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52 - un gratuit qui se lit du 23/05/12 au 20/06/12

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N°52-

un gratuit qui se lit

du 23/05/12 au 20/06/12

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Politique culturelleMP2013, Entretien avec Jacques Pfister 6, 7Arles 8Avignon Off, Martigues 9

ÉvénementsLa Marelle, CIPM 10

FestivalsFestival de Marseille, Jazz des 5 continents 12Festival lyrique d’Aix, Les Musiques Interdites 13Musiques actuelles 14, 15Gageron, Folle histoire, Odyssée de Martigues 16Cannes, Flâneries d’art à Aix 17Fête du vélo, fête du panier, fête du livre de la Canebière, La Valette 18, 19

ThéâtreLe Lenche, la Minoterie, le Gyptis, la Friche 20, 21Sirènes et midi net, la Friche, le Gymnase 22Le Daki Ling, le 3bisf, Montévidéo 23Cavaillon, Nîmes, Fos 24Avignon, Vaucluse 25

DanseCavaillon, Monaco, Trets, Saint-Maximin 26, 27

MusiqueOpéras, opérettes 28, 29Chambre 30, 31GMEM 32Du monde, jazz, actuelle 34 à 37

Au programmeThéâtre 38, 39Danse 40Jeune public/Cirque 42, 43Musique 44 à 49 Sciences et techniques 49Rencontres 50, 51Cinéma 52, 53

Arts visuelsAu programme 54, 55Les ABD, l’Alcazar, Sur la place 56Le MuCEM, la Compagnie 57La Vieille Charité, la Ruche 58Gap, Martigues 59Sanary, Mougins 60Sm’art 61

CinémaFilms 62, 63

LivresArts 64, 65Musique 66, 67Essais 68Jeunesse 69Littérature 69 à 71Rencontres 74, 75

PatrimoineAvant Cap, CRT, Pont-du-Gard, Jardins 76, 77

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Lecteur sachant décrypter, vous en conviendrez, les motscachent plusieurs sens. N’en trouve-t-on pas qui, porteursd’équivoques, peuvent changer radicalement l’interprétationcontextuelle d’une situation ? Prenez le mot «talent». Àpremière vue, le talent est une aptitude remarquable dansle domaine intellectuel ou artistique. Mais, ne vous endéplaise, sa première définition dans un dictionnaire est :«monnaie de compte équivalant à un talent d’or ou d’ar-gent». Qui aurait pu penser qu’une valeur monétaire pouvaitêtre l’homographe d’un don, d’une aptitude singulière quidevrait échapper, à priori, à toute valeur marchande ?Alors, le talent (d’or) pourrait-il se réduire à de l’argent ?Après tout, il est de notoriété publique que la reconnaissancedu talent d’un artiste, d’une œuvre, passe obligatoirementpar sa valeur économique. Même Le temps est de l’argent,dans notre société où profit et le bénéfice se déclinent àtous les temps et pour toutes choses !Cependant chers lecteurs, ne devrions-nous pas ouvrir ledébat sur cette simple question : le talent pourrait-il s’ex-traire de cette connotation monétaire auquel il estétymologiquement attaché ? MATHILDE DALMAS, ROMANE DEROCHE

PREMIÈRES L DU LYCÉE MONT SAINT JEAN, ANTIBES

Le don et l’argent

Lors de la semaine de la presse, Zibeline a lancé avec l’aide du Clemi un concours d’édito et de couverture. Ce sont deux lycéennes d’Antibes qui l’ont emporté, à l’unanimité de

la rédaction ! La couverture de Zibeline, que nous leur devons, est une photographie

de l’œuvre réalisée par Jaume Plensa, Le Nomade, exposée au port de la ville d’Antibes (06)

RetrouveZ nos éditions précédentes sur www.journalzibeline.fr

Le 17 mai Monsieur Mitterrand a qualifié l’arrivée de MadameFilippetti de «chance pour le ministère». Une façon élé-gante de céder la place, et de souligner que la nouvelleministre est un écrivain. Qui cite Carlos Fuentes, sait queles lettres et les arts ont le pouvoir de nous blesser, etqu’ils font de nous des hommes. Carlos Fuentes nous avait éblouis cet automne à Aix-en-Provence quand, invité des Écritures Croisées, il avaitexpliqué comment parfois il percevait la grâce des choses,et comment il travaillait à la rendre dans ses récits, en pas-sant par la douleur, et la lutte.C’est cette blessure qui parce sa douleur nous éveille, nousempêche de mourir. Cette blessure qu’il nous faut entrete-nir, susciter, préserver comme un bien précieux, parcequ’elle est fragile, et s’amenuise. Parce qu’il est tentant del’éviter, au risque de dépérir. Aix-en-Provence ne connaitra pas la blessure de Camus.L’écrivain qui inventa la pensée de midi, symbole d’uneMéditerranée qui cherche au fond de chaque homme ce quile tient debout, ne sera pas au programme de notre CapitaleCulturelle 2013. Qui fera peu de place à la littérature, authéâtre, et semble céder à la défiance des mots. La suppression de cette grande exposition a lieu au lende-main des élections, et des déclarations de Maryse Joissainsqui veut faire de sa ville un «village gaulois», lieu de résis-tance à l’envahisseur socialiste. On savait qu’elle n’aimaitpas Camus, il semble que des cafouillages s’y soient rajoutés.Mais quel que soit le responsable de l’annulation, Camusnous manquera.En cette terre d’immigration abritant enfants de Pieds-noirs,de Harkis, d’Algériens, en ce pays si clair votant pour leFront National comme nul autre, l’exposition pilotée parl’historien Benjamin Stora aurait permis de questionner uneblessure commune : la guerre d’Algérie, l’exil, le sang versé,les tortures. Elle aurait également mis au jour les obses-sions de l’écrivain, la révolte, la conscience, la joie. Autantde notions qui disent notre commune «condition humaine»,et auraient pu apprendre au village gaulois, et à tous ceuxqui croient que le repli préserve, que c’est en regardant lesoleil que l’on vit l’éblouissement. AGNÈS FRESCHEL

Fuentes,Camus, nos blessures

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MP2013 | ENTRETIEN AVEC JACQUES PFISTERPOLITIQUE CULTURELLE06

Vous êtes à la fois Président de la CapitaleCulturelle et de la Chambre de Commerce, ce quiest une double position peu commune. Uniquemême. Comment expliquez-vous cette exception ?Quand j’ai pris la présidence de la CCIMP en2004/2005, il y avait déjà un groupe de chefsd’entreprises qui avait envie de culture. Et quipensait aussi, pragmatiquement, qu’utiliser le levierculturel pour obtenir des résultats économiquesétait efficace. Par ailleurs, lorsque Jean-ClaudeGaudin a pris la décision de présenter lacandidature de Marseille, il a pensé que cela devaitêtre une candidature non de Marseille mais deMarseille-Provence, et il m’a proposé de présider lecomité de candidature. Qu’attendait-il de cette présidence inhabituelle ?D’une part elle représentait, je pense, uneneutralité politique dans un territoire où la droiteet la gauche cohabitent, et d’autre part la CCIMPtravaillait déjà sur l’ensemble de ce territoireMarseille-Provence qu’il voulait pour la Capitale.Même si la Chambre de Commerce d’Arles s’ajoutaitau territoire. Puis lorsque Bernard Latarjet a été choisi,également par la Ville, pour diriger la candidature,il a été très sensible à la forte implication desacteurs économiques, à ce que nous avions àproposer, en particulier les Ateliers del’EuroMéditerranée, qui faisaient entrer les artistesdans les entreprises. Avec Bernard Latarjet nousavons introduit des méthodes de collaboration, etde conquête : il fallait montrer une cohésion forte.Nous y sommes parvenus, notre candidatureprésentait «un équilibre harmonieux entre projetculturel, finances publiques et contribution desentreprises», selon Robert Scott. Et vous avez donc continué. Tout le monde a considéré que le comité decandidature avait été efficace, et qu’il s’agissait deconserver les équipes. Je suis donc devenuprésident du Conseil d’administration de la Capitale. Votre rôle a-t-il changé ?J’ai dû veiller à ce que la programmation soit enharmonie avec les territoires. Le partage n’a pas étéfacile, et toutes les attentes n’ont pas étécomblées ! Ma présidence s’est focalisée sur lacohésion du CA, et la prise en compte du budget.Je reste bien sûr très en retrait, tout comme lescollectivités, sur la programmation. Ce qui n’est pasnon plus facile ! Mon rôle, comme président de laCCI, est aussi de soutenir l’organisationéconomique de l’événement. L’hôtellerie, les

transports, les commerces doivent être à la hauteurde l’enjeu, et nous y travaillons avec lescollectivités concernées. Le dernier volet de notre participation c’est lesAteliers. On était parti sur 150 ateliers, mais c’estplus compliqué dans la mise en œuvre que ce qu’onavait imaginé. Dès qu’on rentre dans unenégociation contractuelle, il faut penser aux droits,aux problèmes de faisabilité, et trouver des artistesqui veulent entrer dans le projet des entreprises.On en aura sans doute une soixantaine, ce qui estdéjà considérable. Est-ce que les entreprises y trouvent leur compte auniveau de leur désir d’art, et de la visibilité de leurparticipation ?Ce n’est pas le problème. Il y a eu beaucoup dedemande au niveau des entreprises, et une certainepénurie d’offres artistiques, parce que trouver 150artistes qui puissent avoir des projetscontractualisables avec des entreprises estcompliqué.Et avez-vous des retours sur expérience, sur leseffets produits dans les entreprises par la présencedes artistes ?Il faudra faire un bilan, précis. Pour l’heure je nepeux vous dire que des généralités en la matière :ça crée un vrai trouble positif, un effet considérablede communication interne, de communion mêmeparfois autour de l’artiste. Mais il faudra le mesurerexactement. Est-ce que ce mode de création artistique vaperdurer au-delà de la Capitale ?C’est difficile à dire. L’organisation de la productionpourra-t-elle rester à ce niveau ? Cela dépend ausside la volonté politique. Pour l’instant il n’y a pas deréflexion sur les structures nécessaires, mais çapeut venir assez vite, et on est plutôt demandeurs!Mais pourquoi, au fond, investir dans la culture ?C’est une respiration, dans les boîtes, de se direqu’on fait autre chose que du chiffre d’affaires. Lacandidature est arrivée en même temps quecertaines études sur les retombées économiques,qui avaient montré qu’un développement culturelétait facile à mettre en œuvre, et générait de fortesretombées économiques, de l’ordre de six eurospour un euro investi. Un autre levier est lerayonnement, sur le long terme, de Marseille-Provence : la qualité d’un territoire perdure aprèsl’événement. Nous allons montrer à l’Europe entièreque nous sommes attractifs, et capablesd’accompagner des expositions internationalesd’envergure, dans le respect des budgets. Et le

MP2013et les

entreprisesEn cette dernière phase de préparation de

la Capitale culturelle,l’implication des

entreprises, privées et publiques,

apparaît comme unecaractéristique singulière de

notre territoire. En uncontexte économique et

politique pourtant difficile.Le double président,Jacques Pfister, nous

explique les fondements decet apparent paradoxe…

Jacques Pfister © A

gnès Mellon

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MP2013 POLITIQUE CULTURELLE 07

Patrick Grimaud, Capitaine de Frégateet Chef de la division prévention desMarins-Pompiers de la Ville de Marseillel’admet volontiers : «Des pompiers, onne voit que les camions rouges, toutnotre travail en amont n’est pas perçu.»Pourtant, lui et ses 60 hommes sontchargés de l’une des deux missionsrégaliennes de son bataillon : la pré-vention, la seconde étant l’opérationsur le terrain. C’est en effet dans sonservice que sont instruits tous lesdossiers relatifs à la sécurité des bâti-ments marseillais, destinés ou non àaccueillir du public. «Je prends plaisirà dire que tout ce qui se construit ouse transforme dans notre cité passepar chez nous. En 2011, nous avonsreçu 15 000 projets.» Avec l’année2013 approchant, les chantiers semultiplient, mais il y a déjà 3 ou 4 ansque les équipements imposants typeMuCEM ou FRAC ont été étudiés, lorsdu dépôt des permis de construire.Pour la division de Patrick Grimaud, ils’agit d’évaluer les risques en casd’incendie ou de panique sur tel outel site, puis de suggérer des dispo-sitions préventives à la commissionchargée des dossiers. In fine, le Mairetranche. Prévenir, c’est aussi envisager toutl’espace public sous l’angle de lasécurité. Lors d’événements gigantes-ques comme la Capitale Culturelle, ilfaut prévoir les mouvements de foule,les possibles engorgements, maiségalement les voies d’accès à pré-server pour les secours, et enfin leséquipes à mettre en place. S’il estencore trop tôt pour chiffrer les

effectifs requis lors de la cérémonied’ouverture (qui compteront, outreles éléments du bataillon, les agentsde sécurité recrutés par l’organis-ateur, des membres de la Croix Rouge,et bien sûr les forces de police), il estpossible de se baser sur le retourd’expérience des précédentes Capita-les. Ainsi Lille, qui attendait 300 000personnes en 2004, a dû en accueillirle double le jour J, et sur un parcoursrestreint ! Marseille-Provence 2013 apréféré opter pour un morcellementdes événements, de façon à éviter laconcentration du public en un seulespace. Ce jour-là, de la Place de laJoliette à la Corniche, on devrait pou-voir circuler en sécurité dans une citéaccueillant l’Europe pour fêter laCulture.À charge pour le Capitaine Grimaudet ses hommes d’analyser tous lesdispositifs préventifs de secours, enfonction de la disposition des lieux,du type de spectacle et de l’affluenceprésumée de son public, et tous leséquipements (scènes, installationsélectriques, etc.). Autant dire que lesréunions hebdomadaires auxquellesils participent depuis plusieurs moispour préparer l’événement sont bienremplies ! «Et cela sans compter notretravail habituel sur le secteur, le «bruitde fond» des manifestations au quoti-dien dans la ville. Mais c’est une belleaventure à vivre.» Et une année richede perspectives, grâce notamment autravail fourni par les équipes qui nesont pas forcément les plus média-tisées.GAËLLE CLOAREC

Les marins-pompiersà l’assaut de 2013Une Capitale Européenne de la Culture, cela s’organise enamont ! Dans l’ombre, le Bataillon des Marins-Pompiers seprépare à assurer la sécurité du public

Futur quartier Euromediterranée © EPEAM Eurome�diterranée

MuCEM, la façade maritime, tout ce qui se construitactuellement, nous le garderons aussi en héritage.Les entreprises attendent-elles aussi des retombéesen termes humains ?Oui, la plupart des visiteurs viendront du territoiremême, et les premiers bénéficiaires seront lescitoyens. Il faut parvenir à une mobilisationpopulaire, c’est très important pour le «moral destroupes» et donc, bien sûr, c’est primordial pournous.Est-ce que vous faites une différence entre uneattractivité générée par un événement culturel, etcelle d’un événement sportif ?Bien sûr. Un événement sportif est le mêmepartout. Là, il est question de ce qu’on est. Le Sud,avec une tradition d’accueil. «Marseille accueille lemonde», le premier temps de la Capitale, n’est pasun message consensuel, mais une signature. Lacoupe de foot génère aussi du chiffre, mais lerayonnement n’est pas du même ordre. Bien sûr entant qu’entrepreneurs on veut du spectaculaire, del’événementiel, faire venir des gens, mais parexemple on comprend qu’il faut aussi des chosesplus intimistes, tournées vers les culturesméditerranéennes, ou qui apportent une dimensionde solidarité. Tout ce qu’un événement sportif negénère pas.Pour ce qui est de la participation des entreprises,où en est la collecte des fonds ? On est en phase avec les objectifs. On avait prévu15 millions, on les aura, on les dépassera mêmesans doute. Les grands partenaires, les mécènes desgrands projets, sont trouvés. Plus difficile, maisplus symbolique aussi, est d’impliquer les PME,pour qu’elles soient fières de participer. Là c’est lenombre qui compte, la mobilisation, plus quel’argent que cela apporte. Le mécénat culturel se porte pourtant mal àl’échelle nationale. Est-ce que la capitale culturellepréserve le territoire de ce désengagement qu’onconstate ailleurs ?La qualité du projet, de son organisation, a permisd’atteindre les objectifs. Est-ce que cela restera, jen’en suis pas sûr. Les grandes entreprises sedétournent du mécénat culturel, elles pensent, trèslogiquement, à leurs intérêts : les banquiers visentle haut de gamme, parce que cela correspond à leurclientèle préférée, et que les petites gens sontsource d’ennuis pour eux. La Poste, Orange, seportent vers le mécénat social : ils pensent, encontexte de crise, que c’est mieux pour leurcommunication interne, vis-à-vis de leursemployés, et pour leur image.Pourquoi votre Chambre de Commerce agit-elleautrement, alors ? Pourquoi organiser un concoursartistique, constituer un fonds, soutenir Mécènesdu Sud, accueillir des colloques sur l’artcontemporain ?C’est une tradition de cette maison. Les murs sontcouverts de tableaux qui sont la mémoire du port,du commerce maritime. Nous sommes la seulechambre de commerce à avoir une direction dupatrimoine. Le monde économique a intégré, ici,dans sa façon de voir la vie, la culture comme unplaisir. Mais aussi comme un intérêt bien compris !ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL ET GAËLLE CLOAREC

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08 POLITIQUE CULTURELLE ARLES

Si le titre hommage de ces rencontres Une écolefrançaise est quelque peu provocateur, l’histoire nousa enseigné les égarements des catégories commedu repli identitaire : contemporain/non contem-porain, art ou pas d’art, (bon) français ou pas.Toujours est-il qu’il existe une excellente école -pourne pas dire une école de l’excellence- uniquementconsacrée à la photographie reconnue interna-tionalement, à Arles. C’est encore Lucien Clerguequi a initié dans les années soixante dix cette idéefolle de conforter les passagères rencontres photogra-phiques par une structure permanente d’enseignement.L’école n’aurait probablement pas vu le jour sansune volonté politique forte sous le gouvernementMitterrand en 1981 avec le renfort de Gaston Def-ferre et Michel Vauzelle. L’École Nationale dePhotographie faisait partie des grands projetscomme le Louvre, la bande dessinée à An-goulême,la danse avec Roland Petit à Marseille. Elle est crééeen 1982 et la responsabilité est confiée au direc-teur de ces mêmes rencontres, Alain Desvergnes,fort de son expérience de création d’un départementd’Arts visuels à l’université d’Ottawa. L’orientationet l’identité de l’ENP sont désormais tracées touten évoluant sous l’impulsion de ses dirigeants ul-

térieurs, Alain Leloup et Patrick Talbot. L’écoleobtient la compétence d’enseigne-ment supérieuren 2004 et devient ENSP. La pédagogie se fonde sur le modèle anglo-saxon deprojet et du photographe-auteur. Un enseignementtechnique, artistique et culturel accompagne l’étu-diant dans sa création personnelle. Aux enseignants(et artistes) permanents, Arnaud Claass et ChristianMilovanoff impliqués dès le début, puis Muriel Toule-monde pour la vidéo, s’adjoignent plusieurs intervenantsextérieurs de différents domaines de compétences.À ce jour, l’ENSP n’a guère d’équivalent si ce n’estl’International Center of Photography à New-Yorkavec qui elle collabore régulièrement comme avecd’autres institutions internationales et nationales. Des six cent quarante étudiants formés à Arles, bonnombre ont suivi des trajectoires professionnellesvariées dans la photographie, l’image, des struc-tures affiliées comme conservateur, commissaire,archiviste... Plusieurs poursuivent une carrièrereconnue : François Deladerrière, Mireille Loup,Aurore Valade, Bruno Serralongue, Christophe Laloi(fondateur des Voies Off), Olivier Metzger, MoniqueDeregibus, Tadashi Ono… Pour cet anniversaire illeur a été demandé Qu’avez-vous fait de la photogra-phie ? Ce dont rend compte un copieux livreéponyme et la majeure partie de ces rencontres :Une attention particulière, la première expo de tousles diplômés 2012, des expositions monographiques,des sélections d’artistes en tant que commissairesque viennent compléter celles des enseignants etles invitations faites à d’autres écoles étrangères,le Prix découverte…

2012 se donne une forme de bilan provisoire etrestitue le rayonnement d’une école unique en songenre. En attendant de nouveaux lieux enfin plusconformes à ses ambitions ! CLAUDE LORIN

Merci à Rémy Fenzy, actuel directeur et ancien diplôméde l’école, Laurence Martin, directrice des études,Florence Maille, responsable des expositions etpublications pour leurs précisions

École Nationale Supérieure de la PhotographieArles04 90 99 33 33www.ensp-arles.com

L’ENSP est rattachée au ministère de la Culture et de la Communication.Elle accueille chaque année 25 élèves de toutes nationalités suite à concours bac+2 ou équivalent. Elle délivre un diplômeuniversitaire, un master en 3 ans.Un Doctorat de création est en projetBudget initial : 2,3 M d’euros

EXPOSITIONSUne école françaiseLes Rencontres Arles PhotographieDu 2 juillet à septembrewww.rencontres-arles.com

Voies OffSoirée d’ouverture le 2 juilletwww.voies-off.com

Wipassociation des étudiants de l’Ensp Du 2 au 15 juillet

Vues d’Arles, photographies d’anciens étudiantsGalerie Espace pour l’artDu 2 au 31 juilletwww.espacepourlart.com

Cabinet de curiositésLe Magasin de jouetsjuillet-aoûtwww.lemagasindejouets.fr

PUBLICATIONSQu’avez-vous fait de la photographie ?Editions Actes Sud, 49€L’ouvrage brosse l’histoire de l’école à travers le témoignage de ses acteurs et offre une importante sélection de portfolios d’étudiants

infra-minceCahiers de l’Ecole nationale supérieure de la photographieENSP/Actes Sud, 19€

The Viewer, site de Yann Linsart consacré à la création photo et vidéo actuelleswww.theviewer.fr

Les prochaines Rencontres de la photo et plusieurs lieuxarlésiens célèbreront les trenteans de L’ENSP. Précisions, petitbilan et l’histoire continue

Label école

Aurore Valade, Il signore dei sentimenti (Le seigneur des sentiments), sé�rie Ritratti, Torino, Turin, Italie, 2010. Avec l’aimable autorisation de Gagliardi Art System, Turin.

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Le 12 avril, Avignon Festival & Com-pagnies organisait le colloque FestivalOff, une dynamique d’utilité publique,grâce au soutien de 10 000 € du mi-nistère de la Culture. Près de 200participants devaient dégager, en 5ateliers de réflexion, des solutions auxdomaines d’action du Off : 1er marchédu spectacle vivant en France, lieu dedialogue des territoires, opérateur dedémocratisation culturelle, incubateurartistique et initiateur de productionalternative. Vaste programme, auquelpeu d’artistes se sont joints, qui s’estréduit à soulever les problématiques.Le Off est devenu un «phénomène desociété», concentré 3 semaines dansses Remparts, entre création, loisir demasse et éducation populaire. Sesacteurs sont conscients du risqued’implosion et d’inutilité devant lacroissance gargantuesque d’un ras-semblement de plus en plus sauvagequi, en 2011, recevait 1 143 spectacleset 969 compagnies. Car le Off évolue,à l’infini, dans le désir fondateur d’in-dépendance face à son «grand-frère»subventionné (AF&C compte 3 sala-riés et aucune subvention), mais sanscadre précis, laissant parfois à la

marge des créateurs peu préparés àl’imparable concurrence. Sur 5 000spectacles créés par an en France, 10%jouent dans le Off qui engrange 1 Md’€ d’entrées. 20% des contrats sontnégociés pendant le Off, lieu de pas-sage obligé pour accrocher les 7 000pros venus faire leur marché. Aucunchiffre pourtant n’indique le nombrede compagnies exsangues au termedu festival. Absorbées dans la masse,peu d’entre elles sont mises en valeurpar spécificité territoriale. Sur les 26régions présentes, certaines jouent lejeu, drainent leurs publics dans le sil-lage de leurs artistes, développentune diffusion inter-régionale. Quantà l’extra-muros, il y a urgence à l’in-vestir, pas juste pour ouvrir l’espaced’accueil mais la démocratisation cul-turelle dont se réclame le Off. Parmi les idées, ont émergé un «Off àplein temps» avec des rendez-vousentre socio-éducatifs et théâtres per-manents ou la création d’un «club despectateurs éclairés» pour renforcerle dialogue entre artistes et publics.D’autres pistes, plus polémiques : li-miter les spectacles aux compagniesprofessionnelles, ou du moins en

règle, former les directeurs à l’accueil,créer une taxe locale pour les com-merçants qui tirent profit du Off.L’accompagnement devient nécessairepour aider les compagnies, dévelop-per les publics, améliorer la visibilitédu Off et sa mise en réseau… Toutcomme la régulation de l’offre, malgréle vœu de Greg Germain, présidentd’AF&C, de ne pas contrôler le rem-plissage. Pas plus emballé par l’idéed’organiser un «Offthon», il campaitsur sa position : «Les tutelles doiventmettre la main à la pâte pour amé-liorer les services d’AF&C.» Une charte du Off est prévue en 2012,pour afficher les pratiques exem-plaires, mais les lieux ne seront pas

obligés d’y adhérer. À quoi bon alors ?Suite des débats cet été, après pu-blication des actes. Aux artistes d’yfaire entendre leur voix cette fois.DELPHINE MICHELANGELI

Le colloque Festival Off, une dynamique d’utilité publiquea eu lieu au Centre de congrès du Palais des Papes, Avignon

Le Festival Off aura lieu du 7 au 28 juillet

Ce que Martigues doit à ProsperConnaissez-vous Prosper Gnidzaz ? Cet ancienpâtissier, arrivé à Martigues en 1937, est un pas-sionné de cinéma depuis son enfance ; c’est aussiun collectionneur, qui aime partager ! C’est ainsiqu’en 2007 il a offert à la municipalité martégale sacollection de 2250 bobines de films français etétrangers, scopitones (clip-vidéo des années 60),actualités, dessins animés, documentaires, repor-tages, et 83 appareils de projection dont les plusanciens datent de 1880. Elle a décidé de créer l’es-pace portant son nom. Quatre ans plus tard, le 21mai 2011, l’Espace Gnidzaz était inauguré.Situé à Ferrières, dans une ancienne boutique, unechapelle du XVIIe siècle rénovée et une maisonparticulière, l’Espace Gnidzaz offre 300 m2 ouvertsau public. C’est une passionnée, Sylvie Morata,chargée du développement qui fait visiter les troissalles : la première retrace l’histoire technique ducinéma, thaumatrope, zootrope, cinématographe ;la deuxième rend hommage au collectionneur etprésente une vingtaine d’appareils dont une lan-terne magique à bougie Ernst Plank (1885), ou leprojecteur Prosper Gnidzaz qu’il a construit lui-même en 1948 ; dans la troisième salle, le visiteur

peut, installé dans un confortable fauteuil, regarderdes extraits de films de la collection, permettant dedécouvrir Martigues, terre de cinéma.L’espace Gnidzaz comporte aussi une salle de pro-jection d’une trentaine de places, lieu destiné àl’éducation à l’image, étroitement lié au cinémaRenoir qui en a la direction. Il s’adresse aux ciné-philes en organisant des conférences et à un publicpopulaire en lui racontant l’histoire du cinéma.Après un premier cycle, De la première avant-garde

à l’arrivée du parlant, ce sont des films de JeanPainlevé que les curieux pourront découvrir lesmardi, mercredi, samedi et dimanche de 10h à 12het de 14h30 à 18h30.ANNIE GAVA

Espace Cinéma Prosper Gnidzaz4 rue Denfert, Martigues04 42 10 91 30http://espacecinemapg.blogspot.fr

POLITIQUE CULTURELLEAVIGNON OFF | MARTIGUES 09

Un colloque, pour quoi faire ?

colloque du Off, 12 avril 2012 © De.M.

© A.G © A.G

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De l’injonction poétique radicale auslogan pragmatique du parti socia-liste d’il y a trente ans, de Rimbaud àMitterrand et après, bien des saisonsen enfer ont travaillé l’esprit et lalangue des poètes. La précieuse etdiscrète association Alphabetvillequi s’est donné pour tâche d’activerla réflexion sur l’art et le peuple (voirZib 51) a rouvert une piste peu frayéepar ces temps qui courent vite : lesrapports entre poésie et politique. Organisée au cipM et intitulée «Toiaussi, tu as des armes...» (d’après lesursaut velléitaire de Kafka dans sonjournal), la rencontre du 20 avrilréunissait autour de la parution d’unouvrage collectif sur ce thème et sousce titre, deux figures imposantesd’universitaires-écrivains-artistes aupassé militant : Jean-Marie Gleizeavoue malicieusement Mao, Jean Chris-tophe Bailly Trotski. Ils encadraientle regard clair de celle qui n’a jamaisbaigné dans les ismes : Nathalie Quin-tane pour qui le mot «mouvement»n’évoque que le déplacement dansl’espace. Récusant et surtout interro-geant le «nous» dans son ambigüitéfondamentale (incluant ? excluant ?),la jeune auteure fait pirouetter le«je» dans un discours-performanceà la désinvolture calculée, décalée,pas vraiment dégagée, construisantsur le discours critique une formepoétique «s’agit pas de se perdredans le sac à tropes comme un vul-gaire socialiste». Parole fragile quirespire dans l’air du temps plutôtqu’elle ne revendique un ancragedans le réel ; pourtant Tomates, parurécemment, nous amène l’air de rienauprès de Julien Coupat, façon derappeler avec Mandelstam que lapoésie est plus une «bouteille à lamer», qu’une bouée de sauvetage !La fantaisie comme résistance ? Plusproche d’une parole collective et àbonne distance de l’ironie ambiante,Jean-Marie Gleize réaffirme mais «àvoix intensément basse» la présencedu politique dans le poétique ; finde l’hymne, c’est entendu, mais né-cessité de faire entendre une autre«musique» comme un acte qui tire-rait paradoxalement sa force de laquasi-invisibilité du poème ou deson impuissance essentielle, «ac-teurs incertains» dans l’opacitéd’une «insurrection quotidienne» et

touchant à la communauté ; et c’estTarnac décidément qui est encore àl’œuvre, dans un présent tout occupéà un «à venir» possible. La poésie comme vigilance critique?Moins «pratique» car plus ancré dansla profondeur de la création, JeanChristophe Bailly rappelle après PaulCelan que le poème se constitueavant tout en un «acte solitaire»,mais que si l’atelier de la langue esttoujours coupé de sa réception pu-blique, il reste ouvert au bruit dutemps (Mandelstam encore) et à sonchaos tragique. Au poète est dévoluela tâche de construire du «distinct»qui aide à l’intelligibilité du monde,loin des langues de bois et du pathosinforme, en s’appuyant sur la doublenature du poème : le «Bildende» etle «Tönende» tels que définis par Lenzdans une lettre à Goethe, le «forma-teur» et le «résonant». Où il est encorequestion de musique...Jean Christophe Bailly termine sonintervention par la lecture bien scan-dée de Basse Continue qui dit bien

l’impossible retrait du monde. Fina-lement chacun des trois invités déclinesa version personnelle de «l’actionrestreinte» selon Mallarmé. Ni insurr-ection ni apocalypse donc comme leconstate Yves Pagès dans le recueilcité plus haut ! Ringardes les vertussupposées de l’indignation ! Conten-tons-nous, dans la plus haute exigence,«d’habiter poétiquement» le monde...MARIE-JO DHÔ

La réflexion stimulante de cette rencontre se déploie sous d’autres facettes dans le recueil publié aux éditionsLa fabrique Toi aussi, tu as desarmes / Poésie & politique 12 €

ÉVÉNEMENTS10 LA MARELLE | CIPM

À terre et sur les flots

Changer la vie ? Poésie et politique

En créant La Marelle, Pascal Jourdana souhaitait offriraux auteurs un lieu de résidence fixe à Marseille. Pari gagné.Depuis 2 ans, la Villa des projets d’auteurs ne désemplitpas. Soucieuse de renouveler les propositions artistiques,l’équipe lance aujourd’hui La Marelle prend l’eau, une sériede 3 «résidences flottantes», organisées durant l’été avecle concours de la SNCM. De quois’agit-il ? De renouveler le principede la résidence en invitant desauteurs à intégrer le déplacementmaritime dans leur processus de créa-tion. Chaque résidence, d’une duréemoyenne d’un mois, se déroulera selon3 phases : 10 jours à La Marelle, unvoyage en ferry, 10 jours à Alger ou àTunis. Ce projet transméditerranéena déjà séduit Arno Bertina, XavierBazot et Magali Brénon qui sesuccèderont de juin à septembre-octobre, avec des propositions trèsdifférentes. Arno Bertina projette des’appuyer sur le travail photographiqueréalisé par Anissa Michalon autourde la figure d’un migrant malien so-ninké, Drissa Coulibaly, afin de

retracer le parcours de cet homme. Un livre (texte etphotos) sera édité à l’issue de sa résidence. Xavier Bazots’attachera, lui, à la collecte de témoignages oraux desgens qui fréquentent la ligne Marseille-Alger (mais ausside ceux qui restent à quai) qu’il restituera sous forme dedocument radiophonique ; ce projet viendra en outre

nourrir le travail d’écriture plus largequ’il mène actuellement. Quant àMagali Brénon, son projet littéraire,double, s’articule autour de la notiond’écart. Il s’agira d’une part d’un tra-vail de correspondance artistique àdistance avec son compagnon, le plas-ticien Nicolas Tourre, d’autre partd’une réflexion sur le thème du péri-ple en mer, sur les traces d’Ulysse.Ces 3 premières résidences flottantes»devraient ouvrir la voie à d’autres. Aujournaliste écrivain algérien Sid-Ahmed Semiane et au photographeparisien Bruno Boudjelal par exem-ple, qui devraient se croiser en meret à la Villa au printemps 2013…FRED ROBERT

L'entré�e de la villa des auteurs © Pascal Jourdana

Jean-Claude Bailly © Patricia Boucharlat

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Comme chaque année le Festival de Marseille vamarquer le début de nos festivités estivales. Aveccette année 17 propositions artistiques, dont 7créations. Car le Festival dirigé depuis 17 ans parApolline Quintrand est un des rares où les esthé-tiques contemporaines de la scène chorégraphiquesont soutenues et coproduites avec autant deconstance.Cette édition s’étend sur quatre semaines et en deslieux multiples, se concentrant pourtant pour l’es-sentiel à la Salle Vallier, que le Festival a renduconviviale en soignant l’accueil du public. Qui serenouvelle d’ailleurs et s’élargit, la Charte Culturepassée avec la plupart des mairies d’arrondisse-ments de Marseille permettant d’accueillir 2200personnes en difficulté économique au tarif trèspréférentiel de 1€.Quant à la programmation (voir p 40), elle réservecomme chaque année de belles surprises, soigneses fidélités et fait venir des artistes exception-nels : Sidi Larbi Cherkaouidès l’ouverture, la dernièrecréation de Pierre Rigal, Crystal Pite pour uneinterrogation théâtrale et dansée autour dupersonnage de Prospero, roi et démiurge ambigude Shakespeare (The Tempest Repicla). En premièrefrançaise, une toute nouvelle production du génialBallet Cullberg, théâtrale également, The Strind-berg Project, au Silo. Et puis du flamenco en plein

air à Bargemon, des films autour de Pina Bauschà l’Alhambra, autour d’Anne Teresa de Keersmaekergrâce Marseille Objectif danse, une chorale sudafricaine à La Sucrière…Un peu plus tard dans le festival on retrouvera SashaWaltz, Peeping Tom, Robyn Orlin… Autant de nomsqui sont devenus familiers aux Marseillais grâce auFestival. Un regret ? L’absence cette année d’artis-tes de la région, que le Festival a su souvent découvrir

et produire, démarche de soutien essentiel à lacréation. Mais l’édition 2013 promet de rattraperle retard !AGNÈS FRESCHEL

Festival de MarseilleDu 9 juin au 6 juillet04 91 99 02 50www.festivaldemarseille.com

FESTIVALS 11

Le temps du JazzLe Festival Jazz des 5 continents necesse de prendre de l’ampleur, tout engardant son caractère. Un exploit,quand on songe que 30 000 person-nes l’ont fréquenté l’an dernier, etqu’il a conservé son esprit à la foispointu et aventureux… L’édition2012 se situe à mi-chemin entre deuxpoussées de croissance : en 2011, pourla première fois, elle proposait 8 soi-rées (et les soirées, au FJ5C, offrentau minimum 2 concerts) dans une jau-ge passée à Longchamp de 3000 à4000 places. L’édition prochaine, quisera Capitale, sera encore plus popu-laire, nous promet-on, plus longue,plus épatante, dans un Parc entière-ment rénové… Mais l’édition 2012 nesera pas un temps de latence, et leFJ5C 2012 nous réserve de très bellessurprises ! Logistiques tout d’abord,avec à Longchamp deux grands écransvidéos, des aménagements pour amé-liorer le confort nocturne d’un publicparfois plus tout jeune, un tramwayqui fonctionne jusqu’au bout du

dernier concert… et un nouveau lieu,le Silo, pour accueillir un «concertassis». En dehors de cela, les recetteshabituelles, qui ont fait leurs preuve :un concert inaugural gratuit sur leCours D’Estienne d’Orves, des expo-sitions et conférences à l’Alcazar et à

Maison Blanche, des after chaleu-reux au Radisson Blu Hôtel…Mais le plus alléchant reste bien sûrla programmation, exceptionnelle : sile Cours d’Estienne d’Orves ouvre avecdes artistes du cru, les swingueusesDoolin’ puis le talent de Raphaël

Imbert, le Silo accueillera la voixchaude de Robin McKelle accom-pagnée du crooner Gregory Porter. ÀLongchamp c’est 11 concerts qui sesuccèderont, pensés pour que lespremières parties s’harmonisent avecles secondes. On y entendra deux trèsbelles voix féminines, Térez Mont-calm et Stacey Kent, du jazz quivient des quatre coins du monde avecBallaké Sissoko, Ibrahim Maalouf,Avishai Cohen, Paolo Fresu et OmarSosa. Et puis des stars, aux influen-ces funk comme Al Jarreau ou lesEarth, Wind and Fire, pop rock com-me Pat Metheny ; et même unelégende : c’est Sonny Rollins lui-même qui viendra occuper la scène ladernière nuit…A.F.

Festival Jazz des Cinq ContinentsMarseilleDu 17 au 25 juillet04 95 09 32 57www.fj5c.com

Paolo Fresu & O

mar Sosa ©

Roberto Cifarelli

Dans lacontinuité

TeZukA, de Sidi Larbi Cherkaoui © Hugo Glendinning

FESTIVAL DE MARSEILLE | JAZZ DES 5 CONTINENTS

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FESTIVALS12 TOULON | ARLES

Le Festival estival de Musique de Toulon et sa Ré-gion est l’un des plus anciens de France. Pour sa 62eédition, «les sons et les parfums tournent dans l’airdu soir» à la Collégiale de Six-Fours, la Tour Roya-le ou au Faron.Huit manifestations sont annoncées du 14 juin au16 juillet pour des programmes variés qui exaucentles désirs des amateurs de musique de chambre(Marielle Nordmann et le Quatuor Debussy), delyrisme baroque (The King’s Consort), de violonvirtuose (Chloé Hanslip) ou de Tango nuevo (Qua-tuor Caliente), de piano solo (Philippe Cassard)et polyphonies corses (Jean-Paul Poletti), de «Sai-sons» relues par Laurent Korcia ou de violoncelleconcertant (Gautier Capuçon). En ouverture de ce feu d’artifice de têtes d’affiches,on retrouve une fidèle : la grande harpiste MarielleNordmann revient pour la neuvième fois dans leVar pour rendre un hommage particulier à Debussydont on célèbre le 150e anniversaire de la naissan-ce. Avec Rameau au temps baroque, Berlioz chez lesromantiques, plus proche de nous, Claude Debussy

(1862-1918) est le troisième «grand» compositeurfrançais de l’histoire de la musique. Tous trois ontinnové dans la conception de l’art musical, le do-maine de l’harmonie en particulier, et les liens entreles arts et la littérature… Debussy était lié aucourant symboliste et on a qualifié sa musique d’im-pressionniste. Sa musique est couleurs, mais il

réfutait le terme, étant avant-gardiste dans tousles genres. Si Marielle Nordmann joue des Pièces pour harpe,instrument que le musicien a particulièrement soigné,on l’entend aussi dans Danse sacrée et Danse pro-faneen compagnie du bien nommé Quatuor Debussy.Christophe Collette, Dorian Lamotte (violons),Vincent Deprecq (alto) et Fabrice Bihan (violon-celle) interprètent également son magnifiqueQuatuor en sol mineur, avant que les musiciensréunis nous fassent découvrir une partition éton-nante, tout en suspension et tension d’André Caplet(proche de Debussy) inspirée d’une nouvelle d’EdgarPoe : Le masque de la mort rouge.JACQUES FRESCHEL

Festival Estival de ToulonAnniversaire DebussyLe 14 juin à 21hCollégiale Saint-Pierre, Six-Fours04 94 93 55 45www.festivalmusiquetoulon.com

Debussy en ouverture…

Marielle N

ordmann ©

X-D.R.

Depuis 1996, Arles devient, au cœur de juillet, lacapitale des musiques du monde avec un festivalsingulier. Car ce n’est pas si fréquent qu’un festivaldit de musiques du monde conjugue avec autantde cohérence et d’équilibre la dimension festive etpopulaire à l’exigence artistique. C’est l’ambitionassumée et généralement atteinte par l’équipe desSuds.Pendant une semaine, les nombreux trésors patri-moniaux de la cité provençale deviennent les écrinsdes sonorités du monde. Loin des conservatismes,du repli et des cultures figées. C’est, ici, le sens dela démarche artistique qui prime. Cette année en-core, les grands noms côtoieront les découvertes, lesavant alternera avec le profane, et l’acoustiqueintimiste avec la ferveur électrique. De 10h à 4h le lendemain, il y a toujours une ren-contre à faire. Dans un musée, à la terrasse d’un café,sur le Rhône, dans un théâtre romain ou un ancienatelier ouvrier. La rencontre, c’est aussi une des mo-tivations de cet événement. Des rencontres entre lestraditions en mouvement, les répertoires mais aussientre artistes qui viennent faire converser leurs iden-tités, façonnant une mondialisation émancipatrice.Cette année ne fait pas exception. C’est le cas du pro-jet Traveller d’Anoushka Shankar. La fille et discipledu maître du sitar Ravi Shankar et demi-sœur deNorah Jones célèbre ainsi les noces du raga indienet du flamenco andalou avec Sandra Carrascoau chantet El Piraña aux percussions. D’autres rendez-vouss’annoncent fascinants comme The River, avec lechanteur folk anglais Piers Faccini et le griot ma-lien Badje Tounkara qui proposent un voyage àtravers le blues américain et ouest-africain. Ouencore Antonio Placer et Jean-Marie Machado(Espagne-France) qui vont croiser leurs parcours

sur la thématique des migrations. Évoquons enfinImmobile voyage, un dialogue franco-iranien entreIsabelle Courroy et Shadi Fathi. Parmi la soixantaine de concerts, et les grandessoirées programmées au théâtre antique, il ne fau-dra pas manquer le contrebassiste israélien AvishaïCohen, le pianiste inclassable Tigran Hamasyan, leBuena Vista du Maghreb El Gusto, la grandechanteuse chaouie Houria Aïchi et les toujoursmotivés Zebda.

