XASSAID D'OR 2014

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Xassaid d’Or 2014 AU SERVICE DE L’ISLAM PARRAINS LES XASSAID Serigne Massamba Mbacké Serigne Mouhamadou Lamine DIOP Dagana Serigne Ndame Abdourahmane Lo

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[Déc 2014] Xassaid d’Or - 1

Xassaid d’Or2014

 

AU SERVICEDE L’ISLAM

PARRAINS

LES XASSAID

Serigne MassambaMbacké

Serigne MouhamadouLamine DIOP Dagana

Serigne NdameAbdourahmane Lo

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EDITORIAL

XASSAID D’OR

La communauté mouride est appe-lée, aujourd’hui, à s’ancrer dans sa démarche, son mode de pensée et

ses actes de tous les jours, non pas dans la vitesse de la modernité du monde mais toujours dans le sillage de l’orthodoxie en-seignée par Cheikh Ahmadou Bamba.

En parcourant la trajectoire du Mouridisme à travers ses différentes composantes, la vie et l’œuvre de son fondateur, ses kha-lifes et Cheikhs, sa culture, sa civilisation et ses réalisations, se dévoile une véritable philosophie de base pour une existence saine, pleine de moralité et de vertus dans une société harmonieuse soutenue par un développement socioéconomique équili-bré et durable.

En célébrant le Coran et les Xassaid, le moment ne devrait pas, seulement, être voué à l’aspect ésotérique mais aussi aux différents acteurs qui s’investissent pour la magnification et la perpétuation de ces deux vecteurs islamiques.

La khidma menée par les daaras à travers la maîtrise du Coran chez les enfants, les chanteurs de Xassaid et les conférenciers requiert certaines modali-tés d’exécution qui varient selon le statut de ces acteurs et le contexte particulier dans lequel ils se trouvent. L’âge, le statut social et le contexte mettent en évidence différents types de rapports entretenus par les acteurs et les supports de la Khidma.

C’est pourquoi les initiateurs de Xassaid d’Or, à tra-vers cet évènement, s’inscrivent dans une logique du devoir de compassion (Rahma) et de responsabilité ou les limites du devoir d’amour. Un sentiment naturel se dégage de cette action, sentiment de tendresse et d’amour envers son prochain et surtout envers ceux dont Allah nous a confié la garde, car souvent affec-tés par des moyens insuffisants que tout un chacun

se doit de combler dans la mesure de ses possibili-tés en parfaite adéquation avec l’évocation de Cheikh Ahmadou Bamba : « Ô notre Seigneur ! Incite-nous à toujours nous consacrer à la khidma des musulmans et à nourrir de la compassion (Rahma) pour eux » (Matlabul Chi’Fahi).

Par ailleurs, ils s’inscrivent profondément dans le principe de la bonne conduite qui consiste à traiter son semblable comme soi-même.

Analysés sous le prisme de la responsabilité et de la bonne conduite, Xassaid d’or apparait sous nos yeux comme un acte de haute portée sociale, car constituant l’une des dimensions les plus évidentes de la khidma pour la société.

Chers invités, chers partenaires, chers participants, nous voilà à l’entame de la première brochure éditée dans le cadre de l’évène-ment Xassaid d’Or.

akaza!Diwane, Kheweul gû Sakh

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En termes plus clairs la Khidma appliquée dans ce cadre par Touba TV et ses dirigeants doit amener chaque sé-négalais, à s’intéresser et à œuvrer dans la pleine me-sure de ses moyens et compétences, selon sa profession et son domaine d’évolution, à ces différents acteurs du champ culturel pour le progrès de la nation et du peuple sénégalais, sans exclusive.

En marquant cette première édition des Xassaid d’Or, Touba TV exprime son rôle dans ce qu’il est convenu d’appeler la civilisation mouride, en ce sens que la pen-sée politique et sociale de Cheikh Ahmadou Bamba exalte un remarquable potentiel d’innovation et d’adap-tation sociale, en accord avec les principes fondamentaux de l’Islam. Adaptation au fil du temps et des contextes et aptitudes de réinventions constantes sont à la portée et permettent aux musulmans d’organiser notre envi-ronnement selon les réalités et les possibilités de notre époque, à travers des types de khidma adéquats.

Ces deux potentiels seront à la loupe des parrains des différentes catégories primées durant l’évènement dans Tranches de vie. Ainsi, les mourides revisiteront la vie et l’œuvre des pionniers comme Serigne Ndame Abdourahmane Lo, Serigne Mouhamadou Lamine Diop Dagana et Serigne Massamba Mbacké.

Entre interviews et présentation des lauréats de la précé-dente édition et des participants de cette année, Xassaid d’Or nous replonge dans la ferveur et le degré élevé des mots tirés du second colloque international sur le Soufisme.

Le sens de l’organisation, le volontarisme, l’abnégation, la droiture, le patriotisme et l’intelligence dont ont fait montre les khalifes de Cheikhoul Khadim, si proches de nous en la personne de Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, constituent le terreau de tout acte des disciples de Touba.

Chers lecteurs, la substance grise mouride, éparpillée a le devoir de se regrouper et de jeter les bases d’un cadre de pensée et d’une mise en place d’un tableau de bord de fonctionnement et de rayonnement de la Mouridiyya, ne serait- ce que pour rendre hommages et gratitudes à Serigne Touba.

Xassaid d’Or rentre dans ce cadre et sera sans doute l’un des évènements phares de l’agenda culturel et religieux de notre pays.

Hamadoul Mbackiou FayeReprésentant du Khalif Général des Mourides à Dakar

EDITORIAL

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POINT DE MIRE

L’expression d’une représentation cultuelle et culturelleSerigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, Khalife Général des Mourides se réfèrent à Dieu, comme tout vrai musulman, en toute chose pour donner un sens à son existence. Son vécu et ses actes, se résument au renforcement des espaces d’expression de la civili-sation mouride.

Depuis son accession au califat, le premier juillet 2010, le peuple sénégalais a découvert en lui un pacificateur dont le premier discours por-

tait sur l’unification des musulmans dans notre pays.

Son appel est empreint d’espoir. C’est par l’espoir que l’être humain goute la saveur du bonheur, sent la joie de vivre et crée les causes de lutte pour le devoir, qui

répand l’énergie dans le corps et l’esprit tout en pous-sant le paresseux vers l’effort et le sérieux, la gloire et la persistance.

Ces faits sont hautement attestés par l’adhésion mas-sive de la communauté en particulier et des musul-mans en général sur les projets portant sur l’infras-tructure religieuse, notamment la grande Mosquée de

Touba et celle de l’Institut Islamique Cheikh Ahmadou Bamba de Dakar.

Elément sacralisant de la ville sainte, la grande mos-quée, depuis le 6 mars 2013, sous l’égide de Serigne Sidy Mokhtar Mbacké, connaît une mutation architec-turale et physique. Ce dernier est déterminé à renfor-cer la place que celle-ci occupe dans l’espace et dans la société mouride. Témoin de la production de la cita-dinité musulmane de Touba, la grande mosquée de-meure l’espace vers lequel tout conflue et duquel tout reflue, comme si elle était un cœur.

La pose de la pierre consacrant le démarrage des tra-vaux de rénovation, sous l’ère de l’actuel khalife et confiés à l’architecte Meissa Diodio Touré, a montré les différents problèmes qui touchent avec latence l’infrastructure.

Etanchéité défectueuse, déformation permanente de certaines parois, lourdeur du marbre sur les murs et les minarets, climatisation à effet négatif sur l’édifice, déficit d’aération, taux d’albédo élevé des marbres au niveau des portes qui mènent vers l’espace de prière, faible polarisation de la sonorisation par rapport au dé-veloppement de la ville et du recul de son front urbain, système d’éclairage vieillissant, tels sont, entre autres, les éléments saillants du rapport de l’architecte sous l’œil vigilant de Serigne Cheikh Mountakha Mbacké Bassirou et Cheikh Bassirou Abdou Khadr Mbacké. Ce travail qui a nécessité beaucoup de mobilisation et d’abnégation a eu l’onction de Serigne Sidy Mokhtar Mbacké qu’au 7ème rapport soumis à son autorité.

Conscient que l’évolution urbaine et l’organisation de son espace se réfèrent plus à des normes urbaines plus fonctionnalistes où le profane l’emporte assez souvent sur le sacré et où la logique de la moderni-sation renforce l’organisation traditionnelle commu-nautaire, Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké vient de prouver que la hiérarchisation des espaces dans la ville sainte obéit toujours au religieux, au sacré.

Marqué du sceau de l’orthodoxie et en soufi bien au fait de l’évolution du monde, il est en train d’ériger deux autres minarets au niveau de la grande mosquée pour porter leur chiffre à 7, renforçant ainsi les élé-ments distinctifs du panorama de Touba.

Hauts de leur soixantaine de mètres, et revêtus d’un marbre plus léger, pour les derniers, 33 m pour les deux autres vers l’Est, 45 mètres pour ceux situés à l’Ouest et Lamp Fall qui trône à 87 mètres, la compé-titivité territoriale dans l’espace régional voir national ou sous régional, où tradition et contemporanéité se chevauchent et interagissent, est de loin remportée par la grande mosquée de Touba. Elle est unique dans

sa construction, sa quintessence et fait partie des mer-veilles de ce monde.

La décision et la volonté de porter les minarets à sept, de remodeler le revêtement, de renouveler la sonori-sation pour augmenter sa portée auditive constituent des réponses intangibles à cette prédiction de Cheikh Ahmadou Bamba : « absous également tous ceux qui leur sont venus en aide dans cet édifice qui, par Ta gloire s’est érigé- Ô combien majestueux !- de leurs péchés premiers et derniers ».

Le fait de maintenir la grande mosquée de Touba dans son contexte temporel, social et culturel est, au-jourd’hui, plus qu’une nécessité, une urgence, une dé-marche salutaire pour tous les musulmans du monde. En participant à ces travaux à hauteur de 500 francs CFA selon l’appel de Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, chaque disciple mouride, chaque musulman est cer-tain d’être pris en compte dans la prédiction de Cheikh Ahmadou Bamba.

La rénovation et l’orientation apparaissent tout en grandeur dans les deux chantiers collectifs de la Mouridiyya engagés par, l’actuel khalife général des mourides, Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké. L’adhésion massive de la communauté sur les projets portant sur

Chantiers Collectifs Mourides

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Je n’ai point fondé une confrérie (tarîqa), j’ai plu-tôt trouvé la voie qu’avait scrupuleusement suivie le Prophète (PSL) et ses compagnons entièrement

flétrie, je l’ai défrichée le plus proprement, je l’ai égale-ment rénovée dans toute son originalité et lancé l’appel suivant : tout pèlerin qui désire partir peut venir, voici la voie réhabilitée, cette voie est celle du pacte d’allégeance », nous dit Cheikhoul Khadim. Il s’agit donc d’un cadre d’élévation spirituelle et sociale du musulman et le Mouride s’appuie à tout moment sur la profession de foi, les pratiques cultuelles de soumission à Allah et la perfection spirituelle.

L’essence de sa formation se situe en 1883, après la dis-parition de son père, tant aimé et tant respecté, Serigne Mame Mor Anta Saly MBACKE. C’est à Mbacké Kajor que Cheikh Ahmadou Bamba afficha clairement ses objectifs sur l’orientation qu’il allait donner à sa vie et à sa mission : « il m’est venu l’idée d’abandonner cette forme d’enseignement que j’ai hérité de mon ascen-dance à d’autres et de m’atteler à parfaire des disciples afin qu’ils parviennent à mieux appréhender leurs de-voirs sociaux et religieux. Maintenant, nous avons pour mission de former les caractères et les esprits […]. « Que ceux qui veulent bien me suivre dans cette nou-velle voie restent à mes côtés ». Le Tarbiya ou la forme de l’éducation du Prophète (PSL) sur les Sahaba venait de faire droit de cité dans cette contrée de l’Afrique subsaharienne.

La décision de Serigne Adama GUEYE fut sans équi-voque et s’engagea sur le champ à l’instar de Mame Thierno Birahim MBACKE, de Mame Cheikh Anta MBACKE, de Cheikh Modou LO Dagana, de Cheikh Ibra SARR Ndiagne, de Cheikh Balla Faly DIENG, de Cheikh Ahmadou Ndoumbé MBACKE, Cheikh Mbacké BOUSSO, Cheikh Abdourahmane LO, Cheikh Amadou DIAW Pakha, Cheikh Maniaw SYLLA, Cheikh Darou Assane NDIAYE, Cheikh Moussa KA, Cheikh Amsatou DIAKHATE, Cheikh Massamba DIOP Sam.

L’ère des premiers pionniers venait de s’ouvrir pour baliser la voie à l’enseignement de Cheikhoul Khadim. Ils avaient compris et découvert la valeur mystique du Cheikh, en le suivant dans sa nouvelle forme d’éduca-tion et de vie.

l’infrastructure religieuse est édifiante sur l’impact de la décision de l’autorité institutionnelle de Touba. Cette adhésion reflète le pouvoir de compréhension qu’à la société sénégalaise de la mission du saint homme, de l’efficacité de ses constructions mentales et de ses ac-tions. Ces dernières s’axent autour du fait religieux et de la compréhension de la société musulmane confré-rique, corroborées par la pensée de Mohamed Arkoun quand il soutient de la prédominance dans nos socié-tés « d’une pensée que l’on peut qualifier de religieuse dans la mesure où la pensée théologique, en parti-culier, a été, constamment, très forte et très présente dans la société au point d’assurer une sorte de contrôle de toutes les activités de l’existence socio-historique ».

