ZOOM Japon 049

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Jérémie Souteyrat pour Zoom Japon www.zoomjapon.info gratuit numéro 49 - avril 2015 Nous Yamada Yôji

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ZOOM Japon, numéro 49 (avril 2015)

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Jérémie Souteyrat pour Zoom Japon

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❤NousYamada Yôji

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ZOOM ACTU

ÉDITOHommageSi l’on demande à uncritique de cinémaoccidental de citer desnoms de réalisateursjaponais, il est peu pro-bable que celui deYamada Yôji appa-

raisse dans leur bouche. Pourtant, cecinéaste qui a débuté sa carrière en 1954 àla Shôchiku est un des metteurs en scèneles plus appréciés du Japon. Nous voulionslui rendre un hommage appuyé, car, toutau long de sa carrière, il a créé des films quitémoignent de l’évolution de la sociétéjaponaise. Celui qui se présente souventcomme le cinéaste des petites gens nous asouvent émus et amusés. Il a accepté denous accorder une de ses rares interviewsqui nous permet de vous offrir un contenuunique et enrichissant. Bonne lecture.

LA RÉ[email protected]

SOCIÉTÉ Un observatoirede la familleUne des caractéristiques du cinéma de

YAMADA Yôji est son obsession de la

famille et des rapports entre ses

membres. Il a d’ailleurs donné le titre

Kazoku [La famille] à l’un de ses plus

gros succès en 1970. Sa longue série de

48 films Otoko wa tsuraiyo [C’est dur

d’être un homme] est aussi largement

centrée sur les liens familiaux qui ne

sont pas toujours évidents. Mais le

cinéaste se montre toujours optimiste.

SOCIÉTÉ Le bonheur pourtousCertains pourraient être tentés de

résumer le cinéma de YAMADA Yôji à

des œuvres simplistes. Ils auraient

évidemment tort, car ses films ont

pour ambition de donner aux

spectateurs des raisons de croire au

bonheur, malgré les difficultés et les

contraintes liées aux bouleversements

économiques. Mais plutôt que d’offrir

des réponses illusoires, il propose une

réflexion profonde.

millions de visiteurs se sont

rendus au musée de Tora-san

dans le quartier de Shibamata,

à Tôkyô, depuis son inauguration en

novembre 1997. Un succès qui confirme

l’incroyable popularité de ce

personnage imaginé par YAMADA Yôji en

1969 et incarné à l’écran par ATSUMI

Kiyoshi jusqu’à sa mort en 1996.

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L E REGARD D’ERIC RECHSTEINER

L’apparition des premières fleurs, en l’occurrence celles des pruniers, est un moment attendu par la populationqui se rend en nombre pour les admirer. Au sanctuaire Yushima, dans l’arrondissement de Bunkyô, à Tôkyô,un prêtre shintoïste se mêle à la foule pour immortaliser ce moment. Les temples et les sanctuaires sont deslieux importants où les Japonais se réunissent pour des fêtes ou pour marquer des instants comme celui-là.Il n’est donc pas étonnant qu’on le retrouve souvent dans les films de YAMADA Yôji.

Sanctuaire Yushima, arrondissement de Bunkyô

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Couverture : Jérémie Souteyrat pour Zoom Japon

2 ZOOM JAPON numéro 49 avril 2015

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L orsque j'étais jeune, je trouvais les films d'Ozuennuyeux”. La confession de YAmADA Yôjiest de janvier 2013. A cette date, le cinéaste

sortait sur les écrans japonais Tôkyô Kazoku (TokyoFamily, 2013), un remake de Voyage à Tokyo(Tôkyô Monogatari, 1953), dans lequel il rendaitun hommage soutenu au maître d'Ofuna, lieu oùse situaient les studios de la shôchiku. il y fit sonentrée en 1954 pour écrire notamment des scéna-rios pour nOmuRA Yoshitarô. satisfait de sa col-laboration, ce dernier l'aida à obtenir sa premièreréalisation en 1961. Nikai no tanin [L'étranger du1er étage], un moyen-métrage dans lequel on trouvedéjà de nombreux éléments caractéristiques de safilmographie à venir : la famille, l'humour et la viedes petites gens. A l'inverse du cinéma d'Ozu qu'ilconsidère alors comme "petit-bourgeois", YAmADA

se pose très vite comme le cinéaste du peuple. Pource fervent admirateur de KuROsAWA Akira dontles films ont donné lieu à la création de héros enrelation avec leur époque (le docteur sAnADA dansL'Ange ivre, l'inspecteur muRAKAmi dans Chien

enragé ou encore le chef de bureau WAtAnAbE

dans Vivre), il ne s'agit pas d'aboutir au même résul-tat, mais d’observer le quotidien à travers l'existencede personnages ordinaires. s'il n'a jamais revendiquéun engagement politique particulier, bien qu'il ait,à l'occasion, soutenu des candidats du Parti com-muniste, YAmADA s'est toujours placé dans le campdu peuple. Shitamachi no taiyô [Le soleil de shita-machi, 1963], son premier long-métrage, en estl'illustration. il y raconte le quotidien des quartierspauvres du vieux tôkyô. La vie n'y est pas toujoursrose, mais il existe une solidarité et une fierté grâceauxquelles les habitants parviennent à sortir la têtede l'eau. Ce film marque sa rencontre avec la jeuneactrice bAishô Chieko avec qui il va par la suitetourner à de nombreuses reprises.Shitamachi no taiyô connaît un certain succès toutcomme la chanson du générique interprétée parbAishô Chieko qui va devenir un des hits de l'an-née. Cela conduit YAmADA à poursuivre dans cettevoie. Dans les titres mêmes de ses réalisations sui-vantes, on retrouve sa volonté de rester proche dupeuple. Les termes baka (idiot), fûraibô (vagabond),fûten (glandeur) figurent souvent dans les produc-tions qu'il dirige tout au long des années 1960.Baka marudashi (L'honnête idiot, 1964) ou encore

Natsukashii fûraibô (L'adorable vagabond, 1966)préfigurent ce qui va constituer son œuvre la pluspopulaire, la série Otoko wa tsuraiyo (C'est durd'être un homme) dont le premier volet sort en1969. Constituée de 49 films, cette série a rythmé,à raison de deux sorties annuelles, la vie cinémato-graphique des Japonais jusqu'en 1996, date àlaquelle l'acteur principal Atsumi Kiyoshi décède.Ce dernier interprète de tora-san, personnage unpeu paumé, toujours prêt à aider son prochain, fai-gnant, en quête de la femme de sa vie, va devenirl'un des personnages les plus importants du cinémanippon. "Tora-san, c'est le visage du Japon", affirmela shôchiku dans ses publicités. Dans un pays enplein bouleversement politique – la fin des années1960 est marquée par de violentes manifestationsétudiantes – et économique – le pays vient de sehisser au troisième rang mondial derrière les Etats-unis et l'uRss –, l'apparition de tora-san est unerespiration. il incarne l'esprit du vieux tôkyô danslequel chacun peut se retrouver. Chaque film dela série est aussi l'occasion de découvrir une régionet le caractère bien trempé de ses habitants, maisles gens se passionnent pour les amours de tora-san. Ce cœur d'artichaut tombe invariablementamoureux sans jamais parvenir à concrétiser. Les

Immense réalisateur au Japon, peu connuen dehors de l’archipel, YAMADA Yôjiméritait bien un numéro spécial.

ZOOM DOSSIER

Portrait du cinéaste présenté au musée qui lui est consacré dans le quartier de Shibamata, à Tôkyô (voir pp. 26-29).

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pon Yamada Yôji,

héraut du Japon éternel

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personnages féminins que l'on finit par baptiseraffectueusement "madone" sont interprétés par lesvedettes de l'époque, ce qui contribue aussi à sapopularité. en entreprise avisée, la Shôchiku sortun opus de la série en mai au moment de la goldenweek, semaine de jours fériés dont la plupart desJaponais profitent, et en décembre pendant lesfêtes de fin d'année. au total, Otoko wa tsuraiyo aattiré près de 80 millions de spectateurs entre 1969et 1996 sans compter les centaines de millions detéléspectateurs puisque Tora-san est encoreaujourd'hui omniprésent sur les petits écrans del'archipel. avec cette série qu'il a dirigée à l'exception de deuxvolets, YaMada Yôji s'est imposé dans le cœur dupublic qui reconnaît en lui un fin observateur dela structure familiale. elément crucial de la société,la famille a souvent été l'objet de films. La Shôchikuest le studio qui en parle le plus et le cinéaste deréférence en la matière est Ozu Yasujirô qui atourné la plupart de ses plus grands films dans lesstudios d'Ofuna. La façon d'aborder ce thème esttrès différente entre YaMada et Ozu qui n'ontfait que se croiser là-bas si l'on en croît le réalisateurd'Otoko wa tsuraiyo. il n'empêche qu'un "styleOfuna" s'est peu à peu forgé et a fini par atteindreYaMada Yôji. au point que le cinéaste OBa Hideoa pu dire qu'on "retrouve cette tradition à travers letalent remarquable de YaMaDa". Ce qui le distingued'Ozu, c'est que l'échec social ne devient pas unfacteur de division ou de déception au sein de lafamille. Quand Ozu le pointe dans Le fils unique(Hitori musuko, 1936) où la mère jouée par iida

Chôko exprime ses regrets de ne pas voir son filsvivre au cœur de la capitale, ou dans Voyage à Tôkyôquand le père interprété par RYû Chishû manifestesa peine devant la situation de son fils, certes méde-cin, qui doit exercer loin du centre de Tôkyô,YaMada Yôji offre une vision plus unie. Kazoku(Famille, 1970), qui sort juste après le troisièmevolet des aventures de Tora-san, en est la parfaiteillustration. il y décrit l'installation d'une famillequi a quitté le sud de l'archipel pour Hokkaidô,l'île septentrionale, avec une simplicité désarmanteet une chaleur des sentiments absente du cinémad'Ozu. On retrouve cette approche dans une sériede quatre films intitulée Gakkô (L'école) qu'ilentame en 1993. Cette fois, il aborde la relationparent-enfant à un moment où le système scolairejaponais – le fameux empire du concours – estremis en question. Là encore, le cinéaste met l'ac-cent sur l'unité plutôt que sur la rupture. Le seullong-métrage qui tranche avec cet état d'esprit estMusuko (Mon fils, 1991) que YaMada présented'ailleurs comme étant "[son] Voyage à Tôkyô". iltraite la relation compliquée entre un père restévivre à la campagne et son fils installé dans la capi-tale après le décès de la mère. Souvent considérépar les critiques étrangers comme le meilleur filmde YaMada, il doit cette notoriété à sa filiationdirecte et revendiquée avec le maître d'Ofuna.

ZOOM DOSSIERL'approche est évidemment réductrice, car elleévacue tout ce qui fait la richesse et la singularitéde ce réalisateur. Certains peuvent estimer queTora-san est par trop "japonais", donc incompré-hensible au-delà des côtes de l'archipel, mais denombreux autres de ses films montrent que sonœuvre a une portée universelle. Fin observateurdes évolutions de la société industrielle, YaMada

Yôji aborde les questions sociales avec une finesserare comme en témoignent Furusato (Mon village,1972) qui décrit la vie difficile sur une île de lamer intérieure ou Harakara (Mes frères, 1975)dont l'action se déroule dans un village du nord-est du pays où la population tente de monter unspectacle musical. avec Shiawase no kiiroi Han-kachi (Les mouchoirs jaunes du bonheur, 1977),il aborde la question de la réinsertion d'ancienscriminels dans un road-movie tourné à Hokkaidôavec le regretté TakakuRa ken et la fidèle Bai-SHô Chieko. Le film a fait l'objet de deux remakes,l'un thaïlandais en 1981 et l'autre américain en2008, The Yellow handkerchief d'udayan Prasad,avec william Hurt. auteur de la très grande majo-rité des scénarios qu'il tourne, en collaboration

notamment avec aSaMa Yoshitaka, YaMada

Yôji a su construire un style et un univers uniquesqui en font un des cinéastes les plus appréciés auJapon. S'il n'a pas choisi de casser les codes commeont pu le faire les cinéastes de la nouvelle vaguejaponaise qui ont débuté en même temps que lui,il a réussi à imposer ses choix et conquérir le publicjaponais. il a par exemple écrit les scénarios d'uneautre série cinématographique très populaireadaptée du manga Tsuribaka nisshi [Journal d’unfou de pêche] dont le premier volet est sorti en1988. interprétée par niSHida Toshiki ou encore

le grand Mikuni Rentarô, elle s'est achevée en2009 après 22 succès qui constituent une ode àl'amitié. Si YaMada Yôji est reconnu comme un cinéastede premier plan au Japon, il a plus de mal à se faireun nom à l'étranger. Outre Musuko pour son héri-tage ozuesque, il s'est surtout fait remarquer pourses trois seuls films de samouraï, jidaigeki commeon dit au Japon, tournés au début des années 2000.Le Samouraï du crépuscule (Tasogare seibei, 2002),nommé aux Oscars avec Sanada Hiroyuki etMiYazawa Rie, La Servante et le samouraï (Ka -tsushi ken : oni no tsume, 2004) avec nagaSe Masa-toshi et Bushi no ichibun (Love and Honor, 2006)avec kiMuRa Takuya. un comble pour un réali-sateur qui a surtout ancré son œuvre dans la sociétécontemporaine. Toutefois, ces trois longs-métragesmettent en valeur encore son désir de se concentrersur les petites gens. Pas question de héros, YaMada

s'intéresse aux sabreurs de basse extraction obligésde prendre les armes pour défendre leur honneur.On commence néanmoins à s'intéresser à lui. en2010, le Festival de Berlin, qui avait déjà retenuDowntown Heroes (1988) en compétition, lui attri-

bue la Caméra de la Berlinale pour l'ensemble deson œuvre. La Maison au toit rouge (Chiisai ouchi,2014) a valu à son interprète principale kuROki

Haru de remporter l'ours d'argent au même festival.Cette reconnaissance internationale même tardiven'est que justice alors qu'au Japon, il n'a cessé decollectionner les récompenses. un musée en sonhonneur a même été inauguré en décembre 2012à Shibamata, le quartier populaire de Tôkyô oùYaMada Yôji avait choisi de faire vivre son héroséternel Tora-san.

