Zaman France N° 226 - FR

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Aïd : bientôt un unique jour pour tous ? 13 En déplacement à Istanbul le week-end dernier, Hillary Clinton,la secrétaire d’Etat américaine, a rencontré le président Gül et le ministre des Aff aires étrangères Ahmet Davutoglu au sujet de la Syrie et des risques qu’une vacance du pouvoir syrien créerait en renforçant notamment le PKK. Le département des Arts de l’Islam du musée du Louvre ouvrira ses portes le 22 septembre prochain. Une collection de près de 3.000 objets sera exposée, la plus importante d’Europe, pour un budget total proche de 100 millions d’euros. CULTURE «La Syrie ne doit pas devenir un sanctuaire pour le PKK» Les Arts de l’Islam font leur entrée au Louvre WWW.ZAMANFRANCE.FR Le Parlement turc divisé sur la liberté de la presse La Turquie, 2 e destination favorite des musulmans -Les membres de la Commission parlemen- taire chargés de rédiger la prochaine Constitution tur- que sont restés divisés sur l’article régissant la liberté de la presse. Pour les députés du CHP et du MHP, l’AKP s’oppose à la «protection» des journalistes, alors que le parti majoritaire dénonce, pour sa part, les privilèges d’une profession. - TURQUIE 08 -Selon une récente étude conjointement effectuée par l’entreprise DinarStandard basée à New-York, spécialisée dans le business des médias et la recherche de nouveaux marchés musulmans, et le plus grand site web «halal-friendly» de voyage CrescentRating. com, la Turquie est la seconde destination la plus populaire du monde pour le tourisme musulman. - TURQUIE 10 Gül constitue-t-il une alternative? rOPINION 15 Ebru magazine organise un iftar pour se retrouver et partager rFRANCE 02 rLe gouvernement turc en- tend réformer en profondeur l’enseignement et les critères d’entrée de ses universités. Pour le Premier ministre Erdogan, celles- ci doivent davantage se spécialiser dans l’enseignement technologique, un secteur clé qui pourrait permet- tre à Ankara de valoriser son statut universitaire international. - TURQUIE 07 La détermination des fêtes du calendrier musulman comme l’Aïd al-Fitr fait sou- vent l’objet en France de divergences dues aux différentes méthodes employées par les musulmans. Alors que les Turcs ont opté très tôt pour le choix du calcul astronomique, les autres composantes de l’islam de France débattent encore de l’opportunité d’établir un calendrier unique que le CFCM voudrait faire aboutir. qSOCIETE 06 Les multiples visages du monde musulman Une récente enquête à grande échelle menée par le pôle religion et vie publique du Pew Research Center, un think tank américain fondé en 2001, montre que le «monde musulman» est loin d’être homogène dans ses pratiques et ses croyances. Les fi dèles du monde entier s’accordent pourtant sur un point : ils adhèrent à une écrasante majorité aux cinq piliers de l’islam. - SOCIETE 04 17 - 23 AOÛT 2012 N° 226 Université : les réformes annoncées par Ankara INTERNATIONAL 12 Combien y a-t-il de mondes musulmans ? SELAMI VARLIK r02 EDITO

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Zaman France N° 226 - FR

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Aïd : bientôt un unique jour

pour tous ?

13En déplacement à Istanbul le week-end dernier, Hillary

Clinton,la secrétaire d’Etat américaine, a rencontré le président Gül et le ministre des Aff aires

étrangères Ahmet Davutoglu au sujet de la Syrie et des risques qu’une vacance du pouvoir syrien créerait en renforçant notamment le PKK.

Le département des Arts de l’Islam du musée du Louvre ouvrira ses portes le 22 septembre prochain. Une collection de près de 3.000 objets sera exposée, la plus importante d’Europe, pour un budget total proche de 100 millions d’euros.

CULT

URE

«La Syrie ne doit pas devenir un sanctuaire pour le PKK»

Les Arts de l’Islam font leur entrée au Louvre

WWW.ZAMANFRANCE.FR

Le Parlement turc divisé sur la liberté de la presse

La Turquie, 2e destination favorite des musulmans

-Les membres de la Commission parlemen-taire chargés de rédiger la prochaine Constitution tur-que sont restés divisés sur l’article régissant la liberté de la presse. Pour les députés du CHP et du MHP, l’AKP s’oppose à la «protection» des journalistes, alors que le parti majoritaire dénonce, pour sa part, les privilèges d’une profession. -TURQUIE 08

-Selon une récente étude conjointement effectuée par l’entreprise DinarStandard basée à New-York, spécialisée dans le business des médias et la recherche de nouveaux marchés musulmans, et le plus grand site web «halal-friendly» de voyage CrescentRating.com, la Turquie est la seconde destination la plus populaire du monde pour le tourisme musulman. -TURQUIE 10

Gül constitue-t-il une alternative?rOPINION 15

Ebru magazine organise un iftar pour se retrouver et partagerrFRANCE 02

rLe gouvernement turc en-tend réformer en profondeur l’enseignement et les critères d’entrée de ses universités. Pour le Premier ministre Erdogan, celles-ci doivent davantage se spécialiser dans l’enseignement technologique, un secteur clé qui pourrait permet-tre à Ankara de valoriser son statut universitaire international.-TURQUIE 07

La détermination des fêtes du calendrier musulman comme l’Aïd al-Fitr fait sou-vent l’objet en France de divergences dues aux diff érentes méthodes employées par les musulmans. Alors que les Turcs ont opté très tôt pour le choix du calcul astronomique, les autres composantes de l’islam de France débattent encore de l’opportunité d’établir un calendrier unique que le CFCM voudrait faire aboutir. qSOCIETE 06

Les multiples visages du monde musulmanUne récente enquête à grande échelle menée par le pôle religion et vie publique du Pew Research Center, un think tank américain fondé en 2001, montre que le «monde musulman» est loin d’être homogène dans ses pratiques et ses croyances. Les fi dèles du monde entier s’accordent pourtant sur un point : ils adhèrent à une écrasante majorité aux cinq piliers de l’islam. -SOCIETE 04

17 - 23 AOÛT 2012 N° 226

Université : les réformes annoncées par Ankara

En déplacement à Istanbul le week-end dernier, Hillary Clinton,la secrétaire d’Etat américaine, a rencontré

le président Gül et le ministre des Aff aires étrangères Ahmet Davutoglu au sujet de la Syrie

un sanctuaire pour le PKK»

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Combien y a-t-il de mondes musulmans ? SELAMI VARLIK r02EDITO

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SELAMIVARLIK

Combien y a-t-il de mondes musulmans ?

EDITO

Une vaste étude américaine réalisée au-près de 38.000 personnes dans 39 pays té-moigne de la grande diversité des pratiques et des opinions des musulmans à l’échelle internationale. Si les 1,6 milliards de mu-sulmans sont relativement unanimes pour ce qui est des préceptes religieux, comme la croyance en Dieu et au Prophète (97 %), ou la pratique du jeûne (93 %), une grande dis-parité apparaît pour d’autres sujets concer-nant l’interprétation de l’islam. Ainsi, par exemple, d’une région à une autre on peut être 58 % (en Tunisie) ou seulement 21 % (en Egypte) à considérer qu’il existe plu-sieurs interprétations des principes de la foi. De même, si 72 % des Turcs acceptent des pratiques comme celles des derviches tourneurs, ce chiffre descend à 40 % pour les autres pays où l’enquête a été menée. 80 % des musulmans d’Afrique subsaha-rienne considèrent que la religion est très importante, alors que 50 % seulement ont la même conviction dans les pays d’Asie centrale, anciennement communistes. L’étude montre donc comment le vécu, avec ses dimensions sociale, culturelle et historique, joue un rôle déterminant dans les différentes façons de se positionner en matière de religion. L’étude constate, par exemple, que les pays où sunnites et chiites vivent côte à côte sont ceux qui ont davantage tendance à accepter l’autre cou-rant, comme au Liban et en Irak. Tout cela peut sembler évident, tant va de soi l’idée selon laquelle on est toujours plus hostile à ce que l’on ne fréquente pas au quotidien. Pourtant, cette étude permet plus générale-ment de tordre le cou à travers des données concrètes à la conviction largement répan-due qu’il y aurait un unique monde musul-man, qui ne ferait qu’appliquer l’islam. Elle montre qu’en plus des facteurs religieux, de nombreux autres critères peuvent jouer un rôle très important dans l’élaboration des convictions religieuses, alors que cer-tains ont parfois tendance à penser que les musulmans sont unanimement contre telle chose et pour telle autre [email protected]

Pour la deuxième année consécutive, Turkish Airlines est la «meilleure compagnie aérienne d’Europe» selon Skytrax, un organisme internatio-nal spécialisé dans la recherche sur l’aviation. Afi n de déterminer les lauréats, annoncés au salon de l’aéronautique de Fernborough (Royaume-Uni) le 12 juillet dernier, Skytrax a sondé plus de 18 millions de personnes voyageant pour aff aires ou loisirs. Turkish Airlines, qui dessert actuellement plus de 200 destinations de par le monde, a également été

nommée «meilleure compagnie aérienne d’Europe du Sud» et «meilleur siège en classe économique premium» pour les sièges de sa classe confort. La compagnie internationale, qui s’eff orce constam-ment d’établir un nou-veau standard dans le transport aérien, off re un service et un confort d’un niveau inégalé.

