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Les Perspectives économiques en Afrique (PEA)s’appuient sur l’expérience et les compétences del’OCDE et de la Banque africaine de développement(BAfD) pour livrer chaque année un instantané de lasituation économique de pays africains. Au-delà deleurs frontières, cet ouvrage de référence propose un bilande santé du continent tout entier, qui intègre le contexteinternational, le jeu des facteurs internes et l’influencede l’économie mondiale. Cette Vue d’ensemble présenteune analyse globale de l’état des économies africaines,replacées dans un contexte continental et planétaire.Pour chacun des pays composant notre échantillon,nous identifions et examinons des paramètres clésidentiques.

Cette nouvelle édition a par ailleurs retenu pourthème spécifique l’accès à l’eau potable et àl’assainissement.

Les 31 pays passés en revue dans cette sixièmeédition des Perspectives économiques en Afriquereprésentent ensemble près de 86 pour cent de lapopulation africaine et 91 pour cent de la productiondu continent. Les pays sont classés par sous-région :

• en Afrique du Nord : Algérie, Égypte, Maroc etTunisie ;

• en Afrique de l’Ouest : Bénin, Burkina Faso,Côte d’Ivoire, Ghana, Mali, Niger, Nigeria etSénégal ;

• en Afrique centrale : Cameroun, Gabon,république du Congo, RDC (républiquedémocratique du Congo), Rwanda et Tchad ;

• en Afrique de l’Est : Éthiopie, Kenya, Madagascar,Maurice, Ouganda et Tanzanie ;

• en Afrique australe : Afrique du Sud, Angola,Botswana, Malawi, Mozambique, Namibie etZambie.

Notre évaluation comparative dresse un état deslieux à l’échelle du continent. Elle se fonde sur lesétudes de chaque pays et les analyses complémentaires

produites par la BAfD et le Centre de développementde l’OCDE.

On estime que l’activité économique en Afrique aprogressé de l’ordre 5.5 pour cent en 2006. Cettetendance devrait se maintenir en 2007 et 2008, àrespectivement 5.9 et 5.7 pour cent de croissance. Lespays exportateurs de pétrole distancent néanmoinsnettement les autres pays. En outre, certains pays sonttoujours aux prises avec de graves difficultés – notamment la catastrophe humanitaire du Darfourau Soudan, le naufrage de l’économie au Zimbabwe,les conflits et l’instabilité politique en Côte d’Ivoire, enÉthiopie et en Somalie, ou encore les problèmes desécurité dans la région pétrolifère du delta, au Nigeria.Tous ces événements risquent d’assombrir leursperspectives de croissance. Pour autant, la situation dela plupart des pays africains reste hautement favorable.Malgré un léger fléchissement, l’expansion mondialepersistante continue à soutenir la demande de pétroleet d’autres matières premières industrielles, à des coursassez élevés. Ces bonnes perspectives économiques sontconfortées par une augmentation significative de l’APD(aide publique au développement) à l’Afrique, en grandepartie grâce aux allégements de dette et à l’aide d’urgence,mais facilitée aussi par la consolidation de la stabilitémacro-économique. La croissance, de son côté, estdopée par l’augmentation de la production de pétroleen Afrique australe et centrale et par un certain reculde l’insécurité.

L’inflation a cependant franchi à nouveau la barredes 10 pour cent dans les pays importateurs nets depétrole, sous l’effet principalement de la flambée descours. La balance commerciale s’est améliorée dans denombreux pays, les exportateurs de pétrole et de mineraismétallifères enregistrant les progressions les plusimportantes, tandis que certains pays ont vu leur factured’importations s’alourdir et les cours de plusieursproduits agricoles (le cacao et le coton notamment) sereplier. Les bénéfices exceptionnels liés aux cours des

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produits de base ont favorisé un redressement desfinances publiques, surtout dans les économiesexportatrices nettes de pétrole. Ces recettes devrontêtre judicieusement gérées – en affectant une partsubstantielle à des investissements dans les transportset autres infrastructures ainsi que dans le développementdes ressources humaines – afin de poser les jalons d’unecroissance économique durable une fois retombél’emballement du prix des matières premières. À cetégard, les Perspectives économiques en Afrique mettenten lumière les efforts récents d’un certain nombre depays exportateurs de pétrole pour accroître latransparence des opérations de leur secteur pétrolier etintroduire des règles budgétaires relatives à l’utilisationde la manne pétrolière.

Pour les pays importateurs nets de pétrole, le problèmeest radicalement différent. Alors que les estimationstablent sur le maintien d’une croissance alerte du PIBen 2007 et 2008, l’inflation à deux chiffres a fait son retouravec une répercussion plus directe de l’augmentationdes produits pétroliers sur les consommateurs. Maistoute tentative pour ramener l’inflation en deçà de10 pour cent pourrait avoir des effets néfastes sur lacroissance. En outre, les prévisions de croissance du PIBavancées dans cette édition misent sur un creusementdes déficits des comptes courants, lié à l’augmentationpersistante des prix du pétrole alors que l’envolée desproduits non pétroliers semble en fin de course. Lesprévisions tablent donc sur un afflux imminent de fondsadditionnels indispensables au financement des déficits.Cette panoplie de défis menaçant la politique macro-économique est l’une des ombres au tableau qu’il fautgarder en tête au moment d’évaluer les perspectiveséconomiques présentes de l’Afrique.

Mais le creusement des déséquilibres, déjàconséquents, de l’économie mondiale est lourd d’autresmenaces. En cas de réponse désordonnée – avec debrusques écarts des taux de change – un repli précipitéde la production mondiale et, partant, de la demandeen produits exportés par l’Afrique, n’est pas à exclure.Par ailleurs, en dehors des négociations de Doha, la levée des quotas commerciaux dans la filière textile-habillement depuis le début de l’année 2005 aposé de sérieuses difficultés aux pays africains

exportateurs (Afrique du Nord, Madagascar et Maurice),exposés à la concurrence venue d’Asie, en particulierde Chine.

En net déclin au fil des années 90, le niveau del’aide remonte depuis quelques années ; le continentafricain en est le premier bénéficiaire. Le lancement duNepad (Nouveau partenariat pour le développement del’Afrique), le consensus de Monterrey sur le financementdu développement (2002), la mise en œuvre de l’initiativePPTE (pays pauvres très endettés) renforcée et lesengagements pris lors du sommet du G8, à Gleneagles(2005) – qui devraient encore sensiblement alléger lefardeau de la dette extérieure – ont tous fortementcontribué à augmenter les flux financiers vers l’Afriqueau titre du développement. Reste à savoir si l’aide vacontinuer à augmenter, au-delà de la hausseconjoncturelle liée aux allégements de dette et à l’aided’urgence. Les bailleurs seront-ils en mesure de mobilisersuffisamment de ressources pour tenir leurs engagements– déjà nettement inférieurs aux montants nécessaires pourpermettre à la plupart des pays d’atteindre leurs objectifsdu Millénaire pour le développement (OMD) d’ici2015 ? Notre étude de suivi des OMD confirme d’ailleursle diagnostic de la précédente édition des Perspectiveséconomiques en Afrique : sur la base des tendancesrécentes, seuls six pays d’Afrique – pour la plupart enAfrique du Nord – sont susceptibles d’accomplir l’objectifcapital de réduire de moitié le nombre de personnesvivant avec moins d’un dollar par jour.

À cet égard, les années 2005 et 2006 ont étél’occasion d’une série d’initiatives nouvelles visant àapporter une aide accrue et plus efficace dans laperspective de 2015.

Depuis quelques années et à mesure que l’onreconnaît son rôle crucial dans la croissance économiqueet la lutte contre la pauvreté, la bonne gouvernancesuscite une attention croissante. Le Nepad joue là unrôle de premier plan. Le mécanisme africain d’examenpar les pairs (MAEP) devrait donc produire uneévaluation de bonne foi de la situation dans les paysd’Afrique et favoriser les avancées en matière degouvernance. Le Ghana, le Kenya et le Rwanda sontles premiers à avoir parachevé cet exercice. Les Perspectives

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1. Source : OCDE (2006), Perspectives économiques de l’OCDE, Paris, décembre.

Figure 1 - Croissance dans les pays de l’OCDE

Source : OCDE (2006), Perspectives économiques de l’OCDE, décembre.

économiques en Afrique montrent que, depuis unedizaine d’années, la démocratie s’enracine peu à peu dansun certain nombre de pays – comme en témoignentles substantiels progrès des processus électoraux – alorsque les conflits commencent à s’apaiser. Cependant, lacorruption reste omniprésente dans de nombreux pays.Et malgré les avancées enregistrées dans la gestionmacro-économique et l’environnement réglementaire,il reste encore beaucoup à faire pour créer un climatpropice au développement du secteur privé.

Environnement international

La croissance dans la zone de l’OCDE

La croissance du PIB s’est quelque peu affermie en2006, à 3.2 pour cent (contre 2.7 pour cent en 2005),marquant par là la cinquième année consécutived’expansion dans les pays de l’OCDE et ce, malgré la

flambée des cours du pétrole. Les perspectives tablentsur un léger ralentissement – à respectivement 2.5 et2.7 pour cent en 2007 et 2008 (figure 1) – avec unecertaine convergence des taux de croissance desdifférentes régions de l’OCDE1. Le fort infléchissementde l’investissement dans l’immobilier – entamé audeuxième trimestre 2006 et censé se poursuivre jusqu’en2007 – a précipité la décélération marquée de lacroissance américaine, même si d’autres composantesde la demande intérieure restent solides. L’expansiondu Japon, basée à l’origine sur les exportations, s’appuieaussi désormais sur la formation de capital fixe desentreprises et la consommation des ménages. Mais lacroissance du PIB devrait y être sensiblement inférieureaux résultats de 2005 et 2006. Dans la zone euro, lademande intérieure s’est considérablement renforcée ausecond semestre 2006. L’investissement puis laconsommation sont désormais les deux moteurs de lacroissance maintenant que la situation de l’emploi s’estconsolidée. Pour l’essentiel, la croissance à court terme

http://dx.doi.org/10.1787/004423678524

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du PIB dans les pays de l’OCDE devrait dépasser ouse rapprocher de la croissance potentielle, comblant cefaisant le déficit de production et entraînant uneaugmentation de la formation de capital fixe. Lacroissance se nourrit toujours de politiques budgétairesd’accompagnement, de la faiblesse des taux d’intérêt àlong terme et d’une inflation qui devrait rester stable.Les perspectives pour 2007 et 2008 envisagent pourtantun certain resserrement des politiques monétaires dansla plupart des pays et une plus grande rigueur budgétaire.

En dehors de la zone de l’OCDE, la croissancereste particulièrement tonique en Asie, sous l’effet dudéveloppement rapide de la Chine et de l’Inde. Lecommerce mondial s’est accéléré en 2006, avec uneexpansion de 9.6 pour cent par rapport au niveau déjàsoutenu de 2005 (7.3 pour cent). Il devrait resterdynamique en 2007 et 2008, autour de 8 pour cent.

Ces bons résultats des pays de l’OCDE et de l’Asieont contribué à développer l’activité économique enAfrique en 2005 et 2006, tirée par une progression desvolumes d’exportations de près de 11.5 pour cent enmoyenne annuelle. La croissance de la demande debiens importés attendue dans les pays de l’OCDE etd’Asie pour 2007 et 2008 augure favorablement d’unedemande soutenue des produits d’exportation africainesces deux prochaines années.

Les taux de change

Les inquiétudes relatives à la pérennité des fluxnécessaires au financement du déficit de la balancecourante américaine demeurent. Elles ont déjà conduità de sensibles ajustements du taux de change, qui ontrenforcé la compétitivité des exportations américainesface à celles de la zone euro et du Japon au cours de lapériode 2002-04. Malgré l’appréciation du dollaraméricain par rapport à l’euro, d’environ 12 pour centen 2005 sous l’effet de larges entrées de capitaux, le billetvert a reperdu du terrain tout au long de 2006 et audébut de 2007. Ainsi en janvier 2007, on pouvaitobtenir pour un euro pratiquement 48 pour cent dedollars de plus qu’en janvier 2002 (figure 2). Lesvariations enregistrées vis-à-vis d’autres monnaies ontcependant été plus modérées et, globalement, les tauxde change se sont ajustés sans heurts.

L’affaiblissement du dollar face à l’euro en 2006 aprovoqué une modeste appréciation du taux de changeeffectif dans la zone franc ainsi que du taux de changeeffectif réel de l’UEMOA (Union économique etmonétaire ouest-africaine). Cela étant, le rand sud-africain (ZAR) et les monnaies qui lui sont rattachéesse sont affaiblies face au dollar et surtout face à l’euro.Ces évolutions ont en partie compensé la forteappréciation de ces monnaies enregistrée en 2002-04,

Figure 2 - Cours de l’euro et du rand par rapport au dollar (base 100 en janvier 2001)

Source : www.x-rates.com.

http://dx.doi.org/10.1787/884603162052

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améliorant la compétitivité des exportations nontraditionnelles.

Cours des matières premières

Le vif rebond du cours des matières premièresenregistré avec la reprise mondiale s’explique par lavigueur de la demande et l’insuffisance de l’offre. Endollars nominaux, ce sont les cours des métaux etproduits miniers ainsi que ceux du pétrole qui ont leplus progressé entre 2000 et 2006 (des bonds derespectivement 159 et 128 pour cent). En deviseslocales, l’effet de ces envolées a souvent été atténué parla dépréciation du dollar sur la même période.

La hausse générale des cours mondiaux des matièrespremières a amélioré la balance commerciale denombreux pays africains, même si la flambée deshydrocarbures a nui aux pays importateurs. Les paysexportateurs de pétrole et de minerais métallifères ontété les premiers bénéficiaires de cette situation. Dansla plupart des autres pays, les pertes dues àl’alourdissement de la facture pétrolière ont été plus oumoins compensées par les recettes d’exportation desproduits dont le cours s’est renchéri par rapport auprix des biens manufacturés importés. Mais un certainnombre de pays ont subi des pertes nettes en raison dela baisse des cours de plusieurs cultures de rente, commele cacao (pratiquement moins 12 pour cent entre 2003et 2005) et le coton (environ moins 14 pour cent surla même période). Cette dépendance envers le marchédes matières premières rend de nombreux pays trèsvulnérables à moyen terme. Dans l’immédiat, unegestion prudente de la manne liée à la hausse des coursdes produits de base est essentielle afin d’éviter lescycles croissance-récession que la volatilité des prixpeut enclencher.

Pétrole

L’envolée record des cours du brut s’accompagned’une volatilité accrue des prix (figure 3). Cette flambée,qui n’avait pas été anticipée, s’explique par diversfacteurs : le niveau et la croissance de la demandemondiale de pétrole à mesure que la reprise s’est installéeun peu partout ; la croissance décevante de la production

pétrolière et les tensions dans les pays exportateurs, enparticulier en Irak, au Nigeria, en Russie et au Venezuela– sans parler du contentieux conflictuel avec l’Iran ; desactivités de production de raffinage à la limite de leurscapacités quand celles-ci ne sont pas ponctuellementréduites par les cyclones qui se sont abattus sur le golfedu Mexique ; et la faiblesse des réserves de brut dansles pays de l’OCDE. Les conditions météorologiquesont été plus favorables en 2006 et les tensions politiquesse sont quelque peu relâchées, mais les capacitésexcédentaires restant très réduites, les cours devraientrester élevés, surtout si la croissance mondiale semaintient. Le cours moyen du brut (Brent) est passéde 38.2 dollars le baril en 2004 à 54.4 dollars en 2005et 65.2 dollars en 2006. Il pourrait retomber légèrementen 2007 et en 2008, à environ 60 dollars. La haussedes cours du pétrole s’est ralentie mais sans entraverl’expansion de l’économie mondiale. À court termetoutefois, les incertitudes sur les cours du pétroleresteront l’un des grands facteurs de risque planant surl’activité économique.

Métaux

Les cours des métaux ont poursuivi leur envolée en2006, atteignant en moyenne des niveaux supérieursde 127 pour cent aux cours moyens de 2000,notamment sous l’effet de la demande vigoureuseémanant de la Chine. Ils devraient se replier légèrementen 2007 (de 6 pour cent) et en 2008 (de 17 pour cent),sans pour autant repasser sous leurs niveaux de 2004.Le cours de l’or grimpe depuis la mi-2001, en raisonde la réduction des opérations de couverture par lesproducteurs – avec la baisse des taux d’intérêt – et desincertitudes sur le plan international. Cette situationa profité à l’Afrique du Sud, premier producteurmondial, ainsi qu’à d’autres pays africains comme leGhana et le Mali – tandis que la solidité du ZAR et dufranc CFA atténuait l’impact de la vigueur des coursdes produits de base en Afrique du Sud et au Mali, enparticulier en 2005.

Les cours des autres métaux ont égalementsignificativement grimpé en 2005 et 2006. Ainsi, lecuivre a gagné 83 pour cent en 2006, après uneaugmentation de 28 pour cent en 2005, le marché

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Figure 3 - Cours du pétrole et des métaux (indices base 100 en janvier 2001)

Source : Banque mondiale.

restant déficitaire en raison d’une demande soutenueet d’une croissance marginale de l’offre. Depuis, lescours ont été irréguliers et ils ont commencé à fléchirau second semestre 2006. Les cours devraient se replierd’environ 14 pour cent en 2007 et à nouveau de 25 pourcent en 2008. Les cours de l’aluminium, s’ils n’ontcessé de se renforcer en 2006, ont affiché une hausseplus modérée sur les deux dernières années en raisonde l’importante expansion de la capacité de productiond’aluminium primaire et d’exportation vers la Chine.La Zambie (pour le cuivre) et, dans une moindre

mesure, le Cameroun, le Ghana, la Guinée et leMozambique en ont bénéficié. Les cours des métauxdevraient se replier en cumul d’environ 18 pour centen 2007 et 2008.

Produits agricoles

Les cours des produits tropicaux sont irréguliers etglobalement déprimés (figure 4). Les prix du cacao ontreflété les incertitudes liées à la guerre civile en Côted’Ivoire, premier producteur et exportateur mondial.

http://dx.doi.org/10.1787/264861802343

Figure 4 - Cours du cacao, du thé et du café (indices base 100 en janvier 2001)

Source : Banque mondiale.

http://dx.doi.org/10.1787/057548811025

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Après les planchers historiques du début des années2000, les cours sont remontés pour atteindre denouveaux sommets début 2003, avant de s’effondrersous l’effet de la vigueur de l’offre ; ils se sont plus oumoins stabilisés sur la période 2004-06.

Le cours du café, exporté par de nombreux paysafricains, s’est envolé en 2002 avant de se stabiliser (saufpour la variété arabica qui a poursuivi sa hausse) en 2004puis de rebondir à nouveau en 2005 (progression derespectivement 41 et 43 pour cent pour l’arabica et lerobusta), retrouvant les niveaux du début de l’année2000. Le cours s’est plus ou moins maintenu à cessommets tout au long de 2006, le robusta connaissantune brusque progression au second semestre. La situationne devrait guère changer en 2007 et en 2008, lesfondamentaux de la filière restant fragiles (uneconsommation stable et des stocks mondiaux abondants).

Le cours du thé n’a guère évolué en 2006 par rapportà 2004 ou 2005 et reste toujours en deçà de son niveaude 2000, d’environ 12 pour cent. Aucune évolutionsensible n’est prévue pour 2007 et 2008. Les perspectivesne sont guère porteuses, la consommation ayanttendance à se ralentir et la production à augmenter.

Le cours du coton a connu une progressionlégèrement supérieure à 4 pour cent en 2006,

compensant une faible partie des pertes subies en 2004et 2005. Fin 2006, il avait plus ou moins retrouvé sonniveau de mi-2003 (figure 5). La situation ne devraitpas s’améliorer beaucoup en 2007 et 2008, avec peut-être un gain cumulé de 3 ou 4 pour cent. Cette chuteglobale a considérablement amputé les recettesd’exportation de pays comme le Bénin, le Burkina Fasoet le Mali ces deux dernières années. Le cours du cotonest emblématique des problèmes que certains paysd’Afrique subsaharienne parmi les plus démunis peuventrencontrer en termes de distorsions commerciales.L’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest produisent uncoton de grande qualité à des coûts compétitifs, maiselles sont confrontées à des cours internationaux peuattractifs en raison des importantes subventionsaccordées par les pays développés à leurs producteursnationaux. En outre, les pays producteurs de coton dela zone CFA sont pénalisés par l’appréciation de l’euroface au dollar des États-Unis depuis 2000.

« L’initiative coton », lancée en septembre 2003par quatre pays d’Afrique de l’Ouest (Bénin, BurkinaFaso, Mali et Tchad) dans le but d’obtenir ledémantèlement des subventions à la production decoton dans les pays membres de l’OMC (Organisationmondiale du commerce), a fini par être intégrée dansla décision prise par le conseil général de l’OMC mi-2004 concernant le cadre des négociations agricoles.

Figure 5 - Cours du coton (indices base 100 en janvier 2001)

Source : Banque mondiale.

http://dx.doi.org/10.1787/287637375561

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La réunion ministérielle de l’OMC, à Hong Kong, avu de nouvelles avancées, avec notamment la fixationd’un calendrier de mise en œuvre de l’initiative. Maisla suspension des négociations assombrit ces perspectivesd’amélioration. Parallèlement, l’indispensable processusde soutien aux producteurs africains doit être accéléré,jusqu’à ce que la suppression des barrières induise unredressement des prix. Dans la situation actuelle dedépression des cours, faussés par les subventions, les coûtsde production africains sont supérieurs aux prixmondiaux, ce qui met en péril la production de cotondans des pays où ce secteur est vital : environ 12 millionsde personnes vivent du coton en Afrique de l’Ouest.

L’aide publique au développement

Depuis le début de la décennie, l’APD n’a cesséd’augmenter en termes réels, les déboursements netsayant atteint 107 milliards de dollars en 2005. Ce chiffrereprésente 0.33 pour cent du revenu national brut (RNB)combiné des pays membres du CAD (Comité d’aide audéveloppement de l’OCDE) – contre 0.26 pour cent en2004. C’est le meilleur taux enregistré depuis 1992.

Environ 70 pour cent de cette augmentation envolume entre 2004 et 2005 (18 milliards de dollars sur25) s’explique par les allégements de dette, largementdominés par les dispositions adoptées au club de Parisen faveur de l’Irak et du Nigeria. La progression est donclargement concentrée sur les pays bénéficiaires, et lesallégements sont accordés sous une forme qui ne prévoitpas de nouveaux transferts. Pour la deuxième annéeconsécutive, l’aide humanitaire a elle aussi progressé.L’essentiel de cette augmentation est allée à l’Afghanistanet à l’Irak. Au bout du compte, l’APD allouée à lagrande majorité des pays bénéficiaires, hors l’aidehumanitaire et les allégements de dette, n’a augmentéque marginalement en termes réels2.

Si tous les engagements pris en 2005 sonteffectivement tenus, y compris le doublement de l’aide

à l’Afrique annoncé lors du sommet du G8 à Gleneagles,l’APD provenant des pays membres du CAD devrait,à elle seule, progresser de pratiquement 50 milliards dedollars en termes réels entre 2004 et 2010, pours’approcher des 130 milliards de dollars (aux prix et tauxde change 2004)3. Cependant, l’accroissement attendude l’APD parait moins impressionnant lorsqu’on lemesure en pourcentage du RNB. Le taux attendu pour2010 (0.36 pour cent du RNB des pays du CAD prisglobalement) ne serait que marginalement supérieur auxniveaux moyens de 1980-92 (0.33 pour cent) et toujoursinsuffisant par rapport aux besoins estimés definancement pour permettre la réalisation des OMDd’ici 2015.

En outre, selon une enquête menée auprès decertains membres du CAD en 2006, les engagementspris pour 2008 sont bien inférieurs au niveau tendancielnécessaire pour permettre à la plupart des pays membresdu CAD d’atteindre leurs objectifs de 2010. La brusqueaugmentation de l’APD en 2005 devrait être sanslendemain, dans la mesure où les futurs accordsd’allégement de dette ont peu de chance d’atteindre lesniveaux consentis à l’Irak et au Nigeria.

Ce constat est particulièrement inquiétant pourl’Afrique, où les bailleurs ont promis de doubler l’APDentre 2004 et 2010. De nombreux pays africains ayantdéjà bénéficié d’allégements, l’aide correspondant aumontant global des remises de dette devrait s’infléchirbrutalement en 2007. À ce jour, des allégements deservice de la dette ont été approuvés en faveur de30 pays, dont 25 en Afrique, pour un montant totalde 35 milliards de dollars (en valeur actualisée nette aupoint de décision)4. D’autres formes d’aide devrontdonc prendre le relais de toute urgence – de l’ordre de10 pour cent par an entre 2008 et 2010 – afin decompenser cette baisse. Cela imposera d’accroître l’aidefinancée par les contribuables à un rythme bien supérieurà l’augmentation de pratiquement tous les autres postesde dépenses publiques dans les pays bailleurs.

2. CAD/OCDE (2007), Coopération pour le développement – Rapport 2006, Paris.

3. CAD/OCDE (2007), op. cit.

4. Fiche technique du FMI, décembre 2006.

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Vue d’ensemble

Dans son dernier Rapport sur la coopération pour ledéveloppement, le CAD remarque que la déterminationdes bailleurs sera sérieusement mise à l’épreuve quandil leur faudra augmenter leurs contributions pourréapprovisionner les fonds spécifiques de la Banquemondiale et de la BAfD, de l’Association internationalepour le développement (AID) et du Fonds africain dedéveloppement (FAD). Ces institutions doiventégalement compenser les coûts de l’Initiative d’allégementde la dette multilatérale (IADM)5.

La conception de formules innovantes d’aide audéveloppement augure bien d’une augmentationsupplémentaire en volume. Ainsi en janvier 2006, sixpays de l’OCDE ont créé la Facilité internationale definancement pour la vaccination (International Finance

Facility for Immunisation – IFFIm), qui devrait fairepasser les dépenses annuelles pour les vaccins à500 millions de dollars et sauver ce faisant la vie de500 000 enfants par an. De leur côté, 19 pays membresou non de l’OCDE ont pris des dispositions pourintroduire une contribution de solidarité sur les billetsd’avion. Cette initiative pourrait permettre de lever autotal entre 1 et 1.5 milliard de dollars par an en faveurdu développement. Trois pays de l’OCDE sont parailleurs convenus d’engagements avancés (AdvancedMarket Commitments – AMC) auprès des laboratoires,un système permettant de stimuler la recherche et la miseau point de vaccins.

Les apports en provenance d’organisations caritativeset philanthropiques progressent eux aussi, de 7 milliards

5. Proposée par les pays du G8 en juin 2005, l’IADM prévoit l’annulation de 100 pour cent du stock de la dette multilatérale auprès de la

Banque mondiale (guichet AID), du FMI et de la BAfD (guichet FAD), contractée avant le 1er janvier 2005 pour le FMI et le FAD et avant

le 1er janvier 2004 pour l’AID.

Figure 6 - APD des membres du CAD : 1990-2005 et simulations jusqu’en 2006-10, sur la base des engagements pris à Monterrey et depuis

Source : Statistiques du CAD/OCDE (2007).

http://dx.doi.org/10.1787/664515853235

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Vue d’ensemble

de dollars en 2000 à plus de 11 milliards en 2004. Ilssemblent appelés à poursuivre sur cette lancée, surtoutdans le domaine de l’aide humanitaire et de la recherchesur les vaccins et les maladies tropicales (ainsi en 2004,la fondation Bill et Melinda Gates a dépensé plus de800 millions de dollars pour des programmesinternationaux de santé).

Même si l’aide en provenance des membres du CADcontinue de représenter près de 90 pour cent de l’APDtotale, les pays non membres du CAD contribuent àl’augmentation des volumes d’aide. La république deCorée a ainsi décidé de porter son APD d’ici 2010 à0.10 pour cent de son RNB – soit plus du double deson aide actuelle, pour atteindre près de 1 milliard dedollars. D’autres pays de l’OCDE non membres duCAD – le Mexique, la Turquie et plusieurs payseuropéens – affichent des plans ambitieuxd’augmentation de leur aide d’ici 2010. Les payseuropéens de l’OCDE non membres du CAD (Hongrie,Pologne, République tchèque et Slovaquie) ainsi que lesautres nouveaux pays membres de l’Union européenne(UE) se sont engagés en faveur d’un taux de 0.17 pourcent de leur RNB d’ici 2010 et de 0.33 pour cent d’ici2015. Les flux d’aide publique en provenance du Moyen-Orient et des pays de l’OPEP devraient eux aussiaugmenter, sous forme essentiellement de prêts pour lefinancement de projets. La Chine devient par ailleursun bailleur important. Le « plan d’action de Beijing »lancé en novembre 2006 lors du FOCAC (Forum surla coopération Chine - Afrique) prévoit un doublementdu volume d’aide de la Chine aux pays africains d’ici2009. Malgré leur importance croissante, les programmeschinois d’APD devraient avoir bien moins d’effets pourles pays en développement que le commerce,l’investissement direct et les flux financiers non bonifiésde la Chine. Mais ces derniers risquent aussi de saperles efforts visant à rendre soutenable la dette des paysles plus démunis et les plus tributaires de l’aide.

Alors que les bailleurs non membres du CAD et nontraditionnels augmentent leurs allocations pour aider

les pays en développement à atteindre tous les OMD,cette tendance récente soulève de nouveaux problèmesd’harmonisation et d’alignement sur les priorités despays bénéficiaires. Les pays non membres du CADcomposent un groupe hétérogène ; tous ne respectentpas de la même manière les approches et normes duCAD en matière de fourniture d’aide. En outre, lemanque de données sur l’APD des pays non membresdu CAD interdit toute évaluation précise du volumede leur aide et de ses perspectives.

Augmentation de l’aide destinéeà l’Afrique

La part de l’Afrique dans l’APD totale est remontéeà 42 pour cent en 2004-05 – après un repli à 36 pourcent en 19996. Ces flux croissants sont en grande partieimputables aux initiatives d’allégement de la dette età l’aide d’urgence, qui ont représenté respectivement27 et 11 pour cent du total de l’APD en 2005, triplantainsi cette part depuis 2000. L’aide d’urgence des paysdu CAD, du PAM (Programme alimentaire mondial),de la CE (Commission européenne) et du HCR (Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés) a étéaffectée aux secours et à la reconstruction dans les zonesfrappées par la sécheresse, en particulier en Afriqueaustrale et de l’Ouest, ainsi que dans les États fragiles,au Soudan notamment.

Le Nigeria a été le premier bénéficiaire en volumede l’APD en 2005, avec près de 16 pour cent de l’aideallouée à l’Afrique (soit environ 6 milliards de dollarssur un total de 37 milliards). L’allégement de la dettenigériane a compté pour près de 85 pour cent de cetteaide. Les autres grands bénéficiaires africainscomprennent plusieurs des 17 pays qui ont atteint lepoint d’achèvement de l’initiative PPTE7 ou sont enpasse de le faire. L’allégement de dette a compté pourplus de la moitié de l’aide totale accordée à la Zambie,contre environ 40 pour cent au Ghana et près de30 pour cent à la RDC.

6. En ne prenant en compte que la ventilation régionale de l’APD.

7. L’initiative PPTE, lancée en 1996, est une approche globale visant à réduire la dette extérieure des pays pauvres les plus endettés qui

mettent en œuvre des programmes d’ajustement et de réforme soutenus par la Banque mondiale et le FMI.

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Vue d’ensemble

Toute la difficulté pour les initiatives PPTE etIADM consiste à s’assurer que les ressources ainsilibérées sont effectivement affectées aux dépenses desanté, d’éducation et aux autres services sociaux. Si laplupart des pays PPTE ont bien augmenté leurs dépensesdans les secteurs sociaux, il faut vérifier que les fondssont redirigés vers les priorités sociales dans les Étatsfragiles. Ainsi en Éthiopie et au Rwanda, les pressantsbesoins de reconstruction obligent à contracterd’importants emprunts nouveaux alors même que lesanciennes dettes sont effacées. De grosses difficultéspersistent pour atteindre les critères du point de décisionde l’initiative PPTE, du fait de l’instabilité politiqueou d’une gouvernance fragilisée par les conflits intérieurs.

Enfin, même une fois parachevé l’allégement de ladette accordé dans le cadre des initiatives PPTE et

IADM, reste l’épineux problème du maintien d’unservice de la dette supportable alors que le paysbénéficiaire recherche de nouveaux financements pouravancer en direction des OMD. Certains pays peuventainsi être tentés d’exploiter leur meilleure cote de créditpour accéder aux marchés internationaux des capitauxou à des crédits et prêts à l’exportation assortis d’un faibledegré de conditionnalité, y compris auprès de bailleursnon membres du CAD – revenant ainsi à des niveauxd’endettement élevés et insoutenables.

L’essentiel de l’augmentation récente de l’APDaccordée à l’Afrique est à mettre au compte desallégements de dette et de l’aide d’urgence, alors quele montant des dons et des prêts à des programmes ouà des projets est resté pratiquement inchangé en 2005(figure 7). Les secteurs sociaux et la gouvernance ont

8. Cette analyse s’appuie sur un projet de l’OCDE consacré à la gestion de la dette publique et aux marchés obligataires en Afrique. Les

auteurs, Greg Horman et Hans Blommestein, sont respectivement analyste financier et gestionnaire de projet.

Encadré 1 - Gestion de la dette publique et marchés obligataires en Afrique8

Le volume de la dette publique en pourcentage du PIB varie d’un pays africain à l’autre. Certains supportent un fardeau modéré

quand d’autres subissent un niveau d’endettement bien supérieur à 100 pour cent du PIB. Entre ces deux extrêmes, on trouve des pays

avec un niveau de la dette publique proche de celui de nombreux pays de l’OCDE. À cette différence près, cependant, que les économies

des pays africains sont en général plus fragiles aux chocs, ce qui compromet la capacité des pouvoirs publics à assurer le service de leur

dette. Cela reste vrai après les allégements de dette extérieure dont ont bénéficié de nombreux pays africains dans le cadre d’initiatives

multilatérales.

Seule une poignée de pays recourent à des techniques modernes de gestion de la dette publique. Résultat, les marchés des effets

publics en Afrique restent rudimentaires par rapport à ceux de pays à revenu intermédiaire plus développés. À partir de là, la prise en

compte du risque pesant sur la soutenabilité de la dette doit rester au cœur de la stratégie de gestion de l’endettement en Afrique, du fait

de l’extrême instabilité de l’environnement macro-économique, souvent due à des chocs externes.

Dans la plupart des pays africains, la dette en devises est supérieure à la dette libellée en monnaie locale. Par rapport aux emprunts

en monnaie locale, l’avantage des emprunts en devises est qu’ils sont généralement assortis de taux d’intérêt plus faibles et de durées de

remboursement plus longues. Si cette prédominance de la dette en devises traduit souvent une disponibilité de fonds concessionnels

multilatéraux et bilatéraux – et une dépendance à leur égard –, elle peut provoquer un risque de change si les recettes en devises augmentent

la vulnérabilité du pays. L’absence de réel marché obligataire intérieur peut induire de l’instabilité budgétaire si les autorités se révèlent

incapables de mobiliser des sources intérieures de financement en cas de repli des financements extérieurs ou des dons. Rares sont les

pays africains à pouvoir emprunter sur les marchés obligataires internationaux. Ceux qui y arrivent sont en général ceux dont le marché

intérieur est le plus développé.

Un certain nombre de pays africains s’efforcent depuis les années 1980 de recourir à un financement en monnaie locale et, plus

récemment, beaucoup ont pris des mesures pour développer leurs marchés intérieurs. Les quelques pays où la dette en monnaie locale

représente l’essentiel du portefeuille d’emprunt affichent des niveaux supérieurs de PIB par habitant, d’investissement et d’épargne. Les

secteurs bancaire et financier y sont également plus solides, les secteurs privés plus diversifiés, et ces pays dépendent moins de fonds

concessionnels accordés par des pays étrangers.

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Vue d’ensemble

bénéficié de près de 30 pour cent de l’APD en 2005alors que l’aide aux infrastructures économiques et auxsecteurs de production en a représenté quelque 17 pourcent, contre respectivement 36 et 18 pour cent en2004. L’aide à des programmes a représenté environ9 pour cent de l’APD totale, contre 12 pour cent en2004. Reste à savoir si le montant en termes absolusde cette aide au développement de base continuera àprogresser une fois tassée la hausse conjoncturelle liéeaux allégements de dette et à l’aide d’urgence.

Les principaux bailleurs de l’Afrique sont laCommission européenne, la France, les États-Unis etle Royaume-Uni, qui représentent ensemble 51 pour

cent de l’APD totale à la région. Viennent ensuitel’Allemagne, le Japon et les Pays-Bas.

Les bailleurs continuent de se concentrer sur unepoignée de pays qui bénéficient depuis toujours deflux d’aide conséquents : l’Égypte a ainsi obtenu 37 pourcent de l’aide accordée à l’Afrique du Nord alors quel’Éthiopie, le Mozambique, le Nigeria, la RDC, larépublique du Congo, le Soudan, la Tanzanie et laZambie représentaient la moitié de l’APD totale accordéeen 2005 aux pays d’Afrique subsaharienne.

Malgré cette évolution favorable, le financement desOMD reste insuffisant et la majorité des pays d’Afrique

Encadré 1 - Gestion de la dette publique et marchés obligataires en Afrique8 (suite)

Dans la plupart des pays africains cependant, les lancements d’emprunt sur le marché intérieur restent erratiques et de faible volume,

ce qui freine la mise au point d’instruments liquides et de titres de référence. La dette en monnaie locale est par ailleurs essentiellement

à court terme. Par conséquent, les gouvernements africains sont exposés à d’importants niveaux de risques de refinancement par rapport

à ce type de dette.

Même si quelques pays émettent des obligations avec des délais de remboursement de 10 voire même 20 ans, dans la plupart des

cas les courbes de rendement ne dépassent pas les cinq ans et, même dans les pays où elles le font, la liquidité tend à se concentrer sur

des échéances plus courtes.

Les paiements d’intérêt pour les dettes libellées en monnaie locale absorbent souvent une part du budget supérieure à celle mobilisée

pour rembourser les intérêts des dettes en devises, même si les premières représentent une moindre part dans l’encours de la dette. Cela

s’explique par l’importance des taux d’intérêt sur les marchés intérieurs africains par rapport à ceux qui s’appliquent aux emprunts en

devises, même si l’emprunt en monnaie locale présente l’avantage d’éviter une exposition aux risques de change. Dès lors, les gouvernements

africains doivent s’interroger sur l’équilibre idéal entre une minimisation des coûts et des risques – surtout en tenant compte des risques

majeurs que sont les taux d’intérêt, les taux de change et le refinancement – et une exposition à d’autres chocs budgétaires – comme par

exemple un arrêt brutal des flux de l’aide.