ODAIRA NAMIHEI

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Quelques bobines de films réalisés par YAMADA Yôji qui sont exposées à son musée de Shibamata.

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ZOOM DOSSIER

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ÔSAKA

Yunoyamaonsen

LigneKansai

LigneSanyôLigne

Karatsu

LigneChikuhô

LigneHita Hiko

LigneSanin Ligne

Hakubi

LigneSaninLigne

Sanyô

LigneKotohira

LigneYosan

KYÔTO

Hok

Iida

NaraKiso-

Fukushima

Shiogô

Shimoda

S

Yaiz

Kagoshima

IôjimaNagasaki

Fukuyama

Yufuin

Beppu

Hirado

Sasebo Saga

Furuyu onsen

ShimabaraUnzen

FukuejimaShinkamigotô

KurahashijimaÔsakikamijima

Onomichi

Hiroshima

ÔzuTokushima

Kôchi

Mima

TakamatsuKotohira

MatsuyamaInnoshima

Takahashi

Yunotsu

Karatsu

Tsushima

Tsuwano

Aburatsu

Nichinan

Yakushima

Miyazaki

MakurazakiIbusuki

Aso

Tanoharuonsen

HitaAmagaseonsen

Asakura

YoshinogariShimonoseki

KurumeChikuhô

Quartier deShibamata

Amakusa

Nagoya

Nakatsugawa

GeroOnsen

Yoshino

Nara

Shima

Ise

Gifu

Yunohiraonsen

HikoneNagahama

Kanazawa

Sakai

Kôbe

Wakayama

Tatsuno

Kurayoshi

Tsuyama

Tottori

LigneTôkaido

ÔigawaRailways

LigneTakayama

LigneTôkaido

LigneInbi

LigneKyûday

LigneIbusuki

Makurazaki

Ligne NagasakiMatsuura Railways

LigneKishin

K Y Û S H ÛS H I K O K U

KazokuOtoko wa tsurai yo :

Shibamata bojô1988 1970 2010 1972

Downtown Heroes

Otôto

L’homme qui a filmétout le JaponLieux de tournage des quelque 80 longs métrages de Yamada Yôji

Neuf longsmétragesemblématiques

Lieu ayant servi de décor à un film Ligne de train figurée dans un film

Titre

Otôto

Affiche

Nombre de lieuxde tournages(indiqués sur la carte)

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Yunoyamaonsen

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FukuejimaShinkamigotô

KurahashijimaÔsakikamijima

Onomichi

Hiroshima

ÔzuTokushima

Kôchi

Mima

TakamatsuKotohira

MatsuyamaInnoshima

Takahashi

Yunotsu

Karatsu

Tsushima

Tsuwano

Aburatsu

Nichinan

Yakushima

Miyazaki

MakurazakiIbusuki

Aso

Tanoharuonsen

HitaAmagaseonsen

Asakura

YoshinogariShimonoseki

KurumeChikuhô

Quartier deShibamata

Amakusa

Nagoya

Nakatsugawa

GeroOnsen

Yoshino

Nara

Shima

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Gifu

Yunohiraonsen

HikoneNagahama

Kanazawa

Sakai

Kôbe

Wakayama

Tatsuno

Kurayoshi

Tsuyama

Tottori

LigneTôkaido

ÔigawaRailways

LigneTakayama

LigneTôkaido

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LigneKyûday

LigneIbusuki

Makurazaki

Ligne NagasakiMatsuura Railways

LigneKishin

K Y Û S H ÛS H I K O K U

KazokuOtoko wa tsurai yo :

Shibamata bojô1988 1970 2010 1972

Downtown Heroes

Otôto

L’homme qui a filmétout le JaponLieux de tournage des quelque 80 longs métrages de Yamada Yôji

Neuf longsmétragesemblématiques

Lieu ayant servi de décor à un film Ligne de train figurée dans un film

Titre

Otôto

Affiche

Nombre de lieuxde tournages(indiqués sur la carte)

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KamiôokaKamakura

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LigneGonô

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LigneTôhoku

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HatoyamaKawaguchi

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AsahikawaKamikawa

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H O K K A I D Ô

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Shitamachino taiyô

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Harakara

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1966

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200 km

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ZOOM DOSSIER

Commençons par le commencement. En 1954,après votre diplôme de droit à l’université deTôkyô, vous commencez à travailler à la shôchiku,un des grands studios du pays. Qu’est-ce quivous a amené à devenir réalisateur ?YAmADA Yôji : Pour vous dire la vérité, je n’avaisjamais imaginé devenir cinéaste. J’aimais le cinéma,bien sûr, mais je ne pensais pas que j’étais fait pourla réalisation. Cela dit, même si j’avais fait dudroit, je ne me voyais pas non plus travailler dansce secteur ou bien devenir un simple employé debureau. J’ai essayé de devenir journaliste, mais per-sonne n’était intéressé par une personne commemoi avec un diplôme comme le mien. A l’époque,la situation économique du pays ne s’était guèreaméliorée et il n’était pas facile de trouver unboulot. J’ai donc passé un examen d’entrée à lashôchiku et on peut dire que je suis entré dansl’univers du cinéma par chance.

mais vous aimiez le cinéma ?Y. Y. : Oui. C’est vrai que j’aimais le cinéma, maiscela ne voulait pas dire grand-chose. J’allais dansles salles obscures comme n’importe qui d’autreparce qu’il s’agissait du principal loisir et d’unpasse-temps national. Les films étaient aussi unefenêtre sur d’autres cultures et modes de vie. Pourbeaucoup de jeunes comme moi, regarder un filmrelevait d’une expérience d’apprentissage.

Quand vous avez commencé à la shôchiku, OZu

Yasujirô y tournait encore et vous faisiez partiedes nouveaux arrivants. Parmi eux, ÔshImA Na-gisa, shINODA masahiro ou encore YOshIDA

Yoshishige ont initié quelques années plus tardce qu’on a appelé la Nouvelle vague japonaisequi a bouleversé le cinéma dans les années 1960.Cela a-t-il été difficile pour vous de trouver votreplace entre les anciens et cette génération dejeunes Turcs ?Y. Y. : Cela n’a pas été facile d’autant que, commeje vous le disais, je n’avais aucune idée de commentfaire un film. J’ai dû commencer du début et ap-prendre petit à petit, jour après jour, en travaillanten tant qu’assistant.

Comme ÔshImA, vous avez commencé commeassistant de NOmurA Yoshitarô. Quels étaientvos rapports avec ÔshImA ? Y avait-il une sortede rivalité entre vous ?Y. Y. : Oui bien sûr, mais je ne représentais pas unvéritable enjeu pour lui. D’une part, il était beaucoup

plus ambitieux que moi. Depuis le début, il savaittrès clairement l’objectif qu’il voulait atteindre etle genre de films qu’il voulait réaliser. En compa-raison, j’étais un véritable amateur. Je pensais ques’il fallait en passer par là pour devenir metteur enscène, je n’y arriverai jamais. C’est la raison pourlaquelle, je me suis d’abord tourné vers l’écriture.Je pense que notre seul point commun avecÔsHIMA était notre détestation des films d’Ozu.(rires)

Comment en êtes-vous arrivé à faire votre premierfilm Nikai no tanin [L’étranger du 1er étage] en1961 ?Y. Y. : Je le dois à NOMurA Yoshitarô. Il avaittrouvé une bonne idée de film pour moi et enavait même écrit le scénario. L’idée originale étaittirée d’une nouvelle de suspense de tAkIgAwA

kyô, mais il m’a suggéré d’en faire une comédie.Le film a bien marché et c’est à partir de là que macarrière a démarré. Mais je n’ai jamais cherché àdévelopper, du moins consciemment, un styleparticulier. tout s’est fait naturellement.

J’aimerais aborder votre façon de travailler eten particulier la direction des acteurs ?Y. Y. : Comme vous le savez, certains metteurs enscène poussent les acteurs à improviser les dialogues.Pour moi, la base est le scénario. Nous répétonsplusieurs fois avant de tourner les scènes de manièreà ce que tout le monde soit à l’aise avec le texte.Cela dit, le script est une matière en perpétuelmouvement et certaines parties peuvent être re-travaillées ou changées pendant le tournage. Jesuis toujours ouvert aux suggestions, mais lescénario original reste le point de départ. Celan’empêche pas certains acteurs de faire de l’im-provisation, mais c’est une chose que seule unepersonne expérimentée peut faire.

J’ai entendu dire que vous séjourniez toujoursdans la même auberge traditionnelle pour écrireun nouveau film…Y. Y. : C’est exact. Créer un environnement detravail idéal dans lequel je me sens le plus à l’aiseest très important pour moi. Il se trouve que j’aimebeaucoup cet endroit à kagurazaka, au cœur detôkyô. J’aime les tatami et les tables basses. C’estune vieille bâtisse qui penche d’un côté… J’imagineque le jour où j’arrêterai de faire des films, ils lafermeront.

Il n’y a donc que vous et le scénariste qui travaillezsur l’histoire jusqu’à ce qu’elle soit terminée ?Y. Y. : Oui, c’est comme ça que nous travaillons.Mais cela ne prend pas trop de temps non plus.

“Mes personnages sont mes amis” Dans un entretien exclusif accordé àZoom Japon, YAmADA Yôji revient surses 60 ans de carrière.

Je peux passer une à deux années à penser à unprojet de manière à ce que l’histoire prenne peuà peu forme dans ma tête. car il se peut qu’il yait d’autres histoires en compétition. Je prendsle temps de bien réfléchir à chacune d’entre ellesavant de choisir de me concentrer sur une seule.Parfois il m’arrive de commencer de travaillersur un script avant de réaliser qu’il ne se présentepas tout à fait comme je le voulais. Je m’arrêtealors et je travaille sur un autre projet. Mais sitout se passe comme je l’avais imaginé, alors jetravaille plutôt rapidement. Disons qu’il me fautentre un et deux mois, parfois même moins d’unmois pour tout boucler.

Le temps est donc important ?Y. Y. : Oui très important. C’est un peu commeun vin que l’on conserve dans une cave. Il faut at-tendre le bon moment pour ouvrir les bouteilles.Parfois lorsque vous attendez trop longtemps,vous vous rendez compte que l’histoire n’est plusaussi intéressante que vous le pensiez initialement.Mais si une histoire est vraiment bien, elle lerestera à jamais.

Au niveau du scénario, vous avez beaucoup tra-vaillé avec AsAmA Yoshitaka…Y. Y. : En effet, nous avons travaillé ensemblejusqu’en 2004 sur Le Samouraï du crépuscule. Acette époque, il est tombé malade et j’ai commencéà collaborer avec HIrAMAtsu Emiko.

Comment travailliez-vous avec lui ?Y. Y. : très bien. Nous étions très complémentaires.Vous savez, lorsque vous avez ce genre de relation,il est indispensable de partager le même point devue. si vous devez vous opposer sur chaque idée,la plupart du temps, vous n’aboutissez à rien. Ilfaut avoir la même approche et avoir envie departager le travail et les responsabilités. C’est unpeu comme un attelage. Chaque cheval doit tra-vailler en harmonie avec les autres et déployer lamême vigueur. Bien sûr, au cinéma, il faut qu’unepersonne prenne la décision finale, le metteur enscène en l’occurrence. reste que le travail d’équipeet la collaboration sont des éléments importants.François truffaut a très bien montré cet aspectdes choses dans son film La Nuit américaine. Peuimporte l’argent que vous injectez dans un filmou la qualité du scénario, si l’équipe ne travaillepas en parfaite harmonie, vous ne parviendrezjamais à exprimer vos idées comme vous le voulez.Mais quand tout se déroule comme vous le voulezet que chacun prend du plaisir, vous le sentez.C’est quelque chose que vous pouvez presquetoucher du doigt.

