Zibeline n°22 en PDF

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du 17/09/09 au 15/10/09 | un gratuit qui se lit 22 (culturelle)! Bonne rentrée

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Les Chaisesavec Michel Robin, Clotilde de Bayser et Jean Dautremay.

d’Eugène Ionesco

Mise en scène de Jean Dautremayassisté d’Anne-Marie BurleScénographie et costumes de Guénolé AzerthiopeLumières de Stéphanie DanielRéalisation sonore de Jean-Luc Ristord

Une coproduction Comédie-Française, Studio-Théâtre,Théâtre du Jeu de Paume (Aix en Provence) - producteur délégué pour la tournée.

La Comédie Française

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Le Théâtre du Jeu de Paume présente

Du 2 au 10 octobre 2009

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POLITIQUE CULTURELLE BJCEM 6

RETOURS DE FESTIVALSAvignon 8, 9Avignon Off 10, 11Musique 12 à 21Danse 20

SPECTACLESCirque/Arts de la rueArles, Caressez le potager, Karwan 22Small is beautiful, Radio Grenouille, Préavis de désordre 23ThéâtreActOral, Les Informelles 24La Criée, le Merlan, le Massalia 26Le Gymnase/le Jeu de Paume, le Toursky, le Maquis 27Ouest Provence, Théâtre Durance 28Martigues, Cavaillon, Avignon, Nîmes, Port-de-Bouc 30, 31DanseGTP, le Gyptis, Nîmes, Au programme 32, 33MusiqueConcerts 34 à 39

SAISONSLe Merlan, la Minoterie, le Lenche, le Massalia, Salon 40, 41Nîmes, Arles 423bisf, ATP (Aix), le Périscope (Nîmes) 43Grasse, Sainte-Maxime 44Châteauvallon, Draguignan, le Revest-les-Eaux 45Avignon : Carmes, Halles, Chêne Noir, Doms, Ring, Chartreuse, Opéra-Théâtre 46, 47Saisons musicales 48, 49

CINEMAMarseille à Lussas, le Liban à Avignon, Rousset 50, 51Rencontres du cinéma européen, les rendez-vous d’Annie 52Films Femmes Méditerrannée, Aubagne, La Ciotat 53

ARTS VISUELSAu programme 54, 55Vieille Charité, Petit Palais 56Aubagne, La Ciotat 57Galerie Sabine Puget, Beaucaire, Art-O-Rama, Toulon 58

POESIEEntretien avec Julien Blaine 60

LIVRESEcritures croisées, ADAAL, Ecrivains en dialogue, Rencontres de l’édition indépendante 62Barjols, Les Littorales, la Semaine Noire 63Manosque, Mouans-Sartoux 64Livres : littérature, arts, conférences 66 à 72

FORMATIONGastronomare, Aubagne, Vert-Pré 74Les Trottoirs de Marseille, ESBAM, Badaboum Théâtre, ICI 75

PATRIMOINELes Journées du Patrimoine 76, 77Musée Départemental de l’Arles Antique 78

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Un drôle d’été. Passé de festivals en festivals à voir des spec-tacles d’hommes, à écouter des débats d’hommes, de la musiqued’hommes, lire des articles d’hommes sur des hommes de pouvoir.Et plonger dans des livres de femmes, parce que là on a le choix.Puis retrouver à la rentrée des saisons où l’on se réjouit, parfois,de croiser un nom de femme… La régression est telle aujourd’huique certains risquent une explication : les femmes seraient moinscréatives (de bonnes interprètes), et fuiraient le pouvoir (debonnes exécutantes). Par nature ?Ce que certains se permettent de penser des femmes soulèveraitun tollé si on l’avançait pour les Noirs. Si l’on prétendait que, parnature, ils sont moins portés au concept, à la réflexion. Quoique… Ne courent-ils pas naturellement plus vite ? Ne sont-ilsdoués d’une sensualité «animale» ? Ne sont-ils pas restés horsde l’Histoire ?Voilà que surgissent, au détour de propos officieux, volés à lasortie d’un meeting, d’un avion, des mots «inacceptables». Ona accepté pourtant que le ministre de l’identité nationale fasseaugmenter le taux des expulsés, arrêter les enfants au sortir desécoles, et renvoyer «chez eux» des hommes prêts à mourir pourrester où nous avons naturellement le droit d’habiter. Et l’ons’étonne que cet homme ne soit pas un adepte de l’égalité desêtres ?Nous-mêmes, qui tolérons le prix payé pour nous protéger d’unegrippe sans doute peu dangereuse, comment survivons-nousquand 2500 enfants africains meurent du paludisme chaquejour? Pourquoi dépensons-nous 1milliard et demi d’euros, alorsqu’avec moins de deux fois ce budget par an le Fonds MondialSida sauve 2000 Africains par jour ? Quant à la grippe, pourquoil’OMS n’impose-t-elle pas un Tamiflu générique pour les pays dusud ? Un homme vaut-il un homme ?AGNÈS FRESCHEL

Égalités

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Le 26 juillet 1963 à 5h17, le temps s’estarrêté à Skopje, dévastée par un trem-blement de terre. Les aiguilles de l’horlogede la gare en témoignent encore. Une se-cousse sismique bientôt suivie par lessecousses des conflits ethniques entreMacédoniens et Albanais qui fragilisèrentl’économie du pays et de sa capitale…Dix-huit ans après la naissance de laRépublique de Macédoine, la ville meur-trie est en reconstruction, en devenir,dans l’attente de son adhésion à l’Unioneuropéenne espérée depuis 2004 parplus de 85 % de sa population. L’avenirde la République de Macédoine résidedonc dans le résultat de ce dialogue avecl’Union européenne.C’est dans ce contexte particulier quela BJCEM a investi la cité, répandantl’enthousiasme qui la caractérise dansdix-huit lieux des quartiers orthodoxeet musulman, de part et d’autre du fleuveVardar. Avec, dans son sillage, un publicmétissé et des macédoniens plus nom-breux chaque jour.

Les découvertes 2009La palme de l’enthousiasme collectifrevient au groupe français Ifif Betweenqui a enflammé le City Square Macedoniaet le City Park jusque tard dans la nuit.Cassant l’image métal avec la voix et laprésence percutantes de Nolwenn Don-net-Descartes, il n’a eu aucun mal àembarquer le public sur ses chemins detraverse. Même engouement pour lacompagnie L’Individu qui a fait revivrele feuilleton américain Dallas dans uneversion enlevée, musicale et drôle.Décapante, la pièce de Charles-Éric Petit,Notre Dallas1, a reçu une salve d’applau-

dissements des spectateurs français,macédonien et étranger. Au point de ra-jouter une date de représentation auDrama Theatre Skopje !Même si des disparités demeurent ausein même des délégations, la BJCEMreste une plate-forme unique de produc-tions artistiques et un véritable élémentfédérateur. Un miroir de la création émer-gente, et de son «narcissisme» parfois…Sous la houlette de l’Espace CultureMarseille qui coordonne depuis plus de20 ans la participation des artistesmarseillais et régionaux, la sélection2009 est un bon cru. Tous sont cons-cients de l’opportunité d’avoir été choisis:Roxane Billamboz, Sarah Domenach,Karine Rougier, Marine Class et le Collec-tif Post Partum, entre autres, étaient«heureux d’être là pour présenter leursœuvres et essayer de voir le plus d’exposi-tions et de spectacles.» Regrettantl’absence d’un lieu de rencontre avecles autres créateurs, Karine Rougierespère que «leur travail respectif servirade lien et apprécie les échanges directsd’après spectacles qui sont un luxe.»Pour Marine Class, co-auteur avec SarahDomenach de la sculpture Le Pavillon àsept brèches2, la biennale est riche d’expé-riences : «Il faudrait être une huître pourrester imperméable ! Pour le moment,on emmagasine….»Au-delà de la France, d’autres sélectionsont été sources de découvertes, notam-ment Chypre avec le travail photo etvidéo de Marianna Christofidesd’une gran-de maturité ; l’Italie avec la balançoirede Claudio Prestinari judicieusementprésentée dans le patio du Museum ofContemporary Art. Ou encore la Macé-doine avec le prototype design TheRound Table de Simon Stojanovski etle Liban avec la vidéo de Jihad Saadé,The Platoon, dont la force émotionnellenaît de son propos pacifiste comme desa rigueur technique… Focalisée sur ladiffusion, la BJCEM ne résout pas leproblème de l’accompagnement desartistes dans la production d’une œuvrecar, après Montpellier et Skopje, seul le«Retour à Marseille» en 2010 leurpermettra d’exposer des inédits.

L’Europe est orientaleAu cœur de l’événement, les artistesont du mal à dresser un bilan. Mais lesorganisateurs et politiques, macédo-niens et français, ont déjà évalué laBJCEM comme «un facteur de progrès etde développement, un message fort àl’attention de la population.» Plus parti-culièrement les jeunes qui forment 25%des 2 millions d’habitants ! Dans sondiscours de bienvenue, Madame le Chargé

d’affaires à l’Ambassade de France àSkopje Isabelle Guisnel a souligné l’im-portance de la BJCEM, «une grandechance pour les artistes de tous les paysqui sont accueillis avec les moyens dubord mais avec le cœur», et la capacitédes macédoniens «à suspendre les souciset les drames pour réunir toutes lescommunautés.» Avant de rappeler «queles jeunes ont été soumis, pour leurgrande majorité, à une obligation devisa qui limite leurs perspectives» et que«l’Europe est orientale»… En attendant la libre circulation deshommes, Skopje, multiculturelle et pluri-ethnique, a reçu à bras ouverts cette

déferlante d’artistes internationaux qui,souhaitons-le, enrichiront leurs prati-ques à l’aune de leur expérience.MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

(1) Notre Dallas sera jouée dans sa version complète le 23 mars2010 au théâtre Antoine Vitez à Aixet le 26 mars à La Licorne à Cannes.

(2) Pour le retour de la BJCEM à Marseille au printemps 2010, la sculpture devrait être réalisée en version monumentale (4m x 4m)et exposée dans un espace public.

06 POLITIQUE CULTURELLE BJCEM

SKOPJE 2009 en chiffres10 jours708 artistes âgés de 18 à 30 ans, 35 ans pour les metteurs en scène et chorégraphes43 nations354 productions en arts visuels et arts appliqués262 performances urbaines, concerts, spectacles de théâtre et de danse45 longs et courts métrages34 lectures13 performances gastronomiquesLE COMITÉ FRANCAIS4 territoires : Espace culture Marseille, Ville de Montpellier, Seconde nature,Agglomération Toulon-Provence-Méditerranée 27 productions en arts visuels, arts appliqués, théâtre, danse, littérature,musique (48 artistes)

Retour de SkopjeAccueillie à Skopje, au cœur des Balkans, la 14e Biennale des Jeunes Créateursd’Europe et de la Médi-terranée est apparuecomme un enjeuéconomique autantqu’un symbole decoopération et de dia-logue interculturels :l’événement ne pouvaits’abstraire du passédouloureux de Skopjeni de sa situationgéopolitique complexe

Ifif Between, la ré�vé� lation musicale de Skopje 2009 © Bernard Muntaner, BJCEM, Skopje 2009

Vue du Cifte Amam, un des nombreux lieux d'exposition de la biennale© Bernard Muntaner, BJCEM, Skopje 2009

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FESTIVALS08 AVIGNON IN

Mensuel gratuit paraissant le deuxième jeudi du moisEdité à 25 000 exemplaires

Edité par Zibeline SARL76 avenue de la Panouse | n°1113009 MarseilleDépôt légal : janvier 2008

Directrice de publicationAgnès Freschel

Imprimé par Rotimpress 17181 Aiguaviva (Esp.)

photo couverture© Agnès Mellon

Conception maquetteMax Minniti

Rédactrice en chef Agnès Freschel [email protected] 06 09 08 30 34

Secrétaire de rédactionDominique Març[email protected] 23 00 65 42

Éducation Chris [email protected] 03 58 65 96

Arts VisuelsClaude [email protected] 25 54 42 22

LivresFred [email protected] 82 84 88 94

Musique et disquesJacques [email protected] 20 42 40 57

Frédéric [email protected] 03 99 40 07

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CinémaAnnie [email protected] 86 94 70 44

Philosophie Régis [email protected]

Sciences et techniquesYves [email protected]

Histoire et patrimoineRené [email protected]

PolyvolantesDelphine [email protected] 65 79 81 10

Maryvonne [email protected] 62 10 15 75

Marie [email protected] 64 97 51 56

Marie-Jo Dhô[email protected]

MaquettistePhilippe [email protected] 19 62 03 61

Ont également participé à ce numéro : Emilien Moreau, Dan Warzy, YvesBergé, Marie-Noëlle Vigreux, EmmaViry, Sandra Raguenet, Christine Rey

Photographe : Agnès Mellon095 095 61 70

Directrice commercialeVéronique [email protected] 06 63 70 64 18

LA RÉGIEJean-Michel Florand04 42 49 97 6006 22 17 07 56

À tort ou à raison chacun y attend des signes de santéou de défaillance d’une profession en particulier et del’art dramatique en général, alors même que lesdirecteurs du Festival assument des choix esthétiquessubjectifs, en accord avec l’artiste invité, et ne cher-chent pas à construire un panorama exhaustif duthéâtre mondial contemporain. Si l’on prend le Festivald’Avignon pour ce qu’il est, non pas le poumon du mondemais le plus beau des rendez-vous de théâtre… on nepeut que se réjouir de ce parti nouveau qu’il met enoeuvre, et qui consiste à ouvrir les cœurs de tous auxblessures du monde.Jamais la guerre n’a été aussi présente au Festival. Lesguerres anciennes, antiques, la seconde guerre mondiale,mais aussi les guerres civiles, le Liban, et les guerreséconomiques dont le Gabon ou Madagascar sont tou-jours les victimes. Ces paroles-là, la danse/témoignagede Rachid Ouramdane, mais aussi la révolte tendrede Delbono, le récit personnel et historique deNiangouna, les gifles assénées par Raharimanana,la plongée dans les méandres mentaux du légionnaire

de Sonia Chiambretto, le roman photo paradoxal deLina Saneh et Rabin Mroué (voir p 50) remuentprofondément les spectateurs, et balayent les critèresesthétiques d’un théâtre-art qui, depuis trop longtemps,s’attache à l’expression individuelle et néglige le politique. L’historien Gérard Noiriel, lors d’une séance du Théâ-tre des idées, expliqua lumineusement comment lethéâtre s’est coupé des sciences sociales et comment,désintéressé du politique de peur d’être jugé «sociocul»,il reproduit actuellement les scissions sociologiquesdans ses salles (voir chronique p 72). Il n’est pas le seul:le lendemain, l’auteur de Storytelling,Christian Salmon,rappela combien le récit, la fable, est une arme dan-gereuse de propagande et d’appropriation de l’histoire.Que le théâtre bâtisse des contrefeux et se rapprochedes sciences sociales et de l’histoire contemporaineparaît donc urgent… Visiblement beaucoup l’ont fait !Peu importent alors les tics formels récurrents -surutilisation de la vidéo, omniprésence des pieds demicros, du rock et des watts, de l’hystérie. Dans ledétail? Peu importent les maladresses de Ciels, dernier

volet de la tétralogie de Mouwad fondé sur une sur-enchère de péripéties et de révélations qui rendaient letout un brin ridicule, haletant comme le Da Vinci Code,mais tout aussi vain. Peu importent aussi les enfluresd’un autre type dont a fait preuve Warlikowski, metteuren scène sans doute génial mais qui n’a pu se déciderà couper un peu dans la masse de textes qu’il avaitretenu pour son (A)pollonia, ni à laisser de l’espace àses acteurs statufiés par la mobilité incessante de lascénographie…Le surgissement de ce discours politique laissa parailleurs la place à des perles formelles isolées : la quêtede l’objet poétique au théâtre, menée par Claude Régy ;la plongée dans le conflit dramatique primordial, opérépar Joël Jouanneau qui, refusant tous les artifices dela représentation contemporaine (amplification, bandeson ou vidéo) ou antique (simplicité des décors costu-mes et accessoires), proposa un objet théâtral pur, maisennuyeux ; la mise en œuvre ironique d’une distancia-tion baroque et foutraque, qu’opéra Hubert Colas (voirZib 21)…Encore une fois durant un mois de théâtre la parole, lacritique, le bonheur et le lien étaient partout. Le théâtrevisiblement utile, vital. Reste à espérer que l’aventure sepoursuive malgré la crise du secteur, les baisses desubventions, la fin du second mandat des directeurs en2011… Et rappelons que le théâtre n’est pas qu’à Avi-gnon : des saisons variées et riches s’annoncent partoutmalgré un contexte difficile ; le théâtre se fait aussiailleurs !AGNES FRESCHEL

Avignon en chiffres23 jours de Festival, 21 lieux42 spectacles dont 31 créations275 représentations125000 billets payants délivrés, soit94% des places vendues13000 billets pour les manifestations à entrée libre(Expositions, Théâtres des Idées, lectures)2600 spectateurs pour les Territoires cinématographiques (voir p.50)33 metteurs en scène, chorégraphes et plasticiens dont 4 femmes

Cité des Papes, des idées et du monde

Beau bilan, mauvais bilan… le Festival d’Avignon apparaîttoujours comme le baromètre du climat théâtral international…

Des témoins ordinaires © Agne�s Mellon

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09AVIGNON IN

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Théâtre et Poésie font parfois bon ménage : bienheureuxle Verbe qui trouve sa scène ! En ouvrant au publicd’Avignon les voies de la longue et foisonnante OdeMaritime de Fernando Pessoa, le rigoureux ClaudeRégy repousse et dépasse l’horizon des genres pourcréer les conditions d’une parole qui fait se lever la houlequi dort en chacun. Un homme «seul» (le premier mot dupoème en portugais, qu’incarne instantanément lecorps massif de Jean Quentin Châtelain), au bout d’unponton d’acier suspendu dans la lumière subtilementchangeante, brise le silence, jette en avant son exalta-tion mouvante ou reflue vers des abîmes plus intimes.Coudes au corps deux heures durant, à peine dessinédans son halo -et par trois fois seulement les mains seportent à l’ovale de la bouche, conque sacrée ou porte-voix, souffle des dieux ou des steamers-, l’acteur profère,halète, mugit, murmure, râle ou hoquette de sa voix mul-tiple, fissurée, parfois à contretemps, pulvérisant la bêtenotion d’expressivité, se livrant tout entier à cette fêtesauvage que n’aurait pas reniée Antonin Artaud. Toutvibre enfin (la première a été annulée par le metteur enscène faute d’un son qui soit «ça» et rien d’autre !), destubulures flottant dans la demi-brume au spectateur àdemi-hypnotisé pour peu qu’il ne refuse ni les outrancesni les divagations lyriques très maîtrisées d’un acteurhors du commun. Depuis le Discours aux animaux deNovarina / Marcon, on connaît bien le frisson d’essen-tiel que peut donner la rencontre d’un auteur, d’un acteuret d’un metteur en scène !M.J D.

Ode Maritime de Fernando Pessoaa été donné à la Salle Municipale de Montfavet du 9 au 25 juillet

Voir également les critiques du Sang des promesses (WajdiMouawad), du Livre de Jan (Hubert Colas), de l’Orgie de laTolérance (Jan Fabre), de Description d’un combat (MaguyMarin) de La Guerre des Juifs (Amos Gitaï) et d’Une fête pourBoris (Denis Marleau) dans notre numéro de juillet ou surnotre site www.journalzibeline.fr.

La croix de ma mère !Angelo est le petit frère italien de Ruy Blas version totaldespote en prose ; ce drame savoureux qui dénonceoppression politique et tyrannie domestique a rencontréun vif succès en son temps (1835), une fois essuyéesles batailles d’enjambements et d’escaliers dérobéschers à l’esthétique romantique ; Christophe Honoré,malicieusement, en fait tout un échafaudage et avec sescoursives et échelles de secours jette ainsi des pontsentre théâtre et cinéma ; Padoue West Side, ombre etlumière, rails de travelling, labyrinthe des tubulures,cathédrale des passions, voix captées et voix perdues : leprogramme est limpide comme une préface de Hugo !Plateau commun, jeux mêlés. Et tout se déroule commeil se doit entre main sur le cœur et distance ironique :c’est que le mélo n’est pas une mince affaire !Les premières scènes font craindre le pire et l’expositionest à la peine ; le texte se dérobe comme les cuisses dela Tisbé, pourtant favorite, sous les assauts maladroitsdu tyran et les effluves disco d’une fête branchée… et

puis et puis la gouaille de Clotilde Hesme impose laprostituée au grand cœur et la martyre exaltée ; MarcialDi Fonzo Bo en baggy Yamamoto réussit sa traverséedes registres, et dans sa rage de puissant trahi frôleparfois l’ombre de Louis de Funès. Traîtres brandissantdes micros sur pied -mais que faire de la perche ?- gestesentravés, tueurs polyglottes et étourdis, proscrit fadasseaimé des femmes, épouse vertueuse et bafouée incar-née par une Emmanuelle Devos justement fragile,poignard et poison… Une mise en scène qui agace lesdents, un peu verte, pour un théâtre éternellement juvé-nile et un Hugo pas trahi (le seul dans cette histoire !!).MARIE-JO DHO

Angelo, tyran de Padoue de Victor Hugomis en scène par Christophe Honoréa été donné au Théâtre Municipal du 12 au 27 juillet

«Salut vieil océan...»

Thierry Bédard ne pouvait s’en tenir à l’échec de sapremière collaboration avec Raharimanana -douce-ment censurée par le ministère des affaires étrangères,qui avait annulé la tournée de 47, spectacle sur lesmassacres perpétrés par l’État Français à Madagascar.Il a demandé à l’auteur malgache d’écrire à nouveaupour lui. Mais cette fois lui a posé une question précise:comment voit-on l’Occident lorsqu’on habite un paysqui meurt de faim, et a subi depuis toujours l’oppressiondes blancs ? Car c’est de cela dont il est question :l’esclavage, puis la colonisation, puis l’exploitation éco-nomique et la destruction écologique. Toutes les mortsimposées à un peuple, par un autre, qui va bien. Le spectacle est rude. On peut s’accrocher à ses imper-fections formelles pour ne pas y adhérer, pour ne pas leprendre en pleine poire ; on peut aussi le contester lors-qu’il dérive, gravement, parlant de «l’extermination»perpétrée par les «Juifs» sur les Palestiniens, la doubleconfusion terminologique assimilant tout Juif à Israël, etleur sale guerre et oppression à un génocide en règle, cequ’elle n’est pas.Mais hors cette dérive il faut bien admettre que leCauchemar du Gecko fait trembler d’effroi. Parce qu’onnous dissimule au quotidien l’abominable domination

des Blancs sur les Noirs. Qui continue, sous cette autreforme perfide qu’est l’exploitation économique. L’Afriquen’a jamais été aussi exsangue. La voix de notre prési-dent à Dakar, lorsqu’elle résonne dans le contexte duspectacle, nous fait rougir d’être blanc.AGNES FRESCHEL

De vos gorges poignardées

Les cauchemars du gecko © Agne�s Mellon

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FESTIVALS10 AVIGNON OFF

Puis quelques souvenirs du off, à la programmation plus abondante que jamais… et qui comme toujours (mieux que toujours ?) recelait de véritables trésors…

Un festival de corps, d’âmes, de jeunesse… de tomatesÀ la Manufacture, la Cie Fraction etles Ephémères Réunis ont présenté unBaal de Brecht remarqué. En choisis-sant la 1re version du texte, traduite parLaurent Mulheisen, et de jeunesacteurs, le metteur en scène Jean-François Matignon rallie avec évidencela fougue et l’énergie de la jeunesse,encore libre des censures et des rete-nues. Si l’on mesure dès la 1re scène letalent et le potentiel de l’acteur prin-cipal, le sanguin et physique AlexisSchweitzer, on regrette que certains«seconds rôles» n’aient pas été portéspar des comédiens pouvant lui faireface. Ce Baal est un prédateur cannibale,immoral, un poète rimbaldien véné-neux, un ogre portant sa croix et sonsexe. Il use et se fait abuser par sonpouvoir et sa soif de lyrisme. Il épate lagalerie mais reste un enfant face à unemère déçue («tu ne m’as pas procuré unseul moment de bonheur depuis que tues né»). La bande son grinçante estrenforcée par des lumières impecca-blement justes. Ce spectacle, un peulong, rend le texte parfois fatigant -ilperd sa dimension poétique en oubliantla magie de la suggestion- mais il méri-terait réellement d’autres moyens. Ceuxdu In? Il résonne étrangement avec laproposition de Jan Fabre qui cet été,dans l’Orgie de la Tolérance, dénonçaitavec humour la surconsommation, enl’occurrence de sexe.Alors que les corps se déploient et lesâmes se blessent dans Baal, le Théâtredu Mouvement dans Je pense donc çase voit cherche et dévoile par le gestece que le cerveau pense et ne dit pas.Emmenés par Yves Marc, les troisdanseurs-comédiens, délicieusementespiègles, tiennent un spectacleconférence hilarant qui glisse vers leburlesque poétique, sur les bases deconnaissances scientifiques rigoureuseset de dérapages inconscients. Et surtout,avec une maîtrise du corps qui nousdémontre la formidable machinerie danslaquelle nous vivons. «Même si ça se voitquand on pense, nous ne savons rien…ou si peu !» concluront ces trois trublionssur la scène du Théâtre Golovine.Au Théâtre du Ring, Le Bonheur de la

…de passion…Au départ une pièce est portée à l’écranpar John Greyson en 1996. Les prix etles récompenses pleuvent. Il s’agit d’uneœuvre phare au Canada, Les Feluettes(titre original Lilies) de Michel MarcBouchard. La cie Naceo s’en est empa-rée, en donnant une interprétationmagistrale et sensible. Cette répétitiond’un drame romantique instaure uneesthétique de théâtre dans le théâtredans la grande tradition baroque, laiss-ant le romantisme apparaître dans lejeu vibrant de l’amour et de la mort,l’écroulement d’un univers, l’exacerba-

tion des sentiments, la fragilité d’êtrestrop sensibles, leur inadéquation aumonde, la tragique impossibilité de vivre.Le spectateur entre dans une salle quasiobscure, croise des prisonniers énigma-tiques. Décor nu, un crucifix seul dominele mur de fond. Une pièce est donnéepar des prisonniers à l’évêque Bilodeau,qui évoque les amours adolescentestenues secrètes de deux jeunes gensSimon et Vallier. Comment Vallier est-ilmort tragiquement ? Quel a été le rôlede l’évêque ? Pourquoi Simon s’est-ilretrouvé en prison ? Les acteurs, dirigés

par Olivier Sanquer, jouent tout enpudeur, en passion contenue. Troupeentièrement masculine, traditionélisabéthaine ? Il y a du Shakespearelà-dedans, avec ces Roméo et Juliettedes temps modernes. Un spectacle dense,un moment de théâtre exceptionnel!MARYVONNE COLOMBANI

Les Feluettes ont été jouées à L’Atelier 44

tomate de Bernard da Costa a continué son chemin, entamél’été dernier avec succès. Cette rencontre improbable entreune vieille dame incarnée par l’attachante Marie Pagès, éga-lement metteur en scène, et un jeune délinquant que portesubtilement (et physiquement) Karim Hammiche, relève dela fausse légèreté du conte philosophique, genre qui dénoteagréablement dans les propositions actuelles. Prétexte méta-phorique, la culture des tomates de Clémentine aidera Karimà s’élever et à croire en la nature humaine. Et, en premier lieu,en lui. Dans une scénographie ingénieuse et surprenante, ilstenteront de démontrer que «le jardin se fait déjà dans sa tête».Les protagonistes se prouvent mutuellement, en évitant ladémagogie facile, que la vie comporte des trajectoires heu-reusement inattendues. En équilibre certes mais jamaisdéfinitives.Autre fable, autre contexte. La réalité sauve le virtuel dansl’incisif et inquiétant Chatroom écrit par Enda Walsh présentéau Théâtre des Doms (qui offre une programmation toujoursétonnante). Le théâtre de Poche de Bruxelles a touché égale-ment un large public avec une cyber-version troublante de SaMajesté des Mouches. Six adolescents livrés à eux-mêmes surla toile créent un acte ultime de rébellion organisée. Vissésà leurs chaises et leur monde d’ados, les comédiens, tousexcellents -notamment le jeune Jim interprété par JulienVargas-, balancent à toute vitesse leurs propres règles surdes sites douteux, débarrassés de la société des adultes. «Onest des jeunes, c’est maintenant qu’il faut faire chier, se rebeller,faire la révolution». L’auteur recrée l’escalade procurée parl’isolement du web, et l’odieuse machine infernale danslaquelle le manque de repères peut entraîner. Douloureux depenser qu’à 15 ans les ados sont aussi pertinents et amers.Le malaise gagne peu à peu. Comme une poussée de fièvre,qui se termine heureusement.Le Théâtre du Balcon a affiché complet pour la dernière

création de Serge Barbuscia, La disgrâce de Jean SébastienBach. Retraçant l’épisode de l’incarcération pendant près d’unmois de JS Bach par le Prince de Weimar, le texte de SophieDeschamps et Jean-François Robin traite du combat de Bachcontre l’obscurantisme et sa lutte pour une création sanscontraintes. Un huis-clos historique, à la distribution méritante-mais pas toujours inspirée- et la réalisation très classique -mais pas toujours inspirante. Mais qui rappelle, par analogie,les difficiles relations -actuelles- entre l’artiste et le pouvoir:la création ne peut être soumise à la volonté d’un prince.Une mention pour la soprano Aurélie Barbuscia, incarnantl’épouse du compositeur indomptable, qui illumine lespectacle lors de ses apparitions.DELPHINE MICHELANGELI

Le bonheur de la tomate © X-D.R.

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Le bonheur de la tomate © X-D.R.

Il n’est pas si fréquent de se faire giflerpar un spectacle. Dans la petite salledu Ring chacun retenait sa respira-tion. Poupée anale nationale est unspectacle violent, dérangeant, inquié-tant, cru. L’adaptation du texte d’AlinaReyes est ici magistrale -la forme ducabaret-rock permet une distancesalutaire avec le texte-, la comédienneHeidi Brouzeng époustouflante, etl’on digère comme on peut cette his-toire éprouvante de Poupée qui seraconte : femme d’un chef de partid’extrême droite, qui aimerait prendresa place, elle est, sous ses faux airsde douce idiote, l’incarnation de l’es-prit fascisant, et du terme «nettoyage»dans des propos hygiénistes hallu-cinants. Elle finira d’ailleurs parappliquer ses principes exorbitantssur elle-même -notamment lors d’uneterrible scène d’avortement-, jusqu’àsombrer dans une folie qui ne libèreen rien le propos. Tout ici est intel-ligent, la musique de Denis Jarosinsky-qui accompagne Heidi Brouzeng surscène-, les lumières qui soulignent etsuggèrent les espaces imaginaires d’oùl’on frissonne encore en ressortant…

Adaptation toujours, celle du romande Jean-Paul Dubois, Vous plaisan-tez, monsieur Tanner au théâtreBuffon, qui est une petite merveilled’inventivité scénographique. L’his-toire -un personnage aux prises avecles différents ouvriers, branques oufantasques, qui défilent dans la mai-son dont il a hérité et qu’il retape-est portée par un comédien épatant,Roch-Antoine Albaladéjo, qui joueseul la pléiade de personnages enquestion. Avec, comme pour souli-gner sa lente dégradation mentale,un décor surréaliste fait de tuyauterieenchevêtrée non raccordée, d’écha-faudages instables, de W.C. oublié enhauteur, d’interrupteurs autonomesqu’il parcourt en tous sens… L’absur-dité des situations crée une galeriede portraits touchants et drôles d’oùse dégage beaucoup d’humanité.Une bonne surprise enfin, comme leOff en procure au détour d’une pro-grammation pléthorique : Il faut qu’uneporte soit ouverte ou fermée de Mussetau Théâtre de la Luna, mise en scène(et jouée) par Isabelle Andréani àqui l’on doit aussi le délicieux leverde rideau, La clef du grenier d’Alfred.Un préambule qui met en situation laservante et le cocher de Musset(Xavier Lemaire) se retrouvant dansle grenier à la recherche d’un harnaiset découvrant là des fragments depièces, des lettres, des manuscrits…Enivrés par leurs lectures ils décidentalors de jouer Il faut qu’une porte…,deviennent marquise et comte sedéclarant leur amour jusqu’àconfondre sentiments joués et réels.C’est brillant, talentueux, jubilatoire.DOMINIQUE MARÇON

…et de maîtrise

Il faut qu'une porte soit ouverte... © BM Palazon 2008

Poupé�e anale nationale © X-D.R.

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JAZZ DES 5 CONTINENTS | SIX-FOURS | TOULON | LA CIOTATFESTIVALS12

Le Festival Jazz des 5 continents a proposé en juillet un program-me très éclectique, qui a débuté par un grand concert gratuit surle cours d’Estienne d’Orves. Imaginez un peu : le Leotrio avec eninvités Kirk Lihgtsey et John Betsch, le Saiyuki trio représen-tant l’Inde et le Japon avec une superbe joueuse de Koto, etencore le sextet de Christophe Leloil, dont chaque apparitionest un plaisir.Après cette soirée d’ouverture le 10e Festival a continué d’offrirune programmation de tous les continents. Zibeline y a fouiné unpeu, notamment le 22 juillet.Le Belmondo All Stars Sextet a rendu hommage, lors d’un con-cert exceptionnel, au très grand trompettiste Freddie Hubbarddisparu fin 2008. Glenn Ferris au trombone, Eric Legnini au piano,Thomas Bramerie à la contrebasse, le batteur André Cecarelliet enfin les frères Belmondo : Lionel au saxophone et Stéphaneà la trompette et au bugle. Également batteur et accordéoniste,

celui-ci est passé par le Conservatoire de Marseille et enseigneà l’Institut Art Culture Perception (IACP) fondé en 1976 à Parispar Alan Silva. Chet Baker qui l’avait présenté en 1987 comme letrompettiste européen le plus prometteur ne s’était pas trompé!Monty Alexander a pris place ensuite sur la scène, accompagnédu contrebassiste Hassan Shakur et du batteur Georges Fludas.On ne présente plus ce pianiste débordant de talent ; on garderajuste en mémoire le célèbre refrain de cette composition Isn’t shelovely qui était dans nos têtes en sortant du Parc Longchamp.Alors pourquoi les chrysanthèmes ? Pour la pinède marseillaise,partie ce soir-là en fumée, sinistre découverte après notre retourd’une très belle nuit...DAN WARZY

Le Festival Jazz des 5 Continents a eu lieu du 20 au 25 juillet 2009 à Marseille

Jazz, Koto et Chrysanthèmes

Un plaisir de plus que ce festival gratuità L’Escalet, sur le Port-Vieux de La Ciotat !Raymond Saniez, son principal ambassa-deur, est un véritable militant du Jazz etanime depuis 19 ans l’Atelier Jazz Conver-gences qui propose éducation musicale,concerts...La soirée de clôture a présenté le quartetYadès avec un programme de compositionspersonnelles. Une musique en tension, horsdes schémas habituels et dans un environ-nement, un son spécifique et vraimentoriginal. Le dialogue des instruments estarrangé au cordeau dans une rythmiquesouvent soutenue qui ne laisse jamais dé-crocher l’auditeur. Les thèmes développés,

récurrents, tournent, encore, comme si onvoulait les épuiser complètement… No-tamment dans le morceau Aqsaq où laguitare est utilisée comme un oud parRenaud Matchoulian, à l’unisson avec lesaxo soprano d’Alain Venditti, la contre-basse de Laurent Cabané qui nourrit leson avec l’archet et la batterie de NicolasAureille, toujours là au bon moment.La seconde partie de la soirée fut d’unetout autre coloration : le groupe Styles,formation ardéchoise, a interprété des re-prises de rythm and blues et de soul musicavec des accents jazzy ; occasion deregagner mes pénates...DAN WARZY

Le 11e Festival Jazz en Aoûts’est déroulé à La Ciotat du 4 au 8 aoûtwww.jazzconvergences.com

© Dan Warzy

Varié comme jamais, le Gaou se présente : éclectique et toucheà tout décliné en soirées à thèmes qui s’annoncent électro, rock,jeunes talents, nuit reggae... On ne les présente plus : Tryo,Motorhead, Bernard Lavilliers, Rokia Traoré, Pascale Picard,Alpha Blondy, Max Romeo, Buju Banton étaient à l’affiche decette nouvelle édition la deuxième quinzaine de juillet. S’ajou-taient à ces pointures des révélations plus récentes telles quePep’s, Zaza Fournier, Pauline ou Manu Larrouy. Les «premièresparties» ont pu se frotter au public déjà conquis en début desoirée, bénéficiant par ailleurs de moments privilégiés en backstage avec leurs «aînés».

Le festival s’est ouvert avec le très sensuel Lenny Kravitz :lunettes de soleil, veste jetée sur l’épaule, petit foulard et jean–euh, comment dire? Sexy est un euphémisme ! Entouré de seshuit musiciens, de 8000 spectateurs et de tout l’éclairage digned’un show à l’américaine, Lenny n’a pas déçu. Une voix très rock,des solos de guitare à en faire pleurer les cigales, une présenceet un charisme étonnant de simplicité. L’artiste aime jouer enFrance, adore ses fans jusqu’à les prendre en photo pendant leconcert ! Côté set liste, rien à redire, du lourd avec entre autresFly Away, Flower Child, American Woman et deux versions longuesde I’ll be waiting et Dancin’Til Dawn pour un concert de deuxheures trente de déhanchés inoubliables. Asian Dub Foundation fut également un pur moment de grosson la tête sous les étoiles, rythme puissant mais public clair-semé que les musiciens n’ont pas vraiment réussi à faire décoller.Les Fatals Picards et leur énergie festive avaient pourtant donnéle ton, tant le charisme délirant du chanteur et le public fidèleconnaissant les chansons par cœur avaient placé la barre haut.Soleil couchant dans la pinède et joyeux bazar sur scène, le ryth-me cardiaque du Gaou bat fort, et on n’évoque même pas le retoursur terre de Motorhead ! Dans un environnement magnifique grâceà une équipe aux petits soins : les efforts pour organiser un éco-festival qui laisse le site propre étaient lisibles, charte écolo-giqueoblige ! Un très beau Gaou.EMMA VIRY

En v’la du JazzPour sa vingtième annéed’existence, Jazz à Toulonproposait une programma-tion gratuite et éclectiquefidèle à son principe de départ ; un jazz tousazimuts et pour tousÀ la différence de certains festivals souventplus connus sur la côte d’Azur, sa spécifi-cité reste de proposer des concerts ausein même de la ville et de ses différentsquartiers sur des scènes qui se déplacentdonc chaque soir. Sans sacrifier à la mode, ilprogrammait un jazz tantôt «World» avecle contrebassiste Renaud Garcia-Fons, tan-tôt «pop» avec le guitariste nigérian KeziahJones, mais une fois encore, cette diversitélaissait la part belle à un jazz plus «pur»que d’aucuns qualifient de traditionnel.On gardera sans conteste en mémoire lasuperbe prestation du Sangoma EverettQuartet auquel s’était ajouté le grandsaxophoniste ténor Steve Grossman. Surune rythmique implacable menée par leleader de la formation accompagné du dis-cret et efficace Mathias Allamane à lacontrebasse, Alain Jean-Marie au pianolivrait de subtiles harmonies chatoyantestandis que le saxophoniste très en formes’enflammait dans des chorus d’un lyrismeet d’une puissance éblouissants. On retien-dra notamment une version inoubliablede In a sentimental mood, splendide stan-dard immortalisé par Duke Ellington etJohn Coltrane.L’hommage de Stéphane Huchard et desa formation au grand batteur Art Blakeyfut lui aussi une réussite, de même que lessoirées avec le quintet d’Andy Jaffe etle quartet de Bob Mintzer avec NicolasFolmer en invité, toutes deux placées sousle signe d’un jazz dans la plus pure tradi-tion servi par des interprètes à la techniqueet à la musicalité sans faille.Cette édition du festival était une fois en-core une réussite !EMILIEN MOREAU

Jazz à Toulon s’est déroulé du 16 au 26 juillet

L’île de la tentationCette 13e édition des Voix du Gaou a réjoui les oreilles dans un lieu toujours magique

Entre Bec de l’Aigle et Île Verte

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Le roi des instruments a, pour la 29e année, soulevé les âmes

LA ROQUE | AIXFESTIVALS14

Les sœurs, en blanc et noir, ont enthou-siasmé le public par leur prodigieusetechnique et une sensibilité incroyable.Une première partie consacrée à Debussy,Schubert et Stravinsky. En Blanc et Noirde Debussy, composé pour deux pianospendant la première guerre mondiale,reproduit des citations de poètes fran-çais dans des changements de climat etde couleurs surprenants : un éblouis-sant dernier scherzo. La Fantaisie en famin de Schubert pour piano à quatremains fut une belle respiration : le thèmeen écriture pointée, joué par Katia, com-

me suspendue au souffle pianissimo del’accompagnement de Marielle, puis lesguirlandes de l’Allegro vivace égrenéesavec un toucher magique… La premièrepartie s’acheva diaboliquement avec leconcerto pour deux pianos deStravinsky : une densité sonore, unefête de la couleur et du rythme. En bisLa Campanella de Liszt atteignit dessommets d’exubérance vertigineuse.La deuxième partie, hommage à Ravel,fut tout aussi éblouissante. Katia etMarielle, basques, étaient dans leurjardin. Elles effleurent le piano (un fée-

rique Jardin Féerique de Ma Mère l’Oye)mais savent se jeter à corps perdus dansla folie des rythmes ravéliens (Mala-gueña de la Rhapsodie Espagnole).Le Bolero festif et communicatif, enfin,avec des amis percussionnistes basques,l’ostinato rythmique passant des bois,aux peaux, aux percussions corporelleset à la chalaparta, quelques planches debois : «ce n’est pas un instrument, c’estjuste une musique» concluait le jeuneinterprète Paxkal Indo.Enfin la carte blanche permit d’associerla sœur catalane Mayté Martin, chanteuseflamenca : programme exclusivementhispanique, populaire (Zorongo ou tango)et savant (Berceuse de Manuel deFalla, Granados, Rodrigo) ainsi que ladécouverte de compositeurs peu connus,Amargós, Montón, une apothéose plusintime. Les belles inflexions de la chan-teuse (ornements, chromatismes, art ducante jondo, chant profond d’Anda-lousie) semblaient parfois se perdredans l’immensité du lieu au terme d’unesoirée qui demeura pourtant exception-nelle !YVES BERGÉ

Des nouvelles de l’OlympeNikolaï Lugansky etl’Ensemble orchestralde Paris, dirigé parLawrence Foster, ontproposé le 26 juilletun concert trèsromantiqueL’Ouverture Les Hébrides (Grotte deFingal), de Mendelssohn, démarrait leprogramme : évocation de l’Ecosse, mercalme et déchaînée… Les cordes ré-pondent aux bois dans deux thèmestrès marqués d’où se détache le basson,avant le déferlement de l’océan emme-né par le chef. Puis le 4e concerto de Beethoven : l’hé-ritier de la grande École russe Luganskyfut tour à tour brillant et sensible ; jeuclair et détaché, très mozartien du pre-mier mouvement, puis habité dansl’Andante con moto, respirant avec l’or-chestre, ses fins de phrases comme desappels au chef pour reprendre le dialo-gue : magique. Le Rondo vivace, virtuose,amenait un triomphe mérité et desrappels chaleureux. Le bis (Carnaval deSchumann) donnait toute sa signifi-cation au mot romantisme : délicatesseet passion.Pour conclure, la deuxième symphonie,composée à 18 ans par Schubert. La

direction souple, énergique, jubilatoirede Lawrence Foster, chef d’un âge res-pectable qui semble tout jeune dansson exubérance, laisse apparaître le pas-sionné d’ouvrages lyriques. Le pupitredes cordes est superbe et les vents ap-portent leurs couleurs très expressivesdans l’Andante constitué de cinq varia-tions.Un triomphe pour ce magnifique or-chestre de Paris. Offrant dans un bisgénéreux des danses de Bartok aux cou-leurs modales, populaires et dissonantescomme un final vibrant.