Dans la plupart des pays africains, ce sont les banques commerciales locales qui détiennent l’essentiel des effets publics, dans une

proportion souvent supérieure à la moitié de l’encours de la dette. La participation d’investisseurs institutionnels et de non-résidents est

également le plus souvent relativement restreinte. Ce qui traduit, notamment, des restrictions sur la balance des opérations en capital,

un manque d’informations sur la cote de crédit, la perception d’un risque pays élevé et une faiblesse des infrastructures juridiques et

réglementaires. Des bases étroites pour les investisseurs, une tendance à s’en tenir à l’amortissement et l’absence d’instances prêtes à engager

du capital risque pour gérer les effets publics contribuent à un défaut généralisé de liquidité sur le marché secondaire.

Les pays africains doivent s’interroger sur leurs politiques, en réfléchissant aux priorités à privilégier pour stimuler une gamme diversifiée

d’investissements ainsi que des instruments de marché, des facilités commerciales et des réseaux de distribution adaptés aux besoins des

investisseurs.

Source : Gestion de la dette publique et marchés obligataires en Afrique, OCDE, Paris (à paraître).

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Vue d’ensemble

subsaharienne sont loin du but pour la plupart deshuit objectifs.

Avancées vers une efficacitérenforcée de l’aide

En plus de l’engagement des bailleurs à accroîtreles volumes d’APD, d’ambitieux efforts sont déployéspar la communauté internationale et lesgouvernements africains afin d’améliorer la qualitéde l’aide. Les initiatives internationales visant àaméliorer l’efficacité de l’aide montent en puissancedepuis que plus de 100 pays partenaires et bailleursont avalisé, en 2005, la Déclaration de Paris surl’efficacité de l’aide au développement. Les participantsont réitéré les engagements contenus dans laDéclaration de Rome sur l’harmonisation (2003) afinde réduire les coûts de transaction implicites dansl’acheminement de l’aide, d’encourager uneharmonisation accrue des efforts conjoints entre

bailleurs bilatéraux et multilatéraux et d’accroîtrel’efficacité de l’aide en optant pour des stratégiesaxées sur les résultats. Il est particulièrement révélateurde noter que tous les pays du G20 ont affiché leursoutien à la déclaration de Paris lors de la réunion dugroupe à Melbourne, en novembre 2006.

Le programme adopté insiste sur l’appropriation parles pays bénéficiaires ; l’alignement de l’aide extérieuresur les priorités locales et les mécanismes locauxd’allocation quand ils respectent les normes requises ;l’harmonisation et la simplification des procédures desbailleurs ; un plus grand souci d’obtenir des résultatsconcrets, de la part des pays bénéficiaires comme desbailleurs ; et une responsabilité mutuelle accrue enversces résultats. Une série d’indicateurs ont été élaborésafin de mesurer les avancées sous cet angle.

Selon l’enquête sur les progrès de la mise en œuvreen 2006 de la déclaration de Paris, près de 60 pays ontengagé des actions en appui des décisions prises à Paris.

Figure 7 - Flux nets d’APD destinés à l’Afrique(tous bailleurs confondus, en milliards de dollars constants de 2004)

Source : Statistiques du CAD/OCDE (2007).

http://dx.doi.org/10.1787/846566824760

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Vue d’ensemble

Plusieurs pays africains ont accompli de réels progrèsen termes d’harmonisation des actions (travauxanalytiques conjoints, stratégies conjointes deprogrammation et d’assistance, approches programmes,mise en commun des fonds entre bailleurs et utilisationsi possible des systèmes nationaux), ce qui a permisd’abaisser les coûts de transaction. Il s’agit notammentdu Burkina Faso, de l’Éthiopie, du Ghana, duMozambique et de la Tanzanie.

L’enquête indique cependant que des effortssupplémentaires sont nécessaires pour aligner l’aide surles priorités nationales et améliorer la transparence desflux. On note encore des écarts sensibles entre les fonds

déboursés par les bailleurs et leur inscription comptabledans le budget du pays bénéficiaire9. L’enquête indiqueen outre que seule une minorité de pays ont mis en placedes mécanismes d’examen mutuel des progrès obtenusau regard des engagements.

Dans la perspective d’une augmentation de l’aide,des avancées dans la mise en œuvre de la déclarationde Paris seront d’autant plus vitales – au niveaunotamment d’une coordination accrue parmi les modesd’acheminement de l’aide (fonds bilatéraux, fondsmultilatéraux, fonds mondiaux et fonds privés). Lesfonds mondiaux doivent en particulier appuyer desstratégies d’initiative locale et les priorités nationales,

9. CAD/OCDE (2007), op. cit.

Encadré 2 - Gérer la complexité : le financement de la santé au Ghana

Avec la multiplication des instruments et des acteurs, à la fois publics et privés, l’architecture internationale du financement du

développement a gagné en complexité. Comment cette situation affecte-t-elle un pays comme le Ghana, « enfant chéri » des bailleurs,

où l’APD représente une part conséquente du PIB (12 pour cent en 2003) ?

Une étude de cas récente du Centre de développement de l’OCDE identifie trois grandes tendances dans le secteur ghanéen de la

santé.

En premier lieu, les bailleurs ont diversifié leurs instruments de financement. Ensuite, les dépenses de santé des ménages, qui

échappent au budget et à la compétence du ministère, ont augmenté. Enfin, de nouveaux acteurs ont fait leur apparition, comme sources

de financement ou comme instances exécutives.

Cette nouvelle complexité n’est pas sans répercussions pour les décideurs, dans les pays en développement comme chez les bailleurs.

Tout d’abord, ils doivent œuvrer ensemble pour consolider les systèmes d’information susceptibles de capter tous ces flux et contribuer

à élaborer des politiques efficaces. Le renforcement de l’information passe par de nouveaux moyens pour la collecte et le suivi des données.

Il exige aussi, plus généralement, qu’acteurs locaux et organismes bailleurs identifient le fort potentiel des flux hors aide pour le

développement.

Ensuite, il faut redoubler d’efforts pour mettre en œuvre la déclaration de Paris. Les programmes mondiaux, par exemple, ont été

critiqués parce qu’ils contribuent à multiplier les mécanismes de coordination au niveau des pays. Ainsi, la question du VIH/Sida est

désormais évoquée dans les réunions de la GAC (Commission ghanéenne de lutte contre le sida), du forum des partenaires, de l’assemblée

des entreprises, du groupe de travail technique d’Onusida, du sous-comité de la GAC et des comités régionaux et de district pour la lutte

contre le sida.

Enfin, il faut admettre que pour les décideurs le problème principal ne réside pas seulement dans le financement, mais bien dans la

question plus large des capacités de la gouvernance et de l’administration. Si les autorités des pays bénéficiaires veulent prendre l’initiative

de la gestion des stratégies de financement du développement, elles doivent améliorer la coordination et la communication entre leurs

propres organismes publics. À mesure que les bailleurs s’orientent vers un soutien budgétaire au Ghana, le ministère de la Santé, par

exemple, devra développer de nouvelles compétences en communication et négociations face au ministère des Finances.

Source : Drechsler, D. et F. Zimmermann, “New Actors in Health Financing: Implications for a Donor Darling”, Centre de développement

de l’OCDE, Policy Brief No. 33, 2006.

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Vue d’ensemble

Encadré 3 - Améliorer l’efficacité de l’aide pour le commerce en Afrique

La communauté internationale a admis depuis longtemps la nécessité d’assurer une assistance technique ciblée et un renforcement

des capacités en matière de commerce afin de promouvoir l’intégration des pays en développement, en particulier les moins avancés d’entre

eux (PMA), dans le système commercial multilatéral. Bien avant l’apparition du concept d’« aide pour le commerce », les bailleurs avaient

déjà fourni, à des degrés divers, un appui substantiel aux secteurs productifs et aux infrastructures. Ce qui est nouveau, c’est la reconnaissance

du commerce comme composante intégrante des stratégies globales de développement des pays. En outre, la communauté commerciale

prend de plus en plus conscience des contraintes « du côté de l’offre » qui empêchent les entreprises des pays en développement de tirer

pleinement parti des opportunités liées à la libéralisation du commerce.

Le programme de Doha pour le développement, adopté lors de la conférence ministérielle de l’OMC en 2001, a réaffirmé cet engagement,

en soulignant que l’intégration commerciale réussie des PMA « exige un accès significatif aux marchés, un soutien pour la diversification

de leur base de production et d’exportation et une assistance technique liée au commerce et au renforcement des capacités » (paragraphe 42).

À la suite du lancement du cycle de Doha, l’OCDE et l’OMC ont amélioré le pilotage des flux d’aide afin de renforcer les capacités

commerciales ou « l’aide pour le commerce » (http://tcbdb.wto.org/). Depuis quelques années, la fourniture de l’aide pour le commerce

a sensiblement augmenté, avec une multiplication des fonds et du nombre de bailleurs et d’agences avec des programmes et des directives

se réclamant ouvertement de l’aide pour le commerce.

Avec un tiers des flux mondiaux, l’Afrique est le premier bénéficiaire au monde de l’assistance technique et du renforcement des

capacités dans le domaine du commerce (AT/RCDC ; base de données OMC/OCDE). En 2005, la communauté internationale a

engagé 1.03 milliard de dollars pour le continent, soit une augmentation nominale de 6 pour cent par rapport à 2004. L’Afrique a également

reçu 3.8 milliards de dollars d’aide pour le financement des infrastructures, ce qui la place au deuxième rang des bénéficiaires, après l’Asie.

Engagements pour l’assistance technique et le renforcement des capacités dans le domaine du commerce et des infrastructures en faveur de l’Afrique, 2005 (en millions de dollars)

(millions de dollars) Part de l’AT/RCDC totale (%) AT/RCDC globale

Politique et réglementation

commerciales 361 39.2 923

Développement du commerce 667 30.1 2 220

AT/RCDC totale 1 029 32.7 3 143

(millions de dollars) Part des infrastructures totales (%) Total des infrastructures

Infrastructures 3 810 31.2 12 197

Source : Base de données OMC/OCDE sur le renforcement des capacités dans le domaine du commerce.

En octobre 2006, le Conseil général de l’OMC devait adopter les recommandations de l’équipe spéciale chargée de l’aide pour le

commerce. Ces recommandations préconisent d’élargir la portée et de renforcer l’efficacité de l’aide au développement dans le domaine

du commerce. L’équipe spéciale a également entériné une définition élargie de l’aide pour le commerce, en ajoutant aux « catégories

traditionnelles » de l’assistance technique dans le domaine du commerce (politique et réglementation commerciales, développement du

commerce) quatre nouvelles catégories : (1) les infrastructures liées au commerce ; (2) le renforcement des capacités de production ;

(3) l’ajustement lié au commerce ; et (4) les autres besoins liés au commerce.

en évitant à tout prix de saper les capacités des autoritésnationales à planifier, financer et répartir l’offre desservices de manière cohérente (encadré 2).

Les principes de la déclaration de Paris sont aucœur du programme de l’OMC d’aide au commerce,

qui cherche à aider les pays en développement àbénéficier des accords OMC et à développer leurséchanges. Dans ses recommandations publiées en 2006,le groupe d’étude de l’OMC appelle les fournisseursd’aide pour le commerce à se conformer aux principesinscrits dans la déclaration (encadré 3).

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Vue d’ensemble

Encadré 3 - Améliorer l’efficacité de l’aide pour le commerce en Afrique (suite)

Les recommandations appellent plus spécifiquement les bailleurs d’aide pour le commerce à se conformer aux principes énoncés dans

la déclaration de Paris (dont l’appropriation par les pays bénéficiaires, l’alignement de l’aide sur les stratégies de développement nationales,

la coordination entre les bailleurs et l’harmonisation de leurs procédures). Elles insistent sur la pleine intégration du commerce dans les

stratégies nationales de développement et dans les structures du pays, en faisant appel à des mécanismes nationaux tels que les DSRP (documents

stratégiques de réduction de la pauvreté) et les groupes consultatifs. Elles prévoient en outre d’intégrer dans la programmation des bailleurs

les questions relatives au commerce et à la croissance, y compris en renforçant leur expertise commerciale. Au niveau mondial, ces

recommandations visent au renforcement du suivi et de l’évaluation, en instaurant notamment un organe de suivi au sein de l’OMC et

en demandant aux pays bénéficiaires de rendre compte des progrès de l’intégration du commerce. Quant aux bailleurs bilatéraux,

multilatéraux et régionaux, ils devront – comme le secteur privé – rendre compte de leurs activités en matière d’aide pour le commerce.

Source : Base de données OMC/OCDE sur le renforcement des capacités dans le domaine du commerce ; Aid for Trade: Making it Effective,

OCDE (2006) ;The International Architecture of Aid for Trade, rapport conjoint SECO-Centre de développement de l’OCDE, à paraître.

Encadré 4 - Le Forum pour le partenariat avec l’Afrique

Le FPA est une organisation internationale unique, créée en 2003 à la suite du sommet du G8 à Évian, afin d’élargir le dialogue

entre le G8 et le Nepad en y associant d’autres institutions africaines et les principaux partenaires au développement bilatéraux et

multilatéraux de l’Afrique. La mission du FPA est de catalyser l’action aux plus hauts niveaux en faveur du développement de l’Afrique.

Le FPA suit les progrès effectués par ses membres pour tenir leurs engagements, identifie les goulets d’étranglement et désigne les priorités

pour les actions de suivi. Ses membres incluent les « représentants personnels » des chefs d’État et de gouvernement de pays d’Afrique et

du G8/OCDE, ainsi que du président de la Commission de l’Union africaine et d’organisations régionales et internationales. Le Forum

est dirigé par quatre co-présidents, deux Africains et deux membres parmi les partenaires au développement.

Lors de leur réunion d’octobre 2006 à Moscou, les membres du FPA ont évalué les progrès obtenus sur tout le continent africain

au niveau des infrastructures, du VIH/Sida et de l’agriculture. Si les résultats sont encourageants pour ce qui est des infrastructures et du

VIH/Sida, les initiatives visant à augmenter la production agricole et la sécurité alimentaire – essentielles pour la réduction de la pauvreté –

sont à la traîne. Les gouvernements africains ont été priés d’intensifier leurs efforts et les partenaires au développement d’augmenter leur

soutien à ce secteur conformément aux principes de la déclaration de Paris.

Deux documents supplémentaires sur la pauvreté énergétique et les maladies infectieuses – deux thèmes évoqués lors des discussions

du G8 à Saint-Pétersbourg en 2006 – ont également été discutés, conduisant à deux recommandations :

• Bien que les questions d’énergie en Afrique ne figurent pas dans les priorités de l’ordre du jour international, un accès sûr et durable

à l’énergie est essentiel pour la réalisation des OMD. Pour mobiliser les investissements requis – à la fois publics et privés – les

gouvernements africains et les bailleurs devront prendre des mesures concrètes visant à améliorer la pérennité financière du secteur,

à créer un environnement des affaires plus sûr afin de réduire les risques et d’attirer les investisseurs, et à relancer la coordination

et l’intégration régionales.

• Les maladies infectieuses prélèvent un lourd tribut sur les populations africaines : le continent supporte à lui seul les deux tiers

des cas mortels de sida, de paludisme et de tuberculose dans le monde. Si le FPA a applaudi les efforts visant à lutter contre ces

« trois grandes » maladies – avec la mise en œuvre concertée d’une politique publique et la création de dispositifs et de fonds spéciaux –

il a mis en garde contre toute négligence à l’égard des autres grandes maladies invalidantes, véritables bombes à retardement. La

nécessité de renforcer les ressources humaines dans le secteur de la santé a été soulignée, au même titre que le renforcement des

moyens des systèmes nationaux de santé pour contenir les maladies infectieuses. Les membres du FPA ont reconnu l’obligation

d’aborder la question préoccupante de l’escalade des maladies sexuellement transmissibles (sida compris) avec une approche

sexospécifique, et ils ont demandé aux membres d’œuvrer plus résolument à l’émancipation et l’auto-détermination des femmes.

Le FPA produira des rapports de suivi et en rendra compte périodiquement à ses membres. Plusieurs points figurent à l’ordre du

jour de sa réunion prévue à Berlin au printemps 2007 : investissement, changement climatique, paix et sécurité, et parité des genres.

Les rapports du FPA sont disponibles à l’adresse suivante : www.africapartnershipforum.org

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Vue d’ensemble

Parallèlement aux initiatives visant à améliorerl’efficacité de l’aide, les chefs d’État et de gouvernementdu G8 et les dirigeants africains se sont mis d’accordsur un train complet de mesures en appui audéveloppement de l’Afrique. Ils ont ainsi créé le FPA(Forum pour le partenariat avec l’Afrique), un processusqui vise à insuffler un nouvel élan stratégique à lacoopération en Afrique.

Investissements directs étrangers

Après le ralentissement enregistré en 2002, les fluxd’IDE (investissements directs étrangers) en directionde l’Afrique ont repris en 2003 (+ 39 pour cent) et sontrestés relativement stables en 2004 (18 milliards dedollars)10. Pourtant, la part de l’Afrique dans les fluxmondiaux d’IDE reste faible, à peine 3 pour cent. Leredressement des cours de ressources minérales commele cuivre, le diamant, l’or et le platine, mais aussi etsurtout la hausse des cours du pétrole – conjugués àune augmentation logique de la rentabilité desinvestissements dans les ressources naturelles – ontfavorisé les investissements étrangers dans la région. Dans40 des 53 pays africains, les flux ont augmenté – maisils ont diminué dans les 13 autres pays, parmi lesquelsfigurent les plus grands bénéficiaires d’IDE commel’Angola, le Maroc et le Nigeria. Les fusions/acquisitionsinternationales dans le secteur des mines ont plus quetriplé en valeur par rapport à 2003. Les cinq premierspays d’origine des IDE pour l’Afrique en 2004 sont laFrance, les Pays-Bas, l’Afrique du Sud, le Royaume-Uniet les États-Unis qui, tous ensemble, assurent une bonnemoitié de ces flux vers la région.

D’après le rapport 2006 de la Cnuced surl’investissement dans le monde, l’Afrique a bénéficiéd’un arrivage massif d’IDE en 2005, pour un total de31 milliards de dollars, mais ces flux se sont concentréssur quelques pays et filières industrielles. La netteaugmentation de la rentabilité des entreprises et lavigueur des cours des matières premières depuis deuxans expliquent cette croissance de 78 pour cent desflux d’IDE dans la région. Les prévisions tablent sur

une nouvelle augmentation en 2006, étant donné leniveau élevé d’engagement dans divers projets, le nombred’investisseurs désireux d’accéder aux ressources et uneorientation politique globalement favorable aux IDEdans la région. Les IDE restent l’une des principalessources de financement en Afrique, leur part dans laformation brute de capital fixe (FBCF) étant passée à19 pour cent en 2005. Pour autant, la part globale ducontinent dans les IDE reste limitée, à environ 3 pourcent en 2005. Dans le secteur manufacturier, un certainnombre d’entreprises transnationales de la filière textilese sont retirées d’Afrique avec la disparition, en 2005,du système de quotas établi pour les pays africains envertu de l’Accord multifibres (AMF).

L’Afrique du Sud est arrivée en tête des pays de larégion bénéficiaires des IDE en 2005, avec une brusqueaugmentation des entrées, qui sont passées de seulement0.8 milliard de dollars en 2004 à 6.4 milliards. Ellereprésente ainsi près de 21 pour cent du total des IDEdans le continent. Ce résultat s’explique avant tout parl’acquisition de Amalgamated Bank of South Africapar la Barclays (Royaume-Uni) pour 5.5 milliards dedollars. Les dix premiers bénéficiaires – Afrique duSud, Égypte, Nigeria, Maroc, Soudan, Guinéeéquatoriale, RDC, Algérie, Tunisie et Tchad (dans cetordre) – ont totalisé ensemble près de 86 pour cent dutotal des IDE en Afrique. Huit d’entre eux ont reçu desflux d’IDE supérieurs à 1 milliard de dollars (avecnotamment plus de 3 milliards pour l’Afrique du Sud,l’Égypte et le Nigeria). C’est aussi en Afrique du Sudque les flux ont été les plus diversifiés : les investissementssont allés à l’énergie, aux machines outils et aux mines,ainsi qu’au secteur bancaire, celui-ci se taillant la partdu lion.

À l’inverse, les flux d’IDE n’ont pas dépassé les100 millions de dollars dans 34 pays africains. Il s’agitpour l’essentiel de PMA, y compris l’Angola – paysproducteur de pétrole – qui a vu sa part d’IDE se réduireconsidérablement en 2005. La plupart des pays peuconcernés par les IDE sont faiblement dotés en ressourcesnaturelles, ils n’ont pas les moyens de développer une

10. CNUCED (2006a), Rapport sur l’investissement dans le monde (L’IDE en provenance des pays en développement ou en transition :

incidences sur le développement), Genève ; et CNUCED (2006b), Global Investment Prospects Assessment 2005-08, Genève.

11. UN

12. O

13. Ca

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Vue d’ensemble

industrie manufacturière digne de ce nom et, ce faisant,ils sont les moins intégrés dans le système mondial deproduction. Certains ont également récemment subi despériodes d’instabilité ou de guerre civile qui ont ruinéune capacité de production déjà limitée.

Les flux d’IDE en Afrique sont restés concentréssur quelques industries – pétrole, gaz et mines. Six paysproducteurs de pétrole (Algérie, Tchad, Égypte, Guinéeéquatoriale, Nigeria et Soudan, par ordre descendanten valeur des IDE) ont obtenu près de 48 pour centdes flux d’IDE en Afrique. Si des pays comme leKenya, Maurice, le Lesotho, l’Ouganda et le Swazilandavaient naguère commencé à recevoir des IDE pourleur filière textile-habillement dans le cadre de l’Agoa(loi sur la croissance et les opportunités économiquesen Afrique), la tendance s’est inversée avec ledémantèlement de l’AMF en 2005. Maurice a vucette année-là sa production de vêtements diminuerde 30 pour cent en volume après le départ de sociétésà capitaux étrangers basées à Hong Kong (Chine).Au Lesotho, six entreprises textiles transnationalesont mis la clé sous la porte, provoquant la perte de6 650 emplois. Ce revers prouve combien l’incidencedes initiatives liées au commerce en Afrique peut êtreéphémère lorsque les capacités nationales sontincapables d’absorber rapidement et de poursuivreles processus de production. Cela montre aussi quepour progresser, l’industrie africaine doit avoir descapacités de production compétitives, un meilleuraccès au marché et des cadres réglementaires plusattractifs. Ce grave problème de moyens – qui perdure– pourrait bien continuer de freiner l’aptitude de larégion à attirer et conserver des IDE dans le secteurmanufacturier.

Les IDE émis par l’Afrique sont restés modestes en2005, ne provenant que de quelques pays. L’Afriquedu Sud, l’Égypte, le Liberia, la Libye, le Maroc et leNigeria ont totalisé plus de 80 pour cent de cesémissions. Les plus grandes sociétés transnationalesafricaines sont d’ailleurs elles aussi issues d’une poignéede pays, qu’a rejointe en 2004 Orascom Construction(Égypte). En Afrique du Sud, les premières sociétéstransnationales sont Sasol Ltd (industrie chimique),Suppi Ltd (papier), MTN Group Ltd (télé-

communications), Steinhoff International Holdings(biens d’équipement ménagers), Barlowworld Ltd(activités diverses), Naspers Ltd (médias), Nampak Ltd(emballages), Gold Fields Ltd (métaux et produitsmétalliques), et Datatet Ltd (divers).(www.unctad.org/fr/docs/wir2006overview_fr.pdf –Rapport sur l’investissement dans le monde 2006).

Une demande forte et soutenue de matièrespremières, la stabilisation de l’environnement politiqueet la participation accrue de multinationales africainesdans les réseaux d’infrastructures ont stimulé les IDEen 2005. À court terme, les perspectives d’entrées d’IDEen Afrique restent plutôt positives même si les agencesde promotion des investissements se montrent plusoptimistes que les multinationales étrangères. Les expertset les multinationales estiment que les pays d’Afriquedu Nord ont plus de chances d’attirer des IDE que lespays d’Afrique subsaharienne. L’Afrique du Sud et laChine sont les deux pays les plus cités comme sourcespotentielles d’IDE. Depuis quelques années, lesmultinationales chinoises élargissent leurs activités deprospection de ressources et de fabrication sur lecontinent. Quant aux entreprises indiennes, ellescommencent à investir dans les services liés auxtechnologies de l’information.

On observe un phénomène relativement nouveau,à savoir la progression des IDE en provenance d’Afrique(à distinguer des flux de portefeuilles et des sorties decapitaux qui ont atteint depuis longtemps desproportions inquiétantes), qui ont plus que doublé en2004. Avec l’achat en 2005 du deuxième opérateuritalien de télécommunications, la société égyptienneOrascom rejoint le cercle des multinationales africainesjusque-là largement dominé par l’Afrique du Sud.

L’Afrique sera-t-elle le prochain terrain d’explorationpour le capital d’investissement ? CDC (CommonwealthDevelopment Corporation), un fonds du gouvernementbritannique qui investit dans le capital d’entreprisesimplantées sur les marchés émergents, et l’américainCitigroup se sont mis d’accord pour y investir au moins200 millions de dollars. Ils rejoignent une poignéed’opérateurs spécialisés qui font travailler leur argentau sud du Sahara.

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Vue d’ensemble

Sur le papier, l’Afrique ne manque pas d’atouts. Illui faut évidemment des capitaux. Mais les marchésboursiers locaux restent modestes. Si l’on exclut l’Afriquedu Sud, la capitalisation boursière de l’Afriquesubsaharienne n’atteint qu’environ 75 milliards dedollars, même après les récentes et exorbitantes pousséesspéculatives. Pour le fondateur de Celtel, une entrepriseprivée de téléphonie mobile soutenue par desinvestisseurs financiers privés et qui vient d’être rachetéepar le koweitien MTC pour 3.4 milliards de dollars,lever des crédits reste un « problème majeur », mêmepour les entreprises ayant des ressources financières. Lefinancement par capitaux propres, à l’abri des regards

indiscrets, pourrait mieux tenir le risque que la plupartdes autres systèmes.

Les performances macro-économiques en Afrique

Croissance économique

Globalement, l’Afrique affiche une croissance duPIB réel de 5.5 pour cent en 2006, bien au-delà de satendance de long terme, pour la quatrième annéeconsécutive. Le PIB par habitant a progressé de près

Encadré 5 - Le capital-investissement en Afrique

En 2005, le total des fonds d’actions levés en Afrique s’est établi à 557 millions de dollars, en baisse de 42.7 pour cent par rapport

à 2004. Les pouvoirs publics et les organismes de coopération au développement sont les premiers fournisseurs de capitaux. Les opérateurs

ont placé plus de la moitié de ces fonds dans des entreprises où ils avaient déjà investi, sous forme de « fonds de consolidation ».

En 2005, les investissements directs et de portefeuille ont totalisé 948.3 millions de dollars sur tout le continent, mais l’Afrique du

Sud s’est taillée la part du lion. L’immense majorité des investissements (96.5 pour cent) ont été apportés par des opérateurs du continent.

Les services de transports – qui représentent l’essentiel des investissements en valeur– ont supplanté les produits à la consommation en

attirant 132 investisseurs nationaux.

En 2006, une poignée d’experts des marchés émergents actifs en Afrique ont levé de nouveaux fonds sur les marchés internationaux

des capitaux. Ethos a cloturé un fonds avec une souscription de 750 millions de dollars, en octobre 2006; Aureos Capital – qui gère déjà

trois fonds pour un montant total de 140 millions de dollars – cherche à lever 400 millions de dollars supplémentaires, et Citigroup a

également créé un fonds dédié pour investir au moins 200 millions de dollars en Afrique.

Source : African Venture Capital Association, 2006 Yearbook et autres.

Tableau 1 - Taux de croissance moyen par région d’Afrique (variation annuelle en pourcentage)

* Afrique du Sud, Algérie, Nigeria et Égypte.Note : Ces agrégats ne prennent en compte ni le Liberia ni la Somalie, faute de données suffisantes.Source : Autorités nationales de différents pays ; Perspectives de l’économie mondiale du FMI ; calculs des auteurs pour les estimations (e)

et les projections (p).

Région 1998-2004 2005 2006(e) 2007(p) 2008(p)

Afrique centrale 5.0 4.9 3.9 5.2 6.3Afrique de l’Est 4.0 6.4 5.1 5.8 6.0Afrique du Nord 4.5 4.6 6.3 6.0 6.0Afrique australe 3.0 5.6 5.4 6.1 5.3Afrique de l’Ouest 4.0 5.6 4.8 5.9 5.1Total Afrique 4.0 5.2 5.5 5.9 5.7

Pour mémoire :Pays exportateurs nets de pétrole 4.5 5.9 5.9 7.4 6.7Pays importateurs nets de pétrole 3.6 4.7 5.2 4.7 4.8

Pays SANE * 3.8 5.2 5.1 5.4 5.2Autres pays 4.1 5.3 6.0 6.5 6.2

http://dx.doi.org/10.1787/608138722387

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Vue d’ensemble

de 3.5 pour cent. Trois grands facteurs expliquent cettebonne tenue : la forte demande mondiale de pétroleet de ressources minérales non pétrolières ;l’augmentation des investissements dans ces secteurs ;et, dans la plupart des pays, des conditions propices àl’agriculture. Le maintien de politiques macro-économiques saines dans la plupart des pays ducontinent a également contribué à renforcer la confiancedes entreprises, d’où une reprise généralisée del’investissement privé.

La tendance semble aussi s’orienter vers uneaccélération moyenne de la croissance en 2007, unecroissance qui devrait rester soutenue en 2008 malgréle récent ralentissement des cours des matières premières(pour la plupart d’entre eux, on prévoit une décélérationaccentuée en 2007 et 2008). Cette moyenne masquecependant de forts écarts entre les pays exportateurs netsde pétrole et les autres pays africains – deux groupesconfrontés à des défis très différents. Pour les premierscomme pour certains exportateurs de ressourcesminérales non pétrolières, il s’agit d’investir une bonnepartie des rentrées du secteur dans le développementdes infrastructures et du capital humain afin de répondreà leurs besoins de diversification à moyen et long termes.Pour la plupart des autres, en particulier au secondsemestre 2007 et en 2008, la difficulté consistera àendiguer les pressions inflationnistes – les taux ayantrepassé la barre des 10 pour cent – sous l’effet del’augmentation récente des prix du pétrole. Il s’agira ausside financer ou de contenir le creusement attendu desdéficits de la balance commerciale.

À l’image des deux années précédentes, la croissancedu PIB a été particulièrement soutenue en 2006 dansles pays exportateurs nets de pétrole, à 5.9 pour cent (tauxidentique à celui de 2005), alimentée pour l’essentiel parla flambée des cours mais aussi par une augmentationde la production dans certains pays. Le différentiel decroissance entre ces pays et les pays importateurs nets depétrole reste par ailleurs important, ces derniers affichantune croissance moyenne du PIB de 5.2 pour cent en 2006(contre 4.7 pour cent en 2005).

Cette bonne tenue générale du PIB devrait serenforcer en 2007, le taux annuel moyen de croissance

du PIB réel devant passer pour l’ensemble du continentà 5.9 pour cent, les pays exportateurs nets de pétroleet les pays importateurs nets affichant respectivementun taux de 7.4 et 4.7 pour cent – soit un différentielsupérieur à 2.5 pour cent. Les projections pour 2008tablent sur un léger ralentissement de la croissancedans les pays exportateurs nets de pétrole et sur untaux pratiquement équivalent à celui de 2007 dans lespays importateurs nets.

Ces prévisions reposent sur plusieurs hypothèsesplausibles mais plutôt optimistes, et on ne peut écartertotalement le scénario d’une rechute accidentelle.Les prévisions tablent sur la poursuite d’une croissancemondiale modérée, et partent aussi du principe queles prix du pétrole se stabiliseront autour de 60 dollarsle baril en 2007 et 2008 ; elles misent sur desconditions météorologiques propices aux culturespendant les deux années à venir ; sur un retour de lastabilité dans la région du delta, au Nigeria, quipermettra une augmentation en 2007 de la productionde pétrole ; sur l’absence de tout nouveau conflitrégional aux graves conséquences macro-économiques ; et sur un provisionnement total de ladétérioration attendue des termes de l’échange pourde nombreux pays importateurs nets de pétrole. Dansce contexte, l’application des accords d’allégement dedette pour un certain nombre de pays PPTE, qui adémarré en 2006, continuera d’être particulièrementbénéfique.

Afrique du Nord

Dans les pays d’Afrique du Nord, la croissance duPIB réel en 2006 s’est établie en moyenne à 6.3 pourcent, un niveau sensiblement supérieur au taux de4.6 pour cent enregistré en 2005. Elle devrait rester viveen 2007 et en 2008, à 6 pour cent. Ces bons résultatsde 2006 ont été largement dus à une croissanceexceptionnelle en Mauritanie (13.9 pour cent) et auSoudan (12.1 pour cent), dopés par l’augmentationde la production de gaz et de pétrole ; ils s’expliquentaussi par la forte reprise au Maroc (7.3 pour cent), oùla fin de la sécheresse a permis à l’agriculture de seredresser, ainsi qu’en Égypte (6.8 pour cent). Lesprévisions de taux de croissance pour 2007 et 2008 dans

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Vue d’ensemble

la plupart des pays de la région tablent sur un maintiendes niveaux de 2006, voire sur une accélération, grâceà la bonne tenue des prix du pétrole et du gaz et à unvéritable essor du tourisme.

Afrique de l’Ouest

La croissance économique des pays d’Afrique del’Ouest a atteint 4.8 pour cent en 2006, un tauxnettement inférieur à celui de 2005 mais qui devraitrebondir à 5.9 pour cent en 2007 puis se maintenir,à 5.1 pour cent, en 2008. Au sein de l’Unionéconomique et monétaire ouest-africaine (UEMOA– Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau,Mali, Niger, Sénégal et Togo), l’activité a continué depâtir des effets négatifs de l’agitation politiquepersistante en Côte d’Ivoire, principale économie del’union. La croissance du Sénégal a elle aussi fléchi, sousl’effet d’une réduction importante de la productionagricole (céréales et arachides) et industrielle(phosphates et engrais en particulier). La croissancesoutenue de la production agricole de plusieurs de sespays membres a été le facteur le plus positif enregistrépar l’UEMOA. Outre la vive augmentation de saproduction agricole, le Mali a profité de cours de l’orélevés – permettant la poursuite d’une croissancetoujours soutenue de son PIB réel en 2006, à 5 pourcent, après le taux particulièrement élevé de 6.1 pourcent enregistré en 2005.

Parmi les cinq pays de la région non membres del’UEMOA (Gambie, Ghana, Guinée, Nigeria et SierraLeone), le Nigeria – de loin l’économie la plusimportante – a affiché un taux de croissance du PIBde 5.3 pour cent en 2006, contre 6.5 pour cent en2005, sous l’effet des arrêts de la production de pétroledans le delta du Niger. Les prévisions pour le Nigeriaen 2007 tablent sur une accélération, à 7 pour cent,sous l’effet en particulier de la nouvelle poussée des prixdu pétrole mais aussi d’une production accrue. Lesperformances de la Guinée se sont redressées en 2006(à 5 pour cent contre 3.3 pour cent en 2005), alors quele Ghana et la Sierra Leone s’en sont assez bien sortisen 2006 (à respectivement 6.1 et 7.4 pour cent), grâceaux excellents résultats dans la production et latransformation du cacao.

Afrique centrale

La progression moyenne du PIB de la région s’estralentie à 3.9 pour cent en 2006. Les prévisions tablentsur une reprise en termes réels à 5.2 pour cent en 2007,et sur une accélération en 2008 (6.3 pour cent). Lefléchissement de 2006 tient surtout à un coup d’arrêtà l’envolée de la production de pétrole en Guinéeéquatoriale et au Tchad. Les dix pays qui composentl’Afrique centrale suivent en fait des trajectoires trèsdifférentes : la RCA (République centrafricaine), leRwanda et São Tomé et Principe sont sur une courbenettement ascendante alors que le Gabon, la républiquedu Congo et le Tchad ne devraient afficher unecroissance que d’à peine 2 pour cent, du moins en2007. La croissance devrait se maintenir en RDC à sonniveau de 2006 (6.2 pour cent), grâce essentiellementaux efforts de reconstruction financés par les bailleurs,et s’accélérer au Burundi (6.6 pour cent en 2007 contre6.1 pour cent en 2006). Les prévisions pour leCameroun et la Guinée équatoriale font entrevoir uncertain renforcement de la croissance en 2007 commeen 2008.

Afrique de l’Est

La croissance économique de l’Afrique de l’Est s’estétablie en moyenne à 5.1 pour cent en 2006 et devraits’accélérer en 2007 et 2008, à respectivement 5.8 et6 pour cent. L’Éthiopie, l’Ouganda et la Tanzaniecontinuent de tirer le reste de la région, avec des tauxde croissance respectifs de 5.9, 5.4 et 5.7 pour cent en2006. Ces trois pays devraient également maintenirvoire améliorer ces bons résultats en 2007 et 2008grâce à une croissance bien diversifiée, quoique tiréedans certains cas (Ouganda) par le seul secteur agricole.Mais ces prévisions doivent être prises avec une grandeprudence du fait de l’instabilité politique de certainspays. Les Comores, Djibouti, le Kenya, Madagascar etMaurice – qui ont récemment connu un certainralentissement – devraient voir leur PIB se redresser en2007 et 2008, avec un taux moyen de 5.2 pour centsur cette période. Les perspectives de croissance deMadagascar et de Maurice sont toujours assombries parla concurrence accrue des producteurs asiatiques detextile (Bangladesh, Chine et Inde) découlant du

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démantèlement de l’AMF. Le PIB des Seychelles devraitégalement rester faible alors que l’Érythrée devraitaméliorer ses résultats, passant d’un taux de croissancede 1.5 pour cent en 2006 à respectivement 2 et 3.3 pourcent en 2007 et 2008.

Afrique australe

La croissance en Afrique australe s’est établie à5.4 pour cent en 2006, à un niveau comparable à celuide 2005, sous l’effet de la rapide montée en puissancedes nouveaux champs pétrolifères en Angola, la miseen route d’un certain nombre de mégaprojets dans lesecteur minier du Mozambique et en Afrique du Sud,où la croissance diversifiée et soutenue par la demandeintérieure a atteint, à 5 pour cent, son meilleur tauxdepuis la fin de l’apartheid. Si la croissance au Malawiet en Namibie s’est elle aussi redressée en 2006, elle amarqué le pas au Botswana. En 2007 et 2008, ce paysdevrait renouer avec une croissance légèrementsupérieure à 4 pour cent par an – contre environ 5 pourcent pour le Malawi et la Namibie. Au Zimbabwe,l’activité économique a poursuivi sa baisse en 2006,régressant d’environ 5 pour cent. Les prévisions pourl’Afrique du Sud indiquent que la croissance du PIBdevrait rester robuste, à environ 4.5 pour cent en 2007et 2008, marquant ainsi une rupture significative avecl’atonie affichée ces dix dernières années. Globalement,

le taux de croissance moyen de la région devraitaugmenter, de 5.4 pour cent en 2006 à 6.1 pour centen 2007, traduisant le quasi-doublement prévu du tauxde croissance de l’Angola (de 14.8 pour cent en 2006à 27 pour cent en 2007), dopé notamment par ledéveloppement de l’activité dans les nouveaux champspétrolifères et, dans une moindre mesure, par l’extractionde diamant.