L’érection de la mosquée de l’institut islamique Cheikh Ahmadou Bamba de Dakar obéit à cette même veine et va couter plus de 7,28 milliards de FCFA à la commu-nauté mouride. Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké est le premier contributeur pour la réalisation de ce projet composé en plus d’un institut de recherche, d’une bibliothèque, d’une résidence Cheikh Ahmadou Bamba, d’une salle de conférence moderne, etc.

Son acte, évalué à plusieurs milliards, montre « les as-pects qui alimentent une bonne politique économique à travers le modèle de la communauté mouride, par la faveur d’un leadership favorable au développement et l’assujettissement de l’économie au service du bien être de la communauté » selon les termes d’Alioune Dione, spécialiste du développement,.

Le leadership de Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké consigné à travers « l’amour ou le mahabatu », « le don de soi pour la face de Dieu » ou si vous voulez

« le dépassement de ses propres tentations égoïstes » démontre le sens du bien public et de l’intérêt géné-ral, exalté par une capacité de mobilisation financière désintéressée et dévouée qu’on ne rencontre nulle part dans le monde.

La classe politique et nos gouvernants sont appelés à s’approprier cette démarche sans subjectivité aucune pour le bien de notre pays.

Les travaux de la grande mosquée de Touba et le pro-jet de l’institut islamique Cheikh Ahmadou Bamba de Dakar, dans un contexte économique et politique mondial difficile, sont encore un signe du dynamisme d’une communauté et de son khalife.

Serigne Cheikh Sidy Mokhtar MBACKE est une source d’espoir, de sécurité et de sérénité. Il est de-venu le secret de la vie des disciples mourides et le moteur de leur mouvement. Effacé et perspicace, il est apparu au monde comme un guide dont la sacralité de Touba, la diversification des représentations cultuelles et culturelles de la Mouridiyya et le comportement des disciples sont un enjeu de taille de son magistère, sous les auspices d’une rectitude déjà dévoilée.

Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, maître d’ou-vrage de ces deux chantiers, nous conforte dans notre perception de l’histoire de la communauté mouride et nous renforce dans le destin de communauté que nous partageons.

Partant de ces constats parmi tant d’autres, nous nous devons de méditer et de réfléchir sur le miracle Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké.

La mouridiyya« Les marabouts furent les figures de proue de véritables mouvements sociaux qui virent le jour dans des situations de domination et de changements intenses » rappor-tait Christian COULON. A y voir de plus près, le Mouridisme promu par Cheikh Ahma-dou Bamba n’est rien d’autre qu’un « messianisme africain à caractère sociologique » doublé d’une vocation rénovatrice de l’Islam.

POINT DE MIRE

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d’inculquer à ses administrés le sentiment de la légi-timité du régime, confortée par une supériorité ma-térielle de l’envahisseur et par les transformations sociales qu’avaient entraînées la colonisation qui avait fini de modifier le comportement des colonisés à son égard, en particulier dans les nouvelles élites.

Cette mutation sociale était l’œuvre d’une organisation éducative moderne qui servait strictement les intérêts de la puissance coloniale, et ce n’était aucunement un cadeau des européens à titre bénévole. Une économie moderne d’extension si limitée soit-elle, requiert des hommes pour faire tourner les manufactures, travail-ler dans les bureaux, conduire les véhicules, et non seulement des hommes et femmes, mais des hommes et femmes spécialisées.

La politique coloniale avait besoin de tels hommes et femmes, comme les sociétés privées en avaient besoin, comme les missions, les hôpitaux, les écoles. Fonder des écoles était la solution la plus économique et la plus efficace pour assurer ce nouveau devenir intellec-tuel, social et culturel.

Tout un savoir et savoir faire encyclopédique se déver-sèrent sur nos pays, afin de tuer en nous nos valeurs et notre religion, l’Islam, dans sa pratique et sa culture. Dans ses fondements, l’encyclopédie est un « ouvrage ou un ensemble d’ouvrages de référence basé sur des sources vérifiables et visant à synthétiser toutes les connaissances de façon à montrer l’organisation et à les rendre accessibles au public, dans un but d’édu-cation et d’information ou de soutien à la mémoire culturelle ». Au cours de l’histoire des hommes et des peuples du monde, ses finalités ont varié : « au Moyen Age comme dans l’Antiquité, l’encyclopédie moralise, instruit, éduque, intègre socialement » avec particuliè-rement des biais idéologiques et/ou culturels. Selon Quintilien, une enkylios paideia signifiait « l’ensemble des savoirs qui constitue une éducation complète ».

Face à cette machine d’acculturation culturelle se dressa comme un seul homme Cheikhoul Khadim. Sa réputation de fuir toute ambition temporelle est corro-borée par cette assertion écrite noir sur blanc dans son ode « Les avantages et les inconvénients » : « Ils m’ont dit : « appuie-toi sur les détenteurs du pouvoir et tu possèderas chaque fois de quoi être riche ». Mais j’ai répondu : « Dieu me suffit, je ne veux que Lui et rien ne me satisfait, hormis la Science et la Religion. Je ne souhaite ni ne veux rien d’autre Dieu, car sa puissance me comble et me protège ».

Sa position était sans équivoque face à la colonisa-tion et sa mission dépassait les contrées du Sénégal dans sa quête du Seigneur et son service rendu à l’Elu des Prophètes (Psl). Il montra à son peuple toute la plénitude de sa démarche qui, de 1885 à 1927, devint le socle et l’aspiration de toute une communauté au détriment de la poussée culturelle occidentale : « j’ai ordonné, à tous ceux qui m’ont donné leurs adhésion pour l’Amour de Dieu, d’apprendre les articles de la foi, le dogme de l’Unicité de Dieu, les règles de la Pureté, la prière cultuelle, le jeûne, ainsi que tout ce qui est obligatoire, pour quiconque en a pris l’engagement » et puis « en ce qui me concerne, je me suis imposé d’écrire, pour vous tous et vous toutes, les livres où se trouvent toutes ces choses pour l’amour de Dieu ».

A partir de ce moment, il convient de noter que Cheikh Ahmadou Bamba venait d’offrir un facteur de résistance et de cohésion sociale à des négro-africains ébranlés par le choc de la pénétration européenne, comme le dit si bien l’ancien président du Conseil Mamadou Dia : « le Mouridisme est un messianisme africain à caractère sociologique, et non politique ».

En fait sa vie, son œuvre et ses enseignements, se sont érigés en bouclier contre la « broyeuse » occidentale.

Ses retours d’exil, en novembre 1902 du Gabon et 1907 de la Mauritanie, sa mise à résidence surveillée à Thiéyène et à Diourbel ont permis au Cheikh de finali-ser la formation des âmes de ses disciples.

Il jeta les bases géographiques de cette voie qui, au-jourd’hui, parcourt le monde magnifiant l’envol de son fondateur vers l’Universel sans esprit de fermeture.

Abdoulaye DIOP

Cheikh Ahmadou Bamba et la broyeuse coloniale

Le vrai musulman est une propriété de l’Islam. A chaque fois qu’elle a besoin de lui, il doit se présenter. Cheikhoul Khadim ne se déroba point face à l’encyclopédie coloniale.

Le parcours de Cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassoul est « inédit » comme disait l’autre. Sa confrontation avec le colonialiste,

dans sa dimension exotérique, est connue de tous. Elle participait d’une démarche et d’une mission qui n’entraient pas dans les considérations impérialistes de l’Occident. En effet, il nous semble clair, à travers les différentes péripéties de sa vie, les exactions qui ont été commises sur sa personne, les multiples tenta-tives d’annihilation de son souffle de lumière, que les colons étaient, au regard de leur politique envers les guides religieux, dans une logique pure et simple de contrôler les âmes des peuples colonisés.

L’influence sociale des guides religieux, à partir du quinzième siècle, devint parfois politique, et fut suffi-samment forte pour leur permettre de prendre part à certains changements historiques, voire même de les susciter. Fernand Quesnot, dans son ouvrage intitulé « Les cadres maraboutiques de l’Islam sénégalais » fait le constat suivant : « … au lendemain des conquêtes co-loniales de Faidherbe et de ses successeurs, qui entraî-nèrent la disparition de la Chefferie et de l’armature politique traditionnelle de la société sénégalaise, la masse ébranlée et désorientée, s’est regroupée autour des marabouts dont le prestige religieux allait se subs-tituer opportunément à l’influence des chefs coutu-miers défaillants. On verra, peu à peu, toutes les forces morales, sociales et économiques des peuples, se concentrer autour de ces nouveaux chefs, qui au nom de l’islam, sauront incarner les aspirations confuses de ces peuples hétérogènes. Le marabout tiendra une place chaque jour plus considérable dans la vie reli-gieuse et sociale de la masse, pour devenir ce person-nage omnipotent que nous connaissons aujourd’hui

». Cette assertion de Fernand Quesnot résume à plus d’un titre les inquiétudes du pouvoir colonial à l’égard de ce nouveau fait social qui contrariait, à l’époque les visées de l’impérialisme, mais également la prégnance du fait religieux dans notre société dès l’apparition de Cheikhoul Khadim, vers la fin du dix huitième siècle. Son avènement et son affirmation, au sein de notre société coïncidèrent avec la promulgation en 1895 du statut du Sénégal, officiellement, comme une colonie française.

Le nouveau contexte de la situation coloniale signifiait simplement que « dans un pays donné, un régime nouveau, l’administration coloniale, soit imposé par quelqu’un et appliqué par des étrangers à ce pays, avec plus ou moins de succès ; que nul désormais ne puisse exercer une quelconque activité dans la colonie sans tenir compte de la nouvelle législation en vigueur et que même une part de plus en plus importante des activités individuelles doit être orientée dans le sens du nouveau système, de préférence à n’importe quel autre ».

Ceci reviendrait à dire, avec force conviction, que toute science à une politique, la raison a une histoire et qu’aucune science n’est neutre. La science qui est née de la conférence de Berlin et peut être bien avant même a mené vers une politique qui implique que l’administration suprême essaie systématiquement

SeS RetOURS D’eXIL, eN NOveMBRe 1902 DU GABON et 1907 De LA MAURItANIe, SA MISe à RéSIDeNCe

SURveILLée à thIéyèNe et à DIOURBeL ONt peRMIS AU CheIKh De fINALISeR LA fORMAtION DeS âMeS

De SeS DISCIpLeS.

POINT DE MIRE

12 - Xassaid d’Or [Déc 2014] [Déc 2014] Xassaid d’Or - 13

communauté mouride par la faveur d’un leadership favorable au développement et l’assujettissement de l’économie au service du bien être de la communauté.

Mais avant de développer ces deux points cadrons la problématique du dévelop-pement. Les incidences sur ce concept, voire ce paradigme, sont nombreuses mais nous retenons l’approche du Professeur André JOYAL qui détermine de manière inclusive un déploiement.

Le Mouridisme, un modèle de leadership favorable au développementLe modèle de leadership qui émane de l’action de Cheikh Ahmadou Bamba est volontariste et méri-toire par l’humanisme et la générosité qui entre dans le cadre de la philosophie profonde de l’Islam en confirmant la perpétuation de l’impérative dimension communautaire de cette religion par les Khalifes et l’obligation du pacte d’allégeance qui ne saurait se cir-conscrire à un horizon temporel et géographique.

Le leadership qu’il institua à travers « l’amour ou le mahabatu», « le don de soi pour la face de Dieu» autre-ment dit « le dépassement de ses propres tentations égoïstes» enseigne le sens du bien public et de l’inté-rêt général, motivant la capacité de mobilisation finan-cière désintéressée et dévouée qu’on ne trouve nulle part.

C’est parce qu’on a confiance qu’on se donne et la né-cessité de restaurer la confiance est une exigence de gouvernance car elle permet une discipline par l’obser-vance des règles établies. C’est pourquoi, la classe poli-tique doit faire son auto critique à ce niveau.

Naguère dénigrée par des intellectuels assimilés à des visions individualistes et matérialistes occidentalisées, prétendant en l’espèce une forme d’exploitation de l’homme, ces mobilisations ont fini de convaincre au-jourd’hui ces derniers de la pertinence de ce système comme on le voit aujourd’hui au plan géostratégique avec des mobiles de financements de certains pays islamiques qui entreprennent une déstructuration des modèles islamiques inspirés par le soufisme.

Si cette approche n’a pas connu de succès en milieu,

c’est sans doute l’autosuffisance financière qui est in-trinsèquement liée au modèle culturel mouride et qui consolide le leadership communautaire.

Ce leadership était déjà identifié par les colonisateurs dans la personnalité du Cheikh quand Monsieur Antoine Jean Martin Arthur Lasselves affirmait que « Ce cheikh (Bamba) détient certes une puissance innée, dont la raison ne parvient pas à saisir la source et ex-pliquer la capacité de forcer la sympathie. La soumis-sion des hommes envers lui est extraordinaire, et leur amour pour lui les rend inconditionnels. Il semble qu’il détient une lumière prophétique et un secret di-vin semblable à ce que nous lisions dans l’histoire des prophètes et des peuples (…) Je sais que les prophètes et les saints qui ont mené une guerre sainte, l’ont faite sans disposer de la moitié de la force dont dispose ce Cheikh.»

En tout état de cause, il faut décrypter le dynamisme d’une communauté qui fut la plus petite du Sénégal, car elle venait de naître. Lorsque des mesures draco-niennes sont prises à son endroit alors qu’elle voulait construire la Grande Mosquée, seule une détermina-tion pouvait venir à bout de ce projet incommensu-rable auquel l’administration coloniale ne croyait pas à ses débuts et y voyait un simple acte de fanatisme.

