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J’aimerais , à travers mon apprentissage du Xinyi hunyua taiji quan , partager quelques anecdotes sur Maître Feng. Elles concernent surtout sa première venue en Europe pour un stage en Suisse. De cette année 1993. A partir des années quatre-vingt, il y avait déjà pas mal de pratiquants de Taiji quan en Europe, surtout du style Yang. La majorité n’apprenait que les enchainements, ignorait les autres facettes du Taiji quan. Afin d’améliorer ma santé, j’avais aussi commencé par le style Yang. A l’époque, la Chine venait d’entamer son ouverture, il n’y avait pas beaucoup de livres chinois en France, je n’avais pas l’occasion de voir pratiquer le style Chen, originel du Taiji quan. C’était en 1989 que je voyais pour la première fois ce style. Depuis, pendant les vacances d’été, je faisais des allers-retours au village Chen Jiagou ou Wen Xian, chef-lieu du département. En 1990, sur la route vers Wen Xian, en passant par Beijing, j’avais la chance de rendre une courte visite à Feng Zhiqiang laoshi. J’étais de loin d’imaginer que de cette visite de courtoisie découlerait une relation « Maître–Disciple » quelques dizaines d’années après ! Est-ce la volonté du Ciel ? Est-ce du pur hasard?! Au printemps 1993, j’ai reçu une lettre de Feng Laoshi : il était invité en Suisse par Luc Theler pour diriger une compétition puis un stage. Il espérait que je pourrais venir participer. C’est la première fois que je mets les pieds à ce pays, très curieuse de savoir ce qui se passerait, et très contente de pouvoir rencontrer Feng Laoshi en Europe. C’est la première fois que je fais connaissance des amis pratiquants de l’école Hunyuan dont Kristanto et sa femme Paula venus des Pays-Bas. Après la compétition, beaucoup de personnes restaient sur les lieux. La maison de Luc était pleine à craquer. En voyant cette cohue, Feng Laoshi commençait à s’impatienter, il me dit : « Liwei (mon nom chinois), il vaut mieux que tu rentres chez toi et ne restes pas ici Je me sentais désemparée : je ne connaissais pas du tout cet endroit et en plus j’étais inscrite au stage du lendemain. Comment pouvais-je faire la navette ? (à l’époque, le voyage était assez laborieux entre la France et la Suisse) Très vite, la pensée « j’y suis, j’y reste » prenait le dessus.

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J’aimerais , à travers mon apprentissage du Xinyi hunyua taiji quan , partager quelques anecdotes sur Maître Feng. Elles concernent  surtout  sa première venue en Europe pour un stage en Suisse.

De cette année 1993.

A partir des années quatre-vingt, il y avait déjà pas mal de pratiquants de Taiji quan en Europe, surtout du style Yang. La majorité n’apprenait que les enchainements, ignorait les autres facettes du Taiji quan. Afin d’améliorer ma santé, j’avais aussi commencé par le style Yang. A l’époque, la Chine venait d’entamer son ouverture, il n’y avait pas beaucoup de livres chinois en France, je n’avais pas l’occasion de voir pratiquer le style Chen, originel du Taiji quan. C’était en 1989 que je voyais pour la première fois ce style. Depuis, pendant les vacances d’été, je faisais des allers-retours au village Chen Jiagou ou Wen Xian, chef-lieu du département. En 1990, sur la route vers Wen Xian, en passant par Beijing,  j’avais la chance de rendre une courte visite à Feng Zhiqiang laoshi. J’étais de loin d’imaginer que de cette visite de courtoisie découlerait une relation « Maître–Disciple » quelques dizaines d’années après !  Est-ce la volonté du Ciel ? Est-ce du pur hasard?!Au printemps 1993, j’ai reçu une lettre de Feng Laoshi : il était invité en Suisse par Luc Theler pour diriger une compétition puis un stage. Il espérait que je pourrais venir participer.C’est la première fois que je mets les pieds à ce pays, très curieuse de savoir ce qui se passerait, et très contente de pouvoir rencontrer Feng Laoshi en Europe. C’est la première fois que je fais connaissance des amis pratiquants de l’école Hunyuan dont Kristanto et sa femme Paula venus des Pays-Bas.Après la compétition, beaucoup de personnes restaient sur les lieux. La maison de Luc était pleine à craquer. En voyant cette cohue, Feng Laoshi  commençait à s’impatienter, il me dit : « Liwei (mon nom chinois), il vaut mieux que tu rentres chez toi et ne restes pas ici ! »Je me sentais désemparée : je ne connaissais pas du tout cet endroit et en plus j’étais inscrite au stage du lendemain. Comment pouvais-je faire la navette ? (à l’époque, le voyage était assez laborieux entre la France et la Suisse)Très vite, la pensée « j’y suis, j’y reste » prenait le dessus. Je commençais à appliquer la tactique ‘Taiji’ et je ne croyais point que Feng Laoshi me ‘chasserait’. Ainsi, je me faisais toute petite et attendais tranquillement dans un coin. Après un dîner plutôt sommaire, on commençait à s’organiser pour la nuit : chacun essayait de repérer une chambre puis d’y trouver une place libre pour s’allonger. Voyant que les choses s’arrangeaient, Feng Laoshi nous laissait nous débrouiller. Au petit matin, parmi une foule de personnes, en fouillant toute la maison, nous n’avions pas pu mettre la main sur Luc, disparu. Pour finir, en ouvrant la salle de bain, un ronflement émanant de la baignoire nous avait finalement tranquillisé : C’est bien le maître de maison qui a trouvé un endroit sûr pour dormir.

