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Bientôt deux mille ans d’histoire sur cette colline de Jérusalem. Selon la tradition chrétienne,Jésus y a été crucifié puis mis au tombeau, les croisés y ont bâti une église à l’origine de la basiliqueactuelle et les fouilles archéologiques révèlent qu’entre temps un temple romain et une immensebasilique byzantine dominaient le site.

Le lieu choisi pour crucifier Jésus est un terrainau bord de la grande ville juive, qui a d’abord servide carrière puis de cimetière.

Les Romains, après avoir expulsé les Juifs, bâtissent un temple à Aphrodite qui recouvre entièrement le site.

« Jésus, portant sa croix, sortit de la ville pour aller versl’endroit appelé le Crâne, qui se dit en hébreu Golgotha.C’est là qu’ils le crucifièrent, et avec lui deux autres, un dechaque côté et Jésus au milieu », écrit l’évangile de Jean.Plus tard, Jésus mort en croix, l’évangéliste raconte :« Or, il y avait un jardin à l’endroit où Jésus avait été crucifié, et dans le jardin un tombeau neuf où personneencore n’avait été mis. Ce fut là qu’ils déposèrent Jésus

parce que c’était la préparation de la Pâque des Juifs et quele tombeau était proche. Le dimanche, Marie de Magdalase rendit au tombeau de bon matin, alors qu’il faisaitencore sombre, et elle vit que la pierre avait été enlevée del’entrée du tombeau... » Ce lieu où le Christ a été crucifié,enterré puis vu ressuscité entame sa longue série demétamorphoses.

À l’ouest de Jérusalem, le terrain sert decarrière de pierresdès le VIIIe siècleavant notre ère. Au temps de Jésus,ces carrières sont désaffectéeset servent de citernes, depotagers ou de tombes.

Comme cellechoisie par le juifJoseph d’Arimathie (« qui était disciplede Jésus, mais en secret ») pour y déposer le corpsdu Christ, face àl’endroit où il a étécrucifié. Josephaurait possédéd’autres tombesque celle que

la tradition luiattribue à l’ouestde la basiliqueactuelle.

La Jérusalem de l’époque estdominée par le Temple tout justereconstruit par le roi Hérode. Au sud, la vieilleville des rois de

Juda (qui contientle mont Sion, la cité de David),rebâtie après l’exil à Babylone. Au nord, unnouveau quartier a été construit au Ier siècle avantnotre ère, dont le mur couraitjuste au sud du Golgotha.

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Aelia Capitolina, la cité païennebâtie par Hadrien à la place de la Jérusalem juive(rasée en 135 après la deuxièmerévolte) : murd’enceinte au nord,temple de Jupiter,probable forum à l’intersection du « decumanus »et du « cardo » qui longe le templed’Aphrodite, peut-être construit

pour recouvrirl’endroit vénéré par les Chrétiens. « Un abriténébreux pour la divinité lascive »selon l’historienbyzantin Eusèbede Césarée. Restitution dutemple d’Aphroditedont le haut socleaurait recouvert le Golgotha. Il n’a été retrouvé que quelquesfondations sous le sol de labasilique actuelle,et peut-être unepartie du mur de soutènementdu « temenos »(enceinte sacrée)dans la MissionRusse à l’est du site.Cardo maximusbordé d’un portique.Possible forum.

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L’ÉGLISEDU SAINT-SÉPULCREA JERUSALEM