En France, les frais d’inscription dans une université sont déterminés par décret. Pour une licence, ils sont en principe de 181 euros et 250 euros pour un master. Cependant, 31 universités facturent des frais supplémen-taires illégaux. Publiées au Journal offi ciel la semaine dernière, les hausses des frais d’inscription pour des diplômes nationaux sont de 2,26 % pour les licences, 2 % pour les masters et 2,15 % pour les doctorats.

La Fage, deuxième organisation étudiante, a «condamné» lundi ces hausses de frais obligatoires à la rentrée universitaire 2012. Elle demande au gouvernement de «revenir sur ces augmentations» et de «geler» ces frais. La Fage dénonce aussi l’augmentation du prix du ticket-restaurant universitaire (+ 1,64 % à 3,10 euros) et celle de la cotisation de la sécurité sociale étudiante.

Turkish Airlines élue «meilleure compagnie aérienne d’Europe»

...ET UNE MAUVAISEUNE BONNE...

NOUVELLE

premium» pour les sièges de sa classe confort. La compagnie internationale, qui s’eff orce constam-ment d’établir un nou-

off re un service et un

Le tremblement de terre ayant secoué le nord-ouest de l’Iran, autour des villes d’Ahar, de Varzaghan et de Harees, près de Tabriz, a provoqué la mort de 300 personnes et a fait 5000 blessés.

FRANCE02 17 - 23 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

Universités : augmentation des frais obligatoires

Ebru magazine organise un iftar pour se retrouver et partager

La semaine dernière, le magazine trimestriel Ebru a organisé un iftar

dans les locaux de l’institut franco-turc Nénuphar, à Pantin. Celui-ci a réuni pas moins de 50 invités aussi bien d’origine turque que maghrébine. Une présentation du magazine, publié depuis janvier dernier, a suivi le repas. «C’était convivial, les gens sont restés plus longtemps que prévu» raconte Nihat Sarier, président de la Plate-forme de Paris. Tout au long de la soirée les discussions tournaient autour de la re-vue mais aussi du vivre ensemble. Pour Nihat Sarier, «Ebru est un moyen de passer du vivre-ensemble au faire-ensemble». Ebru est un magazine spirituel, social et scientifi que distribué dans le monde fran-cophone. Sa grande particularité est qu’il donne la possibilité à n’importe qui d’y contribuer. Ebru encourage la pensée cri-tique et l’investigation scientifi que dans de vastes domaines tels que les sciences phy-siques, les sciences sociales, l’éthique, l’éducation, la littérature, la religion ou encore les études comparées. Ebru se veut

être un magazine qui «évite toute forme d’extrémisme et ne se cantonne ni aux seuls ensei-gnements religieux ni à la seule science matérialiste, les premiers conduisant au fana-tisme, la seconde à l’in-croyance». La revue se préoc-cupe surtout des problèmes du monde actuel et met l’accent sur des sujets de société comme la diversité culturelle, le bien-être collectif, l’éducation ou encore la santé. Sur la forme, les articles sont souvent des papiers d’analyse critique. Leur objectif premier est de faire naître un débat intéressant et construc-tif. «Il y a un besoin de ce type de magazine car très peu de choses sont faites dans le milieu académique pour que des jeunes musulmans puissent échanger» ajoute Nihat Sarier. D’autres évènements organisés par Ebru magazine sont attendus. Ainsi, les 8 et le 9 février

2013, se tiendra, à Dakar, une conférence francophone sur le thème «Diversité et cohésion dans un monde globalisé : la contribution du mouvement Hizmet».

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Destinés aux musulmans, juifs ou chré-tiens, aux intellectuels, motards ou geeks,

les sites de rencontres «par affi nités» se multi-plient et se communautarisent. Précurseur, Mektoube.fr, «numéro 1 de la rencontre musul-mane et maghrébine», est né en 2006. Il compte «un million d’inscrits, Français d’origine ma-ghrébine à 90 %, âgés de 25 à 35 ans», se réjouit Laouari Medjebeur, son fondateur avec Thomas Nomaksteinsky. A l’instar de Mektoube.fr, où seuls les hommes payent, sont nés JDates, «pre-mier site de rencontres pour les célibataires juifs» proposant de rencontrer des partenaires de confession judaïque, et Theotokos, un site chré-tien «pour donner du sens à vos rencontres». «Les solitudes se banalisent. Le sentiment ami-cal ou amoureux semble être entré dans l’ère de la consommation», déplorent les fondateurs de Theotokos sur la page d’accueil. Ils expliquent avoir voulu créer un «site différent», «au climat serein» pour favoriser «des échanges riches et profonds sous le regard de Dieu».

«Off rir un cadre qui leur inspire confi ance»A chacun sa religion : rencontre-motard.com s’adresse aux «passionné(e)s des 2 roues, céli-bataires avant tout !» et avec Geekmemore.com, les passionnés de culture 2.0 les plus timides peuvent «rencontrer leur moitié, sans avoir à se prendre la tête !». Happy Few Concept s’adresse lui aux «intellos» : diplômés des grandes écoles et représentants des professions libérales. L’idée, soulignait sa fondatrice Soizic Bertrou, est «d’offrir un cadre qui leur inspire confi ance» car «plus les centres d’intérêt sont proches, plus les chances de s’entendre sur la durée sont élevées». «Faux», répond à l’AFP le sociologue Jean-Claude Kauffmann, qui a beaucoup tra-vaillé sur le couple. «Ces sites, dit-il, reposent sur la croyance très répandue qu’on aurait plus de chance de trouver le bon partenaire en res-tant dans le même milieu culturel. Or ceci n’est vrai qu’à moitié, car tout couple repose sur un système complexe qui mélange une complicité et des complémentarités qui nécessitent de la différence». «Le pire, ajoute-t-il, est que cette croyance génère une illusion gigantesque : on pourrait rester le même, et rajouter l’autre dans sa vie, sans changer (puisqu’on le choisit comme s’il était une sorte de double de soi). Or ceci est strictement impossible». Car, souligne-t-il, la construction du couple «repose sur le goût de l’autre et l’acceptation de la différence, auxquels ne préparent pas du tout ces sites communau-taires».

Qu’ils soient religieux, culturels ou sociétaux, les sites de rencontres communautaires, en pleine expansion, tentent d’apporter une réponse à la solitude des individus marqués par le céli-bat, et s’eff orcent de leur créer un climat de rencontre «diff érent» et plus «serein».

Pour les célibataires, les sites de rencontres communautaires constituent un moyen souvent plus simple de trouver l’âme sœur.

SOCIETE03 17 - 23 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

Les collections du musée

Sakip Sabanci sont dispo-

nibles sur le site Google Art Project.