Puis David Fray le 1er août, dans une démonstration sensible puis virtuose David Fray rend d’abord hommage à Schubert. Un pianoBechstein est son complice. L’Allegretto en ut mineur, piècede forme ternaire, fait alterner les passages populaires etténébreux, légers et violents. David Fray, le regard qui s’évadeen des communions solaires, semble habité par cet univers.Le Klavierstück n°2 en mi bémol majeur est un refrain d’allurechampêtre, mélodie proche d’un Lied entourant deuxcouplets, l’un tragique, l’autre plus tourmenté. Lyrisme etmélancolie légère apportent un raffinement sansdémonstration. Les Six Moments Musicaux sont lacontinuation de cette douce rêverie. Comme les pièces

courtes très romantiques de Chopin, Schumann, Brahms, cesœuvres permettent de passer d’un Scherzo obsédant etrépétitif à un Andante poignant, de guirlandes de doublescroches effleurées par le pianiste à des motifs harmoniques,rappelant un choral (Moment n° Six). En Bis, le célèbreImpromptu n°2 de Schubert et les Scènes d’enfants deSchumann comme une ultime révérence : lyrisme contenu,chant permanent et fragile.Deuxième partie : la Partita pour clavier n°6 de Bach permetà David Fray de montrer tout son talent et sa science de lamusique baroque. La musique de Bach est libre : pasd’indications de nuance, de tempo, c’est au musicien d’encomprendre l’architecture générale, ce que réalise le pianisteavec une belle finesse de toucher et une maîtrise de tous leséléments techniques (ornements, trilles, gammes, arpèges).La Toccata, suivie d’une fugue, contraste avec les syncopes ettriples croches de la Courante vertigineuse, l’Air joyeux enbasse continue et la Sarabande plus tragique sont uneparenthèse avant la Gigue finale, fugue à trois voix, jouéeavec insolence où s’affirment des septièmes diminuées trèsexpressives coupées de silences.Le cercle fragile de la sensibilité schubertienne et l’universharmonique et contrapunctique de Bach sont des paris aussiosés. Un beau moment musical ne vaut-il le plaisir de lavirtuosité ?

Une carte blanche à Katia et Marielle Labèquepour une nuit des sens et des sons, le 27 juillet

Marielle et Katia Labeque © Xavier Antoinet

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David Fray © Xavier Antoinet

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Une longue histoire unit la pianistechinoise avec Jean-Sébastien Bach.

Elle la raconte dans sonlivre de témoignagesparu en 2007 chez

Robert Laffont,La rivière et sonsecret. Alorsqu’elle estenferméesanspiano

dans un camp pendant la révolution cul-turelle, au moment même où se dessinaitsa carrière, elle trouve la force de sur-vivre grâce au livre I du Clavier bientempéré qui ne la quitte jamais.«Ce que j’ai vécu fait que mon approchede la musique ne peut pas être intel-lectuelle. Ce que je cherche, en jouant,c’est à montrer aux gens toutes les beau-tés d’une œuvre, à les toucher.» Quel lieu plus propice pour une com-munion avec son public que l’abbaye de

Silvacane ? La pianiste joue avec lapartition et raconte effectivement sonexpérience musicale personnelle duclavier : on est loin de la prouesse etde la perfection techniques, plutôt dansle partage d’un lien très intime. ZhuXiao-Mei tourne les pages du livre pournous offrir successivement une prière,un choral, une explosion de joie, unmoment de paix et de sérénité retrou-vées…MARIE-NOËLLE VIGREUX

Lugansky encore, le 2 août…C’est avec la suite bergamasque, pre-mière œuvre marquante de Debussy auxaccents verlainiens, qu’il ouvre la soiréeau parc du Château de Florans. D’entrée,le ton est donné : clarté, sobriété, ri-chesse de la palette sonore… Luganskysemble improviser une suite d’arabes-ques pour nous plonger dans le climatlunaire et fantastique du Clair de Lune.De la tendresse, puis l’angoisse du glasdes basses… Le dialogue entre les deuxmains symbolisant les deux personnagesde ce colloque sentimental naît, s’animeet s’apaise.Chopin ensuite, avec la 3e sonate en si mi-neur op. 58. Quatre mouvements pourconvaincre du toucher de ce grand pia-niste qui nous émeut dans le largo par

les accents graves et pudiques de lamain gauche, la profondeur des accordset la fluidité des deux mains mêlant

leur chant, puis nous emporte littérale-ment dans le final : aucun effet n’estjamais forcé ; la légèreté des volutes dela main droite, la vélocité inégalée desgammes et des arpèges alternent avecun chant bouillonnant jusqu’à une findémoniaque à souhait qui soulève untonnerre d’applaudissements.La deuxième partie du récital fut consa-crée à Rachmaninov, avec la partita n°3pour violon de Bach transcrite pour pia-no par le Maître, et les Études tableauxop.33 ; huit mouvements où se superpo-sent des climats sonores très différents:passages rythmés et rebondissants, am-biances plus fantasmagoriques, carillonsde cloches, arabesques en parfaitesymbiose avec le frémissement du vent

qui se lève à ce moment de la nuit dansle feuillage des grands arbres du parc.Nicolaï Lugansky excelle dans les contras-tes, et par sa technique fulgurante nesert que la musique. Sa main droite courtparfois si vite qu’il ne reste plus qu’uneimpression sonore d’éclair, de météore.Rappelé trois fois, il offre encore aupublic un prélude de Rachmaninov op32 en sol # mineur, l’étude de Chopinop 10 n°8 que l’on a rarement entendueainsi, en demi-teinte et légèreté, pourfinir par la Première arabesque. Laboucle est bouclée ! Le public le laisseéchapper à regret.

Martha Argerich et Nelson Freire le 5 aoûtQuel privilège de pouvoir écouter etvoir les deux monstres du piano qui for-ment désormais un duo consacré ! Cesdeux personnalités si marquées parvien-nent généreusement à mettre en sourdineleur aura personnelle pour servir lamusique et atteindre la perfection d’en-semble. Le concert démarre avec lesVariations sur un thème de Haydn deBrahms. Dès la troisième l’unisson estlà, on ne distingue plus lequel des deuxpianos joue le chant qui coule au sonpersistant des cigales. Des cascades denotes dévalent avec fougue avant le re-tour au choral du début, détourné de soncaractère initial pour se faire endiablé. Après cette entrée en matière, les deuxmaîtres du piano s’attaquent à la der-nière œuvre de Rachmaninov, les Dansessymphoniques, initialement intituléesDanses fantastiques, transcrites pourdeux pianos. Un début sauvage, presqueagressif, aux attaques incisives particu-lièrement martelées d’une danse macabre,laisse soudain la place à la magie sono-

re d’un chant venu d’outre-tombe que lescigales du parc elles-mêmes, frappéesde mutisme, reconnurent comme divin.Chacun est suspendu à une mélodie quine passe même plus par le biais d’uninstrument. Dans le deuxième mouve-ment au tempo de valse incertaine,l’hésitation parfaite des deux musiciensnous emporte tout en nous laissant ré-gulièrement sur le bord de la piste. Lefinal, brillant, jubilatoire, staccato, re-lance la danse macabre du début : cettefois, ce n’est plus un piano que l’onentend, mais 3 ou 4, tout un orchestre.Après l’entracte, les deux interprètesnous font découvrir une œuvre moinsconnue, le Concertino pour deux pianosde Chostakovitch, avant de jouer à quatremains le Grand rondo en la majeur deSchubert dans lequel ils semblent réin-venter la partition qu’ils jouent. Pourterminer en apothéose, ils ont choisi laValse de Ravel, dont la version pour deuxpianos a servi au compositeur pour écriresa version orchestrée. On assiste à la

naissance d’une valse du tréfonds desbasses du piano les plus inquiétanteset les plus tragiques jusqu’à la lumière.On est subjugué, happé dans un uni-vers fantasmagorique.Ovationnés par le public, Nelson Freireet Martha Argerich ont encore joué unextrait de Ma mère L’Oye de Ravel, pourrenouer avec le classicisme du début deconcert, le dernier mouvement particu-lièrement enlevé de la Sonate pour deuxpianos K 381 de Mozart.

Zhu Xiao-Mei et Bach le 6 août au Cloître de Silvacane

à La Roque…

Le concert du 2 septembre au MuséeGranet, au pied de l’exposition Picasso,unissait par leurs œuvres les trois musi-ciens de son célèbre tableau : Eric Satie,Igor Stravinsky, Manuel de Falla. Cettemusique a presque un siècle et on en-tendait la langue grâce à la lecture despoèmes d’Eluard, de Prévert, Garcia Lorca,Rafael Alberti, Cocteau, par la bellevoix de Jean Claude Nieto…Dans l’air immobile -que seul vient trou-bler la soufflerie de la climatisation-, unconcert d’une finesse exceptionnelle sejoue. Timbre clair aux subtils pianissimi,Brigitte Peyré chante avec une intelli-gence du texte qui lui permet de passerd’une émotion à l’autre en conservantune parfaite justesse. Philippe Azoulaylivre une interprétation toute en fines-se de Sevillana ou de Fandanguillo, enopérant un détour par le difficile et com-plexe Maurice Ohana. Laurent Wagschalmontrait quant à lui deux facettes deson talent, celui d’interprète et d’ac-compagnateur. Justesse et virtuosité,mais aussi, une main légère sur lestouches pour accompagner les pianis-simi de la chanteuse. «Montrez-moi leciel dans une seule étoile» murmuraitEluard. Ce soir-là, trois étoiles s’étaientposées dans un angle du jardin dumusée Granet, pour un concert inti-miste et virtuose.MARYVONNE COLOMBANI

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FESTIVALS 16 ORANGE | AIX

Le 24 août le public se pressait aux portes du GrandThéâtre. Bonheur des retrouvailles, un air de soleilpour renouer avec la salle qui marque désormais lepaysage musical. Honneur à la jeunesse, l’OrchestreFrançais des Jeunes, sous la direction enthou-siaste et inspirée de Kwamé Ryan, ouvre le bal de

l’année. Le programme en deux parties va à re-brousse temps et présente d’abord des œuvres demusiciens contemporains, puis joue la 7e deBeethoven. L’écoute en est transformée ! KwaméRyan dans sa présentation donne à entendre leséchos qui servent de lien aux différentes œuvres, et

laisse aux spectateurs le soin d’en deviner d’autres.La musique de Beethoven est alors entendue d’unemanière nouvelle. On tend l’oreille aux échos, auxrythmes qui animent l’œuvre, à l’utilisation desdifférents pupitres… énigmes livrées aux audi-teurs!!! Quelle belle pièce contemporaine ! Quelallant de l’orchestre !Il avait déjà, en début de programme, fait ladémonstration de sa virtuosité, commençant par«l’amuse oreille» (dixit le chef) de Varèse, Tuning-up, travail extraordinaire des percussions, bellesnappes harmoniques de l’ensemble des instru-ments, image sonore de la rue, musique concrèteavant l’heure, sirène et beaux cuivres, et… la quêtede deux mesures et une note de la 7e !D’échos en échos on retrouvait aussi dans LeMandarin Merveilleux, la suite orchestrale de Bartok,des échos du Prélude à l’Après-midi d’un faune etune pâte qui évoquait parfois l’Américain à Paris deGershwin… Une palette de couleurs d’unesingulière variété interprétée avec brio. Enprésence de Marc-André Dalbavie, le compositeur,qui reçut une véritable ovation, un Concerto pourflûte permit à Benoît Fromager de montrer toutesles facettes de son talent : sur le bruissementsublime des violons, la flûte se transforme enoiseau virtuose. Une soirée exceptionnelle!MARYVONNE COLOMBANI

Vérisme cathartique

La mort de Turiddu doit laver l’adultère le jour dePâques (Cavalleria Rusticana 1890). Jean-ClaudeAuvray, metteur en scène, étale un immense cha-pelet et un Christ en croix devant l’église ; tonsmonochromes des costumes (noirs-gris) à peinerehaussés par les blancs chemisiers des femmes :ambiance âpre pour cette tragédie paysanne, auxchœurs puissants et homogènes.La distribution est excellente : Béatrice Uria Monzondébute dans Santuzza : voix magnifique, enga-gement impressionnant en cette douleur de femmetrahie. Roberto Alagna, Turiddu, est rayonnant,sensible et vaillant. Alfio est servi par la voixsomptueuse de Seng-Hyoun Ko, acteur remar-quable. Anne-Catherine Gillet (Lola) possède unjoli timbre de soprano frivole et Stefania Toczyska,mezzo dramatique, est parfaite en mère déchirée.Georges Prêtre a 85 ans ? Quel lyrisme! SuperbeOrchestre National de France. L’Intermezzo, commeparenthèse précédant le drame, est un moment de

grâce. Le meurtre de Turiddu et le crescendo finalsont un sommet expressif: le salut est triomphal.On enchaine sur le deuxième opéra… Les meurtresde Nedda et de son amant ont lieu le jour del’Assomption. Pagliacci (1892) et ses saltimbanques,sont transposés vers des années 50 aux couleursvives. On retrouve en Tonio l’insolent baryton Seng-Hyoun Ko : il jouera avec aisance aussi bien leclown bossu repoussé par Nedda que le délateurmonstrueux qui amène le meurtre du mari bafoué.Alagna, mari jovial de Nedda puis clown humilié,est déchirant dans l’air de bravoure, Ridi Pagliaccio.Il rit dans ce miroir qui lui renvoie sa propretragédie. Inva Mula, élégante, aérienne, incarneNedda et Colombine avec brio; son duo émouvantavec Silvio révèle la belle voix pleine de charme deStéphane Degout. Puis les aigus ensoleillés deFlorian Laconi dans la chanson d’Arlequin sont unrepos avant le drame… Qui s’achève. Le mistral estde plus en plus violent mais un vent de folieenthousiaste souffle aussi sur les gradins. Le publicest debout pour la deuxième fois, et acclame ce quireste essentiel à l’opéra : les Voix.YVES BERGÉ

D’échos en envols

Orchestre français des jeunes © Agnès Mellon

Les opéras de Mascagni et Leoncavallo ont plongé les Chorégies dans la violence d’une Sicile et d’une Calabre figéespar le code sanglant de l’honneur

Cavalleria Rusticana © Photo Grand Angle Orange

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On ne peut pas dire qu’Olivier Pymanque d’idées ! Sa mise en scèned’Idomeneo de Mozart propose unelecture originale fondée sur la double-thématique qui lui est chère,l’ambivalence des sexes et la Trinitéchrétienne… Hélas le menu s’avèrelourd, en partie à cause des déplace-ments de décors verticaux sur roulettes,échafaudages qui, en sus d’une volontéde dramatiser le discours musical et decontourner le découpage lassantrécit/air de l’opéra seria, empêchentprécisément d’y goûter sereinement.L’esthétique grisâtre, métallique, mati-née de panneaux de miroirs sous unelumière crûe au néon ne fait pasconcorde…Néanmoins, le choix de confier le rôled’Idamante à un ténor (au lieu d’unemezzo travestie ou d’un contre-ténor)s’avère payant. Le fils d’Idoménée (éga-lement ténor) promis au sacrifice parson père (en échange de son salut) sertl’analyse équivoque du rapport père/fils(qui tue qui ?), justifie la référencebiblique au sacrifice d’Abraham et àcelle du Christ en Croix. Musicalement,les deux voix se mêlent et se confon-dent. Si Yann Beuron (Idamante)

présente une fatigue vocale qui l’han-dicape, Richard Croft (Idomeneo)fouille avec subtilité les conflits inté-rieurs de son personnage. La captivetroyenne Ilia incarnée par SophieKartäuser est une délicieuse amou-reuse, et une habile «politique» à l’assisedramatique renforcée. Et MireilleDelunch (Electre) traverse la scène enovni tragique, archétype outré au chantcoupant comme une lame, qui finitbadigeonnée du sang maudit des Atrides. Dans la fosse, Marc Minkowsky en està son quatrième Idomeneo… ça nes’entend pas ! Il gesticule, à même lapulsation, mais ça n’avance guère !L’équilibre de l’orchestre baroque desMusiciens du Louvre reste délicat,cependant l’Andante cantabile d’Ilia,dialoguant avec un quatuor de boisjudicieusement surélevé, demeure unmoment de grâce ou l’on entend (enfin!)ce qui se passe à l’orchestre.Le raccourci de l’œuvre, imaginé sur leballet final, autre moment fort, donneles clefs d’une lecture (père & filsjumeaux, Electre androgyne…), qui n’arien de lisse et ne laisse pas indifférent.JACQUES FRESCHEL

Retour sur le Festival d’Aix…Olympe Années follesPlaçons hors catégorie le dernier volet du Ring,événement majeur du circuit musical internationalinitié à Aix par Lissner -somptueusement interprétépar Simon Rattle et l’Orchestre Philharmonique deBerlin en début de festival- : la nouvelle productiond’Orphée aux Enfers d’Offenbach (co-réalisée avecl’Académie européenne de musique) est la bonnesurprise du crû 2009. D’abord c’est (enfin !) un opéra (certes «bouffe») enfrançais que l’on entend. Le public de l’Archevêché apu apprécier une jeune et talentueuse trouped’acteurs-chanteurs et les brillants musiciens de laCamerata Salzburg. Un moment de fraîcheur, enthou-siaste, pétillant et bienvenu. L’«Olympe» d’Yves Beaunesne s’étage dans un hôtelparticulier parisien des années trente où trône unJupiter à bretelles, caricature de président U.S, et sa

cour qui «fout le camp» : Vénus «vamp», Dianechasseresse à la Feydeau (excellente voix de SoulaParassidis !), Minerve en «bourge» à la ValérieLemercier, Junon hystéro, Mercure échappé du Tourde France manœuvrant sa bicyclette, Cupidon

«gavroche», Pluton dandy plus félon que nature… etle passeur John Styx, poivrot à la mémoire courte. Pauline Courtin incarne une Eurydice, soubrettegouailleuse aux aigus sûrs, poupée-jouet d’une farcedouce-amère, tandis qu’Orphée (Julien Behr), si peupressé d’aller chercher sa «moitié» aux Enfers, possèdequelque chose d’un félibrige à la Mistral… le toutsous l’objectif voyeuriste d’une «Opinion publique»paparazza avant l’heure. Les dialogues parlés réactualisés font mouche, commel’air du même nom ou celui des baisers, jusqu’au Can-can final, cocasse et habilement «escamoté»…L’humour et la fantaisie dominent, le tout brillammentdirigé par l’excellent Alain Altinoglu, jeune baguetteà suivre !JACQUES FRESCHEL

Mozart au tableau !

La Flûte enchantée est d’une richesse symbolique et musicale inépuisable. On nele monte pas comme un obscur opus. Bernard Foccroulle l’affiche à Aix, patriemozartienne de cœur après Salzbourg : c’est un risque ! D’autant qu’en 2009 onn’échappe pas à une interprétation baroque… Autrefois, les voix mozartienneschantaient aussi Wagner ; aujourd’hui, elles sont fort petites !C’est l’ex-star des contre-ténors René Jacobs qui dirige l’Akademie für alteMusik… Que la pâte instrumentale manque de chair ! Le style sempiternellementrebondissant fait se dandiner l’orchestre jusque dans les moments exigeant de lamajesté, comme ceux qui accompagnent le sage Sarastro, basse trop peu altière.Fuyant toute profondeur, le tactus balancé aplatit les voix, brise des phrasés quine demandent qu’à s’envoler. On se souvient de Janowitz chantant «Ach ich fühles»… Elle ne faisait «rien» en scène, mais son chant d’une pureté accomplierégnait en maître. Toute l’émotion de Pamina, bouleversée par le silence de Tamino,passait par sa voix, son phrasé souple, aérien, ses aigus cristallins…La réussite de cette Zauberflöte musicalement frustrante, tient dans sa mise enscène. William Kentridge imagine un procédé de projections-vidéos qui dessinesur le décor (un théâtre baroque à l’italienne), en phase avec la musique, desarabesques, figures géométriques, effets pointillistes, blanc sur noir, d’une beautéféerique. Les Prêtres sont des caricatures de Jules Ferry, hussards d’une 3eRépublique traçant sur un tableau noir quelque avenir ou règnerait la Raison. Cetteidée justifie les nombreuses allusions à la franc-maçonnerie (œil, équerre,colonnes…) dont certains membres tracent également, sur un tableau, à la craieblanche, des symboles qui représentent l’organisation du Temple. De surcroît, ladualité blanc/noir, obscurité/lumière, récurrente dans l’œuvre s’y trouve pleinementsoulignée. Mais pourquoi l’esclave et traître Monostatos n’est-il pas noir (uneopposition, voulue par Mozart et Schikaneder, à la blanche Pamina qu’il tente devioler) ? Politiquement correct ?JACQUES FRESCHEL

Du Père et du Fils

© Elisabeth Carecchio

© Elisabeth Carecchio

© Elisabeth Carecchio

Cavalleria Rusticana © Photo Grand Angle Orange

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FESTIVALS

Cocktail savoureux au château La VerrerieSpirituels, drôles, Cathy Heiting, soprano, et Jona-than Soucasse, pianiste, ont tenu en haleine lesspectateurs bercés par le murmure des eaux dubassin qui se transforme en petit puits d’inspirationpour le premier opéra de Puccini… Puccinistory danslaquelle une certaine mouche à beurre (Butterflyoblige !) connaît de nombreuses aventures au Japondes Pokémons ! Au cours de ce spectacle au rythmeendiablé, les deux artistes se donnent la répliqueavec une verve, un brio, un talent époustouflants.Il n’est pas de genre qui échappe à leur virtuosité,Rossini et Verdi, les «deux collègues» laissent lascène à un Saint Saëns incompris et plagié, d’oùsa dépression chronique… L’Ave Maria joue avecl’Alléluia de Léonard Cohen, Chopin enchâsse sespièces en un même et brillant morceau qui s’achèveen pirouette jazz. La vaisselle elle-même devientpercussion pour un Boléro. L’air de Dalila et la Wallyse mêlent à des standards de jazz. Une soirée d’étévivifiante !

Le château Mirabeau s’ouvre à la tragédie…

La cour du château de Mirabeau, exceptionnelle-ment ouverte pour le festival, offrait un cadre magique,une remarquable acoustique, dans un écrin de bellespierres aux bossages réguliers, avec des toits bordésde quatre rangs de génoises… Cadre à la hauteurde la pièce interprétée, ici par fragments, Athalie deRacine. L’ensemble vocal Ad Fontes Canticorum, sousla houlette de Jan Heiting, a soutenu vaillammentla partition difficile de Mendelssohn et les solistesont apporté un souffle musical à la fois sensible etbrillant tandis que les acteurs de la Cie Interludedonnaient les extraits les plus connus de la pièce.La qualité sincère de l’interprétation a reçu une ova-tion méritée. Une soirée magique !

Opéra Bouffe au ParadisLe château Paradis recevait pour sa part Don Pasquale,opéra Bouffe de Donizetti, que la troupe d’artchoral de Moscou en résidence d’été en Provence a

interprété avec dynamisme. Chanteurs, certes, etexcellents -basse profonde de Dimitri Ovchinnikov,légèreté des aigus cristallins des soprani AnastasiaBelukova ou Maria Lobasheva, barytons enlevés,Denis Azarov et Igor Tarasov, mais aussi acteurs !On rit beaucoup, le jeu est d’une grande justesse,les jeux de scène hilarants. Thème éternel du barbonqui veut épouser une jeunesse… Un spectacle d’unbel humour.C’est d’ailleurs ce que l’on peut retenir de ce festival,Durance Luberon, une exigence de qualité dans lechoix des œuvres et des artistes, une équipe dyna-mique, dévouée et accueillante. Qui donne un peude vie à la fin du mois d’août peu nourrie desbonheurs de juillet !MARYVONNE COLOMBANI

Le festival Durance Luberon a eu lieu du 14 au 23 août

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L’église du hameau de Saint-Michel deChaillol est bondée bien avant le débutdu concert. Ce soir c’est Beethoven quiest à l’honneur avec le dernier volet del’intégrale des sonates pour violon-celle et piano, interprétées par lepianiste italien Andrea Corazziari etle violoncelliste Frédéric Lubiatto.Ambiance conviviale et intimiste, ilfaut installer des spectateurs sur lascène, les nombreux enfants demeurentsagement accroupis… Une écoutereligieuse… et l’auditoire reste épous-touflé par le show digital du virtuoseitalien, qui danse littéralement surson siège lors des délires rythmiques

propres au compositeur romantique ! Le jeu plein d’émotion du violoncel-liste est davantage à nu dans Durationsde Morton Feldman, dont l’œuvreatypique offrait une mise en regardpertinente avec Beethoven, qui déve-loppe et nourrit l’écoute des noviceset des mélomanes. Car le Festival deChaillol procède d’une véritable dé-marche culturelle investie. Loin despôles décisionnels régionaux (mais avecl’aide de la région PACA), le Champsaur,

le Valgaudemar et tout le paysgapençais sont irrigués par une pro-grammation de grande qualité et unéclectisme recherché. Jazz, classique,musique improvisée et musique dumonde dans des formations singu-lières tentent de combler avec succèsle fossé qui existe entre ville et vallée. De Tallard aux portes du Dévoluy enpassant sous les premières cimes desEcrins, des communes parfois de moinsde 500 habitants accueillent des évè-

nements culturels majeurs. Il faut direque la Scène Nationale de Gap et sesExcentrés travaillent ce terrain depuis20 ans ! L’été, autour de Chaillol, lesgenres se mixent, conjuguent lesrépertoires… Sous l’impulsion deMichaël Dian, la 13e édition joue entrel’occident et les horizons lointains.Loin de l’étiquette exotique qui mas-que parfois une certaine vacuité, unvéritable échange se crée avec l’Argen-tine, ou avec le Japon (commande d’unconte musical japonais au jeune com-positeur Thomas Keck). 19 nationalitéssur 33 musiciens présents cet été, unvéritable partage avec les enfants etles stagiaires… Les passerelles artis-tiques fonctionnent dans les deuxsens alors que l’écoute grandit en qua-lité et en quantité. Trois semaines deconcerts, balades musicales, découve-rte du patrimoine, ateliers d’écriture…De quoi mettre à profit l’été, enconjuguant culture et vacances, déve-loppement d’un territoire et éducationmusicale.FREDERIC ISOLETTA

Un festival différentDurant trois semaines le Festival de Chaillol a proposé un voyageartistique à travers le temps et le territoiregapençais. Retour sur la soirée du 2 août, et sur les principessinguliers d’un festival pas comme les autres

Fré�déric Lubiatto et Andréa Corazziari © Alexandre Chevillard

La vie de châteauLe festival Durance Luberon se glisse d’un château à l’autre…

© Laure Campini-Festival Durance 2009

© Laure Campini-Festival Durance 2009© Laure Campini-Festival Durance 2009

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Lorsque nous pénétrons dans l’abbayecistercienne du Thoronet, le com-mentaire stupéfait de Le Corbusierdéclarant lors de sa visite «la pierre yest amie d’homme» nous revientcomme un écho soulignant l’harmo-nie et la pureté du lieu. De plus, lespierres de l’imposante abbatialeredistribuent les sons avec unequalité acoustique remarquable. Sousla voûte en berceau brisé, l’EnsembleGilles Binchois, du nom du compo-siteur franco-flamand du XVe siècle,propose un florilège de chants desmonastères d’occident, allant d’Engel-berg (Suisse), à Las Huelgas à Burgos(Espagne) en passant Saint-Martial

de Limoges et Milan dont le chant senomme ambrosien. Ce tour d’Europeinstructif et varié alternant monodieset polyphonies fut distillé avec trèsgrand soin par l’ensemble déjàtrentenaire, sous la direction du ténorDominique Vellard. Couleurs retenues,atmosphère contemplative ou vo-calise à la logorrhée mélismatique àcouper le souffle : un immense talentau service d’un travail d’orfèvre.Qu’on aurait tort de juger élitiste oucouvert de poussières muséales. Lesrencontres refusent du monde enpleine saison estivale, dans un lieucertes d’exception mais reculé, quipromeut une musique vieille de près

de mille ans… à l’heure où le motfestival accompagne le promeneur oùqu’il aille ! Pour notre plus grandbonheur, les vieilles pierres restent,et les vieilles notes aussi. Viventlongtemps ceux qui les ont faitrenaître.FREDERIC ISOLETTA

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Souffle millénaireLes 19e Rencontres de Musique Médiévale du Thoronet ont accueillile 26 juillet l’EnsembleGilles Binchois autour du chant grégorien du Xe au XIVe siècle

Ensemble Gilles Binchois © X-D.R.

Le 25 juillet étaient réunis enl’Abbaye du Thoronet le grandpercussionniste japonais StomuYamash’ta, le flûtiste ShakuhashiGenzan Miyoshi et quatre membresdu monastère Daitoku-Ji de Kyôtopour un spectacle à mi-chemin entremusique et spiritualité bouddhistezen.En effet, alors que les moines décla-maient des sûtras avec une gestuelletrès cérémonielle et une concen-tration sans faille, le flûtiste, sur lagamme pentatonique japonaise,ponctuait le discours d’un souffle trèsinspiré. Pendant ce temps, le percus-sionniste accompagnait ces litaniesd’interventions sur un ensemblecomposé de 17 pierres sanukites,roches volcaniques datant de 13millions d’années. Passé maître dansl’utilisation de ces instruments à la

résonance inouïe, Stomu Yamash’taa livré une musique où seule comptela beauté du son, parfois très proche

de nos musiques électroniquessavantes occidentales dans l’atmos-phère propice à la méditation (on

pense notamment aux œuvres de I.Xenakis). À la différence que l’en-semble semblait relever davantage del’improvisation tant les musiciensjouaient avec l’acoustique incroyablede l’abbaye.Dans ce voyage sonore au cœur de laspiritualité bouddhiste, l’auditeur étaitinvité à savourer un mélange poétiquede stupéfaction et de contemplation.Nul ne saurait dire s’il était ou nonnécessaire d’applaudir à la fin de laprestation mais il est certain que lesmurs épais de Thoronet étaient cesoir-là en parfaite sympathie aveccette expérience vibratoire…EMILIEN MOREAU

Abbaye Zen

Le festival Aux Tours Du Piano s’estachevé sur les notes romantiques duTrio Georges Sand. Cette seconde édi-tion a rempli avec succès les objectifsdu Festival : mettre en avant lemonde du piano, en faisant une largeplace à toutes les alliances musicaleset théâtrales qu’il peut susciter.Ainsi, cette année, le festival arassemblé plus de 600 spectateursautour de huit spectacles donnésdans l’enceinte du château. Le sitehistorique des Tours, une découvertepour une grande partie du public, aété mis en valeur par des éclairagesspectaculaires, et a plu par son origi-nalité et son excellente acoustique.

Cette session 2009, présidée commela précédente par Philippe Hebert, aoffert des soirées intenses et variées,ou intimes et poétiques comme celleconsacrée au spectacle de MachaMerilet Marc Laforêt, Feu sacré, contantl’histoire de Chopin et Georges Sand.Et le Festival a innové en proposantdes «avant-soirées» à 19h qui ontpermis à un public plus jeune et plusdivers de découvrir le piano sous desfacettes variées et abordables.Aux Tours du Piano a clos ses portesle 28 juillet : beaucoup dans le publicont pris rendez-vous pour l’été 2010!CHRISTINE REY

Stomu Yamash'ta © X-D.R.

Un grand cru à Chateaurenard !

Trio George Sand © Bernard Richebé

FESTIVALSCHÂTEAURENARD | LE THORONET

© Laure Campini-Festival Durance 2009

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Après un dîner à thème, nous entronsdans la rêverie avec une premièrepartie d’œuvres rares, liées au contextede l’opéra : La Captive d’Edouard Lalochantée par la ravissante mezzo autimbre velouté, Yete Queiroz, qui seraDjamileh et La Havanaise de PaulineViardot ; on apprécie le timbre dubaryton Jean Fischer, son phrasé élé-gant tandis que le ténor Samy Camps,Haroun dans Djamileh, apporte sajeunesse lumineuse. L’ensemble instru-mental accompagne avec sensibilitéet fougue les chanteurs, et Luc Coadoudirige avec verve. Des strophes deNamouna de Musset, qui inspirentl’intrigue, sont mêlées à une créationélectroacoustique. Un lien entre tra-dition et modernité qui se conclutpar une danse orientale.Puis Djamileh, fantaisie orientale de1872, nous emmène en Egypte. Esclave,Djamileh est congédiée comme lesautres par le sultan Haroun, mais feratout pour reconquérir l’amour de sonseigneur. On retrouve nos musiciensdirigés avec le même élan. Ils se jouentdes difficultés de la partition avec

insolence : cette réduction d’orchestrede Frédéric Carenco, pour sextuor,est une réussite : elle garde un équi-libre de timbre sans perdre le langageromantique. La présence du tambou-rin, les quintes à vide, les lignesmélodiques ornées et syncopées don-nent à cette partition toute sa saveurorientale.Les trois héros sont jeunes et beaux:Yete Queiroz est une belle décou-verte, une voix magnifique. SamyCamps est un ténor léger qui chantepour la première fois un rôle lyrique.

Son enthousiasme compense desfragilités vocales dans le médium,pressenties dans l’air de Nadir. Lesaigus semblent plus faciles, et ledernier duo avec Djamileh seramagnifique. Jean Fischer est unSplendiano tout droit sorti d’un operabuffa : baryton à la belle ligne dechant, un jeu très convaincant aussi.Les choristes assurent une partiethéâtrale et vocale homogène, unedirection d’acteur souple et cohé-rente conduit le discours musical.L’équipe technique a réalisé aussi un

très beau travail son et lumières,mettant en valeur de beaux costumeschatoyants. Une heureuse initiative de L’Opéraau Village qui promeut de jeunestalents en faisant revivre des œuvresrares, et en faisant vibrer unecommune. Le plateau, étroit, asemblé immense le 23 juillet devantla générosité de tous. YVES BERGÉ

FESTIVALS MUSIQUE | DANSE

Un campement en créationSous le ciel étoilé des Rencontres de Gassière, à Cotignac,le chorégraphe William Petit et la performer chanteuseHassounia ont donné corps et voix à Salam Leila, appelnocturne créé en 2005 qui a trouvé dans ce théâtre deverdure un éclat particulier. Au-delà de la danse elliptiqueet des incantations, scandées parfois jusqu’à la transe, au-delà de sa construction onirique, Salam Leila est un duodoux-amer. Un cri d’alarme, enchanteur et acide, sur l’étatdu monde, «où les protagonistes traversent les questions del’altérité.»Aller vers l’autre, c’est ce que n’a jamais cessé de faire WilliamPetit au gré de ses créations -Kabaret nomade-vers le bal,Streams, Kavaleva Kansa, Salam à corps perdus…-, sontravail gagnant chaque fois en profondeur et en matière.Sa danse se fluidifie au fur et à mesure que sa réflexion sedensifie, et préfère l’évocation, la suggestion, à l’exécu-tion d’une partition technique : plus les voyages et lesrencontres mûrissent son propos, plus il écrit ses spec-tacles comme un recueil de nouvelles, avec une paroleplus éloquente encore. Crossing Border-comme des chiensenragés courant sur des lames de rasoirs, son projet actuel,en est une autre illustration, fruit d’incessants allers-retours le long de la frontière américano-mexicaine. Née

d’une collaboration musicale avec Pierre Mourles, quiprend la forme de Rush jusqu’en 2010, cette expéri-mentation aboutira en 2011 à une nouvelle mise en jeu,avec la complicité du danseur et performer Yoan Mourles.Mais pour mener à bien ce projet dont la forme n’est pasencore définie (spectacle pluridisciplinaire ? photogra-phique ? vidéo ?), il faudrait à William Petit un lieu detravail. D’autant que sa compagnie Rialto Fabrik Nomaden’a toujours pas de studio permanent dans le Var où elleest implantée depuis 15 ans ! Heureusement que ses liens

L’Egypte au couventAu Couvent des Minimesde Pourrières, l’équipe deL’Opéra au Village a reprisDjamileh : le lieu siedparfaitement à la subtilitédu langage de Bizet et àl’intimité de l’intrigue

avec Châteauvallon, le 3Bisf, leMerlan ou le Studio Kelemenis luipermettent d’envisager des sé-quences de travail… Heureusementencore que les Rencontres deGassière ont eu la délicieuse idée deprogrammer Salam Leila en ouverturede festivités aussi intimes queconviviales. Où un certain MiquèuMontanaro s’est fait un plaisir defaire entendre sa musique, venu là envoisin et en ami, comme toutel’assemblée alléchée à l’idée de serencontrer un soir d’été.MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Les Rencontres de Gassière,Cotignac (83)http://rencontresdegassiere.free.fr

© Yves Bergé

Salam Leila © Guy Thouvignon

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Le Château de Trets accueillaitaussi son festival

Télémaque s’accorde, le public entre. L’atmosphère est étrange… Le silence,puis la clarinette duettise avec la contrebasse… Toute frêle dans sa longuetunique blanche, robe des fées et des elfes, Julie Cordier présente les acteursde l’histoire, comme dans Pierre et le loup, «les âmes et les cœurs ne sont faitsque de notes.» Ainsi, chaque rôle est porté par un instrument particulier, lessombres timbales représentent le père tourmenté, l’accordéon, Dieu, lacontrebasse, le diable, le pauvre jeune homme, héroïque médecin, le violonnostalgique, la mort si droite et honnête, la douce clarinette et la langoureuseet gracile princesse, le glockenspiel.«Que s’ouvre le livre, laissons les musiciens déverrouiller nos âmes !». Sur le beautexte de Raoul Lay s’ourlent les contours de La Mort Marraine, jeux simples deboules qui s’illuminent, d’écharpe qui se drape… La conteuse entraîne dans unmonde onirique où les la mort, Dieu et le diable se croisent avec simplicité;où le temps suspendu des contes se heurte ironiquement au nôtre. Sa voixcomme un instrument de l’orchestre se lie au tissu des songes dans lesquels sebrodent les thèmes. Moment de pure magie : qui est plus fort ? L’amour ou lamort ? Chacun donnera sa réponse, mystique ou rationnelle… Mais lesquestions essentielles sont posées, ouvertes aux plus jeunes par l’émotion sansfard d’une musique suspendue…

Philosophie musicale

Madame au châteauVous connaissez les petits livres pourenfants, Monsieur tranquille, Madamecoquette… De petits volumes carton-nés qui illustrent qualités et défautsà travers la vie de tous les jours. Lespersonnages ronds et stylisés en-chantent les lecteurs débutants.L’originalité du Studio du Soleil estd’avoir repris le schéma de ceshistoriettes dans une théâtralisationdrôle et enjouée qui s’applique àparodier le quotidien par le biais deces petits «héros». Silhouettes demaisons, ombres chinoises, nuagesaux contours enfantins projetés sur lemur du fond de scène… MonsieurPressé et Madame Lent, Monsieur

Bricoleur et monsieur Maladroit,Madame Boute-en-train et Mademoi-selle Timide sans oublier MonsieurTatillon, se donnent la réplique dansun ballet de gestes qui enchantepetits et grands. Le spectacle aremporté un succès mérité dans lacour du château de Trets. Seulélément à déplorer : le peud’affluence ! Pourtant les organisa-teurs présentent un programmepertinent, riche et varié, et animentavec une belle énergie le cadresublime du château de Trets. Sansdoute un effort de médiatisationreste-t-il à faire ?MARYVONNE COLOMBANI

La Mort Marraine © Agne�s Mellon

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Côté jardin, 1000 graines de légumes«élevée» par les habitants des bords del’Huveaune, à côté Béatrice Bonhom-me et son jardin de dessins, sculptures,objets volants au gré des heures et deshumeurs. L’atelier méditerranéen del’environnement propose un parcourssensoriel pour les enfants et des coursde cuisine, tandis que l’associationPacasolaire vous initie aux charmesdes éoliennes et des capteurs solaires.Sophie et Laurent feront découvrir unegrande variété de légumes oubliés et

officieront aux fourneaux pour dessaveurs naturelles ou exotiques.Côté spectacles, de la danse avecHystera, solo de Claudine Crosta, et

L’après-midi d’un faune de JéromeDorso, de la musique avec le groupeTeppaz et Pegaz et l’accordéon deSandrine Clemente, du jazz oriental

avec Zaalouk, des contes du Maghrebavec Philémon, du théâtre, du cinémaavec entre autres Les saignantes duréalisateur camerounais Jean-PierreBekolo...Côté culture, balades urbaines etphotographiques avec Vol de Nuit etanimations proposées par le Museumd’Histoire Naturelle de Marseille.Et côté festif, démonstrations de tangoavec notamment Christophe Apprill(voir p.75) et grand bal final !Suivez les sentiers, et vos intuitions ! CHRIS BOURGUE

Caressez le potager25, 26 et 27 septembreParc de la Mirabelle, Marseille 12e

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ARTS DE LA RUE /CIRQUE22 CARESSEZ LE POTAGER | KARWAN | ARLES

L’abeille, c’est l’Ape (prononcez apé, c’est de l’italien),un triporteur multimedia qui annoncera et accom-pagnera les représentations de la Saison Régionaledes Arts de la Rue et des Arts du Cirque, actionfinancée par la Région PACA, soutenue par le Minis-

tère. Cet engin étonnant, conçu par les Ateliers SudSide, sera piloté par une apicultrice de charme en lapersonne de Lili, ancienne apprentie de la Fédérationdes Arts de la Rue. À terme 5 à 6 tournées serontorganisées d’ici juin 2010.La 1re tournée présentera Être le loup, nouvelle créa-tion de la compagnie Orphéon Théâtre intérieurqui donnera 13 représentations dans 9 communes.Le texte de Bettina Wegenast (éd. L’école des loisirs,2004) met en scène 2 moutons dans un pré confron-tés à la mort du loup : une place à prendre ? FrançoiseTrompette, metteuse en scène, poursuit son travailsur le répertoire contemporain et déclare faire actede résistance en réponse à la Mairie de Cuers qui ainterdit les activités de la troupe installée pourtantdepuis 25 ans. Heureusement la ville de La Seyne seraitprête à l’accueillir avec sa bibliothèque de plus de

9000 titres spécialisés dans le théâtre.Karwan a initié cette opération dans le cadre de pro-jets culturels territoriaux pour les Arts de la Rue etdu Cirque dans tout le Sud-Est et fédère un réseaud’une trentaine d’acteurs culturels, le R.I.R (RéseauInterrégional en Rue). Objectif : toucher des publicsdivers et les fidéliser. Chiche ?CHRIS BOURGUE

Être le loup Orphéon Théâtre Château-Arnoux le 16/9, Le Revest le 18/9, MontDauphin le 26/9, Pernes les Fontaines le 30/9,Valbonne le 3/10, Marseille les 7, 14 et 21/10, Port-Saint-Louis le 17/10www.karwan.info

Sous les pavés, le potager...6e édition de ce festivaldifférent qui propose de mêler le plaisir du jardinavec la bonne chère et les émotions artistiques,dans un parc arboré

Les saignantes de Jean-Pierre Bekolo © Quartier Mozart Films

Karwan © algo

Au Théâtre, mais aussi dans la cour del’Archevêché, au CDC de Saint-Martinde Crau et à Boulbon, petites formeset grands spectacles invitent à la dé-couverte. Côté entresorts, Le GrandThéâtre Mécaniquedes Ateliers Deninos’installe Cour de l’Archevêché pourproposer son voyage au royaume desminiatures (10 et 11 oct), tandis que,au même endroit, Branlo et Nigloo, co-fondateurs du Cirque Aligre et deZingaro, feront les Augustes dans leur

petit théâtre baraque (du 10 au 15 oct).En cirque aussi les pointures sont aurendez-vous : la cie catalane Los Gingerset son Perlas Y Plumasmulti-récompenséqui oscille entre cabaret et théâtre derue, tout en imposant son glamour pail-leté (les 10 et 11 oct au Théâtre) ; letrampoliniste Mathurin Bolze et lejongleur et acrobate unijambiste HediThabet réinventent l’équilibre et impo-sent la différence des corps dans Ali(les 12 et 13 oct au Théâtre) ; à St-Martin de Crau, la clown AdèllNodé-Langlois sera Antigone, criantsa rage et se battant contre l’injusticeà coups de peinture et de chocolat, lacoiffure en bataille (le 14 oct) ; plus tardce sont les belges de la cie D’irque

(l’acrobate-jongleur) et Fien (la musi-cienne) qui embarqueront le publicdans Oh suivant ! ; et pour finir, le Théâ-tre accueillera la cie Cirque Hirsutepour un Bal caustique aérien où toutest prétexte aux acrobaties (le 17 oct).Un début de saison envolé !DOMINIQUE MARÇON

Cirque & EntresortsDu 8 au 17 octThéâtre d’Arles04 90 52 51 51www.theatre-arles.com

Arles en piste !Début de saison en Cirque& Entresorts, rendez-vousdésormais incontournablepour tous les fidèles et amateurs du genre !

