Zoonoses et contexte opérationnel: facteurs de risque et ......chlamydiose, de salmonellose ou...

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Dossier « Vétérinaire » médecine et armées, 2010, 38, 3, 213-220 213 Zoonoses et contexte opérationnel : facteurs de risque et prévention. En opération extérieure, le maintien des capacités opérationnelles du personnel militaire est une priorité. Cela passe, notamment, par un ensemble de mesures d’ordre essentiellement sanitaire, en relation avec les risques induits par les contacts avec les animaux, par la consommation de denrées alimentaires ou par la pollution des eaux. Ce type de préoccupation est particulièrement d’actualité dans les pays en voie de développement où les contacts directs ou indirects entre l’animal et l’homme exposent les militaires à l’éventualité de contracter une zoonose. Dans ce contexte, les vétérinaires des armées sont chargés d’analyser les risques et de proposer des mesures préventives. Le présent article donne un aperçu des dangers liés à l’animal et de leur mode de transmission à l’homme, avant de détailler les facteurs de risque liés à l’environnement, aux conditions de déploiement et à certains comportements du personnel militaire. Les mesures de prévention sont ensuite présentées. Mots-clés : Zoonose. Opération extérieure. Prévention. Hygiène. Résumé During foreign operations, maintaining operational capabilities of military personnel is a priority. This requires to preserve the military personnel’s health which is often linked to animal health and food of animal origin. This is especially true in countries where the development of contacts between animals and humans are frequent, thus exposing soldiers to the risk of contracting a zoonotic disease. In this context, veterinarians are responsible for analyzing the risks and proposing preventive measures. This article outlines the dangers associated to animals and exhibits their modes of transmission, before detailing the risk factors related to environment, deployment conditions and certain behaviours of military personnel. Preventive measures are then presented. Keywords: Hygiene. Military operation. Prevention. Zoonosis. Abstract Introduction. En opération extérieure (Opex), les militaires sont appelés à accomplir leurs diverses missions dans des environnements où le contexte épidémiologique, différent de celui de la métropole, est favorable particulièrement à l’émergence de zoonoses, liées aux contacts directs avec des animaux sauvages, commensaux ou domestiques, à l’utilisation d’eau contaminée par des déjections animales ou à la consommation de denrées alimentaires d’origine animale. Ces zoonoses, au nombre de 200, sont définies par l’organisation mondiale de la santé comme étant des maladies ou des infections naturellement transmissibles de l’animal vertébré à l’homme et vice versa. Elles peuvent être d’origine virale, bactérienne, parasitaire ou mycosique (1). Les conditions spécifiques de la vie en campagne (fig. 1), dans des pays parfois dévastés par des actions de guerre, de même que certains comportements « à risques » des personnels militaires rendent difficile la A. KAROM, vétérinaire commandant, praticien confirmé. C. GIRARDET, vétérinaire principal, praticien confirmé. M. EL ALLOUCHI, vétérinaire capitaine. E. ATHIAS, vétérinaire capitaine. G. BORNERT, vétérinaire en chef, professeur agrégé du Val-de-Grâce. P. ULMER, vétérinaire chef des services, professeur agrégé du Val-de-Grâce. Correspondance : A. KAROM, École royale de cavalerie des forces armées royales du Maroc, 12000 Temara – Maroc. E-mail : [email protected] A. Karom a , C. Girardet b , M. El Allouchi a , E. Athias c , G. Bornert d , P. Ulmer e . a. École royale de cavalerie des forces armées royales du Maroc, 12000 Temara – Maroc. b. Secteur vétérinaire de Paris, 1 place Joffre – 75007 Paris. c. Service vétérinaire des forces armées nationales de Côte d’Ivoire, BPV 11 – Abidjan, Côte d’Ivoire. d. Direction régionale du Service de santé des armées de Brest, BCRM Brest, CC5 – 29240 Brest Cedex 9. e. Direction centrale du Service de santé des armées, sous direction action scientifique et technique, bureau vétérinaire, Fort neuf de Vincennes, cours des Maréchaux – 75012 Paris. ZOONOSES AND OPERATIONAL CONTEXT: RISK FACTORS AND PREVENTION. D O S S I E R

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Dossier « Vétérinaire »

médecine et armées, 2010, 38, 3, 213-220 213

Zoonoses et contexte opérationnel : facteurs de risque

et prévention.

