Zibeline n°61

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61 - un gratuit qui se lit du 13/03/13 au 10/04 / 13

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Toute l'actualité culturelle mars/avril 2013 en région Paca

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N°61-

un gratuit qui se lit

du 13/03/13 au 10/04 /13

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Politique culturelleLa Provence et les débats autour de Tapie 4, 5

ÉvénementsHessel et le nucléaire, Guetta vs Dujardin 6Hommage à Wladyslaw Znorko 7Ouverture du Frac, entretien avec Pascal Neveu 8Les Vents du Levant, Musiques sacrées du monde 9

Marseille-Provence 2013Atelier du Large au J1, Latcho Divano 10Balades commentées à Marseille 12Le Souk des Sciences, H2O, Pavillon M 13Musée Cantini, Le Frac à la Valette 14Scènes de printemps Festival de Pâques, Champ harmonique 16Babel Med Music, Les Musiques 17Cirque en capitalesCREAC, Centaure, Le Merlan 18Le Sémaphore, Pays d’Aix, Arles 20

CritiquesDanseLes Hivernales, Le Pavillon Noir 22Les Bernardines, Château-Arnoux 23ThéâtreLes Bernardines, La Friche, Rousset 24Les Bancs publics 25Avignon, Toulon, Château-Arnoux 26Jeune PublicLe Sémaphore, Lieux Publics, Le Revest 27MusiqueL’Alcazar, le Jeu de Paume, Mars en Baroque 28Jeu de Paume, Le Pharo, GTP 29La Criée, Le Gymnase, Musicatreize 30Le Thor, Martigues, Espace Julien 31

Au programmeThéâtre 32 à 37Danse 38, 39Cirque, arts de la rue 40Jeune Public 41 à 43Musique 44 à 51

Cinéma Critiques 52 à 54Au programme 55 à 59

Arts visuels 60 à 65

Rencontres 66 à 68

Littérature Livres 69 à 70CD 71Arts 72Jeunesse 73Rencontres 74 à 77

Sciences 78

La rédaction a décidé d’apposer un logo sur ses articles annonçantou rendant compte de spectacles, conférences, programmations,événements ou concerts sans femmes. Ou à femmes très mino-ritaires et assignées à des tâches «féminines» dans un grouped’hommes (costumière, scripte, modératrice, chanteuse).Il ne s’agit pas d’accuser les programmateurs, qui souvent ne fontque refléter une situation professionnelle qu’ils ne créent pas, maisde porter le regard sur un état de fait, pour le rendre visible afinde contribuer à le changer. Car il est évident qu’il est plus difficile,à cause d’une longue histoire de domination masculine, de trouverdes auteures, des compositrices, voire des personnages fémininsque des héros mâles. Nous ne voulons stigmatiser aucune mani-festation, et pouvons recommander un spectacle, ou un concert,une table ronde, sans femme. Il est évident qu’il faut continuer àmonter les textes dont les femmes sont absentes ! Mais ce logopeut inciter les auteurs à écrire plus de rôles de femmes ; lesmetteurs en scène à choisir aussi des femmes pour les rôles neutres ;les organisateurs de colloques à donner la parole aux expertes. Etles femmes à s’emparer de la parole, à ne pas jouer à la petitechose fragile et sensuelle pour pouvoir monter sur scène, et àaffirmer leur importance plus d’un jour par an.Car nous savons aussi que les femmes participent généralement àleur propre domination en ayant du mal à sortir des stéréotypes«féminins» et de la servitude de la séduction. Mais si nous voulons que cela change et que nos filles, qui sonttrès largement majoritaires dans les écoles d’art, puissent avoirles mêmes chances que nos garçons de jouer de la musique,devenir comédiennes, auteures, plasticiennes, cinéastes, conféren-cières… il faut adopter un comportement volontariste, qui consiste àdéciller les regards sur l’incroyable inégalité qui règne dans lemilieu culturel. Car VOIR cette inégalité pourtant flagrante n’est pas évident pourtous ! On nous répond souvent, quand nous parlons de dominationmasculine dans le monde culturel, qu’il y a beaucoup de femmesdirectrices en Région PACA. Ce qui est vrai, même si elles ne sontpas majoritaires du tout, mais simplement moins minoritairesqu’ailleurs, et en général co-directrices. Mais cette présencerelative des femmes à la direction des établissements culturels nechange en rien l’effroyable déséquilibre de la représentation desfemmes sur les scènes !Or c’est à travers les représentations que les identités culturellesse construisent. Si nous voulons que les femmes ne soient pasrenvoyées à des stéréotypes, ou dans le néant de la non-repré-sentation, il faut au moins pouvoir noter, calmement, sur le longterme, quand elles ne sont pas là… Ce que nous allons nousemployer à faire !AGNÈS FRESCHEL

Tiens, pas defemmes ce soir…

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Quelques débats ont étéorganisés suite au «rachat» de LaProvence. Par Libération à LaFriche le 11 janvier, par Le Raviet Médiapart à La Criée un moisaprès. Ces débats ont laissé unmalaise très net dans lesauditoires, voire parmi lesintervenants. Car lorsque lapresse parle de la presse, elle nepeut le faire avec la mêmeneutralité que lorsqu’elles’attache à rendre compte de faitsauxquels elle est étrangère. SiLibé, La Marseillaise, Médiapart,Le Ravi ouMarsactu organisent ouparticipent à ces débats, c’estaussi pour gagner des lecteurs.Ce qui n’est pas en soirépréhensible, mais n’apparaitpas forcément aux yeux desspectateurs nombreux ces soirs-là, des auditeurs encore plusnombreux des radios et sites quiont retransmis les débats :derrière tout cela il est questionde concurrence, et de marchés. Les journaux sont partagés entreleur solidarité professionnelle,soit la défense de la presse engénéral, et la concurrence entretitres. Mediapart et Libé viennentà Marseille chercher des abonnéset des financements en Région :Nicolas Demorand a d’ailleursclairement déclaré le 13décembre que Libération allait sefinancer en organisant desévénements «en province». Quantau Ravi et à La Marseillaise, ils neseraient pas mécontents d’ygagner des lecteurssupplémentaires, et Marsactu d’ylégitimer son image d’alternativepossible à La Provence, qui luipermettrait d’exister sans perdredes centaines de milliers d’euroschaque année.

Parler de toutes lespressionsCes soirs-là, sur les scènes, cesmotivations ne furent pas

À l’occasion de la nomination d’Olivier Mazerolle à la direction de la Zibeline revient sur l’arrivée de Bernard Tapie à la tête du quotidien, et

De la con transform de vertu

Le rachat de la Provence par Bernard Tapien’en est pas un : le Groupe Hersant Média(GHM), auquel Lagardère a cédé en 2007 pour160 millions les titres du Sud Est (La Provence,Var-Matin, Nice-Matin, Corse-Matin), vient àson tour de céder les actifs de ce groupe depresse à Bernard Tapie (25 millions) et à lafamille Hersant (26 millions). Opérationqu’une enquête de la brigade financière estchargée de clarifier. En effet GHM n’a jamaisremboursé les prêts bancaires engagés suitel’énorme faillite de sa filiale Comareg en2011 : l’éditeur des ParuVendu, journauxd’annonces, s’est effondré en raison de laconcurrence d’internet, laissant GHM avec unedette de 215 millions. La Provence, possédantnon seulement des rotatives neuves, desterrains, des véhicules, mais aussi depuis 2007de la trésorerie «offerte» par les banques,dégage un bénéfice entre 6% et 8% par an.Son rachat représente une fort bonneaffaire…Les problèmes concernant l’arrivée de BernardTapie à la direction de la Provence sont doncd’abord financiers : comment 51 millionsapportés par la famille Hersant et BernardTapie ont-ils pu annuler 215 millions de dettesauprès des banques, et éponger la detteComareg ? Comment les nouveauxpropriétaires échappent-ils au redressementjudiciaire, qui équivaudrait à devoirindemniser les 2500 licenciements de 2011 ?L’opération est loin d’être claire, d’oùl’enquête financière en cours. Bernard Tapie,prudent, n’est en tous cas pas majoritaire dansla nouvelle entreprise… Une autre donnée du problème est clairementpolitique : l’arrivée de Bernard Tapie sur leVieux-Port n’est pas sans interroger sur ses

ambitions électorales, à l’heure où lasuccession (ou pas ?) de Jean-Claude Gaudinse profile entre une UMP qui ne sait quichoisir, un PS encore secoué par «l’affaireGuérini» et les guerres intestines, et tous quibaignent dans les réflexes clientélistes commedans un bouillon aux miasmes persistants.

Voulons-nous d’une PQR ?Mais l’essentiel du problème reste celui del’existence du quotidien régional. Si Nice, Corseet Var-Matin sont de santé fragile, La Provence,de qualité inégale selon les jours et lesrubriques, rend compte des problématiqueslocales, ce qui est indispensable à la démo-cratie. Surtout à l’heure où La Marseillaisepeine à se relever de saignées brutales, et oùFrance 3 s’éloigne à grand pas de ses missionsterritoriales. Qui se préoccupera au quotidiende l’activité culturelle, sportive, de loisirs,associative, familiale, éducative, sociale,médicale, économique, politique, à Marseillemais aussi dans les territoires reculés, si cen’est La Provence ?De fait, ses journalistes ont su autant que lesautres se garder des directives patronales. Ilsont conservé, sous Lagardère ou sous GHM, lamême liberté éditoriale. Dès l’arrivée deBernard Tapie ils ont très majoritairementfondé une société pour avoir les moyens dedéfendre cette indépendance. Il seraitdramatique, même si d’autres médiasd’information existent désormais, de brûler laProvence avec le Tapie, et peu d’entreprisesrésistent à son passage… Ce journal a survécuà ses propriétaires, de Defferre aux marchandsd’armes, et il est, au fond, notre biencommun.AGNÈS FRESCHEL

© A

gnes Mellon

Le «rachat» de la Provence

04POLITIQUE

CULTURELLE

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évoquées. Les journalistes de la Provence durent secontenter d’intervenir depuis la salle, et à la Criée ils furenthués alors même qu’ils expliquaient comment ilss’organisaient pour préserver leur indépendance. Un«vendu» pour le moins inapproprié fut lancé à Jean-Jacques Fiorito, journaliste de la Provence qui expliquaitqu’il n’avait pas les mains liées, et resterait libre. Parailleurs le plateau composé par Nicolas Demorand, qui nes’est à aucun moment départi d’une morgue ironico-agressive très désagréable, comportait une seule femme,celui du Ravi huit hommes. Déséquilibre qui n’est pasétranger au contenu des débats, Demorand défendant des«Unes qui ont des couilles» et osent «s’attaquer» auxannonceurs, et les hommes réunis à la Criée monopolisantla parole pour raconter des successions d’anecdotes etinterdire le «débat» qu’ils avaient annoncé. Pratiquesmasculines hélas courantes.Il restait impossible, à l’issue de ces débats, de comprendrele véritable problème de toute la presse, de tous lesmédias : il s’agit pour chaque journaliste, national ourégional, gratuit ou payant, internet et/ou papier, deconserver une indépendance éditoriale tout en sachant quesa direction se bat pour maintenir un équilibreéconomique, qu’elle ne peut trouver que dans desdépendances. Les pressions de tous ordres sont doncconstantes : pression des propriétaires, c’est-à-dire Tapiepour La Provence ou Rothschild pour Libé, pression desannonceurs, les collectivités publiques bien sûr maissurtout les groupes privés, qui demandent des articles enéchange de pub… Mais aussi pression du lectorat, dont iln’est jamais question : les chiffres en baisse constante(Libé -5.5% en 2012) entrainent les journaux dans unecourse folle au racolage, et au titre qui frappe ; chacunsait qu’un petit article sur la venue de Guetta aurabeaucoup plus de lecteurs qu’un long papier argumenté,nécessitant enquête et entretiens, sur les partenariatspublics privés dans le secteur culturel. Mais personne ne ditque la sujétion à la Une est la plus contraignante… La presse oscille donc entre ces pressions, les gratuitsdépendant davantage de la publicité, les payants deslecteurs, des annonces publiques, des publicités aussi etdes énormes aides à la presse que l’État leur accorde.Mettre en cause l’indépendance de la rédaction de LaProvence, sans être clair sur ses propres dépendances auscoop, à ses actionnaires ou aux pressions des annonceurs,n’est donc pas très honnête. L’intérêt des journalistes, pourmaintenir en France et en régions une informationpluraliste et de qualité, serait de vraiment faire débat sanscamoufler cette réalité, pour fédérer une profession qui n’apas besoin de se tirer dans les pattes pour aller mal. A.F

rédaction de La Provence, sur les débats qu’elle a suscités

currence ée en acte

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Le décès du diplomate, intellectuel et surtoutcitoyen de 95 ans intervient le jour où PaulQuilès publie un second ouvrage mettant encause l’armement nucléaire français, et saprétendue dissuasion. Le dernier combat del’homme indigné ne pouvait trouver achève-ment plus symbolique.Après le succès incroyable de son petit livreIndignez-vous, découvert grâce aux Écriturescroisées aixoises (voir Zib’38), le vieux mon-sieur avait associé sa révolte au projet de«métamorphose» d’Edgar Morin (voir Zib’ 44)attaquant très directement les reculs sociauxde la présidence Sarkozy. Puis, choqué parl’absence dans la campagne de François Hol-lande de la question du nucléaire militaire, ilpublia un autre petit livre, tout aussi rapide,incisif et procédant par raccourcis et slogans,avec Albert Jacquard. Plus percutant encore,et convaincant, parce que fondé sur desanalyses concrètes et évoquant des solutionspossibles : Exigez un désarmement nucléairetotal n’a pas connu le même succès média-tique, d’autant que Stéphane Hessel n’avaitplus la force de le défendre, de son affablefermeté, sur les plateaux télévisés. Le combat de ce petit livre est à la fois repriset inspiré par l’ancien ministre de la défense,Paul Quilès, qui démonte l’inanité d’une politi-que «dissuasive» dont chacun sait qu’elle nel’est pas : juste après l’élection de François

Hollande, dès juillet, l’ancien ministre écritque «la bombe nucléaire s’apparente à uneassurance mort», au mieux caduque puisquela France ne veut pas faire disparaître le mon-

de, même si elle est menacée, même si elleest atteinte. Or, Hessel l’affirmait égalementavant les élections présidentielles, la France

socialiste peut aujourd’hui, seule parmi lestrois pays possédant la force nucléaire immé-diate -La France, les EU, la Russie, d’autrespossédant des armes, mais non la capacité deriposte immédiate sur laquelle la «dissuasion»se fonde- faire cesser l’escalade absurde d’unarmement extrêmement coûteux, parfaitementinutile au mieux, terriblement dangereux aupire. C’est-à-dire s’il servait, ce qui signifierait,immédiatement ou à moyen terme, la fin dumonde. Aujourd’hui où chacun rend hommage à Sté-phane Hessel, où chacun dit la grandeur del’homme, du Résistant, de l’homme de cœur,personne ne semble vouloir reprendre ce der-nier combat, qu’il n’a pas pu mener à terme.Exigez un désarmement nucléaire total avancepourtant des arguments économiques (com-bien de milliards pourraient être investisailleurs !) et le nouveau petit livre de PaulQuilès démonte les cinq mensonges d’État quiprétendent que cet armement est indispen-sable. Tous deux s’appuient sur les chiffresofficiels de L’Observatoire des armements,comme le premier livre de Paul Quilès publiécet été qui relate en particulier à quelle catas-trophe nous avons échappé en 1983.Cette lutte est concrète, et peut aboutir. Ceserait le plus grand hommage possible au cou-rage et à la clairvoyance de monsieur Hessel.AGNÈS FRESCHEL

06ÉVÉNEMENTS

Hessel, Quilèset la bombe

Que reproche-t-on aux 400 000 € que la Villede Marseille veut allouer à un «grand événe-ment populaire» qui manque à la capitaleculturelle ? D’être payant malgré l’argentpublic ? Les places pour le concert de Guettaseront moins chères qu’à l’Opéra, et qu’auStade Vélodrome. D’être alloué à une star auxcachets astronomiques ? Celles du cinémafrançais n’ont rien à envier à David Guetta, etMöbius avec Jean Dujardin a bénéficié de200 000 € de la Région, pour que le tournagese déroule en PACA. L’argent que les collec-tivités allouent à la culture sert souvent,

indirectement, à payer certains cachets miro-bolants de stars. Parce qu’elles rapportent etqu’il faut aujourd’hui que les investissementsculturels induisent un bénéfice potentiel. Queles tournages ou les concerts remplissent leshôtels, fassent marcher l’industrie du tourismeet l’artisanat, produisent des emplois et duchiffre d’affaire dans les entreprises d’unterritoire.Or la culture n’a pas à être un facteur de déve-loppement économique. Les entreprises attendentun retour sur investissement, et cela s’en-tend ; mais que les collectivités se prennent àce jeu-là est nettement plus contestable :l’objectif de la culture c’est la création artis-tique, sa diffusion, la préservation et la miseen lumière des patrimoines et de la pensée.De même que l’objectif de l’Éducation natio-nale est d’éduquer, et de la santé publique desoigner, pas de rentabiliser les hôpitaux.Dans ces services publics la cohabitation avecdes systèmes privés crée des déséquilibres qui

ont souvent été décrits. Dans le secteur cul-turel la cohabitation a pris ces dernièresannées des habitudes libérales, sur fond decrise. Ainsi l’État demande aux théâtres et auxmusées un pourcentage de recettes propresqui les oblige à louer leurs espaces à des évé-nements privés. Ce sera le cas, à Marseille, duMuCEM ou du FRAC. On invente des Déléga-tions de Service Public, ou des PartenariatsPublic Privé, demandant à des prestatairesprivés de programmer sans perspective del’intérêt général. Sans avoir en tête la qualitéculturelle, mais la rentabilité. Aujourd’hui les théâtres, les festivals, n’hési-tent plus à se payer des stars relatives. Car sila star Guetta fait scandale, c’est simplementparce qu’elle est un peu grosse : les petites starssont déjà rentables, remplissent les salles dethéâtre et de concert, qui sont aujourd’huisommées de dégager une part importante derecettes propres.

Guetta 4, Dujardin 2Ce qui est en quelquessemaines devenu l’affaireGuetta pourrait être un révélateur, si ce n’étaitl’arbre qui cache une forêtenchevêtrée…

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Nucléaire, un mensonge FrançaisPaul QuilèsEditions Charles Léopold Mayer,juillet 2012

Arrêtez la bombePaul Quilès, Bernard Norlainet Jean Marie CollinEditions du Cherche Midi, mars 2013

Exigez un désarmement nucléaire totalStéphane Hessel, Albert JacquardStock, avril 2012

Pour parler de Wladyslaw Znorko, un seul mot pour-rait suffire : artiste. Pas un de ces artistes justedépositaire d’un savoir-faire. Pas un de ces artisteshabile à se diriger dans l’air du temps. Pas un artistejuste aux heures ouvrables. Mais un artiste, au sensle plus plein du terme, un artiste du jour et de lanuit, du sérieux et du drôle, du vrai et du faux, rare.Avec lui, impossible de démêler la fiction de la réa-lité. Chaque acte de la vie quotidienne est racontécomme une péripétie d’un scénario, comme un coupde théâtre, chaque causerie banale avec une per-sonne croisée au hasard se transforme en dialogueciselé, en joute poétique, chaque nuage qui traversele ciel est chargé de la mémoire du monde.Fascinant, drôle, émouvant, et aussi épuisant, nesortant jamais de son personnage d’artiste, puisquece n’était pas un personnage mais une personnalité.Essentiel donc, car nous rappelant sans cesse qu’êtreartiste n’est pas affaire de statut social, de recon-naissance institutionnelle ou de succès médiatique,mais une évidence intime, juste une nécessité.Nous avions emmené Wladyslaw lors de nos Mis-sions-repérages, ces rencontres entre élus et artistespour une approche sensible de la ville. A Roubaix, saville natale, il avait pu passer 2 jours avec le maire,René Van Dierendonck. Celui-ci s’était armé de sascience sociologique et urbanistique pour nous fairepartager le futur de sa ville. Mais avait été désarmédevant le train électrique Hornby HO que Wladyslawlui avait offert, témoignage de l’enfant d’ouvrier quiavait tant aimé et détesté la ville de son enfance.Certains ont ouvert des théâtres, d’autres ont créédes festivals. Wladyslaw a créé une «gare franche»,

un refuge en plein cœur des quartiers Nord, un lieudéfiant toutes les catégories : théâtre et potager,basse-cour et action culturelle, répétitions et liba-tions. Un lieu qui lui ressemble, pas d’art qui n’ait lespieds ancrés dans le quotidien, pas de quotidien quine soit chargé d’art.Il y a maintenant 10 ans, j’avais invité Wladyslaw ànotre Remue-méninges en Corse. Un moment un peususpendu où cinq artistes viennent partager avecnous cinq ébauches de création. Wladyslaw nousparlait du Koursk, du naufrage de son monde slave,du bus-sous-marin qu’il imaginait comme décor.Mais surtout, il nous parlait tous les jours du «villagedes morts» que nous avions traversé. Effectivement,avant d’atteindre Pigna, village de la Balagne corseépicentre de notre remue-méninges, la route passaità travers un regroupement de nécropoles, un vingtainede caveaux funéraires, dessinés, ornés, décorés.Depuis ce jour-là, il était intarissable sur ce que sepassait (probablement) dans cette ville-fantôme, surcette civilisation qui avait créé des villages-cime-tières. Puisant sans cesse dans des récits d’enfance,trop nombreux pour être honnêtes, il savait plus quequiconque faire ressentir l’omniprésence souterrainedes humains qui nous ont précédés pour conduirenotre propre vie.Wladyslaw Znorko était un artiste. Et voilà qu’en cor-rigeant cet hommage, mon traitement de texte mepropose de changer Znorko (mot absent du dict-ionnaire) en Zorro. Ça l’aurait fait bien rire.PIERRE SAUVAGEOT EST COMPOSITEUR, DIRECTEUR DU CENTRE

NATIONAL DE CRÉATION LIEUX PUBLICS.

Wladyslaw Znorko a quitté sa Gare Franche au moment où Jérôme Savary et Hugo Chavez s’en allaient eux aussi. Belle compagnie... Quelques hommages recueillis.

Wladyslaw Znorko vient de nous quitter à Marseille,le 5 mars. Il avait un peu plus de vingt ans quand, en 1981,Wladyslaw Znorko avait fondé à Lyon sa compagniethéâtrale, le «Cosmos Kolej», c’est-à-dire «la décou-verte de l’univers». Cette découverte poétique étaitson programme, son ambition, la raison d’être deses spectacles. Entre Saône et Rhône, il donnerafigure à ses songes en se produisant dans la rue, dansles gares et dans bien d’autres lieux de passage. Soninspiration l’avait mené ensuite jusqu’en Irlande, oùil était demeuré 7 ans. Après bien des pérégrinations, ce grand voyageur

avait enfin trouvé un port d’attache pour sa compa-gnie. Il s’était installé à Marseille, dans ces quartiersnord qui, par certains aspects, lui rappelaient lesdécors de son enfance à Roubaix… C’est là qu’il avait ouvert la «Gare Franche», une maison,un jardin et une usine désaffectée qui constituentun formidable espace de rencontre et un lieu uniquepour monter des spectacles d’une poésie à nulleautre pareille. Wladyslaw Znorko était à la recherche du spectacletotal et, comme tout poète, il voulait aussi par sescréations changer la vie. Sa Gare Franche restera l’unde ces lieux rares où les rêves deviennent réalité.

Aurélie Filippetti

LES COSMONAUTES et tous leurs amis

PIERRE SAUVAGEOT, directeur de Lieux Publics, nous a fait part de son hommage

Good bye Mister Z.

Ce matin, avant le point du jour, dans la Gare Francheapaisée, Kino a aboyé...Le silence s’est suspendu dans la maison qui penche.Le visage paisible et doux, Wladyslaw Znorko, setient là, assoupi.De la fenêtre du grenier, on voit le poulailler grandouvert...Coq et oies se pavanent dans les jardins.

Aujourd’hui, le ciel s’est fait gris et le mistral, tempête.Les Cosmonautes ont la mine sombre, leur capitaineles a quittés...Sans doute pour quelque tunnel labyrinthique, là-bas du côté du Rove...À moins que, tout occupé d’un Spoutnik,Il ne soit resté cette nuit à l’heure des étoiles

07ÉVÉNEMENTS

L’idée d’un marketing culturelfait ainsi son chemin, parcequ’il faut attirer le public. Adonc de la valeur ce qui plaît.Pour en sortir il faut réaffirmerque l’œuvre artistique a certesune valeur, mais qu’on ne peutsûrement pas l’évaluer par lesrecettes qu’elle dégage. Lescritères d’attribution des sub-sides publics doivent resteresthétiques, et se fonder sur lacomplexité d’un langage, lapatiente virtuosité de sa miseen œuvre (voir p28), et latrace symbolique et émotion-nelle qu’elle laisse en nous. AGNÈS FRESCHEL

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Hypercentre et territoireFort de son nouvel équipement dû à KengoKuma (choisi aussi pour le Conservatoire d’Aix),le FRAC entend prendre toute sa place dans uncentre hyper urbain marqué alentour par desobjets architecturaux forts : Mucem, Villa Médi-terranée, ABD, tour de Zaha Hadid. Attentif au caractère peu vivant d’un quartier debureaux, son directeur Pascal Neveux poursuitdans la continuité avec quelques inflexions liéesà la crise, et l’intention de toucher un nouveaupublic. Pas de fric-frac mais du pragmatique !À l’autre bout de la ville, le MAC et son fondscontemporain exceptionnel espèrent toujoursun vrai projet architectural. À partager ?

Zibeline : Ce nouveau bâtiment amène-t-ildes changements dans les activités du FRAC ?Pascal Neveux : Les missions restent les mêmesavec l’idée première de collection en mouve-ment : prêt d’œuvres, médiation, partenariats,relais privilégiés en région et au-delà.Car le Frac ne se sédentarise pas à Marseilleet ne fossilise pas autour de sa collection etde son bâtiment comme un musée. Il reste,volontairement, une plateforme dynamique.Ici on aura une programmation d’expositions

temporaires avec des œuvres de notre collec-tion -mais pas seulement- et des invitationsd’artistes pour conserver une dynamique deproduction et d’accueil. Par contre la collec-tion sera renforcée dans sa diffusion sur leterritoire régional en liaison avec les lieuxsatellites. 70% de notre activité se fait quandmême hors les murs. Dans le même temps cequi se passe en région trouvera un écho dansle bâtiment et une meilleure visibilité. Le budget reste le même ?Notre budget c’est 30% État, et 70% Régionqui s’est beaucoup investie depuis 2010-2011.D’ailleurs le bâtiment lui appartient. Avec cenouvel outil nous sommes quasiment sur undoublement du budget global artistique etfonctionnement. La crise nous place dans desbudgets contraints, comme les petites structuresd’art contemporain, même si celles-ci souf-frent beaucoup plus que nous. Nous comptonsdonc sur la part d’autofinancement avec lesrecettes du restaurant dans ce quartier ter-tiaire en forte demande, mais aussi de labilletterie…Finie la gratuité ?En partie. Nous passons à une politique tarifaire

08ÉVÉNEMENTS

pour les activités dans le FRAC, abonnementsfavorables pour les visiteurs. On va développerla privatisation des espaces. Nous sommesdéjà sollicités par des entreprises intéresséespar une image artistique et architecturaleforte. Le nom de Kengo Kuma est un vecteurde communication internationale. Le mécénatest aussi moteur, on le voit avec les six autresFRAC de nouvelle génération. Et on le sentdéjà pour d’autres partenariats avec la Métro-pole, le Conseil Général.Et Marseille Provence 2013 ?On traverse cette année 2013 sans trop deproblème avec un apport de MP13 sur nos pro-jets partenariaux importants comme Ulysses(850 000 €). Mais à partir de 2014 on seraseuls maîtres à bord. C’est la crise partout maisle modèle des FRAC est un des seuls à avoirperduré depuis 30 ans. Nous intéressons desacteurs internationaux de l’art contemporain,aussi bien par le type de fonctionnement quepar les collections constituées d’artistes detous horizons.PROPOS RECUEILLIS PAR CLAUDE LORIN

Le bâtimentInvestissement (foncier + bâti) : 21,5 millions d’€ (50% État et 50% Région)Superficie : 5400m2 dont 1000m2 pour expos temporaires, 1100m2 réserves, documentation, plateau multimédia, project-room,atelier pédagogique, 2 logements d’accueil, restaurant. Enveloppe/façade de 1500 «pixels» de verre entrepris au CIRVA puispar société E. Barrois

Budget annuel de fonctionnement55% Région, 34% État, 10% autofinancementAvant (place Chirat) : 1 700 000 €Aujourd’hui : 2 450 000 €850 œuvres, la plus chère : Joan Mitchell (prix nc)Fréquentation attendue : pas de chiffrage précis (FRAC Bretagne : 35 000 visiteurs/an)

À lireNouvelles architectures-Fonds régionaux d’art contemporain, éditions HYX, 2012

OuvertureL’expo inaugurale et générique donne à voir la dimension expéri-mentale et prospective du FRAC questionnant «les modèles théoriqueset scientifiques qui ont façonné notre culture contemporaine». Parte-nariats artistes/chercheurs, œuvres historiques de Klein ou Baquié àqui sera consacrée une journée d’étude.

Inauguration du nouveau FRACle 22 marsLa fabrique des possiblesdu 23 mars au 26 mai20 bd de Dunkerque, Marseille 2e

04 91 91 27 55www.fracpaca.org

Kengo Kuma, FRAC PACA, depuis le bd de Dunkerque, pose des pixels deverre en fac�ade, 2013 © C. Lorin-Zibeline

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Initié par Théâtres en Dracénie, le festivalLes Vents du Levant souffle un air de fantaisieplastique avec une 7e édition consacrée à deschorégraphes explorateurs, sur les traces deschorégraphies visuelles d’Alwin Nikolais.Quatre temps forts au programme, auquel estintégré un week-end de stages et conférences(23 et 24 mars), qui débutera le 19 avec l’in-trigant Swan de la Cie Le Guetteur. Luc Pettonqui confirme son goût pour le corps en ape-santeur et donne vie au concept de zooësis(zoologie et poésie), en convoquant des cygnescomme partenaires de jeu aux danseuses quis’ouvrent à un travail improvisé et intuitif. Unecomplicité étonnante où le plus ambivalentdes oiseaux fait lien entre Art et Nature, évo-que la féérie des contes et l’étrangeté du mythede la métamorphose.

Le 22 mars, le Système Castafiore apporterason univers fantastique dans Renée en bota-niste dans les plans hyperboles. Un poèmevisuel et sonore qui allie la métaphysique aumerveilleux, conçu par Karl Biscuit et choré-graphié par Marcia Barcellos. Des maîtres del’illusion qui mêlent cinq danseurs à des imagessophistiquées issues des nouvelles technolo-gies ou à une fantaisie plus baroque grâce àl’utilisation de machineries anciennes, pourdévoiler les mouvements de l’inconscient.Happy Child de Nathalie Béasse, à voir le 25,est un spectacle-énigme sur la famille, l’enfanceoubliée et ses jeux. Un théâtre dansé trèsplastique, une danse macabre où les faux sem-blants et les non-dits se démêlent lors d’uneréunion familiale jouant du polar et du conte,dans un décor étonnamment immaculé. Entre

désir, folie et pouvoir, la tension vécue par lesprotagonistes suit les traces de Shakespeare. Pour finir, les 28 et 29 mars, ce sera le Panora-ma de Philippe Decouflé. Un programme bestof qui revisite 20 ans de créations, révélantl’humour, la poésie et l’exubérance du chorégra-phe dans un feu d’artifice graphique d’imagesprojetées, de jeux d’ombres et d’effets d’opti-que. Une création mosaïque mais à part entière.DE.M

Les Vents du LevantThéâtres en Dracénie, Draguignandu 19 au 29 mars04 94 50 59 59www.theatresendracenie.com

Danse plastique et métaphysique

«Une porte ouverte sur un dialogue entre lescultures et les religions par le biais de la musi-que», tel est le but de ce festival spirituel àl’importance croissante dans le paysage cultu-rel, et cultuel, régional. Dans des lieux commele Théâtre, le Musée Fragonard, des chapelleset églises, des concerts variés d’une grandequalité révèle s’il le fallait la très grande ri-chesse de la musique d’inspiration religieuse,et ce croisement pertinent de superbes musi-ques sacrées est véritablement singulier, d’autantqu’il est accompagné de conférences, projec-tions, rencontres…Le programme permet de découvrir le Stam-bali de Tunisie avec la troupe Sidi Ali Lasmar(le 23 mars à 20h30), le Heavens de Mozart àEllington avec Raphaël Imbert et la cie NineSpirit (le 26 mars à 20h30) et les chants de

l’Inde du Sud (le 23 mars à 14h et 16h), touten écoutant les méditations instrumentalesdu Quatuor Debussy et leurs Requiems inti-mes (le 24 mars à 15h et 25 mars à 21h), leJephté de Carissimi par le Concerto Soave etl’Ensemble Jacques Moderne (le 22 mars à20h30), les géniales correspondances qui re-lient les chants sacrés de l’islam et de lachrétienté médiévale avec le concours desvoix de Noureddine Tahiri, Dominique Vellardet du oud de Driss Berrada (le 23 mars à 15het 17h) et la légendaire contrebasse de Re-naud Garcia-Fons pour le Cantique descantiques (le 24 mars à 18h) ! Il est aussi le reflet d’une constante dans tou-tes les musiques sacrées : en dehors de cellesqui sont sorties du religieux, et le jouentcomme un répertoire appartenant à tous donctoutes (Concerto Soave et Jacques Moderne),ces musiques sont exclusivement composéeset jouées par des hommes (soit 34 hommeset 8 femmes), les femmes ne faisant «que»chanter. La tradition des musiques du monde

explique cela. Il serait temps d’en écrire unautre ? FRED ISOLETTA

3e Festival des Musiques sacrées du mondedu 22 au 27 mars0493405300www.musiques-sacrees-du-monde.com

À la Grasse de Dieu Les Rencontres de musiques sacrées du monde rapprochent des univers musicaux que peu deprogrammations proposent ensemble

Quatuor Debussy © Bernard Benant

09ÉVÉNEMENTS

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Parler, danser, chanter à la tzigane (selon les paroles du regretté BobbyLapointe : «le violon, de deux choses l’une, soit tu joues juste, soit tu jouestzigane»), ce sera possible et même recommandé lors du Festival LatchoDivano 6e Edition. Outre les séances de cinéma documentaire et fiction,les repas, les expositions et les concerts (Kesaj Tchavé, Parno Graszt...),on note la venue des journalistes du MECEM, Centre Médiatique Rom.Une équipe essentiellement féminine, avec au départ très peu de moyens,

qui réalise aujourd’hui une émission quotidienne en langue romani à la TVslovaque, et espère essaimer en Europe.Pour ceux qui veulent aller plus loin à la rencontre de la culture tzigane,un stage de romani animé par Slavka Stefanova de l’Institut National desLangues et Civilisations Orientales est prévu, ainsi que des cours de danseavec la fougueuse Elodie Tenant. Grâce au soutien du CNL, la médiathè-que de la Penne sur Huveaune a constitué un fonds de contes, livres, CDqui vient compléter le centre de ressources de la Maison Méditerra-néenne des droits de l’homme sur le Cours Julien. Une permanence setiendra tous les après-midi à l’Ostau dau país marselhés, et du covoituragesera organisé sur le site de Latcho Divano pour se rendre dans les lieuxexcentrés.GAËLLE CLOAREC

Latcho Divano, Festival des Cultures Tziganesdu 28 mars au 8 avrilMarseille, divers lieuxwww.latcho-divano.com

Tous au Large !Au J1, les expositions se succèdent sans forcémentse ressembler, mais en rassemblant toujoursautant de monde. À la Galerie des chercheursde midi, c’est la série Usages qui a remplacédepuis le 26 février les Paysages, composantune mosaïque colorée, familière et chaleureuse.Un portrait collectif de notre Provence à l’heurede la sieste, des bains de mer ou des parties depétanque... l’art de vivre à la façon du sud !La galerie La Jetée accueille des albums defamille nettement plus sombres. Celui de My-lène Blanc est peuplé d’étranges hybrides, dunourrisson à pattes de poulet à l’homme quiporte en guise d’ailes d’ange une paire de corneseffilées. Chez Julien Magre, les photographiessont hantées par la présence (ou l’absence ?)de sa femme et de ses fillettes. Quant à Del-phine Balley, elle met en scène la famille quipèse, qui bride, voire qui grillage ! avec tous lesingrédients du malaise : décor bourgeois, pou-pées, masques, pansements, minerve et jeunemariée sur lit de mort...L’association Petit à Petit présente à la Galeriedes quais un travail ethnographique réalisé avecle Museon Arlaten, sur la population gitane d’Arles.Un dispositif amusant de fenêtres portes enbois qui ouvrent sur des scènes du quotidien viaphotographies, vidéos et bandes-sons, plongele visiteur dans un univers à la frange entre tradi-tions et modernité. On y apprend que l’architecteRado Konic a construit pour les anciens noma-des sédentarisés des maisons aux toits arrondiscomme ceux des roulottes, et que certainesgitanes jouent très bien de la guitare, maisqu’elles préfèrent danser. L’accent est mis surle rôle très différencié des genres : les femmesse consacrent aux tâches ménagères pendantque les hommes vont boire un coup avec lescopains.... on est loin des préjugés sur les vo-

leurs de poule, mais les clichés sexistes ont lavie dure !Juste en face, l’Atelier graphique de Fotokinone désemplit pas, avec la proposition légèrementsubversive de Sacha Léopold et FrançoisHavegeer : Écrire où on peut. Marqueurs,stylos, clés... écrire, c’est aussi graver, et les en-fants s’emparent avec délices de tous les outilsqui leur permettront de laisser une trace. Cen’est pas nouveau, mais c’est toujours renou-velé : la joie du graffiti a traversé les siècles.Leur succéderont du 15 mars au 11 avril lesmasques de Thomas Couderc et ClémentVauchez, ou comment combiner 26 pairesd’yeux, 26 nez et 26 bouches en d’infinies pos-sibilités. Guettez le bal de clôture, où le produitde ces ateliers prendra vie en farandole!GAËLLE CLOAREC

J1, Atelier du Large, MarseilleUsages – Galerie des chercheurs de midi,jusqu’au 31 marsHistoire de famille – Galerie La Jetée, jusqu’au 7 avrilÀ la gitane – Galerie des quais,jusqu’au 17 marsÉcrire où on peut –jusqu’au 14 mars04 91 88 25 13www.mp2013.fr

10MP2013

À l’heure tzigane

Bain du 1er janvier - Cercle des nageurs de Marseille © Paul-Louis leger 2004

Kesaj Tchavé� © Kesaj Tchavé

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Les 15e et 16e arr. marseillais auraient donc un patri-moine ? Une coopérative d’habitants l’affirme depuis2011, Hôtel du Nord. Ce réseau de 50 chambres d’hô-tes accueille un public curieux de découvrir la ville loindes sentiers battus, et lui propose des balades urbainesou en mer plus étonnantes les unes que les autres, de6 à 35 €.Le fulgurant printemps des garrigues est la saisonidéale pour découvrir la «vue seigneuriale» des citésmarseillaises, dominant la mer et les collines, à l’empla-cement des bastides d’antan. On peut suivre par exempleChristine Breton, Conservateur du Patrimoine, quipiste les habitats construits entre le VIe siècle avant J-C etle IIe après : «on nous bassine avec la colonie grecque,alors qu’il y a bien eu une culture celte méditerranéenne,et personne n’en parle !» Elle entraîne une quarantainede personnes jusqu’à l’Oppidum du vallon des Mayans,lequel étale ses pierriers sur plusieurs hectares audessus de la cité La Solidarité, et dont une portioninfime a été fouillée.On croise le tracé du GR2013, qui sera inauguré bientôt,et le canal des eaux de Marseille, de plus en plus muré.La plupart des gens ignorent le passé de l’endroit où ilsvivent, et ces balades lui permettent de remonter à lasurface. Parmi les participants, un spécialiste du cadastredes archives départementales, une visiteuse parisienne

et une riveraine échangent : «mon père s’est caché dansle ravin de la Viste pendant la guerre.»Au passage, on s’arrête chez Agnès et Louis. Apicul-teurs, ils ont une villa avec une chambre disponible dansun vallon abrité du mistral, où leurs ruchers s’étagententre violettes et fleurs d’amandiers: «cette année leromarin est beau, le miel sera doux». Prosper Wanner,gérant de la coopérative, prend la parole pour expliquerque «la loi interdit de faire des chambres d’hôtes dansl’habitat social. Mais c’est amené à évoluer : à Lyon, enSeine Saint-Denis et dans bien d’autres endroits descollectifs réclament un droit au patrimoine.» ChristineBreton renchérit : «Ces quartiers ont historiquement étémis au ban de la société, mais ils vont se retrouverau centre de la Métropole !»GAËLLE CLOAREC

Programmation et inscriptions aux prochaines Baladeshttp://hoteldunord.coop/calendrier/programmation-2013

Récits d’hospitalité d’Hôtel du NordChristine BretonÉditions Commune, 10 €

La consultation nationale sur l’éducation artisti-que et culturelle «pour un accès de tous lesjeunes à l’art et à la culture», lancée en novembre2012 par Aurélie Filippetti, a enfin questionnéla place à donner à la culture scientifique ettechnique ; l’enjeu fait débat : pour certains «Ilfaut redonner aux jeunes le goût des sciences etdes techniques» (Claudie Haigneré). Pour d’au-tres, il s’agit d’opérer «une mise en débat, une

mise en culture des sciences» et non pas sa sim-ple vulgarisation. De nombreuses initiatives locales ont anticipé laréflexion interministérielle (voir Zib 60) préco-nisée par le comité de pilotage de la consultationnationale : des acteurs régionaux -universités,école, associations, collectivités- ont depuislongtemps compris l’importance de la culturescientifique dans la réconciliation des jeunesavec le goût et le désir d’apprendre, dans l’ou-verture de l’imaginaire et œuvrent pour la diffuserlargement depuis plusieurs années, comme nousen rendons compte régulièrement (voir p78).

