L’AFRIQUE : LES DÉFIS DU DÉVELOPPEMENT

Retour sur le Sahara. Quelles informations peut-on en tirer ? Un espace aux fortes contraintes et ressources mais qui doit faire face à des difficultés et défis importants. L’Afrique est à l’image du Sahara, pleine de potentialité, mais freinée pour l’instant par des difficultés qui ne sont pourtant pas insurmontables.

I. L’Afrique, un continent sous-développé à l’écart de la mondialisation ?

1. D’importants problèmes de développement

L’IDH est faible dans une majorité de pays Africains.

http://www.statistiques-mondiales.com/indice_de_pauvrete_iph1.htm

Le lien ci-dessus ouvre un site de classement de l’IPH (indicateur de pauvreté humaine). 48 pays africains dans le classement (sur 54 pays africains…).

Quelques données mais les manuels en regorgent…

=> Champion du monde de la mortalité infantile, le Niger, 90‰.

=> Les deux tiers des 34 millions de personnes touchées par le SIDA sont des africains.

=> Paludisme (1 million de décès/an, 250 millions de malades)

=> Malnutrition (230 millions de concernés ?)

=> L’espérance de vie en Afrique est de 57 ans (moyenne mondiale 69 ans).

=> fuite des cerveaux, surtout des blouses blanches

À ceci s’ajoutent des difficultés à recueillir des données sûres.

2. Un continent en retrait de la mondialisation… en apparence

L’Afrique a un PIB de 1500 milliards de dollars (2010), 2% du PIB mondial, équivalent de la ville de Tokyo. 3% du commerce mondial. Son poids dans les flux mondiaux est donc extrêmement faible.

Aucune ville africaine n’est dans les premières métropoles mondiales, l’Afrique reste en marge du réseau mondial de transports.

La croissance est fragile, liée à l’évolution du cours des matières premières. Les Etats, après la décolonisation ont souvent mal gérés leurs ressources, gaspillant les revenus dans une économie de rente au lieu de rechercher un développement réel.

Economie de rente : Economie peu diversifiée, fondée essentiellement sur l’exploitation des ressources naturelles.

Doc 2 p. 329 Les flux migratoires

Mais en réalité l’Afrique se trouve au cœur de certains flux :

- Les flux migratoires y sont très importants, soit à destination d’un autre pays africain (pour des questions économiques ou politiques) ou de l’Europe (migrations économiques). Dans le cas de migrations économiques ce ne sont pas les populations les plus pauvres qui partent.

- Les flux illicites : trafics d’armes et de drogue y sont très développés (l’Afrique est la plaque tournante du trafic de cocaïne entre l’A.S. et l’Europe) et empruntent des circuits de plus en plus raffinés.

3. Mais une inégale intégration dans la mondialisation

Carte 2 p. 327

Il faut distinguer différents types de pays en Afrique :

- Un pays émergent, l’Afrique du sud, qui dispose d’une bonne interface maritime (port de Durban) et d’une économie en forte croissance.

- Les pays d’Afrique du Nord, du Golfe de Guinée et le Kenya qui disposent de ressources naturelles et d’une interface maritime leur permettant de mieux s’insérer dans la mondialisation sans cependant pouvoir prétendre au statut de pays émergents.

- Les pays « enclavés », sans interface maritime, pouvant parfois faire face à d’importants problèmes politiques (guerres civiles, tensions ethniques) mais qui connaissent un rôle dans les flux illégaux : pays du Sahel et du Soudan, pays des grands lacs et d’Afrique Australe (hors Afrique du Sud).