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Deux ans après la terrible et dernière persécution deDioclétien, l’empereur Constantin choisit le christia-nisme et donne un statut officiel à cette religion encoreminoritaire. Au concile de Nicée en 325, l’évêquechrétien de Jérusalem Makarios aurait demandé àl’empereur « de faire bâtir une maison de prière près dela tombe du Sauveur ». Selon Eusèbe de Césarée,biographe de Constantin, l’empereur « donna ordred’enlever tout le débarras. (…) les édifices de l’erreur furentaussitôt abattus et détruits avec toutes les statues et lesdivinités. » Le sol déclaré sacré, on ordonne « une fouilletrès profonde du terrain » et « alors, au-delà de tout cequi était espéré, voici qu’apparut aussi tout ce qui restait,c’est-à-dire (…) la grotte la plus sainte de toutes ». Ces

fouilles archéologiques radicales précèdent la cons-truction de la basilique. Elle est édifiée en très peu detemps de 326 à 335 en bas du sanctuaire, la rotonde del’Anastasis sans doute un peu plus tard. Le tout, centredu monde chrétien d’alors et dont on retrouve le dessinsur les souvenirs emportés par les pèlerins aux quatrecoins de la Méditerranée, est dévasté par les Perses en614 puis totalement rasé en l’an 1009, lorsque le califefatimide al-Hakim, jugé dérangé par ses sujetsmusulmans eux-mêmes, arrive à Jérusalem et détruitsystématiquement tout le sanctuaire. Du monceau deruines, la petite communauté chrétienne locale réussità édifier, grâce aux fonds accordés par l’empereurbyzantin Constantin Monomaque, un modeste édificeau-dessus de ce qui reste du tombeau du Christ. C’estlui que découvriront les Croisés venus d’Europe quiprennent la ville en 1099.

Au temps de l’empereurbyzantin Justinien,les pèlerinspénètrent dans le sanctuaire par le« cardo », la grandevoie romaine qui traverse la ville.Des marchesmènent à un atriumd’où l’on entre par trois portes dans le Martyrium, ainsi nommé car cette « œuvreextraordinaire »s’étend justederrière le rocherde la crucifixion. La large nefcentrale donne àl’ouest sur unciborium (baldaquin

surplombant l’autel)de douze colonnes (les douze apôtres)surmontées decoupes d’argent.Au-desssus de cettenef, un plafond« entièrementrecouvert d’orétincelant, faisant briller toutle temple commeune étincelle delumière ». Par unpetit bâtimentajouté au ve siècleet qui couvre lerocher, on accèdeau « saint jardin »dominé par la façade de l’Anastasis(résurrection engrec). Dans celle-ci,

le sol original de la carrière a étécreusé pour mieuxisoler le tombeau,inséré dans une maçonnerie« couverted’argent » et au toit pyramidal. La rotonde s’appuiesur huit piliersquadrangulaires et douze colonnes de marbre. Autour, undéambulatoirepour la circulationdes pèlerins

avec trois chœurs.Contre l’Anastasis,les bâtiments du Patriarcat.La ville a peuchangée depuisHadrien, le cardoest étendu, le temple Capitolinest détruit, et la basilique est construite à la place du templed’Aphrodite.

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Bâti sous Constantin et ses successeurs, le premiersanctuaire couvre sur presque deux hectares à lafois le rocher et la grotte.

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Dévasté par les Perses, rasé par le calife al-Hakim, lesanctuaire est reconstruit autour de l’ancien tombeau.

Rebâti de 1042 à 1048 grâce auxfonds donnés parl’empereur byzantinConstantinMonomaque, lesanctuaire est centrésur la rotonde de l’Anastasis. Au milieu de celle-ci, un édiculeremplace letombeau disparu.

Les anciennescolonnes sontréemployées pour soutenir lanouvelle coupoleconstituée « pardes poutres debois, entrelacéesentre elles ». Commela précédente, elle a « une ouvertureen son sommet »,juste au dessus

du Saint Sépulcre.Le déambulatoire est composé « au sol de bellesdalles de marbre ».À l’est de larotonde un chœuravec l’autel majeurest édifié. Le « saint jardin »est lui aussiconstruit sur les fondations de la basilique deConstantin. Trois petiteschapelles sont

situées àl’emplacement del’ancien Martyriumà côté du rocher du calvaire. On entre désormaisdans le sanctuairepar une cour ausud bordée de troisautres chapellespeut-être centréessur un ancienbaptistère byzantin.Une chapelle est créée dans la cour de l’ancienPatriarcat.