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ZOOM DOSSIER

Commençons par le commencement. En 1954,après votre diplôme de droit à l’université deTôkyô, vous commencez à travailler à la shôchiku,un des grands studios du pays. Qu’est-ce quivous a amené à devenir réalisateur ?YAmADA Yôji : Pour vous dire la vérité, je n’avaisjamais imaginé devenir cinéaste. J’aimais le cinéma,bien sûr, mais je ne pensais pas que j’étais fait pourla réalisation. Cela dit, même si j’avais fait dudroit, je ne me voyais pas non plus travailler dansce secteur ou bien devenir un simple employé debureau. J’ai essayé de devenir journaliste, mais per-sonne n’était intéressé par une personne commemoi avec un diplôme comme le mien. A l’époque,la situation économique du pays ne s’était guèreaméliorée et il n’était pas facile de trouver unboulot. J’ai donc passé un examen d’entrée à lashôchiku et on peut dire que je suis entré dansl’univers du cinéma par chance.

mais vous aimiez le cinéma ?Y. Y. : Oui. C’est vrai que j’aimais le cinéma, maiscela ne voulait pas dire grand-chose. J’allais dansles salles obscures comme n’importe qui d’autreparce qu’il s’agissait du principal loisir et d’unpasse-temps national. Les films étaient aussi unefenêtre sur d’autres cultures et modes de vie. Pourbeaucoup de jeunes comme moi, regarder un filmrelevait d’une expérience d’apprentissage.

Quand vous avez commencé à la shôchiku, OZu

Yasujirô y tournait encore et vous faisiez partiedes nouveaux arrivants. Parmi eux, ÔshImA Na-gisa, shINODA masahiro ou encore YOshIDA

Yoshishige ont initié quelques années plus tardce qu’on a appelé la Nouvelle vague japonaisequi a bouleversé le cinéma dans les années 1960.Cela a-t-il été difficile pour vous de trouver votreplace entre les anciens et cette génération dejeunes Turcs ?Y. Y. : Cela n’a pas été facile d’autant que, commeje vous le disais, je n’avais aucune idée de commentfaire un film. J’ai dû commencer du début et ap-prendre petit à petit, jour après jour, en travaillanten tant qu’assistant.

Comme ÔshImA, vous avez commencé commeassistant de NOmurA Yoshitarô. Quels étaientvos rapports avec ÔshImA ? Y avait-il une sortede rivalité entre vous ?Y. Y. : Oui bien sûr, mais je ne représentais pas unvéritable enjeu pour lui. D’une part, il était beaucoup

plus ambitieux que moi. Depuis le début, il savaittrès clairement l’objectif qu’il voulait atteindre etle genre de films qu’il voulait réaliser. En compa-raison, j’étais un véritable amateur. Je pensais ques’il fallait en passer par là pour devenir metteur enscène, je n’y arriverai jamais. C’est la raison pourlaquelle, je me suis d’abord tourné vers l’écriture.Je pense que notre seul point commun avecÔsHIMA était notre détestation des films d’Ozu.(rires)

Comment en êtes-vous arrivé à faire votre premierfilm Nikai no tanin [L’étranger du 1er étage] en1961 ?Y. Y. : Je le dois à NOMurA Yoshitarô. Il avaittrouvé une bonne idée de film pour moi et enavait même écrit le scénario. L’idée originale étaittirée d’une nouvelle de suspense de tAkIgAwA

kyô, mais il m’a suggéré d’en faire une comédie.Le film a bien marché et c’est à partir de là que macarrière a démarré. Mais je n’ai jamais cherché àdévelopper, du moins consciemment, un styleparticulier. tout s’est fait naturellement.

J’aimerais aborder votre façon de travailler eten particulier la direction des acteurs ?Y. Y. : Comme vous le savez, certains metteurs enscène poussent les acteurs à improviser les dialogues.Pour moi, la base est le scénario. Nous répétonsplusieurs fois avant de tourner les scènes de manièreà ce que tout le monde soit à l’aise avec le texte.Cela dit, le script est une matière en perpétuelmouvement et certaines parties peuvent être re-travaillées ou changées pendant le tournage. Jesuis toujours ouvert aux suggestions, mais lescénario original reste le point de départ. Celan’empêche pas certains acteurs de faire de l’im-provisation, mais c’est une chose que seule unepersonne expérimentée peut faire.

J’ai entendu dire que vous séjourniez toujoursdans la même auberge traditionnelle pour écrireun nouveau film…Y. Y. : C’est exact. Créer un environnement detravail idéal dans lequel je me sens le plus à l’aiseest très important pour moi. Il se trouve que j’aimebeaucoup cet endroit à kagurazaka, au cœur detôkyô. J’aime les tatami et les tables basses. C’estune vieille bâtisse qui penche d’un côté… J’imagineque le jour où j’arrêterai de faire des films, ils lafermeront.

Il n’y a donc que vous et le scénariste qui travaillezsur l’histoire jusqu’à ce qu’elle soit terminée ?Y. Y. : Oui, c’est comme ça que nous travaillons.Mais cela ne prend pas trop de temps non plus.

“Mes personnages sont mes amis” Dans un entretien exclusif accordé àZoom Japon, YAmADA Yôji revient surses 60 ans de carrière.

Je peux passer une à deux années à penser à unprojet de manière à ce que l’histoire prenne peuà peu forme dans ma tête. car il se peut qu’il yait d’autres histoires en compétition. Je prendsle temps de bien réfléchir à chacune d’entre ellesavant de choisir de me concentrer sur une seule.Parfois il m’arrive de commencer de travaillersur un script avant de réaliser qu’il ne se présentepas tout à fait comme je le voulais. Je m’arrêtealors et je travaille sur un autre projet. Mais sitout se passe comme je l’avais imaginé, alors jetravaille plutôt rapidement. Disons qu’il me fautentre un et deux mois, parfois même moins d’unmois pour tout boucler.

Le temps est donc important ?Y. Y. : Oui très important. C’est un peu commeun vin que l’on conserve dans une cave. Il faut at-tendre le bon moment pour ouvrir les bouteilles.Parfois lorsque vous attendez trop longtemps,vous vous rendez compte que l’histoire n’est plusaussi intéressante que vous le pensiez initialement.Mais si une histoire est vraiment bien, elle lerestera à jamais.

Au niveau du scénario, vous avez beaucoup tra-vaillé avec AsAmA Yoshitaka…Y. Y. : En effet, nous avons travaillé ensemblejusqu’en 2004 sur Le Samouraï du crépuscule. Acette époque, il est tombé malade et j’ai commencéà collaborer avec HIrAMAtsu Emiko.

Comment travailliez-vous avec lui ?Y. Y. : très bien. Nous étions très complémentaires.Vous savez, lorsque vous avez ce genre de relation,il est indispensable de partager le même point devue. si vous devez vous opposer sur chaque idée,la plupart du temps, vous n’aboutissez à rien. Ilfaut avoir la même approche et avoir envie departager le travail et les responsabilités. C’est unpeu comme un attelage. Chaque cheval doit tra-vailler en harmonie avec les autres et déployer lamême vigueur. Bien sûr, au cinéma, il faut qu’unepersonne prenne la décision finale, le metteur enscène en l’occurrence. reste que le travail d’équipeet la collaboration sont des éléments importants.François truffaut a très bien montré cet aspectdes choses dans son film La Nuit américaine. Peuimporte l’argent que vous injectez dans un filmou la qualité du scénario, si l’équipe ne travaillepas en parfaite harmonie, vous ne parviendrezjamais à exprimer vos idées comme vous le voulez.Mais quand tout se déroule comme vous le voulezet que chacun prend du plaisir, vous le sentez.C’est quelque chose que vous pouvez presquetoucher du doigt.

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Pendant la durée de la série Otoko wa tsuraiyo[C’est dur d’être un homme], vous avez travailléavec les mêmes pendant 25 ans. C’était presqueune famille. Parlez-nous de votre collaborationavec aTsUMi kiyoshi.Y. Y. : En 2012, lorsque j’ai été décoré de l’Ordrede la culture, j’ai eu l’honneur de parler avec lecouple impérial. L’impératrice Michiko m’a de-mandé comment Tora-san était né. Je lui airépondu que sans aTsuMI, il n’y aurait jamais eude Tora-san. après l’avoir rencontré la premièrefois, je me suis demandé comment je pouvaismettre en valeur son talent unique. aTsuMI étaittoujours prêt à me suivre dans mes projets. Il nedisait jamais non. Je regrette aujourd’hui de luiavoir demandé de participer aux deux derniersépisodes de la série alors que les médecins y étaientopposés. Il savait faire la distinction entre le travailet la vie privée. Il n’aimait pas mélanger les deux.Je n’avais même pas son numéro de téléphonepersonnel. Il me l’a donné juste le jour de sa fêted’adieu. Je pense qu’il était parfois gêné par le faitque les gens ne faisaient pas la distinction entrelui et son personnage. un jour, il m’a racontéqu’il avait été abordé par un type saoul à la gare de

Tôkyô qui lui a dit : “Salut Tora-san. Commentvas-tu ? Et comment va ATSUMI Kiyoshi ?”

Un autre célèbre acteur TakakUra ken quivient de nous quitter a aussi été à l’affiche deShiawase no kiiroi hankachi [Les Mouchoirsjaunes du bonheur].Y. Y. : Comme aTsuMI, il est mort sans tamboursni trompettes. C’est comme s’il n’avait pas vouluembêter les gens avec ses problèmes. Je mesouviens de la première fois que je l’ai rencontrédans une auberge d’akasaka, à Tôkyô. Il portaitune simple veste en jeans et un pantalon. Je luiai expliqué l’histoire et il m’a juste répondu :“Faites-moi savoir quand vous avez besoin demoi”. Et avant de partir, il a juste ajouté : “Ce futune très belle journée pour moi !”. C’est quelquechose que je n’oublierai jamais. Il avait le mêmeâge que moi. Je pensais que tant qu’il aurait lasanté et continuerait de travailler pour des films,je pourrais faire comme lui. C’est la raison pourlaquelle à sa mort, j’ai été un peu déprimé.

Pourriez-vous dire quelques mots sur Baishô

Chieko avec qui vous avez tourné plus de 40

films ?Y. Y. : Ce qui est bien avec elle, c’est qu’elle vousrend meilleur que vous n’êtes. Ce que je veuxdire, c’est que chaque acteur qui a eu la chance detravailler avec elle a toujours été meilleur. Il y abeaucoup de bons acteurs qui ne pensent qu’àeux et à leur travail. Mais BaIshô Chieko n’estpas égoïste dans son approche de telle façon quesa propre façon de jouer permet d’améliorer sespartenaires. C’est un don rare et merveilleux.

Comme d’autres réalisateurs, certains sujetsreviennent dans vos films comme le conceptde furusato (village natal). Quel est votrefurusato et pourquoi est-ce si important pourvous ?Y. Y. : Je suis né à ôsaka, mais ma famille aémigré en Mandchourie quand j’étais encoretrès jeune. après la guerre, j’ai passé mon ado-lescence dans la préfecture de Yamaguchi. Quandje vivais en Chine et lors de mon retour auJapon, je n’ai pas cessé de changer d’endroit etje ne peux pas vraiment dire que j’ai une véritableville natale. Quand j’étais enfant, j’enviais mesamis qui pouvaient aller passer leurs vacances

Le cinéaste dans les bureaux de la Shôchiku à Tôkyô, le 4 mars 2015.

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Pendant la durée de la série Otoko wa tsuraiyo[C’est dur d’être un homme], vous avez travailléavec les mêmes pendant 25 ans. C’était presqueune famille. Parlez-nous de votre collaborationavec aTsUMi kiyoshi.Y. Y. : En 2012, lorsque j’ai été décoré de l’Ordrede la culture, j’ai eu l’honneur de parler avec lecouple impérial. L’impératrice Michiko m’a de-mandé comment Tora-san était né. Je lui airépondu que sans aTsuMI, il n’y aurait jamais eude Tora-san. après l’avoir rencontré la premièrefois, je me suis demandé comment je pouvaismettre en valeur son talent unique. aTsuMI étaittoujours prêt à me suivre dans mes projets. Il nedisait jamais non. Je regrette aujourd’hui de luiavoir demandé de participer aux deux derniersépisodes de la série alors que les médecins y étaientopposés. Il savait faire la distinction entre le travailet la vie privée. Il n’aimait pas mélanger les deux.Je n’avais même pas son numéro de téléphonepersonnel. Il me l’a donné juste le jour de sa fêted’adieu. Je pense qu’il était parfois gêné par le faitque les gens ne faisaient pas la distinction entrelui et son personnage. un jour, il m’a racontéqu’il avait été abordé par un type saoul à la gare de

Tôkyô qui lui a dit : “Salut Tora-san. Commentvas-tu ? Et comment va ATSUMI Kiyoshi ?”