La culture au soukLes organisateurs de Marseille-Provence 2013ont ainsi résolument inscrit un ensemble demanifestations grand public, organisées dans larégion et souvent par la Région soucieuse dessciences, au programme de l’année «capitale».Le Souk des sciences en sera l’événementphare au printemps.Présenté sous la forme d’un marché éphémère,

c’est un lieu vivant d’échanges d’idées et deconnaissances où les transactions ne sont queculturelles. Depuis 10 ans, il s’installe auprès deshabitants, au cœur des quartiers, sur une placeou au coin d’une rue. En quelques minutes, deschercheurs y racontent des histoires de scien-ces, font découvrir quelques secrets de la natureou étonnent avec les dernières inventions tech-nologiques. L’objectif est d’aiguiser la curiositéscientifique et le sens critique, notamment desplus jeunes, par une approche concrète et ludi-que : démonstrations, jeux et distribution dematière grise pour tous !CHRISTINE MONTIXI

Le souk des sciencesle 3 avril, Gardannele 10 avril au parc F. Billoux, Marseillele 15 mai, Aixle 22 mai cours Belsunce, Marseille04 13 55 10 92www.mp2013.fr

L’accueil du Nord12MP2013

Dans la colline au dessus de la Solidarite ©

Gaelle C

loarec

Que d’eau !La Ville de Gardanne et l’Ecole des Mines – siteCharpak organisent une randonnée urbaine,H2O, guidée par smartphone : une découvertehistorique, scientifique et technique pour explorerl’eau sous toutes ses coutures à Gardanne, d’unedurée de 2h30 à 3h.

le 22 mars à 14h à l’Office de Tourisme04 42 51 02 73www.ville-gardanne.fr/mp2013

Balades e

Des sciences capitales

Avec Barcelone, Lisbonne et Vicen-za, Marseille fait partie des villes quiont conçu des balades urbainesdans le cadre du projet Culture Pi-lots, une des rares initiatives néesà l’occasion d’une Capitale Euro-péenne -dans ce cas celle de Linzen 2009- à avoir été pérennisées.Six Centres sociaux des Bouches-du-Rhône ont recruté chacun deuxanimateurs touristiques et culturelspour accompagner les promeneurset «poser un autre regard sur la villedans des lieux insolites, à la rencon-tre des habitants». Formés par lacoopérative Hôtel du Nord (voir ci-contre), les guides ont effectué desrecherches patrimoniales, fouillé lesarchives, interrogé des riverains,avant de rassembler la masse d’in-formations récoltées en 6 parcoursurbains à Marseille et à Miramas.D’une durée de 2h environ pour untarif allant de 1 à 5 €, les balades sontabsolument tout public, et certai-

Balade urbaine capitale St Gabriel © Nicolas Felician

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nes peuvent être découvertes en anglais, armé-nien, espagnol, italien et russe. Sur demande !GAËLLE CLOAREC

Renseignements et réservations directement auprès des Centres sociauxOmbres et LumièresLe Panier, Marseille 2e

04 91 91 29 59

Le Roy des CalanquesParc du Roy d’Espagne, Marseille 8e

04 91 73 39 82

Une campagne en bétonLa Rose, Marseille 13e

04 91 70 13 39

Cosi fan tutti : industries et migrationsBon Secours-le Canet, Marseille 14e

04 91 67 32 03

M’as-tu vueLa Viste, Marseille 15e

04 91 60 57 27

Chemins de ville, chemins de ferMiramas04 90 58 20 49www.mp2013.fr

en Capitale

Autres promenadesLa comédienne et réalisatrice Bénédicte Sirepropose ses parcours-spectacles Dans le ventrede la Canebière : une (re)découverte de cetteavenue avec rencontres de lieux inconnus etinattendus, et d’habitants accueillants dont elleinterprète les récits de vie, ainsi que ceuxd’écrivains célèbres qui ont traversés ces lieux.La balade dure 2h30 environ, prévoyezvêtements tout-terrain et appareil photo !

les 16, 21 et 30 mars à 14hRéservations à l’Espaceculture04 96 11 04 61www.espaceculture.net

www.mp2013.fr

Ce succès prouve l’appétit de culture et dedécouverte qui anime les Marseillais. Car ce sonteux qui constituent 70% de la fréquentation dece bâtiment éphémère sur le Vieux Port. Mais ontrouve de tout en guise de visiteurs : des familles,des scolaires, des Français descendus à laCapitale pendant leurs vacances, des Européenset beaucoup de Chinois… Certains viennent cher-cher des renseignements sur l’offre culturelle,d’autres s’attardent aux rendez-vous qui ryth-ment chaque journée… Quelques uns des ces rendez vous ? Le jeudi à18h, les Before, une heure pour découvrir lesévénements qui se préparent sur le territoire,Printemps des poètes ou Latcho divano… Le samedi vous pouvez partir en Colo à 9h30,un voyage surprise concocté par l’équipe deMP2013 pour vous faire découvrir un nouveléquipement, un lieu insolite… À 11h30, 15h et16h30, une programmation concoctée par XavierAdrien Laurent qui a fait entendre Enco de bottele 9 mars, un groupe de femmes qui arrange avecses tripes et juste ce qu’il faut d’innovation lerépertoire corse et occitan. Le 16 mars ce serale tour des écrivains de l’Overlittérature (Fes-tival à Septêmes du 22 au 23 mars), le 23 marscelui des Poulettes (festival Avec le temps..) le30 mars du conteur Jean Guillon… XAL choisitles artistes en fonction de leur actualité, maisrémunère également leurs prestations… Ce quin’est pas le cas des artistes exposés dans l’es-pace muséal ou les galeries d’art éphémères, qui

trouvent cependant au Pavillon M l’occasion depromouvoir les expositions qu’ils font ailleursdans la ville.Les Rencontres capitales, organisées parMP2013, poursuivent leur rendez vous quotidiendu lundi au vendredi, à 15h, avec les artistes dela programmation : le mardi on y parle des Ate-liers de l’Euroméditerranée, le vendredi onlève le rideau sur les spectacles en création, lesautres jours on discute balade, musée, expos,sciences, concerts, participation citoyenne, dansdes échanges chaleureux… À partir du 15 mars le Pavillon M exposera éga-lement le Trésor exquis des musées de Marseille,qui ont chacun prêté une œuvre sans savoir ceque l’autre exposerait, espérant que la proximitéde leur Trésor fera sens… Quant à l’espace de 400m2 que la Ville de Mar-seille offre généreusement à ses partenaires duterritoire, il est occupé depuis le 6 mars par lePays d’Aubagne et de l’Étoile, qui en profitepour nous donner un avant-goût savoureux duColossal d’Art brut de Danielle Jacqui. Une œu-vre monumentale, colorée, éclatante pour cetteartiste résistante, «survivor» comme elle se plaità dire, qui lutte contre l’épure en affirmant labeauté du foisonnement. L’occasion aussi demesurer le formidable élan qui anime la Ville d’Au-bagne et son pays, plongés dans la capitalejusqu’au cou, et regorgeant de magnifiques pro-jets, clairement détaillés au long de l’exposition. AGNÈS FRESCHEL

Pavillon M, Marseillewww.pavillon-m.com

À qui profite le M ? Plus de 200 000 visiteurs au PavillonM depuis son ouverture !

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14MP2013

En 1978 André Cadere disparaît des écransavant-gardistes qu’il a marqués de sa singularité.Il avait 44 ans. Et avait dérivé sans faillir à sesengagements, affirmant sa posture radicale,passant comme une météorite. Inclassable, il promène sa silhouette longiligneavec une Barre de Bois Rond à la main, et, sansjamais s’en départir, arpente le bitume d’Europeet des États-Unis, fait irruption dans les vernis-sages et les happenings, écrit inlassablement.Photographies des rues de Londres et de New-York à l’appui, Barre de bois rond posée contreune poubelle éventrée ou exposée en galerie.Et textes à l’appui : «La Barre de bois blond estun assemblage de segments peints dont lalongueur égale le diamètre du matériau utilisé.Les permutations des différentes couleurs sesuccèdent d’après une méthode comportant deserreurs.» Le Moulin se fait le passeur en réinventant unparcours semé de Barre de Bois Rond, toujoursla même et jamais pareille, en réunissant uneabondante correspondance, manuscrits, articlesde presse qui témoignent de ses expositions,de ses amitiés, de ses recherches. Et de ses

pérégrinations : officielles comme lors de sonexposition à la galerie Maeght à Paris en 1973 ;ou inacceptables aux yeux d’un conservateur demusée parisien qui le chassa du Festival d’au-tomne en 1972 sous prétexte que l’introductiondes parapluies était interdite ! Pour André Cadere l’art est omniprésent, dansles rues, les galeries, l’atelier, de jour comme denuit. Jusque dans une vitrine réfrigérée de la pâ-tisserie L. Darcy, rue de Seine, qui «vend» laBarre de Bois Rond et les petits gâteaux ! Ce quipourrait paraître anecdotique est l’acte d’unartiste vent debout, qui refuse l’avis de «farfelusmilliardaires, de richissimes galeristes, d’organi-sateurs, critiques et artistes de service persuadésque l’art ne peut être exposé partout». M.G.-G.

Cadere / la Barre de Bois Rond et ses avatarsDans le cadre d’Ulysses, itinéraire d’art contemporainjusqu’au 27 avrilEspace d’art Le Moulin, La Valette-du-Var04 94 23 36 49www.lavalette83.fr

Dans les espaces rénovés du muséeCantini, les toiles gigantesques de Matta(1911-2002) trouvent un écrin à leurdémesure. Elles illuminent les cimaises deleur «imagination courageuse». Nul besoind’une muséographie délirante pour enroberl’exposition ! Mieux vaut l’exploration chro-nologique de ce qui a conduit Matta «desvoies de l’automatisme surréaliste à uneinterprétation métaphorique de l’histoire»pour faire sauter les verrous d’une œuvreparfois complexe, au-delà du jeu chro-matique séduisant. Cette volonté de clartémet en évidence les répercussions desévénements survenus au Chili, à Cuba, etdans le monde, sur une création prolifique.D’ailleurs trois étages ont été réquisitionnés,faisant la part belle aux huiles sur toile et, enfin de parcours, à l’œuvre graphique qui sous-tendses recherches, pour saisir sa personnalitéfougueuse, ses engagements (Les Roses sontbelles en hommage aux époux Rosenberg ouLes juges de Nuremberg sont autant de manifes-tes), ses amitiés avec les artistes et les poètes(de Garcia Lorca à Magritte, de Dali à Breton).Les tableaux, dès 1942, sont traversés de lignesmétéoriques, d’éclats de couleurs, de formesou figures disloquées ; traces et éclaboussuresrévèlent leur monde intérieur tumultueux. Àpartir de 1947 la profusion chaotique laisse placeà un ordonnancement géométrique des aplats.Tout est là, déjà, qui annonce la toile peinte en1950, à Rome, à la mémoire de son ami Lorca,fusillé : Contra vosotros asesinos de palomas.Une œuvre fondamentale à la mécanique interne

complexe, aux récits juxtaposés, à la palettetourmentée. À partir de là les châssis ne vontjamais cesser de grandir jusqu’aux polyp-tiques… Comme cet Etre Hommonde de 1960,véritable chant héroïque, où les ondulations,symboles, figures mythologiques et autresmachines improbables figurent une partitionunique. Pour cet arpenteur infatigable, quelleplus belle façon d’exister que par la peinture

«sensée nous donner le sentiment d’être uni,d’être hommonde» ?MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Matta du surréalisme à l’histoireJusqu’au 20 maiMusée Cantini, Marseille04 91 54 77 75www.culture.marseille.fr

Cadere à la dérive

Pour une poétique révolutionnaire

Portrait d'Andre� Cadere Museum van Hedendaagse Kunst, Gand, Juin1977 Courtesy Succession Cadere et Galerie Herve Bize, Nancy

Contra vosotros asesinos de palomas, 1950. Huile sur toile, 200 x 271 cm. Centre national des arts plastiques, Paris.

En de�po� t au muse�e Cantini Marseille © Adagp, Paris. Cre�dit photographique Jean Bernard

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Les installations conçues par Kawamata sedéfinissent par l’usage exclusif du bois : plan-ches brutes, cagettes, palettes, chaises… Leplus souvent éphémères, elles suggèrentcertains désordre, instabilité, fragilité face auconstruit, à la pierre monumentale comme en1987 pour l’exposition Japon Art Vivant à laVieille Charité.Pour ce projet à long terme commencé en 2011dans le cadre des Nouveaux Commandi-taires piloté par le Bureau des Compétenceset Désirs, à travers des ateliers participatifsavec des étudiants en art, le parti est au con-traire d’imaginer un ensemble de six postesd’observation pérennes intégrés au paysagecamarguais. Dans un contexte naturel évolutif(changements des saisons, interventions hu-maines), mais aussi protégé dans le cadre duParc, Horizons apparaît comme un assemblagehâtif de planches de pin douglas juste dégros-sies. Mais il condense plusieurs ordres designifications en relation avec le site et sonimaginaire : promontoire surélevé, affût de chasse

ou d’observation, structure de bateau traditionnelen cours de construction, ponts et passerellesenjambant canaux et roubines, palissades desmanades alentour, arènes… ou un nid gigantes-que ? Contrairement à l’affirmation monumentalede ses œuvres précédentes, confrontées àl’échelle de l’architectural et de l’urbain, ici dansla plaine on ne saurait décider si cet Horizonsest grand (vécu de l’intérieur) ou petit (passantà son pied). Les choses seraient-t-elles denature si incertaines ?

Il faudra attendre les prochaines réalisationsdont celle à Arles en avril, à Trinquetaille, dontVan Gogh rendit le pont fameux...CLAUDE LORIN

HorizonsTadashi KawamataMas du Pont de RoustyParc naturel régional de Camarguewww.bureaudescompetences.orgwww.nouveauxcommanditaires.eu

De bois brutHorizons, première réalisation du projet Les Sentiers de l’Eaucommandé à Tadashi Kawamata, s’est posé au Pont de Rousty en Camargue. Les cinq suivantesprolongeront le parcours d’Arles jusqu’à la mer

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MP2013

Croquis de Tadashi Kawamata pour Horizons, 2012 © Tadashi Kawamata

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Pâques en musiqueRenaud Capuçon occupe une place de choix dans le paysage musicalfrançais. Aux dernières Victoires de la Musique classique, jouissantde son privilège, il a annoncé la tenue du tout premier Festival de Pâquesd’Aix-en-Provence qu’il organise en collaboration avec DominiqueBluzet. C’est un nouveau grand rendez-vous donné aux mélomanes dela région, et bien au-delà, l’année-même qui consacre Marseille-Pro-vence Capitale Européenne de la Culture, dans une période (hors été)où, précise le violoniste, «les festivals ne sont pas si nombreux» ! Notonsaussi que la prochaine cérémonie des «Victoires de la musique clas-sique» sera retransmise justement… du Grand Théâtre de Provence.Peut-on encore espérer louer sa place parmi la vingtaine d’évènements ?Les affiches sont prestigieuses ! Elles illustrent une volonté de partage etde transmission : «accueillir les très grands et inviter les jeunes…» ! ValeryGergiev et son Mariinsky, Semyon Bychkov à la tête du ChamberOrchestra of Europe, le Gustav Mahler Jugendorchester (dir. Her-bert Blomstedt), l’Orchestre de l’Opéra de Paris (dir. PhilippeJordan) assument les soirées symphoniques.Autour de Renaud Capuçon s’articulent des récitals chambristesincontournables : Nicholas Angelich, Hélène Grimaud, AngelikaKirschlager… Sans parler des «mythes» : Radu Lupu, Gidon Kremerou Alfred Brendel (luxueux conférencier !).Côté création, le compositeur Jörg Widmann est associé à l’édition 2013,quand pour ouvrir ce temps «pascal» et musical, Accentus, ConcertoKöln et Laurence Equilbey interprètent la Passion selon saint Jean. Et pour attiser l’intérêt public citons en vrac : la soprano Sonya Yonche-va, le baryton Mathias Goerne, les violonistes Valerij Sokolov, JamesEhnes, les pianistes Khatia Buniatishvili, Daniil Trifonov, Leif OveAndsnes, Bertrand Chamayou, les sœurs Labèque… le violoncellisteHenri Demarquette ou le tout jeune surdoué (Révélation instrumentaleaux Victoires 2013) Edgard Moreau… Pardon pour les autres, et n’hésitezpas à tout entendre !JACQUES FRESCHEL

Festival de Pâquesdu 26 mars au 7 avrilGTP et Jeu de Paume, Aix08 2013 2013www.festivalpaques.com

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Déguster librement la musique qui passe, voir le son prendrenaissance et se répandre jusqu’à vous, au gré du vent et duressac, en comprendre l’origine dans le souffle, le choc, lefrottement… telles sont les joies de l’installation de Pierre Sau-vageot. Son Champ harmonique, fait de petits ou grandsinstruments bricolés, se découvre en une promenade, moduleau gré des éléments, du vent qui le traverse… Chaque paysageemmène dans ses petites mélodies, sa couleur harmonique,ses timbres, et éloigne du grand tintamarre qui au quotidiennous assomme de ses rythmes binaires et de ses watts. Etchacun des tableaux traversés est particulier pourtant, évo-quant des musiques plus ou moins archaïques ou lointaines,futuristes ou orientales, et belles toutes de leurs instruments,éoliennes ou violoncelles perchés, petites boites closes oudispositif aéré, bois, peaux, colorés ou ocres, fantastiques oumécaniques. Un parcours sans êtres humains autres que lespromeneurs, et la magie des Goudes, où le Champ s’installepour quatre semaines ; là où le ciel, la mer et la roche blanchese découpent, rappelant comment la nature a sculpté de sesforces un paysage brut qui coupe notre souffle humain, etimpose le sien.AGNÈS FRESCHEL

Champ harmoniqueDu 4 au 28 avrilLes Goudes, Marseillewww.lieuxpublics.com

L’année Capitale se poursuit, avec l’inauguration du GR2013 le 22 mars, les expositions qui se renouvellent, et le temps fort Scènes d’hiver qui commence : à la Criée avec AliBaba, et avec beaucoup de musiques…

L’harmonie en marche

16MP2013

A Martigues, en 2010 ©

Do.M

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En mars le Dock des Suds se transforme enmarché international des musiques du monde,avec une programmation nocturne enrichied’une nouvelle scène. Sami Sadak, co directeurde Babel Med Music, nous parle de cettemanifestation financée essentiellement par laRégion PACAZibeline : Quelle place occupe Babel MedMusic dans le petit monde des musiques dumonde ?Sami Sadak : Ces musiques ont peu de mar-chés internationaux reconnus, à part le Womex.En neuf éditions, Babel Med Music a su s’ins-taller durablement dans le paysage, elle estconsidérée par les professionnels du mondeentier comme un rendez-vous annuel de réfé-rence. L’ancrage à Marseille, avec l’ouverturesur la Méditerranée, et sur le reste du monde, ya fortement contribué. Comment se porte l’économie des musiques dumonde ?Mieux que celle des autres musiques. On cons-tate que la baisse des ventes de CD s’eststabilisée. Les auditeurs préfèrent avoir un objetentre les mains qu’un album numérisé. Maisc’est surtout le spectacle vivant, le goût dupublic pour les concerts qui caractérise cetterelative bonne santé du secteur. La partessentielle des ressources vient de la scène.Quelles sont les nouveautés de cette édition,labélisée MP2013 ?Nous disposons d’une scène supplémentaire,baptisée Watt !, qui accueille des créations surla base de rencontres et de dialogues entre lesmusiques de monde traditionnelles et urbaines,notamment entre Marseille et le monde arabe.Babel Med Music a toujours privilégié les croi-sements d’esthétiques. C’est aujourd’hui unetendance forte des musiques du monde actuellescomme l’est aussi les musiques de diasporas,celles de musiciens exilés qui continuent là oùils vivent de faire rayonner leur culture.Quels sont vos coups de cœur ?On a quelques perles comme The Alaev Family(Tadjikistan/Israël), Baloji (Congo/Belgique),Kan’Nida (Guadeloupe).Les artistes régionaux que vous sélectionnezs’exportent-ils mieux grâce à Babel Med Music?Leurs parcours connaissent en général unrebond après leur passage. On peut dire queBabel Med Music est un tremplin pour les mu-siciens de Provence-Alpes-Côte d’Azur.PROPOS RECUEILLIS PAR THOMAS DALICANTE

Au programmeSur 34 groupes, 24 sont exclusivementmasculins. Les 10 groupes comprenant desfemmes comportent généralement 1 seulefemme, chanteuse, et aucune instrumentiste.Babel Med Music programme donc 111artistes hommes, et 14 artistes femmes.

Le 21 mars : Baloji, Coetus, De Temps Antan,Du Bartas, Joaquin Diaz, Mounira Mitchala, SiaTolno, The Alaev Family, Vinicio Capossela,

Sound(Z) Of Freedom, Wilaya 49.

Le 22 mars : Ablaye Cissoko & VolkerGoetze, Black Bazar, Chicha Libre,Dubioza Kolektiv, Gren Seme, MariemHassan, Mashrou’ Leila, Mazalda-TurboClap, Mohammad Motamedi, S.Mos,Söndörgö, Taksim Trio, Watt A Nine BrassBoom!.

Le 23 mars : Compagnie Rassegna(PACA), D’Aqui Dub (PACA), Elina DuniQuartet, Hoba Hoba Spirit, Rosapaeda,Spiky The Machinist (PACA), Tiloun,Wanlov & The Afro-Gypsy Band, KheperWatt !, Zamalek.

www.dock-des-suds.org/babelmedmusic2013

17MP2013

Baloji © Jerome Bonnet

Suivre, de lieux en lieux, les concerts, perfor-mances, installations, ballets, opéra, rencontres,proposés par le Festival les Musiques duGmem (Centre National de Création Musicale- Marseille), c’est accepter de se laisser portervers des terres inconnues, des sons inouïs, desmondes étranges, surprenants, excitants oudérangeants… qui ne laissent pas indifférent !Pour l’année «Capitale», Christian Sebille dif-racte 18 événements (31 œuvres dont 7créations) pour un «festival éclaté» de LaCriée à l’Alcazar ou les ABD Gaston Def-ferre, de l’Opéra de Marseille ou La Frichevers Le Merlan… jusqu’au pied de la Sainte-Victoire et… au Château d’If !

Cinq labels MP13 ornent les affiches, de l’«Ins-tallation Musicale» prévue en avant-première(poisson du 1er d’avril sur l’îlot imaginaire deMonte-Cristo ?), du concert acousmatique,spatialisé sur orchestre de haut-parleurs (Lesmondes de roré – le 5 avril), de la pléthoriqueOdyssée 2013 (Musicatreize – les 6 et 7 avril)d’Oscar Strasnoy et sa dizaine de chœurssuivant les traces d’un Ulysse moderne, duparcours sonore Oiseaux/Tonnerre à suivre ducôté de Gardanne (du 12 avril au 12 mai), ou dela création dansée de Michel Kelemenis(Siwa - le 4 mai) sur les Quatuors de Debussyet d’Yves Chauris (commande 2013).Le Quatuor à cordes, fer de lance de l’innova-tion musicale depuis Mozart et Haydn, estjustement à l’honneur en début de festivalavec Jonathan Harvey, Janacek, John Cage ouBartok (Ictus Strings – le 4 avril). Autres pointsforts de la manifestation : un focus électro-nique sur… la vielle à roue (les 15 avril et 1er

mai), un Opéra sur des poèmes de NietzscheO Mensch ! (le 30 avril) de Pascal Dusapin,musicien également à l’honneur aux côtés deLigeti ou Xenakis (Ask - le 3 mai), les perfor-mances de Donatienne Michel-Dansac surGeorges Aperghis (les 2, 3, 4 et 5 mai), ou, enclôture, Médée Kali, tragédie antique revisitéepar Laurent Gaudé sur une création musicalede Lionel Ginoux (le 15 mai).JACQUES FRESCHEL

26e édition Les Musiques 2013, un festival éclatédu 1er avril au 15 mai04 96 20 60 10www.gmem.org

Ictus Strings © Frederic Iovino

Tremplin de Babel

Eclats sonores

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18CIRQUE

Pour Le vide-Essai #5, on entre sous le chapi-teau noir du Théâtre du Centaure, entre chienet loup, au son d’une musique lancinante. Ondécouvre sur la piste de sable une planche surtréteaux, des matelas de mousse superposés et7 cordes suspendues au faîte du chapiteau. C’estalors qu’un acrobate, suspendu en haut d’unecorde qui brutalement se décroche, chute… «Ilarrive que les décors s’écroulent.» Alexis Auff-ray, qui un peu plus tard jouera du violon, retirealors la pancarte avec l’inscription Prologue oùles gens entrent. À la fin il sortira du sable unepancarte identique sur laquelle on pourra lireEpilogue où les gens sortent.Entre les deux, le circassien Fragan Gehlker,très méticuleusement, refera ses essais d’as-cension, Sisyphe persévérant, retombant sanscesse et recommençant sans fin, créant dansle public une tension douloureuse, l’obligeant à

s’interroger sur le lâ-cher-prise et l’absurdede la vie. «Si la des-cente se fait dans ladouleur, elle peut aussise faire dans la joie.» Fragan Gehlker tra-vaille sur la répétitiondu labeur ; le Mythe deSisyphe de Camus l’ac-compagne dans sontravail d’acrobatevirtuose poétique etphilosophique. Il fautl’imaginer heureux !ANNIE GAVA

Le vide-essai #5 a été donné du 9 au 20 févrierau Théâtre du Centaure, Marseille

Sisyphe heureux

© Annie Gava

Le Creac, Pôle national des Arts du Cirque, apris le relais de Janvier dans les Étoiles (voir Zib’60) pour proposer des spectacles en création,mettant tous le corps en jeu dans des exercicesde virtuosité acrobatiques. Le non-cirque de lacie Anomalie n’a pas réussi à mettre en œuvreses propres propositions (Les larmes de Bristle-cone), détournant les règles du cirque et de laconférence sans en proposer de nouvelles,sinon l’ennui. En revanche le très beau duo dela Cie Morosof a coupé le souffle des specta-teurs en inventant sur un seul agrès une longuedanse sensuelle, faite de contacts, de plon-geons tête première et de variations infinies surun porteur et sa voltigeuse, suivis en direct parun musicien à la console inspirée (2 et �). Le trioRonde qui lui succédait a confirmé le talent dela cie Rouge Eléa, capable d’allier une vraiethéâtralité, faite de relations entre personnages,et une virtuosité jamais démonstrative, sur desagrès inventifs et toujours cruels. La création de Guy Carrara avec la cie israé-lienne On Orit nevo est plus complexe encore :les performances physiques des acrobatesdanseurs, impressionnantes, ne sont jamaisintégrées a des numéros mais mises constam-ment au service d’un propos sur la migration. Àpartir de l’évocation des exodes historiques versIsraël, le propos s’ouvre sur la difficulté depasser les frontières, la souffrance des sanstoits et des ballottés de l’histoire, projetant desimages d’archives, des murs qui se dressententre les peuples, en particulier celui de Gaza.Un propos politique sans ambiguïté pour cespectacle coproduit pourtant par l’État d’Israël,mais qui réunit toutes les souffrances et seplace très volontairement du côté de tous les

opprimés (Somewhere and nowhere).La programmation de magie s’est poursuivieégalement, après les très belles réussites àArles et celles d’Etienne Saglio (voir Zib’ 60),par des occupations dans Marseille program-mées par le théâtre du Merlan. Les Brigadesmagiques ont attiré les passants dans desdémonstrations de close up épatantes, les petitstours à la Chambre de commerce ont ravi lesenfants et permis une approche au plus prèsdes numéros de dissimulations, surgissements,escamotages (La grosse collection d’Éric Bur-bail). Si on a retrouvé avec étonnement lespouvoirs de mentaliste de Thierry Collet, ceuxde Bébel à La Criée (Belkhéïr) se sont diluésdans une histoire pas très bien ficelée, autour

d’un rêve qui projetait le manipulateur dans unjeu de cartes… La virtuosité de cet homme seul,assis, fait frissonner lorsqu’il joue de ses grandesmains pour exécuter des tours incompréhen-sibles, mais en conteur il est moins convaincant…Reste que cette pléthore de spectacle decirques, puisqu’il faut sans aucun doute aujour-d’hui l’écrire au pluriel, a dressé un panoramatrès divers de tout ce qui est issu aujourd’hui decet univers, et fabrique des arts nouveaux, enmouvement, qui contaminent la danse et lethéâtre autant qu’ils s’en inspirent…AGNES FRESCHEL

Ces spectacles ont été joués à Marseilledu 15 au 24 février

Cirque en capitales s’est achevé, remplissant sur tout le territoire les chapiteaux et les théâtres, avec un nombre important de créations régionales…

Magie et acrobaties

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Proserpine peut faire la fête, elle a fait du bonboulot, dans les consciences au moins, enaidant à lutter contre les peurs nées de l’annon-ce, effrayante (?), de la fin du monde annoncéepour décembre 2012. Point de dégringoladecosmique, fêtons-ça nous dit-elle ! Car pour fairefi de cette inhibition qui nous empêcha de vivrepleinement (vraiment ?) la fin d’année, rien de telqu’une «after», de ces fêtes débridées qui per-mettent de prolonger les soirées en lâchant lemeilleur (voire le pire) de chacun d’entre nous.Expulsées, donc, les peurs instillées par les

rigorismes religieux et politique, sans parler desdérives médiatiques ! L’After et sa Mamamia avait de ça, sorte deconcert inabouti ou de spectacle raccourci,mais qui se présentait comme un joyeux élec-tro-show. Or le mélange laissa comme un goûtd’inachevé, après quelques riffs de guitarepourtant bien sentis de la part des deux acolytesde la clown. Que nous dit-elle, Proserpine, quenous ne sachions déjà ? Que la fête estcompliquée à faire à certains âges mais que toutest une question de volonté ? Qu’un objetimaginaire envoyé dans le public est renvoyéderechef, la tête de turc désignée jouant le jeubien volontiers ? Qu’un marteau peut aider àexpulser toute pensée négative, à condition queles coups soient rendus ?Heureusement la danse était là, celle quechacun s’approprie et qui peut servir d’exutoireà tout moment, à l’image de celle qui porta lesflashs mobs vécus quelques jours avant dansun supermarché de Port-de-Bouc et sur uneplace de Martigues. À quand le vrai défouloirgéant ?DO.M.

L’After et sa Mamamia a été donné le 16 févrierà Port-de-Bouc

Spectacle de fin d’études de 17 circassiens dela 24e promotion du Centre National des Artsdu Cirque, Pulsions, mis en scène par LaurentLaffargue, offre un remarquable exemple dece nouveau cirque parvenu à maturité. Il ne s’agitplus d’enchaîner des numéros éblouissants (lecaractère éblouissant reste !), mais de tenir unpropos fort qui contamine l’ensemble, et l’espritmême de chaque tableau. Ces Pulsions, comme les sept péchés capitaux,«renvoient aux sentiments primaires de l’hom-me». S’orchestre un travail sur la transgression,essence même du cirque qui défie les lois de lapesanteur, de l’équilibre. D’un magma originel sedégagent les identités de genre souvent confu-ses, puis des pulsions primaires exploitées parune société mercantile, disséquée et dénoncée.Les passions, les excès parfois insoutenablessont mis en scène. On est alors partagé entre

l’admiration de la prouesse physique et la ré-pulsion pour ce qui est représenté, ainsi la scènede ce couple où le mépris, la violence, s’entre-lacent crûment. Puis on retrouve l’harmonie autrapèze, lorsque les êtres enfin réconciliés éla-borent de fluides arabesques. Bascule coréenne,cadre aérien, portique, corde lisse, vélo acro-batique et mât chinois traduisent le cheminementde la pensée, les désirs d’ascension comme lesplus glauques instincts. Le tout se dessine dansles jeux de rideaux concentriques, qui jouent surles hauteurs ; les transparences, accueillent desimages réelles de boxe ou d’un tableau deBruegel… Un cirque qui allie la force vitale detrès jeunes gens à une vision esthétique.MARYVONNE COLOMBANI

Pulsions a été joué dans le Pays d’Aixdu 21 février au 5 mars

Show devant !

20CIRQUE

© D

anielle Lorin

Pulsions, les pre�mices, septembre 2012 © Sileks

Il a fait sortir le cirque des chapiteaux et desthéâtres, introduit du rock’n’roll et des enginsvrombissants. Disparu en 2010, Pierrot Bidonétait l’un des grands réformateurs du cirque,créateur en 1984 du cirque Archaos. Inventif etgénéreux, il a fondé au total une dizaine decirques dans le monde entier, du Brésil à l’An-gleterre en passant par la Guinée. Installé àArles en 2006, Bidon a émerveillé la ville par sestempêtes de plumes de «Place des Anges»inventées pour le festival Drôles de Noëls en2007, et reprise pour la fête d’ouverture deMP20123.«Faire une grande et belle fête quand on s’ensentirait la force et l’envie». Tel était sont derniervœu. Promesse tenue grâce à cette « fête àPierrot » qui a eu lieu du 8 au 10 mars à Arles enplein cœur d’une friche industrielle des quais duRhône. L’ambiance était au rendez vous. Despetits chapiteaux pour manger et rigoler, ducirque en plein air avec La roue de la mort, dutrapèze «grand volant» et des projections desspectacles de l’artiste. Sous un grand chapiteau,des artistes du monde entier, qui ont croisé laroute de Pierrot Bidon, proposaient des numé-ros atypiques pour un dernier cabaret en sonhonneur. Tango voltigeur, ou Max le cochoncharmeur qui déshabille la belle Sarah, une équi-libriste déjantée… Au loin des anges déversentleurs plumes. Le public assiste à un concertunique sur le rythme effréné des tronçonneusesilluminé par des jongleurs et cracheurs de feu.Une pluie de plumes ensevelit la foule, et, leregard vers le ciel, tout le monde dit au revoir etmerci Pierrot…ANNE-LYSE RENAUT

La fête à Pierrot a eu lieu du 8 au 10 marsà l’Espace Chapiteau à Trinquetaillesur les bords du Rhône à Arles

Merci Pierrot…

Paradoxes et métaphores

© Anne-Lyse Renaut

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Le festival de danse contemporaine a dérouléses tapis aux danseurs de la Méditerranée,entrainant plus de 6000 spectateurs dans unequinzaine de lieux. Un tapis de désirs, delangages sensibles, d’hallucinations collectives,de fleurs et de sueur, d’esquisses parfois ina-bouties mais toujours généreuses. Avec lefougueux Marathon Bagouet par la jeune géné-ration au Palais des Papes, la légèreté etl’humour du chorégraphe disparu laisseront destraces, transformant l’essai enjôleur en rendez-vous incontournable. Mixant capoeira et hiphop, les 12 danseurs algériens d’Hervé Koubidans Ce que le jour doit à la nuit ont apprivoiséla lumière, délivré un message de fraternité etune sacrée dose de testostérone. Une gestuelleample qui atteint parfois ses limites, mais per-met d’exprimer les difficultés de la danse dans

leur pays. En clôture, d.opa ! de Patricia Aper-gi, avec des danseurs grecs libres de créer maissans moyen, relevait d’une égale énergie, com-municatrice, confrontant le passé au mondemoderne. Une danse très bavarde, frôlant par-fois la rébellion du punk. Un état que n’a pasatteint Fabrice Ramalingom dans My Pogo,avec ses danseurs plus précis mais contraintsdans le corps-à-corps sans atteindre la tempêtede la contestation. Tout comme Mauro Pacca-gnella, tournant en rond dans ses solos à forced’abattre les quatre murs d’un ring imaginaire.

Traversée des âgesDans Acte sans parole I, le funambule Domi-nique Dupuy joue avec les mots de Beckett etnous saisit. Accompagné en miroir par un jeunecircassien, il accomplit le trajet de l’auteur, visa-

ge émacié, torse nu sous manteau noir, indexpointé affirmant ce qu’en acrobaties son pré-décesseur démontrait. Une autodérision glaçantequi signe à mots murmurés la solitude d’uncorps de 83 ans en attente. Plus réjouissant, Mon Amour, de Thomas Fer-rand, déroule papier peint à fleurs et Molièretchatcheur pour servir de course contre la mortaux deux performers épuisés par la peur de«s’endormir dans la tranquillité d’un tel amour».Ambra Senatore a offert, avec John, un déli-cieux terrain de jeu, où les objets et les motsfabriquent une partition de mouvements déli-cats et poétiques. Mais surfant sur la provoc etla dépense, Mickaël Allibert, dans Office duTourisme, a perdu le fond par trop de forme. Sestouristes-zombies, monstres risibles et déshu-manisés errent dans un territoire ravagé, àgrand effet de tronçonneuse, de body-paintinget de scotch déroulé. Sous l’esthétisme déglin-gué, la société consumériste et l’impossiblerencontre semblent n’être que prétexte au chaostrès organisé, laissant un goût de déjà-vu. En revanche, Pascal Rambert dans MementoMori a offert une séance d’hallucination anxio-gène mémorable. Une épreuve subliminaledans l’obscurité, où des corps-lueurs se meu-vent du fond de la caverne vers l’accouplementorgiaque. Hypnotique également l’Anatomiapublica de Tomeo Vergés, avec la captivanteSandrine Maisonneuve, automate spasmodi-que confinée dans un sidérant triangle amoureux.Qui était également chorégraphe, avec Lauren-ce Rondoni, de Nobody knows, every bodyknows au Klap : une pièce portant l’instanta-néité d’une jeunesse qui cherche à ré-enchanterle monde. Les danseurs courent, grimpent,s’enlacent et se repoussent, jouant de leurcorps pour traduire les doutes et l’enthousiasmequi caractérisent leur âge.DE.M ET T.D.

La 35e édition des Hivernales a eu lieu à Avignon,Vaucluse, Villeneuve, Aix et Marseilledu 23 fév au 2 mars

Hivernales du désir

22DANSE

Samir El Yam

ni, Carnets de route, H

ivernales 2013 © D

E.M

Ça commence par le silence, les esquissesd’attitudes rock, un micro qui s’incline, tournoie,accompagne de clichés le musicien muet, puisse transforme en javelot qui attend son envol.Les mouvements des objets créent des ondessonores, redessinent l’espace. Puis, dans untableau surréaliste, les instruments s’animent,guitares à jambes, caisses mouvantes… Lesgestes miment le groupe rock, les voix s’enflent,le batteur s’emporte dans des numéros à la foisparodiques et virtuoses, dans la lignée de KeithMoon, avec ses réactions inattendues, délirantes. L’univers des Who se reflète et se diffracte dansMicro, le spectacle de Pierre Rigal. Avec desmoments très forts, quand Mélanie Chartreuxdevient un automate qui se dérègle… Entre tran-ses et ballades, le spectacle trace un cheminauto-parodique, parfois enfumé à l’excès, parfois

un peu lourd, mais ledynamisme fait viteoublier les quelqueslongueurs et le manqued’invention harmonique.Qui n’est pas celui desWho !M.C.