Suivez l’abeille !Al

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Dire que Small is beautiful a pris del’ampleur cette année est en-dessous dela réalité : la manifestation, qui jusqu’alorsinvitait des cies prestigieuses pour depetites formes, montre en 2009 toutel’ambition esthétique de Lieux Publics.Une philosophie des Arts de la rue vusnon pas comme des arts amoindris pourl’espace public, mais des formes exi-geantes, adaptées à la rue mais aussipointus qu’au théâtre, ou au concert. Carles Arts de la Rue ne sont pas un genre,mais un mode de (re)présentation. Ainsi on pourra voir par exemple du Koltesmis en scène par Catherine Marnas :Dans la Solitude des champs de coton,créé aux Salins transformés en parkingpluvieux, sera repris… dans des parkings.À Marseille, mais aussi à Martigues, etAubagne. Car Small is beautifuloccupeaussi le territoire : les deux villes, parti-culièrement ouvertes aux arts de la rue-le «public» y est incroyablement réceptif-,viennent ainsi se joindre à la métropole,occupée de la Canebièreà Saint Charles,de la Belle de mai jusqu’à Saint André.Des navettes sont prévues en tous sens,pour tous, et tout est gratuit… On pourra ycroiser les artistes interventionnistes,ceux qui interfèrent avec les passants etjouent sur la surprise : les Beaux Parleursqui prennent inopinément la parole, desFlash Rue participatifs qui amènent lesvolontaires à enfourcher des comporte-ments publics inadéquats, un Père Noëlqui viendra déranger le mois d’octobre.Mais il y aura aussi des arts de toutes sor-tes: des solos et duos dansés d’Ex Nihilo,Antoine le Ménestrel et quelquesitaliens ; du cirque performance avecCamille Boitel, de la musique avec laBanda europa. Des conférences aussi :une vraie, de Bernard Stiegler, et d’autresbeaucoup plus loufoques de l’ANPU,

hilarante Agence Nationale de Psycha-nalyse Urbaine qui vous accueilleraindividuellement sur un divan place Caffo,ou en groupe aux Bancs Publics pour psy-chanalyser Marseille… La sirène du 7octobre sera confiée à Tony Clifton… Etla création, coproduite par Lieux Publics, auxplasticages de KompleXKapharnaüM. Bref dix jours entiers d’occupation publi-que. Quand on vous le disait : Small isenormous !AGNES FRESCHEL

Small is beautifuldu 2 au 10 octMarseille, Aubagne, Martigues04 91 03 81 28www.lieuxpublics.com

Big is épatant !

KompleXKapharnau�M © x-D.R

Depuis plusieurs mois Radio Grenouilleet Arte radio se sont associées pourmettre Marseille sur écoutes. Alors at-tention : du 29 sept au 4 oct ils restituentsur leurs ondes, leurs sites mais aussi endirect (les Ecoutes se regardent…) ce qu’ilsont collecté, monté, conçu, suscité. Celava de la création rap revendicative (Mar-seille Capitale de la rupture 2013 par RPZ)à un documentaire sonore sur l’incendiedu Marché du Soleil, ou à une fictionsur l’histoire sous terraine, et sous-marine,de Marseille, depuis les boyaux miniersjusqu’aux profondeurs mentales… On yentend les voix de la Ville, avec ses ac-cents marseillais ou arabes, et les bruitsde tout, y compris les rumeurs politiqueset sociétales. On pourra les écouter seulchez soi, ou ensemble sur les lieux d’en-registrement, à l’Alcazar ou au Point deBascule. De la vraie radio, créative, etd’investigation…AGNÈS FRESCHEL

Marseille sur ÉcouteDu 29 sept au 4 oct04 95 04 95 15www.grenouille888.orgwww.arteradio.com

Écoutezpour voir

ANPU © X-D.R.

CIRQUE/ARTS DE LA RUESMALL IS BEAUTIFUL | RADIO GRENOUILLE

Pas d’urbanité sans désordrePour réveiller la ville il faut parfois mettrele oaï. Pour sa 3e édition, Préavis dedésordre urbain promet d’être à lahauteur de ce nom qui connote l’agita-tion sociale, et du projet de l’associationOrnic’art : il s’agit de performancesengagées dans la ville, produites par desartistes européens issus des arts visuels,et spécialistes de l’espace public. Depuisla Friche, QG des opérations, des inter-ventions préparées par les artistes àpartir du 20 sept sont lancées dans lesrues (Itinéraire de désordre urbain rueGrignan le 23 à 11 h, Chantier le 26 sur la

Canebière), les théâtres (préavis d’in-somnie aux Bernardines le 25) etdurant Caressez le Potager (voir cicontre). Une conception intervention-niste des Arts Urbains, pour sortir la ruede sa léthargie, et la rendre, peut-être, àson urbanité…A.F.

Préavis de désordre urbainDu 20 au 27 sept04 95 04 95 04http://ornicart.over-blog.com

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THÉÂTRE24

Singulière, sa démarche n’est pas cen-trée sur un genre ou un thème et toutesles formes s’y côtoient, de la perfor-mance plastique à la lecture, la musique,la danse, le cirque… Un seul axe, maisfondamental, préside à ces 13 joursentiers de festival : arts et écritures ysont contemporains, en création, et enrecherche formelle. Parfois vers desimpasses, souvent vers du déjà vu, etquelquefois aussi vers des révélationsessentielles qui allument du nouveau.Cette année actOral s’étend largement,ayant visiblement atteint un âge de rai-son qui lui donne une aisance presquereplète : actOral après Marseille s’enfuità Paris et remet ça, avant de se refaireune nouvelle édition à Nantes, au LieuUnique, en décembre. Et dans sa villeactOral investit tous les lieux et tous lespartenaires d’une esthétique voisine. Ainsi les arts de la scène y ont la partbelle : le Creac accueille Boris Bechiopuis Par le Boudu de BonaventureGacon -génial avatar du clochard deMichel Simon ; le Merlan s’interroge surl’illusionnisme avec un spectacle demagie, toujours dans le cycle les Écrits ducirque, tandis que Marseille ObjectifDanse, partenaire historique d’actOral,programme bien sur ses Écrits de ladanse, avec Antonia Baehr qui se de-mande ce que fait son corps lorsqu’ilrit, et un Solo aveugle (avec des larmesbleues) d’Olga Mesa, où il est ques-tion de formuler un mouvement tenupresque invisible…Massalia aussi se joint à actOral enaccueillant la dernière mise en espacede Thierry Bedard, toujours attachéà l’écriture raide et révoltée de Raha-rimanana : Za est un roman brut,violent et fantastique, trivial et sublime,

introspectif et révélateur du monde…Les Bernardines sont de la partie avecCrabe Rougede Julien Mabiala Bissila;l’ERAC prête ses studios et ses étu-diants, Lieux Publics s’installe dansles vitrines de la Canebière, TriangleFranceprogramme à la Friche une sériede courtes vidéos intitulées Tu fais quoidans la vie, et élaborées autour de l’œu-vre de Valérie Mréjen ; le CiPMexpose,l’Alcazar s’associe à de nombreux évé-nements et, avec Radio Grenouille,met Marseille sur Écoute (voir page23), les Jeudis du comptoir s’asso-cient en accueillant Tanguy Viel (voir p66), le Gymnase en programmantdeux écrivains lusophones, Tiago Ro-drigues et Patricia Portella, tandisque la musique aussi sera portugaiseà l’ouverture, pour aller ensuite vers lerock japonais et l’électronique berli-noise, programmés par le GRIM. L’essentiel d’actOral est sans doute,cependant, moins spectaculaire. Ce quise déploie la nuit hors de Montévidéoest comme l’écho amplifié de l’activitédiurne du lieu : Lectures plus ou moinsmise en espaces, Une heure avec, maisaussi installations plastiques, films,écoutes, pièces radiophoniques… Toutesles journées, à partir de 11h (oui oui,du matin) sont rythmées par la paroled’écrivains que l’on attend impatiem-ment : Noëlle Renaude, Rainald Goetz,Sonia Chiambretto, Tanguy Viel,Christian Lollike… Et Hubert Colasbien sûr, maître d’œuvre, au croisementde toutes ces écritures qu’il pratique etdiffuse lui-même en son lieu, et loinailleurs.AGNES FRESCHEL

actOraldu 28 sept au 10 octMarseille, divers lieux04 91 37 30 27www.actoral.org

Des Informellesen bonne forme

Ce sont deux jours de petites formes qui sont propo-sés, fragments, raccourcis ou résumés, ou instantanés.Comme l’an dernier, à l’École de la Deuxième chance.Ailleurs. Les compagnies ont répondu présent et pro-posent, dans divers endroits du très beau bâtiment-salles, hall, préau et cours- des configurations sur-prenantes, inattendues. Informelles quoi ! Le publics’y promène, y butine, y fait son miel, jamais prison-nier d’une proposition qui se déroule, pouvant s’arrêterlà et aller voir ailleurs. Car il y a de quoi voir, de 19hjusqu’au bout de la soirée, les 18 et 19 sept : un feuil-leton fabriqué par Michel Jacquelin et OdileDarbelley, et les stagiaires de l’Ecole ; un Bartleby,parce que l’histoire de cet homme perdu à Wall Streetn’a jamais été aussi frappante d’actualité (CieTransatlantik de Bruxelles) ; un objet chorégra-phique et visuel fabriqué par Christophe Haleb ; unatelier de chant, un de vidéo, une vente aux enchèreschorégraphique, un atelier de lecture à moteur, unjuke box à embrayage, une performance ontologiquesur la crise ; et une proposition théâtrale de RachelCeysson et Josef Avelmeïer (musique) sur un textede Marina Tsvetaeva, qui s’annonce, en regard,presque raisonnable ! Et puis il y aura aussi du cinéma(Tati), la buvette et la restauration, et l’habituelleconvivialité.De quoi commencer l’année théâtrale en beauté, eten surprises…A.F.

Les InformellesÉcole de la deuxième chance, Marseille 15e

Les 18 et 19 sept04 91 24 30 48www.festival-les-informelles.org

Depuis huit ans actOralouvre avec fracas la saisonartistique à Marseille

Écoutez voir les écritures

cie La Zouze © Cyrille Weiner

cie La Zouze © Cyrille Weiner

Le soir des monstres © Elsa Revol

ACTORAL | LES INFORMELLES

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26 THÉÂTRE

Pas de Criée, nouvelle CriéeLa saison va commencer en retard…Les événements programmés dans lecadre d’actOral (voir p.24), ou desLittorales (voir p 63), se rapatrient versd’autres lieux. Quant au Hamlet-Caba-ret de Matthias Langhoff, prévu auThéâtre Nono, il ne peut avoir lieu, lesrépétitions en ce lieu étant trop chères.La Sonate à Kreutzer mis en scène parCélie Pauthe disparaît également dela programmation… C’est que la Criéea des soucis. Les travaux ont pris duretard, mais peu eu égard aux circons-tances : on a découvert de l’amiantedans la zone réservée aux techniciens;aucun risque pour le public, il s’agitd’amiante non volatile, dangereuseseulement en contact direct. Mais l’undes techniciens, au moins, a un cancerde la plèvre. L’équipe travaille à retrouvertout le personnel, retraité, intermittent,qui est passé dans ces lieux durant

trente ans. Le bâtiment, construit en1981 après l’interdiction de l’amiante,ne devrait pas en contenir. Les rapportsréguliers d’inspection n’en avaientd’ailleurs pas décelé. Sauf en 2006,mais le rapport, remis à la ville, n’avaitsemble-t-il pas été communiqué à laCriée. Notre Théâtre National a pris le taureaupar les cornes et tout désamianté. Le

chantier, impressionnant, devrait seterminer en octobre, pour une réouver-ture en novembre avec la création deJean-Louis Benoît. Et une nouvellefaçade, dans la foulée. Le hall demeureouvert, pour les abonnements. Plus quejamais il faut être là !A.F.

La Criée04 96 17 80 00www.theatre-lacriee.com

Pour actOral le Merlan accueille un magicien, EtienneSaglio, et réfléchit à l’introduction de cet art de l’illu-sion sur les scènes théâtrales (voir p 24)... Après celaL’Immédiat, nouveau spectacle de Camille Boitel,

continuera d’interroger petits et grands autour durapport au cirque : celui de Boitel est plus acroba-tique. Accumulatif aussi, fait d’objets en tas etd’interrogation sur l’espace, mis en œuvre par lui-même et quatre compères avec virtuosité. Comme siaujourd’hui le cirque seul pouvait se la permettre sansreproche…A.F.

L’ImmédiatDu 13 au 23 octLe Merlan04 91 11 19 20 www.merlan.org

Premier VoyageAprès l’accueil de Thierry Bédard et Raharima-nana dans le cadre d’actOral (voir p 24) le Massaliapropose au jeune public (8 ans) un premier voyageen cirque, Ni fini ni infini. Une petite ronde, histoireracontée par un quatuor de messieurs Loyal musi-ciens, épopée circulaire d’un homme pris de tournis,d’un collectionneur de petites choses qui ne sait oùcesser sa collecte et mettre un point d’arrêt au voya-ge. D’une heure, proposé par la Cie Théâtrenciel.A.F.

Ni Fini ni infiniLes 13 et 15 octThéâtre Massalia04 95 04 95 70http://massalia.lafriche.org

LA CRIÉE | LE MERLAN | LE MASSALIA

Projet de fac�ade / illustration du cabinet d'architecture Donjerkovic

Camille Boitel © D. Matvejev

Magies et bric à brac

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Après l’accueil chaleureux du publicavignonnais durant le off, le Théâtredu Maquis tourne sa nouvelle créationen Pays d’Aix. Le Cabaret des héréti-ques est un hommage à l’Occitaniemédiévale, celle des troubadours, de lafin’amor, et des «hérétiques» que l’Inqu-isition parvint à détruire. Un spectacleen chansons, comme toujours chez lesBézier, pour rendre justice aux Albi-geois 800 ans après un flower powervite réprimé.A.F.

Le Cabaret des hérétiquesMeyrarguesle 19 septembrePertuisle 2 octobreMeyreuille 4 octobreJeu de Paume Aixle 16 octobreCoudouxle 17 octobre04 42 38 94 38www.theatredu maquis.com

Vedettes en confianceAu Gymnase / Jeu de Paume, ça com-mence fort. Après une entrée enchanson avec Virginie Seghers (voirp. 36), un des textes les plus émou-vants -et drôles !- de Jean-Luc Lagarce:Music Hall raconte la fin de carrièred’une chanteuse de province, qui courtflanquée de ses boys infidèles de petitesalle provinciale en hôtels médiocres,toute à sa gloire ratée de peu, à sapassion de scène qui l’a dévoré. Cetautoportrait de l’écrivain en diva, c’estLambert Wilson qui le met en scèneen choisissant Fanny Ardant : la Starsaura-t-elle faire oublier sa beauté etsa classe pour endosser cet habit para-doxal ? Nul n’en doute, avec MadameArdant.Autre lieu, autres «vedettes» (ce termeà la jolie désuétude a été rapté par unemarque de lave-linge, et nous militonspour sa réhabilitation). Au Jeu de Paumec’est un classique du XXe siècle qui estjoué par la Comédie Française: Michel

Robin et Clothide de Bayser sont lesdeux vieux des Chaises, de Ionesco.Un texte essentiel sur la déstructura-tion du langage et des relationssociales, fort mal accepté d’ailleurs parla Comédie française en son temps !Une pièce qui, le temps la pâtinant,

donne à voir chair et émotions, et nousparle de l’irrémédiable régression langa-gière d’un couple qui oublie son passécommun.Puis ce sera au tour de Claude Rich etGeneviève Casile. Pour une pièce his-torique. Après son triomphe dans

Talleyrand, c’est le Cardinal Mazarinque l’acteur à l’œil rieur incarnera, aumoment de la jeunesse d’un Louis XIVencore sous l’influence d’Anne d’Au-triche. Le Diable rouge, d’Antoine Raultmis en scène par Christophe Lidon,tourne depuis plus d’un an. A.F.

Music HallDu 29 sept au 3 octLe Diable RougeDu 13 au 24 octGymnase

Les ChaisesDu 2 au 10 octJeu de Paume, Aix0 820 000 422www.lestheatres.net

La grève et PragueAu Toursky aussi la saison commencefort : par une grève de la faim annoncéde Richard Martin, à partir du 3septembre, en vue d’obtenir le réta-blissement de la subvention que l’Étata supprimé… En espérant que le direc-teur du Toursky n’en viendra pas à ungeste aussi extrême, on partira en sesmurs vers Prague, avec du cinéma (voirp 52) et un spectacle musical (le 16oct). Avant cela la saison commenceavec l’Orchestre symphonique deVienne (voir p 34) et la création de

Wladimir Znorko : avec Mon Golem (les9 et 10 oct) le metteur en scène renoueavec les légendes de l’Est et plongedans l’imagerie fantastique ashkénaze.Comment le Golem, an-cêtre juif de lacréature de Frankenstein, créé de laglaise de Prague par un rabbin impru-dent, hante-t-il encore les rêves deZnorko ?A.F.

Théâtre Toursky0 820 300 033www.toursky.org

Revivent les troubadours

THÉÂTREGYMNASE/JEU DE PAUME |TOURSKY | LE MAQUIS

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MUSIQUE28 OUEST PROVENCE | THÉÂTRE DURANCE

Rien de plus noir et de plus drôle quecette pièce. Pas de l’humour noir, non,plutôt de la désespérance blanche, ouquelque chose d’approchant. Dans undécor de fin du monde deux infirmes,profondément mutilés, jouent encoreau maître et au valet. Se sadisent.S’inventent des horizons marins,enferment les vieux dans les poubelles.Parlent, parlent, pour ne pas tout à faitmourir. La partie est perdue, plus rienne subsiste que ces clowns tragiques.Et cette drôle de langue désaxée. Onn’a jamais dit mieux l’Europe en ruine,la fin de tout, des idéaux et des êtres,les ruines de la guerre, et la dominationqui seule persiste comme uneempreinte dans le néant advenu.Charles Berling a mis le texte enscène. C’est au programme desTerminales L. Ça tombe bien.A.F.

Fin de PartieLe 8 octThéâtre Durance04 92 64 27 34www.theatredurance.com

Tout imagéIl fait tout, illusionne d’un tour de main,se multiplie, pirouettes et magie vouségarent. Xavier Mortimer occupe seulla scène et pourtant… Ses instrumentss’animent, jouant sans qu’il leurdemande une mélodie à peineébauchée, les partitions s’amusent.Son ombre même se désolidarisejusqu’à former une fanfare… Mais nevous fiez pas à son air lunaire ou à sonapparente gaucherie, Xavier Mortimerest un artiste hors du commun quimaîtrise parfaitement son art.Pascal Ayerbe est un «gribouilleursonore», un poète du son qui, avec sesdeux acolytes Arnaud Sacase etJean-Baptiste Tandé, enchante lesoreilles des petits spectateurs (à partirde 5 ans) dans un spectacle magique.Trio pour un petit pois balade samusicalité au pied d’un arbre d’oùpendent de gros petits pois, de drôlesde loupiotes multicolores, des jouets,des objets bizarres… Crissements,bruissements divers proviennent

d’instruments de musique connus(accordéon, guitare, clarinette…) ouinventés, à la manière «d’une bandesonore de dessin animé.» DO.M.

Xavier MortimerLe 3 octTrio pour un petit poisLe 6 octThéâtre de Fos04 42 11 01 99www.scenesetcines.fr

En finesseC’est avec beaucoup d’élégance qu’Edouard Baer endosseles habits de Patrick Modiano dans Un Pedigree. S’effaçantdevant le texte sombre, bouleversant de l’écrivain qui retraceles vingt premières années de sa vie, le comédien pose unevoix distante, détachée mais dont le rythme s’attache à ciselerles mots, installant avec le public une intimité captivante.Émotion et finesse sont au rendez-vous de cette «lecture»subtile qui prouve tout le talent d’un artiste étonnant.DO.M.

Un PedigreeLe 6 octThéâtre de l’Olivier04 42 56 48 48www.scenesetcines.fr

François et Mathieu se rencontrent. Lepremier vient de d’emménager, un peuperdu dans son nouvel environnement,le second est son nouveau voisin,farouche et renfermé car malade.

Entre les deux naît une amitié faite dejeux, de conversations, celles d’enfantsqui disent la tristesse de la solitude,l’exclusion, la maladie, mais aussi lespetits bonheurs de la vie. Le texte duquébécois Jean-Rock Gaudreault,son premier pour le jeune public,aborde là des thèmes délicats mais quipermettent la réflexion par le biais del’émotion… À partir de sept ans.À Miramas également, la mise enscène de Fin de partie, chef-d’œuvrede Beckett, par Charles Berling (voirci contre). Au programme desTerminales littéraires cette année. À ne

pas rater pour eux, et pour vous !DO.M.

Mathieu trop court, François trop longMes Jean-Charles RaymondLe 13 oct

Fin de PartieLe 10 octThéâtre La Colonne04 90 50 05 26www.scenesetcines.fr

Game over

Émotions

Trio pour un petit pois © Marion Bouillie

© cie la Naïve

© Zippo-Starface

© Cosimo Mirco Magliocca

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OUEST PROVENCE | THÉÂTRE DURANCE

Trio pour un petit pois © Marion Bouillie

© Zippo-Starface

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THÉÂTRE30 MARTIGUES | CAVAILLON | AVIGNON | NÎMES | LE SÉMAPHORE

Sans écran de fuméeIssu d’un travail de recherche de deuxans sur les ouvrières des manufacturesde tabac de la Belle de Mai,Carmenseitas, d’Edmonde Franchi,donne à voir et à entendre la viequotidienne de ces femmes, leurfraternité émaillée de luttes au gréd’une fresque qui traverse les époques,qui raconte cinquante ans de vie ; c’estaussi un formidable témoignage sur lamémoire ouvrière féminine, uneenquête qui entend bien réhabilitercette histoire oubliée. Le jeu des quatrecomédiennes -outre Edmonde Franchiil y a aussi Hélène Force, Catherine

Lecoq et Tania Sourseva-, dirigéespar Agnès Régolo, est ponctué par lechœur de l’Académie de ChantPopulaire dirigé par Alain Aubin quicomplète le spectacle avec des airspopulaires et révolutionnaires.DO.M.

CarmenseitasLe 10 octThéâtre des Salins04 42 49 02 00www.theatre-des-salins.fr

Triste chaireVictor Bâton est un homme seul, désespérémentseul, et qui n’en peut plus d’être seul. Il vaentreprendre un voyage pour rencontrer un êtrehumain et s’en faire un ami. Vaine quête qui lui fera

traverser des humanités singulières, avec un regardsans concession sur notre monde. Thierry Gimenezest Victor Bâton -personnage titre du romand’Emmanuel Bove Mes amis, écrit en 1924-, mis enscène par Pierre Pradinas et accompagné surscène par Marc Perrone et son accordéon ; un duotouchant et drôle qui raconte le désespoir avechumour et délicatesse.DO.M.

Victor BâtonEn Nomade(s) le 9 oct à Mérindol, le 10 au Thor, le 12à Joucas, le 14 à Robion, le 15 à Noves et le 16 àChâteauneuf-de-GadagneThéâtre de Cavaillon04 90 78 64 64www.theatredecavaillon.com

Salubrité publiqueChristophe Alévêque est Super Rebelle ! Enfin, ce qu’ilen reste... C’est le titre boutade de son tout nouveauspectacle, dans lequel l’humoriste se fait encore plusgrinçant, plus incisif, jusqu’à l’absurde, à l’imagesouvent de l’actualité qu’il décortique à longueur desketchs. Anti politiquement correct jusqu’au bout desongles, cet électron libre continue de titiller lesconsciences, riant (et faisant rire !) de ce qui l’agaceprofondément, du brouillage de piste politique àl’intox médiatique, décrypte sans donner de leçonmais avec «des musiciens sur scène, une revue depresse, de la mauvaise humeur, de la mauvaise foi etaucune limite !»DO.M.

Christophe Alévêque est Super Rebelle !Les 1er et 2 octThéâtre du Chêne Noir, Avignon (84)04 80 82 40 57www.chenenoir.fr

Jeu libre

Pas de décor, pas de costumes, brefpas d’esbroufe dans cette mise enscène efficace du Malade imaginairede Molière par la compagnie Vol Plané.Le dispositif mis en place par AlexisMoati et Pierre Laneyrie repose surun parti pris singulier de présentation,qui donne à voir les coulisses, le plaisird’endosser un rôle… et redonne autexte sa folie comique en s’éloignant«de tous les artifices de l’illusion duthéâtre.» Foin des conventions donc,ce qui permet aux quatre comédiens(Carole Costantini et SophieDelage complètent la distribution) depasser d’un rôle à l’autre avecjubilation. Argan, Béline, Cléante,Toinette… tous s’en trouvent vivifiés !DO.M.

Le Malade imaginaireCie Vol PlanéDu 8 au 10 octThéâtre des Halles, Avignon (84)04 90 85 52 57www.theatredeshalles.com

© Philippe Houssin

© Manuel Pascual

© Cie Vol Plane�© Paolo Cardona

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Vous connaissez peut-être sa voix, reconnaissableentre toutes -aiguë, léger cheveu sur la langue-, ainsique sa grande silhouette brune aperçue au cinémaou à la télévision, vous avez peut-être même déjàremarqué que la belle avait beaucoup d’humour etdu répondant… Mais c’est au théâtre, seule en scène,que vous pourrez découvrir véritablement Armelle.Un voyage dépaysant dans lequel la comédienne sefait piquante, malicieuse, enjôleuse, chanteuse… etdrôle.

ArmelleLe 10 octThéâtre le Sémaphore04 42 06 39 09www.theatre-semaphore-portdebouc.com

Versions originalesVingt ans après sa première interprétation del’hypocondriaque Argan, Michel Bouquet reprendle rôle dans une mise en scène de Georges Werlerentouré d’une troupe de comédiens efficaces, àcommencer par Juliette Carré jouant une Toinetteinsoumise à souhait. Immense comédien, MichelBouquet s’empare du rôle en en faisant ressortir toutela bouffonnerie, «mais une bouffonnerie grave,magique, mystérieuse.» Rien que pour lui…Co-produit par le Théâtre de Nîmes, Timon d’Athènes,Shakespeare and slam est un projet excitant quipropose la rencontre improbable de la langueshakespearienne avec la claque d’un slam urbain. Lascénographe Razerka Ben Sadia-Lavant a donc

imaginé un dispositif mélangeant les genres : duthéâtre avec un acteur rompu aux scènes les plusexigeantes, Denis Lavant, et des artistes slameurs(D’ de Kabal), rappeurs (Casey, Mike Ladd) etmusiciens (Doctor L) qui tous raconteront l’histoirede Timon d’Athènes, sa révolte et son refus dumonde.DO.M.

Le Malade imaginaireLes 13 et 14 oct

Timon d’Athènes, Shakespeare and slamLes 15 et 16 octThéâtre de Nîmes (30)04 66 36 65 10www.theatredenimes.com

Drôle de je

© Anne GayanTimon d'Athe�nes © X-D.R.

Jeu libre

© Philippe Houssin

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SAISONS 32 LE GYPTIS | GTP | NÎMES | AU PROGRAMME

Elle a créé sa nouvelle pièce au Théâtre de la Ville enjuin. Avant de partir à Bruxelles en septembre… et àNîmes dès octobre ! The song est un événement.Parce qu’une pièce d’Anne Teresa de Keersmaekeren est toujours un, mais aussi, plus spécifiquement,parce que celle-ci conduit jusqu’à son terme le viragequ’elle avait amorcé dans Zeitung.Danser dans le silence. S’attacher aux corps mascu-lins (1 femme pour 9 hommes). Laisser entendre lesbruits qu’ils produisent. Les amplifier même, avec unebruiteuse. Et puis s’intéresser à la combinatoire plutôtqu’à l’émotion… La plus musicienne des chorégra-phes travaille donc sur la chanson, celle des Beatles,qui n’intervient qu’en fin de spectacle. Elle se re-centre sur ce qu’elle n’a jamais laissé fuir, mais qu’ellen’a jamais montré aussi à nu : le geste, le poids, ladynamique ne sont pas puisés cette fois-ci dans desanalogies musicales, mais dans les trajets spécifiquesdes corps qui plongent aux origines et évoluentjusqu’à chanter, à courir. Seuls. Vite. Avec la lumièrequi se reflète au-dessus d’eux et les poursuit commeun regard. Les Nîmois, décidément chanceux, pourront égale-ment (re)voir le film Rosas Danst Rosas, où Thierryde Mey a fixé et sublimé la pièce phare deKeersmaeker (le 3 et 8 oct au Carré d’Art).Fondatrice de sa danse, et de bien d’autres.A.F.

The SongAnne Teresa de KeersmaekerLes 6 et 7 octThéâtre de Nîmes04 66 36 65 00www.theatredenimes.com

Jouer au rapDavid Llari est jeune, mais il a déjà beaucoup vécu.Assistant de Franck II Louise pour Drop it et Kon-necting soul, deux pièces marquantes, il a aussi, avecsa Cie Sun of the Shade, créé de nombreusespièces à Paris avant de s’installer à Marseille. Artoy’zsera la première qu’il créera complètement dans sanouvelle ville. Pour cela il s’est adjoint quatre danseursvirtuoses et spécialistes des techniques précises dela danse hip hop : Mickaël Bilionnière, ChristopheLepage, Nassir Moktari et Mined Yahiaoui ; ainsiqu’un beatboxer tout autant réputé, Waxybox.

La création promet de balancer fort,mais aussi dechercher une part

d’enfance : il est question d’un jouet et de l’enfantmalheureux qui le possède…AGNÈS FRESCHEL

Artoy’zDavid LlariThéâtre Gyptis Du 13 au 17 oct04 91 11 00 91www.theatregyptis.com

Revoir Blanche NeigeClassique son Blanche neige ? Oui, délicieusement.Le dernier ballet d’Angelin Preljocaj raconte unehistoire, repose sur des mouvements d’ensemblealternant avec des duos amoureux, sur des solistesencadrés par des rôles de second plan, et sur uncorps de ballet interprétant des scènes de genre, desbals de Cour. Avec de la musique que l’on qualifiesouvent de classique, alors que celle-là, Mahler, estromantique jusqu’après le bout des ongles. Et desdécors que l’on déplace, des costumes somptueux,pléthore de danseurs. Comme à l’opéra.Rêve d’enfant ? Peut-être. Mais n’est-ce pas avec lamatière des rêves que l’on écrit les plus belles œu-vres ? Les élans et les peurs qui fondent ce ballet ontl’épaisseur de l’inconscient. À chaque instant on voitapparaître sur scène, en images inattendues, en

corps virtuoses, les conflits et les schèmes du conte:la pomme, la sorcière, la mort de la mère, l’innocencedes petits hommes, le miroir… Les corps parlent, par-lent leur langage, qui est mouvement dans l’espace,confrontation à l’autre et aux objets. La danse triom-phe, à la portée de tous, bien au-delà des mots quil’ont fait naître. Parce qu’elle emprunte le langageuniversel des corps mais surtout, parce qu’elle toucheaux relations essentielles qui nous fondent : la mater-nité, l’éveil à l’amour, la jalousie, le désir, le deuil.Traversées de moments sublimes, proprement inou-bliables, comme l’incroyable danse verticale, la scènede l’empoisonnement, et les duos amoureux épous-touflants. Décidément le fort de Preljocaj !AGNES FRESCHEL

Blanche NeigeBallet PreljocajDu 5 au 8 octGrand Théâtre de Provence,Aix04 42 91 69 69www.grandtheatre.fr

Le Chant d’Anne Teresa

Artoy'z © X-D.R.

The Song © Michel Franç�ois

Blanche Neige © Agnès Mellon

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J’aime ton corps…À Martigues auxSalins, Michel Kéléménis continuede tourner avec son Amoureuse de Monsieur Muscle…Un trio ludique et malin qui montre aux enfants com-ment marchent les corps, mais aussi la séduction ! le14 oct.

04 42 49 42 00 -www.theatre-des-salins.fr

…tes histoires…Kader Attou continue de tourner son petiteshis-toires.com : un spectacle où le hip hop d’Accrorapplonge vers le mime et le burlesque. Drôle, ettoujours touchant. À Châteauvallon les 2 et 3 oct.

04 94 22 02 02 -www.chateauvallon.com

…ton Afrique…À Châteauvallon toujours, Salia Sanou, emportépar la voix de la chanteuse Maaté Keita, plonge dansune danse instinctive comme s’il la retrouvait, intacte,dans les plis des bruits et des sons d’un villageburkinabé… le 16 oct.

04 94 22 02 02 - www.chateauvallon.com

…tes écrits…Marseille Objectif Danse programme dans le cadred’actOral ses écrits de la danse, portés par deuxchorégraphes qui savent que la parole, ou le rire, sontaussi du mouvement (voir p 24). Antonia Baehr les28 et 29 sept à Montevideo, Olga Mesa les 2 et 3oct à La Friche.

04 95 04 96 42 - www.marseille-objectif-danse.org

…tes extraits…Pendant les Journées du Patrimoine, le Ballet d’Europedanse au MuCEM des extraits de la dernière créationde Jean-Charles Gil, Comme un souffle de femme.Une pièce qui joue sur la reprise par deux quatuorsdifférents (un seul homme ou une seule femme) desmêmes mouvements… Confrontation suggestive ! Le19 sept.

04 96 13 01 12 - www.balletdeurope.org

…et tes répétitionsLa saison du Pavillon Noir commence au GrandThéâtre voisin, mais avant Alwin Nikolais à partirdu 15 oct (pensez à réserver !), les aficionados pour-ront visiter les salles cachées du pavillon pendant lesjournées du Patrimoine (19 et 20 sept), retrouver leGUID dans son nouveau programme d’extraits durépertoire Preljocajéen (bon ça n’existe pas mais onpeut l’inventer ?) à St Cannat le 19 sept, Vitrolles le7 oct, Le Tholonet le 10 oct. Ou bien, moment tou-jours magique pour ceux qui parviennent à entrer,assister à la répétition publique de Blanche Neige le29 sept, à une séance de vidéo danse du 6 au 9 octqui vous emmènera dans les coulisses de la créa-tion… Tout cela est en entrée libre, mais la réservationest fortement conseillée !

0811 020 111. www.preljocaj.org

AGNES FRESCHEL

Brèves de danse

Petites histoires.com © Yves Petit

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Tout débute par un feu d’artifice avecdeux monuments symphoniques bee-thovéniens : les 5e («pom-pom-pom-pôôm !») et 9e (avec sa jubilatoireOde à la joie) du «grand sourd» sontinterprétées par les Chœur et l’Or-chestre Anima Eterna dirigés par Josvan Immerseeel (le 25 sept). Enattendant l’éminente mezzo-sopranoAnne Sofie von Otter dans un boule-versant hommage à des musiquesjouées ou composées dans l’enfer ducamp concentrationnaire de Terezin(le 15 oct), on entend l’accordéonisteRichard Galliano en sextet dans desstandards de Piazzolla (29 sept), lesémillant musico-pédago, star du pafau rayon classique, Jean-FrançoisZygel pour un «Beethov’on the rocks»

virtuose, original et didactique (le 1eroct) et le duo Isabelle Faust etAlexandre Melnikov dans les Sonatespour violon et piano n° 1, 2, 3 & 10de Beethoven (le 9 oct).JACQUES FRESCHEL

Grand Théâtre de Provence, AixConcerts à 20h3004 42 91 69 69www.legrandtheatre.net

MUSIQUE 34 CONCERTS

Le compositeur/interprète Goran Bre-govic (pour le cinéma il compose lesB.O. de La Reine Margot ou Le Tempsdes Gitans…) et ses musiciens del’Orchestre des Mariages et desEnterrements (orchestre gitan, voixbulgares, quatuor à cordes, fanfare tzi-

gane de Moldavie) proposent un pro-gramme festif et psychotonique demusiques des Balkans.

NÎMES. le 27 sept à 18h au Théâtre04 66 36 65 10www.theatredenimes.com

La cuisine du ChefC’est dans les Hautes-Alpes que Raoul Lay lance son nouveau spectacle musical La revue de Cuisine à la tête de l’Ensemble Télémaque. Une savoureuse création du Cadran de Briançon !

Au cœur des Années folles, de nombreuxmusiciens, en France en particulier, dé-couvrent la musique de jazz. Certainesde leurs œuvres portent la trace decette nouvelle verve mélodique etrythmique qui swingue depuis sesorigines New Orleans. Ravel, Satie,Poulenc, Milhaud ou Stravinsky sontau menu d’un délicieux divertisse-ment mis en espace par AlexandraTobelaim qui mixe des textes gour-mands de Balzac, Cocteau ou UgoTognazzi mis en bouche par la comé-dienne transalpine Erika Urban.L’Italie a la part belle dans cet éton-nant «Café concert» pimenté de textesdans la langue de Pétrarque ou unecréation «très Keith Jarret» de LucaMacchi. C’est La Revue de Cuisine,

suite musicale extraite du Ballet jazzde Martinù, qui donne son titre à ceprogramme dans lequel certains opussont savamment (ré)orchestrés parRaoul Lay (comme la fameuse Valse dela Suite jazz n°2 de Chostakovitch).Voilà qui titille les papilles… et latrompe d’Eustache !J.F.

La revue de Cuisinedu 10 au 22 octÀ L’Argentière (10 oct), Guillestre(12 oct), Embrun (14 oct), Veynes(16 oct), Serres (18 oct), Tallard (20 oct) , Chabottes (22 oct)… et en tournée en Italie en novembreThéâtre le Cadran, Briançon (05)04 92 25 52 52www.ensemble-telemaque.com

Pleins feux sur Aix !La nouvelle mouturemusicale du Grand Théâtre de Provence, mitonnée par Dominique Bluzet et Françoise Jan, convoqueBeethoven pour constituerson fil rouge et annonceles venues de Barbara Hendricks, Aldo Ciccoliniou Philippe Jarrousky…

Automne italienLes deux premières Escales italiennesde l’Automne baroque peaufiné parJean-Marc Aymes ont pour siègeartistique Venise et Rome. Deux su-perbes sopranos s’y arrêtent pour desopus interprétés dans un pur espritbaroque. Des «Vêpres à la Vierge» autemps de Monteverdi sont magnifiéespar María Cristina Kiehr, avec ValerioContaldo (ténor). Stephan MacLeod(basse) et le Concerto Soave (le 4 oct.à 18h à l’église St-Laurent), quand

des «Lamenti e Trionfi d’Amore» deRossi ou Carissimi sont célébrés parSandrine Piau, Étienne Mangot (violede gambe & violoncelle) et Jean-MarcAymes aux claviers (le 6 oct. à 20h30à l’église Notre-Dame-du-Mont).J.F.

Centre Régional d’Art Baroque04 91 90 93 75www.crab-paca.orgLocation Espace Culture 04 96 11 04 61 Prestige viennois

Richard Martin invite le Wiener Concert Verein, formation de l’OrchestreSymphonique de Vienne pour un programme symphonique de Haydn (LaPassione), Mendelssohn (2e symphonie pour cordes et Concerto pour violon &piano) et une Création mondiale d’Helmut Schmidinger dirigée par ErrolGirdlestone. Avec Vera Novakova-Brodmann (violon), Maki Miura-Belkin(piano) et la récitante Cécile Auclert.

MARSEILLE. le 18/9 à 21h au Toursky0 820 300 033www.toursky.org

Des rives…Le festival Vingt lieux sur la mer de Musicatreize et Roland Hayrabedian setermine avec L’autre Rive de Zad Moultaka (voir Zib 21), poème chanté en «simu-lacres de l’arabe et du français» qui pose la question «et si j’étais né de l’autrecôté ?»

MARSEILLE. le 18/9 à 21h aux Docks – Espace culture 04 96 11 04 61TOULON. le 19/9 à 17h Opéra/Eglise St louis - Entrée libreARLES le 20/9 à 11h au Méjan 04 90 49 56 78www.musicatreize.org

Balkanique !

Ensemble Te� le�maque © Agne�s Mellon

Jos Van Immerseel © Dirk Vervaert

CréationAprès la création plébiscitée de Pré-face en Prose à la Chartreuse, le jeunecompositeur Lionel Ginoux présenteson œuvre à la Minoterie. L’EnsembleC Barré ?, composé de brillants musi-ciens, sera associé au Chœur de ChambrePyramidion : sous forme d’hommageau poète Benjamin Fondane, ils asso-

cieront musique, littérature et visuel,illustrant les propos du poèteroumain face à l’horreur de l’holo-causte. F.I.

MARSEILLE. Le 2 oct.La Minoterie04 91 90 07 94

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Jos Van Immerseel © Dirk Vervaert

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MUSIQUE 36

Après Elektra, Hugo von Hofmannsthal etRichard Strauss imaginent un opéraléger de type mozartien, une comédielibertine qui, sur fond d’intrigues amou-reuses et comiques, de dialogues vifset subtils, génère par sa musique degrands moments d’émotion. Ainsi La Maréchale chante avec mélan-colie le déclin de la jeunesse alors queles deux jeunes amants Octavian etSophie s’éveillent à l’amour. L’opustriompha à Dresde en 1911 lors de lacréation et, depuis, Le Chevalier à laRose demeure l’un des opéras allemandsles plus populaires. Son titre vient dunom du chevalier, chargé de faire, aunom d’un pair, une demande en ma-riage en offrant une rose d’argent à lafuture. Il y a de la mélancolique Comtessedes Noces de Figaro dans La Maréchale,et du Chérubin travesti (voire du Dancenydes Liaisons dangereuses) chez Octavian.Mais rien, dans la musique de Strauss,ne relève du pastiche du XVIIIe siècle !Si le titre est masculin, Der Rosenkava-lier est plutôt un opéra pour voix de voixde femmes. Excepté le profond BaronOchs (Manfred Hemm), grugé au seuil

du mariage, on y entend la grande so-prano dramatique Gabrielle Fontana(La Maréchale), la formidable mezzoKate Aldrich (le chevalier Octavian),auxquelles on ajoute l’aérienne Sophiechantée par Margareta Klobučar. Pourcette production de l’Opéra de Monte-Carlo, mise en scène par Dieter Kaegi,l’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra deMarseille sont placés sous la directionde Philippe Auguin.JACQUES FRESCHEL

Le Chevalier à la RoseLes 30 sept, 2 et 7 oct. à 19h30, le 4 oct. à 14h30Opéra de Marseille04 91 55 11 10www.marseille.fr

Le cycle de Musique de chambrerecommence au Foyer avec unQuintette à vent avec piano :Beethoven, Schubert, Onslow, le 19sept à 17h.

