Voyageur Du Levant

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Ebersolt, Jean. Constantinople byzantine et les voyageurs du Levant, par Jean Ebersolt,.... 1918.

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PREFACE

avec Rome et Jrusalem une Constantinople^fsi des trois viltX-inystiques, qui ont hant de tout temps l'esprit et Vimagination des hommes. Jusqu'au moment o, en 4453, les Turcs s'y installrent en matres, la Nouvelle Rome, comme on l'appelait, fut un de la vie intellectuelle, artisdes ples d'attraction tique et religieuse. Elle attire d'abord elle ceux par la foi religieuse, qui, anims exclusivement venaient adorer les reliques que les empereurs byzantins avaient accumules dans leur capitale- Puis ce sont les plerins du savoir, avides d'largir l'horizon de leurs connaissances. D'autres, qui y sont amens saisispar des raisons politiques et diplomatiques, sent l'occasion de leur voyage pour faire des enqutes scientifiques. La plupart de ces voyageurs, sous l'impression des merveilles qu'ils avaient contemples, rdigrent des rcits, qui furent lus avec avidit en leur temps un voyage par ceux qui ne pouvaient entreprendre Ces relations de voyag en Orient long et pnible. une bibliothque entire; mais, part rempliraient quelques productions clbres, ce sont pour la plupart des livres qu'on ne lit pas toujours jusqu'au bout, qu'on ne relit jamais. Qu' il s'agisse de voyages ou bien de voyages et de naturalistes d'archologues tout chargs de politique et de discussions religieuses, les anecdotes o l'on raconte en dtail les

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PREFACE

difficults et les dangers dont on s'est tir, l'num' ration minutieuse des longues tapes de la course, Vamas d'observations sans ordre et sans choix, ce sont l des traits qui caractrisent toutes ces narrations anciennes. Peu peu, avec le temps, on apprend le mtier de voyageur, la curiosit s'veille, l'observation devient plus prcise, traduit l'expression mieux la pense et fixe le dtail. Mais il faut descendre jusqu' aux temps modernes pour trouver des rcits clairs, exacts et ordonns. Ces relations o l'auteur anciennes, s'employait surtout dcrire les coutumes politiques et les moeurs, les dogmes et les pratiques- du culte, les vnements importants ou les menus faits, Sont nanmoins une source prcieuse dont on d'information n'a pas jusqu'ici tir compltement parti. Si ces narrateurs font, chacun leur partie dans le concert des voix, qui clbrent les mosques et les minarets, ils ont vu aussi autre chose. Assurment les recherches n ont t souvent pour eux que l'acarchologiques cessoire ; mais leurs observations sur des monuments, qui ont t mutils depuis ou qui ont disparu sans laisser de trace, contribueront faire mieux connatre la cit du moyen ge. Celle-ci se reflte, il est vrai, dans leurs rcits comme dans un miroir bien imparfait. Cependant Parmi l'image est fidle, si elle n'est pas complte. les impressions le plus souvent qu'ils ont traduites sans esprit critique, on pourra discerner certains traits de ce vieux monde oriental, qui est immuable, et projeter quelques clarts nouvelles sur une ville, qui, plus qu'aucune autre, a souffert des injures du des hommes. temps et des mutilations

PREFACE de ces glises converties Il y a dans la dsolation en mosques, de ces palais en ruine, de ces remparts une posie mouvante, millnaires, nglige trop dociles aux souvent par les plerins exclusivement De nos jours le spectacle de de l'islam. attraits offre aux voyageurs une si /prodiConstantinople gieuse varit de visions et de souvenirs que le pass du prsent. C'est ce pass est partout insparable cerque l'on doit voquer, si l'on veut comprendre nouvelles ou renouveles. Saintetaines ralits So/ihie, encore debout dans sa splendeur gigantesque, domine toujours les btiments dj caducs du Vieux-Srail. J.E. Les gravures dont la provenance des photographies que reproduisent n'est pas indide l'auteur.

INTRODUCTION

Situation de"Constantinople.Son caractre cosmopolite. Sa fondation et son dveloppement. Action destructive du temps et des hommessur les monuments byzantins.1Monumentsde l'architecture militaire,civile et religieuse,qui ont chapp la ruine totale. Les relationsde voyage. Ce qu'ellesapportent de nouveau l'histoire monumentalede la ville. Avec son magnifique joyau, la Corne d'Or, qui y faisait affluer les? richesses du monde entier, Constantinople tait destine prendre le caractre essentiellement cosmopolite de tous les ports. Ce grand port est par sa situation le carrefour des grandes routes maritimes de la Mditerrane et de la mer Noire. On verra les voyageurs de tous les pays d'Occident y venir aborder par la Marmara, en suivant les routes parcourues de tout temps par les vieilles populations mditerranennes. Le Bosphore, qui est un des dtroits les plus mouvements d l'univers, y amnera les plerins venus de l'Orient par la mer Noire, aprs avoir descendu les grands fleuves qui s'y jettent, le Danube, le Dniester, le Dnieper et le Don. Carrefour des grandes routes maritimes, ConstanElle tinople l'est aussi des grandes routes terrestres. est l'aboutissant de la voie diagonale qui traverse

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l'Europe, et c'est cette route que suivront les peuples d'Occident pour prendre contact avec l'Asie, la terre des anciennes civilisations. Situe au sommet du triangle, qui fait face au rivage asiatique, Constantinople forme un pont entre l'Europe et l'Anatolie. Aussi cette ville devait-elle prendre un dveloppement prodigieux ; elle devait tre le centre o se toutes les civilisations. Successivement rejoignent grecque, romaine, byzantine et turque,.elle a toujours sembl aux mains de ses possesseurs n'tre qu'une proie conquise qu'une autre conqute peut saisir son tour. Cette superposition de quatre civilisations a cr cette ville trange, moins pure qu'Athnes, moins riche que Rome, mais tourmente, passionnante, nigmatique. Stamboul est. constell de mosques. Aujourd'hui Ce sont elles, qui donnent la ville son caractre, son fin et grave profil, que dessinent la rondeur des coupoles et les pointes ariennes des minarets. Lorsqu'il l'aperoit pour la premire fois de la mer, le voyad'Orient, geur prouve une impression surgissant tout coup dans une splendeur bizarre, dans l'enchantement de l'tincelante lumire. Ce n'est pas seulement dans ses monuments les plus clbres qu'on peut aimer cette ville. A ct des grandes mosques et des palais ottomans, il y a les mosques humbles et fraches, les petites places ombrages par de vieux platanes, les rues troites et silencieuses ; il y a aussi de grands espaces incultes et d'autres pleins de verdure, et surtout les champs des morts, o la masse sombre des cyprs monte dans l'atmosphre lgre et miroitante. Et puis ce sont tous ces visages de races de peuples sur les diffrentes, tout ce grouillement

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quais, dans les boutiques elles ddales du bazar. Partout le voyageur trouve de quoi satisfaire sa passion de l'Orient sous toutes ses formes et sous toutes ses d'ombre et de couleurs, dans tous ses contrastes lumire, de bruit et de silence. L'islam a marqu d'une forte empreinte cette vieille

Fio. i. La Poiie Dore. Vue d'ensemble. terre byzantine. Mais sous son enveloppe on dcouvre bien vite son long pass. ments d'un autre Age sont encore debout tmoins des traditions, des croyances peuple, l'enveloppe adquate et expressive socit. Lorsque, aprs sa victoire sur Licinius, le Grand eut choisi sa nouvelle capitale, musulmane, Des monu; ils sont les d'un autre d'une autre Constantin il fit corn-

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des principaux dimencer, ds 32.5, la construction fices, afin que la ville ft prte pour l'inauguration solennelle, qui eut lieu le 11 mai 33o i. La ville se couvrit aussitt de monuments somptueux ; elle fut divise en quatorze rgions l'imitation de Rome ; comme Rome elle tait assise sur sept collines 2. Depuis cette date jusqu' la prise de Constantinople en 1453, les empereurs grecs ne par les Ottomans, cessrent d'embellir leur capitale. L'occupation de la ville par les Croiss d'Occident, en 1204, et le pillage ce long travail. Certes qui s'ensuivit 3, interrompirent la ville eut souffrir beaucoup de la part des Latins, ni les difices ni les oeuvres d'art ; qui ne respectrent mais les tremblements de terre, les incendies firent aussi subir des dommages importants aux monuments. Et les empereurs byzantins eurent assumer une tche continuelle de rparation et de restauration. De 33o 14.53, on ne compte pas moins de huit de terre importants i. Les incendies tremblements furent encore plus nombreux. Certains sont purement locaux et n'endommagent qu'un ou deux difices. D'autres prennent des proportions plus vastes et 1 Cf. J. Maurice,Les Origines de Coiisfanlinop/e(Centenairede la Socitnationaledes Antiquairesde France, 1804-1904, 281s.). p. 2 Cf. Notitia urbis' Constantinopolitanaedans Notifia dignitatum, dit. O. Seeck,Berlin,1876, . 230-243;V. Schultze, Allchristp liche Stdte und Landschaften : I Konstantinopel(324-450), Leipzig, 19l3, p. 175 s.; Leclercq,Art. Byzance dans Cabrol, Dictionnaire d'archologie chrtienne et de liturgie; Kubitschek,Art. Byzantion dans Pauly-Wissowa,Real-Encyclopdie. :i Cf. J. B. Cotelerius,Ecclcsiacgraccac monumenta, Paris, 1686, 5io-5i2. p. 4 Cf. J. Dick,Die Erdhehen von Konstantino/iel, Laibach, 1904, p. 20, 32 s.