Au-delà de diffuser, le festival propose aussi detransmettre, à travers un large panel de stagespluridisciplinaires (chant, danse, pratique d’uninstrument). Et le spectateur, à défaut de devenirartiste, devient acteur. On dirait bien les Suds, oùle temps ne dure pas si longtemps.THOMAS DALICANTE

Les SudsArlesDu 9 au 15 juilletwww.suds-arles.com

Des Suds rebelles et pluriels

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FESTIVALSMUSIQUES INTERDITES | AIX 13

Réhabiliter les compositeurs et les oeuvres interditespar les systèmes totalitaires, rendre leur place à desartistes et restituer ainsi au public un patrimoineessentiel, tout en affirmant les victoires de lacréation sur les dictatures, initier une program-mation de créations contemporaines en synergieavec les recréations d’œuvres interdites du début duXXe siècle, tels sont les objectifs de ce 7e Festival»conçu par Michel Pastore. Deux grands concerts sont à l’affiche. SébastienBillard dirige l’Orchestre de la Garde Républicaine,la soprano Emilie Pictet, le baryton MathiasHausmann dans des œuvres lyriques de FranzSchreker, musicien brisé par le nazisme, et despièces pour orgue (Frédéric Isoletta sur l’instru-ment restauré) d’Aldo Finzi, poursuivi quant à luipar les fascistes italiens. Le comédien Charles Ber-ling s’emploie à créer un fil sensible entre ces opuspuissants et une étonnante installation du plas-

ticien Philippe Adrien. On découvre de nombreusescréations autour De la Vie Eternelle de Schreker :ses Cinq chants profonds, L’Infini, Prélude et fuguede Finzi et Nuit obscure de Karol Beffa inspiré deSaint-Jean de la Croix, poète mystique emprisonnéet banni au XVIe siècle.Musicien surdoué, pianiste, improvisateur, Beffaest à l’honneur en 2012 : on le retrouve en préludeà la manifestation dans l’accompagnement pianisti-que du film muet Journal d’une fille perdue de Pabst(un film sulfureux de 1929 avec Louise Brooks),avant la création mondiale de son opéra Le Châteaud’après Kafka, dont les écrits furent interdits et lafamille exterminée. Un évènement attendu ! JACQUES FRESCHEL

MARSEILLECiné-concert le 1er juin à 17h. AlcazarSchreker, Finzi… le 16 juin à 21hLe Château le 30 juin à 21hÉglise Saint-Cannat, Marseille04 91 90 46 94www.musiques-interdites.eu

Créer… et survivre !Le Festival Musiques Interdites 2012à Marseille prend ses quartiers en juindans la belle acoustique de l’EgliseSaint-Cannat-Les Prêcheurs

Mathias H

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Wilfried H

o�sl, 2010

À côté d’opéras et de concerts d’une qualité excep-tionnelle, de la fidélité à Mozart, d’un certain soucide promouvoir la création et les jeunes artistes, lapolitique de Bernard Foccroulle s’engage active-ment dans la voie éducative. Les chanteurs del’Académie européenne de musique, par exemple,participent à des ateliers de sensibilisation et dedécouverte de l’opéra auprès de jeunes scolarisésdans la région. Des centaines d’élèves assistent à desrépétitions, découvrent «l’envers du décor» et pro-fitent d’interventions dans les classes.Le festival pousse l’aventure pédago en favorisant lapratique artistique en milieu scolaire grâce à desrésidences d’artistes professionnels, soucieux de latransmission, qui débouchent sur une présentationau public. Josette Baïz et les danseurs de sa Com-pagnie Grenade travaillent en ateliers en vue d’une

création en 2013 inspirée du Roméo et Juliette deProkofiev. Des écoliers et collégiens s’approprientdes pièces vocales sous la direction de BenjaminLunetta, en association avec des enseignants etélèves du Conservatoire d’Aix. Tout ce petit mondea rejoint le Junior Orchestra pour la «Journéeeuropéenne de l’Opéra» au Grand Théâtre de Pro-vence le 13 mai dernier. En vue de cette journée,au fil de quelques sessions, des instrumentistesissus des écoles et conservatoires du territoire ontété encadrés par des musiciens du prestigieuxLondon Symphony Orchestra.

Nouveaux publicsDans le même esprit, le Festival d’Aix, en collabo-ration avec RESEO (Réseau européen pour lasensibilisation à la danse et à l’opéra) et l’AFO(Association Française des Orchestres) invite desenseignants, étudiants, artistes, intervenants enmilieu scolaire et associatif à débattre autour dela dimension intergénérationnelle et de l’opérapour enfants (les 14 et 15 juillet). On l’aura compris, à Aix comme ailleurs on est sou-cieux du renouvellement des publics pour la musique

classique. Des tarifs très préférentiels sont ménagéspour les jeunes, le service socio-culturel du festivalPasserelles développe des liens entre l’art lyrique etdes univers sociaux a priori éloignés. Le Chœur mul-ticulturel Ibn Zaydoun ou Frédéric Nevcherlianjouent le jeu de l’ouverture et du métissage au tra-vers d’ateliers de chant du Moyen-Orient ou du slam. C’est avec l’Enfant et les sortilèges que s’articuleparticulièrement cette volonté de mixer les géné-rations, les pratiques et les publics, grâce à desrésidences créatives autour de Berceuses tradition-nelles comoriennes chantées par des mères et leursenfants vivant à la cité de la Savine à Marseille. Lafantaisie lyrique de Ravel sert également de sourced’inspiration pour des épisodes radiophoniques quiseront présentés lors d’un «Radio-opéra» mi-juillet.JACQUES FRESCHEL

Festival d’Art LyriqueAix-en-Provence0820 922 923www.festival-aix.com

Si le Festival d’Aix reste attentif à la grande tradition lyrique, il se tourne également vers des actions pédagogiques

La face cachée d’Aix

Jeune public à� l'Archevé�ché� © Elisabeth Carecchio

Jeune public au GTP © Elisabeth Carecchio

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FESTIVALS14 MUSIQUE ACTUELLE

Le festival Musiques à Gardanne et sa formule bien pen-sée mêlent sur différentes scènes des genres bien diffé-rents. Opérette marseillaise, rock, musiques urbaines,gitanes… il y en aura pour toutes les chapelles ! Avec Lepays des galejeurs, d’après l’opérette de Scotto Au pays dusoleil, la troupe des Carboni nous replonge au cœur de lacité phocéenne, après le vrai succès populaire de Un de laCanebière. Mais ce n’est pas fini ! Cette première soirée du30 juin, pour le moins éclectique, propose également lehip hop de Yuna Project, et le spectacle Ma guitare s’ap-pelle reviens où Yvan le Bolloc’h assouvit sa passion pour

la musique gitane.La chanson «a cappella» sera à l’honneur le 6 juillet pourla dernière soirée de ce rendez-vous festif et coloré avecles Sept garçons aux voix d’or de Tale of voices, ardentsdéfenseurs de la voix nue, à découvrir… FRED ISOLETTA

Musique à GardanneLes 30 juin et 6 juilletDivers lieux, Gardannewww.ville-gardanne.fr

Repos militant!Il était un petit village au cœur du Vaucluse peuplé d’êtres curieux... Le fes-tival Sons Dessus de Sault a fait ses preuves pendant quatre années mais re-çoit de moins en moins de témoignages d’amour : disparition de soutiens,désengagements, baisse de subventions… Il n’en fallait pas moins pour quenos glorieux défenseurs de la culture (au demeurant en milieu rural) main-tiennent la cinquième édition dudit festival, sur une seule journée (26 mai) enconviant les partenaires, artistes et publics à une grande sieste collective dansle village de Sault. En plus de ce repos artistique militant nous retrouveronsle projet de création mené au collège de Sault avec le collectif Inouï et lespectacle déjanté Manivelles, sans oublier quelques animations musicales tou-jours festives et réussies. F.I.

Sons dessus de SaultLe 26 mai à partir de 15hSault04 90 64 12 26www.pharealucioles.org

BrazilL’association Sarava promeut depuis une vingtaine d’an-nées la culture brésilienne dans son ensemble dans la ré-gion Paca et plus particulièrement dans le Var (Créationsculturelles, actions pédagogiques, échange). À l’Espacedes Arts du Pradet, le festival Scènes du Monde fêteranaturellement le…. Brésil ! Au programme, des stages dedanse brésilienne, capoeira, percussions et une masterclass du guitariste Cristiano Nascimento. Et bien sûr,des concerts : Femininas, spectacle musical qui invite àdécouvrir le Brésil féminin (le 25 à 21h), mais surtout etpour la première fois en France la samba de Luiza Dioni-zio, immense interprète de samba de Rio (le 26 à 21h). F I

Scènes du MondeLes 25 et 26 maiEspace des Arts, Le Pradet04 94 75 43 92www.le-pradet.fr

Enfin la 5e édition du B-Side Festivalva envahir divers lieux culturels de lasphère marseillaise ! Rock, pop & folkau programme de ce rendez vousdécalé à ne pas manquer. Ouvertureoutre-Atlantique à la Machine àcoudre avec Jeffrey Lewis & TheJunkyard (22 mai à 21h), plaisir deretrouver au Grim le son descaliforniens Sleepy Sun (9 juin à

19h30), détours rock punk auxinfluences multiples à la Machine àcoudre avec Marvin puis Shub (3juin à 21h) et déballage garagedéjanté à l’Embobineuse au contactdes californiens Thee of Sees et desfranco-italiens JC Satan (10 juin à21h) avant de conclure auDemoiselles du 5 avec LaetitiaSadier et son «indie» et le trio

franco-argentin Eastern Committee(14 juin à 19h30). Pass festival 35€chez Lollipop !F.I.

B.SideDu 22 mai au 14 juinDivers lieux, Marseillewww.inthegarage.org

Be there

À ne pas rater ! Un lieu à découvrir,et ouvert pour la première fois aupublic, le Fort Ganteaume accueillerasur les contreforts du Vieux Port, avecune vue imprenable sur la rade deMarseille, le festival Be.Fort,véritable bulle printanière pour lesamateurs de dance floor. Et avant lesDJ, le G.U.I.D, à savoir le GroupeUrbain d’Intervention Dansée duBallet Preljocaj, précédera pour cesdeux soirées singulières le hip hopfunky du MC Blitz the Ambassadoraccompagné de son EmbassyEnsemble (31 mai) et la machine àfaire danser Smoove et Turell, duobritannique soul & grooveenchanteur et terriblement efficace(1er juin). Musique live, danse et Djdans un cadre pareil ? Be happy…F.I.

Be.FortLes 31 mai et 1er juin de 19h à 2hFort Ganteaume, Marseillewww.be-fort.com

Wild Side

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MUSIQUE ACTUELLE | DU MONDE FESTIVALS 15

Les 1er et 2 juin, les ruelles escarpéesd’Endoume et le Théâtre Silvain, aucœur du 7e arrondissement de Marseille,seront le théâtre des Rencontres Vo-cales initiées par l’ensemble LesVallonés. Au programme de ce 8efestival gratuit (anciennement OkChorales), une première journée auThéâtre Silvain avec les rencontreschantées Voix de la Mer où plus de1000 élèves d’écoles primaires, accom-pagnés par des musiciens professionnelset 45 professeurs des écoles, chante-ront (à 11h) 13 chansons du répertoireAu fil de l’eau, puis à 18h30 AquaSomnia, œuvre pour trois chœursd’enfants et dispositif électroacous-tique d’Olivier Stalla et DominiqueSorrente. Le 2 juin, dès 15h, la Bala-de musicale guidée nous entrainera à

la suite d’une quinzaine d’ensemblesvocaux, du vallon des Auffes au pontde la Fausse-Monnaie, de l’église StEugène au Parc Valmer. En clôture,joutes vocales, tous styles et époquesconfondus, de 18h30 à la nuittombée au Théâtre Silvain avec leConcert des ensembles vocaux adultes(Acanthe, Bel Air, les Notambules…).DE.M.

Rencontres VocalesLes 1er et 2 juinMarseille, 7e

06 20 17 21 78http://lesvallones.com

Au fil des chorales

Les Valloné�s © LesVallonés

Dix-neuvième édition, ça commence à compter ! Et le cru 2012 des NuitsMétis s’annonce festif et pétillant. Du 21 au 23 juin, le plan d’eau de Saint-Suspi à Miramas fera office de théâtre de verdure pour métisser ses nuits…et ses jours avec trente spectacles gratuits dont Massilia Sound System,Kabbalah, Flavia Coelho, ou encore le phénoménal reggae français de Danakilet l’électro-rock saharien des Temenik Electric, croisés sur le plateau du dernierBabel Med Music. Aux couleurs des cinq continents, trois jours et trois nuitspour festoyer dans une ambiance familiale et populaire autour de concerts,spectacles, déambulations, cirque, ateliers pédagogiques, contes musicaux.Rien de tel pour célébrer l’arrivée de l’été… F.I.

Nuits MétisDu 21 au 23 juinMiramas04 90 17 48 38www.nuitsmetis.org

Trente couleurs

Flavia Coelho © Roch Armando

Lo Còr de la Plana (voir p 67) parti-cipe aux Joutes musicales de printempsde Correns. Entretien avec le fonda-teur du groupe

Zibeline : Quelle est la genèse de cetroisième album ?Manu Théron : Cet album est la fina-lisation de ce qui a motivé lafondation du groupe en 2000, fairede la polyphonie masculine à partirdu patrimoine chanté occitan surtrois thématiques : chants religieux, àdanser et politiques. Quatre morceauxont été écrits par des auteurs mar-seillais issus des mouvements sociauxd’après 1848 et 1870 et pour la plu-part compagnons de route de ClovisHugues, Jules Guesde, Auguste Blan-qui, Gaston Crémieux. Ces chansonnierssont appelés troubaïres car ils con-naissaient l’apport des troubadours etde la langue d’oc mais ne se situaientpas dans la divagation poétique mis-tralienne. Ils avaient les pieds dansles préoccupations populaires etfaisaient déjà de la protest song.Quel écho ont ces chants dans lemonde actuel ?Ils sont directement liés à la Com-mune. Le travail de collecte a étéréalisé par Claude Barsotti, chroni-queur occitan de La Marseillaise, quia créé un corpus très riche. Ce sontdes chants de combat qui avaientpour but d’édifier et d’unifier les mas-ses pour leurs luttes. Ils sont doncimportants à notre époque où la chan-son populaire porte peu de contenupolitique. Ou quand il existe, il esttellement explicite qu’il en devientrébarbatif.

Que défendez-vous à travers l’utili-sation de la langue provençale ?C’est une façon de nous réappropriernotre histoire. Une histoire populairequi n’est malheureusement pas ensei-gnée. Nous voulons donner accès à cepatrimoine, le remettre à ses héri-tiers, les habitants de cette région,qu’ils parlent occitan ou pas. Il n’y apas de conservatisme dans notreattachement à la langue provençale,contrairement à ceux qui ont despostures nostalgiques et revanchar-des, et pour lesquels la langue n’estpas, au final, le souci.PROPOS RECUEILLIS PAR THOMAS DALICANTE

Les Joutes musicales de printempsDu 25 au 27 maiCorrens04 94 59 56 49www.le-chantier.com

Contenu politique

Lo Cor de la Plana © Santi Oliveri

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FESTIVALS 16 GAGERON | KARWAN | MARTIGUES

Pour la 7e année, l’association arlé-sienne Cultures Nomades Productionprogramme les Rencontres de CréationIn Situ, exposition d’art contem-porain organisée au Mas du GrandArbaud, au cœur de la Camargue, àGageron. Une dizaine d’artistes, dontla résidence de création s’est termi-née le 14 mai, créent et installent leurœuvre en adéquation avec l’environ-nement proposé, avec toujours pourobjectif de «sortir la production artis-tique du confinement muséal, inviterau métissage des modes d’expression,rapprocher la pratique artistique duchamp social». Le thème central cetteannée est le son, sujet ou médiumdes œuvres exposées, décliné defaçons très différentes.Parmi les artistes présents, citons,entre autres, Les Jujak, Olivier Huetet Margrit Neuendorf, questionnentle silence en tant que «son blanc, blanccomme le sable utilisé pour étoufferle bruit» dans Une plage de silence,Nicole Barondeau et le Son musicalde son installation évoquant l’imagi-naire de la musique, le Mur de sond’Armand Olivier, sorte de retablesilencieux qui révèle et consacre lelieu d’exposition, Guillaume Gras etle Lémurian orchestra qui permet depénétrer dans l’univers du faux silen-ce créé par le vent ou la pluie…L’exposition est visible jusqu’au 15juillet. DO.M

In Situ 0.7Jusqu’au 15 juilletLe Mas du Grand Arbaud, Gageron04 90 49 89 10www.culturesnomades.org

Organisée par l’association Karwan,et soutenue par le Conseil général desBouches-du Rhône, la 3e édition deLa Folle Histoire des Arts de la Rue serasingulière autant qu’entrainante. Ellemarquera une étape importante avantcelle de 2013, inscrite au programmedes manifestations de Marseille-Pro-vence capitale européenne de laculture. Du 9 au 17 juin, trois compagnies bar-celonaises investiront gratuitement lesplaces et les rues de cinq communes dudépartement (Saint-Martin-de-Craule 9 juin, Eygalières le 10, Malle-mort le 15, le Puy-Sainte-Réparadele 16, et Puyloubier le 17, voir p 43).Les habitants seront invités à décou-vrir l’univers comique de Léandre etses proches, des artistes disciples ducomique de situation, qui jouerontdans l’espace public, chacun à leurtour, en journée ou en soirée, entrerires, émotions et danse. En 40 mi-nutes, le clown-mime installera dansla rue sa maison Chez Léandre, irré-sistible de poésie et fantaisie, pourpartager avec la complicité du publicses gestes du quotidien. Avec Barcode Arena, les spectateurs iront à larencontre de la danse contemporaineavec Claire Ducreux et son travailchorégraphique évocateur d’imageset de situations familières surpre-

nantes. Un hommage à la vie, l’amouret l’inespéré. Léandre Ribera revien-dra avec la Cie La Tal dans Démodés,une tragi-comédie sur la fin descomiques avec trois clowns classiquestouchés par la crise. À Marseille le 23 juin, la Cie LaFrançaise de Comptages clôturera lefestival avec un final grandiose,participatif (et gratuit toujours) entransformant le parvis des Archiveset Bibliothèque départementaleGaston-Defferre en véritable studiode cinéma hollywoodien pour le tour-nage d’un polar. Une Cerise Noire estun hommage au 7e art, un making-offcinématographique en rue, offrant auspectateur une expérience inédite,entre fiction cinématographiquemaîtrisée et magie du théâtre vivant.

Véritable fil rouge des éditions 2012et 2013, à découvrir en entrée libreet entre chaque représentation, lecamion-expo Le Porte-Folie, accessi-ble en français, anglais et arabe, avantson départ sur les routes d’Europe etde Méditerranée. Un semi-remorquedoté d’un espace d’exposition de55m2 qui offre un parcours multimé-dia et illustré pour voyager à traversfilms, photos, témoignages et décou-vrir toute la richesse et la diversitéde l’art en espace public d’une rive àl’autre.En 2013, l’édition déploiera une cin-quantaine de spectacles du 3 au 23mai, sur 6 villes des Bouches-du-Rhône,reflétant l’actualité des Arts de la Rueen Europe et Méditerranée. DELPHINE MICHELANGELI

La Folle Histoire desArts de la RueDu 9 au 23 juinBouches-du-Rhône04 96 15 76 30www.follehistoire.fr

En cette année du Forum mondial de l’eau, Martiguess’empare du thème pour «sensibiliser tout un chacun à[cette] question, comme un bien précieux à préserver» lorsde l’édition 2012 de son Odyssée. Une manifestation qui

se place dans la continuité de la précédente, avec toujourscette volonté de mêler les arts et les sciences, les artisteset les chercheurs qui tous questionnent à leur manière levivant et la création, mais aussi, cette année, pour poserdes jalons en prévision de Marseille Provence 2013, «pourtravailler ensemble à ce que nous voulons et à ce qui a étédepuis le début les valeurs de l’Odyssée, à savoir fraternité,solidarité, émancipation à travers des temps de participa-tion citoyenne».Pour questionner le sens symbolique, onirique et primor-dial de la représentation de l’eau, deux axes seront moteursdes réflexions : l’eau, source de vie et d’inspiration, etl’eau, milieu de vie et élément majeur du développementdurable. Le programme des manifestations artistiques surl’eau étant le fil rouge de cette Odyssée, Martiguesaccueille la compagnie Ilotopie, associée à la manifesta-tion, et leur spectaculaire spectacle Fous de bassin (enouverture le 26 mai à 22h) au cours duquel se mêlent «ac-teurs-chimères, joutes de feu, envolées musicales etmécaniques incandescentes». Autres temps forts attendus,Mare Sonorum, des concerts subaquatiques par MichelRedolfi, Wabetico (envol d’un peuple), un concert du grou-pe Kanak Celenod, une conférence du politologue etéconomiste italien et fondateur du Comité internationalpour un Contrat mondial de l’eau, Riccardo Pétrella, l’ex-position Les Géants de Patagonie de Renaud Perrin, maisaussi des monstrations étalées sur les deux semaines del’Odyssée qui révéleront les Janus, deux divinités aquati-ques installées par la cie Ilotopie, un ballet ininterrompualimenté par énergie solaire (en préfiguration d’Annapos,

La Rue, en course folle

cité lacustre, spectacle en prépa-ration pour MP2013)… Sans oublierles zapéros conviviaux au bord del’eau !DO.M.

L’Odyssée de MartiguesDu 23 mai au 5 juinDivers lieux, Martigues04 42 44 30 71www.ville-martigues.fr

Au fil de l’eau

Art ensituation

Fous de bassin © PinkF

Mur de son, d'Armand Olivier

Une cerise noire, La Franc�aise de Comptages © Vincent Muteau

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CANNES | AIX 17FESTIVALS

Le 9 mai à la Maison de la Région, Michèle Tregan,Conseillère régionale représentant Patrick Mennuc-ci, convoqué à Paris, a présenté l’action de laRégion au 65e Festival de Cannes, après avoir rap-pelé les axes de sa politique, en particulier le fondsde soutien à la production cinématographique d’unbudget annuel de 3 millions d’euros pour des pro-jets tournés pour 50% dans la région. Sur les 8 longsmétrages soutenus cette année, 2 sont en compé-tition à Cannes : De rouille et d’os de Jacques Audiardet Renoir de Gilles Bourdos (Un certain Regard).De nombreux partenaires étaient présents, en parti-culier l’association Cinémas du Sud, chargée dudispositif «Lycéens au cinéma» qui, pour la 12eannée, permet à des classes d’assister au festivalde Cannes : 505 lycéens et apprentis issus d’unevingtaine de lycées, cette année. Le stand mis enplace par la Région dans l’espace International LaPantiero leur permettra aussi de s’informer sur lapolitique régionale en matière de cinéma et d’au-diovisuel, d’échanger ou de faire simplement unepause…Présent aussi William Benedetto de l’AlhambraCinémarseille qui, depuis 2005, reprend une partiedes films de la Quinzaine des réalisateurs, sectionsans compétition, organisée par la Société des Réa-lisateurs de Films, qui permet d’aider les cinéasteset de favoriser la découverte de leurs films.Cette année, le public marseillais pourra ainsi voir13 films sur les 19 de la 44e édition, que le nouveauDélégué général, Edouard Waintrop, viendraprésenter à la soirée d’ouverture, le 29 mai avant laprojection de la comédie, nouveau film de BrunoPodalydès, Adieu Berthe, l’enterrement de Mémé.Trois autres films français, Le Repenti de MerzakAllouache qui sera présent le 30 à 20h 30, Camilleredouble de Noémie Lvovsky ; Rengaine, le premierfilm de Rachid Djaïdani autour des tabous sur lesmariages entre noirs et arabes.La sélection permet aussi de voyager. En Amériquedu sud : en Colombie, avec le premier film de Wil-liam Vega, La Sirga ; dans l’Argentine des années80 avec Une Enfance clandestine de BenjamínÁvila et dans le Chili de Pinochet avec No de Pablo

Larraín. En Asie aussi, avec une adaptation chinoisepar Jin-ho Hur des Liaisons dangereuses de Laclos,avec la superbe Ziyi Zhang. L’écrivain, réalisateur,producteur Anurag Kashyap nous emmènera enInde, à Wasseypur où s’opposent trois générationsde gangsters dans un film de genre de 5 heures,Gangs of Wasseypur. Le premier long de MassoudBakhshi, Une famille respectable, nous replongeradans la guerre Iran-Irak. Michel Gondry nous feravoyager en bus avec des lycéens du Bronx dans TheWe and the I et Ben Wheatley en caravane sur lesroutes anglaises dans Touristes.Les enfants (et les grands, avec nostalgie !) décou-vriront l’adaptation des albums de Gabrielle Vincent,Ernest et Célestine par Benjamin Renner, StéphaneAubier et Vincent Patar, d’après un scenario deDaniel Pennac avec les voix de Lambert Wilson etde Pauline Brunner. Le meilleur de Cannes à Marseille ?ANNIE GAVA

La quinzaine des réalisateursFestival de CannesDu 16 au 27 maiwww.festival-cannes.frAlhambra cinémarseilleDu 29 mai au 10 juinwww.alhambracine.com

Cannes et l’Estaque

Camille redouble de Noe�mie Lvovsky © A. Borrel-fcommefilm-cine�

Adieu Berthe (ou l'enterrement de mé�mé�) de Bruno Podalyde�s © Anne-Franc�oise Brillot - Why Not Productions

«Temps paisible et harmonieux des choses» murmureJoëlle Gardes aux détours du texte Couleurs du tempsqui sera lu par Marie Christine Barrault le 10 juin.Où ? Dans un jardin bien sûr, à découvrir au détourde ces flâneries qu’Andréa Ferréol nous offre pourla 6e année. Un travail de 8 mois de préparation, desbénévoles attentifs, et 80 000€ à récolter, mécé-nats, subventions… Manque à l’appel cette annéela ville d’Aix, alors que cette manifestation sur deuxjournées la célèbre, et amène à découvrir des lieuxcachés, à porter un regard neuf sur les plus connus,habités par des œuvres sculpturales, picturales,animés par 11 concerts et des spectacles (BalletNational de Marseille, cie Didier Théron). Les Flâneries permettent aussi de rencontrer desartistes, 18 cette année, et de retrouver leurs œuvreshors des galeries, comme une pousse disciplinéeou folle des jardins. On y trouve Le sac d’AndréaFerréol par Véronique Bigo : les objets représentésracontent le personnage, dévoilent l’intimité, trans-forment l’objet mort en récit inventé par chacun.Véronique Bigo sourit, citant Duchamp, «c’est leregardeur qui fait l’œuvre». Ici, le voyeur ?Le sculpteur Jean-Pierre Dussaillant «ne veutqu’apporter un moment de bonheur et d’esthétique».Son matériau préféré ? le bronze, pérenne, avec sapatine, permet un art direct, «pas de bavardage, ilfaut aller à l’essentiel». Le peintre Mohamed Lekletiquestionne directement l’humanité, cherche à endéfinir la nature et l’unité dans une inspirationnourrie de cultures multiples, et de surréalisme. Sespersonnages, travaillés d’une mythologie personnelle,empruntent aux chevaux, aux êtres en devenir, semétamorphosent, exposent leurs trajets, superpo-sent, déforment, cherchant «le propre de l’homme».Entré en peinture depuis seulement 10 ans, Jean-Louis Foulquier reprend dans ses toiles des «gueulesde nuit», qui rappellent l’univers du cinéma danslesquels il a évolué pendant 40 ans. «Ces tronches,il faut qu’elles apparaissent et me parlent.» Il lesjette en grand et contrastes durs sur la toile, commeun fauve pour qui les lumières de la nuit garde-raient les couleurs chaudes et la vivacité du sang…Et il y a encore 14 artistes…. Y a-t-il meilleuremanière de flâner ?MARYVONNE COLOMBANI

Flâneries d’ArtLes 9 et 10 juinAix-en-Provence06 09 11 99 61www.aix-en-oeuvres.com

Métaphore du paradis

Jean-Louis Foulquier, Bodega. 113x162, 2010

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FESTIVALS18 FÊTE DU VÉLO | FÊTE DU PANIER | FÊTE DU LIVRE DE LA CANEBIÈRE | LA VALETTE

Fin d’après-midi sur la Corniche, heure où tout aulong de l’année les automobilistes mangent leurvolant dans les embouteillages, incapables deprofiter de la beauté du site, pendant que lesjoggers encrassent à fortes doses de gazd’échappement leurs poumons vulnérables. Toutel’année ? Non. Car un collectif d’irréductiblesoptimistes à vélo, croyant aux vertus de laréappropriation urbaine, s’emparera pour la 7e foisdes grandes artères marseillaises par un beaudimanche de juin. L’occasion ou jamais de sepencher sur les innombrables vertus de notre petitereine : air moins pollué, planète préservée, souffleretrouvé, jambes fuselées, plaisir partagé,efficacité... Tout en goûtant le luxe de sillonner laplus belle ville du monde comme dans un rêve sansvoitures. D’un côté, la mer, zébrée d’un Frioulcalcaire à tomber par terre. De l’autre, une cascadede ruelles blanches dévalant vers de petits portscolorés. Et sous nos (deux) roues, une chausséepleine de musique et d’enfants qui dansent. Unparadis duquel malheureusement il faudra bienredescendre dès le lundi suivant, pour reprendre savieille routine chargée en CO2.Hélas, ça ne peut pas être la Fête du Vélo tous lesjours. Quoique ?GAËLLE CLOAREC

Fête du VéloLe 3 juin à 10hrdv Parc du XXVIe Centenairehttp://feteduvelomarseille.com/

Petite reine deviendra grande

La fê� te du ve� lo, 2011 © Vincent Lucas

Les 15 et 16 juin aura lieu la 19eédition de la Fête du Panier, lerendez-vous annuel en plein air dansle quartier mythique de la citéphocéenne qui signe l’arrivée de l’été.L’an passé 40 000 personnes s’étaient

pressées à cet événement populairegratuit, incontournable vitrineassociative et festive de Marseille. Laquintessence de la fête de quartier !Toutes les générations se rassemblentpour déambuler à travers les ruelles

et les places, partager des instantscommuns autour de cette flâneriemusicale et conviviale. Cette année,en dehors des créneaux horaireshabituels de la fête, s’adjoignent desrendez-vous «hors cadre» avec dessets dj dés 14h, un balèti entre 12het 13h, des contes pour enfants enfin de matinée, des balades en ânesdans la journée, des visites guidéespour redécouvrir le quartier, unechasse au trésor, des ateliersartistiques, des spectacles. Unetrentaine de concerts sontprogrammés, parmi lesquels GariGréu, le leader des Massilia Sound

System (le 16 juin à 20h place desPistoles), suivi (à 23h) par lachanteuse anglo-indienne SusheelaRaman ; un voyage du flamenco à larumba avec Tchanelas (le 16 juin à22h place de Lenche) ou de lamusique tzigane avec Mascarimiri(le 15 juin place des Pistoles).DE.M.

Fête du PanierMarseilleLes 15 et 16 juin04 91 91 09 28www.fetedupanier.com

Du vent dans les pagesLe 4e Festival du Livrede la Canebière,organisé parl’association CouleursCactus en partenariatavec la Mairie des 1er et7e arr., se déroulera du8 au 10 juin. Où ? Sur laCanebière bien sûr. Maispas seulement ! Lamanifestation prend del’ampleur et investit denouveaux lieux.L’édition précédenteavait déjà offert unebelle soirée de clôtureau Port, sur le voilier LeDon du Vent. Il en ira de même cette année. Toutela journée du dimanche sera d’ailleurs résolumenttournée vers la mer, avec une possibilité d’escapadeau Frioul et une proposition de balade à partir duFort Saint-Jean. Pas de doute, ce festivalaugmente la voilure. Tout en conservant ce qui faitsa couleur particulière -la diversité despropositions, l’attention portée à tous les publics,les thématiques de la migration, du métissage etdes voyages en tous genres- chaque année, ilinnove, tente de nouvelles incursionsgéographiques et artistiques. Des passerelles entreles lieux, entre les arts, avec l’ambition généreusede multiplier les échanges, les lectures, les pointsde vue. Pour cette 4e édition, 50 auteurs seront présents,venus souvent de loin, de Catalogne commeFrancesc Serés (voir p.70), de Norvège commeMonika Kristensen ou d’Afrique, comme LéonoraMiano et Maïssa Bey. Autre nouveauté de cetteédition : la résidence proposée à deux auteurs de larégion, le romancier René Frégni et le bédéistemarseillais Eddy Vaccaro, qui croqueront duranttrois jours «le quotidien de la Canebière» puisprésenteront leurs «écrits sur le vif» lors de lasoirée de clôture. Rappelons que le Festival du Livre, ce sont desrencontres littéraires de qualité, des ateliersd’écriture et de lecture, des séances de dédicaces,bref tout ce qui a trait aux livres et à la littérature.Que ce sont aussi des expositions, des spectacles…

À noter, par exemple, celui que proposera lecollectif Manifeste Rien. En 2011, le public avaitapplaudi Le massacre des Italiens. Jeremy Beschonet Virginie Aimone donneront cette année auxfestivaliers la primeur de leur toute nouvellecréation Chacal (le 9 à 18h). Que ce sont encoredes balades sur la Canebière, à la découverte delieux et de personnages insolites, que lacomédienne Bénédicte Sire concocte avec humour.Un concours d’illustration et de nouvelles, auxquelsZibeline s’associe, et des manifestations au CentreDugommier (voir p 51). Une croisière originale,gratuite et sans danger, sur les mots et entre lescultures.FRED ROBERT

Le Festival du Livre de la CanebièreLes 8, 9 et 10 juin09 54 20 15 85www.festivaldulivredelacanebière.com

Le Panier en fête

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Depuis 10 ans le Parc des Troènes, à La Valette-du-Var, se transforme en Villagedes contes pour accueillir la manifestation Contes & Jardins, unerafraichissante, et conviviale, plongée dans un pays des merveilles dont lesconteurs hors pair -tous sont déjà venus lors des éditions précédentes et sontles «coups de cœur» des organisateurs de cette «édition concentrée»-, sontles guides. Sous une tente ou une yourte, près de roulottes ou un arbre, les six conteursse partageront la soixantaine de séances réparties sur les 5 jours du festival :dans l’univers tsigane de la cie Audigane, Les coffrets ont des histoires, Niglole hérisson voyage, les mioches font la foire et la compagnie fait son cirqueavec des puces qui sautent et des Bonbons circus… ; Philippe Sizaire, lui,racontera le monde avec La souris dans un gant de boxe, des Histoires qu’onsème ou C’est mieux ailleurs ; Colette Migné raconte l’amour aux petits etgrands, quand Ça crac crac dans le jardin ou qu’existent de Petits arrangementssur l’édredon ! ; Catherine Caillaud raconte pour faire grandir, éveiller oubousculer l’histoire de Lili la petite souris, Dans les roses ou dans les choux, ouÀ l’ombre du châtaignier ; Ladji Diallo, qui a grandi en banlieue parisienne, afait le voyage à l’envers pour retrouver ses racines en pays Dogon, et chantela savane, La palabre des vestibules ou les éléphants à la rivière ; et puisl’Afrique toujours avec Rémy Boussengui et l’univers gabonais qu’il conte,s’accompagnant d’un arc musical et d’un tam tam, avec L’arbre qui parle,Blanche Neige, fille d’Afrique ou Tata Bouka le père…DO.M.

Contes & JardinsDu 24 au 28 maiParc des Troènes, La Valette-du-Var04 94 23 62 06www.lavalette83.fr

Contes enchanteurs

© X-D.R

© X-D.R

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THÉÂTRE20 LE LENCHE | LA MINOTERIE | LE GYPTIS | LA FRICHE

La critique, perplexe, rend compte en 1509 signes d’un spectacle inracontable etréjouissant. Où elle décrit son enthousiasme pour le bazar d’un Grand Magasin-cartons, scotch, baskets, gorilles- dans un spectacle qui s’amuse à se décons-truire en se disant au moyen de 50 scènes… racontées à l’avance. Le point dedépart, qui est aussi le point d’arrivée, est simple et judicieux : «pour qu’il y ait dususpense, je dois savoir à l’avance ce qui va avoir lieu». C’est drôle comme unetragédie ! Le tir d’une basket devient une aventure, du moment qu’on se suspendà sa réussite annoncée ; le spectateur, programmé par cette impeccable méca-nique, suit avec une application hypnotique les exploits miniatures et rit de sapropre fascination, satisfaction et déception, espère et redoute la part de hasardque lui réserve l’inévitable. Avec une logique aussi loufoque que rigoureuse, le duopince sans rire que forment François Hiffler et Pascale Murtin taquine les codesthéâtraux, raconte les gestes, le décor, les déplacements qu’il exécute, joue desvariations infimes de la répétition dans une combinatoire subtile et décalée, créel’attente de ce qu’on sait et parce qu’on le sait. Avec la complicité amicale et fidè-le de cette compagnie, et dans une atmosphère de déménagement festif, la Minoteriepoursuit ainsi sa tournée d’au-revoir en forme d’inventaire, avant la fermeture dulieu : on espère aussi, à la façon des Rois du suspense, pouvoir trouver surpriseet joie dans cette fin annoncée. AUDE FANLO

Les Rois du Suspense, par Pascale Murtin et François Hiffler de Grand Magasin, a été joué à la Minoterie les 3 et 4 mai. Programmation en collaboration avec Marseille objectif danse.

© G

rand Magasin

Lorsque Jean-Claude Fall a choisi demettre en scène Hôtel Palestine, cettepièce relative au bombardement parl’armée américaine en avril 2003 d’unétablissement abritant des journalistesà Bagdad, on lui a quelques fois de-mandé ce qui pouvait bien l’intéresserdans «cette guerre déjà passée». À celail répond qu’il est «d‘autant plus perti-nent d’être en confrontation avec cettehistoire contemporaine, même si elle n’estplus d’actualité» que l’on est, consentantou non, enfermé par l’ultra-libéralismerégnant dans un éternel présent. Falk Richter -l’auteur du cycle auquelappartient Hôtel Palestine- a trempé saplume dans le vitriol. Il espère réveillerle spectateur infantilisé par le ronron-

nement constant de la machine média-tique et les mensonges d’État, en le

mettant face aux procédés mêmes quiont conduit à son abrutissement. Pour

Jean-Claude Fall, «les forces politiques,économiques, et les médias ont desintérêts qui convergent. Il ne manqueque la milice et la religion, pour qu’onsoit dans un système fasciste, et celan’est pas assez dit dans les endroitspublics.» Parce que lui n’hésite pas à lefaire, il est bon d’aller voir cette pièce,ne serait-ce que pour se poserquelques bonnes questions : à quiprofite le crime ? Qui donc gagne àmaintenir une citoyenneté faible, uneculture avilie, un libre-arbitre factice ?GAËLLE CLOAREC

Hôtel Palestine a été joué du 17 au 28avril au Théâtre de Lenche

Complicité des nuisibles

© X-D.R

Ils sont quatre, passablement adulescents et pris parla crise d’une trentaine un peu amochée –hantisesd’enfance, chômage, petits boulots, reconversions,infidélités plus ou moins assumées. La belle Hélène,capricieuse et démiurgique, franchement insuppor-table, orchestre la danse : compagne de Franck,maîtresse de son ami Auguste, meilleure amie deGuillaume, le témoin qui reste sur le bord. Ensemble,les voilà embarqués pour un camping sauvage, censéexorciser leurs démêlés, en les transposant en jeuxde rôles. Sur la trame mince d’une comédie de mœursqui revisite le quadrille du Songe du nuit d’été seconstruit un objet non identifiable : l’autodérision deces indécis en mal d’air, avec leur tente Quetchua qui

marche aussi bien que dans la pub, leurs délires hallu-cinatoires, l’attente d’un deus ex-machina qui pourraitaussi bien être un coucou ou le dahu à trois pattes ;la grande ombre des mythes derrière des jeux ré-gressifs qui ont la puissance des rites  ; le plaisir

inquiétant et réjouissant qu’il y a à être son propredéguisement. On a parfois du mal à savoir ce qu’ilsjouent et ce qu’ils sont mais la scénographie distan-cée, toute en contrastes et transparences, introduitune distance mélancolique qui fait contrepoint à lamobilité versatile d’un texte qui tient tous les regis-tres, du vaudeville à la pastorale anachronique, portépar les décalages rythmiques constants du jeu gé-néreux, fait d’excès et de nuances, des comédiens :qu’on s’y perde ou pas, voilà une sacrée partie demontagne !AUDE FANLO

Le quadrille amoché, texte et mise en scène de Charles-Eric Petit, a été joué du 8 au 12 mai au Gyptis

Au-dessus d’un nid de coucou

Ô basket, suspends ton vol !

© Yann Loric

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Pari gagné pour les 48h chrono de la Friche ! Dès la premièresoirée près de 5000 fêtards sont venus au concert de ErikM &FM Eihneit, au bal tango argentin ou aux Oiseaux de nuit duCabaret aléatoire, mais aussi voir les projections horizontales etles vidéos témoignages proposées par Zinc, les peintres à l’œuvreau Street Park… Dans la journée, les 19 et 20 mai, le public étaitnettement plus familial… mais les parents affalés dans les transitsressemblaient, pour certains, aux danseurs rencontrés la veille !La Friche diurne en tous les cas a parfaitement réussi à se révéler,même en chantier, un lieu accueillant pour les enfants : la crèchea été conçue par Mathieu Briant comme un Vaisseau où l’enfantjoue avec son image, une aire de jeu provisoire, avec sable,glissades et perchoir, permettait aussi de dessiner et d’écrire, defabriquer des architectures en duplos, de créer des filmsd’animation… Les adultes aussi pouvaient participer aux ateliers,ceux de Zinc pour photographier dans le noir, le jardinage urbainavec Jean-Luc Brisson, la cuisine aux Grandes tables… Le jour permettait aussi de se faire masser en écoutant desboucles sonores, et de découvrir les propositions plastiques à laTour : la Crash Box d’Anne-Valérie Gasc, exposée sans son site,apparaît simplement comme un gros pneu orange, signal d’ununivers qu’on ne perçoit pas ; mais the Last Swallow, installationéphémère, donne tout son sens aux 48h : gethan&myles ontsuspendu des chrysalides sur le point d’éclore au bout de filsuspendus, délicates, éclairées par un projecteur qui les réchauffe,comme le passage de nos corps. En 48h les papillons ont éclos,et volent dans la salle. Le 19 mai certains s’extirpaient de leurcocon, d’autres déployaient leurs ailes, les derniers attendaientencore ; un mur scintillant comme au coucher du soleil, un tas decanettes froissées rappelaient la dernière gorgée, fin du tempsprécédant la métamorphose…D’autres propositions nécessitaient d’être à l’heure  : laperformance ELSA, où le poète Manuel Joseph, accompagné detrois musiciens qui percutent et distordent à fond, s’en prend à laparanoïa sécuritaire qui nous vidéosurveille  ; les délicieuxaphorismes participatifs de Murphy dispensés par la Cie Parnasle dimanche ; les propositions du GMEM qui finissait son festivalle samedi (voir p 32) par un concert de l’EOC (Zib 53 y reviendra)et des Relectures Cage trop monolithiques : le pianiste WilhemLatchounia a beau avoir un talent exceptionnel, quelques pièces,dont celle de Jodlowski, ont beau déployer un univers personnelmarquant, un long concert de piano préparé a quelque chose delassant lorsque les pièces s’accumulent : celles des huitcompositeurs, aux timbres forcément identiques, aux principesarchitectoniques obligatoirement proches, et aux esthétiquesbridées par choix contingent, oublient l’humour, la provocation, lacuriosité pour les musiques extra-occidentales dont faisait preuveJohn Cage, et dont ces Relectures étaient pour la plupartdépourvues. Pas grave : en 48h, on peut un peu s’ennuyer !AGNÈS FRESCHEL

Les 48h Chrono de la Friche ont eu lieu 48h sur 48, du 18 mai 19h au 20 mai 19h

Journéescontinues

Le temps suspendu, par la cie Parnas © Vincent Lucas

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22 THÉÂTRE LA FRICHE | SIRÈNES ET MIDI NET | FNCTA

Franck Dimech et ses 11 interprètesont eu 3 semaines pour monter uneadaptation du Woyzeck de Büchner,sur une proposition du théâtre Vitez.Onze étudiantes du Département Artsdu spectacle de l’Université de Pro-vence se sont engagées à corpsperdus à jouer des rôles d’hommes,une aventure dont elles sortent gran-dies, à la fois enrichies et brisées.Première image : un espace vide tra-versé en oblique par une longue barrede danse sur laquelle une jeune femmeen slip et chaussons, seins nus, fait desexercices en comptant en allemand.Regard fixe, sans expression, seul lecorps s’active. Si Franck Dimech souli-gne le dénuement des âmes et leur

solitude, et distille un humour grinçanten mettant dans les culottes des filles

d’ostensibles protubérances. Commedans sa récente mise en scène de la

pièce (voir Zib 49), seuls quelqueséléments de costume apparaissentparfois : une jaquette, des escarpins...La traduction choisie, celle de PierrePrentki (1978), met en lumière unelangue crue et brutale, au-delà dessituations présentées, une langue quiramène à l’origine de la terre et de lachair, nommée «woyzecke» par Büchner; elle a donné son nom à la version deDimech, qui souligne aussi le fémininde la distribution... Un spectacle donton sort secoués, et admiratifs.CHRIS BOURGUE

Woyzeck(e) s’est donné du 18 au 22 avril à La Friche

La peau, la terre

Un chant d’oiseau s’élève sur la placede l’opéra. Les têtes se lèvent, les yeuxs’interrogent : où est l’oiseau ? Puiscomprennent : c‘est un automate dansune cage, à côté de l’instrument dePierre Charrial. Celui-ci actionne lamanivelle de son petit orgue de bar-barie, et le papier perforé défile. Dessons étranges répondent à l’oiseau.Puis le «tourneur» actionne un orgueplus grand aux cartons perforés carrés :l‘orgue, récent, d‘aspect et fonction-nement traditionnels, concède à lamodernité une pompe à air. Puis d‘autressons surviennent… un autre musicienest installé sur le côté du parvis der-rière ses ordinateurs : Christian Sébille,

compositeur électroacoustique, direc-teur du GMEM. Il récupère les notesfixées de l’orgue, les transforme et lesmixe en temps réel. Les sons se répon-dent, se superposent se répandent. Ledernier mot, juste avant la sirène de fin,revient à l’oiseau mécanique, méta-phore de cette rencontre inédite. Uneinhabituelle conversation, qui amorcele Festival les Musiques (voir p32).CHRIS BOURGUE

La mécanique des orgues, coproduite par Lieux Publics et le GMEM, a résonné le 2 mai à midi pile sur le parvis de l’opéra de Marseille

Dialogue autour d’un oiseau

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Le Théâtre du Torrent (Annemasse)a présenté la 1re pièce de l’auteur amé-

ricain Jeff Baron, écrite en 1999. Tra-duite en 22 langues et jouée dans 37

pays, c’est une pièce populaire. MrGreen, vieux juif, veuf et reclus, reçoitles visites de Ross, jeune cadre con-damné à lui rendre visite pendant 6mois suite à un accident. Peu à peu levieillard s’apprivoise et le jeune hommese confie... Le choc des civilisations -l’un est traditionaliste, l’autre gay-entraîne bon nombre de situationscocasses. Mais sous la légèreté sedevinent des blessures et des troublesqu’une mise en scène trop lisse nelaisse pas suffisamment affleurer pournous toucher.Le Théâtre du Lacydon recevra, le 24mai, le Théâtre de chambre de Sali-gnac (04) avec Les chaussettes...opus124 de Daniel Colas, face à face deuxacteurs sur le déclin essayant deremonter un spectacle. Le 25, FrédéricOrtiz du Théâtre Off animera un atelierde répétition pour 3 compagnies. Le

26, Le grain de sel de Six-Fours don-nera Divinas palabras de Del Valle-Inclan, auteur espagnol du début du XXe.Au Théâtre de Lenche, le 31 mai, AnnyPerrot proposera la lecture inédite enFrance de Sale dimanche d’un auteurirlandais, Mark Wale, dans une traduc-tion d’Hélène Courault, administratricede La Criée. Le 1er juin ÉtéroclitThéâtre d’Albertville (73) jouera OpusCoeur d’Israël Horovitz et enfin le 2, latoute jeune Cie Jardelys de Parisdonnera Rame d’Eugène Meiltz.CHRIS BOURGUE

Visites à Mister Green s’est donné auGymnase le 27 avril

M... comme amateur©

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© Lum

i Lausas

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Difficile de tout voir tant le festival Tendance Clown#7 est dense et éclectique. Du spectacle de rue auspectacle en salle, le public assiste à des acrobaties,des shows musicaux et à du clown théâtralisé, pourenfant, mais jamais seulement, et toujours (aussi)pour adulte. Au fil des prestations, le clown change devisage et touche un large panel de disciplines, circas-siennes ou non. Avec plus ou moins de réussite :L’Histoire de Petit K est d’abord amusante maisrapidement attendue, les performances vocales, tropcontrôlées, ayant été déjà maintes fois visitées. Maisd’autres spectacles sont très drôles, comme ManuNashville des Bonodo Twist et leur hommage déli-rant à la bière Frütenland. Sur des allégories tyroliennesconjuguées avec des morceaux de Country, ils créentune écriture délirante et sensée sur la propagandepublicitaire.Avec la Cie Mine de rien, la gestuelle et la mimiquedominent. Sur le thème d’un Tri o Lavomatic, les clownsjouent sur l’opposition perfection/maladresse, no-tamment dans un très savoureux pliage du linge.Quand à O.PU.S, il s’agit d’une conférence sérieuse,scientifique et pédagogique démontrant les dangersdu fromage. Le propos est tellement décalé, obso-lète que c’est à cet endroit que le public rencontre leclown : dans la conviction touchante d’un personnagequi tient son rôle bien au-delà du spectacle et danscette mise en scène absurde et passionnée qui finitpar nous dégoûter réellement du fromage à vie ! Unebelle programmation qui continue jusqu’au 27 mai(voir p42) il est encore temps d’en profiter!CLARISSE GUICHARD

Le Festival Tendance Clown est organisé par le Daki Ling à Marseille

THÉÂTRE 23DAKI LING | MONTÉVIDEO | 3BISF

À six mois de la création à Fos, justeavant la pause nécessaire au mûrisse-ment, la troupe de l’Auguste théâtreprésentait au 3bisf une étape de tra-vail de sa pièce Dis-moi fils. Le proposs’attache à l’exploration des liens mul-tiples qui peuvent relier une mère à sonfils. «Au départ confie Claire Massabo,je disposais de fragments, d’extraits, delambeaux que je voulais mettre enscène, sans leur trouver de cadre quiles rassemble.» D’où ce patchwork quireprend des extraits d’auteurs que l’ona plaisir à reconnaître, Cohen, Gary,Fregni, Koltès, Mauriac, Cavanna..., despassages écrits par Claire Massaboavec la collaboration de Brigitte Quit-tet, les mots des comédiens… Tout untravail d’aller et retour entre les parolesdes mères reprises par leurs fils établitun ensemble de traces, essaie dedessiner ce qui reste dans l’imaginaire.Ce pourrait être caricatural ou franche-ment mièvre, mais jamais l’on ne tombedans ces pièges-là. Les acteurs sontconvaincants, leur ton juste, et SandraTrambouze qui interprète différentspersonnages de mère se transformesubtilement. On rit beaucoup, mêmesi le fond est touchant. À la créationune tour viendra structurer l’espace,donnant un point d’ancrage à cevoyage complexe dans le temps dessouvenirs. Une belle esquisse !MARYVONNE COLOMBANI

Dis moi fils a été dévoilé au 3bisf, Aix,le 15 mai

Le livre de ma mère

Des clowns, oui mais lesquels ?