La 11e édition du ConcoursInternational d’Opéra de Marseille quiattend près de 150 candidats de tousles pays, présidée par RollandoVillazon, distribuera de nombreux prix.Les phases éliminatoires et les demi-finales (du 10 au 12 oct) sontgratuites, mais on loue ses places pourla prestigieuse finale avec l’Orchestre(le 16 oct).

04 91 18 43 10www.concours-opera.com

Faux classique et vrai chef-d’œuvre

© X-D.R.

C’est l’inusable Chanteur de Mexico quidébute l’année 2009-20010 en Avignon(le 3 oct. à 20h et le 4 oct. à 14h30).On attend ensuite le contre-ténor Max-Emmanuel Cencic en récital baroquedans Haendel et Scarlatti (6 oct. à20h30) avant le pianiste Mikhail Rudydans le Concerto de Grieg (9 oct. à20h30). On découvre également

Stéphanie-Marie Degand et ViolaineCochard dans une intégrale des Sonatespour violon et clavecin de Bach (le 13oct. à 20h30 – Eglise St-Pierre).J.F

Opéra d’Avignon04 90 82 81 40www.mairie-avignon.fr

Tutto nel mondo è burlaVerdi a 80 ans lorsque Falstaff, son der-nier opéra adapté des Joyeuses Commèresde Windsor, est créé à la Scala de Milan.On y retrouve toute la verve comique deShakespeare et le style du vieux maître,tournant assurément le dos aux opérasà numéros, colle à la comédie. Son testa-ment lyrique est du théâtre chanté…et surtout un énorme éclat de rire ! L’opus ouvre la saison de l’Opéra de Tou-lon, dans une production reprise de lacréation bordelaise mise en scène par Ivo

Guerra en 2004. Alberto Mastromarinoincarne le chevalier ruiné bedonnant etivrogne, quant la belle Adina Aaronchante le rôle d’Alice Ford. L’Orchestreet les Chœurs de l’Opéra sont placéssous la direction de Giuliano Carella.J.F.

FalstaffOpéra de Toulon (83)Les 9 et 13 oct à 20h et le 11 oct à 15h.Opéra 04 94 93 03 76www.operadetoulon.frJournées du Patrimoineles 19 et 20 septVisites du bâtiment de 9h30 à 12h30 et de 14h30 à 17h30Musique de Chambre au Salon Campra le 15 oct. à 19h

Tutti fruttiDu Roi René au XXIe siècle à Aix : œuvresde Dufay, Binchois, Campra, Gilles,Milhaud et Philip Tyack par les Festesd’OrphéeAIX. Le 20 sept à 17h – Eglise du StEsprit.MARSEILLE. le 1er oct à 20h30 – EgliseSt Laurent.

04 42 99 37 11 - www.orphee.org

Classiques d’HyèresLe 3e Festival International de Musique d’Hyères : concerts autour de Haydn etMendelssohn, soirée baroque, musiques vocales de Sibelius, Grieg et piano à quatremains. HYÈRES. Du 17 au 20 sept (entrée libre).

04 94 38 78 42 - www.festivalhyeres.org

Aubades provençalesRécital du pianiste Antonio DiChristofano (le 18 sept à 20h à Vai-son-La-Romaine et le 20 sept à 16h àMoustiers-Ste-Marie).Concert Musiques de chambre de 1759 à

1828 avec le violoncelliste Sergio Patriaet Elena Ballario au piano (le 19 septà 20h30 à Valréas).

04 90 303 600 -www.floraisonsmusicales.com

Canon au ChâteauLors des Journées du Patrimoine des opus(dont le fameux Canon) de JohannPachelbel sont joués par SharmanPlesner & Caroline Gerber (violons etviole), Jean-Christophe Deleforge (vio-lone), Tarek Abdallah (oud) et Jean-PaulSerra ( clavecin).UCHAUX. Journées du Patrimoine auChâteau et à l’Eglise St-Michel

Le 20 sept à 11h visite et parcours mu-sical. Concert à 18h.MARSEILLE. L’ensemble Baroque Graffitiaccompagne également les danseurs dela Cie Campo pour une création le 19sept à 18h à la Vieille Charité.

04 91 64 03 46 -www.baroquesgraffiti.com

Musique à la CollégialeL’Ensemble Des Equilibres joue Dvorak, Kodaly…SIX-FOURS. Collégiale St-Pierre le 19 sept. à 17h (entrée libre).

Festival de Toulon et sa Région - http://musiquetoulon.pagespro-orange.fr

Chant traditionnelSoirée musicale (le 19 sept. à 20h -Salle Fraternelle avec repas) et Concertpublic (le 20 sept à 15h – Egliseparoissiale) autour des chants tradi-tionnels corse, slave, provençal…Ateliers dans la journée.

CORRENS. 04 94 59 56 49 - www.le-chantier.com

Valeurs aixoises

Falstaff © Fre�de�ric Desmesure

CONCERTS

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Du 1er au 19 aura lieu la quatrième éditiondu festival Jazz sur la ville dans deslieux culturels variés qui ne sont pasforcément des caves d’aficionados… Lesespoirs du cru sont naturellement aurendez-vous et auront l’occasion de sefrotter à coups de bossa, soul ou jazzmusette à des pointures reconnuesinternationalement. Notons quelques concepts singulierscomme le ciné concert jeune publicautour de Blacksmith de Buster Keatondonné à la Meson sur une musique livede Uli Wolters (14/10 à 10h et 15h), levernissage de l’exposition des photosde Michel Lafaille à la Cité de laMusique (6/10 à 18h30) et les deuxconférences musicales : Alcajazz «hom-mage à Billie Holiday»par Cécile Mc Lorinà l’Alcazar (13/10 à 17h) et «penser etfaire le jazz à Marseille» par la Compa-gnie Nine spirit de Raphaël Imbert à

la Cave de la Cité de la Musique(14/10 à 10h).Des lieux comme la Meson s’activentavec la présence de Marion Rampal(10/10 à 19h + exposition 5 ans d’af-fiche) et de Stéphane Belmondo invitépar le Henri Florens trio (17 et 18/10à 20h). La Friche s’implique égalementavec le Cabaret Aléatoirepour un goûterjazz (7/10 à 15h) et Krystle Warren etMeî Teî Shô (9/10 à 21h) précédé d’unplateau Radio Grenouille aux GrandesTables de la Friche (9/10 à 19h).Profitez en pour retrouver Montévidéoet le Grim (carte blanche au label RudeAwakening le 16/10 à 21h), la StationAlexandre (Cecile Mc Lorin Salvantquintet le 17/10 à 21h30), le Poste àGalène (Ndidi O le 3/10 à 21h et TheLost Fingers le 10/10 à 21h), Le Cridu Port (Eric Legnini trio le 1er/10 à20h30, Trio Tentik le 2/10 à 20h30 etToninho Ramos et Joe Vurchio duo le8/10 à 20h30), la Grotte des Accoules(Baltazar Montanaro, Emmanuel Cre-mer et JC Bournine le 3/10 à 21h) ; etn’oubliez pas la Maison du Chant, laBibliothèque du Merlan, l’Intermé-diaire, le Troquet, le Parvis des Arts etle Café Julien.La clôture surtout sera à savourer avecRaphaël Imbert dans le New York Projecten compagnie du Ahmad Compaorequintet (19/10 à 20h30 à la Cité).D’autant que son nouvel opus, actuel-lement sous presse, sera dès ce jour-làen vente libre…FREDERIC ISOLETTA

www.myspace.com/jazzsurlaville

Home Swing HomeLe mois d’octobre sera jazzy dans la cité phocéenne !

Le Festival International d’Orgue de Roquevaire poursuit sa route et présentesa 13e édition depuis le 11 septembre. Huit concerts éclectiques de grandequalité illustrent la thématique Bois, Cuivres et Orgue. Les incontournables duostrompette et orgue seront à l’honneur avec la présence de Guy Touvron (27/9)et de Gérard Occello (13/9), accompagnés respectivement par CarineClement et Chantal De Zeeuw dans des répertoires allant de Vivaldi à Damase.À découvrir également, après l’association Cor, trompette et orgue des Cuivresde Rocamadour (pour le concert d’ouverture (11/9), la bombarde de Jean-Michel Alhaits soutenu par Jean-Pierre Rolland dans un répertoiretraditionnel breton (16/10). L’orgue, instrument dont les timbres se marientsi bien avec les vents, sera tenu par Samuel Liegon et associé au GrandEnsemble de Cuivre Les Zin’q dans une littérature croisant Mozart et le New-Orleans (18/10). Les claviers ayant autrefois appartenus à l’illustre PierreCochereau seront également entourés d’un quintette à vent de formationclassique : flute, hautbois, clarinette, basson et cor (3/10). Deux récitalsrythmeront également cette 13e édition : Bruno Morin (19/11) etEmmanuelle Duperrey (11/10).Renseignements sur www.orgue-roquevaire.frFRÉDÉRIC ISOLETTA

À vos tuyaux

Ndidi O © Lé�a Crespi

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MUSIQUE38 CONCERTS | AU PROGRAMME

Douceur de vivreSes chansons qui naissent «par hasard,par amour, d’on ne sait où, d’un cri enfouicomme un murmure», Virginie Seghersles livrera le 18 sept à 20h30 au Jeude Paume. Sa voix chaude et géné-reuse se mêlera aux contours bossa novade Pierre Barouh, invité et producteurde son second album.

0 820 000 422 – www.lestheatres.net

Pourquoi la terre s’arrête-t-elle detourner du 24 au 26 septembre ? Parceque Marsatac pose ses watts sur la citéphocéenne pour un festival toujoursnouveau. Nouveau lieu tout d’abord.Resté à quai en tant que victime colla-térale de la redéfinition du J4, la 11eédition s’installe quelques embarcadèresplus loin, au Dock des Sud, comptoir etdance floor bien connu des noctam-bules. Nouvelle esthétique, nouvelleprogrammation et tournant artistique.Plus nombreux d’année en année, lesfidèles suivent : ils savent… Toujoursen mouvement, le cru 2009 dessine lescontours d’un axe création, avec pla-teaux inédits et collaborations. Jamaisgagné par la routine, encore appelé àmigrer, Marsatac se déplace et entrainedans son sillage surprises et révélations.La première ? Le 24 avec la créationMix-Up Beyrouth, huit têtes (5 liba-nais et 3 français) sous la directionartistique de Rodolphe Burger, qui futdans un temps ancestral le leader deKat Onoma. À ses côtés la présence de

Fred Nevchéhirlian nous garantit uncocktail explosif. On ne se couche paset on enchaine avec le virevoltantRachid Taha qui bénéficie pour l’occa-sion d’une carte blanche pour un liveoù ses amis le rejoindront sur scène. Çapromet. Que les insomniaques se ras-surent, l’électro pop arabe de Y.A.S etl’oud déjanté des Speed Caravan serontde la partie pour ce qu’il reste de la nuit.Création maison le lendemain avecAftershock qui réunit sous les manet-tes de Nitin Sawhney de jeunes artistesprometteurs de Gènes, Manchester etMarseille. Le maitre DJ japonais Krushet le marseillais Krazy Baldhead vousempêcheront à coup sûr de fermer l’œil,et si l’envie vous prend de changer descène et d’ambiance, les caméléonsBumcello, les californiens MigthyUnderdogs et la batucada drum’n’bassportugaise Buraka Som Sistema vousrappelleront que le sommeil se rattrape.De toute façon qui a parlé de dormir ? Samedi, dernier tour de piste et mélan-ges sulfureux annoncés. Jack de

Marseille, Radio Slave, South Centralet Félix Da Housecat pour une DJ setparty qui prendra l’accent de chez nous,Berlin, Brighton et Chicago. Avant ilfaudra compter sur quelques pointurescomme le trompettiste norvégien NilsPeter Molvaer et son nu-jazz à mi-chemin avec la musique électronique,le rock garage kill the Dj des Battant,l’inénarrable Success, le trio anglais Wehave band dont une des reprises des Pet

Shop Boys est plus que prometteuse, letrip-hop d’Archive, les mystérieusesnew yorkaises d’Au revoir Simone…Décollage de nuit le 24 septembre !FREDERIC ISOLETTA

MarsatacDu 24 au 26 septDock des Suds04 86 67 01 30www.marsatac.com

L’Olivier accueille la plus folle histoirede la chanson : Chanson Plus Bifluorée,humour et bonne humeur garantie pourune relecture irrésistible du patrimoinechansonnier français (29 sept). Au caféconcert l’Usine, rendez-vous plus rock’nroll avec la présence de Dyonisos dontles quinze ans seront fêtés au mêmetitre que la sortie d’un double album deraretés (7 oct).

04 42 56 48 48 –www.scenesetcines.fr

De Gap à QuébecLa Passerelle à Gap accueille TerezMontcalm, belle québécoise à l’universmusical singulier naviguant entre jazz,soul et pop rock. Les grands et fameuxstandards d’Aznavour à U2 se savourenttant la jeune artiste sait envouter lesrépertoires (6 oct).

04 92 52 52 52 – www.theatre-la-passerelle.com

Duo de chocÀ Châteauvallon, fusion garantie le 10oct avec la présence du duo Erik Truffaz/Sly Johnson. La rencontre entre la fu-sion jazz du trompettiste et la voix durappeur promet une très belle soirée.

04 94 22 02 02 –www.chateauvallon.com

Nina Simone is back !Evénement à Martigues aux Salins avec l’incroyable spectacle The Black RockCoalition Orchestra (16 oct). Ce collectif exclusivement féminin venu tout droitdes États-Unis fait revivre la mémoire de Nina Simone dans un show très électrique.Seize femmes en robes panthères et tenues kitch pour une création en hommageà la diva de la musique noire. Sous la houlette et la houppette de Tamar-Kali,égérie de la nouvelle scène afro-punk américaine, ces drôles de dames défendentégalement les luttes dont la voix d’or se faisait autrefois l’écho (droits civiques,racisme, liberté de création des musiciens afro-américains). Ne manquez pas lesDaughters of Nina !

04 42 49 02 00 – www.theatre-des-salins.fr

Istres plus plus

Mars atac les docks

Tour d’horizons…

DégustationÀ Saint-Cannat la rentrée est synony-me de Bacchanales, «le festival musicalà déguster sans modération.» Aussi, dèsle premier soir (le 18 sept), La fanfareBanda du Dock insufflera son espritfestif avec ses rythmes méditerranéens,précédant le swing ska et musette del’est de Canapacoustik. Le lendemain,à 19h, le Guide Urbain d’InterventionsDansées interprètera, avec sa fougue etson talent, cinq extraits particulière-ment virtuoses d’Angelin Preljocaj ;puis le Tintamare Orchestra se produiraen 1re partie de Belle du Berry (20h),plume et voix du groupe Paris Comboqui sera accompagnée de David Lewis.Le duo jouera là les morceaux de son1er album, Quizz, en compagnie de DenisHénault-Parizel (basse) et RémyKaprielan (batterie).DO.M

www.festival-bacchanales.com

Maria do Céu Whitaker Poças, dit CéU faitpartie des belles promesses musicales duBrésil. Imprégné de sa culture samba,l’artiste à la voix chaude s’aventure dansles méandres bossanova, afro-beat, soul,électro-jazz. Cela se savoure comme unbon mojito au bord de l’eau… Ce seral’eau de la Durance au théâtre deChâteau-Arnoux/Saint-Auban (9 oct).

04 92 64 27 34 – theatredurance.com

Rentrée chargéeÀ Marseille l’Espace Julien vous obligeà sortir sans transition. Le clan des Miros,deuxième opus de Renan Luce seral’objet de toutes les attentions le 2 oct.On connaissait le père fan de jazz, onignorait le fils, mais on est curieux. KyleEastwood, fils de papa, compositeur etbassiste doué se fait un nom dans lemonde du jazz. À juste titre, à décou-vrir le 8 oct (export du Poste à Galène).Export du Moulin cette fois, Les célèbresTambours du Bronx et leurs percus-sions urbaines vont secouer la scène ducours Julien le 9 oct au rythme d’unshow toujours explosif.

04 91 24 34 10 – www.espace-julien.com

F.I.

À savourer

Nils Petter Molvaer © Oliver Heisch

Chanson en trombe !Le Sémaphore à Port-de-Bouc ouvre sasaison de belle manière avec «le bal dudébut» par La Tromba (25 sept). En com-pagnie de metteurs en scène et decomédiens qui animeront la saison, LaTromba convie à un voyage de présenta-tion où le chant méditerranéen est placéau centre, carrefour de toutes les influ-ences.

04 42 06 39 09 – www.theatre-semaphore-portdebouc.com

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Grand rendez-vous festif gratuit, laFête de la Paix rassemble tous les cou-rants pour un week-end de partagedu 16 au 20 sept, sur le Cours Foch.Comme chaque année, et tant que laguerre sévira dans le monde, les ondesfm-aires et positives de la Ville d’Au-bagne et sa MJC continueront dedéverser leur message de paix. Commel’an dernier, on y entendra même enexclusivité la création inédite deMarsatac, avec des artistes libanais...

Avec Jo Corbeau, Thérèse Themlin,Zazz Band, NMS, Kaballah, Originescontrôlées, les anciens de Zebda,Mouss & Hakim, Mix up Marseille-Beyrouth... et un grand gâteau à separtager !X-RAY

MJC Pays d’Aubagne04 42 18 17 17http://mjcaubagne.free.fr

Bleu Pétrole et autres Fantaisies…La meilleure date de la Fiesta 2008restera une des dernières apparitionsd’Alain Bashung. Son ombre plane surles Docks et de la programmation decette année, un concentré de passé,de présent et d’avenir, qui va fairecouler beaucoup d’encres…Bashung avait repris Les mots bleus,l’hymne blues pour français moyen d’unSaint Christophe moustachu et dra-gueur, jamais complètement sorti del’époque Top 50. Bashung avait aussiau début ce coté Kraut-Punk sale etéméché, radicalement non cartésien,que défendait Nina Hagen, qui arrivecomme un cheveu dans la soupe…Rêveur et provocante, ces deux artistesdivisent les souvenirs des quarante-naires. Même quand la qualité n’étaitpas là, ces années 80 ont forgé desstyles si libres qu’il en reste des tracesaujourd’hui, entre nostalgie et insou-ciance.Les collages de Loo et Placido, latchatche de locaux comme Toko Blaze(sympa routier des scènes du Sud) ouSam Karpénia, l’exotisme baltique(Caravan Palace) ou la plastique d’une

bête à cornes (Rinocérose) essaierontde se démarquer dans ce lieu qui peineà présenter ses délires les plusbaroques au regard joufflu d’unejeunesse qui préfèrera sans dou-te son Marsatac.Conformément à la coutume,on touchera du doigt la WorldMusic la plus farfelue (après lacé-cité, la paraplégie deStaff Benda Bilili…)et la plus noble(une soirée Fla-menco avec JuanCarmona et desdanseursinvités). On n’at-tendra plus le«grand» retour deKhaled, coureurde fond maintesfois invité danscette épreuve ! Lesidées ne manque-ront pas pourredonner le peps auxmarseillais (tiens ilaurait du y être lui,

Peps, mais à la place on a Anis…etYsaë): la musique Black s’y installe

d’une bien étrange manière, Féfésans les Saïan, Chaka Demussans son Pliers, mais commentest-ce possible ? De jeunes pousses roots réu-nionnaises, Toguna, serontpeut-être un des temps forts des

cinq soirs de ce festivalavec un bon buzz au-tour de Izïa qui apassé l’épreuve desfestivals de cet été,approuvé par lepère Higelin. Onentend déjà lesinsatisfaits vouloirremplacer CharlieWinston (autretête d’affiche plusactuelle) parLeonard Cohen, etIzïa par Jacques. Lespingres dénigrerontl’abondance denoms de DJ au lieu

de noms de groupes,

les plus tatillons l’absence de NathalieNatiembé déjà croisée avec Bumcelloà la Fiesta. Même les moins branchésauront noté que le futur tram se cons-truisant de-vant la grande scène, il yaura du changement cette année…Les uns regrettent déjà l’absence d’unrendez-vous électro, les autresdéploreront le manque de thèmescommuns… C’est sûr que la soirée du23 avec plateau de danse hip hop etDJs de Constantinople, on ne voitpas cela partout… On l’entend donc arriver de loin, laFiesta et ses critiques, ses flonflons,et même sans son accordéon, c’estreparti (sur les rails !) pour une 18eédition !X-RAY

Fiesta des SudsDocks de Sudsdu 16 au 24 octhttp://www.dock-des-suds.org/

Des bruits et du cœur !Beaucoup de bruit pour rien : la mairieaixoise n’a pas chaviré cet été maisl’élection a failli coûter cher aux ac-teurs culturels ne pouvant fonctionnersans la subvention du conseil muni-cipal, bloqué plusieurs mois. Zik Zac arelevé le défi et sonne les douze coupscette année sur des starting-blocks.On y retrouvera tous les bons ingré-dients habituels car l’été est toujoursservi ici au milieu du mois de sep-tembre ! Toujours appliqué à son cadre,le festival avait déjà investi l’an dernierla Bastide de Corsy, et y demeurera(comme l’a fait Cézanne) pour deux soi-rées concerts et trois jours de partage.Une belle nappe (musicale !) avec toutautour des Arts graphiques et visuelsen extérieur : projections, lumières,rencontres pédagogiques, Live pain-ting, avec surtout la présence d’AndréCervera, qui créera une œuvre inéditependant le set de Poum Tchack.Une musique particulièrement festiveet bruyante cette année : le siffle-ment de la cocotte se fera entendrepour le retour des Néo-punks Wampas.Les Chinese Man, déjà présents en2008, jouent à domicile après unetournée en Europe et deux cd d’unemusique chaude et métissée. Le gui-tariste Justin Adams est prêt luiaussi à mettre le feu sous le chaudronlors de sa rencontre avec le guinéenJuldeh Camara, et d’autres bruits plus

singuliers (Rigolus et leur Fanfare,Kaballah) éveillent nos papilles àl’idée d’une telle dégustation de pro-duits du terroir. Pour Poum Tchackcomme pour Ba Cissoko, le Zik Zac son-ne même comme une habitude qui vientsecouer la ville, tout comme l’antre enébullition de Musical Riot, à grandsrenforts de basses puissantes pourmieux digérer le Dub Old School et pré-senter I-Tist and the Dub Machinist.Une passerelle culturelle devait êtrelancée entre Venezuela et le Sénégal,comme un écho qui renvoie la recetteà son inventeur, mais des problèmesde visas et d’argent ont surgi : onaura donc à l’affiche la soul de MelissaLaveaux et un peu de Kingston, avecLe Donz & Kala-kuttaz. Entre les deuxscènes et l’arrêt obligé aux stands culi-naires, on ne saura plus sur quel pieddanser !X-RAY

Zik Zac Festivalles 18 et 19 septJas de Bouffan, Aixwww.fonderie-aix.com

La Paix se célèbre

Toko Blaze © Gherdoussi

CONCERTS | AU PROGRAMME

Nils Petter Molvaer © Oliver Heisch

And on the other hand, Festival desmusiques improvisées s’installe pourla 4e année dans divers lieux accueil-lants entre les Réformés et le Panier(du 18 au 20 sept), avec un souci re-nouvelé de laisser la plus grande desplaces aux artistes invités et à leurinstrument. Un projet multiformeproduit par La Meson et initié par lachanteuse Emilie Lesbros qui se pro-duira d’ailleurs en duo avec soncomplice de longue date RaymondBoni (le 18 sept au théâtre des Argo-nautes à 20h30), et qui animera unstage de chant (le 19 de 14h à 17h30et le 20 de 11h à 15h à la Maison duChant) ouvert aux chanteurs désirantapprofondir leur technique vocale. Àl’affiche, entre autres : le même soiret au même endroit (mais à 19h45),

un solo piano préparé et voix de Ni-colas Cante dans une version plusexpérimentale et introspective de sonMekanik Kantatik ; la Mesonaccueille Hasse Poulsen, guitaristeaventureux dans la recherche de so-norités déroutantes (le 20 à 20h30) ;à la Grotte des Accoules, en parte-nariat avec le Cri du Port, BernardSantacruz jouera de la contrebasseen solo (le 19 à 20h30), suivi un peuplus tard (à 21h15) par le touche-à-tout Gildas Etevenard. Et ce n’estqu’un aperçu !DO.M.

On the other handDu 18 au 20 septLa Meson /04 91 50 11 61www.lameson.com

Sons pluriels

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40 SAISONS MERLAN | MINOTERIE | LENCHE | MASSALIA | SALON

Ce qui permet de prévoir quelques soirées à ne pasmanquer… et de remarquer aussi quelques traits quicaractérisent la programmation de Nathalie Marteau. On peut regretter le nombre de spectacles, tant auniveau des propositions (une petite vingtaine) que desreprésentations (une cinquantaine) ; mais on saitqu’elle est due aux moyens relativement courts de laScène Nationale, dont le budget reste l’un des plusfaibles de France. Les traits les plus intéressants sontailleurs. Dans l’exclusivité donnée à la créationcontemporaine : la scène des quartiers nord, malgrésa jauge moyenne (mais son grand plateau !) fait venirMaguy Marin, Pippo Delbono, la Needcompany…Pour tous ceux qui ont raté Avignon, c’est une aubaine.D’autant que ces stars de la scène contemporainesont accompagnées de cies internationales incon-tournables : la danse de Membros (quatre pièces !),de Salia ni Seydou, de Bruno Beltrao, sont d’uneforce peu commune. De celle qui, au terme du spec-tacle, vous laisse bouleversé pour longtemps. D’autres plaisirs aussi sont à prévoir : le duo decircassiennes Moglice Von Verx, au talent fou, leretour également de Zimmermann et De Perrot, lacréation de Benjamin Dupé, celle d’Eva Doumbia,de Camille Boitel… et le projet cochon de Mathilde

Monfreux, qui promet de finir en boudins, dans lestruismes de l’ard….Car le plus remarquable dans la programmation duMerlan, cette année, est la présence des femmes.Presque la moitié des artistes. Parité que l’on nerencontre nulle part ailleurs. Pour sortir de la régionqui cette année semble avoir fait des efforts, quel-

ques chiffres indicatifs offerts à votre vigilance : encomptant auteurs, chorégraphes et metteurs enscène, le Festival d’Avignon 2009 a programmé 2femmes et demie (une co auteur) pour 75 hommes,et pour 2009/2010 l’Odéon n’en prévoit aucune(mais oui !), le Rond Point �, La Colline 1 et demie, laBastille zéro, le TnB 2, et le Théâtre de la Ville qui apourtant ouvert de nombreuses voies aux femmes 6femmes pour plus de 40 spectacles… Le Merlan prou-ve qu’une autre programmation est possible, que lacréation féminine existe, claque, brûle… et qu’en priverles spectateurs est indigne ! Et si un jour les spectatrices (plus de 60% du public)boycottaient les scènes (et festivals) qui, durant touteune saison, refusent la parole aux femmes ? Et si lessubventionneurs décidaient enfin d’y mettre un peuleur nez ? Et si vous alliez acheter vos places auMerlan ? La billetterie est ouverte !AGNÈS FRESCHEL

Le Merlan, Scène Nationale à Marseille Saison 2009/2010www.merlan.org

Pour la première fois depuis fort longtemps la Scène Nationale du Merlan annonce sa saisonannuelle !

Oper Opis © Mario Del Curto

Place aux artistes !Au Massalia aussi on laisse de la placeaux femmes! Choix qui n’est pas anodin,et dénote une volonté de sortir descircuits habituels du spectacle vivant,si androcrate. La saison s’annonce sans tambour,continuant tranquillement la politiquemise en place depuis des années, quiconsiste à prendre les enfants au sé-rieux de leur corps, leurs peurs, leursdésirs, leurs mots. Avec un peu plus desons et d’objets que les saisons précé-

dentes sans doute, une attentionréaffirmée envers les ados jusqu’auxétudiants, moins de très jeune public(c’est dommage !), des spectacles quise déplacent dans les établissementsscolaires, et une collaboration avecActOral puis Dansem. Parmi les 25 spectacles invités, on note-ra la création de Mère/Fille, thématiquerarement abordée, par la cie Ante-prima, Thierry Bédard qui met enscène Raharimanana (voir p 8 et 24),

le Buchinger’s boot marionettes quirevient mettre une puce mécanique ànos oreilles, Jean-Pierre Lescot quimet Pinocchio en théâtre d’ombre, laCie Skappa ! deux fois… D’autres plaisirs ? Un amouroù la clownArletti rencontre la danse de ThierryNiang, la reprise des Clowns de Cer-vantes, Bonaventure Gacon qui faitson cirque Volchok… Alexis Moati etson Malade imaginaire subtilementdistancié… Le duo féminin de KatyDeville intitulé C’est encore loin ?…Bref, beaucoup de spectacles que nousavons vus et aimés, d’autres que nousattendons avec impatience, comme lacréation de la Cie Du Zieu dans lesbleus, l’opéra de Michel Musseaumisen scène par Jean Pierre Larroche,la création de Thierry Bédard, ou encore,en fin de saison, le dernier spectacle dePhilippe Dorinet Sylviane Fortuny…Bref, une saison riche, très interna-tionale, aux artistes choisis. Pour lesenfants et les autres.AGNES FRESCHEL

Le MassaliaSaison 2009/201004 95 04 95 70www.theatremassalia.com

Contemporain et mixte !

Le théâtre municipal de Salon a une pro-grammation singulière. On y retrouve peude ce qui se fait ailleurs. Beaucoup demusique, du Concert du Nouvel an jus-qu’à Brigitte Engererdans Beethovenavec l’Orchestre de Cannes, en pas-sant par le blues de China Moses, unciné concert du Philharmonique dela roquette, et le rock de MyGGgene-ration. Beaucoup de textes classiquesaussi, Marivaux, Molière, Shakespeare,Gautier, Hugo, mis en scène par descompagnies de la Région (le Kronoped’Avignon, Jean-Claude Nieto, Caro-line Ruiz…). Quelques vedettes venuesde plus loin comme Bernadette Lafont,Robin Renucci, Roland Giraud ouXavier Gallais côtoient des specta-cles fabriqués par là (Carmenseitad’Edmonde Franchi ou Peau d’Anedu Théâtre des trois Hangars…). Unesaison riche, dans un théâtre qui pro-pose aussi des conférences musicales,des ateliers et cours hebdomadairestrès courus, un festival de théâtre sco-laire… et un festival des arts de la rue quiles 3 et 4 oct (voir p. 22)., accueillerales manifestations organisées parKarwan. Vous avez dit varié ? A.F.

Saison 2009/2010Théâtre Armand, SALON04 90 56 00 82www.salondeprovence.fr

Salonparticulier

Un amour © C. Raynaud de Lage

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D’avis de tempête en grains annoncés, les saisons de la Minoterie se succèdentdans une convivialité dont ils ont le secret. La création contemporaine reste aucœur de leur projet, ainsi que la programmation des cies de notre région, prioritésréaffirmées aujourd’hui. Pour preuve : la saison commence avec le jeune ensem-ble de musique contemporaine C Barré, enchaîne avec Grand Magasin, lacréation du Théâtre de L’Ajmer puis celle de Télémaque revenu des Bouffes duNord, Le rêve de la soie… avant d’accueillir Dansem, tout en exposant dansson hall Pierre Gondard et Matthieu Parent. Tout cela pendant le seul premiertrimestre ! Beaucoup de danse et de musique donc, et des textes résolumentcontemporains : la Minoterie s’affirme comme un lieu de création et de recher-ches, dans des formes toujours ouvertes et abordables. Une saison à suivre avecattention et fidélité, d’autant que la suite s’avère tout aussi alléchante… (Cie Lalage,Cartoun sardines, Cie Coline, Geneviève Sorin…). Un lieu de vie irremplaçable quipropose aussi des cours, des lectures, et une bibliothèque dramatique assezunique...A.F.

La MinoterieSaison 2009/201004 91 90 07 94www.minoterie.org

Moins mais plusLa saison du Lenche affiche moins depropositions que l’an dernier, maisfinalement plus de représentations !Les séries s’allongent, et certains spec-tacles s’installent plusieurs semaines :il faut dire que la fréquentation despetites salles du Panier est bonne, etque cer-tains soirs, l’an dernier, lesspectateurs ont dû rester dehors fautede place ! Ce qui, ainsi, ne devrait plusêtre le cas.Pour le reste peu de changements,sinon une confirmation des axes : unecollaboration profonde avec le ThéâtreNational d’Alger, qui aboutit à une créa-tion commune ; une attention auxenfants du quartier, avec cette année

un temps fort bourré de talents d’ici(Christine Fricker, Jeanne Beziers,la Cie Anamorphose et leur joli J’aimarché sur le ciel…) ; un mois demusique avec la chouette cieBaroques Graffiti, qui sait rendre lamusique du XVIIe à sa jovialité ; deuxcréations, un cabaret Tchekhov, et unereprise (Karl Marx, le retour) des Ciesmaison ; Dansem au début, EdouardExerjean au milieu, pour conserver leshabitudes… Bref un recentrage sur lesfondamentaux qui font l’identité de cethéâtre de proxi-mité. Qui regardepourtant vers l’autre côté de l’horizon !A.F.

Saison 2009/2010Théâtre de Lenche04 91 91 52 22théâtredelenche.info

Du grain à moudre

Ensemble C Barré© X-D.R.

Il n'a é� té� heureux qu'une fois, sous un parapluie © Catherine Rocchi

MERLAN | MINOTERIE | LENCHE | MASSALIA | SALON

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SAISONS42 NÎMES | ARLES

Nouvelle charte graphique et nouveaulogo pour le Théâtre de Nîmes qui mixedes genres… sous l’entière direction,désormais, de François NoëlSeul aux commandes, puisque la convention qui liait lacie Deschamps/Makeïeff au Théâtre n’a pas étéreconduite, François Noël annonce une saison dédiéeaux artistes et à la création, dans la continuité, maisavec un autre artiste associé : le metteur en scène etvidéaste Bruno Geslin, que le Théâtre a déjà accueillià de nombreuses reprises, sera donc présent avec lacie La Grande Mêlée dans une création, Paysage(s) deFantaisie (titre provisoire), qui fait dialoguer desadolescents «entre documentaire et fiction spéculative»,puis dans Crash(s) !/Variations, librement inspirée deCrash de James GrahamBallard, pièce dans laquelleil tisse des variations autour des obsessions de l’auteurpour les environnements fermés ; et enfin avec LaParanoïa, pièce de Rafael Spregelburgmise en scènepar Marcial di Fonzo Bo et Elise Vigier dans laquelleil signe les images. D’autres créations viendront émailler la saison : duthéâtre avec La Nuit, un rêve féroce…, sur un texte deMike Kenny, une mise en scène de Marc Lainé et unecréation musicale du groupe Moriarty (à partir de 6ans) ; de la danse avec Daisy Cutter de la cie La Zampasur une chorégraphie de Magali Milian et RomualdLuydlin, Se souvenir que l’air nous porte par la cierégionale Zéline Zonzon et Duel sur une chorégraphied’Anne Lopez ; en musique enfin avec Poèmes enprose du compositeur espagnol Carlos Duque parl’orchestre du Conservatoire de Nîmes, une partitionélectroacoustique du Spleen de Paris de Baudelaire.

D’autres moments forts sont à noter : un nouveaurendez-vous classique concocté par René Martin-créateur des Folles journées de Nantes et du festivalde La Roque d’Anthéron- intitulé La Folle Nuit qui sedéroulera en décembre ; mais aussi une programmationde choix en janvier pour le Festival Flamenco qui fêteses 20 ans et qui rassemblera tous les grands noms dugenre : Silvia Marín, El Cabrero, Israel Galván, AndrésMarín, Diego Carrasco… Le reste de la programmation est riche en «stars» dethéâtre (Galabru, Bouquet, Ludmilla Mikael, Denis lavant,Fellag, Caubère) et en propositions en tous genres : LeMalade imaginaire mis en scène par Georges Werler,le Collectif Superamaset son Empire, Yves Beaunesne,que les nîmois connaissent bien (sa mise en scène duCanard sauvage d’Ibsen est encore dans tous les esprits)

pour Le Partage de midi de Claudel, le collectif LesPossédés avec Oncle Vania… ; en danse avec le CirqueNational de Chine, Anne Teresa De Keersmaeker,Garry Stewart ; et en musique bien sûr, avec l’En-semble Baroque Capriccio Basel qui accompagne lasoprano Maria Cristina Kiehr, l’Orchestre Nationalde Montpellier, l’incontournable rendez-vous de find’année Musique sur cour…Quantité et qualité peuvent faire bon ménage : venezdonc le vérifier à Nîmes !DOMINIQUE MARÇON

Théâtre de NîmesSaison 2009-201004 66 36 65 00www.theatredenimes.com

Altérités artistiquesÀ Arles la nouvelle saison débute sous de bons auspices,la fréquentation du théâtre étant en nette hausse ! 7% despectateurs supplémentaires par rapport à la saison2007/2008, 28% de plus sur quatre ans, un nombred’abonnés croissant qui viennent pour 65% d’entre euxd’Arles même, puis de la communauté de commune etenfin du reste de la région.… Forte de ces encourage-ments, Valérie Deulin, qui dirige le Théâtre, a concocté«un parcours placé sous le thème du préjugé, du respectdes altérités, puis des rapports orient/ occident.» Il y a bien sûr dans cette programmation des nomsconnus, des fidèles qui reviennent, comme Claire LeMichel avec des Contes d’automne adaptés de l’ouvra-ge éponyme de Grégoire Solotareff, Agnès Limbosqui reprend un de ses grands classiques du théâtred’objet, Petit pois, le chorégraphe, danseur et comédienRadhouane El Meddeb dans le solo Quelqu’un vadanser…, Le banquet fabulateur de Catherine Marnas,festin jubilatoire où le plaisir des fables et des textesdramatiques se dévore et se boit en compagnie…, ouencore Vanessa Van Durme, la magnifique auteure etinterprète de Regarde maman je danse qui revient avecFemme blanche. Et puis il y a aussi d’autres belles propositions, notam-ment avec une nouveauté, début 2010 : un week-endde performances qui se demandent si Le multicultura-

lisme peut aller au-delà du culinaire ! Le programmecomplet n’est pas fixé, hors la venue de Hooman Sarifi,chorégraphe et interprète de We failed to hold this realityin mind, journal intime dansé sur fond de musiqueclassique iranienne, et celle du performeur suisse YanDuyvendak qui s’attaque dans Made in Paradise auxclichés médiatiques. Côté théâtre, citons en outre une mise en scène deBernard Orsoni pour un texte inachevé de Brecht,Jean la chance, avec la cie Théâtre de Neneka ; uneCène apocalyptique deValère Novarina, Le Repas, misen scène par Thomas Quillardet ; le Pénélope ô Péné-lope écrit, mis en scène et joué par Simon Abkarianentouré de sa famille d’acteurs venus pour beaucoup

du Théâtre du Soleil ; We are la France, satire sociale deJean-Charles Massera adaptée et mise en scène parBenoît Lambert ; le très intriguant Le Globe de ThierryBédard, petite leçon de géopolitique à l’usage desenfants ; le très attendu délire argentin de la cie Timbre4, Le cas de la famille Coleman, où comment se tissentet se délitent les liens familiaux… Sans oublier les rési-dences de création, à commencer par celle de LaCompagnie singulière accueillie au domaine de l’Etangdes Aulnes qui travaillera sur sa nouvelle création,ApartéS et le GdRA (présent l’année dernière avecSingularités Ordinaires) qui prépare Nour, histoires demigrations, toutes deux visibles la saison prochaine auThéâtre d’Arles. Et la Cie Onstap, qui a inventé unrap/slam fait de propos forts et drôles et de percussionscorporelles, présente en janvier avec Parce qu’on va paslâcher.Et puis, comme chaque début de saison, le festivalCirque & Entresorts s’installe en ville avec baraques etchapiteaux : voyez le détail page 22 !DO.M.

Théâtre d’ArlesSaison 2009-201004 90 52 51 51www.theatre-arles.com

Déclinaison des créations

Crash(s) ! Variations © Alain Monot

Le repas © Patrick Fabre

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43SAISONS3BISF | ATP (AIX) | LE PÉRISCOPE (NÎMES)

Le 3bisf est un lieu précieux pour la création artistique.Un de ces chaînons qui manquent dans le circuit dela production et de la diffusion : c’est un lieu d’élabo-ration. Le Pavillon discret, situé au cœur de l’hôpitalpsychiatrique Montperrin, accueille des artistes enrésidences longues, et coproduit leurs créations. Aupassage, il demande à ces artistes de faire des ateliersavec les résidents de l’hôpital, les visiteurs, le person-nel hospitalier. Ou le public. Un souffle d’air et d’art dansl’univers de la maladie mentale, et une voie d’accèspour chacun vers ceux que l’on enferme. Un souffleaussi pour les artistes : ceux qui y travaillent sem-blent, au fil des ans, trouver là le temps et l’espace defabriquer des choses, et l’on ne compte plus les œuvresélaborées en ces murs. Au premier trimestre il y aura les 6 et 7 oct des perfor-mances de Dominique Gillot, soit 25 mns de«relecture fébrile» de la «musique populaire de masse».Performances qui seront doublées d’ateliers musicaux

en septembre, janvier et mars, et de l’installation d’unblog… Pour la plasticienne Cécile Dauchez la démar-che sera inverse : l’atelier d’octobre, qui déboucheraaussi sur la création d’un blog, précèdera l’expositionpersonnelle de mars. De même pour Rémi Yadan :son atelier de pratique théâtrale et filmique (novem-bre), destiné à faire prendre conscience de l’imageque l’on donne de soi lorsqu’on est sur scène, précé-dera son exposition de janvier.On pourra voir aussi en avant-première du 26 au 28nov le duo de Geneviève Sorin et Lulla Chourlin,conçu et répété là avant d’être créé en février à laMinoterie. Les quatre jumelles de Copi, proposéespar la Cie LESGENSDENFACE, finiront de s’élaborerlà (présentation du travail du 5 au 7 nov, atelier du 13au 16 oct) avant d’être crées au Comœdia d’Auba-gne… Puis Skappa ! présentera un spectacle les 4et 5 déc dans le cadre de Momaix…AGNES FRESCHEL

Saison 09/103bisF, AIX04 42 16 17 75www.3bisf.com

Le temps d’élaborer

Cé�cile Dauchez, collage sur bureau pré�sidence 2, impression jet d'encre, dim 30 x 45 cm © Cécile Dauchez

À Nîmes, pas très loin du grand Théâtre, le petit Péris-cope fête ses dix ans en beauté. Car si la salle est petite,elle est toujours pleine comme un oeuf et accueille desspectacles de grande qualité. Jugez un peu : la saisoncommence par Tête de nuit le 9 oct, un trio de théâtrevisuel par le N.U. collectif, très (bien) inspiré de Phi-lippe Genty ; et enchaîne avec l’Immédiat de CamilleBoitel (voir p 26) les 5 et 6 nov… La saison anniver-saire prévoit une quinzaine de spectacles qui, au-delàdu Festival des P’tites canailles en avril, soigne lejeune public, et propose aux adultes des formes contem-poraines de pointe. Comme le Vice Versa de Will Self(voir ci-dessus) ou les Plasticizations délirantes deNelisiwe Xaba. De quoi retenir les (nombreux) fidèleset en attirer de nouveaux, d’autant que le Périscopeorganise aussi des ateliers de théâtre pour tous âgeset tous niveaux…A.F.