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parfois mme plusieurs dtruisent tout un quartier, l'aspect de la quartiers, modifiant ainsi partiellement ville d. Ces incendies ont continu leur oeuvre malfaiturque. sante sous la domination comme les chroniqueurs Les voyageurs noteront, qui ont enlev la capitale byzantins, ces catastrophes une grande partie de sa beaut ancienne. Ils noteront aussi dans leur journal de voyag les atteintes portes aux monuments par la main des matres actuels de la ville. Ils criront eux-mmes, sicle par sicle, l'histoire des monuments byzantins depuis que le croissant a supplant la croix. Histoire si mouvante que l'on s'tonne de retrouver quelques restes debout, conserves dans cette quelques reliques prcieuses, grande, multiple et unique merveille qu'est Constantinople ! Ces restes sont cependant d'une importance capitale. L'architecture militaire, civile et religieuse est encore reprsente Stamboul par des spcimens de premier ordre. Les murs d'enceinte rvlent encore toute l'importance du rle que Constantinople a jou dans l'histoire de la civilisation. Ils ont t le rempart contre lequel se sont brises les attaques multiples des barbares venus du Nord et de l'Est. Lorsqu'il eut transfr sa capitale dans l'ancienne Byzance, Constantin l'avait agrandie et avait lev de nouvelles fortifications. Mais bien vite la ville devint trop troite 2. Sous Thodose II (408-4.50) la limite fut encore repousse ' Cf. F. W. Unger, Quel/en der byzantinischen Kunstgeschichte, Vienne, 1878,p. 74 s. 2 Cf. Th. Piger, Studien znr TopographieKonstantinopels. Die Konstantinsmauer (By/.antinische Zeitschrift,t. XIX, 1910,p. 450s.).

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l'ouest et le mur actuel fut lev. Ces ouvrages de dfense comprennent les murs maritimes sur la (-orne d'Or et sur la Marmara, et le mur terrestre depuis la mer jusqu'aux ruines du palais byzantin, connu sous le nom de Tekfour Serai*. Les murs maritimes sont forms d'un seul rempart, flanqu de tours et accs des dbarcaperc de portes, qui donnaient

Fio. 2. Mur de[la[Marmara. dres et des ports. La muraille terrestre est constitue par trois lignes de dfense: le grand mur intrieur flanqu d'normes tours ; le petit mur avec des tours de dimension moindre; en avant le foss. Elle est perce de portes publiques, qui reliaient les principales rues de la ville aux routes de province, et de videmportes militaires, plus troites, construites

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un accs ment dans le but de donner aux dfenseurs libre et facile. tait immenses de ces fortifications L'entretien attestent d'une importance capitale. Les inscriptions de mainle souci constant qu'ont eu les empereurs tenir le systme de dfense toujours en tat. Les furent causs par les dommages les plus importants

FlO.3. Vue prise d'une terrasse du Grand Palais. tremblements de terre. Sicle aprs sicle, les empereurs rparrent les brches et les lzardes du vieux mur du v" sicle. Quelques-uns firent plus. Ils construisirent des parties entirement nouvelles. A l'angle nord-est de la ville, au quartier actuel d'Evan Sra, les remparts ne prsentent plus de continuit ni d'homognit ; le mur thodosien disparat brusquement. La ligne de dfense est forme, dans sa

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plus grande partie, par un simple mur sans foss. Prs de la Corne d'Or, Hraclius, au vn sicle, puis Lon l'Armnien, au ixe sicle, levrent des lignes de dfense formant une vritable cidtelle. Plus loin Manuel Comnne, au xii" sicle, construisit un rempart massif, flanqu de tours trapues. Les empereurs de la dynastie des Palologues rigrent aussi de ce ct un mur et des tours carres. Mais les fortifications de l'poque de Thodose II subsistent encore dans leur plus grande partie. Bien que les souverains aient reconstruit ici et l des pans de murs ou des tours effondres, les murailles terrestres ont conserv dans l'ensemble leur aspect primitif. Les murailles maritimes ont beaucoup plus souffert ". Parmi les portes, qui donnaient accs la capitale, la plus grande, la plus imposante de toutes tait la Porte Dore. C'tait l'entre officielle, celle sous laquelle passaient les basileis lorsqu'ils revenaient d'une campagne victorieuse. Elle subsiste encore mais dpouille de presque tous ses ornements. On y a reconnu un arc de triomphe construit par Thodose le Grand aprs sa victoire sur Maxime en 388. Cet arc trois ouvertures, aurait exist avant monumental, la construction des murs de Thodose IL II aurait t cette poque enclav dans la nouvelle enceinte et l'on aurait difi en avant les propyles, constitus

1Cf. A. van Millingen, Byzantine Constantinople. The xuallsof the city and adjoining historical sites, Londres,1899, . i5 s., 40 s., p E 95 s., n5 s., 164s.; Mordtmann, squisse'topographiqude rwf.sp tantinople, Lille, 1892, . 11s.

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par une porte, flanque de deux colonnes et de deux ailes '. de l'architecture civile La plupart des monuments n'ont pas chapp la destruction totale. Du Grand Palais que Constantin difia prs de l'Hippodrome, l'actuelle place de FAt-Medan, il ne reste que des ruines et des souterrains. Cette immense agglomration de cours, de galeries, de pavillons et de jardins, de coupoles, occud'glises et de salles, surmontes successifs tout le pait la suite d'agrandissements terrain, qui s'incline en pente douce de l'Hippodrome jusqu' la mer. Son entre principale faisait face Sainte-Sophie 2. Au-dessus du mur maritime subsiste un difice en ruine, avec une faade s'ouvrant sur la mer par de grandes portes, donnant accs un balcon 3. Cet difice, connu gnralement sous le nom de Maison de Justinien , a t remani. Certaines portes ont t de marbre ne prsentent mures ; les chambranles ni dans leurs dimensions, ni plus d'homognit, dans leur ornementation, ni dans leur profil. Cette 1Cf. J. Strzygowski,Das goldene Thor in Konstantinopel(Jahrbuchdes Kaiserlicbdeutschen archaeologischenInstituts, t. VIII, 1893, . 1 s.); A. van Millingen,op. cit., p. 5g s. ; C. Gurlitt, Die p Baukunst Konstantinopels, Berlin, 1907,p. 2, 3, pi. 1. Cesconclusions sont contestespar E. Weigand(Mitteilungendes Kaiserlicb deutschen I arcbaeologischennstituts,t. XXXIX,JAthnes, p. 1 s.). 1914, D'aprs lui l'inscriptionlatine se rapporterait non pas Thodose le Grandmais ThodoseII. La Porte Doreaurait donct construite la mme poqueque le mur. 2 Cf. .1.Ebersolt, Le Grand Palais de Constantinopleet le livre des Crmonies, Paris, 1910; J. Ebersoltet A. Thiers, Les ruines et les substructions du Grand Palais des empereurs byzantins des et rendusdes sancesde l'Acadmie Inscriptions Belles(Comptes Lettres,1913,p. 3i s.). :i Cf.C. Gurlitt,op. cit., p. G,7, fig. 15.