EMMANUELLE GRIMAUD PARISLe Pera Palace et musée de Sakip Sabanci, deux musées

stambouliotes viennent d’ajouter leurs collections au Google Art Pro-ject, un service mis en ligne par Google en février 2011. Celui qu’on appelle «le musée sans mur» permet de visiter virtuellement différents musées à travers le monde. Ainsi, le Pera Palace propose de visionner pas moins de 140 œuvres d’une

quarantaine d’artistes. Il propose, entre autres, d’admirer le panorama de Constantinople d’Antoine de Favray du XVIIIe siècle, le grand bazar d’Amadéo Preziosi du XIXe siècle, ou encore des photos de Constantinople datant du XIXe siècle. Quant au musée Sakip Sa-banci, il expose virtuellement 50 calligraphies magnifi ques réalisées par 39 artistes du XVe au XIXe siècle. Les différents manuscrits et docu-

ments anciens d’origine iranienne, indienne, ot-tomane ou encore yémé-nite que l’on peut y trou-ver sont absolument remarquables. Depuis son lancement, en 2011, l e Google Ar t Pro-ject permet aux inter-nautes de visiter les plus g r a n d s m u s é e s d u monde. Avec lui, se bala-der à travers les plus cé-

lèbres galeries d’art sans sortir de chez soi, en quelques clics, est pos-sible. Lors de son ouverture, il ac-cueillait 17 musées. Un an plus tard, la collection virtuelle s’est enrichie puisque pas moins de 155 institu-tions culturelles et galeries à travers le monde ont accepté de participer au projet du géant du web. Environ 32.000 œuvres (peintures, sculp-tures, street art...) en haute défi ni-tion sont offertes aux visiteurs. Pour chacune de ces œuvres est associé un petit texte explicatif, exactement comme dans un «vrai» musée. Et c’est grâce à la technologie Street View, que Google a permis la nu-mérisation en 3D, des œuvres de 151 musées ou lieux différents à travers 40 pays. On y retrouve le Musée du Château de Versailles, le Van Gogh Museum, la Tate Britain, la National Gallery de Londres, le MoMa de New-York, le musée d’Orsay, le musée de l’Orangerie…

Deux musées turcs participent au Google Art ProjectZoom

EN BREF

MAR

OCET

ATS-

UNIS Une mosquée américaine

visée par des tirsDeux coups de fusil à air comprimé ont été tirés tard samedi soir sur une mosquée de la ville de Morton Grove, dans l’Illinois (Etats-Unis). Le mur de la mosquée a été endommagé. Par ailleurs, les tirs qui sont passés «à quelques centimètres de la tête d’un gardien», étaient «suffisamment puis-sants pour tuer», selon les premiers éléments de l’enquête du bureau de Chicago du Conseil des Relations américano-islamiques (CAIR). Ces tirs interviennent dans un climat de ten-sions religieuses à la suite de l’atten-tat contre un temple sikh qui a fait six morts.

Jumelage entre Rabat et Jérusalem-EstLe conseil municipal de Rabat a ap-prouvé le jumelage entre la capitale du Maroc et la partie orientale de Jé-rusalem, en dénonçant l’occupation israélienne. Le Maroc est tradition-nellement attaché à la protection de la ville sainte, le Comité (arabe) Al Qods (Jérusalem) étant placé sous la prési-dence du roi Mohammed VI. Israël a conquis Jérusalem-Est lors de la guerre de juin 1967 avant d’annexer cette partie de la ville et d’y construire une dizaine de quartiers de colonisation où vivent plus de 200.000 Israéliens. Les Palestiniens veulent faire de Jérusa-lem-Est la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.

‘‘Musulmans, chrétiens ou... motards : les sites de rencontres se communautarisent

Déclaration d’Abou Ryad, l’un des commandants de l’Armée syrienne libre dans le nord du pays. Pour l’heure, 2600 soldats, 170 véhicules et blindés turcs ont pris position quelques kilomètres derrière

la frontière avec la Syrie en ligne de mire et l’ordre de faire feu à la moindre alerte.

«La Turquie est entrée dans une guerre secrète mais sans merci contre Damas»

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MAUD DRUAIS PARIS«Les musulmans du monde : unité et diversité» : voici le nom d’une étude

sans précédent conduite par The Pew Fo-rum on Religion and Public Life, publiée ce mois-ci. L’enquête, réalisée auprès de 38.000 musulmans issus de trente neuf pays, couvrant ainsi 67 % de la population musulmane mondiale, se veut être une photographie de l’état du rapport à la reli-gion de ces quelque 1.6 milliards de fi dèles. Les résultats, très riches et variés, portant sur de nombreux aspects de la vie reli-gieuse, se résument selon les enquêteurs en une phrase : les musulmans sont unis dans leur foi - sur les grands préceptes, comme les cinq piliers -, mais leurs doc-trines et les pratiques restent très hétéro-gènes. Ainsi, l’enquête démontre que la médiane des musulmans déclarant croire en un Dieu unique et en son Prophète s’élève à 97 %, tandis qu’elle est de 93 % pour les fi dèles observant le jeûne. À l’in-verse, confi e à l’AFP James Bell, l’initiateur de l’enquête, les musulmans «sont divers, et quelquefois de beaucoup» en matière d’implication religieuse, d’interprétation de l’islam ou dans l’acceptation du chiisme.

De fortes disparités selon les paysSi ce sondage à grande échelle ne propose pas d’explication de fond mais se contente de relayer les réponses des sondés, on en-trevoit déjà les différences historiques, so-ciétales, culturelles infl uençant les données récoltées. Le rapport aux autres branches de l’islam illustre bien cette idée. Ainsi, les Etats du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord sont beaucoup plus sensibles à la distinction entre chiites et sunnites : au Liban et en Irak, où la présence chiite est particulièrement forte, ces derniers sont considérés très majoritairement comme musulmans - 82% -, contre 37 % des Marocains. Dans de nombreux Etats, les personnes interrogées se défi nissent seu-

lement comme «musulmanes», sans faire de distinction entre les différentes branches de l’islam. C’est notamment le cas dans les pays anciennement communistes tels que le Kazakhstan (74 %), l’Albanie (65 %), mais pas seulement, puisque 56 % des Indoné-siens ne se revendiquent ni chiites, ni sun-nites, simplement musulmans. Les fi dèles ne se retrouvent pas non plus sur ce qui est licite en islam, même lorsqu’ils sont issus de pays voisins. La récitation de poésie à la louange de Dieu est considérée comme halal à 88 % en Afghanistan, contre 35 % des Pakistanais. Il en est de même pour le regard porté sur la sorcellerie, le destin, et tous les articles de foi, comme les anges, le paradis et l’enfer.

Neuf musulmans sur dix sont nés musulmansQuant à l’importance qu’accordent les fi dèles à la religion dans leur vie, elle varie également beaucoup selon les pays. Il est possible, cependant, de dégager deux en-sembles : plus les pays sont situés au sud, plus les fidèles affirment que la religion est importante pour eux. Ainsi, ce taux se rapproche fortement des 100 % en Afrique subsaharienne, alors qu’il oscille entre 15 et 44 % dans la région du sud-est de l’Europe. C’est aussi dans cette dernière que le taux de conversion à l’islam est le plus élevé, et que les jeunes pratiquent davantage que leurs aînés. Rappelons que 90 % des musulmans naissent dans des familles musulmanes. Cette enquête rassemblant des dizaines de données vient combler un vide et permet de prendre véritablement conscience des disparités qui règnent dans ce «monde musulman» saisissable uni-quement à l’aune de son hétérogénéité. Inscrite dans un projet plus large sur le changement religieux mondial, cette étude mondiale sera suivie d’une enquête sur les attitudes sociales et politiques des musul-mans, qui viendra la compléter.

Une récente enquête à grande échelle menée par le pôle religion et vie publique du Pew Research Center, un think tank américain fondé en 2001, montre que le «monde musulman» est loin d’être homogène dans ses pratiques et ses croyances. Les fi dèles du monde entier s’accordent pourtant sur un point : ils adhèrent à une écrasante majorité aux cinq piliers de l’islam.

Les multiples visages du monde musulman

Le principal enseignement de l’étude internationale conduite par The Pew Forum on Religion and Public Life sur l’Islam est la grande diversité des opinions et des pratiques présentes dans le monde musulman.

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Ramazan bayramınız Mübarek olsun...

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Canan Özenici

La crise fi nancière est plus forte que ja-mais et nécessairement les banques, déjà frileuses, redoublent de vigilance. Dans ce contexte, les jeunes PME, créatrices de dynamisme économique et d’emploi, éprouvent les plus grandes diffi cultés à trouver des modes de fi nancement. Un dispositif fi scal, encore trop inconnu per-met aux jeunes PME de récolter du fi nan-cement auprès des particuliers à condi-tion d’ouvrir leur capital social et de les impliquer, s’ils le souhaitent, à la gestion des affaires sociales. En effet, réaliser un investissement pour un particulier rési-dant en France, peut, dans certains cas limitativement énumérés par la loi, ouvrir des droits à réduction ou à crédit d’impôt. Les versements éligibles sont ceux effec-tués au titre de la souscription en numé-raire au capital initial ou la souscription aux augmentations de capital de ces so-ciétés. La réduction d’impôt est égale à 18 % du montant des versements effec-tués en 2012 au titre de l’ensemble des souscriptions éligibles. Ces versements sont retenus dans la limite annuelle de 50.000 euros pour les contribuables céli-bataires, veufs ou divorcés, ou de 100.000 euros pour les contribuables mariés ou liés par un Pacs, soumis à une imposi-tion commune. La fraction des inves-tissements excédant la limite annuelle ouvre droit à la réduction d’impôt dans les mêmes conditions au titre des quatre années suivantes. Pour bénéfi cier de cette défi scalisation, les sociétés doivent délivrer aux souscripteurs des états indi-viduels que ces derniers devront joindre à leur déclaration de revenus. Nulle raison de redouter le passage des titres de mains en mains puisque l’avantage fi scal sera défi nitivement acquis au contribuable uniquement si les titres reçus en contre-partie de l’investissement sont conservés pendant cinq ans. Lorsque tout ou partie des actions ou parts ayant donné lieu à la réduction d’impôt est cédé avant le 31 décembre de la cinquième année suivant celle de la souscription, il est procédé à une reprise des réductions d’impôt obte-nues. Autres limites de ce dispositif : il n’est pas cumulable, au titre de la même fraction de versement, avec d’autres sys-tèmes de défi scalisation tels qu’en cas de souscription d’un emprunt pour la reprise d’une PME ou de souscription au capital de Sofi ca. Les titres qui ouvrent droit à la réduction d’impôt ne peuvent pas par ailleurs fi gurer dans un plan d’épargne en actions, un plan d’épargne entreprise ou interentreprises, un plan partenarial d’épargne salariale volontaire ou un plan d’épargne pour la retraite collectif.Pour vos questions : [email protected]