Un autre célèbre acteur TakakUra ken quivient de nous quitter a aussi été à l’affiche deShiawase no kiiroi hankachi [Les Mouchoirsjaunes du bonheur].Y. Y. : Comme aTsuMI, il est mort sans tamboursni trompettes. C’est comme s’il n’avait pas vouluembêter les gens avec ses problèmes. Je mesouviens de la première fois que je l’ai rencontrédans une auberge d’akasaka, à Tôkyô. Il portaitune simple veste en jeans et un pantalon. Je luiai expliqué l’histoire et il m’a juste répondu :“Faites-moi savoir quand vous avez besoin demoi”. Et avant de partir, il a juste ajouté : “Ce futune très belle journée pour moi !”. C’est quelquechose que je n’oublierai jamais. Il avait le mêmeâge que moi. Je pensais que tant qu’il aurait lasanté et continuerait de travailler pour des films,je pourrais faire comme lui. C’est la raison pourlaquelle à sa mort, j’ai été un peu déprimé.

Pourriez-vous dire quelques mots sur Baishô

Chieko avec qui vous avez tourné plus de 40

films ?Y. Y. : Ce qui est bien avec elle, c’est qu’elle vousrend meilleur que vous n’êtes. Ce que je veuxdire, c’est que chaque acteur qui a eu la chance detravailler avec elle a toujours été meilleur. Il y abeaucoup de bons acteurs qui ne pensent qu’àeux et à leur travail. Mais BaIshô Chieko n’estpas égoïste dans son approche de telle façon quesa propre façon de jouer permet d’améliorer sespartenaires. C’est un don rare et merveilleux.

Comme d’autres réalisateurs, certains sujetsreviennent dans vos films comme le conceptde furusato (village natal). Quel est votrefurusato et pourquoi est-ce si important pourvous ?Y. Y. : Je suis né à ôsaka, mais ma famille aémigré en Mandchourie quand j’étais encoretrès jeune. après la guerre, j’ai passé mon ado-lescence dans la préfecture de Yamaguchi. Quandje vivais en Chine et lors de mon retour auJapon, je n’ai pas cessé de changer d’endroit etje ne peux pas vraiment dire que j’ai une véritableville natale. Quand j’étais enfant, j’enviais mesamis qui pouvaient aller passer leurs vacances

Le cinéaste dans les bureaux de la Shôchiku à Tôkyô, le 4 mars 2015.

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d’été chez leurs grands-parents. encore au-jourd’hui, je suis un peu jaloux des gens qui ontun endroit où ils peuvent retourner. MêmeTora-san, qui n’arrête pas de voyager dans lepays, revient tôt ou tard à shibamata. il saitqu’il y a des gens qui l’attendent là-bas.

En imaginant Tora-san, vous avez donc évoquévotre propre expérience ?Y. Y. : Oui, dans une certaine mesure. J’ai toujoursété attiré par les vagabonds et les personnes quivivent en marge de la société, les gens qui neveulent pas se conformer exactement aux règlessociales. Je n’ai aucun intérêt et peu de patienceavec des types puissants ou arrogants qui aimentcommander les autres. C’est pourquoi vous neverrez jamais ces personnes dans mes films. Mespersonnages sont des gens avec qui j’aimeraisvraiment être ami. il est vrai que d'avoir un amicomme Tora-san peut causer beaucoup de pro-blèmes, mais c’est un bon garçon, après tout. ilest un peu comme un bon à rien de petit frère.

Vous avez dû connaître des moments difficilesdans votre jeunesse ?Y. Y. : Vous pouvez le dire. Pendant et après laguerre, il y avait une pénurie de nourriture etj‘avais toujours faim. Dans ce genre de situation,personne n’osait parler gastronomie. On ne pou-vait pas y accéder et personne ne pouvait dire cequ’il préférait. Tout était bon aussi longtempsque vous pouviez remplir votre estomac. C’estquelque chose que je ressens à ce jour.

N’avez-vous pas pour autant un plat préféré ?Y. Y. : Disons que je suis toujours content demanger quelque chose de frit, comme un tendon(voir la recette préparée par notre chef p. 25).Néanmoins, ce n’est pas facile de trouver desrestaurants où l’on propose de très bons tendon.Je déteste les endroits chics. Le tendon est unplat du peuple par excellence, par un plat degourmets. il y avait de bons restaurants du côtéde Tsukiji, mais ils ont disparu depuis longtemps.

Vous avez évoqué l’idée de partir et revenir.C’est une notion très présente dans vos films.J’ai noté dans vos films, à l’exception notablede vos films de samouraïs, qu’il y a toujoursune scène de train. Vous semblez aimer beau-coup les trains.Y. Y. : C’est vrai. J’adore les locomotives àvapeur. Peut-être est-ce dû au fait que vouspouvez réellement voir tous les pistons et lesengrenages en action, toujours en mouvement.Je n’ai aucun intérêt pour le shinkansen, le trainà grande vitesse. Vous ne pouvez rien voir, et iln’y a même pas de bruit. C’est juste stupide.Vous ne pouvez pas comparer cela avec le tchou-tchou d'une locomotive à vapeur.

Vous avez commencé votre carrière avec descomédies et vos films ont souvent un côtéléger, mais dans vos derniers films, vous avezabordé des sujets plus lourds. Etes-vous in-fluencé par la situation politique actuelle ?Y. Y. : Oui. Le Japon est en train de prendreune voie dangereuse. Les gens s’inquiètent de ceque le pays est en train de devenir. ils s’inquiètentet moi aussi.

Kâbee [Notre mère, 2008] est un drame familialqui se déroule en 1940-41. Il commence par

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l’arrestation du père suspecté d’être un dissi-dent.Y. Y. : C’est vrai. A l’époque, la loi sur la préser-vation de la paix comme on l’appelait visait lescommunistes, les syndiqués et les opposants aurégime militaire. Aujourd’hui, la situation n’estpas aussi mauvaise qu’à cette époque et nousvivons apparemment dans un pays démocratique.Mais il y a des hommes politiques qui voudraientbien revenir en arrière. C’est en grande partiedû au fait que le Japon n’a jamais été très clairvis-à-vis de son passé. Après la guerre, l’Allemagnea présenté des excuses et de nombreuses personnesont été traînées devant la justice. Au Japon, denombreux criminels de guerre ont conservé leursfonctions. Même Kishi Nobusuke, qui est devenuPremier ministre entre 1957 et 1960 avait unpassé douteux. il est le grand-père de l’actuelPremier ministre Abe shinzô.

Le très intéressant musée qui vous est consacréà Shibamata est divisé en plusieurs sections.Deux d’entre elles ont attiré mon attention. Lapremière est intitulée “Arrêtez-vous et regardezpar-dessus votre épaule. Choses que les Japonaisdevraient chérir du passé” et l’autre s’appelle“Education : apprentissage et enseignement”.Y. Y. : Comme vous vous en doutez, les deuxthèmes sont intimement liés. Je pense que lesJaponais devraient vraiment se retourner et sesouvenir de leur passé. Les plus jeunes et tousceux qui sont nés après la guerre sont sur lepoint d’oublier leur histoire. Nous devons l’em-pêcher. Nous devons nous souvenir du cheminque le pays a emprunté dans la première moitiédu XXe siècle et des responsabilités liées à laguerre en Asie et dans le Pacifique. Je suis né en1931, l’année où la guerre contre la Chine acommencé. Je suis né le 19 septembre. La veille,l’armée impériale avait organisé un complotpour favoriser l’invasion de la Mandchourie. Denombreux mensonges ont été racontés sur l’his-toire du Japon. C’est quelque chose que nousdevons corriger. Nous devons reconnaître notreguerre d’agression. J’ai grandi en Mandchourieet j’ai vu de mes yeux les choses horribles commisespar les Japonais et la discrimination dont lesChinois ont été victimes. Nous devrions avoirhonte de ce qu’a accompli l’armée impériale enAsie. Même lorsque nous évoquons hiroshimaet Nagasaki où l’on compte plus de 300 000 vic-times, nous devons nous souvenir de ce qui aconduit à cette tragédie et de tous les mensongesprofessés par le gouvernement. La guerre estune chose terrible, horrible et il n’existe aucunebonne raison pour en démarrer une. Le Japon ala chance d’avoir une Constitution pacifiste quiconsidère la guerre comme illégale. Nous devonsdéfendre ce formidable document.

PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN DEROME

Shiawase no kiiroi hankachi avec TAKAKURA Ken (1977).

Kâbee avec YOSHINAGA Sayuri (2008).

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ZOOM CULTURE

H umeur par koga ritsuko

je rêvais de vivre en France et de quitter le japonqui me paraissait terne et qui ne m’inspirait rien.Charmée par des peintures impressionnistes quim’entraînaient dans un univers onirique infini, j'aitrouvé ma France un peu plus concrète dans sesfilms. après ma première rencontre avec, biensûr, La Boum, à l’âge de 13 ans, je crois avoirregardé tous les films disponibles (en location)dans ma ville natale. après godard, ce sont jean-jacques Beineix et Patrice Leconte qui m'ont souf-flé le plus l'esprit français. et tout ce que je voyaisdans leurs films me faisait rêver : du paysageinconnu jusqu'aux assiettes posées sur une tableà moitié cassée. Pendant ce temps-là, je n'ai jamais cherché àconnaître les films japonais, ni ceux de kuroSawa,ni ceux d'ozu. Quant à Yamada Yôji, je connaissaisses œuvres depuis petite mais ce n'était pas unchoix, ils faisaient partie du japon où j'ai vécu. Parexemple, je ne peux mêmepas dire si je suis fan ou nonde son fameux personnagetora-san d’Otoko wa tsuraiyo[C'est dur d'être un homme].Sans chercher, il existait natu-rellement dans notre viecomme une personne réelle,un peu comme un oncle lointain. C'est valablepour son autre série plus récente Tsuribaka nisshi[journal d’un fou de pêche], une comédie racon-tant la vie d'un employé obsédé par la pêche. jen'ai pas été le voir au cinéma mais on le regardaità la télé en famille. je peux dire que, sans vraimentconnaître la grandeur de ce cinéaste, on a tousgrandi avec ses créations qui nous invitent à nousplonger dans le quotidien tranquille des senti-ments humains, ce qui me rend nostalgiqueaujourd'hui.depuis que je suis en France, je ne vois presqueplus de films français, car les personnes excen-triques et les tables à moitié cassées j'en ai assezautour de moi et ma vie parisienne est parfoisaussi spectaculaire que ces films. Cela m’a amenéà découvrir le cinéma japonais et à reconnaîtreses valeurs. alors, je me demande si je suis deve-nue suffisamment française pour les apprécier ousi je reste finalement trop japonaise dans monesprit. C'est dur d'être une étrangère !

L’envers du décor

Littérature La Maison autoit rougeYAMADA Yôji apprécie la littérature.

Depuis ses débuts, il a porté lui-même à

l’écran plusieurs romans ou il a adapté

pour d’autres cinéastes comme NOMURA

Yoshitarô des ouvrages. On lui doit

notamment plusieurs adaptations du

maître de la littérature policière

MATSUMOTO Seichô dont le fameux Kiri

no hata en 1965 avec la formidable

BAISHÔ Chieko. On retrouve l’actrice

dans la dernière adaptation littéraire

de YAMADA. La Maison au toit rouge de

NAKAJIMA Kyôko, prix Naoki 2010, sort

en librairie au moment où le film est

distribué dans les salles françaises. Une

bonne occasion de découvrir cette

œuvre que le cinéaste a sublimée à

l’écran et que la traduction de Sophie

Refle rend très accessible.

La Maison au toit rouge, de nakajima kyôko,

traduit par Sophie refle, editions du Seuil,

21 €. www.seuil.com

tournage InfatigableYamada YôjiMalgré ses 83 ans, le cinéaste ne

semble pas décidé à raccrocher de

sitôt. Il s’est lancé dans le tournage

de Kazoku wa tsuraiyo [C’est dur

d’être une famille] qui devrait sortir

sur les écrans japonais en mars 2016.

Le titre, qui rappelle celui de sa

fameuse série Otoko wa tsuraiyo [C’est

dur d’être un homme], est en fait une

suite, 20 ans après la sortie du

dernier volet des aventures de Tora-

san. Parmi les acteurs, on retrouve

certains de ceux qui avaient participé

à Tôkyô Kazoku (Tokyo Family) en 2013

que YAMADA Yôji avait tourné en

hommage au Voyage à Tokyo (Tôkyô

monogatari) d’OZU Yasujirô. Une fois

de plus, le réalisateur porte un regard

sur les liens familiaux et leur

évolution dans un pays en pleine

transformation sociologique.