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Au temps du royaume latinde Chypre et de Jérusalem etdes successeurs de Godefroy deBouillon, les pèlerinspénètrent commeauparavant dans le sanctuaire par la cour au sudmais celle-ci estdésormais bordéed’un clocher de cinq étages àl’européenne bâtien 1170 et d’unevéritable façaded’entrée avec undouble portail enbronze. Les pèlerinsmontent ensuitepar l’actuelleChapelle desFrancs jusqu’aurocher du Calvaire,désormais insérédans la structurede la nouvelleéglise. Car, dansl’axe du tombeau

et à partir de la grande archepercée un siècleauparavant, lesCroisés ont édifié à partir de 1131(consécration en1149, 50 ans toutjuste après la prisede la ville) unenouvelle nef auxpiliers massifs,surmontée d’undôme et bordée aunord et au sud dedeux galeries quis’appuient sur lesmurs extérieurs et les portiques de l’ancien « saintjardin » et dontl’étage se prolongetout autour de la rotonde. À son extrémitéEst, entre deux destrois chapelles deson déambulatoire,un escalier permetde descendre à la chapelle Sainte-

Hélène qui rappellela tradition selonlaquelle la mère de l’empereurConstantin auraittrouvé ici, dans unecrypte attenante,des morceaux de la vraie croix.Un autre accèsmène au monastèreet au cloître bâtisdès 1114 àl’emplacement del’ancien Martyrium

pour loger leschanoines du Saint-Sépulcre chargésd’assurer la messedans le sanctuaireà la place desmoines orthodoxeschassés par lesCroisés. La rotondede l’Anastasis estla partie qui a été le moins modifiée,à part l’édicule dutombeau remplacéen 1119 par

une restitution .Plus de coupolemais, comme dans la versionprécédente, « un cône tronqué,laissant passer l’air et la lumièrepar le sommet ».Coupe de labasilique desCroisés. En orange,délimitation duterrain nu en 33après Jésus-Christ.

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Pendant leur courte domination, les Croisés ontagrandi le modeste édifice antérieur pour en faireune vaste basilique romano-gothique à leur goût.

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Repartis en 1187, année où Saladin leur reprend la ville,les Croisés ont eu le temps de bâtir autour de lamodeste rotonde de Constantin Monomaque unecomplexe basilique dans le style intermédiaire entrele roman et le gothique qui fleurit alors dans le nordde la France. Les 780 années de domination musul-mane qui suivent ne mettront plus en danger l’édificemais les autorités locales comprennent vite toutl’intérêt pour leurs finances d’un site si cher au cœurdes diverses églises chrétiennes présentes à Jérusalem :Grecs orthodoxes, Catholiques, Arméniens, Syriaques,Coptes, Éthiopiens, Géorgiens... Si beaucoup aban-donnent la course faute de ressources suffisantes (lesGéorgiens se retirant même totalement en 1644), lestrois premiers se partagent difficilement l’essentiel dubâtiment jusqu’à ce que le Sultan établisse au milieu duXIXe siècle le « statu quo » toujours en vigueur. Il fautdire que la situation était grave : l’afflux de pèlerinsenvenimait les querelles entre Grecs orthodoxes(protégés par la Russie) et Catholiques (protégés par laFrance) et menaçait la paix européenne puisque cetteaffaire est l’une des causes de la guerre de Crimée de1854-55 entre la Russie et une coalition de pays menéspar la France, l’Angleterre et la Turquie…Les Turcs partis, le statu quo est confirmé par lesBritanniques, les Jordaniens puis les Israéliens, maitresde la vieille ville de Jérusalem depuis 1967. Mais ce sontles malheurs du bâtiment lui-même (après l’incendiede 1808, le séisme de 1927 et un nouvel incendie en1934) qui vont forcer les trois principales communautés