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faade a du subir des restaurations dj l'poque byzantine. Plus loin que le balcon, dont quelques supports sont encore en place, s'ouvre une triple de arcade soutenue par deux colonnes surmontes chapiteaux, qui par leur style datent du vi sicle '. Dans la tour d'angle voisine sont encastrs des fts de colonnes et un chapiteau de la mme poque. on voit encore Tout prs, dans le mur maritime, du d'un grand entablement fragments plusieurs v sicle 2. Du ct oppos la mer, l'difice est aussi dans un tat de profonde dgradation ; les salles, votes s'croulent ; les murs ont t coups. Dans l'tat actuel il est difficile de connatre l'ordonnance de ce palais et de l'identifier, comme on l'a fait, soit soit avec avec le palais de Justinienou d'Hormisdas, le palais de Thodose II ou du Boucolon 3. Du palais des Blachernes, qui tait situ l'autre extrmit de la ville, au quartier actuel d'Evan-Sra, il lie reste rien debout. L'difice en ruine, qu'on appelle aujourd'hui Tekfour Sra, serait une annexe de l'ancienne demeure des derniers empereurs byzantins, qui firent des Blachernes la rsidence habituelle ont de la cour *. Les voyageurs et les archologues 1 Cf. .1.Ebersolt,Rapport sommairesur une Mission Constantinouvellesrie, fasc.3, Paris, nople(Extraitdes Missionsscientifiques, 1911, . |5, pi. XIV, fig. 20). p 2 Cf..L Ebersolt, Mlangesd'histoire et d'archologiebyzantines, Paris, 1917,p. 120-121, II, lig. 2, G. pi. 3 Cf.A.van Millingen,op. cit., p. 269s., 274; Mordtmann,op. cit., p. 54; A. Zanotti, Autour des murs de Constantinople,Paris, 1911, p. 112s., 1.53s. '' Cf. A. van Millingen,op. cit., p. 109 s.; C. Gurlitt, op. cit., p. 8-10,lig. 17, 22, 33; W. Salzenberg,Allchrislliche Baudenkmale X von Constanfinopel,Berlin, 1S54,p. 3Gs.,pi. XXXVII, XXVIII

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les plus aussi mis sur cette ruine les opinions diverses. habits par Si les palais, qui furent successivement les anciens matres de la ville, ont disparu en ne laissant que quelques traces, les petits palais les familles

FIG.4. L'emplacement l'entre du Grand Palais. de les maisons des princires et des hauts personnages, n'ont laiss sur le sol aucun vestige particuliers authentique. Les monuments civils sont reprsents par l'Hippodrome, qui fut construit par Septime Svre, puis embelli et complt par Constantin '. Les parties qui subsistent de cette immense arne, occupe aujourd'hui par la place de l'At-Medan, sont le grand mur 1 Cf.J. Ebersolt, Le Grand Palais de Constantinople. p. |3.

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de soutnement, qui termine l'Hippodrome du ct de la mer et, sur le ct nord-ouest, une galerie parallle l'ancienne piste 1. De l'ancienne dcoration il ne reste en place que les trois monuments, qui ornaient la spina. La Colonne serpentine, qui porta le trpied de Delphes, fut place sous Constantin le Grand 2. L'Oblisque gyptien fut rig par Thodose le Grand, en 3go, sur un pidestal dcor de sculptures 3. L'Oblisque de pierre, connu aussi sous le nom de Colosse, fut restaur au x sicle, sous le rgne de Constantin Porphyrognte *. Les monuments honorifiques, levs par les empereurs sur les places publiques, sont rduits aujourd'hui un bien petit nombre. La Colonne en porphyre de Constantin le Grand .appele vulgairement Colonne brle, se dresse dcouronne et calcine par les incendies, sur un carrefour de Stamboul, o de l'ancien forum de elle indique l'emplacement

de ren'Cf. A.'Thiers, L'Hippodrome Constantinople (Comptes dus des sancesde l'Acadmiedes Inscriptions et Belles-Lettres, 1913,p. 38-3g). 2 Cf. O. Frick,Vas pataeische Weihgeschenk Konstantinopel zu 1 (Jahrbucher fur classische Philologie,III Supplementband, S571860,p. 5i3 s.). 3 Cf. F. W. Unger, Ueberdie vier Kolossal-Siiulen Constanin t. tinopel (Repertoriumfur Kunstwissenschaft, II, 1879,p. 126); O. M. Dalton, Byzantine Art and Archaeology,Oxford, 1911, p.''144. Cf.B. Paluka, Die Saule Konstantms VUPorphyrogennelos auf demHippodromzu Konstantinopel(Bj'zantinischeZeitschrift, t. V, 1896,p. i58 s.) ; E. A. Grosvenor,The Hippodrome Consof tantinople and its slill existing Monuments,Londres,1889,p. 5i. L'inscriptionretrouve sur le pidestal,ne parle pas de l'rection du Colosse,commeon le croit gnralement,mais d'une restauration.

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Fio, .). Ruinesdu Grand Palais. Pavillond'escalier.

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Constantin 1. La Colonne qu'Arcadius rigea, en 403, sur la place du Xrolophos, n'a conserv que son pidestal, qvii se dresse, mutil, dans le pauvre quartier d'Avret-Bazar 2. La Colonne de l'empereur Marcien (450-457), dgage rcemment par un incendie, a conserv dans son ensemble son aspect primitif 3, de mme que la Colonne, qui s'lve dans les jardins du Vieux-Srail. Les uns attribuent cette dernire Claude II le Gothique (268-270), les autres Thodose le Grand (379-395)''. Les autres monuments de la vie civile, thermes, hospices, htelleries, marchs, portiques, magasins et entrepts, tribunaux, difices d'administration publiont disparu de que, tablissements d'enseignement, la surface du sol actuel. Cette grande ville, qui tait en mme temps un grand port, avait aussi des ponts, des jetes, des ateliers de construction et de rparation, des arsenaux, des phares. Elle tait pourvue des moyens pour fermer les ports, pour amarrer les vaisseaux sur les quais. 1 (X Unger,loc. cit., p. 110; Th. Reinach,Commentairearchologiquesur le pomede Constantinle Khodien (Revuedes Eludes grecques,t. IX, 1S96, . 71 s.). p - Cf. Unger, loc. cit., p. 121;.1. Strzygowski, Die Saule des Arkadius in Konstantinopel(.Jahrbuchdes Kaiserliclideutschen L Instituts, t. VIII, i8 O Pi c en C r < 2

de 1 FIG. i3. Substructions Hippodrome.

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CONSTANTINOPLl 1YZANTIN1

terminent l'un de ses principaux ouvrages : C'est ma tnacit, c'est l'honntet de ma tche qui m'ont toujours pouss et soutenu, confirmant ce jugement des Platoniciens, qui enseignent qu'il n'y a de limite la recherche du vrai que sa dcouverte, et qu'il est honteux de se plaindre quand ce que l'on cherche est si beau. il comprend aussitt Arriv Constantinople, quelle doit tre sa tche, Chaque jour, dit-il, des monuments anciens sont dtruits ; un vieillard ne se rappelle mme plus ce qu'il a vu tant enfant. Le nom des lieux o s'levaient ces difices est mme oubli. Ce n'est pas sans peine qu'il explore la ville. Non seulement les Turcs mais les Grecs eux-mmes font obstacle ses recherches 4. Mais il surmonte ces andifficults, car tout l'intresse : des monuments ciens dcrire, des moeurs curieuses observer et une mer d'une richesse surabondante. avec De i544 i547, il se livre ses recherches assiduit; mais, bout de ressources, il est oblig de s'enrler comme soldat dans les troupes de. Suleman II, qui tait alors en guerre avec la Perse. L'arme turque s'tant mise en campagne en mars 1548, Gylli vient prendre ses quartiers d'hiver Alep ; l, il crit ses amis, qui lui envoient de l'argent pour l'ambassadeur du acheter son cong. M. d'Aramon, roi, qui avait aussi accompagn l'expdition du sultan en Perse 9, prend avec lui Gylli, enfin libr, et l'em' Cf. Ptri GylliiDe topographia Constantinopoleoset de illiux atitiquitatibus libri quatuor, Lyon, i56l, p. 242s. 2 Cf. Elephanti nova descriptio inissa. ad reverendissimum cardinalem Armaignacum ex urbe Berrhoea Syriaca author Petro Gillio. Cette lettre est insre la suite de l'ouvrage de P. Gillius, Aeliani de Hisloria animalium libri XVI], Lyon, i565, p. 499.