Ainsi ces constats indéniables qui ne peuvent relever d’un hasard ou d’un simple heurt de l’histoire, mé-ritent d’être étudiés.

A ce niveau, il faut voir que l’action pour ne pas dire la pensée du Cheikh intègre la pluralité et l’humanisme qui sont germes de tolérance éclairée et non absolue. A travers son action comme dans ses ouvrages théolo-giques et liturgiques, il a considéré tous les points de vue des différents théologiens, malgré leur divergence d’opinion, pour retenir le fondement immuable qui seul ne peut justifier la haine entre chiites et sunnites,

La nécessité du recours au modèle mouride ou l’anéantissement des dérives de l’économie

Le constat unanimement partagée demeure l’immen-sité des créations de richesses qui cadre plus ou moins à des croissances économiques, même si cette variable est très dérisoire dans le bien être général des popula-tions du fait de plusieurs facteurs.

La place des modèles de gouvernance, la conscience collective et le système international constituent les principaux aspects qui encouragent des dérives à la véri-table promotion du développement socioéconomique.

Ainsi face à cette situation des modèles alternatifs s’imposent pour ne pas adopter une attitude fataliste et atone. Le modèle socioculturel d’une communauté qui a la latitude de constituer un laboratoire par son histoire, par ses valeurs et idéaux et par son organisa-tion sociale et culturelle demeure très illustratif pour monter comment il constitue un exemple d’approche de développement.

Cet article s’évertue alors d’analyser dans une dé-marche favorable à l’économie institutionnelle l’apport de l’action de Cheikh Ahmadou Bamba face au « tout économique » qui engendre les maux dont nous vi-vons actuellement à l’échelle planétaire.

Le Mouridisme inspiration alternative de la gouvernance économiqueCompte tenue de la démarche systémique avec une ap-proche actancielle dans l’analyse des facteurs que nous évoquions dans l’introduction, nous devons réfléchir d’abord sur les concepts de politique économique et de développement d’autant que le premier peut favoriser ou entraver le dernier.

Certes l’économie est une donne réelle, mais son exis-tence est due à la politique économique, autrement dit à la gouvernance ou l’action des pouvoirs publics et décideurs politiques.

Si l’objectif de la politique économique consiste à faire face aux contradictions issues de la raréfaction des res-sources par une modification du comportement des consommateurs pris individuellement, des ménages, des communautés et des entreprises. Cet objectif ne saurait être atteint sans la manière particulière dont leur comportement est coordonné dans l’activité éco-nomique. Il est évident alors que cela peut impliquer un changement des conditions générales de fonction-nement des marchés et des institutions sociales hors marché, ce qui entraine des conséquences liées au bien être des particuliers, des ménages et de la com-munauté, et influe sur la sécurité humaine.

A travers cette réflexion on remarque combien il est important d’observer des aspects qui alimente une bonne politique économique à travers le modèle de la

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manifeste leur ce qui est susceptible de leur procurer du plaisir ».

C’est ainsi qu’il faut comprendre le symbolique du champ toujours à coté du foyer coranique, c’est moins le culte de l’opulence économique que la nécessité de mener une vie musulmane digne et intègre. L’attitude de Serigne Saliou Mbacké dont le quotidien le Soleil a présenté, aussitôt après la disparition de son prédéces-seur Serigne Abdou Khadr, comme étant le plus grand exploitant agricole du Sénégal et le plus grand maitre coranique par le nombre de ses pensionnaires s’inscrit parfaitement dans ce cadre.

C’est une attitude observable chez tous les dignitaires mourides comme le Cheikh Ibrahima FALL, Mame Cheikh Anta à qui on attribuait le surnom de « Borom Deurheum ak ngueureum » par allusion à ses capa-cités financières issues de son sens du travail tel que le Cheikh le lui a enseigné. Ainsi pour comprendre l’impact réel de cet enseignement, il faut observer les réalisations de l’ensemble de ses fils et petits comme Serigne Cheikh Gaïndé Fatma entre autres, ses khalifes avec l’attitude courageuse montrée par Serigne Modou Moustapha en balisant le premier grand chantier.

C’est ainsi que le secret du génie mouride est percep-tible par Serigne Fallou le second Khalife qui devait continuer ce chantier. Par son acte on perçoit tout le secret du triptyque de l’action du fervent mouride qui consiste à l’observance de l’intention sincère, qui doit toujours aboutir à une action et laquelle doit être gui-dée par la finalité. La finalité étant la poursuite des tra-vaux de la Grande Mosquée, ce que Senghor a tenu comme promesse électorale lui valu son appui au moment où son adversaire n’avait pas la chance de lire correctement les réalités.

Le Mouridisme, une inspiration de la conscience col-lective et de l’universalisme

A travers le leadership et l’assujettissement de l’éco-nomie on perçoit comment ce modèle de société per-met d’apporter une réponse adéquate à des problèmes culturels et d’ouverture dans une exigence de mondia-lisation et de globalisation.

En effet, la gouvernance ne demeure pas la seule entrave au développement socio économique de nos sociétés, il faut aussi compter avec les problèmes d’éducation et de cultures et un système international inique qui anéantit à l’échelle macro toutes les initia-tives entreprises au niveau micro et méso des Etats et des Nations.

Ainsi par la convergence à un idéal accepté par toute une communauté à travers les réalités de la ville de Touba et de la Mosquée et de l’importance du Magal

entre autres, nous permet de comprendre comment la cohésion sociale pour un développement devait s’en inspirer et l’action de contribuer à une exportation de modèle à l’international plutôt que de le subir par des complexes inopportunes.

La cohésion communautaire pour l’actionLa discipline a toujours démontré qu’elle est le sou-bassement du développement, comme on l’a constaté avec certains pays asiatiques émergents. Pourtant elle ne saurait se réaliser sans une mentalité et une psy-chomotricité favorable. En cela, la conviction que le mérite pour soi et pour les autres consiste à se donner pour la cause commune.

Sans la conviction qui obéit à une affectivité mais aussi une certaine conscience d’un intérêt, la communauté mouride ne saurait être aussi forte jusqu’à vouloir se conformer à toute volonté de l’autorité supérieure.

Cette attitude de communion que tout décideur poli-tique aimerait obtenir, quitte à faire recours à des dispositifs de communication énorme ne saurait être obtenue sans une réelle et sincère motivation dictée par la bonne foi à la cause.

Au demeurant, les symboliques ou les modèles vivants et la stratégie de la discipline et le consensus sur l’ordre ont constitué les atouts.

Le sens du partage voire l’obligation de « berndé » (plats et mets copieux) et qui gagne une dimension cultuelle avec la recommandation Prophétique (Psl) montre combien le Mouridisme demeure complexe à appréhender.

Ainsi on y verra que le rôle du « Hadiya », « le sym-bolisme du Magal », qui interagit avec une autre struc-turation, « la création de la ville de Touba », obéit à un système global théoriquement articulé à travers « les recommandations divines » ou « ndigël » qui émane de « l’acte d’allégeance » qui donne force et vitalité à un groupe cohérent et discipliné.

Toute la fierté du mouride réside dans le commun et dans l’altérité, c’est ce qui explique cette sorte de contraste entre l’amour et l’obligation de travailler et la capacité de don par amour et conviction, d’une part et la richesse, l’opulence par la force des actions entre-prises et l’ascétisme et l’austérité de vie menée par les dépositaires de la tradition mouride d’autre part.

musulmans et autres croyances et la semblable contra-diction entre dogmatisme et soufisme.

Là encore Monsieur Lasselves met en contraste la puissance du Cheikh d’avec son humanisme poursui-vant par ces termes : « Celui-ci se distingue toutefois par une pureté de cœur, par une bonté, une grandeur d’âme et un amour du bien aussi bien pour l’ami que pour l’ennemi… »

Le Mouridisme, ou l’assujettissement de l’économie au service du bien être de la communautéC’est ainsi que l’amour seul ciment d’une cohésion sociale et qui émane de la droiture que génèrent les règles et principes de l’Islam a permis aux leaders mourides, les différents Cheikhs d’acquérir la légiti-mité d’administrer et de faire des réalisations chacun dans son fief, comme l’a enseigné Cheikh Ahmadou Bamba avec les premiers disciples et Cheikhs en les indiquant chacun une contrée avec une véritable « lettre de mission », ce qui contribua à l’expansion de son enseignement et de sa communauté.

C’est pourquoi, le défi de l’édifice de la Grande

Mosquée de Touba en dépit des obstacles de tout ordre et de l’absence de coopération sincère des auto-rités coloniales est très illustratif si l’on sait qu’il fal-lait prendre en charge entièrement la construction du chemin de fer de Diourbel à Touba, un véritable enjeu financier et économique.

Et là le cheikh s’était déjà préparé et avait adressé à ses dignitaires, l’impératif nécessité d’indépendance financière dans la construction de la Mosquée et ce, au-delà de tous les actes qu’ils auront à poser dans leur vie durant et dans tous les secteurs.

Voilà évoqué l’indépendance financière et écono-mique qui doit inspirer à des politiques économiques endogènes en optimisant les atouts locaux d’abord et en visant une exigence de sécurité si l’on constate aujourd’hui que le Sénégal consomme ce qu’il ne pro-duit pas et ne consomme pas ce qu’il produit alors que son exportation fait aussi défaut.

Si le Mouridisme a pu poser des réalisations avec la plus petite communauté, c’est surtout grâce au rôle de l’économique dans ce modèle de société. Alors qu’ail-leurs c’est une fin, ici il s’agit plutôt d’une institution au service de la foi et de l’humain comme l’enseigne le Cheikh quand il dit :

« Fa kun li kulli maa yassouhou muxfiyal

Wa kulla maa yassurruhum kun mubdiyal »

« Cache aux êtres humains tout ce qui leur déplait et

POINT DE MIRE

16 - Xassaid d’Or [Déc 2014] [Déc 2014] Xassaid d’Or - 17

les « Kër Serigne Touba » implantés un peu partout à travers le monde et les nombreux Dahira, de véritables mécanismes de socialisation et d’universalisation.

Justement, c’est parce que le « Dahira » est l’un des prodiges de l’œuvre de Cheikh Ahmadou Bamba dans le registre de la socialisation de son action, bien que son avène-ment est postérieur à sa disparition avec comme autre élément du sys-tème, la nécessité de contribuer par le travail à la réalisation du « Projet communautaire », le « Hadiya » ou don pieux pour l’agrément de Dieu, qui obéit à l’éternelle et permanente quête d’action de grâce par le don du meilleur en soi et l’amour :

C’est l’illustration que constitue la construction de l’Hôpital Matlaboul Fawzaïni par les émigrés mou-rides de la diaspora et qui entre dans les propos du Cheikh quand il écrits :

« Tuuba li habdin muriidin saadixin lahumuu bi xid-matin aw bi hubbin aw hadiyaati », qu’on peut com-prendre par « Bonheur au fervent Mouride qui persé-vère dans le travail, l’amour pour la face de Dieu et/ou qui effectue des dons pieux »

L’universalité que nous avons évoquée réside dans l’adaptabilité de l’Islam à toutes les cultures, il fallait un exemple qui puisse servir à l’humanité entière, pour montrer la diversité culturelle de cette religion à travers une personnalité d’une contrée différente de la zone d’origine, d’une époque beaucoup plus complexe par de bouleversements et heurts inattendus.

La philosophie du Mouridisme réside dans le modèle soufisme différent et en rupture avec ses pratiques jusque là menées, c’est une vision tout à fait holis-tique du message Mohammadien, conciliant dogme et pensée, pensée et action, cultuel et culturel, social et économique, enseignant ainsi comment traduire la religion islamique en projet de société intelligent, réfléchi et adapté. Il fut le seul des soufis à détenir un projet de société observable dans son ouvrage « Matlaboul Fawzaini » ou la « Quête du Bonheur des deux Mondes ».

La preuve à cet argumentaire est le fait qu’il a érigé sa pensée cultuelle en action de service contrairement aux autres soufis qui prônaient certes la perfection de l’âme par l’isolement qu’il a adopté en stratégie par rapport à son action globale, permettant ainsi de créer de nombreux centres religieux.

Voila évoqué, un aspect important de l’action de Cheikh Ahmadou Bamba et qui explique pourquoi il est, et demeure jusqu’à présent l’homme qui a le plus réalisé au regard de ses actions entièrement circons-crites par une adversité multiforme et perceptible par ses nombreux écrits notamment quand Feu le profes-seur Amar Samb de l’IFAN déclarait qu’il est « le plus grand écrivain du monde d’expression arabe, non seu-lement du Sénégal, mais du monde entier ».

Voilà évoqué la motivation qui a fait de Touba ce qu’elle est aujourd’hui, voilà évoqué la motivation profonde des autorités coloniales à vouloir l’anéantir physique-ment par des tentatives d’assassinat, moralement et intellectuellement, par sa déportation en Mauritanie où il sortit auréolé de gloire, alors qu’ils pensaient nourrir en lui un complexe d’infériorité dans le terrain islamique face aux maures.

Dr Alioune DIONE Spécialiste du développement

et des relations internationales

Les travaux toujours entrepris sur la Grande Mosquée ainsi que les opérations ponctuelles dans les champs en l’occurrence ceux de Khelcom, demeurent des mo-ments forts de revitalisation de cette sève qui ne peut manquer dans la vie du mouride. Ils constituent en outre des dimensions de la vie communautaire et de modèles vivants du symbolique mouride.