Opus © Pascal Rome

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Quelle idée de faire se succéder sur scène deux lec-teurs si différents  ! Mustapha Benfodil, timide,tremblant, à la diction difficile, butait sur son texte

qu’il disait trop vite… privant l’auditoire du tempsnécessaire pour l’appréhension. Pourtant il avait intro-duit longuement le contexte de ses pages, les troisrécits imbriqués, les personnages de chacun… etmalgré la rapidité et la maladresse, la force lyriqueparfois s’élevait, une langue superbe, des éclats d’Alger,et la sensation intérieure, impérieuse, que l’écriture peutsauver, qu’il faut malaxer la langue et tordre le réel. Après 10 minutes de pause, Sylvain Courtoux lui suc-cédait. Immédiatement dans la dérision, traversant lascène sans s’y arrêter, scandant ses textes sur lessons pouraves d’une boîte à rythme enregistrée surun antique mais pas glorieux magnéto cassette. Laperformance, immédiatement drôle, soulève l’adhésion.Mais les vers qu’il slame vaguement sans vraiment ycroire, ni prétendre y croire d’ailleurs, témoignent d’unevision agressive des femmes, du sexe, du monde. Ilenchaine ses textes sur le même rythme, mi gogue-nard mi désespéré, n’attendant rien visiblement, ets’inscrivant dans la lignée des poètes sulfureux etmaudits, séparés du monde qui ne veut pas d’eux, enproie à des délires et addictions. Nombriliste, cetteautobiographie éclatée ?A.F.

Mustapha Benfodil et Sylvain Courtoux ont lu respectivement Archéologie du sentimentamoureux et Still Nox (éd Al Dante) le 26 avril à Montévidéo, Marseille

Lectures contrastées

Sylvain Courtoux ©

X-D.R.

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24 THÉÂTRE FOS | CAVAILLON | NÎMES

Décidemment très inspiré par lesunivers hors-normes, Bruno Geslinvisite dans sa dernière mise en scènecelui d’Unica Zürn, artiste berlinoiseproche des surréalistes qui fut aussi lacompagne d’Hans Bellmer. Écrit en1970, un an avant le suicide de l’artis-te, Sombre printemps, le texte donts’inspire Geslin, est le portrait autobio-graphique bouleversant d’une enfanten proie à ses premiers désirs, à la dé-couverte d’une sexualité violente, et dupremier amour, jusqu’à en mourir. Lasobriété de la mise en scène laisse pla-ce au talent de la comédienne ClaudeDegliame qui incarne cette petite fille,avec cette voix profonde, grave, à ladiction si particulière qui n’est pas sans

rappeler celle de Brigitte Fontaine, dansun monologue à la troisième personnequi alterne au récit de pulsions obses-sionnelles celui de la vie quotidienne. Àces mots percutants se mêlent les mé-lodies et chansons pop rock du groupeComing Soon -parfaitement intégré àla scène- créées pour le spectacle, etqui cheminent telle une écriture paral-lèle, appuyant d’un solo de batterie oude longs riffs de guitare l’intensité dutexte. Et faire résonner, longtempsaprès, l’ultime cri.DO.M.

Dark Spring a été joué du 26 au 30 avril au Théâtre de l’Odéon, à Nîmes

Les souvenirs font leur cinéma

Un gradin trifontal, un chapiteau sans toit cerné de rideaux rouges, deux acteursqui jouent sans pseudos, des lampes de poche : l’intimité recréée pour cetteveillée de retrouvailles est le condiment d’accueil du Théâtre de Cuisine, quiaime perdre son public dans les histoires-puzzle où l’imaginaire résout desmystères. Inventeur du «théâtre d’objets» avec sa complice Katy Deville, ChristianCarrignon met en scène une petite épopée à rebrousse poil du temps où les objetsdu quotidien réveillent en douceur les souvenirs ; incitation cachée à réinventerd’autres veillées singulières plus personnelles ? Claire et Hadi se retrouvent après25 ans autour d’une malle contenant ce qu’il reste de leurs souvenirs d’enfance,et de leurs vacances passées chez le héros de l’histoire, un résistant au cœur lourd :Tonton Papi, «un savant préhistorique qui ne veut pas qu’on fouille dans sa vie», nécomme eux un 14 juillet. Davantage compilation que commémoration, cette veilléeautour de 5 dates anniversaire les aidera à comprendre les secrets de leur enfance.On repart en sifflant Ellington, des images de flash back très cinématographiquesdans la tête, en laissant malgré tout certains passages de ce conte à tiroirs bienrangés dans leurs «cartons à sagas».DELPHINE MICHELANGELI

Une veillée singulière s’est jouée en tournée Nomade(s) du théâtre de Cavaillon du 9 au 15 mai

Folle évocation

© Kim

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Dans la continuité du travail entamé avec Beyrouth Adrénaline, danslequel elle évoquait le quotidien de deux familles libanaises pendant laguerre, la metteure en scène franco-libanaise Hala Ghosn élargit sonpropos en décomposant les identités multiples qui composent l’êtrehumain, notamment lorsqu’elles entrent en contradictions les unesavec les autres pour déboucher sur des actes irréversibles. Il ne s’agitplus forcément de conflits internationaux, mais plus de conflits identi-taires, nationalistes, fondamentalistes, furieusement contemporains.S’inspirant de l’essai d’Amin Maalouf, Les identités meurtrières, elleinterroge donc la notion d’identité et décortique les mécanismes quiconduisent à la haine, privilégiant les petites histoires par le biais deportraits dont les traits s’affinent au cours du jeu, le quotidien singulierde chacun des personnages aux prises avec sa trajectoire, sans jamaistomber dans un discours didactique, voire idéologiste. Ils vont secroiser, la comédienne libanaise devenue ennemie de la nation aprèsavoir fui son pays en guerre, la présentatrice allemande citoyenne dumonde, un émigré croate gay et émancipé, un clown sans frontièrebreton et fier de l’être… La mise en scène dynamique d’Hala Ghosn faitse succéder les saynètes jusqu’à l’inévitable clash entre comédiens,ficelle rebattue mais qui ici fonctionne parfaitement, amenant lescomédiens à s’interroger les uns les autres sur les fondements de leurdiscours, emportés par leurs encombrants personnages, commedédoublés, pris en défaut de tolérance et de respect. La paix est fragile,quelle qu’elle soit, mais il est toujours temps d’apprivoiser notrepanthère.DO.M.

Apprivoiser la panthère a été joué à Fos le 21 avril

La bête identitaire©

Thierry Laporte

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25THÉÂTREAVIGNON | VAUCLUSE

Festo Pitcho, le festival de spectaclepour publics jeunes, a connu une fré-quentation record pour sa 6e édition. 6670 spectateurs sont venus partagerce temps fort en Vaucluse. Parmi les21 spectacles, des propositions musi-cales particulières : Nokto de Raoul Layà la scène Nationale de Cavaillon, en-chantement visuel et sonore pour bébésjusqu’à trois ans ; et Le Concertdes MéliMômes qui a transformé le théâtre desHalles en dance floor pour chérubins.5 musiciens survitaminés ont fait chan-ter à tue-tête les collégiens et swinguerles tout-petits, surpris de leur propreaudace. Grâce à un répertoire musicaloriginal et une énergie débordante, lequintet transmet à partir des petits tra-cas enfantins le goût de la musique etl’incomparable saveur d’un concert endirect. Sur le thème de l’enfance en danger,l’Atelier du Possible jouait au BalconImmenses et Minuscules, créé en 2009

dans le cadre du 20e anniversaire de laConvention Internationale des Droits del’enfant. Quatre «clochardes célestes»déballent de leur besace des histoiresd’enfants soldats, orphelins, rejetés, mal-traités, cachés, exploités ; en alternancesystématique avec des chansons n’al-

légeant pas la gravité du sujet. Unspectacle-documentaire qui soulignele pouvoir du langage et la cruauté dumonde, à réserver aux «grands» en-fants : bien qu’entourée par la chaleuret la sincérité des protagonistes, cette«mise à jour de la vérité» pour com-

prendre le sens des mots «Egalité,Fraternité et Liberté», est forcémentattristante. Aux Doms, belle découverte d’Un petitsoldat de plomb par la Cie Arts & Cou-leurs, qui transforme avec des petitsriens du quotidien (et une bonne dosed’organisation) le conte d’Andersen enrecette gourmande. Dans une cuisinereconstituée, les enfants sont invités àla table d’un théâtre d’objets contrôlépar un couple lui-aussi improbable,dans un aller-retour entre réel et rêvé.Un monde miniature s’anime pourdevenir un étonnant théâtre d’ombreset mettre en lumière deux grandscœurs, pas seulement de plomb etpaillettes.DE.M.

Festo Pitcho s’est tenu du 14 au 22 avrildans 6 communes du Vaucluse

Au bonheur des mômes

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Hormis lors du vernissage inaugural duCollectif d’arts visuels ACA, le publics’est globalement fait timide pour cettemise en lumière de compagnies émer-gentes. À l’Entrepôt, peu de mondepour découvrir l’univers onirique d’EliseVigneron du théâtre de l’Entrouvert.Dans Traversées/Fragments, l’artiste adéveloppé un extrait du spectacle finalpour présenter un poème de 30 minu-tes. Accompagnée d’un guitariste trèsaérien, cette fille en forme de fée noustransporte dans une étrange poésieanimée d’une délicatesse à fleur de peau,où la marionnette humaine côtoie l’infi-niment subtil de petits êtres recréés.La scène nationale de Cavaillon pro-grammera ses intrigantes Traversées entournée Nomade(s) la saison prochaine. Aux Carmes, la Cie Bookobsa inter-prétait un Ballet d’ombres mécaniques,revisitant «les priorités de l’Histoire etde ses révolutions industrielles». Si vi-suellement l’abstraction picturale désiréeatteint son but, grâce à l’ingénieuseinstallation de machines sonores etcréatrices d’ombres, l’objet théâtral afini par dériver, par manque de narra-tion. Au final, point d’histoire à raconterpar ces trois marins d’eaux floues do-minés par la machine.Hasard heureux de la programmation,chez Golovine, deux courtes piècesdansées offraient par leur succession,

un curieux voyage. La Cie Oxyput pré-sentait John & John, un ballet encore unpeu approximatif sur la survie de deux«jumeaux» interchangeables, noyés dansune jungle de sacs plastiques recou-vrant le sol. Barbara Amar prenait lerelais avec Occupation précaire, offrantune danse plus intérieure et précise. Uneétrangeté qui semblait répondre au chaosprécédemment installé pour une re-cherche sur l’identité et la lumière.Dans Laurel et Hardy vont au Paradis dePaul Auster, Olivier Ranger et DavidChoquets’engouffrent à cœur joie dansle duo comique de référence, bâtissantune fable sur l’existence humaine.Clownesque au départ, enfermés dansleurs corps, leurs certitudes et leurmission de «bâtisseurs de murs» (encartons géants), le duo d’enfer aura àabattre les remparts de sa propre alié-nation. Un ballet à sketchs qui réfléchit,en s’amusant des notions d’amitié etde liberté. Aux Hivernales, Lionel Hun et la CieHybride ont conquis la salle, comblecette fois, avec la création multimédiaInflux, prometteuse.Six danseurs montéssur ressorts (et pointes), très techniciens,réagissent aux effets de la technologie,traversés par les mouvements desscanners lumineux et autres flux nei-geux, pour s’adapter les uns aux autreset imaginer des espaces de vie en

commun. Une recherche séduisante etmétissée, étonnement romantiquemusicalement, qui emmène la danseau-delà des cloisons habituelles.DE.M.

Le festival Emergence(s) s’est tenu du 10 au 20 mai dans divers lieux d’Avignon

Dix propositions soignées jalonnaient la seconde édition dufestival de la jeune création avignonnaise : un événementpluridisciplinaire monté hardiment par Surikat Productions

Émergence d’émotions

Traverse�es-Fragments © De.M

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CAVAILLON | MONACO | TRETS | SAINT-MAXIMIN 26 DANSE

Au départ, il y a le livre d’Anouchka Gravel Galou-chko, Shô et les dragons d’eau, fable à la fois poétiqueet écolo sur l’origine des cerfs-volants. Puis la fantai-sie de la compagnie d’Hélène Desmaris porte surscène toute la poésie de la charmante histoire : l’ex-ceptionnelle petite fille Shô, interprétée par AliceGalode, aux pouvoirs surnaturels sait ainsi vaincreles démons de la mer, dansée par Marie Hélène Des-maris, et apprendre aux gens de son village àtransformer l’ombre en lumière… Si le rythme estvolontairement lent il n’est jamais lourd, et jamais l’onne s’ennuie : la conteuse, Marie-Claude Rey saitménager de justes espaces entre récit et chorégra-phie, la musique de Xavier Proenca, créée pour lespectacle, jouée sur d’étranges instruments, soulignela belle poésie de l’ensemble. Un moment de rêvedélicat et tendre pour les petits !M.C.

Shô et les dragons d’eau a été dansé le 25 avril à Trets

De l’originedu cerf-volant

© Philippe Nou

Quel que soit l’univers chorégraphique qu’ils abor-dent, les Ballets de Monte Carlo savent en rendrela teneur. Le mois d’avril a vu éclore les rhétoriques detrois chorégraphes dont les inspirations s’opposent :Jean-Christophe Maillot dessine une approchemystique des corps avec la reprise de Altro Canto I.Musique de Monteverdi, atmosphère d’un tableaudu Caravage, avec une lumière (Dominique Drillot)comme immanente : un ciel de bougies accorde unedimension fantastique à cette chorégraphie poétique.Par un jeu subtil en miroir, chacun devient tour à tourobjet de l’autre, les costumes de Karl Lagerfeld souli-gnant la confusion des genres. Monde baroqueépousant l’évidence de la courbe, l’étourdissement,l’abandon, la fluidité première, jusqu’au travail sur lesmains qui s’allongent en vagues mouvantes… Avec Marie Chouinard, qui pour la première foisconfie son œuvre à une autre compagnie que la sien-ne, les mêmes corps sont blessés, infirmes, boiteux,liés à des béquilles, des harnais, des cannes, des

pointes… une esthétique de la douleur, où s’affirmentde nouveaux codes, le vivant se pliant à des prothè-ses et à une impitoyable géométrie. Le tout dans unelumière crue d’hôpital, sur la musique originale deLouis Dufort, Variations sur les variations (Goldberg).Enfin, la création du jeune et talentueux soliste desBallets, Jeroen Verbruggen, Kill Bambi, séduit parsa fantaisie débridée, son inventivité, son rythme, saverve et son humour. Le spectacle commence par lafin, remonte dans le temps, passe de la charognebaudelairienne aux scènes champêtres, imagerie quipermet d’évoquer à la fois l’iconographie de WaltDisney et le monde du songe d’une nuit d’été shakes-pearien. Les costumes de On aura tout vu contribuentà cette folie féérique. La fougue de la jeunesse,parfaitement maîtrisée. MARYVONNE COLOMBANI

Ce programme a été présenté au Grimaldi Forum de Monaco du 19 au 22 avril

Souvent ballet varie

Altro Canto © Marie-Laure Briane

La pièce culte d’Anne Teresa DeKeersmaeker a rassemblé une sallecomble de nombreux adolescents,abasourdis par la mécanique de dansequi allait se dérouler sous leurs yeux.La même depuis 25 ans, toujours aussifascinante. En quatre tableaux, quatredanseuses époustouflantes de virtuo-sité ont opéré une échappée belle versl’indéfinissable féminité, une admira-ble démonstration de précision autourde la répétition. Jeunes filles en jupetteet socquettes qui passent de la stationallongée à la transe obsessionnelle,entre mouvements nonchalants et syn-copés, prises dans l’engrenage sansfin de la comparaison à l’autre et dutemps dissolu. Statues alanguies autantque provocantes, répétant inlassablement de «sim-ples» gestes minimalistes diablement millimétrés -une

mèche balayée, une épaule dénudée, un croisementde jambes-, rythmées par l’horlogerie de leur souffleet la musique percussive et mécanique faite sur me-

sure par Thierry de Mey ; à couper lesouffle. L’espace devient une terregéométrique qu’elles balayent de dia-gonales en spirales de lumière jusqu’àl’épuisement. Une pièce hypnotique etindémodable qui demande un «effort»de lecture pour que se révèle l’état degrâce, chaque mouvement s’étirantpour «faire la nique» au temps. Au jeudes chaises (musicales) et de lamodernité, Beyoncé, qui avait repris àla sauce R&B certains extraits du balletculte, n’a qu’à bien se tenir !DELPHINE MICHELANGELI

Rosas danst Rosas a été joué à la Scènenationale de Cavaillon les 10 et 11 mai

La leçon de danse

© Jean-Luc Tanghe

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Depuis le 16 février, le nouveau complexe culturel deSaint-Maximin La croisée des arts (médiathèque,salle de cinéma, salle de spectacle) ne désemplit pas,preuve de l’attente culturelle de la région. Le festivalLa croisée des danses s’y est installé cette annéeprogrammant, outre la Cie Raf Crew et La maison deNathalie Pernette (voir Zib’39) deux spectaclesphares : Nya d’Abou Lagraa et le Sacre du printempsde Jean-Claude Gallottapar sa compagnie grenobloise. La démarche d’Abou Lagraa et de Nawal Aït Be-nalla-Lagraa, fondamentalement généreuse, lancedes ponts au dessus de la Méditerranée, et apporteun crédit international à la danse en Algérie. Construitavec le ministère algérien de la Culture, le projet decoopération franco-algérien pour le développementde la danse comprend des échanges artistiques, desprogrammes de formation, de création. Les deux cho-régraphes ont ainsi sélectionné, en Algérie, 9 jeunesdanseurs de hip hop. Qui interprètent avec un belenthousiasme Nya, la première pièce du Balletcontemporain d’Alger. Acte fondateur essentieldans l’histoire de la danse ! Fougue, adresse, lesprouesses acrobatiques et inventives du hip hop vien-nent s’enrichir d’une construction contemporaine, etde la pratique chorégraphique sensuelle d’AbouLagraa. Pour cette fusion des genres, deux musiques,le Boléro de Ravel, symbole de l’Europe, Le chant desAurès d’Houria Aichi, en langue Chaoui, embléma-tique du Maghreb. Rencontre encore entre le mondeurbain et celui des campagnes, union de la traditionet de la modernité, fusion des cultures sans qu’ellesne se perdent jamais… Nya -Faire confiance- séduitdavantage qu’Un Monde en soi (voir Zib 51), etentraine le public vers un plaisir non dissimulé ! «Lebut, c’est donner une émotion» affirme Abou Lagraa.Le pari est tenu. Jean-Claude Gallotta fait partager sa démarchechorégraphique en proposant en prélude au Sacreune courte pièce, Tumulte, où le silence qui succèdeà un hurlement de femme, accueille les variations quiseront la base de la chorégraphie du Sacre. Puis unbref solo qui interpelle Igor Stravinski, le tutoyant surle mode biblique. Le propos du Sacre du Printempsest transformé, il n’y a plus d’Élue unique condamnée

à danser jusqu’à sa mort : toutes les jeunes filles sontélues, et le sacrifice devient universel. Chez Gallotta,le Sacre est une rêverie d’enfant, de petites chaisesd’écoliers envahissent la scène dans l’introduction etla conclusion. La pièce mythique prend ainsi des al-lures ludiques, se met en abîme, et raconte l’histoirecomme en un rêve de danse narrative retrouvée. Quipourtant ne va pas au bout de la nostalgie et desréférences : les costumes, ratés, n’arrangent pas lescorps, et la musique si faussement primitive de Stra-vinski dessert, par contraste, une danse trop simple,trop terne pour tenir le choc de la fougue et de lacomplexité d’une partition qui appelle la démesure, etdes réglages parfaits. Un rêve de Sacre qui permetpourtant de mettre en scène, par contraste avecl’argument initial, une virilité vaincue, même si ladanse n’est pas à la hauteur du propos.MARYVONNE COLOMBANI

La Croisée des danses a eu lieu du 9 au 19 mai La Croisée des Arts, Saint-Maximin

Entre les corpsNya © Laurent Ai�t Benalla

Le sacre © G

uy Delahaye

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28 MUSIQUE OPÉRAS | OPÉRETTES

On se souvient des représentations exceptionnellesdu Trouvère à l’Opéra de Marseille il y a 25 ans…des rappels saluant la performance du ténor LandoBartolini, de la voix d’airain de Leo Nucci, del’anthologique Azucena de Fiorenza Cossoto… etl’on se demande même si les sons filés dans l’aigupar la soprano Margarita Castro-Alberty ne réson-nent pas encore dans les cintres du théâtre !Lors de la représentation du 4 mai dernier, on n’acertes pas boudé les qualités des artistes de l’Or-chestre et des Chœurs de l’Opéra, de son chefinvité Tamás Pal, de la mise en scène cohérentede Charles Roubaud, malgré la complexité d’unlivret alambiqué, dans des décors et lumières trèssombres. Cependant, l’interprétation d’Il Trovatore,ouvrage parmi les plus populaires de Verdi, semesure à l’aune de la démesure pour les solistes,tant les aptitudes vocales exigées sontexceptionnelles.

À ce jeu, la soprano Adina Aaron (Leonora) a tiré sonépingle grâce à un timbre soyeux, mais son arti-culation cotonneuse comme des aigus à pleine voixou pianissimo souvent raides ont nui à sa presta-tion. Carlos Almaguer (le Comte di Luna) possèdeune voix de stentor parfaite pour Rigoletto ou Pail-lasse, mais, à vouloir trop donner, le baryton s’estlaissé aspirer et, trop «aperto», a blanchi ses aigusau-dessus de la tourne vocale ! Malgré un timbretrop léger, le ténor Giuseppe Gipali s’est plutôtbien sorti des pièges du rôle de Manrico, grâce àune belle musicalité, une technique et des aigussans faille. La bonne voix de Nicolas Courjal s’estrévélée un peu courte à la fin de son long prolo-gue : son timbre doit gagner largeur pour brillerdans Ferrando. Enfin, la plus belle performance està mettre à l’actif de la mezzo Elena Manistina, quisera sans doute longtemps une formidable etténébreuse sorcière (Azucena). JACQUES FRESCHEL

Le Trouvère a été joué à l’Opéra de Marseilledu 24 avril au 4 mai

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hristian Dresse

Pour son dernier spectacle lyrique dela saison, l’opéra de Toulon s’est of-fert Otello, chef d’œuvre indiscutablede Verdi composé sur un livret deBoito d’après Shakespeare. Ce drameen 4 actes dans cette reprise toulon-naise de la production du Théâtre

lyrique Giuseppe Verdi de Trieste aété chaleureusement accueilli par lepublic même si l’on espérait mieux auregard des précédentes livraisons. Lesdécors extrêmement dépouillés étaientpropices à la noirceur de l’ouvrage,mais le ballet n’était pas indispen-

sable au premier acte et le statismede la mise en scène entraînait cer-tains chanteurs au ridicule, augmentépar certains costumes d’un futurismedésarçonnant.Vocalement, le plateau était homogè-ne en termes de puissance mais pas

en qualité de timbres. En effet, leténor Marius Vlad scéniquement peuconvaincant dans le rôle-titre souf-frait d’un italien perfectible et peinaità rendre la langue musicale tout com-me Hiromi Omura, qui interprétaitune Desdémone au timbre rond etchaleureux mais très couvert. Le ba-ryton Alberto Mastromarino, quel’on avait découvert plus fringant dansFalstaff il y a deux ans, incarnait quantà lui un Iago magistralement démo-niaque, avec une présence scéniqueremarquable malgré quelques moments,heureusement rares, de fatigue vo-cale. Incontestablement, c’est leténor Stanislas de Barbeyrac qui tiraau mieux son épingle du jeu avec unevoix juste et au timbre clair rendantgrâce à la langue italienne dans lerôle de Cassio, l’amant prétendu. Mu-sicalement, le chef Giuliano Carellas’étant attaché à rendre audibles toutesles subtilités de l’écriture instru-mentale, il a permis à l’orchestre des’acquitter de la partition avec uneextrême finesse. On saluera égalementl’excellente prestation des chœurs,solides et puissants, verdiens àsouhait, qui ont rehaussé l’ensemble.ÉMILIEN MOREAU

Otello a été joué à l’Opéra de Toulondu 11 au 15 mai

Otello in chiaroscuro

Un Verdi à l’épreuve des «références»

Otello ©

Ope�ra de Trieste

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Pour les deux dernières productions desa saison «hors les murs» et finir enapothéose, le Théâtre de l’Odéon affi-chait deux classiques du répertoired’opérette au Palais des Congrès àMarseille les 22 avril et 6 mai : La Bellede Cadix de Francis Lopez et La Vieparisienne de Jacques Offenbach. Ré-sultat : un double succès public pourcouronner une saison «de transition»avant la réouverture, à la rentrée, duthéâtre du haut de la Canebière.Si les conditions acoustiques de l’im-mense salle du Parc Chanot n’ont pasété au top (des musiciens, sur scène,contraints de modérer leurs nuancespour ne pas couvrir les voix, une so-norisation inégale et imparfaite), lepublic s’est cependant déplacé enfoule pour occuper les 1200 places del’auditorium. Grâce au talent de toutela troupe, la mise en scène festive, lesdécors de Laurent Martinel, les cos-tumes bigarrés tirés des malles de laMaison Grout, l’Orchestre du Théâ-tre, ses chefs invités Jean-Pierre Burtinet Bruno Membrey, l’excellent ChœurPhocéen, préparé en coulisse par RémyLittolff, les solistes, danseurs… cesdéfauts sont passés au second plan. La qualité de La Belle de Cadix étaitsurprenante ! Sans doute le meilleurspectacle de la saison. Foin des cli-

chés bêtas des «chica chica chi…» etautres «yeux de velours» marinés àl’espagnolade ! Le dynamisme de lacompagnie, la distribution emmenéepar le puissant et somptueux ténorMarc Larcher, la soprano CarolineGéa étaient bluffants, comme lesfantaisistes de haut vol tels AgnèsPat’ ou Claude Deschamps. Agrémen-tées de flamenco (le Ballet Andaluciad’Antonio Triana fut néanmoins tropprésent, ce qui a nui à l’élan final), laFiesta des gitans ou la Nuit à Grenadeont longuement résonné aux oreillesd’un public conquis. La fantaisie de Jacques Gervais aégalement contribué au succès de LaVie parisienne, sa faculté à diriger lesénergies, utiliser les talents des tren-te-cinq artistes qui se sont partagésle plateau, des chœurs en particulier,au diapason des solistes quant à ladanse, le chant ou la comédie. Etchapeau aussi au «Mozart des Champs-Élysées», à son «Brésilien» haletant àla gare de l’Ouest, à la «veuve» éplo-rée d’un improbable «colonel», à sesgriseries et cancans à frou-frou…!Gageons que, le 4 juin, Jean-JacquesChazalet annoncera aux aficionadosune belle saison 2012-2013 !JACQUES FRESCHEL

La Vie parisienne © X-D

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Sans chica chica chi

La Belle de Cadix ©

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30 MUSIQUE

… ou clair net et précis, pour utiliser notre vulgate qui, ici, traduitimparfaitement la direction millimétrique, quasi chirurgicale pour ne pas diresévère, de Laurence Equilbey. Rien ne dépasse, tout est de «bon goût», ausens classique du terme. Le chœur est bon, les solistes excellents, l’ensembleZimmermann très à son aise, mais il manque ce «je ne sais quoi» qui apportede la fantaisie, de la surprise. La mécanique fonctionne à merveille dans leDixit Dominus de Haendel tant le seul respect du texte suffit à combler desatisfaction nos oreilles. En revanche le Gloria de Vivaldi souffre de ce manquede scories, de petites aspérités qui trahissent le génie du vénitien. Mais lerendu brillant, l’impact sonore éclatant, reste très séduisant : en atteste lasalve d’applaudissements réservée à l’ensemble qui nous permit de goûter enbis à l’Alleluia de Buxtehude…C.F.

Concert donné le 19 avril au GTP

Quatuor… du temps70 ans d’existence ont élevé le Quatuor Borodine au rang d’institution ! Acteurmarquant de l’évolution du quatuor moderne, l’ensemble russe a tenu à débuterle concert par le sixième quatuor de l’Op 33, acte de naissance d’un «genretout à fait nouveau et particulier» comme le définissait Haydn. Et toute lamodernité de la pièce, quant à la conception nouvelle d’une écriture réellementdiscursive, empreinte d’un humour décapant, fut mise en lumière, par un jeuexempt de tout défaut, et nourri d’une lecture et d’une compréhension del’œuvre admirables. Et que dire de plus, si ce n’est l’indicible, quand résonnèrentles notes du 2e quatuor de Tchaïkovski et surtout du 8e de Chostakovitch !Quelle interprétation de cette œuvre désarticulée, d’une noire clarté, où leséclats de l’âme du compositeur s’expriment dans une ataxie mélodique entresouvenirs de mélodies populaires, rythmiques interlopes et harmoniesdécharnées ! Dimitri était là, avec eux, en eux, avec nous, dans un GTP plusà l’est que jamais.C.F.

Concert donné le 17 avril

Retet patet et praecise…

Cafe� Zimmermann © Petr Skalka

Quatuor Borodine ©

Keith Saunders

Pour l’ouverture du Festival deMusique Sacrée à l’église Saint-Michel à Marseille, le 11 mai, la Villeet ses élus étaient au premier rang.Jean-Claude Gaudin a longuementchanté les louanges anticipées deMarseille 2013 Capitale Européennede la Culture... avant de céder la placeaux chanteurs de métier. Dès lors, lepublic friand de fresques sonores àdimension spirituelle a ingurgité, enhors d’œuvre, un Te Deum plutôtpompier écrit par le jeune Bizet,avant de goûter aux magnificences duStabat mater de Rossini. Malgré une inéluctable dispositiondans la nef résonnante, le Chœur,placé derrière l’Orchestre de l’Opéra,a déclamé au mieux le texte latinévoquant la déploration de la Viergeau pied de la Croix. Nader Abbassi,chef égyptien d’une rare élégance,

très à l’écoute des voix, a dosé àsouhait les plans sonores et fourniaux artistes un terrain propice àl’expression lyrique, audéveloppement de couleurscontrastées. On a rarement entendu,sous nos latitudes, un quatuor vocald’une telle qualité dans une œuvretrès prisée dans son genre. Le timbresolide et cuivré de la soprano ElenaPankratova a impressionné, commel’ampleur déployée par la charmantemezzo Giuseppina Piunti. Lapuissante basse russe DmitryUlianov s’est montré à l’aise sur plusde deux octaves de tessiture, quandle ténor Stephan Pop a mérité lesplus beaux éloges, en particulier pourson air très lyrique, chanté avec ungoût rare, une belle palette denuances et des aigus somptueux.JACQUES FRESCHEL

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Un quatuor vocal exceptionnel !

CHAMBRE

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Les Sociétaires de la Musique deChambre de Marseille attendaient leconcert de clôture de la saison 2011-2012 : le 17 avril on leur promettaitdu beau piano romantique. De fait,ils ont été comblés avec Claire-MarieLe Guay ! On ne se doute pas, envoyant cette belle femme approcherpaisiblement d’un Steinway, quel feuelle possède dans les doigts. C’estavec un étonnant abandon, du reste,qu’elle attaque deux fameux Préludesde Rachmaninov. D’emblée son pianocarillonne : elle le fait résonner àsouhait, respirer, chanter… Quellemaîtrise technique elle déploie dansles pétulances du Prélude en solmineur «Alla marcia» ou l’Étude«Patetico» de Scriabine ! La premièrepartie du programme est russe, avecen son cœur un bloc sonore percussifdu plus bel effet : la 3e sonate deProkofiev. Dans la 2e partie, onchange de perspective, bien qu’ondemeure dans un plan sonore large etvirtuose. Avec l’épique Sonate en simineur de Liszt, la musicienne nousembarque pour un voyage fulgurant :au détour d’ombres et de lumières, derondeurs et d’apesanteurs, elle filevers les confins mystiques d’une codaqui touche aux profondeurs de l’être,à sa suprême énigme… À retrouversur disque (voir p 66)JACQUES FRESCHEL

MUSIQUE 31

Après ses Victoires de la Musique Classique et le trèsbeau film de Bruno Monsaingeon sur les concertos deBach avec l’orchestre de Brême, David Fray continue dejouer ses maîtres préférés : Bach, Mozart, Beethoven,Schubert, sans négliger la musique contemporaine (12Notations pour piano de Boulez). D’une étrange beauté, ils’efface devant la musique. Sa posture est hiératique: lesélans sont ailleurs, dans un jeu subtil qui détaille chaquenote et respecte la ligne. Dans la Sonate en ré Majeur deMozart : l’Allegro con spirito est d’un équilibre parfait ;l’Andantino con espressione, sans mièvrerie, avec des pianià arrêter le souffle… Le Rondo est brillant, avec desbasses somptueuses. On retrouve cette même beauté du son, mais presqueromantique, dans la Fantaisie en ut mineur de Beethoven.Les Sonates N° 15 Pastorale et N°21 Waldstein permettentau pianiste de libérer une frénésie sans emphase, avec unAndante très schumannien dans la Pastorale, comme unemarche inexorable. Les changements de sonorité sontspectaculaires dans l’Allegro con brio de la Waldstein. Dansl’Adagio molto : trois notes en mouvement ascendantsuivies de deux accords pour résoudre la tension… David

Fray dégage une sérénité troublante. Mais que dire de lavirtuosité du 3e mouvement, Prestissimo, mélodie enoctave sur arpèges brisés ! En bis, le Prélude Choral de Bach-Busoni. Le silence estparlant, la salle envoûtée.YVES BERGÉ

David Fray a joué au Gymnasele 14 mai

Lapuissance

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À la recherche du son

David Fray © Klaus Rudolph

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«Tout ce qui n’est pas clair n’est pasFrançaix» s’amusait à dire SachaGuitry à propos de Jean Françaix(1912-1997), compositeur aveclequel l’homme de théâtre et decinéma collabora pour ses films SiVersailles m’était conté, Napoléon…De fait, la facture sonore de cesurdoué, qui à 12 ans faisaitl’admiration de Nadia Boulanger, esttoute d’épure et de clarté. L’Ensemble Pythéas, avant sonconcert prévu à Marseille à l’occasiondu centenaire de la naissance dumusicien, a tenu à organiser uneréflexion autour du compositeur : laconférence extrêmement savante, etnéanmoins très claire, donnée par lemusicologue Lionel Pons, a fourniaux mélomanes réunis pour l’occasionle 16 mai à l’Espace Culture un

apéritif trois étoiles !L’élégance du discours, comme lechoix des opus analysés, dans unlangage accessible, a donné l’envie

de découvrir l’œuvre d’un musicieninjustement négligé, comme parexemple son opéra La princesse deClèves, jamais entré au répertoire del’Opéra de Paris. Au milieu de commémorations déjàdiscrètes associées à Debussy (né en1862) ou Massenet (mort en 1912),Jean Françaix est totalement négligé.Pourtant sa musique «s’impose dansle silence et la discrétion», fruit d’untravail formel d’une immenseprécision où la plastique mélodiqueprime, avec sa part de sourire et delyrisme… Jean Françaix est àredécouvrir, et les initiatives risquéescomme celle initiée par le violonisteYann le Roux à soutenir !JACQUES FRESCHEL

Histoire de l’ouestLe chœur de West Texas A&M University, invité par GuyLaurent des Festes d’Orphée s’est arrêté à Aix lors de samini-tournée européenne en France et en Espagne. Troppeu de spectateurs, pour ce spectacle d’une remarquablequalité ! Voix placées, justes, avec une belle ampleur,irisation des harmoniques, intériorité, joli travail sur lesnotes tenues jusqu’à la trame infime qui fait parler lesilence… Une direction précise (Daniel J.Hall), un choixvarié et intéressant, permettant aux auditeurs de voyagerle long des étapes de la musique sacrée américaine, desorigines à nos jours, avec des excursions dans les motetsde la renaissance espagnole, les spirituals et lescompositeurs contemporains américains. On découvraitainsi Rosephanye Powell, l’une des pionnières du chant

choral américain contemporain avec In the beginning Wasthe Word, très enlevé, avec de belles variations, uneécriture en canon festive, ou les compositions d’EricWhitacre, une écriture originale et riche, comme celle deWith a Lily in Your Hand. Humour aussi, souligné par laparabole des Trois Tambours (Twa Tanbou/ The ThreeDrums) de Sydney Guillaume, qui démontre qu’il estnécessaire de travailler ensemble. L’équilibre des pupitresen était une belle démonstration !M.C.

Ce concert a eu lieu le 15 mai à Aix,Chapelle du Sacré Cœur

Répertoire délaissé

Jean Franc�aix © X-D

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Le festival Les musiques semble s’inscrire dans lacontinuité d’une manifestation qui depuis plus de25 ans diffuse les musiques écrites de son temps.Mais il en a discrètement infléchi le cours. Dé-butant par une sirène mécanico’electro’acoustique(voir p 22) se concluant, lors des 48h Chrono de laFriche (voir p 21), par un cabaret aléatoire carrémentélectro, le festival du Centre National de Créationaura donné beaucoup de sons à voir. Non pas en yajoutant du spectacle, mais dans le geste mêmequi les produit.En commençant par la très belle, très poétique ettrès intime installation sonore de Benjamin Dupé.Dans la petite salle du Merlan, durant trois jours,des groupes d’une trentaine de spectateurs se sontsuccédé dans un espace méticuleusement architec-turé par Olivier Thomas. Partout, des objets sonores.Doux, roulants, soufflants, tournants, vibrants, quel’on voit vibrer. Les chocs sont des murmures occu-pant le silence, le spectacle du son est magique,comme si les spectateurs, ensemble, habitaient uninstrument nouveau. Des billes roulent, du sables’écoule dévoilant des sentences, la lumière orientesubtilement le regard. Puis des pas s’inscrivent dansle sable, et une voix s’élève, racontant le voyaged’Eurydice, la curiosité d’Orphée, son démembre-ment. Cela s’éteint, et l’on quitte à regret cet espaceoù on a vu naître le son. Puis on réalise, étonné,l’incroyable performance mécanique de ce petitmonde où chacun des phénomènes sonores a né-cessité un bricolage savant, une invention plastique,un minutieux réglage pour que tout se déclencheà la seconde, et au millimètre…

De Bali à Java«Quand on a pas les moyens de voyager, il faut sup-pléer par l’imagination.» Cette maxime de Debussyaurait pu coller parfaitement au voyage initiatiqueoffert à un public enchanté le 16 mai aux Archives

départementales. Enchanté et subjugué par AlainNeveux, son piano préparé et la partition des So-nates et Interludes de John Cage, explorateur denouveaux champs sonores, et de la rupture avec lecercle d’occident initiée par Debussy. Vis, boulonset caoutchoucs minutieusement placés entre lescordes du piano pendant la préparation de l’instru-ment, étape d’égale importance à l’interprétationdes œuvres, permettent alors au pianiste d’avoir sousles doigts un véritable instrument à percussions poé-tiques. L’évocation du gamelan, de peaux, métaux,et de sonorités plus surprenantes les unes que lesautres nous emmènent par les sonorités mais aussil’esprit, la pensée et les structures, de Bali à Java,en Inde, en Chine, au Moyen-Orient ou encore enAfrique noire au gré des pièces de celui qui voulait«faire du monde entier une musique». Le spécialistedu genre Alain Neveux a de son toucher onctueux faitsonner et résonner à merveille chaque note d’unclavier aux timbres si distincts, et colorés.