Micro a été joué auPavillon Noir, Aix, les 7et 8 mars (ATP)

À venir les 29 et 30 marsThéâtre de Grasse04 93 40 53 00www.theatredegrasse.com

My generation

Micro © Pierre Grosbois

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De l’art en puissanceLes onze danseurs de la Compagnie Käfigprésentent depuis 2012 une nouvelle création,Käfig Brasil, née au Festival de MontpellierDanse. Quatre chorégraphes sont invités parMourad Merzouki pour ce spectacle, ap-portant chacun un propos et une technique quise conjuguent aux propositions des danseurs.Hip hop, capoeira, samba, bossa nova, musi-que électronique, voix, danse contemporainese tissent, se croisent, se rencontrent. Les artsmartiaux donnent à la danse une énergie com-bative, la danse permettant ici la formulationd’une pensée et d’histoires. Denis Plassard situe les danseurs dans l’at-tente d’un ascenseur, esthétique de dessinanimé déjanté à la Tex Avery. On observe cespersonnages en tenue de ville, cravatés, avec leregard de l’ethnographe. Étrangetés soulignéespar les acrobaties physiques et vocales. On estpris entre le rire et la poésie. Céline Lefèvreinterroge sur le non-dit qui fait mal, les mains seposent sur les lèvres, se mordent. Le besoin dedire enfin libéré autorise l’écoute de l’autre, lanaissance de la solidarité, transcrite par laliberté de l’ensemble sur scène. Octavio Nas-

sur instaure un dialogue transculturel entre lesport de combat qu’est la capoeira et le hiphop. Son esthétique se nourrit des contrastes,et des époustouflantes acrobaties de l’ensem-ble. Anthony Égéa s’inspire de la musiqueélectro pour une danse de masse toute en per-cussions, en ivresse des mouvements répétés,dans une intense jubilation. Jubilatoire en effettout ce superbe spectacle où l’on sent la pâteMerzouki, qui unit les étapes en une œuvrecohérente et forte. Performances physiques,expressivité des danseurs, variété des sourcesd’inspiration, superbe occupation du plateau,

tout concourt à la remarquable réussite del’ensemble. On en sort émerveillés.MARYVONNE COLOMBANI

Käfig Brasil a été dansé le 9 févrierau Théâtre Durance, Château Arnoux

À venirle 30 marsLe Carré, Sainte-Maxime04 94 56 77 77www.carreleongaumont.com

23DANSE

RetrouveZ sur notre site ces critiques danse et découvreZ les autres !- Hep garçon ! aux Bernardines

- Ailey II à Toulon- Daphnis é Chloé au Pavillon noir

- Don Quichotte du Trocadéro à la Criée

www.journalzibeline.fr

Demi-brume, temps suspendu : un homme guideavec mille précautions un grand corps drapé àtête de loup venu du fond des âges, l’accom-pagne jusqu’à la lumière et la chaise en front descène ; un masque est doucement ôté qui encache un autre puis un autre... rires timidesdans la salle, puis inquiets... silence. Le zèbre...la grenouille... la bête se dépouille lentement etl’homme joue sur sa trompette un air crépus-culaire à ressusciter Miles Davies ; un momentmec, cigarette au bec, la belle finit par sortird’une ultime métamorphose…Tableau inaugural, première des Sad Songsimaginées, chorégraphiées et mises en musiquepar Thierry Baë (l’homme), dansées par CorinneGarcia, ce poème liminaire impose doucementun ajustement des sens et laisse flotter le sens.La salle ne s’y trompe pas et se serre dans uneattention toute particulière qui ne faiblira pas.Flûte japonaise, ciels tourmentés et évanes-cence de la gestuelle : la danseuse est incarnéemais n’incarne rien ; le musicien souffle et c’estun peu le matin du monde ou un morceaud’éternité sans visage. Peu à peu l’inquiétante

étrangeté s’estompeou plutôt se transfor-me pour laisser sedéployer un numérosidérant de hula hoop :le cerceau de plasti-que coqueluche desannées 50 finissantesva entraîner tout au-tant qu’entraver ladanseuse désormaisidentifiable (à qui ?)avec sa jolie robe bleue.Condamnée au dé-hanchement rythméjusqu’à épuisement du sourire, la jeune femmetente de survivre tout simplement : arroser uneplante ou manger des corn-flakes relève del’acrobatie ; tendre et poignant comme le bluesdéchirant que l’homme joue sur sa guitare entredeux apparitions en magicien raté, ce spectacleétonnant donne envie de rentrer en soi-même,et d’y rester longtemps.MARIE JO DHO

Sad Songs de Thierry Baë a été crée au théâtre des Bernardines, Marseille, en collaboration avec marseille objectif DansE du 14 au 16 février

Chanson de geste(s)

© Michel Cavalca

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Fabulons !Fabulations, extrapolations, inventions, illusions conjuguéessous toutes leurs formes, avec L’Écran de fumée, le théâtredu Maquis fait ses délices du mensonge érigé en vérité, etl’amour des mots, du coq à l’âne de la coquecigrue, de laparodie, de la «fumée du monde», si importante «qu’on ne lavoit pas»… Pour ses trente ans, cette troupe fait preuve dumême esprit juvénile et déjanté qu’à ses débuts, dans unspectacle qui tient du cabaret, avec ses numéros, son bateleur,ses chansons. On remonte à Adam, en direct, on suit desreportages plus vrais que nature : l’émission «Rien à dire»,spécialiste de l’attente, n’est pas sans en rappeler certaines quise prennent au sérieux ! On fait des maths à propos des exilésfiscaux, où 1+1=1, on sourit à la conférence sur le thèmefumeux de Conscience et univers ! Les Mayas, les pastèques, laplanète Nibiru, les voix de Jeanne d’Arc… tout se mêle auxmensonges du quotidien. Qui nous joue le mieux du pipeau ?Ceux qui nous abrutissent de bêtises ou de commentairesfumeux ? On est tenté de tout mettre en doute, dans le jeu desdécors mouvants, des lumières qui soulignent ou éclipsent. Laseule réalité reste celle du rire qui secoue la salle, la vivacitédes acteurs. On leur souhaite encore de belles années demensonge théâtral !MARYVONNE COLOMBANI

Les trente ans du théâtre du Maquis s’est joué le 14 févrierà Rousset, le 8 mars à Gardanne

À venirles 11 et 12 avrilBois de l’Aune, Aix04 42 93 85 40www.agglo-paysdaix.fr

Pour le siteLe 8 marsCinéma 3 Casinos, Gardanne04 42 65 77 00www.ville-gardanne.fr

Treize pour le prix d’uneIl y a quelques saisons, dans deslieux plutôt intimistes (apparte-ments, librairies…), Clara Le Picardnous régalait de son Endroit del’objet, solo pour comédienne etvidéoprojecteur, un spectacle-conférence décalé qui interrogeaitla relation de l’homme à l’objet. Cecurieux otni (objet théâtral nonidentifié) avait permis la naissancedu personnage de Martine Schmurpf,«éminente scientifique autodidacte».La voici de retour pour un «deu-xième programme de formation».Cooking with Martines Schmurpfss’attaque à la relation de l’hommeà l’alimentation. En plein scandaledu «horsegate», la conférence-coursde cuisine qu’elle propose ne pouvaittomber mieux ! Afin de «dynamiserle propos», elle n’a pas hésité à secloner ! Ainsi, ce sont deux confé-rencières duettistes qui mènent leprogramme, tandis que douze clo-

nes ratés, les non Martines, s’af-fairent à concocter le kit de surviedestiné à nous permettre de résis-ter «en cas de destruction massivede l’industrie agro alimentaire». Il ya du monde sur le plateau  : lesdouze amateurs recrutés locale-ment, les deux comédiennes (tous

en tenue blanche, toque sur la têteet queue de cheval), plus tous lesamis de Facebook régulièrementconsultés, plus les gens filmés ouinterrogés. Même le public dans lasalle est prié d’intervenir. Uneconférence interactive donc, avecrecours massif aux tablettes et aux

projections et un certain nombred’interludes musicaux, dansés oupublicitaires plutôt hilarants. Danscette profusion, des supports, desgenres, on perd parfois le propos.Sans doute Clara Le Picard gagne-rait-elle à resserrer un peu toutcela. N’empêche, c’est drôle etplein d’énergie. Une intelligentesatire non seulement de nos sys-tèmes alimentaires mais sansdoute aussi de notre rapport auximages et aux réseaux sociaux.FRED ROBERT

Cooking with Martines Schmurpfs,écrit et mes par Clara Le Picard,création sonore de FrédéricNevchehirlian, a été joué au théâtredes Bernardines dans le cadre deLa Minoterie hors les murs, du 20au 22 février

Troublante alchimie...Intervenant régulièrement dans les formations dispensées aux élèves del’ERAC (École Régionale d’Acteurs de Cannes), c’est tout naturellementqu’Hubert Colas a écrit pour les étudiants de l’ensemble 20 au terme deleur 3e année. Auparavant il a fait appel à Jean-Jacques Jauffret, cinéas-te. De la scène à l’écran, de l’image à la chair même de l’acteur, lespectacle s’est mis en place, l’alchimie s’est réalisée. Les personnagessont à l’âge de leurs interprètes, jeunes adultes qui se cherchent encoreen cherchant les autres. Mais ils ne sortent pas indemnes de leursrencontres. L’un d’eux dit : «Je ne suis pas assez mature pour vivre une ex-périence sans me faire mal», c’est peut-être une des clés de la pièce... Ledésir circule, les personnalités s’affrontent et se jalousent. L’écritured’Hubert Colas adhère à ses jeunes interprètes, se frotte aux images deJauffret, rejaillit avec d’autres mots. Au début du spectacle le spectateurs’aperçoit que les treize comédiens sont assis au premier rang et seretournent vers lui. Regards qui cherchent la complicité ? Un plan fixe surdeux corps nus et tristes, plus tard deux autres s’accouplent... Les corpss’offrent, se mesurent sous le regard du spectateur qui ne sait plus oùest le film ni où est le théâtre ; l’acteur sort de l’écran dans le mêmecostume, avec les mêmes mots. La scénographie transforme les mursde la scène par des effets de projections. L’illusion est parfaite, le paritenu !CHRIS BOURGUE

No signal [? Help], coproduction ERAC et Diphtong Cie, s’est joué du 13 au 16 févrierà La Friche salle Seïta, Marseille

© Adeline Ferrante

© Bellam

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24THÉÂTRE

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Plongées dans l’obscurité, leurs visages clairscomme la lune, trois jeunes filles «veillent lesheures qui passent» devant un cercueil. Pourcomprendre une boîte noire, il faut jouer avec,dit-on : pour conjurer l’énigme du cercueil, lestrois jeunes filles cherchent à parler, et à s’in-venter dans cette parole, à essayer des fictions.Elles rêvent des souvenirs d’elles-mêmes, puiscréent ensemble le rêve d’un autre. Comme unchœur antique, ou comme un conte d’enfantsdans le noir, elles composent à plusieurs voix lafable d’un marin échoué sur une île, qui s’in-vente des patries imaginaires, jusqu’à ce que leretour au pays natal soit devenu impossible, caril est plus inconsistant que ses rêves. Alors lesjeunes filles s’éveillent au jour en tremblant den’être elles-mêmes que le rêve du marin. Les comédiennes se tiennent ainsi en équilibreinstable sur le trait d’union du clair-obscur, surla ligne mince qui sépare les vivants des morts,la parole du silence, le rêve de la réalité. Livréesà une épreuve perdue d’avance, pour qui dé-couvre le drame d’exister, d’être dans le temps,où tout est passé sitôt que vécu, irréel sitôt queformulé. Et quelque chose a lieu : la naissanced’une poésie métaphysique qui vit -ni cérébraleni sentencieuse, mais vibrante des sensations,du rythme polyphonique des voix, de la lutte

imperceptible, intérieure, du mouvement contrel’immobilité. La possibilité d’une île, qui seraitaussi la possibilité d’un autre théâtre, sansdécor, sans psychologie et sans intrigue, quin’habille pas des mots mais crée en nous dusilence. AUDE FANLO

Le marin, de Pessoa, mis en scène par Guillaume Clausse et Florent Haas (cie l’Individu),a été créé aux Bancs publics, Marseille, du 7 au 9 mars

Boîte noire

25THÉÂTRE

© Mathieu Bonfils

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La petite sirène, c’est la quête d’une âme im-mortelle. Les sirènes vivent certes 300 ans,mais ne possèdent pas ce privilège des hu-mains. La petite sirène la désire plus que tout :comme toujours chez Andersen il est questiondes transformations du corps et des injusticesde la fortune. Objet d’une quête spirituelle, l’âmeimmortelle se gagne par les sacrifices et lesbonnes actions : comme toujours chez Ander-sen l’émancipation échouera tragiquement. Noussommes bien loin de l’appauvrissement symbo-lique de Walt Disney, et il faut rendre grâce àAlexis Moati d’avoir su restituer ses perspec-tives métaphoriques au conte. Il fait porter la parole par trois jeunes filles, fines,aériennes comme la petite sirène, qui endossenttous les rôles. Une évolution des points de vue

orchestre la progression, du simple lecteur del’histoire, à celui qui se souvient et rapporte lesfaits, enfin à la prise de possession du person-nage par l’emploi de la première personne. Ledécor est original et symbolique  : le sol estjonché de vêtements et çà et là, d’énormesaquariums reçoivent des gouttes d’eau quitombent des cintres… nous sommes au fond del’océan où «l’eau est bleue comme les feuillesdes bleuets», entre le livre et le jeu, le désir degrandir, les enthousiasmes adolescents, la viva-cité douloureuse d’une danse où les piedssouffrent. Douleur consentie pour une ascen-sion qui traverse les trois éléments, l’eau, laterre, l’air. Par son sacrifice, la petite sirène de-vient une fille de l’air et pourra par un longcheminement obtenir enfin une âme. Car Moati

ne peut se résoudre àpunir les désirs de sasirène, et nous faitcroire, finalement, que«les êtres humains sontnés de ses rêves»…MARYVONNE COLOMBANI

Les petites sirènes, nouvellecréation de la cie Vol Planéa été joué les 7 et 8 marsThéâtre Durance,Château-Arnoux

Vider son sacDans la petite chapelle attenante au théâ-tre des Halles, Alain Timar invite BlancheAurore Céleste à se confier. Sans autrescénographie que le lieu solennel remplid’encens, quelques cierges, un autel auprèsduquel une jeune femme d’aujourd’hui entre-par hasard ?- en confession, croisant quel-ques fantômes et délires sanguinaires audétour de son inventaire amoureux. Blan-che déboule avec ses valises, son portablerose, ses cheveux hirsutes, ses tics d’ado,ni sainte ni catholique, punkette au cœurde midinette qui raconte les pièges dudestin. Camille Carraz, toute en nuances,nous prend dans ses bagages, conte lesdéceptions, s’en amuse, s’affole, fait vibrerla chapelle d’une danse folle, épingle sesdoutes existentiels, devient auguste cruelpour avouer sa peur de vieillir sans amourou vierge prête à tout pour ne pas finir seu-le. Un personnage imaginé par NoëlleRenaude, lucide et naïve à la fois, instableet volontiers fantasque, qui se débarrassede ses désillusions pour continuer à vivre.Elle s’amourache aussi vite que les hom-mes la laissent tomber, alors elle fait desrêves et en rajoute. Après Jules, Selim,Albert et Planton, Paulo, Ernest et Mario,Victor, Marcel… arrive Amédée, et c’est ellequi nous plante pour goûter des myrtilles.Les valises sont posées, Blanche n’a rienprofané. Mais elle est libre et vivante.DELPHINE MICHELANGELI

Blanche Aurore Céleste s’est joué du 7 au 9 mars puis du 14 au 16 marsau théâtre des Halles, Avignon

Un désespoir si grandL’amplitude littéraire de Henning Mankell estsouvent occultée par sa série Wallander, le célè-bre commissaire dépressif ! Mais l’écrivain estégalement dramaturge. Dans Des jours et desnuits à Chartres, il délaisse les grisailles de saSuède natale et la chaleur tropicale du Mozam-bique où il séjourne régulièrement (L’œil duléopard vient d’être traduit au Seuil) pour s’atta-cher à un épisode particulièrement sombre del’histoire française : l’Occupation allemande etl’épuration. À partir d’une photographie de Ro-bert Capa prise le 16 août 1944, il tire les fils dela vie de Simone, mère d’un jeune bébé né de saliaison avec un officier allemand, décédée à 44ans d’alcoolisme… De la même manière quel’auteur navigue entre fiction et réalité, admet-tant avoir pris «beaucoup de libertés avec lesfaits», le metteur enscène Daniel Benoinchamboule la chrono-logie des événementset procède par saynè-tes successives. De lachambre noire à laprison, de l’atelier decouture à la salle debal, avec le photogra-phe comme fil rougeau récit, pas trèsconvaincant dans lerôle d’un Capa solilo-

quant à voix haute… Quant au rideau noir quis’ouvre et se ferme à chaque changement descène, cela en deviendrait presque cocasse sil’on ne mourrait pas d’ennui  ! Les thèmesfondateurs sont là pourtant, interprétés avec lagravité nécessaire par des acteurs qui donnentdu relief à une mise en scène linéaire et mono-tone : la délation, la peur, la vengeance, le malet le bien, la trahison, l’inconscience ou la mé-connaissance, l’amour filial qui efface tout,même l’inconcevable.M.G.-G.

Des jours et des nuits à Chartes a été joué les 8 et 9 mars au Théâtre Liberté, Toulon

Une âme immortelle

26THÉÂTRE

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À la cour de l’empereur, la vérité n’estpas bonne à dire. Seul un enfant s’yrisque fortuitement : «Mais l’empe-reur est nu !». S’inspirant du conted’Andersen, la compagnie Graine demalicea plus d’un tour dans son sacpour transformer les carafes, coupes,gobelets, pipettes et cabochonspour un royaume. Danielle Pas-quier et Roland Boully insufflentvie aux objets, métamorphosent unpaysage de sable en château etcampagne, donnent corps et voixà l’empereur, aux courtisans et aupeuple. Car au royaume ça caquet-te jour et nuit, ça fait des courbettes,ça minaude, ça flagorne et ça com-plote drôlement ! À la manière d’un

tableau de Rembrandt -effets detransparence du verre et sensualitédes étoffes et des dentelles imagi-naires-, les deux comédiens racontentle conte par petites touches délica-tes, chuchotements, gestes lents etmaniérés, une ritournelle, de précieuxéclairages, dans une semi-obscu-rité pour plus d’intimité. Dans cetteproximité complice, le public selaisse prendre dans les mailles dufilet et, jusqu’à la fin, vit au rythmedes toilettes impériales, des amu-sements de la cour, des capricesde l’empereur… dans l’attente devoir apparaître cette étoffe magi-que que deux tisserands perfidestrament en secret. Mais tout n’est

qu’illusion : «tisse tisse la laine, tis-se tisse le peuple» chante le bouffon… MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Les Habits neufs de l’Empereura été joué du 19 au 21 février au PJP,Le Revest

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RetrouveZ sur notre site ces critiques spectacles et découvreZ les autres !- Le rêve, soirée transfert à la Criée- Ponts suspendus au 3 bis f-Médée à Miramas- Le jour des meurtres aux Carmes-Jean la chance au Toursky www.journalzibeline.fr

-Cyrano de Bergerac à Châteauvallon-la Commune Paris 1871 au Vitez-Que la noce commence aux Salins

Les caprices de l’empereur

© X

-D.R

L’univers plastique de la Cie Atten-tion fragile est précieux, fait d’unéquilibre assez miraculeux entreesprit de récup, amour pour la couleuret l’esprit des contes, modestie dela bricole et équilibre des espaceset du mouvement. Sur le Parvis del’opéra leur installation de carava-nes poétiques était fascinante…mais leur prestation le fut moins.Lorsque Gilles Cailleauévoque toutShakespeare en deux heures on estemporté par la richesse du mondeévoqué, des histoires qui se croisentà toute vitesse. Cette Naissance deDalida est tout l’inverse : tout estlent et rien ne varie, et le mondeévoqué est pauvre.Plus généralement : on n’échappepas aujourd’hui à l’évocation nos-

talgique des mauvais chanteurs devariétoche en guise de culturepopulaire ; or Dalida, ou MireilleMathieu, sont des mythes parcequ’on nous les a marketées ainsi,depuis 30 ou 40 ans. Le théâtre de-vrait nous aider à échapper à nosformatages par les professionnelsdu «temps de cerveau disponible», etpas à y plonger avec complaisance.AGNÈS FRESCHEL

La naissance de Dalida a eu lieu le 6 mars

À venirA Table ! par les apprentis de la Fai-ArLe 3 avril à 12hParvis de l’opéra, Marseille04 91 03 81 28www.lieuxpublics.com

Né du désir d’interroger la figureféminine dans l’immigration fémi-nine, Va jusqu’où tu pourras réunittrois écritures, trois auteurs à qui leDynamo Théâtre a passé com-mande : la Turque Sedef Ecer, leBelge Stanislas Cotton, et leFrançais Michel Bellier, porteurdu projet avec Joëlle Cattino, quimet en scène cette trilogie. Dé-coupée en trois récits, L’absente,Les invisibles et Le rêve d’Angle-terre, la pièce raconte l’épopée dePerce-neige, jeune femme dont leseul horizon est d’être la Kouma(troisième épouse) dans son couple,et qui va «profiter» d’un tremble-ment de terre pour disparaitrevraiment, fuir pour se reconstruiredans cette Europe qu’on dit accueil-lante. Sur sa route des rencontres,femmes et hommes qui façon-neront son devenir. Deux femmesnotamment, qui, comme elle, vonttout faire pour se fondre dans lepaysage, «des moins que des om-bres» cherchant la vie... Galanthine,trans cachée sous son niqab quiapprend à avancer, juste avancer

(et quelle interprétation de la partde Fabien Aïssa Besetta !), et Kar-delen (Sedef Ecer tout en retenue),seul soutien financier de sanombreuse famille et portant sonquatrième enfant, en quête d’unerenaissance. Marseille, Bruxelles,Londres... seule Perce-neige, deve-nue Dunya, arrivera, à quel prix !, àdestination. Un quatrième récit,indispensable respiration humoris-tique, vient compléter, et éclairer,l’histoire : celle d’une artiste quiexposera ses œuvres, toutes issuesde la vie de Perce-neige, «l’absen-te» par excellence dont on peutréécrire l’histoire pour qu’elle colleà une attente... esthétique. En té-lescopant les styles narratifs, etfaisant se croiser théâtre, chants etvidéos, le Dynamo théâtre trans-porte, et questionne durablement,la notion d’identité.DO.M.

Va jusqu’où tu pourras a été créé au Théâtre de Grasseles 14 et 15 février, et joué le 8 marsau Sémaphore, Port-de-Bouc

Éclore ou pas ...Femmes, ombres portées des hommes...

© Vincent Lucas

THÉÂTRE

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Treize chants, ou plutôt treize «aventures»pour évoquer une Méditerranée nourrie derêves, d’échos passés et contemporains. Lanouvelle œuvre de Sonia Wieder-Atherton,achevée par 10 jours de résidence au Jeu dePaume, referme son triptyque commencé pardes Chants Juifs puis des Chants de l’Est. Ledécor, composé de caisses blanches entasséesen colonnes dissymétriques, avec çà et làquelques objets, posés, anodins, une pomme,un gobelet… Dans ces ruines d’une divineblancheur, un sol mouvant, sombre, les cou-leurs d’une Méditerranée où savent éclore lesmythes… Le bruit de la mer et du vent cons-titue la base de la bande son qui accompagnela violoncelliste, seule sur scène. Une année aété nécessaire pour rassembler, orchestrer,modeler les sons naturels, les voix, les extraitsde film, les passages enregistrés au violon-celle, pour un résultat d’une acrobatiqueprécision, chargé d’une puissance évocatoirequi dessine une succession de paysages sono-res dans lesquels chaque auditeur puise desémotions, des significations différentes. L’imagede la Callas domine par ses accents de tragé-dienne dans la Médée de Pasolini, femmesymbole de la Méditerranée, où résonne enco-re le printemps arabe, et le courage des femmesqui luttent toujours pour leurs droits.Les compositions de la violoncelliste se conju-guent avec celles des auteurs classiques,comme Stravinski, Bach, Prokofiev, Bellini,mais aussi aux chants traditionnels hébraï-ques, corses, ou arabo-andalou… l’archeteffleure les cordes, joue sur les frontières du

son, puis s’appesantit, accordant une profon-deur veloutée aux phrases musicales. Violencevirtuose, accalmies délicates, rêves, silences,tout cela semble danser dans les belles varia-tions de lumière, de la blancheur infinie auxocres, jusqu’aux teintes bleutées qui enve-loppent le bouleversant Adio. Temps suspendupour un spectacle taillé dans l’étoffe desrêves !MARYVONNE COLOMBANI

Odyssée pour violoncelle et chœur imaginairea été donné du 5 au 7 marsau Théâtre du Jeu de paume, Aix

Serra vs GuettaÀ l’Alcazar, l’ensemble Baroques Graffiti ter-mine sa présentation sur le «Prêtre roux». Lalangue vivante de Vivaldi a, dans la chaleurde la salle de conférence, le 13 février, cahin-caha, survécu au péril qui menaçait de détendreles si sensibles cordes en boyau des violonsquand, à contresens, montait le diapason del’orgue positif… En funambules, rompus depuisles gammes enfantines aux soucis techniquesliés à leur art, Jean-Paul Serra (clavier), Shar-man Plesner (violon) et Anne-Garance Fabredit Garrus (violoncelle) posent la dernièrecadence sur une Sonate de l’opus 2. Le maîtrede cérémonie invite le public, venu en nom-bre, à soutenir ses musiciens en les suivantaux prochains concerts, car dit-il, «On en abesoin… d’autant que, la subvention de 2012que nous promet la municipalité, ne nous atoujours pas été versée». Après un instant destupeur, une voix s’élève dans l’assistance, mi-irritée et ahurie : «Mais on aura David Guetta !».Serra vs Guetta, voilà un combat singulier,emblématique sur le Vieux-Port ! Renseigne-ments pris, la subvention qui pose soucis’élève à… 3000€ ! En revanche, il sembleraitque le chèque destiné à la production dumillionnaire VIP animateur de boites de nuitss’élèverait à plusieurs centaines de milliersd’euros. Drôle de balance pour une ville donton chante partout qu’elle est Capitale Euro-péenne de la Culture en 2013. Quel est lesens de cette culture-là ? Ne perd-on pas, àforce de vouloir créer l’événement, l’objectifpremier de l’idée de culture, qui n’est pas deremplir les hôtels, mais de nourrir les esprits ?Et combien de «Serra» pourrait-on souteniravec un magot qu’on n’a ni mal, ni scrupule àtrouver, sur le dos d’un contribuable n’endemandant pas tant ? Combien d’artistes detalent, vivant en nos murs la vraie et fatale«vie d’artiste», celle grinçante que chantaitFerré, pourrait-on entendre, voir, lire, décou-vrir… ? De quoi, au mieux, provoquer desquestions… au pire, des colères !Un risque ? Avec Guetta en 2013… patatrasen 2014 !JACQUES FRESCHEL

Les signatures s’accumulent sur ce lien-là… on peut toujours s’y rendre :http://chn.ge/WRWnvC

Le premier concert de Mars en baroque a étéà la hauteur des attentes du public qui, depuis11 saisons, attend de vibrer aux suavités desvioles, aux pleurs et soupirs afférents aux goûtsdes XVIIe et XVIIIe siècles. C’est une Europebaroque qu’on a survolée, dominée par lalangue italienne, alors que l’opéra se répandpartout, soulève les passions comme les fou-les : une parfaite illustration d’une conférencedonnée, sur ce sujet, deux jours plus tôt àl’Alcazar par Patrick Barbier.Aux commandes, posé en bout de nef à l’Ab-baye de Saint-Victor, Jean-Marc Aymesdirige des claviers, au gré d’une gestique

minimale : son ensemble Concerto Soave,composé de formidables solistes, n’a pasbesoin de plus. Les cordes expertes, sensibles,dialoguent plus qu’elles n’accompagnent, aufil d’une subtile écoute, avec une Diva avérée,belle fleur épanouie (de magnifiques robesaidant !) dans son jardin chez Antonio Cestiou Leonardo Leo, Nicola Porpora et l’incon-tournable Haendel.Sandrine Piau livre, généreuse, un programmed’une douzaine d’airs, tout en vocalises à lavirtuosité transcendée, exprimant autant lafélicité amoureuse que les tempêtes du cœur,en ombre et lumière, hautement théâtraledans les récits, contemplative dans un belcanto angélique qui dessine la tendresse oules blessures de l’âme… À en oublier les piè-ges techniques tant la soprano maîtrise sonsouffle, des aigus cristallins qu’elle pose enduvet vaporeux au-dessus de nos têtes… JACQUES FRESCHEL

Ce concert a eu lieu le 7 mars à MarseilleLe festival Mars en baroque se poursuit jusqu’au 26 marswww.concerto-soave.comwww.marsenbaroque.com

Diva baroque

Odyssée en treize chants

Sandrine Piau © Antoine Le G

rand - nai�ve

© Marthe Lemelle

28MUSIQUE

© X-D.R

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La trompette éclate : militaire !Les cordes suaves chantent leurtristesse au fil d’un déhanche-ment bohémien, d’une fanfaremélancolique… Bientôt, sous labaguette de Mikko Franck, admi-rable trentenaire finlandais, lacentaine de musiciens de l’Or-chestre Philharmonique deRadio France épanche, roman-tique à souhait, un souffle quidécoiffe ! L’allegro furieux déver-se des vagues impressionnantesquand les violoncellistes se réga-lent d’avaler leurs phrasesvibrantes… même que les boisen rigolent ! Le Scherzo rebondit telle une bal-le lourde, un charriot sonore quibringuebale à l’écho d’un cormerveilleux ou d’un canon enforme de valse alanguie… Là culmine la Sehnsucht !Mahler distille, au gré de sa 5esymphonie, une science expertede l’orchestration, toute de cou-leurs, d’équilibre et de subtilité,qu’il magnifie dans le célèbreAdagiet-to associé, depuis Mort àVenise, aux plans de Visconti. Despizzi-cati de contrebassesfouillent le fond des temps d’oùémergent des arpèges de harpe.Un chant plaintif libère desdissonances passagères au gréd’appoggiatu-res alanguies, avantde regagner la chaleurapaisante… un pro-fond silence,suspendu… et le Rondo jovial. C’était le 15 février au Grand Théâ-tre de Provence : un momentrare de musique !JACQUES FRESCHEL

…et déjà première réussite pour ce nouveauné d’un an, composé essentiellement de jeu-nes interprètes, qui a su adopter promptementl’Equilbey attitude ! Précision, recherche del’équilibre sonore, rigueur… tous les élémentsqui ont fait et qui font la renommée de ladirectrice musicale d’Accentus, se retrouventsous les doigts agiles de ces instrumentistes.Pour preuve, la très fraîche et délicieuse 5eSymphonie du petit Franz, aux nouveautésharmoniques et stylistiques décapantes pourun compositeur de 19 ans, portée par un pu-pitre de cordes tout en rondeur, homogène,brillant sans être emphatique, inonda de sadouce lumière le théâtre aixois. Difficile parcontre d’être aussi laudatif avec le pupitre desvents, tant le manque d’unité avec le reste del’ensemble fut criant dans le Concerto pourpiano n°23 de Mozart. Bien peu aidée il fautdire, par le faible rendement sonore du piano-forte de Kristian Bezuidenhout, la formationsur instruments d’époque eut du mal à trouver

un son à la hauteur de la magistrale œuvre ducompositeur autrichien. Heureusement, lesquelques notes extraites de Rosamunde dis-tillées en bis, effacèrent rapidement ce petitsentiment mitigé et confirmèrent l’adagequ’«aux âmes bien nées, la valeur n’attendpoint le nombre des années».CHRISTOPHE FLOQUET

Le concert a été donné le 7 mars au GTP, Aix

29MUSIQUE

ParMahler…

Album de jeunessePremiers pas sur la scène du GTP pour L’Insula Orchestra,dans un programme classique et pré-romantique construitautour d’œuvres de «jeunesse» de Schubert et de Mozart…

Laurence Equilbey © Julien Mignot

Ceux qui n’avaient jamais entendu le tubisteThomas Leleu en concert sortent de l’Audito-rium du Pharo réellement ébahis. «Maiscomment peut-on faire tout ceci avec un telinstrument», si lourd cuivre cantonné ausempiternel enchainement tonique-dominantedans l’orchestre classique ? Entre les mains dujeune musicien (Victoire de la musique 2012dans la catégorie «Révélation Instrumen-tale»), comme tenu à deux doigts, le tubavirevolte et s’envole, s’allège et chante, swin-gue et tempête, livre des sonorités inouïes,multi-phoniques étranges, souffle en continupour une embouchure qui happerait troispoumons, du grave le plus sourd, laissantbattre des hertz en vagues sombres, aux dou-bles croches ornementales, éclairs fulgurantslancés en toute hâte...D’abord une création signée Richard Galliano,commande de la Ville de Marseille pour sonOrchestre Philharmonique, où le tuba acommencé de s’émanciper d’un tapis de cordesbrodé aux fils métissés de Ravel, du jazz ou dutango. Puis Convergences de Jean PhilippeVanbeselaere où le soliste a déclenché debéats bravi ! On l’a suivi dans les thèmesdécollant en flèche, alors que l’orchestre,agrémenté de guitares, basse électriques,batterie, samplers, peignait autour de lui desdécors symphonico-psychédéliques, jingles«west coast», batucada ou big band… Unopus séduisant au cœur d’un programmecomprenant aussi la festive Ouverture duCandide de Bernstein et la grandiloquente 2esymphonie de Sibelius ! J.F.

Ce concert a eu lieu le 8 mars à Marseille

Leleu fait le show

Thomas Leleu ©

Philippe Doignon

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Issus de l’Ensemble C Barré, Vincent Beer-Demander, mandoline, Thomas Keck, guitare,Célia Perrard, harpe, nous font voyager etcroiser des répertories variés, du baroque aucontemporain. Il est beau de voir trois jeunesmusiciens et enseignants ne pas se figer dansun répertoire formaté (Vivaldi, Sor, Debus-sy…). La boucle ibérique contemporaine permetde découvrir deux très belles pièces : le Pre-ludio a Hendécaméron (création Gmem 2012)de Miguel Gálvez-Taroncher, aspérités ato-nales, accords rugueux alternant avec desplages tonales méditatives et Trois autres pers-pectives d’une absence d’Iván Solano, présentdans la salle Musicatreize, palette magnifiquede sonorités impressionnistes et concrètes,tableaux contemporains ciselés. On découvrela belle technique de Vincent Beer-Demanderdans le Crépuscule du marseillais LaurentFantauzzi. La Sonate pour mandoline et harpe,la seule en 4 mouvements de Domenico Scar-latti, nous rappelle que le compositeur étaitau service du Roi d’Espagne Ferdinand VI : beléquilibre entre le dessus et le continuo, entreexubérance et plainte. Célia Perrard donnetoute son expression dans la danse de Grana-dos, Orientale, main gauche arpégée sur unthème mélodique inspiré. Thomas Keck, élégant,capte le public par une technique impres-sionnante dans la transcription pour guitarede la redoutée Suite Espagnole d’Albéniz. Maisil s’exprime véritablement dans le superbeTiento de Maurice Ohanna, où il retrouve,rageur, le duende populaire. Ce Tiento faisantsuite à la très belle Follia, anonyme, pourmandoline et guitare, les deux musiciens sejouant du thème et des 8 variations avecpanache.YVES BERGÉ

Ce concert s’est donné le 20 févrierdans la salle Musicatreize, Marseille, et le 21février dans le cadre du festival de Chaillol

Trois pincés !De la lyre d’Orphée aux compositeurscontemporains, les cordes pincéescontinuent de charmer…

30MUSIQUE

Les trois théâtres GTP, Jeu de Paume et Gym-nase offrent cette année une programmationjazz exceptionnelle qui va toutefois perdurerdans le but de faire du Gymnase le lieu dédié

au jazz qu’il fût par le passé. Andy Emler,talentueux pianiste, grand pédagogue del’improvisation et compositeur inspiré, col-porte et fait vivre son projet du MégaOctetavec la Compagnie aime l’Air depuis plus devingt ans. Dans sa forme actuelle, neuf musi-ciens sur scène délivrent, avec force et énergie,une musique d’une très grande diversité d’in-fluences. Les compositions foisonnantes sontune invitation à un voyage extralucide. La par-tition est très écrite, rigoureuse, tout en laissantun champ d’expérimentation inouï à chacunde ses musiciens. Vrai catalyseur de talents etde bonne humeur, Andy Emler a une hauteconscience du groupe et de la distribution ins-trumentale de l’orchestre : le marimba apporteavec les bois (deux saxos alto, un sax ténor etclarinettes) et les cuivres (trompette-bugle ettuba) une texture unique à laquelle on s’atta-che peu à peu. Une coloration qu’on laissepénétrer et qu’au final on apprivoise. «Chauve-Power !... les cheveux on les a dans le cœur !»,s’exclame Andy le chauve, acclamé par tousles chauves de la salle !DAN WARZY

Ce concert a été joué le 6 marsau Théâtre du Gymnase, Marseille

CD : Andy Emler MegaOctet - E total Label La Buissonne / Harmonia Mundi 2012

Beaucoup de jeunes Marseillais ignorent peut-être qu’avant de retirer des CD à l’Alcazar, onvenait y écouter des chansons. C’est à cettepériode et ses artistes de music-hall que lacréation Alcazar Memories rend hommage. Etavant tout aux grands noms de la chansonmarseillaise. Se réappropriant le répertoire,Paul Lay, Isabelle Sörling et Simon Tailleuréinventent des standards qu’ils alternent avecdes classiques du jazz et des compositionsoriginales. Pianiste à la virtuosité déjà recon-nue, Paul Lay a su préserver la jovialité destitres en leur insufflant une énergie jazzpourtant bien loin du cabaret. Son collègue àla basse, ainsi qu’à la boîte à musique, ponctue,dans la complémentarité, la voix envoûtanteà la diction parfois fragile de la SuédoiseIsabelle Sörling. Le pari était certes risqué deconfier l’interprétation de classiques de Vin-cent Scotto à une chanteuse à l’accent àcouper au couteau. Mais la talentueuse et

parfois déjantée scandinave est parvenue àdonner un nouveau rythme, un souffle baro-que aux pourtant intouchables Adieu Veniseprovençale, La Canebière ou Le petit cabanon.Le trio a également salué la mémoire d’ungrand Monsieur du jazz à Marseille, à l’originedu festival des Cinq continents, Roger Luc-cioni, en proposant une version aérienne deSheherajazz.THOMAS DALICANTE

Alcazar Memories a été joué le 5 mars à La Criée,Marseille

Voyage extralucide©

Dan W

arzy

Paul

Lay

© X

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Pépitesmarseillaisesremises au goûtdu jazz

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«C’est mon premier concert à Marseille et je sensque ce ne sera pas le dernier, vous êtes incroya-bles !» Lianne La Havas et le public de l’EspaceJulien vivaient un moment d’échange excep-tionnel le soir du 24 février, à Marseille.Pendant 1h30, la jeune auteure-compositeure-interprète et ses 4 musiciens (pianiste, batteur,choriste et bassiste) emmènent les specta-teurs dans une contrée soul poétique, teintéede groove jazzy et de mélodie pop. La presta-tion du groupe, humble et épurée, est d’uneintensité éblouissante. Lianne La Havas chanteavec tellement de talent et d’émotion que sonnaturel est déconcertant. La londonienne de23 ans à la voix suave semble ne faire aucuneffort pour dégager tant de puissance, et im-pose le respect sans artifice. Tout son premier

album est retravaillé pour de sublimes versionslives, agrémentés d’une reprise solo du He lovesme de Jill Scott.Sur les titres Is Your Love Big Enough ? et For-get, la communion entre la scène et la salleest impressionnante. Mais déjà lorsqu’elledébute le concert seule à la guitare sur NoRoom For Doubt dans une lumière orangée,elle met tout le monde d’accord. Comme l’arcen ciel réunit toutes les couleurs de la vie, lescompositions de Lianne La Havas exprimenttoutes les émotions de l’existence… KEVIN DERVEAUX

Lianne La Havas s’est produite le 24 févrierà L’Espace Julien, Marseille

RetrouveZ sur notre site ces critiques musique et découvreZ les autres !- Katell Boisneau & Yancouba Diébaté au Rouge-Follies à Toulon-Opéra Roland de Lassus -Mars en baroque à la salle Musicatreize-Baroques-Graffiti www.journalzibeline.fr

-Trio Geoges Sand à la Faculté de Médecine-Trio au Méjan-Erotokritos à Nîmes

31MUSIQUE

Lianne la havas © X-D.R Dès les premières minutes du concert, les lu-mières se posent discrètement sur SergeTeyssot-Gay et Khaled Al Jaramani. Unecomplicité surprenante s’instaure immédiate-ment entre deux artistes que tout oppose. L’unjouait dans le groupe français Noir Désirpendant que l’autre se produisait à Damasdans un orchestre de Musique arabe. Et pour-tant, un véritable dialogue se crée entre leslongues vibrations de la guitare électrique etles notes aigües du oud. Le choix du nom dugroupe «Interzone» prend alors tout sonsens : une musique atypique à la frontière deplusieurs cultures dépassant la vision clivanteorient/occident. Dans le cadre du festival Mare Nostrum, l’en-semble est complété («extended») par CarolRobinson, une talentueuse clarinettiste fran-co-américaine à la voix légère et envoûtante.Aux sonorités orientales du oud, à la tonalitégrave de la guitare, à la délicatesse de laclarinette s’ajoute le swing de la trompette dufranco-libanais Ibrahim Maalouf. Aussi dis-cret que talentueux, Keyvan Chemirani auzarb explose dans un remarquable solo réalisésur un rythme endiablé. Il n’y a pas de doutesce sont cinq personnalités musicales. Maiscomment décrire cette atmosphère si parti-culière qu’ils réussissent à créer ensemble ? Legroupe s’est formé sur l’idée d’élaborer unemusique hybride alliant l’esthétique différentede chacun des membres. Le résultat estsurprenant : une création métissée offrantgénéreusement ce voyage musical inédit, horsdu temps et de toutes frontières…ANNE-LYSE RENAUT

Le concert Interzone «extended» a eu lieu au théâtre des Salins, Martigues, le 5 mars, et au Théâtre de Cavaillon le 15 février

Au delà desfrontières…

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«Trois frères unis. Trois musiciens de conservejouant du soleil de l’Orient parleront. Car c’estde la lumière que viendra la lumière, et res-plendira du bruissement de la chanterelle lamusique éternelle.» Sur un parchemin ima-ginaire ces mots glissés avouent leur faiblessequand il faut parler de la musique des frèresJoubran. Le signifié se tarit, le verbe sedérobe face au tréfonds de leur âme qui surgit

en musique. Les cordes se dénouent, les doigtsse délient et dans ce torrent de notes perlentles odeurs de jasmin, pleurent les mélodiesgorgées de soleil de la Palestine. Dissimulésdans l’ombre d’une jalousie on observe : surscène les regards se croisent et se mêlent, lesouds s’interrogent et se répondent : chantsamoébés, harmonies flavescentes, gerbes denotes, canevas de rythmes claudiquants, entre-chocs de mesures irrégulières… les sons semélangent dans l’ivresse d’un soir, des timbresnouveaux surgissent, hymen impossible dessonorités inouïes des peaux et des ors dupercussionniste et des larmes des charmeursde oud. Alors dans une émotion contenue,sans emphase, tout simplement, le tempss’arrête… pour contempler la musique.CHRISTOPHE FLOQUET

Le Trio Joubran, avec le percussionniste YoussefHbeisch, à l’Auditorium du Thor le 8 mars

Dans le secret du oud

L’Espace peuplé de Lianne

© Marc Ginot

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32AUPROGRAMMETHÉÂTRE

© Geoffrey Fages

Ali BabaMacha Makeïef se plonge dans le conte orien-tal pour faire naître l’image nouvelle, rugueuse,sensuelle, d’un Bagdad qui ressemblerait àMarseille, d’un homme pauvre et naïf sur qui lafortune fond... Elle dévoile ainsi pourquoi ceconte, et les Mille et une nuits, fascinent orientet occident, adultes et enfants, dans leschaumières et jusqu’au fond des palais, depuisdes siècles...

du 13 au 29 marsLa Criée, Marseille04 91 54 70 54www.theatre-lacriee.com

Ubu Roi

Sa mise en scène tapageuse, terrifiante commeles violences d’enfants... elle tourne depuis desannées en Angleterre et en Europe : DeclanDonnellan a su redonner à Ubu Roi l’irréduc-tible brutalité des désirs d’enfants, sansfrontière et sans surmoi, drôles quand ils restentinaccomplis, mais qui font frissonner si l’onpense au tyran... Toute l’ambiguïté de la farcepotache de Jarry est là.

du 3 au 6 avrilLa Criée, Marseille04 91 54 70 54www.theatre-lacriee.com

Le songe d’une nuit...Charles Eric Petit et sa cie L’individu tournentautour de cette création depuis plusieurs an-nées : la pièce de Shakespeare est un quadrille,et plusieurs couples plus ou moins aberrants s’yforment autour d’un drôle de duo dominant etmanipulateur... Que deviendront-ils vus parcette bande d’Individus ?

du 9 au 13 avrilLe Gyptis, Marseille04 91 11 41 50www.theatregyptis.com

L’homme de son lit

Mireille Guerre tourne autour de l’Agamemnond’Eschyle, fascinée par sa brutalité première, lasuccession de meurtres familiaux, et Cassan-dre, l’annonciatrice. Elle propose avec cettenouvelle lecture d’approcher plus près encoredu texte, avec une assemblée hétéroclite decomédiens au verbe et aux corps divers. Pour ypuiser, encore, des sens nouveaux, ou retrouverles origines.

du 19 au 29 marsLes Bernardines, Marseille04 91 24 60 40www.theatre-bernardines.org

Belle du SeigneurJean-Claude Fall et Renaud Marie Leblancconfient à Roxanne Borgna les plus belles pagesdu roman d’Albert Cohen. Autour de la décou-verte du plaisir chez cette femme sensuelle, letexte devient confession intime au bruissementféminin, et la comédienne en rend sensiblechaque virgule, chaque élan...

du 12 au 23 marsLe Lenche, Marseille04 91 91 52 22www.theatredelenche.info

XalXavier Adrien Laurent produit un one man showmarseillais où Shakespeare et Baudelaire côtoientles grands attendus de la cité phocéenne, lefoot, l’accent, le rap... Un mélange détonnant,qui tourne depuis plusieurs années dans lesthéâtres d’humour, plus littéraire pourtant, d’uneimmodestie fabriquée comme un masque.

du 19 au 30 marsL’Antidote, Marseille06 23 59 46 39www.theatreantidote.fr

Monsieur AndesmasLe récit de Marguerite Duras, publié en 1962,possède une puissance d’écriture incantatoire,qui narre les heures d’attente du vieux monsieurAndesmas en s’attachant aux détails infimes dela vie. Les liens tissés entre les êtres exposentleur fragilité et leur force, amour, détachement,les grands thèmes naissent dans un cadreminimal où les mots si difficiles à dire, nouent desubtils échos avec le silence. La Cie In Pulve-rem reverteris présente ce texte dans uneadaptation et mise en scène de Danielle Bréavec Maurice Vinçon dans le rôle-titre.