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Enseigner d’une façon traditionnelle.

Le stage était organisé dans une région montagneuse et boisée. Nous étions logés dans des maisonnettes en bois, au milieu de la verdure. C’est la première fois que je m’initie à la forme 24 de l’école Hunyuan. Avec mes cinq années de pratique du style Chen derrière, je pensais que l’apprentissage va couler de source. Or ce n’était pas le cas : les multiples cercles, dans un sens puis dans l’autre sens, m’avait rendu perplexes.Après une journée plutôt chaotique pour moi, une fois le repas du soir expédié, je me préparais à faire un petit tour. Dans le hall, je croisai Feng Laoshi, enveloppé dans un plaid. Il me fit signe d’en faire autant, en m’expliquant qu’il faisait frais dehors. Je n’avais pas compris où il voulait aller mais j’obtempérai et le suivis. En Suisse, il existe dans les forêts pas mal de propriétés privées possédant de larges domaines avec  logements et salles de pratiques religieuses,  quelques fois  ésotériques.  Effectivement, un peu à l’écart dans une rotonde, un groupe de ‘moines’ suisses était en train de réciter leur mantra. Ils nous firent signe de nous assoir à côté. Totalement à l’aise, Feng laoshi croisait ses jambes en position de lotus et il ne bougeait plus, comme s’il était chez lui. Dans le temps, j’ignorais que c’est ainsi il fait son Qigong méditatif. Assise à côté, je ne comprenais pas très bien ce qui se passait. Néanmoins j’avais passé par suite une bonne nuit. Sans explication verbale, Laoshi m’avait fait expérimenter le Qigong méditatif. C’est la façon d’enseignement à la ‘traditionnelle’ : laisser l’élève expérimenter par lui-même.Le lendemain matin, l’air montagneux était très vif et rendait les narines embuées. Nous suivions Laoshi dans les exercices de Hunyuan Qigong. Malgré mes années de pratique, mes mains restaient gelées. Arrivée à la posture « ouverture – fermeture des mains », Laoshi s’approcha de moi et mit ses paumes près des miens, au Laogong. Un flux de chaleur enveloppait mes mains. C’est la première fois que je captai la signification concrète de l’énergie « le Qi ». Et aussi dans les livres, le Taiji quan est classé parmi une des disciplines des arts martiaux internes ; puis on y trouve souvent l’adage « Travailler la boxe sans travailler la base gong, on vieillit avec les mains vides ». En montrant à partir des éléments concrets et en me laissant expérimenter par moi-même, Feng  Laoshi  m’avait indiqué les principes du Taiji quan. Il m’avait fait comprendre : La voie traditionnelle de cet enseignement consiste à « enseigner avec l’expression du corps et à faire une transmission verbale adaptée ».