KT LUS VOYAGEURS U LEVANT O

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mne en Palestine et en Egypte, d'o il regagne, par Jrusalem, la Syrie et l'Asie Mineure, Cnstantinople o il arrive en janvier i55o i. Pierre Gylli revient en France la mme anne. A peine arriv, il se rend le cardinal d'Armagnac. Rome, chez,son protecteur, Il tait occup mettre en ordre ses notes de voyage, lorsqu'une fivre violente l'enleva, eni555, l'ge de de la de soixante-cinq ans. L'infatigable explorateur Nouvelle Rome trouva son repos dans l'Ancienne Rome, o son bienfaisant patron et Mcne lui fit lever un tombeau -. Son neveu Antoine Gylli dita, en i56l, les deux ouvrages de son oncle, le Bosphore de Thraces et la Topographie de Cnstantinople, et les ddia Georges d'Armagnac. Pierre Gylli met d'abord en relief avec une nettet singulire la situation gnrale de la ville. Il n'y a rien de comparable au Bosphore, qui s'coule couronn de collines s'levant insensiblement sur des valles de la plus douce pente, partout ombrages de de vergers, enrichies bosquets, partout charges de fleurs, de fruits et de jardins ferd'arbrisseaux, tiles . Quant Byzance, le premier et le plus rare de ses avantages est d'tre entoure de trois mers riches en ports excellents : la Propontide au Midi, le dtroit du Bosphore l'Orient, au . septentrion son propre port, golfe trs sr . Toutes les villes du

1 Cf. J. Chesnati, Voyage de M. d'Aramon en Perse, en 154S, dansJ. Chesnau, Le Voyagede M. d'Aramon, ambassadeur pour le l^oy en Levant, dit. par Ch. Schefer, Paris, 1887,p. 55 s., l5. 2 Cf. P. Gyllii De Topographia Constantinopoleoset de illius antiquitatibus libri quatuor, Lyon, l56l, prface. :i Cf. P. Gyllii De Bosporo Thracio libri trs, Lyon, i56i.

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monde priront, mais tant qu'il y aura des hommes, celle-ci sera immortelle 1. Pour la premire fois, Cnstantinople est l'objet d'une tude systmatique. Ce n'est plus une simple relation de voyage, mais un livre ordonn. Aprs avoir retrac l'histoire de la fondation de Byzance, l'auteur dcrit les monuments, colline aprs colline, rgion aprs rgion, et s'efforce de faire une monographie de chaque difice existant ou disparu. Il cite une quantit d'auteurs anciens et fait preuve d'une rudition considrable pour son poque, bien qu'il n'ait pas pris le soin de donner les rfrences exactes des sources. L o son ouvrage prsente peut-tre le plus d'intrt pour nous, c'est quand il dcrit ce qu'il a vu. Car son regard a une singulire acuit, lorsqu'il n'a pas t gn dans ses observations. Si son rudition a t dpasse, il n'en demeure pas moins un des auteurs qui fut le plus consult au xvi sicle et aux sicles suivants, et qui reste une autorit incontestable pour tous ceux qui s'intressent aux choses de Byzance. De Sainte-Sophie, il fait une description exacte au et mentionne plusieurs point de vue architectural d'or, mais sans les dcrire. Il reprises les mosaques donne pour la premire fois des renseignements prcis sur les monuments de l'Hippodrome : ce sont d'abord l'Oblisque de Thodose et l'Oblisque de pierre, dont il a copi les inscriptions 2. Sur la mme 1 Cf. Description du Bosphore et de la ville de Cnstantinople traduite de Pierre Gilles par le comte d'Hauterive dans Buclion, Collectiondes Chroniques nationales franaises, t. III, Paris, 1828, p. 307,3i3, 321. 2 Cf. P. Gyllii De topoqraphia Constantinopoleos, Lyon, i56l, p. 64 s., 83 s., 87-89.

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-^1 Photo. Sebah FieLa de 14. l'At-Medan. place

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du ligne que ces oblisques, dans l'axe longitudinal L'une en marbre Cirque, il indique sept colonnes. sur laquelle Ibrahim pacha avait plac une statue d'Hercule en bronze, provenant de Hongrie et qui fut renverse par les Turcs aprs la mort du pacha. Une autre colonne de bronze est celle aux trois serpents, bien connue. Il existait donc dans la premire moiti de l'Hippodrome six du xvi sicle sur la spina colonnes, qui ont disparu '. Mais il y a plus. Quand Pierre Gylli arriva Cnstantinople, l'Hippodrome n'avait pas l'aspect dnud de l'actuelle place de l'AtMedari. Du ct de la mer de Marmara, au-dessus des substructions du Cirque (fig. i3), subsistait toujours un portique de dix-sept colonnes en marbre blanc, soutenant avec leur base, leur chapiteau corinthien, une architrave (fig. 15). Ces colonnes furent renverses pendant le sjour de l'explorateur pour di Et maintefier un hospice de sultan Suleman. est dpouill nant, dit-il, le Cirque de Cnstantinople de tous ces ornements -. Non loin de l un autre monument avait galement qui avait excit disparu, la Colonne de Justinien, de tous les voyageurs de l'ge prcdent. l'admiration que la base, prs de l'angle sudGylli n'en vit'plus ouest de Sainte-Sophie 51.Prs de cette glise, sur 1 Cf. lbid., p. 89-91. 2 Cf. lbid., p. 91-92,94. 3 Cf. lbid., p. 103.Sur une vue vol d'oiseau publie par Hartmann Schedeldans sa Weltchronik, Nuremberg, 149.3,on aperoit la Colonne de Justinien, et on lit sur la gravure que, le 12juillet u 1490, ne violentetempte s'tant abattue sur Cnstantinopley avait caus de grands dgts; une partie de la Colonne de l'empereurConstantin serait tombe cette date. Comme la Colonne en porphyre de Constantin existe encore, il s'agirait de la Colonne d Justinien.

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il signale encore l'ancienne place de l'Auguston, sur le ft de l'une corinthiennes; ;ept colonnes le Grand, d'elles tait inscrit le nom de Constantin et l'inscription : sv TTO) vUa. Et avec son tendard les restes du portique, l'auteur y voit fort justement autrefois cette place clbre 1. La qui entourait

le Fig. i5.^L'Hippodrome~d'aprs dessin de. Pieter Koeck*!'van alst. A ("olonne en porphyre forum de Constantin sur l'emplacement de l'ancien n'avait pas alors sa base entou-

(.ette dernire serait donc tombe une cinquantaine d'annes avant l'arrivede Pierre Gylli. Cf. von Loga, Die Stiidteansichten in Hartman Schedels Weltchronik (Jahrbuch der Koniglich preussisilien Kunstsammlungen,t. IX, |888, p. 194).Une autre vue de la mmeChronique a t publie par Th. Reinach (Revue des Etudes grecques,t. IX, 1896,p. 102). Ct. P. Gyllii, op. cit., p. 111-11.2. sait que [Constantin avait 'On

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re d'un grossier revtement de maonnerie (fig. 12). Son soubassement dgag reposait sur quatre degrs en marbre i. Gylli a assistla disparition d'autres oeuvres d'art. Sur iapremire colline il a vu, prs de la manufacture de verrerie du sultan, un oblisque en pierre thbaque, qui fut renvers bientt aprs et achet par un noble Vnitien 9. Sur la cinquime colline se dressait une colonne de marbre, d'un surmonte corinthien. Notre voyageur la vit transchapiteau de la mosque de porter pour servir l'rection Sultan Suleman 3, Sur la quatrime colline il signale une colonne toute semblable la prcdente, et ayant sa base dcore d'un cercle de laurier, semblable celui del Colonne d'Arcadius i. Cette dernire, le savant d'Albi put l'tudier loisir. Il en mesure les pierres les mies aprs les autres ; il compte les marches de l'escalier intrieur, qui donnait accs au sommet. Mais ce travail minude la tieux, il ne peut l'accomplir qu' l'intrieur rig sur la place de l'Auguston la statue de sa mre l'Augusta Hlne; cf. J. Ebersolt, Le Grand Palais de Cnstantinople, p. 14. On pourrait voir dans la colonne, signale par Gylli, la base de cette statue; les six autres colonnes seraient les mmes que Buondelmontiavait dj vues. (V.plus haut, p. 54'|. 1 Cf. P. Gyllii, op. cit., p. 140-144. 2 Cf. lbid., p. 84. :i Cf. lbid., p. 86, 183.A cet endroit s'levait l'poque byzantine une colonne, qui avait .donn au quartier le nom d'Exokionin ou d'Exakionion.Il n'est pas certain que. celle, qui a t vue par Gylli ft celle-l. Plusieurs autres sont signales ct; cf. Th. Preger Scriptores originum Constantinopolitanarum, t. II, p. 180-181 ; A. van Millingen,Byzantine Cnstantinople,p. 18-20; Mordtraannj Esquisse topographique de Cnstantinople,p. 72. "' f. P. Gyllii,op. cit., p. 196. C

