais l’état de con-
servation de ce monument ne permet pas de sa-
voir s’il s’agit là véritablement de sa configuration
initiale. La plus imposante des deux pierres dres-
sées au centre la chambre présente une partie
supérieure plane et tronquée. Elle possède des
gravures dans sa partie inférieure, du côté qui fait
face au couloir. Il pourrait s’agir d’une stèle en
remploi. Plus petite, celle située au nord présente
un profil effilé également similaire à celui de nom-
breuses pierres dressées isolément à l’air libre.
Le dolmen à couloir de Parc er Roc’h à
Beudrec sur la commune de Crac’h montre deux
Fig. 2.- Pierres dressées à l’air libre postérieurement intégrés dans la construction d’un dolmen : A, La Table des Marchands à
Locmariaquer, d’après S. Cassen (2009) ; B Dolmen de Las Casas Don Pedro à Belmez, Cordoba (Espagne) d’après B. Gavilan et
J.C. Vera (2003) ; C, Port-Louit à l’Île d’Houat, d’après J.M. Large (2004).
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pierres dressées situées à environ 0,80 m de l’en-
trée de la chambre et face au couloir d’accès. L’ac-
cès à la chambre se faisait probablement par la
droite avec un espace de passage de 0,80 m. Ce
système en baïonnette occulte complètement l’ap-
port de luminosité venant de l’extérieur par le cou-
loir d’accès. Celui-ci présente par ailleurs un tracé
au sol curieusement assez sinueux. La pierre dres-
sée à l’est est plus petite que celle située à l’ouest.
Elle est de même hauteur que celles constituant la
paroi est de la chambre, hautes de 0,80 m La pierre
dressée située à l’ouest mesure 1,00 m de haut.
Elle est plus grande que les orthostates de la paroi
ouest. Elle est donc la seule pierre dressée de tout
ce dispositif qui pourrait, le cas échéant, avoir assu-
mé une fonction de support pour la couverture.
Sur le massif des Landes de Lanvaux, à
l’intérieur du département du Morbihan, le monu-
ment très détérioré TRED4 de Coëby sur la com-
mune de Trédion montre une petite pierre dres-
sée isolée située à l’intérieur de l’imposante
Fig.3.- Des pierres dressées, seules ou par paires, en position centrale à l’intérieur des espaces sépulcraux : A, La Haye à Saint-Gravé, d’après Dr Fouquet (1975) ; B, Les Hardys Béhélec à Saint-Marcel d’après L. Marsille (1916) ; C, Mané er Loth à Locoal Mendon ; D, Beudrec, Parcer Roch à Crac’h ; E, En Tri Men Kervignac ; F, Coëby TRED4 à Trédion. Hors mention, dessins et pho-tos, P. Gouézin.
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chambre sépulcrale rectangulaire (Gouezin 1994)
(Fig. n° 3F). Le plus haut des orthostates conservés
en place dépasse de 1,50 m au-dessus du sol. La
présence d’une dalle de couverture basculée à
l’ouest permet d’affirmer la présence d’une couver-
ture mégalithique. Le monolithe mesure 1,00 m de
haut. Il n’a pas été cassé à son sommet. Celui-ci se
situait donc à au moins 0,50 m sous la hauteur sup-
posée pour la dalle de couverture. S’il ne s’agit pas
d’un élément implanté postérieurement à la ruine
du monument, aucun rôle fonctionnel de support
ne peut être attribué à cette pierre dressée dans la
chambre mégalithique.
Sensiblement similaire au précédent, le
monument d’En Tri Men à Kervignac montre une
chambre sépulcrale rectangulaire (Gouézin 2007)
(Fig. n° 3E). Il manque un nombre important d’élé-
ments architecturaux mais une pierre dressée si-
tuée au milieu de la chambre sépulcrale est encore
visible avec une hauteur de 1,80 m. Dans l’état ac-
tuel de ce monument ruiné, son extrémité supé-
rieure effleure seulement un redan du fragment de
dalle de couverture toujours en place. On ignore si
cette dernière reposait directement sur les orthos-
tates, ou si elle en était séparée par quelques as-
sises en pierre sèche. Dans tous les cas, il est en-
core peu probable que cette pierre dressée ait eu
un rôle fonctionnel. Bien que plus haute que celle
de TRED4 à Trédion, elle présente sensiblement la
même section quadrangulaire à la base.