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Entre l’intentionnel et le non intentionnel, jaillit la vrais intention.

Avec Feng Laoshi, a priori, rien ne peut présager que nos chemins puissent se croiser un jour : Il vivait en Chine et était reconnu comme un des meilleurs experts des arts martiaux chinois ; après mon doctorat en Sciences Mathématiques à l’Université de Paris, j’exerçais la profession de professeur et m’intégrais dans la société française. Dans la théorie de Probabilité, souvent, on évalue l’éventualité de l’apparition d’un événement en fournissant un pourcentage. Ce chiffre est compris entre zéro et un : plus ce chiffre est proche de ‘un’, plus la réalisation de cet événement est probable. En repassant toutes ces années, depuis la première visite chez lui, suivi des trajets en continu pour son enseignement, jusqu’à la reconnaissance « Maître-Disciple », ce trajet me semble improbable. En effet, la probabilité qu’au départ,  nos chemins se croisent est proche de ‘zéro’ !Ainsi, à un de mes séjours à Beijing,  je lui demandai :« Laoshi, est ce que vous croyez au karma Yuan fen en chinois ? »Il se retourna et me regarda, l’air surpris :« Et comment donc ! Bien sûr, il faut avoir beaucoup de yuan fen pour être ensemble. »De son vivant, Laoshi nous disait souvent : « Entre l’intentionnel et le non intentionnel, la vraie intention jaillit. » Cette phrase m’accompagne en silence dans le chemin de la Voie. Texte en chinois en vue de parution dans un « Mémorandum », rassemblant les souvenirs des disciples de Maître Feng.Ecrit et traduit en français  par Luo Liwei (Lac Le-My) 27/11/2012 à Paris France.

Les pratiquants du Tuishou, poussée de mains, sont conscients de l’importance de ressentir le point d’impact, appelé ‘ Dian’ en chinois, chez le partenaire. Beaucoup de mes camarades s’appliquent dans cette recherche. Comme les conditions ne sont pas remplies, leur recherche reste souvent vaine.Selon mon expérience, pour fixer exactement le point de contact, il est nécessaire de relever le niveau de relâchement, appelé ‘song’ en chinois, à travers les entraînements en Hunyuan Gong (travail interne)  et en Quan (taolu ou la forme).

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I.      Le relâchement est la première condition pour capter le point d’impact

1.                 Relâcher rend le toucher sensible

Relâcher augmente la sensibilité tactile. Imaginons que nous fermons nos yeux et utilisons uniquement les mains au contact d’un objet. Si les mains sont relâchées, nous pourrons détecter la moindre déformation de la zone de contact. Les extrémités de l’influx nerveux pourront transmettre fidèlement les informations qui permettront au cerveau de bâtir un jugement adéquat sur l’objet en question.Quand nous touchons les matières telles que la soie ou le velours, tout naturellement, nos mains sont souples et douces, et ne sont pas figées. Si nous gardons les mains et les doigts rigides, il est certain que nous passons à côté d’un détail et du petit changement au point de contact.

2.                 Relâcher aide à garder une pression et un frottement adéquats au point de contact.

Nous devons exercer une pression adéquate sur les doigts et la paume en contact avec le partenaire : avec une pression trop forte, nous serons incapables de capter les changements infimes chez le partenaire, par contre, ce sera lui qui va recevoir ces informations ; avec une pression trop légère, nous ne pourrons pas non plus diagnostiquer ce qui se passe en profondeur chez lui, et de plus, en le quittant, nous n’aurons pas toutes les informations concernant notre partenaire. Les caractéristiques de souplesse et de velouté de nos doigts et de nos mains ne seront mises en valeur que s’ils sont relâchés. Ils seront capables de détecter le changement chez le partenaire et apportent l’ajustement sur leur placement et sur leur pression. En utilisant les principes « Adhérer – Coller – Relier – Suivre », les doigts et les mains jouent leur rôle de sentinelle. Toutes les informations sur le centre de gravité, les forces internes et même les intentions du partenaire doivent être collectées en continu et véhiculées jusqu’au cerveau à travers ces éléments ‘guetteurs ‘(les mains et les doigts).Être relâché est la condition indispensable pour améliorer la capacité de perception, aussi appelée capacité ‘d’écoute’, ‘ting jing’ en Taiji quan. Si l’on n’est pas relâché, il sera impossible de bien capter les informations. Un expert en Tuishou peut faire l’expérience de garder exprès son corps tendu pendant le travail de poussée de main : il s’apercevra que son écoute deviendra moins bonne, baissant ainsi la qualité de son Tuishou.Bien entendu, le relâchement concerne tout le corps et ne s’arrête pas uniquement au niveau des membres supérieurs.