C Barré s’éclate, Le Pladec transcendeDe l’extérieur (Port) vers l’intérieur (hall de LaCriée), l’Ensemble C Barré invitait à venir partageren déambulant ; à se charger de sons, agir, ne pass’installer. Leur Concert éclaté réserve des surprises :In Memoriam Escher de Saed Hadadd pour flûte alto,interprété par Julie Brunet-Jailly, avec son préludemélancolique puis guirlandes de notes sur troisregistres. Puis Canto de Pascal Dusapin (soprano,clarinette, violoncelle) aux modes de jeux surpre-nants. Kiyoto Okada, soprano, se sort habilementde tessitures extrêmes malgré une prononciationaléatoire. Sébastien Boin dirige avec énergie Ho-menaje a Chillida, création de Miguel Galvez-Taroncher,pièce sulfureuse. Christophe Bertrand, dans Skiaï,rend subtile l’indifférenciation des timbres (violon-violoncelle, clarinette-flûte, piano). Ekaïn du basqueFélix Ibarrondo, nous rappelle les accents chers àson maître Ohana, dans l’expression et la violence.Rémi Delange, clarinette basse, sons amples etmouvants, joue Féline de Georges Bœuf, pièce sen-suelle où de longues phrases atterrissent sur destrilles ou arpèges : clins d’œil à la panthère noireet aux films éponymes de Jacques Tourneur et PaulSchrader. Une mise en bouche aux goûts variés pour mieuxgoûter, dans la grande salle, l’extraordinaire palettede Fausto Romitelli dont le triptyque ProfessorBad Trip (Lesson I, II, III.1998-2000) était revisité(Professor/Live) par la chorégraphe Maud Le Pla-dec. Deux danseurs : Julien Gallée-Ferré, FélixOtt et un musicien, Tom Pauwels, guitariste-acteur,entourent l’Ensemble belge Ictus, dirigé par Geor-ges-Elie Octors. Romitelli aime mélanger lesgenres, de la composition savante acoustique auxsonorités rock acides, sans négliger les aspéritésde la musique électronique. Un son en perpétuelmouvement, qui se développe, se «salit» par ajoutsd’autres éléments. C’est théâtral, violent parfois(nombreuses saturations). Une chorégraphie éton-ne : les danseurs miment, jouent, vivent les sons,doubles éphémères de nos propres angoisses etdésirs. La musique est image, jeu avec le rideau, leslumières, les mains sont les accords du piano : sai-sissant ! Membres déglingués sur les sonoritésélectriques, courses effrénées, longues plagesd’immobilité pour mieux entendre. Décidément, lamusique se voit plus aisément lorsque les corpssont partitions. YVES BERGÉ, AGNÈS FRESCHEL ET FRÉDÉRIC ISOLETTA

Festival Les Musiques du GMEM, Centre National de Création Musicale,s’est déroulé du 9 au 19 mai à Marseille

32 MUSIQUE

Musiques à voirInstallation sonore de Benjamin Dupé� au Merlan © Agnès Mellon

C Barre� , Canto de Pascal Dusapin © Yves Bergé

GMEM

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Le XXIIe Festival Mai-Diterranée a permis dedécouvrir la belle Dorsaf Hamdani, qui, après desétudes au Conservatoire de Tunis et à la Sorbonne,parcourt le monde et l’envoûte de ses ornementsarabo-andalous, soufis d’inspiration sacrée et nou-bas où les instruments alternent avec la voix. Sonnouveau spectacle est un hommage à trois icônesincontournables de la musique arabe : l’égyptienneOum Kalthoum, l’astre d’Orient, la libanaise Fay-rouz, dont les compositions sont des hymnes à laliberté et Asmahan, princesse druze, à la voix simélancolique. Un chant classique arabe, entrerespect de ces grandes voix et libre interprétation.Accompagnée de quatre musiciens : violon, violon-celle, kanoun et percussions, la chanteuse dévoileles mélopées très chromatiques d’Asmahan, struc-turés par un mot, une syllabe. Elle colle au texte,en le modelant, le modulant, plus à l’aise dans legrave et médium, que dans les aigus en voix detête. Les notes longues libèrent de riches ornemen-tations, l’absence de pulsation occidentale rendl’écoute mystérieuse… Le soleil du crépuscule deKalthoum est une descente en triolets évoquant lalumière qui baisse : le souffle est prodigieux. Laberceuse de Fayrouz accompagnée au kanoun, etsa sonorité pincée si caractéristique, est un mo-ment de belle intimité comme ce Langage des fleursde Kalthoum où les instruments relaient la voix dansun échange permanent, entre ornementation,écriture codifiée et improvisation. Un classicismeartistique mêlé de modernité. Des femmes atta-chées à leurs racines qui inventent le mondemoderne, comme un symbole…YVES BERGÉ

Ce récital s’est donné au Toursky le 13 avril

Un Orientnouveau

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Dorsaf H

amdani ©

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Le Toursky proposait cette année deux spectaclespour son festival de flamenco. Le premier, contaitune histoire de transmission entre une mère et safille, Madre e Hija, avec Ana et Maria Perez accom-pagnées par les musiciens et chanteurs de lacompagnie Solea. Le modèle restant dans l’exécu-tion froide des pas, dans un académisme parfait, lafille ajoutant une belle fougue, inspirée, à l’enthou-siasme de la transmission revisitée. Et puis il y eut la révélation de cette premièremondiale, la rencontre, Encuentro, de cinq danseurssolistes (directeurs de compagnie, moult fois pri-més), dans un spectacle créé spécialement pour leToursky. Une entrée en matière puissante, un traite-ment de la lumière tout en finesse, ombrant ouredessinant l’espace, composant de véritablestableaux où les danseurs se livrent en toute libertéà leur art, dans un subtil équilibre entre les pasimposés par les différents genres, et l’improvisa-tion. Sur les accords des très bons guitaristesDaniel Manzanas et Victor Marquez, les percus-sions décapantes d’Isaac Vigueras, les chantsmagnifiquement portés d’Antonio Campos et DeliaMambrive, Mara Martinez, toute de passion,interprète une solea ; Daniel Navarro, avec unesuperbe élégance, une alegrias ; puis Pedro Cordo-ba, avec beaucoup d’expressivité, Rafaël Martos,le tiento, avec un grand sens de la théâtralité, Ma-nuel Guiterrez enfin, une solea enlevée. Sublimesaeta, (chant religieux destiné aux processions)pour la danseuse seule face au groupe des danseurs… La mise en scène intelligente de José Luis Gomezet Rafaël Martos a su laisser à ces grands artistes

un champ d’expression leur permettant d’exprimerune âme flamenca vibrante !MARYVONNE COLOMBANI

Les soirées flamenca ont eu lieu les 10 et 11 mai au Toursky

Du Be-Bop pour la danseQuatre grands amoureux du jazz, Pierre Levan aupiano, Joël Gregoriades à la contrebasse, AndréTaddei au saxophone et à la clarinette et GillesAlamel à la batterie forment le 4tet des SwingingPapy’s. Quatre musiciens à la longue complicité quiécument tous les endroits où l’on écoute du swing

et du be-bop. Le Club du Château des Creissauds,situé dans un parc magnifique cerné de platanescentenaires à Aubagne, propose de nombreusesanimations souvent tournées vers la danse. C’estdonc naturellement que le répertoire des SwingingPapy’s s’est orienté vers les musiques à danser et les

standards du jazz desannées 30 à 60. Ici, lescouples de danseursviennent pour satisfaireleur passion et dépenserbeaucoup d’énergie. Etles musiciens de ce quar-tet n’ont pas manqué deles satisfaire !DAN WARZY

Cette soirée a eu lieu au Château des Creissauds,le 3 mai

Rencontres et confrontations

Encuentro © Fre�de�ric Stephan

Swinging Papy's © Dan Warzy

DU MONDE | JAZZ

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En longeant le théâtre Toursky, l’âmede Léo Ferré résonne : «Ce théâtreToursky, c’est ma raison d’être marseil-lais… Le désordre, c’est l’ordre sans lepouvoir… L’Anarchie, c’est d’abord lerespect de l’autre… je revendique : NiDieu, ni maître» ! Sur scène, les musi-ciens entourent Richard Martin : violons,clarinette, clavier, sons planants etbourdons essentiels, Yerso, voix som-bre et envoûtante, qu’on entend troppeu, Levon Minassian, prince dudoudouk, aux envolées lumineuses,Anouchka Minassian, kanoun, auxbelles improvisations, Jean-PierreNergararian, kamancha, aux sonori-tés intemporelles. Le piano de JoséPendje est malheureusement inaudi-ble ! La musique (Ferré et compositeursarméniens), accompagne un RichardMartin crispé, qui a du mal à changerde registres : L’Affiche Rouge de LouisAragon manque de corps, le débit est

trop rapide, malgré l’habillage instru-mental subtil. Mais peu à peu Martinentre dans la chair des mots, se trans-cende, puis explose : «Madame laMisère : écoutez les tumultes qui mon-tent des bas-fonds !» Chaque phraseest ponctuée par des accords percus-sifs au clavier. «Il m’importe que lemot Amour soit chargé de mystère etnon de vertu.» Un immense crescendodramatique s’installe : «Nous sommesdes chiens !» Les textes de Ferré sontd’une force incroyable. Martin, deplus en plus virulent, les porte à boutde bras : «les voyous ne sont pas tousen prison : c’est une idée reçue !» Debelles lumières, tons sable et noir,enveloppent ce partage d’espoir. «Y’ena pas un sur cent et pourtant ils exis-tent, la plupart espagnols, allez savoirpourquoi. Faut croire qu’en Espagne,on ne les comprend pas : les Anarc-histes !» Poings levés vers la salle :

l’effet est garanti. Martin garde l’âmeintacte d’un combattant, avec lapoésie comme arme essentielle !YVES BERGÉ

Amour Anarchie a été donné au Toursky le 20 avril

Léo et Richard : un amour d’anarchie

MUSIQUE 35

© Fre�de�ric Stephan

Un langage de paix

Le batteur Ramsès Manuel Rodri-guez Baralt et Joel Hierrezuelo Balartaux congas sont les piliers rythmi-ques de la soirée. Avec eux, YandyMartinez Gonzales à la basse etJorge Luis Valdes Chicoy à la gui-tare. Roberto Fonseca est allé puiserdans l’héritage des griots africains en

la personne et la voix de Baba Sisso-ko, musicien malien qui l’accompagneavec un petit guembri et plusieurspercussions. Les compositions sui-vent une trame simple et répétitivetrès rythmée, les motifs mélodiques,parfois déroutants, sonnent au clavierqui prend parfois un accent demélodéon oriental. Les différentescolorations de musiques traditionnel-les conduisent à une sorte de rituel,qui n’exclut pas une improvisationdébordante ; la main droite du pianistes’envole alors à une vitesse extrava-gante ! Et juste lorsqu’on espère plusde variété, un changement de cou-leurs, un rythme de salsa s’élève, dansun hommage aux musiciens de LaHavane aujourd’hui décédés. Un claviercouplé à la voix fusionne avec lestimbales de la tradition gnawa, lesqraqeb qui sont si sonores. DocteurGriot et Professeur Fonseca réussis-sent à embraser la scène, propulsantles spectateurs hors de leurs sièges...juste avant la transe.DAN WARZY

Ce concert a eu lieu au GTPà Aix le 14 mai

Le pianiste cubain Roberto Fonseca, découvert dans leband du Buena Vista Social Club révélé par Ry Cooder etWim Wenders, a présenté son dernier enregistrement : Yo

Le Cri du Port a accueilli l’Institut Musical de Formation Professionnelle (IMFP-Salon de Provence) pour une journée d’information sur ses activités. Un groupede musiciens pratiquant la «Djangologie» a animé l’espace bar pour ajouter plusde convivialité à la première partie de la soirée.Gilad Hekselman arrive directement des USA pour commencer une tournéeeuropéenne en 4tet et doit affronter le décalage horaire, fatal dans ce sens duparcours. C’est un guitariste pas encore trentenaire, d’origine israëlienne quivit aujourd’hui à New-York. Joe Martin, le contrebassiste, et Marcus Gilmore,le batteur, sont ses partenaires réguliers. Mark Turner, que l’on a déjà puentendre en duo avec Baptiste Trotignon, ajoute son saxophone ténor à cetteformation. Une grande puissance se dégage dès le début du set dans unecomposition emplie de lyrisme et de cohésion. La guitare s’introduit souventpar succession de notes douces et élaborées avec de nombreuses utilisationsd’harmoniques. Peu d’accords ponctuent les séquences d’improvisation et leslignes mélodiques sont déroutantes. Saxophone et guitare se retrouvent dansla construction des thèmes qui permettent les digressions de chaque membredu 4tet qui n’ont à prouver leur talent… si ce n’est que Marcus Gilmore s’y estemployé, montrant vrai dialogue est possible entre baguettes, cymbales,peaux... et âme !DAN WARZY

Cette soirée s’est déroulée au Cri du Port le 16 mai

Tour de chauffe

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Roberto Fonseca © D

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Dans un paysage presque entièrement dévoué auxtêtes d’affiche, louable est la volonté de l’associa-tion Tandem de continuer à promouvoir desmusiques hors d’un format commercial. Pour lahuitième édition du désormais fameux festivalFaveurs de Printemps, la S.M.A.C. toulonnaiseavait donc, comme à l’accoutumée, élu domicile àHyères dans des lieux aussi atypiques etimprobables que chaleureux : l’église anglicane enpremière partie de soirée et le Théâtre Denis pourclôturer chaque journée d’une édition à laprogrammation toujours aussi pointue, conçuepour les aficionados du genre, avec des pointuresnationales et internationales, du rock, de la pop etdu folk. Tout un programme consacré à des artistesque l’on n’entend pas assez sur les ondes, àcommencer par le groupe El Botcho qui ouvrait leshostilités par une pop sucrée, savoureusementvintage et à la bonne humeur communicative, avecdes harmonies riches en chœurs et des balladesjoliment troussées. Tout respirait la joie d’un combolocal et prometteur, une belle mise en bouche enquelque sorte dans l’acoustique étonnante d’unédifice religieux. Le lendemain, c’était au tour dufrançais Julien Ribot d’ouvrir le bal dans l’écrin

magique du fameux petit théâtre à l’italiennehyérois : une pop classieuse et précise campée surune solide rythmique avec un soupçon demélancolie dans l’écriture vocale portée par unevoix chaleureuse. La surprise est venue ce jour-làdu dessert des québécois Monogrenade auxingrédients pour le moins surprenants : pop,

électro, Krautrock et autres s’entrechoquent dansun déluge de sons soutenu par un trio à cordes etune rythmique frénétique proche du rock. Neressemblant esthétiquement à rien de connu dansl’univers formaté de la pop, ce curieux mélangeavait un goût résolument nouveau. ÉMILIEN MOREAU

Faveurs de Printemps s’est déroulé à Hyèresdu 19 au 21 avril

Saveurs de Printemps

Julien Ribot © X-D.R.

Monogrenade © X-D.R.

Ils étaient nombreux à répondre à l’appel duTremplin Jazz, 30 à 35 CD envoyés de toute la ré-gion ! Six, choisis par l’équipe de Jazz à Porquerollespour une finale sur deux jours, ont présenté chacunune demi-heure de concert. À l’issue de chaque soi-rée, dans le cadre du Théâtre Denis, charmant petitthéâtre à l’italienne, le public élit son groupepréféré, puis le jury détermine le vainqueur des deuxsoirs, se réservant le droit d’un coup de cœur. Untremplin dédié aux jeunes jazzmen/women, exempleunque dans le sud-est de la France. Cette année de jeunes groupes de Montpellier, Mar-seille, Nice, Toulon présentaient des univers trèsdifférents, de l’interprétation de standards à la créa-tion personnelle en passant par des musiques

métissées, avec des formations avec voix ou instru-mentales, restreintes ou nombreuses desinstruments variés… Un ensemble d’une bellequalité, ménageant des surprises, voire deséblouissements, rendant le travail jury délicat !L’enjeu ? avant tout une reconnaissance, la premièrepartie du concert d’ouverture du festival dePorquerolles cet été, deux jours d’enregistrement austudio 26 d’Antibes… On remarquait ainsi la jolievoix bien placée de Julie Benoliel, accompagnéede Claude Basso à la guitare, le beau Titanic deGuilhem Verger ; mais surtout la remarquableprestation à la harpe, instrument inattendu en jazzde Milevska, ses élans lyriques, son swing, sesnuances : le public lui accordera le Prix de la

deuxième soirée et le jury celui du Soliste. Enfin, lequintet de Nicolas Koedinger, interprétantuniquement des compositions du musicien (superbecontrebasse) a remporté le Prix du Jury (et le Prixpublic du premier soir) par son invention, sacohérence, la construction au cordeau des morceaux,ses dialogues en écho ou contrepoint entre le saxoet le trombone. Les organisateurs du festival peu-vent se réjouir cette année encore de la qualité desartistes. La relève jazzique est bien assurée !MARYVONNE COLOMBANI

La finale du tremplin Jazz a eu lieu les 4 et 5 mai théâtre Denis à Hyèreswww.jazzaporquerolles.org

À venirÀ l’occasion du mois du jazz, la médiathèque d’Hyères et le festival Jazz à Porquerolles présentent, à la médiathèque, Billie Holiday et ses héritières :Exposition des clichés de Jean-Pierre Leloir pris lors du concert de BillieHoliday en 1958 ; exposition des planches de la maison d’édition BD Musique sur la thématique Billie Holiday et ses héritièresde Claire Braud, Marcelino Truong et Louis Joos. Du 16 juin au 13 juillet, vernissage le 15 juin à 18h.

Projection de Ladies sing the blues, film de Franck Cassenti, en sa présence, les 16, 30 juin et 13 juillet à 17h.

Rencontre musicale avec la chanteuse La Velle le 13 juillet à 17h.

04 94 00 11 30www.jazzaporquerolles.org

Tempo d’ici

Nicolas Koedinger 5tet, laure�at du Trem

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arie. Bergère

Rossitza Milevska, prix du soliste ©

Marie. Bergère

36 MUSIQUE JAZZ | ACTUELLE | DU MONDE

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Actuellement en rénovation avec une ouverture pré-vue en 2014, le Museon Arlaten se donne à voirhors-les-murs. C’est l’occasion pour ce musée dé-partemental d’ethnographie initié par Frédéric Mistralde présenter des manifestations décentralisées quidénotent un souci d’analyse et d’extrapolation quivont bien au-delà de visions folkloristes. Ce fut lecas au Portail Coucou de Salon-de-Provence lors dela cinquième étape du Voyage des 10 élaboré parla chanteuse-ethnologue Guylaine Renaud encollaboration avec des artistes d’obédiences multi-ples et originales. La musicienne Brésilienne Rita Macedo (Femmou-zes T équivalent féminin des Fabulous Troubadours)et le mandoliniste Patrick Vaillant étaient doncprésents pour une évocation Arlésienne de La Ba-gue d’aïe, ce fragile («aïe …») anneau de fiançaillesà la tradition originaire de la foire de Beaucaire.

L’occasion d’évoquer et de développer d’après destextes, témoignages et compositions Provençauxpassés ou contemporains (P. Vaillant), rites amou-reux et domestiques, diverses ambiances populaires.Pour ce faire, nos musiciens se permettent des dé-veloppements plein de fraîcheur où abondent lesprocédés de la musique de tradition orale : bour-dons, unissons répétitifs, joutes polyphoniquesagrémentées des motifs inventifs et novateurs dela mandoline de Vaillant à (re)découvrir impéra-tivement. Notons les accents exotiques de RitaMacedo et la théâtralisation jubilatoire de Guylai-ne Renaud, pour une tradition revisitée aveconirisme et originalité.PIERRE-ALAIN HOYET

La Bague d’aïe a été crée le 14 avril au Portail Coucou Salon-de-Provence

Une Alliance Provençale revisitée

Les musiques classique et traditionnelle d’Afghanis-tan, d’Iran, d’Inde, d’Ouzbékistan, du Tadjikistan, ouencore du Pakistan sont à l’honneur à Marseille, grâ-ce à l’association Ushpizin qui organise la deuxièmeédition de son festival indo-persan. Pendant long-temps, ces répertoires et les artistes de renomméeinternationale qui les diffusent sont restés à l’écartde notre région, qui peut toutefois être fière decompter parmi ses concitoyens la famille Chemira-ni, d’origine iranienne, dont le père Djamshid estune référence du zarb. Il était d’ailleurs programméau début du festival au côté d’une virtuose du setâr,Shadi Fathi. Parmi les autres pointures qui défilentdepuis le 9 mai à Marseille, mentionnons WajahatKhan, héritier de maîtres du sarod en Inde et lachanteuse Janet Rothstein-Yehudayan, interprètetoute en nuances du répertoire classique ettraditionnelle persan.Place est faite aussi au 7e art et particulièrement àla production pakistanaise avec, les 23 et 24 mai à

la Maison de la Région, 8 films réalisés en 2011par de jeunes cinéastes.À venir, le 26 mai, un concert de musique tradition-nelle afghane donné par l’Ensemble Samangan, dunom de leur province d’origine. Les frères Nassir etMunir (tabla) Aziz et leur père Mohammad Rassoulrelient l’ancienne et la nouvelle génération dejoueurs de luth, dans la diversité de l’instrument.Ils sont accompagnés par un jeune talent du rebab,Wahid Dil Ahang.La musique afghane et les frères Aziz sont ànouveau à l’honneur, mardi 29 mai, prouvant que laculture peut redonner espoir et dignité à un paysravagé depuis des décennies par les guerres.THOMAS DALICANTE

Ushpizin, Festival indo-persanJusqu’au 31 maiCité de la Musique, Marseillewww.ushpizin.org

Vers l’Iran

Il est un peu chez lui à la Cité, où il enseigne lamusique arabo-andalouse. Quand il se produit dansces murs avec son Orchestre Tarab, cela prend desairs de fête de famille. Amis, élèves, artistes sontvenus écouter, danser, fusionner avec ces musiciensqui reprennent des airs qu’ils connaissent.Intitulé De Grenade à Tlemcen, le spectacle estrythmé à la manière un voyage dans l’espacecomme dans le temps. Car après la chute deGrenade, le répertoire classique andalou continue àvivre et donne naissance à un nouveau genre, àTlemcen justement, le hawzi. C’est tout cerépertoire auquel rend hommage l’Orchestre Tarab,dans le respect de la tradition ancestrale transmiseoralement. Violon, alto, oud, kouitra, mandoline, mandole,derbouka et tar, les instruments sont ceux del’orchestre traditionnel andalou, auquel s’ajoute unbanjo. Très vite, le sens de «tarab» fait jour : une

transe extatique de celui qui sait s’abandonner. Lanouba prend corps, la piste ondule et les youyouscrépitent.Le répertoire fait une incursion dans le chaâbi etoffre un attendu Ya Rayah, morceau populaire deDahman El Harrachi, transformé en tube par RachidTaha. Et quand un élève est invité à prendre lepiano en même temps que Bruno Allary,compagnon de route et fondateur de la CompagnieRassegna, se met à la guitare, c’est toute lagénérosité de Fouad Didi qui s’exprime. THOMAS DALICANTE

Fiesta arabo-andalouseLe 19 avril, Fouad Didi et sonOrchestre Tarab ont fait la nouba à la Cité de la musique de Marseille

Fouad Didi et l'orchestre Tarab © X-D.R.

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ME THÉÂTRE38

Le DindonPhilippe Adrien met en scène Le Dindon de Feydeau,se servant des clichés du vaudeville pour huiler lamécanique d’un théâtre flirtant entre absurde etfantastique. Qui sera le dindon de la farce, de lafemme vertueuse au mari volage, des anciensamants aux nouveaux soupirants  ? Les portesclaquent, les sonneries se déclenchent dans lacourse haletante de personnages qui pour la plupartne doivent pas se rencontrer…

Du 5 au 9 juinLa Criée04 91 54 70 54www.theatre-lacriee.com

Une divine comédieLe chef-d’œuvre de Dante est ici transformé enpoème lyrique pour contre-ténor (Alain Aubin),récitant (Fosco Perinti), quatuor à cordes (ProMusica) et dispositif électroacoustique parChristophe Mauro, et Mehdi Belhaj Kacem pour letexte. La partition joue sur les contrastes «en créantun Enfer en paix, un Purgatoire ironique, un Paradisfougueux et tonique, pour finir par une vision décaléede la mort dans Vita Nova.»

Le 25 maiThéâtre Gyptis04 91 11 00 91www.theatregyptis.com

Henri IV le bien aiméDaniel Colas met en scène les dix-huit derniers joursde la vie du monarque, accentuant le côté trèshumain de ce roi amoureux comme un adolescentd’une très jeune femme pour laquelle il est prêt àsacrifier son royaume. Jean-François Balmer etBéatrice Agenin tiennent les rôles-titres de cetterestitution historique exacte et précise.

Du 29 mai au 9 juinLe Gymnase0 820 000 422www.lestheatres.net

La mer parleComme chaque été depuis 26 ans, le poète ChristianGorelli installe ses parolades sur l’île du Frioul durantl’été. La première de ces promenades poétique aurapour thème Mes poètes maritimes, de Lucrèce àLouis Brauquier. Rendez-vous sur le Vieux-Port pourla navette de 9h.

Le 17 juinLes îles du Frioul06 07 36 91 98

Opéra BuffaLa cie Laika et Muziektheater Transparants’emparent de l’opéra buffa de Mozart, Don Giovanni,qu’ils présentent dans une transcriptioncontemporaine, pour orgue Hammond, contrebasseet violon, dans un somptueux mélange de musique,de chants, d’interprétation et de chocolat… Unspectacle-dîner plein de tentations !

Du 14 au 16 juinLa Friche04 95 04 95 02www.lafriche.org

Le repas des fauves

Durant la période trouble de la France occupée, etalors que sept amis fêtent l’anniversaire de leur hôte,deux officiers allemands sont abattus au pied del’immeuble. La Gestapo investit alors les lieux etdécide de prendre deux otages par appartement, leslaissant sadiquement choisir eux-mêmes, parmi eux,ceux qui seront emmenés. Julien Sibre adapte et meten scène l’œuvre de Vahé Katcha, élargissant le huisclos et explicitant le hors champ par des filmsd’archives et des animations originales de CyrilDrouin.

Le 29 maiThéâtre Comoedia, Aubagne04 42 18 19 88www.aubagne.com

3 jours et plus…Le Vitez clôture sa saison avec la 17e édition duFestival de jeune théâtre amateur, programmant desspectacles réalisés dans le cadre des ateliers dethéâtre amateur organisés par le Vitez, l’associationPratik Teatr et Aix-Marseille Université.

Du 12 au 17 juinThéâtre Vitez, Aix04 42 59 94 37www.theatre-vitez.com

Magic Dust

Zéphir est balayeur, Olga est une diva, et tout sembleles séparer… Mais dans le secret d’un chapiteau,entre balais et baguettes magiques, poussières etpaillettes, le rêve de chacun rejoint le quotidien del’autre. La cie Alzhar crée du rêve, équilibrantsubtilement marionnettes et images numériques.

Le 7 juinCentre culturel René Char, Digne04 92 30 87 10www.sortiradigne.fr

Cabaret New burlesqueLes pulpeuses effeuilleuses découvertes à la faveurdu film Tournée de Mathieu Amalric sont bien en chairsur scène dans un cabaret qui revisite le genre dustriptease. Mimi Le Meaux, Dirty Martini, Kitten onthe keys, Evie Lovelle et Julie Atlas Muz, et leurpartenaire masculin tout aussi haut en couleur RockyRoulette, assument tout, avec humour et générosité.

Les 8 et 9 juinL’Olivier, Istres04 42 56 48 48www.scenesetcines.fr

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© Chantal Depagne-Palazon 2010

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Éclats de vieSeul en scène, Jacques Weber laisseéclater sa passion du théâtre enpromenant sa verve dans les textesd’auteurs qui l’ont marqué. Ceux deMusset, Flaubert, Molière, Corneille, LaFontaine ou encore Duras, pour neciter qu’eux, qu’il s’approprie avecgourmandise et partage avec le public.

Le 24 maiThéâtre de Fos04 42 11 01 99www.scenesetcines.fr

Je me souviensÀ la façon de Georges Perec, JérômeRouger fait collecte de ses souvenirs etse souvient de son enfance à Terves,dans les Deux Sèvres, mêlant paroles,musique et soirée diapos… Avecmalice, fraîcheur et décalagesurgissent l’humour et les émotions, et,loin de toute nostalgie, il convoque lepassé pour nourrir le présent.

Le 25 maiEspace Robert Hossein, Grans04 90 55 71 53www.scenesetcines.fr

HistoirescachéesPromenade sonore avec casque audiosur la tête… Isolé mais en petit groupe,chacun expérimente un nouvel espacepublic, suivant la règle d’un drôle dejeu  : suivre un objet banal (d’uneorange à une boite d’allumettes) quipasse de main en main au travers dequatre personnages solitaires, quatretranches de vie à découvrir. Le lieu durendez-vous est tenu secret jusqu’audernier moment…

Le 16 juin à 11h, 16h et 19hThéâtre de Cavaillon04 90 78 64 64www.theatredecavaillon.com

La conférencedes oiseaux…… ou le dialogue mystique d’après FaridAl Din Attar tiré du récit théâtral deJean-Claude Carrière. Serge Barbuscia,metteur en scène et récitant, réunit, enparoles et musique, l’esprit de deuxgrands mystiques, Farid Al Din Attar etOlivier Messiaen, «prenant la complicitédes oiseaux comme un symbole desrelations entre le ciel et la terre».

Le 25 maiThéâtre du Balcon, Avignon04 90 85 00 80http://Theatredubalcon.org

Les chambresd’amourGrasse clôture sa saison, à l’Hôtel duPatti transformé en «maison closepoétique», avec le Théâtre de l’Unitépour une parenthèse poético-amoureuse… Dans l’intimité dechambres d’amour, rimes et motsd’amour vous seront tendrementsusurrés à l’oreille, le temps de voussoustraire, avec béatitude, à unquotidien bien moins insolite !

Du 1er au 3 juinThéâtre de Grasse04 93 40 53 00www.theatredegrasse.com

Beaucoup debruit pour rien

Premier spectacle en salle pour la ciede théâtre de rue 26 000 Couverts, quioffre une lecture innovante de l’œuvrede Shakespeare. Digression et art dudétournement sont bien sûr auprogramme, Philippe Péhenn brouilleles conventions théâtrales, convoquantla capacité d’improvisation descomédiens et des spectateurs.

Les 19 et 20 juinThéâtre Liberté, Toulon04 98 00 56 76www.theatre-liberte.fr

BizarrePremière confrontation avec le publicpour les élèves de première année del’École régionale d’acteurs de Cannes !Sous la direction de Frédéric Grosche,ils s’emparent de l’univers du trublionde la scène argentine, RafaelSpregelburd  : quatre chapitres,s’inspirant des télénovelas latino-américaine, distillent tous lesingrédients du genre, amour, trahisons,folie, intrigue policière, dans unpastiche qui dissimule une chargesociopolitique féroce de la sociétéactuelle.

Le 8 juinThéâtre de La Licorne, Cannes04 97 06 44 90www.madeincannes.com

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ME DANSE40

À nos morts…Yann Gilg, directeur artistique de la cie MémoiresVives, et Reda Bouchenack, «légende» du raïmarocain, font se rencontrer l’Histoire et le hip hop,dans un récit chorégraphié qui rend hommage à lamémoire des soldats indigènes, tirailleurs morts pourla France entre 1857 et 1945, qui furent garant de laliberté de la France durant tous les conflits. Lestableaux se succèdent en danse, lumières et sonspour rendre vivant ce fragment d’histoire.

Le 24 maiCinéma 3 Casino, GardanneAssociation Contacts09 50 69 93 05www.cie-memoires-vives.org

DépigmentationPour cette création, la sénégalaise Gnagna Gueye,en résidence au Pavillon Noir d’avril à juin 2012, lanceun cri d’espoir pour détruire le cliché tenace de lasuprématie «blanche». Sur le thème des traitementspour rendre la peau de la femme africaine plus claire,la danseuse veut sensibiliser populations et dirigeantssur les conséquences tragiques de cette nouvellepratique.

Le 19 juinPavillon Noir, Aix0811 020 111www.preljocaj.org

Post disaster danceLe chorégraphe Matthieu Hocquemiller invente unprojet hybride autour de la post disaster dance, untravail sur «l’utopie dansée» qui ne craint ni l’absurdeni la fragilité. Une nouvelle forme de performancedansée pour une aventure collective qui entre«gesticulations insensées et brouillonnes pour sesdétracteurs, rejette toute codification physique auprofit d’une créativité spontanée et volontiersexubérante». Présentation d’un travail en cours.

Le 15 juin3 bisf, Aix-en-Provence04 42 16 17 75www.3bisf.com

Doux

Anton Zvir et Béatrice Mille, un duo du BalletNational de Marseille, revisitent le sentiment dedouceur et sa persistance nostalgique dans le corps.Une gestuelle coulée et souple, de la proximité et ducontact, pour une chorégraphie de couple pas sifréquente en danse contemporaine…

Le 24 maiFestival des Arts Ephémères, Parc MaisonBlanche, MarseilleLe 9 juinFlâneries d’Art, Aix-en-Provence04 91 32 72 72www.ballet-de-marseile.com

MétamorphosesPour le Ballet National de Marseille, FrédéricFlamand s’appuie sur l’œuvre magistrale d’Ovide,un poème mythologique qui transgresse et faitéclater l’ordre classique. Les designers brésiliensHumberto et Fernando Campana ont conçu lesdécors de ce spectacle, dans lequel l’approche desmythes est l’occasion d’une réflexion sur les forcesconstitutives de la nature humaine.

Le 29 juinPlace Bargemon, Marseille04 91 32 72 72www.ballet-de-marseile.com

Festival de MarseilleLe Festival de danse et des arts multiples s’installe àMarseille pendant un mois (voir p11). Au Silo, SidiLarbi Cherkaoui présente TeZukA (9 et 10/6), unefresque épique et multimédia autour de l’univers dumaître du manga japonais Osamu Tezuka. DansStandards, Pierre Rigal joue avec les couleurs dudrapeau tricolore en observant les effets de lastandardisation sur un groupe de danseurs hip-hop(12 et 13/6 salle Vallier). La Cie Sharon Fridmanjoue le duo Al Menos dos Caras (15/6 salle Vallier),un opus nocturne sur la perte de repères. Lacanadienne Crystal Pite, dans The Tempest replica(19/6 salle Vallier) donne vie à la tragédie deShakespeare pour entremêler le merveilleux et lascience. Puis dans The Strindberg Project, le balletCullberg présente le fleuron de la danse scandinavedans un double programme, en exclusivité pour leFestival (20/6 au Silo).

Du 9 juin au 6 juillet04 91 99 00 20www.festivaldemarseille.com

Au KlapLes découvertes sont toujours au rendez-vous à laMaison pour la danse  : le 24 mai à 19h, FlorentNikiema et Faho Biemoubon, artistes issus de l’écolede danse d’Irène Tassembédo de Ouagadougou, auBurkina, présentent Quand la lune est pleine ; lemême jour à 20h30, les danseurs de la formationColine donnent la dernière représentation de lapromotion 2010-2012 sur une chorégraphie deMathilde Monnier et Bernard Glandier. Le 29 mai à20h30 Michel Kelemenis échangera quelques gestesde son solo Faune Fomitch avec Thomas Birzan de lacie Grenade/Josette Baïz.

Klap Maison pour la danse04 96 11 11 20www.kelemenis.fr

AaléefUn solo du performer Taoufiq Izeddiou, qui mêle sastature de boxeur à une réflexion sur l’identité. Soncorps massif et puissant heurte le sol et modernisela danse transcendantale des gnawas, ethnie del’Atlas dont il fait partie. Une pièce écartelée entretradition et contemporanéité.

Le 9 juinThéâtre Liberté, Toulon04 98 00 56 76www.theatre-liberte.fr

EnergyÀ la manière des savants des débuts de la révolutionélectrique, deux danseurs derviche, Ziya Azazi etLoreta Juodkaité, et un musicien de thérémine,Claudio Bettinelli, s’attaquent à l’alchimie quitransforme le mouvement en lumière, et la chaleuren musique. Les acteurs deviennent «générateurs»pour un spectacle plein d’énergie.

Le 9 juinThéâtre Liberté, Toulon04 98 00 56 76www.theatre-liberte.fr

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ME JEUNE PUBLIC/CIRQUE42

Mondes animésLe Théâtre du Mantois offre l’occasion de découvrirpar le spectacle vivant une autre façon de regarderl’image. Un ciné-théâtre jeune public dans lequeldeux comédiens-musiciens composent en direct unebande son mêlant voix, bruitages et musique devantquelques perles du cinéma d’animation venued’Estonie, de Kirghizie ou d’ailleurs.

Le 24 maiLe Comoedia, Aubagne04 42 18 19 88www.aubagne.fr

Le ballet du montreur

Le marionnettiste Louis-Do Bazin, accompagné parJean-Pierre Caporossi (ou Florian Doidy) au piano,invite le public à participer à un ballet de danseclassique. Spectacle inclassable et plein de surprises,qui initie à l’art de la danse et son univers de grâce etde légèreté. Inoubliable.

Le 2 juinThéâtre de Fos-sur-Mer04 42 11 01 00www.scenesetcines.fr

Pierre et le loup

Le célèbre conte musical de Prokofiev est interprétépar l’Orchestre symphonique de l’Opéra deToulon pour un ciné concert jeune public. Lesimages du film d’animation, superbe et terrifiant deSuzie Templeton remplacent le récitant, et exigentune parfaite synchronie avec la partition  ! Sur lemême concept, en première partie, l’orchestreprésentera le dadaïste et loufoque Entracte de RenéClair sur une partition d’Erik Satie.

Le 1er juinThéâtre du Golfe, La Ciotat04 42 08 92 87www.mairie-laciotat.fr

Le 15 juinPôle culturel, Saint-Maximin04 94 86 18 90www.polejeunepublic.com

Si la terreDébarquer sur la planète de Geneviève Laloy, c’estun peu faire le tour du monde. Dans ce monde-là, ona envie de flâner, de franchir des petits pontsd’enfance, d’ouvrir les yeux sur d’autres terrespossibles. Tissées de folk et de jazz, ses histoireschantées ancrées dans la vie quotidienne s’élancentvers les étoiles.

Du 31 mai au 1er juinEspace Robert Hossein, Grans04 90 55 71 53www.scenesetcines.fr

Tendance Clown

Depuis le 27 avril, la 7e édition de la manifestationdédiée à l’art clownesque déambule de spectaclesde rue gratuits en propositions singulières dans lesthéâtres (voir p23). En partenariat avec Karwan, la Cité des Arts de laRue, le duo belge surréaliste Wurre-Wurre présenteBroekvent (le 23 mai) dans la cour du ConservatoireNational de Marseille (avant une tournée dans la régiondu 23 mai au 2 juin) dans lequel le duo de clownsurréaliste offre un spectacle proche d’un cadavreexquis gestuel et absurde, très écrit et maîtrisé. Au Daki Ling (les 24 et 25 mai), la Bande Artistiqueprésentera Parfois dans la vie les choses changent (àpartir de 7 ans). Entre jonglerie, opéra et clown, deuxpersonnages haut en couleurs tâcheront de se rendredignement jusqu’à la fin de leur spectacle, malgré lesembûches. Le festival de «clowns d’aujourd’hui» s’achève sur unfinal de prestige à savourer au théâtre du Merlan. Le26 mai, Ha Ha Ha ! promet une heure de joyeux fousrires. Dès l’arrivée sur scène du duo de clowns desOkidok, petits et grands sont plongés dans un universbaroque et poétique, proche des dessins animés deTex Avery et du théâtre d’objets. Un tandem belge quiconcilie à merveille émotion, malice et poésie. Le 27mai, dans Slips Inside, les Okidok, tels des cascadeursfarfelus, improvisent des petites scènes acrobatiqueset clownesques. À pied, à quatre pattes, à plat ventre,

les deux hommes (en slip) se lancent dans une dé-monstration de leurs talents, entre acrobatie et poésiebrute des grandes années du music-hall.

Tournée dans la région PacaBroekventLe 23 maiCour du Conservatoire National de Région,MarseilleLe 25 maiChâteau de l’Empéri, Salon-de-ProvenceLe 27 maiEcole Paul Arène, AntibesLe 28 maiPlace Mariéjol, AntibesLe 2 juinCour de l’école Antide Boyer, Aubagne04 96 15 76 30www.karwan.info

Ha Ha Ha !Le 26 maiThéâtre du Merlan, Marseille04 91 11 19 20www.merlan.orgLe 22 maiPôle Jeune Public, Le Revest04 94 98 12 10http://polejeunepublic.comLe 25 maiLa Croisée des Arts, Saint-Maximin04 94 86 18 90www.var.fr

Slips InsideLe 27 maiThéâtre du Merlan, Marseille04 91 11 19 20www.merlan.org

Wurre-Wurre © Bart Van Leuven

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Pierre et le loup de Suzie Templeton

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Sirènes et midi netLe virtuose de la cornemuse ErwanKeravec dans un trio atypique(Guénolé Keravec à la bombarde etAlain Mahé à l’électronique) mêlantinstrumentation traditionnelle etélectronique. Il avait accompagné avecgrâce les Enfants de Boris Charmatz auFestival d’Avignon 2011 et reprend sarecherche sur le souffle continu et leson obsédant. Une sirène en alerte àSirènes et midi net.

Urban PipesLe 6 juinSirènes et midi net, Parvis del’Opéra de Marseille04 91 03 81 28www.lieuxpublics.fr

La MortMarraineLe conte musical, composé par RaoulLay pour l’Ensemble Télémaque,donne vie aux personnages des frèresGrimm à travers des thèmes musicaux,attribués à chacun des instruments. Lacomédienne Julie Cordier trouve lejuste équilibre entre corps et motsgrâce à ses accessoires de papier,simples objets incarnant les sons. Ununivers magique autour de l’histoired’un jeune homme rattrapé par sondestin.

Le 31 maiThéâtre Durance, Château-Arnoux04 92 64 27 34www.theatredurance.fr

Folle histoireDans le cadre de La Folle histoiredes Arts de la Rue, trois spectaclesgratuits sont proposés chaque jourdans cinq villages du départementassociés à Saison 13, autour del’univers de Léandre et ses complices,des compagnies barcelonaises. Dans Chez Léandre, le clown installeson univers sommaire dans la rue, unetable, une chaise, une porte. Emmenéà vivre la vie d’un clown au grand jour,le public découvrira ses gestes duquotidien, partageant son humour etsa poésie.Dans Barco de Arena, l’artiste de rueClaire Ducreux relève le défi derendre accessible à tous la dansecontemporaine. Autour d’uneinstallation minimaliste, un pont setransformant en bateau, des images etdes situations familières tout en finesseet en élégance permettent au publicd’entrer dans la danse.Créés pour faire rire, que deviennentles clowns en temps de crise ? Troisclowns perdus dans un monde qui leurest inconnu, maîtres de la farce et del’humour, dans Démodés, une tragi-comédie contée non sans humour etrelevé d’une pointe de nostalgie. Avecla Compagnie La Tal et LéandreRibera.

Chez LéandreLe 9 juin à 19hPlace Mitterrand, Saint Martin deCrauLe 10 juin à 11h30Rue de la République, EygalièresLe 15 juin à 19hPlace Raoul Coustet, MallemortLe 16 juin à 19hParking salle des fêtes, Le Puy-Sainte-RéparadeLe 17 juin à 11h30Autour de la Mairie, Puyloubier

Barco de ArnaLe 9 juin à 18hPlace Mitterrand, Saint Martin deCrauLe 10 juin à 10h30Rue de la République, EygalièresLe 15 juin à 18hPlace Raoul Coustet, MallemortLe 16 juin à 18hParking salle des fêtes, Le Puy-Sainte-RéparadeLe 17 juin à 10h30Autour de la Mairie, Puyloubier

DémodésLe 9 juin à 21hPlace Mitterrand, Saint Martin deCrauLe 10 juin à 17hDevant la salle des fêtes,EygalièresLe 15 juin à 21hPlace Raoul Coustet, MallemortLe 16 juin à 21hParking salle des fêtes, Le Puy-Sainte-RéparadeLe 17 juin à 16h30Autour de la Mairie, Puyloubier04 96 15 76 30www.follehistoire.fr

Barco de Arena © Luc Viatour

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ME MUSIQUE44

Jeune filleLa Jeune fille aux mains d’argent, féerie sonore etvisuelle imaginée pour tous publics par Olivier Py,Raoul Lay et Catherine Marnas est une valeursûre : elle tourne partout depuis 2006. À voir si cen’est déjà fait !

BERRE-L’ETANG. Le 25 mai à 19h. Forum des Jeunes et de la Culturewww.forumdeberre.com04 91 39 29 13 www.ensemble-telemaque.com

OdysséeUne création d’Oscar Strasnoy sur un livretd’Alberto Manguel. L’ensemble Musicatreize estdirigé par Roland Hayrabedian, pour cette étapede création dans le cadre du projet Odyssée dansl’espace : dans la perspective de l’année MP2013,cinq opus de compositeurs représentant cinq paysdifférents voient le jour.

MARSEILLE. Le 25 mai à 19h. ABD Gaston Deferre04 13 31 82 00 www.biblio13.fr www.musicatreize.org

Richard GallianoL’accordéoniste de jazz joue Bach en sextet.

MARSEILLE. Le 25 mai. Eglise Saint-MichelFestival de Musique Sacrée 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr

Alexandre TharaudLe pianiste interprète le 3e concerto de Beethovenquand l’Orchestre Symphonique de l’Opéra (dir.Wolfgang Doerner) joue la Symphonie «Italienne»de Mendelssohn et une pièce pour cordes de 2004 :L’Eloignement de Chen.