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Colonne, et non pas l'extrieur, d'tre craignant trs dtaille empch par les Turcs. Sa description serait plus intressante s'il avait donn des indications sur les sculptures qui ornaient le ft. Il se contente ce propos de mentionner les combats varis et de noter sa ressemblance avec la Colonne Quant la Colonne de Thodose, qui tait Trajane'. imite aussi de cette dernire, elle n'existait plus. Le dsastre avait eu lieu avant l'arrive du naturaliste 2. Sur les autres monuments il runit surtout les ren^ seignements puiss chez les historiens, et sa description est souvent trs sommaire 3. Sans doute il n'a pas eu ses entres libres dans tous les sanctuaires. Prs de l'endroit o s'levait l'glise des Saintsvide et Aptres, il a vu un sarcophage en porphyre, sans couvercle, que les Grecs et les Turcs disaient tre celui de Constantin le Grand *. Aux Blachernes, il a remarqu encore des vestiges de la clbre glise de la Vierge 5, o les plerins du moyen ge taient tous alls baiser avec ferveur la chsse contenant la tunique et la ceinture de la trs sainte Vierge (i. De il ne restait aucune trace l'glise des Saints-Aptres, sur le sol. Mohammed II l'avait compltement rase pour construire sa grande mosque. Si Pierre Gylli ne fait qu'indiquer l'existence de 1Cf. lbid.,'p. 207-211. - Cf. lbid., p. 160. :1Cf. lbid., p. 95 s., 19.5,217. ' Cf. lbid., p. 183. k Cf. lbid., p. 204. 0 Cf. Itinraires russes en Orient, traduits par M" B. de Khitrowo 10 p. 124,i36, i63, 204; Chr. Loparev (Vizantijskij Vremennik, t. II 1895,p. 58i s.); N. P. Kondkov, Vizantijskija Tserkvi i Pamjatniki Konstantinopolja,p. 17s. G

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l'aqueduc de Valens 1, il signale par contre les piles en pierre de l'ancien pont qui reliait autrefois les deux rives de la Corne d'Or 2. Ce pont de pierre qui, on le sait, avait t coup au xin sicle, n'avait jamais t rpar 3. Le voyageur longe aussi les autres quartiers maritimes et contemple les anciens ports le long de la cte mridionale de la ville. Il voit l'ancien port que les Turcs appelaient Vlanga, et qui avait t signal, avant lui, par Buondelmonti 4. Il en voit un autre l'ouest de l'glise des Saints-Serge et Bacchus; il tait entour de murs, dtruit et ensabl en grande partie : il n'en restait qu'un tang 911 les femmes venaient laver leur linge s. A la Porte Dore, le savant naturaliste dcrit les propyles avec les deux colonnes de marbre et les bas-reliefs qui les dcoraient. Sur le ct gauche il existait alors six reliefs antiques en marbre, reprsentant des sujets profanes; sur le ct droit, six autres reliefs du mme genre 0. Gylli descend enfin dans les citernes souterraines et ciel ouvert, et en dcouvre de nouvelles. Il fut le premier qui ait tu-

t Cf. P. Gyllii,op. cit., p. 176. 2 Cf. lbid., p. 206. 3 V. plus haut, p. 38, 4-3. '' Cf lbid., p. 171; v. plus haut, p. 52. fj Cf. lbid., p. 82, 99. Les habitants appelaient ce port CatergaLimena (auj. Kadriga-Liman); cf. Mordtmann, Esquisse topographique de Cnstantinople, p. 55; A. van Millingen, Byzantine Cnstantinople,p. 288 s. ; A. Zanotti, Autour des murs de Cnstan*.. tinople, p. 33. 0 Cf. P. Gyllii, op. cit., p. 217-218 v. plus haut, p. 16. La liste ; de ces reliefsa t tablie par J. Strzygowski, Das goldene Thor in Konstantinopel {loc cit., p. 3i s.); cf. A. van Millingen,op. cit., p. 65-66.

CHAPITRE Les voyageurs ( Suite) du Levant (deuxime

III la Renaissance

pendant

moiti

du xvie sicle)

L'ambassadeur Augier Ghislain de Busbecq et l'artiste Melchipr Lorch: les Colonnesde Constantin et d'Arcadius; la capitale de Suleman le Magnifique.Philippe Du Fresne-Canayeet l'ambassadeur M. de Noailles : l'Hippodrome dpouill de tous ses ornements . Andra Badoaro et Costantino Garzoni, ambassadeurs vnitiens.Belleforestet sa Cosmographieuniverselle : la notorit de Pierre Gylli au xvi sicle. Stephan Gerlach,chapelain de l'ambassadeur David Ungnad : les visages des mosaques de SainteSophie eifacs; les portes de Cnstantinople; la maison de Jean Zygomalas.Johann Lwenklau : liste des portes de la ville. Salomon Schweigger,chapelainde l'ambassadeur Joachim de Sitzendorff : liste des portes de^la capitale,un ancien monastre. Hans Jaeob Breiinig von und zu Buochenbach et son compagnon Jean Carlier de Pinon : les croix des mosaquesde Sainte-Sophie grattes ; les colonnesde l'ancienne place de l'Auguston.Jean Palerne: tat des mosaquesde Sainte-Sophie; un sarcophage de l'ancienne ncropoledes Saints-Aptres. MichaelHeberer : Tekfour Sra et sa toiture ; le Baptistre de Sainte-Sophieet ses mosaques. L'ambassadeur vnitien Lorenzo Bernardo. Gioseppe Rosaccio.L'humaniste Georges Dousa. Wilhelm Dilich et ses dessins : l'Hippodrome la fin du xvi sicle. L'annaliste turc Saad-uddin. Les relations de voyage au xvin sicle.

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Dans la seconde moiti du xvi sicle l'investigation de la ville continue. L'impulsion avait t donne par les explorateurs de la premire moiti du sicle, dont plusieurs taient des novateurs, anims de l'esprit de recherche dsintresse. Un savant flamand Augier Ghislain de Busbecq (ou Busbeck) fut envoy par l'empereur Ferdinand Ier en mission diplomatique auprs de Suleman II, de 1555 i562. Il profita des loisirs que lui laissaient les affaires politiques pour s'occuper d'tudes. Il logeait prs de la Colonne de Constantin, et a pu l'observer loisir. Elle tait dj fort endommage par les tremblements de terre et par un incendie; les tambours en son ft, avaient t porphyre, qui constituaient entours de cercles de 1er (fig. 12). II a vu aussi la et les sculptures, Colonne d'Arcadius, qui la recouvraient du haut en bas (fig. 17). Et il ajoute ce propos : ceelle a t dessine chez moi *. Qui pouvait avoir dessin cette colonne chez l'ambassadeur? Il n'est pas douteux que l'artiste dont Busbecq ne donne point le nom, tait Melchior Lorch de Flensborg. Celui-ci, aprs avoir voyag en Hollande et en Italie, dsirant copier des oeuvres d'art antique, arriva en 1557 Cnstantinople et fut protg par Busbecq. Une partie de ce dessin a t retrouve rcemment ; il de la Colonne, avec deux figure la partie suprieure une charge de spirales sur lesquelles sont reprsents 1 Cf. ltinera ConstantinopqJilanum et Amasianum ab Augcrio Gislenio Busbequio, Anvers^ l582, p. 38, 41. L'ouvrageeut de nombreuses ditions. Une traduction franaise de Simon Gaudpn parut en 1646 Paris. Busbecq ne dit rien de saillant sur Sainteo Sophie, ni sur l'Hippodrome, il ne signale qu'un Oblisque et la Colonneserpentine.