responsables de la basilique à s’entendre. Plutôt quereconstruire totalement les bâtiments (solution déses-pérée proposée un temps par le patriarche latin), oncommence de véritables travaux de restauration dansles années 1960 permettant à la fois de sauvegarder lebâti ancien et d’entamer des fouilles archéologiquesqui font désormais mieux comprendre la complexehistoire d’un sanctuaire où se mêlent à la fois tant deconstructions différentes et de versions du christia-nisme. Comme l’écrit Chateaubriand arrivé au bout deson « Itinéraire de Paris à Jérusalem » : « L’orgue dureligieux latin, les cymbales du prêtre abyssin, la voix ducaloyer grec, la prière du solitaire arménien, l’espèce deplainte du moine copte, frappent tour à tour ou tout à lafois votre oreille ; vous ne savez d’où partent ces concerts ;vous respirez l’odeur de l’encens sans apercevoir la mainqui le brûle : seulement vous voyez passer, s’enfoncerderrière des colonnes, se perdre dans l’ombre du temple,le pontife qui va célébrer les plus redoutables mystères auxlieux-mêmes où ils se sont accomplis ».

Texte : Jean de Saint BlanquatIllustrations : Jean François BinetJean-François Péneau.Source : Il Santo Sepolcro di Gerusalemme. Aspetti archeologici dalleorigini al periodo crociato [3 Volumes]. Corbo, V. C. / Loffreda, S.[Tr.] 1982 / 1981, Franciscan Printing Press

2012APRÈS J.-C.

La basilique actuelle est celle laissée par lesCroisés en dépit de nombreuses réparations depuisle XIXe siècle.

La basilique n’a pas connu demodificationradicale depuisl’époque desCroisés à part lemorcellement de labasilique etsuivant la volontéde Saladin, lafermeture de toutesles ouvertures,portes et fenêtres,à l’exception del’actuelle ported’entrée pourassurer lepaiement par lespèlerins d’une taxed’entrée. Réduitd’un étage, leclocher bordetoujours les dômes.Totalement détruitspar l’incendie

de 1808, ils furentreconstruits par la Russie. Un grand soleil aux douze rayons(représentant lesdouze apôtres) estvenu récemmentdécorer l’intérieurde celui de la rotonde.Les colonnes demarbre à la base, trèsabimées, ont étéremplacées par descopies en 1980. Le Catholicon, lanef croisée qui aété attribuée auxGrecs orthodoxes,est la partie qui a leplus souffert : poursoutenir le poidsdes nouveauxdômes, des mursde renforcement

l’ont isolé du restede la basilique.L’édicule dutombeau déjàrestauré en 1555 a aussi souffert del’incendie et estreconstruit en 1810.Comme lui, le rocherdu calvaire (qu’onvoit maintenant àtravers une vitre)est une des «partiescommunes » de la basilique. L’unitédu déambulatoirede la rotonde a été rompue au XIXe siècle par la constructiond’entrepôtsnécessaires à la survie desdifférentescommunautés

cloitrées à l’intérieurde la basilique(l’entrée et la sortiedu bâtiment étantlourdement taxéepar les autoritéslocales). Domainedes Arméniens, la chapelle Sainte-Hélène et la chapelleSaint-Vartan.

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Le deuxième portailest muré depuis laprise de Jérusalempar Saladin. Le premier estfermé chaque soir(et ouvert chaquematin) par l’unedes deux famillesmusulmanes à qui a été accordéce privilège au XIIe siècle. Sur les toits de lanef et du transept, le monastère Deir es-Sultan de l’église

éthiopienne avec les restes de l’ancien cloître

Aujourd’hui à Jérusalem la basilique est,avec l’Esplanade des Mosquées (pourles Musulmans) et celui du Mur des Lamentations(pour les Juifs), l’un des trois grandssites religieux de la vieille ville de Jérusalem.

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