Inflation

Après des planchers historiques en 2004 (7.5 pourcent), l’inflation a légèrement repris en moyennecontinentale, à 8.8 pour cent en 2005 et 9.1 pour centen 2006, en grande partie sous l’effet de l’augmentationdes prix de l’énergie (partiellement compensée cependantpar une baisse du prix des importations de produitsmanufacturés), ainsi que par des conditionsmétéorologiques défavorables, notamment en Afriqueaustrale et de l’Ouest, qui ont provoqué une hausse desprix alimentaires. Cette moyenne masque de gros écartsentre pays exportateurs nets de pétrole et paysimportateurs. Ces derniers ont vu leur inflation grimperde 8.4 pour cent en 2005 à 12 pour cent en 2006, latendance devant se maintenir en 2007 (12.7 pour cent)et en 2008 (12.9 pour cent). Si la faiblesse de l’inflationmondiale a continué de bénéficier aux pays dont letaux de change est ancré à une autre monnaie (pays de

Tableau 2 - Taux d’inflation moyen pondéré de l’indice des prix à la consommation (IPC) par région d’Afrique (variation annuelle en pourcentage)

* Afrique du Sud, Algérie, Nigeria et Égypte.Note : Ces agrégats ne prennent en compte ni le Liberia ni la Somalie, faute de données suffisantes.Source : Autorités nationales de différents pays ; Perspectives de l’économie mondiale du FMI ; calculs des auteurs pour les estimations (e)

et les projections (p).

Région 1998-2004 2005 2006(e) 2007(p) 2008(p)

Afrique centrale 33.5 9.1 9.5 4.2 4.2Afrique de l’Est 5.5 8.2 9.9 5.7 5.5Afrique du Nord 4.4 5.9 4.3 4.6 4.3Afrique australe 16.3 10.7 16.5 20.1 21.3Afrique de l’Ouest 9.4 13.6 7.7 5.7 6.7Total Afrique 10.0 8.8 9.1 9.2 9.5

Pour mémoire :Pays exportateurs nets de pétrole 11.6 9.4 5.7 5.3 5.5Pays importateurs nets de pétrole 8.8 8.4 12.0 12.7 13.0

Pays SANE * 6.3 7.1 4.8 5.3 5.3Autres pays 14.5 10.9 14.2 13.8 14.2

http://dx.doi.org/10.1787/343284113528

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Vue d’ensemble

la Communauté financière africaine [CFA] parexemple), le phénomène a été moins flagrant en 2005et en 2006 qu’auparavant, l’écart d’inflation se creusantconsidérablement entre certains pays CFA et la zoneeuro. Pourtant, quatre pays seulement (Angola, Guinée-Bissau, RDC et Zimbabwe) ont connu un tauxd’inflation supérieur ou égal à 20 pour cent en 2005.Ils ont encore été quatre dans ce cas en 2006 (Guinée-Bissau, RDC, São Tomé et Principe et Zimbabwe).On prévoit que les autorités monétaires n’auront pasà resserrer sensiblement leur politique monétaire, dansla mesure où les prix du pétrole ne devraient plusaugmenter.

Afrique du Nord

L’inflation dans la région est repassée à 4.3 pour centen 2006, après une hausse conjoncturelle qui l’avaitportée à 5.9 pour cent en 2005 suite à la recrudescencedes tensions inflationnistes en Algérie, en Égypte et enMauritanie. L’Égypte a vu son inflation ralentir (de11.4 pour cent en 2005 à 4.1 pour cent en 2006), toutcomme la Mauritanie (de 12.1 à 6.4 pour cent). Lasituation a été inverse en Tunisie (de 2 pour cent en2005 à 4.5 pour cent en 2006) comme, dans unemoindre mesure, en Libye (de 6.9 pour cent en 2005à 8 pour cent en 2006). Le taux d’inflation moyen del’Afrique du Nord devrait rester faible en 2007 et 2008.

Afrique de l’Ouest

Le taux d’inflation moyen de la région s’est repliéen 2006, à 7.7 pour cent, après une année 2005d’inflation soutenue (13.6 pour cent). Dans denombreux pays de l’UEMOA, l’augmentation du prixdes denrées alimentaires – liée à la sécheresse qui aprovoqué une crise alimentaire dans la région – et celledu carburant ont eu un effet négatif pour l’inflation.Toutefois, les pays de l’UEMOA dont la monnaie estrattachée à l’euro bénéficient d’un taux d’inflationmoyen bien moindre que les pays membres de la ZMAO(zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest11) qui euxaffichent tous des taux supérieurs ou égaux à 5 pour

cent. L’inflation des pays de la ZMAO s’est cependantrepliée entre 2005 et 2006, de façon plus ou moinsmarquée : de 31.1 à 25 pour cent en Guinée ; de 17.9 à8.6 pour cent au Nigeria ; de 15.1 à 10.9 pour cent auGhana ; de 12 à 9.5 pour cent en Sierra Leone ; et de3.2 à 2 pour cent en Gambie, pays de faible inflation.Les prévisions pour 2007 tablent sur un net tassementdes taux d’inflation, en particulier au Ghana et enGuinée.

Afrique centrale

Le taux moyen d’inflation de la région est restésoutenu, à 9.5 pour cent en 2005, sous l’effetessentiellement des mauvaises performances de troispays : la RDC (22 pour cent), le Rwanda (9.3 pour cent)et São Tomé et Principe (19.8 pour cent). Au Burundi,l’inflation s’est repliée de 13.5 pour cent en 2005 à5 pour cent en 2006 avec la normalisation des conditionsclimatiques. Dans les autres pays d’Afrique centrale(Cameroun, Guinée équatoriale, Gabon, RCA etrépublique du Congo), l’inflation est restée stable. Lesperspectives pour 2007 et 2008 tablent sur un repli del’inflation en Afrique centrale, à 4.2 pour cent, serapprochant de l’objectif d’un repli en convergence de3 pour cent grâce en particulier au retour prévu d’uneinflation à un seul chiffre partout sauf à São Tomé etPrincipe.

Afrique de l’Est

À l’exception de Djibouti, Madagascar et desSeychelles, l’inflation dans les pays de la région aaugmenté entre 2005 et 2006. Résultat, le tauxd’inflation moyen de l’Afrique de l’Est est passé à9.9 pour cent en 2006, contre 8.2 pour cent en 2005.À Madagascar, où l’inflation avait connu une hausse(à 18.3 pour cent) en 2005 sous l’effet de l’augmentationdu prix des denrées alimentaires et du carburant, lasituation s’est redressée en 2006, à 11.4 pour cent,grâce à une récolte normale de riz. En Ouganda,l’inflation est repassée de 8 pour cent en 2004/05 à6.6 pour cent en 2005/06, avec la fin de la sécheresse.

11. Gambie, Ghana, Guinée, Nigeria et Sierra Leone.

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Vue d’ensemble

À Maurice en revanche, l’inflation a progressé de4 points entre 2005 et 2006. Les perspectives de larégion pour 2007 et 2008 parient sur un tassementprogressif du taux d’inflation dans tous les pays, saufaux Seychelles où elle devrait rester faible (à 2 pour centenviron). Le taux moyen d’inflation en l’Afrique de l’Estdevrait donc régresser progressivement, à 5.7 pour centen 2007 puis à 5.3 pour cent en 2008.

Afrique australe

Le bilan de la région pour l’année 2006 est mitigé,six pays ayant vu leur taux d’inflation augmenter alorsque quatre autres affichaient un taux stable voire enbaisse. Après le net repli de l’inflation en Angola (où,grâce à une politique budgétaire plus rigoureuse et àune appréciation de la monnaie, elle est passée de23 pour cent en 2005 à un taux estimé de 10 pour centen 2006) et une vive poussée au Zimbabwe (avec untaux supérieur à 1 200 pour cent, ce pays est en pleinehyperinflation), le taux moyen de l’Afrique australe estpassé à 16.5 pour cent en 2006, contre 10.7 pour centen 2005. Le risque d’une accélération ne doit pas êtreécarté avec des taux qui restent supérieurs à 10 pourcent en Angola, au Botswana, au Malawi et auMozambique (sans parler du Zimbabwe). Dans tous

les pays où l’inflation reste vive (Zimbabwe excepté),les prévisions tablent pour 2007 sur un retour à des tauxà un seul chiffre, proche des 5 pour cent en Afrique duSud, au Botswana, au Lesotho, en Namibie et auSwaziland.

Finances publiques

Le solde budgétaire des pays exportateurs nets depétrole (dons compris) a affiché en 2006 un excédentéquivalant à 8.2 pour cent du PIB, essentiellementgrâce à l’envolée des cours du pétrole mais aussi à desaugmentations de production. Le groupe des paysimportateurs nets de pétrole a vu son déficit global secreuser légèrement en 2006, à l’équivalent de 2.3 pourcent du PIB (contre 1.9 pour cent en 2005). Cettemaîtrise du déficit provient d’une saine gestion macro-économique et d’une augmentation des dons – dontune partie sous forme d’allégements de dette. Pour legroupe des pays exportateurs nets de pétrole, lesprévisions pour 2007 tablent sur un excédent budgétairetoujours conséquent mais en repli (de l’ordre de7.3 pour cent du PIB), cette baisse se confirmant en2008. Pour les pays importateurs nets de pétrole, ledéficit moyen devrait conserver son niveau de 2006 en2007 comme en 2008.

Tableau 3 - Ratio moyen du solde budgétaire/PIB

* Afrique du Sud, Algérie, Nigeria et Égypte.Note : Ces agrégats ne prennent en compte ni le Liberia ni la Somalie, faute de données suffisantes.Source : Autorités nationales de différents pays ; Perspectives de l’économie mondiale du FMI ; calculs des auteurs pour les estimations (e)

et les projections (p).

Région 1998-2004 2005 2006(e) 2007(p) 2008(p)

Afrique centrale -0.6 6.5 8.3 7.7 7.8Afrique de l’Est -3.5 -2.9 -4.7 -3.4 -3.4Afrique du Nord -1.4 3.2 5.0 5.3 4.9Afrique australe -2.6 0.4 0.2 0.2 -0.3Afrique de l’Ouest -1.9 5.5 5.7 2.6 0.5Total Afrique -2.0 2.4 3.2 2.7 2.0

Pour mémoire :Pays exportateurs nets de pétrole -0.8 7.0 8.2 7.3 6.1Pays importateurs nets de pétrole -3.1 -1.9 -2.3 -2.2 -2.4

Pays SANE * -1.8 2.5 2.9 1.4 0.6Autres pays -2.3 2.3 3.5 4.1 3.6

http://dx.doi.org/10.1787/488478600452

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Vue d’ensemble

Afrique du Nord

Le solde budgétaire moyen de l’Afrique du Nord

a affiché un excédent équivalant à 5 pour cent du PIB

en 2006, les deux plus grands exportateurs de pétrole

de la région – l’Algérie et la Libye – ayant vu leurs

excédents augmenter de respectivement 13 et 42 pour

cent. À l’inverse, les déficits budgétaires de l’Égypte,

de la Mauritanie, du Maroc et de la Tunisie n’ont guère

évolué. Quant au Soudan, il devrait avoir résorbé le léger

déficit affiché en 2005. Tous les pays, à l’exception de

l’Algérie (dont l’excédent est appelé à diminuer

légèrement), devraient voir leur solde budgétaire

s’améliorer en 2007 et en 2008.

Afrique de l’Ouest

Les soldes budgétaires de quatre pays de la région

se sont détériorés en 2006. La Gambie, la Guinée-

Bissau et la Sierra Leone sont pour leur part parvenues

à limiter substantiellement leurs déficits. En dépit

d’une légère amélioration, six pays ont affiché un

déficit supérieur ou égal à 4 pour cent du PIB (Cap

Vert, Gambie, Ghana, Guinée-Bissau, Niger et

Sénégal). Les prévisions pour 2007 et 2008 tablent

sur une stabilisation ou une amélioration des soldes

budgétaires dans la plupart des pays. Pour le Nigeria

cependant, le niveau actuel de l’excédent – très élevé

– ne devrait pas se maintenir, avec un repli attendu

en 2007 et en 2008.

Afrique centrale

La position budgétaire moyenne de l’Afrique centrale

en 2006 s’est sensiblement améliorée pour la deuxième

année consécutive, tous les pays sauf un ayant réduit

leur déficit ou su préserver/augmenter leurs confortables

excédents. Une légère détérioration a été observée au

Tchad. Le Gabon, la Guinée équatoriale et la république

du Congo ont nettement amélioré leur solde budgétaire,

et São Tomé et Principe a continué d’afficher un large

excédent en 2006 grâce à ses exportations de pétrole.

Les projections pour 2007 et 2008 n’indiquent guère

de changement dans la position budgétaire moyenne

de la région rapportée au PIB.

Afrique de l’Est

Les soldes budgétaires des pays d’Afrique de l’Estse sont détériorés en 2006, à moins 4.7 pour cent duPIB. Cette situation s’explique surtout par uncreusement des déficits budgétaires des trois premièreséconomies de la région – l’Éthiopie, le Kenya et laTanzanie – qui représentent ensemble près des deux tiersdu PIB de l’Afrique de l’Est. En Éthiopie, le déficit s’estcreusé, passant de 4.7 pour cent en 2004/05 à 7.4 pourcent en 2005/06 ; au Kenya, le solde budgétaire est passéd’un léger surplus de 0.1 pour cent en 2005 à un déficitde 3.5 pour cent en 2006 ; et en Tanzanie, le déficit aprogressé, de 4.6 pour cent en 2005 à 6 pour cent en2006. La situation devrait s’améliorer en 2007 et sestabiliser à ces niveaux en 2008.

Afrique australe

Le solde budgétaire moyen des pays de la région n’aguère évolué en 2006, la contraction des déficits auMalawi, en Namibie et au Zimbabwe étant compenséepar de moindres excédents en Angola et au Lesotho.Les projections pour 2007 et 2008 ne prévoient pas dechangement significatif pour la région. Pour autant, lesdéficits du Mozambique et du Swaziland devraient secreuser, alors que la Namibie devrait passer d’unesituation d’excédent à un léger déficit.

Balance des paiements

En 2006, le commerce extérieur moyen de l’Afriquea affiché un large excédent, équivalant à 4.7 pour centdu PIB. Ce chiffre global masque toutefois de profondsécarts entre pays. Les pays exportateurs nets de pétroleont obtenu en 2006 un excédent commercial de12.8 pour cent (contre 11.7 pour cent en 2005) alorsque, de leur côté, les pays importateurs nets ont connuune forte aggravation de leur déficit commercialmoyen, à 3.9 pour cent du PIB (contre 2 pour centen moyenne sur la période 1998-2004). Cetteévolution des balances commerciales est par ailleursbien plus homogène dans le groupe des paysexportateurs nets de pétrole que chez les autres. Parmices derniers, seuls deux pays ont vu leur balancecommerciale se redresser sensiblement (2.5 points du

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Vue d’ensemble

PIB pour le Botswana et 8.7 points pour la Mauritanie).L’excédent commercial des pays exportateurs nets depétrole devrait se tasser légèrement en 2007 et ànouveau en 2008, alors que dans les pays importateursnets de pétrole, le déficit moyen devrait conserver en2007 et 2008 son niveau de 2006.

D’une manière générale, la balance des paiements del’Afrique a bénéficié de l’accroissement des IDE et de laréduction sensible du service de la dette dans de nombreuxpays PPTE. Fin 2006, 17 pays africains avaient atteintle point d’achèvement et neuf autres le point de décisiondans le cadre de l’initiative PPTE renforcée.

Tableau 4 - Ratio moyen balance commerciale/PIB

* Afrique du Sud, Algérie, Nigeria et Égypte.Note : Ces agrégats ne prennent en compte ni le Liberia ni la Somalie, faute de données suffisantes.Source : Autorités nationales de différents pays ; Perspectives de l’économie mondiale du FMI ; calculs des auteurs pour les estimations (e)

et les projections (p).

Région 1998-2004 2005 2006(e) 2007(p) 2008(p)

Afrique centrale -4.0 0.9 5.2 2.4 4.7Afrique de l’Est -3.3 -5.5 -6.1 -6.7 -7.1Afrique du Nord 2.9 10.5 12.5 11.9 10.3Afrique australe -1.8 -2.4 -1.3 -1.4 -3.4Afrique de l’Ouest -3.6 5.3 3.2 4.1 3.7Total Afrique -0.4 3.6 4.7 4.3 3.1

Pour mémoire :Pays exportateurs nets de pétrole 1.4 11.7 12.8 12.1 10.0Pays importateurs nets de pétrole -2.0 -3.9 -3.9 -3.9 -4.3

Pays SANE * 0.7 4.9 5.0 4.1 2.9Autres pays -1.8 2.1 4.4 4.6 3.4

http://dx.doi.org/10.1787/218724611210

Afrique du Nord

Les pays d’Afrique du Nord ont continué d’afficheren 2006 des écarts sensibles au niveau de leurs balancescommerciales. Alors que l’Algérie et la Libye ont vuleurs excédents atteindre respectivement près de 24 et48 pour cent du PIB, les excédents de l’Égypte et duMaroc se sont légèrement repliés. Quant à la Tunisie,son déficit s’est quelque peu résorbé. Les efforts de laMauritanie et du Soudan ont porté leurs fruits : le déficitcommercial de la première a été ramené depratiquement 50 pour cent en 2005 à 37 pour centen 2006, et celui du Soudan est passé de 10.6 pourcent en 2005 à 5.9 pour cent en 2006. Grâce au netredressement de l’Algérie, de la Libye et de laMauritanie, l’excédent commercial de l’Afrique duNord s’est amélioré, passant de 10.5 pour cent en2005 à 12.5 pour cent en 2006. Pour 2007 et 2008,la situation devrait encore s’améliorer pour la Libye,la Mauritanie, le Maroc et le Soudan – au contrairetoutefois de l’Algérie, l’Égypte et la Tunisie.

Afrique de l’Ouest

En 2006, onze pays d’Afrique de l’Ouest ont affichédes déficits commerciaux allant de 4 à 14 pour cent duPIB. Seuls la Côte d’Ivoire et le Mali ont obtenu demeilleurs résultats. La balance commerciale moyennede la région est dominée par le Nigeria, où l’excédentenregistré en 2006 (8 pour cent du PIB) a été inférieurà celui de 2005 (environ 12 pour cent). La situationde la plupart des pays déficitaires ne devrait guèrechanger en 2007 et 2008.

Afrique centrale

L’excédent commercial moyen de l’Afrique centralea poursuivi son redressement en 2006 et a représenté5.2 pour cent du PIB. Cette embellie s’explique surtoutpar l’augmentation en valeur nominale des exportationsde pétrole, en particulier au Gabon, en république duCongo et au Tchad. Quatre pays (Burundi, RDC, Rwandaet São Tomé et Principe) ont connu une détérioration de

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Vue d’ensemble

leur balance commerciale, alors qu’en Guinée équatorialele déficit est resté élevé. En 2007 et 2008, les excédentsde la plupart des pays exportateurs nets de pétrole de larégion devraient se contracter légèrement.

Afrique de l’Est

Le déficit commercial moyen de la région s’estcreusé en 2006, passant à 6.1 pour cent du PIB contre3.5 pour cent en moyenne sur la période 1998-2004.En cause, la sensible détérioration enregistrée entre2005 et 2006 de la balance commerciale de l’Éthiopie(le déficit passant de 8.5 à 11.5 pour cent du PIB), deMadagascar (de 10.1 à 16.8 pour cent du PIB) et deMaurice (de 5.2 à 7.4 pour cent du PIB). La situationn’a pas été plus brillante au Kenya ou en Ouganda. LaTanzanie est parvenue à réduire son déficit de 7.6 pourcent du PIB en 2005 à 5.7 pour cent en 2006. Lesperspectives pour 2007 et 2008 tablent sur uncreusement du déficit régional moyen, à respectivement6.7 et 7.1 pour cent.

Afrique australe

Parmi les pays de la région, l’Angola a bénéficié en2006 d’une augmentation de son excédent commercial,porté à 14.5 pour cent du PIB (contre 12.8 pour centen 2005), sous l’effet du redressement des cours et dela production de pétrole et d’une hausse de la productionde diamants. Le Botswana a également vu son excédents’améliorer entre 2005 et 2006, de 8.1 à 8.8 pour centdu PIB, tout comme la Namibie (de 5.7 à 10 pour cent).Au Mozambique, le déficit s’est sensiblement replié en2006, laminé par des exportations d’aluminiumdynamiques ; mais une nouvelle vague de « mégaprojets »devrait y provoquer une forte poussée des importationsde biens d’équipement et entraîner une détériorationde la balance commerciale en 2007 et 2008. Les déficitscommerciaux de l’Afrique du Sud et du Lesotho sesont légèrement creusés en 2006, à l’inverse de laZambie et du Zimbabwe. La balance commerciale del’Afrique du Sud devrait rester pratiquement stable en2007 et 2008 alors que l’impressionnant excédentcommercial de l’Angola devrait se tasser quelque peuen 2007, avant de se contracter nettement en 2008, sousl’effet d’un ralentissement des exportations de pétrole.

Les objectifs du Millénaire pour le développement : les avancées

En matière de réalisation des OMD, l’Afrique esten retard par rapport aux autres régions endéveloppement. Sur la base des tendances actuelles, lespays d’Afrique subsaharienne devraient chacun atteindreen moyenne 2.4 objectifs sur neuf, contre 7.4 en Afriquedu Nord. Pour autant, les pays qui ont adopté despolitiques économiques adéquates, des stratégies deréduction de la pauvreté cohérentes et une pratique debonne gouvernance, ont réellement progressé. Deuxparamètres semblent d’une importance particulièrepour aider les pays africains à améliorer leurs indicateurssociaux. Le premier concerne l’aide étrangère : arguantqu’une aide abondante et bien ciblée peut avoir des effetsremarquables, le rapport de la Cnuced (Le développementéconomique en Afrique 2006) plaide, exemples à l’appui,pour l’augmentation significative d’une aide dépolitiséeet multilatérale, à l’inverse de l’aide concentrée sur unnombre relativement restreint de pays. L’autre paramètreconcerne l’ampleur de la pandémie de VIH/Sida enAfrique, qui affecte tous les facteurs de la vie socio-économique, entravant la croissance, la productivité etde nombreux indicateurs sociaux. Cette dégradation estaggravée du fait que la maladie frappe souvent lesmembres les plus productifs de la société, affectant ducoup la productivité globale du travail et les recettesfiscales, sans parler des drames familiaux qui semultiplient.

Reprenant des données de la Banque mondiale etdu Pnud (Programme des Nations unies pour ledéveloppement), le tableau 5 – Progrès vers la réalisationdes OMD – traite de deux catégories de pays : ceux quiont atteint la cible considérée et ceux qui sont en bonnevoie. Un pays est « en bonne voie » si le taux de croissanceeffectif de l’indicateur est supérieur ou égal au taux decroissance nécessaire pour atteindre la cible. Notons quela situation d’un pays peut changer à tout moment,l’évolution jusqu’en 2015 par rapport au scénario debase n’étant pas forcément linéaire. En d’autres termes,les pays qui n’ont pas atteint de cible cette année ousont loin d’y arriver peuvent redresser la barre à brèveéchéance. Le taux de résultats satisfaisants mesure le

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Vue d’ensemble

pourcentage de pays ayant atteint l’objectif ou étant enbonne voie, sur les 53 que compte l’Afrique. Les zoneslaissées en blanc indiquent une absence de données.

Objectif 1 – Réduire de moitié l’incidencede l’extrême pauvreté et de la faim

La pauvreté monétaire

Cette première cible consiste à réduire de moitié –entre 1990 et 2015 – la proportion de la populationvivant avec moins de 1 dollar par jour. Si les paysd’Afrique du Nord (Algérie, Égypte, Libye, Maroc etTunisie) et certains pays d’Afrique subsaharienne(Afrique du Sud, Botswana, Burkina Faso, Cameroun,Ghana, Lesotho, Maurice et Ouganda) font de réelsprogrès sur cette voie, d’autres n’affichent pas encorede résultats satisfaisants. Globalement, le taux depauvreté en Afrique subsaharienne n’a baissé que demanière marginale, de 44.6 pour cent en 1990 à 44 pourcent en 2002.

La faim

La proportion de personnes souffrant de la faim enAfrique est passée de 31.4 pour cent en 1990/92 à29.1 pour cent en 2001/03. La faim est encore uneréalité pour de nombreux Africains, en particulier dansles zones rurales. Cela étant, sur la même période,20 pays sont parvenus à réduire d’au moins 22 pourcent la proportion de personnes souffrant de la faim– dont trois pays qui l’ont réduite de moitié, réalisantl’objectif. La proportion des personnes sous-alimentéesdans la population globale a diminué à Djibouti (de53 à 26 pour cent), au Gabon (de 10 à 5 pour cent) etau Ghana (de 37 à 12 pour cent).

Objectif 2 – Assurer l’éducation primairepour tous

Scolarisation en primaire

Seuls 24.5 pour cent des pays africains sontsusceptibles de parvenir à l’enseignement primaireuniversel d’ici 2015. Des millions d’enfants ne sonttoujours pas scolarisés, en particulier dans les campagnes

et plus de la moitié d’entre eux sont les filles. Tous lespays d’Afrique du Nord sont en bonne voie, avec untaux moyen de scolarisation en primaire de 94 pour cent(contre 64 pour cent en Afrique subsaharienne). Dansles pays dits « en bonne voie », le taux est supérieur à85 pour cent et s’améliore régulièrement.

Taux d’achèvement de la scolarité

Cette amélioration de la scolarisation en primairene s’est que rarement traduite, et c’est regrettable, entaux d’achèvement améliorés. Or les enfants qui n’ontpas achevé un cycle primaire complet ne sont pasvraiment alphabètes. Dans les trois pays qui ont réalisél’objectif (Égypte, Maurice et Seychelles), le tauxd’achèvement était d’au moins 99 pour cent en 2004.Le pourcentage de pays ayant un taux de résultatssatisfaisants est de 22.6 pour cent. Pourtant, si l’onconsidère à la fois l’objectif de scolarisation en primaireet celui du taux d’achèvement, seuls l’Algérie, le CapVert, l’Égypte, Maurice, les Seychelles, la Tanzanie etla Tunisie (soit 13.2 pour cent des pays africains) sontsusceptibles de parvenir d’ici 2015 à ce que tous lesenfants achèvent un cycle primaire complet.

Objectif 3 – Éliminer les disparités entreles sexes

Pour de nombreux pays africains, l’accès des fillesà l’éducation reste un immense problème. Lepourcentage de pays ayant des taux satisfaisants descolarisation des filles en primaire par rapport auxgarçons est de 62.3 pour cent : le meilleur résultat surla voie des neuf OMD. Ce ratio tient compte des paysavec un taux supérieur à 85 pour cent de filles scolariséeset affichant une amélioration continue. Si l’on considèrel’enseignement secondaire, cependant, le pourcentagede pays sur la bonne voie tombe à 37.7 pour cent.Seuls six pays (Botswana, Lesotho, Libye, Maurice,Namibie et Seychelles) sont parvenus en 2005 à l’égalitéentre les sexes dans le primaire comme dans lesecondaire, conformément à la feuille de route de ladéclaration du Millénaire des Nations unies. Treizeautres pays devraient être en mesure d’atteindre cetobjectif en primaire et dans le secondaire d’ici 2015(Afrique du Sud, Algérie, Cap-Vert, Égypte, Ghana,

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Vue d’ensemble

Kenya, Madagascar, Rwanda, São Tomé et Principe,Soudan, Swaziland, Tunisie et Zimbabwe).

Le troisième OMD s’attache aussi àl’autonomisation des femmes dans le domaine del’emploi et de l’accès aux responsabilités politiques.Sur ce second front, le nombre de femmes députées necesse d’augmenter au fil des années. Elles restentpourtant sous-représentées dans la vie politique ainsiqu’au plus haut niveau des institutions et des cercleséconomiques. Entre 1990 et 2006, le nombre de femmes

députées a augmenté, passant de 7 à 16 pour cent enAfrique subsaharienne et de 3 à 7 pour cent en Afriquedu Nord. Le Rwanda est le seul pays d’Afrique à êtrequasiment parvenu à la parité.

Objectif 4 – Réduire la mortalité infantile

Les progrès de l’Afrique pour réduire la mortalitédes enfants de moins de cinq ans sont terriblementlents. Alors qu’il n’abrite que 20 pour cent des enfantsde moins de cinq ans, le continent compte pour la

Encadré 6 - Les femmes en Afrique subsaharienne

Selon de récentes estimations, les femmes assurent près de 70 pour cent de la force agricole du continent et produisent environ 90 pour

cent de toutes les denrées alimentaires. Le taux d’activité économique– qui mesure le pourcentage de gens dont la force de travail assure

la production de biens économiques – est supérieur concernant les femmes d’Afrique (61.9 pour cent) à celui d’autres régions (pays de

l’OCDE compris). Cela étant, l’immense majorité des femmes africaines sont employées dans le secteur informel et/ou à des postes peu

qualifiés. Le pourcentage de femmes salariées dans le secteur non agricole, l’un des plus faibles du monde (8.5 pour cent), est à cet égard

éloquent.

Nombre de raisons expliquent cette place médiocre des femmes dans l’économie formelle des pays d’Afrique subsaharienne, dont

un facteur crucial : leur accès insuffisant aux ressources clés que sont l’éducation et la santé. La base de données GID (sur l’égalité hommes-

femmes, les institutions et le développement) du Centre de développement de l’OCDE le montre bien : le taux de scolarisation des femmes

en primaire reste remarquablement faible, à 67 pour cent, malgré les initiatives internationales (comme le deuxième OMD qui vise l’éducation

primaire pour tous d’ici 2015). Sans surprise, l’analphabétisme reste extrêmement problématique : dans le groupe d’âge des plus de 15 ans,

51 pour cent seulement des femmes savent lire et écrire contre 67.1 pour cent des hommes. Les progrès en termes de mortalité maternelle

sont eux aussi bien inférieurs aux objectifs internationaux. Le taux enregistré en Afrique de 866 décès pour 100 000 grossesses – dû en

partie à l’état lamentable des services médicaux qui fait que seuls 50.9 pour cent des accouchements bénéficient de l’assistance de

personnel qualifié – est alarmant. C’est le pire au monde.

Outre ces facteurs relativement évidents, la base de données GID permet d’identifier et de comprendre des obstacles moins évidents

au développement socio-économique des femmes. Cette base de données exhaustive est la première du genre à compiler de manière cohérente

et systématique des informations sur les inégalités liées aux normes et traditions sociales. Ainsi, le code familial qui prévaut dans nombre

de pays africains est défavorable aux femmes, car il interdit aux filles d’obtenir une part équitable d’un héritage ou aux femmes d’exercer

l’autorité parentale sur leurs enfants une fois un mariage dissous. À l’instar des pays d’Asie du Sud, les filles sont souvent confrontées très

jeunes à des mariages arrangés, voire forcés. Par rapport à la moyenne de 27.4 ans dans les pays de l’OCDE, les filles d’Afrique subsaharienne

se marient en moyenne à 21.3 ans. De plus, 28 pour cent des filles ont déjà été mariées au moins une fois avant leur 20e anniversaire.

La polygamie reste une pratique très répandue en Afrique subsaharienne, et les hommes et les femmes ne bénéficient pas des mêmes

droits de propriété foncière. Si les femmes sont éventuellement autorisées, sur le papier, à souscrire un emprunt bancaire, la coutume

leur dénie toujours un accès égal au crédit dans de nombreuses régions rurales. Outre qu’elles sont une violation des droits élémentaires

des femmes, d’autres traditions comme la mutilation génitale – qui concernerait dans certains pays plus de 95 pour cent des femmes

(Érythrée, Guinée, Mali et Somalie par exemple) – attentent à leur santé et lèsent par conséquent leurs chances d’accéder à un emploi.

La mise en évidence de l’impact profond des normes et traditions sociales contribuera sans doute à élaborer des politiques mieux adaptées

qui, à long terme, amélioreront le statut socio-économique des femmes.

Pour plus d’informations, voir www.oecd.org/dev/institutions/GIDdatabase.

Note : La définition de l’Afrique subsaharienne utilisée ici est celle de la Banque mondiale (la Mauritanie et le Soudan sont intégrés dans

la zone).

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Vue d’ensemble

moitié de la mortalité infantile mondiale. Le pourcentagede pays africains affichant des résultats satisfaisants estparticulièrement faible (15.1 pour cent) et encore plusréduit si l’on ne considère que l’Afrique subsaharienne(5.7 pour cent). Seuls trois pays d’Afrique subsaharienne(Cap Vert, Comores et Érythrée) ont réussi à réduirele taux de mortalité des enfants de moins de cinq ansd’au moins 37 pour cent entre 1990 et 2004. Lapandémie de VIH/Sida ou les conflits ont provoqué unedégradation de la situation dans plusieurs autres payssur la même période (Afrique du Sud, Botswana, Côted’Ivoire, Guinée équatoriale, Kenya, RCA, Rwanda,Swaziland et Zimbabwe). La majorité des enfantsmeurent des suites d’une maladie qu’on aurait puprévenir – comme la polio, la variole ou les troublesparasitaires – faute, en partie du moins, d’être vaccinés :la couverture vaccinale des enfants d’Afriquesubsaharienne n’atteignait que 65 pour cent en 2004.

Objectif 5 – Améliorer la santé maternelle

Seuls 20.8 pour cent des pays sont en bonne voied’atteindre la cible visant à réduire des trois quarts letaux de mortalité maternelle d’ici 2015 et aucun ne l’aencore atteinte. En Angola, au Malawi, au Niger, enSierra Leone et en Tanzanie, faute d’accès aux soins, plusde 1 500 femmes pour 100 000 naissances vivantes sontmortes en couches en 2000. La réduction de la mortalitématernelle passe en particulier par la délivrance desoins par un personnel qualifié lors des accouchements.Or, en Afrique subsaharienne, la proportiond’accouchements assistés par du personnel de santéqualifié n’a progressé que de 4 points entre 1990 et 2004,de 42 à 46 pour cent. Les écarts entre les zones urbaineset les zones rurales sont particulièrement prononcés.À l’inverse, cette proportion est passée de 40 à 71 pourcent en Afrique du Nord.

Objectif 6 – Combattre le VIH/Sida, lepaludisme et d’autres maladies

L’objectif visant à stopper et enrayer la propagationdu VIH/Sida, du paludisme, de la tuberculose et d’autresgrandes maladies d’ici 2015 paraît hors de portée del’Afrique. Le sida, tout d’abord : en dépit des effortsde prévention – qui se révèlent efficaces (dans les villes

du Burkina Faso, du Kenya et du Zimbabwenotamment) – les décès et les nouvelles infections parle VIH ne cessent d’augmenter. L’Afrique subsahariennecontinue d’être l’épicentre de l’épidémie mondiale. En2005, 64 pour cent des adultes séropositifs de par lemonde résidaient dans cette région ainsi que 90 pourcent des enfants de moins de 15 ans infectés par le virus.Plus de 12 millions d’enfants d’Afrique subsahariennesont des orphelins du sida et 59 pour cent des adultesséropositifs sont des femmes. L’apparente stabilisationdu taux de prévalence du VIH en Afrique subsaharienne,à près de 6 pour cent, est le résultat d’une équationmacabre : le nombre de décès est pratiquement égal aunombre des nouveaux cas. Quant à la tuberculose, dixpays (dont six d’Afrique subsaharienne) sont en bonnevoie pour réduire de moitié l’incidence de la maladied’ici 2015 (tableau 5). Pourtant, de nouveaux cas necessent de se déclarer, entre autres mais pas uniquement,chez les personnes séropositives : si l’on exclut lesséropositifs, le nombre annuel des nouveaux cas detuberculose pour 100 000 habitants est passé de 148à 281 en Afrique subsaharienne entre 1990 et 2004.La lutte contre le paludisme a par ailleurs a décollé, avecune mise à disposition grandissante de moustiquairestraitées et de médicaments efficaces. Mais les écartsentre les villes et les campagnes d’Afrique subsahariennerestent profonds.

Objectif 7 – Assurer un développementécologiquement durable

L’objectif 7 prévoit d’endiguer la disparition desressources naturelles mais aussi d’assurer l’accès à l’eaupotable, à des systèmes d’assainissement corrects et àun logement décent. En Afrique, la pauvreté entraînela diminution des forêts et d’autres ressourcesécologiques irremplaçables. La couverture forestière enAfrique subsaharienne a reculé de 29 pour cent duterritoire en 1990 à 27 pour cent en 2005. Latransformation des forêts en terres agricoles etl’utilisation du bois pour le chauffage, la cuisine etl’éclairage ont entraîné une déforestation massive,laquelle a augmenté l’occurrence des sécheresses et desinondations. L’Afrique subsaharienne n’a guère avancépar rapport à l’objectif d’améliorer les conditions de vied’au moins 100 millions de personnes vivant dans des

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Vue d’ensemble

taudis. Entre 1990 et 2001, le nombre d’habitants detaudis a augmenté au rythme annuel de 4.6 pour cent.Déjà mal logées, ces familles sont de plus confrontéesau surpeuplement et au manque d’accès à l’eau et àl’assainissement. On note cependant quelques progrèsen direction de l’objectif visant à réduire de moitiéd’ici 2015 le nombre des personnes privées d’accès àl’eau potable et à l’assainissement de base. Cinq paysont déjà atteint la cible de l’accès à l’eau potable (Égypte,Malawi, Maurice, Namibie et Tunisie) et 15 autressont sur « la bonne voie », ce qui porte à 37.7 pour centle taux des pays présentant des résultats satisfaisants.Les progrès en matière d’assainissement sont nettementplus lents. En Afrique subsaharienne, la part moyennede la population bénéficiant d’un assainissementamélioré est passée de 32 à 37 pour cent entre 1990 et2004 – la cible fixée pour 2015 étant de 66 pour cent.La réalisation des objectifs pour l’eau potable etl’assainissement se heurte aux immenses difficultés queposent une démographie galopante et les profondesinégalités entre urbains et ruraux.