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Tournon et d'Armagnac avaient chargs de missions scientifiques et littraires. M. d'Aramon avait suivi, on l'a vu, l'expdition du sultan en Perse, en 1.548, et avait emmen avec lui Pierre Gylli aux Saints-lieux et en Egypte. Il tait revenu Cnstantinople en i55o, toujours accompagn du savant naturaliste et archologue d. Dans la suite de l'ambassadeur se trouvait aussi l'un de ses Jehan Chesnau, secrtaires, qui crivit, aprs son

Fig. 16. L'Hippodromed'aprs le dessin de Dilich. retour en France, la relation du voyage de M. d'Aramon. L'ambassade tait partie la vigile des Rois de l'anne 1547. De Venise, o elle s'tait embarque, elle tait parvenue Raguse, d'o elle avait suivi la route de terre par Nich, Pliilippopoli, Andrinople pour arriver Stamboul le 14 mai 1.547. Chesnau devait taire un long sjour en Turquie; il ne rentra en France qu'en janvier 1555. Sa description de Cnstantinople est trs sommaire et manque de pittoresque. ' Cf. Comte de Saint-Priest, Mmoires sur l'Ambassade de I-rance en Turquie et sur te commercedes Franais dans le Levant, Paris, 1877,p. 185s.; v. plus haut, p. 74-75.

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S'il s'intresse surtout aux monuments turcs, il ne les antiquits nglige pas cependant que l'on voit par toute la ville : aqueducs, ares, colonnes de fontaines, anciennes, porphyre, vestiges d'glises bains . Les maisons, dit-il, sont faites la turquesque, c'est--dire de bois et de brique mal cuite. Il y en a peu de pierre . On y voit aussi des lieux vagues et inhabits o croissent des cyprs et autres arbres 1. Au mois d dcembre i547, le roi Henri II envoyait Cnstantinople Jaques Gssot avec des dpches Parti de Venise, il prend pour l'ambassadeur. et remet, aussitt arriv Raguse la route terrestre dans la capitale, lesdpchesdu roi M. d'Aramon. Il accompagne aussi l'ambassadeur pendant l'expdition du sultan en Perse, en 1548. A Alep, au mois de dcembre, il crit le rcit succinct de son voyage et l'adresse maistre Jaques Tiboust , cuyer, seigneur de Quantilly, notaire et secrtaire du roi. Il est bref sur Cnstantinople, o il fait un court sjour, de il dit janvier mai 1548. A propos de l'Hippodrome qu'il n'y a pas longtemps on y voyait un Hercule de bronze rapport de Hongrie. Quant aux autres monuments il les mentionne sans autres dtails intressants 2. 1 Cf.J. Chesnau, Le Voyagede M. d'Aramon, ambassadeur poulie Roy en Levant, dit. par Ch. Schefer,Paris,1887,p.2 s., 2.5,27-30, 166.A l'Hippodromel'auteur ne signaleque les deux Oblisqueset la Colonneserpentine. Il a vu aussi Tekfour Sra (le palaisde Constantin), Sainte-Sophie, et la Colonne d'Arcadius (la colonnehistorie). 2 Cf. MaistreJaques Gassot, Le discours du voyage de Venise Cnstantinople, Paris, i55o, p. 5 s., 9 s., 16. Il numre les monuments suivants : palais de Constantin, en partie ruin ; SainteSophie; Hippodromeet ses trois monuments.

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Un autre personnage fut attach l'ambassadeur mission de Gabriel d'Aramon pendant la dernire auprs du grand Turc, de i55i 1.553. Nicolas de Nicolay, seigneur d'Arfeuille, valet de chambre et gographe ordinaire du roi, partit pour le Levant avec l'ambassadeur la fin de mai l55i. Aprs son retour, il puet Prgrinations blia les Navigations orientales, qui eurent le plus grand succs; et les charmantes figures, qui ornent son ouvrage, ont t souvent reproduites pour illustrer les publications relatives au peuple turc. Comme ses prdcesseurs, il insre dans son livre un chapitre sur les antiquits. Il signale parmi celles-ci la spulture du grand Constantin, qui est toute de porphyre en un coing de rue des plus immondes de la cit , des aqueducs, plusieurs citernes et d'autres fragments sur lesquels il n'insiste pas' 1. Jrme Maurand et Nicolas de Nicolay ne furent des dessins de Cnstanpas les seuls qui rapportrent tinople. Si Pierre Gylli n'a pu illustrer son savant Cnstantinople ouvrage, un artiste, qui travaillait sous le rgne de Suleman le Magnifique, a combl en partie cette lacune. L'artiste hollandais Pieter Koeck van Aalst fit, aprs un voyage en Italie, un sjour Stamboul, o il excuta des dessins, qui furent publis en gravures sur bois en l'anne 15332. L'un de ' Cf. N. de Nicolay,Les quatre premiers livres de Navigations et Prgrinations orientales, Lyon, i568, p. 9, 10, 65, 69. Il a vu les l'Hippodrome trois monuments, Tekfour Sra, le palais du grand Constantin, qui est joignant les murailles auprs de l'angle qui regarde l'Occident , la Colonne d'Arcadius (colonne historie) et Sainte-Sophie(la sainte Sapience). 2 Ce sont les planchespublies par Ch. Schefer dans son dition de J. Chesnau, Le Voyagede M. d'Aramon, Paris, 1S87, p. LXI. Ces gravures sur bois, dit-il, ont t excutesprobablement

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ces dessins est une vue de la villeprise des hauteurs de Cassim-Pacha *. Un autre beaucoup plus intressant reprsente une cavalcade o figuiie^sultan Suleman, entour de son escorte, traversant l'Hippodrome 2. On y voit le portique au-dessus de huit marches, dcrit par Pierre Gylli; il est form de colonnes, avec leur base et leur chapiteau corinthien, soutenant unearchitrave. Plus loin ce sont l'Oblisque de Thodose, sur le soubassement duquel l'artiste a dessin des esquisses fantaisistes, deux colonnes corinthiennes, probablement deux des sept colonnes signales par Gylli sur la spina 3, la Colonne serpentine, l'Oblisque de pierre, enfin au-dessus d'une base trois statues nues, dont l'une tait un Hercule de bronze (fig. 15). Cette statue d'Hercule avait t signale dj par le Vnitien inconnu, par Gylli et par Thevet ; et Gassot disait d'elle, lors de son sjour, en 1548, qu'elle existait encore il n'y a pas longtempsh. Ces statues n'taient pas des oeuvres antiques. Elles taient l'oeuvre d'un artiste d'origine croate, Jacob von Trau.qui avait t appel auprs du roi de Hongrie, Mathias Corvin. Elles avaient t prises par Suleman le Magnifique lors de la prise de Bude, en i526, et amenes avec un nombreux butin. Le grand Cnstantinople vizir Ibrahim pacha les fit dresser sur l'Hippodrome, Anvers dans la premiremoiti du xvi sicle. Elles ont t dessines par un artiste, qui a accompagn un des agents de CharlesQuint et de Ferdinand ; cf. Th. Wiegand, Der Hippodrom von Konstantinopel zur Zeit Suleimans d. Gr. (Jahrbuch des Kaiserlich deutschen archaeologischen Instituts, t. XXIII, 1908,p. 1 s.). 1 Cf. Th. Wiegand, loc. cit., p. 3, fig. 1. 2 Cf. lbid., pi. I. :1V. plus haut, p. 78. ' V. plus haut, p. 70, 78, 83, 86.

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o il avait son palais. Les voyageurs n'ont fait mention que de la statue d'Hercule, qui fut renverse par les Turcs aprs la mort"du grand vizir. Le dessin de Pieter Koeck reprsentant l'Hippodrome, a donc t fait aprs 1.526, anne o les statues furent rapportes de Hongrie et avant i533, date de de sa planche sur bois. Au moment o l'impression en 1544, le portique de Gylli arrive Cnstantinople, existait encore 1. Quant la statue de l'Hippodrome bronze elle avait disparu, mais, comme le dit Gassot, on en conservait encore le souvenir en 1548. Ainsi, des voyageurs les renseignements fait remarquable, franais sont confirms, en ce qui concerne l'Hippodrome, par le. dessin de l'artiste hollandais. L'on peut constater aussi la justesse de la remarqu du savant d'Albi lorsqu'il disait que chaquejour disparaissaient des monuments anciens 2, avec le regret d'un homme qui sent la beaut des oeuvres d'art et ne peut en empcher la destruction systmatique. ' Cf. Th. Wiegand,op. cit., p. 6 s. L'auteur a commis plusieurs erreurs au sujet de Pierre Gylli, qui aurait t Cnstantinople dj en l5l6 (p. i), et qui serait mort Romeen 1536 (p. 7). Le savant d'Albi ne pouvait tre Stamboul cette date. Il publie en 1533 Lyon son ouvrage Ex Aeliani historia de vi et natura ani malium, avec une prfaceadresse Franois Ier, o il engage le roi envoyerdes savants en Orient. La date de sa mort, 1555,est bien connue (v. plus haut, p. 75). Au fond du dessin de Pieter Koeck se dtache le profil de Stamboul avec des mosques, des minaretset deux colonnesse dtachant sur le ciel.Wiegand prtend identifiertous les monuments figurs sur le dessin. Il voit dans un dificecirculairel'glise de Saint-Etienne au palais de Daphn. Il reconnatcependantque le dessin de Sainte-Sophieest trs inexact. On peut ajouter que les dessins du soubassement de l'Oblisque de Thodose sont fantaisistes. Comme dans la plupart de ces dessins anciens, l'on doit faire la part de la vrit et de l'imagination. 2 V. plus haut, p. 74.