II.  Critères pour jauger  le travail de relâchement

Comment peut-on savoir si l’on est relâché ou non ? Sur ce sujet, les pratiquants restent souvent perplexes. En effet, le travail de relâchement n’est pas quantifiable. Mais, à un certain degré de relâchement, les différentes sensations vont apparaître. Et inversement, certaines sensations peuvent nous aider à améliorer notre travail de relâchement. Voici quelques-unes de ces perceptions concernant le relâchement que je veux partager avec le lecteur :

1.                 La sensation de bien-être.

Pendant l’entraînement de la forme ou le Tuishou, quand le relâchement atteint un bon degré, nous sentons un certain bien-être. Ce bien-être est différent du confort d’être reposé sur un

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sofa, différent de la sensation de détente lors d’une séance de thé ; il est aussi différent du contentement ressenti quand on admire un beau tableau ou devant un joli paysage. Cette sensation de bien-être n’apparait qu’après avoir éliminé les tensions accumulées et les durcissements musculaires. Elle va de l’intérieur vers l’extérieur, d’une manière globale.

2.                 La sensation de ’poids’

Pendant l’entraînement de la forme ou le Tuishou, quand le relâchement atteint un bon degré, nous sentons un certain ‘poids’. Ce poids peut être senti sur tout le corps. Dès la naissance, la force d’attraction terrestre n’a cessé d’agir sur nous. Etant né et vivant avec cette attraction terrestre, notre corps s’en est adapté et ignore son propre poids. Quand nous arrivons à bien nous relâcher, un supra état est engendré, les sensations physiologiques sont aiguisées à l’extrême. Ce qui permet de ressentir notre propre poids.

3.                 La sensation du calme

Pendant l’entraînement de la forme ou le Tuishou, quand le relâchement atteint un bon degré, une sensation de sérénité envahit la personne. A ce moment, nous sommes sensibles à toutes les activités environnantes. En entrant dans un calme profond, nous pouvons capter d’infimes mouvements tout autour, comme par exemple entendre la chute d’une aiguille de pin sur le sol. Or, quand nous sommes agités, nous ne pouvons pas entendre ce bruit si fin. C’est pourquoi, le degré de calme est aussi une jauge du travail de relâchement atteint.

4.                 La sensation de flux (flux sanguin et énergétique)

Pendant l’entraînement de la forme ou le Tuishou, quand le relâchement atteint un bon degré, une certaine sensation de fluidité transparaît. Quand on obtient une bonne détente musculaire et articulaire, l’obstruction sur la circulation sanguine et sur la fluidité énergétique est levée. Guidé par l’intention, les mouvements spiralés dynamisent tout le métabolisme fonctionnel. Par exemple, un patient atteint d’une hernie discale a ses muscles au niveau cervical bloqués provoquant une compression artérielle pour le côté du membre supérieur correspondant. Tout ce membre reste froid. C’est un exemple typique dû au non relâchement  physique, engendrant une mauvaise circulation.

5.                 La sensation de la globalité.

Pendant l’entraînement de la forme ou le Tuishou, quand le relâchement atteint un bon degré, une certaine sensation d’unité transparaît : On dirait que tout le corps est constitué d’une multitude de petites balles et de grandes balles qui se relient entre elles. « Dès un élément bouge, tout se met à bouger ». Ainsi, la sensibilité d’un endroit est transmis au ‘cœur’, une force exercée à un endroit va être compensée par d’autre endroit du corps, d’une manière harmonieuse. En prenant l’image d’un arbre, un adage disait : « Une branche bouge, cent branches bougent ». Il illustre parfaitement ce ‘phénomène’. Toute tension musculaire diminue la qualité de transmission des signaux. Elle influence sur la bonne coordination de la motricité. Si l’arbre est fait d’acier, il n’y aura pas ce phénomène de : « Une branche bouge, cent branches bougent ».A part la motricité et la transmission de l’information, il y a aussi l’unité entre l’externe et l’interne. Ceci nécessite un travail de ‘globalité’ important. Il n’est pas traité dans ce texte. L’unité entre l’externe et l’interne exige une étape de travail encore plus élevée ; ce n’est pas à ce niveau qu’on peut l’expérimenter.