Sortie Succès à venirLe 12 décembre 2015, les spectateurs

japonais pourront

découvrir le nouveau

film de YAMADA Yôji,

Haha to kuraseba,

que le cinéaste vient

de tourner avec la

fidèle YOSHINAGA

Sayuri, NINOMIYA Kazunari et KUROKI

Haru, récompensée à Berlin pour sa

prestation dans La Maison au toit

rouge. Le film écrit par YAMADA et

HIRAMATSU Emiko est inspiré par des

écrits du romancier INOUE Hisashi. Haha

to kuraseba sort pour les 120 ans de la

Shôchiku pour qui YAMADA Yôji

travaille depuis 1954.

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ZOOM CULTURE

D epuis qu’il a commencé sa carrière decinéaste, Yamada Yôji a tourné plusde 80 films. Pour ce professionnel qui

défend dans la plupart de ses réalisations les liensd’amitié et la famille, il était tout à fait naturelqu’il cultive lui-même des relations très étroitesavec les équipes de tournage et les acteurs. d’atsumi

Kiyoshi qui a été son acteur fétiche pendant prèsde 30 ans à taKaKura Ken dont la performancedans Shiawase no kiiroi hankachi [Les mouchoirsjaunes du bonheur] est étonnante, en passant parNishida toshiki qu’il a dirigé mais pour qui il aécrit le scénario d’une série de 22 films, tous ces in-terprètes appartiennent à la famille Yamada. ilsont contribué à créer un style de cinéma qui n’apas d’équivalent dans l’archipel et dans le reste dumonde. il en va de même avec Baishô Chieko,cette immense actrice dont la carrière a décollé en1963 grâce à Yamada. il lui a donné le rôle principaldans Shitamachi no taiyô [Le soleil de shitamachi]et elle l’a accompagné dans des dizaines de projetsdont La Maison au toit rouge (Chiisai ouchi) ré-compensé au festival de Berlin en 2014. il en va demême pour YoshiNaga sayuri qui a commencé àcollaborer avec Yamada en 1972 dans le neuvièmeépisode de la série Otoko wa tsuraiyo [C’est durd’être un homme] pour ensuite occuper les premiersrôles de Kâbee [mère, 2008] et d’Otôto [Petit frère,2010]. il a aussi donné à rYû Chishû, l’acteurfétiche d’ozu Yasujirô, une place importante depatriarche dans plusieurs de ses films et permis àde jeunes talents de se faire un nom. Parmi eux, ilconvient de citer YoshioKa hidetaka dont il a sutirer le meilleur dans Gakkô II [Ecole 2, 1988] ouencore La Maison au toit rouge.

GABRIEL BERNARD

DESTINS Comme un air de familleLe cinéaste a croisé de nombreux grandsacteurs. Il a aussi contribué à l’émergencede nouveaux talents.

(de gauche à droite) ATSUMI Kyoshi, BAISHÔ Chieko, RYÛ Chishû, NISHIDA Toshiyuki, TAKAKURA Ken ou encore

YOSHINAGA Sayuri font partie de l’immense famille cinématographique que YAMADA Yôji a su créer tout au

long de sa carrière à la Shôchiku.

DR

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ZOOM CULTURE

P lusieurs vétérans issus du système des an-ciens studios mis à mal par l’avènementde la télévision continuent de travailler.

a 83 ans, Yamada Yôji est néanmoins le seul àtravailler pour le studio avec lequel il avait démarréen 1954. Il a dirigé quelque 81 films pour la shô-chiku dont l’origine remonte à 1920 et qui a étéentre autres la maison d’Ozu Yasujirô et d’ÔsHIma

Nagisa.C’est la série Otoko wa tsuraiyo [C’est dur d’êtreun homme, voir pp. 16-17] qui a été la principalesource de succès de Yamada et ce qui lui a permisde bâtir sa réputation. Les 48 films tournés entre1969 et 1995 ont non seulement permis au cinéastede conserver son emploi, mais aussi au studio derester financièrement à flots.Il a aussi obtenu sa part de renommée internationalegrâce à sa trilogie de films de samouraïs, volontiershumaniste, constituée par Le Samouraï du crépuscule(Tasogare Seibei, 2002), Le Samouraï et la servante(Kakushi ken oni no tsume, 2004) et Love andHonnor (Bushi no ichibun , 2006). Le Samouraïdu crépuscule étant le tout premier film en costumesréalisé par Yamada. racontant l’histoire d’un sa-mouraï de rang inférieur obligé de prendre lesarmes pour défendre l’honneur de sa famille, cefilm a valu à Yamada d’être inscrit dans la sélectionpour l’Oscar du meilleur film étranger et de recevoir13 prix dont celui du meilleur réalisateur lors desrécompenses annuelles du cinéma japonais.

RÉFÉRENCESLa Maison au toit rouge (Chiisai ouchi), de YAMADA

Yôji d’après le roman de NAKAJIMA Kyôko. 2h16.Avec MATSU Takako, KUROKI Haru, BAISHÔ Chieko.

En dépit de ces nombreux prix, Yamada Yôji de-meure encore un cinéaste négligé par la plupartdes critiques et des spécialistes étrangers du cinéma,surtout lorsqu’il s’agit de comparer avec un réali-sateur comme Ozu qui a fait le nom de la shôchiku.d’une part, la série Otoko wa tsuraiyo lui a donnél’image d’un cinéaste populiste, pas très sérieux,alors qu’au Japon, son statut est bien plus élevénotamment grâce à son road-movie Shiawase nokiiroi Hankachi [Les mouchoirs jaunes du bonheur],de 1977 qui a été nommé parmi les 100 meilleursfilms japonais du XXe siècle par Kinema Junpô, laplus ancienne revue de cinéma de l’archipel. La Maison au toit rouge (Chiisai ouchi) ne devraitpas bouleverser cette situation dans la mesure oùl’on se trouve devant un drame familial dont Ya-mada s’est fait une spécialité. Né en 1931, lecinéaste a non seulement vécu la période 1935-

1945 décrite dans le film, mais il a su mettre enévidence avec finesse tout ce qui fait le charme dece film depuis la décoration jusqu’aux mœurs so-ciales.La maison au toit rouge semble tout droit venuedu musée d'architecture situé dans le parc Koganeià Tôkyô, où l’on trouve des exemples remarquablesde maisons du XIXe et au début du XXe siècle,ainsi que des bâtiments commerciaux, désormaisrares in situ en raison des destructions de la guerreet de la période de reconstruction d'après-guerre.Le film décrit avec justesse les conditions de vie dela classe moyenne supérieure qui, pour les classesouvrières des années 1930, relevait du rêve, et au-jourd'hui semble agréable et idyllique mais quiont totalement disparu.Les dialogues coécrits par Yamada Yôji et HIra-maTsu Eriko constituent également un retour

NOUVEAUTÉ Un travail d’orfèvreAvec La Maison au toit rouge, YAmAdAYôji a pu enfin obtenir une véritablereconnaissance internationale.

KUROKI Haru qui interprète Taki tente de raisonner sa patronne Tokiko incarnée par MATSU Takako.

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RESTAURANT JAPONAIS

Ouverts tous les jours de 11h30 à 22h30 M

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Palais RoyalMusée du Louvre

Palais RoyalMusée du Louvre

PyramidesPyramides

MQuatre-SeptembreQuatre-Septembre

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av. de l’Opéra

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bd. des Italiens

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27, Bd des Italiens 2e ParisTél. 01 40 07 11 81

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Sainte Anne

163, rue Saint-Honoré 1er ParisTél. 01 58 62 49 22

Saint-Honoré

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vers le passé, cette fois vers l’époque d’ozu dontle chef-d’œuvre Voyage à Tôkyô (Tôkyô Monogatari,1953) a fait l’objet d’un remake signé YaMada en2013 sous le titre Tôkyô kazoku (Tokyo Family). L'histoire, comme celles des films d’ozu dans lesmilieux bourgeois semblables, n’est pas un simpleretour en arrière nostalgique sur une époque oùtout était plus simple. Il s’agit plutôt d’une histoired'amour dont est témoin une jeune servante aucœur pur et qui se la remémore quelques décenniesplus tard.Cette structure de flash-back est devenue courantedans plusieurs films japonais récents dont le récitse déroule dans cette période compliquée desannées 1930 que les cinéastes entendent expliqueraux plus jeunes spectateurs. Cependant, YaMada

utilise également cette structure pour illustrercomment le passage du temps adoucit l'impactdes émotions et des actes qui auraient pu autrefoisbouleverser une vie - ou du moins mettre endanger un mariage.Le film commence dans le présent, peu de tempsaprès la mort de taki interprétée par BaIsHô

Chieko, une femme âgée qui s’est lancée dansl’écriture de ses mémoires sous l’impulsion deson petit-neveu takeshi (tsuMaBuKI satoshi)qui se montre parfois un peu critique à son en-contre. L'histoire se déplace rapidement à 1935,lorsque taki (KuroKI Haru), une jeune filleoriginaire de la préfecture de Yamagata se rendà tôkyô pour travailler comme bonne à toutfaire. après une année passée auprès d’un écrivain(HasHIzuME Isao), elle part travailler pour lepropriétaire de la “maison au toit rouge”, HIraI

Masaki (KataoKa takataro), un dirigeant d’uneentreprise de jouets, qui y vit avec son épousetokiko (Matsu takako) et leur fils de 5 ans,Kyôichi.taki entre au service des HIraI, en particulier del’épouse tokiko, une femme cultivée et indépen-dante. Puis, à l’occasion d’une fête de Nouvel an,tokiko fait la connaissance d’ItaKura (YosHIoKa

Hidetaka), un jeune designer qui travaille dansl'entreprise de son mari. Lui aussi originaire du

nord de l’archipel, ItaKura est un artiste jusqu'aubout des ongles. Il se montre indifférent auxdiscours des autres hommes sur la guerre et lesprofits. Il entame avec tokiko, qui admire sontalent pour le dessin et partage sa passion pour lamusique classique, un amour platonique.de son côté, taki observe d’un œil bienveillantl’éclosion de cette amitié dans la mesure où elleapprécie aussi le gentil ItaKura. Mais la passionnaissante entre sa patronne et le jeune designerne manque pas de l’alarmer. Cependant, YaMada

n’a pas construit un triangle amoureux classique.au lieu de cela, il a fait un film dans lequel ilessaie de voir comment cette liaison amoureuse(s’il s’agit bien d’une liaison) affecte les relationsde taki avec tokiko et sa vie future.taki passe de la rustre et peureuse campagnardeà la confidente qui peut, lorsque la situationl’exige, dire la vérité même la plus dure à sapatronne. KuroKI Haru, une nouvelle actricepleine de promesses, gère cette transition avecgrâce et aplomb, ce qui lui a valu d’obtenir l’ours

d’argent de la meilleure actrice au 64e Festival in-ternational du film de Berlin en 2014. Issue d’une famille de célèbres acteurs de kabukiMatsu takako interprète avec brio tokiko unedémocrate pétillante qui peut brusquement setransformer en une femme dure si elle est contrariéeou si on refuse de céder à ses envies. Elle a prisl’habitude de se comporter ainsi et ne fait pasgrand cas de ce que peuvent penser les autres.Le film lui-même, cependant, vacille vers la finavec la révélation du grand secret de taki qu’ellea gardé pendant 60 ans. YaMada Yôji, un cinéastepopuliste jusqu’au bout des os, ne peut s’empêcherde conduire l’action du film vers une fin com-merciale labélisée. dans le même temps, il évoquetranquillement de nombreuses tragédies de l'époqueliées à des espoirs déçus et des projets avortés.Quant à la petite maison elle-même, il vous faudrachercher longtemps pour trouver quelque chosequi lui ressemble à tôkyô, à moins de vous rendreau musée du parc Koganei.

MARK SCHILLING

YAMADA Yôji, au centre, entouré des principaux interprètes de La Maison au toit rouge.