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Ainsi, du milieu du xv sicle auNmilieu du xvi" sisubit une cruelle transformation. cle, Cnstantinople D'es'monuments importants, comme les Colonnes de Thodose et de Justinien, disparaissent. De l'glise des Blachernes il ne subsiste que quelques traces. Sur des Saints-Aptres s'lve la Mosque remplacement du Conqurant. Les glises, qui chappent la desen mosques; la fureur truction, sont transformes iconoclaste s'attaque aux images peintes ou sculptes. Les dernires statues, pargnes par les Croises en 1204, sont dtruites. Avec les desses de marbre on fait de la chaux ; avec les statues de bronze on fond des canons; avec les plaques de bronze des oblisques on frappe de la monnaie. Les colonnes antiques sont dbites en pierres de taille pour, servir l'rection des nouvelles mosques, ou scies pour servir de dalles aux bains turcs. D'autres monuments anciens disparaissent ou tombent en ruine. Tekfour-Sra que les voyageurs continuent identifier faussement avec le' palais de commence subir l'action destructrice Constantin, du temps, sans qu'on songe le rparer. Les ports byzantins de la Marmara, qui commenaient s'ensabler au dbut du xv" sicle et auraient pu rendre. encore des services, ne furent pas mieux entretenus. Les sultans croient avoir mieux faire. Ils veulent donner leur nouvelle capitale l'aspect d'une ville musulmane. Elle prend cet aspect assez vite. Jrme Maurand l'a not en 1.544, et Jehan Chesnau, quelques annes plus tard, a remarque les maisons turques construites en bois et en brique. Cependant la ville

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ne pouvait se transformer compltement en l'espace d'un sicle. Comme au moyen ge on voyait l'int- , rieur des murs de grands espaces inhabits, plants d'arbres. Et il restait encore, en fait d'antiquits, ds oeuvres importantes. Avant la date de l55o le voyageur pouvait encore admirer la Porte Dore les douze reliefs antiques, prs des lieux o s'levait l'glise des Saints-Aptres un sarcophage en porphyre, des colonnes de l'ancienne place de l'Auguston, et sur les collines un oblisque en pierre thbaque ainsi que deux grandes colonnes surmontes d'un chapiteau corinthien. A, l'Hippodrome il pouvait contempler les derniers res1-' tes de ce puissant portique circulaire, qui mnageait aux spectateurs une vue reposante sur l'tendue attire de la Marmara ; sur la spina six colonnes, qui allaient bientt disparatre. Pendant des sicles les pleurer sur ces oeuvres voyageurs continueront d'art, qui sombraient les unes aprs les autres, sur l'humiliation inflige l'hellnisme dans son pass paen comme dans son pass chrtien.

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cet ensemble si important de modi attentivement numents i. en Orient, il fut souPendant ses prgrinations vent accompagn par Andr Thevet, d'Angoulme. alors les produ roi 2 parcourait Ce cosmographe les matvinces de l'empire ottoman et recueillait riaux qu'il devait runir plus tard dans sa Cosmograil admire Saintephie universelle. A Cnstantinople, et ses Sophie, temple trs excellent , l'Hippodrome belles colonnes , la Colonne serpentine et l'Hercule de cuivre, qui fut apport de Hongrie 3.. A Jrusalem, Pierre Gylli avait rencontr, en i549, un ami d'Andr Thevet, Guillaume Postel, cosmopolite , qui faisait alors son second voyage dans le Levant. Connaissant il plusieurs langues orientales, recueillait les renseignements runis dans son ouvrage, les Histoires orientales K. 1Cf. P. Gyllii,op. cit., p. 116,120, 1.31s., 196, 216, 217; v. plus haut, p; 23. 2 Tel est le titre qu'il prend en tte d'un de ses ouvrages ; cf. A. Thevet, Le grand Insulaire et Pilotage, publi par Ch. Schefer la suite du Voyagede Denis Possot en Terre Sainte, Paris, 1890, p. 245 s. 3 Cf. A. Thevet, Cosmoqraphie de Levant, Lyon, i554, p. 61, 63, 64.Une gravure (p. 63) reprsente l'Hippodrome. Si, comme on l'a prtendu, Thevet n'a pas toujours fait preuve de conscience scrupuleusedans ses ouvrages, si les dtails historiques et archologiques qu'ildonne, proviennentparfoisd'imprims anciens et de manuscrits, il semblebien improbable qu'il n'ait pas vu de ses yeux les rares monumentsde Cnstantinople dont il parle ; cf. F. W. Hasluck (The Annualof the british schoolat Athens, t. XX, 1913-1914,p. 5g-6g). La Cosmographie universelle de Thevet parut Paris en 1575. '' Cf. G. Postel, Des Histoires orientales, Paris, l57.5.La premire ditionparut Poitiers, en 156o, sous le titre De la Rpublique des Turcs ; elle comprend trois parties ; cf. Desbillons, Nouveaux claircissements sur la vie et les ouvrages de Guillaume Postel, Lige,1773,p. 24, 26, 148s.

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Un naturaliste parcourait aussi le Levant en mme temps que Gylli. Pierre Belon, du Mans, avait entrepris, grce la libralit de Franois, cardinal de un utile et dlectable, mais difficile et Tournon, laborieux voyage , qui dura de 1.546 1.549. S'il s'attache surtout l'tude des plantes et des animaux, il regarde aussi les monuments qu'il rencontre sur sa route. Certes ses Observations ne sont en rien comparables l'tude savante de son confrre d'Albi, qui tait doubl d'un vritable archologue. Cependant il a observ Cnstantinople les antiquits et singularitez , surtout Sainte-Sophie qui lui suggre une remarque trs juste. Elle est bien suprieure, dit-il, au Panthon de Rome , qui est massif, avec ses est large murailles paisses, tandis que Sainte-Sophie et spacieuse, avec sa vote claire-voie , ses piliers de fin marbre de diverses couleurs et ses portes presque aussi nombreuses que les jours de l'an 1. Tous 'ces voyageurs, Pierre Gylli, Andr Thevet, Guillaume Postel, Pierre Belon, rendent hommage la sollicitude dont ils ont t l'objet de la part de M. d'Aramon, dont la maison tait ouverte tous. Cet ambassadeur dploya durant son sjour en TurIl ne se bornait pas quie une activit infatigable. faire triompher les intrts de son pays, mais il prode tgeait les hommes que le roi et les cardinaux iCf.P. Belon,Les observations'deplusieurs singularitez et choses mmorablestrouves en Grce, Asie, Jude, Egypte, Arabie et autres pays estranges, Paris, i553, p. ail, e II, ~jiv" - 74. A l'Hippodromele voyageurne signale que les deux Oblisques et le serpent d'airain . Il a vu aussi la Colonne de porphyre et Tekfour Sra, ruines d'un palais moult antique, que le vulgaire nomme le palais de Constantin .