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III.           Quelques observations

1.                 Eviter de généraliser

Etant donné que chaque personne est différente, on ne peut pas rechercher les mêmes ressentis que son voisin : on n’a pas toutes les sensations pareilles et ce n’est pas sûr que toutes les sensations nous arrivent simultanément ! Les ressentis similaires expriment tout simplement un certain degré de relâchement, mais ce degré est très différent selon les personnes.

2.                 Eviter de brûler les étapes

Le relâchement est quelque chose de naturel. C’est une  indication de notre état physique et psychique. Dans la vie quotidienne, nous sommes sans cesse mis sous tension, aussi bien pour le corps que pour le mental. Ainsi, à travers de longs entrainements de la forme, du Tuishou, jusqu’aux exercices de Hunyuan Qigong, nous devons systématiquement faire ce travail de relâchement pour le rendre automatique. Cet automatisme ne s’installe que si le travail est atteint. Ce relâchement est différent que les notions de détente ou de mollesse, il est obtenu après de longs entraînements, c’est un état naturel supérieur. On dit souvent : ‘l’eau arrive quand la tuyauterie est prête’. On ne peut pas obtenir cet état naturel en brûlant les étapes ! Il faut se donner du temps pour s’entraîner au relâchement.

3.                 Eviter de s’entêter

Les quelques exemples cités ci-dessus montrent les traits caractéristiques de l’état de relâchement. Avec ces sensations,  c’est le signe qu’on est sur de bonne voie concernant ce sujet et cela suffit.  Il faut éviter de rechercher ces sensations à tout prix. Ces sensations t’indiquent que tu es relâché à un certain degré et c’est tout. Le chemin reste long. Il ne faut pas s’entêter dessus.

4.                 Essayer de doser

Toute chose a un cadre. Si le relâchement n’est pas suffisant, cela ne va pas marcher. Mais son excès ne marche pas non plus : ce n’est pas ‘plus c’est relâcher, mieux c’est’. En effet, si  l’on en fait trop, cela devient ‘non tenu’. Par exemple, en Tuishou, la posture ‘relâchée’ correspond à l’état d’observation et d’action imminente.

IV.            Résumé.

Lao zi disait : « L’eau s’approche du Dao, la ‘Voie’. Elle est ‘souple’ et coule vers le bas, mais elle peut tout, perce tout. Gouttes par gouttes, elle peut percer les roches. »Ainsi, de l’extrême souplesse, on peut aboutir à l’extrême fermeté. L’extrême fermeté est née de l’extrême souplesse. La souplesse et le relâchement en Taiji quan sont obtenus grâce d’entrainements assidus et de longues durées. A travers des exercices souples, doux, en spirale, ronds,  non figés et en coordination avec tout le corps, pour finir, on arrive à se concentrer et se relâche au point d’impact ciblé. Ce travail ciblé est le résultat de l’union entre l’intention, le Qi et la force.En analysant les éléments sur le  Relâcher song  - Plongeant chen – Calme jing du corps et du résultat obtenu, on constate que les sensations comme paisible, serein, confortable et doux, stable et enraciné, léger et souple sont présentes. L’énergie suit l’intention pour circuler, le