TOULON. Le 25 mai. Opéra04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr

Gautier CapuçonLe violoncelle français à nouveau à l’honneur pourle dernier concert de la saison au Grand Théâtre deProvence ! Au programme, le Concerto n°1 de Saint-Saëns. L’Orchestre National de Lyon joue aussi la1re symphonie de Chostakovitch…

AIX. Le 25 mai. GTP08 2013 2013 www.legrandtheatre.net

Divine comédieDante revu par Mehdi Belhaj Kacem sur unemusique de Christophe Mauro, avec Alain Aubin(contre-ténor), Fosca Perinti (récitant) et leQuatuor «Pro Musica».

MARSEILLE. Le 25 mai. Gyptis04 91 11 00 91 www.theatregyptis.com

Edouard Exerjean

À la suite des représentations du Courrier deMonsieur Pic avec Maurice Vinçon (jusqu’au 25mai), le pianiste clôture sa «carte blanche» par dupiano à 4 mains avec Sofja Guelbadamova dansFauré, Ravel, Satie, Milhaud, Poulenc…

MARSEILLE. Le 26 mai. Théâtre de Lenche04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info

ChambreLe dernier concert de musique de chambre à l’Opérade Marseille met en valeur trois artistes maison : lapianiste Brigitte Grosse, l’altiste Cécile Florentinet la soprano Marianne Pobbig interprètent desLieder de Brahms et Wagner et des duosinstrumentaux de Schumann.

MARSEILLE. Le 26 mai à 17h. Foyer de l’Opéra04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr

Sud américainesDu Mexique à la Patagonie : guitare et chantslatino-américains par César Desantiago.

CHATEAU-GOMBERT. Le 27 mai à 17h30. Musée du Terroir Marseillais04 91 68 14 38

Piano & violoncelle 1Yuki Ogata & Livia Selmi dans Beethoven, Fauré,musiques et mélodies du Japon.

MARSEILLE. Le 27 mai à 17h30. Comptoir de la Mode06 14 31 59 55

ToscaLe fameux opéra de Puccini chanté par BéatriceUria-Monzon dans le rôle titre, Riccardo Massi(Mario), Seng Youn Ko (Scarpia). L’OLRAP et lesChœurs de l’Opéra sont dirigés par Alain Guingalpour une mise en scène de Nadine Duffaut.

AVIGNON. Du 27 mai au 31 mai. Opéra04 90 82 42 42 www.operatheatredavignon.fr

Traces de sonsDans les pas de jeunes compositeurs japonais…,musique de chambre électroacoustique présentéepar Les Acousmonautes.

MARSEILLE. Le 31 mai à 19h. Urban Gallery04 91 37 52 93

RossiniLa Petite messe solennelle est chantée par la classede chant de Tibère Raffalli (Conservatoire deMarseille).

MARSEILLE. Le 31 mai. Eglise St-Antoine dePadoue et le 5 Eglise de St-BarnabéFestival de Musique Sacrée

Labo MIMJacques Raynaut (piano), Angelica Cathariou(mezzo-soprano) et Eric Charrey (clarinette) jouentdes pièces contemporaines de Jacques Lenot,Marcel Frémiot, Lucie Prod’homme, Henry Fourès,Regis Campo, Maïté Erra, Jean-Claude Wolf, Jean-Pierre Moreau…!

MARSEILLE. Le 31 mai. Cité de la Musique – Auditoriumwww.citemusique-marseille.com04 91 39 28 28 www.labo-mim.org

La mort marraineLe conte des frères Grimm, mis en musique parRaoul Lay avec la comédienne Julie Cordier etl’ensemble Télémaque. Un spectacle qui tourneavec succès depuis 4 ans. A voir en famille !

CHATEAU-ARNOUX. Le 31 mai à 19h Théâtre Durance04 92 64 27 34www.theatredurance.fr

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Richard Galliano © Alix Laveau

Edouard Exerjean © X-D.R.

© Agnè�s Mellon

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AU PROGRAM

ME

MUSIQUE45

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SavaryBoris Vian, cap au sud, spectacle musical mis enscène par Jérôme Savary (direction musicalePhilippe Rosengoltz).

TOULON. Du 31 mai au 3 juin. Théâtre Libertéwww.theatre-liberte.fr04 98 00 56 76

Ciné-ConcertKarol Beffa «improvise» au piano sur les images dufilm muet Journal d’une fille perdue (1929, avecLouise Brooks) de Pabst.

MARSEILLE. Le 1er juin à 17h. Alcazar en partenariatavec le festival Musiques Interdites (voir page 13)www.musiques-interdites.eu04 91 90 46 94

Bach & C°Par Etienne Mangot (violoncelle et baryton) etJean-Paul Serra (pianoforte).

MARSEILLE. Le 1er juin à 20h30. Urban Gallerywww.baroquesgraffiti.com 09 51 16 69 59

L’écho du CoursHaut les sax avec l’E.C.O. (European Contempo-rary Orchestra) ! Mais qui se cache donc derrièrece Gandolfi de Belsunce, compositeur marseillaisqu’on dit prof au Conservatoire, et qui «nous aconcocté une courte pièce pour saxophones quejoueront (sous la houlette de Joël Versavaud) tousceux qui, dans le public, auront amené le leur. Lespassants saisis par le rythme pourront diriger lesmusiciens en suivant une chorégraphie créée par ladanseuse Emma Gustafson» ? Avis aux volontaires,la partition, espèce de valse bancale à 7/8 (3+2+2)pour 4 parties de saxophones, sous-titrée Le swingmarseillais de la flashmob’ilette, et la chorégraphieinspirée des mouvements d’un chef d’orchestre sontà apprendre sur le site www.ecosound.eu.

MARSEILLE. Le 1er juin à 18h30. Cours Julien04 91 39 29 13 www.ensemble-telemaque.comRépétitions les 29, 30 et 31 mai à 20h au Waaw (17 rue Pastoret 6e)

Saint-PétersbourgLe Quatuor vocal Konevets et la basse Oleg Kovalevdans des liturgies et chœurs des monastère ortho-doxes de Russie.

MARSEILLE. Le 2 juin à 20h30. Eglise St-MichelFestival de Musique Sacrée 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr

Poésie en musiqueL’ensemble vocal féminin Hymnis (dir. BénédictePereira) : Ronsard, Apollinaire, La Fontaine,Verlaine en musique.

MARSEILLE. Le 2 juin à 20h30. Eglise de La Trinité (1er) 06 31 85 22 42

Robert SchumannLucile Pessey (soprano) et Amandine Habib(piano) dans des opus du compositeur romantiqueallemand.

MARSEILLE. Le 2 juin à 21h. Station Alexandre04 91 00 90 00 www.station-alexandre.org

Stabat materRossini chanté avec piano (Marcus Maitrot) parl’Ensemble Sull’Aria (dir. Pierre-Emmanuel Clair)avec Catherine Bocci-Dragon (soprano), CécileMeltzer (mezzo), Christopher Roche (ténor), YvesBergé & Guillaume Barralis (basses).

POURRIÈRES. Le 2 juin à 21h. Couvent des MinimesCORRENS. Le 9 juin à 18h. Eglise Notre-DameMARSEILLE. Le 15 juin à 21h. Temple GrignanAIX. Le 16 juin à 21h. Eglise du St-Esprit

BrésilTeca Calazans et le duo Luzi Nascimento (le 2 juin ),Roda de Choro (le 3 juin à 17h30) et Aurélie &Verioca (le 3 juin), concerts autour de la musiquepopulaire brésilienne.

MARSEILLE. Auditorium Cité de la Musique04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com

AmericaMois des compositeurs américains à la biblio-thèque : causerie musicale par Lionel Pons (voir p31 le 2 juin à 16h), projections d’opéras et comé-dies musicales West side story (8 juin 17h), AnnaNicole, opéra de M. A. Turnage (13 juin 17h), Porgy& Bess (20 juin 17h), Un tramway nommé désir,opéra d’A. Prévin d’après Tenessee Williams (27 juin17h), rencontre autour de In C de Terry Riley avecRaoul Lay et l’ensemble Télémaque (le 21 juin à17h45, concert à 18h15. Hall).

MARSEILLE. Alcazar - www.bmvr.marseille.fr

Thierry CaensLe trompettiste accompagné du Quatuor Girard ducontrebassiste Benjamin Thabuy et de la pianisteNathalia Romanenko jouent de la musiquefrançaise pour la clôture de la saison au Méjan.

ARLES. Le 3 juin à 11h. Méjan04 90 49 09 12 www.lemejan.com

Concert romantiqueMonique Borrelli (soprano), Pierre Villa-Louma-gne (baryton), Vanessa Crousier (violoncelle) etPierre Laïk (piano) dans Mendelssohn, Schubert,Schumann, Brahms, Liszt.

MARSEILLE. Le 3 juin à 16h30. Notre-Dame du Mont04 91 48 36 96

Piano & violoncelle 2Ludovic & Livia Selmi dans Liszt, Beethoven etOffenbach.

CHATEAU-GOMBERT. Le 3 juin à 17h30. Musée du Terroir Marseillais04 91 68 14 38

Airs d’opéras 1Bizet, Donizetti, Gounod… par Anca Violeta.

MARSEILLE. Le 3 juin à 17h30. Comptoir de la Mode06 14 31 59 55

Un grand RequiemUne magnifique fresque sonore, interprétée par lesbelles voix et les cuivres brillants du Conservatoire,dirigée et re-composée par Isabelle Vernet à partirdes Requiems de Verdi, Fauré, Mozart et Saint-Saëns.

MARSEILLE. Le 4 juin à 19h30. Eglise de St-Just et le 6 juin. Sacré CœurFestival de Musique Sacrée

FoliephonieLucie Prod’homme et ses Acousmonautes donnentcarte blanche à Patrick Roudier qui présentera unéchantillon historique de ses créations.

MARSEILLE. Le 4 juin. Cité de la Musique. Rencontre à 18h15www.citemusique-marseille.com04 91 39 28 28

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Karol Beffa © Alix Laveau

Teca Calazans © Pedro Guimara�es

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AU PRO

GRAM

ME RENCONTRES46

Patrimoine baroqueLes musiciens «locaux» Vallière, Archimbaud,Estienne et Blanchard dévoilés par Guy Laurent(voir p 62).

AIX. Le 5 juin à 18h30. Espace Forbin04 42 99 37 11 www.orphee.org

La fille à marinsSpectacle en chansons mis en scène par JérômeSavary (direction musicale Roland Romanelli).

TOULON. Les 5 et 6 juin. Théâtre Liberté04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

La Flûte enchantéeUn conte initiatique qu’on peut appréhender avecla naïveté d’un regard enfantin, comme on peut ylire des enjeux sur les rapports des sexes, familiaux,thématiques freudiennes avant l’heure, voire sociaux,des références ostensibles à la franc-maçonnerie…Et la merveilleuse musique de Mozart fait le reste :du pur chant de Pamina (Sandrine Piau) à l’hysté-rie vocale de la Reine de la nuit (Burcu Uyar), del’héroïque Tamino (Sébastien Droy) au profond Sarastro(Wotjek Smilek), jusqu’au bonhomme Papageno(Henk Neven)… Kenneth Montgomery dirige cebeau plateau mis en scène par Jean-Paul Scarpita.

MARSEILLE. Les 6, 8, 12, 14 et 16 juin à 20h et le 12 juin à 14h30. Opéra04 91 55 11 10 www.opera.marseille.frConférence le 2 juin à 15 h. FoyerRencontre L’Opéra en scènele 5 juin à 17h. Alcazar

Derniers feux sacrésArvo Pärt (Silouan’s song), Britten (Lachrimae -Arno Thorette à l’alto) et Haydn (7 dernièresParoles du Christ) avec l’Orchestre Philharmoniquede Marseille et Robin Renucci (récitant) pour ledernier concert du festival.

MARSEILLE. . Le 7 juin. Eglise St-MichelFestival de Musique Sacrée 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr

Compositeurs aixoisLes Festes d’Orphée (voir p 61) pour quatre sièclesde musiques d’Aix, les baroques Campra et Gilles, leromantique Félicien David et Emmanuel deFonscolombe, le néoclassique Darius Milhaud etJean-Michel Hey pour une création contemporaine.

AIX. Le 7 juin à 20h30. Chapelle de La Baume04 42 99 37 11 www.orphee.org

Nathalie Manfrino

La soprano chante des airs tirés d’opéras de Masse-net (CD «Méditations» Decca 476 4823), àl’occasion du centenaire de la mort du compositeur,avec l’OLRAP (dir. Fabien Gabel).

AVIGNON. Le 8 juin à 20h30. Opéra04 90 82 81 40 www.orchestre-avignon.com04 90 82 42 42 www.operatheatredavignon.fr

ChineCréation de fin de résidence autour d’instrumentstraditionnels.

MARSEILLE. Le 9 juin. Cité de la Musiquewww.citemusique-marseille.com04 91 39 28 28 Conférence le 7 juin à 18h30

Pour la PaixLe Chœur régional à Cœur Joie Provence donnela Messe pour la Paix «l’homme armé» composéepar Karl Jenkins : 170 choristes et 27 musiciensdirigés par Michel Camatte.

MARSEILLE. Le 9 juin. Eglise St-Cannat – Les Prêcheurs 06 82 19 67 67AIX. Le 13 juin. Cathédrale St-Sauveur06 81 75 60 33

EliasLe Chœur Cantabile et l’Orchestre de Chambre deMarseille (dir. Carlos Gómez Orellana) donnentl’oratorio de Mendelssohn.

AIX. Le 9 juin à 20h30 et le 16 juin à 17h.Cathédrale St-Sauveur04 42 21 65 18

Piano & hautboisSabine Pisicoli & Nicole Mison, textes de MarionFribourg.

CHATEAU-GOMBERT. Le 10 juin à 17h30. Musée du Terroir Marseillais04 91 68 14 38

Airs d’opéras 2 Larenka Hoareau(soprano) et Frédéric Isoletta(piano).

MARSEILLE. Le 10 juin à 17h30. Comptoir de la Mode06 14 31 59 55

C.N.I.P.A.LRécital des solistes du Centre National d’Insertiondes Artistes Lyriques dirigé par Samuel Jean(www.cnipal.fr).

AVIGNON. Le 14 juin à 20h30. Opéra04 90 82 42 42 www.operatheatredavignon.fr

DebussyMarielle Nordmann (harpe) et le Quatuor Debus-sy en ouverture du Festival estival de Toulon et sarégion dans un hommage au compositeur pour le150ème anniversaire de sa naissance (voir p 12).

SIX-FOURS. Le 14 juin à 21h. Collégiale St-Pierre04 94 93 55 45 www.festivalmusiquetoulon.comPHOTO Quatuor Debussy

In furoreVie musicale d’une bastide baroque : l’EnsembleDulcinosa embrase la Magalone avec des pièces deVivaldi et des cantates de Haendel.

MARSEILLE. Le 15 juin. La Magalone04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.comPremière partie à 19h45 : Pièces chorales de Lassus, Josquin…

ECO on the beachL’E.C.O. (European Contemporary Orchestra)rassemble ses 33 musiciens issus de trois ensemblescontemporains atypiques : Télémaque (France),Orkest de Ereprijs (Pays-Bas) et Musiques Nou-velles (Belgique). Ils créent une Symphoniemétissée à partir de pièces de quatre compositeurseuropéens : le Maltais Karl Fiorini, le Roumain AlinGherman, la Polonaise Kasia Glowicka et leFrançais Pierre-Adrien Charpy. Les musiciens,Brigitte Peyré et Raphaële Kennedy (sopranos),Els Janssens-Vanmunster (Mezzo), Philippe Petit(électronique) sont dirigés par Jean-Paul Dessy etRaoul Lay.

MARSEILLE. Le 15 juin. Ballet National de MarseillePré-concert à 18h : Treize couleurs du soleil couchantde Tristan Murail par l’Ensemble Contemporain du Conservatoire de Marseille.Rencontre professionnelle à 14h30 et poursuite de la soirée à 21h45 avec Philippe Petitet DJ Markus Detmer (Berlin).04 91 39 29 13 www.ensemble-telemaque.comwww.ecosound.eu

Un requiemallemandOpus 13 et l’Ensemble Vocal d’Aix en Provence(dir. Marie-Hélène Coulomb). Philippe-NicolasMartin (baryton) et Nathalie André (soprano)dans Brahms (version pour 2 pianos et timbales).

AIX. Le 15 juin à 21h et le 17 juin à 17h30. Chapelle du Sacré-Cœur04 42 28 62 95

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La flû� te enchantée © Marc Ginot - Montpellier

Nathalie Manfrino © Fabien Bardelli

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Algérie-France

Une symphonie pour 2012 par l’Orchestre sym-phonique Divertimento (dir. Zahia Ziouani) dansCamille Saint-Saëns et de la musique classiquealgérienne.

MARSEILLE. Le 16 juin. Gymnase0 820 000 422 www.lestheatres.net

Inde«Conversation inspirée du râga» entre le sarod(luth) de Sougata Ray Chowhury et les tabla ettampura.

MARSEILLE. Le 16 juin. Cité de la Musique04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com

Artistes persécutésDes créations de Franz Schreker, musicien brisé parle nazisme, d’Aldo Finzi (Frédéric Isoletta, orgue),poursuivi quant à lui par les fascistes italiens, etNuit obscure de Karol Beffa inspiré de Saint-Jeande la Croix, emprisonné et banni au XVIe siècle.avec Charles Berling (récitant), Sébastien Billardqui dirige l’Orchestre de la Garde Républicaine, lasoprano Emilie Pictet et le baryton MathiasHausmann.

MARSEILLE. Le 16 juin à 21h.Eglise Saint-Cannat Festival Musiques Interdites (voir page 13) www.musiques-interdites.eu04 91 90 46 94

Renouveau du tambourinComposition des XXe & XXIe siècles par SylvainBrétéché (galoubet-tambourin) et Maurice Guis(piano).

AIX. Le 19 juin à 19h. Temple rue de la Masse04 42 99 37 11 www.orphee.org

Les EclaireursLes musiciens de l’ensemble Télémaque jouent etexpliquent des programmes élaborés autour de leurpropre instrument… et voyagent dans ledépartement 13.

BOUCHES-DU-RHÔNE. A partir du 19 juin : La Clarinette et La Flûte04 91 39 29 13 www.ensemble-telemaque.com

Fête de la musiqueTraditionnel concert à la carte des Festes d’Orphée.

AIX. Le 21 juin à partir de 18h. Chapelle du Sacré-Cœur - Entrée libre 04 42 99 37 11 www.orphee.org

SymphoniefantastiqueLa tournée d’été de l’Orchestre Philharmoniquedu Pays d’Aix (dir. Jacques Chalmeau) commencele jour de la fête de la Musique à Aix et se poursuitaux alentours. Au programme le chef d’œuvre deBerlioz.

PAYS d’AIX. Concerts gratuits. http://orchestre-philharmonique-aix.com

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© X-D.R.

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AU PRO

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ME MUSIQUE48

AIXPasino : Gérard Lenorman (31/5), Yannick Noah (1er/6)

04 42 59 69 00www.casinoaix.com

Théâtre et Chansons : Etienne Luneau dans Justedes Chansons (26/5), Et toi, tu marcheras dans lesoleil… (1er et 3/6), soirées Cabaret avec l’atelierChansons sur scène (22 au 24/6)

04 42 27 37 39www.theatre-et-chansons.com

ARLESCargo de nuit : Natalia M King & Smokin Naked (25/5),La Cargo à quai by Eco Fabrik (1/6), Bernhoft (9/6)

04 90 49 55 99www.cargodenuit.com

Festival Jazz in Arles au Méjan : Vincent Peirani-Youn Sun Nah-Stephan Oliva (22/5), Lay-Tailleu-DurisTrio (23/5), Tarkovsky 4tet (24/5), Trio Melford-Dres-ser-Wilson (25/5), Michel Portal-Bruno Chevillon-DanielHumair (26/5)

Cinémas Actes Sud : Film : Michel Petrucciani (21/5)04 90 49 56 78 www.lemejan.com

AUBAGNEEscale : ToM’s (25/5), Biga Ranx + Flox + Putus Roots+ Jahnett Tafari + Kabba Massagana (2/6)

04 42 18 17 18www.mjcaubagne.fr

Comoedia : Concert du Cefedem (30/5), Carte blan-che au conservatoire avec La Musique de JeanFrançaix (8/6)

04 42 18 19 88www.aubagne.fr

AVIGNONPassagers du Zinc : Epreuves publiques, passage dudiplôme d’études musicales du CRR (23 et 24/5),Smac : soirée musiques actuelles du Conservatoire (8/6)

04 90 89 45 49www.passagersduzinc.com

AJMI : Présentation des Ateliers (7/6), Fête de laMusique-Kermesz à l’Est et Open Bal (21/6)

04 90 860 861www.jazzalajmi.com

CHÂTEAUNEUF-DE-GADAGNEAkwaba : Betraying The Martyrs + All Dogmas We Hate+ Hypnoe5e (25/5), Gari Greu + Emma Double TéHache (1/6), Rock en Stock avec Purple Sky et AlainCrazy + Little Big Bang + Quinte Flush + Magic Mush-room + Décadence + The Last chance (2/6), «O» deDominique Lièvre (7/6), Bob Log III + Piano Chat(9/6), Tambour Battant (16/6)

04 90 22 55 54www.akwaba.coop

CORRENSLe Chantier : 15e Joutes Musicales, festival des Musi-ques du monde (25 au 27/5)

04 94 59 56 49www.le-chantier.com

DIGNECentre culturel René Char : Bastien Lanza (26/5),Clair de lune Trio (31/5)

04 92 30 87 10www.sortiradigne.fr

DRAGUIGNANThéâtres en Dracénie : Bratsch & invités (22/5)

04 94 505 959 www.theatresendracenie.com

GAPLa Passerelle : Murmurant dans les villes des Ex-centrés (24/5 au 1/6)

04 92 52 52 52www.theatre-la-passerelle.eu

GARDANNELa Halle : Ensemble de saxophones de Provence(29/5), rencontre des Orchestres à l’école (7/6), lesBestioles de la garrigue, en déambulation dans lecadre de la fête votive (11/6), Concert de l’écoleprimaire Lucie Aubrac et de l’école de musique sur lethème de Paris (11/6), le Chœur lyrique des Enfantsde l’Estaque (12/6), Fête de l’école de musique(20/6), La Maison part en live (23/6)

04 42 65 77 00www.ville-gardanne.fr

HYÈRESThéâtre Denis : Laurent de Wilde & Otisto 23 (16/6)

04 94 007 880 et 06 31 798 190 www.jazzaporqueroles.org

ISTRESL’Usine : Grace + Alain Corbel (25/5), Finale duTremplin découverte (26/5), Charlie Winston (3/6)

04 42 56 02 21www.scenesetcines.fr

Ville : Fête de la Musique avec Manu Lanvin, Deluxe,Timek (21/6)

www.istres.fr

LE THORAuditorium de Vaucluse : Enrique Canta a AntonioMachin (2/6)

04 90 33 97 32www.auditoriumdevaucluse.com

MARSEILLEAtelier des Arts : Swing Cockt’Elles (26/5)

04 91 26 09 06 www.marseille9-10.fr

Cri du Port : Tremplin Jazz (24/5) Lionel Belmondo(31/5) Omri Mor trio (7/6)

04 91 505 141 www.criduport.fr

Creuset des Arts : Alertojazz (1er/6)04 91 06 57 02www.creusetdesarts.com

La Friche Belle de Mai -Cabaret Aléatoire :Musique Rebelle Round#12 (16/6)

04 95 04 95 04 www.musiquerebelle.com

Inga des Riaux : Peggy Quetglass trio (25/5), Aro-baze (31/5), Rémy Abram 4tet (1/6), Anna Farrowband (8/6), Bossazina (15/6), Nougarotrement(22/6), John Massa 4tet (29/6)

06 07 575 558www.inga-des-riaux.fr/music.html

La Machine à coudre : Oriental Fusion (25/5)www.lamachineacoudre.com

Le Paradox : Adrian Byron Burns & Jake La Botz(24/5), Les Poulettes (25/5), Luiza Dionizio (27/5),Africa Express (29/5), Méandres (7/6)

www.leparadox.fr

La Passerelle : Oriental Fusion (9/6)04 91 48 77 24

Plage du Prophète-Abribus : Ahmad Compaoré-Musique Rebelle Junior (3/6)

09 54 58 88 77

La Meson : Naïas-Fantazio (1er/6) Fantazio-Theron-Rossi (2/6)

0491 501 161

www.lameson.com

Le Point de Bascule : Sam Karpienia (9/6) AdilaCarles (16/6)

06 14 31 69 66

Rouge : Castellani-Souris-Versini-Surménian-Taouacht(25/5)

04 91 070 087www.rougebelledemai.com

Roll’ Studio : Karine Bonnafous 4tet (26/5), TrioMajica (2/6), Thierry Maucci trio (9/6), Hip Jazz Trio(16/6), Trio Trinidad (23/6)

04 91 644 315 ou 06 86 728 396 www.rollstudio.fr

Cabaret Aléatoire : Kap Bambino (24/5), Find outFestival avec Alex Gopher + Jupiter + le Marchand desable + The Name + 123MRK (26/5), The Black Lips+ Dumbo gets mad + Bleached (28/5), Mudhoney(1er/6), Saschienne + Jori Julkkonen + Nicolas Cuer +Mula + Dawad & Zen + Lanny May + Ina Becker(2/6), Day Bonus (4/6), Musique rebelle round 12avec Ahmad Compaoré (16/6), August Burns Red +Adept (20/6)

04 95 04 95 09www.cabaret-aleatoire.com

Centre culturel Mirabeau  : Festival Tamazgha,musiques berbères et populaires d’Afrique du Nordavec Ideflawen, Hacène Laïche (2/6), Cafés NordsAfricains (9/6), Farid Ferragui et Zohra Aït Abbas (authéâtre de la Sucrière 23/6)

04 91 03 08 86www.festivaltamazgha.org

Cité de la Musique : Pluriels, concert du MIM (31/5)04 91 39 28 60www.labo-mim.orgwww.citemusique-marseille.com

Dan Racing : Sigma (25/5), Mytology + Atinomy(26/5), Plastic Bag + Zebra Skies (1er/6), Flou Fighters(2/6), Folk’n’raoul (8/6), Dad & Co + Insomnie (9/6),Grand Balcony twang machine + Malhabile (16/6),Fête de la musique Elegia (21/6)

06 09 17 04 07http://guitarjacky.free.fr

Espace Julien : At dawn we are kings + Blofeld(24/5), Conger + Nitwits + Human toys (31/5), Fan-tasticus (1er/6), No Trigger + Heartsounds + Wakethe dead (6/6), Messengers + Koulirou (14/6),Breakin’bass (15/6)

04 91 24 34 10www.espace-julien.com

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Grim : Festival B-Side avec Sleepy Sun + SessionsFantôme dj set (3/6), Sons de plateaux (21 au 23/6)

04 91 04 69 59www.grim-marseille.com

Gyptis : Une divine comédie (25/5)04 91 11 00 91www.theatregyptis.com

La Machine à Coudre : Oriental Fusion (25/5),Redmo + Aubin (26/5), In Pulso + B Dettori solo (31/5),The Atom Brain (1er/6), Danger + W’s Captain Kirk(2/6), Three Some + Accelerator (6/6), Antonio Negroet ses invités (7/6), Marvin + Shub (9/6)

04 91 55 62 65www.lamachineacoudre.com

La Meson : Tablao Flamenco la Fabia (26/5), Concertde soutien à CQFD avec Naïas + Fatazio (1/6),Rencontre Fantazio + Manu Theron + François Rossi (2/6)

04 91 50 11 61www.lameson.com

Le Dôme : Thriller live (26/5)04 91 12 21 21

Le Paradox : Les Poulettes (25/5), Super Kemia Bon-goa (26/5), Luiza Dionizio (27/5), Africa express(29/5), Big butt foundation (31/5)

04 91 63 14 65www.leparadox.fr

Le Poste à Galène : Deen Burbigo + Gaïden & Yoshi+ Dj Old day (25/5), Gravenhurst (26/5), Rover (31/5),Finale Tremplin scène découverte 2012 (1er/6), Sis-kiyou (6/6), Hugo Kant + Stereobox + Renegades ofjazz (8/6), Robert (9/6), Les rois de la Suède (14/6),Bongoaï + Super Kemia (15/6), Fête de la musiqueavec The Magnets + The Last + Bird in shell (21/6)

04 91 47 57 99www.leposteagalene.com

Le Silo : Yannick Noah acoustique (30/5)04 91 90 00 00www.silo-marseille.fr

Les Demoiselles du Cinq : Isotope (24/5), Lesfilles de Montmartre (30/5), Codop Fleurs deBouches (31/5)

06 23 21 26 05

L’Embobineuse : Les 10 ans de Radio Discorde (25/5),Les Robertes + Brice et sa pute + Aimbass + Block-man & Ron-c (26/5), Total Chaos + Filthy Charity +Hobo Erectus (28/5), Harvey Milk + Motto (31/5),Blackie + Radikal Edwards (1er/6), Secret Mommy +Caving + 69db au Casse tête (2/6), Jean- Louis Costes+ La prière du poulet (9/6), Festival B.Side avec Theeoh sees + J.C. Satan (10/6), Soirée KGB (16/6)

04 91 50 66 09www.lembobineuse.biz

NÎMESThéâtre de Nimes : Staff Benda Bilili (31/5), Musi-que sur cour (8 et 9/6)

04 66 36 65 10www.theatredenimes.com

OLLIOULESChâteauvallon : Amadou et Mariam (2/6)

04 94 22 02 02www.chateauvallon.com

PORT-DE-BOUCLe Sémaphore : Mario Canonge (25/5)

04 42 06 39 09www.theatre-semaphore-portdebouc.com

SALON-DE-PROVENCEPortail Coucou : Kill the Young + Soma (1er/6)

04 90 56 27 99www.portail-coucou.com

IMFP – Salon de Musique : Martine Kamoun 4tetinvite Mario Stantchev (29/5), Fête de l’IMFP -Ensemble vocal-Made in Fumée Bleue-Deluxe (19/6)

04 90 531 252www.imfp.fr

LA SEYNE-SUR-MERFort Napoléon – ArtBop : Lois Coeurdeuil trio (25/5),Les années Blue Note 5tet (15/6),

0494 094 718www.ot-la-seyne-sur-mer.frwww.laseynejazzworkshop.com

Café 7e Vague : Alf&Half (15/6)04 94 06 02 52

SIX-FOURSRest. La Vague : Jam-session jazz (7/6)

04 94 07 01 73 www.lavaguesensualsound.com

Espace Malraux : Biohazard + Brujeria (13/6)04 94 74 77 79www.espace-malraux.fr

TOULONTandem : Charles Pasi + Voodoo au Centre culturelMaurin des Maures, Cogolin (26/5)04 98 070 070www.tandem83.com

Théâtre Liberté : Boris Vian, cap au sud (31/5 au3/6), la Fille à marins (5 et 6/6)

04 98 00 56 76www.theatre-liberte.fr

Tour Royale : Festival Rockorama avec We Have Band,Novella, Duchess Says, Summer Heart, Casiokids,Crapft Spells, All Cannibals et Kelly und Lelly (14 au 17/6)

06 11 33 24 43www.rockorama.fr

VELAUXEspace NoVa : Richard Gotainer (8/6)

04 42 87 75 00www.espacenova.com

VITROLLESMoulin à Jazz : Alexandra Grimal 4tet Dragons (19/5),Fête de la Musique -Atelier Jazz CharlieFree-DidierLabbé 4tet (21/6)

04 42 796 360www.charliefree.com

GARDANNEManifestation proposée par la commission Chimie etSociété de la Fondation de la Maison de la Chimie : Chi-mie & Terroir, ou un autre regard sur la chimie.Vivre, respirer, boire, manger... Tout cela serait impos-sible sans la chimie. Elle intervient dans nos vies sansque l’on s’en aperçoive. Le festival est destiné à fairedécouvrir la chimie, assister à des expériences scien-tifiques et démonstrations par des chercheurs quiattiseront la curiosité des petits et des grands. Troisjours ponctués en après-midi par des séances «Ciné-sciences» proposées par l’association Polly Maggooainsi qu’une représentation de la compagnie de théâ-tre Mots à mâcher et sa célèbre légende de «Kiabuboara» ! Couleurs, ocres, cosmétique, huile d’olive etsavon de Marseille : voici quelques-uns des sujets quiseront abordés lors des conférences-démonstrationstout public. Soirée de vendredi où le journaliste et mé-diateur scientifique Damien Jayat réunira Einstein, l’amouret la pizza dans un spectacle humoristique.Des parcours ont été conçus spécialement pour lepublic scolaire (à partir du CM1).

Maison du peupleDu 24 au 26 maihttp://maisondessciences.univ-provence.fr

MARSEILLEDans le cadre du cycle de conférences Les Jeudis duCNRS, Patrick Cozzone du Centre de RésonanceMagnétique Biologique et Médicale présentera L’ex-ploitation du corps humain par IRM : l’homme devenutransparent. Entrée libre.

CNRS, Marseille 9e

Le 7 juin à 18h04 91 16 40 44 www.culture-science-paca.org

L’association Andromède propose une conférence :«Les phénomènes célestes et les mythologies del’ancienne Égypte» par Jean Maucherat, chargé de

Recherche au CNRS au Laboratoire d’Astrophysiquede Marseille. Il tracera à l’aide d’une théorie logique etglobale, les démarches observationnelles et intellec-tuelles des créateurs de l’art intemporel de l’Égypteancienne et donnera par l’utilisation de tous les phé-nomènes célestes universels, l’interprétation de sesmythologies, ses dessins et monuments funéraires.Conférence suivie d’une observation du ciel si la météole permet.

Observatoire de Marseille Le 15 juin04 13 55 21 55www.andromede13.info

ALPESVersion alpine du Souk des Sciences, marché à la ma-tière grise et la découverte, ouvert librement aux curieuxde tous âges. La Caravane des sciences, aujour-d’hui reconnue et attendue par le grand public revientavec de nouvelles découvertes à partager avec tous ettoutes. Les passants expérimentent, jouent, observent,discutent à l’étalage avec les intervenants, dans uneambiance conviviale et décontractée, de 10 à 19h. àGap et à Digne.

DIGNE Place du Gal De Gaule le 15 juinGAP Esplanade de la paix le 16 juin04 92 53 92 70www.culture-science-paca.org

CHATEAUNEUF-LES-MARTIGUES Dans le cadre des journées nationales du Patrimoinede Pays, l’association des Amis de Castrum Vetuspropose la visite commentée de l’abri préhistoriquede la Font-aux-Pigeons.Départ groupé, à pieds, pour se rendre sur le site situéà environ 300m du musée.

le 17 juin à 15h04 42 79 81 56www.castrum-vetus.fr

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PROGRAMME

MUSIQUE/SCIENCES ET TECHNIQUES 49

Page 50: Zibeline n° 52 en PDF

50 RENCONTRESAU

PRO

GRAM

ME

Libraires du sud /Libraires à Mar-seille - 04 96 12 43 42Rencontres : avec Chritophe Estradapour son roman Hilarion (Actes Sud)le 23 mai à la librairie Maupetit (Mar-seille)avec Christine Brunet autour de sonouvrage Dis bonjour à la dame (éditionsAlbin Michel) et des questions qu’ilaborde sur l’éducation des enfants le 24mai dès 18h à la librairie Goulard (Aix)avec Valérie Mrejen pour Forêt noire(P.O.L.) et Orrion Scohy pour EnTarzizanie (P.O.L.) le 24 mai à Monté-vidéo avec la librairie Histoire de l’œil(Marseille)avec Florence Quentin pour son livreIsis L’eternelle (Albin Michel) le 24 maià 18h30 à la librairie Saint Paul (Mar-seille)avec André Bucher pour son livre Féed’hiver (Le Mot et le Reste) le 25 mai à19h à la librairie Histoire de l’œil (Mar-seille)avec Marie d’Hombres, BlandineScherer et la photographe Anna Puig-Rosado pour le livre Le Ventre deMarseille, commerçants de Noailles(Gaussen) le 31 mai à 18h à la librairieApostille (Marseille)avec Victor Del Arbol pour son romanpolicier La tristesse du samouraï (ActesNoirs) le 31 mai à 17h à la librairieMaupetit (Marseille)avec Nick Barlay pour son livre Lafemme d’un homme qui (Quidam, 2011)et présentation de la maison d’édition le31 mai à 19h à la librairie Histoire del’œil (Marseille)

Escales en librairies : rencontre avecHervé Tanquerelle le 24 mai dès 16hà la librairie Voyages au bout de la nuit(Saint-Rémy) et le 25 mai à la librairieLa Réserve à bulle (Marseille)Avec Douglas Kennedy le 8 juin à 12hà la librairie Book in Bar (Aix) et à 18hà la librairie L’Attrape Mots (Marseille)

AIXCité du livre – 04 42 91 98 88Exposition de Eve Morisi, Albert Camuscontre la peine de mort, jusqu’au 2 juin.Exposition d’une sélection de travauxde Guy Calamusa, jusqu’au 9 juin à laFondation Saint John Perse.Dans le cadre du colloque organisé parle CIELAM, Université d’Aix-MarseilleI, site d’Aix, les Écritures Croisées ora-nisent une rencontre-lecture autour desécrivains des éditions de Minuit YvesRavey et Laurent Mauvignier, animéepar P. Schoentjes et D. Viart, le 24 maià 18h salle Armand Lunel.Rencontre-débat avec Michel Onfraypour son livre L’ordre libertaire. La viephilosophique d’Albert Camus (éd. Flam-marion, 2011), le 29 mai à 18h30 àl’amphithéâtre de la Verrière.

Entièrement dédié au conte, le théâtre marseillais La Baleinequi dit «Vagues» programme la 4e édition des Oralies, festivaldes contes voyageurs, initié par Bruno de La Salle dans lesAlpes de Haute-Provence, conteur à l’origine du renouveaudu conte en France, mais également directeur du Conser-vatoire de Littérature Orale à Vendôme et parrain de lamanifestation marseillaise.Pour la deuxième année consécutive les Oralies invitent àdécouvrir un grand récit, cette année c’est dans les racinesceltes de la Bretagne que les conteurs guideront les auditeurs,

vers les exploits de Gauvain, Perceval ou Lancelot, avec le RoiArthur et le cycle de La Table Ronde. La première parole seracelle de Claudine Glot, présidente du Centre de l’imaginaireArthurien pour une conférence donnée le 25 mai à 20h30au Théâtre du Conte. Puis, dès le lendemain, place aux contessur la place du Cours Julien, avec Nicolas Mezzalira, spé-cialisé dans le répertoire arthurien, Mimi Barthelemy, SylvieDelom, Abdoulaye Diop Dany et Pascal Fauliot, avec, lesoir au Théâtre, le spectacle Perceval de ce dernier ; le diman-che matin, les «toutes petites oreilles» s’ouvriront pour écouter

Claire Pantel, puis à 10h un brunch lit-téraire réunira les conteurs. En parallèle,la grande librairie du conte s’installerasous les arbres…DO.M.

Les OraliesDu 25 au 26 maiCours Julien, Marseille04 91 48 95 60Labaleinequiditvagues.org

Voyage immobile

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Reniant l’adage, la Zone d’Intérêt poé-tique invite à déguster les eaux de laProvence verte. Pour leur 4e festival lesEauditives conjugueront poésie etconférences, arts plastiques et ateliersd’écriture poétique, résidence d’écriture(celle de la poétesse belge GwenaëlleStubble) et publication par les éditionsPlaine Page d’un numéro spécial de larevue Art Matin dans lequel on retrou-vera les archives des trois précédentesEauditives (2008, 2009, 2011), des

textes, créations, interviews, conféren-ces, images des actes poétiques etartistiques ainsi que des contributionsinédites pour l’édition de 2012. Les

manifestations essaimeront à travers leslieux d’eau des deux villes, fontaines,lavoirs, mais aussi tanneries à Barjols oulaverie automatique à Brignoles oùmême la librairie détient un nom pré-destiné aux épanchements aquatiques,la librairie du Bateau Blanc… Cesmanifestations savent non seulementproposer des parcours, présenter despoètes, des plasticiens, des philosophes,des architectes au public, mais elles s’at-tachent à lui faire ressentir la créationmême en l’associant par le biais d’ateliersd’écriture menés auprès des écoles quirestitueront leurs travaux les vendredis.Une belle démarche sensible, ludique etpartageuse. M.C.

Les eauditivesBrignoles les 15 et 16 juinBarjols les 22 et 23 juin04 94 72 54 81www.plainepage.com

Mouchoir de pocheLe Théâtre du Petit Matin (de Proximité Maximale ?) estépatant dans son genre : camisole de force ou bouillabaisse,que propose-t-il donc à ses auteurs invités au Cabanon ?Nommant ainsi l’un des dispositifs mis en place autour de lalecture de textes contemporains, Nicole Yanni suggère plutôtla réunion de plaisir, dans sa forme la plus simple, d’auteurs,comédiens/lecteurs et spectateurs/auditeurs. Une pause dansun travail de création qui permette une transmission directeet une écoute active, «face à face tranquille» en effet. Unvendredi soir du mois d’avril, la jeune auteure dramatiqueMagali Mougel a assisté avec le public à la lecture d’extraitsde ses œuvres récentes Ce que Suzy mesure et Léda, le sourireen bannière. Écriture mate, dialogues où s’épanouit la cruautédes rapports familiaux en particulier dans le couple, souf-

frances intimes nettement au féminin. À l’interpellation«brute et directe» (on est au Cabanon !) sur l’évacuation du social,l’auteure répond par la lecture d‘ERWIN MOTOR/Dévotionparu aux éd. Espaces 34. Efficace plongée du corps sensibledans l’industrie automobile ! Avec l’arrivée de l’été ? excursions poétiques et apéritives loindu cabanon avec les Mots à l’Air, les lundi à 19h30 au Vallondes Auffes et à Malmousque, avec Florence Pazzottu (le 25juin), Philippe Jaccottet (les 4 et 18 juin) et Patrick Dubost(le 11 juin)… M.-J.D.

Théâtre du Petit Matin, Marseille 5e

04 91 48 98 59http://theatredupetitmatin.free.fr

Fontaine je boirai de ton eau

Chiara M

ulas, Les Eauditives 2011, Cascade du Fauvery, Barjols ©

Micheline Sim

on

Compagnie C� a fait des bulles, Les Eauditives 2009,Cascade du Fauvery © C. Lenzi

Les Oralies © Dominique Clément

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RENCONTRES 51Centre aixois des Archives départementales-04 42 52 81 90Exposition Les chemins de l’eau en BD – Le regardd’Edmond Baudoin, jusqu’au 23 juin.

3bisf – 04 42 16 17 75Atelier Objet-action animé par Caroline Le Mehau-té, tous les jeudis de 13h30 à 16h30.Atelier Urbanité Idiotopique (construction d’une villeimaginaire où se croiseront tous les fantasmes de cha-cun) animé par Benjamin Marianne, tous les mardisde 14h à 16h30.

Atelier Galerie – 09 51 16 98 00Exposition Art, design et artisanat, qui se conjugue avecla nouvelle collection Miscéo, du 8 au 16 juin de 9hà 20h.

ARLESGalerie Espace pour l’art – 04 90 97 23 95L’association Asphodèle initie de petites conférencessur l’art pour enfants intitulées Lucioles : avec lephotographe François Deladerrière le 23 mai à14h30 à la galerie le Magasin de jouets.

Galerie Joseph Antonin – 04 90 99 53 31Exposition Ecce Homo, photos d’Anna Chrysridi etpeintures de Guillaume Flageul. Jusqu’au 23 juin,vernissage le 3 mai à 19h.

FORCALQUIERAssociation Croq’Livres – 04 92 75 46 5914é édition des Journées du livre jeunesse sur le thèmeFilles et garçons : auteurs pressentis, Adela Turin, SusieMorgenstern, Irène Bonacina, Clotilde Perrin, NellyChabrol Gagne, et Patrick Banon, du 29 mai au 2juin.

Association Apérilivres – 04 92 74 53 52Festival Impressions d’arts sur le thème Du livre àl’écran : l’adaptation littéraire au cinéma, du 8 au 10juin.

LA SEYNE-SUR-MERLes Chantiers de la lune – 04 94 06 49 26Exposition collective Trace #3, avec les artistes KristaSmith, Hans Silvester, Gilles Breil, Fodé Camara etWei Fei & Wang Qin, du 2 juin au 28 juillet.

LES BAUX-DE-PROVENCEChâteau des Baux – 04 90 54 55 56Les médiévales des Baux : tous les week-ends, joursfériés et vacances scolaires sont organisés des tirs à lacatapulte, au tir à l’arbalète et maniement de l’épée,et un duel médiéval. Jusqu’au 30 sept.

L’ISLE-SUR-LA-SORGUEAssociation ACTA – [email protected] de poète : «Un dialogue entre la poésie et les artsplastiques, la philosophie, le théâtre, la musique» :expos, livres d’artistes, revues de poésie, lectures,concerts… Jusqu’au 28 mai.

MARSEILLERégion – 04 91 57 52 11Exposition Printemps arabe, jusqu’au 28 juin.