Rappelons également à titre de comparai-
son dans le Finistère le monument de Ty ar Bou-
Fig.4.- Pierres dressées en placage sur les parois de la chambre : A, Roch er Vil à Locmariaquer ; B, Tuchenn-Pol à Kerham en
Ploemeur, d’après L. Le Pontois (1892) ; C, Butten er Hah, d’après L. Le Pontois (1928). Paires de pierres dressées à la jonction
entre chambre et antichambre : D, Mané Retual à Locmariaquer ; E, Roch Vras – Kerran à Saint-Philibert.
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diged à Brennilis avec sa pierre dressée située au
milieu de la chambre trapézoïdale dont la partie
supérieure ne touche pas la dalle de couverture, et
celui de Crugou à Plovan à l’architecture sensible-
ment identique avec non loin du fond de la
chambre sépulcrale deux pierres dressées qui sem-
blent soutenir la dalle de couverture (L’Helgouach
1965). L’ensemble mégalithique de Guénnoc à
Landéda montre dans les espaces sépulcraux GIc,
GIIa et c, GIIIa, b et c quelques stèles anthropo-
morphes qui s’inscrivent également dans notre
analyse (Giot 1987).
2.2 - Des pierres dressées en placage sur les parois,
parfois mégalithiques, des espaces sépulcraux.
Il est des pierres dressées qui, disposées
transversalement à la paroi, participent seulement
à la compartimentation de l’espace interne, sou-
vent au sein d’une même chambre sépulcrale.
D’autres en revanche sont disposées parallèlement
à la paroi contre laquelle elles semblent comme
plaquées. Se sont ces dernières qui nous intéresse-
ront ici. Elles sont souvent isolées ou disposées par
paires, en vis-à-vis, le long de parois continues,
mégalithiques ou non.
Pierres dressées en placage sur les parois de la
chambre:
A l’intérieur de la chambre sépulcrale de
Roch er Vil à Locmariaquer, une petite pierre d’en-
viron 1,00 m de hauteur se dresse en placage
contre ses parois mégalithiques, à l’est.Toujours en
placage, notons cette fois-ci à l’intérieur de l’es-
pace sépulcral la stèle gravée de Tuchenn Pol du
groupe de Kerhan à Ploemeur . Située à gauche de
l’entrée devant le premier orthostate, trois faces
de ce monolithe portent des gravures.
Dans la sépulture D du site de Butten er
Hah à Groix exploré par L. Le Pontois une impo-
sante pierre dressée occupe presque la moitié de la
surface de la chambre (L’Helgouach 1965). Elle
mesure 1,90 m de hauteur avec une largeur de 1,80
et une épaisseur de 0,75 m (Le Pontois) .Cette
pierre dressée était vraisemblablement en place
avant l’édification de la chambre sépulcrale, les
assises en débord visibles sur le plan ont pu servir
de support à une dalle de couverture plutôt qu’à un
véritable encorbellement. La fonction architecto-
nique de cette pierre dressée est énigmatique, son
intégration dans cet ensemble mégalithique
semble la plus logique.
Paires de pierres dressées à la jonction entre
chambre et antichambre :
La chambre sépulcrale du dolmen de Ma-
né-Rétual à Locmariaquer est divisée en deux par-
ties par deux monolithes. Cette division de l’espace
interne entre chambre et anti chambre rappelle
curieusement celle de la chambre H de Barnenez à
Plouezoch (Finistère). A Mané Rétual, la pierre
dressée au nord porte une gravure et des cupules.
Le type de gravure semble correspondre à une ty-
po-chronologie ancienne (Leroux 2003). Le dol-
men de Roch Vras à Kerran 2 en Saint-Philibert
possède également un monolithe qui semble faire
office de séparation entre une anti chambre et la
chambre sépulcrale (Fig. n° 4E). Sa forme effilée a
plus l’aspect d’une stèle anthropomorphe que celle
d’un orthostate pouvant supporter une dalle de
couverture, malheureusement, l’état du monu-
ment ne permet pas d’en dire plus.