Défi scalisation : un moteur pour les PME

MON AVOCAT

Aïd : bientôt un unique jour pour tous ?

Pour les musulmans de France, comme pour ceux de Turquie

d’ailleurs, l’Aïd al-Fitr, Ramazan bay-rami, aura lieu cette année le di-manche 19 août. Privilégiant le calcul astronomique, les Turcs n’attendent pas le dernier moment pour détermi-ner visuellement le début du nouveau mois lunaire. La pratique scientifi que en la matière remonte en Turquie à Fatin Gökmen, savant religieux et astronome mort en 1995. Il est le fon-dateur de l’Observatoire de Kandilli chargé depuis 1926 de déterminer scientifi quement les débuts des nou-veaux mois lunaires. L’Observatoire avait par la suite modifi é ses critères de calcul astronomique, à la suite d’une série de réunions qui, en 1974, avait eu pour objectif de mettre tous les musulmans d’accord pour la déter-mination des fêtes religieuses. Pour-tant, les divergences persisteront, soit pour des raisons de refus de recours à une méthodologie scientifi que, soit à cause des différences dans les critères de cette dernière. Récemment, le Conseil européen de la fatwa et de la

recherche (CEFR) a déclaré dans un communiqué que «l’astronomie est devenue une science moderne qui a atteint les plus hauts degrés de la pré-cision en ce qui concerne le mouve-ment des planètes, notamment celui de la Lune et de la Terre».

En France, de nombreuses divergences subsistentAyant donc aussi opté pour le dimanche 19 août, le CEFR recom-mande la propagation de cet usage en citant les avantages pratiques et sociaux de la connaissance anticipée du jour de la fête, contrairement à la méthode de l’observation à l’œil nu basée sur la tradition et qui produit régulièrement des décalages dans les dates des fêtes et des moments forts du calendrier musulman. Voulant également privilégier le calcul astro-nomique, le CFCM vient de mettre en place un Comité de réfl exion regrou-pant les instances théologiques des composantes de l’islam de France. Le comité a ainsi été chargé de faire des propositions concrètes pour la réu-

nion du 18 novembre 2012 du Conseil d’administration du CFCM. En France, les divergences sont nombreuses et touchent d’ailleurs également la ques-tion des horaires des prières quoti-diennes. L’objectif plus large du projet du CFCM est donc d’établir un calen-drier musulman unique qui remplace-rait ceux de l’Union des organisations islamiques de France et de la Grande mosquée de Paris actuellement en vigueur. Depuis longtemps, l’idée d’établir un calendrier unique pour les musulmans de France fait son che-min, en particulier depuis la création du CFCM en 2003. L’ancien président de l’UOIF, Fouad Alaoui déclare à ce propos qu’il «a initié un groupe de tra-vail pour des études prospectives sur la défi nition du calendrier lunaire». Il précise que le groupe devait même organiser un colloque national sur le sujet mais qu’il a cessé ses activités. Il rejette néanmoins tout fatalisme en la matière en déclarant que «si le CFCM veut faire un pas dans ce sens et réunir les différentes parties», il n’y verrait pas d’inconvénients.

La détermination des fêtes du calendrier musulman comme l’Aïd al-Fitr fait souvent l’ob-jet en France de divergences dues aux diff érentes méthodes employées par les musulmans. Alors que les Turcs ont opté très tôt pour le choix du calcul astrono-mique, les autres composantes de l’islam de France débattent encore de l’oppor-tunité d’établir un calendrier unique que le CFCM voudrait faire aboutir.

L’Aïd al-Fitr, Ramazan bayrami chez les Turcs, est un moment fort de retrou-vailles et d’embras-sades frater-nelles.

SOCIETE06 17 - 23 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

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Université : les réformesannoncées par AnkaraLe gouvernement turc entend réformer en profondeur l’enseignement et les critères d’entrée de ses universités. Pour le Premier ministre Erdogan, celles-ci doivent davantage se spécialiser dans l’enseignement technologique, un secteur clé qui pourrait permettre à Ankara de valoriser son statut universitaire international.

PINAR KAMAN ANKARALe Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré au cours de la dernière

réunion du Haut conseil de la science et de la technologie (BTYK) que la Turquie devait réviser son système éducatif afi n de canaliser les jeunes dans les domaines de la science et de la techno-logie. D’après le Premier ministre, les ministères et les universités accordent désormais une plus grande importance à la science, à la technologie et à l’innovation. M. Erdogan a également affi r-mé que la Turquie vit de «grandes transforma-tions» dans ces trois domaines et a précisé que le gouvernement turc avait déjà attribué près de 338 millions de livres turques pour des projets en recherche et développement entrepris par des entreprises privées depuis 2011. Par ailleurs, le Premier ministre a aussi déclaré que son gou-vernement avait «attribué 240 millions de livres turques pour des projets similaires entrepris par les universités».

Des critères d’entrée élargisAutant d’investissements en matière de re-cherche et développement qui ont commencé selon lui à porter leurs fruits, la Turquie ayant rattrapé une dizaine d’années de retard techno-logique. Ces déclarations du Premier ministre turc sont à rapprocher de celles du président du Conseil de l’enseignement supérieur (YÖK), Gökhan Cetinsaya, qui a annoncé la révision prochaine du système d’entrée à l’université, et augure des réformes structurelles de l’ensei-gnement supérieur voulues par Ankara. Bien qu’il n’ait pas élaboré le nouveau système dans les détails, M. Cetinsaya a déclaré mercredi que

l’objectif du YÖK était de préparer le nouveau système pour fi n 2014. Le Centre de sélection et de placement des étudiants (ÖSYM), le minis-tère de l’Education et le Conseil de recherches scientifi ques et technologiques (TÜBITAK) par-ticiperont aux travaux de préparation. De son côté, le ministre de la Science, de l’industrie et de la technologie, Nihat Ergün a déclaré que le système d’entrée à l’université sera non seule-ment établi sur la base des connaissances objec-tives des étudiants mais qu’il tiendra compte également de leurs capacités globales et de leurs compétences de base.

Améliorer l’off re linguistiqueLes autres décisions prises comprennent l’en-seignement d’autres langues étrangères que l’anglais, l’établissement de plus de centres scientifi ques à travers le pays et l’augmentation du nombre de chercheurs dans les universi-tés. «La Turquie doit redoubler d’efforts dans le domaine de la science et de la technologie afi n d’atteindre ses objectifs pour 2023 et deve-nir un pays éminent. Notre jeune population représente, pour nous, une grande chance en ce sens. Nous devons saisir cette opportunité pour effectuer des changements majeurs dans notre système éducatif», a ainsi déclaré Nihat Ergün. Le Conseil de l’enseignement supérieur, fondé en 1983 par le TÜBITAK, travaille en col-laboration avec le gouvernement, pour fixer des politiques et des objectifs nécessaires en matière de science et de technologie, préparer des plannings et formuler des propositions dans ces domaines et permettre la coordination entre les secteurs importants et les institutions.

TURQUIE07 17 - 23 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

Une session d’examen d’entrée à l’université turque.