L’art d’assujettir l’économie au service de la religion, le culte de la dignité et de l’indépendance, l’érection de l’Islam en projet de société à travers sa doctrine la « Khidma », obéit à une réflexion profonde qui mérite d’être partagée avec l’humanité entière et d’enrichir la pensée féconde au plan académique et scientifique.

Les intellectuels mourides en particulier à défaut de l’intelligentsia en général, ont un travail important à mener en valorisant des modèles locaux qu’ils auraient adaptés s’ils provenaient d’ailleurs.

En définitive le modèle de société, voire de dévelop-pement issu de la pensée de Cheikh Ahmadou aurait été optimisé par les intellectuels et décideurs poli-tiques occidentaux ou ceux asiatiques, s’il était généré par leurs société mais jusque là ce sont les membres de la communauté qui s’en inspirent et s’identifient

à l’échelle internationale en tant que migrants.

L’universalisme du modèle mouride L’universalisme du Mouridisme est ici appréhendé à la réponse donnée par les mourides d’aujourd’hui aux regards des interactions mondiales qui ont asservi l’homme noir par les esclavages arabe et occidentale et qui obéissaient à une forme de mondia-lisation stimulée par des exigences économiques.

Cet asservissement qui voulait asseoir un impact durable au plan psycholo-

gique et économique est méconnu par cette commu-nauté qui ne subit pas la sphère internationale mais propose une alternative.

Le discernement entre arabisme et islam, le refus op-posé à l’occidentalisation imposée et inconsciemment entretenue par une certaine élite témoignent de la croyance en soi et anéantit toute forme d’acceptation d’infériorité.

L’une des plus grandes fiertés de cette communau-té, c’est l’absence de complexe d’infériorité dont la dernière et la plus sublime a été relevée par Cheikh Ahmadou Bamba qui fit face en même temps à deux types d’asservissement de l’homme de manière intelligente.

En affirmant que le mérite est jaugé à l’aune des actes plutôt qu’à l’âge ou la couleur de la peau, il a défié toute l’imaginaire faisant de l’homme noir un inférieur aux autres races et peuples. Le Cheikh ne pouvait prôner un universalisme

La séparation entre la matérialité et la spiritualité est perceptible à travers l’attitude des mourides faces à l’économique. Il suffit de voir l’importance accordée à la réalisation matérielle des projets spirituels et la parfaite capacité de libérer gracieusement les mannes financières et économiques au profit de la cause reli-gieuse et noble. C’est assurément un véritable génie qu’on ne trouve nulle part ailleurs faisant de cette sous-communauté la plus dynamique au Sénégal.

C’est ainsi que l’effet contraire de l’asservissement de l’homme noir est observé par le modèle de Cheikh Ahmadou Bamba qui exporte par l’action de ses dis-ciples, des fonds et qui importe en même temps un modèle de communautarisme et d’humanisme par

POINT DE MIRE

18 - Xassaid d’Or [Déc 2014] [Déc 2014] Xassaid d’Or - 19

El Hadji Mbackiou FAYE

Un Mouride au seuil du ndigël

Consigner ici et à travers quelques lignes, ce qu’est l’activité menée par cet homme au parcours aty-pique, relève d’un exercice ardu, tant elle est

immense et diverse. Sa mission, qui corrobore celle des différents khalifes de Cheikh Ahmadou Bamba par sa fonction de représentation à Dakar, à partir du magistère de Serigne Saliou Mbacké, est d’ancrer la Mouridiyya au cœur du monde et le monde au cœur de la Mouridiyya.

Cette voie est à la fois chez lui une preuve de son existence et un signe de reconnaissance, accomplis-sant ainsi son devoir de fidélité aux idéaux de cette communauté.

Né à Dakar, il y a près de soixante ans, El Hadj Mbackiou Faye s’est abreuvé à la source mouride de par son père, disciple de Mame Cheikh Ibrahima Fall. Son sens de l’organisation, son volontarisme débordant, son abnégation, sa droiture, son patriotisme et son intelligence sont des valeurs qui nous projettent, sans doute, quelques années derrières pour comprendre et saisir les multiples dimensions de l’homme.

Entre activités professionnelles embrassant l’édition, la publicité, le charbonnage, l’immobilier, entre autres ; celles politiques entre chargé de mission, maire, conseiller ; celle religieuse comme représentant du Khalife Général des Mourides à Dakar, l’homme a ren-contré beaucoup de personnalités à travers le monde et vécu plusieurs expériences.

El Hadj Mbackiou Faye fait partie de cette race de mou-rides pur jus que la magie du khalifat a propulsé à un niveau inespéré. Malgré beaucoup de remous dans les chaumières sur son statut de représentant du khalife général des mourides, lors des prises de fonction de Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké et Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, il est resté maitre du jeu à Dakar.

Son parcours, sa foi en Cheikh Ahmadou Bamba, son habilité politique, son poids financier et certaines circonstances favorables continuent de conforter son statut et sa fonction de guide des mourides de la capi-tale. A cause de ces points précis, El Hadj Mbackiou Faye s’est trouvé plusieurs fois face à des challenges dont l’énorme projet de l’institut islamique Cheikh Ahmadou Bamba de Dakar. Dans un rythme ininter-rompu, depuis mai 2012, il s’est attelé à œuvrer pour la réalisation de cette initiative du khalife.

Maître d’ouvrage délégué, il a mis en place, sous l’au-torisation du khalife, une stratégie de collecte de fonds pour permettre à tous les mourides, au-delà les musul-mans, de participer à l’érection de l’édifice religieux.

Son envergure technocratique, acquise sous des habits d’homme d’affaire, de chef d’entreprises et de poli-tique averti ayant géré une collectivité locale, l’amène à cerner les aspects administratifs, financiers, et tech-niques ainsi qu’une parfaite maitrise du management global du projet.

Toujours aux aguets, El Hadj Mbackiou Faye quitte le chantier à des heures tardives de la nuit avec la forte conviction que l’état d’avancement des travaux relève indubitablement de la Grâce de Cheikh Ahmadou Bamba.

Diriger la construction d’une infrastructure religieuse offerte à Serigne Touba, à Dakar, qui est un chef d’œuvre architectural pour magnifier l’unicité et la grandeur de Dieu, est une gageure pour lui et tous ses condisciples d’ici et d’ailleurs.

Cette attitude et sa démarche quotidienne reflètent le sens qu’il accorde au ndigël qu’il scrute dans tous ses détails au service de Cheikh Ahmadou Bamba. Le ndigël est son souffle à tout moment et partout où le devoir l’appelle.

Abdoulaye Diop

POINT DE MIRE

20 - Xassaid d’Or [Déc 2014] [Déc 2014] Xassaid d’Or - 21

Fais de ma demeure, la Cité bénite de Touba, un lieu où on plonge dans la voie de l’obéissance et de la tra-dition de l’Envoyée (PSL) et un lieu qui détourne de la voie des innovations blâmables,

Fais de ma demeure, la Cité bénite de Touba, un lieu de sanctification, un temple de vérité, de respect de l’orthodoxie et une cité du respect des préceptes tradi-tionnels et un lieu contre l’hérésie,

Protège ma demeure, la Cité bénite de Touba, contre la luxure grossière des mécréants, l’inconduite des croyants et exempte la de la vanité en toutes périodes,

Fais affluer tout ce qui est bien être et bienfaits du pa-trimoine des six côtés de la planète vers ma demeure la Cité bénite de Touba ; immunise la réputation de ma demeure de toute impureté dans ce monde et dans l’autre ».

« Ô le Roi Suprême ! Protège-moi du dedans et du dehors, moi et ma demeure, la Cité bénite de Touba, et tout ce qui est sous ma tutelle,

Fais de notre enceinte, la Cité bénite de Touba, une terre de confiance et de franchise dans laquelle tout ce qui y est introduit d’agréable à Allah soit dans la liberté, l’immunité et la sécurité,

Donne-moi l’assurance de ta sauvegarde et de ta ga-rantie à ma demeure, la Cité bénite de Touba,

Répands dans ma demeure, la Cité bénite de Touba, un bain de lumière dont la sur-illumination libère des flux et un déferlement permanent de miséricorde jusqu’à l’infini,

Absous les volontaires qui ont bâti l’édifice si élevé de ma demeure, la Cité bénite de Touba, de leurs péchés du passé et de l’avenir, absous tous ceux qui avaient la charge de l’ordonnance des travaux de l’édifice, de leurs péchés initiaux et finals,

Absous également tous ceux qui leur sont venus en aide dans cet édifice qui, par Ta gloire s’est érigé -Ô combien majestueux ! - de leurs péchés d’avant et d’après,

Absous celui qui élit droit de cité à Touba et quiconque s’y rend en signe de piété, de leurs péchés premiers et derniers ».

Touba est devenu, ainsi, de nos jours, une grande ville, d’abord du fait du puissant symbolisme de la fonction religieuse, ensuite de l’existence de multiples avan-tages économiques, de la politique foncière jusque-là entre les mains du Khalife général. L’extension

territoriale est extraordinaire : la superficie bâtie de Touba, qui est passée de 575 hectares à 3900 hectares entre 1970 et 1990, dépasse depuis 1997-98 plus de 12000 hectares.

L’organisation spatiale épouse un plan radioconcen-trique avec au centre la Mosquée et sa place comme fonction de ville. Cheikhoul Khadim fonda sa concep-tion de l’espace sur l’adoration de Dieu et l’imitation du Prophète Mohamed (PSL), mais aussi sur le prin-cipe qui considère le monde comme un couloir qui mène à l’au-delà.

Cependant, l’espace Touba organisé autour de la Mosquée et par intégration ou polarisation progressive des villas-satellites doit suivre impérativement les en-jeux du développement d’un espace urbain, pour faire d’une ville religieuse une ville idéale.

TOUBA LA SAINTE

L’évocation de la ville sainte de touba, axée sur une dialectique entre le spirituel et le temporel, stigmatisa le développement et l’essor de ce centre urbain musulman. L’histoire retient qu’un jour de 1888, alors qu’il s’éloignait de sa première cité, Darou Salam, Cheikh Ahmadou Bamba se sentit guider vers l’emplacement de ce lieu secret. Le Cheikh, alors dans la forêt de Mbafar, foulait pour la première fois la terre sanctifiée sur laquelle allait pousser la ville de touba.

Dans la « Quête du Bonheur des deux Mondes », composée en 1888, Cheikhoul Khadim nous trace les différentes caractéristiques de la ville

de Touba, déjà accordés par Allah, le Tout Puissant. Il dit :

« Ô Toi mon Seigneur, assimile ma demeure, la Cité bénite de Touba à son nom par la grâce de l’Envoyé (PSL),

Fais de ma demeure, la Cité bénite de Touba, le Paradis du fidèle qui s’est confié pour la simple face d’Allah et est engagé dans la quête de l’Absolu,

Qu’elle soit aussi un rempart qui en-trave et détourne le rebelle qui tente de profaner la décence de l’Islam ou la déférence de cette enceinte,

Fais de ma demeure, la Cité bénite de Touba, la citadelle de prédilection d’Allah et du Prophète (PSL) ici sur notre terre, là où nous vivons,

Fais de ma demeure, la Cité bénite de Touba, un lieu où l’on sort des té-nèbres pour entrer dans la lumière, protège cette cité du disgracié qui a porté préjudice à Allah ou à son prochain,

Préserve ma demeure, la Cité bénite de Touba, des crapuleux et de leurs machinations,

Favorise les habitants de Touba d’un bienfait en eau abondante, ruis-selante et qui court à l’instar d’un ruisseau,

Fais de ma demeure, la Cité bénite de Touba, un sanctuaire de rédemption, une cité de droiture, une source de connaissance et un pôle de l’agrément d’Allah,

Fais de ma demeure, la Cité bénite de Touba, une cité de perfectionnement et de redressement, un centre d’enseignement et d’instruction approfondie,

Fais de ma demeure, la Cité bénite de Touba, un lieu plein de grâce, fais de moi-même un engagé et un me-neur dans le sentier d’Allah et fais de moi à perpétuité un constant dans l’adoration d’Allah, attaché toujours à s’y exhorter,

POINT DE MIRE

22 - Xassaid d’Or [Déc 2014] [Déc 2014] Xassaid d’Or - 23

Entretien avec Cheikh Balla Samb

en tant que coordonnateur des Xassaid d’Or, Cheikh Balla Samb a passé plusieurs années de sa vie aux etats Unis, au service de la commu-nauté mouride et de la vulgarisation de l’œuvre de Cheikh Ahmadou Bamba. Il a eu à présider la confédération des organisations mourides des etats Unis et le dahira touba Chicago. en parfaite connaisseur du fait mouride, il revient avec nous sur cet évènement à multiples di-mensions.

Qu’est-ce que les Xassaid d’Or ?

CHEIKH BALLA SAMB : Les Xassaid d’Or, c’est d’abord un rêve, un vœu devenu réalité. En effet, le concep-teur, en l’occurrence, Hamadoul Mbackiou Faye nourrissait dès sa tendre enfance la volonté de ser-vir l’Islam à travers les enseignements de son guide Cheikh Ahmadou Bamba. Il commença alors, à s’in-téresser aux groupes ou dahiras et assemblées de dignitaires détenteurs de la sagesse mouride dans son cap vert natal. L’idée de leur venir en aide fit son bonhomme de chemin. Ainsi, il créa un dahira chez ses parents à Grand Dakar où il réunit chaque ven-dredi toute la crème des chanteurs et conférenciers.