Quelques chiffres : 

=> Afrique du nord : 17% de la pop, 40% du PIB continental

=> Extrême-austral : 5% de la pop, 30% du PIB continental

=> Afrique subsaharienne (hors Afrique du Sud) : 80% de la pop, et 30% du PIB continental

II. Des signes de décollage…

1. Un continent aux ressources importantes

Doc 1 p. 316

- L’Afrique dispose de ressources importantes en minerais et en hydrocarbures :

Pétrole dans le Golfe de Guinée, au Soudan et Soudan du Sud, en Lybie. Gaz en Algérie. Métaux précieux et diamants en Afrique Australe et au Libéria et Sierra Leone Minerais dans la région des Grands Lacs, en Afrique de l’Ouest et Australe

- Des ressources forestières en Afrique équatoriale.

- Des grands fleuves présentant un potentiel agricole et hydroélectrique.

- De vastes terres propices à l’agriculture.

Cependant ces ressources peuvent être une malédiction car :

- Elles suscitent les convoitises des trafiquants, des États voisins (région des Grands Lacs) ou des FTN (Doc 2 p. 323).

- Mal gérées elles peuvent conduire au « mal développement » (Doc 1 p. 324).

2. Un essor important

La croissance actuelle (5% l’an) est non négligeable. Le nombre des ménages solvables, qui ont un pouvoir d’achat permettant d’amorcer une consommation intérieure apparaît. Plus généralement… les éléments qui accompagnent cette croissance sont :

=> Revenus des produits d’exportations (ils ont quand même du positif)

=> Recul de la natalité :

L’Afrique subsaharienne amorce un lent recul du nombre d’enfants par femme :

2001 2011Afrique occidentale 5,8 5,5

Afrique orientale 5,7 5,3Afrique centrale 6,6 5,7

=> L’émergence d’une classe moyenne (100 millions de personnes, surtout en Afrique australe, du nord et au Kenya) active et cultivée.

=> L’économie informelle est un soutien invisible. Les marges dynamiques sont des zones de mutations et de mobilités grâce au différentiel de réglementation, aux trafics.

Le secteur informel est essentiel en Afrique. Les territoires informels sont les marchés, les rues, les carrefours... On trafique mais on assure aussi des services qui ne le sont pas par les États, ou très mal.

3. Des investissements étrangers de plus en plus importants

Les investisseurs étrangers en Afrique sont traditionnellement les anciennes puissances coloniales : La France en Afrique de l’ouest et le R.U. en Afrique de l’est. Ils restent aujourd’hui les principaux investisseurs sur le continent

Nouveau phénomène : Investissements extérieurs des pays émergents (10 voyages en Afrique de Lula entre 2003 et 2010), IDE surtout dans des projets d’infrastructures qui peuvent impulser le développement (les IDE des PDEM concernent surtout l’exploitation des ressources). La Chine est aujourd’hui l’un des principaux investisseurs en Afrique.

Avec un phénomène nouveau, les IDE intra africains : Notamment en provenance d’Afrique du Sud.

Il faut cependant amener des nuances sur ces IDE :

- Dans le cas des anciennes puissances coloniales ces investissements se font surtout dans les secteurs favorables à l’économie de ces pays et pas des Africains (matières premières, produits agricoles). Ces investissements dégagent parfois un relent « néocolonialiste ».

- Dans le cas des puissances émergentes ces investissements peuvent prendre un aspect prédateur. Exemple du land grabbing (doc 3 p. 321).

III. … Mais de nombreux défis à relever.

1. Le défi alimentaire et environnemental

Doc 1 p. 320

Rappel : en Afrique subsaharienne 220 millions sont sous nourries en 2014.

- Cette sous-nutrition touche surtout les pays d’Afrique centrale et de l’est : pas forcément les + touchés par la sécheresse, donc pas de cause climatique. Surtout les États touchés par des problèmes politiques : guerres civiles…

- En fait les causes sont multiples :

=> hausse des cours mondiaux des produits agricoles bruts, (ajouter la spéculation)

=> retards techniques endémiques en termes agricoles,

=> mauvaises récoltes,

=> projets plus ou moins viables des différents acteurs (locaux, ONG, ONU, partenaires privés)