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corps suit l’intention pour se déplacer. L’intention et le corps ne forme qu’un. Son corps vibre, son esprit tranquille, son souffle profond, une sensation de confort s’exprime par un bien-être, sans aucune pensée parasite. Les mouvements sont comme le courant d’un fleuve, en flux continu et imperturbable. En mouvement,  tout le corps y participe, comme un lièvre dans sa course,  impressionnant  comme la montagne ‘Tai shan’ (Montagne sacrée, située à l’Est, dans la province Shandong) écrasant son adversaire. En revenant au calme, on ne peut y déposer une plume, un insecte ne sait pas où poser. Tout est uni et exprime « adhérer – coller – suivre – non heurter ».Notre entraînement au quotidien inclut tous ces éléments : le calme et le relâchement, la rondeur et le non figé des mouvements, le naturel de l’exécution. C’est à travers notre entraînement du travail interne Gong, des expériences sur le terrain que nous pouvons prendre conscience du processus suivant : du calme au relâchement, du relâchement au point d’impact.Ainsi, il faut d’abord accomplir le travail de relâchement,  pour ensuite  saisir la notion sur le point d’impact, la cible.Ces lignes servent simplement l’envie de partager un peu mon point de vue.

Texte traduit en français par LAC Le-My, 12 Déc 2012.

A propos de l'auteur:

Maître Luchun (né en 1960) a débuté l’apprentissage du Baji quan et des techniques du Sanda dès son jeune âge. En 1985, il a commencé à suivre l’enseignement du Grand Maître Feng Zhiqiang et est devenu son disciple en 1989.

Lui-même docteur en Médecine Traditionnelle Chinoise, Me Lu a su développer les liens entre ses connaissances sur la MTC avec son travail interne en Hunyuan Neigong et l’application martiale du Taiji quan. En combinant sa pratique du Sanda des techniques de combats et le travail de Tuishou, poussées de mains en Taijiquan, son enseignement recouvre à la fois l’interne et l’externe, la théorie et la pratique.

Gradé du 5ème Duan Wushu chinois, il assure aujourd’hui les fonctions d’instructeur du Centre Hunyuan Beijing, conférencier aux Instituts Universitaires en Chine et à Hongkong, séminariste aux USA, à Singapore, en Russie et en France.

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Ce texte est paru en 1999 , dans la 1ère Edition de la revue Hunyuan Taiji. Il est écrit par Sun Zhonghua, disciple vétéran de l’école Xinyi Hunyuan Taiji quan. Sous le titre « Des mains dessinant le Taiji, réalisent le Hunyuan en une nuit - A propos de la naissance du logo de Academy Martial Zhiqiang », il décrit la ‘naissance’ du logo de l’académie. Très émouvantes et pleines de sagesse, ces quelques lignes illustrent comment l’inspiration a pu se concrétiser en une nuit, comme par magie. Elles témoignent aussi que la réussite n’est jamais fortuite: Elle est le fruit de la synergie et du travail collectif acharné. Les explications mises entre parenthèses ou en pied de page ont été ajoutées par le-My Lac.

L’Académie Martiale Zhiqiang Wuguan fondée depuis une dizaine d’années ne possède pas son propre logo. Cette manque de représentation ne correspond pas à l’image de haut niveau du Maître ; elle ne facilite pas non plus le développement de l’Académie ni la promotion du Taiji quan style Chen Xinyi Hunyuan. En été 1998, à propos du logo, Maître Feng a précisé : « Il faut le réaliser ».Mon camarade Yufei (Zhang Yufei, un vétéran condisciple) a préparé plusieurs propositions. Elles sont basées sur l’idée suivante : mettre en relief l’image du Maître en pleine exécution de la forme, sur un fond du diagramme du Taiji Bagua. Elles nous ont fourni un fil conducteur.En Aout 1998, Xiu Fang (la fille ainée de Maitre Feng) a dirigé une réunion de préparation et annoncé que la réunion de rencontre amicale de l’Academy Martial Zhiqiang aurait lieu le 11 Octobre. Elle a aussi prévenu qu’il y aurait une importante révélation concernant le logo.Ainsi, chacun savait qu’il faudrait accélérer le pas. Xiuqian (la 3ème fille de Maitre Feng) recevait de plus en plus de propositions sur le logo. En les examinant, personne n’était satisfait, mais aucun ne savait préciser pourquoi.La réunion du 11 Octobre s’approchait à grand pas et chacun a un peu le cœur serré : pourrait-on arriver à mettre en place le logo à temps !Un Dimanche au Parc de Tiantan, lors de l’entrainement, je dis à Xiufang et à Xiuqian : « Si vous recevez des propositions adéquates, j’y adhèrerai. Mais apparemment, personne n’est satisfait jusqu’à présent. Je veux bien essayer moi-même (dans l’esquisse du logo). » Vers mi-septembre, nous continuions à recevoir une série de propositions. Des propositions venaient d’une création collective de Shanghai dans lesquelles, à part des différents logos, il y avait aussi des dessins sous forme de bande dessinée. Nous pensions qu’elles étaient dessinées par des mains professionnelles. Certains pratiquants pékinois spécialisés dans le dessin soumettaient aussi des croquis. Un ami japonais travaillant dans le design suggérait plusieurs planches à motifs traditionnels avec une ambiance typiquement japonaise. Lors de la réunion du 18 Septembre à la Salle culturelle Xicheng, je remis mes premières esquisses. Les réactions étaient mitigées pareilles. Quand Zhuang Jianguo (un des