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Le Parlement turc divisé sur la liberté de la presse

Les membres de la Commission parlementaire de conciliation

constitutionnelle n’ont pas réussi à par-venir à un compromis sur un article concernant la liberté de la presse destiné à être intégré à la future Constitu-tion. La commission s’est réunie mercredi pour dis-cuter les propositions de trois partis politiques – l’AKP, le CHP, principal parti d’opposition, et le MHP – sur la liberté de la presse. Ils n’ont toutefois pas réussi à parvenir à un accord sur le contenu de l’article. Les membres CHP et MHP de la Commission ont critiqué l’AKP, dénonçant une tentative du parti au pouvoir de restreindre la liberté de la presse dans la nouvelle Constitu-tion. Selon le CHP, l’AKP est peu enclin à apporter les changements nécessaires à l’actuel article sur la liberté de presse. «Un nouvel article [sur la liberté de presse] qui n’aborde pas des questions telles que le statut des employeurs et des employés dans les médias et le rôle

de l’Etat dans la liberté de la presse ne pourra pas nous satisfaire», a déclaré à Zaman le député CHP Atilla Kart. Selon

Atilla Kart, son parti prône «la protection des salariés de la presse contre les em-ployeurs et l’Etat», protec-tion à laquelle, selon lui, l’AKP s’oppose. «Nous di-sons que cette protection est nécessaire à l’exercice de la profession de journaliste. Par ailleurs, les patrons de presse ne doivent pas être autorisés à participer à des

appels d’offres publics», a ajouté M. Kart. «Un changement [constitutionnel] qui ne garantit pas l’indépendance du journalisme sera très similaire à la loi existante» a-t-il ajouté.

Corporatisme et populismeLe député CHP déplore également que l’AKP justifi e son opposition aux pro-positions des autres partis politiques sur la liberté de la presse en affi rmant qu’elles visent à accorder des privi-lèges aux membres de la profession.

«Nous n’opposons pas les professions les unes aux autres. Nous parlons [ici] d’un pouvoir qui sert l’intérêt général», a-t-il ajouté. Le député MHP Tunca Toskay a déclaré que les membres de la Commission parlementaire éprou-vaient un malaise vis-à-vis de l’article lié à la liberté de la presse et que ce malaise est une question qui doit être abordée. «Nous devons réviser l’article» a-t-il dit, ajoutant que le président du Parlement Cemil Çiçek a promis que cette révision sera faite dans un proche avenir. «L’article doit être abordé à partir d’une perspective plus large» a-t-il ajouté. Un membre de l’AKP, qui a souhaité conserver l’anonymat a déclaré à Zaman que le CHP fait du populisme avec des arguments sur la liberté de la presse. «Notre proposition couvre à la fois la liberté des employés et celle des employeurs au sein des médias. Les Constitutions précisent les conditions dans lesquelles la liberté de la presse fait l’objet d’une limitation» a-t-il dit, ajoutant que la proposition de son parti se situait à un niveau général et non particulier.

Les membres de la Commission parlementaire chargés de rédiger la prochaine Constitution turque sont restés divisés sur l’article régissant la liberté de la presse. Pour les députés du CHP et du MHP, l’AKP s’oppose à la «protection» des journalistes, alors que le parti majoritaire dénonce, pour sa part, les privilèges d’une profession.

Les membres de la Commission parlementaire chargés de rédiger la Constitution ne se sont pas mis d’accord sur l’article concernant la liberté de la presse.

‘‘«La presse doit être protégée "contre

les employeurs et contre l’Etat"»

BREVES ECO

TOUR

ISM

EPÉ

TROL

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C’est en millions d’euros ce que devraient rapporter les nouveaux radars. Ces détecteurs plus perfectionnés compléteront un arsenal répressif qui avait déjà rapporté 639 millions d’euros en 2011, selon une estimation de l’Agence nationale du traitement automatisé des infractions (Antai).700

TURQUIE08 17 - 23 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

Baisse de la demande en 2013La croissance de la demande mondiale en pétrole devrait ralentir en 2013 après une année 2012 déjà très mitigée du fait du ralentissement de l’activité économique, selon les données publiées vendredi par l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Une perspective en accord avec les pré-visions annoncées par le gouvernement américain et l’Organisation des pays expor-tateurs de pétrole (Opep). Dans son rap-port mensuel, l’AIE ajoute que les cours de l’or noir pourraient rester élevés dans les mois qui viennent du fait des tensions géo-politiques entre l’Iran et l’Occident au sujet du programme nucléaire iranien.

La Grèce et la Turquie devraient coopérerInterrogé par Zaman, Alexandros Angelo-poulos, directeur exécutif des Hôtels Alde-mar et membre du conseil de l’Association des Entreprises de Tourisme grecques (SETE), a affirmé que les entrepreneurs de tourisme grecs et turcs devraient se concen-trer sur les occasions de coopération plutôt que de se faire concurrence. Pour l’homme d’affaires, les Turcs et les Grecs «pensent de la même manière», ajoutant que «jusqu’à récemment, nous avons été meilleurs que les Turcs dans le secteur du tourisme (mais)maintenant la Turquie est meilleure parce que nous n’avons pas réussi à garder les mêmes exigences en terme de qualité».

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Un troisième aéroport à Istanbul pour 2015

Le gouvernement turc met les bouchées doubles face à la me-

nace de voir les aéroports d’Istanbul saturés. Le ministre des Transports Binali Yildirim vient d’annoncer le lancement d’un appel d’offres pour la construction d’un troisième aéroport dans la métropole au mois d’août. Si tout va bien, le vainqueur sera désigné à la fin de l’année et l’ouverture de l’aéroport est prévue pour 2015. Des délais qui semblent particulièrement optimistes au vu des 18 mois que le gouvernement turc a pris pour décider de l’emplacement des nouvelles ins-tallations. Celles-ci devraient se situer dans la partie européenne, au nord d’Istanbul. Pour l’heure, le terrain est déjà détenu à 80 % par l’Etat qui doit acheter les 20 % restants. Ce nouvel aéroport qui pourra accueillir 90 à 150 millions de voyageurs par an sera donc bien plus grand que les deux autres actuels, Istanbul-Atatürk et Sabiha Gökçen. La capacité du pre-mier ne dépasse pas les 50 millions de passagers tandis que celle du second n’est que de trois millions de voya-geurs annuels. Il est à prévoir que le

turc TAV, gestionnaire unique de l’aéroport d’Istanbul-Atatürk et sa maison-mère française Aéroports de Paris, seront candidats pour la conception, la construction et l’exploi-tation de ce nouvel aéroport. Binali Yildirim a annoncé que lorsque ce

troisième aéroport sera opérationnel, l’aéroport Atatürk à Istanbul devrait devenir un «aéroport de boutiques» tout en gardant ses premières attribu-tions. Interrogé par les journalistes sur le futur nom de cette nouvelle infras-tructure, le ministre des Transports

s’est posé la question suivante : «Qu’est-ce qui est le plus important : la construction ou le nom ?». Il a enfin ajouté qu’il envisageait fortement la possibilité de conduire une enquête d’opinion publique en demandant au peuple turc son avis en la matière.

Selon une récente étude conjointement effectuée

par l’entreprise DinarStandard basée à New-York, spécialisée dans le business des médias et la recherche de nouveaux mar-chés musulmans, et le plus grand site web « halal-frien-dly » de voyage CrescentRa-ting.com, la Turquie est la se-conde destination la plus populaire du monde pour le tourisme musulman. Le rap-port, intitulé «Global Muslim Lifestyle Tourism Market 2012 : Landscape & Consu-mer», révèle que la Malaisie est première sur un total de 14 pays. On retrouve ensuite les Emirats arabes unis, Singa-pour, la Russie, la Chine, la France, la Thaïlande et l’Italie. Le rapport indique aussi que les touristes musulmans ont dépensé 126.1 milliards de dollars en 2011. Une somme

qui représente 12.3 % des re-venus provenant du tourisme à l’échelle mondiale. En 2011, les pays dont la population a le plus voyagé à l’étranger étaient l’Arabie Saoudite, l’Iran, les Emirats arabes unis et le Koweït. Par ailleurs, la somme dépensée par les touristes musulmans est deux fois supé-rieure à celle dépensée par les touristes chinois. De plus, le rapport montre que 67 % des personnes ont choisi la nour-riture halal comme critère le plus important dans leur choix de destination, 53 % déclarent qu’il s’agit de leur budget et 49 % cherchent une destina-tion où ils peuvent faire des rencontres. Selon le ministère turc de la Culture et du Tou-risme, le nombre de touristes étrangers en Turquie a baissé de 2.33 % depuis le mois de janvier.

La Turquie, 2e destination favorite des musulmans

Istanbul-Atatürk sera bientôt concurrencé par l’ouver-ture d’un troisième aéroport en 2015.