BMVR Alcazar – 04 91 55 90 00Exposition Press Play Pixellissime 2012 qui expose lesrelations complexes et passionnées entre le jeu vidéo etle cinéma, du 30 mai au 30 juin ; rencontre projec-

tions et jeux vidéos à disposition le 30 mai à partir de14h, défilé de Cosplay avec aoi sora Cosplay dès 17h.Conférence de Jean Chelini sur les Aspects de la viereligieuse marseillaise au XIXe, le 23 mai à 17h30.Conférence La conscience vue par un neurobiologiste parFrançois Clarac, le 29 mai à 17h.

ABD Gaston Defferre - 04 13 31 82 00À l’occasion du Forum mondial de l’eau, expositionLes territoires de l’eau, irrigation et partage de l’eau enMéditerranée, par l’IRD en partenariat avec l’INA.Jusqu’au 13 juillet.Exposition de l’artiste Emilie N’Guyen Van, L’Arts’archive, qui questionne la véracité des documents quel’on nous donne à voir, en mêlant habilement le vraiet le faux dans l’objectif de pousser le public à uneréflexion sur le pouvoir des images. Jusqu’au 21 juin.

Institut Culturel Italien – 04 91 48 51 94 Exposition de photographies Italiens 150 ansd’émigration en France et ailleurs, jusqu’au 15 juin.

Association Sud culture – 04 91 03 08 86Festival Tamazgha #7, dédié au patrimoine musicald’Afrique du nord : conférence sur 1912-2012, unsiècle d’immigration Kabyle, le 9 juin à 21h au centreculturel Mirabeau. Les 2, 9 et 23 juin.

Théâtre du Petit Matin – 04 91 48 98 59Cercle de conversations animée par N. Yanni enprésence de J ; C. Agnel sur Comment peut-on construiresa pensée pour réfléchir un monde durable ou soute-nable ?, le 26 mai à 18h.Lectures de et par Patrick Dubost, poète performeurlyonnais, le 11 juin à 19h30 ; lecture des textes dePhilippe Jaccottet, le 4 juin à 19h30 ; lecture de etpar Florence Pazzottu, le 25 juin à 19h30.

Les Ateliers d’Aline – 06 64 17 96 87D’un mot, une nouvelle : cycle d’ateliers d’écritureexplorant le genre multiple de la nouvelle, accessiblesà tous. Le 28 mai de 17h à 19h30 à la librairie deséditions L’atinoir, Marseille.

Galerie Anna-Tschopp – 04 91 37 70 67Exposition des peintures de Benjamin Carbonne,Conversation avec la toile, jusqu’au 9 juin ; décro-chage en présence de l’artiste le 7 juin dès 18h30.

Galerie Montgrand – 04 91 33 11 99Exposition Voyante du passé. Cryptage, œuvres d’IlanaSalama Ortar, artiste en résidence à l’ESADMM, du22 mai au 30 juin.

Amont Patrimoine – 04 91 62 65 49Exposition Rivages de Michel Escallier-Lachaup,jusqu’au 4 juin.

Espace Leclere – 04 91 50 00 00Conférences : de Daniel Marchesseau, directeur dumusée, sur Le musée de la Vie romantique, le 23 mai à18h ;Daniel Drocourt, dir. de l’Atelier du Patrimoinede Marseille sur Mémoire de maisons historiques àMarseille, le 4 juin à 18h ; Jérémie Benpît, conservateuren chef des châteaux de Trianon, sur La conservationdes domaine et châteaux de Trianon, le 11 juin à 18h ;Jean-Pierre Cometti, philosophe, et Bernard Lafargue,historien de l’art et philosophe, université deBordeaux, sur Le syndrome de Venise, la biennalisationde l’art contemporain, le 18 juin à 18h.

Auditorium de la Caisse d’Epargne– 04 91 57 26 49Conférences d’initiation L’art en France par Jean-NoëlBret : l’art français VIII : les avant-gardes et l’École deParis, le 24 mai à 18h ; L’art français IX : depuis 1945,le 21 juin à 18h.

Mairie des 11e et 12e arr. – 04 91 14 62 40Exposition des Artistes peintres du secteur : MarcTranchino, Jean-Marc Hernandez, M. Armand,Roméas, Henri Saplana, Betty Bonifacio, LilianeCosta-Kara, Sylvie Bourély, Yolande Giana, MichelleRavel, Olga Sabarthès, Nathalie Chappat et JeanPatrick Delépine. Jusqu’au 31 mai.

MARTIGUESMusée Ziem – 04 42 41 39 60Exposition D’une mer à l’autre, Marines du Nord et duSud entre 1850 et 1908, jusqu’au 24 juin.

PELISSANNEMédiathèque Robert et Pierre Brun – 04 90 55 30 748e édition de Dévore-livres sur le thème Tous en scène :rencontres d’auteurs (Vincent Bourgeaud, HubertBen Kemoun, Roland Fuentes, Éric Sanvoisin), dédi-caces, ateliers d’écriture… Du 29 mai au 1er juin.

SAINT-CHAMASChapelle Saint-Pierre – 04 90 50 90 54Exposition de peinture d’Emmanuelle Gillard et EricFaggianelli, jusqu’au 31 mai.

SAINTE-CÉCILE-LES-VIGNESAssociation Lire entre les vignes – 04 90 60 67 955e édition du salon du livre Lire entre les vignes : avecAlain Guyard, invité d’honneur, lecrures, dédicacesd’auteurs et d’illustrateurs, conférence… Le 17 juin.

SORGUESEditions du Toulourenc – 06 15 52 51 7710e édition du Jardin du livre remarquable : conférence,spectacle, exposition… Les 2 et 3 juin au Domainede Brantes.

TOULONEspace Castillon – 04 94 93 47 33Exposition Cyril Besson et ses amis…, F. Caillol, M.Calistri, K. Dennis, C. Donjerkovic, K. Grisanzio, L.Follot et D. Powell. Du 5 au 30 juin.

VEYNESMairie – 04 92 57 24 2317e édition du printemps du livre de jeunesse sur lethème du sport : les auteurs invités sont Zaü, BernardChambaz, Jean-Luc Luciani, Jean-Philippe Chabot etMarion Devaux. Du 24 au 26 mai.

CONCOURSLa Chambre de Commerce et d’Industrie deMarseille lance, pour la 5e année, un concoursartistique à tous les artistes sur le thème de l’économie.Pour concourir, photographes, plasticiens, sculpteurs,vidéastes… doivent présenter une création quiréponde aux critères d’esthétique, d’originalité, dequalité et d’innovation technique et s’exprimer sur lethème de l’Economie. La CCI Marseille Provenceconsacrera à l’acquisition d’une, deux ou trois œuvres,une dotation de 30.000 euros.Dépôt des candidatures jusqu’au 4 juin.www.ccimp.com

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LES RENDEZ-VOUS D’ANNIE52 CINÉMA

CinémathèqueLes Mardis de la Cinémathèque proposent à 19h,à l’Espace Cézanne du CRDP, le 22 mai, Lagrande vie d’Henri Schneider, Prix Jean Vigo 1952 ;le 29 mai, Le Regard d’Ulysse d’Angelopoulos ; le5 juin, L’Aventure de Mme Muir de Mankiewicz etle 12 juin, La glorieuse parade de Michael Curtiz.

04 91 50 64 48www.cinememoire.net

Le Territoire en libertéAu Théâtre Liberté, à Toulon, le Théma #5continue d’explorer la ville et de débattre sur lesenjeux liés au territoire. Après la projection defilms d’archives le 11 mai et les expositions dansle hall du théâtre, les Regards sur la ville sepoursuivent avec une conférence-débat le 25 maià 18h, Les Urbanistes, la ville et le territoire : undésir de reconquête, et le 8 juin avec une carteblanche à Franck Michelletti. Le 15 juin,témoignage-documentaire de Natacha Cyrulniksur la rénovation urbaine de la cité Berthe à laSeyne-sur-Mer avec la projection, à 18h, de Ceuxqui pensent le projet urbain et ceux qui le vivent.

04 98 00 56 76www.theatre-liberte.fr

Mon village en 2020Le 29 mai à 19h, à l’espace Agora Alpilles àMaussane, dans le cadre de Dense, dense, dense,le CAUE 13 fait son cinéma : Mon village en 2020,projection de courts-métrages et débat.Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et del’Environnement 13

04 96 11 01 20www.caue13.com

CinépageLe 31 mai à 20h, Cinépage, en partenariat avec leCinéma Pathé Madeleine, propose Le Chant desmariées de Karin Albou.

04 91 85 07 17www.cinepage.com

Trios dans le cinéma italien

Jusqu’au 27 mai, le cycle Histoire de trios dansle cinéma italien continue au Château de laBuzine, en partenariat avec l’Institut CulturelItalien de Marseille : le 25 mai à 20h, LesInnocents de Bertolucci et le 27 mai à 14h, Troisfrères de Francesco Rosi.

04 91 45 27 60 www.chateaudelabuzine.com

Jamais deux sans trois Le cycle d’histoires à trois, légères ou engagées,se poursuit au Château de la Buzine : à 20h, le 1er

juin, Trois places pour le 26 de Jacques Demy ; le8 juin, César et Rosalie de Claude Sautet et le 15juin, Talons aiguilles d’Almodóvar.À 14h, le 3 juin, Vicky Cristina Barcelona de WoodyAllen ; le 10 juin, Le Bonheur d’Agnès Varda et à16h, le 13 juin, Les triplettes de Belleville deSylvain Chomet.

04 91 45 27 60 www.chateaudelabuzine.com

Patrimoinecinématogra-phiqueL’Espace Cinéma Prosper Gnidzaz à Martiguespropose un cycle les mardi, mercredi, samedi etdimanche de 10h à 12h et de 14h30 à 16h, desfilms documentaires jusqu’au 20 mai, Les années20-De l’impressionnisme au cinéma pur deClaude-Jean Philippe, suivi du cycle JeanPainlevé au fil de ses films.Espace Cinéma Prosper Gnidzaz, Martigues

04 42 10 91 30http://espacecinemapg.blogspot.fr/

David LynchLe 1er juin à 18h, dans le cadre de Cinéastes denotre temps, Agnès b. et D.Films proposent :David Lynch, don’t look at me de Guy Girard.

Agnès b., Marseille04 96 11 04 50

Arrête de pleurerPénélopeLe 4 juin à 20h au cinéma Pathé Plan de Campa-gne, avant-première du film Arrête de pleurerPénélope, en présence des réalisatrices-comé-diennes, Corinne Puget et Juliette Arnaud et dela comédienne Christine Anglio ; une suite desaventures des 3 amies de la pièce homonyme.

Cinéma Pathé, Plan de Campagne04 42 02 01 00www.cinemasgaumontpathe.com

Carte Blanche à Image de VilleDu 6 au 9 juin à 19h30 au cinéma du Merlan àMarseille, projections, rencontres, échanges au-tour de Marseille et d’Alger : le 6, 3 films de la jeunecinématographie algérienne en présence deMohamed Lakhdar Tati, réalisateur de Joue àl’ombre, qui, le 9 juin, dialoguera avec l’écrivain etéditeur Sofiane Hadjadj, sous le regard de PascalJourdana de La Marelle-Villa des auteurs. Le 7,Omégaville, film en chantier sur le quartier duGrand Saint Barthélemy d’Anne Alix. Le 8, Barcentre des autocars en présence du réalisateur-photographe Patrick Zachmann dontune expositionse tiendra, dans le cadre de MP13 au MuCEM surle thème des migrations méditerranéennes.

Séances gratuites sur réservation.04 91 11 19 20 www.merlan.org04 42 63 45 09www.imagedeville.org

Les Classiques de l’étéDu 6 juin au 27 juillet, l’Institut de l’image à Aixpropose, dans une cohabitation harmonieuse dela pellicule et du numérique, l’occasion de se faireune opinion sur les deux supports à travers laprojection de grands classiques : Lame de fondde Vincente Minnelli ; Si Paris l’avait su, un des pre-miers films de Terence Fisher ; French Cancande Renoir ; Attaque ! de Robert Aldrich ; L’Assas-sin et Les Jours comptés d’Elio Petri ; Sandra deVisconti ; Trois femmes d’Altman ; Comédie Éro-tique d’une nuit d’été de Woody Allen ; Go GoTales d’Abel Ferrara. Rendez-vous avec Marilyndans Troublez-moi ce soir de Roy Ward Baker etBus Stop de Joshua Logan. L’été sous la toile ?

Institut de l’Image, Aix04 42 26 81 82www.institut-image.org

Le regard d'Ulysse d'Angelopoulos

Les innocents de Bertolucci

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CINÉMA 53

Du 5 au 9 juin se tiendra le 31ème Festival du pre-mier film francophone, organisé par l’association«La Ciotat Berceau du Cinéma», au Théâtre duGolfe, En attendant l’Eden. Au programme, pro-jections, rencontres et une exposition à la Chapelledes Pénitents Bleus : une sélection des affichesdu collectionneur Guy Anfossi sur le thème «Trainet Cinéma».Le 5 juin pour l’ouverture, en hommage au pré-sident du jury Pascal Thomas, une comédie qu’ila réalisée en 2006, Le grand appartement. Puis18 films en compétition, 9 longs et 9 courts. Lepublic pourra s’entretenir le 6 juin avec les 7membres du jury : acteur, compositeur, scénaris-te, chef opérateur, costumière, producteur, pourun moment certainement passionnant. Car les réalisateurs et acteurs seront à la Ciotatpour présenter leurs films et échanger avec lesspectateurs : Cédric Jimenez, pour Aux yeux detous le 7 juin à 20h ; Frédéric Beigbeder pourL’amour dure trois ans, le 8 juin à 17h30 ; Jean-Jacques Jauffret et l’actrice Sylvie Lachat, pourAprès le sud; Estelle Larrivaz pour Le Paradisdes Bêtes ; Emmanuelle Millet pour La Brindille.L’acteur Frédéric Gorny (le manager de l’hôteldans Louise Wimmer) parlera du film de CyrilMennegun ; l’actrice Marie Denarnaud (la sœur

de Lisa qu’interprète la réalisatrice Mélanie Lau-rent) pour Les adoptés. Et la plus jeune, AnamariaVartolomei, 13 ans (la Violetta de My Little prin-cess d’Eva Ionesco), assistera à la projection le 6juin à 14h30.Jacques Malaterre animera une Master-class enprésence de l’acteur Helmi Dridi autour de AO, ledernier Néandertal.Un programme bien alléchant, d’autant que tou-tes les séances sont gratuites !ANNIE GAVA

Berceau du Cinéma, La Ciotat06 23 92 59 52www.berceau-cinema.com

Autour des naissances

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La seconde édition du Festival du Cinéma Chinoisen France (FCCF) qui a pour objectif de fairedécouvrir la diversité du cinéma chinois au publicfrançais se tiendra du 14 mai au 12 juin, à Paris,Lyon, Marseille, Cannes, Strasbourg, Biarritz etLa Réunion.À Marseille c’est le cinéma Le Prado qui accueilleplus d’une douzaine de films inédits. Le publicaura donc le choix ! Comédies romantiques, Ceque pensent les femmes de Chen Daming, avecGong Li, invitée d’honneur du FCCF, remake deWhat women want de Nancy Meyers ; Cher enne-mi de Xu Jinglei ; L’amour n’est pas aveugle queTeng Huatao a réalisé avec un très petit budget etqui a eu un énorme succès en Chine ou un mélo-drame : Sous l’aubépine de Zhang Yimou, unehistoire d’amour avec pour toile de fond la révolu-tion culturelle.Ceux qui aiment les films d’auteuriront voir L’amour éternel de GuChangwei avec Zhang Ziyi qui aremporté le prix de la meilleureactrice au China Film DirectorsGuild Awards 2012 pour ce rôle ;Kora, un road movie qui a valu àDu Jiayi le prix du meilleur jeuneréalisateur ou Hello ! Monsieur deHan Jie, une fable noire sur un ou-vrier maladroit passant son tempsjuché sur un arbre de son village,primé au Festival International duFilm de Shanghai.Et bien sûr aussi des films d’ac-tion dont Le Grand Magicien deDerek Yee avec Tony Leung (In

the mood for love) et des films d’animation pro-duits par les studios de Shanghai dont Tapage aupalais céleste de Chen Zhihong, adapté à partirde la version originale de 1965 de Wan Laiming ouUne jeune fille juive à Shanghai, de Wang Genfa,un hommage à cette ville qui accueillit plus de tren-te mille juifs fuyant les persécutions en Europe.Cinéphiles et sinophiles se retrouveront avecbonheur au Prado !ANNIE GAVA

FCCFdu 7 au 12 juinLe Prado, Marseillewww.cinema-leprado.frwww.festivaldufilmchinois.com

Cinésinophiles

Ce que pensent les femmes de Chen Daming

Juin au jardinLe 15 juin à 21h30 dans le cadre de Juin au jardin,la Bibliothèque départementale Gaston-Defferre propose en partenariat avec Tilt, dansle jardin de lecture, un film d’animation de AlainGagnol et Jean-Loup Felicioli, Une vie de chat,celle de Dino qui partage sa vie entre deuxmaisons…

04 13 31 82 00www.biblio13.fr

Cinéma allemanddes années 70Les 15, 16 et 17 juin, Art et essai Lumière, proposeau cinéma Lumière à la Ciotat 3 jours avec... lanouvelle vague du cinéma allemand des années70 : L’ami américain de Wim Wenders, Je veuxseulement que vous m’aimiez de R.W.Fassbinder, Le tambour de Volker Schlöndorffet Aguirre, la colère de Dieu de Werner Herzog.Après les projections, débats animés par MartinLampprecht et Christine Fillette.

Art et Essai Lumière06 64 85 96 40www.mairie-laciotat.fr

Ce qui nous arriveLe 20 juin, dans le cadre du colloque national surla création artistique pour les publics sous mainde justice, à la Friche, projection du film Ce quinous arrive de Caroline Caccavale, réalisé avecdes personnes détenues de la prison desBaumettes.

Lieux Fictifs, Laboratoire de RechercheCinématographique et Social04 95 04 96 37 www.lieuxfictifs.org

Une vie de chat d'Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli

L'ami américain de Wim Wenders

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Véronique Rizzo versusFrancisco Da MataLa Gad nous aura prévenus : «Rizzo et Da Mattaconfrontent leurs deux approches dans un accrochage à la courtoisie explosive» ! Est-ce à dire que leur flirt, ou leur battle commele suggère la galerie, laissera des traces dansnos mémoires. Leurs compositions abstraitesaffichent une radicalité visuelle exemplaire, qui devrait s’accommoder parfaitement des contraintes de l’environnement… M.G.-G.

du 17 mai au 7 juilletLa Gad, Marseille 1er

06 75 67 20 96www.lagad.eu

Art au paradisDans le triangle d’or de la rue Paradis, artistes, designers, architectes font les beaux jours des agences d’urbanismes, des boutiques de déco et des show-rooms le temps d’un libre parcours.On y croisera Véronique Bigo chez Mobile de Curiosités pour un travail sur-mesure (son exposition monographique à la Villa Tamaris Pacha nous avait emballés, voir Zib’41), Cédric Teisseire chez Sinibaldi (qui fréquente habituellement l’Espace d’art concret, la Villa Arsonou le MAMAC de Nice) ou encore la jeune aixoise Pauline Angotti pour une performance à la Maison de ventes Leclère. M.G.-G.

vernissage le 31 mai, expositions du 2 au 9 juinvisites guidées deux fois par jourMarseille 6ewww.paradis-design.fr

Spécial Joel MeyerowitzC’est une exclusivité Photomed : l’exposition des premiers travaux en noir et blanc de l’américain

Joel Meyerowitz aux côtés de son travail couleur, au moment où il fête ses 50 ans de photographieet publie une monographie chez Phaidon. Un événement signé Jean-Luc Monterosso, directeur

artistique de la manifestation varoise (voir p. 60). M.G.-G.

du 25 mai au 17 juinHôtel des arts, Toulon

04 94 91 69 18www.hdatoulon.fr

Peinture, sculpture et poésieLa Maison de Brian ouvre sa saison estivale avec trois univers plastiquestrès poétiques : les œuvres sur papier «végétales, minérales» deStéphanie Ferrat qui cite Philippe Jaccottet comme compagnon de mots ;les peintures-papiers de Christian Perrier et les vers d’Yves Bonnefoy enéchos lumineux ; les sculptures de Gisèle Buthod-Garçon qui fait rimerson exploration du raku avec la voix de Danièle Faugeras. M.G.-G.

jusqu’au 31 maiLa Maison de Brian, Simiane-la-Rotonde04 92 75 91 49www.lamaisondebrian.fr

54 ARTS VISUELS

© Gise� le Buthod-Garc�on, Vague

Joel Meyerowitz, Longnook Beach, Truro, Massachusetts, 1983, Photographie 60 x 25.2 cm

© Joe� l Meyerowitz

© P. Fancony, É�chelle

Vé�ronique Rizzo dans son atelier © Santi Oliveri

© Der Tod ist ein Dandy, Francisco Da Matta, c-print, collage et cadre cassé� et recollé,

40 x 37 cm, 2012

AU PROGRAMME

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Ecce HomoVoici l’homme : mais que tentent d’incarner la photographie ou la peinture de la condition humaine ? Que l’Homme se présente dans sa plus simple figuration, nu et peint en ange presque blême selon Guillaume Flageul ou tel quel via le réalisme photographique d’Anna Chrysidi, les images fouillent continûment son identité profonde. C.L.

jusqu’au 23 juinGalerie Joseph Antonin, Arles04 90 99 53 31www.french-lizard-attitude.fr

ARTS VISUELS 55

Julien BlaineLe dérêveur, poète des coups de gueule pour remue-ménage mental,

inventeur des déclara©tions et démonstra©tions exposera/s’exposera enAutoportraits en 2 & 3D devant quelques iHALi (installation humaine

anonyme laissée là par inadvertance) afin de sauter dans l’espace-tempsentre préhistorique et art contemporain. Le vernissage fut vocifératoire et

jouissif le 19 mai ! C.L.

jusqu’au 19 juinGalerie Jean-François Meyer, Marseille

04 91 33 91 01www.marseilleexpo.com

Arts éphémères 4e

Le programme est exceptionnel ! Alfons Alt,Katia Bourdarel, Dominique Cerf, Colin

Champsaur, Matthieu Clainchard, ThomasCouderc & Teoman Gurgan, Jean Daviot, EricGossec, Lina Jabbour, Victoria Klotz, Jérémy

Laffon, Lionel Loetscher, François Mezzapelle,Thierry Mouillé, Rémy Rivoire, Philippe Turc et

Jérémie Vernet, les étudiants et les élèvesamateurs des Ateliers publics de l’ESADMM, leBallet National de Marseille, les professeurs &

élèves de la Cité de la Musique.Vernissage le 24 mai à 18h30. Tous à la Bastide !

C.L.

4e Festival des arts éphémèresdu 24 mai au 3 juin

Maison BlancheMairie des 9ème et 10ème, Marseille

04 91 14 63 26www.marseille9-10.fr

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Julien Blaine, 3 mains, dé�claration © musé�e d'art contemporain de Stockholm, 2010

Anders PetersenDans le cadre du Printemps de l’Art Contemporain, Vol de Nuits reçoit Anders Petersen. La programmation 2012 est construite autour d’un cycle d’expositions questionnant les étatslimites du corps et de la psyché humaine. Anders Petersen expose sa série Mental Hospital,portraits de personnes rencontrées dans des situations hors norme, photographiées le plussouvent dans des endroits clos, un bar, une prison, un hôpital psychiatrique, une maison de retraite. C.L.

Anders PetersenMental Hospitaljusqu’au 15 juinVol de Nuits, Marseille04 91 47 94 58www.voldenuits.com

Anders Petersen, from the Mental Hospital series, 1992-95 © Anders Petersen

Saint Alexandre © G

uillaume Flageu

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ARTS VISUELS56 ABD | ALCAZAR

Les rencontres précédentes nousavaient déjà habitués à de très belleset éclairantes interventions (Autourde Daniel Arasse ; L’art, l’argent etla mondialisation ; De Cézanne etPicasso à Mondrian et Vasarely…).En proposant ce triptyque Jean-NoëlBret imaginait-il provoquer un telfeu nourri d’érudition et de ques-tionnements ? Ces deux journées ontoffert à l’assistance nombreuse derevisiter l’histoire de l’art occidentaldepuis ses fondements ancrés dansl’antiquité romaine jusqu’aux formescontemporaines du kitsch impliquéesdans la mondialisation de l’art.

Ironie et élévationLes problématiques et les échangesappuyés avec le public ont remisé laquestion du beau au profit du su-blime et du kitsch, manifestementplus intrigants ! Les présentationsont su donner le ton : Baldine SaintGirons (le kitsch antonyme du su-blime ?), Giovanni Lombardo (le stylesublime et ses formes «vicieuses»),Jackie Pigeaud (un kitsch antique ?),Philippe Heuzé (du kitsch à Pompéi ?),Pierre-Henry Frangne (opéra etsublime), Maddalena Mazzocut (kitschet mélodrame). Laure Cahen-Mau-rel a ouvert les espaces avec lesublime romantique porté parl’exemple de Caspar David Frie-drich. Jean-Noël Bret reprenait avecnombre d’exemples le fil du beau etdu sublime (la figure du héros entrenéo-classicisme et romantisme).Trois communications concernaientla période plus récente. Lerapprochement du sublime avecl’architecture contemporaine offraitune ouverture de taille mais DidierLaroque la restreignait à la ChapelleSaint-Nicolas-de-Flüe conçue parPeter Zumtor. Jiang Dandan relevaitles subtilités liant culture tradition-nelle, modèles politiques et artcontemporain chinois maniant l’iro-nie et kitsch. Valérie Arrault appuyaitsur un registre plus politique etcritique. Le kitsch analysé en tantque valeur entre postmodernité et

libéralisme de (mauvais) genre (LasVegas, Disney), une esthétique dunarcissisme, du consommable immé-diat où tout se vaut pourvu que cesoit vendable !

L’exercice du jugementEn majorité abondé par des appro-ches esthétiques ce colloque étaitrendu ardu par le maniement desconcepts et connaissances néces-sairement mis en jeu. Pourtant cetravail d’exégèse difficile maispassionnant plongeait dans lesstructures de la pensée à travers laquestion de l’art. En revisitant desconcepts fondateurs repris depuisl’antiquité jusqu’à aujourd’hui il nous

a été offert si ce n’est d’arrêter uneopinion au moins de situer ces en-jeux. Baldine de Saint Girons rappelaitce qui en fait finalement le cœur : lacapacité de chacun à l’exercice dujugement. En réponse à une ques-tion du public sur le kitsch JackiePigeaud rétorquait : «Est-ce qu’onjuge une maladie ? Non, on la soi-gne !» Du beau, du sublime et lekitsch comme art… dégénéré ?CLAUDE LORIN

AEPHAE, Associationeuroméditerranéenne pourl’histoire de l’art et l’esthétiqueABD Gaston Defferre www.biblio13.fr

Du beau ?L’AEPHAE organisait

les 11 et 12 mai dernieraux ABD un colloque

sur le sujet Beau,sublime, kitsch,

huitième volet du cycleL’histoire de l’art

en question(s)

Bandes décidées

Les Rencontres de l’illustration, organisées parl’association Sur la Place en collaboration avec la Villede Marseille, et les libraires marseillais à qui l’imageparle (Le lièvre de Mars, Imbernon, Chez Arno, L’arbre)sont d’une grande qualité artistique et intellectuelle. Auxantipodes des manifestations sur le 9ème art qui fontsouvent dans le mainstream et la BD qui se vend, auxenfants ou aux adulescents, Sur la Place interroge, sansgrands moyens ni expos spectaculaires, le rapport dutexte à l’image, et l’histoire d’un art récent déjà endifficulté, parce qu’il est lié intrinsèquement au livre. Les rencontres autour de la BD Suisse, par exemple,résument les préoccupations : les éditions Atrabile,nées à Genève à la fin des années 90, défendent desauteurs comme Peggy Adam, suivent une ligneéditoriale, défendent une identité graphique. Leursauteurs ont un regard sur le monde, souvent noir, et fontde la recherche narrative à travers leurs planches etleurs scénarios. Mais Atrabile a pratiquement renoncé àsa revue, lieu de recherche, parce que personne nel’achète. Et Daniel Pellegrino, fondateur de la maison,ne se salarie que depuis 2 ans…

Dans le hall de l’Alcazar l’exposition sur la BD Suissedonne aussi le ton : les planches sont suspendues surdes fils, dispositif sommaire qui oblige un peu les adultesà tordre le cou (tant mieux pour les enfants). Dans uncoin Titeuf vite mentionné comme un phénomène ; dansun autre quelques clichés hilarants sur la Suisse dans laBD ; et dans des vitrines des documents originaux dufonds patrimonial de l’Alcazar : les premières BD, deRodolphe Töpfler (1827), qui concevait des estampesnarratives, caricatures à personnages récurrents quiintégraient le texte dans l’image et progressaientsuccessivement… Le reste de l’exposition, prêtée par leconsulat Suisse, offre un panorama très exhaustif desdifférents styles de BD qui ont occupé successivementou simultanément la presse et les livres, et dontbeaucoup sont Suisses, à notre étonnement ! Pas deplanches originales mais l’exposition, commentéeintelligemment, est accompagnée d’ouvrages àconsulter.A.F.

Les rencontres de l’illustration ont eu lieu du 10 au 12 maiLa Suisse Pays BDJusqu’au 26 maiL’Alcazar, Marseillewww.bmvr.marseille.frwww.surlaplace.fr

De�dicaces expo BD,12 mai © surlaplace.fr

Rencontre BD, Daniel Pellegrino des Editions Atrabile et Boris Henry © surlaplace.fr

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ARTS VISUELS 57MUCEM | LA COMPAGNIE

Où s’est-il enfui, le bourreau fou quia planté sa hache dans une épave devoiture, préférant faire grincer la car-rosserie plutôt que de frapper à mortun passant ? Que pense-t-il de sontravail, cet homme qui vient d’éven-trer le toit bourré d’amiante d’unappartement, et fixe l’objectif pardessus son masque de papier ?Quelle gorge vise donc ce chien, figédans un rictus diabolique ? Et cesdeux hommes au visage empâté parl’alcool, dont l’un observe l’autrecomme s’il allait le clouer au mur,que ne se disent-ils pas ?Sortir les photographies de Myr Mu-ratet de leur contexte pour lesdétailler une par une : il y a là dequoi frémir. Les observer comme unensemble, une continuité de sonœuvre sur les friches et les marges :le frisson est le même. Il n’y a pasde «bienveillance» dans le regard del’artiste, de celle qui malgré toutes

ses bonnes intentions implique unecertaine hauteur, mais une forme dereconnaissance. Une façon d’admet-

tre, dans un rapport d’homme àhomme, que l’autre est ce qu’il est.Dérisoire autant que démesuré, avec

sa violence, ses voies de traverse,ses blocages et sa perdition.En contrepoint, l’attention d’unefemme, Marie Pellaton, portée surles mêmes terrains vagues mais auras du sol. Son installation évoque lechemin d’un archéologue attiré parla verdure et l’étrange destin desdéchets... après l’exécution ?GAËLLE CLOAREC

L’exécution et autres sentencesMyr Muratetjusqu’au 14 juilletLa Compagnie, Marseille04 91 90 04 26www.la-compagnie.org

À coups de hache

Paris-Nord, Laurent et Patrick 2004

La conférence de François Cheval, mal intituléeLa construction des images, fut diablement stimu-lante ! Se fondant sur le paradoxe des paparazzis,elle déboucha sur l’énoncé d’un point de vue clair,et peu commun chez les conservateurs de musée,sur la photographie : «L’histoire de la photogra-phie n’est pas l’histoire de l’art. Elle permetd’écrire sa vie, de stocker des images, c’est-à-diredes fictions, comme on stockait du grain au néo-lithique, du savoir pendant l’ère du livre. Laphotographie est au centre de la transformationactuelle du monde.»Comment l’analyse historique du phénomènepaparazzi l’a-t-il amené jusque-là ? Le paparazzo,photographe pirate qui volait les images à Romedans les années 50 et les revendait à la presse laplus offrante, n’était pas un observateur, mais unagresseur : il traquait les bourgeois et la starlette,les agressaient de son flash, fixait leurs réactionsde colère, dévoilait leurs frasques ; communiste,il détestait cette classe italienne qui s’était com-promise avec les fascistes et demeurait impunie.Mais cette dimension politique a rapidementdisparu. D’une part parce que «la divulgation desfrasques des bourgeois n’a jamais remis en causel’ordre social», et d’autre part parce que Cinecitta,et Fellini, ont transformé ces pirates en Paparazzide la Dolce Vita, qu’ils ont récupérés ensuite com-me photographes de plateau. Leurs imageséditées dans les livres ont été recadrées, sortiesde leur contexte et publiées sans légendeexplicites, comme celle de Franco Pina en 1952qui est devenue l’icône des Paparazzi : deux pho-tographes en Lambretta balançant un énormeflash. Mais le manifestant de 1952 a disparu ducadre, tout comme les images de la répressionqui étaient parues dans le journal Paese Sera et

dont ce cliché n’était qu’un accompagnementanecdotique.Nouvelle étape dans la récupération : dans les

années 80 le phénomène paparazzi prend del’importance aux États Unis, avec l’idée dupostmodernisme. Le «mauvais goût photogra-phique» devient «vintage» et le photographe deplateau, ou le journaliste, deviennent des auteurs,et entrent au musée. Et l’auteur photographe sedifférencie du photographe tout venant parce qu’ila une intention. «Comme si le photographeamateur n’en avait pas». Selon François Cheval,c’est la notion de marché qui fait qu’un photo-graphe entre au musée, produit des tiragesuniques qui deviennent objet d’art, se trouve desprédécesseurs et des cautions dans l’histoire dela peinture, ou théorise sur «l’instant décisif»comme Cartier Bresson. Car la nature de la photo diffère profondément ducinéma, de la peinture, et n’a pas à se chercherdes lettres de noblesse. Qu’elle soit volée ouposée, elle entretient un rapport particulier auréel, appartient à tous, est reproductible à l’infini.C’est un art, ou une pratique, intrinsèquementpopulaire. Et le regard de François Cheval, qui sera le com-missaire des expositions photographiques duMuCEM en 2013, sera férocement précieux…AGNÈS FRESCHEL

La conférence de François Cheval a eu lieu dansle cadre des Mardis du MuCEM à l’Alcazar le 15mai

À venirLes cartes, images ou outil, par Jean-ChristopheVictor, géographe, auteur en particulier desémissions Le dessous des cartes diffusées surArte le 12 juin à 18h30 à L’Alcazarwww.mucem.org

Photographes pirates

© M

uCEM

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ARTS VISUELS58 VIEILLE CHARITÉ | LA RUCHE

En 1975 le musée Cantini avait ac-cueilli une exposition internationaleitinérante consacrée à FriedensreichHundertwasser. Cette fois ce sontprès de cent vingt œuvres, peintu-res, gravures et tapisseries dupeintre/architecte qui sont rassem-blées au centre de la Vieille Charité,ainsi qu’un ensemble de timbres dansun ancien magasin rue Fiocca. Dèsla première salle, commençant pardes œuvres de jeunesse de factureencore traditionnelle, la couleur mêléede courbes et spirales, jubilatoire,réactive avec bonheur les voûtesbaroques bien sages de Puget et pé-nètre jusqu’aux ramifications lesplus profondes du cerveau limbi-que/reptilien du visiteur. Bien que lapeinture d’Hundertwasser soit leversant le plus connu du public puis-que de nombreux produits dérivéss’en sont emparés, le visiteur saits’arrêter aussi devant les tapisseriesde haut format, plusieurs sérigraphies et lesélégantes gravures sur bois japonaises moinsmédiatisées mais tout autant attrayantes. Hors les murs, les bibliothèques de l’Alcazar, du

Panier et du Merlan présentent une sélection delivres illustrés. Mais la part la plus importante deson œuvre concernant l’architecture n’est pasexposée ! On peut la retrouver dans la secondepartie du catalogue en forme de gros carnet noirabondamment illustré. Car au-delà du tempo-raire, l’exposition s’inscrit dans un projet plus

global de redynamisation participative sociale etéconomique du quartier Belsunce et ses alentoursproposé par Charlotte Bensoussan et l’associa-tion Viens à Marseille !Les propositions alternatives

de Friedensreich Hundertwasser sur l’habitat etl’urbanisme vont à contre-courant du modernismetriomphant : dans ses manifestes, déclarations etperformances, Hundertwasser met en garde contrela ligne droite, propose une certaine conceptionécologique et participative des lieux de vie collec-tifs et urbanistiques. Ces concepts ont inspiré une

proposition en plusieurs volets quidoit se pour-suivre jusqu’à 2013, etau delà. Pour le moment sont ouverts desateliers scolaires ou de participationcitoyenne, à Belsunce les fenêtresse couvriront de fleurs grâce à leurshabitantes, plusieurs échoppes dansle quartier du Panier proposent desservices et produits dérivés dont lebénéfice servira au financementd’autres actions notamment avec leCentre social Baussenque, bienaprès la période estivale.CLAUDE LORIN

Hundertwasser, le rêve de la couleurjusqu’au 9 septembreLa Vieille Charité, Marseille04 91 14 58 80www.marseille.frwww.viensamarseille.fr

À poursuivre par le musée des arts africains océaniens et amérindiens récemment rénové

L’art butine la Belle en MaiC’est sous le signe de la «citéd’artistes au regard tendre» duMontparnasse des années 1900 queSaffir, galerie nomade et la galerieParadis inaugurent un lieu d’expo-sition à quelques pas d’une autre

cité d’artistes, la Friche Belle de Mai.La (nouvelle) Ruche est née de lavolonté de nouer des liens de pro-ximité avec les habitants du quartier.C’est aussi le fruit de la rencontreentre Lydie Marchi et Jean-Fran-

çois Pascalqui partagent «les mêmesproblématiques sur ce que peut-être le métier de galeriste ouvert surl’extérieur et sur différentes sensi-bilités artistiques». Leurs identitésrespectives ne disparaissent pas -Saffir poursuit son itinérance- nileurs programmations. Des échan-ges entre les lieux, des expositionscommunes diffractées selon lesprojets sont en jachère à l’heure oùLa Ruche donne son dernier coupde pinceau ! Le duo signe son pre-mier commissariat avec une carteblanche à João Vilhena et ses invi-tés Dorota Buczkowska et FabienGranet, et après un joli clin d’œil àBrancusi, Modigliani et Soutine, faitles yeux doux aux surréalistes et sesCadavres exquis… Car Vilhena conteune histoire à trois, écrite d’un des-sin à l’autre sur des cartes postalesanciennes que l’on découvre pres-que en même temps que le trio. Des

cartes «où tout fonctionne avec desclins d’œil à Marseille», discrète-ment accrochées à côté des dessinsde Vilhena d’une absolue beauté.M.G.-G.

Plutôt comme un soupçon que comme une certitudeJoão Vilhena, Dorota Buczkowska et Fabien Granetjusqu’au 16 juinLa Ruche, Marseille 3e

06 03 40 76 92 www.marseilleexpos.com

À voirTextures du jourGilles Benistrijusqu’au 4 juinGalerie Paradis, Marseille 6e

04 91 02 10 04

La Couleur et la CourbeDans le cadre d’un projet de redynamisation de quartier, la Vieille Charité présente une exposition rassérénante des œuvres du peintre et architectehors norme Hundertwasser

Vue de la Galerie La Ruche et de son exposition inaugurale Pluto� t comme un soupc�on que comme une certitude © X-D.R

Friedensreich Hundertwasser, Coral FlowersFleurs de Corail Kyoto, 1987, gravure sur bois japonaise, 42,5x57cm, Fondation Hundertwasser, Vienne

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ARTS VISUELS 59GAP | MARTIGUES

Cela fait déjà longtemps que la photographie a faitson entrée en scène au Théâtre de la Passerelleà Gap. C’était en 1988, sous l’impulsion de Pierre-André Reiso qui vouait une passion égale à l’imagefixe et au spectacle vivant. Son projet a évolué en1994 avec la nomination du photographe-voya-geur Bernard Descamps (voir Zib’48) à ladirection artistique de la galerie : répertoire auspectre plus ample (de Cartier-Bresson auxcontemporains internationaux), réalisation dequatre à cinq exhibitions annuelles avec l’acquisi-tion d’une ou deux œuvres par exposition, accueiltous les ans d’un artiste en résidence dans lesHautes-Alpes suivie d’une exposition monogra-phique à la rentrée suivante. Mais la précaritéfinancière de la galerie menace cette expériencede premier plan qui, après Sabine Delcour en2011, se met entre parenthèses. En attendant uneéclaircie, le nouveau directeur du théâtre PhilippeAriagno reprend le flambeau et la Scène natio-nale poursuit son projet singulier -4 sur 70 ontchoisi la photographie plutôt que le cinéma d’artet d’essai- en organisant une rétrospective dufonds photographique. Une collection est l’occa-sion en quelques clics d’embrasser les différentschoix de commissariats ainsi que l’évolution desstyles formels photographiques en France et àl’étranger. Comme un miroir fragmenté du tempsqui passe…Une centaine d’œuvres composent ce kaléidos-cope selon deux axes. Le premier correspond aux17 résidents dont les approches du territoire for-ment «un ensemble curieux de regards croisés»selon Bernard Descamps : des portraits sur le vifdes habitants de Hugues de Wurstemberger aux

paysages lunaires et glacials de Bertrand Des-prez… Le second s’apparente plus à un puzzle departies indissociables et dissociables du fait de laporosité de certains travaux, ou au contraire, deleurs dissemblances. On compte entre autresEdouard Boubat, William Klein ou RaymondDepardon pour les incontournables ; Alioune Bâ,Koo Bohnchang, Lee Gapchul, Pierrot Men ouYashuro Ishimoto pour les extra-européens ;André Mérian et Béatrix Von Conta pour leurancrage régional. Et tant d’autres encore qui ontfaçonné le regard des publics au point «d’êtremarqués par des photos qui ne sont pas toujoursles plus célèbres»…M.G.-G.

Une collectionjusqu’au 30 juinGalerie du théâtre La Passerelle, Gap04 92 52 52 52www.theatre-la-passerelle.eu

LA collection de Gap

© Mi Hyun Kim

Inde © Bernard Descamps

La commande photographique laisse peu de margeau travail personnel si on désire qu’il touche àl’artistique. Spécialisée dans la photo de reporta-ge culturel et de spectacle, collaboratrice de lapremière heure à Zibeline, Agnès Mellon, dont ona pu apprécier la précédente expo au KLAP, posequelques jalons personnels au Théâtre des Sa-lins dont elle a souvent arpenté les coulisses. Lasélection proposée (on en attendrait un peu plus)se concentre sur les moments de préparation desartistes à l’affiche lors cette saison martégale.Fidèle à sa posture de proximité la photographecapte en plans très rapprochés la présence et legeste hors scène grâce à sa part de détail. «Pourcette expo j’étais vraiment dans le portrait, pourentrer dans l’intimité, dans le geste qui prépare…»Car elle ne conçoit pas le détail comme une méto-nymie visuelle, un simple prélèvement d’unensemble (un corps, un groupe, un instrument,une scène…). Elle le capte selon ce qui serait àvoir et éprouver au-delà de l’information photo-graphique. «Au moment où il va entrer en scènele masque de l’artiste apparaît doucement maisles traits, l’intimité restent présents.» Ainsil’essentiel a lieu moins dans le hors-champ quedans le hors-cadre : l’au-delà de l’image. Ce qui

est aperçu dans certains clichés relève plutôt del’entre-vu, de ce qui est possible d’advenir entre,les choses et le photographe, la photo et le regar-deur, la photo et le non photographique. Cetteattraction partagée nous mène au-delà de l’image,dans une dynamique du regard particulière, chèreà Daniel Arasse lorsqu’il se penchait sur la peinture. Et la matérialité du support y contribue discrète-ment. L’impression sur bâche, à l’inverse deshabitudes du lisse et du brillant sur papier, confè-re une épaisseur, un grain qui prend tout son sensdans les grands formats : à vouloir y regarder deplus près on n’y voit pas mieux mais au-delà. Undes enjeux des recherches à venir pour l’artistephotographe.C.L.