En opération extérieure, le maintien des capacités opérationnelles du personnel militaire est une priorité. Cela passe,notamment, par un ensemble de mesures d’ordre essentiellement sanitaire, en relation avec les risques induits par lescontacts avec les animaux, par la consommation de denrées alimentaires ou par la pollution des eaux. Ce type depréoccupation est particulièrement d’actualité dans les pays en voie de développement où les contacts directs ou indirectsentre l’animal et l’homme exposent les militaires à l’éventualité de contracter une zoonose. Dans ce contexte, lesvétérinaires des armées sont chargés d’analyser les risques et de proposer des mesures préventives. Le présent articledonne un aperçu des dangers liés à l’animal et de leur mode de transmission à l’homme, avant de détailler les facteurs derisque liés à l’environnement, aux conditions de déploiement et à certains comportements du personnel militaire. Lesmesures de prévention sont ensuite présentées.

Mots-clés : Zoonose. Opération extérieure. Prévention. Hygiène.

Résumé

During foreign operations, maintaining operational capabilities of military personnel is a priority. This requires topreserve the military personnel’s health which is often linked to animal health and food of animal origin. This isespecially true in countries where the development of contacts between animals and humans are frequent, thus exposingsoldiers to the risk of contracting a zoonotic disease. In this context, veterinarians are responsible for analyzing the risksand proposing preventive measures. This article outlines the dangers associated to animals and exhibits their modes oftransmission, before detailing the risk factors related to environment, deployment conditions and certain behaviours ofmilitary personnel. Preventive measures are then presented.

Keywords: Hygiene. Military operation. Prevention. Zoonosis.

Abstract

Introduction.

En opération extérieure (Opex), les militaires sontappelés à accomplir leurs diverses missions dans desenvironnements où le contexte épidémiologique,différent de celui de la métropole, est favorable

particulièrement à l’émergence de zoonoses, liées auxcontacts directs avec des animaux sauvages, commensauxou domestiques, à l’utilisation d’eau contaminée par desdéjections animales ou à la consommation de denréesalimentaires d’origine animale. Ces zoonoses, au nombrede 200, sont définies par l’organisation mondiale de lasanté comme étant des maladies ou des infectionsnaturellement transmissibles de l’animal vertébré àl’homme et vice versa. Elles peuvent être d’origine virale,bactérienne, parasitaire ou mycosique (1).

Les conditions spécif iques de la vie en campagne(fig. 1), dans des pays parfois dévastés par des actions deguerre, de même que certains comportements « àrisques » des personnels militaires rendent difficile la

A. KAROM, vétérinaire commandant, praticien confirmé. C. GIRARDET,vétérinaire principal, praticien confirmé. M. EL ALLOUCHI, vétérinaire capitaine.E. ATHIAS, vétérinaire capitaine. G. BORNERT, vétérinaire en chef, professeuragrégé du Val-de-Grâce. P. ULMER, vétérinaire chef des services, professeuragrégé du Val-de-Grâce.Correspondance: A. KAROM, École royale de cavalerie des forces armées royalesdu Maroc, 12000 Temara – Maroc.E-mail : [email protected]

A. Karom a, C. Girardet b, M. El Allouchi a, E. Athias c, G. Bornert d, P. Ulmer e.

a. École royale de cavalerie des forces armées royales du Maroc, 12000 Temara – Maroc.b. Secteur vétérinaire de Paris, 1 place Joffre – 75007 Paris.c. Service vétérinaire des forces armées nationales de Côte d’Ivoire, BPV 11 – Abidjan, Côte d’Ivoire.d. Direction régionale du Service de santé des armées de Brest, BCRM Brest, CC5 – 29240 Brest Cedex 9.e. Direction centrale du Service de santé des armées, sous direction action scientifique et technique, bureau vétérinaire, Fort neuf de Vincennes, cours des Maréchaux – 75012 Paris.

ZOONOSES AND OPERATIONAL CONTEXT: RISK FACTORS AND PREVENTION.

DOSSIER

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maîtrise des dangers et exposent les forces à desconséquences graves. Les enquêtes de terrain montrent lacomplexité de l’épidémiologie des zoonoses parcomparaison aux affections strictement humaines ouanimales, et mettent l’accent sur la nécessité d’unesurveillance épidémiologique, fondement d’actions deprévention (2).

L’objectif de ce travail est de rappeler les dangersassociés aux animaux et aux denrées d’origine animale etde mettre l’accent sur les facteurs de risque spécifiques ducontexte opérationnel. Sur la base de ces éléments, lastratégie de prévention à adopter sera présentée, destinéeà maintenir les capacités opérationnelles des militaires.

Identification des dangers et desmodes de contamination.

Les zoonoses transmises à l’homme par les animaux, demanière directe ou indirecte, sont nombreuses etd’origine variée. Certaines existent en France ; d’autressont exclusivement exotiques.