Un appartement, uniquement dédié pour cette cause, a été érigé dans l’enceinte de la maison. Quelques années plus tard, il s’est engagé à les doter de moyens leur permettant d’exercer en toute aisance cet art sacré qui consiste à immortaliser les écrits de Khadimou Rassoul. En 2013, lors de la pre-mière édition des Xassaid d’or le chanteur Akassa Samb et le conférencier Bouchra Samb ont reçu chacun un 4x4 Ford Ranger. Le succès de cet acte social de haute portée a valu la mise en place d’une entité qui coordonne l’organisation de l’évènement durant la seconde édition que nous allons célébrer le 28 décembre 2014 au grand théâtre national.

Coordonnateur Xassaid d’Or

XASSAID D’OR

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Une inscription a été ouverte à tous les chanteurs, conférenciers et apprenants des daaras. Les nominés ont par la suite participé à une émission dédiée à l’évè-nement sur Touba TV. La boucle se fera sur la scène de ce lieu de culture pour qu’eux aussi, en plus des autres acteurs du paysage culturel, montrent le mérite qu’ils ont d’y exprimer leur art.

Quelles sont, selon vous, les dimensions des écrits de Cheikh Ahmadou Bamba ?

CHEIKH BALLA SAMB : Notre vénéré guide Serigne Touba Khadimou Rassoul a écrit dans l’un de ses poèmes : « Tou Wassilou Ahlami Ilal Lahi Habidane Bilaa Khalmatine Walahou Abkha Kamaa Ahna » (Mes plumes conduisent à la proximité divine tout en étant adorateur sans avoir besoin de retraite mystique). S’il est vrai donc que le désir de chaque être humain est de s’approcher d’Allah, L’Absolu, le meilleur moyen d’y accéder est de se familiariser aux écrits. Les écrits dé-diés à la Gloire d’Allah et de son Prophète Mohamed (Psl) constituent un intercesseur sûr.

Quelles sont les logiques qui expliquent le choix de vos parrains ?

CHEIKH BALLA SAMB : Chacun de nos illustres parrains est un géant de l’histoire de la Mouridiya. Cheikh Massamba Mbacké est le frère cadet du Cheikh. Il a été son secrétaire particulier et scribe. Il a gagné la

confiance du Maître. Quant à Cheikh Modou Lamine Diop Dagana, il était un intellectuel de renommée. Sa proximité avec Khadimou Rassoul lui a valu des confidences et des connaissances qui lui permirent de produire une biographie sur le saint homme qui fait autorité. Enfin, Serigne Ndame Abdourahmane Lo fut un érudit de classe exceptionnelle. La plupart des enfants de Cheikh Ahmadou Bamba ont été sous sa férule pour la maîtrise du Coran. Maître incontesté dans l’exé-gèse du Livre Saint, il s’est acquitté de la trans-mission du savoir divin à bon nombre de grands disciples de la communauté mouride.

Vous êtes le coordonnateur, comment s’est dé-roulé le choix des nominés et des lauréats ?

CHEIKH BALLA SAMB : Durant toute l’année 2013, nous avons fait défiler à travers les écrans de Touba TV les candidats qui ont répondu à notre appel de participation aux Xassaid d’Or. En plus d’un plateau télévisé, des reportages ont été réali-sés sur chaque candidat mettant en contribution des amis, des proches et des parents. Par ailleurs un autre plateau interactif leur a permis de discu-ter avec leurs sympathisants.

Y-aura-t-il un concours pour l’année prochaine et quelques sont les perspectives ?

CHEIKH BALLA SAMB : Le souhait du concepteur des Xassaid d’Or est de l’organiser aussi longtemps que possible. Connaissant son action philanthropique, je puis vous assurer qu’il ne ménagera aucun effort pour que ça se perpétue dans le long terme. Global Média Sa, éditrice de Touba TV, s’attellera à faire vivre l’évè-nement et à le propulser au-devant de la scène cultu-relle et religieuse. Nous nous proposons de répondre à l’invite du Cheikh qui, de son Baol lointain, lança cet appel : « Ya Ahlal Bari, Ya Ahlal Bahri ; Houjoo Libarri, Bahri Sakhahi » (Ô gens des terres, Ô gens des mers, venez vers l’océan de générosité ». Cet appel a retenti du Palais de l’Unesco à l’enceinte du siège des Nations Unies ; du Musée de Chicago à l’Université de Los Angeles ; des artères de Manhattan aux bourgades de Sidney et de Pékin. N’est-ce pas le couronnement d’une vie toute dévouée à l’adoration de Dieu et au Service exclusif de son Elu choisi Mohamed (Psl) ? « Kafaani Hafizoune Manihoune Jumlatoul Hidaa Wali khadaa Ahbaabane Bihim Ouzhiroul Nouska » (Allah m’a pré-servé de toute nuisance des ennemis et a conduit vers moi des sympathisants qui conduiront mon message de par le monde ». Alors, quoi de plus naturel que de célébrer ces élites qui se sont faites sienne la vulgari-sation des poèmes de ce chantre dont la production littéraire a émerveillé le monde islamique.

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XASSAID D’OR

2e Edition Des Xassaides D’or

Pour promouvoir le Saint Coran et les Ecrits de Cheikh Ahmadou Bamba L’édition 2014 des Xassaides d’or aura lieu, ce dimanche 28 Décembre 2014, au Grand Théâtre de Dakar.

Initiée par le Président du Conseil d’Administration de «Global Médias» (propriétaire de «Touba Médias S.A»), El hadji Mbackyou Faye, par ailleurs représentant du Khalife Général des Mourides, cette manifes-

tation va servir de cadre pour primer les meilleurs chanteurs de Xassaides (Ecrits du Cheikh Ahmadou Bamba), conférenciers et autres daaras. En prélude à cette fête de l’excellence, un point de presse vient d’être tenu pour revenir sur les tenants et aboutissants de l’événement qui commence à entrer poudre bon dans l’agenda du Mouridisme.

A en croire M. Abdoulaye Diop, Directeurs des programmes de la chaine de Télévision Touba TV : «La deuxième édition des Xassaides d’or va se dérouler ce week-end. C’est un événement culturel et religieux. A travers cette initiative, la Direction de Touba Médias veut ainsi encourager l’industrie culturelle religieuse. Tout cela fait

partie de la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise. En un mot nous entendons faire la promotion du Saint Coran et des Ecrits du Cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassoul, Fondateur du Mouridisme», s’est expliqué Ndongol Ndongo Yi. Cheikh Talla Samb, coordonnateur des Xassaides d’or de dire : «Nous avons fait un appel à tous ceux qui évoluent dans les chants, les Xassaides, l’enseignement du coran. A ce jour, nous avons compta-bilisé quelque 10 conférenciers, 12 daaras. D’importants lots allant de billets de voyage à la Mecque, Véhicules 4/4, diplômes d’honneur et autres seront remis aux lauréats et, nous voulons que cette deuxième édition soit couronné de succès.» Et Abdou Khadre Fall, un des proches collaborateurs du représentant du khalife Général des Mourides de revenir sur les innovations de cette année: «Serigne Mbackyou Faye œuvre toujours pour la promotion de l’immense enseignement de Serigne Touba. Il s’y attèle depuis sa plus tendre enfance. Cette année, nous voulons innover par l’organisation d’une exposition dans le hall du Grand Théâtre. Cet événement entend inciter les gens à aller apprendre le Coran et au respect des préceptes de l’Islam. Nous avons des parte-naires de grande envergure comme le CCBM, TSE, LE Groupe Futurs Médias, SEDIMA, Cheikh Tall Dioum.»

Ibrahima NGOM Damel

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Serigne Akassa SAMB

La passion des Xassaid

BOUCHRA SAMB

Un conférencier générateur d’actions

Akassa Samb est un chanteur de Xassaid que la jeune génération mouride adore suivre à travers les contrées du pays. Originaire

de la ville de Louga, au centre du Sénégal, il a vu le jour au quartier Al Thiéri, il y a de cela plus de quarante ans. Vif, affable et d’un pas très alerte, Akassa Samb est de ceux qui appliquent le sourire en saluant ses vis-à-vis. Quoi de plus naturel pour ce fils de Louga d’emprunter la voie des écrits de Cheikh Ahmadou Bamba. La gare ferroviaire de Louga a été une des étapes de la déportation du Cheikh, le 12 août 1895. C’est sur le lieu où trône un grand Kadd ou acacia albida, dans l’enceinte de la gare que le guide religieux a dirigé la prière de « Takoussane. Le train ne siffle plus à Louga mais l’endroit est devenu un lieu de mémoires et de source pour tous les natifs de la localité. C’est là qu’Akassa a pris goût aux Xassaid vers les années 1980 au quartier Serigne Bara Louga. Le jeune qui commençait à se faire un nom dans la ville eut un jour le privilège de rencontrer et de chanter les odes du guide de Touba devant son illustre fils et 4ème Khalife, Serigne Abdou Khadr Mbacké, et Serigne Abdou Aziz Bara Mbacké. Satisfait de la prestation du jeune Akassa, l’imam de Touba lui remis ce jour-là deux milles francs CFA tout en lui demandant de venir le voir à Touba.

Tout comme les airs qu’il chantonne, l’homme est devenu un monument. Décrier les écrits de Serigne Touba est chose qu’il ne prend pas à la légère comme pour dire qu’aux rencontres de la communauté (Sant, Gamou, Magal, etc.), on n’a pas l’heure, on a que le temps des Xassaid.

L’un des moments les plus forts de sa vie de chan-teur nous replonge dans sa proximité avec Serigne Saliou Mbacké. Le saint homme lui demanda, un jour, de le retrouver et de chanter le Xassida Moukhadimatoul Hamda au niveau du nouvel abri construit par Serigne Modou Badar Diop. Serigne Saliou lui remis alors cinquante mille francs et une couverture en lui signifiant que ce don représentait une partie des bienfaits qu’il recevra au paradis.

Très respectueux, Akassa voue une admiration to-tale à ses devanciers comme serigne Moustapha Sy, serigne Mayibe Gueye, serigne Mbacké Diakhaté, serigne Modou Leye, serigne Abdou Fall et serigne Oumar Diouf.

Aujourd’hui, avec ses amis chanteurs, il porte les destinées de l’association des chanteurs, toutes confréries confondues, épousant les contours du message inaugural du khalifat de Serigne Sidy Mokhtar Mbacké.

Il est de la race des conférenciers qui vous mettent au plan-cher sans vous aider à vous relever. Originaire du Kajor de par ses aïeux, Serigne Bouchra Samb est né au quartier

Touba Kaolack, dans le bassin arachidier. Son ancrage dans la Mouridiyya n’est pas chose fortuite quand on sait que Serigne Salihou Samb, son père, fut de ceux qui ont été choisis par Cheikh Ahmadou Bamba et affectés à Blaise Diagne, pour venir en aide à la France coloniale dans la grande guerre mon-diale de 1914 à 1918.

Après ses études coraniques, Serigne Bouchra Samb séjourne à Thilmakha, une communauté rurale située à l’ouest du pays, dans l’arrondissement de Niakhène. Très intelligent, le natif de Kaolack décrocha le certificat de fin d’étude élémentaire, avant de gravir l’étape des études collégiales pour enfin rejoindre le Lycée Gaston Berger de Saint-Louis en s’inscrivant à la section arabe. Féru de la culture arabe, Serigne Bouchra Samb entre-prit de pousser ses recherches dans cette direction qui le mena à la découverte des écrits de Cheikh Ahmadou Bamba. Dans cet attachement et cette ferveur nouvelle, il se moula au contexte des « daahira waxtanou Serigne Touba » qui à l’époque voyaient défilés des érudits comme Serigne Modou Kane Mbaye Bayou Mourtala, Serigne Mademba Ndiaye, Serigne Modou Ndiaye Gouye Gi, entre autres.

Parmi ses grandes prestations nous pouvons retenir celles faite à Porokhane devant Serigne Moustapha Bassirou, sur la vie et l’œuvre de Sokhna Mariama Bousso, lors du centenaire des deux raakas de Saint-Louis et un jour de Grand Magal devant Serigne Abdou Khadr Mbacké Khadimou Rassoul.

Cette influence et son goût de la recherche feront de Serigne Bouchra Samb un détenteur de savoirs surs sur l’hagiographie islamique et du Prophète (Psl), la Mouridiyya, la vie et l’œuvre des grands disciples de Serigne Touba, ainsi que les grandes questions qui touchent nos sociétés.

Son vocal adapte l’intensité, son débit et ses intonations captent son auditoire et son regard maintient l’attention pour percevoir les réactions. Il le fait agir et l’amène à s’approprier les diffé-rents sujets abordés, à travers un argumentaire émotionnel et rationnel.

XASSAID D’OR

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de tout mauvais comportement et en les dotant des nobles caractères. C’est là toute l’essence du projet de l’institut islamique Massalikoul Jinan de Dakar.

Le Calife a acquis une expérience qui forge des exigences sur l’éthique, la foi et les valeurs du véritable guide religieux qu’il ne cesse d’affi-cher tout au long de sa vie de lumière. Dans la continuité administrative, le magistère de Cheikh Sidy Mokhtar va s’atteler au dévelop-pement de la ville sainte, comme en témoigne, entre autres, le financement à hauteur de 500 millions de FCA d’une Résidence Khadimou Rassoul à Darou Manane. Son vœu le plus cher est inexorablement d’accomplir le rêve urbain de Cheikhoul Khadim et l’alignement de Touba aux dimensions du sanctuaire du Prophète Mohamed (PSL). La construction de deux autres minarets et la rénovation au niveau de la grande mosquée rentrent dans cette logique. Car pour Cheikhoul Khadim rien ne vaille pour un guide religieux que de vouer un culte exclusif à Allah et d’éveiller les consciences dans la droiture. Ne soutient-il pas dans le préambule de son traité de politesse légale, « La Voie de la Satisfaction des Besoins » que « le règne de l’erreur est d’un instant, celui de la Vérité perdurera jusqu’à l’heure » et que « la Vérité s’éternise, alors que l’erreur, même au paroxysme de la célébrité, fini par s’évanouir et déchoir ». L’Institut Islamique Massalikoul Jinan nous mènera vers cette Vérité si nous nous l’approprions dans toute sa quintessence.