MétamorphoseAgnès Mellonjusqu’au 30 juinThéâtre des Salins, Martigues04 42 49 02 00www.theatre-des-salins.fr

Entre aperçus

© A

gnès Mellon

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ARTS VISUELS60

Espaces rêvés, espaces réelsPhoto’Med est de retour sur le litto-ral varois avec, en guest star, l’ItalienMassimo Vitali. L’an dernier, avecl’Anglais Martin Parr comme par-rain et Jean-Luc Monterosso commedirecteur artistique, la ville de Sana-ry avait frappé un grand coup. C’estdire si la deuxième édition estattendue ! Le directeur de la Maisoneuropéenne de la photographie aconcocté un programme riche engrandes signatures, en découverteset en révélations (Cristina Thoux etJean-Baptiste Senegas l’an passé)comme un miroir de la photographiedes deux rives : La photographieMarocaine, Les espaces du mythe,Mission du Musée de la photogra-phie de Thessalonique… Le parcourss’étoffe de nouvelles haltes dans lacité balnéaire (Notre-Dame de laPitié, lieu magique surplombant lamer, et la médiathèque) et mêmeau-delà. Si la Maison du Cygne àSix-Fours s’est retirée, Bandol s’in-vite à la fête avec les «photos voléesdes stars» de Walter Carone, Unlittoral en mutation vu par 6 photo-graphes de Provence et Noir etblanc, À propos de Rudy Ricciotti deBernard Plossu. Peut-être une

manière pour Bandol de poursuivresa première expérience de festivalde photographies contemporaines«Horizon vertical» de 2010… Toulon

est à l’affiche à la demande de l’Hô-tel des arts qui accueille unerétrospective de Joel Meyerowitz :l’Américain lui réserve l’exclusivité

de son récent reportage en Proven-ce (tirages inédits en couleurs) ainsiqu’un ensemble d’œuvres ancien-nes en noir et blanc. Pour des raisonsde logistique, l’île des Embiez cèdesa place à l’île de Bendor, propriétésde la famille Paul Ricard, quiaccueille Les espaces de rêve deBernard Faucon. «Impossibled’évoquer la photographie méditer-ranéenne sans île, véritable symbole»explique Monique Sérénon, directri-ce de la production qui, à quelquesjours de l’événement, peaufine lesderniers détails, valide la présencedes artistes aux vernissages publicset les nombreuses animations.Comme cet original Divan Photo avecHenry Chapier. «On fait de petiteschoses pour enclencher de grandeschoses. On est un tout jeune festival!». Qui ne demande qu’à grandir…MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Photo’Meddu 24 mai au 17 juinSanary-sur-Mer, Bandol, Ile de Bendor, Toulon04 94 74 10 80www.festivalphotomed.com

© Khalil Nemmaoui, Exposition La photographie Marocaine, PhotoMed 2012

Inauguré en juin 2011, le Musée d’art classiquede Mougins est la concrétisation du rêve d’uncollectionneur d’art ancien, néo-classique,moderne et contemporain, M. Levett, amoureuxde la Côte d’Azur. Son musée, conçu par DavidPrice Design d’après le concept original de sondirecteur Mark Merrony, réussit le pari dudialogue entre les œuvres, au-delà des siècles,des techniques et des styles. L’interaction joue àmerveille, et fait se côtoyer Happy Head en laquepolychrome sur résine de la star planétaire

Damien Hirst, avec une tête romaine en bronzede l’Empereur Auguste et le Profil de Jacquelineen céramique de Picasso. Autre pari audacieux,la scénographie de Chameleon3 en forme de clind’œil au cabinet de curiosités - versus XXIe siècle -avec écrans tactiles bilingues pour raconter au-jourd’hui ce que fut l’Antiquité et panneauxpédagogiques pour donner des clefs de lectureaccessibles à tous. Par petites touchesimpressionnistes quelque 800 œuvres seconfrontent, s’interrogent, se juxtaposent, pour

peu qu’elles puisent leurs sources d’inspirationsdans la mythologie ou l’histoire de l’Antiquité.Au cœur du village donc, le musée offre unevitrine de luxe à la collection selon un parcoursthématique décliné sur 400 m2 et 4 étages : Leculte impérial, L’art du portrait, Les religionsgrecques et romaines, L’héritage de l’Égypteantique… On croise sculptures et dessins d’HenryMoore et Toulouse-Lautrec célébrant l’éternelféminin ; on découvre l’étrange face à face duvisage transfiguré de Mariani fixant de ses yeuxvides un laraire romain ; on apprécie le coude àcoude entre la Vénus d’Yves Klein, habillée de sonbleu éclatant, et le Marbre romain de Vénus datévers 50-227 ap. J.C. Là une citation de Platon serappelle à notre mémoire philosophique, ici deuxpièces de Chagall et Calder s’intercalent entreune statuette et un masque funéraire. Même àl’étage de l’armurerie, quelques gouaches etcollages de Dali parviennent à s’infiltrer entre lescimiers et les casques. Vases, bijoux et pièces demonnaie parachèvent plusieurs siècles d’histoirede l’art télescopés par la passion d’un homme.MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

En résonance, exposition Mythes et hérosjusqu’au 28 mai à l’Espace culturelMusée d’art classique, Mougins04 93 75 18 65www.mouginsmusee.com

«J’ai fait un rêve…»

People and Personalities and Social Customs Gallery on the First Floor, Musée d'art classique de Mougins © A.Einsiedel

SANARY | MOUGINS

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ARTS VISUELS 61SM’ART

Le Sm’Art, salon d’Art contemporain initié parChristiane Michel, a présenté sa 7ème édition sousles ombrages du Parc Jourdan à Aix-en-Provence. Les précédents s’étaient tenus d’abordà Martigues puis au Domaine de la Baume. Cetteannée 192 plasticiens ont déployé tous les aspectsactuels de l’Art sous la présidence de PierreVasarely qui a mis un accent sur l’enseignementdes pratiques artistiques avec la présence del’École d’Art. En augmentation constante, l’af-fluence des visiteurs a dépassé les 18 000 entréescette année, et le Sm’Art s’enorgueillit d’être le3ème Salon indépendant en France.Comment visiter un Salon aux si nombreux expo-sants ? Il faut se laisser happer par une couleur,une forme, et aller vers les artistes, qui parlentvolontiers de leurs œuvres. En peinture les pro-positions sont nombreuses : supports variés ettechniques mixtes, du figuratif à l’hyper-réalismeou l’abstrait... On remarque les formes répétitivesde Soumisha, les grands formats bois et métal deCharles-Henri Ravanne, les immenses portraitsde peintres illustres sur carton de l’aixois Lilly. Onretrouve la précision de Myriam Paoli avec sesdélicates sculptures en fils de fer, puis on décou-vre le raffinement de Ron Maraval, récemmentinstallée à Aix, qui effectue des maquettes degaze, puis utilise de la paper clay-porcelaine,créant des formes étranges d’une grandelégèreté. Plus spectaculaire, la désormais célèbreYo Bastoni de Port-de-Bouc installe 25 fourmis

géantes multicolores en fonte d’aluminium peintesur les escaliers du parc. C’est le Sm’Art, à sesdébuts, qui l’a lancée…Certains artistes sont venus de loin : le belgeGordon Hopkins aux grands formats colorés etjoyeux, la coréenne Woo-Bock Lee qui transformeles livres scolaires anciens de son pays en objets

à suspendre ou à poser, le sénégalais Ndary Lo etses immenses femmes de métal présentés parla fondation Blachère. Les galeries aussi s’expo-sent. L’association Gudgi qui regroupe 30 galeriesaixoises indépendantes consacre un espace àMax Sauze, le fermeur de livres, connu pour sonjardin remarquable à Éguilles, ses travaux à basede papiers roulés, déchirés, enterrés puisexhumés, avec ses dernières pièces nomméesFeuilletés d’écriture. La galerie Saltiel, quant àelle, met en lumière Toma-L qui présente aussile livre Vas-y, une œuvre à 6 mains : auteur, peintreet graphiste proposent 168 pages d’un superbepapier accompagnées d’un élément original de10x10 cm et d’une bande-son téléchargeable surle site, résultat de 3 mois de travail acharné des 3compères. Un concept franchement original !Le Sm’Art continue dons à réserver de trèsbonnes surprises, même si, et c’est le conceptmême qui le veut, toutes les propositions ne sontpas du même niveau. Un seul regret ? Que le prixplancher d’un stand soit de 2 000 ¤, ce qui opèreune sélection par l’argent, non par la qualité despropositions. Mais on raconte dans les alléesqu’un Salon des Galeries aurait lieu à l’automnedès 2013 ?CHRIS BOURGUE

Le Sm’Art s’est déroulé du 3 au 6 maiwww.salonsmart-aix.com

Indépendant deviendra grand…

Projet Vas-y, Toma-L, ©

Olivier Brestin

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Marseille, un 31 décembre : une belle jeunefemme se maquille, s’habille, se verse une coupede champagne, s’assoit devant son ordinateur et…se connecte à «Meet me». Elle veut rencontrerl’amour. Dans le monde virtuel, c’est Kitsune,dans la vie, c’est Emilie, 35 ans, une illustratricequi a le blues d’être célibataire.Le premier long métrage de Dorothée Sebbaghsuit pas à pas Emilie (Sophie Cattani) dans sesrendez-vous. Le premier, «Yeux bleus», veut jouer ;le suivant, Julien, récite à longueur de temps despoèmes de Nerval ou Rimbaud et l’appelle sapetite Fée : elle ne tombe pas amoureuse dugrand romantique. Elle va rencontrer ainsi plusd’une douzaine d’hommes, dont un boxeur, un«bonobo», un «Renard du désert», dans des lieuxtrès cinégéniques de Marseille, Callelongue, lajetée du grand large, la buvette du Pharo…«Marseille qu’on voit sous toutes ses coutures,comme souvent New York dans les comédiesaméricaines.» Ces rendez-vous donnent lieu àdes scènes parfois étonnantes, comme celle avecMonsieur X, au Cercle des nageurs, qui latransforme en structure recevant des Playmobil.Une seule escapade, à Nîmes, pour unerencontre-ballet avec un danseur. On ne vousdévoilera pas le dénouement, on vous dira justeque la scène finale est au Frioul, «l’île de l’amour»pour Emilie.Pour ce tournage, particulier, Sophie Cattanidécouvrait devant la caméra, souvent dans un

plan séquence, les acteurs successifs ; ensembleils improvisaient, et la scène était filmée commeun documentaire, une rencontre réelle ! «J’avais2 ou 3 heures pour séduire à partir d’un petitcanevas, explique Sophie Cattani, et celademandait une grande énergie !» Elle en a misbeaucoup, en effet. Elle porte superbement le filmet il est certain que beaucoup d’hommes auraientaimé faire partie du casting ! Certains l’ont confié

à la fin de la projection…Une agréable promenade en cinéma avec cettecomédie légère made in Marseille.ANNIE GAVA

Chercher le garçon est à l’AlhambraCinémarseille depuis le 9 mai

CINÉMA62 FILMS

Des hommes, des hommes…

Chercher le garç�on de Dorothée Sebbagh

Le 9 mai, une trentaine de spectateurs a assisté àla séance de La région suit son court !, unesélection de 5 courts métrages qu’elle asoutenus. Parmi les films, le plus intéressant estBrûleurs de Farid Bentoumi. Brûleurs est leterme par lequel, en Algérie, on désigne ceux quiquittent le pays par la mer. Amine, un jeuneAlgérois, achète un caméscope dans une

boutique d’Oran. Il filme des souvenirs de sa ville,de son appartement et des images de ceux qu’ilaime. Farid Bentoumi a fait un choix original : unfilm caméra au poing, faussement amateur,comme si les images étaient filmées par sonhéros, pleines d’énergie, d’euphorie à l’idée dequitter ce pays sans avenir, dans l’inconsciencedu danger et de la mort.

Dans Sybille, qui cherche une voie nouvelle poursa vie, de Naël Marandin, on apprécie le jeu del’actrice Magali Woch. Tout comme celui d’EyéHaidara dans le rôle d’une jeune routarde invitéepar Emmanuelle pour son fils Mathias, qui abusede la jeune femme : Mar Vivo de Cyril Brody, esttourné à la Seyne.Et ils gravirent la montagne de Jean-SébastienChauvin démarre sur une fausse piste, celle dejeunes criminels, poursuivis par leur employeur ;un téléphone organique, menaçant, trouvé enpleine nature, fait dériver vers la piste fantastiquepuis vers le récit initiatique ; des acteurs quisurjouent, un scenario un peu infantile, heureuse-ment, il y a les décors naturels de ce court, troplong !, tourné dans les Clues de Barles, près deDigne. Le film d’animation de Gérard Ollivier, Un Ogre,est une fable écologique qui, en dessins simplesà l’encre de chine, interroge notre société deconsommation et l’enfant/ogre qui est en nous.Une sélection variée donc, mais on ne peut queregretter l’organisation de cette soirée : les horai-res sont imprécis, les films ne sont pas présentéset aucun réalisateur n’est là, à la Maison de laRégion. Si on veut que les courts métrages soientvus par un public plus nombreux, et que le travailde ces réalisateurs soutenus par la Région puisseêtre reconnu, il faudrait que ces soirées soientmieux relayées !ANNIE GAVA

Le court confidentiel

Brûleurs de Farid Bentoumi

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On parle aujourd’hui de la lutte des FRALIB. Mais qui sesouvient du combat qu’ont mené, en 2009, durant 5 mois lesouvriers de l’usine LEGRE-MANTE, spécialisée dans lafabrication d’acide tartrique et située dans à la Madrague,quartier de Marseille, face à la mer ? Le patron se déclare enfaillite et fait interdire, un matin, l’accès des locaux auxouvriers par deux vigiles. C’est ce que nous apprenons par letémoignage d’un des délégués du personnel à qui ChristineThépénier et Jean-François Priester donnent la parole dansle film grave, triste et beau, Disparaissez les ouvriers !Durant ces 5 mois, les cinéastes ont suivi ces hommes quiont accepté de guider leurs pas dans cette usine qui a arrêtéune production pourtant florissante sur le marché mondial,leur montrant ses failles, les outils rongés par la rouille, lesmurs lépreux, la cantine vétuste, les locaux signalés nonconformes par le comité hygiène et sécurité. Ils parlentlibrement de leurs conditions de travail très difficiles, accep-tées de peur d’une perte d’emploi, des tâches dangereusesimposées aux intérimaires, de longue durée, jusqu’à 19 anspour certains ! Avec beaucoup d’humour, l’un évoque la«victoire» de l’augmentation de la prime de salissure, 3 eurosmensuels de plus, payée avec 5 mois de retard ! L’autre, laréponse du patron devant un local menaçant de s’écrouler :«Mettez un casque !» Ce patron, M. Margnat, ami de M.Gaudin, plein de morgue et de mépris, leur jette un jour :«Votre condition m’importe peu !» ; et n’hésitera pas à saboterl’outil pour faire fuir un repreneur potentiel ! Christine Thépénier et Jean-François Priester permettent,en les filmant superbement, qu’on se souvienne de ceshommes dignes et courageux qui attendaient que la justicerépare cette opération frauduleuse. Mais le terrain intéressaitdes promoteurs immobiliers ! «L’injustice, ça provoque lahaine» dit une femme à la fin du film. Hélas, ils ont étédéboutés et ont perdu le procès en appel de la décision dutribunal de commerce qui avait prononcé la liquidationjudiciaire.Leurs paroles, fortes, restent longtemps dans la tête desspectateurs. Pour qu’ils ne disparaissent pas, les ouvriers !ANNIE GAVA

Le film a été présenté en présence des réalisateurs le 16 mai au cinéma Les Variétés à MarseilleLes Variétés08 92 68 05 97www.cinemetroart.com

Présents, les ouvriers !

Disparaissez les ouvriersde Christine The�pe�nier et Jean-Franc�ois Priester

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LIVRES/DVD64 ART

Les premières recherches de Claudine Humblet ontamené l’auteur à s’intéresser à l’art construit européenpuis plus tard à l’art d’Amérique du nord. Elle publierachez Skira deux importants ouvrages, La NouvelleAbstraction Américaine 1950-1970 et l’Art Minimal.Dans cette continuité, une trilogie est à paraître chezle même éditeur sur les sujets Post Minimalisme et AntiForm puis L’Art Conceptuel. Cette monographie surBruce Nauman en constitue le premier volume. Avecle même souci d’exigence et d’exhaustivité, ClaudineHumbert présente et analyse l’œuvre de cet artisteprotéiforme, acteur majeur de l’art américain depuisles années soixante. Si son travail a été parfois réduit àla catégorie de l’art conceptuel, Claudine Humbletapporte suffisamment d’éléments historiques et criti-ques (voir l’iconographie et la bibliographie généreuses)pour dépasser largement cette classification. En témoi-gne le sommaire annonçant la diversité des champs

explorés que sont entre autres les emprunts à Witt-genstein ou Duchamp, les relations à la penséeparticulière de Beckett, le Funk Art, les œuvres enlatex, fibre de verre, néon, ou encore, la vidéo, lesinstallations, la performance, les Tunnels, les fameuxCorridor, sans compter sur les cycles des têtes, desmains ou les animaux… Cet essai aux allures de beaulivre qui se clôt sur l’étude des versions de l’installationMapping the studio évoquant la solitude de l’artistedans son atelier, nous permet de saisir une œuvre toutautant existentielle que conceptuelle.C.L

Bruce Nauman ou la relation de l’Art à la Conditionhumaine : Un autre aspect de l’art post-modernisteClaudine HumbletSkira Editore, 59 €

À la plageEn parallèle à leurs activités professionnelles respec-tives, Alessandro Albert et Paolo Verzone formentun duo menant des projets à visée sociétale, de naturedocumentaire. Au tournant historique de l’ex URSS,leur première collaboration, Moscow Project, propo-sait aux moscovites de se présenter librement face àl’objectif. La série recevra le prix Kodak en 1992 etsera exposée aux Rencontres de la photographied’Arles. Réalisé de 1994 à 2002, Seeuropeans reprendune démarche similaire mais à la rencontre des usagersdes plages européennes et uniquement en noir etblanc. De la Finlande à l’Espagne, point de merveil-leux estival et de bonheur surfait. Les clichés d’Albertet Verzone sont à double détente. Des gens apparaissentbien ordinaires pourtant comme le note ChristianCaujolle dans la préface, leur singularité dans leurdiversité apparaît progressivement dans l’homogénéité

de la série, celle-ci obtenue selon une sorte de rituelimmuable : chambre argentique 10x12, posée surpied, noir et blanc, frontalité, champ souvent restreint.Les badauds balnéaires invités à se faire portraiturerdevant l’objectif, se présentent dans leurs tenues dumoment et postures de leur gré plus ou moinsspontanées. Dans cet ensemble d’apparences attenduesou surprenantes tout juste se rend-on compte de cettedame en élégante tenue de ville au bord de l’eau…Seeuropeans tente la simple gageure de construire uneEurope à partir du sable. Les deux séries sont visiblesactuellement au CRAC de Sète.CLAUDE LORIN.

SeeuropeansAlessandro Albert, Paolo VerzoneImages Plurielles éditions, 25 €

Des hommes véritablesJanvier 2007, 11 heures. Miquel Dewever-PlanaquitteOcosingo en bus, la route goudronnée pour unchemin de terre, et s’apprête à traverser ce qui «futpendant des siècles une forêt luxuriante, poumon vertdu Mexique». Il abandonne le vacarme des chansonsrancheras1 au profit d’un «silence libérateur». Le voilàseul, sac au dos, en marche pour le village de Naha’.Ce n’est pas son premier voyage ! Depuis 10 ans lephotojournaliste réalise son rêve en partageant régu-lièrement la vie des Indiens Lacandons, les HachWinik, ces «véritables hommes» comme ils se nomment,pas toujours fidèles aux clichés de son imaginaire…Car ce qu’il a découvert est tout autre chose : la junglea laissé place «à de gigantesques étendues de pâtura-ges», le Coca a remplacé le balché2, les soap-operasmexicains les fêtes familiales, les pasteurs évangéliquesle culte des ancêtres. Ces villages d’à peine mille âmessouffrent chaque jour un peu plus de voir changer leurmonde, celui de leur enfance et de leurs prières. Barcelone 2009, New York 1949. Miquel Dewever-

Plana se souvient et écrit ; Paul Bowles publie lanouvelle Le pasteur Dowe à Tacaté. Entre les deux, 60ans d’une fin annoncée et des photos embrumées, auplus près des Indiens en tunique blanche et aux che-veux longs. Comme un écho troublant, les deux textesse répondent dans l’ouvrage édité par Le Bec en l’air,amplifiant notre trouble devant ces silhouettes souventfloutées, ces instants «volés» et cette impression bizarred’éternité. L’issue sera pourtant fatale, et les HachWinik verront leur forêt sacrifiée. Et eux avec. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

1rancheras : genre musical populaire d’origine mexicaine2balché : boisson rituelle légèrement alcoolisée

Hach WinikMiquel Dewever-Planaavec une nouvelle de Paul BowlesLe Bec en l’air, 30 €

Miquel Dewever-Plana était l’invité du festival CoLibriS

Post minimaliste

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Le soleil revient après un long hiver, les abeilles retrou-vent le chemin des fleurs et l’on guette déjà lespremières cigales. Le petit livre Provence et Côte d’Azur,50 sites incontournables apparaît comme le compagnondes beaux jours, 8 circuits (de 160 à 320 km chacun),plus de 30 balades pedibus, des cartes, des explicationsprécises, accompagnées de points sur l’histoire, latoponymie, les cultures… et de très belles photogra-phies qui donnent envie de partir. Le tout est assortide conseils pratiques : la beauté du petit jour auxmonts du Ventoux ne doit pas faire oublier une petite

laine, la promenade dans le Colorado de Rustrel (pasla peine de prendre un avion !) peut durer une heurequinze ou trois heures selon votre rythme… n’oubliezpas votre carte au débarcadère de l’île Saint Marguerite!... Bref, un ouvrage facile à manipuler, qui donne debelles idées de découverte.M.C.

Provence et Côte d’Azur 50 sites incontournablesChristine Dufly et Hervé Le GacOuest-France, 12,50 €

La tête et les jambesL’architecture s’enseigne t’elle sur le terrain, le chantierou à travers les livres et la parole des maitres ? Dequelles manières se sont renouvelées les diffusions dessavoirs selon les ouvrages, les contextes ? Très heureuseinitiative des éditions belges Mardaga, L’atelier etl’amphithéâtre, les écoles de l’architecture, entre théorie etpratique se révèle un ouvrage précieux sur l’enseigne-ment de l’architecture. Regards croisés sur l’art detransmettre à Paris dès le début du XIXème siècle tantaux Beaux-Arts (esthétique) que dans les pépinièresd’ingénieurs (rationalité fonctionnelle, constructive,

économique), de la préparation aux Prix de Rome à laprise en compte de nouvelles aspirations climatiques,l’ouvrage couvre de manière détaillée et richementdocumentée un aspect essentiel, peu souvent abordé,de cet art qui, comme nul autre, ancre notre réel dansses pratiques.FRÉDÉRIC ISOLETTA

L’atelier et l’amphithéâtreGuy Lambert et Estelle ThibaultMardaga, 29 €

Unesco ou pasEntre sites classés et sites candidats, la Provence, et laCorse associée ici, regorgent de beautés tant naturellesqu’architecturales. L’ouvrage de Marie Tranchant etAlexandre Lenoir s’attache à leur recensementillustré.Depuis 1972, l’Unesco a établi une liste de chefs-d’œuvre dont la valeur patrimoniale exceptionnellemérite protection et attention mondiale. 936 merveil-les du monde ont été recensées. Le rôle de l’Unescoconsiste en leur préservation et leur transmission auxgénérations futures, comme en un livre doré desbeautés du monde et des civilisations qui l’occupent. Cinq lieux se trouvent en région PACA (et Corse) :Arles (antique et romane), le centre historiqued’Avignon (centre du monde occidental pendant centans avec les papes), le théâtre antique d’Orange

(superbe héritage de la Rome impériale), le golfe dePorto (patrimoine naturel inestimable), la citadellede Mont-Dauphin (avec son plan en étoile dressé surle plateau des «Mille vents»). S’ajoutent deux élémentsclassés au titre de patrimoine immatériel, la Tarasquede Tarascon (sa légende, les rites qui lui sont attachés)et le cantu in paghjella, avec ses règles spécifiques, oùtrois voix se tissent, complices et émouvantes. Et il ya les sites qui attendent leur classement, label deprestige universel, mais surtout gage de pérennité, depréservation. Ainsi, la Camargue, la Montagne Sainte-Victoire, la rade de Marseille, le parc national dePort-Cros, l’œuvre architecturale et urbaine de LeCorbusier, les bouches de Bonifacio, Glanum, le parcdu Mercantour, méritent largement la consécrationde l’Unesco !

Un très bel ouvrage, simple, concis et riche à la fois.Les photographies des lieux, superbes, constituent àelles seules un éloquent plaidoyer !MARYVONNE COLOMBANI

Le PatrimoineMondial de laProvenceMarie Tranchant etAlexandre LenoirOuest-France,23,90 €

Pratique des balades

LIVRES/DVD 65

En 1963 la Radio Télévision Scolaire recrute un jeuneprofesseur de français en disponibilité, Maurice Sché-rer alias Éric Rohmer, fraîchement évincé des Cahiersdu cinéma par une «conspiration» qu’il qualifierad’«amusante». Il réalisera jusqu’en 1970 pour la RTSune trentaine de programmes touchant à l’architec-ture, aux sciences, au cinéma, à la littérature. LeCNDP vient d’éditer une sélection de ces petits filmsaccompagnés de leurs fiches pédagogiques rédigées parle réalisateur lui-même, un documentaire de Jean-Louis Cros sur le travail de Rohmer à la télé, uneinterview de René Clair, Jean Rouch et Jean-LucGodard sur L’homme et les images et un long entretiend’Hélène Waysbord avec le cinéaste peu avant samort. Ce coffret de quatre dvd s’éclairant mutuelle-ment, intitulé très justement Le laboratoire d’Éric

Rohmer, montre l’importance de cette décennie pourla genèse et la maturation des projets du cinéaste. Ony retrouve son goût pour la conversation qu’il affirmecinématographique et l’annonce de Ma nuit chezMaud dans Entretien sur Pascal, son amour du littéralet l’embryon de Perceval dans l’émission consacrée à ceConte du Graal. De Métamorphose d’un paysage, leçonde géographie et d’esthétique à Entretien sur le béton oùClaude Parent et Paul Virilio donnent quelques clésessentielles de l’architecture du XXème siècle, desCabinets de physique au XVIIIème siècle au Mallarmé enmajesté, interrogé par un journaliste fictif hors champ,Rohmer donne à voir, à entendre, à lire parfois, ouvresans cesse des perspectives. Si ces films peuvent paraîtredatés dans leur noir et blanc cathodique, avec leursintervenants fumeurs de pipe ou de cigare au vocabu-

laire foisonnant et à la syntaxe professorale exemplaire,ils demeurent d’une grande pertinence et leurintelligence rend heureux. ELISE PADOVANI

Le laboratoire d’ÉricRohmer, un cinéaste à latélévision scolaire, 2012Scérén CNDP-CRDPCollection Présence de la littérature

Éric Rohmer, pédagogue

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«Le 1er Prix du Concours Pierre Barbizet, que j’ai rem-porté en 1994, a été suivi de nombreux concerts àMarseille et alentour. Du coup, moi la Parisienne, je mesuis sentie comme adoptée par la région !»Pour le dernierconcert de la saison de la S.M.C.M (voir p. 31),Claire-Marie Le Guay a repris des opus enregistrésdans Voyage en Russie, paru au moment de la «FolleJournée» de Nantes, et Vertiges, synchrone à l’annéeLiszt (2011).Sa «Mosaïque de la Russie» proposait «de grandes pagesd’expression pianistique pure, romantiques et poétiques,de Rachmaninov, Scriabine et un roc planté au milieu :la 3ème Sonate de Prokofiev, frontale, à la matière ferme»,quand son étourdissant hommage à Liszt incluait la

Sonate en si mineur. La pianiste décrit cette dernièrecomme «un voyage à la dimension spirituelle. Une œuvrequi offre matière à réflexion, un bloc sonore qui sembleêtre une allégorie de la vie. Une expérience à vivre, àtraverser en commun : celui qui l’écoute et celui qui lajoue. On se lance là-dedans avec le public» ajoute-t-elle,«c’est un vrai rendez-vous qui s’achève dans un climaténigmatique posant des questions fondamentales à l’êtrehumain.» Suivons-là donc dans la vigueur et la fluiditéqu’elle imprime à l’héroïque mouvement !PROPOS RECUEILLIS PAR JACQUES FRESCHEL

VertigesCD Accord / Universal 476 4244

Voyage en RussieCD MirareMIR169

66 LIVRES/CD MUSIQUE

Onzième album des infatigables And Also The Trees,Hunter Not the Hunted constitue dans la carrière,commencée il y a plus de trente ans, de ce groupe sibritish, une parenthèse particulière : mélancoliques etpresque romantiques, si différents mais au demeurantd’une telle unité, les titres étonnent, élégamment.Produit également en disque vinyl, une certaine au-thenticité teintée d’un retour aux sources acoustiquesrappelle aux adeptes de la première heure de très bons

souvenirs, même si cet opus conserve batterie et unbrin d’électricité. Née sur les cendres du punk,l’élégante noirceur britannique si poétique est donctoujours vivante ! FRÉDÉRIC ISOLETTA

Hunter Not the HuntedAnd Also the Trees AATTDiffert-ant’

Nocturne

Le premier album électro-acoustique de Nicolas Cantéa été présenté en janvier à la Cité de la Musique àMarseille. Improvisium est un solo improvisé donc,performance sur piano préparé électroniquementgravée sur le vif dans la salle du Cri du Port, point dedépart annoncé d’une suite de productions du mêmetype. Jazzman issu du conservatoire d’Aix-en-Pro-vence, l’artiste travaille sur les claviers (acoustiques etélectroniques) aux frontières du jazz, de l’impro-visation et de l’électronique. Révélation du Printemps

de Bourges il y a deux ans, il s’est fait connaître avecson projet Mekanik Kantatrik. Cet opus révèle unedémarche originale qui nous entraîne dans un tripsonore autour du clavier et son potentiel électro-acoustique. J.F.

Improvisium Nicolas CantéCD Kantatik Musik KMNC1

Une expérience commune

Piano-impro-électro-live…

Il y a quelques temps, Raphaël Imbert, lors d’une con-férence à la Cité de la Musique, mentionnait un travailde recherche et de collectage auprès des témoins de lascène jazz marseillaise du siècle dernier, avant queceux-ci ne viennent à tous disparaître. L’ouvrage estprêt aujourd’hui : près de 300 pages qui traitent d’unehistoire du jazz à Marseille, des années 1917 à nosjours. Un travail d’enquêtes, en trio, qu’ont entreprisGilles Suzanne, maître de conférence en esthétique àl’Université d’Aix-Marseille, Michel Samson, anciencorrespondant du journal Le Monde et ElisabethCestor, sociologue. On y évoque des tranches de viede nombreux temples de cette musique, le Long-champ, le Saint-James, la Chistera ou encore les barsà entraîneuses plus ou moins bien famés, le Pelle Mêle,

le Cri du Port... Des anecdotes plus ou moins sulfu-reuses, des querelles de chapelle... Dans quel terreau lesjazz se sont nourris à Marseille, comment se sontopérés ses modes de transmission. Un jazz qui réveilleles âmes et les préserve de la soupe médiatiqued’aujourd’hui, temps de cerveau disponible oblige ! Oùl’on voit que Marseille a contribué, et contribue, à savitalité.DAN WARZY

À fond de cale 1917-2011 Un siècle de jazz à MarseilleGilles Suzanne, Michel Samson et Elisabeth CestorWildproject, 22 €coll. À partir de Marseille, dirigée par Baptiste Lanaspeze

Figues moisies contre Raisins aigres

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LIVRES/CD 67

Lo Còr de la Plana a placé la présentation de sonnouvel album entre les 2 tours des élections. Coïnci-dence cocasse ! Chez ces troubadours des tempsmodernes, la lutte continue ! Depuis le Grand Prix del’Académie Charles Cros (2003 disque Es lo titre), LoCòr n’a cessé d’explorer textes, musiques, s’appro-priant un répertoire, le revisitant sans cesse. Dans lehall de la Cité de la Musique, Manu Théron, SébastienSpessa, Rodin Kaufmann, Benjamin Novarino-Giana,Denis Sampieri, chantent des extraits de Marcha dansun échange festif et porteur de messages. Les textes etchansons appartiennent au répertoire marseillais,traditionnels, Trobaïres Marselhés du XIXème, Clozel,Michel Capoduro…, agrémentés de créations deManu Théron. Des polyphonies innovantes et riches.La Libertat de Clozel, qui n’était autre que l’ami deCézanne, le poète Joachim Gasquet, sonne, vingt ansaprès la Commune, comme un hommage et un appel

à la révolution… Siás la musa dei paurei gus, ta cara esnegra de fumada. Teis uelhs senton la fusilhada. Siás unaflor de barricada. Siás la Venús. Libertat ! (Tu es la musedes pauvres gueux. Ta face est noire de fumée. Tes yeuxsentent la fusillade. Tu es une fleur de barricade. Tu esla Vénus. Liberté !).Chansons politiques, anticléricales, sociales, clin d’œilà nos éternels combats contre l’autorité, et l’insolencedes censeurs de tous ordres. Comme il est écrit sur unmur, à l’entrée : L’ora es venguda ! L’heure est venue !Le quintette vocal et percussif (mains, pieds, bendir)est d’une énergie incroyable et d’une précisiondiabolique : bourdons, ostinato, départs martelés, sonsfilés, polyrythmies, contretemps en percussionscorporelles ; un festival polyphonique pour mieuxdériver, lutter et continuer de rêver en créant, debout!À consommer… tous les jours !YVES BERGÉ

MarchaLo Còr de la Plana, 18€Lo Còr de la Plana a présenté son nouvel album le 24 avril à la Cité de la musique,Marseille(voir également p. 15)

Occitan de combat

Vestiges exhumés…Nombre de ces musiques nées de la plume de compo-siteurs de Provence ont été ensevelies sous des couchesd’oubli. Si les plus célèbres sont signées des baroquesCampra ou Jean Gilles, connaîtrait-on aujourd’huiPoitevin, Villeneuve, Belissen, Desmazures ou PierreGautier, sans la persévérance de musiciens à têtechercheuse tels que Guy Laurent ? À Aix («Marseillene s’intéresse pas, hélas, à son patrimoine» précise le chef,flûtiste et chanteur), après 25 ans à la tête des Festesd’Orphée, son entreprise est considérable en matièrede re-créations, de «diffusion des richesses musicalesméconnues de notre région» et d’édition discographiqued’opus inédits, tels qu’on en trouve dans la série LesMaîtres Baroques de Provence. «C’est l’une de nosmissions» déclare Guy Laurent à propos de cette

anthologie des musiques historiques provençales.Dans le 4ème volume de la collection, on découvre unmagnifique Requiem, «lié à la figure héroïque de laGrande-Peste, considéré presque comme un saint : Mon-seigneur Belsunce. Le testament musical d’Audiffren estintroduit par l’émouvante oraison funèbre de l’évêqueavec une déclamation baroque recréée.» De Vallière,musicien oublié de la vie musicale arlésienne au 18ème

siècle, «seul ce Magnificat nous est parvenu». Le disquecomprend également des «Suites instrumentales inéditesde Gautier» : La Ciotat rendra hommage en 2013 à cetenfant du pays. «On découvre enfin trois Motets dejeunesse écrits à Aix par Félicien David, compositeurromantique qui trouve actuellement un regain d’intérêt».PROPOS RECUEILLIS PAR JACQUES FRESCHEL

Maîtres baroques de ProvenceCD Parnassie édition PAR1201 www.orphee.org

Musiciens d’aujourd’huiSans la conviction de jeunes artistes et la persévérancede labels indépendants, nous aurions peu accès au-jourd’hui à nos musiques. De fait notre patrimoine,loué par tous pour sa capacité à générer des valeurscommunes, s’appauvrirait, pour ne constituer bientôtqu’un musée du passé. Le tout jeune Quatuor Sendrez a créé en 2009 leQuatuor de Michel Sendrez et porte désormais sonnom. Si cette œuvre est inspirée par un voyage dans laforêt amazonienne, le Quatuor Yuan Fen (2010) deThierry Huillet est, quant à lui, écrit à partir d’unvoyage en Chine. Ces deux opus, composés dans deslangages différents, témoignent de la diversité dessources d’inspiration des musiciens d’aujourd’hui. Ondécouvre aussi une belle Partita concertante pour flûte(Sandrine Tilly flûte solo au Capitole de Toulouse)

de Nicolas Bacri, comme une pièce haletante duMarseillais d’adoption Florent Gauthier. Ce dernier, après sa rencontre avec Pierre Boulez et sesclasses au CNSM de Paris, est venu s’installer en 1995sous nos tropiques. Son 2ème Quatuor Loops (2010)dure une dizaine de minutes. Au gré d’un «matériauclairement identifiable, un accord, un rythme en doublecroches et un motif mélodique très court», le compositeurnous entraîne dans une cavalcade, voyage sonorecaptivant qui revient invariablement à son «point dedépart»… Un opus à découvrir au catalogue d’unmusicien qui a le vent en poupe : créations prochainesd’un Livre pour piano, d’un Opéra à Paris et de sonConcerto pour flûte par l’orchestre de l’Opéra deMarseille !J.F.

Quatuor SendrezCD Triton TRI331171www.disques-triton.com

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68 LIVRES ESSAI

Une anthropologue quitte régulièrement São Paulo,de 1978 à 1983, pour une immersion radicale chez lesindiens Suruí. Tout au long de ses différents séjours,elle prend des notes destinées à sa thèse de doctorat, etc’est ce matériel qu’elle restitue ici sous une forme biendifférente. Les Carnets sauvages de Betty Mindlin ontété rédigés à partir des griffonnages originaux, laissantla place aux ressentis de l’auteur, à ses fantasmes, et fai-sant même appel à la fiction... Le tout demeure d’unegrande rigueur ethnographique, ce qui peut semblerparadoxal, mais n’en est que plus fascinant.On se retrouve témoin des tensions qui occupent unanthropologue sur le terrain : comment participer sansinfluencer, comment défendre sans aliéner ? BettyMindlin est navrée de voir que les indiens entrés récem-ment en contact avec l’homme blanc ne pensent plusqu’à consommer... pourtant, elle les aborde elle-mêmeavec les petites culottes et miroirs dont ils sont friands.Elle est frappée par leur économie très différente de cequ’elle imaginait : «La production est communautaire,et non collective, faite d’échanges et de coopération, et nonde propriété et de travail commun à tous.»Si elle prend grand plaisir au mode caressant sur lesquelsles Suruí communiquent, elle n’idéalise pas cette socié-té de nudité idyllique, constate avec un choc que lesfemmes sont considérées comme des objets d’échange,et que l’on tue les jumeaux à la naissance, si certaines mèrescourageuses ne parviennent pas à s’opposer à la volon-té générale.De son militantisme, de ses efforts constants pour défen-

dre les indiens face aux colons ruinant leur environnementet leur mode de vie, elle parle peu, mais on perçoittout au long de l’ouvrage son amour profond pour cemonde sauvage -encore un temps- où la magie estpartout perceptible, où l’on se baigne au matin dansla rosée tombée du ciel, Xiotikapssii, la salive des étoiles.GAËLLE CLOAREC

Carnets sauvagesBetty MindlinMétailié, 21 €

Betty Mindlin était présente à Marseille durant le festival CoLibriS (voir p. 72)

La salive des étoiles

Agone consacre le n°48 de sa Revue à un philosopheexceptionnel : Jacques Bouveresse. Pourquoi excep-tionnel ? Par sa rigueur philosophique et politique,deux qualités rarement conjuguées. Sa critique desmédias, pour le dire simplement, et de tout l’appareilintellectuel de domination ne cesse d’être un des en-jeux de sa pensée, en alternance avec sa «philosophiedu langage et de la connaissance» dont il avait la chairede 1995 à 2010 au collège de France. Travaillant avecBourdieu et Chomsky entre autres pour les plusconnus, il n’a jamais choisi d’être parmi les «chiens degarde» de l’idéologie. Première expression d’unecohérence politique sans compromission, corroboréepar son refus de toute distinction honorifique.Comme le rappelle Thierry Discepolo dans un destreize articles qui organisent cette revue, l’intérêt deBouveresse pour le satiriste Karl Kraus du début du20è siècle participe à cette analyse du discours domi-nant, et à la dénonciation de l’ordre capitaliste mondial.Les parallèles de Discepolo entre l’analyse de Krauspar Bouveresse et sa lecture du Monde sont saisissants.Le plus grave dit-il, rappelant les mots du philosophe,n’est pas tant la complicité des médias et des intel-lectuels avec la domination, ses schémas et sanovlangue, mais la discréditation violente de ceux quicombattent cette soumission de la pensée. Bouveresse est d’abord le philosophe de la raison,comme le développent plusieurs articles. Mais quelphilosophe ne s’en revendique pas ?! Dans le premierarticle de la revue, Claudine Tiercelin souligne etironise la délégitimation de l’idée de rationalité par laphilosophie post-moderne française. Il conviendraitpourtant que Tiercelin, en philosophe analytique,

rappelle les arguments de Foucault contre les excès derationalité : une sournoise opposition persiste dans laphilosophie entre la pensée analytique de traditionanglo-saxonne et celle, continentale et historique, auxinfluences allemandes et françaises. Et Bouveresse est justement ce lien qui permet à latradition analytique de s’occuper sérieusement depolitique. Car la philosophie n’est-elle pas unepolitique de la vérité ?RÉGIS VLACHOS

La Philosophie malgré euxJacques Bouveresse, Jean Jacques Rosat, Bruno Ambroise, Jean-Matthias Fleury, Christian Bonnet, Sophie DjigoRevue Agone 48, 20 €

Avec un dossier Cinéma, propagande et stalinismeprésenté par Charles Jacquier

De la pensée, sans soumission

Et si la musique aidait à mieux vieillir ? Les musiques dela vie de l’éthologue Virginie Pape souligne l’impor-tance de la musique dans l’amélioration des conditionsde vie, particulièrement en gérontologie et soins palliatifs.