En opérations, la rage figure évidemment en bonneplace dans l’environnement des militaires et constitue le danger le plus redouté, de par sa gravité mais aussi en raison de sa fréquence élevée dans tous les pays où des forces françaises sont actuellement déployées, enAfrique comme en Afghanistan ou au Liban. Les autres zoonoses d’intérêt peuvent être d’origine virale,bactérienne, parasitaire ou mycosique, dont certainessont extrêmement graves et parfois mortelles.

La transmission d’agents de zoonoses peut s’effectuerpar contact, par aérosols, par piqûres d’arthropodes, parl’eau ou par les aliments. Concernant la transmission parcontact direct, en plus de la rage qui représente le chef def ile, les principales affections à redouter sont lesleptospiroses et la fièvre hémorragique d’Ebola. Lesprincipaux dangers, regroupés par origine en fonction desespèces animales, sont présentés dans le tableau I.

La transmission peut survenir de façon indirecte, viades vecteurs actifs (tiques, phlébotomes…). Ainsi, mêmesi maladie vectorielle en Opex rime principalement avec

paludisme, il n’en reste pas moins que d’autres affectionszoonotiques sont à considérer telles que la maladie deWest-Nile, la leishmaniose, les trypanosomoses ou lafièvre de la vallée du Rift (2). La propagation rapide decette dernière maladie pose d’ailleurs actuellement laquestion d’une extension à l’Europe (3).

Les produits alimentaires d’origine animale, provenantd’animaux parasités ou infectés peuvent aussi être àl’origine d’une contamination de l’homme. Il s’agit làd’un mode de transmission assez habituel pour desmaladies toujours d’actualité dans de nombreux pays,dont un aperçu est présenté dans le tableau II.

Une contamination indirecte peut aussi être assurée parla consommation d’eau, par la baignade ou d’une manièregénérale par l’environnement souillé par des déjections,secrétions et excrétions animales. D’une manièregénérale, la préoccupation la plus significative, danscertaines régions du monde, est représentée par lesbilharzioses. En ce qui concerne la cryptosporidiose, laparticipation du réservoir animal est probablementmoindre que celle de l’homme dans la pollution des eaux.Le tableau III présente un aperçu des modes detransmission à l’homme des principales zoonoses.

Facteurs de risque en contexteopérationnel.

Environnement.Le contexte épidémiologique du pays où sont projetées

les forces conditionne l’importance du risque infectieuxet parasitaire. Certaines affections, comme la rage, sontendémiques en Afrique et en Asie avec le chien commevecteur principal ; d’autres sont en relation avecl’écosystème naturel, comme dans le cas des arboviroses.Ces maladies sévissent de façon particulière dans lesrégions tropicales, qui offrent un terrain propice à laprolifération des vecteurs et des réservoirs (2).

La situation dégradée sur les théâtres d’opérations,avec souvent une population locale en détresse et denombreux animaux de compagnie abandonnés, contribueaussi largement à l’augmentation du nombre d’animauxerrants (f ig. 2). Les chiens s’organisent souvent enmeutes et ont tendance à se regrouper autour de sources denourriture. Les contacts accidentels entre le personnelmilitaire et ces animaux, au statut sanitaire inconnu,deviennent ainsi de plus en plus fréquents, accroissant lerisque zoonotique. En outre, la méconnaissance deszoonoses, de leur mode de transmission et de leur gravitéest à l’origine de comportements irresponsables depersonnels, qui nourrissent les animaux errants (4).

Conditions de déploiement des forces.Dans un environnement difficile, une force militaire se

voit souvent contrainte de s’installer de façon précaire, aumoins durant la phase d’engagement sur un théâtre, avecinévitablement une majoration des risques associés detransmission de maladies : protections insuffisantescontre les rongeurs et vecteurs animés, gestion hasardeusedes installations sanitaires, difficultés pour éliminer lesdéchets… Une autre préoccupation, particulièrement

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Figure 1. Camp militaire français sous tentes sur l’aéroport de Kaboul (Afghanistan).

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critique lors de la phase de déploiement, est d’assurerl’approvisionnement en denrées alimentaires et en eauxdestinées à la consommation humaine (EDCH) au profitdes effectifs militaires positionnés sur le théâtre. Lescontraintes logistiques conduisent parfois la force à seravitailler sur place, notamment en viandes fraîches, dansdes pays où l’inspection sanitaire vétérinaire est souventdéfaillante et les conditions d’hygiène de l’abattage desanimaux de boucherie parfois très mauvaises (fig. 3).

Comportements à risque.Divers comportements, assez habituellement constatés

chez le militaire en mission opérationnelle, conduisent àune majoration très significative du risque de zoonose.