Saison 2009/2010Théâtre duPériscope, Nîmes04 66 76 10 56http://theatre-periscope.fr

Le bon jour d’Aix

Au milieu des querelles qui opposent souvent Aix etson Pays, petites structures historiques et grossesinstitutions récentes, les Amis du Théâtre Populaire,à Aix, proposent à leurs adhérents une program-mation d’une grande qualité qui s’immisce dans tousles lieux… Preuve que leurs esthétiques ne sont passi lointaines ? Cette année les ATP seront partout, dela salle Emilien Ventre à Rousset jusqu’au Jeu de

Paumeau cœur (battant ou assoupi ?) de la ville d’eau;du Vitez universitaire au Pavillon Noir des danseurs,en passant par les Ateliers, le 3bisf, et une tournéedans la Communauté du Pays d’Aix qui accueil-lera… la création qu’Olivier Py concocte en son Odéon,Théâtre National tout de même !Malgré cette diversité d’échelle une grande unité nond’esthétique, mais de qualité. Pour preuve : au premiertrimestre ne ratez pas Vice versa de Will Self, drôle,grinçant, contemporain et intelligent (du 19 au 21 octau Théâtre des ateliers), mais pas non plus au Jeude Paume le romantique Quatrevingt-treize mis enscène par Godefroy Segal (le 23 nov), ni à Roussetle classique Marivaux (Le Triomphe de l’amour) misen scène par Cendre Chassanne (le 3 déc). En bref,on vous conseille vivement de vous abonner !!A.F.

Saison 09/10Amis du Théâtre Populaire, Aixwww.atpaix.com

Joyeux anniversaire !

Plasticization © Suzy Bernstein

Vice Versa © Julien Oppenheim

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SAISONS44 GRASSE | STE MAXIME

Imposant dans son enveloppe de verre signé Jean-Pascal Clément, Le Carré Sainte-Maxime afficheune première saison audacieuse sous la houlette deValérie Boronad, ancienne artiste associée à LaFerme du Buisson, et de la cie Artefact. En effet, au-delà de son accueil en résidence, Artefact s’associepleinement au projet artistique en offrant au Carré«un véritable chantier de création ouvert» avec septspectacles, des rencontres et des répétitionspubliques… En guise d’introduction, le festivalpluridisciplinaire Entre ciel et terre est dédié «auxquêtes exploratoires, aux esthétiques du merveilleux,au questionnement de l’invisible» : une manièred’affirmer la coloration particulière d’une saison queValérie Boronad a souhaité «inscrire dans l’air dutemps tout en s’adressant à tous». Ainsi, pour toucher le plus grand nombre et notam-ment le public jeune qui reste à conquérir, Le Carrépropose de regarder le monde contemporain àtravers le prisme du cirque, de la danse, du théâtre derue, de la musique et des arts numériques. Dans cebouillonnement créatif, on retiendra au premiertrimestre la performance hip hop de la cie AlexandraN’Possee, l’émouvante Myriam Boyer dans La Viedevant soi mise en scène par Didier Long (troisMolière en 2008), la voix envoûtante de la chanteusejazzy Stacey Kent, toute la sensualité du tango livréeà chaud par dix danseurs et le sextet de DanielBinelli. Ou encore l’immense talent de CatherineRich au service de Stefan Zweig dans 24 heures dela vie d’une femme adapté par Marion Bierry. Dumerveilleux avec Mon Pinocchio de Jean-PierreLescot, passé maître dans l’art du théâtre d’ombreset d’objets, et du spectaculaire avec le célèbre ballet

Casse-Noisette revu et corrigé par le Cirque nationalde Chine. De l’expérimental enfin, avec MylèneBenoît et sa cie Contour progressif qui convoquela danse et les arts numériques et interroge l’in-fluence du jeu vidéo sur le monde réel…Ce qui ressemble à un chassé-croisé entre têtes d’af-fiche et artistes émergents, nouvelles écritures ettextes du répertoire, imaginé par un tout nouveaupôle culturel varois richement doté de deux salles despectacles, d’un espace d’exposition, d’une média-thèque et d’un complexe cinématographique.

Impossible de ne pas s’en réjouir, d’autant que l’offrede qualité la plus proche est à plus de 60 kilomètres…à Grasse, Draguignan ou Châteauvallon !MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Carré Léon GaumontSaison 2009-2010Sainte Maxime (83)04 94 56 77 77www.carreleongaumont.com

Fidélité et austérité sont les maîtresmots de la nouvelle saison du théâtrede Grasse : fidélité à la danse et aucirque puisque la scène est conven-tionnée pour cela ; austérité budgétaireavec un nombre de spectacles revu àla baisse (une trentaine pour une cen-taine de représentations) et un retouraux spectacles in situ, moins coûteuxqu’hors les murs… Une programmationperméable à la conjoncture économi-que, ce que Jean Flores affiche

clairement dans son éditorial : «Nosfinances commencent à clignoter à«l’orange» ! et nous devons repasser au«vert» rapidement. Pour compenser lesbaisses de subventions (ou les nonaugmentations) nous lançons un appelau mécénat en sollicitant des finance-ments privés d’entreprises de la régionet en créant ainsi le Club des Partenaires.»Pas de saison au rabais cependant,mais l’affirmation de choix artistiquesvers un public plus ciblé : «Au lieu de

nous lamenter nous «investirons» surnos jeunes car le public reste une denos préoccupations majeures.» Dès l’ouverture le ton sera donné entrefestivité, convivialité et austérité ! Lacompagnie Castafiore, compagne deroute depuis 12 ans, offrira une miseen bouche de Stand Alone Zone crééen décembre, tandis que le public, conviéà la fête, est invité à apporter à boire età manger dans un esprit de «mutualisa-tion de tout pour tous»… Le théâtre deGrasse soutient également la jeunescène circassienne dont le talent serépand comme une traînée de poudre:Julien Cottereau, Cie Dare d’Art, LesArgonautes, Étienne Saglio… Mêmeles spectacles de théâtre et les soli ontl’heur de plaire à toute la famille, les unsrevisitant les textes du répertoire, lesautres braquant leurs projecteurs surdes têtes d’affiche. Quand ils ne com-binent pas les deux : Michel Galabru etPhilippe Caubère, Romane Bohringer,Francine Bergé et Roxane Borgna,Zabou Breitman, François Morel ouMichel Boujenah. Avec le fascinantcourt métrage d’animation (oscarisé !)

de Suzie Templeton, Raoul Lay etl’Orchestre de Cannes, la musique deProkofiev mettra à l’unisson petits etgrands lors des ciné-concerts Pierre etle Loup. Et c’est sur le fil de la danse quel’on pourra mesurer «la prise de risque»du Théâtre de Grasse, avec une gammede propositions inventives, étonnanteset revigorantes : Mourad Merzouki,Thierry Vincent et Monique Loudiè-res, Heddy Maalam et Fritz Hauser,Claude Brumachon, ThomasLebrun. Bref, malgré ce temps de crise quipèse lourd sur les structures cultu-relles, Grasse reste un soutien de taillepour les artistes avec pas moins de 10créations, soit un tiers de sa saison !MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Theâtre de Grasse (06)Saison 2009-201004 93 40 53 00www.theatredegrasse.com

Un Carré multiforme

Nos Limites © Renaud Vezin

Pas Perdus de la Cie Dare d’Art © A. Chaudron

Ambitieux et réaliste

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SAISONSCHÂTEAUVALLON |DRAGUIGNAN | LES COMONI

Dire que le théâtre jeune public abeaucoup à apprendre au théâtre pouradultes ne relève pas de la pirouetteparadoxale. On s’y interroge sur la récep-tion, sur l’entendement du public, et lapréoccupation des artistes est detoucher à l’universel, à ce qui nous fondeen commun. Et, surtout, de le donner res-sentir simplement à l’entendement detous. Le pôle jeune public du Revest fait partiede ces lieux-là. Lié au Massalia ils fontcertaines fois programmation commune:cette année tous deux accueillentThierry Bédard, Volchok, PhilippeDorin ou Jean-Pierre Lescot… Maisle pôle varois se consacre, davantageencore que son grand frère historique,au théâtre d’objet, aux petites formes

qui parlent à l’imaginaire enfantin, à ladanse qui met en scène les transfor-mations du corps. La saison commencera par Être le loupdès les 19 et 20 septembre : lors desjournées du Patrimoine, dans leschamps, avec la Cie Orphéon, il s’agi-ra d’écouter l’histoire de cet hommerecruté par l’ANPE pour un emploi deLoup… Après cela il y aura le cirquemoderne, un ciné concert, et le spec-tacle bouleversant de Daniel Danis,Kiwi. À voir tout près de ses enfants,plutôt ados, en les rassurant sur ladureté du monde.AGNES FRESCHEL

Les ComoniSaison 2009/2010Pôle Jeune PublicLe Revest-les eaux(83)04 94 98 12 10polejeunepublic.com

Formes inventives

Hétéroclite comme toujours, ouverte sur le monde, lanouvelle saison du CNCDC Châteauvallon à Ollioulesdessine une cartographie originale, riche de terres vier-ges et de paysages familiers. La première expéditionse déroule du 18 au 23 sept à l’occasion d’une semainede présentation de saison organisée par ChristianTamet et son équipe, à la fois vitrine festive, carted’identité du lieu et levier des réservations à venir…Pour 1 euro seulement, le public peut accéder auxlectures spectacles de Bartleby d’Herman Melvilleavec Daniel Pennac et de La main coupée de BlaiseCendrars avec Alain Cesco-Resia, découvrir lesalon de musique iranienne de Shanbehzadeh, etretrouver la verve de Fellag dans Comment réussir unbon petit couscous avec Bruno Ricci. Enfin, emballépar l’exposition de François Daireaux produite enfévrier dernier par la Villa Tamaris à La Seyne sur Mer(voir Zib’ 16), Châteauvallon invente une suite origina-le dans le hall du théâtre couvert sous la forme d’unecarte blanche. Cette mise en bouche sera suivie d’untemps fort de cirque, les 25 et 26 sept, avec le «duopour rire» Mathurin Bolze et Hedi Thabet et lesdeux soli de la compagnie Moglice-Von Verx, celuide la trapéziste Chloé Moglia et celui de MelissaVan Vépy en duel avec un crochet de levage géant!Après cette rentrée en fanfare, le voyage au long coursse poursuivra ponctué de haltes cosmopolites, derévélations et de fidèles compagnonnages. Histoire

de conforter ses liens avec Sophie Perez et XavierBoussiron pour un Gombrowiczshow totalement dé-janté, avec Omar Porras qui revisite Les fourberiesde Scapin, Philippe Decouflé qui ouvre les portes

de son music-hall dans un spectacle réservé auxadultes, Cœurs croisés,ou encore Joël Pommeratenrésidence pour son étude d’anthropologie théâtraleJe tremble 1 et 2… France, Argentine, Italie, Orient,Afrique : Châteauvallon s’affranchit de toutes lesfrontières et instaure même un nouveau cycle, Noircomme l’amour, qui met en avant la culture noiresous toutes ses formes et dans toute sa diversité.Avec, par ordre dispersé d’entrée en scène, les compa-gnies chorégraphiques Salia Ni Seydou, RaphaelleDelaunay et Faustin Linyekula, l’orchestre TheBlack Rock Coalition, la metteur en scène EvaDoumbia, la chanteuse Dobet Gnahore et les huitmusiciens congolais de Staff Benda Bilili… C’estdire si les sillons creusés par Châteauvallon ouvrirontl’imaginaire collectif sur de nouveaux espaces.MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Saison 2009/201004 94 22 02 02www.chateauvallon.com/reservation

Châteauvallon, plus dépaysant que jamais

Coeurs croisé�s © Agathe Poupeney

Volchok © Philippe Laurenç�on

GRASSE | STE MAXIME

Depuis l’arrivée d’Odile Thiériot à latête des Théâtres en Dracénie, lenombre des spectacles s’est multiplié.Leur pertinence aussi, et le public asuivi : la fréquentation est excellente,et les subventionneurs se réjouissentque leur pôle théâtral soit aujourd’hui leplus fréquenté du Var. Cette année lasaison proprement dite, dans les mursdu théâtre de Draguignan rénové, com-mencera un peu en retard en raison destravaux de sécurité initiés cet été : c’estle 14 nov que le public pourra retrouversa salle de 750 places, pour un specta-cle événement de cirque vietnamien.D’ici là, hors les murs, une véritable fêteles rassemblera le 2 oct : un Hommageà Istanbul emmené par la cie Monta-naro et des musiciens méditerranéenspour un répertoire arabo andalou, suivid’une pluie de plumes d’anges, balletaérien conçu par les Studios de cirquede Marseille. Puis un autre spectaclegratuit, L’Homme semence, d’après lerécit autobiographique de l’habitanted’un village privé d’homme par laguerre… le 9 oct à Taradeau, le 10 octà Bargemon, le 11 oct à Château-double. Et comme chaque année, lefestival des Musiques insolentes les16 et 17 oct… salle Lilly Pons, avec enparticulier Jean-Marc Montera etAhmad Compaoré.

Après la réouverture, pas moins de 42spectacles sont programmés : les habi-tuels festivals de danse et jeune public-la scène est conventionnée pour cela-et le temps de cirque. Mais aussi beau-coup de théâtre : le Phèdre de RenaudMarie Leblanc, La Douleur de Duras/Chéreau/Dominique Blanc, Le Jouroù Nina Simone a arrêté de chanter…Une saison très riche, sur laquelleZibeline reviendra dans quelques se-maines… Ce qui ne doit pas vousempêcher de vous abonner dès à pré-sent –à l’office du tourisme jusqu’au 15oct, durant la durée des travaux !AGNES FRESCHEL

Saison 2009/2010Théâtres en Dracénie (83)04 94 50 59 59www.theatresendracenie.com

Draguignan fait rêver !

Place des anges © Bozio

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Aux Halles, la saison débutera avec laCie Vol Plané qui offre une nouvelle jeu-nesse à la dernière comédie de Molière(voir p 30). Puis du 22 au 24 oct, BernardProust philosophera autour de la ques-tion de l’écriture théâtrale. Reprise d’UneVoix sous la cendredu 18 au 20 nov, à voirabsolument si vous l’avez raté la saisondernière. L’année se finira les 18 et 19décembre avec le Théâtre de l’Ephémèrequi montera pour la première fois à troisvoix la pièce Donc de Jean-Yves Picq. Jean-Vincent Brisa se dédoublera pourretracer l’œuvre inépuisable de Molièreles 14 et 15 janv, dans Molière, une passion.L’incandescent Denis Lavant devraitenflammer la scène dans La Grande vie deJean-Pierre Martinet du 28 au 30 janv(sous réserve). En février, découverte d’untriptyque sur les métamorphoses des fron-tières mentales et géographiques de la villeavec 74 Georgia avenue précédé de LesMarchands ambulants et Le Vieux juif. Les 30 et 31 mars, l’Auguste Théâtreoffrira au jeune public dans le cadre dufestival Festo Pitcho, Le roi de la plage.La nouvelle création d’Alain Timar, réunis-sant entre autre le trio gagnant des

comédiens du Calaferte, sera donnéedu 22 au 25 avril. Simples Mortels, adaptédu roman de Philippe de laGenardière,dressera dans ses convulsions commedans ses éblouissements un tableauprimitif de notre postmodernité. Agnès Régolo présentera également sadernière création du 13 au 16 mai. Qued’espoir d’Hanokh Levin, réunira sa fineéquipe de comédiens (Nicolas Geny,Catherine Monin, Kristof Lorion etNicolas Chatenoud) et les inclassablesmusiciens du collectif Inouï. De la réjouis-sance et du talent en perspective. Et en juin, avant le prochain festival, le spec-tacle Swansera repris par laCie Fraction.Librement adapté par Jean-François Mati-gnon à partir du Red Riding Quartet, la«noire» tétralogie de David Peace. Puisla Cie La Sentinelle clôturera la saisonavec Vous avez dit Colette ? d’aprèsLettres à sa fille, 1916-1953 de Colette.DELPHINE MICHELANGELI

Saison 2009-10Théâtre des Halles04 90 85 52 57www.theatredeshalles.com

SAISONS46 AVIGNON

L’empreinte de BenedettoSuite au décès du fondateur du Théâtredes Carmes, rebaptisé Théâtre desCarmes André Benedetto, son entou-rage souhaite poursuivre son œuvre.Aspirant surtout à ne pas devenir un«garage» ni un musée, les amis d’AndréBenedetto vont tenter de rester dansl’esprit du théâtre créé en 1964. Un«Conseil des sages» agira pour sa conti-nuité et en maintiendra l’esprit. En 2008,Benedetto avait réactualisé le texte Em-ballages, créé dans les années 70, sur lacondition ouvrière, l’homme et la mar-chandise. Une lecture d’une secondeversion de ce spectacle sera donc don-née le 17 oct, par sa fidèle troupe. PuisBertrand Hurault, le président de l’associa-tion Nouvelle Compagnie d’Avignonremplacera l’homme-orchestre du 20 au

24 nov dans la pièce Lettres anonymes,qu’il n’aura joué que deux fois pendant lefestival. Des projets sont à l’étude, notamment lapublication d’un recueil complet desécrits de l’artiste et des invitations dejeunes troupes autour de ses textes.Premier à jouer intra-muros en 1966,hors de la programmation officielle, lefondateur presque involontaire du off, cerebelle à l’œuvre foisonnante, laissera ungrand vide dans la cité papale. Espéronsque son théâtre restera.DELPHINE MICHELANGELI

Saison 2009-10Théâtre des Carmes04 90 82 20 47www.theatredescarmes.com

Le Ring passe la mainMarie Pagès, directrice du Théâtre duRing, retourne à ses premières amours.«Je veux refaire à plein temps le boulot quej’avais choisi, à savoir comédienne et met-teur en scène». En décidant de vendreson théâtre pour revenir pleinement surle plateau, elle choisit aussi et surtout «deparler d’autres choses que d’argent». Unedernière fois sera malgré tout nécessairepour conclure la mise en vente du théâ-tre, qui rencontre actuellement deux

accroches sérieuses. En attendant le pas-sage de relais d’ici fin décembre, le dernierspectacle de la cie Salieri Pagès, LeBonheur de la Tomate (voir p10) qui aaffiché complet tout le festival, part entournée dès le 17 septembre à la SalleBouvier de Morières-les-Avignon et en-chaînera sur une vingtaine de dates pendantl’année. Une journée de clôture se tien-dra fin novembre avec un Marathon deLectures réunissant tous les auteurs invi-

tés et un bataillon d’acteurs et de metteursen scène (dont Gérard Gélas, Alain Timar,Nicolas Geny, Serge Barbuscia et MariePagès). Un dernier round généreux pourpasser le relais.DE.M.

Le Ring04 90 27 02 03www.lering-salieripages.com

Octobre aux DomsOuverture de saison attendue au Théâ-tre des Doms avec l’étonnante cieavignonnaise Art.27 qui jouera du 1er au4 oct sa dernière création Le Nord Perdu,adapté des poèmes de la comédienneCatherine Monin. Un petit bijou d’écri-ture, mis en scène par Thierry Otin eten lumières par Erick Priano répété enrésidence sur la Scène de Cavaillon où ila été présenté le 8 sept en avant pre-mière… En images suggestives et musiquede voyage, quatre comédiens racontentdes histoires minuscules, des bouts devie, des morceaux de rêves et des partsd’ombre. Ils nous font perdre le Nord touten suivant le soleil. Leçon de savoir le 10 oct avec une ren-contre entre Jacques Reisse etPascalPicq qui exploreront, avec Darwin et laquestion des origines, la théorie de l’évo-lution dans une conférence/débat. LeThéâtre de la Marmite viendra ensuiterencontrer un large public les 22 et 23avec La Grande dame, accompagné parl’atelier théâtre du CE-SEPR du Pontet etla Cie Carcara. Puis, dans le cadre deDrôle d’Hip Hop, la cie des Daltoniensprésentera les 25 et 26 octobre le spec-tacle Tag. En collaboration avec les toutesproches Hivernales qui organisent lesfestivités chaque année… Le reste de lasaison continuera sur la même voie : dansla collaboration amicale, et l’excellence…DE.M.

Saison 2009-10Théâtre des Doms04 90 14 07 99www.lesdoms.be/fr

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La Grande Dame - Cie La Marmite © X-D.R.

Guantanamour © M. Pascual

Les Halles ont des talentsExplorons la ChartreuseLe Centre national des écritures duspectaclecontinue de porter son attentionà la création culturelle multidisciplinaire.Après des résidences offertes à des au-teurs et des artistes, des présentationsde travaux (en cours) sont donc organi-sées à la Chartreuse. Kitsou Duboisouvrira le bal le 24 sept dans Traversées.Puis, La Plus belle, disaient déjà les Grecs,quatre pièces de Noël Casale se dérou-lant à Bastia de nos jours, seront donnéesle 22 oct. La Cie Le Zéphir présenteraTerre Océane, mise en scène par Véroni-que Bellegarde le 26 nov, suivie par laCie Le Bruit des Hommesavec Métiersde nuit. Six monologues pour répondre enmiroir aux polyphonies et polyglossies noc-turnes. Et la Cie belge Crew continueral’exploration des technologies immersivesavec une résidence s’inscrivant dans lapréparation du projet Explorations Immer-city, présenté le 10 déc. Un premiertrimestre créatif bien sûr, et dense !DE.M

La Chartreuse de Villeneuve04 90 15 24 24www.chartreuse.org

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Malgré des difficultés financières annon-cées dues à des baisses de subventionsconséquentes, la saison d’hiver duChêneNoir s’annonce riche et variée. L’humo-riste Christophe Alévêque ouvrira leshostilités les 1er et 2 oct, «pour se faire dubien sans se faire du mal» comme il l’an-nonce lui-même (voir p 31). La 6e éditiondes Rencontres de l’Eloquence transfor-mera le théâtre en tribunal le 30, dans unconcours de plaidoiries ouvert à de jeunesavocats. Du 20 au 29 nov, Gérard Gelaslivrera sa dernière création Ernesto CheGuevara, la dernière nuit, avec Olivier Sitrukdans le rôle titre. Une création qui per-mettra de s’interroger sur la violence dumonde d’aujourd’hui à travers une doublefiction autour du révolutionnaire. Le 10déc, pour clore sept années de tournée,à la veille de la fermeture du camp deGuantanamo, le théâtre accueillera unereprésentation exceptionnelle de Guanta-namouravec Guillaume Lanson etDamienRémy. «C’est un long compagnonnagequi va s’arrêter, mais il le faut» confie l’auteuret metteur en scène. «Il fallait libérer aussiles deux acteurs quand même !». Du purGélas !Le 16 déc, Le Petit chaperon rouge deJoël Pommerat, qui n’en finit pas detourner et de sidérer les yeux (d’enfants)et les imaginaires de tous, invitera à appri-voiser la peur et les désirs oubliés. Aprèsce premier trimestre chargé la saison conti-nuera au même rythme : Pierre Santiniviendra les 21 et 22 janv pour un récital

autour de Paolo Conte mis en scèneactuellement par Gérard Gélas à Paris :on oublie parfois le passé de musicien dumetteur en scène... Puis dans CharlesGonzalès devient… Camille Claudel, lecomédien titre retracera les 25 et 26 fév,sans travestissement, la vie tumultueusede la sculptrice ; le Théâtre du Kronopedéploiera ses voiles du 11 au 13 mars avecLa Tempêtede Shakespeare : une esthé-tique absolument «kronopienne» pour ceclassique initiatique. Dans le cadre dufestival Festo Pitcho, place à nouveauaux enfants qui pourront les 1er et 2 avril,découvrir Matin Brun, par la troupe de M.Tchoum et s’interroger sur les petiteslâchetés. Du 22 au 25 avril, la dernièrepièce de Jean Anouilh, Le Nombril se de-mandera jusqu’où il est bon, ou mauvais,de se connaître : nombrilisme, mécon-naissance de soi, le fil d’équilibre estmince, et le fossé profond… ClaudinePelletier y dirigera entre autre MarcOlinger, entouré de comédiens luxem-bourgeois, français et belges. Et toute l’année les Conférences sous leChêne inviteront mensuellement un natu-ropathe, Michel Martigny et le 26 marsun sinologue français, François Jullienpour Penser d’un dehors la Chine.DELPHINE MICHELANGELI

Saison 2009-10Théâtre du Chêne Noir04 90 82 40 57www.chenenoir.fr

Du pur Chêne

Michel etDavy Sardou démarreront lasaison théâtrale de l’Opéra d’Avignonle 16 oct, avec Secret de famille d’EricAssous : une comédie de mœurs dansla tradition du vaudeville. Le 3 nov, dansun décor et une lumière couronnés parun Molière 2009, Claude Rich etGeneviève Casile feront mouche dansLe Diable rouge d’Antoine Rault. Autre«monument» de la scène française,Michel Bouquet incarnera Le Maladeimaginaire de Molière le 28 nov.Succédant à l’humour de ValérieLemercier (le 2), Fabriche Luchini feraLe point sur Robert le 3 déc, dans sonspectacle autour de Paul Valéry, RolandBarthes, Chrétien de Troyes, Molière…Francis Veberadaptera Le Dîner deconsle 7 janv avec les compères Chevallieret Laspalès. Un autre humoriste pourune comédie déjantée et inspirée de savie dans Le comique avec PierrePalmade et Noémie de Lattre, le 10

fév. Line Renaud jouera Très ChèreMathilde le 2 mars, et le très attenduJules et Marcel réunira le 26 marsMichelGalabru et Philippe Caubère d’aprèsla correspondance de Raimu etPagnol.Pour finir, le 30 avril avec Cochonsd’Inde, «une pièce pour oublier la crise»,également largement récompensé auxMolières 2009, avec Patrick Chesnais.Une programmation théâtrale fondée surla célébrité des invités, et qui se tournenettement vers la télé et les circuitsprivés. Nettement en dessous de laqualité musicale et lyrique de la maison(voir p 48), même si voir certains de cesmonstres sacrés sur scène reste unindéniable plaisir.DE.M.

Saison 2009-10Opéra-Théâtre04 90 82 42 42www.avignon.fr

Opéra théâtre privé

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SAISONS48

Fastes toulonnaisL’Opéra de Toulon est l’un des plus grands théâtres de France. L’architectureimposante du bâtimentinauguré en 1861, son parterre et ses quatrebalcons en corbeille lui permettent d’accueillirprès de 1800 spectateurs par représentationLa nouvelle saison que Claude-HenryBonnet propose aux varois s’articuleautour de productions lyriques : desclassiques populaires comme Carmenou Les Noces de Figaro ou des opus ori-ginaux, telle la création française deStreet Scene que Kurt Weill composapour Broadway en 1947. La suite enappelle à un incontournable trio trans-alpin : si Don Pasquale de Donizettiou l’«opératique» Requiem de Verditiennent souvent le haut de l’affiche,il en va moins de même avec le four-millant Voyage à Reims de Rossini etFalstaff, ultime opus shakespeariendu vieux Verdi, dans lequel on retrou-vera la superbe soprano Adina Aaron.On ne manquera pas les concerts orga-nisés en collaboration avec le Festivalde Toulon et sa Région et l’Orchestrede l’Opéra (directeur musical GiulianoCarella) au Palais Neptune, qui invi-tent le grand chef Serge Baudo, lespianistes Marie-Josèphe Jude et Mi-khail Rudy ou la violoniste Alexandra

Soumm, quand, traditionnellement,au Foyer Campra, on entend des réci-tals de musique de chambre, baroquesou lyriques des jeunes chanteurs deCNIPAL. Les Lumières de la Ville, chef-d’œuvrede Chaplin de 1931, est projeté enciné-concert avec l’Orchestre de l’Opéraqui joue en synchro la musique du filmmuet. Le Songe du Minotaure (choré-graphie Blanca Li) et Maria de BuenosAires, création d’Erick Margouet d’aprèsl’operita d’Astor Piazzola forment le vo-let «ballet», quand la saison théâtrale(avec Michel Sardou, Roland Giraud,Line Renaud, Michel Bouquet ….) estmagnifiée par une adaptation d’unPsyché baroque d’après les vers deMolière et la musique de Lully.JACQUES FRESCHEL

Saison 2009/2010Opéra de Toulon04 94 92 70 78www.operadetoulon.fr

Têtes d’affichesLa programmation copieuse de l’Opéra-Théâtre d’Avignon s’appuie essentiellement sur le grand répertoire et les têtes d’affichesLa saison lyrique annonce cinq grosses productions,dont I Capuletti e i Montecchi de Bellini, LaCenerentola de Rossini et Aida de Verdi constituenttrois piliers. Le beau chant est à l’honneur avecErmonela Jaho, Karine Deshayes, Indra Thomas,Jeong-Won Lee… On retrouve l’opéra populaireMarius et Fanny, composé par Vladimir Cosma etcréé il y a deux ans à Marseille avec Karen Vourc’het Sébastien Guèze, et l’on découvre la féeriebaroque d’un prometteur Amadis de Lully dirigé parOlivier Schneebeli.Quatre opérettes complètent l’aspect lyrique duprogramme avec les inusables Valses de Vienne, LeChanteur de Mexico, Un de La Canebière et Jem’voyais déjà… d’Aznavour, les traditionnels«Apér’Opéra» du CNIPAL et les voix de SophieKoch, Max-Emmanuel Cencic et Nathalie Stuz-mann en récital. Les concerts symphoniques de l’OLRAP, pour laplupart dirigés par Jonathan Schiffman, accueil-lent les pianistes Mikhail Rudy, David Greilsammer,le guitariste Emmanuel Rossfelder, le violoncellisteMarc Coppey, les violonistes Laurent Korcia et

Vadim Repin quand en musique de chambre onattend Nemanja Radulovic, Patricia Kopat-chinskaja (violon), Fazil Say et Franck Braley(piano), Gautier Capuçon (violoncelle), le TrioWanderer, le Quatuor Ebène… Que du très beaumonde !Des ballets «classiques» comme L’oiseau deFeu, La Bayadère et Giselle jalonnent unesaison, pimentée de spectacles de «variété»(Calogero), d’«humour» (Patrick Timsit,Valérie Lemercier) et «jeune public» (LePetit Princemis en musique parLaurent Petitgirard). MichelSardou, Claude Rich, MichelBouquet, Fabrice Luchini,Chevallier & Laspalès, LineRenaud, Michel Galabru ouPhilippe Caubère sont lesvedettes des affichesthéâtrales.JACQUES FRESCHEL

Saison 2009/2010Opéra-Théâtre d’Avignon04 90 82 81 40www.mairie-avignon.fr

Trio Wanderer © Franc�ois Marquet

MUSIQUE

Cité classiqueLe premier trimestre à La Cité de laMusique est ponctué par un cycle detrois concerts Musique et poésie ini-tié par la mezzo-soprano ChristineKattner. Des mélodies de Schumann(9 oct), Mozart (6 nov) et Wagner (4déc) sont mises en scène par MickaëlZugowski «afin de retrouver l’espritthéâtral et la dramaturgie voulus parles compositeurs.» C’est dans le mêmeesprit que Michèle Raybaud (piano)et Pascale Delesti-Novella (comé-dienne) unissent leur talent pour desÉchappées romantiques (littérature& musique, 16 oct). La musique dechambre est à l’honneur pour quatreconcerts avec Marc Badin (hautbois)et Anaït Serekian au piano (22 oct),le Trio Chiarina (27 nov), le duoBenoît Salmon (violon) et la pianisteElisabeth Guironnet (11 déc), etl’ensemble Des Équilibres (17 déc). On retrouve des valeurs sûres avec lepianiste Philippe Gueit (20 nov) etTélémaque à l’occasion des festivitésaccompagnant le 15e anniversaire dela création de l’ensemble par RaoulLay et ses musiciens (26 nov). LesAcousmonautes, emmenés par Lucie

Prod’homme, donnent rendez-vous auxamateurs d’opus électroacoutiquespour un film et un concert-diffusion(15 oct) ou les traditionnelles Folie-phonies (7 déc). Le MIM (LaboratoireMusique et Informatique de Marseille)poursuit quant à lui son cycle théma-tique sur «l’expérimentation» (11 déc).Et tout cela au seul premier trimestre!J.F.

Saison 2009/2010Cité de la Musique, MarseillePorte d’Aix ou Villa Magalone04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com

Anaï�t Serekian © X-D.R.

Psyche� , maquette des de�cors © Luc Londiveau

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Au sortir de la première guerre mon-diale, des mélomanes fondaient laSociété de Musique de Chambre deMarseille. Aujourd’hui, la doyenne fêteses 90 ans avec une saison qui mêletradition, valeurs sûres et nouveauxtalents.L’équipe animée par Bernard Camau sedevait d’inviter les «Prazák», immensequatuor tchèque qui a régulièrementtriomphé à l’auditorium de la Facultéde Médecine. Ils jouent entre autresLa jeune fille et la mort chef-d’œuvrede Schubert. Double programme festif:le Quatuor Aquilon associé à LiseBerthaud (alto) et François Salque(violoncelle) interprètent égalementdes opus majeurs de Haydn, Mendels-sohn, Schubert et Tchaïkovski. Leformidable duo Emmanuelle Bertrand(violoncelle) et Pascal Amoyel fontrésonner les accents romantiques de

Saint-Saëns, Brahms et Chopin et l’onentend le pianiste Laurent Cabassoen récital «A la Mémoire de Pierre

Barbizet» (disparu en 1990), le quin-tette avec piano des Solistes deChambre de Saint-Pétersbourg et le

jeune Trio Atos, lauréat de plusieursgrands concours internationaux. Fidèle à sa collaboration avec laBiennale de Quintette à Vent, laS.M.C.M. invite les cinq jeunes femmesdu Quintette Aquilon, quand la 1285eséance ouvre la saison-anniversairepar le duo russo-bulgare Elena Roza-nova (piano) et Svetlin Roussev(violon) pour un superbe programmeslave.J.F.

Saison 2009/2010Société de Musique de Chambre de MarseilleDu 20 oct au 30 marsAdhésion Espace Culture- 04 96 11 04 60 ou Harmonia Mundi - 04 91 33 08 12

Quatre-vingt-dix bougies !

Quatuor Prazak ©

Guy Vivien

MUSIQUE

Si maître Heisser officie en personnedans Iberia d’Albeniz, à l’occasion dela publication d’un livre-disque chezActes Sud (13 nov), il en va de mêmeavec Jean-Louis Steuermann pourun concert Berg & Schoenberg et laparution d’un ouvrage sur les deuxViennois (29nov). Les Arlésiens découvrent quelquesforçats des claviers ayant explosé cesdernières années comme Bertrand Cha-mayou dans Franck et Liszt (28 fév),Jean-Frédéric Neuburger pour un«week-end» de musique française (15et 17 janv) et le Chinois Zhong Xu (4et 6 juin), en récital solo ou en forma-tion de chambre. Autre moment fortde la saison : deux soirées exception-nelles consacrées à la musique tchèquemagnifiée par Ivan Klansky au piano

et le fabuleux Quatuor Kocian (11 et13 déc). Une saison qui, après Musicatreize(20 sept. à 11h), débute avec le jeuneQuatuor Voce. Cette formation lauréatede prestigieux concours internatio-naux joue l’Op. 103 de Haydn, La jeunefille et la mort de Schubert etMétamor-phoses nocturnes de Ligeti (4 oct. à11h). À l’automne on attend l’ensembleLes Siècles dirigé par François-XavierRoth (15 nov) et à Pâques la tradi-tionnelle Semaine Sainte.J.F

Saison 2009/2010Le Méjan, Arles04 90 49 56 78 www.lemejan.com

Suivez les pianistes !La saison de musique de chambre arlésienne, proposée à la Chapelle du Méjan par Jean-François Heisser,s’articule en 2009-2010 autour de pianistes de renom

Quatuor Voce © X-D.R

On ne présente plus le Fine Arts Quar-tet qui ouvre la saison au Théâtre duJeu de Paume (10 oct). Malgré unrécent renouvellement de l’altiste, lequatuor américain (fondé en 1946)demeure l’une des formations de musi-que de chambre les plus réputées.Dans le même esprit, on entend le TrioSmetana qui, depuis 1991, a repris àson compte une tradition de musiquetchèque glorifiée par les fondateursde l’ensemble au début des annéestrente (10 mars). Le violoncelliste MarcCoppey (3 fév) et la pétillante sopra-no Patricia Petibon (5 mai) sontégalement à l’affiche en récitals auxcôtés des chanteuses de jazz brésilienle Trio Esperança (25 nov).Hors les murs la Pastorale de Noël deMarc-Antoine Charpentier est chantéepar les Festes d’Orphée (Eglise duSaint-Esprit, le 20 déc), avant Bachpar le duo Alice Foccroulle (soprano)et Bernard Foccroulle (orgue) quiofficie à la tête du festival d’Aixdepuis deux ans (Saint-Jean de Malte,le 28 avril). Le dernier concert est unrécital Chopin à deux pianos par lesjeunes Célimène Daudet et Emma-nuel Despax (Cour de l’Hôtel de Ville,le 3 juin).

On n’oublie pas les délicieux «Samedismusicaux» prévus à 17h pour lespitchouns : des chansons du groupeZut (28 nov.), un opéra-conte de Ju-lien Di Tommaso sur les Cendrillonslittéraires et lyriques (12 déc), unconte musical écolo Sauvons laplanète (23 janv), et deux spectaclesdu Conservatoire Darius-Milhaud(Du jazz de Broadway à Boris Vian, les13 & 14 mars) et des classes musi-cales du Lycée Vauvenargues (Duo,Duels, le 24 avril).J.F

Saison 2009/2010Concerts d’Aix 04 42 99 12 12 www.concertsdaix.com

Accords aixoisLes Concerts d’Aix comptent cette année 2009-2010 sur des artistes prestigieux pour enchanter les mélomanes au pays de Milhaud

Trio Smetana © Jivi Syneh

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50 MARSEILLE À LUSSAS | LE LIBAN À AVIGNON | ROUSSETCINÉMA

Les cafés, lieux où se désaltérer et échanger autourdes films, étaient pris d’assaut. Au programme de la21e édition des États Généraux du Documentaire,deux séminaires, l’un sur les relations entre laphotographie et le cinéma, l’autre sur les actualités

politiques du documentaire, animé par PatrickLeboutte et Sylvain Georges, qui avait pour objectifde «rendre justice» au cinéma militant, souvent nié oudénigré, tout en travaillant l’histoire au présent. Aumoment où on «commémore Mai 68», cela a étél’occasion de voir des films tournés en 16mm par destechniciens du cinéma, le collectif ARC ou Cinélutte.

«Filmer Marseille, c’est filmer le monde»C’est dans ce cadre qu’a été présenté le nouveautravail de Denis Gheerbrant, La République Marseille,sept chapitres, sept lieux, sept trajets que nous faitparcourir le cinéaste solitaire, qui tourne, monte sesfilms seul pour mieux approcher ceux qui deviennentses personnages. Pourquoi filmer le monde à Mar-seille ? «Marseille fait partie de mon chemin encinéma; c’est là que j’ai rencontré René Allio. Marseilleest une ville-monde, une ville qui a une grande forcepopulaire. J’avais l’idée d’un film tentaculaire.»Trois ans de travail, six mois d’enquête, six moisd’écriture, un an et demi d’allers-retours entre Pariset Marseille… C’est le quatrième chapitre, Les Femmesde la cité St Louis, qui lui a donné une assise, l’un desplus réussis.Cet habitat social qui fêtait les 80 ans de sa cons-truction est à un tournant : la société qui le gère veutmettre les maisons en vente. Jeannette et ses amiescraignent la disparition des liens qu’elles ont créésdans cette cité où elles ont passé toute leur vie… Ellesle disent à Denis qui recueille leur parole comme cellede tous ceux qui ne l’ont jamais en cinéma : un dockerde l’Estaque, ceux du centre des Rosiers, les habi-tants de la rue de la République qu’on veut chasser…Le débat a été vif à Lussas, quelques spectateursreprochant au cinéaste d’avoir tu certaines choses,de la vie politique marseillaise notamment, d’avoir faitun «état des lieux» incomplet et de n’être pas allé aufond des choses, bref de n’être pas «politique». Maisn’est-ce politique que de permettre aux gens denommer, d’écouter et de donner la parole à ceux quine l’ont jamais ? A vous de voir !

Voyage au cœur de la SNCFUn autre film tourné à Marseille, commandé par leComité d’établissement des cheminots de la régionPACA dans le cadre de son action culturelle, a pas-sionné les spectateurs de Lussas : Cheminots de LucJoulé etSébastien Jousse : un vrai voyage au cœurde la SNCF, un documentaire qui donne la parole auxcheminots, qui leur permet de donner leur vision surles métiers, d’exprimer leurs doutes, leurs craintes àl’heure de la libéralisation et de l’ouverture à laconcurrence. On y croise Ken Loach qui expliquecomment la privatisation de British Rail en GrandeBretagne a été une catastrophe et le résistantRaymond Aubrac qui précise que la résistance faceau recul progressif du Service public est l’affaire de lasociété tout entière. Des documentaires à ne pasrater quand ils passeront à Marseille (voir page …ANNIE GAVA

Beyrouth en

Avec pour artiste associé le Libano-Canadien WadjiMouawad, il ne fallait pas s’étonner de la présenceforte du Liban au Festival d’Avignon 2009. Plus sur-prenant, l’association des représentations théâtraleset cinématographiques étaient constantes, soit parceque des cinéastes comme Amos Gitai (voir Zib 21)ou Christophe Honoré (voir p 8) étaient invités à met-tre en planches, soit parce que la vidéo, l’imagefilmée, s’installaient dans le décor, transformant lesmurs en écrans.La démarche de Lina Saneh et Rabih Mroué, parexemple, révéla un rapport au cinéma jusqu’alorsinsoupçonné, loin de la novellisation, de la théâtrali-sation de film. Ils ont présenté à la Salle Benoît XIIPhoto Romance, inspiré d’Une Journée Particulièred’Ettore Scola.Nous ne sommes plus à Rome en 1938 mais à Beyrouthen 2006. Et la rencontre entre Lina et Rabih est pro-jetée sur un écran sous la forme d’un roman-photoanimé. Sur la scène, deux fauteuils, un ordinateurportable et deux personnages qui discutent ; lafemme présente son projet artistique, adapter le filmd’Ettore Scola dans le Liban contemporain ; l’homme,le représentant de la Commission de censure, doiten valider l’originalité.Cette mise en abîme permet à la fois de questionnerla représentation théâtrale, d’évoquer ce qu’il estpermis ou interdit d’aborder au Liban et de faire ainsiémerger le portrait de la société libanaise. Tout enrappelant à la fois le film de Scola, et le cinéma italiende 38, avant le neo-réalisme, la société fasciste ita-lienne et ses censures.Pour corser le millefeuille, dans la salle, Khalil Joreige,accompagné de Joana Hadjithomas, filmait lareprésentation ! Ces deux artistes, entre Paris etBeyrouth, tournent des films, montent des instal-lations photographiques et audiovisuelles.Pour leur dernière création, Tels des oasis dans le

Malgré la canicule, les salles et tentesnon climatisées parfois, les amoureux du documentaire se sont pressés àLussas, village de 800 habitants en Ardèche, du 17 au 22 août

Marseille à Lussas

Denis G

heerbrant © A. G

Khalil Joreige © A. G

Khalil Joreige © A. G

Se�bastien Jousse et Luc Joulé © A. G

.