Pourquoi écrire un livre sur un tel sujet ? L’écriture de cet ouvrage est la résultante de ces annéespassées à observer, partager, vivre la musique à chaquerencontre au cours de mon quotidien d’éthologuespécialisée en neuro-acoustique. Les questions sontvenues simplement : d’où vient cette influence de lamusique sur l’Homme ? Pourquoi redonne-t-elle vie etforce à des personnes âgées ou malades ? Dans ces pa-ges j’explique les différents impacts des musiques surles comportements humains, mais aussi sur tous lesorganismes vivants, qu’ils soient végétaux ou animaux.La musique, placée ici au carrefour de plusieurs discip-lines scientifiques, se révèle avoir des effets uniques.Elle constitue un excellent moyen de soutien pour lepatient et son entourage, et limite également le glisse-ment des personnes âgées vers une situation négative.Comment se sont déroulés vos travaux ?De nombreux travaux démontrent l’impact de la mu-sique sur l’enfant et ont fait conclure que le cerveauest doté de régions consacrées à la perception musicale.D’où la question des impacts de la musique sur lespersonnes âgées ou atteintes de dégénérescence nerveuse,neurologique. Après plusieurs années d’observationsnous avons mis au point des protocoles d’application,à travers des ateliers de musique et de chant en petiteenfance, en intergénérationnel, gérontologie, soinspalliatifs, qui sont suivis d’actions qui permettent auxparticipants et patients d’entretenir relations sociales,forme physique, mémoire, etc...Vous êtes donc également musicienne ?J’ai suivi un cursus musical : piano, violon, harpe,danse, mise en scène, art dramatique. Le chant estvenu s’entremêler à tout ceci.Pensez-vous que votre livre puisse faire avancer lerôle thérapeutique de la musique ?C’est son but ! La musique est capitale au quotidien etdans le soin. Suite aux observations et analyses, j’ai pudévelopper des protocoles d’application et le conceptde «musique comme lien et tuteur d’acceptance». Ellepeut nous permettre de mieux vivre, mieux grandir,et mieux vieillir.ENTRETIEN RÉALISÉ PAR FRÉDÉRIC ISOLETTA

Les musiques de la vieVirginie Pape Odile Jacob

Le fil d’Orphée

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LIVRES 69JEUNESSE | LITTÉRATURE

Les truands ont toujours attiré les artistes. Leursconduites transgressives, leur goût du risque, leurfaçon de faire la nique à l’ordre établi et à la mort qu’ilstrouvent immanquablement au bout du chemin, voilàde quoi alimenter littérature, cinéma, chanson… etBD. Dans cette lignée vient de paraître l’album Lesfaux visages, «une vie imaginaire du Gang des Posti-ches». Pour retracer la geste de ce gang atypique, quia défrayé la chronique dans les années 80 et a mislongtemps la police sur les dents, un duo de choc étaitnécessaire. Au scénario donc, David B., membrefondateur de L’Association, auteur, entre (nombreux)autres, de L’Ascension du Haut-Mal. Au dessin, HervéTanquerelle, créateur, entre (nombreux) autres aussi,de La communauté. En 151 pages et 9 chapitres, tousdeux retracent, sur un rythme nerveux et dans un styleà la fois réaliste et stylisé, l’histoire de ces 8 truands deBelleville, des origines en 1975 à la dernière arrestation

en 2004. Le 1er casse fait l’objet d’un chapitre entier ;ce n’est pourtant pas cet aspect des choses qui sembleintéresser les 2 auteurs. Ils mettent plutôt l’accent surles raisons qui ont poussé ces 8 petits malfrats às’associer pour passer à la vitesse supérieure, sur lesfêlures intimes de chacun, sur la naissance de l’idéegéniale du déguisement et sur la fin nécessairementtragique de la plupart d’entre eux. Une vision trèsromanesque donc de ces bandits mythiques, auquelle noir et blanc bleuté de Tanquerelle confère lapuissance nostalgique des images d’archives oud’anciennes séries TV.FRED ROBERT

Les faux visagesDavid B, Hervé TanquerelleFuturopolis, 21 €

Hervé Tanquerelle sera présent jeudi 24 maià Saint Rémy de Provence et vendredi 25à Marseille, dans le cadre des Escales en librairieswww.librairie-paca.com

Heurs et malheurs d’un gang

La collection Mon histoire chez Gallimard jeunesseoffre à ses lecteurs le double plaisir de la découverted’une époque et d’une intrigue. Le ton, d’embléeattachant, laisse éclore une voix : la forme de journalintime, loi de la série, y contribue ! On peut découvriren cette première partie de l’année deux nouveauxromans, l’un, de Jean-Côme Noguès, Au temps descrinolines, fait revivre l’exposition universelle de juillet1855 à Paris, sous la plume fraîche et spirituelle deCharlotte ; l’autre, La chanteuse de Vivaldi, évoqueun XVIIIème siècle trouble et brillant à travers lesconfidences de Lucrezia, jeune orpheline élevée au PioOspedale della Pietà de Venise, ville de la musique etdes masques. Le roman de Christine Féret-Fleury,remarquablement documenté, peint une Venise

vivante où se nouent d’étonnantes intrigues autour duchant et des opéras de Vivaldi. Concurrence entre lescastras et les sopranos, eaux troubles des canaux, magiedes costumes et de la scène, vie étrange des jeunesorphelines, entre l’appel de la foi et la pratique de lamusique… Un roman délicieux, et instructif. De quoiformer le goût des jeunes lecteurs !MARYVONNE COLOMBANI

Au temps des crinolinesJean-Côme Noguès, 10,50 €

La chanteuse de VivaldiChristine Féret-Fleury, 9,50 €Gallimard Jeunesse, Collection Mon histoire

Histoires

Deux parcours parallèles qui ne se croisent qu’une foisconstituent le long récit de François Devenne. Leschapitres se succèdent alternativement pour suivre lepériple d’un jeune Massaï, Olélaïga, parti sur les tracesd’un vieil éléphant apparu dans ses rêves, et lesdéambulations d’un délinquant kenyan, Joshua,enrôlé par des braconniers à la recherche de l’ivoire.Ce montage alterné permet à son auteur de tracer unportrait complexe de la région du Kilimandjaro. Eneffet ce géographe de formation connaît parfaitementces contrées, où il vécut une dizaine d’années -il ad’ailleurs épousé une kenyane. Sa volonté de témoi-gnage alourdit parfois le récit d’explications didactiquessur les traditions Massaï, l’élevage des troupeaux, lerôle des femmes. Sur le rôle des blancs surtout,responsables du développement du tourisme qui

trouble la vie sauvage et introduit la corruption ;quelques pages évoquent, par exemple, le commercesexuel auquel se livrent de jeunes moranes pourassouvir les désirs de femmes blanches vieillissantes.Par contraste, la poésie des pages où la nature estmagnifiée, où l’on découvre les mœurs des éléphantsou le rôle des indicateurs, ces oiseaux qui guidentl’homme sur l’emplacement des ruches sauvages… Etc’est à l’ombre d’un figuier que la parole d’un vieuxdevin Massaï permettra à Joshua de trouver la voied’une nouvelle vie.CHRIS BOURGUE

La nuit d’ivoireFrançois DevenneActes Sud, 21 €

François Devenneviendra présenterson roman lors du Festival du Livre de laCanebière(voir p. 18)

À l’ombre du figuier

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LIVRES70 LITTÉRATURE

Cyrille Derouineau aime les plages désertées, largesétendues battues par le vent et la pluie, parasols ou-bliés, cabines fermées. Marcus Malte aime les histoiresde famille et d’attente, blessures d’enfance et nostalgie.Le photographe et l’écrivain se sont déjà rencontrésdans le recueil de nouvelles Ostende au bout de l’est (LeBec en l’air, coll. Collatéral, 2009). Aujourd’hui, cesont les plages de la Côte d’Azur que Derouineau acapturées dans l’objectif, avec toujours cette volontéde montrer l’envers du décor touristique. Palmiers encamisoles, transats repliés, cabanons défraîchis, statuessolitaires semblant scruter les flots… Le photographetraque avec sensibilité les détails émouvants de ce«monde à l’abandon». «Nul ne se dore au soleil froid defévrier sinon peut-être les fantômes. Place aux absents.Place aux morts.» C’est de cet endroit, vidé de touteprésence humaine, qu’Alice parle à Pierre, son frèredisparu à la fin de la guerre d’Algérie. Seule et sansillusions, elle est comme les plages en hiver, jonchée

des débris de l’été : morceaux d’enfance, éclats surtoutde la passion amoureuse qu’elle avait pour ce frèrechéri… Qu’elle a toujours, qu’elle lui redit, entre ado-ration et ressentiment. Car les carnets de guerre dePierre, que Malte intercale entre les évocations d’Alice,révèlent la face sombre du personnage et les exactionscommises là-bas, de l’autre côté de la mer. Mortessaisons, par-delà les thèmes lyriques du temps qui passeet de la déréliction des êtres et des choses, apparaîtdonc aussi comme une réflexion engagée sur la guerred’Algérie. 50 ans après les accords d’Evian, ce n’estsans doute pas un hasard.F.R.

Mortes saisonsMarcus Malte (texte), Cyrille Derouineau(photographies)Le Bec en l’air, collection Collatéral, 15,50 euros.

Marcus Malte sera présent au Festival du Livre deLa Canebière les 9 et 10 juin prochains

Sur la plage abandonnée

Dans le mouvement inverse des héritiers de La Fon-taine impatients de labourer le champ paternel («untrésor est caché dedans») le narrateur de Je la voulaislointaine s’empresse d’enterrer, pour s’en débarrasser,le sac trop lourd confié à sa mort par le grand-pèreféticheur. Le narrateur se nomme Obama «un nomd’oiseau» et c’est la première phrase de ce petit «roman»au titre sagement programmatique, seul à prendre unpeu de distance justement : «la» c’est l’Afrique. DepuisTout ce Bleu (1996) Gaston-Paul Effa n’a de cessed’interroger son propre parcours, peu banal : offert àl’âge de 5 ans à une congrégation religieuse, éduqué enfrançais et à l’issue de brillantes études auprès de Jean-Luc Nancy et de Philippe Lacoue-Labarthe, l’auteurenseigne la philosophie dans la région de Strasbourg.Tout cela est extraordinaire mais ne va pas sans lestourments attachés au conte de fées qui va trop vite.Envoyé en France par son école, le jeune Obama,habité par l’esprit de son grand-père («aigle à deuxtêtes» ainsi se qualifie-t-il) fait l’exaltante et rude

expérience de l’élu coupable et déraciné. Le récit de cetécartèlement, constitué de fragments et de retours enarrière souvent au plus que parfait, n’échappe pas àune certaine naïveté : interprétant les signes de dérè-glement dans sa vie personnelle et professionnelle(l’inspecteur n’augmente pas sa note pédagogique ; sapetite amie le quitte...) comme une malédiction, lenarrateur n’a qu’une issue «le retour à une origine elle-même ruinée et engloutie». Entre lyrisme de bon aloi etemphase compassée, on en vient à déterrer le sac...vide bien-sûr; mais le geste apaise et donne l’espoir de«nouer les fils: le noir de mes origines au blanc de madestinée». Il en reste encore à écrire !... avec moinsd’innocence et davantage de désordre dans la langue ?MARIE-JO DHO

Je la voulais lointaineGaston-Paul EffaActes Sud, 16 €

L’auteur sera présent au 3è Festival du livre de la Canebière du 8 au 10 juin

Des racines et des ailes…

Si l’herbe ne repousse pas où passe Attila, les éditionsvaroises du même nom, elles, donnent de jeunes pous-ses pleines de fraîcheur : une maquette impeccable,des illustrations qui tiennent du livre d’enfant et desdanses macabres, des choix éditoriaux originaux, com-me la réédition des romans de l’espagnol RamonSander. L’empire d’un homme est la réécriture d’unfait divers. Dans une province reculée, où la vie pay-sanne est rythmée par la chasse et l’allégeance àl’aristocratie de l’argent de quelques riches proprié-taires, le loqueteux du village, Sabino, disparaît. Deuxouvriers paysans, coupables commodes dans le climatpolitique local, sont torturés et condamnés. Pourtant,le disparu revient : résurrection du mort en christinquiétant, impossible retour à la vie des condamnés.En miroir, le Roi et la Reine trace le récit plus singulierencore d’un étrange couple. Dans son palais ma-drilène, une belle duchesse, telle Diane au bain, se

laisse voir nue par son jardinier, parce qu’elle ne leconsidère pas comme un homme. Mais la guerre civilequi éclate (on est en 36) renverse les rôles, trouble lesidentités, mêle rapports de castes et fantasmes amou-reux dans le désir d’(être) un homme. Il y a entre cesdeux œuvres un fil : la dénonciation militante desdominations sociales, par un auteur, journaliste anar-chiste, qui doit au franquisme la mort de sa femme etde son frère, et son exil. Mais cette dénonciation prenddes formes oniriques, mythologiques, de contes cruelset de cauchemars gris, à l’éclat unique et baroque. Àdécouvrir absolument.AUDE FANLO

L’empire d’un hommeLe roi et la reineRamon SanderAttila, 18 € chacun

Rauque et Baroque

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LIVRES 71

Famille au bord de la crise de nerfsCela commence par la mort de Mamie. Veillée funè-bre à la morgue de l’hôpital : «La grand-mère de Sergio[…] n’avait pas son dentier, mais on lui avait rempli labouche de coton. Quelques petits filaments blancs sor-taient d’entre ses lèvres. […] Les hommes entassés dansles coins de la pièce se racontaient des blagues salées ; lesfemmes pleuraient de part et d’autre du cercueil, avec unchagrin las, comme si elles se défaisaient des dernièreslarmes gardées pour la circonstance, mais sans les gaspiller,pour ne pas rester privées de ressources à la prochaineoccasion. En regardant le corps rigide de la morte, Sergiocomprit que plus personne ne s’interposait, à présent, entreDisneyland et lui.» Ces quelques phrases donnent leton de cette chronique familiale contemporaine,menée tambour battant par Santiago Roncagliolo,scénariste, critique et romancier péruvien. Réalismecru, cynisme et humour décalé émaillent un récit

rythmé par des chapitres brefs, succession des petiteshistoires, souvent secrètes, de tous les membres de lafamille, chat compris. Drôle de sarabande, où Eros etThanatos mènent la danse (macabre) version sitcom.La mort rôde autour de cette famille bourgeoise de Lima(le père n’a que quelques mois à vivre, le grand-pèresucre les fraises, le fils s’entretient avec des fantômes,la fille flirte avec le suicide…). Du coup, les désirs s’exa-cerbent (même ceux de Papi, même ceux du chat !),créant des situations parfois scabreuses, souventcocasses. Un roman aux allures de vaudeville, moinsléger qu’il y paraît.FRED ROBERT

Histoires indiscrètes d’une famille sans histoireSantiago RoncaglioloSeuil, 18 €

S.Roncagliolo était présent au festival CoLibriS

Vivre de rêve et de pois cassésComment subsister à Cuba en 1993, quand «vivre àLa Havane était comme se trouver dans une série mathé-matique qui ne mène à rien» ? Coupures d’électricité àrépétition, transports aléatoires, alimentation réduiteau minimum… Pour ne pas sombrer, «les seuls trucsqui n’exigeaient pas des efforts démesurés, c’était desourire, de faire l’amour et de rêver.» Ce à quoi s’emploieJulia, une jeune chercheuse en mathématiques, lanarratrice du 3ème roman de Karla Suarez traduit enfrançais. Dans un récit rétrospectif relaté à un inter-locuteur qui pourrait être un journaliste, ou le lecteur,Julia raconte son «année zéro» à La Havane. Elle a alorstrente ans, des problèmes de logement et un travailingrat. Lorsque son ami Euclides lui parle d’AntonioMeucci, un Italien venu à La Havane en 1835, qui yaurait inventé le téléphone avant Graham Bell, bienque l’histoire lui paraisse d’une ironie incroyable («Letéléphone aurait été inventé dans cette ville où il ne

fonctionnait presque jamais !»), elle se lance passion-nément à la recherche du document prouvant quel’Italien est bien le père du téléphone. Qui le possède ?Les 3 hommes qui gravitent autour de Julia, Euclides(son ex-amant), Angel (son amoureux) et l’écrivainLeonardo (son amant occasionnel) auraient tous desraisons de le dissimuler. Et de lui mentir. De fait, danscette équation au nombre croissant d’inconnues, Juliaperd parfois sa rigueur scientifique. Mais elle y gagneune raison de vivre et d’espérer. Une jolie métaphoresur la force des rêves (et de la fiction) et un belhommage à la joie de vivre et au courage inamoviblesdes Cubains.FRED ROBERT

La Havane année zéroKarla Suarez, trad. François GaudryMétailié, 19,50 €

Karla Suarez était invitée au festival CoLibriS

Arrivent en France, à peu près en même temps, deuxrecueils incroyablement divers de Francesc Serés.L’auteur Catalan, qui a reçu dès la parution de sonpremier roman nombre de prix, d’hommages, decompliments, fut traduit immédiatement en espagnol,rapidement en anglais… mais les francophones l’at-tendaient encore. Fin 2011 est parue La Force degravité, magnifique recueil qui nous plonge, etparticulièrement les Méditerranéens des ports, dansl’histoire de nos familles. Pour peu qu’elles soient po-pulaires, laborieuses, touchées par les crises économiques,politiques, mais aussi par la force du soleil et de la mer,de la pêche et des cargos, des arrière-pays secs et desfonds antiques. Avec, comme décor supplémentaire, lepoids d’une histoire plus tragique -le franquismeaffleure dès que le passé est évoqué- et d’un présentqui s’exhibe comme des chaussures trop neuves quiblessent les pieds. Les personnages vivent tous commeà côté d’une réussite économique factice, à vendre desartefacts aux touristes, à soigner leurs blessures par desnaissances, à renverser sur le bord de la route un SDFdevenu le témoin gênant d’un passé révolu, à luttercontre la gravité. Mais plus encore que les 17 portraits

que ces nouvelles brossent, que les 17 paysages vivantsdans lesquels ils évoluent, c’est la manière très directe,brutale, de plonger en leurs pensées et émotions quiétonne, retient, transporte. Chacune de ces nouvellesest une plongée en aveugle vers un monde et un modede narration inconnu. Les Contes russes, qui viennent de paraître, sont plusétonnants encore : l’écrivain Catalan y invente cinqauteurs et, dans la belle tradition des impostures lit-téraires, abandonne Barcelone pour les moujiks,Poutine, la conquête spatiale, et le merveilleux descontes… Mais il retrouve dans la toundra la mêmehumanité abîmée par la tragédie des peuples. Celle deces deux vieux qui retournent à Tchernobyl parce quelà est leur maison, leur vie, leur sens. L’histoire, aufond commune.AGNÈS FRESCHEL

Francesc SerèsLa Force de GravitéFédérop 18 €Contes russes Jacqueline Chambon, 22 €

Francesc Serèsétait présent lors du FestivalCoLibris(voir p. 72)

Nouvelles des écrasements

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RENCONTRES72 HOMMAGE | COLIBRIS

Plus de 200 peuples recensés en Amérique centrale eten Amérique du Sud, presque autant de langues etune littérature qui se développe doucement, grâce àdes initiatives gouvernementales et à des associations,en Équateur, au Mexique, au Chili… Ce sont cesnouvelles «voix indigènes» que la 5ème édition dufestival CoLibriS a permis d’entendre, dans le cadreinédit de la galerie des grands bains douches de LaPlaine, dont le patio feuillu avait (presque) des alluresde forêt tropicale. La littérature amérindienne s’écrit depuis peu, onl’édite encore trop rarement. Pourtant, la jeune géné-ration s’est emparée des langues anciennes, dans unmouvement militant et créateur qui s’amplifie actuel-lement et dont on a pu savourer de larges échos. C’estun des mérites de CoLibriS que d’accorder une placeimportante à la lecture orale, pendant et autour desrencontres, par les auteurs eux-mêmes et par les lec-teurs. Entendre Briceida Cuevas Cob en maya ouElicura Chihuailaf en langue mapuche, voir Wings-ton Gonzalez danser ses poèmes en garifuna, écouterles versions espagnole puis française de ces textes,quelle meilleure entrée sur ces sentiers peu connus dela littérature contemporaine ? Quant au final du fes-tival, polyphonie quasi improvisée (mais très réussie)de toutes ces voix poétiques, il en a ému plus d’un,tant était forte la charge symbolique de cette rencontredes langues.En Amérique, nettement plus au nord, on assiste aussiau renouveau de la culture indienne et de la fiertéd’appartenir au «peuple premier». La politique cana-dienne d’autrefois, selon laquelle «il faut tuer l’Indienpour sauver la personne», n’a apparemment pas réussi,

quoiqu’elle soit responsable de la plupart des pro-blèmes actuels. C’est ce qu’a rappelé Joseph Boyden.Sa mère, une Indienne Cree, a grandi sans pouvoir parlersa langue. Aujourd’hui, il porte la parole de cette com-munauté trop longtemps muselée, à travers des fictionsprenantes qui mettent en scène les paradoxes desIndiens canadiens d’aujourd’hui (voir Zib’30 et 31).Car qui sont ces autres, qu’on a si long-temps soumiset méprisés ? «Ils sont les représentants de peuples très an-ciens, mais leurs poèmes, leurs récits, sont une marque deleur présence absolument contemporaine, sur le continent

américain, et bien au-delà, dans le monde entier» répondPascal Jourdana dans sa préface à l’anthologie publiéeà l’occasion du festival. À cette «avant-garde du monde»,le roman (Caroline Lamarche), la BD (Lucie Lomo-và), le livre jeunesse (Anne Gély et Guy Lillo), laphotographie (Miquel Dewever-Plana, voir p. 64)ont également rendu un bel hommage. Des ouvragesà découvrir dans les librairies, en particulier L’Atinoiret Prado-Paradis, qui étaient là, fidèles auxiliairesd’un festival de grande qualité, généreux et convivial.Au programme de l’édition 2013 : toujours l’Améri-que latine, en dialogue cette fois avec les littératuresdu monde arabe. Un sacré grand écart, qui prometd’être passionnant.FRED ROBERT

Le festival CoLibriS a eu lieu du 9 au 16 mai à Marseille.

À lireL’avant-garde du monde, anthologie publiée par La Marelle, 7 €Joseph Boyden, Le chemin des âmes, Les saisons de la solitude et Là-haut vers le nord(disponibles en poche) Caroline Lamarche, La chienne de Naha (Gallimard) ; Lucie Lomovà, Les Sauvages (Actes Sud-L’An 2)Voir aussi les chroniques des romans de Karla Suarezet de Santiago Roncagliolo (p. 70), dont on peut lirele thriller politique Avril rouge (Points roman), cette année au programme de l’agrégation d’espagnol !

La voix des autres

Festival CoLibriS 2012, illustrations d'Anne G

é�ly © Juliette Lü�ck

Désormais, au Día de los Muertos, le Mexique cueillera pour

lui la fleur de zempaxuchitl, fleur orange des morts, comme

pour Moctezuma, le dernier empereur aztèque. Ce géant de la

littérature fut oublié du Nobel. Qu’importe, les jeunes écrivains

de langue espagnole se considèrent comme ses héritiers.

Les Écritures Croisées organisées par Annie Terrier ont su,

avant sa disparition, lui offrir l’hommage de ses lecteurs

et des écrivains contemporains les plus brillants.

Quant à ses œuvres, elles sont présentes, garanties d’éternité.

Plus encore que sa colossale œuvre romanesque, j’aimerais évoquer un petit ouvrage

critique, Cervantès ou la critique de la littérature. Carlos Fuentes y définit,

par le détour du Don Quichotte qu’il confiait relire chaque année, sa conception

de la littérature : «Quand la science, la morale, la politique et la philosophie découvrent

leurs limites, elles font appel à la grâce et à la disgrâce de la littérature pour qu’elle

résolve leurs insuffisances. Et avec la littérature ils ne découvrent que le divorce permanent

entre les mots et les choses, la séparation entre l’usage représentatif du langage et

l’expérience de l’être du langage. La littérature est l’utopie qui voudrait réduire cette

séparation. Quand elle la cache, elle s’appelle épopée. Quand elle la révèle, elle s’appelle

roman et poème : le roman et le poème du Chevalier à la Triste Figure dans son combat pour que

coïncident les mots et les choses ; le roman et le poème de l’artiste adolescent assassiné

par les choses et ressuscité par les mots.»

Puis, encore : «Les choses n’appartiennent pas à tout le monde, les mots si. Le poète naît

après son acte : le poème. Le Poème crée ses auteurs, comme il crée ses lecteurs.» Beaucoup

ont été créés lecteurs par la grâce de Fuentes. Merci.

MARYVONNE COLOMBANI

Séparés

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Chapelle de l’Observance, Draguignan, pluie conti-nue dehors, effervescence livresque sous les hautesvoûtes : les Escapades littéraires organisées par l’Asso-ciation des Libraires du Sud, ont pour thème l’Italie.On se gorge de livres, de rencontres, de discussions,de tables rondes passionnantes au public nombreux… En invité majeur, Erri de Luca se plie au jeu des ques-tions mené par Pascal Jourdana, tissées des lecturesen Italien et en Français. L’écrivain évoque son par-cours, l’enfance dans un quartier populaire de Naples,la vie familiale oppressante, l’adolescence, le militan-tisme, les luttes sociales, le métier de maçon, les actionspolitiques fortes puis humanitaires, l’approche enfinde la Bible dans le texte Hébreu. Revenant à la ville deNaples, il en brosse l’histoire dans ses grandes lignes,sourit en affirmant qu’elle dépend davantage de la géo-logie que de l’histoire : «Avec le volcan, on a développéun système nerveux plus proche de celui des Japonais oudes Chiliens que des autres européens : nous avons unregard constant vers la lampe, et si elle bouge, nous restonscalmes, nous avons toujours un paquet prêt pour fuir.Nous appartenons à la catégorie des secoués.»Naples, c’est aussi une «éducation sentimentale». «Mamère était américaine, et je ressemblais à ceux de la 6ème

flotte américaine basée à Naples (le plus grand bordelpour les États Unis). Naples appartenait à l’Italie parconvention, et aux USA par les faits.»Le départ de Naples, un exil ? «Certainement pas, l’exilest un mot tragique, je ne peux pas l’attribuer à mondépart à 18 ans même s’il fut définitif. Le lieu que j’aiquitté n’existe plus, avec sa mortalité infantile énorme,ces êtres attachés comme un crachat à la vie. La seulechose qui ne bouge pas, c’est le Vésuve, le seul vraipropriétaire du lieu. Je n’écris pas en Napolitain, j’aichoisi l’Italien, ma seconde langue, celle de mon père,tranquille, longue, lente, plein de syllabes. À Naples,vite se dit «i», rien de plus rapide !» Pourquoi l’Hébreu ? «J’aime lire les écrivains dans letexte, ce qui m’a poussé à apprendre plusieurs languesle latin et le grec pendant mes études classiques, puisles autres pour savourer les poètes espagnols, portugais,allemands… L’Hébreu est coincé entre le premier motde l’Écriture sainte et son dernier. Il y a une grandedistance entre le format d’origine et les traductions. Ilest essentiel de revenir à l’originel. Je ne suis pas unhomme qui croit, mais l’écriture sainte est pleine demaçons… Le petit ouvrage La première heure, paru en2012 pour la traduction française, s’attache à unerelecture de certains passages bibliques en restant auplus près de la signification des mots hébreux, ainsi,Samson, Shimshón en Hébreu vient de shémesh, lesoleil...»Quel lecteur êtes-vous ? «Je suis passionné par la poésiedu XXème, c’est un siècle qui n’a pas le temps, pasd’espace non plus pour écrire long, il convient à la

forme poétique, au message télégraphique qu’est lapoésie.»Quelle est l’importance de la musique ? Vous-même,chantez… «Un apprentissage forcé ! Quand j’étaispetit, je chantais faux, la pire des abominations àNaples ! Ma mère a pratiqué la «circoncision del’ouïe», j’ai appris à chanter juste et napolitain. Celam’a aidé à écrire… il est indispensable de savoir chan-ter pour écrire. La précision de la musique correspondà la précision de la phrase et des mots.» Qu’apporte la lecture ? «Le texte n’est pas un produitfini, c’est au lecteur de le parfaire. Les pages le trans-portent dans son intimité, dans sa vie, c’est lui quitermine définitivement un livre. J’apprends commentun lecteur a pris possession de mes pages en entendantsa lecture. Le livre pour moi est un hôte du temps dulecteur. Il faut aussi laisser le désir de pages supplé-mentaires, c’est pourquoi j’écris des livres petits. Il fautsavoir ne pas être pesant quand on est l’hôte dequelqu’un, et s’en aller avant la lassitude !»

Quel est votre regard ? «Toujours le même, au rez-de-chaussée : je me trouve parmi et pas en vuepanoramique. Le XXème a porté des révolutions, desrenversements, des tyrannies, des déracinements demilliers d’êtres humains, des prisons… Je suis unlecteur passionné de Don Quichotte, et je m’identifieà Rossinante. Dans mon siècle, nous avons été che-vauchés par des Don Quichotte. Mes choix sont venuspar la nécessité du moment. Je me suis impliqué dansdes mouvements révolutionnaires ou des guerres parceque je ne pouvais pas rester à la fenêtre. Les jardinsfermés, images du paradis, sont beaux, mais doiventêtre quittés». MARYVONNE COLOMBANI

Les Escapades littéraires, programmées par Libraires du Sud, ont eu lieu du 12 au 15 avrilàDraguignan

Maçon des mots

Erri de Luca © Marie Leclerc

RENCONTRES 73

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LIVRES74 RENCONTRES

Très attendue, la dernière conférence ducycleÉchange et diffusion des savoirss’est soldée par un exposé fort plat sur lareprésentation politique. Marcel Gau-chet n’aime ni les théories de JacquesRancière sur la démocratie grecque, nicelles des situationnistes. Sans douteparce que ces derniers ont dénoncé lasociété du spectacle, le jeu d’estrade desélections, alors que lui-même n’est pasprêt à remettre en question fondamentale-ment le système de la représentativité enpolitique. Il évoque plutôt une forme«cognitive» -et nébuleuse ?- de relationentre gouvernants et gouvernés : «Nossociétés ne peuvent être que représentatives :les représentants ne se substituent pas à nous,mais fournissent aux citoyens les moyensde se représenter au sens cognitif le mondeen train de se faire.» Certes, il reconnaîtque cela ne fonctionne pas très bien, quele «personnel politique est suspecté, accuséde s’occuper de ses petits pouvoirs et médio-cres intérêts au lieu de se saisir des enjeuxpolitiques cruciaux.» Il incrimine la fail-lite universitaire, la stérilisation de

l’invention intellectuelle (lui excepté,apparemment), et dit attendre des idéesneuves (avec un clin d’œil appuyé endirection des francs-maçons). Or, chezun historien et philosophe de cette en-vergure, on aurait aimé trouver l’ombred’un questionnement sur ce qui faitqu’un citoyen aliène volontairement sasouveraineté politique en la déléguant,ou se met en tête de la reprendre.Il n’aurait pas été nécessaire de re-monter à l’Antiquité, ni à notreRévolution Nationale, même siun petit détour par BenjaminConstant ou Alexis de Toc-queville n’aurait pas étéinutile. Marcel Gauchet auraitsimplement pu s’appuyer surce que nous vivons, à l’heure oùun avis de tempête économi-que n’en finit pas d’êtrelancé, et où lediscrédit

de la classe politique est tel que l’onassiste à une montée constante del’extrême-droite. La quête du sauveursuprême qui promettra aux citoyensl’ordre et la sécurité au prix de leurslibertés est-elle à craindre ? Ne pourrait-on, pour optimisme garder, voir dans cegrand chambardement une pos-

sibilité de repriseen main deleur destinpolitique,commeont pule faire

les Argentins au pire moment de la crisedes années 2000, établissant de manièreautonome des relations sociales baséessur la solidarité ? Cela se pratique tousles jours en Islande, ou en Grèce, où lescitoyens face au chaos s’organisent ets’entraident, construisent, se parlent ?Loin des spécialistes des retournementsd’opinion…GAËLLE CLOAREC

La Conférence Quelle crise de la représentation ? a eu lieu le 10 maidans le cadre d’Échange et diffusiondes savoirs

La liberté guide nos pas

Marcel Gauchet © J. Sassier Gallimard

Le 20 avril, au Portail Coucou à Salon, se clôturait la7e édition de Lire Ensemble, une manifestation quiirrigue, durant quinze jours, les 17 communes duterritoire d’Agglopole Provence de propositionsgratuites autour de la lecture et qui, selon GeorgesVirlogeux, maire de Lançon et vice-président, encharge de la Culture, d’Agglopole Provence, remplitles objectifs de Lire Ensemble. À savoir «permettre auplus grand nombre d’accéder gratuitement à la vielittéraire et à la culture, donner à tous le goût de la lectureet de l’écriture, et animer les bibliothèques du territoire.»Avec des spectacles, bien sûr, mais aussi, et surtout, desrésidences d’auteurs, avec productions d’écrits en tousgenres sur le thème a.I.M.e comme Méditerranée, Mun pont entre 2 rives. Un thème peu évident à traiter,que les auteurs «parrains» de l’édition ont aidé à faireémerger dans les différents ateliers menés : MathildeChèvre, qui animait un atelier d’écriture et d’illus-tration autour de son album La Lettre d’amour (LePort a jauni, 2009), et Ghislaine Herbéra (Monsieurcent têtes, éd. MeMo), ont salué l’investissement extra-ordinaire des enfants -et des instits les encadrant-, etleur grande capacité d’invention et de liberté decréation. Maurice Gouiran, qui était par ailleurs leprésident du jury de nouvelles adultes, animaitplusieurs ateliers d’écriture sur le thème de lavengeance et du crime passionnel, et soulignait, lui

aussi, la qualité des travaux. Des surprises, et de l’émotion, il y en eut, notammentlors de la remise des prix des nouvelles adultes. Car cequ’ignorait le jury, c’est que la nouvelle qui obtint lamajorité des votes pour le Prix spécial AgglopoleProvence, a.i.M.e comme Malika, était une œuvrecollective coécrite par les résidents de la maison deretraite des Sinoplies et les élèves d’une classe de CP, àSénas. Un travail alliant le thème à une dimensionintergénérationnelle, dans le texte et la réalité, plusgénéreuse et très aboutie.Rien n’est encore écrit, mais l’année prochainepourrait voir une édition enrichie de «la nécessité des’articuler avec MP2013» selon M. Virlogeux. «Il estévident que Agglopole Provence, tout en n’étant paspartenaire de MP2013 s’y intéressera quand même, serasoucieuse de voir quels seront les points d’articulation.»Car en matière de résidence d’auteurs et de productionlittéraire Agglopole Provence peut faire montre derésultats probants. Ne vous privez d’ailleurs pas d’allerlire les nouvelles primées sur le site www.agglopole-provence.fr…DO.M.

Lire Ensemble s’est déroulé du 6 au 20 avril

Un pont entre la lecture et l’écriture

Restitution de l'atelier de poe�sie illustre�e © D

o.M.

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LIVRES 75

«L’homme est un roseau, le plus faible de la nature ; maisc’est un roseau pensant.» À la débilité de l’espèce hu-maine, Blaise Pascal opposait la force et la dignité dela pensée. «Nous sommes fragiles, nettement plus fragilesque les autres primates», renchérit Nancy Huston dansson essai L’espèce fabulatrice (Actes Sud, 2008). Or,selon elle, ce qui supplée à cette fragilité intrinsèque,c’est la capacité fabulatrice. Loin de voir, à l’instar duphilosophe chrétien, l’imagination comme une «puiss-ance trompeuse», une «maîtresse d’erreur et de fausseté»,elle la considère comme un élément déterminant de lasurvie de l’humanité : «Sans elle, sans l’imagination quiconfère au réel un Sens qu’il ne possède pas en lui-même,nous aurions déjà disparu, comme ont disparu les dino-saures.» C’est de cette faculté typiquement humained’interprétation du réel, de fictionnalisation constante,que l’écrivaine est venue parler lors de la pénultièmeconférence du cycle Miracles &Mirages de la repré-sentation. Elle sait de quoi il retourne quand il s’agitde Fabuler : 12 romans à ce jour, des pièces de théâtreet plusieurs essais, dont L’espèce fabulatrice. Alors, enune heure, à voix comptée, avec un sens aigu de laformule, pas mal d’humour et un certain nombred’anecdotes et références judicieusement choisies,l’écrivaine est revenue sur la genèse de ce texte. À partirdes faux souvenirs de son père gravement malade, de

son expérience personnelle aussi, elle a d’abord prisconscience que tous les cerveaux «racontent des bo-bards» : en même temps qu’ils enregistrent la réalité,ils l’interprètent, ce que confirment les théories duneurologue Lionel Naccache, et d’Antonio Dama-sio, qu’elle est en train de lire et dont elle conseille àplusieurs reprises la lecture.L’espèce fabulatrice répond ensuite à la question poséepar une détenue lors d’une rencontre à Fleury Méro-gis : «À quoi ça sert de raconter des histoires ? La réalité esttellement incroyable.» Justement, inventer des «fictionsvolontaires et riches» est une façon de lutter contreune «réalité gorgée de fictions involontaires et pau-vres». Le roman, comme toute fiction artistique, estune «fabulation consciente» ; il offre une possibilité derecul ainsi qu’une «vérité impure, tissée de paradoxes»,autrement moins néfaste que tous les arché-textes, «récitsbricolés du passé» qui tricotent un «nous» en excluantle «eux».Une fervente profession de foi… en la littérature ! FRED ROBERT

Cette conférence a eu lieu le 19 avrilà l’Hôtel du Département, Marseilledans le cadre d’Echange et diffusion des savoirs

Homo narrans

Nancy H

uston © M

elania Avantazo, Opale, Actes Sud

C’est avec le poète, romancier et essayis-te guadeloupéen Lémy Lémane Cocoque l’association Couleurs Cactus acommémoré ce 10 mai l’abolition desesclavages. Au cours d’une soirée à LaCompagnie, ouverte par les danseuseset les percussions afro-antillaises des grou-pes Massilia Ka et Kaye bakh, l’auteura déclamé son recueil Griots à perted’oubli au rythme du gwoka, dans uneambiance entremêlée de conviction etde liesse. En 2009, de manière totale-ment inopinée, il séjourne au Sénégal,visite Gorée, où la maison des esclaveset les traces de ses ancêtres deviennentsource d’inspiration. De cette réalitébrute, douloureuse et chargée d’histoire,il résulte, de manière féconde et commeune évidence, des poèmes troublants deforce, de vérité et de fluidité où l’ima-ginaire ancestral du conte croise lesthèmes des origines, du déplacementforcé et de la servitude. Il y est aussiquestion de musique, gwoka et bèlè aux

Antilles, maloya à la Réunion, héritagedes chants des esclaves, vecteur de résis-tance, de cohésion et de fuite. De ce

recueil, coulent les larmes et jaillit l’es-poir. La soirée s’est poursuivie en concert,autour d’un buffet afro-caribéen, et s’est

achevée par la projection de trois courtsmétrages guadeloupéens (série Ame,autre miroir) réalisés sous la directionde Tony Coco-Viloin, évoquant la my-thologie de l’île, les instruments musicauxtraditionnels, l’univers du conte et lefromager, arbre sacré.

MARION CORDIER

Griots à perted’oubliLémyLémaneCocoVentsd’ailleurs,10 €

CommémorationRhapsodie pour un griot © X-D.R

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PATRIMOINE AVANT CAP | CRT | PONT-DU-GARD | JARDINS76

Cela s’appelle GalleryPACA, il s’agitd’une application pour smart-phoneandroid… Mais point de science-fiction,le virtuel ici permet de redécouvrirdes chefs d’œuvre de la peintureréalisés en PACA. On téléchargel’application, on laisse son portableallumé et par un système de localisa-tion, l’alerte Companion©, on saura quel’on est proche d’un lieu représentédans un tableau de Cézanne parexemple. On peut ainsi confronter lareprésentation et le lieu actuel,visualiser en HD, zoomer, écouter lesexplications de l’audio-guide… lesbanques de données permettent unchoix par œuvre, peintre ou lieu.C’est le même principe que CinéPACA(voir Zib’50), la même équipe a

travaillé sur cet outil, qui ne manquepas d’intérêt et peut apporter beau-coup aux visiteurs… si cela ne lesempêche pas d’aller voir les toilesdans les musées et les expositions,de discuter avec des amis, de se con-fronter avec la matière des œuvres,leur taille, leurs vraies couleurs. Et deregarder, sentir, visiter les paysages.Les touristes souvent parcourent leréel guidés par le cadre de leurappareil photo, aujourd’hui télépho-nique, délaissant l’ampleur et laviolence des choses. Et c’est parcequ’elles transcendent le réel que lesœuvres ne sont pas des produits. S’enservir comme signal anecdotiqueréduit à la fois leur valeur, et celle dupaysage traversé. Dans la fiche explicative, une formuleest particulièrement angoissante :«réalité augmentée» : ne perdons pasnotre capacité d’émerveillement de-vant ce qui est !M.C.

Application GalleryPACA04 91 56 47 00www.tourismepaca.fr

D’humeur olympique !Par la magie du Groupe F, le Pont duGard cette année encore va connaîtreune vie lumineuse emportée. Specta-cle son, lumière, pyrotechnie, pourun thème d’actualité, les Jeux Olym-piques. Certes, ils ne se déroulent pasen France, mais les Dieux de l’Olympedu stade et du cirque se donnentrendez-vous sur les rives du Gardon…avec la touche ironique des jeux

vidéo et des jeux interdits. Quatresoirées grandioses (prévoir une petitelaine, afin d’en profiter pleinement !). Plus sage, mais passionnante aussi,l’exposition Ma terre première pourconstruire demain présente depuis le3 mai cette matière sous 4 angles :géologique, physique, architecturalet artistique. Deux ateliers la complè-tent : La terre tendance déco (le 27 mai),

animé par la SCOP Ecoterre, pour unapprentissage à la fois théorique etpratique des enduits naturels à basede terre crue que l’on utilise pourl’habitat ; un atelier chantier de cons-truction romaine en terre crue, pourconstruire en 10 séances indépen-dantes (à partir du 23 juin, deux séancespar mois jusqu’en oct) un bâtimentgrandeur nature, comme on pouvaiten trouver à l’époque romaine. Onsera initié (à partir de 12 ans) à la fa-brication des adobes, briques de terrecrue séchées au soleil, à la confec-tion de fondations de pierres, jusqu’àla toiture… Enfin, un atelier (le 12juillet) vous fera découvrir les plantesméditerranéennes, en extraire encreset teintures à partir desquelles vouspourrez composer un nuancier. Unearchéologie pratique vraiment pas-sionnante !M.C.

Les Fééries du Pontdu 8 au 16 juin Pont du Gard04 66 37 50 99www.pontdugard.fr

Surprenante exposition dans un temple de la consom-mation commeAvant Cap… et pourtant… «Certains n’osentpas pousser la porte des musées ou des galeries, ici, ils sonten terrain de connaissance», explique Christine Gini, artiste

peintre qui présente des toiles aux beaux empâtementsrouges, «les gens sont confiants, certaines barrières tom-bent, ils posent énormément de questions, souvent trèsintéressantes, il y a des rencontres uniques !» En fil conduc-teur, les structures métalliques tendues de noir : les genspassent, ne voient rien ou s’arrêtent, esthétique de lasurprise appliquée ! Certes, la présence est fatigante : 10heures sur place tous les jours, dans la lumière des néonset la musique d’ambiance des grands magasins… mais lesartistes sont ravis. Jimmy Lorenzi, plasticien, grand prixinternational des arts, de la culture et de la communica-tion apprécie lui aussi cette manière de se faire connaître,d’aller au-devant d’un public, de montrer un aperçu de sontravail (l’une de ses toiles est à gagner par tirage au sort).Reine Chantal Clapiz, sourit en évoquant les enfants quitirent la main de leurs parents, réclament une toile… Enfin,il y a le plaisir d’observer un artiste en action, EmmanuelSellier dans ses Pierre-formances : le sculpteur extrait dela pierre calcaire tendre de l’Oise une statue. «Les lieux pu-blics, commerciaux me paraissent bien représenter notreépoque, je continue à croire que l’on peut réconcilier à l’artcontemporain un public en marge des circuits artistiquesofficiels.» L’accueil par la structure Avant Cap est irréprochable, lesstands sont gratuits, et les commerçants apprécient cettedimension nouvelle : la vie entrerait-elle sous les néons ?MARYVONNE COLOMBANI

Le Salon des artistes d’Avant Cap, Plan de Campagne,s’est tenu du 21 avril au 6 mai

I-RobotSi tu ne vas pas à l’art…

Emm

anuel Sellier © X-D

.R

© GroupeF 2011

gallery Paca © X-D.R

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Depuis 10 ans maintenant, la Direction du patrimoine du ministère de la Cul-ture, en collaboration avec le Comité des parcs et jardins de France, donneRendez-vous aux jardins, où durant trois jours, du 1er au 3 juin, quelques 2 000jardins en France ouvrent leurs portes, dont certains exceptionnellement àcette occasion. Le thème de cette année, Le jardin et ses images, sera l’occasionde réfléchir aux différentes représentations du jardin, «qu’elles soient figurées,littéraires, poétiques, musicales ou mentales». Vaste programme qui permet desaisir «l’importance de la connaissance, de la protection, de la conservation, dela restauration, de la création de jardins, éléments essentiels de notre patrimoine,ainsi que de la transmission des savoir-faire de ce métier de jardinier élevé aurang de métier d’art». Dans la région PACA, quelques 130 lieux offrent ainsi leur espace préservé auxamateurs de tous horizons, offrant des particularités qui se laisseront découvrirau fil des promenades et animations proposées.À Mane, dans les Alpes de Haute-Provence, le Prieuré de Salagon est un lieuexceptionnel, et reconnu comme tel : site classé «Musée de France» et «Jardinremarquable», Salagon est un lieu d’inventaire, de recherches, de publicationset de réflexion autour de l’ethnologie ; il abrite, sur 6 ha de verdure, 5 jardinsthématiques (dont le fameux jardin des senteurs, unique en France), 1 700espèces végétales et 10 000 objets agricoles. Au cours du week-end sontorganisés des ateliers, qui vous apprendront notamment à jardiner, uneexposition sur la biodiversité au jardin et les insectes pollinisateurs, desconférences (Le jardin contre nature par l’ethnobotaniste Pierre Lieutaghi, quin’est autre que le responsable des jardins de Salagon et leur créateur, et Histoirede l’art des jardins par Isabelle Rive), des spectacles…À Bouc-Bel-Air, comme chaque année, les Jardins d’Albertas organisent leursJournées des Plantes, du 25 au 27 mai, consacrées aux plantes rares etméditerranéennes au cœur d’un jardin classé monument historique. Auprogramme, expositions-ventes, conférences animées par l’association desJardiniers de France et la Société Française d’arboriculture, ateliers en tousgenres, spectacle…DO.M.

Rendez-vous aux jardinsDu 1er au 3 juinwww.rendezvousauxjardins.culture.fr

Musée et jardins de SalagonMane04 92 75 70 50www.musee-de-salagon.com

Les Jardins d’AlbertasBouc-Bel-Air04 91 59 84 94www.jardinsalbertas.com

Découvrir, cultiver,préserver…

Musée et jardins de Salagon © Franc�ois Xavier Emery

gallery Paca © X-D.R

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Mensuel gratuit paraissant le deuxième mercredi du moisEdité à 30 000 exemplairesimprimés sur papier recyclé

Edité par Zibeline SARL76 avenue de la Panouse | n°1113009 MarseilleDépôt légal : janvier 2008

Directrice de publicationAgnès Freschel

Imprimé par Rotimpress 17181 Aiguaviva (Esp.)

photo couvertureLe Nomade de Jaume Plensa© X-D.R

Conception maquetteMax Minniti

Rédactrice en chef Agnès Freschel [email protected] 06 09 08 30 34

Secrétaire de rédaction Spectacles Dominique Març[email protected] 23 00 65 42

Secrétaire de rédaction Magazine et livres Delphine [email protected] 65 79 81 10

Arts VisuelsClaude [email protected] 25 54 42 22

LivresFred [email protected] 82 84 88 94

Histoire et patrimoineRené [email protected]

Musique et disquesJacques [email protected] 20 42 40 57

Frédéric [email protected] 03 99 40 07

Dan [email protected]

CinémaAnnie [email protected] 86 94 70 44

Élise [email protected]

Philosophie Régis [email protected]

Sciences et techniquesYves [email protected]

PolyvolantesChris [email protected] 03 58 65 96

Maryvonne [email protected] 62 10 15 75

Marie-Jo Dhô[email protected]

Marie [email protected] 64 97 51 56

MaquettistePhilippe [email protected] 19 62 03 61

Ont également participé à ce numéro : Yves Bergé, Émilien Moreau, GaëlleCloarec,Christophe Floquet, ThomasDalicante, Clarisse Guichard, MarionCordier

Photographe Agnès Mellon095 095 61 70photographe-agnesmellon.blogspot.com

Directrice commercialeVéronique [email protected] 06 63 70 64 18

La Régie Jean-Michel [email protected] 22 17 07 56

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...éclosion le 23 mai...

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