Tout d’abord, il importe de retenir que la présence decertaines espèces animales originales, singes, aras,mangoustes, fennecs, est un facteur de risque majeur, en

raison de l’engouement du grand public, donc de certainspersonnels militaires, pour ces « nouveaux animaux decompagnie » (NAC). En contexte opérationnel,l’isolement et le stress lié à la vie dans un milieu hostilesont trop souvent à l’origine de comportementsdéraisonnables des militaires, qui adoptent des animauxsauvages (4). Ce constat n’est pas nouveau et vaut pour la plupart des dispositifs militaires. Longtemps limité à l’adoption de chiens errants (fig. 4), voire de chats, le penchant pour les animaux mascottes prend désormais une dimension nouvelle, d’un point de vuesanitaire. Les primates, par exemple sont à l’origine d’un risque sanitaire particulièrement sérieux du fait de leur proximité phylogénétique avec l’homme (fig. 5).Les principales zoonoses à redouter sont alors la rage, lapasteurellose, les salmonelloses, la tuberculose, l’herpes-virose B. Les singes africains sont susceptibles de

215zoonoses et contexte opérationnel : facteurs de risque et prévention

DOSSIER

Virus Bactéries Parasites Micromycètes

Chiens, renards,fennecs

RagePasteurelloseLeptospiroses

EchinococcosesLeishmanioseAscaridioseGiardiose

EchinococcosesLeishmanioseAscaridioseGiardiose

Teignes et autres dermatophytosesCryptococcose

Chats RagePasteurelloseLeptospirosesBartonellose

ToxoplasmoseAscaridiose

Teignes et autres dermatophytosesCryptococcose

Primates

Rage,Fièvre jaune

Fièvre d’EbolaMaladie de Marburg

VarioleHerpès BHépatite A

Pasteurellose,Shigellose,

Leptospiroses

ToxoplasmoseGiardiose

CysticercoseCryptosporidioseStrongyloidose

Trichuriose

Teignes et autres dermatophytosesCryptococcose

Ruminants sauvageset domestiques

RageFièvre de la vallée du Rift

Fièvre QFièvre hémorragique de

Crimée-Congo

EhrlichioseLeptospiroses

BrucelloseTuberculose

Charbon bactéridienSalmonelloses

Trichinellose Teignes et autres dermatophytoses

Sangliers et porcs

RageEncéphalite japonaise

GrippeInfection par le virus de Nipah

LeptospirosesBrucellose

TuberculoseCharbon

Salmonelloses

Trichinellose Teignes et autres dermatophytoses

Equidés

RageFièvre à virus West-NileMéningo-encéphalites

Infection par le virus Hendra

MorveCharbon bactéridien

LeptospirosesTeignes et autres dermatophytoses

Rongeurset lagomorphes

RageFièvre de Lassa Hantavirose,

Encéphalite à tique

TularémiePeste

Leptospirose TuberculosePseudotuberculose

Borréliose

Teignes et autres dermatophytoses

Oiseaux

ChlamydioseTuberculose

SalmonellosesCampylobactériose

Toxoplasmose Teignes et autres dermatophytoses

Reptiles

SalmonellosesTuberculose,

Fièvre QCampylobactériose

OphidascarosePentastomose

Zygomycoses

Tableau I. Identification des principaux agents de zoonoses en fonction des espèces animales.

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transmettre les f ièvres hémorragiques (virus Ebola,f ièvre de Marburg…). Les oiseaux, notamment lesperroquets fréquemment adoptés par les militaires enOpex, peuvent être responsables de cas humains dechlamydiose, de salmonellose ou même d’influenzaaviaire. Quant aux reptiles, ils hébergent de façoninapparente des salmonelles (5). Les zoonoses transmisespar ces NAC sont nombreuses et parfois graves ; parailleurs, la tentation est forte de ramener ces animaux enFrance à l’issue de la mission, ce qui pose alors leproblème de l’éventuelle introduction sur le territoireeuropéen d’agents pathogènes « exotiques » (6).

Une autre pratique à risque est la chasse des animauxsauvages, pour le plaisir ou dans le cadre d’entraînementsà la survie en milieu hostile. Cette pratique favorise lescontacts avec les animaux et accroît les risques sanitairespour les militaires. La consommation des denrées issuesde ces activités peut aussi exposer de façon critique lespersonnels à des agents particulièrement dangereux. Àtitre d’exemple, la viande de phacochère constitue enAfrique un réservoir pour les trichines. La consommationde ces viandes après une cuisson modérée (grillades)représente alors un autre facteur de risque majeur. Dans le

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Famille de denréesPrincipaux agents de zoonoses

associés

Viandes de porc

Bactéries :

SalmonellesYersinia enterocolitica

Parasites :

Trichinella spp.Taenia solium

Sarcocystis sui-hominis

Viandes de bovins

Bactéries :

SalmonellesEscherichia coli producteurs de vérotoxines

Mycobacterium bovis

Parasites :

Taenia saginataSarcocystis bovi-hominis

Viandes de petitsruminants

Bactéries :

Salmonelles

Parasites :

Toxoplasma gondii

Viandes de volailles

Bactéries :

SalmonellesCampylobacter spp.