D’après des rapports sur le tourisme international, la Turquie est la seconde destination choisie par les touristes musulmans.

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INTERNATIONAL11 17 - 23 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

En Birmanie, Davutoglu plaide la cause des Rohingyas

Une délégation turque conduite par le ministre des Affaires étrangères Ah-

met Davutoglu, et comprenant l’épouse et la fi lle du Premier ministre Recep Tayyip Erdo-gan, est arrivée en Birmanie le jeudi 9 août dans le double but de «promouvoir les rela-tions bilatérales» et d’«attirer l’attention in-ternationale sur la souffrance des musul-mans Rohingyas». Davutoglu a été reçu par le président birman Thein Sein qui a exprimé sa joie de voir la Turquie ouvrir une ambas-sade dans son pays. Thein Sein a déclaré que la Birmanie ouvrira une ambassade en Tur-quie dès que possible, ajoutant que ces ini-tiatives contribueront à développer les rela-tions entre les deux pays. La Turquie a ouvert une ambassade en Birmanie en mars 2012. M. Davutoglu a également rencontré son homologue birman Wunna Maung Lwin, à Naypyidaw, la capitale du pays et la leader de l’opposition birmane Aung San Suu Kyi.

Le ministre turc a déclaré que la délégation était venue en Birmanie dans le but d’établir des relations bilatérales et de se rendre à Arakan, où une violence croissante est exer-cée à l’encontre des musulmans Rohingyas par des bouddhistes extrémistes. «Nous te-nons à poursuivre les deux objectifs», a dé-claré M. Davutoglu.

Des cimetières turcs en Birmanie A la suite des affrontements entre boudd-histes et musulmans, le président Sein a déclaré l’état d’urgence dans la province d’Arakan et a déployé l’armée dans le but de rétablir l’ordre. M. Davutoglu a également réaffi rmé qu’il avait donné deux instructions à l’ambassadeur nommé en Birmanie. La première était de trouver des cimetières pour les 1.500 soldats turcs tués dans ce pays durant la Première Guerre mondiale après y avoir été déportés depuis Çanakkale

et l’Egypte. «Je suis de très près la question du cimetière. Nous avons une grande dette vis-à-vis de ces soldats» a déclaré le ministre des Affaires étrangères, ajoutant qu’il avait adressé une lettre en ce sens à son homo-logue Wunna Maung Lwin. La deuxième instruction était de prendre contact avec les musulmans de la province d’Arakan. M. Davutoglu a ajouté que les problèmes dans cette région existent depuis plusieurs

décennies et que l’aide humanitaire appor-tée concernera principalement les musul-mans d’Arakan, et, dans un deuxième temps, les camps bouddhistes. Il a, enfi n, estimé que ce que l’Occident peut faire pour les musulmans Rohingyas est limité et qu’il allait demander à l’Indonésie de coopérer avec la Turquie sur la question dans le cadre de l’Organisation de la conférence islamique (OCI).

Le ministre turc des Aff aires étrangères Ahmet Davutoglu et l’épouse du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan se sont rendus en Birmanie le 9 août pour y établir des relations bilatérales mais aussi pour plaider à nouveau la cause des Rohingyas, des po-pulations musulmanes victimes d’exactions dans le pays.

La femme du Premier ministre Erdogan, Emine, en déplacement en Birmanie auprès des populations musulmanes Rohingyas.

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INTERNATIONAL12 17 - 23 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

Clinton : «la Syrie ne doit pas devenir un sanctuaire pour le PKK»

La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a évoqué samedi

à Istanbul le confl it syrien avec la Tur-quie pour préparer «le jour d’après» la chute du régime de Bachar al-Assad, s’inquiétant avec Ankara que le nord de ce pays ne devienne un sanctuaire pour les terroristes. Mme Clinton s’est par ailleurs inquiétée des «liens entre le Hezbollah, l’Iran et la Syrie» qui prolongent, selon elle, l’existence du régime de Damas. «La Syrie ne doit pas devenir un sanctuaire pour les ter-roristes du PKK», a déclaré Mme Clin-ton au cours d’une conférence de presse avec son homologue turc Ah-met Davutoglu. Le chef de la diploma-tie américaine et son homologue turc ont dit redouter que la Syrie ne de-vienne un sanctuaire pour «terroristes du PKK ou d’Al-Qaïda». Mme Clinton a dit «partager les inquiétudes» d’An-kara à cet égard, estimant que la Syrie ne peut devenir un sanctuaire pour le PKK, «que ce soit maintenant ou après le départ du régime» du président Bachar al-Assad. Elle a ajouté que les Etats-Unis étaient inquiets que «des terroristes du PKK, d’Al-Qaïda ou d’autres tirent avantage de la lutte légi-time du peuple syrien pour la liberté

pour promouvoir leurs propres inté-rêts».

Pas de vacance du pouvoir syrien !La secrétaire d’Etat a en outre justifi é la décision de Washington de prendre des sanctions contre le groupe chiite libanais Hezbollah. «Nous continuons à accroître la pression de l’extérieur», a déclaré Mme Clinton. Enfin, elle a dit avoir évoqué des plans opération-nels et un échange de données avec la partie turque afi n d’«accélérer la fi n de l’effusion de sang et du régime Assad. Ceci est notre objectif stratégique». M. Davutoglu, dont le pays combat le PKK depuis 1984, considère pour sa part qu’«il n’y a pas de place pour une vacance du pouvoir en Syrie» dont pourraient bénéficier les rebelles du PKK, le Parti des travailleurs du Kur-distan. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a récemment accusé le régime de Damas avec lequel Ankara a rompu après avoir forgé d’étroites rela-tions d’avoir «confi é» plusieurs zones du nord de la Syrie au PKK et a prévenu que la Turquie pourrait sévir contre ces rebelles. Mme Clinton est arrivée dans la nuit de vendredi à samedi à Istanbul en provenance du Bénin où elle a bou-

clé une tournée marathon de 11 jours en Afrique. Dans la métropole turque, elle a rencontré des militants et des ré-fugiés syriens avant de s’entretenir avec M. Erdogan et le président Abdullah Gül. Elle a ensuite quitté Istanbul pour rentrer à Washington.

Les trois piliers de la stratégie américaineLes Etats-Unis mettent en oeuvre de-puis quelques semaines une «stratégie reposant sur trois piliers» concernant la Syrie et Mme Clinton a évoqué avec ses interlocuteurs turcs la manière de soutenir l’opposition syrienne -Washington s’en tenant pour l’ins-tant à une «assistance non létale» - l’aide humanitaire et un scénario de transition politique, a expliqué un responsable du département d’Etat. Un autre pilier de la stratégie améri-caine consiste à apporter de «l’aide humanitaire», notamment à la Turquie frontalière de la Syrie et qui accueille plus de 50.000 réfugiés. Mme Clinton a ainsi annoncé samedi à Istanbul l’octroi de 5,5 millions de dollars sup-plémentaires, ce qui porte l’assistance humanitaire américaine à 82 millions de dollars depuis le début de la crise syrienne en mars 2011.

En déplacement à Istanbul le week-end dernier, Hillary Clinton, la secrétaire d’Etat américaine, a rencontré le président Gül et le ministre des Aff aires étrangères Ahmet Davutoglu au sujet de la Syrie et des risques qu’une vacance du pouvoir syrien créerait en renforçant notamment le PKK.

La secré-taire d’Etat américaine Hillary Clinton a exprimé ses inquié-tudes sur la possibilité qu’un eff on-drement du pouvoir syrien profi tent aux orga-nisations terroristes régionales.

EN BREF

ZURI

CHQA

TAR Prêt de deux milliards

de dollars à l’EgypteLe Qatar a décidé d’apporter un soutien financier de deux milliards de dollars à l’Egypte. Cette dernière est actuellement en proie à de graves difficultés économiques. Une annonce qui a été faite par l’agence of-ficielle égyptienne Mena vendredi à l’issue d’une rencontre au Caire entre le président Mohamed Morsi et l’émir du Qatar, Cheikh Hamad Ben Khalifa al-Thani. L’argent sera destiné en premier lieu à renflouer les caisses de la banque centrale égyptienne, dont les réserves en devises ont fortement diminué depuis la chute du président Hos-ni Moubarak en février 2011.

Un hôpital met fi n au moratoire sur les circoncisionsL’hôpital pour enfants de Zurich pratique à nouveau des circoncisions pour motif reli-gieux. Il met ainsi fin au moratoire introduit en juillet. L’établissement agira au cas par cas en exigeant l’accord écrit des parents. Cette décision a été prise en accord avec des spécialistes de l’éthique, internes et externes. L’hôpital de Zurich avait décidé à la mi-juil-let de suspendre la pratique des circonci-sions non indispensables, s’inspirant d’une décision du tribunal de Grande instance de Cologne (Allemagne), selon laquelle la cir-concision pour motif religieux était une bles-sure intentionnelle et donc illégale.