Objectif 8 – Mettre en place un partenariatmondial pour le développement

Ce vaste objectif recouvre les partenariats entrepays développés et pays en développement instaurés parle biais de l’aide, des allégements de dette, du commerce,de l’achat de médicaments, de la création d’emplois,des échanges de nouvelles technologies, etc. L’APDaccordée à l’Afrique augmente depuis 2001 : elle estpassée d’un faible niveau en 2000 (15.3 milliards dedollars) à 26.5 milliards en 2004. En 2005, dans la fouléedu sommet du G8 organisé en juillet et prônant lesannulations de dette, les allégements ont représentéles trois quarts de l’augmentation de l’aide. D’autresformes d’aide se sont développées en 2005 (+ 9 pourcent) et les bailleurs se sont engagés à doubler leursoutien d’ici 2010. Ces allégements de dette ainsi quel’aide d’urgence ou les secours en cas de catastrophesne libéreront hélas pas forcément plus de fonds pourla lutte contre la pauvreté et le développement à longterme. L’accès aux médicaments essentiels a fait de réelsprogrès en Afrique subsaharienne, surtout pour letraitement du sida, avec la mise à disposition demédicaments génériques. Le nombre de malades

bénéficiant de thérapies antirétrovirales est passé de100 000 en 2003 à 810 000 en 2005. En Afriquesubsaharienne comme en Afrique du Nord, lesperspectives professionnelles des jeunes n’ont pas été àla hauteur de la croissance démographique. En moyenne,le taux de chômage des jeunes ne cesse d’augmenter –de 18 pour cent en 1995 à 18.3 pour cent en 2005 pourl’Afrique subsaharienne et de 33.9 à 34.5 pour cent pourl’Afrique du Nord sur la même période. En ce quiconcerne le commerce extérieur, les subventions auxproducteurs dans les pays industriels, les droits dedouane et les quotas aux importations – en particulierpour des catégories de produits stratégiques commeles vêtements et les produits agricoles – continuent delimiter l’accès des produits africains. Les négociationsde Doha ont donc pour délicate mission d’arriver àréduire davantage ces barrières commerciales.

Gouvernance et politique

Depuis le début des années 1990, l’Afrique a faitdes progrès notoires en matière d’enracinement de ladémocratie, de renforcement des pouvoirs judiciaireset des médias, et de réduction du nombre de conflitsarmés. La promotion de la bonne gouvernance estégalement devenue la clé de voûte du dialogue politiqueentre gouvernements africains et bailleursinternationaux. Cependant, rares sont les régimespolitiques à respecter les normes minimales de ladémocratie représentative et le processus dedémocratisation connaît souvent des à-coups plus oumoins graves. Dans de nombreux pays, la liberté de lapresse n’existe pas et la corruption, souvent considéréecomme endémique, est perçue comme l’une desprincipales entraves au développement économique ethumain. En outre, si les guerres, civiles ouinternationales, se raréfient et perdent en intensité,l’Afrique reste la région du monde la plus instable.

Conflits et troubles politiques

L’indicateur des troubles politiques des Perspectiveséconomiques en Afrique (voir l’annexe statistique) attesteen 2006 du maintien de la tendance de long terme,observée depuis 2002, à la baisse de l’instabilité politique.

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Vue d’ensemble

En Algérie, les troubles politiques ont considérablementdiminué depuis 2001 alors qu’en Éthiopie et au Kenya,les tensions ethniques ont récemment nettement reculé.En Ouganda, le gouvernement et les rebelles de l’Arméede résistance du Seigneur (LRA) ont signé une trêveen août 2006 qui a marqué la fin des hostilités et le débutde pourparlers de paix entre les belligérants – mêmes’ils ont été vite suspendus. La situation en Côte d’Ivoiresemble devoir s’améliorer – le président Gbagbo et lechef des rebelles Guillaume Soro ayant signé un accordle 4 mars 2007. Intervenu après des mois denégociations, cet accord (baptisé « l’accord politique deOuagadougou ») est peut-être la première étape concrètevers la fin de la crise qui paralyse le pays depuis quatreans.

Plus généralement, le recul de l’instabilité politiquesur le continent se reflète notamment dans la baisse dunombre de conflits nationaux en Afrique subsaharienne,

où ce nombre est passé de 13 en 2002 à cinq en 2005.Le bilan officiel des victimes est passé parallèlement de4 741 à 1 851 morts. On observe aussi une diminutionsensible du nombre de pays de la région – de onze àquatre – ayant connu un conflit impliquant des Étatspendant cette période12.

En dépit de ces évolutions globalement positives,certains pays ont connu un regain de violences en 2006.Ainsi au Tchad, les tensions liées à la crise dans leDarfour voisin et à l’opposition interne au régime ontdébouché sur une tentative de coup d’État et destroubles civils. Au Nigeria, plusieurs attaques de rebellescontre des plateformes pétrolières et des enlèvementsde personnels étrangers sont venus s’ajouter aux tensionspolitiques qui s’exacerbaient déjà à l’approche desélections générales. Enfin, la RDC connaît une transitionpolitique difficile qui, on l’espère, mettra fin à la guerrecivile. En février 2007, le Conseil de sécurité des Nations

12. D’après Human Security Centre (2006), Human Security Brief 2006. Rappelons que certains pays ont connu plus d’un conflit.

Indicateur des troubles politiques Tendance

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20062005200420032002200120001999199819971996

Figure 8 - Troubles politiques en Afrique, 1996-2006

Note : L’indicateur a été calculé sur la base d’un échantillon de 25 pays : Afrique du Sud, Algérie, Botswana, Burkina Faso,Cameroun, Côte d’Ivoire, Égypte, Guinée équatoriale, Éthiopie, Gabon, Ghana, Kenya, Mali, Maurice, Maroc, Mozambique, Namibie,Nigeria, Ouganda, Sénégal, Tanzanie, Tchad, Tunisie, Zambie et Zimbabwe.Source : D’après le tableau 21 de l’annexe statistique.

http://dx.doi.org/10.1787/614140338627

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Vue d’ensemble

unies a reconduit la Monuc (mission des Nations uniesen RDC), en place depuis novembre 1999 avec mandatd’aider à la prévention et à la gestion du conflit, desoutenir les institutions de l’État, de veiller au respectdes droits de l’homme et de faire appliquer l’embargosur les armes. La Monuc est l’opération de maintiende la paix la plus importante et la plus coûteuse dumonde.

Les conflits armés constituent la première menacepesant sur la démocratie et les droits de l’homme, et laproportion de conflits violents en Afrique subsahariennepar rapport au nombre de pays qui la composent restela plus élevée du monde13. En 2006 comme en 2005,74 conflits politiques14 ont été recensés. Trois avaientpris fin en 2005 mais trois autres se sont déclenchés etaucun ne s’est conclu en 2006. Sur ces 74 conflits,deux entrent dans la catégorie des « guerres » (Somalieet Soudan) et 13 dans celle des « crises graves ». On adécompté 15 conflits extrêmement violents en 2006,contre neuf en 2005. Cette augmentation s’expliqueen grande partie par une recrudescence de conflitsrégionaux. Outre la crise du Darfour, la corne del’Afrique donne des signes inquiétants de déflagration,avec une guerre civile ouverte en Somalie, qui voitl’Érythrée armer l’Union des tribunaux islamiques etles troupes éthiopiennes intervenir dans le pays poury rétablir le gouvernement fédéral de transition.

En 2002, le sommet de l’UA à Durban avait entérinéla création de la Force africaine d’intervention (FAI)d’intervention pour servir de pilier au nouvel édificesécuritaire de l’Afrique. La deuxième phase dudéploiement de la FAI a démarré et se poursuivrajusqu’en juin 2010. Les protocoles de l’UA stipulentque pendant cette période, la FAI développera sescapacités à gérer des opérations complexes de maintiende la paix, à charge pour les cinq régions du continent

de renforcer les capacités de leurs propres forces. LaBrigade d’intervention de l’Afrique de l’Ouest est la plusévoluéeée, grâce à l’expérience acquise avec l’Ecomog(Groupe d’observation militaire de la Cedeao) en Côted’Ivoire, au Liberia et en Sierra Leone. L’UE a fourni330 millions de dollars d’aide à la FAI, qui bénéficieaussi du soutien de la GPOI (Initiative globale pourles opérations de paix), un programme multilatéral decinq ans dirigé par les États-Unis destiné à former etéquiper une force de maintien de la paix de75 000 hommes, en majorité africains, d’ici 2010.

Les régimes politiques

L’indicateur de durcissement du régime (défini enannexe) ne s’est pas amélioré en 2006. En effet, lespetits mieux enregistré dans nombre de pays ont étéannulés par la nette dégradation du climat politique dansquelques autres. Ce durcissement est dû tantôt audéclenchement de nouveaux conflits (comme au Tchad),tantôt à une sortie de crise qui s’éternise (comme enCôte d’Ivoire) ou, parfois, à la tenue d’élections (commeen RDC). En Guinée, une série de grèves entamées fin2006 a provoqué une vive réaction du gouvernementdébut 2007. Le recours à la répression par les autoritésa entraîné la mort de nombreux civils qui manifestaientpour demander la démission du président, et il faitcraindre une escalade de la violence. Au Nigerial’évolution a été plus positive. Malgré des signes dedurcissement à l’approche des élections présidentiellesde 2007, le refus par le sénat d’amender la constitution,ce qui a empêché le président sortant de briguer untroisième mandat, atteste d’une consolidation de ladémocratie parlementaire.

L’indice de Freedom House mesurant la libertépolitique examine différents paramètres, comme latenue d’élections libres et régulières ; la transparence

13. Heidelberg Institute for International Conflict Research (2006), Conflict Barometer 2006.

14. Le Conflict Barometer définit le conflit comme « un conflit d’intérêt (écarts de position) autour de valeurs nationales, prenant une certaine

ampleur et durant un certain temps, entre au moins deux parties (groupes organisés, États, groupes d’États, organisations) déterminées à

défendre leurs intérêts et à obtenir gain de cause. Un conflit est apparenté à une crise grave s’il est fait usage de la force de manière répétée

et organisée. Une guerre est un conflit violent où la force est utilisée avec continuité de manière organisée et systématique. Les parties au

conflit prennent des mesures de grande ampleur, en fonction de la situation. Les destructions sont massives et de longue durée ».

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Vue d’ensemble

Tableau 6 - Indices de gouvernance politique en Afrique, 2005 et 2006

Source: Freedom House and Reporters sans frontières.

Pays Droits politiques Évolution Liberté Évolution et libertés civiles depuis 2005 de la presse 2006 depuis 2005

2006 (classement) (en valeur) (classement) (en valeur)

Afrique du Sud 52= 0 44 4.75Algérie 148= 0 126 -0.33Angola 148= 0 91 3.5Bénin 64= 0 23 0Botswana 64= 0 53 -1Burkina Faso 118= -0.5 70 -3Burundi 111= -1 125 16.83Cameroun 169= 0 112 7.75Rép. centrafricaine 130= -1 62 -5.25Congo (RC) 140= 0.5 73 0Congo (RDC) 169= 0 142 -6.33Côte d’Ivoire 169= 0 n.d. -27.25Djibouti 140= 0 121 -4Égypte 148= 0 133 -5.75Guinée équatoriale 176= 0 n.d. 4Érythrée 176= 0 166 -2.25Éthiopie 140= 0 160 33Gabon 140= 0.5 114 2.5Gambie 130= 0.5 149 13Ghana 52= -0.5 34 -6.5Guinée 148= 0 109 -1.5Guinée-Bissau 111= -0.5 n.d. -2.5Kenya 90= 0 118 0.25Lesotho 80= 0 n.d. -3.5Liberia 111= -0.5 84 -1.5Libye 185= 0 152 -26.25Madagascar 90= 0 66 -9.5Malawi 118= 0 n.d. 2.75Mali 64= 0 n.d. 1Maroc 130= 0 97 -11.34Maurice 1= 0 n.d. 0.5Mauritanie 140= -0.5 77 -22.5Mozambique 111= 0 n.d. 1Namibie 64= -0.5 26 0.5Niger 90= 0 95 11.5Nigeria 118= 0 120 -6.52Ouganda 130= 0 116 10.58Rwanda 148= 0 n.d. 3São Tomé et Principe 64= 0Sénégal 80= 0 n.d. -1.5Seychelles 90= 0 n.d. 7.5Sierra Leone 111= 0 n.d. -13.5Somalie 176= 0 n.d. -7.75Soudan 185= 0 139 4.13Swaziland 169= 0 127 5.5Tanzanie 111= 0 88 2.32Tchad 148= 0 124 5.5Togo 148= 0 n.d. -8.75Tunisie 148= 0 148 -3.75Zambie 118= 0 n.d. -0.5Zimbabwe 176= 0 140 -14.25

http://dx.doi.org/10.1787/370208747366

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Vue d’ensemble

du dépouillement ; la liberté citoyenne d’organisationde partis politiques ou autres groupements politiquesdans le pluralisme ; l’importance du vote de l’oppositionet son aptitude à accéder au pouvoir à l’issue d’élections ;l’auto-détermination et l’absence de toute forme desubordination ; un degré raisonnable d’auto-détermination pour les groupes minoritaires culturels,ethniques, religieux et autres ; et la décentralisation dupouvoir politique.

Enracinement de la démocratie

La transition vers le multipartisme et le pluralismepolitique s’est poursuivie en 2006 : pratiquement59 millions d’Africains ont participé à des électionsprésidentielles dans dix pays (avec un taux departicipation moyen de 67.3 pour cent). Dans neuf cas,le président sortant a été réélu, avec une marge allantde 67 pour cent des suffrages en Gambie à 42 pour centen Zambie. À l’issue d’une campagne électorale tendue,le président sénégalais Abdoulaye Wade a été réélu en

février 2007. Le succès le plus convaincant a étéenregistré au Bénin, avec l’élection d’un nouveauprésident au second tour avec une majorité de 73 pourcent. La tenue des premières élections libres et régulièresdepuis 40 ans en RDC marque un tournant. Le vice-président sortant Jean-Pierre Bemba, lui-même candidat,a accusé son rival, le président sortant Joseph Kabila,d’avoir truqué les résultats du premier tour. En dépitd’une flambée de violences à Kinshasa, le processus afini par aboutir. Sept pays ont par ailleurs organisé desélections législatives pluralistes. En Ouganda, où ledernier scrutin de ce type remontait à 1986, le présidentsortant a été réélu avec 59.28 pour cent des suffragesà la présidentielle organisée à la même date (23 février2006). En Côte d’Ivoire enfin, où la situation resteexplosive, la tenue de la prochaine élection présidentielle– déjà reportée en décembre 2005 puis en octobre2006 – est désormais fixée à octobre 2007.

Les Africains jugent leurs propres élections derelativement bonne qualité. Reste qu’en dépit de ces

Figure 9 - Durcissement des régimes politiques en Afrique, 1996-2006

Note : L’indicateur a été calculé sur la base d’un échantillon de 25 pays : Afrique du Sud, Algérie, Botswana, Burkina Faso,Cameroun, Côte d’Ivoire, Égypte, Guinée équatoriale, Éthiopie, Gabon, Ghana, Kenya, Mali, Maurice, Maroc, Mozambique, Namibie,Nigeria, Ouganda, Sénégal, Tanzanie, Tchad, Tunisie, Zambie et Zimbabwe.Source : D’après le tableau 23 de l’annexe statistique.

http://dx.doi.org/10.1787/530145461825

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Vue d’ensemble

résultats, la capacité des citoyens, grâce aux élections,à vraiment se faire entendre ou à exiger des comptesde leurs représentants, demeure relative. En outre, si

l’État jouit d’un degré réel de légitimité et si la protectiondes libertés individuelles et le respect de l’état de droitsont promus, des minorités agissantes assez importantes

Tableau 7 - Élections en Afrique, 2006-07

Source : www.electionguide.org et http://africanelections.tripod.com/

2006 2007

Afrique du SudAlgérie Législatives (mai)Angola Présidentielles et législatives (à

confirmer)Bénin Présidentielles (5 et 19 mars) Législatives (25 mars)BotswanaBurkina Faso Législatives (mai)BurundiCameroun Législatives (juin)Cap Vert Législatives (22 janvier)

et présidentielles (12 février)Congo (RC) Législatives (mai)Congo (RDC) Présidentielles (30 juillet et 29 octobre)

et législatives (30 juillet) Côte d’IvoireDjiboutiÉgypteÉthiopie Présidentielles (novembre)Gabon Législatives (17 décembre)Gambie Présidentielles (22 septembre) Législatives (25 janvier)GhanaGuinéeGuinée-BissauKenya Présidentielles (décembre)Lesotho Législatives (17 février)LiberiaMadagascar Présidentielle (3 décembre) LégislativesMali Présidentielles (29 avril et 13 mai)

et législatives (1er et 29 juillet)Maroc Législatives (septembre)MauriceMauritanie Référendum (25 juin) et législatives Législatives (21 janvier)

(19 novembre et 3 décembre) et présidentielles (11 mars)MozambiqueNigeria Présidentielles et législatives (21 avril)Ouganda Présidentielles et législatives (23 février)RwandaSão Tomé et Principe Législatives (26 mars)

et présidentielles (30 juillet)Sénégal Présidentielles et législatives (25 février)Seychelles Présidentielles (28 juillet) Législatives (novembre)Sierra Leone Présidentielles et législatives (28 juillet)TanzanieTchad Présidentielles (3 mai) Législatives (avril)Togo Législatives (24 juin)TunisieZambie Présidentielles et législatives (28 septembre)Zimbabwe

http://dx.doi.org/10.1787/677564826470

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Vue d’ensemble

continuent de vouloir remettre en cause ces garde-fous,soit pour protéger l’État, soit pour faire « avancer leschoses ». Il semble également que si l’opinion aconscience de la nécessité citoyenne de se montrer, parprincipe, plus critique, envers l’État, elle n’arrive pastoujours à mettre cette conviction en pratique15.

La corruption

L’Afrique et la corruption ont fait couler beaucoupd’encre. Les données de Transparency Internationalmontrent que sur les 42 pays africains figurant dansl’indice de perception de la corruption (IPC) en 2006,

15. C. Logan, T. Fujiwara et V. Parish (2006), “Citizens and the State in Africa: New Results from Afrobarometer Round 3”, Afrobarometer

Network, Working Paper No. 61.

Tableau 8 - Indice de perception de la corruption en Afrique, 2005 et 2006

Source: Transparency International.

Pays Rang du pays en 2006 Indice 2006 Rang du pays en 2005 Indice 2005

Botswana 37 5.6 32 5.9Maurice 42 5.1 51 4.2Afrique du Sud 51 4.6 46 4.5Tunisie 51 4.6 43 4.9Namibie 55 4.1 47 4.3Seychelles 63 3.6 55 4.0Égypte 70 3.3 70 3.4Ghana 70 3.3 65 3.5Sénégal 70 3.3 78 3.2Burkina Faso 79 3.2 70 3.2Lesotho 79 3.2 70 3.4Maroc 79 3.2 78 3.2Algérie 84 3.1 97 2.8Madagascar 84 3.1 97 2.8Mauritanie 84 3.1 - -Gabon 90 3.0 88 2.9Érythrée 93 2.9 107 2.6Tanzanie 93 2.9 88 2.9Mali 99 2.8 88 2.9Mozambique 99 2.8 97 2.8Libye 105 2.7 117 2.5Malawi 105 2.7 97 2.8Ouganda 105 2.7 117 2.5Zambie 111 2.6 107 2.6Bénin 121 2.5 88 2.9Gambie 121 2.5 103 2.7Rwanda 121 2.5 83 3.1Swaziland 121 2.5 - -Burundi 130 2.4 130 2.3RCA 130 2.4 - -Éthiopie 130 2.4 137 2.2Togo 130 2.4 - -Zimbabwe 130 2.4 107 2.6Cameroun 138 2.3 137 2.2Niger 138 2.3 126 2.4Angola 142 2.2 151 2.0République du Congo 142 2.2 130 2.3Kenya 142 2.2 144 2.1Nigeria 142 2.2 152 1.9Sierra Leone 142 2.2 126 2.4Côte d’Ivoire 151 2.1 152 1.9Guinée équatoriale 151 2.1 152 1.9Tchad 156 2.0 158 1.7RDC 156 2.0 144 2.1Soudan 156 2.0 144 2.1Guinée 160 1.9 - -

http://dx.doi.org/10.1787/513335034615

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Vue d’ensemble

seul le Botswana se situait dans le premier quart (parordre d’intégrité), contre onze pays dans le deuxième,14 dans le troisième et 15 dans le dernier. Les résultatsd’une année sur l’autre sont difficilement comparables.Cela dit, dans la mesure où d’autres sources permettentde retracer les tendances, les Seychelles et la Tunisie sontdes cas patents de dégradation entre 2005 et 2006 –alors que l’Algérie et la Mauritanie ont réalisé desprogrès. De façon générale, les Africains eux-mêmesestiment percevoir moins de corruption dans le secteurpublic aujourd’hui qu’il y a six ans. Ce constat contreditle préjugé bien enraciné selon lequel la corruptionserait « consubstantielle » à l’Afrique et irait ens’aggravant16.

Le mécanisme africain d’examen par les pairs(MAEP) lancé en juillet 2002 dans le cadre du Nepadest l’occasion pour les pays africains et leurs dirigeantsde prouver leur détermination à améliorer lagouvernance économique et politique. L’adhésion auMAEP de São Tomé et Principe a été acceptée enseptembre 2006, portant à 26 le nombre de paysparticipants. Si treize d’entre eux ont déjà engagé leprocessus, les conclusions ne sont finalisées que pourquatre pays (Afrique du Sud, Ghana, Kenya et Rwanda).Le rapport préparatoire concernant Maurice est prêt.À ce jour, le Ghana et le Kenya ont accompli la phasecinq, avec la publication du rapport pays et duprogramme d’action.

Aucun nouveau pays n’est malheureusement venuratifier en 2006 la convention de l’UA sur la préventionet la lutte contre la corruption, adoptée en 2003. Il luimanque encore quatre signatures (sur les 15 requises)pour entrer en vigueur. Quatorze pays africains sontmembres de l’EITI (Initiative sur la transparence desindustries extractives).

La gouvernance économique

Ainsi que le montre l’indice 2007 de la libertééconomique élaboré par Heritage Foundation et leWall Street Journal, la liberté économique a connuun léger repli en Afrique (tableau 9)17. L’indice 2007,à 54.3 pour cent, est légèrement inférieur à l’indice2006, qui ressortait à 54.6 pour cent. Le repli del’Afrique subsaharienne (-0.5 pour cent) a plus quecompensé l’amélioration enregistrée en Afrique duNord (+1.3 pour cent). Pour autant, les résultatsenregistrés pour ces deux années sont supérieurs àceux des années précédentes pour lesquelles l’indicea disposé de données.

Sur les 39 pays classés numériquement dansl’indice 2007, aucun n’obtient le statut d’économiedite « libre » ou « plutôt libre ». La majorité des pays(32) obtient un résultat situé entre 50 et 70 pour cent.Sept sont classés « modérément libres » (entre60 et 70 pour cent) et 25 sont classés « principalementnon libres » (entre 50 et 60 pour cent). Seuls huit paysont des économies dites « étouffées », avec des résultatsinférieurs à 50 pour cent, un score il est vrai partagé,dans le classement général, par 40 pour cent deséconomies du monde entier. Au cours des septdernières années, 29 pays ont amélioré leurs résultats,contre neuf dont les performances se sontdétériorées18. Grâce à des réformes de ses politiquesfinancière, monétaire et commerciale, Maurice passedevant le Botswana et devient l’économie classée laplus libre de la région. En passant du statutd’économie « étouffée » à celui d’économie« principalement non libre », le Nigeria est le paysqui a le plus progressé. Le Zimbabwe reste la lanternerouge du continent, l’écart avec l’avant-dernier – larépublique du Congo – s’étant encore creusé.

16. Bratton, M. et W. Cho (2006), “Where is Africa Going? Views From Below. A Compendium of Trends in Public Opinion in 12 African

Countries 1999-2006”, Afrobarometer Network, Working Paper, No. 60.

17. La méthode utilisée pour mesurer cette liberté économique a été révisée cette année – ainsi que les résultats précédents, pour assurer une

cohérence chronologique.

18. Djibouti, Gabon, Ghana, Guinée, Malawi, Mali, RCA, Swaziland et Zimbabwe.

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Vue d’ensemble

Tableau 9 - Indice de liberté économique en Afrique pour 2000-07

Source : Heritage Foundation/Wall Street Journal, Indice de la liberté économique 2007.

Rang Résultat Résultat Résultat Résultat Résultat Résultat Résultat mondial Pays 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001

34 Maurice 69.0 66.5 64.3 64.3 64.5 65.4 66.7

38 Botswana 68.4 70.3 69.8 69.5 68.5 60.9 62.7

52 Afrique du Sud 64.1 66.3 61.5 65.0 66.0 62.8 60.6

55 Namibie 63.8 60.9 60.0 61.6 66.5 64.2 63.7

59 Ouganda 63.4 64.9 61.4 61.6 57.9 58.8 61.2

64 Swaziland 61.6 62.2 58.0 56.8 60.1 60.2 63.7

65 Madagascar 61.4 63.0 61.6 59.1 62.9 56.5 54.0

69 Tunisie 61.0 59.2 56.7 59.4 59.2 60.3 60.8

82 Kenya 59.4 60.0 56.0 55.4 55.8 55.3 55.8

86 Sénégal 58.8 57.4 56.6 57.3 56.1 56.5 58.4

88 Cap Vert 58.4 60.3 59.7 59.5 53.5 56.8 56.2

91 Ghana 58.1 56.7 55.1 56.5 56.0 56.6 61.7

92 Zambie 57.9 59.1 54.5 51.9 53.5 57.7 57.4

93 Gambie 57.6 57.9 56.3 53.7 54.8 56.3 54.1

96 Maroc 57.4 53.0 54.0 58.1 59.4 59.3 63.7

101 Mozambique 56.6 55.1 54.6 55.5 58.1 56.8 55.7

103 Tanzanie 56.4 59.3 54.0 57.3 54.1 57.7 55.7

105 Côte d’Ivoire 55.5 56.8 54.9 56.2 55.2 55.9 53.8

106 Malawi 55.5 57.9 53.4 52.0 51.3 54.1 52.3

111 Guinée 55.1 53.7 55.8 54.0 54.7 52.9 56.2

113 Burkina Faso 55.0 55.7 54.6 55.8 55.4 56.3 53.9

114 Bénin 54.8 54.3 49.7 52.5 52.3 54.4 58.3

116 Éthiopie 54.4 53.4 50.1 52.3 46.6 47.1 48.6

117 Cameroun 54.4 54.2 49.7 50.1 50.1 50.8 50.8

118 Lesotho 54.1 57.0 52.9 48.6 50.7 49.1 52.3

123 Mali 53.7 54.1 56.6 55.7 57.8 60.3 60.6

124 Niger 53.5 53.6 51.2 51.4 51.1 45.3 47.2

126 Mauritanie 53.2 55.6 57.0 59.0 56.0 52.3 48.9

127 Égypte 53.2 52.2 52.7 53.5 51.7 50.5 48.7

128 Guinée équatoriale 53.2 50.2 50.6 49.2 49.0 42.2 44.7

129 Gabon 53.0 54.9 52.3 54.3 56.5 55.9 54.7

130 Djibouti 52.6 55.0 56.4 55.3 54.1 56.3 57.0

131 Nigeria 52.6 48.8 45.8 47.3 48.5 49.8 52.3

134 Algérie 52.2 53.4 50.3 54.9 54.0 60.0 55.2

136 Rwanda 52.1 54.3 48.5 50.2 44.9 47.6 44.9

137 RCA 50.3 54.8 53.6 54.7 57.3 57.0 n.d.

139 Togo 49.8 48.5 46.8 45.8 45.6 44.0 42.9

141 Sierra Leone 48.4 46.7 43.4 42.6 41.1 n.d. n.d.

146 Burundi 46.8 49.6 n.d. n.d. n.d. n.d. n.d.

147 Tchad 46.4 49.4 48.7 49.8 49.3 45.9 44.2

148 Guinée-Bissau 45.7 47.1 41.2 39.3 40.0 38.2 40.3

149 Angola 43.5 43.3 n.d. n.d. n.d. n.d. n.d.

151 République du Congo 43.0 43.6 43.0 41.2 42.4 40.9 42.2

154 Zimbabwe 35.8 34.0 33.9 31.6 33.9 33.9 37.0

155 Libye 34.5 34.3 28.4 28.9 31.8 31.7 32.2

Afrique subsaharienne 54.7 55.2 53.5 53.5 53.5 53.3 53.6Afrique du Nord 51.7 50.4 48.4 51.0 51.2 52.4 52.1

http://dx.doi.org/10.1787/478576563342

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Vue d’ensemble

19. Rapport sur le développement humain du Pnud, 2006. Au-delà de la pénurie : pouvoir, pauvreté et la crise mondiale de l’eau.

Encadré 7 - Définitions

L’accès à l’eau potable salubre est mesuré par le pourcentage de la population utilisant des sources d’eau potable améliorées. De

même, l’accès à un système sanitaire d’évacuation des excréments est mesuré par le pourcentage de la population utilisant des services

d’assainissement améliorés. On entend par là des installations qui garantissent à la fois l’intimité et l’hygiène. Les technologies assurant

une eau potable améliorée sont celles qui ont plus de chance de fournir une eau potable salubre que les technologies non améliorées.

Sources d’eau potable améliorées : raccordement à domicile, bornes-fontaines publiques, trous de sondage, puits protégés, sources

protégées et collecte de l’eau de pluie.

Sources d’eau potable non améliorées : puits non protégés, sources non protégées, cours d’eau ou étangs, eau fournie par des revendeurs,

eau en bouteille, eau en citerne.

Services d’assainissement améliorés : raccordement à un égout public, raccordement à une fosse septique, latrines à chasse d’eau,

latrines à fosse simple, latrines améliorées à fosse auto-ventilée.

Services d’assainissement non améliorés : latrines publiques ou partagées, latrines à ciel ouvert, latrines à seau

Source : Programme commun OMS/Unicef de surveillance de l’eau et de l’assainissement.

L’Afrique et l’accès à l’eaupotable et à l’assainissement

L’accès à l’eau potable et à l’assainissement est vitalpour la santé et le bien-être des populations. Il est doncdirectement ciblé par deux des OMD, et il participeindirectement à la réalisation de la plupart des autres.Une eau insalubre et un assainissement inadaptéprovoquent des maladies et alourdissent les dépensesde santé, avec une incidence négative sur l’activitééconomique. Les enfants sont particulièrementvulnérables à la pénurie d’eau et à sa mauvaise qualité.Dans son dernier Rapport sur le développement humain19,le Pnud estime que l’accès à l’eau potable réduirait lerisque de diarrhées de près de 70 pour cent au Ghana,et qu’un système d’assainissement amélioré réduirait lerisque de mortalité infantile de 40 pour cent enOuganda. Lorsqu’il y a pénurie d’eau, ce sont en généralles femmes et les filles qui doivent parcourir de longuesdistances pour alimenter leur foyer – ce qui les exclutdes autres activités économiques ou de l’éducation.

Comme nous l’avons vu au début de cette Vued’ensemble, les progrès restent insuffisants par rapportaux besoins, et il parait peu probable que soient réalisésd’ici 2015 les objectifs d’accès à l’eau potable et àl’assainissement (respectivement 78 et 69 pour cent).L’Afrique subsaharienne est la région du monde lamoins bien lotie en ce qui concerne la desserte d’eaupotable et d’assainissement : plus de 322 millionsd’habitants sont dépourvus d’accès à des ressources

d’eau potable, et 463 millions à des systèmesd’assainissement améliorés. Des efforts moins soutenusexpliquent le retard plus important en matièred’assainissement. Cela étant, si l’amélioration de l’accèsà l’eau ne va pas de pair avec des mesuresd’assainissement et de gestion des rejets, le volume deseaux usées augmentera proportionnellement, avec lesincidences négatives correspondantes pour la santéhumaine et les écosystèmes naturels.

Depuis 25 ans, l’eau figure à l’ordre du jour dudéveloppement durable (encadré 8). De nombreusesanalyses ont été réalisées et des exemples de bonnespratiques mis en lumière. Aujourd’hui, plusieursdomaines nécessitent encore des améliorations – touchant en particulier à la gestion du secteur de l’eau,au cadre institutionnel et à la mise en place des politiquesde développement. Les budgets publics et l’aide audéveloppement ont été à ce jour insuffisants pour couvrirles investissements nécessaires. Une discipline et unetransparence financières insuffisantes, conjuguées aumanque d’entretien, à un système de facturation déficientet des taux de recouvrement médiocres, ont interdit dansla plupart des pays l’introduction de mécanismes efficacesde récupération des coûts par les compagnies dedistribution. Le secteur de l’eau et de l’assainissement estaussi, parmi les infrastructures de base, celui qui attirele moins les investisseurs privés. L’amélioration de lacouverture de services d’eau potable et d’assainissementpasse par la garantie – loin d’être acquise – d’un niveaude financement adéquat.

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Vue d’ensemble

I – État des lieux : ressources et accès

L’OMS (Organisation mondiale de la santé) estimeà 20 litres par personne et par jour la quantité minimaled’eau salubre nécessaire à l’usage domestique (boissonet hygiène). Si l’on ajoute la toilette, la cuisine et lablanchisserie, il faut environ 50 litres par jour. Lesbesoins domestiques augmentent avec le niveau dedéveloppement : ainsi, les Européens consomment enmoyenne près de 200 litres d’eau par personne et parjour. Le développement a d’ailleurs une incidenceambivalente sur la ressource – en augmentant la pressionsur la demande du fait d’une activité accrue, mais enencourageant aussi la mise au point et l’adoption denouvelles technologies qui permettent de mieuxexploiter l’eau. Cependant, les quantités d’eau doucedisponibles sont plus que suffisantes dans pratiquement

tous les pays pour combler les besoins des ménages eneau potable. Pour évaluer les ressources et l’accès despopulations à ces ressources, cette édition des PEA sebase sur les dernières données disponibles produites parla FAO et le programme conjoint OMS/Unicef (JMP– Joint Monitoring Program). Une mise en garde s’imposeici : comme le souligne l’encadré 9, la qualité desdonnées et en particulier les informations sur l’accèsaux services de l’eau, sont sujettes à caution. Les donnéesdu JMP fournissent cependant des informations utilessur les tendances globales et permettent d’évaluer lesprogrès enregistrés à l’échelle mondiale. Pour lesexemples précis, cette étude recourt si nécessaire àd’autres sources d’informations tels les rapportsd’avancement par pays au regard des OMD développéspar l’AMCOW, la BAfD, l’EUWI (Initiative de l’UEsur l’eau), le WSP (Programme eau et assainissement)et le Pnud.

Encadré 8 - Jalons de l’édification d’un consensus internationalsur le développement du service de l’eau, et les réponses africaines à ce défi.

1981-90 – Décennie internationale de l’approvisionnement en eau potable et de l’assainissement (Nations unies)

1992 – Conférence internationale sur l’environnement et le développement, Rio de Janeiro (Nations unies) : elle fixe le cadre des

discussions ultérieures sur l’eau

1992 – Conférence internationale sur l’eau et l’environnement, Dublin : quatre principes directeurs sur l’eau

1996 – Constitution du Partenariat mondial pour l’eau (GWP) pour mettre en œuvre une approche globale de l’eau, incarnée par le

concept de gestion intégrée des ressources en eau (GIRE)

1996 – Création du Conseil mondial de l’eau (CME), laboratoire d’idées sur les problèmes internationaux liés à l’eau et principal

organisateur du Forum mondial de l’eau qui se tient tous les trois ans

1997 – Premier Forum mondial de l’eau, à Marrakech

1997 – Création de la Commission mondiale pour l’eau au 21e siècle : d’après l’institut A Water Secure World (« Un monde sécurisé en

eau »), le secteur de l’eau aurait besoin de 100 milliards de dollars d’investissement supplémentaire par an

2000 – Deuxième Forum mondial de l’eau, à La Haye : adoption de la Vision africaine de l’eau pour 2025

2001 – Déclaration du Millénaire des Nations unies : elle fixe pour objectif de réduire de moitié la proportion des personnes qui n’ont

pas d’accès durable à l’eau potable ou qui n’ont pas les moyens de se procurer une eau de qualité en quantité suffisante

2001 – Programme de développement des infrastructures hydrauliques et d’assainissement du Nepad

2002 – Création du Conseil des ministres africains chargés de l’eau (AMCOW), chargé d’assurer la direction politique, d’imprimer l’orientation

des politiques et de promouvoir la fourniture, l’utilisation et la gestion des ressources hydrologiques

2002 – Conférence des Nations unies sur le financement du développement, à Monterrey : nouveaux engagements des bailleurs à

augmenter les niveaux d’APD

2002 – Sommet mondial des Nations unies sur le développement durable, à Johannesburg : extension des objectifs du Millénaire à

l’assainissement, et reconnaissance de la nécessité de stocker l’eau et de développer l’hydro-électricité

2003 – Rapport du Panel mondial sur le financement des infrastructures de l’eau (le « rapport Camdessus »)

2003 – Troisième Forum mondial de l’eau, à Kyoto

2004 – Création du Conseil consultatif sur l’eau et l’assainissement auprès du Secrétaire général de l’ONU (UNSGAB)

2006 – Rapport du groupe de travail sur le financement de l’eau pour tous (le « rapport Gurría »)

2006 – Quatrième Forum mondial de l’eau, à Mexico

2006 – Rapport du Pnud sur le développement humain Au-delà de la pénurie : pouvoir, pauvreté, et la crise mondiale de l’eau

2008 – Année internationale de l’assainissement des Nations unies

2009 – Cinquième Forum mondial de l’eau, à Istanbul

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Vue d’ensemble

1 – Disponibilité des ressources,utilisations et perspectives

D’après la FAO, l’Afrique disposerait de 14 870 m3

par habitant et par an de ressources hydrologiquesrenouvelables – chiffre qui tient compte des ressourcesintérieures et importées. Considérées commeglobalement abondantes, ces ressources ne sont quetrès marginalement exploitées de manière organisée. Prèsd’un tiers des pays subissent une pression importantesur leurs ressources intérieures – mesurée par le volumede ressources intérieures renouvelables ponctionné parhabitant en un an. Plus d’un quart des ressourceshydrologiques renouvelables sont importées. L’eau sertavant tout à l’agriculture (68.4 pour cent), puis auxparticuliers (24.1 pour cent) et à l’industrie (7.5 pourcent).

La disponibilité en eau de l’Afrique est extrêmementvariable (irrégularité des précipitations et des coursd’eau). Pour y remédier, d’importants dispositifs deconservation et de stockage sont souvent nécessaires.Les ressources hydrologiques de l’Afrique sont par

ailleurs très inégalement réparties d’un pays à l’autre.Le continent abrite certains des pays les plus arides dumonde (en Afrique du Nord) comme certains desmieux lotis (en Afrique centrale). L’Égypte et la Libyene sont que très peu arrosées (respectivement environ51 et 56 mm de précipitations par an) et, globalement,l’Afrique du Nord reçoit moins de 3 pour cent desprécipitations totales du continent. À l’inverse, l’Afriquecentrale reçoit 37 pour cent des précipitations totalesalors qu’elle ne représente que 20 pour cent de lasuperficie du continent. À elle seule, la RDC disposede 23 pour cent des ressources hydrologiquesrenouvelables totales de l’Afrique.