L’après-midi de Monsieur Andesmasle 25 marsLe Lenche (Friche du Panier), Marseille04 91 91 52 22www.theatredelenche.info

le 27 marsThéâtre Vitez, Aix-en-Provence04 42 59 94 37http://theatre-vitez.com

Dompter la chuteLa Cie de l’Écho offre une version déjantée destextes de Jean-Pierre Siméon, mêlant techni-ques du théâtre, de la vidéo, du chant, ducorps… Le langage semble ici le seul lieu oùl’utopie reste possible, les mots les seulesarmes pour résister à un monde qui nie l’hu-manité. La troupe en résidence au théâtre Denisà Hyères s’en donne à cœur joie sous lahoulette de Xavier Hérédia.

du 2 au 6 avrilLe Lenche (Friche du Panier), Marseille04 91 91 52 22www.theatredelenche.info

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© Vincent de Bouard, Camille Cayol, Christophe Gregoire, Xavier Boiffier

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Festival Russe

À côté d’une forte présence du cinéma (voir p57), le 18e festival russe propose des cabaretsrusses à la suite de chaque spectacle. Unesoirée musicale exceptionnelle avec LudmilAngelov (voir p 44) dans un programme d’unegrande virtuosité, Scriabine, Rachmaninov,Stravinski, Kapustin. Puis du 22 au 24 mars,la troupe du Théâtre National de Saint Péters-bourg met en scène Les méandres de l’amour,pièce d’un fondateur du théâtre russe, Alexan-dre Ostrovski. Triangle amoureux, humour,romantisme, satire sociale, une pièce vive etbrillante.

Du 12 au 24 marsThéâtre Toursky, Marseille0 820 300 033www.toursky.org

Le voci di dentro

En création au Gymnase, la pièce d’Eduardode Filippo met en scène les habitants d’unimmeuble napolitain en 1948. Le rire, le drame,le grotesque et le comique ensemble mêlésassurent la construction d’une comédie demœurs proche de l’univers de Pirandello, maispolitiquement moins amère, qui narre «unehumanité barbarisée» dans une Naples qui estaussi la «métaphore du monde». Une mise enscène Toni Servillo, avec la troupe du PicoloTeatro di Milano.

du 20 au 23 marsLe Gymnase, Marseille0820 000 422www.lestheatres.net

Gaspard ProustOn le compare parfois à Desproges, en raisonde son humour décalé, du caractère politi-quement incorrect de ses sketches, de sesblagues d’une misogynie outrée, de son arro-gance sereine qui lui permet ainsi d’assénerque la «Wii est ce truc qui permet aux pauvresde jouer au golf»… Cet habitué des plateauxtélé (il est produit par Ruquier) manie avec briola distanciation. Saura-t-il passer la rampe ?

Gaspard Proust tapine à … Marseilledu 26 au 30 marsLe Gymnase, Marseille0820 000 422www.lestheatres.net

Les liaisons... Le roman épistolaire de Laclos adapté à lascène par Christopher Hampton (qui a aussilivré le scénario du film de Stephen Frears) estrepris au théâtre dans une mise en scène librede John Malkovich. Les objets numériquescontemporains s’immiscent dans la scénogra-phie, mais la langue reste toujours aussi forte etélégante, et les sentiments ambigus.

Les liaisons dangereusesdu 9 au 20 avrilJeu de Paume, Aix0 820 000 422www.lestheatres.net

The suit

Le costume, créé il y a 12 ans, mis en scènepar Peter Brook, se situe dans les années 50d’une Afrique du Sud qui va bientôt se retrouverplongée dans l’horreur de l’apartheid. Celacommence comme un vaudeville, classiquetriangle amoureux, dans lequel le costume ou-blié de l’amant va jouer le rôle d’un véritablepersonnage. La vie déstructurée du coupledevient alors le symbole d’un peuple noiropprimé, en perte totale de repères.

en anglais surtitrédu 19 au 23 marsJeu de Paume, Aix0 820 000 422www.lestheatres.net

Droit dans le murBien que le projet, cocasse, de transformer l’ex-prison Sainte-Anne à Avignon en hôtel 5 étoilessoit en suspens, Serge Barbsucia s’empare dusujet pour un spectacle original et sensible.Soutenu par la Fondation Abbé Pierre quiprésentera son Rapport sur le Mal-Logement2013 le même jour au Toursky, cette créationaborde le problème des sans abris et desconditions de détention, entre réel et fiction,textes d’auteurs et témoignages.

le 9 avrilThéâtre Toursky, Marseille04 91 02 58 35www.toursky.org

les 13 et 14 avrilThéâtre du Balcon, Avignon04 90 85 00 80www.theatredubalcon.org

Les méandres de l’am

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Les larmes rentrées

Au départ, Mars de Fritz Zorn, qui y évoqueson combat pour la vie. Contre le cancer, laparole apparaît comme une arme, peut-être laseule, à l’encontre d’un monde bourgeoismenteur, auquel le personnage principal ap-partient. La pièce comprend plusieurs niveaux,celui de la conscience, celui des désirs refou-lés. Quête complexe d’une vérité de soi multipledans une forme dessinée par Laurent deRichemond qui use des corps, des images,des sons des lumières et même du public.

les 20 et 21 marsThéâtre Vitez, Aix-en-Provence04 42 59 94 37http://theatre-vitez.com

Que faire ? Cent ans après la parution du célèbre Quefaire ? de Lénine, un couple dans sa cuisine(«lieu simple de l’aliénation contemporaine»)s’attaque au tri monstrueux de l’Histoire, del’art, des pensées. Livres entassés, pages quise confrontent, de Descartes à Bourdieu, avecla révolution française, la révolution russe, lenéolibéralisme, Nietzsche, mai 68… la pièce deBenoît Lambert et Jean-Claude Massera,s’appuyant avec brio sur les textes fondateursnous emporte dans un festival de réflexionsdécapantes.

Que faire ? (le retour)Les 2 et 3 avrilThéâtre Vitez, Aix-en-Provence04 42 59 94 37http://theatre-vitez.com

Les mamelles de...La pièce d’Apollinaire, premier «drame sur-réaliste» de l’histoire, scandaleuse pour 1917permet à Danielle Bré une mise en scène pré-cise, intégrant une grande variété de techniquesthéâtrales, propres à initier de jeunes comé-diens aux arcanes du théâtre. Le propos auxenjeux multiples, s’inscrit dans le cadre ducolloque organisé par le CIELAM et «Espritnouveau en Poésie» de Paris III pour le cente-naire de Alcools.

Les mamelles de TirésiasLe 11 avrilThéâtre Vitez, Aix-en-Provence04 42 59 94 37http://theatre-vitez.com

L’importance d’être ...

Philippe Honoré s’inspire du titre d’une œu-vre d’Oscar Wilde, L’importance d’êtreconstant, et peint en douze tableaux la vietumultueuse de l’écrivain anglais. Trois brillantscomédiens retracent les grandes étapes,nourrissant leurs répliques des aphorismes ducélèbre dandy, entremêlant cet hommaged’extrait de textes, de témoignages d’artistes.Un spectacle de la Cie Philippe Person.

L’importance d’être WildeLe 21 marsSalle Émilien Ventre, Rousset04 42 29 82 53www.rousset-fr.com

Courts TchekhovLa Cie Les Grues Maux présente troiscourtes pièces de Tchekhov. Chaque comédieest construite sur le mode du retournement :jamais les intentions premières des personna-ges ne seront satisfaites. On trompe beaucoup,surtout soi-même, dans ces jeux où les motsentraînent insensiblement les personnages surdes terres minées où des facettes parfoisinsoupçonnées se dessinent.

L’ours/La Folle nuit/ La Demande en mariageLe 2 avrilSalle Émilien Ventre, Rousset04 42 29 82 53www.rousset-fr.com

Le Préjugé vaincu

Le préjugé dans cette pièce en un acte deMarivaux est le ressort même de l’intrigue.Angélique, aristocrate, acceptera-t-elle d’épou-ser Dorante, dont le seul défaut est la roture ?L’action est transposée dans les années 50,avec une toile de Magritte en fond de scène, ladanse se mêle au texte. Avec cette œuvre, leThéâtre du Temps Pluriel sous la direction deJean-Luc Revol a reçu le Prix du Jury, le Prix duPublic et le prix d’Interprétation (pour OlivierBroda) lors du festival d’Anjou 2010.

Le 4 avrilSalle Émilien Ventre, Rousset04 42 29 82 53www.rousset-fr.com

Clôture de l’amour Dans le cadre du festival des scènes nationalesEffet de scènes, les Salins accueillent la piècede Pascal Rambert, écrite pour Audrey Bonnetet Stanislas Nordey, les deux comédiens quijouent les rôles de ce couple qui se déchiredans un tête à tête criant de réalisme, jusqu’à ladésagrégation des corps pris sous les assautsverbaux de l’une et de l’autre.

les 21 et 22 marsThéâtre des Salins, Martigues04 42 49 02 00www.theatre-des-salins.fr

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Quandm’embrasseras-tu ?

Sur les poèmes du poète palestinien MahmoudDarwich, la compagnie Brozzoni créée un spec-tacle de cabaret théâtral, musical et picturalavec le comédien-chanteur-musicien Abdel-waheb Sefsaf, les musiciens Georges Baux etClaude Gomez et le plasticien Thierry Xavier.

le 22 marsThéâtre de Fos0810 006 826www.scenesetcines.fr

Piaf, l’être intimeUn an après la mort de Marcel Cerdan, EdithPiaf eut une liaison avec un certain Tony Franck,son amant d’un mois «à la gueule si belle». Enadaptant pour la scène onze lettres envoyéespar Edith à Franck, Clotilde Courau se met enscène, accompagné par un accordéoniste.L’occasion d’approcher l’univers intime d’unefemme libre et aimante, fervente et intransi-geante.

le 6 avrilThéâtre de Fos0810 006 826www.scenesetcines.fr

Un fil à la patteDu boulevard, oui, mais du Feydeau ! La cie del’Esquisse revient à Port-Saint-Louis avec unclassique du répertoire qu’elle joue tambourbattant, à l’image de la descente aux enfersvécue par Fernand de Bois d’Enghien, qui n’oseavouer son mariage avec une riche héritière àsa maîtresse... Quiproquos, portes qui claquent-éléments prépondérants du décor-, poursuiteset empilement de mensonges sont au rendez-vous !

le 12 avrilEspace Gérard Philippe, Port-Saint-Louis0810 006 826www.scenesetcines.fr

La légende de...Cette légende dit que les orangs-outans saventparler mais ne le disent pas pour ne pas avoir àtravailler... Oui c’est bien du travail qu’il s’agit,et donc de rentabilité, de servitude volontairemais aussi de dignité, de mérite, d’utilité dansla société... Bref, de la société d’aujourd’huidont le collectif l’Avantage du doute s’empareavec acidité pour passer au crible les travers etles valeurs des temps modernes.

La légende de Bornéoles 14 et 15 marsThéâtre de Nîmes04 66 36 65 00www.theatredenimes.com

Eyolf...Hélène Soulié et Renaud Diligent adaptent untexte d’Henrik Ibsen, un conte cauchemar-desque où le fantastique bouscule la réalité.Alors que Rita sent que son mari Alfred luiéchappe, ce dernier lui annonce au retour d’unvoyage qu’il renonce à écrire le livre qui étaitl’œuvre de sa vie pour se consacrer uniquementà son fils. Comment vivre son bonheur, au-delàdes normes morales de la société ?

Eyolf (quelque chose en moi me ronge)les 3 et 4 avrilThéâtre de Nîmes04 66 36 65 00www.theatredenimes.com

George DandinUn riche paysan acquiert un titre de noblesse,en épousant la jeune Angélique, noble maisruinée. Un acte qui va précipiter sa chute, lepaysan, voulant à tout prix prouver l’infidélité desa jeune épouse, ne maîtrisera plus rien, per-sonne ne l’écoutant… Ivan Romeuf met en scènel’œuvre de Molière avec sa cie L’Egregore, insé-rant, en guise d’épilogue, La Jalousie du barbouillé,prolongeant la farce cruelle en tragédie assumée.

le 22 marsLe Sémaphore, Port-de-Bouc04 42 06 39 09www.theatre-semaphore-portdebouc.com

Dom Juan

Ce «grand seigneur méchant homme» ne cessede fasciner les metteurs en scène qui plongentalors, à l’instar de René Loyon et sa troupe, danscette «histoire romanesque à souhait [avec] unséduisant exotisme et un savoureux mélange desgenres où s’entrecroisent comédie, tragédie,farce et merveilleux.» Avec six comédiens pourjouer tous les rôles, dans un rapport de partageet de proximité avec le public.

le 5 avrilLe Sémaphore, Port-de-Bouc04 42 06 39 09www.theatre-semaphore-portdebouc.com

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Le dit de...

La Cie Art 27 adapte le texte d’Enzo Cormannsur la confrontation entre deux jeunes femmes,jouées par Léna Chambouleyron et SharmilaNaudou : l’impétrante, comédienne en deveniret l’Alter Ego, ancrée dans le réel. Un face à faceintime dans lequel elles questionnent leur rap-port au monde et au désir. Olivier Barrère meten scène, Erick Priano signe la scénographieet les lumières.

Le dit de l’impétrancedu 28 au 31 marsThéâtre des Carmes, Avignon04 90 82 20 47www.theatredescarmes.com

Des souris et des...L’œuvre de Steinbeck portée à la scène parJean-Philippe Evariste et Philippe Ivancic,respectivement George et Lennie, tourne depuisplus de 10 ans. Les thèmes universels qui lacomposent, l’histoire de fraternité et la tragédiedes pulsions, la dépression des années 30 quiressemble tant à la nôtre, dix comédiens excep-tionnels, font de cette adaptation un spectaclecitoyen et populaire.

Des souris et des hommesdu 22 au 24 marsThéâtre du Chêne Noir, Avignon04 90 86 74 87www.chenenoir.fr

Le petit théâtre...Un spectacle sur la philosophie composé detextes et d’objets, ceux utilisés par les philo-sophes pour étayer leurs démonstrations. Letamis de Socrate, la main d’Epictète, l’aimantde Platon, le marteau de Spinoza… un bric-à-brac étrange et inspirant qui illustre leur pensée,sous la houlette de Dominique Houdart.

Le petit théâtre d’objet des philosophesles 11 et 12 avrilThéâtre du Chêne Noir, Avignon04 90 86 74 87www.chenenoir.fr

Le LaboDu 18 au 23 mars, c’est L’effet Scènes, le fes-tival des Scènes nationales. Pour participer aumouvement de l’art vivant, citoyen et accessibleà tous, en produisant et diffusant la création, laScène de Cavaillon accueille Cyril Teste,Patrick Laffont et le collectif MxM, artistesassociés au théâtre. Ils présenteront la restitu-tion publique (en entrée libre) d’un laboratoirede création mené en complicité avec desétudiants de l’École d’Art d’Avignon et du pôlethéâtre du Conservatoire. Après cette étape detransmission, Abd Al Malik poursuivra en pré-sentant l’Art et la révolte (le 22) librement inspiréde l’Envers et l’endroit d’Albert Camus.

le 19 marsThéâtre de Cavaillon04 90 78 64 64www.theatredecavaillon.com

Invisibles

Ce moment de théâtre est des plus émouvants.Les Chibanis, immigrés algériens de premièregénération, entrent enfin dans la lumière, surscène, retrouvant une existence que la Francecontemporaine, qu’ils ont bâtie et défendue, leura refusée. Les comédiens sont parfois mala-droits, l’écriture de Nasser Djemaï lourde derefoulement. Qu’importe, le moment estexceptionnel.

le 15 marsThéâtre d’Arles04 90 52 51 55www.theatre-arles.com

Cité Nez Clown

10e édition du festival de clowns contemporains,initié par l’association étudiante avignonnaiseCulture.com. À découvrir le 27 mars à l’Univer-sité Sainte-Marthe Exilod de la Cie Tout samba’l,les 27 et 28 à la Chapelle des Pénitents Blancs,en partenariat avec l’Eveil Artistique, le duodompteurs d’origami de la Cie Sauce auxClowns et son Cabaret de papier (dès 3 ans). Lethéâtre Golovine recevra le 27 Le Cadeau deVénus par la Cie Durama (également accueilliepour un atelier impro-danse le 26) et la CieArpette dans la Vie en douce, une odyssée duquotidien à vivre le 28. À La Fabrik’, le 29, c’està un regard singulier sur le clown au féminin quela Cie Terre Sauvage nous invite avec Nez ànue (à partir de 16 ans) et au Cloître des Car-mes, en clôture le 30, Lâcher de clowns par laCie du I suivi par le mini-festival Rues Jaunes parla Triplette de quartiers (encore des étudiantsqui font bouger la vile).

du 26 au 30 marsDivers lieux, Avignonhttp://culturepointcom.com

MotobécaneBernard Combrey interprète le rôle d’unhomme solitaire et un peu naïf. Un jour, pendantl’une de ses longues balades sur sa bicyclettebleue, Victor tombe sur Amandine, une petitefille de 10 ans. Celui que l’on surnomme Moto-bécane ne se doute pas qu’elle va bouleversersa vie. Désormais en prison, l’homme se livresur un cahier d’écolier...

le 29 mars Théâtre Durance, Château-Arnoux04 92 64 27 34www.theatredurance.fr

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Platonov mais...Alexis Armengol propose une libre adaptationde la pièce d’Anton Tchekhov. Les invités délu-rés de la jeune veuve, Anna Petrovna, seconfient en métamorphosant l’écriture en unflot contemporain à l’énergie électrique. Unthéâtre concert qui sublime ce héros atypiquequ’est Platonov, un aristocrate ruiné et surtoutun piètre Don Juan.

le 15 marsThéâtre du Briançonnais04 92 25 52 42www.theatre-du-brianconnais.eu

La crise commence…La crise. Ce phénomène a envahi notre quo-tidien plus que l’on ne l’avait imaginé ! OlivierBalazuc s’est inspiré des textes d’Eric Chau-vier pour mettre en scène une étonnantecomédie socio-ludique. L’histoire d’un coupletraversé par la crise mondiale, à moins que cene soit finalement le monde incarné à l’échelled’un couple…

La crise commence où finit le langageles 10 et 11 avrilThéâtre Liberté, Toulon04 98 00 56 76www.theatre-liberte.fr

Intime CabaretDu mot à la note, de la danse au chant enpassant par le jeu, Intime Cabaret conte l’impos-sible histoire d’amour entre un homme et unefemme. Accompagnés par un musicien virtuo-se, les deux amants portent avec délicatesseles textes de grands auteurs latino-américainsrythmés par des chansons blues-jazz envoû-tantes, dont les rythmes métissés de lachanteuse Lhassa.

le 23 marsLe carré, Sainte-Maxime04 94 56 77 77www.carreleongaumont.com

Courteline en...

Pour Jérôme Deschamps, la bêtise est le pro-pre de la nature humaine. Il plonge avec délicesdans l’univers bourgeois de Courteline, aussicruel que le sien, entre crise de nerf et péré-grinations avinées. Il continue ce combat contrela «crétinocratie», toujours d’actualité !

Courteline en dentellesles 10 et 11 avrilThéâtre Liberté, Toulon04 98 00 56 76www.theatre-liberte.fr

Les Baba Cadres

Comme de nombreux citadins, ils rêvaient du«retour à la nature» ! Christian Dob brosse leportrait de deux quadragénaires qui décidentde tout quitter pour partir vivre dans une vieilleferme au fond du Cantal. Commence alors unfiasco attachant et hilarant dans lequel deuxintellectuels tentent de survivre en faisant del’élevage et de l’artisanat.

le 30 marsCroisée des arts, Saint-Maximin04 94 86 18 90www.st-maximin.fr

La Belle et la bêteDeux Québécois revisitent avec ingéniosité leconte, en référence au film de Cocteau. PourMichel Lemieux et Victor Pilon, La Belle et labête est une «histoire à la fois contemporaine etintemporelle». En mêlant la vidéo, la poésie et lethéâtre d’image, les artistes plongent le specta-teur dans un monde onirique grâce à leur sensaigu de l’illusion.

les 15 et 16 marsLe carré, Sainte-Maxime04 94 56 77 77www.carreleongaumont.com

Marie TudorPascal Faber adapte, avec violence et poésie,le texte de Victor Hugo. «J‘ai voulu traiter MarieTudor comme un véritable drame policier popu-laire, un thriller décomplexé.» L’intrigue historiquetrès romantisée de Hugo devient donc un dra-me passionnel dans le Londres inquiétant, etfantasmé, du XVIe siècle, qui entremêle l’existen-ce de deux êtres que tout oppose.

Le 22 marsThéâtre de la Licorne, Cannes04 97 06 44 90www.madeincannes.com

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Influx

Portée par le jeune chorégraphe Lionel Hun,ancien danseur du BNM et du Cirque du Soleil,la Cie Hybride présente une création pluridisci-plinaire et multimédia. Pour interroger lacondition humaine et ses relations avec lesnouvelles technologies, cinq danseurs, trèstechniques, évoluent dans un décor interactif,mêlant danse classique, contemporaine eturbaine.

le 15 marsAuditorium de Vaucluse, Le Thor04 90 33 96 80www.auditoriumjeanmoulin.com

Entre deux…Soirée hip hop avec deux pièces de la compa-gnie Stylistik. Dans Entre deux, Abdou N’Gomcreuse la problématique de l’entre-deux cultu-res, la construction et la perception quand onest «ni d’ici, ni d’ailleurs». Puis, toujours choré-graphié par Clarisse Veaux, le danseur poursuivrale questionnement dans Same same, accompa-gné de Sithy Sithadé Ros, pour dévoiler lesressources et les richesses du métissage. Enpremière partie, place aux jeunes amateurs del’école de danse le Studio.

Entre deux et Same Same but differentle 4 avrilThéâtre Golovine, Avignon04 90 86 01 27www.theatre-golovine.com

Vortex

Avec cet envoutant «ballet aérien pour unpersonnage en quête d’identité», la pièce du ventde Phia Ménard subjugue et révèle la beautéd’un corps renaissant. Brisant volontiers car-cans et tabous, avec le vent comme matièrepremière, l’artiste cherche à effleurer la libertéd’être et lutte contre la stigmatisation. Unepièce grave, sensuelle, troublante et sincère.

du 3 au 5 avrilThéâtre de Cavaillon04 90 78 64 64www.theatredecavaillon.com

Just to dance

Héla Fattoumi et Eric Lamoureux invitentneuf danseurs de France, d’Afrique et d’Asiepour inventer à partir de leur diversité, de solien trios, une symphonie harmonieuse. Créée en2010, la pièce, sous la voix bienveillante d’EdouardGlissant, laisse surgir du groupe une humanitériche et plurielle.

le 29 marsChâteauvallon, Ollioules04 94 22 02 02www.chateauvallon.com

Symphonia...La Symphonie des chants plaintifs, du compo-siteur polonais Górecki hante le chorégrapheKader Attou depuis longtemps. Les 10 dan-seurs de la cie Accrorap accompagnent ce lentmouvement au plus près, dansant en groupe,duo ou trio, mêlant leur hip hop à une cons-truction contemporaine, traversant la forcemélodique de l’oeuvre de Górecki.

Symphonia Pie ni a osnychle 4 avrilThéâtre des Salins, Martigues04 42 49 02 00www.theatre-des-salins.fr

Le Sacre du…C’est un hommage particulier que RogerBernat, chef de file des arts de la scène con-temporaine espagnole, rend à Pina Bausch : ilrecrée le ballet mythique de la chorégraphe àtravers un dispositif interactif au cœur duquel lepublic devient interprète, des écouteurs sur lesoreilles lui donnant des instructions drôles oudéroutantes…

Le Sacre du printemps d’Igor Stravinskyles 21 et 22 marsThéâtre d’Arles04 90 52 51 51www.theatre-arles.com

Sacre # 197S’inspirant des dessins que Valentine Gross-Hugo fit, en 1913, des costumes et de lachorégraphie de Vaslav Nijinski, DominiqueBrun revisite au présent cette danse sacraleavec six interprètes, Cyril Accorsi, FrançoisChaignaud, Emmanuelle Huynh, Latifa Laâbissi,Sylvain Prunier et Julie Salgues, et une mezzosoprano, Isabel Soccoja.

le 26 marsThéâtre d’Arles04 90 52 51 51www.theatre-arles.com

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Partituur

Interrogeant depuis des années les notions dereprésentations, la chorégraphe Ivana Müllercréée une œuvre interactive pour le jeune pu-blic, convié à agir librement autour d’un espacedessiné au sol, un casque sur les oreilles poursuivre, ou pas, les consignes et suggestions.Une chorégraphie qui modifie singulièrementl’idée d’un imaginaire collectif.

le 10 avrilThéâtre d’Arles04 90 52 51 51www.theatre-arles.com

Une semaine d’art…Sur scène, deux générations de femmes, fille etmère, racontent leur festival : Olivia Grand-ville, qui dansa So Schnell et Jours étranges deDominique Bagouet, et sa mère, Léone Noga-rède, qui participa en 1947 au premier festivalaux côtés de Jean Vilar. Avec Catherine Le-grand, qui travailla elle aussi avec Bagouet, ellesdisent et dansent leurs souvenirs…

Une semaine d’art en Avignonle 26 marsThéâtre de l’Olivier, Istres0810 006 826www.scenesetcines.fr

HazePremière compagnie de danse contemporainecréée en Chine en 2008, la Beijing DanceTheater, sous la direction artistique de lachorégraphe Wang Yuanyuan, fait fusionner leballet et la danse contemporaine, en y mêlantdes éléments de la culture chinoise. Haze estune pièce pour 14 danseurs, empreinte de cesdifférents mélanges…

le 2 avrilThéâtre de l’Olivier, Istres0810 006 826www.scenesetcines.fr

RévolutionOlivier Dubois conçoit la danse comme unmanifeste. D’on ne sait quoi, et tant mieux,sinon que ses pièces sont des coups de poingsau cœur, au ventre. Dans Révolution 12 femmesentrainées par le Boléro de Ravel autour debarres de pole dance mettent leurs corps enrotation avec une vigueur infinie, donnant à voirl’épuisement, la violence et la douleur. Et larésistance.

les 28 et 29 marsThéâtre de Nîmes04 66 36 65 10www.theatredenimes.com

ÉrectionCréée en 2003, la pièce de Pierre Rigal réécritl’évolution de l’homme, de la position couchéeà celle debout. Entre ces deux indépassables,une longue histoire, peuplée de tentativesvaines, de jaillissements, d’éclosions, au sond’une musique électronique particulièrementexpressive. Érection pose des interrogationsessentielles sur l’homme, son mouvement, sesélans, dans des projections vidéo qui instaurentun véritable duo avec le corps du danseur.

les 5 et 6 avrilLa Passerelle, Gap04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

Les chants de l’Umaï

Au commencement était Umaï, matrice del’univers, la femme-dragon du Gravbekistan, lesrites des Cubikoplastes… Cinq chants venus del’Inde ou de l’Afrique permettent la création deces divinités rêvées. Leur geste, à l’image desgrandes sagas, est retracée par la grâce descorps, et les vidéos, lumières, hologrammes quisoulignent la poésie d’un univers onirique…celui du Système Castafiore.

le 16 marsThéâtre Le Forum, Saint-Raphaël04 98 12 43 92www.aggloscenes.com

Ce que le jour…C’est le titre du très beau roman de YasminaKhadra, parce que par la danse Hervé Koubitisse des liens entre influences orientales etdanse contemporaine occidentale. Le proposest porté avec puissance et justesse par douzedanseurs algériens et burkinabés, qui jonglententre la violence et le sacré, tournoiements dederviches, élans fulgurants, lenteurs, harmonie.Une partition superbe !

Ce que le jour doit à la nuitle 6 avrilThéâtre Le Forum Saint-Raphaël04 98 12 43 92www.aggloscenes.com

Soirée BagouetDans le cadre des découvertes dansées duKLAP, un programme est dédié à Bagouet,avec l’interprétation par les jeunes danseurs deColine des Petites pièces de Berlin, puis, par leCannes Jeune Ballet, de Danse blanche avecÉliane, et enfin, la Suite pour violes par lesélèves de l’École Supérieure de Danse deCannes Rosella Hightower et de l’ÉcoleNationale Supérieure de Danse deMarseille. Une partie du programme seraaussi dansée à Fos-sur-Mer.

le 22 marsKLAP, Marseille04 96 11 11 20www.kelemenis.fr

le 19 marsThéâtre de Fos0810 006 826www.scenesetcines.fr

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© Christophe Raynaud de Lage

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Ubik

«Vers quoi l’homme va-t-il évoluer lorsque sa vienumérique et organique ne seront plus disso-ciables et livrées à l’appréciation de tous et à lamerci de quelques-uns ?» Le collectif marseil-lais le Nomade Village apporte une réponse enimages, lumière et son, pour public secoué…

les 27 et 28 marsThéâtre des Salins, Martigues04 42 49 02 00www.theatre-des-salins.fr

les 9 et 10 avrilLa Gare Franche, Marseille04 91 65 17 77www.cosmoskolej.org

Impermanence Entre rêve et réalité, visible et invisible, Elise Vi-gneron créée une poésie visuelle et fantastiqueà la croisée du cirque, de la musique et de lamarionnette, en explorant des matières éphé-mères telles que la glace, la vapeur, ou l’eau. Lafildefériste Marion Collé, et les poèmes de l’au-teur norvégien Tarjei Vesaas ponctuent cevoyage au-delà d’une «catastrophe collective oùtout est redevenu poussière».

les 4 et 5 avrilThéâtre d’Arles04 90 52 51 51www.theatre-arles.com

Hans was HeiriLe duo de metteurs en scène suisses Zimmer-mann & De Perrot revient avec son théâtred’images et son univers burlesque si ensorce-lant. À partir de détails et de petits évènements,cinq danseurs circassiens s’interrogent sur leursdifférences pour constater leurs implacablesressemblances. Une installation délirante rem-plie d’humour et d’espièglerie.

du 21 au 24 marsChâteauvallon, Ollioules04 94 22 02 02www.chateauvallon.com

Wu-WeiLe spectacle magique de Yoann Bourgeois, oùl’acrobatie se mêle à la danse chinoise et auxquatre saisons de Vivaldi, poursuit sa route…

le 6 avrilThéâtre en Dracénie, Draguignan04 94 50 59 59www.theatreendracenie.com

Alimentation...La drôle de camionnette du TéATr’éPROUVèTetraversera la communauté de Communes duBriançonnais, de l’Argentiérois et du Guillestrois.Tout comme les commerçants ambulants, JeanBojko et son équipe artistique distribuent àchacun de leurs passages des petits momentsde bonheur aux habitants. Au programme : duthéâtre, de la danse, de la poésie, de laphilosophie… et bien d’autres surprises !

Alimentation générale culturelledu 3 au 7 avrilThéâtre du Briançonnais04 92 25 52 42www.theatre-du-brianconnais.eu

T’as de la chance…

Cette pièce émouvante, mise en scène par FatnaDjahra, s’interroge sur notre façon de partagerl’espace public. La cie No Tunes Internationaly joue l’histoire d’un homme inquiet à la recher-che de son petit frère handicapé. Pourquoin’est-il pas venu à leur rendez-vous ? Poussépar son instinct fraternel, il part à la rencontrede tous les passants à sa portée.

T’as de la chance d’être mon frèreles 6 et 7 avrilThéâtre du Briançonnais04 92 25 52 42www.theatre-du-brianconnais.eu

Circus IncognitusClown, jongleur et acrobate, Jamie Adkinsincarne un personnage sensible et malicieux. Àtravers un registre essentiellement burlesque,l’artiste crée un univers fantastique dans lequelil anime de simples objets du quotidien. Un cha-peau, une chaise, ou une échelle prennent vieau fil du spectacle mêlant invention et poésie.

les 6 et 7 avrilThéâtre des Salins, Martigues04 42 49 02 00www.theatre-des-salins.fr

le 2 avrilPalais des congrès, Saint-Raphaël04 94 19 84 19www.aggloscenes.com

Imagine- toiÀ la fois clown, mime, bruiteur et poète, JulienCotterau ensorcèle petits et grands avec deshistoires d’ogre, de princesse et de monstresdélirants. Comme par enchantement, l’artistedessine des tableaux surgis d’un monde mer-veilleux. Mis en scène par Erwan Daoupharset récompensé en 2007 par le Molière de larévélation théâtrale, Imagine-toi est un clown-mime show unique…

le 29 marsThéâtre du Briançonnais04 92 25 52 42www.theatre-du-brianconnais.eu

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C’est la délicate marionnette de Vy de MichèleNguyen, Molière jeune public 2011, pour unthéâtre conté sensible, ou l’histoire de l’art parle théâtre Piccoli Principi, La Magie des ima-ges, qui nous apprend le pourquoi de la manièrede dessiner des Égyptiens ou évoque le premiertatouage préhistorique. La compagnie Kronopemet en scène un frère et une sœur qui lors durituel du coucher évoquent des contes, la réalitéet la fiction s’emmêlent dans un fantaisisteBlanche Neige. Pierre Delay s’amuse à évoquerl’arrivée d’un bébé et les surprises des parentsavec Petit bonhomme et Cie (à partir de 5 ans).La compagnie Peanuts nous entraîne à partirde 8 ans dans le cours des méandres du Missis-sipi avec une lecture théâtralisée des aventuresde Huckleberry Finn. Fragile (La Gare Centra-le), en trois courtes histoires, aborde les thèmesdifficiles de la différence, de l’exclusion avectendresse et humour. Bernard Abeille offre unconcert où les baleines inspirent la contrebasse.La compagnie Aristobulle nous emporte dansla magie et l’illusion, 24 heures plus tôt… Art dela chute avec la compagnie Anima Théâtre etson Ikare, qui devient un petit bout de papier quitombe d’une poche. De la magie encore avec lacompagnie Les 4 fers en l’air et son Concertinsolite où les instruments se rebellent… à cela,il faut ajouter L’atelier des petits machins trucspar la compagnie Les petits détournementset le très beau spectacle de Ma Compagnie,Poucet, Le temps des mensonges. Et avec lesspectacles, une exposition d’art contemporainassortie d’ateliers par Mathieu Herreman. MARYVONNE COLOMBANI

Exposition Matthieu Herreman du 6 au 14 avrilVy le 28 marsPetit Bonhomme et cie le 3 avrilFragile le 5 avrilBouc-Bel-Air04 42 60 68 78www.boucbelair.com

Baleine et contrebasse le 2 avrilPetit bonhomme et cie le 5 avrilIkare le 6 avril24 heures plus tôt le 6 avrilAtelier des petits machins trucs le 7 avrilPoucet, le temps des mensonges le 7 avrilLambesc04 42 17 00 62www.lambesc.fr

Blanche neige le 30 marsIkare le 6 avrilConcert insolite le 13 avrilSimiane-Collongue04 42 22 62 34www.simiane-collongue.fr/culture/index.html

Exposition Le Geste dans l’art (Artesens) du 6 au 14 avrilLa Magie des images le 29 marsHuckleberry Finn le 5 avrilCarte blanche jeunes talents classiquesle 6 avrilVenelles04 42 54 93 10www.venelles.fr/culture

Festival Festo PitchoUne semaine avant les vacances de Pâques, leVaucluse est à la fête avec la 7e édition du tempsfort de spectacles vivants pour publics jeunes,conçue par un collectif de 25 partenaires etcoordonné par l’Éveil Artistique. Avant et aprèsla découverte, deux rendez-vous incontour-nables : la Festo Pitcho Parade (6 avril) dans lesrues d’Avignon pour défiler sur le thème «la têtedans les étoiles» et le bal de clôture à la Salledu Château d’Eau de Monteux (le 14).Parmi les 25 spectacles et 80 représentationsprogrammés, toutes de qualité, l’âge est unecondition à respecter… Pour les tout-petits, lapièce du vent enchanteresse de Phia Ménardl’Après-midi d’un Foehn au théâtre de Cavaillon,le ciné-concert Félix le chat par le collectif Arfiinvité par l’Ajmi au cinéma Utopia, de la dansecontemporaine avec Histoire sans paroles à lasalle des Pénitents de Châteauneuf-de-Gada-gne, Ukwezi femme lune à l’espace Fenouil deCarpentras et la comédie musicale des Méli-Mômes, la Boîte à rêves, au théâtre des Halles.À partir de 5 ans, du théâtre avec la cie Boutd’Ômà l’Entrepôtdans C’est aujourd’hui demain,Toute seule au théâtre des Doms, Cendrillon parle Kronope à la Fabrik Théâtre, de la danseavec À l’ombre des Bambous à Golovine, de lamusique avec Serpentine et Satanas aux Pas-sagers du Zinc ou les Frères Casquette àl’Akwaba. Dès 7 ans, au théâtre du Balcon, lesenfants pourront admirer Cendrillon fille d’au-jourd’hui par le Hangar Palace, Bertrand authéâtre Isle 80, Comment je suis devenue DonQuichotte à l’Espace Folard de Morières, ouune adaptation du conte d’Andersen, Neiges, auChien qui Fume. Quant au pré-ados, ils pour-ront suivre Monsieur Agop de la Naïve à Morièresou Le jour des meurtres dans l’histoire d’Hamletpar Éclats de Scènes à l’Auditorium du Thor.DE.M.

Festo Pitchodu 6 au 14 avrilAvignon et 7 villes du VaucluseRéservations dans les sallesEveil Artistique 04 90 85 59 55www.festopitcho.com

Mon échappée BelleRésultat du travail de programmatrices passionnées, le Festival Mon échappéeBelle du 27 mars au 14 avril, irrigue de sa poésie quatre villes de la CPA. Trois semaines de spectacles destinés à un public jeune, pour un nouveaufestival qui ne s’interdit pas d’émerveiller ou d’interroger les adultes.

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Baba yagaCe spectacle est inspiré par Rébecca Dautre-mer, l’une des plus célèbres illustratrices pourenfants. Tout droit sortie des contes de féesrusses, Baba Yaga est une sorcière inquiétante.Sa méchanceté oblige l’innocente Michette àvivre de nombreuses épreuves pour grandir.Mêlant l’image et la danse, la cie italienne TPOemmène les enfants à partir de 5 ans dans cetteaventure inoubliable.

du 3 au 5 avrilLa Criée, Marseille04 91 54 70 54www.theatre-lacriee.com

Sous un ciel de...

À la frontière israélo-palestinienne, la petiteLirane s’amuse à éteindre un feu imaginaireavec de l’eau. Alerté par ses cris, Ferhat traversela colline pour la sauver. Le garçon est surpris dedécouvrir tout ce gaspillage, alors que sa famillen’a plus d’eau depuis des mois. Malgré leursdifférences, une amitié profonde commence ànaître entre les enfants de la colline. WilmaLévy reprend ce texte sensible de DanielDanis, à partir de 7 ans.