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L ’homme rit avec son visage, pleure avec sonventre”, chante aTsuMi Kiyoshi (1928-1996), alias Tora-san, le personnage autour

duquel est construit tout l’univers d’Otoko watsuraiyo [C’est dur d’être un homme] que YaMada

Yôji va décliner durant plus d’un quart de siècle,au gré des quarante-huit films que compte la sérieéponyme. dès que cette chanson (paroles de hO-shiNO Tetsurô, musique de YaMaMOTO Naozumi,deux artistes bien connus des Japonais) qui ac-compagne le générique de chacun des films de lasérie se fait entendre, le public japonais se retrouveinstantanément en terrain connu, dans le monde,ô combien attachant, de Tora-san le fûten, le va-gabond aux quarante-huit chagrins d’amour (unpar film…).Car qui dit YaMada Yôji dit bien sûr Tora-san ;et qui dit Tora-san dit aTsuMi Kiyoshi. Cettetriade, née au départ d’une série télévisée répartieen 24 épisodes (1968-1969), prend véritablementforme en août 1969, date de la sortie de lapremière version filmée et va durer jusqu’en1995, année qui précède le décès de l’acteur.Comme le souligne YaMada Yôji lui-même dansune interview de 2011, Otoko wa tsuraiyo estl’œuvre d’une vie, un lifework selon ses proprestermes. Que l’on apprécie ou non le cadre danslequel se situent invariablement les péripéties duhéros, celui du ninjô-kigeki, de la comédie senti-mentale, on ne peut difficilement contester ceci:se dresse devant nous une œuvre, au sens fort duterme, proprement monumentale. Par ailleurs,rôle d’une vie, le personnage de Tora-san finit aufil des ans par se confondre avec aTsuMi Kiyoshi,l’acteur, mais aussi l’homme. aTsuMi est Tora-san, et inversement ; par l’intensité de l’identifi-cation, on est loin par exemple de la figure d’un

James Bond, dont le visage se trouve associé àdifférents acteurs, de sean Connery à PierceBrosnan en passant par Roger Moore. C’est surl’investissement sans commune mesure de Ya-Mada Yôji et d’aTsuMi Kiyoshi dans cette œuvre,soutenue par des acteurs exceptionnels — entreautres, BaishÔ Chieko qui joue sakura, la sœurde Tora-san, dans toute la série, et le grand RYû

Chishû (le grand-père du Voyage à Tôkyô d’Ozu)

qui est de l’aventure du premier au quarante-cinquième film — que repose la popularité jamaisdémentie de la série Tora-san.Mais tout cela ne serait rien sans la figure centralede Tora-san. Le génie de YaMada Yôji a été d’in-venter cet anti-héros et de l’avoir fait incarner paraTsuMi Kiyoshi, à un moment — nous sommesà la fin des années soixante — où ÔshiMa Nagisa,placé sous l’égide de l’aTG (art Theatre Guild),

ATSUMI Kiyoshi a incarné KURUMA Torajirô alias Tora-san de 1969 à 1996

SOCIÉTÉ Tora-san, le bonhomme de la rueIl représente le personnage clé de YAMADA Yôji. KURUMA Torajirôincarne le Japon éternel.

DR

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s’impose comme le chef de file du cinéma indé-pendant et contestataire japonais. ÔShImA s’adresseaux intellectuels, ses pairs ; YAmADA Yôji, quitravaille pour la société Shôchiku, s’adresse auplus grand nombre, au shomin, la classe populaire,qu’ATSumI Kiyoshi connaissait parfaitement pouravoir fait ses débuts de comédien dans des spectaclesde strip-tease. Est révélatrice à cet égard l’oppositionentre Shinjuku dorobô nikki [Journal d’un voleurde Shinjuku] d’ÔShImA, et Otoko wa tsurayo,réalisés la même année, en 1969 donc. D’un côtéle quartier de Shinjuku, haut lieu de la révolte es-tudiantine et de toutes les avant-gardes, à l’ouestde la capitale ; de l’autre, Katsushika Shibamata,au nord-est de Tôkyô, quartier populaire entretous, à mille lieues de l’effervescence politico-ar-tistique. C’est là que YAmADA Yôji fait naîtreTorajirô — dont le nom de famille, KurumA,renverrait explicitement, selon le critique YomoTA

Inuhiko, à la famille KurumA Zenshichi qui, àl’époque d’Edo, contrôlait les hinin (littéralementles “non-humains” ou, si l’on veut, les intouchables)et assimilés, notamment les artistes de rue appelésgômine, ce renvoi étant la preuve, toujours selonYomoTA, des intentions profondément politiquesdu réalisateur.Le décor est en tout cas planté : Tora-san est ré-solument un enfant du peuple. Il n’a jamaisconnu sa mère. Après s’être disputé avec sonpère, il fugue vers 16 ans et quitte son quartier,son kokyô, sa terre natale, son “bled”, laissantderrière lui son père, qui meurt après son départ,et une jeune sœur, Sakura. Le premier film, celuide 1969, commence avec le retour de Torajirô àShibamata après dix ans d’absence. Tout montre,dans le film, le décalage de ce Tora-san avec lamodernité industrielle, le miracle économiqueet les valeurs qui les sous-tendent : l’effort, laconstance, la stabilité. Le décalage est encoreplus grand, on aura deviné, avec l’univers deShinjuku mis en scène par ÔShImA. Sans diplôme, sans travail fixe, vivant au jour lejour, se déplaçant de ville en ville et de région enrégion (cela fait partie du charme de la série dontchaque film montre un visage particulier de l’ar-chipel), chantant des chansons irrémédiablementhors mode (a-t-il jamais entendu les Beatles, lesrolling Stones ?), Torajirô mène une vie de tekiya,de yashi, ces bonimenteurs qui vendent de la ca-melote les jours de marché ou de fête et donttout, le statut, le parler et l’accoutrement, les ap-parentent aux yakuza. or ce bonimenteur, senti-mental, généreux mais irrémédiablement maladroit,est constamment en train de “rire avec son visage,pleurer avec son ventre”. Etre un homme n’est pasune sinécure, lorsqu’on se trouve soumis au regardméprisant des gens comme il faut, lorsque l’amour,pour un vagabond, s’avère inaccessible. mais voilà, nous dit YAmADA Yôji à travers Tora-san, vivre, c’est précisément rire avec le visage, et

garder en son for intérieur les souffrances. Il n’estdonc pas question de s’installer dans les jérémiades,de se complaire dans la posture de “c’est la fauteaux autres, aux riches, au gouvernement”. A aucunmoment Tora-san ne s’apitoie sur son sort — lesrires et les larmes du quartier vers lequel il revienttoujours pour mieux repartir lui suffisent. Decondition modeste, confronté à de multiples bar-rières visibles et invisibles, il profite par contre dela distance qui le sépare des autres pour se préserverun espace de liberté, au fondement de sa dignitéen tant qu’être humain. Sans passer par les discoursde la dénonciation auxquels il pourrait légitimement

faire appel eu égard à son statut de déclassé, il seraamené à rappeler, film après film, les possibilitésd’une liberté à laquelle la modernité japonaisedonne parfois l’impression d’avoir renoncé. Enceci, la série Otoko wa tsuraiyo est une œuvredont le ressort narratif, pourtant codifié une foispour toutes — retour au quartier, voyages assortisde chagrins d’amour, départ — délivre inlassa-blement un message d’espoir qui reste de bout enbout politique. La façon dont les Japonais l’ontplébiscitée et le plébiscitent encore montre qu’ilsl’ont bien entendu.

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Dans le quartier de Shibamata, la nostalgie de Tora-san n’en finit pas.

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© TAMURA Yoshiyasu

Y amada Yôji est le seul réalisateur japonaisqui, depuis plus d’un demi-siècle, conti-nue de produire plus d’un film par an.

Sa réalisation la plus connue est la série Otoko watsuraiyo [C’est dur d’être un homme], avec commehéros Tora-san un homme d’âge mûr, vendeurambulant (teki-ya en japonais) qui parcourt toutle Japon pour faire des affaires lors de diversesfêtes locales. Cependant, Tora-san revient deuxou trois fois par an dans son quartier natal : Shi-bamata, dans l’arrondissement de Katsushika,dans la banlieue de Tôkyô, ancien faubourg d’Edoentouré de temples où règne une atmosphère debon voisinage. Si ses occupations l’obligent àsillonner tout le Japon, le retour “chez lui” toujoursimprévu est provoqué par l’apparition dans unrêve de sa demi-sœur, Sakura, qui travaille dans laboutique familiale de dango (boulette à base defarine de riz), Kuruma-ya, alias Tora-ya.Face à Sakura qui l’accueille toujours à bras ouvertset pour son oncle et sa tante qui tiennent laboutique Kuruma-ya, notre homme reste un peufantasque voire un peu provocateur. mais pourTora-san, ce sont des êtres irremplaçables. Cetype de rapport humain chaleureux qui accueilleun homme solitaire dans sa vie, ne serait-ce pasun élément caractéristique de la plupart des Ja-ponais. alors même que la série Otoko wa tsuraiyoavec ses 48 titres a perduré de 1969 à 1995, cetype de rapport humain était considéré commedésuet.Il n’était pas rare d’en faire ainsi la critique : “Unmonde avec des gens qui ont toujours une tellebonne conscience n’existe pas. La famille et la com-munauté restent quelque chose de plus compliqué.Il n’existe pas d’endroit où l’on peut revenir tout le

POINT DE VUE Le Japon selon M. YamadaPour le critique de cinéma, le réalisateurde la série Otoko wa tsuraiyo ou encorede Kazoku est celui des déracinés.

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temps et où l’on accueille même les gens du voyagecomme Tora-san.”Mais un tout autre point de vue s’exprime parl’intermédiaire du philosophe SHIMADA Yutaka,grand fan de Tora-san. Le rapport entre Tora-san et les gens de Kuruma-ya représenterait pourles Japonais d’aujourd’hui “un rapport humaindu futur”. Tora-san n’a pas en fait de vrai lien deparenté avec les gens comme Sakura, l’oncle, latante, le mari et le fils de Sakura, et le patron del’usine qui se trouve derrière la boutique Ku-ruma-ya. Pourtant ces gens se présentent commedes membres de la famille. La mère de Tora-sanet celle de Sakura n’est pas la même ; sa mère l’aquitté et leur père est décédé. Dès son plus jeuneâge, Tora-san a fugué plusieurs années. “Représenterun homme nouveau avec d’éventuels futurs nouveauxrapports humains, ce n’est pas possible avec desimages concrètes. Alors le seul moyen est de les fairerevivre parmi les choses et les faits perdus et passés”,assure SHIMADA Yutaka.Lorsque je songe à Tora-san, les propos de SHI-MADA me reviennent en mémoire et sembleraientse superposer à la vie même de YAMADA Yôji quia mis au monde le personnage de Tora-san. Pen-dant la Seconde Guerre mondiale, le réalisateura passé sa jeunesse en Mandchourie, alors occupéepar les Japonais et ce n’est qu’après la guerrequ’il est revenu au Japon. Un jour, le jeune YA-MADA est allé au cinéma, accompagné par uneservante du nom de Fumi. Le film projeté étaitRobô no ishi [Une pierre au bord du chemin,1938] qui décrivait un village pauvre du Japon.En voyant Fumi, originaire des îles de Gotô àKyûshû qui avait été contrainte pour survivre departir en Mandchourie, regarder le film, le futurréalisateur s’est rendu compte que “l’on pouvaitvoir le film, tout en entrant dans l’histoire de Fumicomme s’il s’agissait de sa propre vie, et pleurer àen crier”. “Ce fut pour moi une révélation”, racon-tera-t-il plus tard.En Chine, le jeune YAMADA vivait dans unegrande maison de type occidental et sur ce conti-nent, il pouvait voyager en train pendant une

journée entière sans rien voir d’autre que la ligned’horizon. Pour lui, le paysage de ce pauvre villagejaponais représentait un monde lointain qu’il neconnaissait pas encore et le seul visage de Fumi,les larmes aux yeux, est resté gravé à jamais danssa mémoire.Il est à noter que le paysage vu par Fumi demanière nostalgique était un paysage du futurque YAMADA allait découvrir en rentrant auJapon. Plus tard, il a raconté qu’après son retourau Japon, il ne lui restait que de mauvais souvenirs.Il s’agissait du “Japon” appréhendé en Chine àtravers Fumi.“Le thème qui traverse toute la série de Tora-sanest probablement la nostalgie du pays natal, maisce n’est pas quelque chose que je ressens moi-même”,affirme YAMADA Yôji. La passion qui l’a poussé àcontinuer la série ne se situe pas dans le même re-gistre que le sentiment nostalgique dont faitpreuve Tora-san. Le réalisateur se considère commeun “homme sans pays natal”. Ce thème du Japonaissans pays natal caractérise toute la filmographiedu cinéaste, y compris la série Otoko wa tsuraiyo.Dans le film Kazoku [la famille, 1970], un coupleparcourt 3000 kilomètres en six mois, partant deleur île natale dans l’extrême sud du Japon pouraller vivre à Hokkaidô, à l’extrême nord du Japon.Les scènes sont tournées dans les paysages au-thentiques du Japon ; le film nous montre levoyage du couple avec leurs enfants et le vieuxpère, passant de région en région, parmi des gensde chaque région. A la gare d’Ôsaka par exemple,ils descendent dans la galerie marchande au milieud’une grande foule pour revenir finalement à leurpoint de départ ; le film nous montre cette fatiguede la répétition.Cela symbolise l’homme moderne qui s’épuisedans la ville, fabriquée par un système qui netient pas compte des gens qui la sillonnent. Datantde 1970, année de l’Exposition universelle d’Ôsakadont le thème était “progrès et harmonie pourl’humanité”, ce film raconte l’histoire d’une famillequi ne pourra jamais pénétrer dans le lieu de l’Ex-position. Se trouvant à Ôsaka à ce moment-là, ils