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condisciples) fit la remarque suivante: « Tes esquisses ressemblent à la 1ère page des livres du Taiji quan. », je pris conscience que mes recherches n’étaient pas orientées vers le fond mais plutôt vers la forme. Ainsi, mes esquisses étaient superficielles et vides. A partir de ce moment, la voie à suivre semblait s’éclaircir dans ma tête. Pendant les jours suivants, après mon travail et jusqu’à minuit, je consacrais tout mon temps à reformuler ma pensée. Je dessinais quelques arabesques avec des lignes bleues et rouges entrecroisées et spiralées. Elles me suggéraient de nouvelles idées. A nouveau, lors de la rencontre du 25 Septembre, mes camarades semblaient avoir moins de réticence sur mes dessins et donnaient des avis d’amélioration. Quand Chen Xiang (un des condisciples, vétéran de l’école) dit: « Ce serait bien de le faire tourner », ce fut pour moi une révélation. Je lui demandai de bien vouloir préciser, il me démontra avec ses mains : « Ben, voilà, c’est comme ça, c’est comme ça que je ressens quand je m’entraîne. Mais c’est difficile de préciser en réalité. » Et il me demanda si j’avais vu le film ‘Le grand choc entre le ciel et la terre’. Il trouvait que c’était un peu cette idée de ‘tourner’ montrée dans le générique de ce film. Le lendemain fut un samedi. J’allai spécialement voir ce film. Dès le début du film, on vit deux faisceaux de lumière venant de la gauche et de la droite et se converger vers le centre, tourbillonner puis disparaitre subitement. C’était trop rapide. Je n’avais pas le temps de bien voir. Par contre, je comprenais mieux l’idée du mouvement (que parlait Chen Xiang). Le 27 Septembre soir, je rendis visite à Maitre Feng. En principe, Maitre Feng n’émettais pas d’opinion sur les propositions. D’après lui, le logo adéquat serait celui qui obtiendrait consensus. Sur l’incorporation du mot Feng (son nom de famille) dans le logo, il dit quelque chose très courts et très concis : « Le Taiji n’appartient à personne, ni à une quelconque famille. ». Sur mon trajet de retour, en m’accompagnant un bout de chemin, il dit en douceur : «Je suis d’accord que ça bouge. C’est préférable en noir et blanc. ». Mon esprit s’éclaircit d’un coup et je ne pus pas m’empêcher d’ajouter : « Mais bien sûr ! La lumière est composée de sept couleurs. Mélangées, elle est blanche. Sans lumière, elle est noire. Les couleurs noir et blanc représentent le yin et le yang. Elles comprennent les notions d’être et le néant. Elles incluent toutes les couleurs. » Maitre Feng sourit et ajouta : « A l’extérieur (du logo), ajoutes le bagua. Il représente les huit directions. »  (NDT: Les huit directions : les quatre points cardinaux (Est- Sud – Ouest – Nord) et les quatre point cardinaux secondaires (Sud –Est ; sud-Ouest ; Nord-Est ; Nord-Ouest).Grâce à ses paroles, mon imagination s’était mis en marche, une impulsion me poussa à exprimer vite toutes ces idées sur papier. Une fois arrivé à la maison, malgré que le remue-méninge atteignait son extrême excitation, en prenant le pinceau, je constatais que ma tête était resté vide: comment formuler sur un dessin l’idée de ‘faire tourner’. En effet, sur un dessin, on ne peut pas mettre des cordes avec plein de nœuds, on ne peut pas mettre de choses trop compliquées non plus. Petit à petit, j’avais l’impression que mes sensations se réfugiaient vers l’arrière du cerveau et se rétrécissaient, la feuille blanche ainsi que tous les objets autour de moi disparaissaient. Il ne restait que ma pensée flottant dans le vide. Au début, elle partait de l’extérieur et tournait vers l’intérieur. Après quelques répétitions, les images restaient floues. Puis un flash passa, elle repartait en tournant de l’intérieur vers l’extérieur. La partie centrale très nette devient de plus en plus floue en tournant vers la périphérie. Mais bien sûr, c’était ça. Très rapidement, je réalisai sur papier un croquis. Mais comment faire pour que les éléments périphériques se soient assemblés? A nouveau, je m’efforçai de réunir mon esprit : comment faire pour ramener les deux faisceaux de lumière vers le centre, après les avoir étendu vers la périphérie ? J’imaginai que ces faisceaux se courbaient et devenaient concentriques. En les dessinant, j’obtins une nette image sphérique. Saurais-je la reproduire avec le compas?