Pierres dressées dans le couloir d’accès :
Dans un des espaces sépulcraux de l’en-
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semble mégalithique de Mané Bras à Erdeven, une
petite pierre dressée a été positionnée en placage
de la paroi nord-ouest du couloir d’accès aux deux
tiers de sa longueur. Elle est travaillée, dépasse
légèrement en hauteur les autres dalles du couloir
mais n’atteint pas le dessous des dalles de couver-
ture présentes . De tels monolithes en placage sont
également visibles dans le complexe mégalithique
de Barnenez à Plouezoch dans le Finistère dans les
couloirs d’accès des espaces sépulcraux G, G’, J, D
et E (Giot 1987).
A titre de comparaison rappelons le cas du
dolmen de Run a Our en Plomeur dans le Finistère,
détruit et reconstruit dans le jardin du Musée de
Penmarc’h, qui possède également deux pierres
dressées situées dans le couloir d’accès latéral (Du
Chatelier 1881). Enfin, le monument « coudé» du
Rocher au Bono possède dans l’angle couloir /
chambre sépulcrale une pierre dressées au profil
quadrangulaire .
2.3 - Des pierres qui se distinguent de toutes les
autres dressées contre les parois
Peu d’attention a été portée jusqu’à pré-
sent à la forme de chaque pierre dressée le long des
parois du couloir ou de la chambre des monuments
mégalithiques bretons (Laporte et al. 2011). Pour-
Fig.5.- Pierres dressées dans le couloir d’accès : A, Mané-Bras à Erdeven ; B, Le Rocher à Le Bono, d’après J. L’Helgouach et P.L.
Gouletquer (1965). Des pierres qui se distinguent de toutes les autres dressées contre les parois : C, Genestre à St. Allouestre.
Pierres d’angle dressées à la jonction entre la chambre et le couloir : D, Kercado à Carnac, d’après Z.Le Rouzic (1927) ; E, Gavrinis
à Larmor Baden, d’après C.T. Le Roux (1985). Hors mention, dessins et photos, P. Gouézin.
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tant, leur séquence se révèle parfois riche de sens,
comme pour celles disposées en façade orientale
du grand cairn de Barnenez (Laporte et Cousseau, à
paraître). Nous nous attarderons plutôt ici sur les
monolithes pour lesquelles nous nous interrogeons
quant à leur implication, in situ, dans un dispositif
de pierres précédemment dressées à l’aire libre au
même emplacement. Bien évidemment, si ces
dalles présentent des spécificités originales de cou-
leur ou de surface, au-delà de notre analyse, ces
dernières peuvent s’intégrer dans une démarche
architectonique globale. Le dolmen en allée cou-
verte de Genestre à Saint-Allouestre pourrait en
être le meilleur exemple. La pierre dressée située à
l’entrée et sur la paroi nord-est est beaucoup plus
profondément ancrée dans le sol que toutes les
autres. Son implantation pourrait ainsi précéder
celle du monument funéraire .
Pierres d’angle dressées à la jonction entre la
chambre et le couloir :
L’une des deux pierres dressées à l’entrée
du dolmen de Kercado à Carnac, celle située au sud,
montre une face anthropomorphe avec épaulement
(L’Helgouach 1996). Le monument de Keroyal 1 à
Plougoumelen laisse apparaitre à la jonction entre
le couloir et la chambre, du côté nord-est, un mono-
lithe qui semble être positionné comme une stèle.
Sa forme effilée, sa section quadrangulaire travail-
lée et son positionnement légèrement avancée
dans la chambre sépulcrale semblent être un élé-
ment pertinent pour notre analyse.