La disponibilité en eau est affectée par le changementclimatique, la pression démographique et ledéveloppement économique. En 2003-07, neuf paysétaient susceptibles de connaître des pénuries d’eau,disposant de moins de 1 000 m3 de ressourcesrenouvelables par habitant et par an, alors que huitautres connaissaient des situations de stress hydrique,avec moins de 1 700 m3 de ressources renouvelablespar habitant et par an. La plupart des pays d’Afrique

20. Getting Africa on Track to meet the MDGs on Water and Sanitation, a Status Review of Sixteen African Countries, 2006, une initiative

régionale de l’AMCOW, de la BAfD, de l’EUWI, du WSP et du Pnud.

Encadré 9 - Qualité des données du JMP et initiatives visant à améliorer les informations et leur recoupement

La collecte et le traitement des données en Afrique sont en général médiocres, quand les données ne sont pas biaisées à des fins

politiques. Il est par conséquent difficile d’évaluer les progrès accomplis pour élargir la desserte des services d’eau et d’assainissement et

de procéder à des comparaisons entre pays. Ainsi en Angola, l’enquête nationale à indicateurs multiples (MICS) de l’Unicef réalisée en

2001 estimait le pourcentage de la population ayant accès à l’eau potable à 62 pour cent. Une estimation ultérieure de l’Unicef laisse

pourtant penser que ce taux ne serait que de 34 pour cent pour la population urbaine, contre 39 pour cent dans les zones rurales. Comme

pratiquement 70 pour cent des Angolais vivent en ville, il serait surprenant que la couverture nationale dépasse les 35 pour cent. De son

côté, le JMP proposait une estimation globale de 53 pour cent en 2004. Le scénario est le même au Mozambique, où les chiffres officiels

actuels font état d’une couverture nationale d’environ 40 pour cent. Or, d’après la dernière enquête auprès des ménages, l’accès à l’eau

dans les zones rurales ne serait que de 27 pour cent, avec un bien meilleur taux de 64 pour cent dans les villes.

Les données collectées par le JMP, censées permettre un suivi des progrès des pays sur la voie des OMD en matière d’eau, ont été

critiquées pour leur manque de fiabilité. Pour améliorer ces mesures, certains bailleurs ont financé la production de données alternatives

obtenues à la suite de consultations élargies. Récemment, l’AMCOW, la BAfD, l’EUWI, le Pnud, et le WSP20 ont collaboré avec des

acteurs locaux pour produire des rapports d’avancement vers les OMD pour 16 pays d’Afrique subsaharienne (Bénin, Burkina Faso,

Éthiopie, Ghana, Kenya, Madagascar, Malawi, Mauritanie, Mozambique, Niger, Ouganda, RDC, Rwanda, Sénégal, Tanzanie et Zambie).

Ces rapports évaluent la probabilité d’atteindre les OMD dans les zones rurales et dans les zones urbaines considérées séparément, en

examinant les tendances passées en termes d’élargissement de la couverture, mais aussi en étudiant les investissements nécessaires et la

qualité des dispositifs institutionnels censés garantir l’approvisionnement.

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Vue d’ensemble

du Nord connaissent un stress hydrique : c’est surtoutvrai en Égypte, mais la Libye et le Soudan ne sont pasépargnés. L’Égypte importe ainsi près de 97 pour centde ses ressources hydrologiques.

Selon une étude du PNUE (Programme des Nationsunies pour l’environnement)21, 25 pays pourraientconnaître une situation de stress hydrique ou de pénuried’eau d’ici 2025, les plus touchés étant les pays d’Afriquedu Nord. L’eau devenant relativement rare, sonutilisation comme facteur de production dansl’agriculture et l’industrie devra être progressivementréorientée vers des activités à forte valeur ajoutée parm3 d’eau employée – mais la gestion de la demande desménages prendra elle aussi plus d’importance. La Tunisie(encadré 10) est parvenue à assurer un accèspratiquement universel à l’eau potable et àl’assainissement pour ses habitants, malgré des ressourcesinférieures à 500 m3 par personne et par an.

Par rapport au reste du monde, l’Afrique ne captequ’une portion marginale de ses ressources

hydrologiques, pour la plus faible capacité de stockage– à deux exceptions près : l’Afrique du Nord et l’Afriqueaustrale. En Afrique du Sud, pas moins de 458 barragesont été commandités entre 1950 et 2000. Initialementprévus à des fins d’irrigation, ils ont peu à peu servi àassurer l’approvisionnement en eau potable. Lademande allant croissant, l’Afrique du Sud risquecependant de connaître des pénuries d’ici 2020. Pourles prévenir, le pays a investi dans des programmesd’utilisation raisonnée de l’eau (surtout dansl’agriculture et pour la consommation des ménages)et dans des sources alternatives (recyclage des eaux,désalinisation) et dans le développement de nouvellesinfrastructures. En Namibie, la municipalité deWindhoek a prouvé avec succès que l’on pouvait faireappel à des sources complémentaires nonconventionnelles. C’est la première ville au monde àavoir introduit le recyclage direct des effluents pourproduire une eau de boisson. Des programmes decontrôle systématique de la qualité des eaux garantissentle respect des normes à chaque étape du traitementet de la distribution aux utilisateurs finals.

21. PNUE, 2000. Avenir de l’environnement mondial : http://www.unep.org/Geo2000/english/0056.htm

Figure 10 - Ressources hydrologiques renouvelables par habitant(m3/hab./an), 2003-07

Source : Aquastat, FAO : www.fao.org/ag/agl/aglw/aquastat/main/indexfra.stm

http://dx.doi.org/10.1787/860333318177

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58

Vue d’ensemble

La disponibilité et la qualité de l’eau sont par ailleurscompromises par la pollution industrielle et l’indigencedes systèmes d’assainissement et d’eaux usées. Enrépublique du Congo, on estime que 68 pour centseulement des échantillons d’eau fournis par la Sociéténationale des eaux respectent les normes de qualité. Lesdéfaillances de l’aménagement de l’espace et despratiques agricoles (recours aux engrais et pesticides)contribuent aussi à aggraver la situation. Ainsi auGhana, la pollution serait la menace la plus grave à lapérennité des ressources hydrologiques. La pollutionpose aussi de sérieux problèmes en Afrique du Sud, oùles secteurs de l’agriculture, des mines et de l’énergiesont les trois principaux moteurs de l’activité.

Mais le gaspillage reste sans aucun doute le premierresponsable des problèmes de disponibilité. Dans laplupart des villes africaines, plus de 50 pour cent del’offre d’eau sont gâchés ou perdus. Un bilanhydrologique mené au Botswana révèle qu’en moyenne,plus de 46 pour cent de l’eau sont gaspillés à cause des

fuites, du manque de programmes de gestion de lademande et d’utilisations défaillantes. À Maurice, lamoitié (47 pour cent) de la consommation n’est pascomptabilisée – dont 35 pour cent à cause des vols et7 pour cent à cause de fuites provoquées par l’état duréseau (qui a plus de 50 ans). L’« évaporation » représenteégalement 50 pour cent de la consommation au Caireet à Alexandrie, et 40 pour cent en Algérie. Uneamélioration de la conservation, de la gestion de lademande et de l’efficacité de l’utilisation de l’eau pourraitentraîner de sensibles économies. Dans ce contexte,les programmes de gestion de la demande – unealternative peu coûteuse au renforcement des capacités –se développent. Ils impliquent en général des mesuresde contrôle (notamment des restrictions sur certainsmodes d’utilisation, un rationnement et unealimentation intermittente), un barème de tarifs visantà rationaliser la demande, des incitations à recourir àdes systèmes économiques en eau, des campagnes desensibilisation à la conservation, et un contrôle étroitdu système de distribution pour détecter les fuites.

http://dx.doi.org/10.1787/100616524626

Figure 11 - Utilisations de l’eau en Afrique, 2003-07

Source : Aquastat, FAO : www.fao.org/ag/agl/aglw/aquastat/main/indexfra.stm

Encadré 10 - Utilisations de l’eau en Afrique, 2003-07

En Tunisie, les ressources en eau mobilisables sont passées de 2.6 milliards de m3 en 1990 à 4.1 milliards de m3 en 2005, et plusieurs

nouvelles infrastructures hydrauliques (11 grands barrages et 50 barrages collinaires) sont programmées en vue d’augmenter l’offre d’eau

au cours des prochaines années. Cependant, les besoins restent supérieurs à l’offre et, pour combler le déficit, les autorités tunisiennes

ont adopté une stratégie de gestion des ressources hydrologiques basée sur le retraitement des eaux usées pour l’agriculture, ainsi que sur

la réutilisation des eaux de drainage et le développement des techniques d’économie d’eau afin d’éviter les pertes en cours de distribution

et, surtout, le gaspillage. Concernant l’eau potable, les autorités continuent à moderniser les conduites des réseaux d’adduction et de

distribution, à améliorer le rendement des sanitaires (robinetteries, chasses d’eau), à sensibiliser les usagers, notamment les gros

consommateurs d’eau (les hôtels et les entreprises), et à réviser la tarification d’eau à des taux progressifs en fonction du volume consommé.

Source : voir les notes pays dans la suite de ce rapport.

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Vue d’ensemble

Soucieuse de garantir un approvisionnement durabledans un contexte de pénurie, la municipalité deWindhoek (Namibie) a introduit la gestion de lademande d’eau dès 1994. Cette stratégie a cherché àmodifier les habitudes des consommateurs, ensensibilisant davantage les gens à l’importance deséconomies et en introduisant un système de tarificationpar tranche, où la facture s’alourdit rapidement quandmonte la consommation. D’autres mesures tendent àlimiter la taille des terrains résidentiels, à introduire uncadre législatif pour la conservation de l’eau dans la ville,à améliorer l’entretien des réseaux et à développer lesmoyens techniques de réduire les fuites. En 2006, letaux d’eau non comptabilisée est passé à 10.3 pourcent, un résultat bien supérieur à la moyenne africaineet considéré comme excellent à l’aune des normesinternationales (le taux des États-Unis et du Canadatourne autour des 10-15 pour cent, et l’on estime engénéral qu’un taux de 15 à 20 pour cent est correct).

2 – L’accès à l’eau potable22

Dans la plupart des pays africains, les progrès sontinsuffisants pour atteindre les OMD en matière d’eauet d’assainissement – comme le souligne le JMP del’OMS/Unicef. En Afrique subsaharienne, 56 pourcent de la population seulement bénéficient d’unapprovisionnement en eau potable amélioré, alors que322 millions de personnes n’y ont pas accès. Malgréune progression de 7 points de pourcentage entre 1990et 2004 dans la couverture en eau potable,l’augmentation plus rapide de la population fait quele nombre de personnes non alimentées a crû d’environ60 millions sur la même période, et, d’ici 2015, cechiffre devrait encore grossir de 47 millions d’individus.Bien que 10 millions de personnes supplémentairespar an aient été desservies en eau potable améliorée entre1990 et 2004, il faudrait multiplier cette performancepar trois pour que l’Afrique subsaharienne puisse réaliserl’OMD sur l’eau d’ici 2015.

La situation de l’Afrique du Nord est totalementdifférente. À 91 pour cent, la région affiche, avecl’Amérique latine, le meilleur taux d’accès des pays en

développement, sachant que le nombre de personnesdépourvues d’accès à une eau améliorée devrait diminuerd’encore 1 million d’ici 2015. Malgré cela, la régionreste toujours légèrement en retard pour ce qui concernel’OMD relatif à l’eau – fixé à 95 pour cent de lapopulation totale. Parmi les pays d’Afrique du Nord,la Tunisie a cependant déjà atteint cet OMD, etpratiquement tous les citadins y sont raccordés à l’eaupotable (dont près de 98.5 pour cent à domicile).

Maurice est un cas à part en Afrique subsaharienne,pour avoir largement dépassé les OMD relatifs à l’eauet à l’assainissement. Plus de 99.6 pour cent de seshabitants ont accès à l’eau et 99.9 pour cent à desservices d’assainissement améliorés dans les villes commedans les campagnes. Dans les dix ans qui ont suivi lafin de l’apartheid, l’Afrique du Sud a elle aussi réussi àaméliorer sensiblement l’accès à l’eau potable :21.4 millions de personnes ont obtenu l’accès à unesource d’eau améliorée depuis 1994, ramenant laproportion d’habitants dépourvus d’accès de 39.9 à7 pour cent. Conformément à cette politiquevolontariste, le ministère des Eaux et Forêts s’est fixéen 2003 l’objectif de parvenir à l’accès universel à l’eaud’ici 2008, une ambition bien supérieure à celle desOMD (80 pour cent d’ici 2015). Il devrait gagner sonpari d’ici la fin de la décennie.

Reste que la plupart de pays africains sont en retard,quand ils ne régressent pas. Plusieurs facteurs entraventl’élargissement durable de l’accès à l’eau, comme lesguerres qui détériorent les infrastructures hydrauliqueset d’assainissement. En Côte d’Ivoire par exemple, lacrise politique a provoqué une dégradation de l’entretiendu réseau de distribution, qui explique le pourcentageélevé (60 pour cent) de systèmes défaillants. En RDC,la guerre a provoqué une diminution de l’accès à l’eaupotable, de 37 pour cent de la population en 1990 à22 pour cent en 2004. Dans le nord de l’Ouganda, lesconflits intérieurs gênent considérablement ledéploiement de services efficaces d’eau etd’assainissement. Même lorsqu’elles existent et qu’ellesne sont pas menacées par des guerres, les infrastructureshydrauliques en Afrique subsaharienne sont en général

22. Les données par pays sont reprises dans les annexes statistiques.

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anciennes et mal entretenues, ce qui entraîne de fortesdéperditions et compromet la qualité de l’eau.

Bien entendu, les situations sont très contrastées,selon que les gens habitent dans les grandes villes, dansde petites communes, dans des aires péri-urbaines oudans les campagnes. En général, la desserte dans les villesest bien meilleure que dans les campagnes, où femmeset enfants sont souvent contraints de porter sur deskilomètres de lourds récipients. Cela dit, l’essentiel dela croissance démographique s’exerce dans les villes etles aires péri-urbaines, pesant lourdement sur lesinfrastructures existantes et soulevant de sérieusesmenaces pour la santé. La division de la population desNations unies estime qu’en Afrique, la populationurbaine augmente tous les cinq ans de 15 à 20 pourcent, soit un doublement potentiel du nombre descitadins entre 2005 et 2030 (de 360 à 783 millions depersonnes)23. De sorte que si les ruraux sont sans aucundoute les plus démunis, les populations des habitatsinformels dans les aires péri-urbaines sont les plusexposées aux conséquences de réseaux déficients. Lasituation dans l’arrière pays varie beaucoup elle aussid’une province à l’autre. En Angola par exemple, lesprofondes inégalités entre provinces s’expliquent parl’impact de la guerre dans les différentes zones,l’éventuelle présence d’ONG nationales etinternationales, et les modèles de gestion appliquésdans les provinces alors même que la décentralisationn’est pas achevée. Au Mali, les déséquilibres régionauxsont importants, les régions à faible densité depopulation rencontrant d’importantes difficultés pourentretenir les ouvrages d’eau.

Entre 1990 et 2004, près de 62 millions d’habitantsont obtenu un accès à l’eau potable dans les zonesrurales d’Afrique subsaharienne (soit une progressionde la couverture de 6 pour cent), contre 12 millionsen Afrique du Nord (une augmentation de 4 pourcent). Mais la conjugaison de la pressiondémographique avec l’important exode rural a résultéen une augmentation de 1 pour cent seulement de ladesserte de la population urbaine en Afrique du Nord,et a même entraîné un repli de 2 pour cent en Afrique

subsaharienne. Si bien que l’accès aux services de l’eaudans les villes d’Algérie, du Mozambique et du Nigeriaa baissé de 10 points de pourcentage entre 1990 et2004.

Il existe cependant des exemples encourageants.Sur la base des tendances actuelles, l’Ouganda devraitaccomplir l’OMD sur l’accès à l’eau dans ses zonesurbaines. En 2005/06, les autorités ont achevé laconstruction de six réseaux d’adduction et sont en traind’en déployer dans 13 autres villes. Dans les grandescités où opère la société nationale d’eau etd’assainissement (NWSC – National Water and SewerageCorporation), la couverture s’est étoffée entre juin 2005et juin 2006, passant de 67 à 70 pour cent. Quant auxnouveaux raccordements, ils ont augmenté d’environ22 000 en 2004/05 à près de 28 000 en 2005/06, grâceà une politique plus favorable aux consommateurs.Cette progression devrait se maintenir avec la prioritéaccordée à la délivrance de services aux populationsurbaines démunies, dans le cadre d’un programme dela Banque mondiale pour des outils de financement baséssur les résultats (OBA). Le Bénin a considérablementamélioré la situation des sections rurales en y appliquantune stratégie cohérente d’approche par programmes.Un financement suffisant est garanti aux communautésrurales qui s’efforcent de s’approcher de l’OMD relatifà l’accès à l’eau potable.

Même si les OMD devaient être atteints en 2015,la masse de gens toujours dépourvus d’accès resteraitconsidérable. Le JMP estime ainsi que quelque243 millions d’Africains n’auraient toujours pas accèsà l’eau potable (dont 234 millions en Afriquesubsaharienne), 348 millions restant dépourvus d’accèsà l’assainissement (317 millions en Afriquesubsaharienne).

3 – L’accès à l’assainissement

La situation de l’Afrique en termes d’assainissementest bien plus préoccupante encore, à la fois en termesd’accès, très faible, et de progrès depuis 1990, trèsmodestes. En 2004, deux habitants sur trois d’Afrique

23. Source : http://www.esa.un.org/unpp/

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subsaharienne n’avaient pas accès à des systèmesd’assainissement améliorés, alors que 91 millions depersonnes supplémentaires devraient se retrouver dansle même cas d’ici 2015. Rares sont les pays en bonnevoie d’atteindre l’OMD sur l’assainissement d’ici 2015.Si l’Afrique subsaharienne y parvenait, cela impliqueraitque 35 millions de personnes supplémentaires par anenviron devraient avoir accès à des systèmes améliorés– contre un nombre actuel de 7 millions. L’Afrique duNord fait mieux, avec une progression de la couverturede 12 points de pourcentage entre 1990 et 2004, cequi la porte à 75 pour cent. Le nombre de personnesnon desservies devrait également y diminuer de11 millions d’ici 2015. Ainsi, l’Afrique du Nord sembleêtre en bonne voie pour accomplir l’objectif de 85 pourcent d’ici 2015.

En Afrique subsaharienne, la couverture des servicesd’assainissement en zones rurales représente la moitiéde la couverture en ville, ce qui revient à dire qu’elleest pratiquement inexistante dans la plupart des régions(encadré 11). Pourtant, les effets pervers de cettesituation sont bien plus sensibles dans les bidonvilles,où la médiocrité des infrastructures les aggrave en raisonde la forte densité de la population. La poussée de lapopulation urbaine, alimentée par l’exode rural, a obligéles villes à se développer à un rythme soutenu en

quelques décennies. Par conséquent, les infrastructuresen place – dans le cas où elles existaient – se sontprofondément dégradées et le déploiement de nouvellesinfrastructures n’a pas su suivre le développementanarchique des habitats péri-urbains informels. Cetteaugmentation de la densité de population, conjuguéeà de mauvaises habitudes (en particulier les « toilettesvolantes », ces sacs remplis d’excréments que l’on jetten’importe où), a contribué à dégrader les conditionsd’hygiène dans ces zones. C’est une situation que l’onretrouve souvent dans les camps de réfugiés de nombreuxpays africains.

La Tanzanie a pourtant prouvé que l’on pouvaitprogresser. Dans ce pays, l’accès à une formed’assainissement est estimé à 90 pour cent. Les donnéesdu recensement de 2002 montrent qu’à Dar-es-Salaam,une personne sur cent seulement est dépourvue detoilettes, contre 83 pour cent ayant accès à des latrinesà fosse simple et 14 pour cent à des latrines à chassed’eau. La plupart des ménages dépourvus d’accès àl’assainissement se trouvent dans les zones rurales oùils représentent 11 pour cent des ruraux. Ces chiffressont corroborés par différentes sources : le recensement,le rapport d’avancement en matière d’OMDd’AMCOW et al. et le bilan publié par WaterAid. Laqualité des installations a toutefois été mise en cause

Encadré 11 - L’état critique de l’assainissement au Tchad

Dans les zones rurales, en dehors de quelques projets isolés, il n’existe que très peu de villages équipés de latrines traditionnelles

améliorées ou de latrines à fosse ventilée ou encore de systèmes de collecte des déchets ou des eaux usées : 88.5 pour cent des ménages

se servent de la nature comme lieu d’aisance. Par ailleurs, il n’y a pas de collecte d’ordures dans les villages. Les grands projets d’hydraulique

villageoise ne sont pas systématiquement accompagnés d’un volet « assainissement villageois », peu onéreux mais nécessitant des

programmes d’animation et de mobilisation locale particuliers.

Aucune ville ne dispose d’un système fonctionnel d’évacuation des eaux usées. Les réseaux de collecte sont vétustes. Il n’existe pas

de système d’évacuation des excréta et des ordures ménagères, ni de traitement des déchets solides et très peu de systèmes d’évacuation

des eaux pluviales. Par ailleurs, seules les villes de Ndjamena, Moundou, Sarh et Abéché se sont dotées en février 1997 d’un plan urbain

de référence permettant de localiser les zones de construction de l’habitat, de définir la grande voirie et les grandes options de drainage

des eaux pluviales.

Les hôpitaux et différents centres de santé manquent d’infrastructures et de procédures établies de traitement et d’élimination des

déchets biomédicaux. Souvent, ces déchets se retrouvent dans les rues à la portée des enfants et sujets à un recyclage « sauvage ».

Pareillement, les eaux usées issues de ces établissements sont rejetées non traitées dans l’environnement et sont donc susceptibles d’être

réutilisées. Il n’existait en 2000 aucune réglementation et aucune norme quant aux rejets industriels, notamment en ce qui concerne les

effluents liquides. La grande majorité des industries rejettent sans traitement leurs déchets liquides dans les cours d’eau.

Source : voir les notes pays dans la suite de ce rapport.

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et, selon AMCOW et al., une interprétation stricte del’OMD ramènerait la couverture à environ 50 pour cent.Mais la remise à niveau de ces installations n’exigeraitqu’une intervention limitée. Ces résultats n’ont pas étéobtenus en un jour. Le gouvernement a engagé il y aplus de 30 ans, en 1973, une politique volontaristevisant à équiper de latrines toutes les familles du pays,dans le cadre du programme Mtu ni Afya (« ma santé,c’est mon affaire »). Les efforts de sensibilisation endirection des familles ne se sont pas relâchés et lesprogrammes d’hygiène et d’assainissement continuentd’être correctement dotés dans les budgets de l’État.

II – Améliorer la gestion et réorienter l’action sur l’assainissement – les grands défis

Le bilan qui précède est sans appel : les pays quiont pris du retard doivent consentir de gros effortspour améliorer le secteur de l’eau, en renforçant lesinstitutions dans les zones rurales comme en ville et,

surtout, en remédiant aux carences de l’assainissement.Cela passe par des réformes ambitieuses des institutionset des cadres juridiques ainsi que par des politiquesqui permettront de modifier la structure des incitations.L’Afrique peut y parvenir, comme en témoignel’expérience du Sénégal (encadré 12). Mais il faudramobiliser les ressources nécessaires à la mise en œuvrede ces stratégies. Le tableau 10 classe la pérennitéinstitutionnelle et financière des stratégies sectoriellesde 15 pays d’Afrique au moyen d’un tableau de bordmis au point par l’AMCOW, la BAfD, l’EUWI, leWSP et le Pnud. On constate immédiatement quel’assainissement est le secteur où les améliorations sontles moins viables sur la base des stratégies actuelles, lerésultat le plus négatif concernant la pérennité financièredes systèmes d’assainissement urbains.

1 – Mettre en œuvre la gestion intégréedes ressources en eau (GIRE)

La responsabilité de la gestion de l’eau est souventdispersée entre différents ministères, autorités régionaleset locales, acteurs du secteur privé, ONG et bailleurs

Encadré 12 - Le succès de la reforme du secteur hydraulique en milieu urbain au Sénégal

La crise financière profonde de la Société nationale d’exploitation des eaux du Sénégal (SONEES), provoquée par des prix trop bas

et un faible taux de recouvrement des factures, a été le moteur de la réforme de 1995. Celle-ci a comporté un vaste changement

institutionnel, avec la séparation de l’assainissement et de la fourniture de l’eau potable, et la mise en place d’un partenariat entre l’État,

une entreprise publique (la SONES) et une entreprise privée (la SDE). Le financement des nouvelles infrastructures a été assuré pour la

plupart par les partenaires au développement dans le cadre de programmes sectoriels clairs : le programme sectoriel Eau (1995-2001)

puis le Programme sectoriel Eau de long terme (2002-07). En 2005, une nouvelle politique sectorielle et un nouveau programme

d’investissement ont été définis dans le cadre du Programme national d’eau potable et d’assainissement du Millénaire. Ils concernent le

renouvellement du réseau et la réalisation de branchements sociaux, ainsi que l’élaboration d’une nouvelle série de réformes institutionnelles

dites de « deuxième génération » visant à faire face aux nouveaux défis soulevés par l’assainissement et l’élargissement de Dakar (notamment

la mise en œuvre d’un nouveau système tarifaire qui augmenterait les ressources consacrées à l’assainissement).

Du point de vue institutionnel, la loi du 7 avril 1995 a remplacé la SONEES par deux sociétés distinctes, régies par deux types de

contrats différents : d’une part, la SONES (Société nationale des eaux du Sénégal) est une société publique liée à l’État par un « contrat

de concession », avec pour prérogatives l’approbation des plans triennaux d’investissement et la maîtrise d’ouvrage des nouveaux

investissements ; d’autre part, la SDE (Sénégalaise des eaux) est une société privée (appartenant au groupe français Saur) en charge de

l’exploitation technique et commerciale du réseau dans le cadre d’un « contrat d’affermage » avec l’État et la SONES. Ce contrat est

complété par un contrat de performance avec la SONES. En raison de son succès au cours des 10 années précédentes, le contrat

d’affermage a été renouvelé en 2006 pour 5 ans, avec pour objectifs l’équilibre financier et l’amélioration de l’accès à l’eau pour les plus

démunis.

Source : voir les notes pays dans la suite de ce rapport.

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Vue d’ensemble

Tableau 10 - Tableau de bord de la pérennité des mesures (de 0 à 100 pour cent)

Source: Getting Africa on track to meet the MDGs on water and sanitation, a Status Review of Sixteen African Countries, 2006, Compterendu d’une initiative régionale de l’AMCOW, la BAfD, l’EUWI, le WSP et le Pnud.

Pays Pérennité Eau dans Eau dans Assainissement Assainissement Ensemble les zones les zones dans les dans les du

rurales urbaines zones rurales zones urbaines secteur

BÉNIN Institutionnelle 67 74 78 76 76Financière 73 51 54 54 91

BURKINA FASO Institutionnelle 70 47 69 34 45Financière 57 40 30 13 82

CONGO (RDC) Institutionnelle 23 50 86 22 32Financière 16 57 44 17 36

ÉTHIOPIE Institutionnelle 70 47 69 34 46Financière 57 40 30 13 82

GHANA Institutionnelle 80 75 56 70 68Financière 50 71 50 17 50

KENYA Institutionnelle 55 50 31 23 55Financière 43 36 10 32 50

MADAGASCAR Institutionnelle 32 50 23 23 8Financière 44 32 0 33 44

MALAWI Institutionnelle 40 31 6 18 27Financière 28 36 10 8 12

MAURITANIE Institutionnelle 45 31 16 12 4Financière 27 37 26 0 34

MOZAMBIQUE Institutionnelle 39 56 26 28 41Financière 25 70 24 12 47

NIGER Institutionnelle 75 60 35 23 45Financière 25 50 5 5 15

OUGANDA Institutionnelle 80 65 67 52 80Financière 57 74 50 25 57

RWANDA Institutionnelle 75 60 35 25 45Financière 25 50 5 5 15

SÉNÉGAL Institutionnelle 75 81 50 59 86Financière 57 86 40 58 75

ZAMBIE Institutionnelle 47 74 43 32 63Financière 53 32 31 34 42

Total des 15 pays Total 50.2 54.5 36.8 28.4 48.7Institutionnelle 58.2 56.7 46.0 35.4 48.1Financière 42.5 50.8 27.3 21.7 48.8

http://dx.doi.org/10.1787/832866644752

– ce qui rend délicate l’adoption d’une approchesectorielle stratégique et cohérente. En outre, l’eaupotable – qui fait partie des besoins essentiels – est unedenrée souvent rare soumise à des demandes

concurrentes : hydro-électricité, irrigation et industries.Par conséquent, une approche globale et intégrée serévèle indispensable pour garantir la pérennité d’unestratégie visant simultanément à développer l’accès à

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Vue d’ensemble

l’eau potable et à l’assainissement, à faciliter la croissanceéconomique et à répondre aux besoins des écosystèmes24.

Les principes d’une approche globale de l’eau ontété posés en 1992 lors de la conférence internationalesur l’eau et l’environnement organisée à Dublin et lorsde la conférence des Nations unies sur l’environnementet le développement, à Rio de Janeiro. Cela a donnélieu, en 1996, à la création du Partenariat mondialpour l’eau (GWP), dont la mission est « d’aider lespays à gérer durablement leurs ressourceshydrologiques ». En 2002, le plan d’application duSommet mondial de Johannesburg sur le développementdurable entendait inciter à l’adoption de la Gestionintégrée des ressources en eau (GIRE), en appelant lespays à élaborer d’ici 2005 des plans GIRE et d’utilisationrationnelle de l’eau (encadré 13).

La plupart des pays africains mettent en œuvre, àdes stades différents, la GIRE. Le tableau 11 classe

38 pays en trois catégories inspirées d’une enquête duGWP réalisée fin 2005 : i) les pays (cinq) dont lesplans mis en œuvre ou engagés intègrent les principesde la GIRE – c’est le niveau 1 ; ii) les pays (21) en traind’élaborer des stratégies nationales non encore finalisées– niveau 2 ; et iii) les pays (12) encore aux prémices etqui n’ont pas intégré la GIRE dans leurs politiques etcadres juridiques nationaux – niveau 3.

Dans les cinq pays ayant obtenu, d’après le GWP,de bons résultats, les principes GIRE font partieintégrante des principaux cadres politiques et juridiques,mais aussi des différents programmes officiels deplanification et de développement liés à la lutte contrela pauvreté (DSRP par exemple), à l’agriculture, àl’énergie et à l’environnement. Quatre de ces cinq paysont mis en place des plans d’action GIRE : l’Ougandaen 1995, le Zimbabwe en 2001, le Burkina Faso en 2003et l’Afrique du Sud en 2004. Si elle n’a pas de pland’action spécifique pour la GIRE, la Namibie met en

24. BAfD (2000), Policy for Integrated Water Resources Management.

Encadré 13 - Définition de la GIRE (Gestion intégrée des ressources en eau)

La GIRE est un processus de développement et de gestion coordonnés de l’eau, des terres et des ressources connexes, visant à

maximiser le bien-être économique et social qui en résulte de manière équitable, sans compromettre la pérennité des écosystèmes vitaux.

Cette approche préconise un développement et une gestion mieux coordonnés des terres et de l’eau (eaux de surface et souterraines), des

bassins versants et de leur environnement côtier et maritime, ainsi que des intérêts situés en amont et en aval.

La GIRE implique également de réformer les systèmes sociaux afin de permettre aux populations de bénéficier de manière durable

et équitable de ces ressources. Le choix d’une approche GIRE exige plusieurs orientations de politiques et de planification :

• le développement et la gestion de l’eau doivent tenir compte des différentes utilisations de l’eau et de la gamme des besoins des

personnes ;

• les parties prenantes ont leur mot à dire dans la planification et la gestion de l’eau ; on veillera particulièrement à l’implication

des femmes et des pauvres ;

• les politiques et les priorités doivent considérer les implications pour les ressources hydrologiques des inter-actions entre politiques

macro-économiques et développement, gestion et utilisation de l’eau ;

• les décisions en matière d’eau prises à l’échelon local et des bassins versants seront cohérentes avec la réalisation des grands objectifs

nationaux ou, du moins, ne lui feront pas obstacle ;

• la planification et les stratégies en matière d’eau sont parties intégrantes d’objectifs sociaux, économiques et écologiques plus vastes.

L’approche GIRE est axée sur trois piliers pour éviter une approche fragmentée de la gestion des ressources hydrologiques :

• un cadre propice de politiques, stratégies et législations adéquates pour assurer un développement et une gestion durable des ressources

hydrologiques ;

• la mise en place du cadre institutionnel d’application des politiques, stratégies et législations ;

• la mise au point des instruments de gestion nécessaires pour que ces institutions puissent fonctionner.

Source : Partenariat mondial de l’eau.

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Vue d’ensemble

œuvre sa politique de l’eau par l’intermédiaire de diversprogrammes et comités des bassins versants, dont lacoordination tend à une GIRE. Tous ces pays ont encommun une forte participation des différents acteurs,des ministères aux ONG, et un réel engagement desautorités nationales (en général, du ministère en chargede ces questions : ministère des Eaux et Forêts pourl’Afrique du Sud, ministère de l’Eau pour l’Ougandaet ministère des Ressources en eau et du Développementdes infrastructures au Zimbabwe).

L’expérience de ces cinq modèles montre qu’intégrerpleinement la GIRE dans la gestion locale est unprocessus qui prend du temps. Pour réussir, sa mise enœuvre dépend de façon cruciale des capacités humaineset institutionnelles. Même chez les « bons élèves »

comme le Burkina Faso, ce problème de capacités freineles progrès. La mise en place réussie d’un cadre GIREsatisfaisant exige également d’abandonner les approchesverticales, fondées sur l’offre, pour une meilleureimplication de toutes les parties prenantes. Enfin,lorsque les mécanismes de suivi sont défaillants, il estdifficile de quantifier les progrès et d’adopter les mesurescorrectrices adéquates.

Ces exemples montrent aussi l’importance despolitiques nationales de l’eau pour former une basesolide au cadre législatif, à la planification stratégiqueet à la gestion. Dans de nombreux cas, les politiquesrestent embryonnaires et les textes législatifs rares. Ainsi,il n’y a pas souvent d’attribution claire des compétencesinstitutionnelles pour la gestion de la qualité de l’eau.

Tableau 11 - État des lieux de la planification GIRE à l’échelle nationale en Afrique

Note : Les regroupements régionaux sont ceux de la BAfD.Source : D’après GWP (2006), Setting the stage for change, second informal survey, février.

Région Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3 Nombre total de réponses

Afrique du Nord 0 Égypte Algérie 7Maroc LibyeTunisieMauritanieSoudan

Afrique centrale 0 Cameroun Burundi 7Centre AfriqueCongo (RC)Congo (RDC)RwandaTchad

Afrique de l’Est Ouganda Érythrée Djibouti 7ÉthiopieKenyaMauriceTanzanie

Afrique de l’Ouest Burkina Faso Bénin Cap Vert 7GhanaMaliNigeriaSénégal

Afrique australe Afrique du Sud Botswana Angola 10Namibie Malawi LesothoZimbabwe Mozambique

SwazilandZambie

Total 5 21 12 38

http://dx.doi.org/10.1787/626435271817

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Vue d’ensemble

Les politiques se doivent de mettre en place lesincitations nécessaires à la conservation de la ressource,à la prise en compte de l’assainissement et du traitementdes eaux usées lors de l’extension des réseaux d’eaupotable, et à la préservation de l’environnement. Toute

nouvelle politique doit aller de pair avec des outils decontrôle pour évaluer les progrès de la mise en œuvrede la GIRE et identifier les mesures correctrices quis’imposent. L’Ouganda offre un bon exemple à cetégard (encadré 14).

Encadré 14 - Le contrôle de la qualité de l’eau en Ouganda

L’Ouganda a doté son secteur de l’eau et de l’assainissement de mécanismes de pilotage et d’évaluation. Le pays dispose de 70 stations

de contrôle des eaux de surface, de 16 puits d’observation des eaux souterraines, de 112 sites d’échantillonnage de la qualité des eaux et

de 18 stations climatiques. Un laboratoire de contrôle de la qualité de l’eau et de la pollution a été créé et équipé. En parallèle, un mécanisme

d’assurance qualité (AQ) a été instauré, qui prévoit des audits et un dispositif externe de contrôle des performances pour garantir un

fonctionnement conforme aux normes internationales ; la certification du laboratoire est en cours. Pourtant, les normes et directives

régissant la gestion de la qualité de l’eau dans le pays restent éclectiques. Elles comprennent les normes nationales pour l’eau potable

(National Standards for Drinking Water), les directives de l’OMS sur les conditions locales spécifiques et les habitudes des consommateurs,

les normes nationales pour les effluents (National Effluent Standards) et pour le rejet des eaux usées dans l’environnement, et une directive

encore provisoire relative à la qualité des fournitures d’eau non traitée dans les zones rurales.

Source : voir les notes pays dans la suite de ce rapport.

Encadré 15 - La gestion transfrontalière de l’eau en Tanzanie

La Tanzanie est un cas tout à fait intéressant, car elle partage 43 pour cent de ses réserves hydrologiques avec d’autres pays : le lac

Victoria avec le Kenya et l’Ouganda ; le lac Tanganyika avec le Burundi, la RDC et la Zambie ; et le lac Malawi avec le Malawi et le

Mozambique. En outre, les utilisations de l’eau sont très diversifiées – consommation privée, industrie, agriculture et élevage, faune et

flore, et aménagements hydro-électriques (qui assurent 80 pour cent de la production nationale d’électricité). Un dispositif judicieux de

gestion des ressources hydrologiques paraît donc indispensable si l’on veut éviter tout conflit entre utilisateurs, au sein du pays et avec

ses voisins, et si l’on veut garantir une exploitation durable de la ressource pour le développement humain.