Mycobacterium avium

Produits de la pêche

Bactéries :

SalmonellesVibrio parahaemolyticus

Parasites :

Anisakis simplexPseudoterranova decipiens

Trématodes de la F/Opistorchiidés, enparticulier Clonorchis sinensis et

Opistorchis felineusGastrodiscoides hominis

Watsonius watsoniParagonimus westermanni

Diphyllobothrium latum

Toutes denrées(contamination lorsde manipulation)

Giardia intestinalisCyclospora cayetanensis

Balantidium coliToxoplasma gondii

Echinococcus granulosus

Eaux de boisson

Bactéries :

SalmonellesEscherichia coli

producteurs de vérotoxines

Parasites :

Cryptosporidium spp.Giardia intestinalis

Spirometra spp

Tableau II. Principaux agents de zoonoses susceptibles d’être transmis par lesdenrées alimentaires d’origine animale et par les eaux de boisson.

Maladies Modes de transmission

Rage Contact direct (morsure, griffure, léchage)

Influenza aviaire Voie respiratoire

Leishmaniose Vecteur (phlébotome)

Trypanosomoses Vecteur (moustiques)

Virus West-Nile Vecteur (moustiques)

Ehrlichiose/Maladie de Lyme Vecteur (tiques)

Fièvre jaune Vecteur (moustiques)

Fièvre de la vallée du Rift Contact ou vecteur (moustiques)

HantaviroseEnvironnement, par voie respiratoire

indirecte

Fièvre hémorragique deCrimée Congo

Contact direct, vecteur (tiques),nosocomial

Variole du singe Contact direct ou environnement

Fièvre hémorragique d’Ebola Contact ou environnement

Herpès virus B (singesd’Asie)

Contact direct (morsure, griffure)

LeptospirosesContact direct (urines) ou indirect (eaux de

baignade).

Bartonellose Contact direct, vecteur (puces, poux)

Shigellose Voie alimentaire indirecte

TularémieContact (peau saine), voie respiratoire,voie alimentaire directe, vecteur (tiques)

Charbon bactérienContact direct ou environnement (voie

respiratoire ou peau lésée)

SalmonelloseVoie alimentaire, environnement

(déjections animales)

BrucelloseContact, voie alimentaire directe, voie

respiratoire

Tuberculose Voie respiratoire, voie alimentaire directe

Trichinellose Voie alimentaire directe

ToxoplasmoseVoie alimentaire directe (kystes) et

indirecte (oocystes)

Giardiose - Cryptosporidiose Environnement, voie alimentaire indirecte

Echinococcose - HydatidoseVoie alimentaire indirecte (manipulation

d’aliments avec des mains souillées)

Tableau III. Modes de transmission des principales zoonoses.

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domaine alimentaire, le consommateur français secaractérise par des habitudes culinaires particulièrementhasardeuses. L’engouement pour les viandes saignantes,ou même crues, ou pour les préparations à base d’œufscrus (mayonnaises, crèmes) et, d’une manière générale,la recherche permanente d’une certaine forme degastronomie sont autant de facteurs qui favorisent lasurvie voire le développement des agents pathogènesdans nos aliments. Le militaire en opérations n’échappepas à cette règle, même lorsque la précarité desinstallations n’autorise pas, en principe, les prouessesculinaires. Par ailleurs, le recours à la restauration localereprésente une autre habitude regrettable pour despersonnels engagés dans un dispositif opérationnel.

Prévention.

La lutte contre les zoonoses en contexte opérationnels’inscrit dans une démarche globale d’hygiène encampagne, avec des mesures non spécifiques et d’autresplus clairement orientées vers l’interruption desmécanismes de transmission d’agents pathogènes del’animal vers l’homme.

Action sur l’environnement.D’une manière générale, c’est dès le stade de la

conception d’un dispositif opérationnel que le risque dezoonoses doit être pris en compte. Le choix del’implantation des camps militaires doit permettre de limiter les contacts homme- animal : la zone choisiedoit être aussi éloignée que possible des zones d’éle-vage et de pâturage des cheptels, voire du territoire des animaux errants et sauvages. Les campementsdoivent être clôturés, même s’il est en général difficile de se prémunir de façon absolue contre l’intrusiond’animaux indésirables.