Puisse Dieu garder Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké longtemps parmi nous !

Abdoulaye DIOP

SERIGNE CHEIKH SIDY MOKHTAR MBACKE

L ’apôtre de l’orthodoxie

De son illustre ascendance, Cheikh Sidy Mokhtar ne se réfère qu’au patrimoine reli-gieux et à la pratique d’un enseignement rigoureux et une sociabilité sans exclusive. effacé et perspicace, il nous est apparu comme un guide dont la sacralité de tou-ba, la diversification des représentations cultuelles et culturelles de la Mouridiyya et le comportement des disciples seront un enjeu de taille de son magistère, sous les auspices d’une rectitude déjà dévoilée.

L’avènement de Serigne Cheikh Sidy Mokhtar MBACKE à la tête du khalifat de Cheikh Ahmadou Bamba est empreint de symboles

comme tous ceux qui ont concerné les 6 premiers Khalifes de Touba. Sa personnalité est, sans doute, liée au chiffre sept. En effet, il a accédé à l’illustre statut de Cheikhoul Khadim, le 7 juillet (7eme mois de l’année), en tant que 7eme khalife. En numérologie, le chiffre 7 correspond à un signe de changement après un cycle. Il s’y dégage une idée de totalité, de plénitude, et de perfection. D’ailleurs, si on extrait du Coran les lettres du mot Allah, on aboutit au chiffre 7 et celui-ci se ré-pète, après le chiffre 1, le plus dans le livre Saint.

La naissance de Serigne Cheikh Sidy Mokhtar coïn-cide au 12eme jour ramadan de l’année 1344 hégires (1925) à Mbacké Cayor. Son père n’est pas allé loin pour lui trouver un homonyme. Dans l’arrondisse-ment de Darou Moukhty vivait Cheikh Sidy Mokhtar MBACKE communément appelé Cheikh Awa Balla MBACKE, fils du vénéré Cheikh Ibra Faty Ndamal Darou. Serigne Mouhamadou Lamine Bara, son père, avait choisit le saint de Darou Moukhty qui va l’initier à Darou Manane.

La première qualité, retenue à l’unanimité par les observateurs et talibés, est sa sobriété et son efface-ment légendaire. Peu prolixe en paroles, Cheikh Sidy Mokhtar MBACKE ne saurait faire autrement au su

des mains qui l’ont introduit dans l’enseignement de ce bas-monde, en l’occurrence Serigne Bara ibn Khadimou Rassoul et Cheikh Awa Balla. Sa mémo-risation du coran fut achevée à Gouye Mbind auprès d’un disciple de Mame Thierno Birahim MBACKE, Serigne Niane DIOP. Maitrisant le Musharaf, Cheikh Sidy Mokhtar sera envoyé à Diourbel, auprès de Mouhamadou Lamine DIOP Dagana, pour étudier les sciences religieuses. Apres l’étape de Ndjareem, il retourne à Touba pour ne plus quitter son homonyme jusqu’en 1948.

A partir de cette date, sur ndigël de Cheikh Awa Balla, il s’installa à Keur Ngana pour s’adonner au travail et à l’éducation de ses disciples. Ascète de classe exception-nelle, Serigne Sidy Mokhtar incarne au plus haut point l’orthodoxie, la pratique cultuelle et la bonne conduite, telles que enseignaient par Cheikh Ahmadou Bamba. Esseulé à Keur Ngana de 1948 à 2010, Cheikh Sidy Mokhtar s’arcboute sur le cadre doctrinal fondamen-tal, le Coran et la Sunna, seul garant de la restaura-tion de l’esprit et de la lettre de l’Islam primordial dans lequel la foi, la spiritualité, la communauté et l’initia-tive conforme ne font qu’un en l’Un. Keur Ngana, vil-lage de retraite spirituelle va darder ses lumières sur toute la ville sainte. Touba est un lieu de mémoires et un patrimoine inestimable aux yeux de Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké. Le fait de réitérer publiquement, durant son message de Tabaski, son appel à l’ensemble de la communauté de l’aider à se conformer aux inter-dictions édictées par Cheikh Ahmadou Bamba sur la ville sainte est plus que édifiant. La préservation du patrimoine Touba est à ses yeux un sacerdoce qui montre les dimensions ésotériques de l’actuel Calife. L’actuelle mémoire collective de Touba est le fruit de l’expérience des générations passées et l’héritage des générations futures. Chaque génération doit apporter sa pierre à l’édifice commun. A cette génération fu-ture dont la majeure partie se croisera à Dakar avec d’autres pratiques venues d’ailleurs, Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké a lancé plusieurs défis à travers l’érection de l’institut islamique Cheikh Ahmadou Bamba. Les jeunes, pour la plus part, méconnaissent totalement les enseignements du Cheikh et oublient le sens de sa mission. Son ambition est de « revivifier la sunna authentique du Prophète (PSL) » car il est son serviteur. Par conséquent ne feront pas partie des siens, ceux dont les paroles et les comportements se-ront contradictoires avec l’Islam. L’actuel khalife géné-ral des mourides, conscient de l’enjeu religieux dans une agglomération urbaine, s’est véritablement résolu à accompagner la jeunesse musulmane à la séparer

XASSAID D’OR

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Serigne Mouhamadou Lamine DIOP Dagana

Le commensal de la source Bamba

Serigne Moussa KA

Le prodige du wolofal

Originaire du Walo, Serigne Mouhamadou Lamine Diop était très jeune lorsqu’il rejoi-gnit son guide Cheikh Ahmadou Bamba. On

dit que son père le confia au Cheikh lors de son pas-sage dans la localité de Dagana, au nord du Sénégal, en route pour son exil en Mauritanie à partir de 1903. De Gaé à Ndombo, de Mbilor, de Thiago et même de Ndiangué à Nder, les gens venaient en ziar.

Le Cheikh passa trois jours chez le chef coutumier Mbaliane Diaw, le temps pour Cheikh Sidiya Baba de lui envoyer des moyens de déplacement, des chameaux et une escorte, qui devaient le conduire jusqu’à Saout-El –Mâ. Ainsi, Serigne Mouhamadou Lamine Diop accompagna Cheikh Ahmadou Bamba à Khomag, Jarraari et à Sarsaara.

Ses séjours en Mauritanie, suivi de celui de Thiéyène et enfin celui de Diourbel permirent à Serigne Mouhamadou Lamine Diop Dagana de puiser dans l’abreuvoir Cheikh Ahmadou Bamba. A Diourbel, il se

fit remarquer par la pertinence de ses actes de tous les jours, ce qui lui donna une grande notoriété auprès du Cheikh.

Il n’est pas étonnant et il est même significatif qu’il ait assisté aux derniers instants du Maître et qu’il ait été le second après Serigne Modou Moustapha à découvrir le corps de Serigne Touba après son décès. C’est là beau-coup de baraka et de signes évidents de grâce et de pureté. D’ailleurs, il fit partie de ceux qui le mettront en terre à Touba.

Après Serigne Bassirou, auteur de « Minanoul Bakhil Khadim », Serigne Mouhamadou lamine Diop Dagana a écrit un remarquable ouvrage qui traça de grandes péripéties de l’histoire du Cheikh, ouvrage intitulé « Irwaanu Nadiin » qui fait autorité dans l’Islam et la voie Mouride.

Lumière de Serigne Ousmane et de Sokhna Absatou Seck, Serigne Moussa Ka a vu le jour à Ndilki vers 1890 près de Mbacké Baol.

Descendant de Mame Maharam Mbacké, il est un pa-rent de son maître et guide Cheikh Ahmadou Bamba.

Doté d’une vaste culture et d’une large ouverture d’esprit, celui qui s’identifiait comme le serviteur du Serviteur du Prophète, Khadimoul Khadim, a marqué de son empreinte l’histoire de la Mouridiyya. Sous la férule de son père, plus connu sous le pseudonyme de Serigne Ngagne Awa, il suivit les pas d’El Hadji Malick Sy de Tivaouane, El Hadji Abdou Cissé de Diamal, El Hadji Dramé de Ndramé et Serigne Momar Yacine Dème. Serigne Ousmane Ka, son père, enseignait et formait les musulmans à la maîtrise du Coran et des sciences islamiques.

Après la disparition de son père, alors que Cheikhoul Khadim était en résidence surveillée à Thiéyène, Cheikh Moussa Ka se rendit dans la localité pour faire son allégeance au maître de Touba. Entre les mains de ce dernier, Cheikh Moussa Ka était devenu un homme d’une mansuétude inégalable, incarnant parfaitement les vertus d’une éducation spirituelle parfaite.

Observateur averti de l’évolution de la connaissance à l’époque, Cheikh Moussa Ka avait rendu visite un jour à son marabout et parent Serigne Touba. Après avoir longuement discuté, Serigne Touba lui fit le constat d’une incompréhension de son peuple sur ses écrits en arabe portant sur le Prophète Mohamed (Psl) et la Mouridiyya. Suite à un long silence entre les deux in-terlocuteurs, Serigne Moussa Ka se résolue à apporter une solution aux inquiétudes de son guide. Il lui tendit les deux bras et demanda des prières pour la réussite de cette mission.

Ce fut le déclic de son immense participation à la lit-térature mourides. L’inspiration venant à flots, aucun domaine n’a été épargné dans ses écrits. Ainsi vint « Barsan », « Yeurmeundé », « Xarnubi », « Jazahu Shakur », « Waaji Muusa », entre autres.

A partir de sa production littéraire, la majeure partie de ses contemporains ont connu l’hagiographie du Prophète (Psl) et de son serviteur Khadimou Rassoul. Détenteur d’un don incontesté, Cheikh Moussa Ka aborda plusieurs domaines comme l’exil au Gabon, l’exil en Mauritanie, le retour d’exil du Cheikh, le por-trait physique et qualités morales du Prophète (Psl), des

éloges de son maître Khadimou Rassoul et à la sainte Mariama Bousso, l’itinéraire spirituel du Cheikh, des exhortations à l’égard des femmes musulmanes, des aspirant (Al Murid), sur la dégradation des mœurs, des hommages posthumes à l’égard des personnalités mouride comme Serigne Moustapha Mbacké, Serigne Ahmadou Ndoumbé, Serigne Massamba Mbacké, Serigne Abdourahmane Lo, Cheikh Ibrahima Fall. Il nous gratifia par ailleurs de réflexions profondes sur la ville de Touba et son honorabilité, l’historique de la Grande Mosquée, les relations entre maître et dis-ciple en plus des témoignages de reconnaissance sur Cheikh Ahmadou Bamba.

A travers son patrimoine volumineux de plus de 13644 vers, les universitaires, impressionnés par les valeurs et la culture de l’homme, s’intéressent de plus en plus à son œuvre à travers différentes recherches.

La venue de Cheikh Moussa Ka à la poésie relève d’un phénomène extraordinaire. Ses textes en wolof étonnèrent le monde en réussissant à camper, mieux que ne l’aurait éclairé un autre auteur l’étendue de la Mouridiyya et les dimensions de son auteur.

XASSAID D’OR

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La particularité de Serigne Massamba MBACKE dans la voie Mouride a été le fait d’avoir été choi-si comme scribe de Cheikh Ahmadou Bamba et

surtout d’accentuer ses textes.

Fils de Sokhna Aïssatou DIOP et de Mame Mor Anta Saly, Serigne Massamba MBACKE a vu le jour le 27ème jour du mois lunaire de Shaban en 1881 à Mbacké Kajor, quelques mois après le rappel à Dieu de son père.

Une anecdote frappe son nom. En effet, en se ren-dant à son baptême, Cheikhoul Khadim est passé à Dékheulé où repose Mame Mor Anta Saly. Ce dernier signifiera à son fils de donner le nom de Massamba Thiébo au nouveau-né, en reconnaissance à son an-cien maître à Koki.

Serigne Massamba fut élevé par le Cheikh lui-même avant de le confier par la suite, à l’âge de 7 ans, à Serigne Ndame Abdourahmane LO pour son éduca-tion et sa formation. Il était devenu, ainsi, un homme imbu de savoirs et de sagesse, un disciple distingué parmi ses pairs, un homme de confiance et un éternel musulman à la quête de l’agrément de Dieu.

Très tôt, il maîtrisa le Livre saint et se spécialisa dans la calligraphie.

Du Gabon où il était en exil, Cheikhoul Khadim de-manda à ce que Serigne Massamba soit confié à Mame Thierno Birahim MBACKE pour finir sa formation.

Une année après l’installation de Cheikhoul Khadim à Thiéyène Jolof en résidence surveillée, Serigne Massamba retrouva son frère aîné, en compagnie de Serigne Modou Moustapha, Serigne Fallou et Serigne Bara MBACKE.

C’est à Thiéyène que Serigne Touba leur signifia que personne ne pouvait obtenir auprès de lui une par-celle des bienfaits ou les privilèges qu’il avait obtenus de son Seigneur, sans l’acte d’allégeance et sans avoir œuvrer pour lui. Sans perdre de temps, ils troquèrent leur lien de parenté à Cheikhoul Khadim pour être à jamais à son service. Serigne Massamba va s’atteler dans la vie du Daara de Thiéyène sous la direction de

Serigne Touba.