En août 2003, le parlement tanzanien a ratifié un protocole fixant des directives pour la création d’institutions chargées de gérer les

ressources hydrologiques communes aux pays de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe). Le ministère tanzanien

de l’Eau collabore avec les pays riverains du Zambèze pour l’instauration d’une commission pour le fleuve Zambèze, qui devra assurer

une utilisation durable des eaux du bassin. La Tanzanie est également en train de créer, en collaboration avec le ministère de l’Eau du

Mozambique, une commission pour l’exploitation durable des eaux du bassin du Ruvuma. En 2005/06, la Tanzanie et les pays qui se

partagent les eaux du Nil ont poursuivi la gestion de cette ressource grâce à l’Initiative pour le bassin du Nil (NBI), une institution provisoire

constituée à cet effet. Le processus visant à créer une commission permanente pour le bassin du Nil est pratiquement achevé, l’évaluation

indispensable des besoins en eau du pays ayant été réalisée. Avec le Kenya et l’Ouganda, la Tanzanie collabore à la poursuite de la mise

en œuvre de la première phase du projet de conservation de l’environnement du lac Victoria (Lake Victoria Environmental Conservation

Project). Le projet, à l’initiative de la CAE (Communauté d’Afrique de l’Est), doit évaluer l’étendue et les sources de la pollution dans

les eaux du lac afin d’élaborer et de mettre en œuvre des mesures conjointes.

Source : voir les notes pays dans la suite de ce rapport.

La coopération régionale est une autre composantefondamentale de la GIRE. Avec ses quelques 60 fleuveset rivières traversant plusieurs pays – plus que surn’importe quel autre continent – l’Afrique possède unpatrimoine hydrologique unique. Par conséquent, denombreux pays partagent des bassins fluviaux : ainsi,dix pays se partagent le bassin du Nil, neuf celui dufleuve Congo et neuf autres celui du fleuve Niger.

Certains pays comme la Guinée – pays riverain de14 bassins – ou le Mozambique – riverain de huitbassins – abritent tout ou partie de plusieurs bassinsfluviaux. Cette situation impose une coopérationrégionale sans faille afin d’instaurer des mécanismestransfrontaliers visant à minimiser les risques de conflit.Il s’agit d’organiser le partage des ressources, deréglementer leur utilisation, de coopérer au

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Vue d’ensemble

développement des infrastructures et de coordonner lesmesures de lutte contre la pollution. La Tanzanie estun bon exemple de cette coopération pour la gestiontransfrontalière de l’eau (encadré 15).

Au-delà de cette coopération régionale, toutes lesparties prenantes doivent participer au dialogue sur laGIRE. Cela permet de définir clairement les rôles

respectifs et de mettre en place d’étroits mécanismesde coordination. La première étape de la gestion desressources hydrologiques passe par la désignation duniveau idéal de décentralisation et la répartitioncorrespondante des tâches. Le gouvernement central doits’assurer que les activités, coordonnées, impliquent unlarge éventail d’acteurs. L’Ouganda offre un bon exempleà cet égard (encadré 16).

Encadré 16 - L’approche sectorielle au service de la gestion des différentsacteurs : le cas de l’Ouganda

En Ouganda, les ONG et le secteur privé participent activement à différentes activités liées à l’eau et à l’assainissement, aux côtés

des prestataires de services publics. Les entreprises privées assument la conception et la construction d’infrastructures pour le secteur dans

le cadre de contrats signés avec les autorités locales et centrales. Elles assurent des services de maintenance pour les usagers des zones

rurales et périurbaines et, dans la majorité des petites communes équipées en eau courante, elles gèrent les services de raccordement.

Les ONG et les OC (organisations communautaires) participent aux services d’approvisionnement et d’assainissement (construction

d’installations, mobilisation des habitants, formation des communautés et des autorités locales, promotion de l’hygiène, plaidoyer et lobbying).

En août 2006, 150 ONG/OC participaient à l’USWANET (Réseau des ONG dédiées à l’eau et l’assainissement en Ouganda) afin de

mener à bien des projets dans le secteur. Entre janvier et décembre 2005, les ONG auraient fait accéder 113 420 personnes à de nouvelles

sources d’eau (sources protégées, puits de surface, forages, prises d’eau gravitaires et collecte des eaux de pluie). Certaines ONG ont fait

la preuve de capacités à innover (réservoirs d’eau sur le toit des maisons, filtres à sable biologique, rentabilisation des investissements des

ménages, etc.). Le secrétariat de l’USWANET bénéficie du soutien financier de l’État et de partenaires au développement. En 2005,

5 pour cent des subventions conditionnelles DWSCG (District Water and Sanitation Conditional Grant) accordées pour la coordination

de l’eau et de l’assainissement au niveau des districts, et 11 pour cent des fonds des ONG, ont été consacrés à l’assainissement.

Une approche sectorielle (SWAP) de la planification du secteur de l’eau et de l’assainissement a été adoptée en septembre 2002 pour

coordonner la participation de toutes les parties prenantes du secteur. Le mécanisme SWAP permet à l’État et aux partenaires au

développement d’appuyer une politique donnée et des programmes de dépenses en suivant une démarche commune. Cette approche a

donné lieu à un cadre harmonisé de planification sectorielle qui évite des doublons entre les initiatives des différentes parties prenantes.

Source : voir les notes pays dans la suite de ce rapport.

Enfin, il est nécessaire d’introduire uneréglementation rationnelle et autonome pour tirer tousles bénéfices des partenariats dans un cadre décentralisé.La gestion efficace des ressources hydrologiques exigede distinguer les questions de développement et deréglementation des fonctions d’approvisionnement eneau et d’assainissement. Un prestataire de services nepeut pas être juge et partie, réglementant d’un côté etdécidant de l’autre des allocations entre utilisationsconcurrentes. Les fonctions réglementaires doiventrevenir à des instances autonomes.

C’est ce qu’a observé la Zambie, qui a instauré en1997 un organisme de surveillance indépendant – leNWASCO (Conseil national d’alimentation en eau etd’assainissement) – lequel a depuis mis au point des

instruments et des directives sur la prestation de services,la négociation des tarifs et la reddition annuelle descomptes. Le NWASCO a notamment été au cœur dudispositif de suivi de l’accès aux services d’eau etd’assainissement, grâce au contrôle des activités desentreprises commerciales de distribution. Il procède àdes inspections chez les prestataires et assure unrenforcement des capacités pour garantir le respect desengagements et de la gouvernance d’entreprise. C’estlui aussi qui approuve les hausses de prix. En 2005, leNWASCO a introduit des directives sur la qualité del’eau décrivant le type et la fréquence des prélèvementspour les contrôles de routine. Il a, enfin, mis en placedes groupes de veille chargés de régler les différends entreconsommateurs et fournisseurs. Une procédure de priseen charge des plaintes des clients est prévue, laquelle

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Vue d’ensemble

préconise la résolution directe des litiges avec lesfournisseurs. Ce système permet aussi de contrôler laqualité des services. En 2004/05, la plupart des plaintesont eu trait aux interruptions intempestives du service,mais certaines concernaient des débordements d’égoutet la qualité de l’eau.

2 – Consolidation de la gestion locale

La décentralisation de la responsabilité et de lamaîtrise des projets, et la mise en place d’un éventailde services aux communautés en fonction de leuraptitude et disposition à les payer, peuvent accélérer

Tableau 12 - Présentation de la réglementation dans les pays d’Afrique du Nord

Source: Perard, E. (2007) Private Sector Participation and Regulatory Reform in Water Supply: the MEDA Experience, ronéo, Centre dedéveloppement de l’OCDE, Paris.

Existence d’unorganismeréglementaire

Indépendance del’organisme desurveillance

Séparation despouvoirs

Transformation desopérateurs locaux ensociété commerciale

Organisations debassins

Décentralisation

Algérie

Ne figure toujourspas dans la loi surl’eau de 2005 maisest prévue

Oui

Possible depuis2005

Non

Achevée

Egypte

Oui, depuis 2004

Non

Fréquentesingérences dupolitique

Non

Non

Fortement centraliséDécentralisationprévue

Maroc

Non

Oui

Possible depuis2002

Oui, depuis 1997

Achevée

Tunisie

Non

Cas d’ingérences dupolitique

Non

Non

Centralisée

http://dx.doi.org/10.1787/664843542072

Encadré 17 - Les réformes institutionnelles

La conception du système réglementaire est l’étape fondamentale pour engager une réforme du secteur de l’eau, surtout dans les

pays qui, comme en Afrique du Nord, cherchent à déléguer les services à des opérateurs privés.

Un organisme réglementaire indépendant assure la stabilité politique et la qualité de l’environnement économique pour les opérateurs

du secteur de l’eau, qu’ils soient publics ou privés. Les pays mettent souvent en place un organisme réglementaire autonome pour l’eau.

Mais dans la pratique, ces organismes sont rarement indépendants des autorités et perdent donc en utilité. La séparation des rôles – politique,

stratégique, réglementaire et opérationnel – est également une condition d’une gestion optimale.

Autre réforme importante, la transformation des opérateurs locaux de l’eau en sociétés commerciales : le fait d’avoir des opérateurs

indépendants juridiquement et financièrement réduit la charge administrative et les ingérences du politique. Cela garantit la transparence

des coûts et des flux financiers. Cela assure aussi une concurrence équitable et fructueuse entre opérateurs du secteur, publics ou privés.

En outre, les pays peuvent créer des organisations de mise en valeur des fleuves, financées par les redevances des usagers et censées financer

les projets locaux dans le domaine de l’eau. Ainsi, une partie de la responsabilité de l’État est déléguée aux échelons régionaux, qui sont

mieux à même d’évaluer les besoins. Ce système permet aussi de réduire la charge budgétaire et administrative des autorités centrales.

Même sans organisations de bassins, la charge administrative peut aussi être atténuée par la décentralisation d’une partie de la politique

hydraulique aux régions.

Source : Tableau 12.

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Vue d’ensemble

l’élargissement de l’accès. Les communautés perçoiventmieux les réalités locales, ce qui leur permet de déciderrapidement et de manière réaliste. Les associations deconsommateurs, les coopératives et les associationsprofessionnelles ont un rôle essentiel à jouer dans lagestion des ressources hydrologiques : fixer les objectifsde développement, participer à la mise en œuvre deprojets, adapter les technologies aux conditions localeset rapprocher le secteur public des communautés. Aucours des 20 dernières années, les gouvernementscentraux ont entamé la dévolution de la responsabilitéde la fourniture de services d’eau et d’assainissement àdes organismes locaux, la surveillance étant confiéeaux autorités locales. On espérait ce faisant que lesdépartements chargés de l’eau deviendraient des entitéscommerciales autonomes, capables de générersuffisamment de ressources pour couvrir au moins leursdépenses d’exploitation et d’entretien. Pourtant, bienque la décentralisation soit inscrite dans la plupart desprojets de réforme des institutions, les autorités localesn’ont pas toujours les capacités de gestion suffisantespour assumer leurs nouvelles responsabilités.

L’Angola par exemple a conçu un ambitieux plande décentralisation mais celui-ci n’a été qu’en partie misen place, un certain nombre d’unités locales n’existantque sur le papier ou n’étant pas officiellement reconnuespar l’État. En outre, le budget reste essentiellementcentralisé, l’allocation des fonds aux autorités localesprovenant des gouvernements central et provinciaux.De même, la loi sur l’eau de 2002 prévoit la créationd’une compagnie des eaux, Empresas de Agua, pour letraitement et la distribution de l’eau par province d’ici2010. Mais si la ville de Luanda possède sa proprecompagnie, l’EPAL (Empresa Provincial de Aguas deLuanda), rares sont les centres urbains de moindreimportance à avoir suivi son exemple. En outre, lecadre réglementaire accompagnant la loi sur l’eau de2002 n’a toujours pas été validé par le gouvernement.

En Zambie, la loi de 1997 sur l’approvisionnementen eau et l’assainissement (Water Supply and SanitationAct) a délégué aux autorités locales la responsabilité defournir ces services dans leurs zones respectives. Parconséquent, 50 des 72 collectivités territoriales ontcréé neuf compagnies de distribution d’eau à vocation

commerciale dans les zones urbaines, censées devenirrentables à long terme. Ces compagnies sont chargéesde l’approvisionnement en eau de 86 pour cent de lapopulation urbaine – les autres zones étant desserviessoit par 22 autorités locales (13 pour cent), soit par desprestataires privés (1 pour cent). La transformation ensociétés commerciales s’est révélée cruciale pourpermettre une amélioration durable des services. Avecle temps et grâce au soutien du Devolution Trust Fund(DTF) – un fonds en fidéicommis pour ladécentralisation abondé par les apports de partenairesà la coopération pour aider les prestataires à étendre leursservices jusqu’aux quartiers pauvres péri-urbains – cescompagnies ont obtenu des résultats impressionnantspour l’élargissement de l’accès à l’eau (de 58 pour centen 2004/05 à 73 pour cent en 2005/06). Le cadreinstitutionnel adopté en 2004 pour l’approvisionnementen eau et l’assainissement dans les zones ruralesdéconcentre les pouvoirs vers les autorités et collectivitéslocales, préconise la gestion communautaire pourgarantir la pérennité des services et introduit le conceptd’éducation à l’eau, à l’assainissement et à la santé(Water, Sanitation and Health Education – WASHE),pour sensibiliser les populations à l’assainissement età l’hygiène du milieu.

En Ouganda aussi, la décentralisation est bienavancée. L’État l’a adoptée avant tout à cause del’indigence de la gestion et des pertes de rentrées fiscalesliées au manque de fiabilité des services centraux et àla dégradation des infrastructures. La loi de 1997 surles autorités locales (Local Government Act) confie auxcollectivités territoriales (districts, communes et cantons)la responsabilité de la prestation des services d’eau.Celles-ci bénéficient d’allocations de l’administrationcentrale et sont autorisées à collecter des fondslocalement, pour mettre en œuvre les programmessectoriels d’approvisionnement en eau etd’assainissement dans les zones rurales et pour aider lespetites communes. Ce sont les autorités locales quisélectionnent et gèrent les opérateurs privés pour lesdispositifs urbains ne relevant pas de la juridiction dela Société nationale de l’eau et de l’assainissement(NWSC). Cependant, les différentes parties prenantesont recensé plusieurs obstacles au déploiement desservices d’eau et d’assainissement : i) les piètres

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Vue d’ensemble

25. La DWD est le bras armé du gouvernement pour le développement et la gestion des ressources hydrologiques du pays. C’est elle qui

doit assurer les services d’eau dans les zones rurales et les petites communes, dans le cadre d’un système de gestion décentralisée.

Encadré 18 - La formation d’Umgeni Water par la TCTA en Afrique du Sud

La Trans-Caledon Tunnel Authority, un organisme parapublic créé en 1986 avec pour vocation de « mettre en œuvre, exploiter et

gérer les projets de grands travaux en Afrique du Sud », a été habilitée par le traité régissant le Projet hydraulique des hauts plateaux du

Lesotho (LHWP). De par son rôle dans le financement d’infrastructures hydrauliques d’envergure et par ses compétences avérées dans

le domaine financier, cette régie a pu assister Umgeni Water, un opérateur partenaire de la direction ministérielle des Eaux et Forêts

(DWAF). En 2001, la TCTA a été chargée des services de gestion de la trésorerie d’Umgeni Water, pour consolider cette société par un

transfert de compétences. En 2004, le DWAF a décidé que la TCTA avait rempli cette mission, et le passage de témoin s’est parachevé

en janvier 2005. Par ce processus, Umgeni Water a acquis suffisamment d’expérience pour gérer sa trésorerie ; outre cette formation, les

logiciels de modélisation financière ont été transmis à Umgeni Water (pour, entre autres, les simulations de trésorerie, la modélisation

de l’endettement, le calcul des tarifs ou d’autres outils d’aide à la décision financière). La TCTA siège toujours au comité financier d’Umgeni

Water et, via un accord de services, elle continue à l’assister pour les questions relatives à la tarification, au financement et la gestion de

l’endettement, à la gestion du risque, à la révision des taux d’intérêt et aux autres fonctions financières.

Source : Cardone, R. (2006), Studies on Financial Instruments to Facilitate Investment for Water Infrastructures, BAfD, d’après le site web

de la TCTA et des entretiens avec Leslie Maasdorp, président du conseil d’administration de la TCTA.

compétences techniques des districts en la matière ; ii) lemanque de coordination entre les activités sectorielles ;iii) le manque de compétences pour gérer les appelsd’offres, la passation de contrats et la gestion desopérateurs privés chargés de la mise en œuvre ; iv) lemanque de moyens de surveillance, de contrôle et depublication des comptes ; et v) le manque de moyensau niveau des cantons et des échelons inférieurs chargésde la mise en œuvre. Ainsi, alors que l’attribution decontrats par les autorités centrales se fait désormaisdans la transparence via des comités spécifiquesconstitués au sein du ministère de l’Eau, des Terres etde l’Environnement et/ou de la NWSC, cettetransparence fait le plus souvent défaut dans les contratsattribués au niveau des cantons par les commissionsd’appels d’offre, qui n’ont ni les capacités ni le personnelqualifié requis et sont exposées aux influences politiqueslocales.

Pour pallier ce défaut en capacités, certains pays ontintroduit des mécanismes intéressants, qui reposentpar exemple sur des partenariats public/public et surl’expertise accumulée au niveau de l’administrationcentrale pour former les concessionnaires. Ainsi enAfrique du Sud, la régie gouvernementale TCTA (Trans-Caledon Tunnel Authority), chargée de mettre en œuvre

et de financer l’expansion de la fourniture gobale d’eau,a contribué à renforcer les capacités de trésorerie duprestataire de services, Umgeni Water (encadré 18).L’Ouganda offre lui aussi un cas intéressant avec lepartenariat entre la NWSC et la DWD (direction del’Aménagement hydraulique)25 pour former le secteurprivé local et les autorités locales à gérer et développerles institutions.

3 – Inscrire l’assainissement et le traitement des eaux usées en têtedes priorités

Les progrès en matière d’assainissement ont été trèsdécevants. De même, l’élargissement de l’accès à l’eaupotable ne s’est pas accompagné d’une augmentationparallèle des capacités de traitement des eaux usées. Lecholéra et les diarrhées infantiles arrivent toujours entête des six grandes maladies hydriques qui frappent lamoitié de la population africaine. Des épidémies decholéra se sont déclarées à Luanda et dans d’autresgrandes villes de l’Angola en 2006. Entre août 2005 etavril 2006, 7 615 cas de choléra ont été signalés enZambie, pour l’essentiel à Lusaka. Au Ghana, le manqued’accès à l’eau salubre et à des systèmes d’assainissementcontribuerait à près de 70 pour cent des maladies.

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Vue d’ensemble

À Madagascar, 60 pour cent des cas de mortalité infantilesont liés à la qualité de l’eau médiocre et à l’indigencedes systèmes d’assainissement. L’OMS estime parconséquent à quelque 23 milliards de dollars par an lesbénéfices économiques que l’Afrique retirerait de laréalisation des OMD relatifs à l’eau et à l’assainissement,un chiffre à comparer avec un coût d’intervention del’ordre de 2 milliards.

En outre, la protection de l’environnement risquede pâtir si les objectifs d’approvisionnement en eauétaient atteints sans mesures d’accompagnement pourl’assainissement et la gestion des effluents. Le volumedes eaux usées produites augmenteraproportionnellement, constituant un risque aggravéde pollution de la ressource. Les dispositifsd’assainissement adoptés par les particuliers – commeles fosses septiques, les latrines à chasse d’eau et lesraccordements aux égouts sans traitement adéquat –peuvent aussi polluer les eaux. L’évacuation desexcréments devient un problème majeur en Afrique,car si les installations septiques se multiplient, elles nesont pas vidées correctement. Les usagers n’ont pas lesmoyens (ou n’ont pas conscience de la nécessité de lesengager) de payer pour une vidange mécanique, et ilspréfèrent une vidange manuelle, moins coûteuse. Outreles risques sanitaires encourus par ceux qui la pratiquent,la vidange manuelle ne concerne en général que lacouche supérieure de la fosse, dont les lisiers sontsouvent rejetés en pleine ville, dans les eaux courantesou à la mer sans traitement. De plus, sous l’effet d’uneurbanisation galopante, le nombre d’habitants desquartiers ne cesse d’augmenter, sans compter que surles nouveaux lotissements, souvent mal drainés, lesdispositifs sont faiblement enterrés. Les fosses seremplissent encore plus vite et leur entretien devientencore plus critique. L’approvisionnement en eau salubren’est possible que si l’on protège les ressourceshydrologiques de toute contamination par des rejetsd’eaux usées non traitées ou mal traitées. Dans les zonesdensément peuplées, l’élargissement de la desserte eneau potable salubre ne sera donc vraiment possible quesi la question de l’assainissement est gérée en parallèle.

Or, l’assainissement ne reçoit pas l’attention méritéeet ce, pour diverses raisons. Pour des gouvernements

soumis à d’énormes contraintes budgétaires, les dépensesà engager peuvent sembler colossales – même si c’estune goutte d’eau par rapport aux sommes qu’il faudradébourser pour la santé et l’environnement si rien n’estfait. De même, le processus d’assainissement estextrêmement segmenté entre ceux qui livrent leséquipements initiaux, ceux qui enlèvent et transportentles déchets et ceux qui les traitent. En outre, il existepeu de mécanismes de coopération entre ces multiplesacteurs. On retrouve cette fragmentation dans le cadreinstitutionnel, avec une dispersion des responsabilitésentre différents organismes officiels. Ainsi au Botswana,le cadre institutionnel actuel comporte cinq instancesresponsables pour 11 cadres législatifs : le ministère dela gestion des déchets et de la lutte contre la pollution(DWMPC), les collectivités territoriales, le ministèredes eaux (DWA), la direction de la gestion du servicepublic et le ministère des Affaires locales (DLG). Cetéparpillement aliène la capacité d’engager de grandsprojets, il déresponsabilise, et il renchéritconsidérablement le coût des services. Le risque estgrand par ailleurs que les services d’assainissementsoient délivrés sans être accompagnés de servicesd’entretien. La complexité de ces problèmes conduitles autorités nationales à favoriser les projets les plusimmédiatement rentables, d’où l’insuffisance desdépenses investies dans l’assainissement par rapport àl’approvisionnement en eau. Les choses peuvent changercependant, comme le montre l’expérience du Sénégal(encadré 19).

L’écart entre le coût de solutions d’assainissementsophistiquées et les montants jugés abordables soulignebien la nécessité d’adapter les technologies auxconditions locales. De fait, toute une série detechnologies existent qui pourraient être adaptéesaux besoins des communautés – pour faciliterl’entretien par exemple – à un coût supportable.Outre le réseau principal d’égout, des mini-égoutspeuvent être installés dans les endroits densémentpeuplés. Le Mali a tenté l’expérience (encadré 20).Dans les habitats péri-urbains informels, le principalobstacle à cette solution réside souvent dans laréticence des autorités à autoriser un investissementsanitaire risquant d’entraîner la légalisation de ceszones d’habitat sauvage.

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Vue d’ensemble

Dans tous les cas, l’urbanisation rapide et l’apparitiond’habitats péri-urbains informels rendent très faible àcourt terme la perspective d’un raccordement de tousles ménages aux réseaux d’égouts. Les systèmes sanitairesnon raccordés sont souvent la seule solution praticable,comme a pu le constater le programme de l’organisation

BPD eau et assainissement (Building Partnerships forDevelopment in Water and Sanitation)26. L’expériencemontre que l’implication des communautés dans laconstruction et l’entretien des installations (vianotamment les redevances) est essentielle pour favoriserleur appropriation. Les initiatives locales des ONG et

Encadré 19 - La stratégie proactive du Sénégal

Face au grand retard accumulé par l’assainissement, le Sénégal l’a classé comme priorité, avec une place centrale dans le Programme

national d’eau potable et d’assainissement du millénaire (Pepam). Ce regain d’intérêt s’est concrétisé par la création d’un ministère de

l’Assainissement, par la rédaction d’un code de l’assainissement (en préparation) et par l’allocation de ressources budgétaires plus

importantes aux dépenses d’investissement.

La stratégie générale du secteur insiste sur les synergies opérationnelles avec l’hydraulique, à la fois en milieu urbain et rural, et sur

la nécessité de renforcer la capacité d’exécution sectorielle de l’Office national de l’assainissement (Onas) et de la direction de l’Assainissement

(notamment pour piloter le changement d’échelle dans l’assainissement rural). En terme d’extension, l’objectif est de réduire les barrières

financières à l’accès en favorisant les branchements sociaux (collectifs) et en subventionnant l’investissement (semi-collectif et autonome).

Il est aussi prévu de renforcer les systèmes de suivi-évaluation.

En zone urbaine, des réformes de deuxième génération visent à actualiser la loi sur le service public de l’eau potable et de

l’assainissement. Une étude tarifaire est en cours, ainsi que la création d’un contrat de performance liant l’Onas à l’État afin d’améliorer

l’équilibre financier de l’office. Il est également prévu de renforcer les infrastructures par le développement de 92 400 branchements

collectifs, de 800 km de réseau de collecte des eaux usées et de 135 100 systèmes autonomes. Il est prévu de favoriser l’accès en exploitant

la complémentarité entre assainissement collectif, semi-collectif et autonome et d’augmenter la capacité de traitement des eaux usées et

de dépôt des boues de vidange. Un mode de financement viable de la gestion des eaux pluviales est à l’étude.

En zone rurale, la stratégie met l’accent sur la demande, par le biais de la formation et de l’éducation. Le développement du secteur

privé est favorisé par l’exécution des travaux par les artisans locaux. On diffuse des kits simples à monter et entretenir (latrine ventilée

ou toilette à chasse manuelle et bac à laver, modèle standard d’urinoir public). Le programme prévoit l’installation de 355 000 branchements

autonomes domestiques et de 3 360 urinoirs publics.

Le budget prévu du plan d’investissement pour l’assainissement urbain sur la période 2006-15 s’élève à 220.6 milliards de francs CFA

pour les infrastructures et 15.8 milliards de francs CFA pour les mesures d’accompagnement. Pour les zones rurales, ce budget est de

103.5 milliards de francs CFA pour les infrastructures et de 16.3 milliards de francs CFA pour le cadre unifié d’intervention.

Source : Intervention de M. Adama Mbaye, directeur de la direction de l’Assainissement, ministère de la Prévention, de l’Hygiène publique

et de l’Assainissement, lors de la réunion d’experts OCDE/BAfD sur L’accès à l’eau potable et à l’assainissement, Paris, décembre 2006.

Encadré 20 - Les mini-égouts du Mali

En matière d’assainissement liquide collectif (réseau d’égout), les seules zones raccordées sont le centre-ville de Bamako (et Koulouba),

la zone industrielle et une petite partie de la ville de Ségou. Des mini-réseaux d’égouts à faible diamètre, desservant environ 12 000 personnes,

viennent en complément du réseau principal à Bamako. Les mini-égouts apportent une solution technique appropriée à la gestion des

eaux usées en milieu urbain à forte densité de population. Si l’assainissement individuel aux frais des particuliers reste l’option privilégiée,

l’État, à travers l’Office malien de l’habitat, aide au financement des mini-égouts. Environ 139 millions de francs CFA ont été investis

dans les mini-égouts de Bankoni et Baco Djicoronia, auxquels s’ajoutent les investissements pour la réalisation des mini-égouts de Djenné

et Tombouctou. Les institutions de micro-finance, les coopératives d’assainissement et les groupements d’intérêt économique ont été mis

à contribution dans le schéma de financement, de gestion et de recouvrement des coûts des mini-réseaux Le problème majeur reste le

très faible taux de recouvrement des coûts (environ 20 pour cent).

Source : voir les notes pays dans la suite de ce rapport.

26. Schaub-Jones, D., K. Eales et L. Tyers, 2006. Sanitation Partnership: Harnessing their Potential for Urban On-site Sanitation, BPD eau

et assainissement, Londres.

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Vue d’ensemble

des OC sont elles aussi primordiales pour influencerles décisions politiques dans ce domaine. Ainsi auKenya, une coalition d’ONG et d’OC actives dans larégion de Nairobi, Muungano wa Wanvijijihas, s’estmobilisée pour améliorer les conditions de vie deshabitants du bidonville de Kibera. Elle a réussi à obtenirla démolition de bâtiments pour construire uneinstallation communale gérée ensuite par les habitants,sous contrôle des OC. On voit par là que pour avanceren matière d’assainissement, il faut à la fois despartenariats solides et une sensibilisation des populations.

Les partenariats permettent de remédier àl’éparpillement qui règne dans l’assainissement, en offrantun espace de dialogue aux différents acteurs. Ils peuventaussi contribuer à la mise en place d’intermédiaires (engénéral les OC) entre les gens et les prestataires (privés)de services. Ces intermédiaires catalysent la demande et,ce faisant, aident les prestataires locaux à obtenir un fluxplus régulier de commandes. Le secteur public peut luiaussi prendre l’initiative de coordonner la demande.Ainsi, la municipalité de Durban en Afrique du Sud achoisi de remédier au caractère irrégulier de la demandeen organisant la vidange des fosses tous les cinq ans,selon un calendrier établi (et quel que soit le volume),

sans que les ménages n’aient rien à débourser.Parallèlement, la ville encourage la professionnalisationdes éboueurs qui pratiquent les vidanges à la main, enréglementant leur activité pour garantir un minimumde sécurité et de sûreté (travail de jour uniquement,emploi de matériel adapté, contrôle de la chaîne desopérations de la vidange proprement dite à l’évacuationsans risque des boues pour leur traitement).

La situation de l’assainissement pourrait égalements’améliorer avec de vastes campagnes de sensibilisationsur les risques liés aux déchets non traités, et aussi surles possibilités de retraitement des excréments commeengrais. Les clubs de l’ONG Ahead (« en avant »), auZimbabwe, illustrent bien l’importance de cesprogrammes communautaires d’assainissement pourfaire évoluer les comportements (encadré 21).

III – Le financement

Plusieurs études ont tenté d’évaluer les financementsadditionnels nécessaires pour atteindre les OMD27.Les résultats varient, mais toutes constatent que lebesoin le plus crucial concerne – et de loin – le traitement

Encadré 21 - Les clubs de santé communautaires au Zimbabwe

Les clubs de santé communautaires ont fait leur apparition au Zimbabwe en 1995 sous forme d’un projet pilote de faible envergure

dans le district de Makoni. Il s’agissait alors de créer une demande de services d’assainissement et de provoquer l’adoption rapide de

pratiques d’hygiène. Dès le début, ces clubs ont suscité un large intérêt, recrutant chacun entre 50 et 200 membres. Près de 70 pour cent

d’entre eux ont suivi pendant plus de six mois les séances hebdomadaires d’information consacrées à la santé.

En 2001, on dénombrait 472 clubs de santé dans six districts du Zimbabwe, pour un total de 27 784 membres. Des techniciens en

hygiène du milieu du ministère de la Santé ont été chargés d’animer les séances des clubs, institutionnalisant ainsi le programme dans le

cadre administratif. Cette stratégie a entraîné de profondes modifications des comportements (Waterkeyn et Cairncross, 2005). Entre

1999 et 2000, les membres des clubs de santé ont construit en 18 mois 3 600 latrines dans deux districts, contre seulement 8 000 latrines

installées dans tout le pays en 1998.

La campagne de promotion menée pour déclencher une aussi vive demande aura coûté par personne 0.55 dollar pour les

12 630 bénéficiaires du district de Tsholotsho et 0.21 dollar pour les 68 700 habitants du district de Makoni. Malgré une aide extérieure

réduite suite à l’effondrement sociopolitique du pays, les clubs de santé perdurent et prospèrent (Waterkeyn, 2005). Cela a conduit, en

2004, à la création de l’ONG Africa Ahead pour reproduire et adapter l’approche des clubs de santé communautaires du Zimbabwe sur

tout le continent en initiant des projets pilotes dans un maximum de pays.

Source : http://www.africaahead.com

27. Fonseca, C. et R. Cardone (2005), “Analysis of cost estimates and funding available for achieving the MDG targets for water and sanitation”,

WELL (WEDC/LSHTM/IRC), Londres et sur Internet : http://www.lboro.ac.uk/well//resources/Publications/Briefing per cent20Notes/BN9

per cent20Fonseca.pdf

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Vue d’ensemble

Tableau 13 - Investissements nécessaires pour atteindre les OMD dans une sélection de pays (en millions de dollars par an)

Source: D’après Getting Africa on Track to Meet the MDGs on Water and Sanitation, a Status Review of Sixteen African Countries, 2006,compte rendu d’une initiative régionale de l’AMCOW, la BAfD, l’EUWI, le WSP et le Pnud.

Investissement total nécessaireZones Nouvelles Remise Investissements Investissements Excédent/

infrastructures en état publics publics déficitdes necessaires prévus

infrastructures

BÉNIN Eau Rurales 11 6 16 24 8Urbaines 7 3 7 10 3

Assainissement Rurales 6 3 8 2 -6Urbaines 6 3 8 0 -8

BURKINA FASO Eau Rurales 62.17 7.83 68.96 10.97 -57.99Urbaines 1.48 16.52 17.87 2.42 -15.46

Assainissement Rurales 15.2 10.4 14.57 0.3 -14.28Urbaines 11.65 - 11.52 3.67 -7.86

CONGO RDC Eau Rurales 52 12 39 7 -32Urbaines 117 18 132 62 -70

Assainissement Rurales 21 13 3 1 -2Urbaines 188 11 40 1 -39

GHANA Eau Rurales 42 4 44 42 -2Urbaines 72 9 81 36 -45

Assainissement Rurales 25 - 14 10 -4Urbaines - - - - -

KENYA Eau Rurales 12 51 57 33 -24Urbaines 53 22 67 77 10

Assainissement Rurales 9 25 0 2 2Urbaines 51 14 59 14 -45

MADAGASCAR Eau Rurales 24 7 26 52 26Urbaines 14 9 7 21 14

Assainissement Rurales 18 41 6 4 -2Urbaines 2 4 1 15 14

MAURITANIE Eau Rurales 5.5 9.1 13.1 11.4 -1.7Urbaines 35.3 6.8 35.8 25.2 -10.6

Assainissement Rurales 1.1 0.8 0.6 0.2 -0.4Urbaines 5.1 1.5 3.3 0.8 -2.5

MOZAMBIQUE Eau Rurales 14 22 35 23 -12Urbaines 42 12 47 44 -3

Assainissement Rurales 1 2 0 1 1Urbaines 15 2 2 19 17

NIGER Eau Rurales 52 6.2 50 - -Urbaines 0 20 20 - -

Assainissement Rurales 3.6 1.2 2.8 - -Urbaines 2.8 0.7 3.5 - -

OUGANDA Eau Rurales 29 44 69 46 -23Urbaines 14 6 20 54 34

Assainissement Rurales 35 68 35 10 -25Urbaines 38 10 18 9 -9

SÉNÉGAL Eau Rurales 30.7 2.1 32.4 9.7 -22.7Urbaines 15.9 8.1 17.8 3.3 -14.5

Assainissement Rurales 22 0 20 2.6 -17.4Urbaines 35 10.7 43.9 23 -20.9

ZAMBIE Eau Rurales 14.9 2.3 9 0.18 8.82Urbaines - - - 0.27 -

Assainissement Rurales 2.3 N.D. 1 0.02 0.8Urbaines - - - 0.03 -

http://dx.doi.org/10.1787/730782024853

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Vue d’ensemble

des eaux usées. Dans la Vision africaine de l’eau pour2025, BAfD et al. estiment que pour garantir lapréservation durable des ressources hydrologiques,l’Afrique devrait investir près de 20 milliards de dollarspar an jusqu’en 2025 – dont un tiers pourl’assainissement, 5 milliards de dollars pour l’eau potableet 1 milliard pour les stratégies (réforme des politiqueset des institutions, renforcement des capacités,information, campagnes de sensibilisation, éducation,recherche et développement). Le Pnud considère quedans les pays à faible revenu, où la couverture desservices est limitée et la pauvreté endémique, lesdépenses publiques pour l’eau potable et l’assainissementdevraient représenter 1 pour cent du PIB, un montantéquivalent étant apporté via le système de recouvrementdes coûts et la participation des communautés. Ceschiffres sont au moins deux fois plus élevés que lesniveaux actuels de dépenses. Les estimations desinvestissements nécessaires dans certains pays pour

atteindre les OMD, fondées sur une évaluation deAMCOW et al., sont présentées au tableau 13.

Au final, il existe trois grandes sources de financement :les redevances des usagers payées directement à lacompagnie de l’eau ; les recettes fiscales affectées aufinancement des prestations de services et desinvestissements ; et l’APD et les contributions des acteursnon étatiques. Le cas de l’Ouganda illustre avec clartél’importance respective des différents agents dufinancement. Son plan d’action pour l’éradication de lapauvreté (PEAP) a admis l’évidence : la facturation duservice aux usagers ne pouvant couvrir la totalité descoûts, les pouvoirs publics exercent la pleine responsabilitéde financer les investissements dans le secteur de l’eau.En 2005/06, les dépenses totales pour l’eau etl’assainissement se sont élevées à 103 milliards de shillingsougandais (UGX) – soit 0.6 pour cent du PIB environ –,les bailleurs intervenant à hauteur de 61 pour cent.

Encadré 22 - Les principes de la participation du secteur privédans les infrastructures

La pénurie d’infrastructures – qui plus est, de mauvaise qualité – dans les pays africains empêche de répondre aux besoins des populations,

entrave le développement des entreprises et compromet la réalisation des OMD. Si l’Afrique veut atteindre les OMD, elle devra – selon

les estimations de la Banque mondiale – consacrer 40 milliards de dollars par an aux investissements dans les infrastructures, soit 9 pour

cent de son PIB, au cours des dix prochaines années. Dans cette perspective, les incitations à la participation du secteur privé apparaissent

comme une option incontournable pour les gouvernements quand ils décident de leurs stratégies globales de renforcement et de

financement des infrastructures.

Les Principes de l’OCDE pour la participation du secteur privé aux infrastructures (www.oecd.org/dataoecd/41/32/38297833.pdf ) se

proposent d’aider les gouvernements à exploiter au mieux le concours des acteurs privés au développement des infrastructures, au nom

de l’intérêt général. Ils proposent un catalogue cohérent des orientations politiques à définir, au premier stade de la réflexion des autorités

sur la manière d’impliquer effectivement le secteur privé dans les infrastructures à la lumière des besoins et de la situation du pays. Ces

principes concernent cinq grandes orientations : 1) décider de la dévolution, au public ou au privé, des services d’infrastructures ;

2) instaurer un cadre juridique propice à l’investissement ; 3) sensibiliser l’opinion publique et renforcer les capacités de l’administration

à mettre en œuvre les projets acceptés ; 4) faire coopérer secteur public et secteur privé ; et 5) formaliser les attentes de l’État quant au

comportement responsable des entreprises partenaires du secteur privé.

Ces principes s’appliquent aussi bien aux opérateurs étrangers que nationaux et aux différentes formes que la participation du secteur

privé peut prendre. Ils peuvent servir de trame à l’auto-évaluation des échelons nationaux et locaux d’un pays, de canevas pour aider les

autorités à mieux rendre compte, d’outil pour structurer la coopération régionale ou autre, et de base au dialogue entre le secteur public

et le secteur privé. Ils peuvent aussi servir aux bailleurs de points de repère et compléter leurs directives relatives à la croissance pro-pauvres

dans le domaine des infrastructures.