Les déchets, notamment les reliefs alimentaires,doivent être incinérés ou enfouis, pour éviter l’affluxd’animaux.

La prévention des maladies vectorielles passe parl’application des mesures habituelles de désinsectisation,l’utilisation de moustiquaires et de treillis imprégnésd’insecticides, l’usage d’insecticides corporels.

217zoonoses et contexte opérationnel : facteurs de risque et prévention

DOSSIER

Figure 2. Porc à la recherche de nourriture sur la décharge d’un camp militaire.

Figure 3. Abattage et découpe de viande à même le sol dans une rue de Kaboul(photo VeP S. Gorsane).

Figure 4. Chien errant recueilli par des militaires français au Tchad.

Figure 5. Singe adopté comme mascotte au Tchad.

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Le drainage des eaux de pluie et des effluents représenteaussi une action prioritaire.

En plus de mesures défensives vis-à-vis des animauxindésirables, il est aussi parfois nécessaire de recourir àdes méthodes de lutte offensive. Sur certains théâtresd’opérations, les intrusions des animaux errants voire lesattaques du personnel à l’intérieur même de l’enceintemilitaire sont fréquentes ; l’éradication des animauxdevient alors une nécessité. Plusieurs méthodes sontutilisées. Le tir à l’arme à feu est surtout réservé auxanimaux agressifs ; le fusil hypodermique est d’utilisationlimitée. L’euthanasie per os reste l’outil de choix,puisqu’il est efficace et acceptable au regard des règles dela protection animale (7). Il consiste en l’utilisationd’appâts contenant un euthanasique en poudre, dérivé desbarbituriques (DEXEUTANOL 3249 ORAL ND), placésaux endroits les plus fréquentés par les animaux ciblés.L’utilisation de ce produit et sa gestion sont sous laresponsabilité des vétérinaires des armées. Touteopération de ce genre doit être précédée d’une campagned’information au sein du camp, pour éviter touteintoxication accidentelle d’un chien militaire voire d’unepersonne. Dans certains cas le recours à la stérilisation desanimaux capturés (surtout chiens et chats) s’impose entant que solution intermédiaire, afin de maintenir unepopulation contrôlée d’animaux et de ménager lasensibilité du personnel militaire (7).

Sécurité sanitaire des eaux et des aliments.Les mesures de sécurisation des filières de production

de denrées alimentaires, vis-à-vis du risque detransmission à l’homme d’agents de zoonoses, sontcentrées, en premier lieu, sur des actions de lutte contre lesmaladies chez l’animal de rente et, en seconde intention,d’inspection des denrées d’origine animale. Il va de soi,par exemple, que c’est l’éradication de la tuberculose enélevage bovin qui a constitué le fondement de la luttecontre cette zoonose, de même que l’inspection desviandes à l’abattoir est destinée à prévenir laconsommation de viandes hébergeant certains agents,notamment parasitaires (cysticerques de Taenia enparticulier). Certains procédés de traitement des denréespermettent d’inactiver les agents de zoonoses. Lastérilisation du lait a pour objectif d’éliminerMycobacterium bovis ; d’une manière générale, la plupartdes formes parasitaires et des agents bactériens ne résisteque très difficilement à une cuisson prolongée.

En contexte opérationnel, il apparaît que les principesessentiels à respecter sont la limitation des achats locaux(exception faite des denrées à faible niveau de risquecomme les fruits et légumes ou le pain), surtout enl’absence de contrôle vétérinaire systématique (fig. 6), lerespect des règles générales de bonnes pratiquesd’hygiène en cuisine et la cuisson à cœur des denrées,chaque fois que cela sera possible. Dans les situationsextrêmes, le recours à des denrées appertisées demeure lasolution de choix.

Dans le domaine des eaux, les procédés usuels de traitement sont adaptés à éliminer la plupart des agents de zoonoses. La seule réserve concerne lesoocystes de Cryptosporidium, formes très résistantes,

pour lesquelles les protocoles usuels de désinfection sont inefficaces. Ce sont alors des étapes de filtration qui permettent de maîtriser le risque. Les f ilièresopérationnelles de traitement d’eau sont tout à faitadaptées pour gérer le risque lié aux agents de zoonoses,notamment du fait du large recours à la distillation ou à l’osmose inverse (fig. 7).

218 a. karom

Figure 6. Technicien-vétérinaire militaire effectuant l’inspection de carcassesde bovins en Côte d’Ivoire. (Photo VCC J-M Deniau).