‘‘Déclaration du secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, qui estime que les cent premiers jours de la présidence Hollande ont été

dominés par une forme «de haine antisarkozyste». Les Français, eux, gratifi ent François Hollande d’un «bien mais peut mieux faire».

«Sur le plan de l’état d’esprit, c’est vraiment le conservatisme»

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Les Arts de l’Islam font leur entrée au Louvre

Le Louvre ouvrira le 22 septembre au public ses nouveaux espaces consa-

crés aux Arts de l’Islam mais il est encore à la recherche de dix millions d’euros auprès de mécènes pour boucler le financement de cet ambitieux projet, a appris l’AFP auprès du musée. La collection des Arts de l’Islam du Louvre dispose désormais de 3.000 mètres carrés – trois fois plus qu’auparavant – pour se déployer sur deux niveaux, conçus par l’Italien Mario Bellini et le Français Rudy Ricciotti. Le rez-de-cour, baigné de lumière naturelle, va accueillir les œuvres datant du VIIe au XIe siècle. Le sous-sol, baptisé «parterre», présentera les œuvres du XIe jusqu’à la fin du XVIIIe, dans une en-ceinte de béton noir. L’aire géographique concernée s’étend de l’Espagne à l’Inde. La muséographie a été confiée à Renaud Pié-rard et Mario Bellini. Grâce à ces nouveaux espaces, le Louvre est en mesure de présen-ter près de 3.000 objets, parfois monumen-

taux, puisés dans sa riche collection d’art islamique et dans celle des arts décoratifs (plus de 18.000 objets au total). «Ce sera la présentation la plus importante en Europe d’objets d’art de l’Islam», déclare à l’AFP Sophie Makariou, directrice du départe-ment des Arts de l’Islam. Les nouveaux espaces des Arts de l’Islam devraient être inaugurés par le président François Hol-lande quelques jours avant l’ouverture au public.

Un coût de près de 100 millions d’eurosDès son arrivée à la tête de l’établissement public, en 2001, Henri Loyrette a voulu sortir les arts de l’Islam de leur «marginali-sation» au sein du musée en leur donnant un espace «digne en qualité et en surface». Le coût global de l’opération se monte à 98,5 millions d’euros. L’Etat français apporte 31 millions d’euros. Le principal mécène est la Fondation du prince saou-

dien al-Walid ben Talal qui a remis à titre privé 17 millions d’euros. Le roi Moham-med VI du Maroc a fourni également une importante contribution (non divulguée). L’émir du Koweït, le Sultan d’Oman, la République d’Azerbaïdjan financent aussi le projet. Plusieurs groupes français ont répondu présent (Fondation Total, Lafarge, Bouygues Construction...). Mais à un

mois et demi de l’ouverture des nouveaux espaces, il manque toujours 10 millions d’euros. «Nous prospectons toujours. Nous avons bon espoir», indique les responsables du musée. «Si le Louvre ne parvient pas à réunir ces 10 millions d’euros par mécénat, il faudra rééchelonner dans le temps cer-tains de ses autres projets, tout en veillant à en préserver la dynamique», ajoutent-ils.

Le département des Arts de l’Islam du musée du Louvre ouvrira ses portes le 22 septembre prochain. Une collection de près de 3.000 objets sera exposée, la plus importante d’Europe, pour un budget total proche de 100 millions d’euros.

Un nouveau département consacré aux Arts de l’Islam sera ouvert dès le 22 septembre au musée du Louvre.

CULTURE13 17 - 23 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

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CULTURE14 17 - 23 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

Cet ouvrage de Maryam Borghée, chercheuse en sciences sociales, a plusieurs mérites. D’abord celui d’être une étude menée avec la rigueur méthodologique que suppose toute science. Ensuite, – et la chose tranche de manière radicale avec les discours tenus sur le niqab –, en accordant la parole aux femmes qui le portent, rendues ainsi à leur statut de sujet pensant et

agissant. L’auteure s’est ainsi entretenue avec une trentaine de fi dèles, dont une majorité de converties. Le port du niqab en France, occasionnel ou quoti-dien, apparaît le plus souvent dans un contexte de préca-rité, d’exclusion, de violences subies et surtout de perte de sens. Signe, pour beaucoup, d’aliénation et d’effacement, il relève pourtant ici d’un choix personnel et revendiqué, il peut

même signifi er une critique de la société de consommation, de la marchandisation du corps. La tendance asociale du mode de vie de ces femmes et les discours qu’elles tiennent tendent d’ailleurs à montrer que le voile total ne procède pas d’une religiosité sectaire ou d’un acte politique. Une analyse fi ne et approfondie qui démystifi e une réalité rendue à sa complexité.

Le niqab : une réponse à l’aliénation consumériste ?

AGENDA CULTUREL

CINÉ

MA

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LEIN

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L’EsquiveDans une cité de la banlieue pari-sienne, Lydia répète pour l’école le rôle principal d’une pièce de Marivaux. Krimo, quinze ans, jeune Beur plutôt réservé, s’éprend d’elle. Pour lui décla-rer sa flamme, il imagine lui donner la réplique, pensant que ce qu’il n’ose lui avouer, Marivaux le fera pour lui !Le 23 août à 23:00

Parc de la Villette

211, avenue Jean Jaurès

75019 Paris

Nicolas Poussin et Moïse, histoires tisséesConstituée de dix tapisseries réalisées d’après des œuvres de Nicolas Poussin et Charles Le Brun, la Tenture de Moïse représente différents épisodes de la vie du prophète, dont celui du Veau d’or.Jusqu’au 16 décembre

Galerie des Gobelins

42, avenue des Gobelins

75013 Paris

Fêtons l’AïdStructures gonflables, jeux et surprises, une fête conviviale où les enfants se-ront particulièrement mis à l’honneur. Les activités comprendront également des quizz et concours et des espaces détente. Entrée libre et buffet gratuit.Le 19 août de 12:30 à 18:00

Mosquée An Nour

19, rue de l’Espérance

95370 Montigny-lès-Cormeilles

4e Village du RamadanReprenant le concept des marchés de Noël, le Village du Ramadan propose un large éventail de stands centrés au-tour de la culture arabo-musulmane : livres, vêtements, artisanat, magazines, bandes dessinées, cosmétiques, tou-risme, boisson, dégustation de mets, pâtisseries, etc.Du 17 au 22 août

Centre commercial de Bobigny 2

Boulevard Maurice Thorez

93000 Bobigny

La «suisse attitude»Membre du Jamel Comedy Club, Noman est mi-Tunisien, mi-Irakien, vivant en Suisse et né en France… Avec une énergie communicative, il s’amuse des questions d’identité, et tourne en dérision les comportements et phobies de ses contemporains.Jusqu’au 31 août, les vendredis et samedis

à 20:30

Le Paname

14, rue de la Fontaine au Roi,

75011 Paris

A lire & à voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir... voir...àààààààààààààààààààààààà&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&A lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lireA lire &&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&Le niqab : une réponse à l’aliénation consumériste ?

Voile intégral en France. Sociologie d’un paradoxe,

de Maryam Borghée,Editions Michalon,

256 pages, 18 €.

SEYFEDDINE BEN MANSOUR TUNISLe 5 août dernier, l’émission dominicale «Lumières d’Islam»

sur France 2 était consacrée à l’éminent érudit musulman Muham-mad Hamidullah. Décédé en 2002 à Jacksonville, en Floride, à l’âge de 95 ans, c’est un intellectuel connu tant en Europe et en Amérique du Nord que dans le sous-continent indien. Il aura ainsi marqué de son empreinte l’islam d’Occident, et particulière-ment l’islam de France, dont il a été l’un des initiateurs. On lui doit no-tamment la création du premier Centre culturel islamique en 1952, et dix ans plus tard, celle de l’AEIF, l’Association des étudiants islamiques de France. Sa traduction du Coran en français, la première du genre due à un musulman (1959), est une réfé-rence. Elle est de fait la plus utilisée en France et plus généralement dans le monde francophone. On lui doit également deux autres traductions du texte coranique, l’une en anglais, l’autre en allemand. Il est ainsi la seule personne à avoir jamais traduit le Coran dans trois langues. Le pro-fesseur Hamidullah publiait d’ail-leurs, de manière quasi indifférente, dans l’une de ces trois langues, mais aussi en arabe, turc, persan ou our-dou.