Ces principes sont utilisés dans le cadre d’initiatives régionales soutenues par l’OCDE – comme l’Initiative Nepad/OCDE pour

l’investissement en Afrique28. Il s’agit maintenant d’élaborer des directives plus opérationnelles, spécifiques au secteur des infrastructures

de l’eau et de l’assainissement, à partir de consultations des différents partenaires et d’évaluations pilotes dans des pays volontaires.

Pour plus d’informations, voir : www.oecd.org/daf/investment

28. Pour plus d’informations sur cette initiative, voir http://www.oecd.org/document/51/0,2340,fr_2649_34893_36171769_1_1_1_1,00.html

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Vue d’ensemble

Encadré 23 - Mettre l’offre au diapason de la demande : le modèle « Feasible »,les stratégies viables de financement de l’approvisionnement en eau

et de l’assainissement

Dans de nombreux pays, l’un des grands obstacles à la réalisation des objectifs internationaux relatifs à l’approvisionnement en eau

et à l’assainissement réside dans l’incapacité à gérer correctement les enjeux financiers: coût de la réalisation de ces objectifs ; méthodes

pour réduire ces coûts ; et difficulté à aligner les dépenses sur les ressources disponibles. Alors que de nombreux pays en développement

et en transition s’efforcent de maintenir un niveau de services, aussi minime soit-il, avec les infrastructures existantes – sans parler du

besoin d’élargir leur portée –, la nécessité d’adopter une nouvelle approche s’est imposée. Le gouvernement danois et l’OCDE ont mis

au point conjointement une méthodologie pour aborder ces défis, en particulier pour les infrastructures environnementales à forte

intensité d’investissement comme la distribution d’eau en zones urbaines et rurales et la collecte et le traitement des eaux usées. Fondée

sur un outil spécial d’aide à la décision baptisé Feasible, cette méthodologie a été appliquée dans plusieurs économies en transition, notamment

en ex-URSS, dans des pays candidats à l’adhésion à l’UE et en Chine. Ses principes de base sont le réalisme, l’accessibilité économique

et l’utilisation efficace et économe des ressources.

Fondamentalement, la méthode Feasible consiste à recueillir des données techniques détaillées sur l’état des infrastructures, à

incorporer les objectifs fixés par les pouvoirs publics et convenus avec les parties prenantes dans des domaines comme la distribution de

l’eau et l’assainissement, à déterminer leurs coûts et les échéances de réalisation et à comparer le volume et le calendrier des dépenses

nécessaires aux moyens financiers disponibles. L’analyse révèle en général des déficits financiers risquant d’apparaître au cours de la période

d’exécution prévue. Feasible propose alors divers scénarios pour combler les écarts décelés – en identifiant par exemple des mesures permettant

d’atteindre les objectifs à moindre coût ; en identifiant des moyens de lever des financements supplémentaires ; en ajustant les ambitions

des objectifs ; ou en rééchelonnant les opérations et les objectifs.

Feasible met tout particulièrement l’accent sur le réalisme et l’abordabilité. Le modèle est en mesure d’évaluer le niveau des

financements (public, privé, national, étranger) potentiellement disponibles dans différentes conditions macro-économiques, ce qui

permet de vérifier le niveau de contribution que l’on peut réellement attendre des budgets publics. Il peut aussi aider à évaluer les éventuelles

conséquences sociales d’un relèvement des tarifs en calculant les effets du renchérissement sur le revenu des ménages. Il permet d’analyser

de façon systématique les obstacles à supprimer pour mobiliser des financements privés et étrangers au profit des infrastructures

environnementales. Feasible veut aussi aider au dialogue et à la recherche de consensus entre les parties concernées, et jette des passerelles

entre l’élaboration des politiques et leur mise en œuvre effective.

La méthodologie Feasible repose sur un postulat de base : il ne faut pas attendre des pouvoirs publics qu’ils financent l’intégralité ou

même la majeure partie des dépenses d’environnement nécessaires, ni qu’ils prennent en charge la totalité ou l’essentiel des projets. Leur

rôle premier en matière de financement est de définir aussi bien le cadre politique, réglementaire et institutionnel que le dispositif des

incitations, aptes à mobiliser de façon complémentaire des ressources auprès des usagers, des marchés financiers, des marchés de capitaux,

des collectivités locales et des entreprises ; ainsi qu’à utiliser ces ressources de façon aussi ajustée que possible pour atteindre les objectifs

fixés.

Les applications de la méthodologie vont au-delà de simples exercices techniques : en impliquant tous les grands acteurs intervenant

dans le financement des infrastructures environnementales, elles favorisent un dialogue constructif et des accords qui facilitent la mise

en œuvre concrète de programmes, l’amélioration de la qualité des services et la réalisation d’objectifs environnementaux. Correctement

élaborées, ces stratégies de financement peuvent permettre de lever des moyens supplémentaires au moyen de redevances et de budgets

publics, ou auprès des bailleurs, des institutions financières internationales et du secteur privé. Dans certains cas, les résultats de ces travaux

ont été intégrés dans les cadres de dépenses à moyen terme (CDMT) des ministères des Finances, et ils peuvent enrichir utilement les

DSRP avec des indicateurs de suivi de la qualité des services adaptés notamment à la feuille de route vers la réalisation des OMD relatifs

à l’eau et à l’assainissement.

Après s’être attachée dans un premier temps aux pays de l’ex-URSS, l’OCDE prévoit d’adapter la méthode à l’Afrique. Des discussions

sont en cours avec l’Égypte qui pourrait servir de pays pilote. L’OCDE envisage aussi de travailler avec un pays d’Afrique subsaharienne

pour appuyer concrètement les efforts visant à atteindre les objectifs internationaux en matière d’eau.

Pour plus d’informations, voir : www.oecd.org/env

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Vue d’ensemble

A ce jour, les budgets publics et l’APD ont étélargement insuffisants pour assumer les investissementsindispensables. Les compagnies nationales n’ont pasréussi de leur côté à instaurer un système financièrementviable. Les solutions alternatives, comme la participationdu secteur privé, ont été décevantes – l’eau etl’assainissement s’avérant les secteurs les moins attrayantspour les opérateurs privés.

Le financement commercial dans le secteur de l’eauet de l’assainissement comporte des risques bienspécifiques, comme le rappelle le rapport Camdessus29 :les projets sont en général très gourmands en capitaux ;ils exigent un fort investissement initial, les temps deretour sur investissement sont très longs et la rentabilitéplutôt faible. La BAfD30 indique pour sa part que letaux de rendement commercial d’un projetd’infrastructures hydrauliques va de 5 à 10 pour cent,contre 17-25 pour cent dans le secteur de l’énergie et25-30 pour cent dans les télécommunications. Lesinfrastructures ainsi financées sont fixes et très spécifiques– elles ne peuvent servir à rien d’autre ni « s’exporter ».D’où un grand risque contractuel, surtout quand lesinformations initiales sont insuffisantes etl’environnement réglementaire déficient. Les recettesproviennent essentiellement de redevances ou desubventions publiques libellées dans la monnaie locale,alors que le financement se fait le plus souvent endevises, ce qui expose l’investisseur à un risque de changeélevé. La gestion des projets revient en général auxinstitutions locales, de sorte que l’investisseur risque depâtir de problèmes de gestion et de moyens financiersinsuffisants des entités non souveraines (risque nonsouverain). Enfin, l’eau étant un besoin de base, lesecteur est exposé à l’ingérence des autorités (enparticulier pour la fixation des prix). Un tel descriptifa de quoi décourager l’investissement commercial etexplique que l’essentiel du financement dans le secteurde l’eau et de l’assainissement repose sur les pouvoirspublics et les bailleurs. Les nouveaux développementsdans les domaines des garanties et des mécanismesd’atténuation du risque, appuyés par la communauté

des bailleurs, commencent à rendre le secteur plusattractif et à favoriser le financement non souverain.

1 – Introduire des mécanismes derecouvrement des coûts

La mise en place d’une structure tarifaire adaptéeest une composante clé de la gestion de l’eau, dans lamesure où faire payer l’eau encourage à l’économiseret où les recettes peuvent couvrir tout ou partie des coûtsde la prestation de services. Les objectifs durecouvrement des coûts sont d’assurer des recettessuffisantes pour proposer des services de qualité sur lelong terme, de développer le réseau pour desservir lesconsommateurs à faible revenu tout en incitant àrationaliser l’utilisation d’une ressource rare. Le ratiode recouvrement des coûts établit dans quelle mesureles redevances et d’autres contributions directes peuventcouvrir les frais et contribuer à la pérennité financièredu secteur. Les coûts se répartissent en trois grandescatégories : i) dépenses d’exploitation et dépensesd’entretien courantes ; ii) entretien des infrastructureset frais de remplacement ; et iii) coût à long terme desimmobilisations. L’entretien a longtemps été négligé,compromettant par là même la pérennité des services.Il est donc essentiel de concevoir des modes definancement qui non seulement couvrent les besoinsd’investissement mais aussi les dépenses renouvelables– de maintenance notamment.

Les moyens financiers des pays africains sont trèscontrastés. Alors que dans les zones urbaines existe unpotentiel de recouvrement intégral des coûts pour lesservices de l’eau, l’extension des réseaux aux zones péri-urbaines et la desserte de nombreuses zones ruralesexigent de subventionner le développement deséquipements. À l’inverse, la majorité des habitants,même en ville, n’ont pas forcément les moyens de payerles services d’évacuation et de traitement des eaux usées.Compte tenu des écarts de revenu entre usagers, dessubventions croisées entre les plus favorisés et les pluspauvres s’avèrent indispensables, tout autant qu’un

29. Winpenny, J. (2003), Financer l’eau pour tous, Rapport du Panel mondial sur le financement des infrastructures de l’eau présidé par

Michel Camdessus : http://www.gwpforum.org/gwp/library/FinPanRep_MainRep.pdf

30. Cardone, R. (2006), Studies on Financial Instruments to Facilitate Investment for Water Infrastructures, BAfD.

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Vue d’ensemble

croisement des subsides entre les activités liées à l’eauet celles liées à l’assainissement, ainsi qu’unedifférentiation claire des industries (notamment decelles qui polluent, auxquelles incombent les frais dedépollution). Selon le principe du « pollueur payeur »,les tarifs appliqués doivent refléter le coût de traitementet, partant, ils s’ajustent au degré et à la nature de lapollution des eaux usées. Le même principe peut inciterd’ailleurs les industries à traiter sur place leurs eauxusées (dans le respect de normes convenues), réduisantainsi la charge des stations d’épuration. Les subventionscroisées ne sont pas contraires au principe derecouvrement des coûts dans la mesure où le tarifmoyen garantit au prestataire une viabilité financièresans faire appel à des fonds publics. La structure tarifairehabituellement choisie pour introduire les subventionscroisées consiste en une grille étagée ou progressive, oùle prix dépend de la quantité consommée. À l’inversed’autres systèmes de financement, comme les taxesfoncières, cette structure présente l’avantagesupplémentaire d’inciter à économiser l’eau. Pourautant, le contrôle de la consommation suppose unsystème de compteurs efficace et la répression desraccordements sauvages. En outre, la mise en place dedifférents niveaux de subventions croisées (par catégorieset activités des usagers) peut produire un système detarification sophistiqué difficilement gérable.

Aux écarts importants entre capacités de paiementcorrespondent des écarts de coûts substantiels pour lafourniture de l’eau. Ces derniers sont fonction destechnologies utilisées, en particulier pour accéder à desressources nouvelles, plus distantes et plus profondes.Ainsi en Ouganda, le coût moyen par habitant pourapprovisionner en eau les ruraux est de 34 dollars, maisil varie fortement d’un district à l’autre. Dans certainscas, il est lié à l’arsenal technologique déployé : on noteune augmentation régulière du coût par habitant quandles options peu coûteuses (sources et puits de surface)se font rares ; il est lié aussi à l’augmentation des fraisgénéraux (due notamment à la création de nouveauxdistricts) et au renchérissement de certains facteurs(carburant, matériaux de construction, etc.). Au cours

de l’exercice 2005/06, le coût moyen par habitant dansles petites communes était de 96 dollars, à cause ducarburant des génératrices, du piètre état des dispositifset du prix de l’eau à la vente en gros. D’après lesestimations, avec des tarifs allant de 800 à 2 500 UGXpar m3, seules 17 des petites communes (sur 53) peuventfaire face aux dépenses de fonctionnement et d’entretienpériodique.

Actuellement, rares sont les compagnies des eauxfinancièrement viables. Même dans les zones urbaines,les tarifs couvrent rarement toutes les dépensesd’exploitation et de maintenance, sans parler des chargesliées aux dépenses d’investissement. En Afrique duNord par exemple, la Banque mondiale a constaté queseules les compagnies des eaux de Casablanca et deRabat arrivaient à couvrir leurs dépenses d’exploitation31.À l’inverse, les compagnies des eaux d’Alexandrie et duCaire ne couvriraient que 25 pour cent de leurs dépensesd’exploitation. Par conséquent, la plupart de cesentreprises comptent sur les subventions – du moinspour étendre et moderniser leurs réseaux.

Garantir un accès durable pour tous : rôle respectifdes redevances et des subventions

Les deux conditions nécessaires pour que les usagersacquittent une redevance sont qu’ils en aient les moyens,et qu’ils en acceptent le principe. Ce consentementdépend de la qualité et de la fiabilité des services. Il peutêtre influencé aussi par le jeu d’une concurrence entresociétés de fourniture d’eau, ou par des tarifs différentspratiqués dans des communautés voisines. Lescampagnes de sensibilisation sur les conséquences dunon-paiement – mais aussi sur l’importance de la qualitéde l’eau et de l’assainissement pour la santé etl’éducation – contribuent à augmenter la propensionà payer. La règle empirique pour évaluer le niveauéconomiquement supportable d’une redevancepréconise de ne pas demander aux ménages plus de 3à 5 pour cent de leurs revenus pour les services d’eau.Cependant, pour toute une série de raisons culturelleset historiques, le paiement des services d’eau et

31. Banque mondiale, 2007. Obtenir le meilleur parti des ressources rares. Une meilleure gouvernance pour une meilleure gestion de l’eau

au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

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d’assainissement n’est pas encore vraiment accepté parles populations en Afrique. Si l’on en croit pourtant legroupe de travail Gurría32, il serait largement admisaujourd’hui que « des services d’eau gratuits pourraient,à long terme, se révéler extrêmement coûteux pour lespauvres ».

Les zones rurales sont confrontées à la délicatequestion de garantir la pérennité financière des services,étant donné que leurs populations sont en grandemajorité démunies et ne peuvent même pas couvrir lesdépenses d’exploitation et de maintenance. Desmécanismes de prix de transfert entre zones urbaineset zones rurales existent, qui passent par exemple parune taxe sur le volume d’eau « importée » par les villesdepuis des bassins situés en zones rurales. Mais les

difficultés restent énormes dans la mesure où, dans laplupart des pays africains, les habitants des zones plusfavorisées ne sont pas forcément assez riches poursupporter les coûts correspondants. Par ailleurs, lescompagnies des eaux sont de plus en plus autonomeset à vocation commerciale, ce qui rend ces transfertsmalaisés. Dans le cas particulier de l’assainissement, lesinvestissements ne peuvent pas être levés par la redevancedes usagers là où il n’existe pas de réseau. Leur chargene peut être de toute façon assumée par les ménages.La BAfD33 conclut que l’essentiel des fonds nécessairesà l’approvisionnement en eau et à l’assainissement dansles zones rurales continueront d’être fournis par des prêtset des dons, de la part surtout des organisationsinternationales (dont les contributions sont estimées à85 pour cent), par les budgets nationaux (15 pour

Encadré 24 - L’introduction du recouvrement des coûts en Tunisie

La tarification de l’eau en Tunisie n’est pas utilisée pour l’affectation des ressources ou pour réguler activement la demande, elle est

considérée comme une composante du recouvrement des coûts. Les tarifs appliqués à l’eau potable et à l’assainissement sont différenciés

par usage (domestique, industriel ou touristique) et par tranches de consommation. La facture unique adressée aux abonnés des services

d’eau et d’assainissement comprend des prestations relevant de plusieurs services : eau (Sonede), assainissement (Onas) et taxe (État).

Les deux premières rubriques sont ventilées entre une partie fixe et une partie variable en fonction du volume consommé. La partie fixe

est censée couvrir les charges d’entretien du réseau. Le gouvernement applique une politique de gel des charges fixes pour les tranches

de consommation les plus faibles, conformément au principe de solidarité sociale. Pour les autres tranches de consommation et les autres

usages (notamment touristique et industriel), le prix fixe a connu des évolutions régulières. La partie variable est fixée en fonction de la

quantité consommée, selon cinq tranches de consommation évaluées en mètres cubes. Les tarifs appliqués sont progressifs par tranche

d’utilisation. Cette différenciation des tarifs entre tranches de consommation domestique et entre usages permet des subventions croisées

entre les consommateurs. La part de l’assainissement dans la facture totale varie de 21 à 46 pour cent pour le domestique et de 32, 42 et

49 pour cent pour les industriels (faibles, moyennes et fortes pollutions, respectivement). Elle dépasse la part de l’eau potable pour le

secteur du tourisme (54 pour cent).

Dans le domaine de l’eau potable, la révision de la structure de la grille tarifaire a permis à la Sonede d’équilibrer ses finances. Cependant,

les résultats financiers de l’Onas, structurellement déficitaire, ont connu une dégradation devenue critique depuis 2002. Le déficit a représenté

35 pour cent du chiffre d’affaires en 2004 contre 18 pour cent en 2002. Les ressources de l’Onas reposent essentiellement sur la redevance,

dont la contribution à la couverture des charges reste faible du fait du gel des tarifs. Les charges d’exploitation les plus importantes sont

les dotations aux amortissements et la masse salariale. La contribution de l’État au financement de l’activité de l’Onas (estimée à 64.9 pour

cent de la redevance totale en 2004 et, de fait, supérieure au prix moyen du mètre cube d’eaux usées effectivement payé par les ménages)

demeure insuffisante pour mener les programmes d’investissement, financer l’exploitation ou satisfaire les besoins de réhabilitation. Ces

difficultés risquent d’affecter la qualité du service.

Les résultats de l’enquête sur les dépenses des ménages menée par l’Institut national des statistiques en 2000 ont montré que le poids

de la facture représentait 0.93 pour cent des dépenses totales par personne, ce qui est largement en deçà des normes habituellement acceptées

(3 pour cent du revenu). Selon la Sonede, 90 pour cent des abonnés paient l’eau en dessous de son prix de revient.

Source : voir les notes pays dans la suite de ce rapport.

32. Conseil mondial de l’eau (2006), Élargir l’accès au financement pour les gouvernements locaux – Financer l’eau pour l’agriculture, Groupe

de travail sur le financement de l’eau pour tous, présidé par Angel Gurría.

33. BAfD (2005), Initiative eau et assainissement en milieu rural – Plan de mise en œuvre et stratégie de mobilisation des ressources.

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Vue d’ensemble

cent), et par les communautés locales (5 pour cent), cesdernières fournissant gratuitement force de travail etmatériaux de construction et assurant l’entretien.

De l’avis général, les services d’assainissement doiventêtre associés aux services d’eau dans un système tarifaireintégré qui reflète le lien direct entre l’évacuation deseaux usées et la fourniture d’eau potable. L’assainissementreste pourtant l’élément le plus difficile à financer parun mécanisme de recouvrement des coûts, commel’illustre bien l’exemple de la Tunisie (encadré 24). Lescoûts d’assainissement et de traitement des eaux uséessont habituellement supérieurs à ceux des réseauxd’approvisionnement en eau, selon le niveau dutraitement. Pourtant, le prix de ces services ne représenteen général que 20 à 30 pour cent du coût total de lafourniture d’eau. Puisque les réseaux d’assainissementne peuvent concerner que les habitats formels, un telniveau de recouvrement des coûts implique que 70 pourcent des dépenses d’assainissement sont subventionnéespar les rentrées fiscales globales. En Algérie par exemple,les taxes d’assainissement représentent 20 pour centde la facture d’eau totale alors même que les servicesauraient grandement besoin d’être améliorés : seules14 des 45 stations d’épuration fonctionnenteffectivement. En 2005, chacune d’entre elles desservait711 000 habitants d’après les autorités nationales (contre5 000 habitants par station en France en 1998).

Les subventions sont au cœur de la problématiqueà laquelle les fournisseurs et les pouvoirs publics fontface pour élargir l’accès vers les pauvres tout en préservantla qualité et la quantité pour les populations déjàraccordées. À l’affût de solutions, la BAfD34 a opéré unedistinction utile entre les ménages à faible revenumoyen, les pauvres sur le point de s’en sortir, les pauvresqui parviennent juste à se débrouiller, les très pauvreset les indigents. Pour les premiers, qui ont un emploimodestement rémunéré mais qui vivent dans deshabitats conventionnels, les tarifs de l’eau et del’assainissement sont abordables, mais ils doivent êtreréformés pour autoriser, dans des cas exceptionnels,des délais de règlement (ces populations, très fragilesaux chocs, peuvent replonger dans la pauvreté). La

deuxième catégorie vit en habitat informel mais elle asuffisamment de moyens pour investir dansl’amélioration du logement. Ces pauvres, comme lacatégorie de ceux qui se débrouillent, pourraient sepermettre des raccordements modulés, mais avec desvolumes d’eau restreints pendant une durée limitée età basse pression. Les très pauvres n’ont guère de moyenspour accéder à des systèmes individuels d’eau etd’assainissement, mais ils pourraient disposer de latrineset de blocs sanitaires correctement gérés par lacommunauté. Les indigents, qui vivent dans la rue,ont besoin d’accéder aux services gratuitement.

De nombreux pauvres dépendent des revendeursd’eau et paient déjà au moins dix fois plus cher leur eauque les classes moyennes urbaines raccordées à l’eaucourante. Mais étant donné qu’ils n’achètent l’eau qu’enpetite quantité, leur « consentement à payer » ne veutpas dire qu’ils pourraient assumer au prix normal desvolumes supérieurs. Dans les zones rurales démunies etisolées, les paiements en espèces sont rares. Le travail oudes services fournis gratuitement permettent dedévelopper des réseaux et de garantir un certain entretien.Mais les dépenses courantes ne peuvent être assuméesde cette façon et exigent donc d’être subventionnées. Làoù elles sont incontournables, les subventions devraientrespecter les principes de base de la soutenabilitééconomique (pour le budget général), du ciblage (versles groupes dans le besoin) et de la transparence (êtreidentifiées clairement dans les soldes budgétaires). Onconnaît les difficultés à identifier et atteindre les groupescibles. Par conséquent, un ciblage sur des zones où viventen majorité des ménages pauvres pourrait éviter lesdistorsions.

Les subventions sous forme de tarifs progressifs liésà la consommation pénalisent cependant les famillesnombreuses et les familles en cohabitation (solution quepeuvent adopter les plus démunies). En outre,subventionner les services n’aide que les pauvres qui onteffectivement accès à l’eau. Les subventions deviennentcontreproductives quand elles mobilisent des fondsqui pourraient servir à fournir des infrastructures àceux qui en sont privés. L’aide aux pauvres dans les

34. BAfD (2006), Guidelines for user fees and cost recovery for water, sanitation and irrigation projects.

Cairo-oastal

ation,

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Encadré 25 - L’accessibilité économique et les subventions en Namibie

En Namibie, des données d’une enquête sur les tarifs de l’eau en 2003/04 et 2004/05 montrent que les familles à faible revenu ou

les retraités ayant un revenu mensuel inférieur à 600 dollars namibiens (NAD) ne peuvent pas se permettre d’utiliser les 6 m3 d’eau par

mois considérés comme le volume minimum nécessaire à une famille urbaine de cinq personnes bénéficiant de tous les services. La situation

est vraisemblablement pire encore en milieu rural. Le non-paiement des factures induit un cercle vicieux, qui incite la compagnie des

eaux NamWater et les autorités locales à relever leurs tarifs pour compenser les créances en souffrance, une pratique qui rend le service

encore plus inabordable pour les pauvres. À Windhoek comme à Rehoboth, le conseil municipal a choisi de subventionner les ménages

à faible revenu pour qu’ils puissent disposer du volume minimum d’eau (40 litres/personne/jour) à un prix réduit. Windhoek applique

actuellement un tarif progressif par tranche : chaque mois, les 6 premiers m3 sont fournis à un tarif préférentiel, tandis que sur la tranche

des 6-36 m3, le tarif est fixé au niveau du recouvrement moyen des coûts. Pour une consommation mensuelle supérieure à 36 m3, on

adopte la tarification au coût marginal à long terme (supérieur au coût moyen). L’ensemble des municipalités et NamWater s’accordent

à dire que la stratégie adoptée en Afrique du Sud, qui consiste à fournir de l’eau gratuitement à hauteur de 6 m3 par mois, est inefficace

car les municipalités risquent d’avoir énormément de mal à couvrir les coûts d’approvisionnement ; en outre, cette solution encourage

au gaspillage.

Source : voir les notes pays dans la suite de ce rapport.

Encadré 26 - La micro-finance dans les projets hydrauliques géréspar les communautés au Kenya

Le Kenya offre plusieurs exemples intéressants de projets préfinancés par des fonds aux conditions du marché apportés par une institution

locale privée de micro-finance (K-Rep Bank) en vue de réhabiliter/élargir des projets existants et de financer de nouveaux projets ex nihilo.

Dans ce cadre, K-Rep préfinance l’emprunt à hauteur de 80 pour cent des dépenses d’équipement pour les projets de raccordement à

l’eau courante à petite échelle, la communauté étant responsable des 20 pour cent restants. La communauté doit aussi assumer les frais

des évaluations techniques et financières. À la fin du projet, 40 pour cent du prêt de K-Rep seront fournis au titre d’une subvention OBA

(voir infra), ce qui permettra de maintenir les tarifs relativement bas à court terme. Dans la pratique, la subvention OBA est destinée,

sous réserve de bons résultats, aux communautés qui se manifesteront en premier. Les futurs prêts de K-Rep n’en bénéficieront plus.

Ce système vise à faciliter l’élargissement de la desserte (raccordements directs des ménages et fontaines) et à augmenter le volume

des fournitures d’eau. La grande originalité du dispositif tient à plusieurs facteurs : recours à l’assistance technique pour assumer des coûts

de transaction élevés et renforcer les capacités locales ; recours à un financement OBA pour gérer les problèmes d’abordabilité ; mécanisme

de partage des risques par les projets hydrauliques communautaires ; et embauche d’un ingénieur projet.

Plusieurs composantes clés autorisent la reproduction de ce dispositif dans d’autres pays : environnement politique propice, qui laisse

une marge de manoeuvre et n’évince pas le financement privé ; environnement politique appuyant une évolution tarifaire qui permettra

de recouvrir les coûts ; institutions financières locales relativement bien développées ; cadre réglementaire qui « légitimise » les petits

prestataires de services ; et demande durable d’un marché de taille raisonnable.

Source : D’après l’intervention de Meera Mehta, WSP, lors de la réunion d’experts OCDE/BAfD sur L’accès à l’eau potable et à l’assainissement,

Paris, décembre 2006.

zones faiblement raccordées exige de leur donner lesmoyens d’accéder aux services d’eau et d’assainissementplutôt que de fournir un appui durable à laconsommation. À cet égard, les fonds sociaux, l’accèsau crédit et la participation aux frais de connexion serévèlent essentiels. La Société nationale de l’eau et del’assainissement (NWSC) en Ouganda présente un casintéressant de subventions aux raccordements pourpromouvoir l’accès, par opposition aux subventions àla consommation. Pourtant, quand les obstacles ne

sont pas financiers, ce genre de subventions ne suffisentpas à aider les ménages pauvres à se raccorder. Les titresde propriété peuvent poser un problème, ainsi que lecaractère locatif de l’habitat de plus en plus fréquentavec l’urbanisation. Si les coûts d’accès et d’entretienà l’assainissement ne sont pas intégrés dans le loyer, leslocataires pauvres ne sont guère incités à améliorer lesinstallations existantes, puisqu’ils ne les possèdent pas,alors que le propriétaire aura tendance à se contenterd’une installation élémentaire.

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Tableau 14 - Taux de recouvrement dans une sélection de paysPays Compagnies Taux de recouvrement (%) Source

Burkina Faso 36 centres urbains 72 Well Briefing note 33, 2006

www.lboro.ac.uk/well

Mali 16 centres urbains 94

Ouganda NWSC 90

Tanzanie Dar-es-Salaam 60

Tunisie SONEDE 99 Perard (2007)

Zambie Moyenne des neuf compagnies 77 NWASCO, 2005/2006

à vocation commerciale

http://dx.doi.org/10.1787/425574325230

Le recours à la micro-finance dans le secteur del’eau est une évolution récente suscitée par la nécessitéde multiplier les raccordements et d’améliorer l’entretiendes installations existantes. À titre d’exemple, l’ASCIen Éthiopie et K-Rep au Kenya proposent desfinancements pour la maintenance. En Côte d’Ivoire,le partenariat entre la Société de distribution d’eau(Sodeci) et le Crepa (Centre régional pour l’eau potableet l’assainissement à faible coût) a permis le raccordementau réseau de plus de 300 ménages pauvressupplémentaires vivant à Abidjan. Le Crepa fournitdes micro-prêts pour couvrir les frais de raccordementet assure une aide aux ménages pour gérer le paiementdes factures et le remboursement de l’emprunt.

• Renforcer les compagnies des eaux: le rôle desprestataires, des gouvernements et du secteur privé

Le renforcement des compagnies des eaux est uneétape clé du processus d’introduction de mécanismesdurables de recouvrement des coûts. Les indicateurs deperformance utilisés pour évaluer l’efficacité des servicespublics sont en général le nombre de personnel pour1 000 raccordements, le volume d’eau gratuite et laqualité de la facturation et du branchement. Un niveaude recouvrement inférieur à 90 pour cent témoigne, soitd’un système de facturation déficient, soit de tarifs perçuscomme inaccessibles ou inacceptables au vu de la qualitédu service. Ces indicateurs de performance sont difficilesà obtenir pour les services publics africains, ce qui rendl’évaluation de leur viabilité financière périlleuse.

Un atelier d’experts a été organisé par le WSP àPretoria35 en août 2006, où certains pointsd’intervention ont été identifiés, en distinguant lesrôles respectifs des compagnies de services publics etdes gouvernements. Les premières ont été instammentpriées d’améliorer leur taux de recouvrement, de réduireles volumes non facturés, d’introduire des systèmesd’information sur les finances et la gestion et d’améliorerles relations avec les clients. Ainsi, la compagnie des eauxet d’assainissement de Lusaka (Lusaka Water andSewerage Corporation of Zambia), en Zambie, s’estengagée fin 2005 dans un programme prévoyant deréduire à dix jours le délai d’attente pour l’installationd’un raccordement et d’améliorer le service à la clientèle(en répondant notamment mieux aux plaintes). Dupersonnel a été dépêché dans les différentescommunautés pour faire le point sur les installations,informer les consommateurs et négocier le règlementdes arriérés ; par ailleurs, des centres d’appel ont étéouverts. Le processus de facturation a également étéamélioré, avec un système de recoupement des adressesdes clients pour éviter les doublons. Ces efforts ontpayé : fin 2005, 80 pour cent des clients avaient notédes changements positifs dans la gestion et la fournituredes services d’eau. Pour gérer le problème des arriérésde paiement, certaines villes de Namibie ont commencéà installer en 2003 des compteurs d’eau prépayés. Cesystème a été vivement critiqué par les OC et voué àl’échec dès le départ, à cause d’une forte incidence deséquipements défectueux. Un mécanisme alternatifapparemment plus efficace mais encore peu répandu

35. http://www.wsp.org/filez/pubs/2122007120644_MobilizingMarketFinanceforWaterUtilitiesinAfrica.pdf

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Vue d’ensemble

consiste à instaurer des comités de l’eau au niveau descommunautés, lesquels collectent auprès des ménagesles sommes correspondant à l’eau utilisée pour lestoilettes et les robinets collectifs.

Une analyse comparative des compagnies des eauxpermet aussi de favoriser l’amélioration des performances.Pour ce faire, la NWSC a noué des partenariats avec seshomologues au Kenya, au Nigeria, en Tanzanie et enZambie pour partager les expériences et engager desprogrammes d’optimisation des résultats. Depuis leForum mondial de l’eau de Mexico (2006), le Conseilconsultatif sur l’eau et l’assainissement de l’ONU œuvreégalement au renforcement des capacités des principauxacteurs du secteur de l’eau, avec la mise en place d’unPartenariat des opérateurs d’eau (POE) censé favoriserla coopération. L’objectif est d’instaurer des mécanismesqui permettront aux opérateurs de services publics des’épauler mutuellement et sans intermédiaire sur lesquestions techniques et administratives.

Les gouvernements ont eux aussi un rôle importantà jouer pour consolider les compagnies des eaux. À la

suite des travaux de la Banque mondiale notamment,tout le monde reconnaît désormais le rôle clé de l’Étatpour la mise en place d’un environnement propice auxaffaires – qui passe par l’amélioration des cadresinstitutionnels, politiques et réglementaires. L’une descomposantes fondamentales d’un tel environnement estla prévisibilité des transferts publics dus et le respectdes contrats. Ainsi en Zambie, six des neuf compagnieslocales à vocation commerciale sont parvenues fin 2006à couvrir leurs frais d’exploitation, mais elles auraientété plus nombreuses dans ce cas si les organismesgouvernementaux réglaient effectivement leurs facturesd’eau. L’État peut aussi contribuer à la consolidationdes compagnies des eaux en intervenant sur leurs bilans,par des échanges de créances contre des actifs. EnOuganda, la NWSC a ainsi proposé de convertir sa detteà long terme (intérêts et principal compris, soit90 millions de dollars) en titres publics, s’engageant enéchange sur un programme quinquennal d’extensiondu réseau.

Qu’elles soient publiques ou privées, les compagniesdes eaux peuvent obtenir de bons résultats. En Tunisie,

Encadré 27 - La réussite de la NWSC en Ouganda et son intérêtpour d’autres pays africains

Les réformes internes et la restructuration de l’organisation menées depuis 1998 au sein de la Société nationale de l’eau et de

l’assainissement ont conduit à de sensibles gains d’efficacité. La NWSC a pu ainsi porter son chiffre d’affaires de 11 millions de dollars

en 1998 à 33 millions en 2006 et ses recettes d’exploitation nettes d’amortissement sont passées d’un déficit de 0.4 million de dollars à

un excédent de 2.4 millions de dollars. Grâce à ce regain d’efficacité, la NWSC a pu s’autofinancer et construire plus de 1 060 km de

conduites d’eau desservant les aires péri-urbaines et les quartiers pauvres, sans faire appel à des subventions publiques ou de partenaires

au développement. La couverture des services est ainsi passée de 48 pour cent en 1998 à 70 pour cent des foyers ciblés en 2006. Les

sources internes de financement en pourcentage du total des dépenses en capital sont ressorties à 45 pour cent, contre 21 pour cent en

1998. Par conséquent, l’autofinancement généré par les redevances des usagers couvre actuellement toutes les dépenses d’exploitation et

d’entretien, les nouveaux raccordements gratuits, les amortissements, les frais de construction de conduites secondaires et tertiaires, et

il contribue, modestement, aux grands projets d’extension.

La NWSC applique trois sortes de tarif : « bornes-fontaines publiques », « institutionnel » et « commercial ». Elle peut ainsi proposer

aux différentes catégories d’usagers des prix équitables, conservatoires et exécutoires. Parallèlement à cette nouvelle politique de

raccordement, la NWSC a ajusté ses tarifs pour ne pas pénaliser le consommateur : baisse des coûts de branchement et de raccordement

de respectivement 50 et 70 pour cent ; suppression du forfait minimum ; indexation du tarif sur l’inflation intérieure et importée, sur la

dépréciation de l’UGX et le prix de l’électricité ; et rééquilibrage progressif des tarifs permettant d’abaisser les subventions croisées entre

catégories de clients. Malgré tout, les tarifs pratiqués restent insuffisants pour couvrir le service de la dette extérieure comme le voudrait

le recouvrement total des coûts, puisque cela impliquerait une augmentation de tarif insupportable pour les usagers ou de sacrifier le

développement du réseau.

Source : D’après l’intervention de William T. Muhairwe, directeur de la NWSC, lors de la réunion d’experts OCDE/BAfD sur L’accès à

l’eau potable et à l’assainissement, Paris, décembre 2006.

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Vue d’ensemble

le secteur de l’eau et de l’assainissement est resté dansle giron de l’État et fortement centralisé. Malgré cela,il affiche d’excellents résultats : en 2004, l’eau nonfacturée s’établissait à 18.2 pour cent seulement, plusde 99 pour cent des factures étaient payées et toutesles villes bénéficiaient d’un accès à l’eau 24 heures sur24. La compagnie d’État agit ici comme une entrepriseprivée, en pratiquant le recouvrement des coûts. Lesecteur public de l’eau en Afrique du Sud et en Ouganda

obtient les mêmes niveaux d’efficacité. Dans d’autrespays, comme au Sénégal (encadré 28) et au Maroc, lesecteur privé a été le moteur de l’extension du réseauet de l’amélioration de la qualité de services. Lesdifficultés que rencontre le secteur privé avec sonimplication dans le secteur de l’eau et de l’assainissementreflètent souvent des problèmes inhérents au secteur– besoins considérables d’infrastructures, externalitéset retards énormes en matière d’assainissement.

Parallèlement aux compagnies nationalestraditionnelles de services publics, les petits opérateurslocaux peuvent contribuer à l’extension de la fourniturede services sur la base du recouvrement des coûts.Ces petits opérateurs sont présents depuis longtempssur ce marché mais à titre informel surtout : libres detoute réglementation, ils comblaient une lacune enoffrant notamment aux pauvres et aux populationsisolées un service que les opérateurs plus grandsn’assuraient pas. La note de Well sur la participationdu secteur privé dans l’approvisionnement en eau deszones urbaines36 indique ainsi que près de 39 pour centdes habitants de Dar-es-Salaam et jusqu’à la moitiédes habitants de Nairobi sont alimentés par descompagnies de petite taille. Ayant à supporter tous

les risques et ne rencontrant guère de concurrence, cescompagnies facturent souvent leurs services au prixfort. Pour cela, les décideurs les ont longtemps jugéesproblématiques. Aujourd’hui pourtant, elles fontprobablement partie de la solution, parce qu’ellesconnaissent bien les besoins de la population,fonctionnent sans subventions et sont flexibles. Ellessont particulièrement utiles dans les zones péri-urbaineset rurales où l’offre de services en réseau est limitéeet les interventions localisées. Mais il convient demieux réglementer leurs activités, surtout au niveaude la qualité de l’eau fournie. Parallèlement, les cadresinstitutionnels et réglementaires du pays doivent êtreassouplis pour autoriser une participation accrue deces compagnies (encadré 29).