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désert, ils ont choisi l’église des Célestins, un choix judicieux pour les corres-pondances qu’il crée : le sol en terre battue, les murs mis à nu renvoient auxruines, aux traces de l’histoire dans Beyrouth que présente l’installation, aux campsd’Ansar et de Khiam. Le visiteur qui pénètre dans le lieu se retrouve devant unevue monumentale de la capitale, formée de 3000 rectangles collés sur un miroirdont certains manquent. Il est invité à décoller et emporter un fragment au versoduquel est inscrit «Beyrouth n’existe pas», métaphore de la ville en morceaux.«Le titre est tiré d’une citation de Hannah Arendt que nous aimons particulièrement»précisent les artistes : «A défaut de vérité, on trouvera des instants de vérité, et cesinstants sont en fait tout ce dont nous disposons pour mettre de l’ordre dans ce chaosd’horreur. Ces instants surgissent à l’improviste, tels des oasis dans le désert.»Le désert est justement le cadre du film Chaque Jour est une fête, proposé dansles Territoires Cinématographiques au cinéma Utopia. C’est la troisième collabo-ration de Rabih Mroué avec la réalisatrice Dima El-Horr qui réalise là sonpremier long métrage. Le jour de la fête nationale de l’Indépendance, trois femmesqui ne se connaissent pas prennent un même bus vers la prison de Mermel.Tamara va rendre visite à son mari emprisonné depuis le jour même de leurmariage. Lina veut faire signer par son mari, qui purge une longue peine, le papierdu divorce qui la libérera. Hala, la peur au ventre, transporte l’arme de fonctionoubliée par son mari, gardien à la prison… Un beau film, oscillant entre réel etonirisme qu’on pourra bientôt voir à Marseille, dans le cadre de Films FemmesMéditerranée (voir page 53).ANNIE GAVA

Les TerritoiresCinematographiquesse sont tenus du 10 au 25 juillet au cinémaUtopia, dans le cadre du Festival d’Avignon

Rousset en courtsLe 10 octobre à Rousset aura lieu laquatrième édition de Courts-Bouillon,une journée consacrée au court métra-ge : une sélection de 20 films «coupsde cœur» d’ici et d’ailleurs, proposéepar les Films du Delta.Une séance spéciale a été élaboréepar les Cahiers du cinéma, l’Agence ducourt métrage et le CNC, qui permettrade voir Shaman de Luc Perez, Malikas’est envolée de Jean-Paul Civeyrac,Les Vœux de Lucie Borleteau etl’Eclaircie de Jérémie Jorrand. La pro-jection sera suivie d’une rencontreavec Fabrice Marquat, programma-teur à l’Agence du Court.On pourra voir aussi Séance familialede Cheng-Chui Kuo, prix du Public àClermont-Ferrand et Grand Prix duFestival de Brest : une équipe de télé-vision française s’invite dans une famillede Taiwan. Petit à petit, la caméradevient un nouvel outil de communica-tion au sein de la famille… L’occasionaussi de voir le César du meilleur court-

métrage, Les Miettesde Pierre Pinaud.Cette journée sera précédée d’une pro-grammation pour les scolaires avecC’est dimanche de Samir Guesmi, oule beau film d’animation Le jour de gloirede Bruno Collet.ANNIE GAVA

Les Films du Delta04 42 53 36 39www.filmsdelta.com

Avignon

Dima El-Horr et Rabih Mroué © A. G.

Sé�ance familiale © Cheng-Chang Kuo

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Du 16 sept au 6 oct, l’Institut de l’Image, à Aix, fêteses 20 ans. Dans une salle Armand Lunel rénovée(Cité du Livre), l’équipe dirigée par Sabine Putortipropose une rétrospective anniversaire, reflet de ladiversité de la programmation. Parmi les films présentés, Écrit sur du ventde DouglasSirk, l’un des chefs-d’œuvre du mélodrame holly-woodien, vendredi 18 septembre à 20h30 (soiréeanniversaire) ; Les nuits de Cabiria de Fellini ; lemythique Le dernier Tango à Paris de BernardoBertolucci.Pour les amoureux des Straub, trois courts métrages

inédits à Aix, Le Genou d’Artémide, Le Streghe, fem-mes entre elles, Itinéraire de Jean Bricard.En clôture, un ciné-concert avec le collectif Inouï, LesRapaces, une création musicale sur le film de VonStroheim.

Institut de l’Image04 42 26 81 73www.institut-image.org

52 CINÉMA RENCONTRE DU CINÉMA EUROPÉEN | R-V D’ANNIE

Le 3 oct, au cinéma Variétés, de 20heures à minuit, dans le cadre desRencontres Films-Femmes et Méditer-ranée, une soirée consacrée au courtmétrage : 13 en Courts : treize films réa-lisés par des femmes, dont une Carte

blanche au Festival Tous Courts d’Aix.Un prix du public sera décerné et denombreux lots offerts aux spectateurs. Une soirée à ne pas rater !

www.films-femmes-med.org

Cinéma finlandais à MarseilleDans le cadre des Rencontres de cinéma européen, du22 au 29 septembre, l’association Cinépage propose dedécouvrir le cinéma finlandais à travers une trentaine de films.On connaît, bien sûr, Aki Kaurismaki dont seront présentésquatre films parmi lesquels Hamlet goes business, critique ducapitalisme réalisée en 1987.Mais les Rencontres donnent également l’occasion de décou-vrir des cinéastes et des œuvres moins connues ici commeAmour libre (Käpy selän alla)de Mikko Niskanen, film emblé-matique de la Nouvelle Vague finlandaise qui, à sa sortie en1966, a eu près de 700 000 spectateurs, ou La Semainebleue (Sininen Viikk) de Matti Kassila qui raconte la vie ordi-naire des gens ; plus récent, La Meilleure des mères (Äideistaparhain) de Klaus Härö, qui a représenté la Finlande auxOscars 2005, évoque l’envoi massif d’enfants finlandais dansd’autres pays durant la guerre 39/45.

Documentaires et Art-vidéo sont aussi au programme dontLes Sept chants de la Toundraet Le Voyage perpétueld’Anasta-sia Lapsuiet Markku Lehmuskallioet une soirée consacréeau cinéaste Antti Peippo. En ouverture de ces Rencontres, le 22 septembre au cinémaLe Prado, sera projetéObéir, en présence du réalisateur AkuLouhimies et de Leena Lander, auteur du livre dont il estadapté : en 1918, durant la guerre civile en Finlande, un jeunesoldat témoin de viols collectifs et de massacres décide d’em-mener au tribunal militaire une femme qui a échappé aumassacre…La clôture de ce programme alléchant sera une soirée Art-Vidéo, au Daki Ling, avec les Instants Vidéo en présence dePauliina Salminen, vidéaste plasticienne dont serontprésentées deux œuvres.ANNIE GAVA

Les rendez-vous d’Annie

Rencontres du cinéma finlandaisDu 22 au 29 septembreCinépage04 91 85 07 17www.cinepage.com

Le 26 sept à 21 heures, en clôture de l’exposition Picasso au Musée Granet, lesRencontres cinématographiques d’Aix-en-Provence proposent une sélection decourts métrages : Minotauromaquiade Juan Pablo Etcheverry, Extracorpus d’AugustinGimel, Oïo de Simon Goulet et Toiles et Toiles, l’enfance de l’art d’Agnès Maury.

Rencontres cinématographiques d’Aix en Provencewww.aix-film-festival.com

Le 2 oct à 20h30, à l’Alhambra ciné-Marseille, le documentaire de Luc Jouléet Sebastien Jousse, Cheminots, unvoyage passionnant au cœur du mondedes travailleurs du rail (voir page 49).En présence des réalisateurs, de Ray-mond Aubracet de Robert Mencherini.Le 3 oct à 17 h 30, Nos Lieux interditsde Leïla Kilani, en présence du produc-teur Gérald Collas ; un documentairequi suit durant trois ans, quatre famillesqui, ayant connu l’emprisonnement du-rant les années de plomb au Maroc,sont en quête de la vérité.

Le 10 oct, de 14h30 à 23h30, l’Alham-bra propose l’intégrale deLa RépubliqueMarseille en présence du réalisateur,Denis Gheerbrant (voir p 50).Pour cette soirée il est conseillé deréserver au 04 91 46 02 83 (repas surplace prévu).Les sept films peuvent aussi se voirséparément à partir du 7 oct.

Alhambra Cinémarseille04 91 03 84 66www.alhambracine.com

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Minotauromaquia de Juan Pablo EtcheverryMardi 13 oct à 21 h, au ThéâtreToursky, projection d’Un rêve tchèquede Vit Klusak et Filip Remunda,avec traduction simultanée en français,sur scène, par deux actrices.Ce film de fin d’études relate la super-cherie qu’ont imaginée deux étudiants:la mise en œuvre d’une gigantesquecampagne publicitaire annonçant l’ou-

verture d’un grand supermarché ap-pelé «Czech dream». Des milliers depersonnes ont accouru le jour de l’ou-verture de ce nouveau temple de laconsommation… qui n’existait pas !

Théâtre Toursky04 91 02 58 35www.toursky.org

Vitrolles organise un cycle allemand du 16 sept au 20 oct au cinéma les Lumières.L’occasion de revoir les plus beaux films de Murnau, Wenders, Fassbinder,Herzog, Thalheim. Pour 3.50 euros !

04 42 77 90 77 - www.cinemaleslumieres.fr

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L’association Films Femmes et Méditerranée s’estdonné comme but de montrer le travail des Méditer-ranéennes dans le cinéma, qu’elles soient scénaristes,réalisatrices, actrices, productrices… Leurs 9e Rencon-tres qui se déroulent du 29 sept au 6 oct aux cinémasPrado et Variétés à Marseille, s’étend cette annéeà trois autre villes, La Ciotat, Miramas et Hyères,avec une douzaine de longs métrages, comme en2008, pour la plupart inédits, venus d’Espagne, deFrance, de Grèce, d’Iran, d’Italie, du Liban, du Maroc,de Palestine, de Roumanie. Et cette année, une soirée,le samedi 3 oct, consacrée au court métrage (voir ci-contre).

Voyages, voyages…En ouverture, le 29 sept, un film roumain à sketches,présenté dans la sélection Un Certain Regard àCannes, Contes de l’âge d’or en présence de laréalisatrice Ioana Uricaru. Cinq récits de survie,d’arrangements avec les contraintes absurdes durégime Ceaucescu. Le 30 sept, voyage en Grèce et dans l’Histoire, avecun film jamais distribué en France, Les Mariées dePandélis Voulgaris, qui nous emmène sur le KingAlexander, avec 700 jeunes femmes grecques émi-grant aux États-Unis pour rejoindre un promis,inconnu… La soirée débutera avec un court métrageen avant-première, Des Enfants dans les arbres, en pré-sence de sa réalisatrice marseillaise, Bania Medjbar.Autre voyage, celui de Mouna (superbement interpré-

tée par Nisreen Faour) qui quitte la Cisjordanie pourl’Illinois dans Ammerika deCherien Dabis. À rattra-per si vous l’avez loupé ! Deux films italiens : Bianco e nerode Cristina Comen-cini, l’histoire d’un coup de foudre entre une trèsbelle Sénégalaise et un Italien, tous deux déjà mariéset La Pivellina de Tizza Covi et Rainer Frimmel (voirZib’ 20), sont présentés en partenariat avec l’InstitutCulturel Italien et le Festival Internazionale di Cinemae Donne de Florence. Le débat dimanche après-midisera traduit en langue des signes.Et le 2 oct on pourra vérifier la volonté festive de FFMavec le film de Dima El Horr, présenté en avantpremière, Chaque jour est une fête et avec le docu-mentaire sur le hip hop palestinien de Jackie Reem

Salloum, Slingshop Hip hop, suivi d’une prestation deDj Rebel aux platines.Le 4 oct, la projection du dernier film de SimoneBitton, Rachel sera suivie d’une rencontre avec lesmonteurs du film, Catherine Poitevinet Jean-MichelPerez.Enfin, en clôture, le 6 oct, après un mini-concert demusique persane par le duo Maryam Chemirani etShadi Fathi, un film iranien, Café transit de KamboziaPartovi, nominé à l’Oscar du meilleur film étranger2006 et présenté pour la première fois dans la région.Du cinéma mais aussi des buffets, de la musique, deséchanges avec les invité(e)s… Un voyage enMéditerranée à ne pas rater !ANNIE GAVA

Films Femmes MéditerranéeDu 29 sept au 6 octMarseille, La Ciotat, Miramas, Hyèreswww.films-femmes-med.org

53

Du 5 au 11 octobre se tient le Festival Internationaldu Film Militanten pays d’Aubagne : plus de 80 filmsprogrammés, films engagés et autoproduits, docu-mentaires, films d’animation, fictions, , clips, vidéosd’art, reportages…En ouverture, lundi 5, sera projeté un film d’anima-tion de David Myriam, réalisé en direct avec latechnique d’animation de sable. Puis les thèmesvarieront : les alternatives économiques, le respect duvivant, les problèmes du logement, la crise financière,la résistance par la création, la censure… et la questiondes sans papiers qui sera au cœur du festival.Une vingtaine de réalisateurs seront présents et échan-geront avec le public.Après les films, des duplex en vidéo permettront dedialoguer avec des cinéastes et acteurs des mouve-ments sociaux des quatre coins de la planète, dontune soirée «Palestine» en direct de Gaza.Se tiendront, en même temps, les «salons de la litté-rature enragée», où des éditeurs indépendants, etengagés !, présenteront leurs livres et organiserontdes rencontres avec les auteurs autour de tablesbasses et de canapés, disposés devant le Comœdia,sur le cours Foch.À noter que le premier soir, les consommations sontgratuites : on est invité à payer un verre aux festivaliersdu lendemain et que différents «attentats artistiques»sont programmés, installations, performances, musi-que…Alors, rendez-vous à Aubagne pour le Grand Soir ?A. G.

Festival du Film engagéDu 5 au 11 octAubagne04 42 03 48 61

Les engagements se tiennent à Aubagne

CINÉMAFFM | AUBAGNE | LA CIOTAT

Les femmes autour de la Mer

Cafe� Transit de Kambozia Partovi

Malgré la Crise, malgré la Grippe, les amateurs decourts se sont retrouvés les 11, 12 et 13 septà La Ciotat,au cinéma Lumière, pour voir une soixantaine decourts métrages qui ont été primés dans les plusgrands festivals internationaux. Dure tâche pour le Jury du Best of Short pour attribuerle Soleil d’Or, le Sable d’Argent et la Mer de Bronze.Ce sont deux films australiens qui ont eu l’or et lebronze : The Ground Beneath de René Hernandez etSpider de Nash Edgerton qui a obtenu aussi le Prixdu Public. Quant au Sable d’Argent, il revient au filmsuédois Instead of Abrakadabra de Patrick Eklund.Tâche difficile aussi pour le public : pour en voir le pluspossible, il faut jongler avec les horaires, résister auplaisir de flâner sur la place où les discussions vont bontrain. Parmi ces films, tous déjà primés par un jury ou unpublic, desquels parler si ce n’est de ses coups de cœur

personnels… qui ont séduit par leur propos, leur traite-ment esthétique ou leur originalité. Quelques pépitestrouvées dans le sable, près de la mer sous le soleildu «berceau du cinéma» : Wrestling (Lutte), de l’Islan-dais Grimur Hakonarson, est l’histoire d’amour dedeux lutteurs homosexuels dans la campagne islan-daise. Le premier, marié, est agriculteur ; l’autre, quia la charge de sa mère invalide, creuse des tunnelsdans la montagne. Leur dernier combat devient unballet chargé de désir…Un film poético surréaliste : Next floor du Canadien,Denis Villeneuve où onze convives sont attablés etdégustent leur repas sous l’œil d’un hôte inquiétant.Les planchers s’effondrent successivement et lesaffamés tombent d’étage en étage, continuant imper-turbablement leur repas. Deux films très forts, Theground Beneath de l’Australien René Hernandez, oùun adolescent, rejeté par les autres, se découvre lui-même grâce à un voisin autiste, et Short term 12 deDestin Daniel Cretton, tourné comme un docu-mentaire, qui met en scène la vie quotidienne d’uncentre d’accueil pour enfants maltraités.Au cœur du film, Les Miettes de Pierre Pinaud, uneouvrière qui découvre que son usine se déplace,sortant littéralement du champ : une superbe miseen images en noir et blanc de la délocalisation. Onpense bien sûr à Charlot et aux Temps modernes.Puis on sort sur la place Evariste, où l’ambiance estfestive et musicale…ANNIE GAVA

Tour du monde à la Ciotat

The ground beneath de René� Hernandez

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54 ARTS VISUELS

Mises en scènes.Près de deux cents œuvres, peintures, dessins, maquettes du XVIIIe au XXe, de David, Delacroix, Vuillard ou Delaroche, Degas, Hayez, Daumier ou Toulouse-Lautrec… entre autres ! Pour interroger la théâtralité en peinture et dans l’art plus généralement, et ses prolongements dans la modernité. Une coproduction Réunion des Musées Nationauxet Musée d’Orsay, catalogue aux éditions Skira. C.L.

De la Scène au tableaudu 6 oct au 3 janvMUSÉE CANTINI, MARSEILLE0 810 813 813www.marseille.fr

Des jeunes en foire.Après dix ans d’existence ARTéNîM devient ART NIM. Philippe Saulle,

ancien directeur administratif au Centre d’Art de Sète,prend la direction artistique en privilégiant pour cette édition 2009 la peinture et ses jeunes artistes émergents.

En sus des galeristes, éditeurs, Claude Viallat et Fred Forest en débat.Ça promet ! C.L.

TempéramentsPeinture Contemporaine en France

du 25 au 28 septART NIM, NÎMES

Foire d’art contemporain méditerranéewww.artenim.com

Ici et là.Être là en laissant venir les choses. Les photographier en différents lieux et temps. Selon le sujet du moment ou bien sans intention particulière. La récolte sera mise en sériesplus tard, parfois quelques années après. Aujourd’hui Christophe Niel propose trois séries en couleur de six images chacune pour un vernissage le 7 oct à 18h30. C.L

Les Ondes LentesChristophe Nieldu 7 au 30 octLA FONTAINE OBSCURE, AIX04 42 27 82 41www.fontaine-obscure.com

Une ville, des œuvres.Quinzième édition du Parcours de l’Art avec pour questionnement l’œuvre et le lieu. Normal,

l’invité d’honneur est Max Charvolen qui fut en résidence durant tout juillet. Les autres ne sont pas en reste (30 exposants

sur 180 dossiers) dans de nombreux lieux partenaires.Fête d’ouverture le samedi 3 au Cloître Saint Louis pour lancer

un beau programme sur trois semaines. Il n’y a pas que sous le pont… C.L.

15e Parcours de l’Artdu 3 au 24 oct

Avignon et Châteaurenard04 90 89 89 88

www.parcoursdelart.com

Galerie Les Singuliers - Alain C

ampos

John Singer Sargent, Ellen Terry en Lady Macbeth, 1889 (Huile sur toile, 221 x 114,3 cm). Londres, Tate © Tate, London 2009

Max Charvolen, Langue de ville, en cours de re�alisation, Avignon, re�sidence juillet 2009. Photo Anne Charvolen

AU PROGRAMME

Photographie de Christophe Niel

Studio de Jonas Liveröd au Museum of Modern Art a� Dublin, dé�tail

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55

Fascinations.Le rêve orientaliste européen s’expose à quelques encablures sur la rive de la Venise Provençale.

Constantinople, le Bosphore, la Corne d’Or, le Moyen-Orient, la Turquie et les turqueries, Ziem et bien d’autres artistes furent fascinés par la lumière, les couleurs et les paysages brûlants,

réels ou réinventés. Et les suaves parfums ? C.L.

De Marseille à IstanbulL’Orient turc de Ziem et de ses contemporains

du 07 octobre au 10 janvier 2010Musée Ziem, MARTIGUES

04 42 41 39 60

Le bel âge.14 jeunes artistes -peintres, graveurs et dessinateurs- sont invités librement à se frotter aux œuvres de leurs aînés présents dans la collection du musée. L’idée n’est pas neuvemais le segment des 20 /35 ans est réputé pour sa capacité d’innovation, son impertinence, voire son mordant. Que donnera ce dialogue intergénérationnel ? C.L.

20 ans...C’est une fête !jusqu’au 29 novMUSEE ESTRINE, SAINT-RÉMY04 90 92 34 72www.ateliermuseal.net

Paris-Lyon- Mé�diterrané�e, messageries maritimes. Affiche ré�alisé�e par E. d'Argence 1909.

Photographie Ge�rard Dufresne © Paris, collection particulière

Toufik Medjam

ia,dust to dust, 2009, huile sur toile. Photographie Toufik Medjam

ia

Motif principal.Le motif est-il une utopie visuelle pour Yujeong Pyeon ?

Cette jeune artiste coréenne installée à Marseille peint non pas sur mais avec des motifs. Ceux-ci génèrent des œuvres sur-réelles, presque surréalistes,

parcourues de flux et de spectres, un poil décoratives. C.L.

Utopimotifopeintures de Yujeong Pyeon

jusqu’au 18 octobreGALERIE ON DIRAIT LA MER, MARSEILLE

www.designmarseille.org

Weird world.C’est son deuxième projet à Marseille après une résidence à Astérides2002. Jonas Liveröd présentera à La Tangente une série de dessins etobjets hallucinés à sa façon. Une partie des matériaux a été récoltée aumarché aux puces -lieu en bien des points aussi extravagant-, où se situe la galerie. Vous avez vu bizarre ? C.L.

A weird lightJonas Liverödjusqu’au 18 octobreLA TANGENTE, MARSEILLE04 91 58 30 95http://la.tangente.free.fr

Yuje

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Studio de Jonas Liveröd au Museum of Modern Art a� Dublin, dé�tail

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ARTS VISUELS56

Le musée du Petit Palais possède une des plus importantes collections deprimitifs italiens hors d’Italie. Depuis cet été trente-neuf pièces prêtéesexceptionnellement par la Pinacothèque de Sienne l’ont rejointe pourmarquer le 700e anniversaire de l’installation des papes en Avignon. Une belle opportunité d’approcher des ouvrages de dévotion rarementmontrés, représentant le passage de l’esprit gothique vers les formesrenaissantes. Autour de la figure emblématique du «très noble et trèscélèbre peintre» Simone Martini, selon le mot du sculpteur Ghiberti, onretrouve les artistes ayant travaillé dans son aire d’influence tels LippoMemmi, Sano di Pietro, les Lorenzetti et tant d’autres parfois anonymes…Bien que provenant souvent de chefs-d’œuvre démembrés (panneauxd’autels, polyptiques, objets de dévotion privée), fragiles mais soigneusementrestaurées (chacune est protégée dans un caisson climatique), ces temperaà l’œuf sur bois ont conservé toute leur intensité chromatique (les coûteuxbleus lapis-lazuli, rouges de cochenille, feuilles d’or poinçonnées) avec leraffinement des détails venus de l’enluminure, où s’affirme déjà l’art duportrait humanisé. L’exposition se complète avec la collection Campana du musée où sontdéposées une partie des fresques -malheureusement en mauvais état-réalisées par Simone Martini pour la cathédrale des Doms. Par le catalogueaussi, et un beau cycle de conférences.CLAUDE LORIN

Avignon~SienneL’héritage artistique de Simone Martinijusqu’au 30 novembreMusée du Petit Palais04 90 86 44 58www.petit-palais.org

Le dessus du Panier

On ne gravira pas uniquement la colline du Panierpour voir La Sainte Famille au Palmier de PierrePuget et un Paysage Méditerranéen d’Othon-Friesz (1907), deux acquisitions récentesobtenues par les institutions marseillaises. Lacompilation des fonds muséaux marseillaispermet de profiter en un seul lieu d’un condenséd’histoire de l’art du XVIIe siècle à aujourd’hui.Tirées des collections des musées des Beaux-Arts, Cantini et du [mac], l’exposition donne lapart belle aux peintures complétée d’une maigresection de sculptures. Chronologiquement etselon la succession des trois musées, le visiteurpeut entrevoir les transformations esthétiquesdepuis l’époque baroque jusqu’à la rupturemoderne avec le caravagiste Finson, Puget,Duparc (la seule présence féminine), Millet,Loubon et l’Ecole provençale, Monticelli, puisdeux scintillants Signac, Dufy, Picasso,Kokoschka, Arp, Léger, Miro, Ernst, Raysse,

Hains, Klein… Mais la poignée de sculpturesreléguées dans les alcôves de la chapelle (Pugetà côté de Brauner, Arp, Gonzalès, César et unrare assemblage de Bissière) se trouventécrasées par la monumentalité du lieu. Uncomble pour les quelques sculptures del’architecte baroque auteur des bâtiments !, etune occasion malmenée de faire dialoguer avecampleur l’art ancien et les propositions de lamodernité.Les visiteurs de passage cet été, comme lesMarseillais cet automne, sont ainsi encouragés àse rediriger vers les trois institutions muséalesparmi les importantes de la ville (sans omettre lemusée d’Archéologie Méditerranéenne et leMAAOA (1) abrités à la Vieille Charité même). Enpatientant pour la réouverture du PalaisLongchamp, en attendant l’attribution de moyenssérieux pour une programmation solide au [mac],le musée Cantini nous promet l’évènementautomnal avec une exposition sur le thème de lathéâtralité dans la représentation picturale (voir p52). Motivant, non ?CLAUDE LORIN

(1) Musée d’Arts Africains-Océaniens-Amérindiens

Les collections s’invitent à la Vieille CharitéBeaux-Arts, Art Moderne, Art Contemporainjusqu’au 17 janvierCentre de la Vieille Charité0810 813 813

Saintes imagesSous l’aura de Simone Martini et sa postérité, la peinturesiennoise rayonne au musée du Petit Palais d’Avignon

Andre� Derain, Pinè�de, Cassis, 1907

Best of d’œuvres à la Vieille Charité.De Puget ou Daumier jusqu’àPicasso ou Klein, Raysse et César…du Baroque à l’Art Contemporain

Andrea di Bartolo - Saint Michel Archange - Sienne, Pinacotheque Nationale foto Soprintendenza

per i Beni Storici Artistici ed Etnoantropologici di Siena e Grosseto

VIEILLE CHARITÉ | PETIT PALAIS

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57

Pour son deuxième tour de piste, lefestival des arts contemporains deLa Ciotat, Les Arts en chantier, apris du plomb dans l’aile. Avec deuxexpositions en un mois et pléthorede rendez-vous plus ou moins spec-taculaires, le programme n’a pastenu ses promesses de qualité et deconvivialité. Vernissages, marché d’artcontemporain, performances, ren-contres avec les artistes, projections,débats, musical painting, vente auxenchères se sont succédé sur untrain d’enfer entre la chapelle desPénitents bleus et la cour du cinémaL’Eden ouverte exceptionnellement.Face à cet important arsenal dé-ployé par l’artiste plasticien MarcIngoglia (association Artistic promo-tion) et son équipe de bénévoles, onreste dubitatif : entre amateurs etprofessionnels, pratique artisanaleet création artistique la mayonnaisen’a pas pris. Les deux vaguessuccessives d’expositions ont réussile tour de force de réunir 40 artistes,sans compter ceux de la CollectionSotta, mais au contraire, on auraitsouhaité un commissariat plus sé-

lectif, et donc moins de cohabitationshasardeuses : comment peut-on ac-crocher sur les mêmes cimaises lesespagnolades de José-Rogerio Nadalet les sculptures pailletées de Flo-rence Daluz avec les œuvres deBernex, Plossu, Heller, Gho ouDaumas ? Il y a des frottements quifont grincer les dents ! Pour «répon-dre à l’afflux des demandes», MarcIngoglia a décidé «d’augmenter levolume et d’être plus hétérogène» :le résultat laisse perplexe. Difficilede souscrire à une séance dédicacede l’écrivain Claude Darras pour unouvrage paru en 2004, ou à l’inter-vention du graffeur Devin et du DjConstant Faya, qui relevait davan-tage d’une réunion de vieux copainsque d’une performance de haut vol…Le festival avait le goût d’un «pique-nique» entre amis -avec des têtesd’affiche comme produit d’appel-sans les saveurs d’une table étoilée.Espérons que l’édition 2010 opèreun recentrage de qualité, sans per-dre l’énergie festive des premierspas.MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Quel chantier !

Oeuvre de Marc Ingoglia, février 2009

Oeuvre de Marc Ingoglia, mai 2009

ARTS VISUELSLA CIOTAT | AUBAGNE

Andre� Derain, Pinè�de, Cassis, 1907

La terre fait un retour en force dansl’Art Contemporain et intéresse denombreux jeunes artistes. Ce maté-riau, utilisé librement, émaillé ouporeux, témoigne de notre époqueavec des thèmes étonnants qui,même s’ils font des clins d’oeil aupassé, renouvellent complètementle propos et sortent de l’artisanat.Treize artistes donc sont présentésaux Pénitents Noirs. Leurs oeuvresdemandent une approche attentive,qui laisse venir sensations et corres-pondances. Elles ne se livrent pastout de suite, la simplicité de cer-taines frôlant la pauvreté ou legrotesque. Mais que l’oeil s’y attardeet le sens surgit. Ainsi des 9 Écransdu marseillais Wilson Trouvé engris, bleu et blanc qui témoignent dela médiocrité de nos programmestélé, des Légos colorés de SéverineCorlier en taille réelle ou des micro-sillons cassés de Fabrice Croux.Des bibelots kitsch récupérés dansdes brocantes intégrés dans unepièce inquiétante, comme ces gen-tils dauphins roses et dorés, très50’s, surmontés de la masse noired’un dauphin prédateur : choc desmatières, choc du message du niçoisKarim Ghelloussi, de même pour

son pingouin frappé d’incompréhen-sion devant un cactus bien vert !La précieuse porcelaine elle aussiest revisitée, notamment par troisartistes : Pierre Ardouvin qui a réa-lisé au Centre de recherche desArts du feu et de la terre (CRAFT)de Limoges une série de 15 plats etassiettes intitulée Poster, dans latradition de la vaisselle banale déco-rée d’images prises sur les postesde travail des ouvriers ; Yvonne LeeSchultz qui a travaillé en collabo-

ration avec la Manufacture Royalede Porcelaine de Berlin, et introduitdes répliques des pistolets de JamesBond en porcelaine au milieu desservices à thé sortis droit d’un romand’Agatha Christie ; Nicolas Buffe quidécore ses vases de dessins piquésà Walt Disney.L’humour a aussi sa place avec lespièces de Saverio Lucariello, autremarseillais, qui pousse la dérisionjusqu’à mettre son visage au milieud’une Vanitas avec fruits et légumes

ou d’un coquillage (Autoportrait enguise de perle rare). Le thème desVanités (Vanité à la calebasse) seretrouve dans les pièces de ValérieDelaruequi montre le pourrissementavec luxuriance. D’autres classiquessont revisités : on pense aux ready-made de Duchamp devant les urinoirsPistolets sagement rangés de JulienBouillon, aux scènes des peinturesclassiques devant Le Banquet deColine Rosoux et Xavery Wolskiévoque le travail traditionnel desmexicains (Les Croix).Au fond de la chapelle, Dust, unegrande tenture noire de grillage etde poussières est parsemée deformes légères. Racines et fleursemmêlées ? Stalactites ? CharlotteNordin interprête les mystères desprofondeurs de la terre.CHRIS BOURGUE

Révisons nos classiques, la terre dans l’art contemporainChapelle des Pénitents noirs,Aubagne jusqu’au 25 octobre 04 42 08 85 90

Les pieds sur terre

Dust, installation en suspension, cé�ramique de Charlotte Nordin

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ARTS VISUELS58 GALERIE SABINE PUGET | BEAUCAIRE

L’art devant elleQuelques années après avoir quitté sa galerie parisienne pour le Var, Sabine Puget dit nerien regretter. Et pour cause : elle attrape dans ses filets une belle moisson d’artistesElle a choisi de poser ses valises au pied du vieux villagede Fox-Amphoux. C’était en 2004. Quatre étés plus tard,elle réunit artistes, amis, collectionneurs pour fêter «12années de rencontres autour d’une galerie, 1996-2008»,conçoit l’exposition collective L’art devant soi et édite unlivre qui témoigne de ses compagnonnages. Desregrets? Aucun, son nouvel espace au cœur desvignobles varois attire de nouveaux collectionneursd’Aix-en-Provence, de Marseille et des alentours tandisque les souscripteurs du temps de la rue Jacob seréjouissent de cette halte provençale. Quant aux artistesde la première heure, si Sabine Puget leur est fidèle (en2004, son exposition en forme de manifeste Le silenceaussi se regarde donnait à voir 11 œuvres de 11 artistes),elle poursuit néanmoins sa démarche de découvreur. Lapreuve avec cette formule novatrice qui, sousl’appellation générique Abstractions faites, réunit«l’électron libre» Didier Demozay et ses toutesdernières «fulgurances de la couleur», et Evelyn Ortliebdont l’œuvre posthume est d’une incroyablecontemporanéité, fruit d’une matière aux tonalitéssombres et sourdes, qui a vécu avant d’être tressée,nouée, collée. Autour d’eux, trois accrochages successifsont rythmé l’été. Le premier consacré aux structures etencres de Francis Limerat, le second à l’artiste suisseallemand récemment disparu Martin Müller-Reinhartet enfin Marcel Robelin, «une rencontre extraordinaire»,qui travaille essentiellement le papier et la cendre,auteur notamment d’une série de Livres muets…Profitant d’un climat méditerranéen propice, SabinePuget a transformé son jardin en écrin naturel pouraccueillir les œuvres en bois de l’artiste franco-suisseMireille Fulpius. Elles trouvent ici une résonanceparticulière, leur légèreté se frottant à la robustesse dessculptures en pierre de Thierry Lancereau, «un virtuosede la tronçonneuse»… S’il fait bon goûter à la plénitudede la nature, celle-ci laisse peu de temps mort, car,comme l’écrit l’artiste Philippe Ségéral, «Sabine Pugetdésormais, doublement jardine. De la même maininvisible qui assemble d’improbables sociétés de

plantes, d’arbustes et de fleurs qui ravissent, elle jardinel’œuvre de quelques artistes qu’elle a su faire sejoindre». De là à passer commande au designer etscénographe Jean-Pierre Schneider d’une constructionéphémère, vite devenue permanente, afin de doubler lasurface des cimaises ; de là à produire une série de DVDde photos de Josseline MinetDans l’atelier des artistesde la galerie. De là encore à confier à Francis Limérat etJean-Pierre Schneider le soin de redonner un sens à lachapelle de Barras, sur sa propriété, pour abriter àl’occasion quelques concerts intimes. Tout cela avec lesentiment, simple, d’être un passeur, «celui qui trace unchemin de l’atelier vers le regard de l’autre.»MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Galerie Sabine PugetFos Amphoux (83)Expositions jusqu’au 20 septembre04 94 77 05 39www.galeriesabinepuget.com

Une chapelle à Château Barras, livre-DVD textes Sabine Puget,Bernard Chambaz, photographies Josseline Minet, éd GalerieSabine Puget et Le temps qu’il fait (Cognac), 2008

La culturede la toileLes visiteurs d’Arles ont été séduitscette année par la qualité desaffiches de la feria de Pâques, unœuf dans lequel les symboles de lafête se retrouvent, arches desarènes, torsion du taureau. MarkAlsterlind (voir Zib 21), né enCalifornie, a choisi de vivre enProvence, à Beaucaire : une dose dehasard, de rencontres, de fasci-nation pour la lumière, un cadreexceptionnel… S’il a gardé un atelierparisien et expose à la Madeleine, ilpasse l’essentiel de sa vie à l’étagedes anciens abattoirs, construitsdans la belle pierre de Beaucaire,espace clair ouvert sur la campagneenvironnante. Les murs sont recou-verts d’esquisses, de toiles, le solaussi ! «Marchez dessus ! Ce n’estpas grave, cela participe de la vie dela toile !». On hésite un peu, onavance précautionneusement, puison franchit la barrière de nosinterdits, la toile souple sous les pascolle un peu aux semelles, c’est sifacile ! L’art n’est plus sacré, lapeinture devient une émanation dela vie, elle participe à la musique dumonde, comme ces arbres quis’agitent au loin, comme cette petitebrise qui vient nous rafraîchir,mêlée au quotidien, sans prétentionaucune. Le vent, la pluie, les pas, les feuillesmortes qui s’agglutinent lorsque latoile se fait chemin marquent leurspassages, auxiliaires bienveillantsdu peintre. Si la toile débute toujourspar un dessin aux lignes sobres etsombres, elle n’en conserve au fildes mois de maturation que l’archi-tecture. Que l’épure des êtres et deschoses, au cœur de couleurs qui sefondent et les mêlent. Périodesocres, rouges, bleues… sans repré-sentation, tout en étant sculptées dumonde qui l’entoure. Et se donneaussi à dévorer, en une œuvre quisait aussi céder à la gourmandiseavec les désormais célèbres Eat thepaint, «80% de cacao, 20% de sucre,100% de magie» ! MARYVONNE COLOMBANI

Atelier deMark AlsterlindBeaucaire (30)06 10 78 50 03

Depuis la galerie, vue sur la construction extérieure du designer et scénographe Jean-Pierre Schneider

Atelier de Marcel Robelin

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Deux bonnes raisons de courir à l’exposition desculptures contemporaines à Toulon ! Parce queface au Fort de l’Aiguillette et à la Tour Balaguier,ce bâtiment emblématique du passé maritime etmilitaire de Toulon offre un point de vue uniquesur la Petite rade et la presqu’île de Saint-Mandrier.Ensuite parce que les sculptures monumentalesde Jean Amado, Vincent Barré, Raoul Hébréard,Tony Long, Jean-Noël Laszlo et Alain Pontarellis’adaptent parfaitement à cette fortification duXVIe siècle, jusqu’à en épouser les circonvolutionset s’y fondre presque, trop peut-être ? Une telleinitiative de la Ville, du Conseil général et de LaValette-du-Var est à saluer car elle sensibilise lepublic, dans un même mouvement, au patrimoinetoulonnais et à la création contemporaine, l’exposi-tion réunissant des œuvres issues des collectionsmuséales et de prêts d’artistes de la région à laréputation internationale. Six pièces suffisent ainsià présenter un bref aperçu de la sculpture actuelleà travers ses multiples médiums, techniques,inspirations et réflexions, depuis les vaisseauxfantômes de Jean Amado aux assemblages deformes pures de Tony Long, en passant par l’impo-sante jarre zinguée de Raoul Hébréard ou lacorrespondance contrariée par Laszlo-Pontarellientre les galets polis du mot «culture» et l’expres-

sion «nature» emprisonnée dans une cage vide etanguleuse… Consensuel ? L’an prochain, c’estsûr, le choix sera moins attendu, au risque de fairesouffler un brin d’agacement au sommet de laTour royale!MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Tour royale, le Mourillon (83)jusqu’au 27 septembre 04 94 36 33 30

De retour de RussieOn connaissait de Françoise Huguier sa passionpour l’Afrique depuis qu’elle a publié chez Maeghten 1990 Sur les traces de l’Afrique fantôme avecl’écrivain reporter Michel Cressole, et créé la pre-mière Biennale de photographie africaine deBamako en 1994. On découvre à présent son goûtpour Saint-Pétersbourg où «[elle] loue unechambre dans un appartement communautaire(Kommunalka en russe), et photographie seshabitants. Les années passent, hantée par sesvoisins, [elle] décide de revenir filmer leur viequotidienne» De cette vie partagée, de ces portesentrouvertes sur le quotidien et l’intimité dequelques «personnages de roman» naissent untémoignage de premier plan sur le communismed’hier et la Russie d’aujourd’hui qui superpose lesors patinés des tsars aux vestiges communau-taires de Leningrad. De ces huis clos étouffants,dégoulinants de tristesse, de misère, de souvenirs,Françoise Huguier rapporte des clichés baignésd’ombres et de lumières où transpire la désil-lusion. Celle de Natacha et de tous les autres,pareils à des fleurs fanées… Ni documentaire nireportage, Françoise Huguier défend une pho-graphie du réel perméable à ses sentiments, àson empathie pour la ville, ses habitants et sesfantômes. Au point de leur consacrer une expo-sition (Maison de la photographie à Toulon dontl’éclairage est pénalisant), un ouvrage (Kommu-nalki chez Actes sud), des vidéos (galerie desMusées à Toulon) et un film de 97 minutes sortien salle en juin dernier (Kommunalka produit parles Films d’ici). MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Maison de la photographie et galerie des MuséesToulon (83)jusqu’au 26 septembre04 94 36 33 30

Accord parfait à la Tour royale

©Franc�oise Huguier - kommunalka - Eye�dea presse - Rapho

ARTS VISUELSTOULON | ART-O-RAMA

En trois ans seulement, le salon d’art contempo-rain Art-O-Rama est devenu un centre de gravitéoù convergent de multiples météores. À la Car-tonnerie se déploie un Show Room aussi efficaceque talentueux, dédié à promouvoir le travail dejeunes artistes de la scène Marseille-Provence :Frédéric Clavère, Pascal Martinez, MonsieurMoo. Et Pierre Beloüin qui, avec sa DreamachineRoomproduite par la Fondation Vacances bleues,réussit le pari d’intégrer son œuvre au décord’une chambre d’hôtel en offrant une expériencevisuelle et sonore totale. Dreamachine Room, «uneboîte à rêves plus efficace qu’une télévision» !L’un de ces quatre artistes sera l’invité de l’édition2010, à l’instar d’Émilie Perotto dont les sculptureset installations en bois bénéficient cette annéed’une vitrine imprenable. Au Salon toujours, parmi les sept galeries inter-nationales présentes, les duos Hannes Vanseverenet Fien Muller (Hoet-Bekaert Gallery, Gand), CleaCoudsi et Éric Herbin (galerie Schirman & deBeaucé, Paris) tirent leur épingle du jeu grâce àdes dialogues formels, sonores, graphiques ouvisuels pertinents. Même exigence du côté deSextant et Plus qui présente, à la Friche, la pre-mière exposition personnelle en France del’artiste américaine Norma Jeane. Entre autresréalisations liées à l’objet industriel, Potlatch 4.2a fait grand bruit, nécessitant l’intervention d’unevingtaine de spectateurs-acteurs pour une mise

en scène tirée au cordeau. Le satisfecit est quasiunanime, en écho au galeriste parisien OlivierRobert qui fait mouche avec une combinaisonaudacieuse de deux nouvelles installations deDavid Ancelin et Élodie Lesourd. Dans cette constellation gravitent également leFrac, qui transporte le spectateur dans un douxVoyage sentimental, le Bauhaus Lab, la galerieof-marseille, partenaire de la performance lecture dePhilippe Petit etHervé Paraponaris, et TriangleFrance, grand ordonnateur d’une soirée tombola… Si jeune, et pourtant Art-O-Rama a déjà pris corpset sens, aiguisant l’appétit des collectionneurs etcaptant l’intérêt des galeries !MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Exposition jusqu’au 20 septembre à La Cartonneriewww.art-o-rama.fr

Une édition riche de promessesaccomplies

Dreamachine de Pierre Beloü� in, objet sculptural à géome�trie lumineuse,Fondation Vacances bleues © Jean-Louis Aubert

Sculpture de Jean Amado

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POÉSIE60 ENTRETIEN AVEC JULIEN BLAINE

Zibeline : Qu’en est-il de la poésie aujourd’hui ?Julien Blaine : Ce qui se passe dans la poésie au-jourd’hui est absolument incompréhensible etinattendu. Je parle de la poésie en France, en Italie,dans les anciens pays de l’Est et dans toute l’Asie.Le premier phénomène qui concerne ma généra-tion, c’est que le marché, essentiellement italien,s’est intéressé à une poésie qui n’est pas que dansles livres mais aussi dans l’action, la performancevoire les cimaises. De grands collectionneurs ita-liens, suivis par quelques américains et de trèsrares français, se sont intéressés, à ce qu’ils appel-lent en Italie la «poésie visive» que l’on appelle icila «poésie visuelle», «élémentaire», «concrète» desannées 50. Le deuxième phénomène est l’arrivée d’une autregénération qui a maintenant autour de 40 ansavec une ribambelle de femmes comme NathalieQuintane, Laure Limongi, Claudie Lenzi, Frédé-rique Guétat-Liviani, qui ont été suivies par lagénération d’après comme Marina Mars avec detrès nombreuses poétesses ou performeuses. Eten même temps, paradoxalement, les gros édi-teurs de poésie, P.O.L entre autres, ne se sont pasintéressés à cette poésie là hormis à celle deNathalie Quintane et de Christophe Tarkos. Cequi fait que certains des poètes de ma génération,ou un peu plus vieux comme Pierre Garnier, sontpassés inaperçus. Ça a laissé une place importanteà de petits et moyens éditeurs comme TridentNeuf ou Al/Dante qui se sont alors multipliés.J’aimerais que tu reviennes sur la «poésie élé-mentaire» dont tu es à l’origineÀ la fin des années 50, je suis en train d’écrire cetype de poésie. Il y en a d’autres mais je ne le saispas encore, donc je suis obligé de rebâtir mapropre histoire, de m’inventer des antécédents avecCummings, Mallarmé, Apollinaire, les avant-gardes historiques. Et je m’aperçois qu’il y a unmouvement mondial, la «poésie concrète» née enSuisse avec Gomringer, au Brésil avec les frèresDe Campos et Pignatari, en Allemagne autour deMax Bense. Je découvre un autre mouvement, la«poésie visive» qui détourne des messages publici-taires et les slogans politiques autour d’EugenioMiccini et Sarenco en Italie. Bien que je sois dansles anthologies de poésie concrète avec mes amisJean-François Bory ou Adriano Spatola, aucunde ces mouvements ne me satisfait. Et je trouvece mot «élémentaire» qui me permet de jouer surles éléments, les apprentissages comme sur lesritualités premières. Ma poésie élémentaire dès62 est très impliquée par le corps, la voix, la ges-tualité.Tu ménages des passages entre tes pratiques depoésie concrète, visuelle, performance… On le voitdans l’exposition avec Chut ? Chute typographiéeAvec La Chute, c’est l’acte physique qui devientaussi un mot : «chut !», une métaphore incarnée,transformée par la suite en poème visuel où les

escaliers deviennent les lignes d’une page. Àpartir de là, tu peux recommencer l’histoire sanste contenter du spectaculaire. Ce qui m’intéresse cesont les résidus. Le côté théâtral et chorégra-phique de la performance ne m’intéresse pas, àl’inverse du travail des jeunes artistes issus de la

poésie et des arts plastiques.Et à Marseille ?Y’avait un jeune mec génial, Nicolas Primat. Il y aaussi Marina Mars, Frédérique Guétat-Liviani,Claudie Lenzi, Edwige Mandrou, des gens quisont repartis d’ici comme Nathalie Thibat. À Mar-seille, c’est un art essentiellement féminin. C’estun art d’exhibition et si tu remets ça dans la cul-ture gréco-latine ou judéo-chrétienne, ce n’estpas si facile.Il y a aussi une dimension politique dans tontravail…Toujours. Pourquoi sommes-nous dans une tellebarbarie à la fin du XXe siècle ? Il faut dire les

choses même si elles sont simples. Ca fait 6000ans que les monothéistes nous font chier et qu’ilsmassacrent des peuples au nom de leur dieu !C’est pour ça que l’exposition fait par exempleréférence à Reagan, Bush ou Poutine.Le cri est aussi essentiel pour toiLà on atteint la même force universelle que pourla musique. Je parle en français mais la plupartdu temps ce n’est pas traduisible. Alors commentje dois procéder avec ce noir Bamiléké, cet indiend’Amazonie ou du Québec avec lesquels jetravaille ? Je ne connais pas leur langue, ils neconnaissent pas ma langue. Mais si je crie, alors…Ainsi les gens me disent toujours : «Mais qu’est-ce que vous avez à être toujours en colère ?» Jesuis en colère, mais quand tu vois comment est lemonde !Ton travail mélange l’originel et les nouvellestechnologies…Je suis le traducteur en 62 de la langue éléphan-tine avec un magnétophone ! Puis est arrivél’offset qui a ouvert de nouvelles possibilitésd’écritures. Mais dans notre travail, tu ne peux pasrester dans ton coin. Aujourd’hui le réseau inter-national, à la suite du mail art, c’est Internet ! Ons’est tous mis sur la toile. Les plus grandes archi-ves sont là, avec le Hongrois Gyorgy Galantaid’Artpool ou feu Ray Johnson et le réseau postalinternational. Avec l’ordinateur, je travaille surXPress avec des possibilités incroyables de joueravec les polices, les copier-coller, les dérapagesdes correcteurs d’orthographe, les traductionsinouïes d’un programme à l’autre, etc.PROPOS RECUEILLIS PAR SANDRA RAGUENET ET CLAUDE LORIN

Finissage le 20 octobre à partir de 20h, avec Jerome Rothenberg, Seiji Seimoda et Joachim Montessuis aux platines.