Dans le monument de Gavrinis à Larmor
Baden un monolithe situé à la jonction couloir d’ac-
cès / espace sépulcral cache une gravure sur une
face non visible et un autre orthostate monte une
dalle arrondie tronquée couvert de crosses dont
l’assemblage rappelle la dalle de chevet du dolmen
de la Table des Marchands (Le Roux 1985). La pierre
dressée avec son décor caché qui présente une
hache polie dans sa gaine est soit en remploi ou soit
en position primaire. Ce même cas de figure se re-
trouve sur une pierre dressée positionnée dans le
même angle de l’espace sépulcral du dolmen à cou-
loir de Pen Hap à l’Île aux Moines (Le Roux 1985 ;
Shee Twohig 1981). Cette dalle montre côté inté-
rieur sensiblement le même décor que celui de Ga-
vrinis, une sorte de gaine avec à l’intérieur une
hache polie et sur sa face opposée un décor caché
dont l’interprétation reste encore bien confuse
(araire, cachalot, arme….).
Dans un positionnement d’angle, le dol-
men à couloir de Kermarquer à La Trinité sur Mer
possède une petite pierre travaillée au sommet ar-
rondi à la jonction espace sépulcral et cellule an-
nexe (Fig. n° 6C). Elle a une hauteur d’un mètre et
l’aspect d’une stèle mais sans décor apparent. Le
monument de Tuchenn Pol-Kerham à Ploemeur
possédait aussi une stèle sectionnée située à droite
en entrant dans l’espace sépulcral.
Pierres qui se distinguent de par leur nature géolo-
gique différente, ou un aspect de surface original :
Les découvertes récentes de peintures pré-
historiques dans quelques monuments de l'ouest de
la France ont permis de mettre en évidence un pa-
nel iconographique inédit et de s’interroger sur l’ori-
gine de certaines d’entre-elles. Ainsi, dans le dol-
men en allée couverte à entrée latérale de Goërem
à Gâvres (L’Helgouach 1970), une pierre dressée,
située dans le dernier compartimentage interne de
la chambre sépulcrale, nous dévoile une série de
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peintures préhistoriques tout à fait intéressante.
L’ensemble des motifs peints de couleur noir,
semble se positionner dans un contexte chronolo-
gique plus ancien que le type architectural dans
lequel il se trouve à l’inverse des gravures présentes
sur quelques orthostates de l’espace sépulcrale.
Notons la présence de deux pierres dressées trans-
versales dans l’espace sépulcral, trop fines pour
être des orthostates. Le dolmen à couloir du Cos-
quer à Plouharnel montre également une pierre
dressée à la surface et contour travaillées qui pour-
rait avoir gardée quelques traces de peintures .
La nature même de la roche de certaines
pierres dressées sa forme ou encore son aspect de
surface ont, semble-t-il, parfois été mis en valeur.
Ainsi, le monument du Rocher au Bono présente
une pierre dressée à surface mamelonnée située
dans la paroi nord-ouest peut après le coude de
l’espace sépulcral et proche de la pierre dressée en
placage (Laporte à paraitre). Dans le même re-
gistre, le dolmen 2 du Tumulus Saint-Michel à Car-
nac montre dans son amorce de couloir d’accès, sur
sa gauche, une pierre dressée également mame-
lonnée. Le dolmen 3 du même site montre une
pierre dressée avec une proéminence en relief,
Fig.6.- Pierres d’angle dressées à la jonction entre la chambre et le couloir : A, Keroyal à Plougoumelen ; B, Pen-Hap à l’Île aux
Moines ; C, Kermarquer à La Trinité sur Mer, d’après J. L’Helgouach (1965). Pierres qui se distinguent de par leur nature géolo-
gique différente, ou un aspect de surface original : D, Goërem à Gâvres, d’après J. L’Helgouach’h (1970), photo P. Gouézin
(2011) ; E, Le Cosquer à Plouharnel. Hors mention, dessins et photos, P. Gouézin.
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proéminence qui se retrouve dans la paroi du dol-
men de Mané-Kerioned à Carnac. Le monument
des Mousseaux à Pornic en Loire-Atlantique est
également un bel exemple d’utilisation de pierres
dressées aux aspects de surface dont la vision dans
un environnement sombre, seulement éclairée par
des torches ou par un éclairage naturel par le cou-
loir, interpelle l’imagination. Le monument de la
Motte de la Jacquille à Fontenille en Charente
possède ce type d’orthostates dans le couloir et
dans la chambre sépulcrale .