La conscience de l’unité culturelle de l’islamIl connaissait au total 22 idiomes, dont le thaï, dont il commença l’ap-prentissage à l’âge de 84 ans. Mais surtout, parce qu’il maîtrisait les trois langues majeures de l’islam : l’arabe, le persan, et le turc, il avait l’insigne privilège de pouvoir accéder directe-ment à l’ensemble du savoir d’islam. Sa conscience de l’unité profonde de la culture islamique était ainsi

nourrie de ses lectures — dans le texte — des œuvres d’Ibn ‘Arabî, Rûmî, al-Birûnî, Abou Hanifa, as-Sarakhsî ou Yunus Emre. Doué d’une capacité de travail extraordinaire (jusqu’à quinze heures par jour), il est l’auteur de plus d’une centaine d’ouvrages et d’environ 2.000 articles. Ses publi-cations couvrent un large éventail de disciplines islamiques dont le droit musulman (fi qh), l’Histoire de l’islam et les sciences du hadith, avec notamment une traduction du Sahîh de Boukhari qui fait autorité. Il est par ailleurs l’auteur d’une biographie du Prophète, mais aussi de mono-graphies dans des domaines aussi divers que l’épigraphie arabe ou la grammaire comparée du français et de l’allemand. On lui doit enfin d’avoir exhumé quantité de manus-crits islamiques aussi rares que d’un grand intérêt scientifi que, manuscrits dont il a assuré l’édition critique et la traduction, ainsi la Sahîfa de Ham-mâm Ibn Munabbah, le plus ancien manuscrit de hadiths découvert à ce jour. Pour autant, l’éminent profes-seur n’a pas négligé le grand public :

son Introduction à l’islam, publiée en 1957 et plusieurs fois rééditée depuis, a été traduite en 22 langues. Né en 1908 à Hyderâbâd, dans le sud de l’Inde, au sein d’une famille de savants de lointaine ascendance arabe, Muhammad Hamidullah a étudié les sciences islamiques à la Jâmi’a Nidhâmiyya, l’équivalent indien de l’université d’al-Azhar au Caire. Titulaire d’un diplôme en droit musulman international de l’université d’Osmania en Inde, il poursuivra ses études en Allemagne où il obtient en 1932 un doctorat en philosophie à l’université de Bonn. Puis en France où il obtient trois ans plus tard un doctorat en lettres à la Sorbonne. Exilé en France après l’in-vasion indienne de sa ville en 1948, il sera de 1954 à 1978 chercheur au CNRS. Il assurera en parallèle ses enseignements d’histoire de l’islam à l’université d’Ankara et à l’univer-sité Atatürk d’Erzurum. Parmi ses étudiants, on compte notamment le professeur Ekmeleddin Ihsanoglu, l’actuel secrétaire général de l’Orga-nisation de la conférence islamique.

Muhammad Hamidullah : une vie consacrée à la diff usion de l’islam

Muhammad Hamidullah est le seul savant musulman à avoir traduit le Coran en trois langues diff érentes.

Islam des m

ondes

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17 - 23 AOÛT 2012 ZAMAN FRANCE

La personnalisation du pouvoir en Turquie, incarnée par le Premier ministre Erdogan, n’a pas pour autant favorisé l’émergence politique de l’opposition perçue comme plus autori-taire encore. Pour le chroniqueur Etyen Mahcupyan, l’option d’une alternative off erte

par le président turc reste improbable car la division de l’électorat AKP, qu’elle entraînerait, ne lui serait pas pardonnée.

Gül constitue-t-il une alternative?

L’ampoule qui symbolise l’AKP, c’est Erdogan lui-

même et le parti est devenu une composante de sa popularité.

Apparemment, c e n ’ e s t p a s pour déplaire au P r e m i e r m i -nistre qui ne rate aucune oc-casion pour ren-forcer le phéno-

mène. Tout en sachant que la question ne restera pas à l’ordre du jour, celui-ci va attirer l’at-tention sur des sujets comme l’avortement ou la construction de nouvelles mosquées, ou encore faire des suggestions sur l’esthétique urbaine destinées à provoquer la colère des laïcs. Il est sûr ainsi que la politique de l’opposition s’articulera sur ce qu’il aura dit ; tout se passe comme si le Premier ministre entraînait délibérément ses adversaires dans un piège. Ce-pendant, la critique de l’AKP ne saurait se limiter à de simples objections. Il y a là un gouver-nement qui fait des erreurs dans de nombreux domaines et qui devient plus vulnérable parce qu’il ne souhaite pas les corriger. Chaque décision que prend le gouvernement, chaque déclaration qu’il fait suscitent un fl ot de réactions outrées. Si on affi rme qu’il n’y a pas de li-berté de la presse en Turquie, force est de reconnaître que ce gouvernement est celui qui a

été le plus férocement critiqué au cours des cinq dernières décennies. Ceux qui l’insultent ou le cri-tiquent ne sont pas inquiétés. Bref, pour un parti politique qui voudrait entrer en opposition avec l’AKP, l’environ-nement psycholo-gique semble s’y prêter. Il est pos-sible d’agir en véri-table parti d’oppo-sition en soulevant de vrais débats sur les ques-tions qui touchent les Turcs, plutôt que de réagir à ce que dit M. Erdogan.

Le risque de division de l’AKPIl y a néanmoins deux pro-blèmes. Tout d’abord, l’AKP demeure le représentant et le porte-parole des exigences de transformation sociale et de

démocratisation en Turquie, et les partis d’opposition, les

représentants d’une tutelle idéologique incapable de susciter l’espoir pour l’ave-nir. Ils soumettent ac tue l lement de nombreuses propo-sitions dans le cadre de la rédaction de la Constitution, liées à des ques t ions telles que l’identité turque, la citoyen-neté, la laïcité, la

langue dans le système éduca-tif et dans les administrations locales, les propositions plus proches des normes univer-selles en matière de droits et de libertés étant toujours faites par l’AKP. La situation est ironique : quoique de plus en plus autoritaire, l’AKP est vu en Turquie comme étant plus démocratique et d’autre part,

d’un point de vue idéologique, les

partis d’opposition sont perçus comme plus

autoritaires que le gouverne-ment. Cela explique d’ailleurs

pourquoi les partis d’opposition sont si faibles. Une autre raison à l’incapacité de l’opposition d’aborder les vraies questions et à se focaliser sur le style et les discours de M. Erdogan tient à ce qu’une telle attitude, d’une

certaine manière, fait sens sur le plan social.

L’opposition y trouve là un moyen de faire appel au soutien de sa base, mais, ce faisant, elle laisse le champ libre à l’AKP. Pour certains, cette description peut sembler assez pessimiste, car elle implique que l’AKP restera au pouvoir pendant au moins dix autres années et que Erdogan fera toujours partie du paysage politique. C’est la rai-son pour laquelle ils espèrent aujourd’hui une division au sein de l’AKP.

«62,5 % des Turcs estiment que Gül a réussi»Gül est le seul qui soit capable de rivaliser avec Erdogan, aussi certains voient-ils une oppor-tunité dans les prochaines élections présidentielles. Le désespoir peut conduire à pen-ser que la solution ne doive être recherchée qu’au sein même de l’AKP. Mais cette option n’a rien de réaliste, – ce qui ne veut pas dire que Gül n’a pas une chance d’être élu président. Un récent son-dage montre que 52,5 % des Turcs ont une opinion posi-tive de M. Erdogan, tandis que 62,5 % estiment que Gül a réussi. Dit simplement, les gens qui aiment Erdogan ai-ment également Gül, quoique l’inverse ne soit pas nécessaire-

ment vrai. Pour autant, cela ne fait pas de Gül un candi-dat signifi catif, car cela obli-gerait les milieux islamiques à choisir leur camp, ce qui ferait de Gül le candidat des néo-nationalistes, des laïcs et de l’extrême droite. Dans une configuration aussi tendue, le vrai problème serait la victoire électorale. A l’image du dernier pré-sident de l’ancien régime, Gül serait méprisé pour avoir trahi l’œuvre de trans-formation sociale. L’AKP est le résultat d’un phéno-mène social. Il appartient à une culture où l’ambition et les intérêts politiques n’attirent pas, et sont, au contraire, condamnés. Ce qui compte, ce n’est pas la position qu’on a acquise, mais pouvoir regarder les gens dans les yeux quand on marche dans la [email protected]

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‘‘«Les gens qui aiment Erdogan aiment éga-lement Gül, quoique l’inverse ne soit pas

nécessairement vrai»

Etyen Mahçupyan

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