Sous un ciel de chamailleles 28 et 29 marsLe Massalia, Marseille04 95 04 95 70www.theatremassalia.com

BagatelleCornelius n’a pas de maison. La seule chose quilui appartient, c’est cette poussette. Elle abritequelques-uns de ses effets et… une histoire.Tout en douceur et en simplicité, la cie belgeAgora Theater parle, à travers ce personnage,de la propriété, de l’angoisse de tout perdre, dedettes envers des fermiers et des banques maissurtout de ce qu’il faut pour être heureux. Àpartir de 7 ans.

du 2 au 6 avrilLe Massalia, Marseille04 95 04 95 70www.theatremassalia.com

Le roi sans royaume

Le roi a tout perdu. Il ne lui reste que sa couron-ne comme seul souvenir pour partir à larecherche de son royaume. Sur son chemin, ilfera des rencontres étonnantes avec les ani-maux, les hommes, la nature et peut être mêmeavec lui-même. Un spectacle émouvant qui areçu de nombreux prix, à partir de 7 ans.

du 9 au 12 avrilLe Massalia, Marseille04 95 04 95 70www.theatremassalia.com

Le magicien d’Oz

La cie Ainsi de suite revisite la célèbre histoirede Frank Baum. Dans cette mise en scènerésolument moderne, le bûcheron de fer dansele hip hop et la fée est une chanteuse hors pair !Entre théâtre, commedia dell’arte, musiques defilm, jazz ou slam, petits et grands sont invités àdécouvrir cette version exceptionnelle duvoyage inoubliable de Dorothy Ems au paysd’Oz. À partir de 5 ans.

le 15 marsLes 3 casino, Gardanne04 42 65 77 00www.ville-gardanne.fr

Peau d’âneLa salle Emilien Ventre présente une adaptationoriginale du conte de Perrault par la compagnieHangar Palace. Entre le théâtre et la comédiemusicale, l’histoire de ce roi à la recherche de laplus belle femme du royaume est astucieu-sement rythmée par les chansons du film cultede Jacques Demy. Une mise en scène pleinede surprise et d’émotions ! À partir de 6 ans.

le 13 marsSalle Emilien Ventre, Rousset04 42298253www.rousset-fr.com

PommePomme ne veut plus être une pomme. Il rêve demarcher, de voler ou même de nager. Le chemins’annonce difficile… C’est toute la magie dessignes et des images en mouvement qui estmise en valeur dans ce spectacle plein d’hu-mour. Un poème marionnettique savammentorchestré par le duo Franco-canadien PatrickConan et Isabelle Payant, à croquer de 3 à 6ans.

les 18 et 19 marsThéâtre La Colonne, Miramas04 90 58 37 86www.scenesetcines.fr

le 22 marsEspace Pièle, Cornillon-Confoux04 90 55 71 53www.scenesetcines.fr

les 26 et 27 marsPôleJeunePublic, Le Revest04 94 98 12 10www.polejeunepublic.com

Hand storiesHéritier de cinq générations de marionnettistesà gaine chinoise, Yeung Faï évoque dans ceconte poétique le destin bouleversant de safamille, du noble grand-père au père brisé par ladictature, jusqu’à ce fils qui reprend le flam-beau… «Aujourd’hui encore, dit-il, ce savoir esten danger, il y a donc une réelle urgence àtransmettre ce patrimoine qui n’est pas spécifi-quement chinois, mais universel…»

le 27 marsLe Comoedia, Aubagne04 42 18 19 88www.aubagne.com

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Picoli sentimenti

Cette petite marionnette ressemble à undoudou à lunettes. Dans ce décor fait de cons-tructions miniatures et d’éléments naturels, elles’éveille à la vie. Ce mini héros éprouve denombreux «petits sentiments» liés à l’émer-veillement : la joie, la solitude, le désir et mêmela colère. La compagnie belge Tof Théâtreélabore joliment un monde à la fois doux etpoétique. À partir de 3 ans.

les 8 et 9 avrilThéâtre de l’Olivier, Istres04 42 56 48 48www.scenesetcines.fr

le 12 avrilThéâtre de Fos04 42 11 01 99www.scenesetcines.fr

Cendrillon

Après Le Petit chaperon rouge et Pinocchio,Joël Pommerat réinvente le conte de Cen-drillon. Avec délicatesse et un soupçon d’humour,Il aborde des questions graves de l’enfance.Touchante, sensible et meurtrie par la vie,Cendrillon est en deuil, perdue dans une famillerecomposée qui ne veut pas d’elle. Révoltée ettoujours en quête du prince charmant, elleentreprend un véritable voyage initiatique. Àpartir de 9 ans.

du 19 au 21 marsThéâtre de l’olivier, Istres04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr

du 26 au 28 marsThéâtre de Cavaillon04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com

du 3 au 6 avrilChâteauvallon, Ollioules04 94 22 02 02www.chateauvallon.com

Les géants d’ocres...Inspirée par l’univers onirique de Kitty Crow-ther, Christelle Mélen fait renaître de drôle degéants cachés dans les profondeurs d’un lac.Ces personnages féériques et bienveillants vontredonner le sourire à Annie. Une petite fille tristequi ne se sent bien qu’au bord de l’eau. Sa vieva basculer, lorsqu’un jour, Annie décidefinalement de plonger dans le lac… À partir de7 ans.

le 20 marsThéâtre de Nîmes04 66 36 65 10www.theatredenimes.com

La Pecora neraLudique et drôle, la nouvelle création du TeatroDistinto traite avec douceur de la différence etde la tolérance. L’histoire d’une brebis pascomme les autres : celle-ci est noire et blanche,une spécificité qui l’oblige à être exclue dutroupeau. Malheureusement, la solitude devienttrop pesante pour cette petite brebis bicolorequi recherche la normalité. Comment va-t-elleréussir à intégrer le troupeau ?

du 19 au 22 marsThéâtre du Briançonnais04 92 25 52 42www.theatre-du-brianconnais.eu

Le Pop up cirkus

Fatna Djahra devient tour à tour comédienne,conteuse puis marionnettiste. Elle manipule àmerveille ce joli cirque de papier dans lequel lesdessins s’animent comme par magie. La pisteminiature accueille à chaque nouvelle page desjongleurs hors du commun, des acrobates del’extrême, et des funambules à l’adresse iné-galée. Une occasion unique d’entrer dans unlivre comme sous un chapiteau dès l’âge de 2ans.

du 25 au 29 marsThéâtre du Briançonnais04 92 25 52 42www.theatre-du-brianconnais.eu

Blanche Neige

Nicolas Liautard propose un théâtre d’image,muet et enchanteur. Une version plus mys-térieuse de Blanche Neige qui puise sa forcenon pas dans le récit mais dans la mise enscène astucieuse d’images, de sons et delumières. Le miroir magique, la pomme empoi-sonnée ou encore le cercueil de verre,deviennent les éléments essentiels d’un conteaussi cruel que féérique.

le 15 marsThéâtre Liberté, Toulon04 98 00 56 76www.theatre-liberte.fr

le 19 marsCroisée des arts, Saint-Maximin04 94 86 18 90www.st-maximin.fr

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Renaud Garcia-Fons

Contrebasse «sans frontières» entre jazz, clas-sique et folklores du monde méditerranéen,oriental… Dans le cadre du cycleMare Nostrum.

MARTIGUES. Le 16 mars à 20h. Théâtre des Salins04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

Xavier de MaistreLe harpiste joue un programme mêlant Tarrega,Falla, Granados à Caplet ou Smetana.

AVIGNON. Le 16 mars à 20h30. Opéra04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr

Entre pierre et merL’ensemble Les Voix animées dirigé par LucCoadou, spécialisé dans le répertoire de musi-ques à cappella (6 voix), présente son 2e cyclede concerts dans deux architectures varoisespropices aux résonances anciennes (en partena-riat avec le Centre des Monuments nationaux).Mille Regretz messe parodique de Cristobal deMoralès d’après Josquin est chantée au côtéd’œuvres de Vittoria ou Guerrero…

TOULON. Le 16 mars à 20h30. Eglise de l’Immaculée ConceptionLE THORONET. Le 17 mars à 17h15. Abbaye06 51 63 51 65 www.lesvoixanimees.com

ClarinetteUn programme de l’Ensemble Pythéas autourde l’instrument cher à Mozart, Haydn, mais aus-si Hoffmeister ou Gebauer… Linda Amrani al’anche bien encordée avec Yann Le Roux-Sèdes (violon), Pascale Guérin (alto) etXavier Chatillon (violoncelle) !

MARSEILLE. Le 17 mars à 16h30. Eglise Notre-Dame du Mont06 21 50 52 90 www.ensemble-pytheas.com

VivaldiConcerti pour piccolo par Jean-Louis Beau-madier et Le Concert Buffardin.

VAISON-LA-ROMAINE. Le 17 mars à 17h. Chapelle St-Queninwww.piccolo-beaumadier.fr

JenufaL’opéra de Janacek, créé en 1904, surprendencore par sa modernité, l’originalité de sonexpression. Il met en scène une famille meur-trie, disloquée, aux rapports conflictuels dansla Moravie rurale. Une jeune femme, élevée parsa belle-mère, ayant cédé à une pulsion physi-que pour un cousin ivrogne, met au monde unenfant adultérin. Pour la tirer du déshonneuret la «marier», la mère adoptive tue le nour-risson et sombre dans la folie. Il y a un quartde siècle, l’Opéra de Marseille créait, en France,la version originale de Jenufa en tchèque.Depuis, ce chef-d’œuvre est l’un des fleuronsdes scènes lyriques. On le découvre aujourd’huidans la Cité papale !

AVIGNON. Le 17 mars à 14h30et le 19 mars à 20h30. Opéra04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr

Semaine sainte

Trois rendez-vous arlésiens : Per la VirgineMaria (le 17 mars à 11h) et L’Europe du clave-cin (le 17 mars à 17h) par Concerto Italiano(dir. Rinaldo Alessandrini) avant Campra etVivaldi (le 24 mars à 11h) par le ConcertSpirituel (dir. Hervé Niquet).

ARLES. 28e Semaine sainte. Les 17 et 24 mars. Méjan04 90 49 56 78 www.lemejan.com

Ludmil AngelovLe pianiste bulgare, vainqueur du ConcoursChopin à Varsovie, joue Scriabine, Rachmaninovou Stravinsky, dans le cadre du traditionnelFestival Russe.

MARSEILLE. Le 19 mars à 20h. Théâtre Toursky0820 300 033 www.toursky.org

Le maître et l’élèveLa soprano Sophie Karthäuser et l’ensemblebaroque Café Zimmermann dans un program-me autour du «maître» Jean-Chrétien Bach etson prestigieux «élève» : Mozart !

AIX. Le 19 mars à 20h30. Grand Théâtre de Provence«Jeune public» le 20 mars à 15h.08 2013 2013 www.lestheatres.net

Sacré David !À côté du nouveau «Goliath» à Aix (Festival dePâques voir p.16), le traditionnel Festival deMusique Sacrée des Festes d’Orphée fait figurede «David». Guy Laurent propose cependant,depuis 22 ans, un programme baroque réelle-ment lié au temps pascal. On ne négligera pas leurJesu bleibet meine Freude, célèbre motet de Bach(le 20 mars à 19h. Temple rue de la Masse),la conférence illustrée sur Louis Archimbaud (le21 mars à 18h30. Cité du Livre), leur «vendredi-Saint» autour de la Passion dans l’Europe baroque(le 29 mars à 19h. Musée des Tapisseries), commeles Motets festifs illustrant la jubilation pascale(le 1er mars à 15h. Eglise du Saint-Esprit).

AIX. 22e Festival de Musique Sacrée. Les Festes d’Orphée04 42 99 37 11 www.orphee.org

Saïd ChraïbiDans le cadre de Mars en baroque (voir p.28)un maître marocain de l’oud (luth) pour une«Clé de Grenade».

MARSEILLE. Le 22 mars à 20h. La Criée04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Présences féminines3e édition d’un festival qui met à l’honneur lesfemmes compositrices, interprètes… Au pro-gramme : le Concerto de Clara Schumann(piano : Marie Vermeulin) avec l’OrchestreSymphonique de l’Opéra (dir. Debora Wal-dman) qui nous fait découvrir la Symphonien°1 de Louise Farrenc.

TOULON. Le 22 mars à 20h30. OpéraEntrée libre sur réservation. Espace des Arts 04 94 08 85 2104 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr

Véronique Gens

La soprano donne un «Concert de Prestige»en compagnie de l’OLRAP (dir. Yeruham Sha-rovsky). Elle chante Gluck et Mozart.

AVIGNON. Le 22 mars à 20h30. Opéra04 90 82 42 42 www.opera-avignon.frMIRAMAS. Le 23 mars à 20h30. Théâtre de la Colonne04 90 58 37 86 www.scenesetcines.fr

Renaud Garcia Fons © Klaus Henninghansen

Les Voix anime�es 2013 © Ce�cilia Montesinos

Concert spirituel © X-D.R

Veronique Gens © M. Ribes & A. Vo Van Tao-Virgin Classics

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Bartok en duosDans le cadre de Musique en Cité(s) et à l’oc-casion de la sortie de leur disque des 44 duospour violon de Bartok (voir Zib 59), Agnès Pyka(Ensemble Des Equilibres) et Jan Talichprésentent leur travail commun… sur le vif !

MARSEILLE. Le 22 mars à 20h30. La MagaloneTOULON. Le 23 mars à 20h30. Eglise St-Louis06 73 30 23 62 www.desequilibres.fr

Otello

Tout commence abrupto par une tempêtesonore ! Elle préfigure celle qui balaiera l’intimeraison du héros shakespearien, malgré lesbaisers de Desdémone, si tendrement dessinéspar l’orchestre de Verdi… Le drame de la jalousiemis en musique par l’Italien est peut-être sonchef-d’œuvre, mariant plus que jamais le théâ-tre au chant. Pour monter l’ouvrage, il fautsurmonter un handicap : trouver un ténor d’ex-ception pour le rôle-titre ! On a la chanced’entendre l’un des rares, aujourd’hui, à pouvoirrendre à Otello sa puissance expressive : Vladi-mir Galouzine. Il est luxueusement entouréd’Inva Mula (Desdémone) et Seng-Hyoun Ko(Iago) dans cette co-production avec Orangemise en scène par Nadine Duffaut.

MARSEILLE. Le 24 mars à 14h30 et les 27, 30 mars, 2 & 5 avril à 20h. Opéra04 91 55 11 10 http://opera.marseille.frConférence Opéra. Le 16 mars à 17h. Foyer OpéraRencontre à l’Alcazar avec chanteurs le 20 mars à 17h.04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr

Les cent viergesElles auraient dues être acheminées, par la mer,pour repeupler une colonie lointaine… Maisleur bateau fait naufrage. Deux rescapées em-barquées par erreur, leur mari partis à leurrescousse, contraints de se travestir pour éviterla pendaison, en sont pour leur frais face àl’appétit des colons... Une intrigue échevelée,rehaussée par l’élégante musique de CharlesLecoq. Chœur, orchestre, danse, chant etfantaisie sont au rendez-vous !

MARSEILLE. Les 23 et 24 mars à 14h30. Théâtre de l’Odéon04 96 12 52 70 www.marseille.frRencontre à l’Alcazar avec les chanteurs le 16 mars à 17h04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr

La Passion de l’AmourUne Passion sur des textes de Michel-MarieZanotti-Sorkine (récitante Marie-ChristineBarrault) accompagnée du Requiem de Durufléchanté par l’ensemble Ad Fontes (dir. JanHeiting) et Chantal de Zeeuw à l’orgue.

MARSEILLE. Le 24 mars à 17h. Eglise des Réformés04 96 11 04 61 www.marseilleconcerts.com

Duo SelmiViolon & violoncelle dans Bach, Beethoven etHaendel.

MARSEILLE. Le 24 mars à 17h30. Comptoir de la Mode06 14 31 59 55

IberiaAlbeniz par Jean-François Heisser (piano) quis’entoure, par souci de retour aux sources anda-louses, de deux interprètes flamencos :Chaparro de Malagua (guitare) et AntoniaContreras (chant).

AIX. Le 25 mars à 20h30. Jeu de Paume08 2013 2013 www.lestheatres.net

Histoires sacréesLes ensembles Jacques Moderne (dir. JoëlSuhubiette) et Concerto Soave (dir. Jean-MarcAymes) partent à la source de l’oratorio baro-que pour une création autour de Carissimi (Jephté)et son modèle méconnu : Domenico Mazzocchi.Dans le cadre du festival Mars en baroque (voirp.28) et MP13 : concert de clôture !

MARTIGUES. Le 26 mars à 20h30. Théâtre des SalinsConférence de Dennis Morrier à 18h.04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

Le voyage d’hiverLe cycle de Schubert du côté des Alpes parSimon Lefort (ténor) et Simon Zaoui (piano)

CHAILLOL. «Week-end musicaux du Festival» du 27au 31 mars.www.festivaldechaillol.com

Festival indo-persanLa Cité de la Musique de Marseille accueillede fameux artistes venus d’Inde (Aparma Pan-shikar, le 8 avril), du Tadjikistan (SohebaDavlatshaeva, le 29 mars), d’Afghanistan(Homayoun Sakhi, le 27 mars) ou d’Iran (Sha-di Fathi, le 30 mars et Yitzaak Refoua, le 4avril). Concerts, cinéma, ateliers, expositions,lectures, stages de langue, séminaires et…gastronomie !

MARSEILLE. Du 27 mars au 8 avril. Cité de la musique04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com06 73 61 21 48 www.ushpizin.org

Soirée à l’opéraAnaït & Armine Sogomonian (pianos) jouentdes transcriptions d’airs célèbres.

PORT-ST-LOUIS. Le 29 mars à 18h30. Espace Gérard Philipe04 42 48 52 31 www.scenesetcines.fr

LamentationsbaroquesDeux Leçons de Ténèbres de Michel Lambert etFrançois Couperin par Monique Zanetti (sopra-no), Marianne Muller (viole de gambe) etDominique Serve (orgue).

VAUVENARGUES. Le 29 mars à 20h30. Eglise04 42 66 04 15 Les Voies du Baroque

Chœurs d’Avignon«Autour de mélodies» par le Chœur del’Opéra-Théâtre (dir. Aurore Marchand).

AVIGNON. Le 30 mars à 17h. Foyer Opéra04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr

Orchestre de CannesPhilippe Bender dirige sa quarantaine de musi-ciens dans un programme «Musique et cinéma»,

AUBAGNE. Le 30 mars à 21h. Théâtre Comoedia04 42 18 19 89 www.aubagne.fr

Quatuor TanaDans le cadre du Festival Les musiques (voir p.16) du Gmem, les quatre cordes livrent les clésdu Quatuor de Jonathan Harvey et son traite-ment électronique.

MARSEILLE. Le 3 avril à 17h. Alcazar. Entrée libre. 04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr

OperassimoLe Chœur lyrique des enfants de l’Estaqueformé par Ganayé Hovhannissyan, l’OrchestreGiocoso dirigé par Pierre Iodice, interprètentdes «chefs-d’œuvre du répertoire lyrique».

MARSEILLE. Le 4 avril à 20h. Opéra04 91 46 52 72 www.harmonie-estaque-asso.com/marseille.htm

Giovanni BellucciLe pianiste joue deux chefs-d’œuvre roman-tiques : la 2e sonate de Chopin et celle en simineur de Liszt.

TOULON. Le 4 avril à20h30. Palais Neptune04 94 18 53 07 www.festivalmusiquetoulon.com

Vladimir Galouzine © X-D.R

Giovanni Bellucci © Irmeli Jung

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Festival cassidainTrois jours de musique dans la calanque :«Soirée allemande», musique de chambre etLieder de Beethoven, Mahler et Brahms (le 5avril à 20h30), Récital du jeune pianiste HaiouZhang (le 6 avril à 20h30) et La voix humainede Poulenc par la soprano Anne-SophieSchmidt et le pianiste Christian Ivaldi (le 7avril à 17h30) !

CASSIS. Festival du 5 au 7 avril. Oustau Calendal04 42 01 77 73 www.musicalescassis.com

Odyssée

Un grand projet choral pour l’Odyssée dansl’espace MP13 de Musicatreize et le FestivalLes Musiques (voir p.16) : une création d’OscarStrasnoy dirigée par Roland Hayrabedian.

MARSEILLE. Les 6 avril à 20h30 et le 7 avril à 15h30. Le Merlan04 96 20 60 10 www.gmem.org

Francis PoulencUne conférence à plusieurs voix sur un grandcompositeur du XXe siècle et les poètes qui l’oninspiré (Apollinaire, Eluard, Cocteau…), pré-sentée par Lionel Pons et illustrée par lasoprano Alice Buro.

MARSEILLE. Le 6 avril à 16h. Alcazar - Salle de conférence04 91 55 90 00 www.bmvr.marseille.fr

Nemanja RadulovicLe violoniste & Les trilles du Diable jouentSaint-Saëns, Mozart, Chausson, Sarasate…

AVIGNON. Le 6 avril à 20h30. Opéra04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr

Wu-Wei VivaldiLes Quatre Saisons revisitées par le BalkanBaroque Band (dir. Jean-Christophe Frisch),et des Chinois acrobates sur un argument deYoann Bourgeois (mise en scène) et Marie Fonte.

DRAGUIGNAN. Le 6 avril à 20h30. Théâtre04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

Martine JoséphineThomasElle chante, récite, joue du piano : un réper-toire contemporain qui court des Récitationsd’Aperghis au clavier de Bartok ou des textesde Nancy Huston…

ARLES. Le 7 avril à 11h. Méjan04 90 49 56 78 www.lemejan.com

AïdaUn incontournable Verdi qu’on représente sou-vent, aujourd’hui, dans des mises en scène(Paul-Emile Fourny) qui marient l’intime au«pharaonique», car, hormis quelque défilé «pé-plum», bon nombre de scènes se limitent à depurs dialogues. Restent aux voix à être à lahauteur des emplois : on attend donc MardiByers (Aïda), Carl Tanner (Radamès) ou CarlosAlmaguer (Amonasro) dans cette productionniçoise.

TOULON. Le 7 avril à 14h et les 9, 11 & 13 avril à 20h. Opéra04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr

Trompette et OrgueDavid Guerrier et Iveta Apkalna dans un pro-gramme copieux !

MARSEILLE. Le 8 avril à 20h. Eglise des Réformés04 96 11 04 61 www.marseilleconcerts.com

Quatuor Modigliani Assurément, l’un des plus beaux quatuorsfrançais actuels pour la clôture de la saison àla SMCM, dans Haydn, Beethoven et Ravel.

MARSEILLE. Le 9 avril à 20h. Auditorium de la faculté de médecineEspace Culture 04 96 11 04 60www.musiquedechambremarseille.org

Adam LaloumAprès La Folle Criée et Nikolai Lugansky, LaRoque Hors Saison fixe un nouveau rendez-vous aux afficionados du clavier avec AdamLaloum dans un beau programme Schumann.

MARSEILLE. Le 9 avril à 20h. La Criée04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Des EquilibresAgnès Pyka et Marie Orenga (violons), Blan-dine Leydier (alto) dans Kodaly, Dvorak etTaneïev.

CARRY. Le 9 avril à 20h30. Espace Fernandel04 42 44 64 01 www.moments-musicaux-de-carry.fr

War Sum Up

Opéra poétique et contemporain sur l’abomina-tion de la guerre, pour 12 chanteurs, inspiré duNô à la sauce manga, par la compagnie HotelPro Format.

NÎMES. Le 10 avril à 19h. Théâtre04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

Freddy EichelbergerImprovisations pour clavecin à pédalier. «LeRetour de Freddy» : un programme ConcertoSoave.

MARSEILLE. Le 11 avril à 20h. Salle Musicatreize04 91 00 91 31 www.musicatreize.org

La jeune fille aux mains d’argentLe conte de Grimm, opéra pour comédien (FranckManzoni) et marionnettes, chœur et instru-ments (Ensemble Télémaque), mis en musiquepar Raoul Lay sur un livret d’Olivier Py, enscène par Catherine Marnas, a été créé en 2006.Il n’en finit plus de tourner : un succès toutpublic qui passe par le Vaucluse !

TARASCON. Le 12 avril à 20h30. Théâtre MunicipalEntrée libre sur réservation au 04 90 91 51 02

El BachaLe pianiste interprète le Concerto n°1 deBrahms avec l’Orchestre Philharmonique deMarseille (dir. Fabrizio Maria Carminati) quijoue également deux Ouvertures de Wagner (LesMaîtres Chanteurs de Nuremberg et Tannhäuser).

MARSEILLE. Le 12 avril à 20h. Silo04 91 55 11 10 http://opera.marseille.fr

David GrimalLe violoniste joue Tzigane de Ravel et Havanai-sede Saint-Saëns avec l’OLRAP (dir. FriedemannLayer) qui interprète également la Sinfoniettade Britten et la Symphonie n°100 «Militaire»de Haydn.

AVIGNON. Le 12 avril à 20h30. Opéra04 90 82 42 42 www.opera-avignon.fr

© Frederic Demesure

Adam Laloum photo Carole Bellaiche © Mirare

© Gunars Janaitis

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Cela fait une quinzaine d’années qu’au tour-nant du printemps le festival Avec le tempsinvite à Marseille des grands noms de lachanson française autant que celles et ceuxqui aspirent à s’en faire un. Têtes d’affiche,talents confirmés, découvertes, une trentained’artistes se côtoient dans la programmationconçue depuis l’origine de l’événement parDenis Laroussinie. Pour cette édition, annéecapitale européenne de la culture oblige, lesorganisateurs ont réquisitionné tout ce queMarseille compte de salles et café-concert :de l’intimiste Machine à coudre à l’imposantSilo en passant par l’Eolienne, le Molotov, leNomad’Café, en privilégiant l’Espace Julien.L’âme de Léo Ferré, auquel le festival doit sonnom, planera tout au long de la manifesta-tion, avec un concert de reprises que s’estréapproprié l’underground Marcel Kancheaccompagné pour l’occasion de I.OverdriveTrio, une exposition ainsi qu’une conférenceà la bibliothèque l’Alcazar et la projection d’unconcert inédit aux Variétés. Une manière demarquer le vingtième anniversaire de ladisparition du chanteur dont l’œuvre continued’inspirer. Sans contester la pertinence d’avoirprogrammé des personnalités comme Domini-que A, Jean-Louis Murat, Michel Jonasz ou même

Julien Clerc, on regrette qu’Emily Loizeau soitla seule femme invitée vedette de cette édition.À noter, en coproduction avec Marseille-Pro-vence 2013, la rencontre entre Arthur H ensolo et le Marseillais David Walters. Dans lagénération plus jeune, l’univers bohème de LaRue Kétanou et le rap sophistiqué de Rocésont également au rendez-vous.THOMAS DALICANTE

Festival Avec le tempsdu 16 au 27 marsdivers lieux, Marseillewww.festival-avecletemps.com

48AUPROGRAMMEMUSIQUE

«Avec le temps»,la chanson reste

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À l’occasion de la Capitale européenne, cinqescales musicales sont présentées à Aix etMarseille au printemps. Première voyage auBois de l’Aune avec l’électro-chaabi égyptiende Zamalek, une création entre rap, jazz, etsons électroniques, portée par lepercussionniste Ahmad Compaoré. Watt anine brass boom prendra le relai pour unerencontre hors du commun entre les quatrebeatboxers champion du monde d’UnderKontrol et le rappeur syriano-américain OmarOffendum, arbitrée par dix cuivres et ventssur les compositions de Raphaël Imbert etCyril Benhamou.

le 21 marsBois de l’Aune, Aix-en-Provence04 42 93 85 40www.aixpaysdaix2013.comwww.mp13.fr

Plateau détonnant entre un clarinettistetalentueux qui revisite le klezmer et un groupepolyglotte qui secoue la tradition yiddish. Yomversus Kabbalah, c’est une grande fête enperspective où les cultures musicalesjudaïques d’Europe de l’Est se frottent au rockautant qu’aux musiques urbaines etélectroniques. Virtuose, inventif et mégalo-rigolo, Yom est passé du statut autoproclaméde «Nouveau roi de la clarinette klezmer» -titre francisé de son premier opus- à celui deRabin superhéros, en référence à sa dernièreproduction discographique. Un album conceptdans lequel il explore un son post-rockpsychédélique, ouvertement inspiré parRadiohead et Mogwai. Accompagné dutriptyque claviers-basse-batterie, Yom envoiedu gros son tout en préservant la délicatessedu jeu qui le caractérise. Kabbalah, quant àeux, proposent une navette (marseillaise)entre Orient et Occident, intégrant au socleklezmer des influences actuelles, rock, afro-américaine, hip hop… poussant parfoisjusqu’à la transe.T.D.

le 11 avrilEspace Julien, Marseille04 91 24 34 10www.espace-julien.com

Du klezmer en mode

dépoussiérage

So WATT !

Yom ©

fredrol

CitébouillonnanteLieu qui veut incarner l’échange entreMarseille et le reste du globe, la Cité de laMusique est au cœur de l’année capitale. Moisaprès mois, dans le cadre de ses «Cantates duMonde», elle accueille des artistes du pourtourméditerranéen. En avril, Safar Project et EmelMathlouthi y font escale.Musiciens attachés au brassage des cultures,les membres de Safar Project participent à cetenchevêtrement d’esthétiques qui constitue legénie méditerranéen, prouvant ainsi l’inanitédes replis identitaires dans une région dumonde caractérisée depuis toujours par satolérance. Autour d’Imed Alibi (percussion etdirection artistique), jeune Tunisien qui vitactuellement à Montpellier, Stéphane Puech(machines), Zied Zouari (violon) et Zé LuisNascimento (percussions), naviguent entrebuleria espagnole, debka libanaise, fezzanitunisien, baladi égyptien, gnawa marocain ettarentelle napolitaine. Un voyage rythmique,ouvert à l’improvisation, s’inscrivant dans lescultures de transe et de danse, accompagnépar les percussions du Mare Nostrum, jus-qu’aux plus actuelles.Après Babel Med Music et les Rencontresd’Averroès en 2012, Emel Mathlouthi revient àMarseille. Dans la veine des «protest singers»,la chanteuse tunisienne est devenue, depuisParis, l’étendard musical de la révolution dejasmin. Alliant rythmes traditionnels etélectro, son album Kelmti Horra (Ma parole estlibre) est un authentique cri du cœur.T.D.

Cantates du mondeles 11 et 12 avrilCité de la Musique, Marseille04 91 39 28 28www.citemusique-marseille.com

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50AUPROGRAMMEMUSIQUE

AIXGTP : Abd Al Malik (12 au 16/3), Ri-chard Galliano (21/3)

04 42 91 60 70-www.lestheatres.net

La Baume : Daniel Beaume (22/3)04 42 16 10 41-www.labaumeaix.com

Pasino  : Le Soldat Rose (15/3),Linda Lemay (20 et 21/3), PatrickFiori (27/3)

04 42 59 69 00- www.casinoaix.com

Seconde Nature : Robert Hood +Jack Collins (15/3), Fairmont + Nahr+ Dawad & Zen (22/3)

04 42 64 61 01 -www.secondenature.org

Théâtre et Chansons : Louis LucienPascal (23/3), Putain de vie (7/4)

04 42 27 37 39www.theatre-et-chansons.com

ARLESCargo de nuit : The Stars from theCommitments (16/3), Lescop +Andromakers (21/3), Soirée laGranouille avec Nabil Baly + El Pulpo(22/3), Malted Milk (23/3), Arles enPrémices (28/3)

04 90 49 55 99-www.cargodenuit.com

AUBAGNEEscale  : Jazz Puzzle (21/3), DabyTouré + Sibongile Mmambo (29/3)

04 42 18 17 18-www.mjcaubagne.fr

AVIGNONAJMI : Jam Session #6 (14/3), TrioCook Lab (15/3), Tarbaby invite MarcDucret(5/4), Ciné-Concert Félix leChat ARFI (7/4), Daniel Erdmann &Samuel Rohrer 4tet (12/4)

04 90 860 861-www.jazzalajmi.com

Haut Plateaux-La Manutention :Gare aux Oreilles avec le quintetFiliamotsa Soufflant Rhodes (22/3)

09 51 52 27 48-www.collectif-inoui.org

Passagers du Zinc : Wax Tailor +Doctor Flake (15/3), Sonith (21/3),Sébastien Tellier + Lescop (23/3),Carte blanche à Redrum Recordsavec God Damn + The Real Mac Coy(29/3), The Toxic Avenger Dj set + DjMike Rock (5/4)

04 90 89 45 49www.passagersduzinc.com

Chêne Noir : Annick Cisaruk chanteLéo Ferré, l’âge d’or (15/3)

04 90 82 40 57-www.chenenoir.fr

Théâtre des 3 Soleils : Soirées Ky-mono avec Polaris + Moky etArchipass (5 et 6/4)

06 16 57 43 42-www.mokymusic.com

BEAUMONT DE PERTUISSalle Codonel : Guinguette déglin-guée chez les V.I.eilles P.ies avec LesChevreuils + BaT Point G (16/3)

www.arcensolasso.fr

BERRE L’ETANGForum de Berre : World Kora trio(22/3), Ottilie [B] + Violons Barbares(6/4)

04 42 10 23 60www.forumdeberre.com

BRIANÇONThéâtre du Briançonnais : Lashermanas Caronni (5/4)

04 92 25 52 42www.theatre-du-brianconnais.eu

CANNESMJC Picaud : Broussaï + Jah Legacy(15/3), Maniacx + Comic Strip + LesFrères Parish (23/3)

04 93 06 29 90-www.mjcpicaud.fr

CAVAILLONScène Nationale : Abd Al Malikdans l’Art et la révolte (22/3)

04 90 78 64 64www.theatredecavaillon.com

CHÂTEAU-ARNOUXThéâtre Durance : Patricia Barberquartet (15/3), Raphaël Imbert Hea-vens (5/4) (voir p. 71)

04 92 64 27 34www.theatredurance.fr

CHÂTEAUNEUF-DE-GADAGNEAkwaba : La solitude des abeillesavec Andréa Pierdicca et Yo Yo Mundi(15/3), Slam’n’jam au Cloître desCarmes d’Avignon (16/3), Natty Jean+ Dias + Korodjo sound system (16/3),Broc + Moky (23/3), Maniacx + TheGard + Papaya Dj set + Radikal Basscrew + Cous R2R (30/3), The Coup +Harlem Funk Trotters (6/4), Les frè-res Casquette (9/4)

04 90 22 55 54-www.akwaba.coop

DIGNECentre culturel : Marc-André Légertrio (15/3), Mountain Men (16/3),Fatoumata Diawara (23/3), L’Alpha-bête (27/3), Youn Sun Nah duo(30/3)

04 92 30 87 10-www.sortiradigne.fr

DRAGUIGNANThéâtres en Dracénie : Youn SunNah quartet (4/4)

04 94 50 59 59www.theatresendracenie.com

ENTRAIGUES sur SORGUESLa Courroie : Else Kitchen (20/3)

04 90 32 11 41-www.lacourroie.org

GAP La Passerelle : Pulcinella (26 au30/3 en Excentrés), Bionicologists (8et 9/4)

04 92 52 52 52www.theatre-la-passerelle.eu

Le cabaret pop : La Fille en Équilibre(23/3)

04 92 55 72 39-www.cabaretpop.com

GRANSEspace Robert Hossein : D’est enouest (5/4)

04 90 55 71 53-www.scenesetcines.fr

HYÈRESThéâtre Denis : Marcel Kanche & IOverdrive trio + Dimone (22/3)

04 98 070 070-www.tandem83.com

ISTRESL’Usine : Black Rebel Motorcycleclub (13/3), Disiz (16/3), Olivia Ruiz(22/3), Alice Russell (30/3), YounSun Nah quartet (5/4)

04 42 56 02 21-www.scenesetcines.fr

LA CIOTATThéâtre du Golfe : Hervé Deroeux& Isabelle Beaune (11/4)

04 42 08 92 87-www.laciotat.com

Atelier Jazz Convergences : LoïsTrio (16/3)

04 42 718 125www.jazzconvergences.com

LA GARDEThéâtre du Rocher : Charles Pasi(26/3), les Violons Barbares (5/4)

04 94 08 99 34-www.ville-lagarde.fr

LAMBESCIMFP La boite à Musique : DuoImbert Perez (14/3), Longsworth Sou-mano Di Fraya World Kora trio (21/3)Salle Sévigné : Sudden 4tet (11/4)

04 42 17 00 71www.lambesc.fr-www.imfp.fr

LA SEYNE SUR MER Fort Napoléon : Philippe Petrucciani4tet invite Nathalie Blanc (22/3)

04 94 09 47 18 www.ot-la-seyne-sur-mer.fr

LA VALETTE-DU-VARMarélios : Karimouche (6/4)

04 94 23 62 06-www.lavalette83.fr

Salle Couros : Soirée Carnaval Brésil(22/3)

06 76 29 38 95 www.saravabrasil.com

LE THORAuditorium de Vaucluse : GrupoCompay Segundo (14/3), Noche de

arte Flamenco, Festival Andalou (16/3),Paul Personne (22/3), les Franglaises(31/3)

04 90 33 96 80www.auditoriumjeanmoulin.com

Sonograf’ : Mountain Men (22/3),Di Mauro swing (6/4)

04 90 02 13 30-www.lesonograf.fr

MANOSQUEJean le Bleu : Vis à Vies (14/3)

04 92 70 34 19www.adcalaffiche.fr/theatre-jean-le-bleu

MARSEILLECabaret Aléatoire  : Splash Nightavec Dodge & Fuski + Funtcase +Roksonix + Habstrakt (15/3), MidiNight avec Jimmy Edgar + MatiasAguayo + L’Amateur (23/3), Find outsession #1 (30/3), Tha Dogg Pound+ Dj Djel (31/3), Concert goûter avecNicolas Cante (10/4)

04 95 04 95 09www.cabaret-aleatoire.com

Caravelle : Full Prints (15/3), Linhade Seda (20/3), Mayari (22/3), JFBNew 4tet (27/3), ZakariAn (29/3)

04 91 90 36 64 www.lacaravelle-marseille.com

Cité de la Musique : La Grèce dansle cadre de Méditerranées, des gran-des cités d’hier aux hommes au J1(14/3), Kompani Massalias dans lecadre de MP2013 (15/3), Bharatana-tyam (21/3), Flûte Carnatique(22/3), Festival Indo-persan de Mar-seille avec le Chant du Rebab (27/3),Tadjikistan (29/3), Le Pavillon rouge(30/3), chant judéo-persan (4/4) etAparna Panshikar (8/4), Festival descultures tsiganes avec La Yeya Santia-go (5/4), Jazz et musiques actuelles(8 et 9/4)

04 91 39 28 60www.citemusique-marseille.com

Creuset des Arts : Le Chat Bleu(16/3), Duo jazz (24/3), Jean-MarcDermesropian (7/4)

04 91 06 57 02www.creusetdesarts.com

Cri du Port : Sylvain Riflet (14/3),Marcel Kanche & i Overdrive trio(21/3), Ronnie Lynn Patterson trio(28/3), Tarbaby invite Marc Ducret(4/4)

04 91 50 51 41-www.criduport.fr

Dock des Suds : NineSpirit BrassBand Watt#5 & Under Kontrol (22/3),Zamalek (23/3)

04 91 99 00 00www.dockdessuds.org

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Page 51: Zibeline n°61

51AUPROGRAMMEMUSIQUE

Equitable Café : Swing Café jamsession (16/3)

04 91 47 34 48www.equitablecafe.org

Espace Julien : Beth Hart (30/3)04 91 24 34 10www.espace-julien.com

Espace des Accates : Andy ThusMachine & Lizzy Gayle (14/3), Scèneouverte (15/3), Not Guilty (16/3),Watson Five (21/3), Soirée Salsa(22/3), Johnazz Collectif (28/3),Katia Masselot & Orchestre (29/3),Hunky Dory (30/3), Phil Good (4/4),Salsa (5/4), Roy Swart’s Jazz (6/4)

04 91 44 92 41 www.espace-musical.net

Grim : Impasse Invaders #3 avecLee Noble + Powerdove (27/3),Ciné-concert Few of Us avec Toboflexet Erik Minkkinen dans le cadre duFestival International du Film Chiantau Temple Grignan (3 et 4/4)

04 91 04 69 59www.grim-marseille.com

Inga des Riaux : Rémi Abram 4tet(15/3), Peggy Quetglass Trio (22/3),Trio Chansong (28/3), John Massa4tet (29/3)

06 07 57 55 58 www.inga-des-riaux.fr/music.html

J1 : Fête de la Saint Patrick avec LoCòr de La Plana et Gurvant Le Gac(17/3)

www.mp2013.fr

Kawawateï : Marie Orgue de Bar-barie (15/3), Ismaël et Katrina &Invitados (16/3), Nabil Baly (23/3),Ernesto Concha Cuimbia (29/3),L’odeur du Tchaman (30/3)

06 60 13 15 84 et 09 81 25 66 62 www.mains-libres.org

La Machine à Coudre : La Fille enÉquilibre (16/3)

04 91 55 62 65www.lamachineacoudre.com

La Mer Veilleuse : Marsyas (15/3),Trio Fernandez (16/3), LaCumbiamba Parrandera (22/3)

09 53 31 40 02www.lamerveilleuse.org

La Meson  : Carte blanche à CyrilBenhamou (15 au 17/3), Atelierchansons françaises (22 et 23/3),Carte blanche à Benjamin Minimum(5/4), Ensemble oriental de Marseille(6/4)

04 91 50 11 61-www.lameson.com

Latté : 4’Bandy’s latino tous les mer-credis, Cabaret tous les jeudis,Muddy’s Streets (15/3), M.Oat(16/3), Robertinho de Paula 4tet(19/3), Marie Stone & Co (21/3),Cathy Favre Paul Pioli Pierre FenichelTrio vocal (22/3)

09 82 33 19 20 www.lattemarseille.com

Le Gymnase : La Trahison Orale (14et 15/3), Robin McKelle & The Fly-tones (2/4), Charles Berling JeuneChanteur (6/4)

08 2013 2013-www.lestheatres.net

Le Moulin : Wax Tailor (14/3), 1995(16/3), Horace Andy & Johnny Clarke+ The Banyans (23/3), Tété (27/3),Alexis HK (29/3)

04 91 06 33 94-www.lemoulin.org

Point de Bascule : Stéphanie Joire(15/3), Ralph Adamson & Cascinotrio (16/3)

06 63 58 13 51www.levillagedesfacteursdimages.org

Le Poste à Galène : Theodore Paulet Gabriel (16/3), Messes synthé-tiques (22/3), Jil is lucky (29/3), YanWagner (30/3), Ravel Traxx +Engraved (5/4), Dissonant Nation(6/4)

04 91 47 57 99www.leposteagalene.com

Le Silo : NDR Big Band - SymphoniePortuaire (15/3), Les Chœurs del’Armée rouge (24/3)

04 91 90 00 00www.silo-marseille.fr

L’Embobineuse : Schaak +Postcoïtum + Luciaen Zellum (15/3),Dj Marcelle + Exoticon (29/3), ChildBite + Monsieur Marcaille (30/3),Jean Louis + Action beat + The senseof adventure + Mons Meg + Bad Body(5/4)

04 91 50 66 09-www.lembobineuse.biz

L’éolienne : Johanne Piraino & RuthLevy Benseft + Mardjane Chemirani(26/3), Isabelle Courroy + ShadiFathi (28/3)

04 91 37 86 89www.leolienne-marseille.fr

Maison des Cultures Orientales :Cie Al Masira (28/3)

09 52 29 23 83

Nomad Café : Rocé (16/3)04 91 62 49 77-www.lenomad.com

Rouge : Henri voit Rouge : LorenzoMinguzzi 4tet (14/3), Leloil MansuySurménian trio (15/3), Cascino trio

(20/3), Alfa trio (21/3), Up andDown 5tet (23/3 ), Raphaël Imbert-Amandine Habib duo (28/3),Djez-zire (11/4), Africa Express 5tet(25/4)