Doc 3 p. 321

- Le problème du land-grabbing :À l’échelle mondiale, les terres ont tendance à se raréfier. Groupes financiers, Etats, holdings agricoles investissent en Afrique dans l’achat/l’exploitation de terres. La Chine possède déjà 10 millions d’hectares mais elle n’est pas le seul État (Arabie Saoudite… même l’Allemagne a l’intention d‘acheter des terres pour produire de l’électricité).La FAO cherche à encadrer ce phénomène en prônant le « gagnant-gagnant » (intensification des techniques, augmentation des rendements, développement des infrastructures. L’Afrique y gagnerait)

Doc 2 p. 320

- Des solutions sont possibles :

=> Avec des politiques volontaires comme au Malawi on peut développer la production locale pour sécuriser l’alimentation, première étape vers le développement.

=> Mais ces politiques se heurtent aux intérêts des États développés et émergents qui exportent vers l’Afrique leurs produits agricoles ainsi qu’aux institutions internationales (FMI et Banque Mondiale) qui prônent des politiques libérales et conditionnent leur aide à la baisse des dépenses publiques.

- Le plus inquiétant est sans doute ce qui relève des questions environnementales. L’explosion urbaine incontrôlée entraine une pollution tous azimuts, sans parler des décharges sauvages de produits hautement toxiques venus du Nord. On peut parler à terme d’une bombe à retardement à l’échelle du continent.

2. Les défis humains

- la croissance démographique.

Le continent devrait compter près de 2 milliards d’habitants en 2050. La croissance actuelle est de 2,5% par an. Doublement prévu dans 25 ans, stabilisation vers 2100 ?

Des pays comme le Nigéria, l’Ethiopie vont devenir des puissances démographiques. Les éternels problèmes sanitaires, éducatifs se poseront de manière aiguë.

En terme de Transition démographique, un écart est évident entre l’Afrique du nord, plus ou moins sortie de la phase (fécondité de 1,8 en Tunisie) et le reste de l’Afrique, en pleine TD.

- La croissance urbaine

=> le deuxième défi est la maîtrise de l’urbanisation.

Taux d’urbanisation de 40% actuellement soit 400 millions d’africains urbains. (60% en 2050 ?)

Les défis sont ceux du développement, sans aucun moyen financier réel. Avec comme première urgence l’alimentation ! (le coût moyen de l’alimentation représente 60% du pouvoir d’achat du citadin africain. Que reste-t-il pour le reste ?)

Les mégapoles sont le Caire, Lagos (15 millions), Kinshasa (8). Les seules villes proches d’une intégration au Nord sont les grands ports sud-africains, et encore, ils sont relativement éloignés même si sur les grandes routes planétaires.

La croissance urbaine pose aussi le problème des aménagements nécessaires au développement : accès à l’eau potable, services de santé, de voirie, de sécurité…

3. Les défis politiques

L’anglais et le français demeurent les vecteurs linguistiques clés pour des territoires marqués par la colonisation. Ces deux langues permettent de transcender les clivages ethniques. Les différentes unions existantes, en projet () permettent d’entrevoir la construction effective d’une Afrique viable politiquement (donc aussi économiquement).L’autre défi politique est de parvenir à contenir les convoitises de pays comme la Chine. Les pressions existent sur les matières premières, le pétrole, l’uranium, les diamants, les terres…En outre, les produits chinois inondent le continent, perturbant les circuits économiques locaux.

Conclusion

L’Afrique est jusqu’ici l’État resté le plus à l’écart de la mondialisation, celui qui connait les plus grandes difficultés de développement et les plus grands défis. Il faut toutefois se garder d’adopter une version misérabiliste ou condescendante (« l’Africain n’est pas encore entré dans l’histoire ») de l’Afrique. Les atouts de l’Afrique sont nombreux et le continent montre une croissance vigoureuse. Avec des politiques adaptées certains pays africains connaissent des progrès certains. L’Afrique est peut-être le continent de l’avenir.