Après 1912, Serigne Massamba s’installa à Touba pour démarrer sa mission sur les Xassaid. De Diourbel, Cheikhoul Khadim lui envoyait ses écrits contenus dans des malles qu’il devait agencer et reproduire en plusieurs exemplaires.

Il garda des liens affectifs avec toute la famille de Cheikhoul Khadim tout en s’adonnant à l’agriculture dans des zones qu’il mettra en valeur, notamment : Mbella dans le Saloum, Darou Karim non loin de Touba Mosquée, Darou Minan et Keere.

Ses adeptes, à travers son école de conservatoire, avaient la prouesse de chanter les Xassaid avec des mélodies qui s’élevaient au-dessus des contingences terrestres. Serigne Massamba a marqué et continuera de marquer les chanteurs Mourides et les Kourels qui s’adonnent au « Mawloud ».

Serigne Massamba a consacré toute sa vie au service de Dieu et constitue un exemple suffisant pour mesu-rer la dimension de Serigne Touba. Il mourut en 1942 à Kaolack.

Serigne Mbacké Bousso a vu le jour en 1862, selon certains et 1864, selon d’autres, à Mboussobé dans le Djolof. Il a fait ses études auprès de son

père, Mouhamadou Bousso, frère de Mame Diarra Bousso (mère de Serigne Touba). Ensuite, il est confié à son homonyme, l’oncle maternel de son père, Tafsir Mbacké Ndoumbé, qui assure une grande partie de la formation religieuse de Serigne Mbacké Bousso. Il acquiert des connaissances solides et devient un érudit incontestable. Il suivra ensuite des cours de théologie, de grammaire et de soufisme auprès de son cousin et ami, Cheikh Ahmad Bamba et mène des études en droit islamique et en grammaire auprès du célèbre professeur Samba Toucouleur Kâ.

Serigne Mbacké Bousso est l’un des premiers disciples de Cheikh Ahmadou Bamba. Il était très attaché à ce dernier. Au point qu’il l’accompagnait partout pour expérimenter les enseignements soufis. Ils se livraient ensemble à la retraite spirituelle, s’adonnaient à des exercices de mortification et de privation pour polir leurs âmes et éliminer les obstacles charnels à l’éléva-tion spirituelle...

Après l’avènement du mouridisme, Serigne Cheikh Mbacké Bousso joua le double rôle de chargé de l’en-seignement supérieur et de la diplomatie. Le premier rôle était pour lui un héritage filial et une obligation

religieuse fondamentale. Quant au second, il s’y livrait par souci d’éviter l’aggravation des malentendus entre son cousin et maître et l’administration coloniale. Il employait ses dons incontestables d’écrivain à rédiger des réponses très diplomatiques aux correspondances des autorités coloniales adressées à Cheikh Ahmadou Bamba.

Serigne Mbacké Bousso était le meilleur connaisseur de l’histoire du mouridisme. Il a assisté à la nais-sance de cette confrérie et a vécu son développement jusqu’au rappel à Dieu de son fondateur, Cheikh Ahmadou Bamba, en 1927. Il a ensuite été au cœur de la gestion des problèmes survenus dans la commu-nauté mouride entre 1927 et 1935. Il a pesé de tout son poids pour dissiper les malentendus.

C’est que Serigne Mbacké Bousso jouissait de l’estime et de la confiance de tous, pour son érudition, sa piété, son statut social et ses solides connaissances.

Les années passent et il finit par renter à Mbacké Baol où vivait sa famille. Il devient ainsi le bras droit de son père, qu’il aide dans la formation des talibés et la consultance coranique (fatwa)…

Plus tard, plusieurs événements malheureux se suc-cèdent et l’éprouvent durement. Il perd son père, subit l’exil de son cousin et ami, Cheikh Ahmad Bamba et est victime d’un incendie qui ravage ses livres en 1895. Il décide alors de rejoindre un chérif Sénégalo-Marocain nommé Nasir, installé à Tivaouane. Serigne Mbacké devient très vite son plus proche collaborateur. Il l’aide dans l’enseignement et la consultance reli-gieuse, jusqu’à sa mort en 1901.

En 1902, Cheikh Ahmadou Bamba revient d’exil. Il fait appeler Serigne Mbacké Bousso, qui s’installe dans les environs de Touba dans un village baptisé Al Azhar. Il y passe 20 ans, avant de créer un autre village à 5 kilo-mètres au nord de Touba qu’il baptise Guédé, du nom du village d’origine des Mboussobé au Fouta. En 1928, en compagnie d’une délégation de personnalités mou-rides comprenant Serigne Falilou Mbacké, 2e Khalife de Bamba, Mame Cheikh Anta Mbacké, Serigne Tacko Mbacké, etc., il effectue le pèlerinage à La Mecque. Il a rejoint son Seigneur en 1945.

Serigne Mbacké Bousso (1862/64-1945)

Une sainteté au cœur de la Mouridiyya

Serigne Massamba Mbacké (1881-1942)

Le miroir des écrits du Cheikh

XASSAID D’OR

Serigne Cheikh Abdourahmane LO, un des fidèles compagnons de Cheikh Ahmadou Bamba, faisait partie de cette génération qui reçut du Cheikh lui-même une éducation pratique, une formation mystique ainsi que les fondements essentiels de sa nouvelle voie : le Mouridisme.

Sa naissance et son éducation

Né à Maoundou dans l’actuel département de Tivaouane au cours du mois de Rabi al awwal 1271, sa mère s’appelle Sokhna Mariama Seck. Il grandit au sein d’une grande famille réputée depuis fort long-temps pour l’érudition, la piété et la noblesse de ses membres.

Lorsqu’il atteint l’âge de scolarité, il fut confié à Serigne Massata Diakhaté chez qui il apprit et mémorisa, en peu de temps, le Saint Coran puis le transcrivit, selon la coutume, avant de se rendre ensuite à la célèbre université de Pire pour y perfectionner ses connaissances du Livre et enta-mer l’étude des Sciences islamiques. Ces études ache-vées, il se dirigea vers Nguick auprès du grand érudit Serigne Mor Madieng Falou. Il y effectua des études approfondies en grammaire et en jurisprudence isla-mique. Il acheva, enfin, ses voyages d’apprentissage à Patar à l’école de l’illustre érudit Serigne Mame Mor Anta Sally père de Cheikh Ahmadou Bamba.

Ses relations avec le Cheikh

A la disparition de Mame Mor Anta Sally, la gestion de l’école revenait au Cheikh. Décidé, plus tard, à faire une tournée au Sénégal et en Mauritanie, le nouveau maître confia à Serigne Ndame la charge d’assurer son intérim, ce qui constitue une parfaite illustration de la confiance du Cheikh à son égard. Quelques mois après, Cheikh Ahmadou Bamba réunit tous ceux qui étaient à l’école et leur communiqua qu’une mission divine venait de lui être confiée et qui consistait à vivi-fier et à restaurer la Sunna du Prophète (PSL) ainsi qu’à réformer la communauté musulmane. Cela ren-dait nécessaire l’adoption d’une nouvelle méthode d’éducation et de formation. Par conséquent, ceux

qui avaient les mêmes ambitions que lui et qui vou-laient rester, devraient se soumettre à ses ordres et orientations.

Cheikh Abdourahmane Lo fut parmi les premiers à faire le pacte d’allégeance. Bien qu’il eut pratiquement le même âge que le Cheikh, Serigne Ndame fit preuve d’un dévouement hors du commun et joua ainsi un rôle déterminant dans la mission grandiose de Cheikh Ahmadou Bamba.

Son rôle dans la mission du Cheikh

En fait, les premiers adeptes formés par le Cheikh lui-même, se sont, par la suite, chargés, chacun dans son domaine, de réaliser les projets éducatifs et sociaux d’un des plus grands domaines si ce n’est le plus im-portant : l’enseignement du Coran. Nul n’ignore, en effet, la place prépondérante du Coran dans le jihad du Cheikh. Il est la pierre angulaire de ses enseigne-ments, son arme efficace face aux ennemis de l’Islam et à Satan, comme il le dit dans nombre de ses poèmes.

Par ailleurs, Cheikh Abdourahmane Lo restait au côté du Cheikh durant tous ses déplacements de Mbacké Kajoor à Dar al Alim et Al Habir (actuel Ndame) où le Cheikh l’installa définitivement pour qu’il s’adonnât

Serigne Ndame Abdourahmane Lo

Le précepteur des enfants du Cheikh

XASSAID D’OR

entièrement à l’enseignement. C’est précisément dans cette localité que la plupart des fils et filles du Cheikh apprirent le Coran grâce au dévouement de leur maître. Ce dévouement lui valut une position pri-vilégiée auprès du Cheikh.

Sa position auprès du Cheikh

Confident et conseiller du Cheikh, Serigne Ndame bénéficiait auprès de celui-ci d’une absolue et im-mense confiance : le Cheikh lui confia l’instruction de ses frères cadets et, plus tard, de ses propres enfants avant de lui donner pour épouses successivement deux de ses filles : Sokhna Fatimatou puis Sokhna Mouslimatou. Cela prouve, s’il en est encore besoin, que Serigne Ndame, grâce à ses bonnes qualités jouis-sait d’une haute estime de la part de Cheikh Ahmadou Bamba et de sa famille.

Ses qualités et sa conduite

Comme le dit l’adage « Dis-moi qui tu fréquentes, je te dis qui tu es », le propre de l’homme est de se comporter à l’image de ses amis et compagnons. Il va

de soi donc que Cheikh Abdourahmane Lo, disciple et compagnon de première heure du Cheikh, était un homme exemplaire.

Ainsi, était-il très vertueux, respectueux d’une façon exceptionnelle des obligations religieuses et assidu dans le travail sans répit. Les futilités de ce bas monde n’ont jamais retenu son attention.il était un homme de vérité et de courage, un dévot qui passait ses jour-nées à jeuner et ses nuits à prier et à réciter les versets coraniques.

Sa disparition

Lorsque Cheikh Abdourahmane Lo fut d’un âge très avancé, ses propres fils et disciples, parfaitement pré-parés, prirent le relais. Sa mission fut alors poursuivie avec succès, grâce à Dieu. Ainsi, Dâr al Alim al Habir resta un centre de rayonnement que Serigne Ndame continua à superviser jusqu’à ce qu’il fût rappelé à Dieu au mois de Chaabane 1363 de l’hégire (1944).

De nombreux poèmes furent composés pour faire son éloge et vanter ses mérites.

36 - Xassaid d’Or [Déc 2014] [Déc 2014] Xassaid d’Or - 37

38 - Xassaid d’Or [Déc 2014] [Déc 2014] Xassaid d’Or - 39

1 - Cheikh Awa Balla Seck

2 - Khadim Ndiaye Tassawouf

3 - Saliou Sow Wakana Akhane

4 - Abdoulaye Diop Bichri

5 - Khadim Ndiaye Kayar

6 - Ndongo Mboup

7 - Saliou Samb

8 - Gana Messéré

9 - Mame Mor Mbacké Xam sa Dinné

10 - Serigne Mbaye Nguirane

11 - Serigne Bassirou Diouf

LISTE DES DAARAS

1 - Daara Abdoulaye IBN Massoud PAU 17 : Baye Serigne Bousso

2 - Miftahoul Nasri PAU11 : Serigne Moustapha Gaye Abdou Cissé

3 - Taysiroul Assir Touba Guédé : Mouhamadane Fall

4 - Serigne Babacar Sy – Serigne Macky Syll : Mactar Syll

5 - Daara Serigne Saliou Mbacké PAU 19 : Fallou Fall

6 - Daara Tanzil Serigne Saliou Sow : Fallou Diop

7 - Daara Cheikhoul Khadim PAU Massamba Ndiaye : Bassirou LO

8 - Daara Abdou Karim Niang Keur Massar : Ahmadou Bamba Bousso

9 - Daara Serigne Abdoulaye Mbaye Daroul Maharif Touba. : Habibou Laye Diouf

10 - Daara Serigne Mouhamadou Moustapha Touba : Mame Diarra NGom

11 - Daara Naytoul Mouna PAU 13 : Serigne Fallou Sall

12 - Serigne Dame Abdourahmane LO : Bayda LO

Liste des chanteurs Liste des conférenciers

Liste des daaras

XASSAID D’OR

1 - Macoumba Niang

2 - Mor Gueye

3 - Mandack Mbacké

4 - Modou Galass Mbaye

5 - Moustapha Diop Taysir

6 - Fallou Galass Seck

7 - Cheikh Diop Mbaye

8 - Baye Modou Diop

9 - Bath Diop

10 - Baye Modou Dramé

11 - Khadim Gueye

12 - Abdoul Ahad Diouf

13 - Mor Massamba Diop

14 - Moustapha Seck

15 - Khadim Kébé

16 - Touba Diop

17 - Serigne Mouhamadou Diaw

18 - Mor Yande Fall

19 - Abdou Khafor Diome

20 - Malick Seck

21 - Gora Dioum

22 - Ibra Samb

23 - Alla Kane

24 - Oumar Kanté

25 - Ousmane Diagne Mbawor

26 - Cheikh Ibra Diop

27 - Mor Kasse

28 - Mactar Fall Khombole

29 - Alioune Gueye

30 - Pape Diop

31 - Fallou Diop

32 - Abdoulaye Mbaye Sindidi

40 - Xassaid d’Or [Déc 2014] [Déc 2014] Xassaid d’Or - 41

MAGAL 2014

Communication du Khalif Général des Mourides

Au Nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux.