Zigzags dans les mots en actionAlors qu’au [mac] son Tri se prolongejusqu’au 20 octobre, Julien Blaine faitpour Zibeline un tour d’horizon sur sontravail et la poésie contemporaine

Il est encore temps de revenir ...sap sov rus © Claude Lorin

La Pythie, [mac], Marseille 2009, vue partielle © Claude Lorin

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La Pythie, [mac], Marseille 2009, vue partielle © Claude Lorin

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LIVRES62 ADAAL | ÉDITION INDÉPENDANTE | ÉCRITURES CROISÉES

Ceux qui hantent les manifestationslittéraires le connaissent. Tous l’ont déjàcroisé, sa pile de bouquins débordantde fiches sous le bras. Et si ce n’est fait,cela ne saurait tarder lors de l’une oul’autre rencontre proposées ce mois-ci.C’est bien simple, il sera partout, desABD à La Friche Belle de Mai, de laCaravelle au cours d’Estienne d’Orves,et aussi à Mouans-Sartoux et à Manosque.Lui, c’est Pascal Jourdana, journalistecurieux, lecteur impénitent, coureur defond de la littérature de France et d’ail-leurs. Après des études littéraires et unedizaine d’années passées dans le milieu dela librairie et de l’édition, Pascal Jourdanaest devenu journaliste littéraire, un peupar hasard confie-t-il modestement. Pas-sionné par toutes les formes littérairescontemporaines, il en a une approche in-time et perspicace, qu’il double souventd’une authentique relation humaineavec les auteurs. C’est sans doute ce quidonne aux débats qu’il anime leursaveur particulière. Un travail pointu enamont, et pourtant l’impression que larencontre se fait là sous nos yeux, que laconversation coule comme une dis-cussion entre amis à laquelle les lecteursseraient également conviés.

Et l’ADAAL fut crééeC’est pour favoriser ces rencontres entreauteurs et lecteurs et pour porter laparole des écrivains que Pascal Jourdanaa créé l’Association Des AuteursAux Lecteurs (ADAAL). L’associationsouhaite penser les rencontres littérairesautrement que comme des événementsisolés ou de simples animations, en faireun principe de production, avec desprolongements dans les domaines de laradio, de la vidéo et de l’édition. Ce pro-jet ambitieux est en train de voir le jour.L’installation de l’ADAAL dans sesnouveaux locaux de la rue de l’Olivier,qu’elle partage avec Fotokino, devraitégalement faciliter le croisement desdisciplines, cher aux membres trèséclectiques du CA de l’association.

Une saison de dialoguesLe grand œuvre de l’association restecependant le cycle de rencontres qu’elleorganise grâce au soutien des Archivesdépartementales. Ecrivains en dialo-gue entre cet automne dans sa troisièmesaison et propose pour 2009-2010 unprogramme d’une variété et d’une qua-lité exceptionnelles. Ainsi, le premiertemps fort, intitulé En quête de soi, sera

l’occasion, le 13 octobre prochain, desuivre l’échange entre Claudie Gallay,dont presse et lecteurs ont unanimementapplaudi Les déferlantes, et l’écrivain qu’ellea souhaité inviter, Philippe Grimbert,dont le magnifique Un secret est déjàdevenu un classique. Un premier rendez-vous à ne manquer sous aucun prétexte,et les autres promettent d’être à l’ave-nant… En guise d’avant-programmePascal Jourdana fera entendre un pre-mier duo d’écrivains dans le cadre des2eRencontres départementales del’édition indépendante qui se dérou-leront les 18 et 19 septembre à laBibliothèque Gaston Defferre. Ani-mée par Pierre Guéry, la premièrejournée de ce «salon des indépendants»,au cours duquel 15 éditeurs de la régioninvitent cette année 15 éditeurs d’ailleurs,sera réservée aux professionnels. Mais le2e jour le public pourra arpenter le Salondes Editeursde 10 à 19h. Dans l’après-midi, les jeunes de 7 à 15 ans serontconviés par les éditions Ornicarinck(s)à des ateliers de fabrication de livres,tandis qu’Ecrivains en dialogue don-nera la parole à deux jeunes écrivainespubliées par la maison d’édition mar-seillaise Le Mot et le Reste, MagaliBrénon et Béatrice Rilos ; enfin, à17h30, Sabine Tamisier proposeraun émouvant et poétique monologuethéâtral, Casa nostra.Un prélude stimulant à une saisonlittéraire intense…FRED ROBERT

ADAAL09 81 65 26 44http://web.me.com/pascal.jourdana/Des_auteurs_aux_lecteurs2e Rencontres départementalesde l’édition indépendanteLes 18 et 19 septEcrivains en dialogueLe 10 octBibliothèque départementale GastonDefferrewww.biblio13.fr

Il ne vous aura pas échappé que nous sommes en pleine effervescence de rentrée. Rentrée du gouvernement, des partis politiques, des classes, mais aussi rentrée littéraire.Les médias entonnent le refrain saisonnier, et Zibeline ne faillit pas à la règle. D’autant quenotre région accueille certaines des manifestations littéraires les plus importantes del’automne et que nos éditeurs locaux ont mis sous presse bon nombre d’œuvres nouvelles…Voici donc des annonces, nombreuses, de rencontres à Marseille, Aix, Manosque ouailleurs, ainsi que quelques chroniques d’ouvrages fraîchement édités. À vos livres et bonne rentrée (littéraire) à tous !FRED ROBERT

L’ami des lettresPascal Jourdana ©

X-D.R

Depuis plus de 20 ans les ÉcrituresCroisées nous ont habitués à desrencontres exceptionnelles avec leslittératures des autres mondes, et on apu y croiser les plus grands écrivains denotre temps. Les propos des tablesrondes volent haut, plongeant dans lesarcanes secrets de l’écriture et del’histoire, chaque invité cherchant àétablir analogie et différence avecl’écriture de l’autre. Cette année ce sont les Écritures les pluslointaines qui s’installeront à la Cité dulivre : l’Asie est un continent littérairepeu visité, et les lecteurs sont plutôtattachés aux langues européennes ouaux littératures méditerranéennes.L’année de la Chine avait permis d’enéditer quelques-uns, les auteursjaponais sont traduits depuis les années60’s… mais le reste du continent,coréen ou thaï, reste à découvrir, àtraduire, à diffuser. D’autant que toutel’Asie repose sur des traditionsromanesques très anciennes, et diverses.Neuf romanciers (Li Ang de Taiwan,Chart Korbjitti de Thaïlande, lesjaponais Minaé Mizumura et YokoTawada, Lee Seung-U et KimYoung-Ha de Corée, Thuân et BaoNinh du Vietnam, et le Chinois XuXing) seront présents pour retracer ceVrai Roman, avec l’aide de PascalQuignard et Antoine Volodine, dans lerôle de passeurs… La fête du livre à Aix se déroulera du 15au 18 octobre : nous y reviendrons !A.F.

L’Asie aux écritures croisées : un vrai romanDu 15 au 18 octCité du Livre, AIX04 42 26 16 85

L’Asie à Aix

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LIVRESBARJOLS | LES LITTORALES | SEMAINE NOIRE 63

Est-il suffisant que le poème trouve le che-min d’une version imprimée, qu’ensuitele livre de vélin ou de papier s’installesur une étagère de librairie ou de bi-bliothèque ? Telle est la question. PourÉric Blanco, le poème imprimé est unsimulacre. Vivre pour un poème, c’estaussi être dit. Le texte passe par la voix,ses intonations, les supports les plusvariés et les plus surprenants, photos,diaporama, vidéo, multimédia… une«poésie dans tous ses états» suggère ÉricBlanco, poète, organisateur (non cen’est pas incompatible !) de cette ren-contre avec les poètes de la BIPAL (Valde Marne) et directeur de la ZIP22.(Zoned’intérêt poétique). Éric Blanco rappelleau public qu’Elias (la lecture se dérouleau centre Elias de Barjols) était un trou-badour : le temps s’efface, la poésieperdure… Quatre poètes se succèdent,

donnant un bref aperçu de leur univers,par la lecture d’extraits de leurs œuvres.Gérard Noiret qui collabore au maga-zine littéraire et à France Culture inviteà relier le texte au monde et le mondeau texte ; Henry Deluy, fondateur de labiennale internationale de poésie du Valde Marne, collaborateur de la revueAction Poétique, affirme que la curio-sité est une vertu politique et livre unebelle biographie de Maïakovski, quiétablit un parallèle entre la connaissancedu poète, l’évolution personnelle dunarrateur et les affres du monde ; PascalePetit expose ses carnets de vol sousforme de journal intime, de lettres, dansun style dépouillé qui rend évidents lesfaits les plus improbables ; Jean PierreBalpe enfin, auteur aussi dans la revueAction Poétique, se consacre à un jeudigne des essais d’Oulipo, il présente les

logiciels facteurs de poèmes qu’il a créés,mettant en scène une littérature desvariations ; celles-ci s’avèrent infinies àpartir d’une même trame. Art de l’éphé-mère aussi, puisque chaque texte, chaqueréécriture disparaît à jamais dans les lim-bes virtuelles à la moindre modification.De belles fêtes poétiques ! Une bonneraison de faire le chemin jusqu’à Barjols,tous les 22 du mois (sauf ce mois deseptembre, le 24)… puisque ZIP 22 !MARYVONNE COLOMBANI

22, le poème est servi !

Pascale Petit © Claudie Lenzi & Charles Gros

Depuis quatre ans, La Semaine Noire,dont il est à noter qu’elle dure plus de 7jours !, se déroule selon 3 axes directeurs:une résidence d’auteur, un jumelageavec une ville étrangère et une grandefête du polar. La prochaine édition, du19 au 29 septembre, ne dérogera pasà la tradition, à quelques nuances près.Première différence, notable. L’auteurinvité cette année n’est pas vraiment cequ’on qualifierait d’«auteur noir», mêmesi ce qu’elle écrit n’est pas toujours rose,loin s’en faut. Wendy Guerra est cu-baine. Ses œuvres poétiques sont éditéessur son île natale, mais pas ses romans,jugés indignes d’être distingués par letout-puissant Institut du Livre (jugeunique, seule voie éditoriale à Cuba). Ilssont pourtant beaux et troublants etvivants, ses textes, que Stock a acceptéd’éditer en France, et qu’elle vientprésenter durant tout le mois de sarésidence d’écriture à La Friche. Elle lesappelle «romans rouges». Rouge commela passion, rouge comme la révolutioncubaine, dont on célèbre cette année le50e anniversaireLa deuxième variation concerne le choixde la ville jumelée. Malgré son statut deport insulaire, il ne semble pas qu’Ajac-cio puisse être définie comme une villeétrangère. Tel est le choix pourtant desorganisateurs, qui ont opté pour l’étran-geté corse après celle de Mexico oud’Hambourg.Dernier axe, les Terrasses du Polar,avec un léger changement là encore.Ces rencontres-dédicaces traditionnellesavec les écrivains, français et étrangers,de polar (une quarantaine pour cette 9e

édition) se tiendront en effet d’abord à

Marseille sur le Cours Julien, dans lecadre du Festival du Plateau, samedi19, puis à Septèmes-les-Vallons,dimanche 20.Quant au Prix Marseillais du Polar,il sera comme d’habitude décerné parun jury de passionnés qui auront lu les25 ouvrages en lice cette année. Son lau-réat recevra le chèque de 1500 euros quil’accompagne.FRED ROBERT

La Semaine Noire est organisée par l’association L’Ecrit du Sud, en partenariat avec L’Ecailler,Système Friche Théâtreet la BMVR Alcazarwww.lecritdusud.com

Du rouge et du noir

Du 7 au 11 oct, venez rencontrer lesauteurs invités par les libraires indépen-dants associés et retrouver leurs livres,au fil des nombreuses manifestationsorganisées par l’association Libraires àMarseille. Projections, musique, débats,performances, lectures ponctueront lescinq jours de ces 2e Littorales, l’événe-ment littéraire de l’automne marseillais.

Rendez-vous au cinémaL’avant-première du festival aura lieu,le 7 à 20h au cinéma Les Variétés. Lepublic sera invité à la projection dudocumentaire de Sylvain Roumettesur Claude Lanzmann, à l’issue de la-quelle une rencontre est prévue avec leréalisateur et Lanzmann lui-même. Ony parlera sans aucun doute de son der-nier ouvrage, passionnant, Le lièvre dePatagonie (Gallimard, 2009).

Rendez-vous au comptoirLe 8 les fidèles de l’émission littéraire etradiophonique se retrouveront à LaCara-vellepour le premier Jeudi du Comptoirde la saison. Pascal Jourdana recevraTanguy Viel, qui parlera de son dernierroman Paris-Brest (voir p.66), avantd’aller,plus tard dans la soirée, en proposer unelecture à Montévidéo, dans le cadre dufestival ActOral.

Rendez-vous à la BMVRL’Alcazar recevra, le 9 à 19h30, AtiqRahimi, prix Goncourt 2008 pourSingué Sabour, pierre de patience (POL,2008), et organisera la projection dufilm qu’il a réalisé à partir de son romanTerre et cendres.

Rendez-vous en musiqueLe 10, afin de célébrer la Saison de laTurquie en France, le Pelle Mêle ac-cueillera pour une séance de «littératureen voix» Zülfü Livarelliet Les voix poly-phoniques dirigées par Brigitte Cirla.

Rendez-vous sur le CoursMais les rendez-vous nocturnes, placéssous le signe de la pluridisciplinarité, nedoivent pas faire oublier ceux du jour.Comme l’an dernier, les chapiteaux en-vahiront le cours d’Estienne d’Orvesdurant tout le weekend, de 10h à 19h.On pourra rencontrer au Comptoirlittéraire la trentaine d’écrivains sélec-tionnés par les libraires pour leurs«approches sensibles d’un mondepluriel», retrouver leurs textes à l’Es-pace Librairie et les faire dédicacer.Chaque stand de libraire proposera égale-ment des parcours de lecture et destitres pour les plus jeunes. Une occasionagréable, et gratuite, de découvrir desauteurs, des collections et des maisonsd’édition qui manquent souvent de lareconnaissance qu’ils méritent.

Bouquet finalLa première édition des Littorales avait,aux yeux de leurs organisateurs eux-mêmes, manqué d’un final à la hauteur.En cette 2e édition, puisque c’est unvéritable feu d’artifice qui sera offert aupublic en clôture de la manifestation :concert des Voix polyphoniques,avant-première nationale du film d’ani-mation Panique au village et, à La Friche,performance-lecture en forme de «Re-cette de résistance» par Wendy Guerra,la romancière cubaine reçue en résidencecette année. De quoi terminer en art eten beauté ce Salon d’Automne marseillais!FRED ROBERT

Les LittoralesFestival littéraire des librairesindépendantsdu 7 au 11 octobre 04 96 12 43 42 www.librairies-paca.com

Aux rendez-vous des Littorales

Wendy Guerra © Luis Miguel Palomares

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64 LIVRES MANOSQUE | MOUANS-SARTOUX

En dix ans, elles sont devenues l’un des événementsincontournables de la rentrée littéraire. Pour leur 11eédition, Les Correspondances de Manosque LaPoste entendent bien rester à la hauteur de la répu-tation qu’elles ont gagnée. Leur programme éclectiqueet exigeant permettra sans aucun doute de faire, unefois encore, de ces rencontres des moments précieux.

Cinq jours de fête littéraireDu 23 au 27 septembre, Manosque et ses alentoursvivront au rythme de ces 11e Correspondances,puisque, comme chaque année, les rues, les places, lessalles de spectacles, bref tous les lieux possibles, mêmeles sentiers et les collines chers à Giono, seront investispar les Écritoires, les ateliers d’écriture, les lectures et lesrencontres avec les auteurs, dans une atmosphère quia toujours su allier exigence de qualité et esprit bon en-fant. Ce qui est suffisamment peu courant pour qu’onle salue.Dès le mercredi, mais surtout à partir du vendredi etdurant tout le week-end, le public pourra se rendreaux traditionnels apéros littéraires de la mi-journéepuis assister aux nombreuses rencontres de l’après-midi. Il serait vain de donner la liste de tous les écrivainsinvités ; citons néanmoins et en vrac, Thierry Hesse,Pascal Quignard, Robert Mac Liam Wilson, etVéronique Ovaldé, Marie Ndiaye, Lydie Salvayre,Christian Garcin, Laurent Mauvignier… Auteurscélèbres ou nouveaux-venus sur la scène littéraire, ilsseront nombreux à venir lire leurs textes ou parler deleur travail, à rencontrer leur public, seuls ou en duos.On le voit, l’affiche est belle…

À la croisée des artsEt belle aussi la programmation des nuits manos-quines ! Mercredi 23, pour la soirée d’ouverture, ladanse rencontrera les lettres au Théâtre Jean-le-Bleu.La Cie Karine Saporta y présentera une chorégra-phie inspirée du roman Laver les ombres, que Jeanne

Benameur a écrit pendant sa résidence à Manosque.Ce texte, qui évoque le désir de danser et les relationsmère-fille a visiblement inspiré Karine Saporta. On se retrouvera aussi les autres soirs au Théâtre pourles grands rendez-vous de lectures par des stars de lascène cinématographique, dramatique ou lyrique. Jeudi24, Nicole Garcia mettra en correspondance le poètegrec Constantin Cavafy et Marguerite Yourcenar,tandis que, le 25, Carole Bouquet fera entendre «lafolie d’amour» d’Antonin Artaud et que, samedi 26,Dominique Reymond lira Bonjour Minuit de la«Colette anglaise», Jean Rhys.C’est à Nathalie Dessayqu’il reviendra de clôturer brillamment le festivalpuisqu’elle donnera lecture, dimanche27en fin d’après-midi, de la magnifique Lettre d’une inconnue de StefanZweig. Comme les rencontres de la journée, ces spec-tacles du soir se placent résolument sous le signe de la

variété et donneront l’occasion d’entendre des textescélèbres, mais aussi de découvrir des écrits et des auteursplus confidentiels.Comme à l’accoutumée, Les Correspondances fontla part belle à la musique. C’est ainsi que de nombreu-ses lectures se feront en musique et qu’on retrouveraavec plaisir les concerts littéraires de fin de soiréeau Café provisoire ; parmi les invités, Dick Anne-garn, Daphné, Clarika…Une superbe édition en perspective et 5 jours de fer-veur littéraire et artistique à partager sans modération.FRED ROBERT

Les Correspondancesauront lieu à Manosque (04) du 23 au 27 sept.04 92 75 67 83www.correspondances-manosque.org

Manosque entre en Correspondances

Ecritoire © Laurent Gayte

Le Festival n’a eu de cesse, ces dernières années, deprovoquer la réflexion, la discussion, de donner laparole à ceux qui écrivent les livres et à ceux qui leslisent, se penchant sur les hommes et femmes en quêtede libertés… Il s’agit à Mouans-Sartoux de guetterl’humanité au-delà des murs, de tester les résistances…Rendez-vous littéraire et cinématographique, leFestival convoque donc, aux dires de sa Commissaire,par ailleurs Conseillère générale des Alpes-Maritimes,Marie-Louise Gourdon, «celles et ceux qui portent unregard lucide sur le monde, empli d’espoir ou depessimisme, d’initiatives ou de forces de création.» Ceux-

là même que le public pourra rencontrer, et aveclesquels il pourra discuter, lors de conférences, débats,rencontres, cafés littéraires, et de projections de films:Atiq Rahimi, Léonora Miano, Françoise Héritier,Inaam Kachachi, Wahiba Khiari, EmmanuelCarrère, Mémona Hintermann, Thu HuongDuong, Robert Guédiguian, Amos Gitaï, GérardMordillat pour ne citer qu’eux… Le programmepléthorique d’une des plus importantes manifestations

littéraires françaises ne permet pas que nous dressionsla liste exhaustive de tous les rendez-vous, mais voilàde quoi vous mettre l’eau à la bouche : un débat sur lafureur du monde, d’autres sur la tension civile, la forcedes femmes, la mémoire de l’Arménie en partage…sans oublier des conférences sur la violence à l’école, lesavoir et la finance, la désobéissance des profs et biensûr les entretiens nombreux, incessants en fait, duranttrois jours, avec tel ou tel écrivain ou cinéaste. Car ilssont 350 !Interrogez-les, interrogez-vous, pour comprendre lafureur du monde. Le temps d’un festival, prolongé parle temps précieux de la lecture.DOMINIQUE MARÇON

Festival du Livre de Mouans-SartouxDu 2 au 4 oct04 92 92 47 24www.lefestivaldulivre.fr

Le 22e Festival du Livre de Mouans-Sartoux, dans les Alpes-Maritimes,s’apprête à faire de la ville un vasteforum de débat d’idées. Trois jourspour Écouter voir la fureur du mondeen compagnie de 350 auteurs, 200 éditeurs et libraires et en débattre avec passion

Le bruit de la fureur

Atiq Rahimi © Hélè�ne Bamberger

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Ecritoire © Laurent Gayte

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66 LIVRES LITTÉRATURE

C’est la question que pose Wendy Guerra, née en1970 à La Havane. Elle y réside actuellement alorsque, comme le dit le titre de son premier roman paruen 2006, Tout le monde s’en va. Être cubain aujour-d’hui, est-ce rester ? Est-ce partir ? Est-ce vivre dans lesouvenir oppressant des héros et des martyrs de la révo-lution ? Est-ce s’en dépêtrer tant bien que mal?Mère Cuba, deuxième opus de cette jeune écrivaineplus connue jusque là pour son œuvre poétique, inter-roge à nouveau l’identité cubaine et son lourd héritageà travers le personnage central de Nadia, dont le nomde famille, tiens tiens, est Guerra… Animatrice de radio,artiste spécialisée dans les performances éphémères, lajeune femme semble l’incarnation de cette nouvellegénération qui souhaite juste «survivre sur cette île,éviter le suicide» et ne veut à aucun prix «être la martyredes martyrs, de leurs épopées…»Le roman, faut-il d’ailleurs l’appeler un roman ?, se dé-roule à mi-chemin entre document et fiction, comme

une sorte de journal des années 2005-2006, auquelNadia intègre notes, extraits d’émissions radiopho-niques, articles de presse, lettres et paroles de chansons,dans un agencement qui perturbe un peu au départmais dont on accepte très vite la logique interne. Car,au travers de l’histoire de Nadia, de la recherche de samère enfuie en Russie, c’est celle de l’île qui se déploie,dans ses flamboyances et ses deuils. Ce récit palimp-seste révèle quelques belles figures féminines, dontcelle de Celia Sanchez, compagne de Castro. Il estsurtout un hommage vibrant à la génération desparents de Nadia qui, trop jeunes pour faire la révo-lution, ont grandi dans son ombre écrasante et en ontperdu la raison. Ce patchwork de formes et de voixrend enfin hommage à la vie malgré tout, à l’amour età l’espérance d’un avenir pour l’île. Nadia n’est-il pasla contraction de Nadièjda, l’espoir en russe ?F.R.

Wendy Guerra, Mère Cuba, éditions Stock, La Cosmopolite, 19 euros.

W.Guerra sera présente à la Semaine Noire, ainsi qu’auxCorrespondances de Manosqueet aux Littorales.

Images et mots d’une même voieLes éditions du Chemin de fer ont eu l’excellenteinitiative de créer «une collection de nouvelles inéditesillustrées par des artistes.» D’élégants petits livres oùdes textes contemporains courts d’auteurs souventcélèbres, parmi lesquels, pour ne citer qu’eux, PierretteFleutiaux, Henry Bauchau ou Annie Saumont, sontvus par des artistes. Ainsi, mots et images se répondentau fil d’une lecture rapide mais doublement suggestive.Des auteurs récemment édités par l’association, troisseront présents aux prochaines Littorales (voir p.63).Trois auteurs, trois artistes illustrateurs, trois livrets trèsdifférents, preuve de l’éclectisme de la collection.Dans Candelaria ne viendra pas, MercedesDeambrosis met en scène une mère de famillemadrilène au bord de la crise de nerfs, que la défectioninattendue de sa femme de ménage va pousser à larébellion contre une famille ingrate, insupportable. Lesprochaines vacances de Dominique Fabre relatent, àpartir d’un drame familial qui n’est pas le sien, leretour à l’affection et à la vraie vie du narrateur. Quantà Nathalie Constans, sa reformation des imbécilesrend un hommage déjanté à l’Amérique et au rock, à

travers la rencontre insolite d’Iggy Pop et de la petite-fille de Geronimo ; un récit de transe à deux voix auxconfins d’un monde en voie d’extinction.On le voit, les thèmes et les tons sont variés. Il en vade même pour les illustrations. Et c’est sans doute cequ’il y a de plus intéressant dans cette collection :l’adéquation entre les textes et les images qu’ils ontengendrées. Ainsi, les photomontages surréalistes deJean Lecointre collent on ne peut mieux au verbehalluciné de N. Constans, les portraits sombres auxcontours imprécis de Marko Velk traduisent lemalaise de la quadragénaire humiliée, les aquarellespresque naïves d’Olivier Masmonteil exaltent leserrances du narrateur et sa renaissance à des lienssimples et vrais.Une très jolie collection à lire et à rêver.FRED ROBERT

Comment peut-on être cubain ?

Le dernier ouvrage de Tanguy Viel n’a pas grand’chose à voir avec la pâtisserie crémeuse et pralinée àlaquelle son titre peut faire penser, et le Paris-Brest qu’iloffre à la gourmandise du lecteur est tout sauf suave.Tout au plus pourrait-il provoquer, comme le gâteaudu même nom, un vague écœurement devant leshistoires de famille qui se dévoilent au fil des pages etne parlent que d’argent, d’intérêt, de vol et de qu’endira-t-on.Le narrateur revient en quatre temps sur ce qui l’apoussé à fuir Brest, à devenir écrivain, avant de retour-ner vers son Finistère natal, à quelques jours de Noël,un cadeau empoisonné dans ses bagages. Car il a dûfuir pour parvenir à exister, pour ne pas être un satellitede plus dans l’orbite d’une mère terrible sous sesdehors doucereux ; fuir aussi pour ne pas être gangréné

à son tour par la laideur, l’ennui provincial et lamesquinerie.Cette histoire familiale a quelque chose d’un Nœud devipères contemporain : obsession pour l’argent,hypocrisie, morale bourgeoise bien-pensante et mèrescastratrices peuplaient déjà l’univers mauriacien. Demême, les circonvolutions du récit, qui tourne etretourne jusqu’à toucher l’essentiel, rappellent lamaestria du grand romancier girondin. Tanguy Vielest pourtant avant tout lui-même. De roman enroman, il impose une langue originale, faite d’oralitésubtile et d’humour décapant. De même, il a le donde camper des personnages crédibles, touchantsmême, malgré l’ironie et le peu d’empathie dunarrateur à leur égard.Bref, ce Paris-Brest se déguste d’une traite ou presque,

et plus d’un lecteur y retrouvera la saveur, douce ouamère, de sa propre histoire de famille.FRED ROBERT

Paris-BrestTanguy Vieléditions de Minuit, 14 euros.Le romancier sera l’invitédu Jeudi du Comptoir,dans le cadre desLittorales 2009, jeudi 8 octobre à 17h30 à La Caravelle.

Mercedes Deambrosis, Candelaria ne viendra pas(12,50 euros),

Dominique Fabre, Les prochaines vacances(14 euros)

et Nathalie Constans, La reformation des imbéciles

(12 euros)sont édités

aux éditions du Chemin de fer.

Roman familial

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Mercedes Deambrosis, Candelaria ne viendra pas(12,50 euros),

Dominique Fabre, Les prochaines vacances(14 euros)

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68 LIVRES LITTÉRATURE

Entre les bruits de Belinda Cannone se présentecomme une fable moderne, ancrée dans notre mondesouvent cruel, avec sa charge de conflits sanglants, defaits divers douloureux. L’époque n’en est pas précise.Certains événements évoquent un temps proche, ony parle d’enlèvements d’enfants, de la Russie et de laChine, de la Serbie et du Kosovo, mais aussi decomplots secrets internationaux qui nous plongentdans un univers proche de la SF. En revanche l’amitié inattendue entre Jodel, adulte«plan-plan» et Jeanne, fillette touchante, ouvre lesportes d’un univers très poétique où l’on s’intéresseaussi bien au chant des oiseaux qu’à ceux des étoiles,et de bruits inaudibles pour le commun des mortels.Ils ont un point commun : ils sont hyperacousiques.Là-dessus surgit un personnage de lointaine originemongole, ce qui ajoute encore à son mystère, et quis’impose dans la vie de Jodel, l’obligeant à «sortir deson bocal». Ces deux rencontres bousculent la vieréglée et silencieuse de cet homme qui se lève tôt et se

rend à son travail quand les autres dorment encore ! Iltravaille pour la police scientifique et écoute àlongueur de jour des enregistrements témoignant dela turpitude de notre monde : viols, séquestrations,meurtres, dans le but de repérer des indices pouvantmettre sur la voie des coupables.Mais une 3e rencontre apporte au récit une touche desensualité érotique magnifique, celle de la mère deJeanne musicienne qui compose des musiques que lelecteur rêverait de trouver en CD avec le livretellement la description des sonorités en est suave ! Letout nous laisse sous le charme de cette langue quicoule, s’amuse parfois, excelle dans les dialoguesincisifs et exulte dans le plaisir amoureux !CHRIS BOURGUE

Entre les bruitsBelinda CannoneÉditions de l’Olivier, 20 euros

Pour le chant des étoiles

Véritable gageure de vouloir faire correspondre desêtres qui ne se connaissent pas, sur un sujet qui semblefait pour séparer plutôt qu’unir, susciter les passionsplutôt que les apaiser. C’est le défi qu’ont lancé lesécrivains Nicole Caligaris et Eric Pessan à d’autresauteurs (26 en tout), 13 Français, 13 d’autres pays,pour établir un pont de lettres entre les continents.Analyses de situation, fragments d’autobiographie,réactions à vif à propos de certaines attitudes politiquesincompatibles avec le respect de l’être humain,évocation de faits divers… les lettres de ces écrivainsunis par le hasard d’un tirage au sort tissent une toilesensible où le quotidien se mêle aux éclats del’indignation, de la poésie.C’est avant tout un bel essai d’union et d’unité. Lelivre mosaïque se lit par tranches de correspondancesà travers lesquelles le lecteur se promène, reconnaissanttelle ou telle plume, en découvrant de nouvelles.

Lettres de commande, qui deviennent lettres d’amitié:les écrivains s’y livrent et le romanesque s’efface devantla réalité. L’essentiel réside dans le refus, celui de«l’odieux (si) insidieux» qu’il est nécessaire de dénonceret de combattre. «La poésie est une arme chargée defutur» disait Gabriel Celaya. Les mots suffiront-ils ?Une belle et généreuse entreprise en tout cas, à lire, àsavourer, à réfléchir…M.C.

Il me sera difficile de venir te voirCorrespondances littéraires sur les conséquences de la politique française d’immigrationEditions Vents d’ailleurs, 14 euros

263 Canal de l’EmpereurCette adresse n’est pas sans vous rappeler quelquechose. Tragique absence… Là il y a un arbre, seul, unde ces marronniers des villes, simples éléments dudécor citadin, devant lesquels on passe, indifférents. Àl’aube de sa mort, l’arbre raconte, étonnanteconfession de témoin muet. Il y a les saisons, les fleurs,les feuilles d’automne, et surtout le regard d’une petitefille pour laquelle les hampes parfumées de fleurs demarronnier seront sans doute le dernier souvenirheureux. Elle s’appelait Anne… Franck bien sûr, etsoudain l’adresse se rappelle à vous… Dans ce bel album aux teintes sépia, la dernière imageseule porte la couleur de l’espoir. Le dessin est superbe;précision des détails et stylisation se mêlent pour nousemporter dans un univers où les arbres restent les

uniques garde-fous de l’humanité, alors que la barbariedécime des générations innocentes. Un beau livre quiinvite à garder la mémoire des arbres, dans un styledépouillé d’une intense poésie. À placer entre toutes lesmains !MARYVONNE COLOMBANI

Les arbres pleurent aussiIrène Cohen-Janca, illustrations A.C. QuarelloEditions du Rouergue, 14 eurosLivre soutenu par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah

Lettres jetées au-dessus des abîmes

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70 LIVRES LITTÉRATURE

Le dernier roman de Minh Tran Huy repose sur unassemblage de textes a priori disparates, mais parfai-tement concordants quand l’agencement de la lectureparvient à son terme. L’image d’Anna Song, pianiste,vietnamienne, amoureuse, se dessine, nette, d’emblée,dans la nécrologie qui ouvre le livre. Puis, peu à peu outout à coup, de révélations en supputations, elle s’efface,se contredit, se contrarie, laissant place à une mosaïquede portraits de l’artiste dont l’ensemble ne fait plus sens.Jusqu’à ce que…Bâti comme un policier le roman mérite qu’on laisseplaner ce suspense. Tout en soulignant la complexitéde sa construction : fondé sur l’alternance de critiquesmusicales et du récit de Paul Desroches, mari et mentorde l’interprète, ce récit d’une mystification travailleaussi profondément que Le Pêcheur et la Princesse –premier roman de Minh Tran Huy- sur les fablesfamiliales. Sur ces histoires de filiation qu’on arrangeun peu, juste pour donner un sens à sa vie. Le Vietnamqui fonde et nourrit le jeu de la pianiste et l’imaginairede Paul Desroches se dissout dans l’épaisseur impi-

toyable de l’Histoire. Révèle son effilochage. La suitene peut être que construction mensongère, imposture,ou renoncement. Heureusement le virtuel peut pallier les manquementsde la réalité, qui trahit les photos, les souvenirs, lesambitions, les rêves. Même les critiques musicaux ontbesoin qu’on leur raconte des histoires de Vietnam -oude loups- pour écouter le jeu des virtuoses. Le numé-rique seul déjouera le virtuel… que les oreilles etl’entendement humain, son besoin de légende surtout,n’avaient pas permis de mettre en doute. Les littéra-teurs, au fond, font-ils autre chose que Paul Desroches?L’histoire de Minh Tran Huy n’existe-t-elle pas juste-ment parce qu’Anna Song quitte la scène?AGNES FRESCHEL

La double vie d’Anna SongMinh Tran HuyActes Sud, 18 eurosMinh Tran Huy sera présente à Mouans-Sartoux (voir p 64)

Le tombeau du faussaire

Ni catalogue raisonné, ni monographie, À l’écoute desarbres se feuillette comme un livre de photographies àciel ouvert. Un comble pour un ouvrage sur MarcNucera qualifié par Christine Picasso de «sculpteur duvivant végétal»… Hier artisan et aujourd’hui land’ar-tiste, Marc Nucera a préféré vivre au naturel dans saProvence natale plutôt que s’enfermer dans les études,entretenant un rapport fusionnel avec la matière sousl’œil bienveillant de son père ébéniste et «copiste horspair». Aussi a-t-il appris humblement le nom et la tailledes arbres avant qu’il ne croise sur son chemin lepaysagiste Alain-David Idoux et la styliste Nicole deVésian, auteur du célèbre carré Hermès. «Deux magni-fiques guides», selon ses mots, auprès desquels il a acquisune grande liberté dans sa manière d’aborder la nature:c’est au contact de l’arbre vivant -cette muse éternelle-qu’il crée des tribus de marcheurs à partir d’enfour-chements végétaux, creuse des salons d’extérieur dans

la masse des troncs et sculpte des totems élancés enhommage aux colonnes sans fin de Brancusi. Dans Àl’écoute des arbres, les photographies d’Aline Dau-tresme sont éloquentes, et les textes d’Anne Haubenaussi : écrits à la première personne du singulier, ilsfont entendre la voix de Marc Nucera qui, par petitestouches sensibles, raconte son enfance, la naissance deses œuvres, l’influence de ses maîtres, son amourabsolu pour la nature. Il parle de structure, d’archi-tecture, de mouvement et de formes libres, de graphismeet de géométrie comme un peintre évoquerait sapalette et ses outils. Mais dans un «je» limpide, presqueenfantin. Naturel.MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

À l’écoute des arbresAnne Hauben (textes), Aline Dautresme(photographies), Louisa Jones (préface)Actes sud, 2009, 29 euros

Ode à la nature

Auteur, narrateur et héros fictionnel, Alberto Mangueln’a pas hésité à tripler la mise dans Tous les hommes sontmenteurs. Par un procédé de récits enchassés, l’écrivainargentin invente une enquête mi-journalistique mi-policière sur Alejandro Bevilacqua «retrouvé gisant aubas de son balcon, à Madrid, au milieu des années 1970.»Et choisit le témoignage de ses proches, vingt-cinq ansaprès, pour réhabiliter cet écrivain génial disparu pré-maturément et mystérieusement après avoir publiéÉloge du mensonge. Biographie réelle ou truquée ? La question des faux vraiset des vrais faux traverse le roman jusqu’à en faire perdrele fil. De digression en supercherie et de circonvolu-tion en voyages dans le temps et l’espace -Argentine,Cuba, Espagne, Chili- reconstituer les pièces du puzzles’avère complexe ! Alberto Manguel, parmi ses nom-breux subterfuges, nous demande la même aptitudeque son héros à avoir une vision cohésive de la réalité.Bevilacqua, lui, était capable «à partir d’une foule d’élé-

ments disparates, d’informations partielles, de construireun scénario cohérent et vraisemblable, une sorte d’argu-ment logique avec ses personnages principaux et mineurs,ses intrigues et son dénouement.» Pas sûr qu’on y parvienne!À tour de rôle, Alberto Manguel le confident, Andreale premier amour, son compagnon de cellule dit LeGoret et son éditeur racontent dans un langage imagé,sensuel, incisif ou brutal, la naissance «d’un auteur au-thentique, un taureau de la mort», mais aussi sa fintragique. Où l’on comprend, après l’avoir pressenti,que Bevilacqua n’était autre qu’un usurpateur et Tousles hommes sont menteurs l’histoire d’une œuvre séquestrée.MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Tous les hommes sont menteursAlberto ManguelTraduction Alexandra CarrascoActes Sud, 2009, 19 euros

Hold-up littéraire

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Résidents ou de passage à Marseille vous l’avez forcémentadoptée. Elle dialogue avec Notre Dame et fait désormaispartie du paysage urbain phocéen avec ses 148 m de haut etses deux arcs qui se redressent pour former une verticale. Vousne savez peut être pas que la tour CMA CGM est l’œuvre del’architecte irakienne Zaha Hadid, et que ce nom résonnedepuis ces trente dernières années dans le monde del’architecture. Fluide comme l’enveloppe de l’emblèmeérectile de Marseille, l’œuvre de la première femme lauréatedu prestigieux Pritzker Prize est dense, inventive et s’inscritdans une modernité douce bouleversant les notions d’espace. Les éditions Parenthèses publient le premier ouvrage enfrançais sur l’intégralité de l’œuvre de l’artiste. Riche de prèsde 200 opus-projets et réalisations commentés par l’auteur,agrémenté de très belles reproductions couleurs. Tours,

musées, gares, opéras, mosquée, plans d’urbanisme, œuvrespeintes, mais aussi design d’objets, de mobiliers et d’articlesde mode, l’œuvre de l’architecte est énorme et singulière. Ellelui a valu une rétrospective de ses œuvres au Guggenheim deNew York, la seule de l’histoire du musée concernant unarchitecte après Franck Gerhy.FREDERIC ISOLETTA

Zaha Hadid l’IntégraleEditions Parenthèses, 39 euros

Florentz l’AfricainDisparu en 2004, le compositeur français Jean-LouisFlorentz, qui composa pour tous les dispositifs de chambreet d’orchestre, reste particulièrement reconnu dans le milieude l’orgue. Il fut aussi un insatiable voyageur. Cet élèved’Olivier Messiaen et professeur d’ethnomusicologie s’inscritdans une quête perpétuelle de régénérescence de la culturemusicale occidentale : recherche des plus anciennescivilisations chrétiennes, mais surtout fascination pour lecontinent africain. «Je dois et je veux intégrer à ma matièremusicale propre, une autre matière, et cela sans la coloniser, maisau contraire en l’accueillant…» Par ces quelques mots, lemonde imaginaire du compositeur amoureux de l’orgue, quis’asseyait au fond des avions afin de pouvoir écouter le bruitdes réacteurs, trouve logiquement sa place dans un XXe sièclemusical soucieux d’ouvrir ses yeux et ses oreilles au monde

qui l’entoure. Ouvrage complet, riche en documentations etphotos, le livre disque de Marie-Louise Langlais (épousedu compositeur organiste Jean Langlais) paru chez Symétries’avère indispensable à la découverte de son œuvre pourorgue. Savamment illustré et foisonnant de précieuxtémoignages, il en décrypte les couleurs inouïes(enregistrement intégral) et nous plonge dans l’universmétaphysique de l’auteur, livrant les clefs des multiplespréoccupations dont se nourrit sa musique.FREDERIC ISOLETTA

Jean-Louis Florentz l’œuvre d’orgueMarie-Louise Langlais Éditions Symétrie / 216 p 29 euros

Science paternelle mais éternelleCarlo Rovelli est professeur à l’Université de la Méditerranéeà Marseille. Chercheur en Physique Théorique. Anaximandrede Milet ou la naissance de la pensée scientifique est unerecherche en paternité théorique de la physique. Qui prenden compte le temps, à la recherche d’un conte. Dans les tracesde Jean-Pierre Vernant jusqu’aux dédales des oscillationspériodiques entre Newton et Einstein, Carlo Rovelli interrogel’histoire helléniste pour trouver un père et un pair à sarationalité. «Entre mythe et politique» l’écrit naturalisted’Anaximandre, ou plutôt ce qui fut écrit par ses successeursde ce qu’ils en perçurent, apparaît comme la source critiqued’une raison pure.Ce livre érudit revendique l’hésitation comme principe -démocratique et immuable- du mélange ainsi que dumétissage des savoirs et des cultures. Il constitue une analysecritique originale de l’édification de la connaissancerationnelle. Il montre comment le passage des savoirss’élabore autour de la construction écrite et de sa genèselogique : depuis l’écriture phénicienne basée sur unecryptographie jalousement gardée par l’ordre divin desscribes, jusqu’à la démocratisation de la lecture par l’écriture

phonétique grecque s’échafaude le débat critique de laconnaissance. Anaximandre de Milet ou la naissance de la pensée scientifiqueest donc un livre libre livré à la sagacité critique du lecteur. Unouvrage incontournable pour ceux qui s’interrogent sur lacertitude scientifique d’un savoir positiviste. Les multiples«figures» qui illustrent ce travail lui donnent cette empreinteparticulière de la publication académique, dans laquelle onreconnaît le chercheur en physique errant dans les sous-boisinconnus et parfums-aimés de l’épistémologie, tout ens’éclairant de la lanterne de son savoir écrire. Ainsi il interrogela mouvance permanente de la pensée rationnelle.YVES BERCHADSKY

Anaximandre de Miletou la naissance de la pensée scientifiqueCarlo Rovelli traduit de l’italien par Matteo Smerlak ;Collection Universciences, Coédité par Dunod et La Recherche,19 euros

Construire la fluidité

LIVRESARTS

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LIVRES72

Le théâtre a une histoire ! Gérard Noiriel ne se pro-pose pas de raconter celle-ci comme dans un manuel.Son propos s’insère dans les visées de la collection«contre-feux» d’Agone. Il s’agit pour l’auteur decerner la place tenue par le théâtre dans la sociétédepuis sa création, dans la Grèce classique athénien-ne, jusqu’à nos jours.En bon historien, l’auteur pose le cadre et commencepar définir histoire-mémoire et histoire-science : àl’une la célébration des communautés, de leurs hé-ros, et la mise en place de l’idéologie dominante ;à l’autre la distanciation, l’explicitation des problè-mes du présent. Ce préambule est, en fait, la clé desa compréhension du théâtre : face au théâtre-art,qui invoque les émotions, se trouve le théâtre-poli-

tique, qui mobilise les citoyens. Il examine alors,au travers de cette grille, les moments charnièresde l’évolution théâtrale d’Aristote à Diderot, Hugo,Brecht ou Sartre, pour finir par les créateurscontemporains. Son propos est avant tout de réfléchir sur la vocationpopulaire et politique de l’art dramatique. Consta-tant l’incapacité du théâtre actuel à toucher lesfoules, il propose, aux lumières des siècles passés,des pistes pour édifier un théâtre constructeur del’identité collective et non de l’épanouissement dela personnalité. Fort de son expérience à la cité del’immigration, il propose de renouer le lien entresciences (notamment l’histoire) et art dramatique,de retrouver un lieu de réflexion et de formation

pour l’esprit critique, de sortir de la représentationpetite-bourgeoise, aujourd’hui dominante, pourreconstruire un théâtre politique et citoyen.RENÉ DIAZ

Histoire, théâtre, politiqueGérard NoirielAgone, 15 euros

Reconstruire un théâtre citoyenAU PROGRAMME

AIXArchives départementales– 04 42 52 81 90Rencontre/débat entre Bruno Ely, conser-vateur au musée Granet, et Alain Paire,auteur du livre Pablo Picasso à Vauvenargues(Images en manœuvre, 2009). Le 16 septà 18h30.