viennent jusqu’à l’entrée où une longue filed’attente les décourage, les parents se contententde dire à leur garçon de 3 ans : “Voilà, c’est çal’Expo”, en lui montrant seulement l’extérieur ; etcomble de malheur, leur fille d’un an mourra surle dos de la femme, à cause de tout ce pénible dé-placement.C’est bien un film de voyage, mais un voyage sansretour. Après avoir quitté leur maison natale et ledoux climat de Nagasaki, ils se dirigent vers Hok-kaidô où règne un froid extrême, avec l’espoird’être des “pionniers”. Ce voyage est comme lavie elle-même. De temps en temps, entre la femmeet le mari, et entre les membres de la familleéclatent des querelles : “Pourquoi toutes ces peineset tout ce voyage?” Cela peut être interprété commececi : en perdant de vue la raison pour laquelle onvit et on s’agite, on se trompe sur ce qui estvraiment important. Dans la bande-annonce dufilm, le message était lancé : “C’est de vous qu’onparle et c’est à vous que s’adresse ce film.”Malgré tous ces ennuis, ou plutôt grâce à eux,l’on se dit que “cette année, il va bien nous arriverquelques bonnes surprises”. YAMADA Yôji met enscène ces moments d’où émerge ce “sentimentd’espoir”. C’est une force qui nous permet detrouver un avenir par-delà la dure réalité du quo-tidien et de vivre dans le réel.Pour les Japonais qui ont perdu leur pays natal,YAMADA Yôji dresse leur portrait, avec un regardporté vers l’avenir et l’espoir dans le cœur. Ilcontinue à décrire leur courage à vivre dans larigueur et l’austérité. Dans ses films, il est souventquestion de “bonheur”. Pour le réalisateur, le bon-heur apparaît au moment précis où les gens, ayantperdu leur “pays natal” s’efforcent de vivre et fi-nalement se mettent à rêver de l’avenir.Il ne s’agit pas d’un rêve agréable et doux, mais dequelque chose qui est fondé sur une connaissancede la dure réalité. La raison de son succès au Japonpeut s’expliquer parce que ses films sont des en-couragements adressés aux Japonais. A ce titre, ilest un des réalisateurs les plus représentatifs duJapon. KIRIDÔSHI RISAKU

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Y amada Yôji est un homme fidèle. depuisson entrée à la shôchiku en 1954, il nelui a fait aucune défection. Il a également

entretenu une amitié fidèle avec nombre d’acteurset de techniciens avec qui il a tourné la majoritéde ses films. Ce sens de la fidélité se retrouve aussiau niveau de son intérêt pour le train qu’il n’ajamais oublié de mettre en scène dans ses œuvres,à l’exception de ses films de samouraïs. de sa pre-mière réalisation à la dernière sortie en salles, le ci-néaste a toujours accordé une place non négligeableà l’univers ferroviaire. dans sa fameuse série Otokowa tsuraiyo [C’est dur d’être un homme], les aven-tures de tora-san commencent souvent aux abordsd’une gare pour s’achever sur le quai de celle deshibamata. Cette manie a largement contribué àtransformer les fans du cinéaste en des amateursavertis de trains, désireux de suivre les traces de sespersonnages. C’est d’autant plus remarquable queYamada Yôji s’est souvent attaché à faire la pro-motion de petites lignes locales ou de gares d’or-dinaire peu fréquentées. Grâce à lui, certaines deces destinations sont devenues très populaires etdemeurent encore aujourd’hui des lieux très visités. Classée au premier rang des lignes locales préféréesdes Japonais, la ligne Gonô entre Kawabe et HigashiNoshiro, au nord-ouest de l’archipel, est caracté-ristique de l’engouement du cinéaste pour les tracésferroviaires qui sortent de l’ordinaire. située aubord de la mer du Japon, cette ligne offre auxvoyageurs des paysages uniques, mais aussi desarrêts qui ne laissent pas indifférents. La gare detodoroki qui a la particularité d’être isolée et defaire face à la mer est devenue une sorte de lieu depèlerinage pour les fans de tora-san depuis qu’ellea fait son apparition dans le septième film de la

série en 1971. de la même façon, la minusculegare de shimonada (ligne Yosan entre takamatsuet uwajima sur l’île de shikoku) avec une vue im-prenable sur la mer Intérieure est un lieu très fré-quenté depuis qu’elle a reçu la visite de tora-sandans le dix-neuvième épisode d’Otoko wa tsuraiyoen 1977. mais la présence du train ne se limite pasaux seuls films liés à cette série. La Maison au toitrouge (Chiisai ouchi), la dernière production deYamada sortie sur les écrans, débute par une sé-quence où l’on entend le passage d’un train, unemanière de signifier que la vie continue alors mêmeque l’on assiste à la cérémonie d’incinération dupersonnage principal de l’histoire. dans bon nombrede ses films, le train se présente comme un symbolesans lequel la vie n’aurait parfois guère de sens.ancien assistant de Nomura Yoshitarô lorsqu’il adébuté à la shôchiku en 1954, il est intéressant de

noter que les deux hommes ont collaboré sur desœuvres dans lesquels le train occupe une place cen-trale. Yamada a ainsi signé le scénario de deuxgrands succès de Nomura où le train occupe la ve-dette : Zero no shôten [Zero focus, 1961] et LeVase de sable (Suna no utsuwa, 1974). adaptés dedeux romans de matsumoto seichô, l’un desmaîtres du polar ferroviaire, ces deux longs-métragessont caractéristiques de l’intérêt que Yamada Yôjiporte à ce mode de transport depuis sa jeunesse enmandchourie où il prenait souvent le train. C’esttellement vrai qu’il est souvent invité sur les plateauxde télévision ou dans les magazines à s’exprimersur son amour pour le chemin de fer. Il ne cachepas sa passion pour les locomotives à vapeur qui re-présentent à ses yeux des êtres vivants grâce auxquelsle Japon a réussi à retrouver des couleurs après latragédie de la seconde Guerre mondiale. Il n’estdonc pas étonnant que ses films comportent desséquences où les machines les plus emblématiquesde ce renouveau sont mises à l’honneur. La d51, laC11, la C58, la C59 ou encore la d60 ont souventété aux premières loges dans ses réalisations. maisYamada est allé encore plus loin dans cette logique,en réalisant en 2011 un documentaire autour de larestauration de la locomotive à vapeur C61 20construite en 1949 et retirée de la circulation en1973 après avoir effectué l’équivalent de 71 fois letour de la terre sur les lignes tôhoku et Ôu dans lenord-est de l’archipel. En 2010, il avait été décidéde la réhabiliter et Yamada avait accepté de suivrele processus avec une caméra. Ce travail a pris unenouvelle dimension après le séisme et le tsunamidu 11 mars 2011 puisque la remise en service de lamachine est devenue un symbole pour cette régionmeurtrie. Le documentaire intitulé Fukkatsu [ré-surrection] illustre parfaitement le rapport intimeque le cinéaste entretient avec le train et sa volontéde transmettre cet amour au plus grand nombre.

ODAIRA NAMIHEI

TENDANCE Pour tout l’amour du trainLe cinéaste a toujours accordé une placeimportante au chemin de fer, symboleimportant du Japon de l’après-guerre.

Le documentaire sur la C61 20 qu’il a réalisé

en 2011 illustre son attachement pour le train.

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tout plat qui coûte moins de cette somme entre dansla catégorie B (Bîkyû gurume), c'est-à-dire une cuisinequi se consomme en toute simplicité. Un bol de râmencoûte entre 600 et 900 yens. Cela a contribué à enfaire un plat très populaire. La deuxième raison reposesur le fait que les râmen s'intègrent parfaitement auxhabitudes alimentaires des Japonais”, assure le chro-niqueur gastronomique HANtSu Endô. Les râmenconquièrent l'ensemble de la population au lende-main de la Seconde Guerre mondiale. Naturellement cette spécialité, dont plusieursrégions du pays revendiquent la paternité ou pro-posent des variantes, a toute sa place dans la fil-mographie de YAmADA Yôji. Lorsqu’il tourneGakkô II [Ecole 2] en 1996 dans la région d’Asa-hikawa, à Hokkaidô, le cinéaste ne peut décem-ment pas éviter de tourner une scène dans un res-

ZOOM GOURMAND

C inéaste des petites gens, des quartierspopulaires et de la simplicité, YAmADA

Yôji s’intéresse aussi à la nourriture dansses films. mais pas question pour lui de montrerla cuisine sophistiquée des grands restaurants. Ils’agit plutôt d’aller à l’essentiel, en entraînant lesspectateurs dans les établissements où les Japonaisaiment se retrouver pour déguster des plats sim-ples ayant du caractère. Il n’est donc pas étonnantque les râmen (nouilles en bouillon) occupentune place de choix dans bon nombre de ses réa-lisations. Non seulement c’est un plat simple,mais il incarne aussi une incroyable diversité quisied parfaitement à la variété des régions visitéespar les différents personnages imaginés par lemetteur en scène. On dit souvent que YAmADA Yôji est le derniergrand metteur en scène de l’ère Shôwa (1926-1989) encore en activité. En même temps, lesrâmen incarnent le goût de cette période qui secaractérise à la fois par la guerre et par la recons-truction. Il n’est donc pas étonnant que ce platoccupe une place non négligeable dans les menusfilmés par le cinéaste. C'est à partir des années1920 que se sont développées un peu partout dansles villes des échoppes de râmen. Leur faible coûtséduit surtout les classes populaires qui peuventainsi se payer un repas solide. La plupart des res-taurants s'implantent non loin des gares ou dansles rues commerçantes (shôtengai) des centres-villes.“En Occident, les râmen que l'on peut déguster dansles restaurants se situent à un niveau de prix relati-vement élevé par rapport à la cuisine ordinaire. AuJapon, c'est le contraire. Dans notre pays, si l'on prendcomme référence un billet de 1000 yens [7,70 euros],

Dans ses films, YamaDa Yôji proposeune cuisine simple et conviviale. Lesrâmen en sont la meilleure illustration.

GOÛT La simplicité et rien d’autre

taurant de râmen puisque Asahikawa en est l’undes principaux centres au même titre que Sapporoou encore Kushiro pour ne parler que de l’île sep-tentrionale. Dans la série Otoko wa tsuraiyo [C’estdur d’être un homme], les restaurants de râmenapparaissent aussi régulièrement dans la mesureoù les menus sont abordables et l’atmosphère quiy règne cadre parfaitement avec ce que le metteuren scène veut rapporter aux spectateurs. Dans LaMaison au toit rouge (Chiisai ouchi), Yamada Yôjin’aborde pas les râmen, mais il reste dans la sim-plicité avec le tonkatsu (côte de porc frite) et lesudon (pâtes en bouillon), deux plats qui traduisentl’attachement viscéral du cinéaste à cette cuisinesimple et conviviale que les Japonais n’ont jamaiscessé de plébisciter.

GABRIEL BERNARD

24 ZOOM JAPON numéro 49 avril 2015

Pour le cinéaste, un bol de râmen incarne parfaitement l’esprit de ses films.

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ZOOM GOURMAND

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L A RECETTE DE HARUYO

PRÉPARATION1 - Préparer les légumes. Eplucher et couper en ron-

delles d’environ 5 mm d’épaisseur la pomme deterre, la carotte, le renkon, l’oignon. Couper lechampignon (maitake) en petits morceaux.

2 - Préparer les crevettes. Dépouiller, couper le boutde leur queue, puis les inciser. Bien égoutter surune serviette en papier.

3 - Préparer la pâte. Dans un petit bol, casser un œufpuis ajouter l’eau froide. Verser sur la farine puisbien mélanger.

4 - Pour la friture. Chauffer l’huile à 180°c. Tremperles ingrédients dans la pâte. Frire dans l’huile pen-dant 3 à 5 minutes environ. Bien égoutter sur unegrille ou une serviette en papier.

5 - Dans une casserole, faire bouillir le mirin. Ajouterla sauce soja, la poudre de dashi et le sucre. Laisserbouillir pendant 2 minutes environ.

6 - Dans un grand bol de riz (donburi), mettre du rizcuit. Disposer les tempura puis arroser de sauce.Servir aussitôt.

CONSEILSOn peut changer les ingrédients pour le tempura,selon son goût. Patate douce, potiron, shiso, gobô,poivron, calmar, poisson (congre, chinchard, cabil-laud).