Figure 7. Module de distillation de l’eau en service à l’aéroport de Kaboul(Afghanistan).

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Cas particuliers des animaux mascottes.La question des animaux mascottes a fait l’objet, en

2009, de directives à l’échelon central du ministère de laDéfense (8, 9). Désormais, les commandants d’unitésdéployées sur un territoire étranger sont tenus de déclarerles animaux qu’ils détiennent à titre de mascottes. Cettedéclaration est adressée au Service de santé des armées.Ces directives visent à mettre un terme à des errementsdans ce domaine et à instaurer un cadre réglementairerégissant la détention d’animaux.

Le commandant de l’unité détenant l’animal doitadresser une déclaration suivant un modèle réglementaire,à la Direction centrale du Service de santé des armées(sous direction action scientifique et technique/bureauvétérinaire) via la cellule vétérinaire du théâtre. Cettedéclaration fera l’objet d’une analyse par le grouped’experts en épidémiologie animale, afin d’émettre unavis d’opportunité.

En cas d’avis favorable, les mesures de prophylaxieadaptées à la situation et au statut épidémiologiquespécif ique seront déf inies. Leur mise en œuvre seraconf iée au vétérinaire du théâtre. Un rappel de laréglementation concernant les mouvements inter-nationaux des animaux vivants sera réalisé à cetteoccasion. Dans ce cadre, le vétérinaire militaire se trouve en charge du suivi sanitaire des animaux mascottes, du contrôle du respect des règles debientraitance notamment en ce qui l’hébergement,l’alimentation et l’utilisation de ces animaux (8, 9). Afinde permettre un bon suivi de l’animal mascotte, il esttoujours souhaitable que soit désignée une personneresponsable de son alimentation, de l’entretien de sa zonede vie, de sa propreté et son état de santé. Le but estd’éviter toute affection inhérente au délaissement.

Les animaux ayant fait l’objet d’un avis défavorable dela part de la Direction centrale du Service de santé desarmées sont, en principe, à éliminer. Cependant, lecommandement demeure seul gestionnaire du risque. Si un tel animal est malgré tout conservé, le vétérinairereste investi de ses missions de lutte contre le risque dezoonoses et de conseil au commandement. En particulier,il devra s’assurer de la réalisation des opérations deprophylaxie médicale, au frais de l’unité, et veiller aurespect de l’interdiction d’importation en France de cetype d’animal (8, 9).

Il importe d’insister sur le fait que, dans le cadre derecherche d’animaux mascottes, il est toujours préférablede privilégier des animaux de compagnie «traditionnels»,à savoir les chiens et chats. En effet, avec les NAC, lerisque zoonotique est réel et souvent à la fois original etméconnu, mais il existe aussi un risque pénal en cas dedétention d’animaux appartenant à des espèces protégées.

Dans tous les cas, un autre aspect majeur du risque, pourles armées, serait d’être à l’origine de l’introductiond’une épizootie en France.

Mesures individuelles.

Diverses mesures de prophylaxie médicale sontdéfinies, dans le cadre de la mise en condition des troupesavant projection. En ce qui concerne les zoonoses, c’est la

vaccination antirabique qui revêt une importanceparticulière. Pour les personnels militaires, cettevaccination est réservée aux populations exerçant unemploi à risque en l’occurrence les cynotechniciens et lesvétérinaires. Les vaccins contre les leptospiroses et lafièvre de la vallée du rift existent, mais ils ne sont pasutilisés pour l’immunisation du personnel militaire. Parcontre, une chimioprophylaxie à base d’antibiotiques (4)est prescrite lors d’expositions limitées à des sourcespotentielles de contamination (cas des plongeurs).

Prophylaxie chez les chiens militaires.

La prévention vise aussi les chiens militaires. L’objectifest alors à la fois la protection des chiens contre desmaladies fatales mais aussi la lutte contre certaineszoonoses transmissibles par le chien. À cet effet, leschiens militaires sont vaccinés contre la rage et lesleptospiroses (10). En outre, dans le cadre du respect de laréglementation européenne, et étant donné le statutparticulier de la rage en tant que zoonose majeure, untitrage des anticorps neutralisant le virus rabique est réalisé pour les animaux militaires susceptibles d’être projetés sur un théâtre extérieur. Le titre sériquedoit être supérieur ou égal à 0,5 UI. L’analyse doit êtreeffectuée dans un laboratoire agréé et assortie de ladélivrance d’un certificat. Cet examen permet de certifierle statut vaccinal du chien et constitue une exigencecommunautaire, au moment du retour du chien sur leterritoire métropolitain (11). En plus de la vaccination, lesanimaux subissent des vermifugations régulières,permettant ainsi d’interrompre le cycle des helminthesparasites, dont certains affectent l’homme notamment legenre Echinococcus (10). Le déparasitage externe, ainsiqu’une chimioprophylaxie contre l’ehrlichiose, laleishmaniose et la dirofilariose, sont aussi réalisés audépart et en cours de mission.