04 91 07 00 87 www.jazzaurouge.musikmars.com

Roll’ Studio : Trio Up-Close (16/3),Duo Intermezzo Tango (31/3), ClaireAbram & Takae Bouyssi-Kanaoka duo(6/4)

04 91 64 43 15-www.rollstudio.fr

Station Alexandre : Le printempsdes Poètes avec L’esprit des cafés,l’âme de poètes Compagnie Arteco &Trio Jahir (22/3), Bal Cubain (5/4)

04 91 00 90 04www.station-alexandre.org

Théâtre des Chartreux : Vis à Vies(22/3)

04 91 50 18 90www.theatredeschartreux.fr

Toursky : Nuit de l’anarchie avecBernard Lubat dans l’Amusicien d’Uz(29/3), Festival Mai-Diterranée et Aufil des Voix avec Angélique Ionatos &Katerina Fotinaki (5/4), Débora Russ(6/4)

0 820 300 033-www.toursky.org

MARTIGUES Théâtre des Salins : Renaud Gar-cia-Fons (16/3), Melingo (29/3)

04 42 49 02 00www.theatre-des-salins.fr

MAUBECLa Gare : The Red Rum Orchestra +Hugh Coltman (14/3)

04 90 76 84 38-www.aveclagare.org

MIRAMASComoedia  : Alain Jean-Marie trio(14/3), Yves Brouqui quartet (4/4)

04 90 50 14 74-www.scenesetcines.fr

NIMESPaloma : Disiz + Ladea + Kussay &The Smokes (14/3), Rubin Steiner(15/3), Festival Les Femmes s’enmêlent avec Go Chic + Tubbe (21/3),Keny Arkana (22/3), Gablé (3/4),Crane Angels + Mesparrow (5/4)

04 11 94 00 10-www.paloma-nimes.fr

OLLIOULESChâteauvallon : Interzone Extended(voir p 31) (16/3) Melingo (30/3)

04 94 22 02 02www.chateauvallon.com

Salle Jean Moulin : Trio Gerschwin(16/3), Monteverdi trios A trace ofgrace Baroque et Jazz (19/3)

04 94 93 34 29

SAINT-CANNATSalle du 4 Septembre : Vis à Vies +Morabeza Project (24/3)

04 42 50 61 72

SAINT-MAXIMINCroisée des Arts : Celtic Kanan(16/3), Eiffel + Djiel (23/3), AnaMoura (9/4)

04 94 86 18 90-www.st-maximin.fr

SAINTE MAXIMELe Carré : Raphaël Imbert Heavens(voir p. 71) (13/4)

O4 94 56 77 77www.carreleongaumont.com

SALON-DE-PROVENCEIMFP-Salon de Musique  : LeïlaMartial Group (19/3), Blanc Petruc-ciani réunion (26/3), Douce France(2/4), Philippe Troisi trio (2/4)

04 90 53 12 52-www.imfp.fr

Portail Coucou : Caminos (16/3), ICanzonieri (19/3), Gadjo Combo +Jam en Co (23/3), Jersey Julie band(6/4)

04 90 56 27 99www.portail-coucou.com

SIX-FOURSEspace Malraux : Sébastien Tellier+ Lescop (22/3), Thomas Fersen (6/4)

04 94 74 77 79www.espace-malraux.fr

TOULONOméga Live : Guillaume Perret &The Electric Epic (15/3), The Aus-tralian Pink Floyd Show (16/3),Hilight Tribe + Scientyfreaks + CristalPhoenix (30/3), Carte blanche àBATpointG (5/4)

04 98 070 070-www.tandem83.com

Théâtre Liberté : Abd Al Malik (19/3)04 98 00 56 76-www.theatre-liberte.fr

VENELLESSalle des fêtes : Comparses & sons(16/3), Yoanna (6/4)

04 42 54 93 10www.venelles.fr/culture

VITROLLESMoulin à Jazz : Sylvain Rifflet 4tet(16/3), Soirée OFF-Concert de laclasse jazz (28/3), Virginie Teychené4tet (6/4)

04 42 79 63 60www.charliefree.com

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Les maux de l’ItalieC’est dans une salle remplie de lycéens quele 15 févrierMarco Tullio Giordana, accom-pagné de Jean Gili, critique à Positif etspécialiste historique du cinéma italien, etde Mathieu Labrouche, directeur du cinémaLes Lumières à Vitrolles, est venu présenterPiazza Fontana. Delphine Camolli de Tilt etVincent Thabourey de Cinémas du Sud leuront parlé d’Écrans Voyageurs, le cinéasteitalien étant l’invité de cette 3e escale. Piazza Fontana est à l’image du cinéma dece réalisateur qui dénonce les maux del’Italie d’aujourd’hui, pouvoir complice degroupes néo nazis, terrorisme, mafia… dansla lignée de Francesco Rosi. Etcomme le déclare Peppino Im-pastato, le héros des Cent pas,à la fin de la projection de Mainbasse sur la ville : «Un film esttoujours une œuvre d’art, il nereproduit jamais la réalité maisà travers un certain regard, ilréinvente cette réalité, la trans-figure et lui donne du sens.» Cefilm, dense, sorti en mars 2012en Italie, évoque l’attentat à labombe au siège de la Banque del’agriculture, le 12 décembre

1969, qui a fait 16 morts, de très nombreuxblessés et qui marque le début des «annéesde plomb». Marco Tullio Giordana recons-titue pas à pas l’enquête menée par lecommissaire Calabresi (Valerio Mastan-drea) nous faisant pénétrer ainsi dans lesmilieux anarchistes avec Pinelli (Pierfran-cesco Favino) qui meurt défenestré, dansdes circonstances étranges et jamais élu-cidées, puis dans les milieux d’extrêmedroite, néo fascistes, enfin à la tête de l’Étatet la CIA. Le film, construit comme un thril-ler, maintient le spectateur sous tension,jusqu’au bout et l’amène à s’interroger sur

une histoire qu’il ne connaissait pas ou avaitoubliée.Le film proposé ensuite, I Cento Passi nousemmenait à Cinisi, une petite ville sicilienne,dans les années 60. La mafia règne en maî-tre et Peppino Impastato (Luigi Lo Cascio)est destiné à en devenir un chef ; sa famillehabite à cent pas de la maison de Tano Ba-dalamenti (Tony Sperandeo) le parrain local.Il en sera tout autrement car, en 1968, serebellant contre son père et l’ordre établi, ilva monter une radio locale qui dénonce lespratiques de la Cosa Nostra... Un film quipermet de connaître l’histoire de ce jeune qui

a osé s’attaquer à ce fléau etqui est devenu un personnagetrès populaire en Italie.ANNIE GAVA

La 3e escale des Écrans Voyageursa eu lieu du 12 au 17 févrierau cinéma Les Lumières à Vitrolles

À lire L’entretien avec Marco Tullio Giordana sur www.journalzibeline.fr

Le voyage sur les sentiers du monde, àManosque, a ouvert grand les portes demon-des intimes, singuliers ou collectifs, etpermis des rencontres avec les réalisateursinvités par Pascal Privet, qui fait toujourspreuve d’audace dans ses choix.Amore carne de Pippo Delbono est filmé engrande partie au moyen d’un téléphoneportable. Dispositif léger pour un carnetintime bouleversant qui traite de sujetslourds : sa séropositivité, la mort des êtreschers, Birkenau, l’Aquila, l’amour impos-sible des mères. Le cinéaste-narrateurraconte qu’un homme ayant gravi unemontagne accompagné par la mort, s’estmis à danser. La mort lui a dit qu’elle ne lefaucherait pas tant qu’il danserait. Et lacaméra légère de Pippo danse, saisit ce quivit, ce qui se joue dans les rencontres, convo-quant ses amis, les morts et les vivants :Bobò, le microcéphale, Sophie Calle, IrèneJacob, Marie-Agnès Gillot, Marisa Beren-son,Tilda Swinton,Pina Bauschmais aussiPasolini, Rimbaud et T.S Eliot. Les lieuxdéfilent, trains, tunnels, hôpital, chambresd’hôtels, la musique de Balanescu accom-pagne le voyage. Les textes s’enchaînent, semêlent. La vie s’inscrit dans la chair dumonde, le détail d’une assiette de raviolis ouun geste sans voix. Film de l’intime qui ren-voie à l’universel tout comme le beau film

Après le silence. C’est en Roumanie que Vanina Vignalest alléedonner la parole, Après le silence, à troisgénérations de femmes qui se taisaient :«J’ai essayé de tout laisser derrière… Je neveux plus ni penser, ni me souvenir» confieIoana, au début du documentaire. La réa-lisatrice a connu son amie Ioana Abur en1991 ; toutes deux parlaient de tout sauf dela dictature de Ceausescu dont le pays sor-tait à peine. «Ioana s’était réfugiée dans unebulle et je suis entrée dans la bulle de Ioana.Aujourd’hui, mon film lui permet de mettredes mots… Ce qui n’est pas dit n’existe pas.»Effectivement, Vanina Vignal, dans ce secondvolet d’une trilogie roumaine, après Stella,fait parler des effets encore prégnants de ladictature, met à jour les rouages de la trans-mission du silence et fait apparaître lesfantômes du passé qui empêchent de bienvivre le présent. Un film passionnant avecdes personnages très attachants.

On a déjà écrit tout le bien qu’on pensait d’Àbas bruit, le film de Judith Abitbol, présenteà Manosque avec sa comédienne, NathalieRichard (voir Zib’54), et le festival de Mano-que nous a aussi permis de découvrir TheTundra Book d’Aleksei Vakhrushev, Jajoukade Marc et Eric Hurtado, 11 images de l’hommed’Anastasia Lapsui et Makku Lehmuskallo,Soran fait son cinéma de Fulvia Alberti etSoran Qurbani ou encore Wadjda, premierfilm de fiction tourné et produit en ArabieSaoudite par Haifaa Al-Mansour… dont voustrouverez les comptes-rendus sur notre sitewww.journalzibeline.fr.ANNIE GAVA ET ÉLISE PADOVANI

Les Rencontres Cinéma de Manosque/Oeilzélé, Du réel à l’imaginaire, ont eu lieu du 5 au 10 février

52CINÉMA

Manosque desgrands chemins

Piazza fontanade M

arco Tullio Giordana

Amore carne de Pippo Delbono

Page 53: Zibeline n°61

RetrouveZ nos agendas et rendez-vous ainsi que toutes les annonces du mois à venir,sur notre site mis à jour quotidiennement

www.journalzibeline.fr

En quelques jours la photographie de GérardJulien, de l’AFP, est devenue emblématiquede la lutte pour le mariage pour tous ! Lasociété de production marseillaise, Films deForce Majeure, a proposé à Valérie Mit-teauxde réaliser un documentaire autour decette photo. Zibeline : En quoi cette proposition de filmvous a intéressée ?Valérie Mitteaux : Il y a urgence à parler del’homophobie, à analyser le discours de ceuxqui, tout en luttant contre le mariage pourtous, affirment qu’ils ne sont pas homopho-bes. C’est une imposture ! Le film est unemanière de s’indigner. Je veux voir commentcette photo révélatrice est perçue. Ce quim’étonne, c’est que les deux jeunes filles,Auriane et Julia, refusent de situer leur gestepolitiquement. Elles refusent de mettre de lapensée dans un geste qu’elles disent avoirfait à l’instinct.Quelle forme va prendre le documentaire ?Qui avez-vous prévu de rencontrer ?Cette photo est très bien construite, trèsdense et mon idée est qu’on peut y plonger,comme zoomer dans l’image, pour isolerdes zones qui font sens autour du pointcentral… Je vais voir les jeunes filles tous lesjours, elles adhèrent au projet, on va apprendreà se connaitre. Leur gémellité est étonnantesur la photo, elles sont semblables, mêmecoiffure, mêmes vêtements. Auriane sourit

et le baiser est donné, on perçoit aussitôt lecôté «fuck off» de l’action.À l’arrière plan, on voit les «mamans» J’aienvie de les entendre, d’en rencontrerquelques-unes de générations différentes.Peut-être un homme aussi. On a rendez-vous avec deux personnes d’Alta Vita pouressayer de comprendre les racines de cetteposition. À priori, les arguments sur ce quifonde les origines du rejet ne seront pas trèsoriginaux mais je voudrais essayer par le filmde déconstruire ce discours intenable, ou aumoins en faire percevoir le côté absurde…Et le photographe ? Il couvrait la manif ? Non ! Il devait faire un reportage à Toulon quia été annulé. Il est allé faire un tour à cettemanifestation, était plutôt content de cettephoto mais ne s’attendait pas à ce qu’ellesoit aussi diffusée. C’est un journaliste, PaulParant, qui est le premier à l’avoir «tweetée».Il nous a contactés pour nous le dire. On vaaller le voir.Films de Force Majeure est le seul pro-ducteur du film ?Pour le moment, oui. Vu l’urgence, j’ai com-mencé à tourner. On va essayer de trouverd’autres financements…PROPOS RECUEILLIS PAR ANNIE GAVA

Vous pouvez aider à financer le film sur ululehttp://fr.ulule.com/baiser-de-marseille/promote/

Ils sont là ! Pour Nous sommes ici tout com-mence à Jebel Jeloud, a précisé lecritique Tahar Chikhaoui qui a pré-senté le documentaire à la Maisonde la Région, dans le cadre desÉcrans d’Aflam. En effet, le jeuneréalisateur, Abdallah Yahya, a ap-pris par un ami, professeur dethéâtre, que des lycéens de JebelJeloud, une banlieue de Tunis, pré-paraient une caravane pour levillage d’Essray, à 280 kms à l’inté-rieur. Ce jeune réalisateur, assistantd’Annaud sur Or noir, décide de fil-mer cette aventure, puis retourne àJebel Jeloud rencontrer et filmer leshabitants qui parlent de leur misère,de leurs difficultés à trouver dutravail, de la drogue qui gangrène lajeunesse, de leur détresse. «Noussommes ici, nous faisons partie dece pays, nous avons les mêmes droitsque tout citoyen...» Cela donne undocumentaire sans concessions,très construit, ponctué par le leit-motiv d’un gamin à vélo dans lesrues du village. Le film démarre parun plan où l’on voit, de dos, ce jeunegarçon qui parle avec son oncle. Onles retrouve à la fin du film, dans lemême cadre, avec ces parolesterribles : «Ton père est à Lampe-dusa, qu’il y reste et puisse ainsi teprocurer une vie meilleure.»À côté de ces aspects dramatiques,on découvre le dynamisme de grou-pes de chanteurs hip hop et rap,dont les chansons ponctuent le film,la générosité de l’action citoyennedes jeunes lycéens, avec ses limitessoulignées par une vieille femmed’Essray qui crie, fort justement quel’aide, c’est bien, mais qu’il vaudraitmieux qu’on leur donne des bêtespour l’élevage et leur survie. «C’estla 1e fois qu’une caméra vient nousfilmer, nous les oubliés de Tunisie!», entend-on. Et, comme l’a rappeléTahar Chikhaoui lors de la discussionaprès la projection, ce film-MIROIR,démarré trois mois après la chutede Ben Ali, n’aurait jamais pu voir lejour avant, ni par le contenu, ni parla forme.ANNIE GAVA

Le film a été projeté le 14 févrierà la Maison de la Région,Marseille

Le Baiserde Marseille

53CINÉMA

Elise Tamisier et Vale�rie M

itteau © A.G

Page 54: Zibeline n°61

Évoquer Camille Claudel en cinéma, c’estpenser à Isabelle Adjani dans le film deBruno Nuytten. Mais la Camille du nouveaufilm de Bruno Dumont, c’est Juliette Bino-che. La comédienne, et peintre, souhaitaittourner avec le cinéaste, qui lui a proposé cerôle de la sculptrice, internée pendant trenteans à Montfavet, dans la «maison desinsensés» de Montdevergues (voir p. 62).Premier plan : une femme de dos est con-duite au bain malgré sa réticence par deux

religieuses. On découvre dans le plan sui-vant, «Melle Claudel», le visage ravagé. Plustard, seule dans une cuisine, elle prépare sanourriture, craignant qu’on ne l’empoisonnepuis agresse un interne qui veut lui fairerejoindre le groupe des jeunes femmesaliénées.Ces scènes comme les autres, sont ins-pirées de faits réels, du quotidien de l’artistequi a sombré dans la folie lorsque Rodin l’aquittée. Bruno Dumont, s’appuyant sur la

correspondance, les photos et le journalmédical, tournant avec des personnesenfermées et leurs soignants, restitue avecforce ce qu’a été la vie de la sculptrice,choisissant de nous faire partager trois joursde sa vie, en 1915, au moment où elle attendune des rares visites de son frère Paul.Et, à l’exception de vingt minutes où l’on suitPaul Claudel en route pour lui rendre visite,on ne quitte pas Camille qui souffre, pleure,écrit, sourit mais ne sculpte pas, craignantqu’on lui vole idées et œuvres. JulietteBinoche EST Camille Claudel, lui insufflantsa force, son intensité de jeu et sa ferveur :sublime ! Paul Claudel (Jean-Luc Vincent)en illuminé chrétien est terrifiantd’inhumanité, aussi enfermé dans sa foique sa sœur dans son pensionnat-asile.Ce film, âpre, sobre, aux dialogues rares,tout en tensions intérieures, nous faitapprocher, avec beaucoup d’humanité, lafolie, réfléchir sur le statut de l’artiste, surla solitude et la liberté. Des problématiquesau cœur de la manifestation organisée parl’hôpital de Montfavet (voir p. 66).ANNIE GAVA

Voir entretien avec le réalisateur surwww.journalzibeline.fr

Le film, soutenu par la Région, a été présentéen avant-première au cinéma Renoir à Aix, le1er mars, en présence du réalisateur BrunoDumont. Il sort en salles le 13 mars

Enfermés

Entre le fameux «c’est possible» de la SNCF et le «Yes we can»obamesque, le titre du film de Giulio ManfredoniaSi può fare (2008)projeté ce 26 février à l’Institut Culturel Italien, ressemble à unslogan politico-publicitaire. Dans cette comédie «humaniste», laformule traduit le pari fou de Nello, syndicaliste écarté par safédération, sur la capacité des fous à s’insérer dans une société pastrès raisonnable. Toute ressemblance avec la réalité n’est en aucuncas fortuite.Milan, 1983. À la suite de la loi Basaglia de 78, les manicomi (asilesd’aliénés) ont été fermés, libérant les malades mentaux. Se créentalors des coopératives sociales pour leur assurer un semblantd’activités. Nello, parachuté directeur d’une de ces structures varedonner à ces éclopés de la vie, une dignité qui passe par unSignore/Signora pour s’adresser à eux, la reconnaissance de leurstatut d’associés, un salaire, le droit de vote en assemblée généraleet celui d’une sexualité retrouvée par la diminution des doses desédatifs. Mieux, le génie propre de leurs pathologies respectives vacréer une plus-value ! Ainsi l’esprit géométrique des schizos de lapetite entreprise spécialisée en pose de parquets, transforme unecatastrophe en réussite commerciale, un simple parquetage enmosaïque d’art, donnant métaphoriquement valeur doublée à des«déchets» achetés deux fois moins cher. Drôle et tragique (un desmalades se suicide par amour parce que, parfois, non vraiment, cen’est plus possible !) le film de Manfredonia, s’il n’évite pas le méloet l’appel aux bons sentiments, offre un retour sur ces années

d’ébullition idéologique que l’Institut Italien revisitera les 16, 23 et 30avril à 18h, avec le film-somme de Marco Tullio Giordana, La Megliogioventù. Là aussi, il sera question d’une folie à lier et... délier.ÉLISE PADOVANI

Istituto Italiano di Cultura, Marseille04 91 48 51 94 www.iicmarsiglia.esteri.it

54CINÉMA

Désaliénés

Cam

ille Claudel 1915 de Brunot D

umont

Si puo� fare de Giulio Manfredonia © Claudio Lannone

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Après les États Unis et l’Inde,qui sait que le Nigéria, état fédé-ral anglophone de 140 millionsd’habitants, reste le troisièmeplus gros producteur de fictionsdu monde ? Qui sait qu’aprèsHollywood et Bollywood, Nolly-wood, créé à partir de rien, sanssalles de cinéma, sans studios,sans plateaux, sans argent, sansécoles, avec des cinéastes auto-didactes et dans des conditionsde tournage pionnières soumi-ses aux caprices des coupuresélectriques ou du ronron desgénérateurs, offre aux nigérianset aux africains de toute laplanète, plus de 2 000 films paran vendus en DVD, aussitôt pira-tés ! Qui sait que cette industriede bout de ficelles génère plusde 300 millions de dollars dechiffre d’affaires avec des filmsvendus 2 $, gagne des parts demarché car les Noirs malgré laqualité médiocre de ces produc-tions bricolées «préfèrent les filmsréalisés par des Noirs pour desNoirs aux œuvres étrangères» ? Pour nous l’apprendre, l’asso-ciation Sankofa qui se donnepour mission de promouvoir lescultures africaines, organisait ce23 février, au Polygone étoiléune soirée «nollywoodienne»autour de la projection de Madein Nollywood, en présence deLéa Jamet, réalisatrice de cedocumentaire-enquête de 2007sur le phénomène. Entre lesextraits de films, plus occiden-talisés à Lagos dans le sud dupays, plus indianisés à Kanodans le nord islamique, elledonne la parole aux cinéastes,aux acteurs dont certains ontdéjà participé à des centaines deréalisations. On y entend leursoif de formation, de reconnais-sance internationale, leur fiertéaussi et on se dit que dans cettefourmilière de passionnés, leNigéria, déjà distingué mondia-lement pour sa musique et salittérature, verra forcément naî-tre un cinéma d’auteur. ÉLISE PADOVANI

Nigérianstories

Après un préambule à Aix, Vitrolles, Mar-seille et Miramas, les 15e Rencontres decinéma sud-américain se dérouleront à LaFriche avant de partir essaimer dans 6 au-tres villes de la région. 41 films, longs etcourts, fictions et documentaires, sans oublierles films d’animation avec la rétrospective duréalisateur argentin, Juan Pablo Zaramella,qui donnera le 19 mars à 18h30 une leçon decinéma sur les techniques de l’animationdont le stop motion.Invité d’honneur, le réalisateur mexicainJorge Fons dont seront projetés El atentadoet en ouverture, le 15 mars à 18h, El callejonde los milagros, adapté du roman de l’Égyp-tien Naguib Mahfouz, un des films de laCarte Blanche de MP 2013 «Errances etRacines».Trois grandes métropoles : Mexico, Caracaset Buenos Aires, seront le décor de troisfilms de suspense, Chalán de Jorge MichelGrau, Piedra, papel o tijera de Hernán Jabeset De martes a martes de Gustavo Fernan-dez Triviño. Ces 3 longs métrages seront encompétition pour le Colibri d’Or avec 6 autres :Distancia du Guatémaltèque Sergio Rami-rez, El ethnografo de l’Argentin Ulises Rosell,Insurgentes du Bolivien Jorge Sanjinés,Verdades, la vida de estela de Nicolás GilLavedra, Jardin de Amapolas du ColombienJuan Carlos Melo Guevara et le 1er long de laMexicaine Kenya Márquez, Fecha decaducidad.8 courts métrages nous emmèneront dans 7pays, Argentine, Brésil, Colombie, Cuba,Mexique, Pérou et Venezuela.Les Rencontres, ce sont aussi des exposi-

tions de peinture et de sculptures dont celledu muraliste El Mono Gonzalez qui animeraun atelier avec des étudiants, des séancesscolaires, une table ronde le 16 mars à18h30, Cinéma, littérature et migration avecJorge Fons, Pascal Jourdana et HernánHarispe, suivie à 21h d’un spectacle de dan-se et musique, Peña en flor. En clôture le 23 mars à 21h, A Busca duBrésilien Luciano Mouranous fera découvriravec Théo ce qui importe réellement dans lavie.ANNIE GAVA

15e Rencontres de cinémasud-américaindu 15 au 23 marsLa Friche, Marseilledu 24 mars au 30 avrilManosque, Forcalquier, Saint Bonnet, Fréjus, La Ciotat, Montauraux04 91 48 78 51www.cinesud-aspas.org

Errances, racines et familles

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55AUPROGRAMMECINÉMA

Dans le cadre du XVIIIe Festival Russe, à20h, le théâtre Toursky propose cinq séancesde cinéma suivies de soirées-cabarets pourprolonger par une fête slave le plaisircinéphile. Au programme, des films en V.O,multi-primés à revoir. Le romanesque AnnaKarénine d’Aleksandr Zarkhi, sorti en 1967,qu’on pourra comparer avec la récenteadaptation du chef-d’œuvre de Tolstoï parJoe Wrigth. La comédie douce-amère Unegare pour deux d’Eldar Riazanov (1982) quimet en scène une rencontre amoureuseimprobable entre un musicien et une ser-veuse à Zastoupinsk. L’Été froid de l’année53 d’Aleksandr Prochkine, sorti en 1988, en

pleine Pérestroïka, vu par 64 millions desoviétiques, où deux déportés victimes dustalinisme vont devenir après la mort du petitpère des peuples, les «deux mercenaires» devillageois terrorisés par des criminels deguerre amnistiés. Le sidérant premier filmd’Andreï Zviaguintsev, Le Retour, Lion d’orà la Mostra de Venise en 2003, périple initia-tique de deux frères de 14 et 12 ans dans uneîle sauvage sous la conduite d’un pèretaciturne surgi de nulle part après douze ansd’absence. Enfin, celui de la réalisatriceLarissa Sadilova Rien de personnel (2007).Drame intime, troublant où des destinsféminins opposés se révèlent sous lacaméra scrutatrice d’un détective privé quine sortira pas indemne de ce qu’il voit. ÉLISE PADOVANI

Festival Russedu 12 au 16 mars Théâtre Toursky, Marseille04 91 02 58 35www.toursky.org

Les 20 heures du Toursky

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Le Voleur de BadgadLe 16 mars à 17h15, dans le cadre de Cara-vansérail, La Criée propose Le Voleur deBadgad de Raoul Walsh, l’une des plus gros-ses productions des années vingt. Entréelibre.

La Criée, Marseille04 91 54 70 54www.theatre-lacriee.com

Films de la danse Dans le cadre du Mois de la Danse, au Ciné-ma Jean Renoir, projection de 3 films. Le 16mars est consacré à la danse contemporaine :à 16h, Anna Halprin, le souffle de la danse deRuedi Gerber et à 19h, Pina de Wim Wen-ders. Le 20 mars à 18h30, danse classiqueavec Le Concours de danse de Bess Karg-man et le 27 mars à 18h30, Carte Blanche autango avec Tango de Carlos Saura, suivi d’unbuffet dansant.

Cinéma Jean Renoir,Martigues04 42 44 32 21cinemajeanrenoir.blogspot.com

Femmes du Jazz Le 18 mars à 17h30 et 20h30, à l’occasion duMois des femmes en PACA le GRAIF et laRégion proposent le documentaire de GillesCorre, Femmes du Jazz. Au mois d’avril 1999,la percussionniste Susie Ibarra organisait un«Mois des femmes du jazz à New York».Portraits d’une vingtaine de musiciennes quiont choisi d’affronter la jungle de New Yorkpour se faire un nom au Panthéon du Jazz.Entrée libre.

Maison de la Région,Marseille 04 91 57 57 50

Vidéo FID

Le 19 mars à 20h, soirée Vidéo FID : projec-tion de Gangster-Project de Teboho Edkins :Teboho Edkins rêve d’un «film de gangsters».À Cape Town, pas besoin d’acteurs, se ditl’apprenti cinéaste, ils courent les rues, ilsuffit d’un bon casting. De rendez-vous enzones isolées de la périphérie de la ville, lecinéaste emboite le pas aux fables holly-woodiennes pour tenter de les enrôler. Maispeu à peu les images s’effritent…

FID, Marseille 04 95 04 44 90www.fidmarseille.org

Cinémathèque

Les Mardis de la Cinémathèque proposent le19 mars à 19h, Les Diaboliques de Henri-Georges Clouzot avec Charles Vanel,Simone Signoret, Michel Serrault, PaulMeurisse, Véra Clouzot. Le 26 mars, ce seraLes Gens du voyage de Jacques Feyder, la viedes membres d’une troupe de cirqueambulant.

Cinémathèque de MarseilleEspace Cézanne, CRDP04 91 50 64 48www.cinemathequedemarseille.fr

Edward II Le 19 mars à 20h aux Variétés et le 20 marsà 20h15 à La Buzine dans le cadre de Marsen baroque,Concerto Soavepropose EdwardII de Derek Jarman, adapté de la pièce deChristopher Marlowe. Nouvellement cou-ronné, Edward II d’Angleterre rappelle sonfidèle ami et amant Piers Gaveston de l’exil. Ille couvre de cadeaux et de titres honorifiques,suscitant la jalousie de la cour… Le 19 à 18h, la projection est précédée d’uneconférence de Benito Pelegrin, Rivages,visages, virages du théâtre baroque : rives etdérives.

Concerto Soave04 91 90 93 75www.concerto-soave.com

Écrans d’Aflam Le 21 mars à 14h et 19h, Mort à vendre deFaouzi Bensaidi, l’histoire de trois amis,Malik, Allal et Soufiane, trois jeunes perdusqui vivotent de petites arnaques à Tetouan.Entrée libre.

Maison de la Région, Marseille 04 91 47 73 94www.aflam.fr

Écrans Voyageurs 5 Du 20 au 25 mars, Escale 5 des ÉcransVoyageurs au cinéma l’Alhambra, avec Wal-ter Salles (sauf le 24) accompagné d’ArianeAllard rédactrice de Positif. Le réalisateurbrésilien présentera une rétrospective de sonœuvre : Terre lointaine (1997), Central doBrasil (1998), Carnets de voyage (2004), Avrilbrisé (2003), Une famille brésilienne (2009) etSur la route (2012) et proposera une Leçon decinéma le 23 à 16h30.

Alhambra Cinémarseille04 91 03 84 66www.alhambracine.comwww.ecransvoyageurs.fr

Globe-trottersDu 22 au 24 mars, se tiendra à Avignon le 16e

Festival des Globe-Trotters. Conférences,expositions-photos, ateliers d’écriture, decarnets de voyage, de scrapbooking, rendez-vous avec des écrivains-voyageurs, projectionsde films qui emmènent en voyage au bout dumonde, dans différents lieux de la ville dontla salle Benoît XII, les théâtres du Chien quiFume et de La Luna.

Quartier des Teinturiers, Avignon06 65 24 78 41http://abmavignon.free.fr/index.html

Figure de l’«arabe» Le 21 mars à 18h30, conférence d’Yvan Gastaut,spécialiste des questions d’immigration enFrance et dans le bassin méditerranéen surLes représentations de l’immigré ou la figurede l’«arabe» à l’écran : la manière dont lafigure de l’immigré a évolué dans le paysageaudiovisuel français depuis la guerred’Algérie. Entrée libre.

La Criée, Marseille04 91 54 70 54www.theatre-lacriee.com

Caravansérail Le 29 mars à 18h, dans le cadre deCaravansérail, La Criée propose deux filmsd’animation de Florence Miailhe : Hammam(1991), portrait d’un bain public pour femmeset Shéhérazade (1995), légende inauguraledes Mille et une Nuits dans une version écritepar Marie Desplechin. Entrée libre.

La Criée, Marseille04 91 54 70 54www.theatre-lacriee.com

Les Gens du voyage de Jacques Feyder

Gangster-Project de Teboho Edkins

Mort a� vendre de Faouzi Bensaidi

Carnets de voyage de Walter Salles

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Documentaires RomsLe 30 mars à 14h30, dans le cadre du Festivaldes cultures tsiganes, projection de 4 docu-mentaires en romani sous-titré en anglais duCentre médiatique rom de Kosice en Slova-quie, en coproduction avec MP 2013 : laprojection sera suivie d’un débat sur l’évo-lution de la situation des Roms en Slovaquie.

Latcho Divano, Marseille09 52 72 89 28www.latcho-divano.com

D’une école à l’autre Le 2 avril à 18h, ciné-débat-repas : D’uneécole à l’autre de Pascale Diez. Quarante-cinq enfants de quartiers différents ontmélangé leurs horizons et ont créé un spec-tacle qui reflète la diversité de leurs origines,de leurs cultures et de leurs savoirs.

Alhambra Cinémarseille 04 91 46 02 83www.alhambracine.com

Notre mondeLe 3 avril à 20h, Notre monde, en présencedu réalisateur Thomas Lacoste : un docu-mentaire qui rassemble plus de 35 intervenants,philosophes, sociologues, économistes, ma-gistrats, médecins, universitaires et écrivains.

Alhambra Cinémarseille 04 91 46 02 83www.alhambracine.com

Écrans Voyageurs 6 Du 5 au 9 avril les Écrans Voyageurs font leursixième escale. Seront projetés cinq films deBrillante Mendoza en présence du réalisa-teur philippin et de Vincent Amiel, rédacteurde Positif : Captive (2012), Lola (2010), Serbis(2008), John John (2008), Masahista (2005),Tirador (2007). Leçon de cinéma le 6 avril à14h30.

Institut de l’Image, Aix04 42 26 81 82www.institut-image.orgwww.ecransvoyageurs.fr

MangroveLe 9 avril à 20h, l’association AVEC-La Garede Coustellet propose Mangrove de FrédéricChoffat et Julie Gibert. Une plage isolée surla côte sud du Pacifique. Au bout, la man-grove. Une jeune femme européenne revientavec son fils après plusieurs annéesd’absence. Mais peut-on faire la paix avec lesfantômes du passé ?

Bibliothèque de Cabrières d’Avignon04 90 76 84 38www.aveclagare.org

La TraverséeLe 10 avril à 20h30, avant-première de Latraversée en présence de la réalisatrice,Elisabeth Leuvrey. Chaque été, ils sont nom-breux à transiter par la mer entre la France etl’Algérie. Depuis le huis clos singulier dubateau, ces femmes et ces hommesbringuebalés, chargés de sacs et d’histoires,nous disent autrement l’immigration.

Alhambra Cinémarseille 04 91 46 02 83www.alhambracine.com

CinépageLe 11 avril à 20h, Cinépage propose Le Chevalde Turin de Béla Tarr : à Turin, en 1889,Nietzsche enlaça un cheval d’attelage épuisépuis perdit la raison. Quelque part, dans lacampagne : un fermier, sa fille, une charretteet le vieux cheval. Dehors le vent se lève.

Cinéma Pathé Madeleine, Marseille04 91 85 07 17www.cinepage.com

La Criée fête le court-métrage Du 11 au 13 avril, de 10h à 22h, en partenariatavec le Festival international du Court-Métrage de Clermont-Ferrand, La Criée fêtele court-métrage : une sélection «sur-mesure» de films à découvrir pendant troisjours, dont Méditerranées d’Olivier Py ; Cequ’il restera de nous de Vincent Macaigne ;Next Floor de Denis Villeneuve ; La Sole,entre l’eau et le sable d’Angèle Chiodo ; LaFrance qui se lève tôt de Hugo Chesnard.

La Criée, Marseille04 91 54 70 54www.theatre-lacriee.com

Écrans voyageurs 7 Du 11 au 13 avril : Escale 7 des Écrans avec leduo burlesque Fiona Gordon et DominiqueAbel. Les réalisateurs-comédiens seront là,accompagnés par Vincent Thabourey,rédacteur de Positif pour présenter La Fée(2011), Rumba (2008), L’Iceberg (2005). Avantchaque séance, projection d’un court-métrage d’Abel et Gordon et, le 13, de celuides lycéens des classes cinéma de Craponne.

Les Arcades et Le Club, Salon de Provence04 90 53 65 06www.ecransvoyageurs.fr

La France qui se le�ve to� t de Hugo Chesnard

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Les Rencontres cinématographiques sontun rendez-vous incontournable, et la 23e

édition aura un goût particulier, italienpuisqu’une Carte Blanche est donnée auFestival de Sciacca en Sicile, en coproductionavec MP2013 : cinq films dont deux inéditsen France, Malavoglia, adaptation du chef-d’œuvre vériste de Verga, en présence du

réalisateur Pasquale Scimeca ; et La Vocedi Rosa sur Rosa Balistreri, la cantatrice deLicata, en présence du réalisateur NelloCorreale et de la comédienne DonatellaFinocchiaro.Un zoom sur les films du bassin méditer-ranéen permettra de voir cinq filmsd’Algérie, Chypre, Espagne, Israël et Maroc

dont deux en avant-première, Le Repenti deMerzak Allouache et Andalousie monamour en présence de Mohamed Nadir.Le reste du monde n’est pas oublié avec lasélection Tout un monde à voir, 20 films,comédies ou drames, traitant de sujetsactuels et/ou invitant au voyage, comme leroad movie Avé de Konstantin Bojanov(Bulgarie), En el nombre de la hija de TaniaHermida (Equateur), Une seconde femmed’Umut Dag (Autriche), Voie rapide deChristophe Sahr (France) ou L’enfant d’enhaut d’Ursula Meier (Suisse).En ouverture, et en avant-première, Tutti ISanti Giorni de Paolo Virzi ; en clôture serontprojetés les films choisis par le Jury, lepublic et les jeunes, après une semained’ateliers, une après-midi de courts métra-ges, des animations musicales, des séancesscolaires…ANNIE GAVA

Les Rencontres Cinématographiquesdu 19 au 26 mars Cinéma Les Arcades, Salon04 90 17 44 97www.rencontres-cinesalon.org

Lescheminsde l’Ailleurs

Comme chaque année depuis14 ans, au printemps, se tient leFestival International du Filmd’Aubagne (FIFA), consacré aurapport de la musique à l’image,réunissant compositeurs, musi-ciens et cinéastes. Parmi lesinvités d’honneur, Bruno Coulaiscomposera pour Aubagne unepièce, interprétée, le 22 mars,par son ami Jean-Michel Bernardqui jouera aussi ses morceauxles plus remarquables pour lecinéma. Jorge Arriagada, com-positeur entre autres duréalisateur chilien Raoul Ruiz,donnera une leçon de musiqueà partir du film Le temps retrou-vé. Et c’est la compositriceSelma Mutal qui assurera la 10e

Master Class de musique àl’image.10 longs métrages seront encompétition, venus surtout duNord : de Belgique comme Kidde Fien Troch, Offline de PeterMonsaert ou Dead Man Talkingde Patrick Ridremont ; d’Alle-magne, Oh boyde Jan-Ole Gerster,Meanwhile in Mamelodi de Ben-jamin Kahlmeyer ou SchuldSind Immer Die Anderen deLars-Gunnar Lotz ; du Danemark,Vaerelse 304 de Birgitte Staer-mose.Rock the casbah de Yariv Horo-witz est une coproduction France

Israël et deux films françaiscomplètent cette sélection : Desmorceaux de moi de NolwennLemesle et la comédie deMartin Le Gall, Pop redemption.En ouverture le 18 mars, FinalCut, Ladies and Gentlemen deGyorgy Palfi, un hymne au ciné-ma remettra en lumière lesscènes éternelles des plusgrandes histoires d’amour. Le public pourra aussi découvrirles 73 courts métrages en com-

pétition ainsi que 16 des filmsprimés au Festival de ClermontFerrand qui programme la Nuitdu court le 23 mars. Trois autresfestivals européens auront descartes blanches :Anima, le FestivalInternational du Film d’Anima-tion de Bruxelles, DOC SK, unfestival slovaque de Kosice, et leZagreb Film Festival (Croatie).Et pour pimenter la semaine,rencontres, débats, concertsFins de soirée, Regards croisés

des écoles européennes de ci-néma… et un ciné concert queproposeront en clôture les 8 jeunescompositeurs de la MasterClass.A.G

FIFA, Aubagne, La Penne surHuveaunedu 18 au 23 mars 04 42 18 92 10http://aubagne-filmfest.fr/fifa2013/fr

En musique !

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Du 27 au 31 mars, Image deville propose la 8e édition desJournées du film sur l’environ-nement, Courant d’air : desconférences, films, rencontresavec des philosophes, des com-positeurs, installations autourdu thème de l’air et du vent.En ouverture, le 27 à 20h30, à laCité du Livre un Ciné-concert,Le Vent de Victor Sjöström, ac-compagné par le compositeurGaël Mevel et par des poèmesde Saint John Perse. Ce concertest précédé à 18h d’une pro-jection-débat du philosophe del’urbain, Thierry Paquot, sur l’évo-cation du vocabulaire venteux etd’une rencontre avec PierreSauvageot, compositeur, autoursa création Champ Harmoni-que, symphonie éolienne (voir p.16). Le 28 à 20h30, un hommageest rendu à Joris Ivens avec laprojection du documentaire Pourle Mistral et du ciné poème Unehistoire de vent. Le lendemain,le film kirghize Le voleur delumière d’Aktan Arym Kubat.Le 31 à 17h, au Muséum d’His-toire Naturelle, Beetle QueenConquers Tokyode Jessica Orecksur la fascination des Japonaispour les insectes. Tout au longde ces journées, 25 films à lacarte, dans les Arbres à vent,installations-vidéo à la Cité duLivre, ateliers et débats… et uneexposition de cerfs-volants ! A.G.

Courant d’airCité du Livre, Aix04 42 63 45 09www.imagedeville.org

Comme chaque annéeScènes et Cinés se penchesur le cinéma d’un pays, avec cette fois-ci unpanorama du cinéma américain indépendant : desfilms qui témoignent d’un esprit de liberté face àune production qui souvent manque d’audace etd’originalité. Une quinzaine de films serontproposés dans 5 salles après l’ouverture de lamanifestation le 15 mars au Coluche à Istres et laprojection de Mud-Sur les rives du Mississippi deJeff Nichols.À Fos-sur-Mer, en avant-première, le 17 mars à19h, Promised Land de Gus Van Sant, qui a eu lamention spéciale du jury à la Berlinale. Et le 21mars ce sera une soirée Musique et musiciensavec, à 18h30, The Brooklyn Brothers de RyanO’Nan et à 21h, Sugar Man de Malik Bendjelloul.À Grans, le 16 mars Soirée Famille en présenced’Elise Domenach, spécialiste de la philosophieanglo-américaine contemporaine qui présenteraBroken Flowers de Jim Jarmusch à 18h 30 et 21h,The Place Beyond the Pines de Derek Cianfrance.Le 20 mars, ce sera un hommage à TerrenceMalick. C’est à James Gray qu’Istres rendra

hommage en proposant Little Odessa et La Nuitnous appartient, le 22 mars à 18h15. Si vouspréférez la soirée déjantée, c’est à Miramas, qu’ilfaudra vous rendre le 19 mars à 18h : Dark Horsede Todd Solondz précèdera Paperboy de LeeDaniels. Quant à Port-Saint-Louis, après LittleMiss Sunshine de Jonathan Dayton et ValerieFaris à 18h30 et In the air de Jason Reitman, voussaurez «Comment reconnaître une comédieaméricaine labellisée : cinéma indépendant ?»grâce à Vincent Thabourey, coordinateur deCinémas du sud et critique de cinéma à Positif.ANNIE GAVA

Panorama du cinéma américain indépendantdu 15 au 24 mars Cinéma l’Odyssée, Fos-sur-MerEspace Robert Hossein, GransCinéma Coluche, IstresCinéma Le Comoedia, MiramasEspace Gérard Philipe, Port-Saint-Louiswww.scenesetcines.fr

Digne fait son cinémaDu 18 au 21 mars se dérouleront les 41e Rencon-tres Cinématographiques deDigne-les-Bains, undes plus anciens festivals de la région : projectionde longs métrages, rencontres avec les réali-sateurs, concours de premiers courts métrages defiction et découverte du cinéma amérindiensseront au programme.