INGRÉDIENTS (pour 4 personnes)

Pour la pâte à beignets :120 g de farine T45, 120 ml d’eau, 1 œuf

Pour les beignets :Six crevettes, une pomme de terre, une carotte,renkon (racine de lotus), un oignon, un cham-pignon (maitake), nori.

Pour la sauce :120 ml de liqueur de riz (mirin), 60 ml de saucesoja, 1 cuillère à café de poudre de dashi, 4 cuil-lères à soupe de sucre.

Riz

Tendon(Tempura sur riz blanc)

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Depuis des temps reculés, en particulierdepuis l’établissement du shogunat àEdo, Tôkyô a été divisé en deux parties

distinctes. a l’ouest du château d’Edo où se trouveactuellement le Palais impérial, les vassaux dushogun avaient établi leurs grandes propriétésdans les collines de Yamanote tandis que lesfamilles de marchands vivaient dans la partie

orientale, à savoir Shitamachi, c’est-à-dire la villebasse. même après la fin du régime shogunal etau début de la modernisation du pays, les classesmoyennes inférieures ont continué à s’entasserdans cette partie de la ville, sur les deux rives dela Sumida, donnant à ces quartiers une forte iden-tité populaire.Quand on évoque Shitamachi, il y a peu d’icôneculturelle aussi populaire parmi les Japonais que lafigure de Tora-san. Le personnage principal de lasérie d’Otoko wa tsuraiyo [C’est dur d’être unhomme] incarne l’Edokko typique toujours de

bonne humeur et tellement peu Japonais dans sonaffirmation de soi. Tora-san, c’est bien sûr le repré-sentant de Shibamata, le quartier populaire situé àl’est de l’arrondissement de Katsushika qui jouxtela préfecture de Chiba. C’est là que sa famille résideet qu’il revient au terme de chacune de ses aventurespicaresques. C’est d’ailleurs sa statue qui nousaccueille à la sortie de la gare. Shibamata a bâti unegrande partie de sa notoriété grâce aux films deYamada Yôji et son quartier commerçant s’adresselargement aux touristes, nombreux à patienter pourfaire des photos devant le bronze de Tora-san.

Le réalisateur a construit une grandepartie de sa légende cinématographiquedans le quartier de Shibamata, à Tôkyô.

A la sortie de la gare de Shibamata, un bronze de Tora-san attend les voyageurs nombreux à vouloir faire un voyage dans le temps.

VISITE GUIDÉE Sur les traces de Tora-san

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26 ZOOM JAPON numéro 49 avril 2015

Depuis des temps reculés, en particulierdepuis l’établissement du shogunat àEdo, Tôkyô a été divisé en deux parties

distinctes. a l’ouest du château d’Edo où se trouveactuellement le Palais impérial, les vassaux dushogun avaient établi leurs grandes propriétésdans les collines de Yamanote tandis que lesfamilles de marchands vivaient dans la partie

orientale, à savoir Shitamachi, c’est-à-dire la villebasse. même après la fin du régime shogunal etau début de la modernisation du pays, les classesmoyennes inférieures ont continué à s’entasserdans cette partie de la ville, sur les deux rives dela Sumida, donnant à ces quartiers une forte iden-tité populaire.Quand on évoque Shitamachi, il y a peu d’icôneculturelle aussi populaire parmi les Japonais que lafigure de Tora-san. Le personnage principal de lasérie d’Otoko wa tsuraiyo [C’est dur d’être unhomme] incarne l’Edokko typique toujours de

bonne humeur et tellement peu Japonais dans sonaffirmation de soi. Tora-san, c’est bien sûr le repré-sentant de Shibamata, le quartier populaire situé àl’est de l’arrondissement de Katsushika qui jouxtela préfecture de Chiba. C’est là que sa famille résideet qu’il revient au terme de chacune de ses aventurespicaresques. C’est d’ailleurs sa statue qui nousaccueille à la sortie de la gare. Shibamata a bâti unegrande partie de sa notoriété grâce aux films deYamada Yôji et son quartier commerçant s’adresselargement aux touristes, nombreux à patienter pourfaire des photos devant le bronze de Tora-san.

Le réalisateur a construit une grandepartie de sa légende cinématographiquedans le quartier de Shibamata, à Tôkyô.

A la sortie de la gare de Shibamata, un bronze de Tora-san attend les voyageurs nombreux à vouloir faire un voyage dans le temps.

VISITE GUIDÉE Sur les traces de Tora-san

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ZOOM VOYAGE

Cela dit, le quartier offre bien d’autres attraitspour ceux qui veulent faire l’expérience de ceTôkyô d’antan qui a désormais disparu du restede la ville. Après avoir salué Tora-san, nous nous dirigeonsvers la gauche et nous passons une arche en boisdécorée de motifs cubiques. Sur le chemin, nouscroisons plusieurs boutiques dont celle d’un mar-chand de glaces à la patate douce. Au bout de 3minutes, nous arrivons à un petit carrefour.Devant nous, un robot rouge vif, dont le corpsest un ancien distributeur de boissons, nous inviteà pénétrer dans un incroyable petit bâtiment. Aurez-de-chaussée, Haikara Yokochô propose desdagashi (sucreries traditionnelles) et d’autres pro-duits. Mais le véritable trésor est composé partout un tas de vieux jeux d’arcade avec lesquelsles visiteurs peuvent s’amuser. Le 1er étage abritele musée du jouet (Omocha hakubutsukan). Ce n’est pas étonnant puisque l’arrondissementde Katsushika est célèbre pour ses fabricants dejouets. A partir des années 1930, chaque quartierpossédait son dagashiya qui correspondaujourd’hui aux kombini, ces supérettes ouvertes24h/24. Ces petites boutiques ne vendaient passeulement des bonbons mais aussi de quoi gri-gnoter. On y trouvait aussi les dagangu, de petitsjouets en plastique, qui attiraient des hordes degamins prêts à dépenser quelques pièces de mon-naie pour posséder un de ces trésors.A la droite du musée, une nouvelle arche marquel’entrée de la rue qui mène au Taishakuten, leprincipal temple du quartier. Longue de200 mètres, elle a conservé un charme un peu sur-anné. C’est l’endroit idéal pour déguster des en-cas japonais traditionnels comme les dango, lessenbei voire des tenpura, de l’anguille (unagi) oudes soba. Les aventuriers du goût pourront mêmeessayer les tsukemono (légumes saumurés) ou lestsukudani (aliments mijotés dans la sauce de soja).A Shibamata, la spécialité du genre est la sauterelle(inago) dont le goût rappelle celui des crevettes.A proximité, n’oubliez pas de jeter un œil chez

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La rue qui mène au Taishakuten est une succession de boutiques réservées aux gourmands.

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Toraya, une boutique qui a servi de décor à troisfilms de la série Otoko wa tsuraiyo, et chez Taka-giya, un autre magasin qui apparaît souvent dansces longs-métrages.Après avoir rempli nos estomacs, rien ne vaut unpeu de repos et une bonne séance de méditation.Nous passons donc la porte Niten du temple pournous laisser porter par l’atmosphère. Fondé en1629, ce lieu a été sélectionné en 2009 pour figu-rer parmi les 100 plus beaux lieux du Japon. Ilpossède notamment une galerie de sculptures, unsuperbe jardin et un magnifique pin Zuiryû nomatsu dont les branches extraordinairement

longues s’étalent devant le bâtiment du temple.La porte elle-même, bien qu’elle soit massive, estmagnifiquement sculptée. Elle est flanquée degardiens en bois sculpté.Le Taishakuten est un endroit familier pour lesamateurs des films de la série Otoko wa tsuraiyo.Dans le premier film de la série, Tora-san se rendau temple pour s’entretenir un moment avec lesupérieur interprété par Ryû Chishû, acteurfétiche d’Ozu yasujirô, avant de rentrer chez lui.Après être retournés sur nos pas, nous prenonsà droite, puis une nouvelle fois à droite sur la rueprincipale qui mène jusqu’à la rivière Edo. Du

haut de la digue que l’on trouve systématique-ment dans le générique de début de la série, onpeut admirer la majesté d’une des plus bellesrivières de la capitale. Les habitants du quartierviennent y courir, faire du vélo, promener leurchien ou regarder des rencontres de baseball. Prèsde la rive, on remarque une petite jetée en boisentourée de quelques arbres. Il s’agit de Yagiri-no-watashi. Cette construction comme d’autres a été crééepar le shogunat au début de l’ère Edo pour faci-liter la traversée de la rivière par les paysans. Cellequi se trouve à Shibamata est la seule qui reste à

Le temple est au cœur du quartier de Shibamata et un des éléments centraux des films de YAMADA Yôji.

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Tôkyô. Elle est très célèbre pour avoir occupé lavedette dans des chansons et des romans. On peuty emprunter un bateau pour passer de l’autre côtéde la rivière.au terme d’une promenade d’une dizaine deminutes le long de la rivière, nous arrivons àYamamoto-tei, l’ancienne résidence de Yama-mOTO Einosuke, un fabricant de composantspour appareils photos. Cet endroit est souventutilisé comme lieu de tournage pour des films,des téléfilms ou des spots publicitaires. même sion ne visite pas le bâtiment principal de stylehybride, on peut faire une petite balade dans lejardin de style japonais. Un escalier situé en facedu Yamamoto-tei nous conduit dans un parc àpartir duquel on peut profiter d’une vue panora-mique sur le temple Taishakuten, le Yamamoto-tei et la rivière Edo. C’est aussi un raccourci pra-tique pour se rendre au musée Tora-san auquelon accède par ascenseur. divisé en 15 parties, le musée est une plongée

dans l’univers de la série Otoko wa tsuraiyo. Endehors des costumes, d’affiches ou de vidéos, ilpropose le décor de la boutique Kurumaya quiavait été monté au studio d’Ofuna. Parmi les sur-prises que ce musée nous réserve, on trouve unensemble de scènes qui décrivent à la manièred’un kamishibai (théâtre de papier) la jeunessede Tora-san, une partie de la vie du personnageque les films de la série n’abordent pas. Cette par-tie a été expressément créée par Yamada qui vou-lait donner au public des éléments pour qu’ils sai-sissent mieux la personnalité de Tora-san. Et si vous voulez encore savoir plus sur les filmsde Yamada, vous n’avez qu’à traverser la rue etvisiter le musée Yamada Yôji qui passe en revueles œuvres du réalisateur. Entre les descriptionsdes personnages et des commentaires sur lecontexte social de chacun de ses films, le muséeoffre un passionnant tour d’horizon de la passionde ce cinéaste pour le 7e art.

JEAN DEROME

ZOOM VOYAGE

La visite du quartier s’achève naturellement par le musée YAMADA Yôji.

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Tôkyô. Elle est très célèbre pour avoir occupé lavedette dans des chansons et des romans. On peuty emprunter un bateau pour passer de l’autre côtéde la rivière.au terme d’une promenade d’une dizaine deminutes le long de la rivière, nous arrivons àYamamoto-tei, l’ancienne résidence de Yama-mOTO Einosuke, un fabricant de composantspour appareils photos. Cet endroit est souventutilisé comme lieu de tournage pour des films,des téléfilms ou des spots publicitaires. même sion ne visite pas le bâtiment principal de stylehybride, on peut faire une petite balade dans lejardin de style japonais. Un escalier situé en facedu Yamamoto-tei nous conduit dans un parc àpartir duquel on peut profiter d’une vue panora-mique sur le temple Taishakuten, le Yamamoto-tei et la rivière Edo. C’est aussi un raccourci pra-tique pour se rendre au musée Tora-san auquelon accède par ascenseur. divisé en 15 parties, le musée est une plongée

dans l’univers de la série Otoko wa tsuraiyo. Endehors des costumes, d’affiches ou de vidéos, ilpropose le décor de la boutique Kurumaya quiavait été monté au studio d’Ofuna. Parmi les sur-prises que ce musée nous réserve, on trouve unensemble de scènes qui décrivent à la manièred’un kamishibai (théâtre de papier) la jeunessede Tora-san, une partie de la vie du personnageque les films de la série n’abordent pas. Cette par-tie a été expressément créée par Yamada qui vou-lait donner au public des éléments pour qu’ils sai-sissent mieux la personnalité de Tora-san. Et si vous voulez encore savoir plus sur les filmsde Yamada, vous n’avez qu’à traverser la rue etvisiter le musée Yamada Yôji qui passe en revueles œuvres du réalisateur. Entre les descriptionsdes personnages et des commentaires sur lecontexte social de chacun de ses films, le muséeoffre un passionnant tour d’horizon de la passionde ce cinéaste pour le 7e art.

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30 ZOOM JAPON numéro 49 avril 2015

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Rencontre-dédicaceAKENAGA Eri

illustratrice de “Kantan KawaiiBallpen Techô Illust LessonChô” et de “Otona Kawaii

Paris 20ku Guide”.Rendez-vous samedi 4 avril,

de 14h à 16h, à la librairie Junku,

18 rue des pyramides 75001 Paris

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