Information du personnel.

Malgré l’importance des efforts consentis dans ledomaine de la prévention des zoonoses, il apparaîtessentiel de s’efforcer de limiter les comportements à risque, chez les personnels militaires. Une sensi-bilisation aux risques liés aux agents de zoonosesdemeure indispensable avant le départ en mission,pouvant faire appel à différents moyens d’information,note de service, aff iche, présentation orale. Cettesensibilisation doit être poursuivie sur les théâtresd’opérations, afin d’éviter que le personnel militaireadopte des comportements incompatibles avec sasécurité sanitaire. Dans cette perspective, le Service desanté des armées met à la disposition des militaires undépliant relatif aux risques sanitaires liés aux contactsavec les animaux et à la conduite à tenir pour prévenir cesrisques. Lors des séances d’éducation sanitaireobligatoires avant tout départ en outre-mer, l’accent doitêtre mis sur l’importance d’une hygiène comportementalepropre à réduire à l’échelon individuel l’exposition aux agents de zoonoses (12).

219zoonoses et contexte opérationnel : facteurs de risque et prévention

DOSSIER

Page 8: Zoonoses et contexte opérationnel: facteurs de risque et ......chlamydiose, de salmonellose ou même d’influenza aviaire. Quant aux reptiles, ils hébergent de façon inapparente

1. Milhaud C. Zoonoses et maladies transmissibles communes àl’homme et aux animaux ; point de vue vétérinaire ; Rev. Franç. Lab.1999;310:77-93.

2. Davoust B, Marié J-L, Ringot D, Orlandini P, Portelli C, Rous V et al. Exposition des militaires aux zoonoses : Enquête sur desanimaux sentinelles réservoirs et vecteurs ; Médecine et Armées2004;32:30-40.

3. Marié J-L, Davoust B. La fièvre de la vallée du Rift menace l’Europe ;Bull. Soc. Vét. Prat. de France 2009;2(93):42-6.

4. Girardet C, Calvet F, Marié J-L. Zoonose en opération extérieure :analyse des risques et prévention de la transmission à l’homme ; LeMédecin de réserve 2009;2:7-13.

5. Praud A, Dufour B, Moutou F. NAC exotiques : Importations illégaleset risques zoonotiques ; Point Vét. 2009;296:25-9.

6. Praud A, Dufour B, Moutou F. Enquête sur les risques zoonotiquesliés aux NAC ; Point Vét. 2009;296:31-4.

7. Girardet C, Boni M, Martin P. Maîtrise de l’environnement biologiqueen opération extérieure : Problème des animaux errants. Médecine etArmées 2004;32(1):67-73.

8. Lettre N° 2396/DEF/DCSSA/AST/VET du 18 décembre 2009relative au contrôle des animaux non militaires relevant du ministèrede la Défense.

9. Lettre N° 800/DEF/EMA/EMP du 27 juillet 2009 relative au contrôledes animaux non militaires relevant du ministère de la Défense.

10. Lettre N° 4130/DEF/DCSSA/AST/Vet du 26 octobre 2001 relativeaux mesures de prophylaxie médicale applicables aux chevaux et auxchiens appartenant aux armées.

11. Lettre N° 2129/DEF/DCSSA/AST/Vet du 12 juillet 2004 relative auxobligations réglementaires pour le retour en France des chiensmilitaires détachés en Opex et dans certains départements outre-mer.

12. Haus-cheymol R, Kraemer P, Simon F. Les risques infectieux enopérations extérieures ; Médecine et Armées 2009;37(5):435-52.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

220 a. karom

Conclusion.

La multitude des dangers liés à l’animal et aux alimentsissus des filières de productions animales, la complexitédes facteurs de risque en contexte opérationnel, ladifficulté d’éradiquer les zoonoses chez les animaux,sont autant d’arguments en faveur de la mise en place surles théâtres opérationnels d’une stratégie globale de

prévention des zoonoses, concertée et adaptée à lasituation. La collaboration entre vétérinaires, médecins etcommandement, avec notamment un échange permanentd’informations et une coordination des actions en matièred’hygiène, de lutte antivectorielle et d’éducation sanitairedes militaires, apparaît comme la clé de la réussite de cetteapproche de prévention indispensable pour garantir lasécurité sanitaire des forces en opérations extérieures.