La mise en scène d’une pierre dressée en
quartz blanc est visible dans quelques projets ar-
chitecturaux comme à Nivillac dans la paroi nord
du couloir du Tombeau des Martyrs, dans la paroi
Fig. 7.- Pierres qui se distinguent de par leur nature géologique différente, ou un aspect de surface original : A, Le Rocher au
Bono ; B, Le Tumulus St. Michel à Carnac, sépulture n° 2 ; C, Le Tumulus St. Michel à Carnac, sépulture n° 3 ; D, Mané-
Kerioned à Carnac ; E, Les Trois Squelettes à Pornic (44) ; F, G, H, Les Mousseaux à Pornic (44) ; I, La Motte de La Jacquille à
Fontenille (16). Hors mention, dessins et photos, P. Gouézin.
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nord-est du couloir d’accès de Gavrinis à Larmor-
Baden, à l’entrée du monument de Kerlard sur l’île
de Groix, dans le dolmen à couloir du Château Bu à
Saint-Just en Ille et Vilaine ou encore dans les mo-
numents des Trois Squelettes à Pornic en Loire-
Atlantique .
3 - DISCUSSION
Au terme de ces observations, la mise en
scène de certaines pierres dressées à l’intérieur des
espaces sépulcraux nous amène à nous interroger
sur la fonction et l’origine de ces monolithes parti-
culiers. Contemporaines ou plus anciennes, elles
ont été soit mises en forme et mises en place lors
du projet architectural, soit déplacées pour ce
même projet architectural, soit utilisées in situ et
intégrées dans le projet concerné. En revanche,
nous nous sommes affranchi de reprendre toute
les observations déjà réalisées concernant le
nombre important de fragments de pierres dres-
sées en remploi, utilisées concomitamment. Elles
participent pleinement à ce processus de mise en
œuvre et de remaniement constant des espaces
sépulcraux. Ce constat est surement le même dans
les dispositifs de pierres dressées à l'air libre. Il ne
vaut pas, d'ailleurs, que pour les pierres dressées.
Un phénomène similaire est présent dans la vallée
de la Loire, et dans le centre de la France, par le
remploi de polissoirs fixes dans la construction de
nombreux dolmens (Laporte 2010, à paraitre).
Cette problématique dépasse largement
les frontières armoricaines. Rappelons la synthèse
réalisée sur l’art mégalithique et le phénomène des
stèles dans la péninsule ibérique (Bueno Ramirez et
al. 2007) ainsi que les travaux de G. Robin sur l’art
caché et la question des réemplois autour de la
mer d’Irlande montrent aussi que (Robin 2009).
Entre les pierres dressées en position primaire et
secondaire, l’origine n’est pas toujours très simple
à entrevoir, mais là encore, un processus continuel
de remaniement des espaces sépulcraux et d’utili-
sation de dalles provenant d’autres dispositifs
proches est bien marqué. Quelques monuments
du néolithique récent possèdent des dalles cou-
vertes de cupules qui proviennent de rochers sa-
cralisés et utilisés dans les projets architecturaux.
La plupart des cupules se situent sur la partie supé-
rieure des dalles de couverture. Elles n'étaient
donc pas visibles car enfouies à l'intérieur de la
construction. L’étude du dolmen en allée couverte
de Roh-Coh-Coët à Saint Jean Brévelay montre un
autre aspect par le remploi, dans les carrières,
d'ébauches de pierres dressées (Gouézin 2015).
Ce phénomène atlantique concerne un
large spectre de types architecturaux, mais peu de
monuments ont été fouillés. Certaines pierres
dressées sont l’élément de départ de conception et
de mise en œuvre du projet architectural alliant
une intégration et une appropriation d’un bloc hau-
tement symbolique ou en connexion avec un as-
pect géologique et naturel atypique. Cette intégra-
tion du monde des vivants dans le monde des
morts, un passage de l’un vers l’autre « de la lu-
mière vers les ténèbres » comme le précise J.
L’Helgouach (1996), d’un milieu à l’air libre dans un
milieu fermé et obscur dont les formes, les cou-
leurs et gravures prenaient en plus une autre di-
mension visuelle. La réappropriation de cultes an-
ciens, la protection et la mémoire des ancêtres
sont quelques pistes à exploiter.
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