ARLESAssociation Le Méjan – 04 90 49 56 78Didier Sandre lit Le Fou d’Elsa. Le 15 oct à20h30.

Musée Réattu – 04 90 49 37 58Dans le cadre de l’expo Chambres d’écho, soi-rée autour des conversations entre Brassaï etPicasso avec, à 18h, une conférence d’Agnèsde Gouvion Saint-Cyr, et à 20h30 unelecture dans le musée par la cie Le Rouge etle Vert d’extraits de Brassaï, conversationsavec Picasso (Gallimard, 1964, réed. 1997).Le 18 sept.

AVIGNONThéâtre des Doms – 04 90 14 07 99Conférence/débat Darwin et la question desorigines : un défi pour la pensée avec JacquesReisse, chimiste, professeur Emérite del’Université Libre de Bruxelles et membrede la Classe des Sciences de l’AcadémieRoyale de Belgique et Pascal Picq, paléoan-thropologue au Collège de France. Le 10oct de 14h à 18h.

La Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon – 04 90 15 24 24Exposition Monuments et paysages : com-mande photographique passée en 2006 àJordi Bernado, John Davies, BernardPlossu etMassimo Vitali. Jusqu’à débutoct.

BARJOLSLes Perles – 06 72 79 97 54Conférence de Sylvie Daviet et Boris Gresilon

sur Les artistes et les friches industrielles, unenjeu pour le dynamisme et l’aménagementcommunal. Le 20 sept à 15h.

CAMARGUEParc Naturel Régional de Camargue –04 90 97 10 40Fête des parcs naturels régionaux, visite pé-destre des Marais du Vigueirat. Le 27 sept,départ à 10h.

COTIGNACAssociation Caractères– 04 94 59 53 124e salon de la petite édition indépendante:une trentaine d’éditeurs d la région PACA,du Gard, de la Drôme, de Paris présententleurs ouvrages. De 10h à 17h le 27 sept.

MARSEILLEBMVR Alcazar – 04 91 55 56 34Exposition Les voiles du vent sur les cerfs-vo-lants orientaux, des œuvres d’artistes et desappareils de la Belle Epoque. Jusqu’au 30sept.Exposition Illuminations, manuscrits enlumi-nés de la bibliothèque de Marseille : sélectiondes plus remarquables pièces des fonds de labibliothèque (bibles, livres d’heures, psau-tiers…), jusqu’au 30 sept ; conférenceproposée par le département patrimoinesur les manuscrits enluminés : le mal et lemalheur des hommes, le manuscrit duMiroir du Salut de l’homme, le 23 sept à17h30 salle de conférence.Conférence Santé et environnement : qu’endit la naturopathie ? par le naturopatheDominick Léaud-Zachoval. Le 23 septà 17h30 à l’auditorium.Dans le cadre de l’année mondiale de l’astro-nomie, conférence sur Les grands sondagescosmologiquespar Olivier Le Fèvre, directeurdu Laboratoire d’astrophysique de Mar-seille. Le 25 sept à 15h salle de conférence,et sur Des galaxies de toutes les couleurs parDenis Burgarella, président de la Société

Française d’Astronomie et d’Astrophysique.Le 26 sept à 17h salle de conférence.

ABD Gaston Defferre – 04 91 08 61 08Exposition Gaston Castel, les territoires del’architecte : De l’opéra de Marseille (1921)au lycée Paul Cézanne à Aix-en-Provence(1959), la carrière, l’œuvre et la réflexionde l’architecte sur le territoire de Marseille etdu département des Bouches-du-Rhône.Du 18 sept au 19 déc.Exposition Route impériale n°8, Arenc, dela plage de sable aux chantiers d’Euromed :photos de Philippe Piron, vidéo-portraitsde François Landriot et recueil de témoi-gnages de Nora Mekmouche. Jusqu’au24 oct.

Institut culturel italien – 04 91 48 51 94Table ronde Bruno Munari et les livres, avecMarc Aurel, Marzia Corraini, GiorgioMaffrei etAnnie Mirabel. Le 6 oct à 18h.Exposition de photos de Giuseppe Piazza:Verso Nordqui témoigne du phénomène desmigrations. Du 15 sept au 1er oct.Dans le cadre du colloque Les mouvementsmigratoires entre réalité et représentation,conférence du sociologue Enrico Pugliese.Le 21 sept à 18h.Rencontre avec l’auteur Giorgio Maffei etAnnie Mirabel, traductrice des livres deBruno Munari. Le 7 oct à 14h30à la librai-rie Imbernon.Ateliers du graphiste japonais KatsumiKomagata. Le 24 oct à la librairie Imber-non.L’automne baroque : caprices napolitains,conférence de Dinko Fabris (La musique àNaples à l’aube du XVIIe siècle, à 18h) etconcert (Ascanio Mayone, un Monte-verdi instrumenta ; Mara Galassi,harpe double ; Jean-Marc Aymes, clavecinet orgue, à 20h30). Le 20 oct.

Espace Leclere - 04 91 50 00 00Conférence Marie-Paule Vial, directrice

des Musées de Marseille, sur Les collectionsdes musées de Marseille. Le 28 sept à 18h.

Muséum d’histoire naturelle – 04 91 14 59 50Exposition Télescopium, 400 ans de lunetteset de télescopes. Jusqu’au 10 jan.

Libraires du Sud/Libraires à Marseille- 04 96 12 43 42Rencontre avec Pierre Gallais pourMathazine, la revue de l’Institut de Matho-logie, Le 16 sept à la librairie Le Lièvre deMars à 19h ; rencontre Ahmet Insel,Michel Marian et Ariane Bonzon pourDialogues sur le tabou arménien, éditionsLiana Levi, organisée par la Ville de Mar-seille, le 16 sept de 18h à 20h30 à la BMVRAlcazar.

Librairie L’Attrape mots– 04 91 57 08 34Rencontre/débat avec Philippe Carreseautour de son dernier ouvrage Enclave (Plon,2009). Le 25 sept à 18h30.

Les Rencontres Place Publique – 04 91 90 08 55Semaine de la pop philosophie. Du 1er au 7oct.

Centre Julien – 06 21 09 26 77Exposition Racines Caraïbes, photos deBéatrice Bruno. Jusqu’au 2 oct.

Espace écureuil -04 91 57 26 49Conférence d’initiation de Jean-Noël Bret,Art et Paysage 1 : du genre mineur à l’art total(Panorama) . Le 6 oct à 12h30, le 9 oct à12h30 et 18 h.

TOULONMaison de la photo – 04 94 36 36 22Hommage à Jean Loup Sieff. Du 9 oct au16 jan.

Au Programme

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FORMATION74

Cela fait 4 ans que l’association ZimZampropose stages et ateliers permettantaux handicapés mentaux de pratiquerdes disciplines liées au cirque, dans unbut à la fois éducatif et thérapeutique.Depuis 2007, un festival de cirque ras-semble des troupes dont plusieurs ontintégré des personnes handicapées men-tales jouissant du statut d’intermittent.L’Institut Médico Éducatif Vert-Préimplanté à Ste Marguerite accueille cefestival différent et original en cequ’il veut «promouvoir les Arts du Cir-que comme outil de reconnaissance descompétences des déficients mentaux»,le cirque devenant ainsi le lieu où senouent de nouveaux liens sociaux en-tre des publics mixtes. 9 compagnies professionnelles, 51 ar-tistes vont se produire sur 5 espacesscéniques pour 8 heures de specta-cles, cirque intime ou burlesque. Notezque ZimZam a reçu le 3e Prix national

« Envie d’agir » 2008 décerné par le Mi-nistère de la Jeunesse et des Sports.N’hésitez pas à participer à cette géné-reuse entreprise, ouverte à tous.La même ambition anime l’associationArts-terres qui développe des projetsculturels accessibles aux sourds. Inté-ressant (et ahurissant !) de noter que lalangue des signes (LSF) n’a été auto-risée pour l’enseignement qu’en 2005!Découvrez la 2e édition du festival inso-lite Sur le fil avec des spectaclesbilingues (langue orale et LSF), mais aus-si des tables rondes sur le partage desexpériences et des spectacles. Là en-core, les entendants sont bienvenus !

Fadoli’s Circusle 26 septembre de 13 à 20h, entrée libreRestauration sur place 04 13 59 06 35IME Vert-Pré, Marseille 09

Sur le fildu 9 au 11 octMarseille, divers lieux04 91 81 34 25www.arts-terres.org

CHRIS BOURGUE

Gourmandises automnales...La saison s’annonce détonante et vous n’aurez que l’embarras du choix!...

«Monstres» de MéditerranéeDevant le développement inquiétantde la restauration rapide et de la mal-bouffe, l’idée de conserver la mémoireculinaire du terroir chargée d’histoireet de souvenirs ne peut que séduire.C’est l’objectif que s’est fixé le Conser-vatoire International des CuisinesMéditerranéennes (CICM). Pour sa1re manifestation dans la cité marseil-laise, Gastronomare installe sur le Vieux

Port un marché de produits du terroir etpropose des «nourritures de rue» typiquesdes pays du pourtour méditerranéen.L’accent est mis sur les poulpes et au-tres «monstres marins» que quelquesgrands chefs de restaurants réputés deMarseille ou de l’autre rive accommo-deront sous vos yeux et que vous pourrezensuite déguster. Une soirée gastrono-mique et une bouillabaisse de poulpes,

plus populaire, vous sont aussi propo-sées, le tout sur réservation.Les jeunes gens ne sont pas oubliés : ilsdécouvriront des recettes faciles et ap-prendront à mieux se nourrir. Desconférences sont organisées au clubPernod : Remo Mugnaioni évoquerale berceau mésopotamien de la gastro-nomie, Thierry Fabre parlera de cet«art de tous les jours» et Serge Scotto

de la cuisine dans le roman policier.Enfin trois libraires vous proposerontun choix de livres savoureux.

Gastronomare18,19 et 20 sept04 95 04 95 56www.gastronomare.com

«Terres de feu, de lumière et de songes...»Avec cette exposition de céramiquesdes Ateliers Thérèse Neveu à Auba-gne, on reste dans le domaine de lacuisine ! En effet ce lieu, peut-être en-core trop discret, propose près d’unmillier d’objets de la vie quotidienneliés à la cuisine et au foyer, dontcertains du Xe siècle. De la tisanière àla daubière, et autres toupins, de lachaufferette au réchaud, sans oublierune collection inouïe de pipes de la célè-bre Maison Bonnaud, et des tarraïettesémouvantes, ces objets témoignent del’importance de la terre et de son ac-cord sacré avec le feu et l’eau. HenriAmouric, archéologue et chercheurau CNRS, est le commissaire éclairéde cette exposition et le principal res-ponsable de l’édition du livre éponymequi sortira en octobre.

Spectacles et différences

Par ailleurs la 10e biennale de la céramique, Argilla, a réuni60 000 visiteurs et des artisans de France et de 7 pays euro-péens, les 22 et 23 août : exposition d’objets utilitaires maisaussi de pièces uniques, mêlant recherches techniques et

esthétiques.La ville d’Aubagne, le pays d’Aubagne et de l’Étoile, ont ungrand projet de création d’une Cité de l’Argile. D’ores etdéjà une association loi 1901, Prometerre, s’est installéesur l’espace du Marché de Gros pour faire la promotion éco-nomique des entreprises. Elle regroupe les artisans, acteurséconomiques de la modernité, les communautés territorialesqui privilégient les vecteurs touristiques et culturels, et quipermettront à cette filière de nature patrimoniale de seredéployer et de se pérenniser. D’ici 2 ans les bâtimentsrénovés accueilleront les artisans. Un beau projet trèsattendu.

Terres de feuAteliers Thérèse NeveuCour de Clastre Aubagnejusqu’au 1er novembre04 42 08 85 90

Tre�s grosse marmite - Vallauris - 1889

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GASTRONOMARE | AUBAGNE | VERT-PRÉ

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© ZimZam Cie

TROTTOIRS DE MARSEILLE | ESBAM | BADABOUM THÉÂTRE | ICI FORMATION

En cette rentrée, quelques activités ludiques pour petits et grands...

Ivresses argentines et andalouses

L’association Les Trottoirs de Marseille a proposé jusqu’àfin septembre des démonstrations de tango sur le parvis del’Opéra. Juste après le Festival de Marseille, certains couplesdonnaient envie d’entrer dans la danse ! Si vous désirez vousinitier à cette danse émouvante et sensuelle participez austage gratuit le samedi 19 septembre au Théâtre duBompard, puis débutez les cours le 22 septembre. Les Trottoirs de Marseille rassemblent à ce jour 150 adhérentset une dizaine de bénévoles enthousiastes. Leur présidentMichel Raous raconte : «Il y a 20 ans quelques amis passion-nés se sont initiés au tango avec Josette Pisani (actuellementdirectrice de Marseille Objectif Danse). Peu à peu l’associa-tion s’est développée. Par amour de la musique et de la danseon se retouve pour la «milonga» (le bal-tango) du jeudi, tous

niveaux confondus.»Parmi les enseignants : Laure Boucaya et Christophe Apprill.Ce dernier est aussi sociologue et a publié plusieurs étudesdont Tango : le couple, le bal et la scène (éd.Autrement), quimontre que le tango est une aventure sensuelle qui s’adapteaux transformations de la société.Tradition gitane, le Flamenco andalou s’est fait une place dechoix depuis les années 70 et se pratique dans 2 lieux incon-tournables. La Mesón propose des cours et des stagesanimés entre autres par La Rubia, marseillaise désormaisinstallée à Jerez. Cours aussi de guitare et de chant.Le Centre Malvaloca, quant à lui, dispense des cours deflamenco et de sevillanas. Ana Vidal, chorégraphe et dan-seuse formée en Argentine et en Espagne vous initiera aux«zapateados» et aux «palmas» dès l’âge de 4 ans !

Les Trottoirs de MarseilleThéâtre Bompard04 91 48 09 29www.lestrottoirs.fr

La Mesón04 91 50 11 61Centre MalvalocaPortes ouvertes du 21 au 25 sept06 23 85 35 86

GriseriescoloréesL’ESBAM (École Supérieure desBeaux-Arts de Marseille) propose sesAteliers Publics de pratique artis-tique avec des cours pour adultes etenfants. 8 sites se dispersent du nordau sud de la ville. Dessin, modelage,peinture, vidéo sont proposés etl’année se termine par une expositiongénérale (voir Zib 20). Des coursspéciaux sont dispensés pour lapréparation des concours d’entrée auxécoles d’Art avec des formations inten-sives pendant les vacances scolaires.Parallèlement sont proposés des coursd’histoire de l’Art. Une belle approchede l’art contemporain sous toutes sesformes et ses pratiques !Profitez des Journées Européennesdu Patrimoine pour découvrir l’écoled’Art à Luminy : elle ouvre ses portes àtous et propose une visite en languedes signes car un de ses atouts estd’accueillir les sourds et les malen-tendants.

ESBAMInscriptions aux ateliers du 5 au 9 octobre sur les lieux des séances.04 91 82 83 10www.esbam.frVisites de l’école les 19 et 20septembre sur RDV auprès de l’Office de Tourisme04 91 13 89 00

Ivresses dyonisiaquesEn cette rentrée nouvelle les enfantsprogramment leur formation artistique.Aussi vous pouvez les inscrire auxateliers-théâtre du Badaboum dès4 ans. Il leur sera proposé des exer-cices ludiques pour une approche dujeu dramatique, les plus grands pour-ront participer à des ateliers d’écrituredurant lesquels la parole se libère, etune histoire se construira peu à peu quidébouchera en fin d’année sur unspectacle.Depuis 19 ans le Badaboum Théâtrepeaufine ses missions de création etde formation pour les jeunes et offredes spectacles dont la qualité vacroissant. Aussi rassemble-t-il un nom-bre toujours plus important de jeunesspectateurs : l’an dernier plus de 27000 pour plus de 300 spectacles !Autant dire que parents, enseignants,éducateurs mesurent l’intérêt de pro-poser ces moments de partage etd’éveil du sens critique et de la sen-sibilité. Car c’est aussi une école duspectateur que propose l’équipe duthéâtre.Dans cette optique le Badaboum inno-ve encore en présentant un festival du

2 sept au 10 oct, Le Bada fait sonBoum, occasion de spectacles dedanse, contes, marionnettes, clownsavec des compagnies invitées et descréations maison. À consommer selonsa fantaisie !

Le Badaboum Théâtre04 91 54 40 71www.badaboum-theatre.com

Le retour de la VespaSi vous êtes passionné par ce modetransport né en 1946 et qui revient enforce, ne ratez pas l’exposition desVespa de collection dans la cour del’Institut Culturel Italien ! Rendez-voussamedi 19 septembre à 10 h. pour unpetit déjeuner à l’italienne. Les ensei-gnants vous renseigneront sur lescours, les stages d’italien et la pro-grammation culturelle. Les courscommenceront le 28 septembre.

Institut Culturel ItalienJournée portes ouvertes le 19 sept04 91 48 51 94www.iicmarsiglia.esteri.it

CHRIS BOURGUE

© Miche� le Giovannangeli

La nuit de l'ogre doux © X-D.R.

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PATRIMOINE76 JOURNÉES DU PATRIMOINE

Ah ! Les vacances… vous en revenez,vous en rêvez. Ces mots magiques atti-sent notre imaginaire. Mais la magie,parfois, perd ses pouvoirs et de vilainesfées Carabosse viennent tout contrarier.À l’heure où l’on parle tant de différen-ces culturelles, il est une préoccupationmarginale : l’accès des handicapés auxactivités de tous. C’est pour pallier cesmanques qu’a été créé le label «Tou-risme et Handicap».

Un labelDepuis 2003, année européenne des per-sonnes handicapées, les départementsde Haute Provence et des Bouches-du-Rhône sont devenus départementspilotes. À Quinson, lors de la journéedu 17 juillet à laquelle étaient invitésles professionnels du tourisme et lesassociations de défense des droits deshandicapés, tous ont insisté sur l’évo-lution des sites labellisés dans notrerégion : 26 en 2006 et 202 aujourd’hui!Ensemble ils constatent pourtant le re-tard de notre pays. Rendre la régionaccessible à tous s’inscrit dans unedémarche nationale : il s’agit d’informeret de sensibiliser, d’animer aussi, d’aider,de conseiller, de promouvoir et de valo-riser le label TH. En étant convaincuque cela participe à la qualité touris-tique d’une région.Le comité régional de tourisme s’appuiesur deux outils, un guide version papieret un site grand public, Tourisme etHandicap (www.tourisme-handicaps.org).Le temps presse, il est nécessaire pourtous les lieux de se mettre aux normes,avec comme date butoir 2015 !

Des lieuxJean Gagnepain, directeur du muséede la Préhistoire, affirme avec convic-tion : «le musée est fait pour le public,

tous les publics.» Il demande que lemusée, qui satisfait actuellement auxcritères du label TH pour deux caté-gories de handicap, puisse être équipépour l’accueil des 4 catégories. (Déficien-ce visuelle, auditive, motrice, mentale).Il rappelle le programme européen, «totouch or not to touch», qui travaille à ceque les musées soient adaptés aux handi-caps visuels et auditifs. Ainsi, à Quinson, des textes en Braillepermettent de connaître le contenu desvitrines. Bientôt des moulages (en pro-jet) donneront à voir par le toucher, desaudiophones branchés sur les différentesfréquences des dioramas en dévoilerontle contenu. Une résine spéciale antidé-rapante recouvre la rampe d’accès, desmodifications ont été effectuées pourl’installation d’un ascenseur. Mais chaqueopération prend du temps, que ce soitla fabrication d’un équivalent tactile dechaque vitrine en trois D, le projet d’unebande pododactyle pour les mal voyants,

l’installation de boucles magnétiques(conducteurs électriques reliés à unamplificateur de sons) pour les malentendants…

Une adaptationpermanentePar un jeu de questions simples, pra-tiques, le guide du musée permet auxdéficients mentaux de renouer avec lesens. Par une véritable démarche scien-tifique, basée sur l’observation : quereste-t-il ? Que manque-t-il ? Pourquoi?Les visiteurs reformulent, s’exclament,s’interrogent se passionnent. La matière,sa transformation par l’homme, est l’axeprincipal employé pour évoquer l’évo-lution humaine. Toucher, manipuler,formule valable pour tous les types dehandicap. D’ailleurs, hors handicap,n’est-ce pas une manière vraiment enri-chissante pour tous ? Ces équipementsne permettront-ils pas à chacun d’exer-cer ses sens et son esprit autrement ?

Au village préhistorique, on apprend àfaire du feu. Un mal voyant sera volon-taire pour la méthode de la percussion.L’étincelle jaillit «aïe !», une odeur depain grillé, le velouté de l’amadou,convivialité tactile, union de tous lessouffles autour de la braise fragile. Iln’y a plus de handicap, il y a des êtreshumains autour de la magie fondatrice,la flamme enfin jaillit. Les activités sportives aussi s’adaptent,tous, quel que soit le handicap : un peuplus loin sur le Verdon les canoës duclub Aquattitude ont reçu l’homologa-tion pour l’accueil de tous. Les gîtes nesont pas en reste : la région tout en-tière s’adapte peu à peu. Pierre Cartier,chargé de la mission touristique sur leVerdon souligne la nécessité de mettreen réseau les différentes initiativesisolées les unes des autres, pour unepolitique d’ensemble sur la question. Ilest impératif d’informer le public despossibilités d’accueil. Un questionnairespécifique au parc du Verdon a étéélaboré pour faire un état des lieux etlaisser émerger de nouveaux projets. Car repenser le handicap, ou la mobilitéréduite, permet en réalité de repensernotre vie, notre accès au monde, nossens. Le handicap nous amènera peutêtre à une conception plus civilisée del’existence !MARYVONNE COLOMBANI

Patrimoine pour tousLes Journées du Patrimoine se déclinent cette année autour du thème national de l’Accessibilité. À priori peu excitant ? Patrimoine et création, l’an dernier, nous titillait davantage. Pourtant…La question de l’accession de tous au Patrimoine estcruciale. Tant du point de vue de sa nécessaire démo-cratisation, que de l’ouverture au public des lieuxemblématiques, ou encore de l’accès des handicapésaux lieux de culture. Si aucun de ces thèmes n’estvendeur pour les communicants, les négliger serait uncontresens : comment comprendre le Patrimoine si onne le considère pas justement comme ce qui nous estcommun, ce qui nous fonde ensemble ? Et comment,si on l’entend ainsi, pourrait-on supporter d’en voirexclus ceux qui n’osent pas l’aborder, ou ne peuventsimplement pas l’approcher ?

Les lieux de culture patrimoniale ont fait ces dernièresannées des efforts de démocratisation et de médiationconsidérables : ils ont ouvert des ateliers de pratique,proposent des visites guidées, des panneaux explicatifsplus nombreux et simplifiés, des journées gratuites etdes tarifs accessibles, des trajets particuliers pour lesscolaires. Les Français vont globalement au muséeplus que leurs voisins… Souvent pendant les vacances,hors de leur lieu d’habitation. Ils adorent les visitesguidées des villes, du patrimoine bâti historique. Biensûr tout reste à faire avant qu’une majorité de Françaisentre (avec plaisir !) dans les lieux de patrimoine…

Mais les Journées montrent bien, par leur succès, quelorsque les portes sont ouvertes beaucoup les fran-chissent ! Reste la question du handicap. Cruciale, emblé-matique de ce qu’un pays est capable d’investir dansdes équipements destinés à n’être jamais rentables.Se priver de la clientèle (ou du vote) des handicapésne coûte presque rien. Les accueillir est un gouffrefinancier. Peut-être le degré de civilisation d’unenation se mesure-t-il à ce genre de choses ? la Franceest à la traîne…A.F.

Ils n’ont pas moins de droits

© D. Matz

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AIXCie Marie-Hélène Desmaris – 06 89 94 55 79Présentation de la création Danse NatureHumus Corpi-i : itinérance ponctuée de 4solos sur les 4 éléments, de 2 duos sur la ren-contre de deux éléments et d’1 quatuor avecles quatre éléments qui s’affrontent. Le 20sept à 17h au Pavillon Vendôme.

BEAUCAIREOffice de tourisme Beaucaire Terre d’Ar-gence – 04 66 59 26 57Les 19 et 20 sept : visite guidée du Château(à 9h30) ; visite libre du Musée du Chevalet l’Eperonnerie d’Art avec la découverted’une collection unique : la collection RenéFrançois, acquise cette année par la Ville deBeaucaire, rassemble des objets rares, voireexceptionnels, de harnachement et d’éperon-nerie de tous les pays, de l’Antiquité à nos jours(10h à 12h et 14h à 18h) ; visite guidée de lacave Gallo-Romaine, film et initiation à ladégustation de 3 «vins romains» (14h à 18h).

LA ROQUE D’ANTHÉRONMairie – 04 42 95 70 70À l’abbaye de Silvacane, visites commentéesà 10h30 et 14h30 (19 et 20 sept) ; Confé-rence Silvacane et le nombre d’Or, l’utilisationdu nombre d’Or dans la construction desabbayes, par Jean Guyou, auteur d’ouvragessur la construction d’abbayes cisterciennes(20 sept à 16h) ; Exposition d’art contempo-rain, interventions spatiales de MichelVallière, vidéo-projection de Yannick Grapardsur les Operarius romans dans l’abbatiale,sculptures de Bernard Pagès dans le pay-sage de l’abbaye, les mondes crépusculairesde J.-M. Sorgue dans le réfectoire (19 et 20sept de 10h à 18h).

MANEMusée et jardins de Salagon– 04 92 75 70 50Le 19 sept : visites guidées du monument etson histoire, de 14h30 à 17h30 toutes lesheures ; le 20 sept : visites guidées du monu-ment et des jardins, présentation del’installation artistique de Paule Riché surle thème Présence, terre, univers et décou-verte de l’exposition Vannerie d’ici, vanneriesd’ailleurs, avec démonstration de vannerie (àpartir de 11h tout au long de la journée) ;ateliers pour enfants : plantes à tordre et àtresser, dès 10h30 toute la journée ; spec-tacle théâtral et patrimonial : La scientifiquerencontre de Gassendi et de Gaffarel, par

l’association Rire Sourires de Provence, à14h ; chants à capella de Renat Sette, à16h30 dans l’église du Prieuré. Site aména-gé pour les personnes malvoyantes (panneauxen relief et en braille, audio-guides…)

MARSEILLELe Merlan – 04 91 11 19 20Découvrez le petit monde de Lamerboitel :petites formes artistiques et ludiques conçuescomme des «éclats» du spectacle L’immédiat.Le Bribophone à cassettes (fauteuil à inter-rupteurs mis à disposition des spectateurs)et Le cinéma-miettes (petit cinéma clandes-tin qui projette de minuscules chefs-d’œuvre).Le 19 sept de 14h à 18h à la Savonnerie duMidi.Parcours d’artistes dans le cadre du dispositifTremplins 09 : présentation des installationsréalisées in situ autour de la thématique des«délaissés» par Pauliina Salminen, artistevidéaste, Alice Gadrey, sculptrice et MélanieTerrier, photographe. Le 19 sept dès 10h à laMaison des Associations du Canet (14e).

Maîtrise des Bouches-du-Rhône – 04 91 11 78 42Concert Voix en Barcarolle, chœurs, chansonset fables de Poulenc, Ibert, Debussy, Offen-bach, Fauré, Calmel. Le 19 sept à 17h àl’Abbaye de Saint-Pons (Gémenos).

APCAR la Cité des Arts de la Rue – 04 91 03 20 75Mise à la verticale d’un bus par la cie GénérikVapeur et signature d’une convention entrel’Association de Préfiguration de la Citédes Arts de la Rue et l’association Arnavantafin de développer les pistes de partenariatsentre Culture et monde de l’entreprise (17sept à 16h) ; Ouverture et visite du chantierde La Cité des Arts de la Rue (19 sept de14h à 18h) ; Tous Aygo, visite scénographiéede la cascade des Aygalades (19 sept de14h à 18h).

La Friche la Belle de Mai – 04 95 04 95 04Balade vertigineuse en via cordata sur lestoits de la Friche avec Franck Gaudini etSébastien Valancogne (brevets d’états d’es-calade) et une création sonore réalisée par lecollectif 201, Silex et guing’Art (17 de 17hà 20h30, 18 de 14h à 20h30, 19 de 14h à20h30 et 20 de 10h à 18h) ; balade art contem-porain du Cartel (regroupement des opérateursarts visuels de la Friche (19 et 20 sept à 15h);

balade des Rêves Urbains : à la demanded’Euroméditerranée, la cie des Rêves Urbainspropose une découverte de l’ancienne manu-facture des Tabacs de la Seita, de sonarchitecture, mais aussi du projet d’aména-gement de l’actuel pôle artistique de laFriche (19 sept à 10h et 14h).

Office du tourisme et des congrès – 04 91 13 89 00Visite des Archives Municipales, anciennemanufacture des tabacs, rdv à 10h, 11h,14h30 et 16h à l’accueil des Archives (19 et20 sept, accessible aux handicapés) ; Visitedu «Vieux Marseille» Vieux Port, MaisonDiamantée, Les Accoules, Vieille Charité, placede Lenche…, rdv à 10h,14h et 16h30 àl’Office du Tourisme et des Congrès, durée 2heures environ (19 et 20 sept, accessibleaux handicapés) ; Visite de l’école de Danse,Ballet National de Marseille, rdv à 10h,11h15, 14h30 et 16h devant l’école (19 et20 sept) ; Visite de l’école supérieure desBeaux-Arts, rdv à 10h, 11h15, 14h30 et 16hdevant l’entrée principale de l’école (19 et20 sept) ; Visite de l’Hôpital Caroline (îlesdu Frioul), ouverture exceptionnelle du siteen partenariat avec la Mission Caroline et legroupe Actavista, rdv à 10h45, 14h, 15h et16h à l’entrée de l’Hôpital Caroline (19 et 20sept).

MAS-THIBERTLes Marais du Vigueirat – 04 90 98 70 91Promenades en calèche, moyen de découverteaccessible aux personnes à mobilité réduite.Départs à 10h et à 15h, gratuit, sur réserva-tion (19 sept) ; Le sentier des cabanes,cheminements ludo-pédagogique de 500msur pilotis où les fauteuils peuvent circulersans difficulté et se croiser en plusieurspoints ; sortie nature Les Marais du Vigueiratd’hier à aujourd’hui avec un guide naturaliste(19 sept, gratuit sur réservation) ; découvertedes Marais du Vigueirat par le langage dessignes avec un animateur de la LPO PACA (20sept, gratuit sur réservation).

SALON-DE-PROVENCEOffice de Tourisme – 04 90 56 27 60Circuit commenté du patrimoine fortifié de laville par Monsieur le Conservateur des Muséesde l’Empéri et de Salon et de la Crau, 19 et20 sept à 14h et 16h ; balade animée par unguide conférencier sur le thème La flore etles botanistes salonais au détour de la fraî-

cheur des fontaines de Salon et de leur floresingulière (départ de l’OT à 9h30, 11h00,14h30 et 16h00, 20 sept).

VERS-PONT-DU-GARDPont du Gard – 0 820 903 330Démonstration de taille de silex avecGuillaume Boccaccio, archéologue etpréhistorien (19 sept à 14h30, rive droite);conférence de Dominique Garcia, pro-fesseur d’archéologie, sur Un siècle derecherches sur les Gaulois dans le Midi (19sept à 17h30, auditorium rive gauche) ;fouille archéologique pour les enfants Surles traces du passé avec un archéologuede l’INRAP et un animateur du site (20sept à 14h30, rive gauche).

VITROLLESMairie – 04 42 77 90 00Visite de la maison de maître du domainede Fontblanche (15 et 22 sept à 14h) etcircuit commenté des œuvres de GuillaumeBottazzi (15, 18, 22 et 25 sept à 14h) ;vernissage/présentation du livre UneVille, cent histoires, par l’auteur Maried’Hombres, de l’association Récits, dansle cadre du Projet de Rénovation Urbaine(PRU) du quartier des Pins (18 sept àpartir de 18h30 hall du centre culturelGeorge Sand) ; enregistrement de «lec-tures ouvertes» par des Vitrollais (du 15sept au 9 oct hall du centre culturelGeorge Sand).

VILLENEUVE-LEZ-AVIGNONLa Chartreuse – 04 90 15 24 24Trente ans de restauration : visite-confér-ence avec trois architectes en chef desmonuments historiques -Jean-Pierre Du-foix pour le grand cloître, le portail de laValfenière, le logement du prieur, lesappartements du pape, l’accueil de 1979à 1994, Jean-François Grange-Chavanispour la cour des frères, les cellules N, O,P, U, le petit cloître, les salles Saint-Jeande 1992 à 2004 et Thierry Algrin pourles cellules V, W (cuisines), l’allée desmûriers, l’aménagement intérieur du tinel,l’hôtellerie- boulangerie (en cours) depuis2004- qui témoignent de leur expérienceet éclairent les différents programmes de1979 à aujourd’hui (19 sept à 15h30).

Au Programme

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PATRIMOINE78

L’exposition rendra compte des 20 années de fouilles et derecherches, menées sous la direction de Luc Long, Conser-vateur en chef au Département des recherches en archéologiesubaquatiques et sous-marines et commissaire scien-tifique de l’exposition. Les découvertes s’échelonnent dansle temps et l’espace, du large des Saintes Maries de la Merau port d’Arles.

Une dispute sans objetOn ne peut pas évoquer ces fouilles sans penser à la têtede César. Le buste, objet d’élucubrations variées a suscitétant de débats qu’il serait vain d’en rapporter les minutes!Dispute de territoire, exaltation de personnes mal infor-mées, presse alléchée par le fumet du scandale… toutétait réuni pour une polémique… Toutes les découvertessont propriétés de l’État et Madame Albanel a donné aumusée d’Arles la responsabilité de la conservation destrouvailles, leur entretien, leur exploitation photographi-que, selon les droits et obligations naturels d’un musée.Il est bien entendu hors de question de revenir au XIXesiècle avec le départ obligatoire des pièces au Louvre ouà Saint Germain en Laye ! La controverse d’ailleurs n’a eulieu que lors de découvertes spectaculaires. Les restesd’amphores, et il y en a des centaines, des paniers, desglaives… n’ont jamais provoqué de tels remous !

Pas de coup médiatiqueClaude Sintès insiste. Le propos de l’exposition ne résidepas dans la présentation d’une pièce vedette. Ce n’est pasune exposition autour du buste de César ! Il s’agit biendavantage de rendre sensible l’idée du commerce entrel’ensemble de la Méditerranée et Arles. 80% du trafics’arrêtait là, au port fluvial d’Arelate. C’est là que leschariots et les chalands chargeaient les denrées pour lesacheminer vers le nord de la Gaule, le Languedoc, laProvence. La ville était alors une plaque tournante com-merciale, à l’instar de nos «hubs» contemporains.Au XIXe et durant une grande partie du XXe, explique ClaudeSintès, on privilégiait dans les fouilles le bel objet, le resteétait simplement détruit : l’archéologue fait les choix queson époque induit ! La vie de la ménagère ou de l’ouvriern’intéressaient guère les collections des musées, il fallaitimpressionner, émouvoir, séduire le visiteur. Les choixétaient avant tout esthétiques, voire décoratifs. Jamaisdocumentaires. Aujourd’hui, l’histoire s’intéresse aussi à la vie de tous lesjours, aux éléments économiques. C’est pourquoi, les

objets du quotidien, paniers, aiguilles, amphores, marmites…ont autant d’importance sinon plus, aux yeux de l’archéo-logue contemporain, que le bel objet qui déplace les foules.Un osier tressé donnera de précieux renseignements sur lamanière de vivre des habitants, la forme d’une amphore per-mettra d’en déterminer la provenance, le contenu même !Indications sur l’alimentation, les relations commerciales,l’économie et donc aussi les liens tissés entre les différentspeuples…

Mise en espaceL’exposition s’articulera autour de thématiques : les objetsliés au commerce comme les amphores, puis les zones mêmedu commerce, (Espagne, Afrique, Provence), enfin les ins-truments du commerce, bateaux adaptés à la navigationmaritime et fluviale, et ce à travers des maquettes, lesrestitutions des fouilles en regard des reconstitutions,pour redonner un sens à cette navigation. Ensuite, l’Arles terrestre, rendue prospère par ce trafic, seraévoquée grâce aux éléments architecturaux trouvés.Plusieurs hypothèses seront présentées, à partir dereconstitutions sous forme d’aquarelles, de maquettes. Ils’agira de montrer les rives d’Arles au temps d’Arelate, ensoumettant diverses interprétations. Des reconstitutionsvidéo donneront à l’ensemble le cachet de la vraisem-blance. Ce travail en relation avec SUPINFOCOM permettrad’articuler l’exposition sur trois plans, le lieu de fouille,l’objet trouvé, et le film comme une aide à l’imaginaire. Ce n’est que dans la dernière section que seront présentésles «beaux objets», le Neptune monumental (1m80) lesbronzes dorés, l’esclave aux mains attachées et… biensûr le fameux buste de César ! Ne l’attendiez-vous pasdepuis le début ?

Pas une écoleAttention cependant ! Malgré cet outillage, cette profusiond’informations précises, cette volonté pédagogique deprésentation, Claude Sintès se défend bien de transformerson musée en école. C’est avant tout un lieu de conser-

vation, de mémoire, et cette mémoirese doit d’être vivante, d’avoir desrelations avec le monde, par le biaisd’expositions temporaires, et en met-tant tout en œuvre pour faire vivreles collections qui lui sont confiées.Lieu de recherche, de découverte, devie, d’événements : le musée bleu sousla houlette de son directeur en est untémoin exemplaire !D’ailleurs Claude Sintès, attentif auxsouhaits des visiteurs qui ne peuventépuiser le contenu du musée en uneseule visite, émet le projet d’un billetannuel qui permettrait de se rendreau musée ad libitum ! Alors ne vousprivez pas de ce bonheur : cette cul-ture se consomme sans modération !MARYVONNE COLOMBANI

César, le Rhône pour mémoire20 ans de fouilles dans le fleuve à ArlesDu 24 oct. 09 au 19 sept 10

Musée départemental Arles Antique04 90 18 89 08www.arles-antique.cg13.fr

PATRIMOINE MUSÉE DÉPARTEMENTAL DE L’ARLES ANTIQUE

Le musée bleu s’est refermé sur les merveilles de l’exposition du Louvre, De l’esclave à l’empereur.Mais déjà dans les entrailles de ce grand navire jeté sur les bordsdu Rhône, dans la presqu’île du grandcirque romain, se prépare l’évènementque tous attendent: le dévoilement des recherches effectuées par LucLong. Claude Sintès, le directeur du Musée, nous en a dévoilé la teneur

La mémoire des eaux

Portrait en marbre de Junon ou de Vénus, in situ © C.Chary/ 2ASM / DRASSM

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Portrait en marbre de Junon ou de Vénus, in situ © C.Chary/ 2ASM / DRASSM

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