Parmi les films proposés, on pourra voir Le pre-mier homme de Gianni Amelio, d’après le romaninachevé d’Albert Camus, avec Jacques Gamblin,Denis Podalydès, Catherine Sola… Je ne suis pasmort de Mehdi Ben Attia, Grand Prix du Jury aufestival 1ers Plans d’Angers ; Quelques jours enseptembre de Santiago Amigorena avec JulietteBinoche, John Turturo, Sarah Forestier ; Bellamariposas de Salvatore Mereu, ainsi que desfilms de la cinéaste-écrivaine, Emmelene Landon.A.G.

Rencontres Cinématographiques Centre culturel René Char,Digne-les-Bains04 92 32 29 33www.unautrecinema.com

Vents

Loin des blockbusters

59AUPROGRAMMECINÉMA

Promised Land de G

us Van Sant

Je ne suis pas mort de Mehdi Ben Attia © Michae� l Crotto

Le Ventde Victor Sjo�stro�m

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Pas de cartel ni de feuille desalle, les œuvres sont livréessans indices. Seule informationobjective : c’est le «rendez-vous» annuel des artistes de lagalerieofmarseille. Réunies sous la dénominationcommune Évacuer (M), -(M) pourMarseille, bien sûr, Évacuerrestant relativement énigmati-que- les pièces opèrent parfrottement, par porosité. L’unes’agrège à l’autre par sa forceformelle ou conceptuelle. Lesdeux n’étant pas impossibles.L’ensemble compose un corpussymptomatique des réflexionsde la scène contemporainenationale et internationale : l’exil,les migrations, l’effondrement,la chute, la reconstruction…Autant de thématiques en débatdans les expositions de Marseil-le 2013, notamment Ici, Ailleursà la Tour-Panorama (voir Zib’59),où l’on retrouve Yto Barrada,Ymane Fakhir, Bouchra Khalili

et Sarkis. Un aller-retour entreles deux expositions étant vive-ment conseillé pour plongerplus avant dans leur univers. Ici,Yto Barrada dénonce dans unephotographie inédite les pillagesdes sites de fossiles autour deTanger, où il vit, par des individus

peu scrupuleux : une interro-gation renouvelée sur ce quel’homme «fait de ce paysagefragile et originel», sa transfor-mation sociale, qui est au cœurde son œuvre. Pas de surprisedu côté de Ymane Fakhir avecsa série sur le mariage, Socles,

photographie de présentoirs àgâteaux vidés de leurs gour-mandises… et de leur sensrituel.Deux belles découvertes avecles pièces de Sarkis et ValèreCostes qui nourrissent un dialo-gue authentique : sur une tablede chantier, le souffle d’un ven-tilateur soulève des articles depresse comme dans un fluxd’infos ininterrompu ; l’œuvreest prête à décoller, voire às’échapper. Même tropisme dansla vidéo de Valère Costes, TheBuild, où des blocs de glaises’effritent pour redevenir à l’étatde matière originelle. Une choseest sûre : tout est éphémère. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Évacuer (M)jusqu’au 28 avrilGalerieofmarseille,Marseille 2e

09 53 10 15 26www.galerieofmarseille.com

De l’impermanence des choses

60AUPROGRAMMEARTSVISUELS

Sarkis, De la terrasse de l'homme qui regarde le paysage, 1992-2009, table en bois, ventilateur, 12 briques, 3-4 journaux quotidiens, 90 x 300 x 146 cm

Derrière les portes de l’Opéra de Toulon, toutun petit monde s’agite : chef d’orchestre,chanteurs et musiciens habitués à la pleinelumière, sans oublier les «hommes» del’ombre : éclairagistes, maquilleuses, costu-mières, régisseurs auxquels le photographeOlivier Pastor donne un visage. Grâce à luion descend dans la fosse, on pénètre dansles loges, on monte sur scène ! Après avoirlongtemps côtoyé l’univers de la mode àParis, Olivier Pastor s’est installé dans le sudpour travailler en indépendant ; aujourd’huiil revendique la pratique d’une photographiehumaniste : «Ce que j’aime, c’est travailleravec les gens.» Dans ses clichés d’allurebanale, on sent son attachement aux êtresqu’il capte dans leur quotidien -fût-il ma-gique aux yeux des spectateurs- et saproximité est bien réelle, au point que sonPentax K7 passe inaperçu dans le bouillon-nement de l’institution. Séances d’essayage,raccords maquillage, vocalises, réglagesdes poursuites, ultimes répétitions… onentendrait presque les couloirs bruisser dutaffetas froissé, résonner des accords de lavioloniste, seule dans la coursive… Les petitesmains et les chevilles ouvrières du grandspectacle sont traquées au même titre queles têtes d’affiche : toute l’empathie d’OlivierPastor pour ses modèles est là. Mais cesquelques morceaux choisis de la vie del’opéra ont une faille car s’ils éclairent le

public sur l’envers du décor, ils manquentde souffle. Sans véritable point de vueplastique ou documentaire, son travail restecelui d’un «témoin privilégié».M.G.-G.

L’opéra en coulissejusqu’au 13 avrilMaison de la Photographie, Toulon04 94 93 07 59www.toulon.com

Le fantôme de l’opéra

© Olivier Pastor

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Le 1er mars, Pierre Dumon rêvait tout éveillé : «son» musée Regardsde Provence était inauguré 15 ans après sa Fondation ! Uneouverture doublement symbolique car l’ancienne Station sanitairemaritime construite par Fernand Pouillon en 1948, aujourd’huiréhabilitée par Guy Daher (cabinet MAP), était alors la porte d’entréedes arrivants à Marseille… Et que l’enjeu économique est de taille :avec un coût total de 6,5 M€ dont 4,3 financés par la Fondation, lemusée privé mise sur 80 000 visiteurs annuels contre 25 000 à 40000 accueillis en moyenne selon les expositions. Pour atteindre sonobjectif, il espère rayonner au-delà de son périmètre traditionnel etmet tous les atouts de son côté.Il y a d’abord la qualité des aménagements architecturaux qui ma-gnifient l’ouverture à la mer, la lisibilité du parcours -depuis l’entréemonumentale jusqu’à la salle des étuves conservée en l’état-, et lesespaces conviviaux (librairie, boutique, Regards Café à l’étagesupérieur avec vue imprenable sur le MuCEM, la Villa Méditerranéeet la Major). Puis la visibilité accrue des 900 œuvres de la collectiond’art de la Méditerranée grâce à des vagues d’expositions théma-tiques ou chronologiques. Enfin, peu repéré par la scène actuelle, lemusée renforce ses liens avec l’art contemporain à travers descommandes à Georges Rousse (créations in situ en septembre2011), François Mezzapelle (toujours aussi facétieux, ses gardiensdu temple cueillent le visiteur dès l’entrée) et Luc Dubost (sespersonnages sculptés évoquent les passagers en transit et ouvrentsur d’autres points de vue).Mais on regrettera, justement, dans ces beaux espaces tout entransparence, la faiblesse de la Salle Estaque consacrée à sa collec-tion d’art contemporain : exceptée l’acquisition d’une sculpture deNicolas Rubinstein de 2012, les pièces déjà anciennes de Ceccarelli,Traquandi ou Klemensiewicz prouvent que le musée devra réactiversa politique d’achat en faveur des artistes vivants… VivantEs ?M.G.-G.

Expositions inaugurales jusqu’au 16 juinMusée Regards de Provence, Marseille 2e

04 91 42 51 50www.museeregardsdeprovence.com

C’était un rêve…

Muse�e Regards de Provence, vue du Foyer avec, suspendue, la sculpture de Franc�ois M

ezzapelle © X.D

-R

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Richard BaquiéLaure Chaminas chantera Richard Baquié lors du vernissage, le 21 mars à partirde 15h. Une dégustation sera offerte sous les auspices d’Olivier Zol… L’aventurecontinue avec une pensée délicate pour une des figures de l’art contemporain ayantdépassé les frontières phocéennes. C.L.

Richard Baquié, vitrine textes et dessinsdu 21 mars au 20 avrilOÙ, Marseille06 98 89 03 26www.marseilleexpos.com

Claire BéguierDiplômée de l’ENSP d’Arles et lauréate du prix SFR Jeunes Talents, ellephotographie les choses et les gens du monde vernaculaire, se joue de

décalages sémantiques, provoque des affabulations visuelles. Claire Béguier échafaude aussi des mises en scène du corps féminin,

le sien également. C.L.

Claire Béguier, Call me Barbiedu 11 au 30 avril

Galerie Andiamo, Marseille04 91 95 80 88

www.assopoc.org

Bernard PescePetite annonce : «Venez raconter votre histoire». Bernard Pesce s’adressait auxMarseillaises originaires du pourtour méditerranéen pour qu’elles évoquent leursparcours singuliers. Questions d’identité, d’origine, d’intégration saisies selon desmodalités proposées par les modèles elles-mêmes. C.L.

Femmes de Marseillejusqu’au 6 avrilBastide Saint Joseph, Marseille04 91 83 45 42http://planetemergences.org

Œuvres sur papierLes œuvres de Franta, Nathalie Deshairs et Rémi Trotereau sont habitées

par la souffrance, la joie, le désespoir, la force. Même leurs vocabulairesformels ont des cousinages : corps meurtris aux visages abstraits, aux

ombres cannibales, aux sombres fentes infibulées… Une manièredouloureuse de questionner le monde sur sa condition. M.G.-G.

du 22 mars au 5 maiGalerie 22, Cabrières d’Avignon

04 90 71 85 06www.galerie22contemporain.com

62AUPROGRAMMEARTSVISUELS

Richard Baquie�, Ballon-Eve�nement du 29 m

ars 1982. Collection FRAC

PACA ©

D.R., AD

AGP 2012, Paris

Claire Be�guier, de la se�rie Vanite�s © Claire Be�guier

Sara © Bernard Pesce

© Re�mi Trotereau

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Anne-Sophie BoivinElle a parcouru l’Afrique de janvier à août 2008, de la Mauritanie au Ghana, avec dans ses bagages trois boîtes sténopé et unlaboratoire photographique complet. Ses images en noir et blancintercèdent pour une ré-vision poétisée entre vrai et faux de laréalité aperçue. C.L.

Le Bal poussièredu 22 mars au 6 avrilL’Atelier du Midi, Arles04 90 49 89 40www.atelierdumidi.com

Arles ContemporainDeuxième édition pour le réseau arlésien fédérant (presque) tous

les lieux consacrés à l’art contemporain. Ouverturesexceptionnelles de 11h à 19h, performances, animations ou

concours de gâteaux (?) avec le Collectif E3, lecture/musique àl’Atelier Cinq, du Made in Arles au Magasin de Jouets entre autres

réjouissances… C.L.

Week-End Art Contemporain22 et 23 mars

divers lieux, Arleswww.arles-contemporain.com

Camille Claudel…70 ans après sa disparition, le Centre hospitalier de Montfavet rendun hommage d’envergure à la sculptrice, au Musée des Arcadesouvert en 2009 au sein de l’hôpital. Treize œuvres en bronze yseront exposées, La vieille Hélène, la Valse, l’Implorante…, misesen regard avec celles de l’atelier de psychothérapie à médiationcréatrice Marie-Laurencin. La commissaire d’exposition MireilleTissier sublime et éclaire scientifiquement l’œuvre au fil despages du catalogue d’exposition. DE.M.

De la grâce à l’exil. La femme, la folie, la créationdu 30 mars au 2 juinMusée les Arcades, Avignon04 90 03 90 80www.camilleclaudel2013.com

64AUPROGRAMMEARTSVISUELS

Raphaël ThierrySable, fusain, peinture, installation, traitement cinétique ou

fragmentation, Raphaël Thierry dérive d’une matière à l’autre pourmétamorphoser portraits, paysages, nus et vanités. Entre ses

mains le monde réel semble fuir : le visage et l’eau ne sont plusque des reflets instables. Rencontre les 31 mars et 1er avril à 15h. M.G.-G.

Dérivesjusqu’au 15 juin

Campredon centre d’art, L’Isle-sur-la-Sorgue04 90 38 17 41

www.islesurlasorgue.fr/campredon.html

© Jean-Luc Amand Fournier, 119-911

Dormeur © Anne-Sophie Boivin

Raphaël Thierry, RE�FLEXIONS huile sur papier marouflé� sur toile 150 x 380 cm © ADAGP 2013

La Valse, dé�tail © JF Garde Xavier Teboul

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� �

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Libraires du sud /Libraires à Marseille- 04 96 12 43 42Rencontres : avec Claude Chalabreysse pourson livre Sensations voyageuses (Paulo Ramand)le 13 mars à 18h45 à la librairie Evadné lesGenêts d’or (Avignon)avec Michel Blay et Michèle Gally à l’occasionde la sortie du livre de Roland Gori La fabrique desimposteurs (Les Liens Qui Libèrent) le 13 mars à19h à la librairie L’Odeur du temps (Marseille)avec Christiane Vollaire et le photographePhilippe Bazin autour d’une thématique sur lesdemandeur d’asile et la circulation dans l’espaceSchengen. Thème de leur livre commun, Le milieude nulle part (Creaphis - Foto Creaphis) le 14 marsà 18h à la librairie de l’Arbre (Marseille)avec Sophie Testa pour son livre la Mer desmasques (éd de La Poissonnerie) le 15 mars à 19hà la librairie Le Lièvre de Mars (Marseille)avec Jacques Follorou pour une conférenceautour du livre La guerre des parrains corses(Flammarion) le 15 mars dès 17h à la librairieMaupetit (Marseille)avec Eric Giacometti et Jacques Ravennepour leur roman policier Le Temple noir (FleuveNoir) le 16 mars à 16h30 à la librairie PradoParadis (Marseille)avec Marion Brunet et Rolland Auda pour leursromans respectifs Frangine et L’Equipée volage(Sarbacane) le 16 mars à 19h à la librairie Histoirede l’œil (Marseille)avec Corinne Dreyfuss et Virginie Vallier pourleur livre C’est qui le petit ? (Thierry Magnier) le 16mars à 11h à la librairie Maupetit (Marseille)avec Dan Bendavid pour son livre Ainsi soit-il(Thélès) le 16 mars à 14h à la librairie de Provence(Aix)avec Alexandra Apikian pour son livre Marseillel’essentiel (Nomades) le 16 mars à la librairieMaupetit (Marseille)avec Marie d’Hombres et Blandine Schererpour leur livre Au 143, rue Félix Pyat, parc Bellevue,histoire d’une copropriété à Marseille (1957-2011)(Ref2c) le 16 mars dès 11h à la librairie Maupetit(Marseille)avec Pierre Stambul pour une conférence-débat pour son livre Israël-Palestine, du refusd’être complice à l’engagement (Acratie) le 20mars à 18h30 à la librairie Le Lézard amoureux(Cavaillon)avec Hélène Echinard pour une conférenceautour de son livre Marseille au féminin (AutreTemps) le 20 mars à 17h30 à la librairie Maupetit(Marseille)avec Jean Contrucci autour de son dernier livreLa vengeance du roi soleil (Lattes) le 21 mars dès19h à la librairie L’Attrape Mots (Marseille) et le23 mars dès 16h à la librairie Maupetit (Marseille)avec Marie Lou Lamarque pour son essai Civili-tés barbares, femmes d’orient et d’occidentAlgérie 1830-1962 (L’Harmattan) le 21 mars à 18hà la librairie Jean Jaurès (Nice)avec Isabelle Grenut pour son livre Ces êtresintéressants et infotunés. Les enfants trouvés desBasses-Alpes au XIXe siècle (C’est-à-dire) le 22mars à 19h30 à la librairie La Carline (Forcalquier)avec Frédéric Martel pour une conférence autourde son livre Global Gay, comment la révolution gaya changé le monde (Flammarion) le 22 mars de

17h à 19h à la librairie Maupetit (Marseille)avec Patrick Mouton pour une conférenceautour de Dieu a-t-il reconnu les siens ? sur lethème Marseille au temps des galères le 23 marsà 18h30 à la librairie Apostille (Marseille)avec Philippe Dedieu pour une conférence autourde son livre La parole immigrée (Klincksieck) le 23mars à 16h à la librairie Maupetit (Marseille)avec Xavier Lainé et Michèle Durand pour Lechant des anges (L’Harmattan) le 28 mars à18h30 à la librairie La Carline (Forcalquier)avec Sandrine Rochel, présidente del’association Vivre Soleil Renaitre pour sonouvrage Survivre à l’enfer, se reconstruire aprèsl’inceste (La Boite à Pandore) le 28 mars à 19h30à la librairie de l’Horloge (Carpentras)avec Guy Bedos pour son livre Rire de résistan-ce : dernière tournée (Aube) le 28 mars à 16h à lalibrairie Maupetit (Marseille)avec Jean-Paul Delfino pour son ouvrage Pourtout l’or du Brésil (Le Passage) le 30 mars à 16h àlibrairie de Provence (Aix)avec Marie-hélène Guyonnet, ethnographe, etPatrick Box, photographe, pour leur ouvrageL’Empire du sel – Salin de Giraud (Le Bec en L’Air),le 6 avril à 18h30 à la librairie Apostille (Marseille)

Itinérances littéraires : avec Thomas Vinaupour son ouvrage Bric à brac hopperien (Alma), le14 mars à 19h à la librairie Histoire de l’œil(Marseille)avec Nerte Fuster-Dautier à l’occasion de laréédition de son ouvrage Bastides et jardins deProvence (Parenthèses) le 28 mars à 18h45 à lalibrairie Evadné les Genêts d’or (Avignon), le 29mars à 18h à la librairie Goulard (Aix) et le 30mars à 18h à la librairie Maupetit (Marseille)

Escales en librairies : avec Harlan Cobenpour son nouveau roman Ne t’éloignes pas(Belfond) le 2 avril dès 12h à la librairie Goulard(Aix) et de 18h à 20h à la librairie Maupetit(Marseille)

AIXCentre des Ecrivains du sud - 04 42 21 70 95Journées des écrivains du sud sur le thème Leroman du roman, avec une vingtaine d’auteursfrançais et francophones, les 5 et 6 avril.

Théâtre des Ateliers – 04 42 38 10 453e volet de l’Odyssée d’Homère  : Le retour àIthaque, mes Alain Simon, le 13 mars à 15h et le20 mars à 15h.

La Non-Maison – 06 29 46 33 98Photographier et faire l’amour : conférenced’Alain Chareyre-Méjan, le 20 mars à 19h.

Association des amis de la Fondation Vasarely– www.vasarely.netInteractions entre couleurs, formes et mouvementdans la perception visuelle et l’œuvre de VictorVasarely : conférence de Pascal Mamassian,chercheur au Laboratoire Psychologique de laPerception à l’université Paris Descartes. Le 26mars à 18h.

3bisf – 04 42 16 17 75 Dora Garcia / Désordre : ateliers de conversa-tions filmées, les 27, 28 et 29 mars de 10h à 12h.Perspective Nevski / Petites réductions absur-des de l’expérience humaine : présentation dutravail en cours, le 11 avril à 19h et le 12 avril à 15h.

ALLAUCHMusée – 04 91 10 49 00Exposition Figures du mythe, Kachina et tissusprécolombiens : collection et créations de l’artisteperpignanais Claude Parent-Saura. Jusqu’au 25mai.

Galerie du Vieux Bassin – 04 91 10 48 06Rencontre projections-débat avec Jean-Chris-tophe Béchet, invité d’honneur du 47e SalonPhotographique d’Allauch dans le cadre duvernissage de son exposition American Puzzle, le5 avril à 20h30.

ARLESAtelier Archipel – 06 21 29 11 92Exposition des œuvres d’Arnaud Vasseux, du 7avril au 12 mai, vernissage le 7 avril à 11h30.

BRIANÇONBibliothèque municipale - 04 92 20 46 012e édition de Festivalise, festival du livre sur lethème du voyage : rencontres, signatures,conférences, projections... Les 6 et 7 avril.

BRIGNOLESLe Bazar du Lézard – 04 94 86 01 63Exposition des dessins et peintures de JérémieEyraud, et des sculptures d’Ivan Mathis,jusqu’au 1er avril.

CADENETAssociation l’E dans l’O - 04 90 68 38 213e édition de Les Beaux jours de la petite édition :lectures, expositions, ateliers, rencontres... Les 6et 7 avril.

GAPMairie - 04 92 53 22 70Histoire de lire sur le thème Grandes et petiteshistoires de la montagne, avec les auteurs FabianGrégoire et Frédéric Stehr : rencontres, dédica-ces, ateliers atistisques... Du 18 au 23 mars.

GAREOULTMairie - 04 94 04 94 728e édition du Printemps du livre : rencontres,dédicaces, ateliers, expositions, en présencesd’auteurs et d’éditeurs. Le 7 avril.

LA CIOTATAssociation Zygo - 04 42 08 53 3111e édition de Festival de poésie partagée, avecles poètes Sophie Monnier et Marien Guillé :rencontres, impros et déambulations poétiques,café-poésie... Du 5 au 7 avril.

L’ISLE-SUR-LA-SORGUEAssociation Dire & Lire - 06 10 64 35 0513e édition du Salon du livre jeunesse : rencon-

66AUPROGRAMMERENCONTRES

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67AUPROGRAMMERENCONTRES

tres, dédicaces, ateliers... Le 23 mars de 10h à19h.

MANESalagon, musée et jardins – 04 92 75 70 50Exposition Un loisir érudit. Le Marquis François deRipert-Monclar, photographe amateur (1844-1921),du 16 fév au 30 juin.

MANOSQUECentre Jean Giono - 04 92 70 54 54Exposition littéraire et artistique Centre JeanGiono, 20 ans de création : rétrospective qui rendhommage aux artistes contemporains qui ont sufaire approcher les territoires intérieurs del’écrivain aux visiteurs. Jusqu’au 31 mars.

MARSEILLEABD Gaston Defferre - 04 13 31 82 00 Exposition César et les secrets du Rhône, jus-qu’au 24 mars.Hors cadre, les coulisses du musée : expositionde photos de Gilles Rondeau, jusqu’au 24 mars.Document fiction et droit dans l’art contemporain :colloque organisé par le Laboratoire d’études ensciences des arts (LESA), les 19 et 20 mars de9h à 17h.

MuCEM – 04 91 54 70 544e rendez-vous sur Les Rencontres de L’autrerive  : Au bazar du genre, conférence parDenis Chevallier, ethnologue, responsabledu département recherche et enseignement,et commissaire général de l’exposition Aubazar du genre, le 14 mars à 18h30 à La Criée.

Maison de la Région – 04 91 54 54 50Décomposer l’État. Réhabiliter l’échelon local avecJean-François Hérouard, maire-adjoint deCognac, le 25 mars de 18h à 20h.Qualité de l’emploi et services à la personne : analysedes pratiques et enjeux pour l’action, conférenceproposée par le Laboratoire d’Économie et deSociologie du Travail d’Aix-Marseille Université, le28 mars de 18h à 20h.

Bancs Publics – 04 91 64 60 00Esprit de Babel, culture des cultures à Marseille &ailleurs invite à débatrre sur le thème Projetsparticipatifs : et après avec Andrée Antolini, dirdu centre social Frais Vallon, Erick Gudimard,dir des Ateliers de l’image et Pascal Raoust, chefde projet actions participatives MP2013, le 14mars à 18h30 à la Galerie La Traverse (Marseille,Le Panier).

Théâtre La Criée – 04 91 54 70 54Rencontre avec Chantal Aubry autour de sonlivre La Femme et le travesti (Rouergue) dans lecadre du Festival Avec le temps, le 28 mars.

ESADMM – 04 91 82 83 10Les épreuves du concours d’entrée à l’écolesupérieure d’arts et de design auront lieu les 13,14 et 15 mai, la date limite d’envoi des dossiersest fixée au 5 avril.

Théâtre du Petit Matin – 04 91 48 98 59Festival Le Dire des Femmes : poésie, danse,

théâtre, musique, lecture performée, vidéo… Du14 au 16 mars.La récitation du chant I de l’Eneide de Virgile parla Cie du Singulier, du 4 au 6 avril à 20h30.

Planète Emergences – planetemergences.orgFemmes de Marseille : racontez-moi votre histoire :exposition photographique et sonore orchestréepar Bernard Pesce, jusqu’au 6 avril aux loges dela Bastide St Joseph (Marseille, mairie du 13/14).

Les Têtes de l’Art – 04 91 50 77 61Les intermittents, des artistes comme les autres ?L’intermittence indemnisée : histoire et enjeux :conférence de Matthieu Gregoire, maître deconférences en sociologie, chercheur au CNRS,chercheur associé au Centre d’Etudes de l’Em-ploi, et Agnès Graceffa, historienne, chargée decours à l’Université de Lille 3. Le 19 mars de 14hà 17h30.

Maison de vente aux enchères Leclere– 04 91 50 00 00Conférences présentées par Jean-Noël Bret, à18h : La révolution gothique, conférence et signa-ture d’Alain Erlande-Brandebourg, historien del’art, le 18 mars ; Un trésor méconnu du patrimoi-ne marseillais : le rétable de Della Robbia, parBéatrice Beillard, restauratrice du Patrimoine,le 25 mars ; Duchamp confisqué, Marcel retrouvépar Philippe Sers, philosophe et critique d’art,le 8 avril.

MARTIGUESMusée Ziem – 04 42 41 39 60Exposition Résonnances, jusqu’au 21 avril.

MONTFAVETMusée Les Arcades – Centre Hospitalier –04 90 03 90 80Camille Claudel, de la grâce à l’exil – La femme, lafolie, la création : exposition de 13 œuvres del’artiste, du 30 mars au 2 juin.Colloque, sur le thème de La femme, la folie, lacréation, avec des historiens d’art, une plasti-cienne et cinéaste, un professeur de lettres, desacteurs, des psychanalystes et psychiatres, le 26avril à la salle de spectacles du Centre hospitalier.

MOUANS-SARTOUXMédiathèque – 04 92 92 43 75Abdellatif Laâbi, la fierté d’être homme : confé-rence-spectacle de Jacques Alessandra et FélixChabaud, avec la participation de Louis Isnardy,le 15 mars à 18h30.Ciné-concert Duel de Spielberg, avec le guitaristeOlivier Mellano, le 14 mars à 19h.

SAINT-CHAMASOffice de tourisme – 04 90 50 90 54Exposition de Fabrice Nesta, Figures abstraites,jusqu’au 28 avril.

SEPTÈMES-LES-VALLONSCentre culturel louis Aragon – 04 91 96 31 002e édition du Festival Overlittérature  : confé-rences, théâtre, projection… Du 22 au 24 mars.

TOULONThéâtre Liberté – 04 98 00 56 76Dans le cadre du Théma #8 Frères et sœurs, lehall du théâtre accueille l’exposition de photos deGilles Favier, jusqu’au 30 mars. Conférence Desfrères et des sœurs par Sylvie Angel, psychiatreet thérapeute familiale, le 29 mars à 19h30.

Maison de la photographie – 04 94 93 07 59Exposition L’Opéra en coulisses, photo d’OlivierPastor, jusqu’au 13 avril.

VAISON-LA-ROMAINEAssociation ACAL - 04 90 36 18 903e édition de Vaison-la-Nouvelle invite le polar :concours de nouvelles, résidences d’écriture,lectures publiques, ateliers, rencontres d’auteursautour des littératures policières... avec PascalDessaint, Jean-Hugues Oppel, Marin Ledun,Marcus Malte, Claude Mesplède, Marc Villard,Danielle Thiery... Du 13 au 21 avril.

CONCOURS Dans le cadre du 29e rendez-vous des jeunesplasticiens, du 17 mai au 8 juin, l’associationElstir – Passerelle pour l’art lance un appel àcandidature ouvert aux artistes plasticiens detoutes disciplines, sans limite d’âge et ayantmoins de 10 ans de pratique. Le dossier decandidature, téléchargeable sur www.elstir.fr etwww.saint-raphael.fr, est à adresser au Serviceculturel – pôle exposition – Sophie Bergeron –Hôtel de ville 83700 Saint-Raphaël avant le 30mars.

Le CAUE13 lance un appel à candidature pour leGrand Prix départemental de l’architecture, del’urbanisme et du paysage  : peuvent êtreprésentées toutes opérations réalisées dans lesBouches-du-Rhône depuis moins de 3 ans pourl’architecture et moins de 6 ans pour le paysageet l’urbanisme. Les inscriptions et l’envoi desdocuments peuvent se faire sur www.caue13.fr,par la poste ou sur [email protected] le 18 mars.

Le recrutement de la 5e promotion de la formationsupérieure de La Cité des Arts de la rue FAIAR est ouvert, la date limite de dépôt descandidatures est fixée au 31 mars.

Téléchargeable sur www.faiar.org

L’association Polly Maggoo, organisatrice des7e Rencontres Internationales Sciences etCinémas (RISC), lance un appel à candidatures :sont éligibles tous les films - documentaires,fictions, films expérimentaux, art vidéo, anima-tion…- dont le sujet est directement lié à desthématiques scientifiques. La date limited’inscription est fixée au 15 avril.

www.pollymagoo.org/doc_polly/risc-2013.html

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68AUPROGRAMMELIVRES

En cette Capitale européenne de la culture, où ilest plus que jamais question de culture méditer-ranéenne, la manifestation Lire Ensemble trouvenaturellement sa place. Pour la 8e année, cetteprogrammation s’attache à soutenir les artistesd’ici, et permet aux habitants du vaste territoired’Agglopole Provence (17 villes et villages) de seréapproprier les bibliothèques, de participer à desateliers, d’aller voir des spectacles… et de s’es-sayer à l’écriture grâce au concours de nouvelleschaque année très couru. Cette année le thème

met en avant les «Gens d’ici et d’ailleurs», unefaçon de voyager au travers d’histoires, de spec-tacles, à commencer par celui qui marqueral’ouverture de la manifestation (le 30 mars àSalon) : la création musicale Buena Sombra de lacie Rassegna, qui revisite des chansons popu-laires de Sicile, d’Espagne, d’Italie… Au cours dela quinzaine, spectacles et ateliers émailleront lavie des villes et villages, sous forme de baladescontées, de lectures-spectacles, d’atelier d’écriture(Jihad Darwiche en anime un à Pellissanne le29 mars), de pièces de théâtre, de lecture (la cieSenn’ga lit La Tracede Sabine Tamisier à Malle-mort le 11 avril), de rencontres (avec ClaudineGaléa, auteure, le 2 avril à la librairie Le Grenierd’Abondance à Salon), de concerts… Avantd’aborder la soirée de clôture, au Portail Coucouà Salon, où la cie Tout Samba’Lmettra son grainde folie lors de la remise des prix des concours…DO.M.

Lire Ensembledu 29 mars au 12 avrilAgglopole Provence04 90 44 77 41www.agglopole-provence.fr

Chez nous et d’ailleurs

Rassegna © Fred G

romier

Comme chaque année, la semaine de la languefrançaise et de la Francophonie irrigue le terri-toire de propositions offrant au grand publicl’occasion de manifester son attachement à lalangue française. Sous le titre Dis-moi dix motssemés au loin, la francophonie est abordée sous lebiais de formes littéraires ou artistiques, les 10mots en question -atelier, bouquet, cachet, coupde foudre, équipe, protéger, savoir-faire, unique,vis-à-vis et voilà- ayant été choisis parmi les mots,tournures ou expressions empruntés à la languefrançaise par d’autres langues comme l’allemand,l’anglais, le polonais, le portugais, le russe, lenéerlandais, l’espagnol et l’italien. À cette occa-sion, de multiples projets sont programmés danscertaines villes de la région, pour la plupart desrestitutions de projets menés tout au long del’année, mais aussi des ateliers, lectures, concours,spectacles, concerts…DO.M.

du 16 au 24 marswww.dismoidixmots.culture.fr

La dixième édition des Rencontres du 9e art pren-dra une ampleur particulière en cette annéecapitale. Labellisée MP 2013, la manifestationse prépare à accueillir des auteurs du mondeentier et ne proposera pas moins de dix-neufexpositions dans quatorze lieux différents. Unebelle édition en perspective donc, qui s’accom-pagnera d’événements dans la ville. On pourraainsi admirer, du 16 mars au 14 avril, Le manègemagique conçu et installé en haut du coursMirabeau par François Delarozière et Jean-LucCourcoult de la compagnie Royal Deluxe, ousuivre le Parcours en ville imaginé par Lolmède,qui a tiré le portrait de trente boutiques de la citéaixoise. À moins qu’on ne préfère s’attabler à uneterrasse pour lire dans La Marseillaise la suitedu roman-feuilleton Les Mystères de la Capitale,auquel la bédéiste libanaise Zeina Abirachebapportera sa contribution durant tout le mois demars. Une rencontre-lecture est d’ailleurs prévuele 31 mars au J1 à Marseille. Au rayon des expositions, on aura l’embarras duchoix : l’humour surréaliste du flamand HerrSeele et de son Cowboy Henk ; l’hommage trèsattendu de Jacques Ferrandez à Camus (ladécouverte des planches originales de son adap-tation de L’Étranger devrait être un des grandsmoments du festival) ; les illustrations de Blex-bolex ; l’artiste berlinois Jim Avignon et sonMasterplan, avec en prime un apéro concert le26 mars (car il est également musicien) et biend’autres encore. Comme tous les ans, le Mu-séum d’Histoire Naturelle est partenaire de la

manifestation;cette année, ce sont les artistes de la collectionMétamorphoses qui l’investiront pour le trans-former en un véritable cabinet de curiosités surla thématique des insectes. Le temps fort dufestival sera bien sûr le Week-end BD, du 12 au14 avril : plus de cinquante auteurs invités, unecentaine de professionnels du livre et de multi-ples occasions pour les amateurs d’échanger, de

découvriret de faire dédicacer leurs albums favoris.FRED ROBERT

Rencontres du 9e artdu 16 mars au 25 maiAix-en-Provencewww.bd-aix.com

Désir de Français

Bulles de printempsL'Etranger © Ferrandez

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69LIVRES

Dure à cuire, la narratrice, invaincue jusqu’à ladernière page, se bat becs et ongles contre lemalheur qui ne la lâche pas autant que contre lesodeurs de cuisine tout aussi prégnantes. Il fautdire qu’il n’y a que des puants dans ce roman etça renifle dès la première ligne, lui ce qu’elle aentre les cuisses et elle le chou fermenté del’automne d’avant. Le lecteur s’en prend plein lepif dès l’ouverture et fait la fermeture courbatu,l’œil nébuleux pour avoir lu la phrase fatidique«Tout recommençait comme avant». Cette riantechronique à la première personne, au titre quifleure bon l’antiphrase -Bienvenue signalantl’entrée dans une proche banlieue de Séoul- relatesans fioriture ni douceur, ni complaisanced’ailleurs, le quotidien désastreux de la jeuneYunyeong, de nos jours, au pays du Matin calme.En Corée, 12e puissance économique mondiale,on peut vivre sans trop se plaindre dans un sous-

sol aveugle vert d’humidité ou dans un containerposé sur une terrasse accessible par une échellebranlante ; on peut choisir librement de laissersa fille handicapée sans soin faute d’argent ou deservir du matin au soir des soupes grasses avantde servir soi-même de friandise aux clientsgourmands ; on sait aussi que le taux de suicidey est l’un des plus élevés de la planète. Lanarratrice est à peine sympathique dans sonpragmatisme viscéral ; survivre à tout prix sansconsidération morale, encaisser la déchéance deson corps comme rentrée de revenus supplé-mentaires, se laver les mains dans la rivière : c’estlà toute la force de ce roman froid qui sans état d’âme -l’écriture de KimYi-seol navigueaisément dans l’horreur tranquille- brosse unportrait de femme que l’on n’oublie pas dans unmonde que l’on aimerait oublier !MARIE JO DHO

BienvenueKim Yi-seol (traduitdu coréen par LimYeong-hee etFrançoise Nagel)Philippe Picquier,17,50 €

Tourner le RouergueLes éditions du Rouergue fêtent leurs 20 ans !L’aventure remonte à l’année 1993 avec laparution du petit ouvrage emblématiqued’Olivier Douzou, Jojo la mache. Ouvrageaudacieux qui lance les publications pour lajeunesse. En 1997 le premier livre de GuillaumeGuéraud arrive par la poste et lance la collectionDoAdo. De nombreux jeunes auteurs etillustrateurs feront leurs premières armes sous laférule de Sylvie Gracia, découvreuse de talents,qui rejoint l’équipe en 2001. Viendront ensuiteles collections Zig Zag (à partir de 7 ans) en 2002et Dacodac (à partir de 9 ans) en 2009. En 2010la société s’est associée à Actes Sud pour assurersa pérennité et l’avenir, suite au départ à la retraitede sa directrice. Avec sa dizaine de collaborateursLe Rouergue garde son autonomie éditoriale etson originalité. Désormais l’équipe est scindée endeux : une moitié à Arles, une autre à Paris. Pourmarquer cette fête de création paraîtra auprintemps un album, Forêt-wood, avec unecentaine d’arbres imaginaires en hommage auxforêts, au bois, au papier et aux livres ! Une nouvelle collection vient de naître quis’adresse aux lecteurs débutants : Tic Tac. Sonpremier titre, Le thé des poissons, d’une auteured’origine estonienne, Piret Raud, est un recueilamusant d’historiettes contemporaines etfarfelues illustrées, qui ont des héros aussiinattendus qu’une carotte ou un téléphoneportable ! C’est la vraie vie qui inspire enrevanche le récit d’Hélène Gaudy, jolimentillustré par Émilie Harel de l’atelier Venture deMarseille, avec la petite Amy qui décide des’enfermer dans le cagibi pour protester contre

l’incompréhension dont elle se sent victime ;décision qui permettra à la famille de trouver unnouveau mode de fonctionnement. Les adolescents seront sensibles au roman deLouis Atangana qui dénonce racisme etantisémitisme dans un récit bien ficelé. Né d’unpère congolais le jeune Damien découvre que samère est juive ; s’ensuit dans sa cité une série deréactions en chaîne et une prise de consciencelibératrice. Parmi les albums on s’émerveille du livreaccordéon de Juliette Binet qui se déplie et seraccorde par un jour de grand vent, et de celui deJean Gourounas qui joue avec des figuresgéométriques et des couleurs vives pour créerdifférentes silhouettes et attiser l’imagination. Ledernier album des marseillais GuillaumeGuéraud et Hélène Georges se déroule dans lestuyaux d’évacuation des salles de bain et donnevie à un bestiaire coloré qui joue à aiguiserl’imaginaire... C’est donc avec dynamisme quele Rouergue attaque une nouvelle période decréation à l’intention des jeunes lecteurs en leurrenvoyant un miroir de leur temps tout enrépondant à leurs interrogations ! Mais le Rouergue c’est aussi la littérature avec sacollection La Brune qui fête ses quinze ans. Sansoublier la série des livres historiques, romans desociété, thrillers, essais et livres d’art. De quoitourner des pages encore longtemps...CHRIS BOURGUE

La femme et le travesti (Rouergue) de Chantal Aubry seraprésenté à La Criée le 28 mars à 18h30 par son auteur,Macha Makëiff et la journaliste Christine Rodès

Le thé des poissonsPiret RaudTic tac, 9 €

Quand j’étais cagibiHélène Gaudy & Émilie Harel (ill.)Zig Zag, 7 €

Une étoile dans le coeurLouis AtanganaDoAdo, 11 €

Un courant d’airJuliette Binet, 17 €

GirafeJean Gourounas

15 €

Safari dans le lavaboGuillaume Guéraud &Hélène Georges (ill.)16 €

http://www.facebook.com/rouerguejeunessewww.lerouergue.com

Crudités et nouilles bouillies

RetrouveZ nos chroniques livres, et découvreZ les autres !

www.journalzibeline.fr-Beso de la muerte de Gilles Vincent-Ô Chevaux... de Hidéo Furukawa

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70LIVRES

Malheureux ceux qui restentEt si le souhait secret de Jérôme Garcin était defaire revivre les disparus ? Les proches : en 1998,il consacrait La chute de cheval à son père décédéà quarante-cinq ans ; plus récemment, en 2011,Olivier retraçait la mort accidentelle de son frèrejumeau âgé de six ans. D’autres aussi, qui ontexisté mais que la postérité a oubliés. Bleus hori-zons ressuscite ainsi la figure de Jean de La Villede Mirmont. Qui se souvient de cet écrivainfauché au Chemin des Dames à l’âge de vingt-huit ans ? Il avait pourtant déjà écrit quelquescontes, un recueil aux accents baudelairiens L’ho-rizon chimérique (dont le roman égrène quelquesstrophes) et un bref récit d’une stupéfiantemodernité Les dimanches de Jean Dézert (que LaTable Ronde a eu la bonne idée de rééditer danssa collection La Petite Vermillon). À ce jeunehomme qui rêvait d’en découdre, et peut-êtreaussi de trouver dans la guerre l’occasion d’ungrand sujet, Garcin redonne vie. Non par le biais

d’une biographie chronologique, mais grâce aurécit émouvant qu’en fait Louis Gémon, sonfrère d’armes, un personnage fictif qui donnetoute son épaisseur romanesque à l’ouvrage. Cardans l’ombre du héros mort trop tôt, c’estl’existence du survivant qui se dessine. Une exis-tence totalement absorbée dans la mémoire del’autre, qui vire (presque) à l’échec total. «J’ai cruque je survivais à Jean, mais la vérité, c’est que je mesuis tué pour lui. […] J’ai préféré son passé à monavenir. Il a été mon jumeau de guerre, mon doubleidéal, et je ne suis jamais parvenu à en faire ledeuil.» Et si écrire, pour Garcin, c’était tenter,inlassablement, de faire ce deuil ?FRED ROBERT