Encadré 28 - Le succès du PPP dans le secteur hydraulique urbain au Sénégal

Le succès du partenariat public-privé est dû principalement à trois facteurs : 1) le choix d’un cadre institutionnel adéquat ; 2) la mise

en place d’incitations adaptées ; 3) le rôle important joué par l’État qui a su gagner la confiance de ses partenaires. La Sénégalaise des

eaux (SDE), société privée appartenant au groupe français Saur, investit dans le renouvellement du réseau de distribution parce qu’elle

y est contractuellement tenue, mais aussi parce qu’une augmentation de la consommation des usagers débouche sur une hausse directe

des gains pour l’entreprise. Les acteurs ont aussi su instaurer un bon dialogue, avec une révision des contrats tous les six mois par un

comité de suivi d’exécution, sur la base de l’appréciation des performances de la SDE. Cette appréciation se fonde sur 18 indicateurs

définis dans le contrat de performance liant la SDE et sa contrepartie publique responsable des plans d’investissement et de la maîtrise

d’ouvrage, la Sones (Société nationale des eaux du Sénégal). La réalisation ou non des objectifs fixés pour chacun des indicateurs

principaux est associée à des récompenses ou des sanctions financières pour la société (système de type bonus-malus). Ce système a

entraîné une amélioration de l’efficacité de la SDE qui a augmenté sa clientèle de 69 pour cent entre 1996 et 2005 et affiche aujourd’hui

un rapport quantité d’eau produite/volume vendu de 80.5 pour cent (68.2 pour cent en 1996), un taux de rendement du réseau de

80 pour cent (la cible est de 85 pour cent) et l’équilibre financier depuis 2003. Enfin, l’État a su jouer un rôle fort de régulation et de

coordination et honorer les engagements, notamment en réglant ses factures (permettant un taux de recouvrement de la SDE de 98.3 pour

cent). De plus, l’administration a su pratiquer les ajustements tarifaires nécessaires et prévus dans le contrat la liant à la Sones.

Source : voir les notes pays dans la suite de ce rapport.

36. http://www.lboro.ac.uk/well/resources/Publications/Briefing%20Notes/BN33%20PSP.htm

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Vue d’ensemble

Outre qu’ils contribuent à la prestation de services,les entrepreneurs locaux sont essentiels pour développerles activités connexes de forage, de construction delatrines, de vidange et de fourniture des pièces détachéespour assurer l’entretien des installations. Ils rencontrentles problèmes classiques de toute PME en Afrique (voirl’édition 2004/05 des Perspectives économiques enAfrique). L’octroi de fonds renouvelables locaux et degaranties pourrait leur permettre d’accéder au crédit.

• Conclusion : de la nécessité de modifier en profondeurles politiques et les pratiques

L’introduction du recouvrement des coûts exige unchangement radical de la culture en matière de gestionfinancière. Cela passe par la création d’un régulateurindépendant, ainsi que par l’implication des usagers(pauvres, industries et agences officielles compris) afin

que tous adhèrent à la nouvelle organisation. Lamodification des grilles tarifaires exige de fait un solidepartenariat entre autorités et compagnies de servicespublics ainsi que des campagnes de sensibilisation pourlever la résistance habituelle des populations auxréformes. Ce qui explique pourquoi, même si lessubventions ont leur justification sociale à un momentdonné, il est important de prendre en compte leurimpact à long terme (effets contraires sur la gestion descompagnies par exemple) et de la difficulté à lessupprimer une fois instituées. Les subventionsponctuelles – aide au raccordement par exemple – ontl’avantage d’éviter un effet de dépendance, point crucialdans les pays confrontés à des contraintes budgétairesfortes. Outre une révision totale des grilles tarifaires,il faut prévoir des augmentations périodiques pourajuster notamment les prix à l’inflation. Un consensusprévaut largement, selon lequel les augmentations

Encadré 29 - L’association des opérateurs d’eau privés en Ouganda

L’APWO-Ug (Association of Private Water Operators of Uganda) a été créée en 2003 avec le soutien de la coopération technique allemande

(Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit – GTZ). Elle réunit dix entreprises qui gèrent 57 villes sur les 180 que compte le pays. Plusieurs

principes fondamentaux régissent la fourniture d’eau : utilisation de compteurs pour réduire les volumes non facturés et garantir un règlement

pour le coût du service (compteurs : 93 pour cent) ; prise en charge et sensibilisation des consommateurs ; entretien du réseau d’adduction

d’eau (fonctionnalité : 93 pour cent) ; utilisation efficace des subventions publiques pour élargir les services fournis (accès amélioré de

500 mètres) ; tests et dosages de la qualité de l’eau (prélèvements conformes : 95 pour cent) ; bonne tenue des dossiers ; comptes rendus

périodiques (données nationales disponibles pour évaluer la couverture).

Le secteur est néanmoins confronté à de grosses difficultés :

- absence de cadres politiques intégrés régissant les obligations du secteur privé (déclassification des villes au profit du secteur public,

compensations inadaptées et incertitude de l’environnement des affaires, par exemple) ;

- non-intégration dans les textes juridiques/politiques de base, comme les lois sur l’eau ;

- contraintes aux investissements privés dans les systèmes hydrauliques ;

- fixation de tarifs qui ne reflètent pas les réalités du terrain sans consultation des opérateurs privés ;

- gouvernance du secteur, participation, responsabilité et transparence (problèmes de corruption par exemple) ;

- retards de règlement des honoraires de gestion, découlant du faible taux d’investissement du gouvernement, de la faiblesse des tarifs

et de la lenteur avec laquelle les instances publiques règlent leurs factures ;

- inadéquation des dispositifs réglementaires dans l’ensemble du secteur de l’eau et de l’assainissement ;

- ressources/capacités insuffisantes des autorités locales et de la Direction de l’aménagement hydraulique pour assurer un suivi

efficace des secteurs public et privé ;

- non-représentation dans les principaux comités du secteur mis sur pied pour créer des passerelles avec les principaux opérateurs ;

- influence et ingérence politiques dans le fonctionnement quotidien – y compris la facturation et la passation de marchés, le

recouvrement des créances et le développement du réseau.

- crise nationale de l’énergie (les délestages réduisent les temps de production de 304 heures par mois en moyenne) ;

- pénurie de moyens pour mettre en œuvre les activités prévues (formation, logistique du secrétariat, etc.).

Source : D’après l’intervention de Winifred Kalebu, présidente de l’APWO-Ug, lors de la réunion d’experts OCDE/BAfD sur L’accès à

l’eau potable et à l’assainissement, Paris, décembre 2006.

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Vue d’ensemble

minimes mais régulières sont d’autant mieux acceptéesque le service assuré sera de qualité. Faute d’indexation,les recettes sont vite inférieures aux dépenses, provoquantdes retards dans la maintenance et, partant, ladégradation des services. Il devient alors encore plusdifficile d’ajuster les tarifs.

2 – Le rôle des bailleurs

Le secteur de l’eau et de l’assainissement est le seulsecteur à vocation sociale où les allocations d’aide ontdiminué dans les années 1990, sous l’effet en partie dudéclin global de l’aide mais aussi d’un repli brutal del’aide aux grands barrages et autres ouvrages de stockagede l’eau. Pourtant, la tendance s’est inversée avec lesrecommandations du rapport Camdessus, en 2003,demandant de doubler les financements au secteur del’eau pour atteindre les OMD relatifs à l’eau et àl’assainissement. La part de l’Afrique dans les volumestotaux d’aide au secteur de l’eau a de nouveau légèrementprogressé ces dernières années. Pourtant, il est difficilede prévoir les augmentations espérées de l’APD dansce secteur, dans la mesure où les bailleurs ne font pasde projections sectorielles.

Les dernières données du CAD/OCDE fontapparaître une brusque augmentation de l’APD allouée

à la fourniture d’eau et à l’assainissement en 2004,avant un léger repli en 2005, à des niveaux qui restentnéanmoins supérieurs à ceux de la période 2000-03(figure 12). L’essentiel de cette augmentation procèdedes nouveaux engagements de bailleurs multilatéraux(AID et UE) dont les allocations au secteur de l’eau etde l’assainissement en Afrique ont rebondi d’environ30 pour cent au milieu des années 1990 à 50 pourcent en 2003-05. Cela étant, la part de l’aide de laBanque mondiale pour l’eau et l’assainissement enAfrique reste faible : 146 millions de dollars alloués ausecteur entre 1990 et 2005, soit 6 pour cent duportefeuille de la Banque mondiale, qui s’élève à23 milliards de dollars.

À l’inverse, la part de l’aide bilatérale à l’eau et àl’assainissement en Afrique s’est repliée, de 34 pourcent au milieu des années 1990 à 22 pour cent en2003-05, attestant de la faiblesse des nouveauxengagements par rapport aux vastes projetsd’infrastructures réalisés dans la seconde moitié desannées 1990. La tendance de l’aide bilatérale à ce secteurest surtout tributaire des grands bailleurs et les allocationsse concentrent sur un nombre restreint de pays. En2004-05, l’Allemagne, le Danemark, la France, le Japonet les Pays-Bas ont assuré environ les trois quarts de l’aidebilatérale totale pour l’approvisionnement en eau et

Figure 12 - Total de l’APD pour l’eau accordée à l’Afrique(en milliards de dollars aux prix de 2004, moyenne glissante

sur trois ans des engagements)

Source : Données du système de notification des pays créanciers du CAD/OCDE.http://dx.doi.org/10.1787/023204031781

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Vue d’ensemble

l’assainissement. Sur la même période, les trois quartsenviron de l’aide totale ont bénéficié à dix pays : Afriquedu Sud, Bénin, Burkina Faso, Éthiopie, Kenya, Ghana,Maroc, Nigeria, Tunisie et Tanzanie.

L’essentiel de l’aide sectorielle est consacré auxinvestissements dans les infrastructures (figure 13). Ils’agit de projets de grande envergure qui exigent enmoyenne 8 ans de travaux. Face à la nature hautementcapitalistique des projets hydrauliques, la disponibilitéde flux financiers en temps et en heure est vitale pourla planification et la mise en œuvre. Or, les flux d’aiderestent largement imprévisibles. Les retards dedécaissement peuvent avoir des conséquences graves etentraîner des taux d’exécution très faible, uneaccumulation de créances à l’égard des entreprises etdes interruptions provisoires de chantiers. AuMozambique par exemple, le taux d’exécution dusecteur de l’eau au premier semestre 2006 n’a atteintque 17 pour cent des dépenses d’investissement prévues,signe des retards pris par le trésor et les organismes definancement pour débloquer les fonds. Toute ladifficulté, pour les bailleurs, est d’arriver à instaurer unsystème stable de financement à long terme, afind’optimiser la planification et la mise en œuvre.Parallèlement, les gouvernements pourraient créer unefacilité nationale ou internationale spécifique depréfinancement pour des déboursements prévusultérieurement.

Malgré une tendance globale à l’harmonisation età un alignement sur les priorités des pays bénéficiaires– comme en témoigne l’augmentation relative de l’appuibudgétaire sectoriel (ABS) et de l’appui budgétaire

général (ABG) – l’essentiel de l’aide étrangère à l’eauet à l’assainissement est affectée à des projets. La plupartdes bailleurs estiment que l’ampleur et la complexitétechnique des travaux de génie civil dans ce secteurjustifient une gestion par projets. Celle-ci est aussiconsidérée comme un soutien aux stratégies novatrices,en impliquant le secteur privé et la société civile, souventlaissés de côté par les programmes officiels. En outre,certains bailleurs favorables à l’harmonisation despolitiques ne le sont plus dès qu’il s’agit des procéduresfinancières – chaque pays préférant conserver ses propresrègles. Le succès limité de l’ABS et de l’ABG pourcertains pays est le signe d’une inquiétude face à desmécanismes de financement encore balbutiants et qu’ilfaudrait radicalement réformer. De même, certainsbailleurs et pays bénéficiaires s’efforcent d’améliorer laplanification et le suivi et de convenir de procédurescommunes de reddition de comptes, d’audit et depassation de marchés. Des groupes de travail pour lesecteur de l’eau, réunissant bailleurs et représentants desgouvernements bénéficiaires, ont été mis en place dansun certain nombre de pays – comme le Mozambique,l’Ouganda et la Zambie – pour améliorer la coordinationà l’échelon national.

Si la tendance à fournir de plus en plus d’APDpour le secteur de l’eau sous forme de dons (58 pourcent en 2004-05 contre 36 pour cent au milieu desannées 1990) semble bienvenue, il est crucial qu’ellen’évince pas des initiatives locales ni qu’elle ne décourageles autorités du secteur à devenir financièrementautonomes. Ainsi, les fonds APD devraient servir àlever d’autres ressources – redevances d’utilisation,autres recettes locales, prêts bancaires et capitaux privés –

Figure 13 - Total des engagements d’APD pour l’eau, par sous-secteur, 2005

Source : Données du système de notification des pays créanciers du CAD/OCDE.http://dx.doi.org/10.1787/816687380558

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Vue d’ensemble

et à donner des moyens à d’autres parties prenantes,conformément à la stratégie nationale en matière d’eau.C’est ainsi qu’en Zambie, l’aide est acheminée via leDTF (Devolution Trust Fund), un fonds en fidéicommisqui aide les neuf compagnies commerciales des eauxprésentes dans les zones urbaines à amener l’eau et lesservices d’assainissement dans les aires péri-urbainespauvres (encadré 30).

Il existe un autre moyen de mobiliser, via l’aide,d’autres ressources financières : la fourniture desubventions en fonction des performances, à l’imagedu financement OBA. Le financement OBA consisteà faire appel à des subventions explicitement baséessur les résultats pour appuyer la fourniture de servicesde base lorsque les enjeux politiques justifieraient unfinancement public pour compléter ou remplacer lesredevances d’utilisation. Il implique de déléguer la

prestation de services à des tiers – en général des sociétésprivées mais aussi des compagnies publiques, des ONGet des OC. Le contrat passé conditionne le versementde fonds publics aux services fournis ou aux résultatseffectivement obtenus. Dans le secteur de l’eau, lefinancement OBA peut prendre la forme de subventionsau remboursement des factures des consommateurs àfaible revenu ou à l’extension des réseaux d’adductiond’eau et d’assainissement lorsque les versements sonttributaires du nombre de raccordements nouveaux.

De nombreux pays sont en train d’adopter cesystème de financement. Au Mozambique par exemple,le fonds multi-bailleurs GPOBA (partenariat mondialpour une aide basée sur les résultats) géré par la Banquemondiale vient de lancer un projet pour fournir desraccordements subventionnés aux ménages de cinqvilles faisant d’ores et déjà appel à des PPP. Les projets

Encadré 30 - Un fonds en fidéicommis pour améliorer la prestation de servicesdans les aires péri-urbaines de Zambie

Le Devolution Trust Fund (DTF), instauré par le Conseil national d’alimentation en eau et d’assainissement (NWASCO), finance

depuis 2003 des projets pilotes de compagnies de services publics à vocation commerciale pour améliorer l’approvisionnement en eau.

Des fonds leur sont fournis pour étendre leurs prestations aux quartiers pauvres péri-urbains. Quelque 120 000 habitants de ces zones

à faible revenu ont depuis bénéficié de ce dispositif qui les alimente en quantité suffisante en eau propre à la consommation. Pendant la

phase pilote, des procédures et directives détaillées ont été élaborées pour rendre le fonctionnement du DTF plus transparent et plus

responsable. La création du DTF, panier de fonds ciblant les aires péri-urbaines à faible revenu, a été célébrée comme l’initiative

gouvernementale la plus significative pour apporter des services d’eau et d’assainissement dans ces quartiers. Par conséquent, un certain

nombre de partenaires de la coopération se sont engagés financièrement à appuyer les efforts du gouvernement. Fin 2006, environ 8.8 millions

d’euros avaient été ainsi levés par le DTF auprès du groupe bancaire allemand KfW (Kreditanstalt für Wiederaufbau), de l’agence danoise

d’aide au développement (Danida) et de l’UE pour le financement de la mise en œuvre de projets d’eau et d’assainissement. Des plans

prévoient l’élargissement du mandat DTF pour couvrir les investissements relatifs au traitement de l’eau. Cela étant, le fait que le DTF

ne soit pas aligné sur le processus de décentralisation restreint son champ d’action.

Source : voir les notes pays dans la suite de ce rapport.

Encadré 31 - Les contrats secteur privé/financement OBA pour élargirle réseau d’eau au Mozambique

Le projet GPOBA vise à fournir des raccordements subventionnés aux ménages de Maputo, Beira, Nampula, Quelimane et Pemba.

Cela permettra aux ménages (à faible revenu jusqu’à revenu intermédiaire) qui n’ont pas encore accès à l’eau courante d’en bénéficier

plus facilement. La mise en œuvre du projet national de développement de l’eau (NWDP II) financé par la Banque mondiale a démarré

en 2000, se concentrant sur les gros investissements visant à augmenter les capacités de plusieurs réseaux d’adduction d’eau. Ces

investissements ont permis d’assurer un approvisionnement suffisant en eau potable pour augmenter sensiblement la desserte. Mais le

coût élevé de chaque raccordement décourage les ménages à revenu intermédiaire et à faible revenu. Le GPOBA contribuera donc à

subventionner quelque 36 300 nouveaux raccordements, permettant une augmentation du nombre de ménages raccordés à l’eau courante

de 23 pour cent à Maputo, 31 pour cent à Beira, 100 pour cent à Quelimane, 46 pour cent à Nampula et 100 pour cent à Pemba.

Source : GPOBA, Banque mondiale.

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Vue d’ensemble

financés par le GPOBA entendent élargir l’accès auxservices d’eau pour les ménages pauvres grâce à desPPP élargis (encadré 31).

3 – Concevoir des instruments financiersnovateurs

L’émission d’obligations et d’actions à long terme,qui permettrait d’exploiter le potentiel des marchésfinanciers intérieurs et internationaux, est peu sollicitée.Le processus de décentralisation a soulevé la questiondu financement à long terme en monnaie locale desentités non souveraines37 et celle de la solvabilité descompagnies des eaux qui pourraient contribuer à leverdes fonds. Pourtant, si la dévolution de la responsabilitéde la prestation de services progresse, rares sont lesentités non souveraines à avoir obtenu les instrumentsindispensables pour obtenir les fonds nécessaires(encadré 32). La collecte fiscale reste très souventl’apanage du gouvernement central. Certaines villes de

grande taille – à l’instar de Johannesburg, qui a lancéen 2004 le premier emprunt sans garantie souveraineformelle de l’Afrique subsaharienne – ont les moyensd’émettre des obligations. Les autorités centrales restentcependant le plus souvent réticentes à fournir la garantiecorrespondante, dans la mesure où celle-ci s’apparenteraità un élément de passif pour le budget national et oùles capacités locales sont en général tenues pour tropfaibles. En outre, l’ampleur du financement nécessairedépasse le plus souvent la capacité des marchés financierslocaux. Qui plus est, les entités non souveraines n’ontpas toujours pleinement accès à l’emprunt (restrictionsjuridiques) ni aux institutions de financementmultilatérales. Elles manquent très souvent des moyensde produire les états financiers, de réaliser des auditset d’assurer la supervision. Enfin, la relation budgétaireentre le gouvernement central et les entités nonsouveraines n’est pas toujours clairement définie et leplus souvent échoue à assurer un financement durableet pérenne.

L’exemple de Johannesburg montre cependantqu’un prêt peut conforter la confiance des investisseurs.Dans ce cas précis, une opération d’une valeur de1 milliard de ZAR a été conduite avec le soutien de laDBSA (Banque de développement de l’Afrique duSud) et de la SFI (Société financière internationale), sousforme de l’octroi d’une garantie partielle contre lerisque de crédit (à hauteur de 40 pour cent du principal).La cote de crédit obtenue est ainsi passée à AA-, ce quia permis la participation de fonds de pension, etl’échéance finale a été repoussée à 12 ans. La garantieinitiale a contribué à établir la confiance sur le marchélocal, de sorte qu’en 2005, la ville de Johannesburg a

pu émettre une autre obligation de 700 millions de ZARavec une durée de 8 ans sans recours à une garantie.Dans les deux cas, les obligations ont rencontré un vifsuccès.

En réponse aux appels des rapports Camdessus etGurría, la communauté internationale s’attachedésormais à élaborer et adapter des instrumentsfinanciers pour améliorer le financement dans le secteurde l’eau et de l’assainissement. La Banque mondiale parexemple met au point une facilité de financement nonsouverain libellée en monnaie locale. L’AFD (Agencefrançaise de développement) apporte des garanties aux

37. Winpenny, J. (2005), Garantir le développement ? L’impact des garanties financières, Centre de développement de l’OCDE, Paris.

Encadré 32 - Financement décentralisé au Mali

Hormis les projets sur financements internationaux conduits par la DNH (Direction nationale de l’hydraulique), il n’existe guère

d’outils de financement décentralisés au Mali, si l’on exclut aussi les financements apportés par les ONG et les associations d’expatriés.

Ainsi dans la région de Kayes, les migrants maliens installés en Europe investissent souvent de manière massive dans des infrastructures

d’accès à l’eau dans leur village d’origine. Les communes ont accès aux financements de l’ANICT (Agence nationale d’investissement

des collectivités territoriales), qui consacre environ 10 pour cent de ses fonds aux projets d’eau et d’assainissement, mais avec des droits

de tirage qui empêchent actuellement les communes de financer plus que des pompes manuelles et des puits à grand diamètre.

Source : voir les notes pays dans la suite de ce rapport.

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Vue d’ensemble

Encadré 33 - Réagir aux rapports Camdessus et Gurría : une sélectionde mécanismes de financement pour le secteur de l’eau

et de l’assainissement en Afrique

La garantie partielle de crédit de la SFI

La garantie partielle de crédit (GPC) de la SFI est un système de rehaussement de crédit pour les obligations et les prêts. La SFI

utilise une notation AAA pour permettre aux emprunteurs d’accéder aux marchés financiers et d’allonger les échéances. La GPC couvre

les créanciers quels que soient les motifs de défaillance. Les garanties partielles peuvent être libellées en monnaie locale (pour des

transactions nationales) ou en devises (pour des transactions internationales). L’exemple le plus réussi de GPC en Afrique est celui

proposé à la ville de Johannesburg en 2004.

Consulter : www.ifc.org/structuredfinance

L’Agence multilatérale de garantie des investissements (AMGI) de la Banque mondiale

L’AMGI est un atténuateur de risques multilatéral, qui favorise les IDE dans les pays en développement en garantissant les investisseurs

contre les risques politiques et non commerciaux, en arbitrant les différends entre investisseurs et pouvoirs publics, en conseillant les

gouvernements sur la manière d’attirer des investissements et en partageant les informations par le biais de services en ligne sur ces questions.

Ses premiers utilisateurs sont des investisseurs transfrontaliers, mais les ressortissants d’un pays et les entreprises publiques opérant comme

des sociétés commerciales peuvent aussi prétendre à son soutien. Les interventions de l’AMGI dans le domaine de l’eau et de l’assainissement

restent toutefois limitées et sont pratiquement inexistantes en Afrique. En 2005 cependant, l’AMGI a émis quatre garanties au bénéfice

de Urbaser SA pour un accord de concession signé avec la municipalité du Caire en vue de moderniser le secteur de gestion des déchets

de la ville.

Consulter : www.miga.org

Le Mécanisme consultatif pour le renforcement des infrastructures par des partenariats public-privé (PPIAF)

Le PPIAF est un mécanisme multi-bailleurs d’assistance technique dont l’objectif est d’améliorer la qualité des infrastructures par

le biais de PPP. Lancé en 1999, il est soutenu par 15 organismes de développement et géré par la Banque mondiale. Il finance des activités

de conseil – y compris la conception de politique et les réformes réglementaires et institutionnelles. En 2006, 14 pour cent des financements

PPIAF à l’Afrique subsaharienne sont allés à l’eau et à l’assainissement. Consulter : www.ppiaf.org

La facilité de l’UE pour l’eau

En 2004, la CE a créé la facilité ACP-UE pour l’eau en utilisant 500 millions d’euros du 9e FED (Fonds européen de développement)

dont l’allocation était prévue en deux tranches à l’occasion d’appels à propositions. Un premier appel à propositions de 180 millions

d’euros a été lancé fin 2004. En janvier 2005, la CE avait reçu 800 propositions préliminaires pour une demande globale de subventions

de 2.75 milliards d’euros. Cette demande a été largement supérieure aux attentes et 50 millions d’euros ont été anticipés sur la seconde

tranche, pour un montant total disponible de 230 millions d’euros. Ensemble, les deux appels à propositions ont débouché sur la

sélection de 175 propositions parmi plus de 1 300 reçues, la contribution totale de la CE s’élevant à 420 millions d’euros, l’effet de levier

dégageant 360 millions d’euros supplémentaires. La facilité ACP-UE pour l’eau n’a pas été conçue pour financer de gros projets

d’infrastructures dans le secteur de l’eau. C’est un fonds qui permet de catalyser des financements de sources non APD et qui achemine

les ressources directement aux échelons locaux. Sa réévaluation est programmée en 2007. Plusieurs thèmes seront au cœur de cet exercice :

trouver des solutions pour améliorer la cohérence avec les stratégies pays, ou identifier les modalités pour accroître l’effet de levier auprès

de nouvelles ressources, avec notamment une participation accrue du secteur privé.

Consulter : http://ec.europa.eu/europeaid/projects/water/index_en.htm

émetteurs locaux en Afrique de l’Ouest, via le marchérégional obligataire de l’UEMOA, ce qui atténue lesrisques de change. Pourtant, ce type de prêt continuerad’être lié à la capacité des acteurs non souverains àmettre au point des systèmes comptables fiables, àadopter une gestion transparente et à élaborer des

projets solides et finançables. Parallèlement, il fautrenforcer les marchés financiers locaux. Le rôle desbanques nationales dans le financement du secteur del’eau est de plus en plus reconnu, puisqu’un financementinterne évite les risques de change associés à la levée decapitaux sur les marchés internationaux.

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Vue d’ensemble

Encadré 33 - Réagir aux rapports Camdessus et Gurría : une sélectionde mécanismes de financement pour le secteur de l’eau

et de l’assainissement en Afrique (suite)

La Banque européenne d’investissement

La BEI gère la facilité d’investissement de Cotonou. En 2003, la convention ACP-UE a procuré à la BEI de nouveaux instruments

financiers, l’autorisant i) à prendre des risques supplémentaires pour appuyer le secteur privé – y compris en faisant appel aux fonds

propres, quasi-fonds propres et garanties ; et ii) à introduire des éléments « dons » dans les projets en appui aux réformes et à la lutte

contre la pauvreté. Après plusieurs modifications, la facilité d’investissement et les fonds propres peuvent être utilisés pour financer les

infrastructures avec des bonifications d’intérêt allant jusqu’à 3 pour cent. En 2006, la facilité BEI-ACP pour la préparation des projets

a été introduite pour assurer une aide technique en parallèle à l’EUWI.

Consulter : www.eib.org

Le groupe de développement des infrastructures privées (PIDG)

- Fonds de développement des infrastructures de l’Afrique émergente (EAIF) : lancé en 2002, ce fonds assure un financement à

long terme par l’emprunt pour des projets d’infrastructures en Afrique subsaharienne (eau, électricité, télécommunications et transports)

financés par le secteur privé et ayant une vocation pro-pauvres. Il bénéficie du soutien du DfID (Département britannique pour

le développement international), de l’Asdi (Agence suédoise pour le développement international), de la DGIS (Direction générale

des Pays-Bas pour la coopération internationale) et du Seco (Secrétariat d’État à l’économie ; Suisse) ;

- GuarantCo : ce fonds propose des garanties pour rehausser le crédit, en particulier pour les obligations émises par les municipalités.

De nombreux projets d’infrastructures, surtout au niveau non souverain, tirent l’essentiel de leurs moyens en monnaie locale, ce

qui rend le financement de la dette en devises inadapté. En 2004, le PIDG a lancé GuarantCo pour atténuer les risques liés au

financement des infrastructures dans des monnaies locales. Il reçoit le soutien du DfID et de l’Asdi ;

- en 2003, le PIDG a instauré un Fonds d’assistance technique (TAF) aux capacités locales pour contribuer au renforcement des

capacités et compétences locales liées à l’investissement privé dans les infrastructures. L’assistance technique est fournie aux secteurs

public et privé pour appuyer la planification et la mise en œuvre de projets et de programmes entrant dans le cadre des facilités ou

des fonds dépendant du PIDG. Le TAF reçoit un soutien financier de la Banque mondiale.

Consulter : www.pidg.org

Cities Alliance

Cities Alliance est une alliance entre des villes et leurs partenaires au développement visant à améliorer les conditions de vie des

urbains pauvres. Lancée en 1999 par la Banque mondiale et UN-Habitat, elle gère la facilité pour l’eau et l’assainissement communautaires

(CWSF) qui cible les ONG, les autorités locales, le secteur privé et les OC.

Consulter : www.citiesalliance.org

Le Mécanisme de financement des infrastructures communautaires locales (CLIFF)

Ce dispositif est coordonné par Homeless International avec des fonds du DfID et de l’Asdi. Il procure directement du capital risque

et d’autres produits financiers aux organisations urbaines de défense des pauvres afin de réhabiliter les bidonvilles. Ses premières opérations

ont démarré en Inde en 2002. Il a commencé à fonctionner au Kenya en 2005, où il soutient la coalition Muungano Wa Wanavijiji (Fédération

des habitants de bidonvilles).

La Facilité de préparation de projets d’infrastructures du Nepad (NEPAD-IPPF)

Créée en 2003 avec des capitaux d’amorçage du gouvernement canadien, la NEPAD-IPPF est devenue en 2005 un mécanisme

multi-bailleurs. Celui-ci a pour principal objectif d’aider les pays africains, les communautés économiques régionales (CER) et les

institutions connexes de développement des infrastructures à élaborer des projets régionaux d’infrastructures viables et de qualité dans

l’énergie, la gestion transfrontalière des ressources hydrologiques, les transports et les TIC afin qu’ils puissent prétendre à des

financements publics et privés.

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Vue d’ensemble

Les dispositifs de mise en commun des fondsapparaissent aussi comme un moyen de lever desressources et d’atténuer les risques. En Afrique du Sud,le fonds privé Inca (Infrastructure Finance CorporationLimited) exploite sa notation AA et sa réputation deportefeuille diversifié pour emprunter sur les marchésdes capitaux et proposer des prêts à long terme à tauxfixe à des prestataires d’infrastructures comme lesmunicipalités et les conseils de l’eau. La mise en communde ressources est également souvent conjuguée à lamise en commun des expertises, en impliquant lesONG, les entreprises et les autorités locales. Cesmécanismes présentent un réel potentiel pour appuyerle développement de l’eau et de l’assainissement enmilieu rural. De plus en plus, les pouvoirs publicsélaborent des stratégies sous-sectorielles complètes pourl’eau, afin de conforter le cadre institutionnel, de

renforcer la planification et, au final, de catalyser desfonds et harmoniser les efforts des différents acteurs(population locale, ONG, bailleurs, administrations etentreprises locales).

Les banques de développement ont un rôlefondamental d’intermédiaire à jouer entre les prêteursétrangers, les gouvernements centraux et les entitésnon souveraines. À titre d’exemple, la BAfD s’est vueconfier par la conférence de Paris, en 2005, laresponsabilité de devenir le chef de file du financement– et de la mobilisation de moyens – du secteur de l’eauet de l’assainissement en Afrique, en particulier dansles zones rurales. Elle a par conséquent lancé toute unesérie d’activités en appui au secteur de l’eau et del’assainissement, qui vont d’investissements directsdans des installations de stockage de l’eau à un soutien

Encadré 34 - La Facilité africaine de l’eau de la BAfD

La FAE est une initiative pilotée par le Conseil des ministres africains chargés de l’eau (AMCOW) afin de combler les besoins de

financement. Instaurée dans le cadre de la Vision africaine de l’eau et des OMD, la FAE est, à la demande de l’AMCOW, hébergée par

la BAfD. Le comité consultatif des gouverneurs de la BAfD a approuvé l’instrument portant création de la FAE en 2004. Les démarches

visant à sa création ont démarré en 2005 et ses activités proprement dites en 2006. Les sommes engagées à ce jour tournent autour de

60 millions d’euros, fournies par l’Autriche, le Canada, le Danemark, la France, la Norvège, la Suède et l’UE. La FAE a pour principal

objectif d’instaurer un cadre propice de manière à attirer davantage de ressources dans le secteur de l’eau : l’accent est mis sur les politiques,

les stratégies, les systèmes d’information, le suivi et l’évaluation, le partage de connaissances et la préparation de projets.

Après une année de fonctionnement, 14 projets ont été approuvés en 2006 pour un budget total de 9 millions d’euros. Sur ces 14 projets,

trois ont trait à la mise en œuvre de politiques GIRE à l’échelon national ; cinq œuvrent à l’introduction d’initiatives et de programmes

de gestion transfrontalière des ressources hydrologiques ; trois concernent la préparation de programmes/projets relatifs à l’approvisionnement

en eau et à l’assainissement, qui donneront lieu à des investissements sectoriels immédiats ; et les trois derniers sont des investissements

limités conçus pour catalyser d’autres ressources ou pour introduire des technologies novatrices.

La BAfD doit désormais accélérer la mise en œuvre des projets approuvés et démontrer l’efficacité et la valeur ajoutée de la FAE. Les

demandes vont croissant. Faute de personnel et de ressources suffisants, plusieurs projets viables n’ont pas pu être étudiés. Pour remédier

à ce problème de capacités, la FAE devra surtout compter sur les engagements pris par les pays membres de détacher du personnel temporaire.

La FAE a également conçu un document stratégique pour faciliter la mobilisation de moyens supplémentaires.

À l’avenir, la FAE devra œuvrer à trois priorités :

- constitution et consolidation de portefeuille : la FAE poursuivra la mise en œuvre de portefeuilles de qualité, via la préparation de

projets viables et la création de canaux pour les futurs investissements, afin de garantir un traitement et une gestion efficace des

activités opérationnelles ;

- création de partenariats : la FAE poursuivra ses campagnes de sensibilisation et de création de synergies, en établissant des partenariats

entre notamment les organisations de bassins versants et d’autres organismes aux objectifs similaires ;

- mobilisation de ressources supplémentaires : la FAE soutiendra les activités qui créent un environnement propice à d’importants

investissements de toute origine, y compris les financements commerciaux, de concert avec d’autres partenaires. Pour ce faire, elle

appuiera les cadres politiques et réglementaires qui défendent la participation du secteur privé, les redevances des usagers et la génération

interne de capitaux pour les investissements dans le secteur de l’eau.

Source : Direction de l’eau et de l’assainissement de la BAfD.

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Perspectives économiques en Afrique© BAfD/OCDE 2007

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Vue d’ensemble

aux prestataires de services en passant parl’intermédiation financière au travers de l’assistancetechnique. Elle a aussi conçu deux initiatives spécifiquespour favoriser une augmentation des financements à

ce secteur : la FAE (Facilité africaine de l’eau) et l’IAEAR(Initiative pour l’alimentation en eau et l’assainissementen milieu rural.

Encadré 35 - L’initiative de la BAfD pour l’alimentation en eauet l’assainissement en milieu rural

L’IAEAR a été élaborée en 2002 par la BAfD en réaction au défi de la réalisation des OMD en Afrique. Elle a pour objectifs

d’accélérer l’accès aux services d’eau et d’assainissement dans les zones rurales pour atteindre un taux de 80 pour cent en 2015 et d’élargir

la couverture de ces services à respectivement 277 millions (eau) et 295 millions (assainissement) d’Africains pour un montant global de

14.2 milliards de dollars, décaissés en trois phases. La première phase (2004-07) devrait ressortir à quelque 4.6 milliards de dollars, la

deuxième (2008-10) à 4.2 milliards et la troisième (2011-15) à 5.4 milliards. La BAfD s’est engagée à financer 30 pour cent des besoins

et incite d’autres parties prenantes à contribuer aux 70 pour cent restants : 50 pour cent seraient assumés par les bailleurs multilatéraux

et bilatéraux ; 15 pour cent par les gouvernements ; et 5 pour cent par les communautés bénéficiaires.

La stratégie IAEAR implique : de sensibiliser à la situation de l’IAEAR en Afrique ; de mobiliser des moyens auprès des bailleurs,

des PMR (pays membres régionaux), des ONG et des communautés ; d’adopter des mécanismes accélérés pour la préparation et la mise

en œuvre de programmes nationaux ; d’adopter une stratégie de programmes axés sur la demande ; d’accorder la priorité à l’assainissement,

en privilégiant l’hygiène et l’éducation à la santé ; de s’assurer de la participation des bénéficiaires, en particulier des femmes, au moment

de concevoir et de mettre en œuvre les programmes ; et de garantir la pérennité grâce à des technologies adaptées.

La BAfD a obtenu des résultats significatifs depuis qu’elle a commencé à soutenir des programmes IAER, en 2003. À ce jour, elle a

approuvé le financement de 14 projets IAEAR, pour un montant global de 536 millions de dollars ; elle devrait en approuver cinq autres

d’ici la fin 2007, portant le montant de ses financements à 803 millions. Ces programmes devraient permettre à 32.5 millions d’habitants

d’ici 2010 à accéder à des services d’eau et d’assainissement. Une augmentation de 43 pour cent des ressources du FAD a permis de

multiplier par cinq les prêts annuels de la BAfD en faveur de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement, passant ainsi de moins

de 70 millions de dollars avant 2003 à environ 330 millions actuellement. De nombreux bailleurs, comme le Danemark, la France, les

Pays-Bas et le Royaume-Uni, ainsi que certains gouvernements africains ont augmenté leurs financements au secteur de l’eau. D’autres

ressources sont disponibles via un fonds fiduciaire IAEAR multi-bailleurs créé au sein de la BAfD par le Danemark, la France et les Pays-

Bas, pour un montant total de 90 millions d’euros. En outre, l’IAEAR poursuit ses campagnes de sensibilisation à l’état désastreux des

infrastructures du secteur en Afrique et à l’incidence de cette situation sur la santé, l’éducation, la parité entre les sexes, la pauvreté et,

partant, les OMD. La création d’une Direction de l’eau et de l’assainissement au sein de la BAfD – une première – a permis d’assurer

une meilleure coordination des initiatives en la matière et une utilisation optimale des ressources.

Plusieurs grandes difficultés persistent : la poursuite de l’augmentation du financement du secteur de l’eau par la BAfD, les bailleurs

et les gouvernements africains ; le renforcement du personnel au siège de la BAfD et dans les bureaux sur le terrain ; l’amélioration des

processus métiers de la BAfD ; la priorité à accorder à l’assainissement ; le renforcement des capacités locales (autorités, communautés,

entreprises, artisans et consultants) ; l’introduction de chaînes d’approvisionnement fiables ; et l’amélioration des systèmes de suivi et

d’évaluation.

Source : Direction de l’eau et de l’assainissement de la BAfD.

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