Louange au Maître de l’univers.

Paix et Salut sur le Plus Noble des Envoyés, notre Maître Mouhammad, l’Intègre, sur sa famille et sur ses compagnons qui ont impétré

la Satisfaction divine et acquis la Conjonction divine. Puissent la Paix, la Miséricorde et la Bénédiction di-vines se déverser sur vous.

Par la voix du Calife général de la Mouridiyyah, son éminence Cheikh Sidi Moukhtar MBACKE, nous sommes réunis de nouveau cette

année dans le cadre du Magal qui est une action de grâce que Cheikh Ahmadou Bamba avait ini-tiée pour rendre grâce à ALLAH et lui témoigner sa Reconnaissance pour le Service qu’IL lui a permis de consacrer au Prophète pendant son exil. Par ma voix, le Calife voudrait s’adresser à toute l’Oummah comme il est d’usage en de pareilles circonstances, mais aussi à tous les Sénégalais et en particulier aux disciples mourides. A l’entame de son propos, Cheikh Sidy Moukhtar exprime ses vifs remerciements à l’en-droit des éminents guides religieux et représentants d’associations islamiques nationales et étrangères car leur présence est une application de cet ordre divin : « Cultivez la concorde parmi vos frères ». Par consé-quent, le Calife témoigne que vous êtes de ceux qui ont honoré cette injonction divine car votre présence ren-force l’unité des musulmans. Puisse DIEU vous accor-der la meilleure rétribution et affermir nos relations de fraternité musulmane. Ses remerciements vont aussi à l’endroit de la délégation gouvernementale conduite par le ministre de l’intérieur, Monsieur Abdoulaye DIALLO, représentant le chef de l’Etat, Son Excellence Macky SALL, et aux parlementaires de même qu’aux conseillers économiques, sociaux et environnemen-taux. Le Calife général des mourides est très heureux et honoré de votre présence et par la même occasion exprime sa reconnaissance et ses remerciements au Chef de l’Etat, pour l’exécution diligente des instruc-tions qu’il a données aux agents de l’état concernés et aux services compétents pour la bonne organisation du Magal ainsi que pour ses actions et ses intentions en direction de la ville sainte de Touba. Par consé-quent, le Calife général prie DIEU pour qu’Il assiste le Président de la République afin qu’il réussisse sa mission.

Une mention spéciale est décernée par le Calife aux ambassadeurs et aux autres membres du corps diplo-matique qui rehaussent de leur présence régulière cette cérémonie officielle et, par leurs actions perma-nentes, renforcent les liens entre le Sénégal et leurs

pays respectifs. Le Guide des mourides témoigne de sa gratitude aux chefs et représentants des partis de l’op-position et des organisations de la société civile pour leur présence. Il magnifie, par la même occasion, le travail et le professionnalisme des journalistes durant cet évènement.

Après ces salutations et remerciements à vous tous, Cheikh Sidi Moukhtar MBACKE, par ma voix, voudrait commencer par rappeler comme d’habitude à tous les musulmans leur devoir impérieux de se consacrer au culte exclusif d’ALLAH et de solliciter Son pardon pour nos imperfections et nos manquements car Le TOUT-PUISSANT nous a déjà averti que les catastrophes et crises auxquelles nous sommes en proie résultent de nos négligences et actes répréhensibles. « Tout mal-heur qui vous atteint est dû à ce que vos mains ont acquis. Et Il pardonne beaucoup.».

Notre Seigneur a aussi indiqué que certaines viles ac-tions que nous commettons sont les sources de nos malheurs terrestres et nous devons nous en abstenir et rediriger plutôt nos pas vers la droiture. « La corrup-tion est apparue sur la terre et dans la mer à cause de ce que les gens ont accompli de leurs propres mains; afin qu’[ALLAH] leur fasse goûter une partie de ce qu’ils ont œuvré; peut-être reviendront-ils (vers ALLAH). ». Et ALLAH de nous recommander encore d’éviter les agissements qui ne favorisent pas la paix et certaines injustices qui à coup sûr peuvent entrainer la perte de l’homme ; et il est du devoir de chacun d’œuvrer pour la paix puisque les conséquences de la transgression des interdits divins n’épargneront personne : « Et crai-gnez une calamité qui n’affligera pas exclusivement les injustes d’entre vous. Et sachez qu’Allah est dur en punition.».

C’est fort de ces recommandations divines que le Calife nous invite à œuvrer pour la paix et la prospé-rité qui ne peuvent se réaliser qu’en se conformant aux préceptes islamiques : « Demandez pardon à votre Seigneur; ensuite, revenez à Lui. Aussi vous accorde-ra-t-Il une belle jouissance jusqu’à un terme fixé, et Il accordera à chaque méritant l’honneur qu’il mérite ». « Ô mon peuple, implorez le pardon de votre Seigneur et repentez-vous à Lui pour qu’Il envoie sur vous du ciel des pluies abondantes et qu’il ajoute force à votre force. Et ne vous détournez pas [de Lui] en devenant coupables».

Le Calife rappelle ces propos de Cheikh Ahmadou Bamba relatifs au repentir : « il incombe à toute per-sonne responsable de ses actes (mukallaf) de prendre garde de manière scrupuleuse des limites de la Loi divine, de se conformer à Ses Prescriptions et de s’éloi-gner de Ses Proscriptions et de se consacrer prompte-ment au repentir en faisant son mea culpa pour la Face

de son Seigneur avant qu’il n’encoure Son Courroux. Et il est parmi les clauses d’un tel repentir, le fait de regretter ses péchés, d’en être contrit et de prendre la ferme résolution, et ce pour le reste de sa vie, de ne pas récidiver ou commettre tout acte répréhensible. Il doit également s’abstenir de pécher, et ce sans délai ».

A ce propos, le Calife s’inquiète fortement de cette propension vers les jeux et amusements coupables qui ont tendance à prendre le dessus sur les raisons de notre séjour terrestre qui ne sont rien d’autres que l’adoration divine et le travail. C’est dans cette perspec-tive que s’inscrivent les recommandations constantes de Cheikhoul Khadim qui ne cessait de rappeler qu’un musulman ne doit pas ternir son existence en sui-vant des passions mondaines qui ne sont pas béné-fiques pour sa vie présente et qui seront des sources de malheurs devant Notre Créateur. Le Cheikh avertit qu’on ne peut point bâtir un pays en s’adonnant de manière intempestive aux jeux et amusements mais que le travail élevé en sacerdoce et le savoir sont les piliers incontournables de l’émergence et du progrès dans ce monde. Et que tout acte que pose une per-sonne doit être guidé par un savoir-faire : « la science et l’action sont deux joyaux précieux qui sont les fac-teurs de grâces dans les deux demeures ». « Sache que la science et l’action sont la voie de la réussite ». En conséquence, les jeunes qui sont en âge d’apprendre doivent se rendre à l’évidence que la maîtrise parfaite du savoir qu’ils cherchent, la droiture et la discipline à toute épreuve sont le gage d’une réussite durable. « Ô vous les adolescents ! Ne vous préoccupez que de droi-ture, évertuez-vous à la recherche du savoir ». Mais cette posture n’est pas exclusivement l’apanage des jeunes : tout homme responsable à l’impérieux devoir de s’investir avec abnégation dans un travail licite qui fait de son labeur un acte d’adoration : « la quête du licite est indubitablement un acte obligatoire pour tout musulman ».

A cet impératif du travail, s’ajoute la nécessité d’avoir de nobles caractères qui sont la marque des musul-mans. C’est dans ce sillage que le Calife nous invite à nous encrer davantage dans les valeurs telles que la compassion, en regardant l’autre comme son alter égo, l’amour du prochain, en protégeant son honneur et ne pas chercher à le nuire. Un musulman ne doit pas être habité par la convoitise encore moins par la rancune et il doit regarder les autres avec indulgence : « un jaloux ne sera point le noble de sa génération ». Et le Cheikh de renchérir : « Ne plaira au jaloux que le fait d’assister à sa propre déchéance irréversible ». C’est pourquoi, Cheikh Sidi Moukhtar nous rappelle ce verset :

Ô vous qui avez cru! évitez de trop conjecturer [sur au-trui] car il est des conjectures qui ne sont que péché. Et n’espionnez pas; et ne médisez pas les uns des autres.

Cette tOUR A UNe SIGNIfICAtION SyMBOLIqUe pLUS fORte. eRIC ROSS LA CONSIDèRe COMMe étANt à LA fOIS RepRéSeNtAtION De « L’ARBRe DU pARADIS » (tOUBA), et COMMe UNe SORte D’AXe tOté-

MIqUe qUI INCARNe LA ReLAtION AveC Le CIeL

MAGAL DE TOUBA

42 - Xassaid d’Or [Déc 2014] [Déc 2014] Xassaid d’Or - 43

LE QUOTIDIEN DU FORUM

L’un de vous aimerait-il manger la chair de son frère mort? (Non ). Abhorrez-le. Et craignez Allah. Car Allah est Grand Accueillant au repentir, Très Miséricordieux.

Par ailleurs, le Calife se désole que certains média qui devraient être des vecteurs pédagogiques sont devenus des supports pour diffamer et porter atteinte à l’hono-rabilité de certaines personnes. Or notre Seigneur nous recommande : « Ayez de bonnes paroles avec les gens ».

« Ô vous qui avez cru! Si un pervers vous apporte une nouvelle, voyez bien clair [de crainte] que par inadver-tance vous ne portiez atteinte à des gens et que vous ne regrettiez par la suite ce que vous avez fait ».

Le prophète (psl) de dire : « Celui qui croit en Allah et au jour du jugement dernier, qu’il parle en bien ou se taise».

C’est à ce titre que le Calife rappelle la responsabilité qui incombe aux parents, aux dirigeants politiques et aux chefs religieux d’éduquer et d’orienter les popu-lations vers le chemin de la rectitude. Le Calife inter-pelle le gouvernement pour qu’il assiste davantage les paysans, les pasteurs et les pêcheurs en leur accordant des moyens des productions et des ressources qui se-ront en adéquation avec leurs besoins. De même, son propos est une adresse pour une éducation de qualité qui tient compte de l’éducation islamique et une invite pour un climat apaisé entre les acteurs du système politique. A ce propos, il rappelle la mission salvatrice qui revient aux enseignants et les exhorte à se surpas-ser car l’éducation constitue l’avenir de toute Nation. « Chacun d’entre vous est un berger et chacun est res-ponsable (sera questionné sur) de son troupeau ». « Pourquoi de chaque clan quelques hommes ne vien-draient-ils pas s’instruire dans la religion, pour pou-voir à leur retour, avertir leur peuple afin qu’ils soient sur leur garde » Et le prophète d’ajouter : « Qu’Allah guide (sur le droit chemin) un homme par ton inter-médiaire vaut mieux que le monde et son contenu ».

Quant aux apprenants, le Calife les encourage à persé-vérer et à s’armer de discipline et d’endurance comme Cheikh Ahmadou Bamba a eu à le dire maintes fois : « Dissimule ton désagrément et ton malheur, ainsi ob-tiendras-tu tes vœux et surpasseras-tu ta génération, O apprenant. Ne te répands pas en pleurnicheries, mais sois plutôt persévérant au point que les gens pensent que tu es fortuné ».

S’adressant aux autorités, le guide suprême du mou-ridisme leur rappelle l’assistance qu’elles doivent ap-porter aux écoles coraniques pour leur modernisation.

S’agissant de la maladie dite Ebola qui constitue une menace pour les pays environnants, le Calife ne cesse

de prier pour qu’elle et toutes les autres épidémies puissent être éradiquées. Il félicite, à cet effet, les auto-rités sanitaires pour leur diligence lors du seul cas qui s’est signalé dans notre pays et sollicite davantage leur vigilance et incite les populations à plus de rigueur dans la propreté pour l’éradication de ce virus. C’est ainsi que le Calife attire l’attention de tous sur cer-taines habitudes qui ne militent pas en faveur de l’éra-dication de ce virus, telles la vente de produits alimen-taires qu’on manie avec les mains nues comme c’est le cas avec la distribution du pain et d’autres aliments. Ces pratiques peu orthodoxes doivent être délaissées. Le Cheikh lui-même dans ses écrits, au-delà de prier, conseille les gens à être vigilants sur l’hygiène et la nature de la nourriture que nous utilisons. C’est pour-quoi le Calife requiert des autorités des mesures dras-tiques sur la manière dont certains produits alimen-taires sont conservés et vendus et les invite à prendre les mesures idoines pour une meilleure prévention.

Avant de clôturer cette communication, le Calife convie ses frères musulmans à l’adoration divine, à la droiture, au travail et à s’acquitter de la zakat, d’assis-ter et de protéger nos familles, d’éviter le gaspillage et à s’unir. Il remercie ses condisciples mourides pour leur attachement indéfectible à œuvrer pour Cheikhoul Khadim et leur engagement constant dans les projets qu’il dirige et qui n’ont jamais connus de rupture. Cela est possible grâce à votre courage, abnégation, et déter-mination de n’attendre l’assistance autre que de DIEU, et convaincus qu’œuvrer pour Serigne Touba est meil-leur pour nous qu’œuvrer pour une autre personne car il est plus prompt à nous procurer les bienfaits d’ici-bas et d’au-delà. Il ressort de tout ce qui précède et que le Seigneur vous a gratifié, qu’il s’agit d’une voie, d’une croyance que nous devons nous ancrer et de nous y conformer partout et en toutes circonstances.

Merci à tous pour votre attention. Que la paix soit sur vous.

44 - Xassaid d’Or [Déc 2014]