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Sans hésitation, je dessinai l’arc de cercle et constatai qu’il collait parfaitement à l’image circulaire que j’avais esquissée. En fermant les yeux, je vis nettement apparaître un schéma avec deux flux noir et blanc s’entrecroisant, avec la figure du Taiji au centre. La place centrale du Taiji signifiait qu’il englobait TOUT : l’état primordial ‘hunyuan’, le mouvement spiralé de l’univers, le flux cyclique de l’énergie, … A ce moment, je me dis : « Voilà, c’est bien ça ! C’est bien ainsi ! » En même temps, je fus très surpris de cette simplicité et de cette évidence. On dirait qu’il ne venait pas être dessiné mais avait toujours existé, immuable, caché en profondeur et venant de loin. Ce ne fut tout juste qu’un hasard que quelqu’un l’apprivoisait en la dessinant. Je ressentais un léger vertige et mon front transpirait un peu. A nouveau, je regardais le dessin. On dirait qu’il devenait vivant. Je me sentais presque désolé de l’avoir dérangé. On dirait qu’un ange observait ma création d’en haut. Je ressentais une légère inquiétude. Quand je finis de compléter le logo par le schéma du bagua et le nom du Wuguan (le dojo), il était quatre heure du matin. Le 04 Octobre, la réunion se passait à l’Institut de Danse Beijing. Maitre Feng et mes condisciples du comité de discussion étaient tous présents. Je montrai le croquis. Je découvris qu’ils avaient cette réaction de ‘Voilà, c’est ça’. Un condisciple retardataire s’exclama, dès qu’il vit le dessin : « On dirait Maitre Feng en train de pratiquer la forme ! ».

Quand les autres lui montrèrent ce dessin, Yong ge (Xue Yongge, un autre condisciple) dit spontanément : « Mais n’est-ce pas, c’est Hunyuan Taiji ?! » Maitre Feng m’incita à expliquer quelle avait été ma démarche pour aboutir à ce dessin. « A vrai dire, ma tête semblait peu claire, un peu chaotique ». Maitre Feng dit : « Quand c’est chaotique, c’est justement cela. » Il fit rire toute l’assistance. J’en profitai pour raconter comment en regroupant les idées des uns et des autres et les précisions fournies par Me Feng pour arriver à cet aboutissement. Certaines personnes souhaitaient ajouter les quatre mots Hunyuan Taiji dans le contour du dessin. M. Li des Etats-Unis suggérait de flouer un peu les contours des cercles. Le 11 Octobre, à la réunion de rencontre amicale, le logo fut dévoilé au public comme prévu. Les applaudissements de l’assemblée montraient son approbation. Maitre Feng ajouta : « Lors ma visite aux Etats-Unis, dans un centre astronomique, j’ai vu les photos de l’univers (des galaxies). Il ressemble à ce logo. » Une autre salve d’applaudissements retentit à nouveau dans la salle. Ainsi naquit le logo de l’Academy Martial Zhiqiang.