Jérôme Garcin présentera son livre à la librairieMaupetit le 20 avril à partir de 16h (rencontreanimée par Jean Contrucci)

Bleus horizonsJérôme GarcinGallimard, 16,90 €

Odyssée givréeDans son troisième ouvrage, le germano-mar-seillais Mika Biermann renoue avec le grandroman d’aventures des siècles passés. Commecertains de ses prédécesseurs illustres, il précisedans la préface que «rien dans ce livre n’est inventé»(la première de couverture annonce pourtant un«roman» !). Il ne serait donc que l’humble collec-teur des récits de différents protagonistes, récitsretrouvés par hasard, voire réceptionnés d’outre-tombe par un médium certifié, du moins pourl’un d’entre eux. Alors l’expédition de l’Astrofant,une «aventure authentique» ? On demande àvoir. Mais au fond qu’importe ? «L’idée de fêterl’avènement du nouveau millénaire, lors du réveil-lon du 31 décembre 2000, avec un feu d’artifice auplus profond de l’Antarctique…» a de quoi séduire

les lecteurs amateurs de défis à la Jules Verne.Alternent au fil des chapitres la verve ampouléeet quelque peu désuète du chef de l’expédition,l’argot et les obscénités des carnets du cuisinierdu bord (un personnage haut en couleur, maispas en taille puisqu’il est nain), le journal dupremier officier du navire (que le médium arécupéré d’entre les morts). On peut aussi y lireles notes d’une ichtyologue aux allures de baleineet même quelques extraits d’un livre gelé trouvédans une station scientifique abandonnée. Bier-mann a visiblement pris plaisir à créer cettepolyphonie délirante, reflet de la nef des fousque devient très vite l’Astrofant. Et on le suit vo-lontiers dans cette parodie d’expédition polaire !F.R

Un BlancMika BiermannAnacharsis, 15 €

Ils sont quatre. Une réalisatrice et deux écrivainsfrançais invités pour une semaine en Inde dans lecadre d’un festival culturel. Plus Géraldine,directrice de l’Alliance Française à Trivandrum,chargée de les accueillir dans le Sud du pays. Ledixième roman de Catherine Cusset est choral.Treize chapitres en scandent les étapes, de Roissyà Kovalam, et la durée, selon une chronologie aujour le jour et des points de vue variés. Le lecteurpasse ainsi de l’anxieuse et émotive Charlotte àRoland le séducteur sur le retour ou à Géraldinela perfectionniste fleur bleue. Aucun chapitreselon Raphaël, le jeune auteur ombrageux donton s’arrache le dernier ouvrage au parfum descandale, comme si lui seul échappait à la sondede l’auteur ; son pseudonyme Eleuthère ne veut-il d’ailleurs pas dire «libre» en grec ? Il est sansdoute le personnage le plus intéressant, le plusmystérieux aussi de ce récit fluide mais qui reste

comme à la surface artificielle du réel. Dansl’univers luxueux des grands hôtels, des voituresavec chauffeur et des soirées de gala, il reste assezpeu de place pour le pays, dont on perçoit seu-lement par intermittences la misère et la violencelatente. Là n’est d’ailleurs pas le propos. De fait,la romancière s’attache surtout à ses protago-nistes, que la parenthèse indienne va changer. Àchacun sa faille, ses souvenirs enfouis, ses deuilsà faire. Un roman psychologique bien ficelé, quibrode avec aisance sur les motifs de l’amour, ducouple, de la famille, de l’amitié… maisn’échappe pas toujours, justement, à ses propresficelles.F.R

IndigoCatherine CussetGallimard, 19,90 €

La romancière sera l’invitée des Escales en Librairies le14 mars à Saint-Rémy-de- Provence (librairie Voyageau bout de la nuit, 04 90 94 68 35) et le 15 mars àMarseille (librairie Prado-Paradis, 04 91 76 55 96)www.librairie-paca.com

Le quatuor de Trivandrum

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Peu de mots pour le direFabienne Yvert arpente les sentiers peu battusd’une poésie pleine des aléas et du dérisoire del’existence. Dans Télescopages, paru en 2010 chezAttila, elle avait mis en fiches sa vie de 1997 à2002. Depuis quelque dix ans, ce sont aussi depetits livres tamponnés que l’artiste typographefabrique chez elle à Marseille. «Les petits livres,voilà mon champ de bataille», revendique-t-elle, car,comme elle le tamponne haut et fort dans Jen’écris plus «tous ces livres dans les librairies medégoûtent/Autant de mots de blabla/Si peu de poésiede littérature».Ce qui l’intéresse ? «Le rebut palpitant, les restesdu vivant, le soi-disant insignifiant.»C’est de cettematière prétendument triviale que la poétesse faitson miel. Un miel acide, qu’elle tamponne surles pages de ses deux derniers ouvrages. Y en a

marre d’être pauvre dresse le bilan qui pourraitêtre pathétique d’une vie passée à «racler les fondsde tiroirs & les raclures de porte-monnaie». Pour-tant, même «border larmes», celle qui vit «d’emprunts& d’eau fraîche» garde les yeux ouverts sur lamisère des autres et ne perd rien de son sens del’autodérision. Quant à Je n’écris plus, cette réé-dition du texte de 2004 est une sorte demanifeste, car de l’incapacité à écrire naît unenouvelle forme de travail : «J’écris de petites phrasesqui essaient de fixer le temps.» Et une nouvelletechnique, celle du tampon, qui contraint à negarder que le nécessaire. Une économie de motsen parfaite adéquation avec l’existence précairede cette artiste originale et engagée.FRED ROBERT

Y en a marre d’être pauvre et Je n’écris plusFabienne YvertÉditions des petits livres, 10 €

71LIVRES

CD

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On a souvent entendu, ces dernières années dansnotre région, au Grand théâtre de Provence enparticulier, l’ensemble Les Siècles dirigé parFrançois-Xavier Roth jouer sur ses instrumentshistoriques. C’est en collaboration avec le Centrede musique romantique française PalazzettoBru Zane et les éditions Actes Sud que la forma-tion grave (en live) ce beau programme dédié àun musicien du XIXe siècle, du type qu’on se

plait à ignorer dans l’hexagone. Dès les premièresnotes de son Ouverture Frithiof, on mesurepourtant la puissance sombre du romantisme deThéodore Dubois (1837-1924), son lyrisme clairdans son Concerto n°2 pour piano (brillanteVanessa Wagner sur un Erard de 1874) etl’originalité d’une écriture dans un rare Dixtuor.J.F

CD Musicales ActesSud - distr. HarmoniaMundiwww.lessiecles.comwww.actes-sud.fr

Clavecin galantC’est au couvent Royal de Saint-Maximin (Var)que Brigitte Tramier (à l’origine des classes declavecin à Valence et Arles avant sa nominationau Conservatoire d’Aix-en-Provence) a enregistréces pièces de Jacques Duphly (1715-1789) : unpanorama sonore somptueux, d’une quinzainede titres, donnant une belle idée de la richesseexpressive du style «Galant» d’un éminent re-présentant de l’école française de clavecin auXVIIIe siècle. On se laisse conduire au fil d’une

formidable palette de couleurs, un jeu libre, unlyrisme souple dans les phrasés dansants d’unRondeau ou d’une Chaconne, vers quelques por-traits sonores, délicieuses miniatures dessinantdes figures mythologiques, de la commediadell’arte, d’un contemporain… le tout sur unclavecin d’époque (1738) signé Antoine Vater,facteur à qui Duphly dédia son La de Vatre. Unclavier royal !JACQUES FRESCHEL

CD Parnassie éditionsPAR 03En téléchargement surhttp://parnassie.fr

Théodore Dubois

Tout commence par un stomp de Duke : le saxde Raphaël Imbert file ses croches ballottéesavant qu’un blues lascif ne s’enfile à son train etque résonnent les sirènes d’un jazz band…Abrupto, le Quatuor Manfred, rehaussé de laclarinette de Florent Héau, livre un pur classi-que emperruqué ! Deux univers, ceux d’Ellingtonet Mozart, semblent s’édifier en parallèle, au fildes premières plages, voire s’ignorer… Pourtant,en tendant l’oreille, on perçoit qu’adroitementle monde de l’un a déjà pénétré, saisi celui del’autre, par-delà les siècles…On avait découvert ce travail de la Cie NineSpirit sur Amadeus & The Duke en 2011, au GTP.Avant cela leur concept avait marié avec bonheurBach & Coltrane autour d’un mémorable disque(Zig-Zag Territoires, 2008). Il trouve, avec cetteseconde galette, un nouveau prolongement versdes terres fusionnelles.

«J’espère contribuer à ce que leurs éclats se fondenten une seule et même lueur» précise Raphaël Im-bert. De fait, la fusion opère : l’album trace unepiste initiatique, autour de la mise en lumièred’un «classicisme» intemporel, élégant mais pro-fond, au gré d’un sens commun de la fantaisieet de la volonté de dissiper les frontières…Marion Rampal chante de sa voix grave unbouleversant Lied mozartien façon cabaret quandle batteur Jean-Luc di Fraya joue le fausset-faussaire dans un poignant standard (My Love).Sax et cordes entremêlés inventent un Eden(Heaven), au seuil duquel semblent nous condui-re deux gardes surgis d’une Flûte enchantéebalancée… Alors, après un funèbre Chopin et lamarche statuaire d’un Commandeur réincarné,au chant du cygne testamentaire de MartinLuther King, les barrières s’effacent et l’harmonierègne. Un chemin s’ouvre, possible à tous, vers

cette même Lumière maçonnique qui a éclairéles deux musiciens… où même «negro» rime avecspirituel !Au final, on plane dans l’éther d’un quintettedématérialisé (Thomas Weirich aux platines)avant que l’Ave verum ne se mue en «bœuf» surle toit d’un temple voué à la Beauté. J.F.

CD Jazz Village-harmonia mundi JV 570011www.jazzvillagemusic.com

Éclats en fusion

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On a bien des difficultés à dater la naissance desinégalités : Rousseau l’accole à celle de la pro-priété individuelle, d’autres à la possibilité destocker des ressources. L’homo sapiens a 200 000ans, et Christophe Darmangeat appelle lapréhistoire et l’ethnologie à la rescousse, pour enresituer l’évolution à grande échelle. Une bonnevieille chronologie a tendance à rendre plushumble : notre modèle de structures sociales n’estdécidément pas le seul, imparable et définitif.L’auteur a donné à son livre la forme plaisanted’un dialogue, très habile procédé permettant deparer aux objections courantes comme aux pluspointues, et de déployer son raisonnement avecélégance. Il décrit des communautés «essentielle-ment composées d’individus économiquementindépendants, politiquement libres, et armés», touten évitant l’écueil de l’idéalisation caricaturale despeuples égalitaires, qui entretiennent beaucoup

de violence meurtrière, et surtout, une conditionféminine souvent épouvantable.Alors certes, «l’histoire de toutes les sociétéshumaines s’inscrit dans une tendance générale versle développement des inégalités et l’apparition desclasses». Sans doute, mais rien ne dit que c’est unprocessus qui ne connaîtra pas d’autres étapes...dont on peut déjà rêver, ce petit livre en mains.GAËLLE CLOAREC

Conversation sur la naissance des inégalitésChristophe DarmangeatAgone, 12 €

À compléter par la lecture de l’anthologie Malheur aux riches présentée par Sébastien Lapaquechez J’ai lu (coll. Librio à 2 €), qui démontre quedans notre propre culture il n’a pas manqué decourants critiquant l’accumulation des richesses

Voici un livre qui tombe à pic en cette annéeCapitale européenne de la culture et la fin destravaux du Vieux-Port ! Le lecteur pourra s’ypromener avec des images d’antan, des souvenirset des anecdotes plein la tête. Préfacé par Jean-Claude Gaudin et postfacé par Jean-MarcAveline, Le quai de la Fraternité Marseille jouehors catégorie. Ni 100 % historique bien queGabriel Chakra (trente ans au Méridional) fasseen renaître les temps forts ; ni 100 % albumphoto de la dynastie Detaille puisque tirages etdocuments annexes viennent s’y greffer. L’origi-nalité de l’entreprise, dont la paternité revient àGérard Detaille -par ailleurs adjoint à la culturede la mairie des 6e et 8e arr.-, se situe dans lemélange des genres et les entretiens avec quelquesfigures du Vieux-Port : Ernest Zutta, ex-pro-priétaire de La Samaritaine ; Jean Sicard, notaireet mémorialiste, petit-fils du propriétaire du

Mont-Ventoux ; Monique Venturini qui fut pen-dant 20 ans aux commandes du New York. Et,comme une arête dans la bouillabaisse, DanièleGiraudy, ex-directrice des musées de Marseille,aux premières loges depuis ses fenêtres ! Reste leportfolio qui témoigne des petites et grandesheures du quai de la Fraternité «le bien nommé»,avec ses anonymes, ses commerces, ses petitsmétiers, ses bains de foules (visites présidentiellesde Loubet, Doumergue, Poincaré) ou ses cla-meurs (couronnement de Notre-Dame de laGarde, grèves…). Peut-être un prochain épisodeà partir du 12 janvier 2013 ? MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Le quai de la Fraternité MarseillePhotographies des fonds Detaille et BaudelaireTexte de Gabriel ChakraHervé Chopin, 29,90 €

Le bien nommé

LIVRES

Pour la photographieIntitulée très simplement Photo autant que lamaquette se présente sobrement, en rouge etblanc, cette nouvelle collection d’ARTE Éditionsambitionne d’explorer en douze volets l’acte pho-tographique, ses multiples courants comme seshistoires perdues. Ce premier DVD analyse quatregrands chapitres de la photographie abordablesséparément mais complémentaires : La photogra-phie surréaliste, La nouvelle objectivité Allemande,Les primitifs de la photographie etLa Photographiemise en scène. Techniques, histoire, démarchesscientifiques, artistiques, parti-pris et polémiques-art ou simple enregistrement littéral du réel ?-sont mis en perspectives. Impardon-nable doncd’ignorer ce qu’est une photo au collodion humi-de, la différence entre un calotype et un

daguerréotype, comment Jeff Wall ou les Becherconçoivent leurs dispositifs après les Nadar,Bayard (en noyé), Man Ray ou les brûlagesd’Ubac. Simplicité, intelligibilité, richesse infor-mative et iconographique caractérisent cettecollection conçue par Stan Neumann co-auteurd’une précédente Architectures qui fit date.Manquerait-il un livret ou un répertoireinteractif en ligne pour en prolonger tous lescheminements ? On attend avec une évidenteimpatience les prochaines livraisons. CLAUDE LORIN

Photo Vol 1DVD Arte Éditions, 20 €

L’égalité à naître

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Antonio Altarriba porte le mêmeprénom que son père ; c’est peut-être cela qui l’a encouragé à sefondre en lui et à raconter à lapremière personne l’histoire de cefils de paysan d’Aragon parti à laconquête d’une vie citadine. Ro-man graphique mis en images ennoir et blanc par Kim, célèbredessinateur catalan, qui raconte lavie de celui qui lutta pour la justice,s’enrôla auprès des républicains,participa à la guerre civile, connutle franquisme et l’exil en France, laseconde guerre mondiale et revintdans son pays vivre une autre formed’exil... Vie amoureuse ratée, ami-tiés souvent trompées. La gestationde ce livre fut laborieuse car l’auteuren chercha la forme pourêtre au plus prèsde la vérité et duressenti. La BDl’emporta quidéveloppe par desmétaphoresvisuelles des sensa-tions trop lourdes àrestituer. Le livrerend hommage àcet homme qui s’estsuicidé en se jetantpar la fenêtre de samaison de retraite.Déclaré meilleur roman gra-phique en Espagne en 2010 ilne cesse d’être traduit et louécomme hommage vibrant àla conquête de la liberté.Un titre coup de poingpour une autre histoiretristement banale, enquelque sorte : unebagarre de jeunes dans

une cité pauvre des années 70 quifinit mal, très mal. Tout ça pour unehistoire de K7 ! Dans ces années làune K7 avait une valeur terrible etles jeunes se la refilaient, chacun ymettait son morceau préféré.Jusqu’au jour où on ne sait plus quia la K7. Suspicion, accusations, unmot de trop, l’injure suprême «Filsde pute !» et le drame. Fin d’uneépoque. L’épilogue établit unconstat amer sur ces vies briséespour rien. Gilles Rochier réussit unalbum efficace au dessin précis ennoir, blanc et sépia, variant cons-tamment le format des vignettes,n’hésitant pas à faire de grandsdessins pleine page.CHRIS BOURGUE

Ces deux albums sontsélectionnés pour le Prixlittéraire des lycéens PACA2013

TMLP - Ta mère la puteGilles Rochier6 pieds sous terre, 16 €

L’art de volerAntonioAltarriba & Kim

Denoël Graphic,23,50 €

Sociétés en péril

C’est l’histoire d’une petite fille dont la soeur et les cousins déclarent qu’elleserait une huître si elle était un animal ! Myriam se sent terriblement vexéeet décide de rester dans sa coquille. Plus de jeux, plus de communication,la guerre est déclarée. Une huître n’entendpas, ne parle pas et occupe des heures la bai-gnoire. Mais elle peut fabriquer des perles...Un petit récit charmant qui ne manquera pasde provoquer des discussions sur les relationsdans la famille. D’ailleurs son auteure,Raphaële Frier, Marseillaise née à Bordeauxconnaît bien les huîtres et les enfants !C.B

Tu serais une huîtreRaphaële Frier Thierry Magnier, 5,10 €

Une perle ?

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74RENCONTRES

Vingt heures. L’apéro bat son plein au WAAW(What An Amazing World, bistrot culturel entrele Cours Julien et La Plaine). Mousse de la musi-que, des voix, des bières. Pourtant, ce n’est pas unsoir comme les autres. Attablés dans un coin dela salle, les quatre chroniqueurs du jour sont finprêts. Avec ou sans notes, ils vont défendre oudescendre les six BD sélectionnées. Depuis 2009,Marseille s’est engagée dans le concept RagingBulles, imaginé par un Bordelais et largementsoutenu par l’association Massilia BD et lalibrairie La réserve à bulles. Aujourd’hui, ceschroniques BD mensuelles et en public se dé-roulent simultanément à Bordeaux, à Marseilleet à Toulon. Chaque mois, six ouvrages sontproposés à la critique d’une dizaine de chroni-queurs tournants, pas forcément des spécialistesmais assurément des amateurs éclairés. La sélec-tion, large, comporte toujours au moins unmanga et un comic. Les BD choisies sont misesà la disposition du public durant tout le moisprécédant la rencontre. Ainsi, chacun peut venirles lire au WAAW et intervenir librement lors dela session. Raging Bulles, le nom sonne comme

un uppercut, mais la joute verbale, pour passion-née qu’elle soit, n’a rien d’agressif. Ce qui frappesurtout, c’est l’érudition de ces enragés de bulleset l’acuité de leurs analyses. L’animateur distri-bue équitablement la parole. Le public intervientsouvent. Le ton est libre et détendu, le dialoguevif, les formules percutantes. Bref, un débat à laloyale qui envoie au tapis pas mal d’idées reçuessur le monde de la BD.FRED ROBERT

Raging Bulles se déroule au WAAW, Marseille,chaque dernier jeudi du mois à 20hwww.waaw.frwww.ragingbulles.fr/marseille

Un soirWAAW !

Soire�e Raging Bulles au WAAW © The�o Gremillet

Ce qui est profondément rassérénant quand onécoute Tzvetan Todorov, c’est que sa pensée seconstruit sur des concepts affirmés et qu’on yretrouve, alors qu’il parle du problème concretde l’exercice d’une justice universelle, un universintellectuel articulé finement autour de la penséehumaniste. Il commence ainsi son exposé par unpostulat qui commente Pascal et Montesquieu,affirmant qu’il existe un «sens universel» de laJustice, et que «on ne peut admettre une justicerelative qui serait valable au-delà des Pyrénées etnon en-deçà». Il conclura en citant Montaigne :«l’existence humaine est un jardin imparfait» etnous n’avons pas à rougir de choisir une voiemoyenne.Pourquoi ? La Justice universelle que les nationsessaient de mettre en place depuis Nurembergne fonctionne pas. Et, ne peut fonctionner, sou-mise qu’elle est aux nations les plus fortes.Son exposé le démontre par l’exemple : le Tri-bunal Pénal International, contemporain desévénements qu’il juge, a employé les termes de«génocide» et «crime contre l’humanité» contreMilosevic, à partir des chiffres avancés de 100 000

à 500 000 morts au Kosovo, crimes réels maisdont on sait aujourd’hui qu’ils firent 4 000 morts,et 2 000 disparus. La raison de cette qualificationdes faits erronée est avouée par l’OTAN : «noussommes les bailleurs de fonds du TPI», il fallaitdonc que l’OTAN justfie l’emploi de la force.La Cour Pénale Internationale souffre d’autresmaux, dus au manque de moyens : économiques,qui l’empêche d’enquêter et donc l’amène à jugerd’après des preuves recueillies par les plaignants ;statutaires, puisqu’elle ne peut accuser que ceuxqui ont ratifié sa convention, et que ni les USA,ni la Russie, ni la Chine ne l’ont fait ; les membrespermanents du Conseil de sécurité de l’ONUsont au-dessus de la loi, ainsi que leurs protégésgrâce à leur droit de véto. Ainsi la CPI, censéed’après Kofi Annan «protéger les faibles et punirles crimes des puissants», a laissé envahir l’Irak etbombarder les populations civiles sous unprétexte fallacieux ; n’agit en rien contre lescrimes d’Israël en Palestine ; de la Russie enTchétchénie ; de la Chine au Tibet : elle n’en apas les moyens. Les inculpations de la CPI, 28 àce jour, concernent toutes des chefs d’État Afri-

cains ! Et la Cour est toujours saisie par les vain-queurs, qui transforment leurs ennemis encriminels et camouflent leurs propres exactions.Une justice sélective, qui ne frappe que les vain-cus, est-elle encore une justice ? «On poursuit lesmenus rats alors que les gros rats s’échappent», disaitOrwell à propos de Nuremberg. Le TPI et la CPIne font pas mieux.D’où le choix de la voie moyenne : si la justiceuniverselle, soumise à la force, ne fonctionne pas,la justice internationale progresse. Car «on a plusde chance d’être juste lorsqu’on reste modeste etempirique qu’avec un grand dessein» : TzvetanTodorov prône la collaboration entre nations,«l’agglutination et le bricolage». Qui peut com-mencer par des problèmes résolubles : les crimeséconomiques (paradis fiscaux) ou écologiquessont à portée d’action !AGNÈS FRESCHEL

Tzvetan Todorov intervenait dans le cadre d’Échange et diffusion des savoirs à l’Hôtel du département, Marseille, le 7 mars

La Justice et la Force

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Une fois par mois, le dimanche matin, il est pos-sible d’aller s’attabler aux Grandes Tables de LaFriche pour prendre, non pas un air de messemais un bain littéraire que l’atmosphère domini-cale, vaguement somnolente encore et trèsdétendue, rend d’autant plus plaisant. À l’air livreest un cycle de rencontres publiques organiséespar La Marelle en partenariat avec La Friche,

diffusées sur Radio Grenouille (88.8). En 2013,ces rencontres se dérouleront généralement du-rant les week-endsMade in Friche. C’était le cas le17 février. Pascal Jourdana recevait FrançoisCervantes, un habitué des lieux puisqu’il y aancré pendant plusieurs années sa cie L’Entrepriseet qu’il y donnait ses deux dernières créations Leprince séquestré et Carnages (voir Zib’60). Invité

en tant qu’auteur, cet homme de théâtre pas-sionné, qui a écrit des pièces mais également desnouvelles, des romans et des essais, est revenulonguement sur son entrée en écriture qu’il faitremonter à l’âge de douze ans, lorsque sa familleest rentrée du Maroc. Pour le jeune garçon, ceretour s’est accompagné d’une impression deperte de chaleur, de distance. Se rappelant sonpère qui lui reprochait son mutisme d’alors,Cervantes affirme qu’il a «commencé à écrire pourapprendre à parler». Convaincu que la parole estsupérieure à l’écriture, il voit cependant celle-cicomme un «pont vers l’autre», une façon desortir du silence. Mais une fois le texte écrit, ils’agit qu’il devienne voix. C’est ce mystère quicontinue d’inspirer Cervantes. Que ce soit par lebiais du masque, dont il a redit l’importance, oudu clown, l’acteur, au-delà des traces que l’auteura laissées sur le papier, doit remonter à la sourcede l’écriture, jusqu’au «silence qui circule entrenous avant la parole». C’est cela que lui drama-turge essaie à chaque fois de faire émerger, «lenous qu’on porte en soi» et «les morceaux de textesqui sont déjà à l’intérieur des acteurs». Cela prenddiverses formes et des temps de création très va-riables (d’une semaine à quinze ans !). Mais danstous les cas, il y a le désir de garder au travail soncaractère artisanal, de faire de chaque soirée uneœuvre et une rencontre uniques, de rendrecompte par l’écriture d’un monde contemporain«assez magique et bouleversant». Une conver-sation, intime et forte, à l’image des spectacles decet insatiable curieux des formes.FRED ROBERT

Prochaine rencontre À l’air livre, le 17 mars, avec Arno Bertina et Anissa Michalon

Écrire la voix qu’on

entend

Sur les routes de la fictionLes rencontres à la BDP sont très féminines cesderniers temps. Après le duo Camille Laurens/Laurence Tardieu en janvier (voir Zib’59) etavant Michèle Lesbre en avril, c’est Ingrid Tho-bois qui était l’invitée du cycle Écrivains endialogue. Elle a parlé un peu de ses voyages, beau-coup de sa façon d’appréhender le monde et desa manière d’écrire des fictions en prise avec laréalité la plus contemporaine. Elle a évoqué toutcela avec sa fraîcheur et son naturel coutumiers,principalement à partir de ses deux derniersouvrages : Recto Verso (avec les photographies deTéobaldi, paru aux éditions Thierry Magnierdans l’intéressante collection Photo Roman) etSollicciano (éd. Zulma), dont la comédienneVirginie Comte a lu de larges extraits. Évoquanttout d’abord son «obsession du visuel», elle a ex-pliqué son système d’«écriture polaroïd», cesinstantanés dont elle remplit les carnets qu’elle atoujours sur elle, et pas seulement lorsqu’ellevoyage. Le point de départ de son écriture esttoujours visuel : «Tout le reste du texte constitue lehors-champ de ce plan séquence initial» nécessaireà la naissance de la fiction. Pour elle, la fictionreste la manière la plus concrète de faire éprouver

le réel. Elle décrit joliment celui-ci comme «uneaspérité où s’accroche la fiction», qui lui permet dese laisser traverser par l’expérience d’un autre. Carl’écriture selon Thobois, ce n’est pas raconter unehistoire, encore moins parler de soi ; c’est, com-me dans le voyage, partir à la rencontre des autres.C’est également rendre compte de la complexitédes choses, d’où sa prédilection pour les récitspolyphoniques, la fragmentation des points devue. Ingrid Thobois reviendra en septembre à Mar-seille pour une résidence d’écriture à La Marelle.Au programme : recettes de famille et histoiresde cuisine. On s’en régale d’avance !FRED ROBERT

Ingrid Thobois était aux ABD Gaston Defferrele 4 mars dans le cadre d’Écrivains en dialogue

À venirMichèle Lesbrele 9 avril à 18h30ABD Gaston Defferre, Marseille04 13 31 82 00www.biblio13.fr

76RENCONTRES

Franc�ois Cervantes ©

L'entrepriseIngrid Thobois ©

John Foley

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Le 5eFestival Un Max’de Poésies organisé par laZip de Barjols et les éditions Plaine Page avecla complicité de la ville deSaint-Maximin animede son souffle créatif les rues et les structuresculturelles. Cette année, Nina Kibuanda, comé-dien, slameur, metteur en scène, intervient auprèsdes publics scolaires et associatifs. Un court recueilcomposé à quatre mains avec Bruno Vieillescazes,Baisers de ma solitude, est publié à l’issue de larésidence par les éditions Plaine Page. Les deuxvoix se conjuguent, l’une plus classique, où flottele parfum de Verlaine, Rimbaud, Pérec ou Bau-delaire, l’autre dans le rythme, le goût des échos,des sons, des répétitions incantatoires. Cettepoésie prend sa force lorsqu’elle est dite, martelée,affirmée, contée, lorsqu’elle invente une esthé-tique du partage. Nina rend hommage à son

professeur, Marx Michel qui lui a donné le goûtdes mots, «par lui, j’ai compris que les mots sontune pâte à modeler».Le travail avec les enfants ? «Cela me permet derester humain. La poésie est partout et remet les êtresau centre.» Les enfants (Quentin, Florian, Mélis-sa, Ylane, Shanna) qui ont participé à ses ateliersdisent leurs poèmes, «Ma vie est libre et prisonnièreà la fois», «je suis la statue de ta liberté». Leurconviction égale la densité de leurs mots…D’autres poètes sont invités, Pauline Cathe-rinot, avec Danoshk, bouleversant… La poésieest vécue, vivante, intense.MARYVONNE COLOMBANI

Cette rencontre a eu lieu le 2 mars à la librairie Le Jardin des Lettres, Saint-Maximin

À l’heure où paraît le dernier épisode de sonroman feuilleton Les Heures claires écrit à Istres àl’occasion d’une résidence, Jakuta Alikavazovicest l’invitée d’une lecture-rencontre au J1. Ellebrave les coups de mistral qui cognent aux paroisvitrées pour répondre avec enthousiasme auxquestions de Thierry Guichard, fin connaisseurd’une «œuvre» qu’elle a du mal à nommer ainsi.Corpus, peut-être… Elle évoque rapidement LesHeures claires, et s’attarde sur son dernier opusLa Blonde et le bunker, par phrases sinueusesponctuées de blancs, de détours et de retours enarrière… À l’instar de son écriture dont «l’unitéde mesure» n’est pas le paragraphe ! Et, quandelle décide de lire deux extraits du feuilleton, sadiction emprunte les mêmes chemins, collant aumot qui stoppe net et ouvre sur d’autres motspossibles. Comme si ses textes jouaient à cache-cache avec les mots, les idées, les images, lessituations et les personnages. Il en va de sonécriture par truchements et disparitions comme

des personnages qui s’incrustent dans ses livres,identiques malgré le travestissement de leursprénoms : «Un clin d’œil au lecteur, précise-t-elle,mais chaque roman existe par soi et en soi. Lepersonnage est bien sûr une convention mais onentretient avec lui une relation affective, on s’attacheà ce qui résiste chez lui.» La rencontre, éclairante,questionne ses thématiques obsessionnelles :l’identité, l’absence, l’art, les mythes, dont celuid’Eurydice. Quand on l’interroge sur sonrapport à la photographie («le lien à l’image tientdu désir») et aux livres, elle ouvre exception-nellement une fenêtre sur l’intime pour raconterune anecdote familiale. Puis revient vite àl’essentiel, la construction de son écriture : «Lemieux, c’est quand rien n’est pressenti. Une fois decôté les brouillons et les matériaux annexes, jecommence à écrire. C’est comme une forme decontamination par l’irréel et le fantastique»… etdu fantastique, La Blonde et le bunker n’enmanque pas !MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

La Blonde et le bunkerL’Olivier, 16,50 €

La lecture-rencontre a eu lieu le 24 février dans le cadrede MP2013, en partenariat avec La Marseillaise etLibrairies du Sud

77RENCONTRES

La brune et le J1

Mensuel gratuit paraissant le deuxième mercredi du moisEdité à 32 000 exemplairesimprimés sur papier recyclé

Edité par Zibeline SARL76 avenue de la Panouse | n°1113009 MarseilleDépôt légal : janvier 2008

Directrice de publicationRédactrice en chef Agnès Freschel [email protected] 06 09 08 30 34

Imprimé par Rotimpress 17181 Aiguaviva (Esp.)

photo couvertureUn kiosque à MarseilleAgnès Mellon095 095 61 70photographe-agnesmellon.blogspot.com

Secrétaires de rédaction Dominique Març[email protected] 23 00 65 42

Delphine [email protected] 65 79 81 10

Arts VisuelsClaude [email protected] 25 54 42 22

LivresFred [email protected] 82 84 88 94

MaquettistePhilippe [email protected] 19 62 03 61

Directrice commercialeVéronique [email protected] 06 63 70 64 18

Musique et disquesJacques [email protected] 20 42 40 57

Frédéric [email protected] 03 99 40 07

Dan [email protected]

CinémaAnnie [email protected] 86 94 70 44

Élise [email protected]

Philosophie Régis [email protected]

SciencesChristine [email protected]

PolyvolantesChris [email protected] 03 58 65 96

Maryvonne [email protected] 62 10 15 75

Gaëlle [email protected]

RetrouveZ Zibeline et vos invitations sur notre site www.journalzibeline.fr

Marie-Jo Dhô[email protected]

Marie [email protected] 64 97 51 56

Anne-Lyse [email protected]

La Régie Jean-Michel [email protected] 22 17 07 56

Collaborateurs réguliers : Kévin Derveaux, Yves Bergé,Émilien Moreau, ChristopheFloquet, Thomas Dalicante, Pierre-AlainHoyet, Clarisse Guichard,Christine Rey

Des mots filant comme des étoiles

Jakuta Alikavazovic © Em

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Axel Kahn, Docteur en médecine et Doc-teur ès sciences, spécialiste de l’éthiquede la médecine et de la génétique, nouslivre avec force conviction les valeursqui fondent son engagement, liées à sacondition d’homme et de chercheur.«Nous ne pouvons penser à nous sans uninstant suivant…» écrit François Jacobdans Le jeu des possibles. Seul l’hommea conscience du temps qui passe et desconséquences de l’âge. C’est cette ques-tion qu’Axel Kahn décide d’approcherdans Les âges de la vie en confrontant lavision donnée par les mythes et les artset le regard des sciences. L’historien etcommissaire d’expositions Yvan Brohardpropose une riche sélection d’illustra-tions en écho aux réflexions humanistesdu généticien, iconographies classiquesissues des plus grandes collections aussibien que photographies contemporaines.La reproduction de couverture choisiepar les auteurs en dit long sur le propos :sculpture de Mauro Corda (2000), Le grandcycle de la vie représente une femme àdifférents âges dans une progressioncyclique où la fillette succède à la fem-me âgée. Une manière d’illustrer lasuccession des générations qui rappelle-pour Axel Kahn- la conception pasca-lienne du progrès : «… toute la suite deshommes, pendant le cours de tous lessiècles, doit être considérée comme unmême homme qui subsiste toujours etqui apprend continuellement.»Plusieurs âges de la vie retiennent enparticulier son attention. L’adolescenced’abord le fascine ; invention sociale duXIXe siècle, elle décrit néanmoins unâge particulier, le «seul vrai âge de la vieoù le corps et l’esprit se transformentprofondément chez un être profondé-ment conscient de cette transformation».La maternité a ensuite toute sa tendres-se ; la photo d’une future mère Himbacaressant avec fierté son ventre rondrappelle que les femmes sont à l’originedu monde. La vieillesse et ses combatspour en retarder l’outrage sont un sujetd’indignation ; car si jadis les anciens,éloignés des passions, jouaient un rôlesocial à part, «source respectée de

sagesse», le vieillissement dans les so-ciétés modernes est «l’âge de l’inégalitéabsolue» : son impact est le reflet desdisparités économiques et sociales.La subjectivité esthétique transparaîtdans la passion avec laquelle l’auteurdéfend les œuvres choisies par YvanBrohard ; pour autant, après s’être consa-cré aux objets scientifiques avec unrationalisme qu’il revendique, il s’enga-ge aujourd’hui pour défendre «l’humanitéen chacun de nous», avec la même ra-tionalité, s’appuyant sur un corpus devaleurs qu’il explicite, attendant de sesinterlocuteurs qu’ils puissent les contre-dire ou -de préférence- se les approprier.Le point de départ de cette quête estéthique : pour lui, l’homme est un êtresocial dont la morale s’appuie sur lacapacité à penser la réciprocité, c’est-à-dire à reconnaître la valeur de l’autre.Leçon parfois un peu magistrale maistout à fait salutaire.CHRISTINE MONTIXI

Axel Kahn était invité à la librairie Saint-Paul le 7 févrierdans le cadre d’Escales en Librairies

Les âges de la vieAxel Kahn et Yvan BrohardLa Martinière, 39 €

78SCIENCES

AIX-EN-PROVENCELe 21 mars à 19h, conférence d’OlivierGroussin, astrophysicien au LAM(Laboratoire d’astrophysique de Marseille) :À la rencontre des comètes.

Planétarium04 42 20 43 66www.aix-planetarium.fr

ARLESCafé des Sciences le 14 mars à 20h30. BrunoPoucet, du Laboratoire de neurosciencescognitives (LNC) de Marseille, sur le thème :Quand la mémoire défaille.

Café Malarte04 90 96 03 99

CAVAILLONDans le cadre du Festival Sciences et fictions,l’association Pesco Luno propose une après-midi astronomique le 13 mars.

Jardins de l’Office de Tourisme04 90 71 32 01www.cavaillon-luberon.com

GAPLe Printemps des chercheurs sera cette annéeaxé sur la rencontre avec les scientifiques etl’expérimentation. Du 20 au 27 mars.

Médiathèque, Centre Social centre-ville, Foyerdes Jeunes Travailleurs04 92 53 92 70http://printempsdeschercheurs.fr

GARDANNE MP2013À partir du 22 mars, H2O, balade scientifique,parcours numérique développé par la Ville deGardanne et le site Charpak de l’École desMines de Saint-Etienne.

Départ Office du Tourisme04 42 51 70 31www.ville-gardanne.fr

ISLE-SUR-LA-SORGUEPour fêter le printemps, l’association PescoLuno propose une soirée d’observation duciel le 16 mars au Centre de loisirs Saint-Jean.

04 90 71 32 01www.pescoluno.phpnet.org

MARSEILLEDans le cadre de La semaine du cerveau, du11 au 17 mars, ateliers animés par les PetitsDébrouillards pour les enfants de 8 à 12 ans :le 13 mars à 14h, Bibliothèque de Saint-André (04 91 03 72 72) et le 17 mars à 14h,Bibliothèque du Merlan (04 91 12 93 60).Le 13 mars à 18h, Muriel Marion(vétérinaire comportementaliste) : Les émotions chez les animaux decompagnie ; le 14 mars à 18h, BernardSablonnière, Professeur à la Faculté deMédecine de Lille : La chimie des sentiments ;le 15 mars à 18h, le psychiatre Christophe

Iconeset sciencesde l’âge A

GENDA

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Boulanger-Marinetti : Lebinge drinking des adolescents.Du 12 au 16 mars dans ledépartement Sciences ettechniques, expositionréalisée par la Direction del’information scientifique et dela communication de l’Inserm :La chimie de l’amour

BMVR Alcazarwww.bmvr.marseille.fr

Le 18 mars, rencontre avecNazim Kourdougli etCharlène Guillot, doctorants,sur la recherche enNeurosciences et sur le thèmeLe cerveau en émoi.

Maison Municipale Denis Papinwww.semaineducerveau.fr/2013/France.php

Dans le cadre des actionsScience et Citoyennetésoutenues par la Région PACA,Forum de synthèse Les Nanosdans la peau, débats,projections et expositions, le19 mars de 14h à 17h pour leslycéens, de 17h30 à 20h30pour tous les publics avecMichel Vauzelle, Président dela Région PACA, MargritHanbucken, Directrice deRecherche CNRS, GérardStehelin, Président del’association ARCSIS et Jean-Yves Duboz, Directeur duCentre de Recherche surl’Hétéro Epitaxie et sesApplications du CNRS…

Hôtel de Régionwww.nanos-dans-la-peau.frwww.asts.asso.fr

1ère rencontre du cycle Regardssur le XXIe siècle, uneconférence animée par PedroLima le 21 mars à 18h30.Gilles Pison, président duconseil scientifique de l’IRD,évoquera la croissancedémographique et le vieil-lissement de la population : 7milliards d’hommes en 2013, 9milliards en 2050.2e rencontre : Malnutrition etfaim dans le monde :réinventer les politiquesalimentaires ? Avec YvesMartin-Prével,épidémiologiste, et CarineMagen anthropologue de lasanté, le 28 mars à 18h30.3e rencontre : Quelle transition

énergétique pour quellesénergies du futur ? AvecMichel Goria, Directeurrégional adjoint de l’ADEME etJean Jacquinot, conseillerscientifique auprès del’Administrateur général duCEA, le 4 avril à 18h30.

ABD Gaston Defferre04 13 31 82 00www.archives13.fr

L’association Andromèdeorganise une conférence le 22mars à 20h30 : Des «Stars»dans le ciel : les supernovaepar Alain Mazure, Directeurde Recherche auCNRS/Laboratoired’Astrophysique de Marseille.Le 5 avril à 20h30, FrançoisMignard, Directeur deRecherche au CNRS,interviendra sur le thème Le satellite GAIA va-t-il changerla distance des étoiles ?

Ancien Observatoire deMarseille04 13 55 21 55 www.andromede13.info

Les Jeudis du CNRS : Le rôledes mathématiques dansl’élaboration de traitementspersonnalisés des cancers,conférence de GuillemetteChapuisat, du laboratoired’analyse topologie etprobabilités, le 4 avril à 18h.

CNRSwww.provence-corse.cnrs.fr

7e Édition du Printemps deschercheurs, du 8 au 27 avril :découvertes récentes, sujetsd’actualité et résonancesartistiques en lien avecMP2013

http://printempsdeschercheurs.fr

TOULONLever de voile sur l’invisibilité,conférence de Frédéric Zolla,professeur à Aix-MarseilleUniversité et chercheur àl’Institut Fresnel. Lesphysiciens étudient lapossibilité de dissimuler unobjet ou de le rendretransparent grâce à certainsmétamatériaux… le 14 mars à 18h30.

Campus de La Garde, Amphi 0804 94 14 20 00www.univ-tln.fr

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