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cavalerie et des captifs emmens par des soldats 1. Lorch (ou Lorichs) dessina en outre, en l554",402). 3

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Un ambassadeur de la rpublique de Venise, Lorenzo Bernardo, qui sjournait Stamboul en l5gi, sous le rgne d'Amurat III, se borne faire les rflexions suivantes : La cit est merveilleuse par sa situation incomparable ; elle jouit des bienfaits de l'Asie et de l'Europe, de la mer Noire et de la Mditerrane. Le privilge de sa situation, la magnificence de toutes les oeuvres d'art qu'elle renferme, en font le sige de l'empire du monde. Mais sa description demanderait une plume meilleure que la mienne et des loisirs, qui me font dfaut '. Gioseppe Rosaccio, qui n'tait pas ambassadeur,'fit vers la mme poque le voyage de Venise Constantinople par mer et par terre. Il dcrit tous les ports, villes, chteaux et autres lieux qu'il rencontre, indique les distances d'un porta un autre, et soigneusement donne une description sommaire de chaque localit, i Si sa description de Constantinople ..n'offre rien de il a dessin une vue intressant, particulirement vol d'oiseau de la ville, o l'on aperoit deux ports sur la mer de Marmara, les restes de l'Hippodrome et de grands espaces vides 2. Dans les dernires annes du sicle Georges Dousa (van der Does) se trouvait Stamboul, o il suivait les traces de Pierre Gylli. Il eut aussi recours aux bons offices de Thodose Zygomalas, qui lui communique des inscriptions de sa propre collection. provenant 1 Cf. Viaggiodi un amhasciatore Venezianoda Venezi a Costantinopoli nel 15gi, Venise, 18S6,p. 17, 71. - Cf. G. Rosaccio,Viaggioda Venetiaa Costantinopoli er mare p e per terra et insieme quello di Terra santa, Venise,1606,p. 76. Il existe une dition plus anciennede cet ouvrage; elle porte la date de 1598.

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Ce sont les inscriptions surtout l'huqui intressent maniste hollandais. Il copie les inscriptions de l'O-

Fig. 21. Porte du mur terrestre : Yni-MvlviHan-Kapou. blisque de Thodose, de l'Oblisque la Colon ne en porphyre de Constantin. de pierre et de Les autres anti-

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quits ne lui chappent pas non plus '. Et il dplore ce propos la disparition des palais, des glises et des autrefois la cit impriale colonnes dont resplendissait et qui ont t dtruits de fond en comble, tel point que leur nom mme est maintenant compltement * oubli 2. dans les Wilhelm Dilich sjourna Constantinople dernires annes du xvi sicle et dans les premires sa descripannes du xvii 0 sicle. Malheureusement tion, comme ses dessins, est loin d'tre d'une exactitude scrupuleuse 3. Il parat avoir dessin le plus souvent de mmoire et avoir ajout foi aux bavardages des habitants. La ville ne lui fait pas bonne.impresses rues troites sion avec ses maisons insignifiantes, et sales. Mais il en sent tout le charme lorsqu'il la voit de loin, des hauteurs de Pra. C'est de l qu'il en qu'il dessine le profil de prend une vue panoramique, de ses Stamboul avec les coupoles et les minarets mosques se dtachant sur le ciel. Il en dresse aussi de laquelle une vue vol d'oiseau, pour l'tablissement il utilise des plans anciens*. Eh ce qui concerne les antiquits il dit qu'on en 1 Georges Dousa est l'auteur de l'dition princeps des Patria. I] ; publia cet ouvrage, faussement attribu GeorgesCodinos, en 1596 cf. Th. Preger, Scriptores originum Constantinopolitanarum, t. II, p. XIX. 2 Cf. G. Dousae De itinere suo Constantinopolitano epistola, Leyde, 1599,p. 36-41,91 s. Le voyageursignale,outre les monuments de l'Hippodrome, ainte-Sophie,la Colonned'Arcadius Avret-Bazar. S l'aqueduc de Valens et la Cisterna basilica ; cf. E. Legrand, ops H. cit., p. 134-1.35; mont, loc. cit., p. 67. 3 Cf. W. Dilich, Eigendtliche kurtze Beschreibung und Abris, dertveittberiimhten KeyserlichenStadt Consfaiifinopel,Cassel,i6o6. ''Cf. Dilich, op. cit., p. 1, 9. Le croquis de Sainte-Sophie (p. 11)

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voit encore beaucoup, mais elles sont dlabres et on ne peut avoir sur elles aucun renseignement, car ni les Grecs ni les Turcs n'y font attention l. Ses renseisont parfois errons 2. gnements sur l'Hippodrome Le dessin qu'il en a donn est plus intressant. Il du Cirque avec ses voreprsente les substructions tes; le long de l'arne trois gradins existaient encore; les autres avaient t dtruits par le grand vizir Ibrahim Pacha lorsqu'il fit construire son palais (fig. 16). Daiis l'arne apparaissent la Colonne serpentine sur un pidestal, l'Oblisque de Thodose et trois colonnes surmontes de chapiteaux ioniques et doriques ; le ft de deux d'entre elles est en spirale. 3. A cette poque l'Hippodrome conservait un aspect qu'il a perdu. Quelques gradins subsistaient du ct nord de la piste ; le sol n'avait pas encore t exhauss. Trois colonnes anciennes se dressaient encore ct des monuments actuels. Mais ces colonnes de marbre, le terme del courqui, d'aprs Dilich, marquaient est fantaisiste. Le dessin de la Colonne d'Arcadius (p. 27, fig. 5) est inexact; celui de la Colonneen porphyre est sans caractre. Ils sont reproduits cependant par Gurlitt (Orientalisches Archiv, Janvier 1912,p. 60, fig. 18, ig). La vue panoramiqueet le plan vol d'oiseau sont aussi donns par Gurlitt (Orientalisches Archiv, Octobre 1911, pi. I, fig. 1); Die Baukunst Konstantinopels, Berlin, 1907, p. 44, fig-97> 74,fig. 14P.Sur la vue vol d'oiseau on remarque deux p. ports entoursde murs et de tours. 1 Cf. Dilich,op. cit., p. 27. 2 Cf. Dilich,op. cit., p. 24-25. 'est ainsi qu'il prtend que la statue C d'Herculerapporte de Hongrie, tait encore en place, alors qu'elle avait disparu depuis un demi-sicle(v. plus haut, p. 88). Du reste il ne l'a pas fait figurer sur son dessin de l'Hippodrome. 3 Cf. Dilich, op. cit., p. 27. Ce dessin est reproduitpar C. Gurlitt (OrientalischesArchiv, Janvier 1912,pi. X, fig. 9) et dans Die Baukunst Konstantinopels, p. 11, fig. 29. L'Oblisquede pierre n'est pas reprsent.

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se 1, n'taient pas disposes au hasard, comme le dessinateur les a fait figurer ; elles taient places sur la spina, qui tait rectiligne. Sans ces relations, sans ces dessins des voyageurs occidentaux on ignorerait tout de l'tat des monuments byzantins au xvi sicle 2. Parmi les annalistes turcs bien peu ont su parler avec quelque sagesse de ces oeuvres d'art qu'ils voyaient disparatre jour aprs jour. Saad-uddin est un des seuls, qui n'ait pas rpt les fables et les contes de ses compatriotes et qui, en homme sens et instruit, ait parl avec quelque exactitude du plus remarquable des monuments grecs, du temple de Sainte-Sophie 3.

Pendant la seconde moiti du xvie sicle, Constantinople conserve avec ses jardins et ses arbres un aspect riant et frais, auquel certains voyageurs n'ont 1Cf. Dilich,op. cit., p. 24. Le voyageursignaleaussi le sarcophage de Constantindans le coin le plus sale de la ville, la Colonned'Arcadius, l'aqueduc de Valens et des citernes,enfin, recouvert d'une toiture, le palais de Constantin (Tekfour Serai) (Ibid., p. 26). Prs del il a dessince qu'il appellele Jardin aux cyprs.C'est uneconstruction btie sur des voteset se terminant par une terrasse plante d'arbres.Les murs de la ville rejoignentles deux faces latrales. II s'agitpeut-tre de la partie de l'enceinte connue sous le nom de prison d'Anmas. [Ibid., p. 26, fig. 6) ; cf. Gurlitt, Die Baukunst Konstaiitinopcls,p. 10,fig. 25. - On doit encore signaler les dessins d'un artiste du xvi sicle, Bretschneider.Gurlitt reproduit de ce dessinateurles trois monuet ments de l'Hippodrome la Colonnede Constantin (op. cit., p. l5, fig. 36, 37, 39, p. 17, fig. 42). 3 Cf. M. Garcin de Tassy, Description de la ville de Constantinople traduite du turc de Saad-uddin (Journal Asiatique, 1" srie, t. Y, 1824,p. i3g-l46).L'annalisteturc dit propos de la Colonne de Justinien, qui s'levait prs de Sainte-Sophie, qu'elle subsistait

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pas t insensibles. Bile continue prendre son aspect avec ses maisons en bois, ses de ville musulmane, rues troites et tortueuses. Cependant certaines mai-

Fig. 22. Porte du mur terrestre : Top Kapou. sons terrasse et tages, entre autres celle de Jean construites en Zygomalas, taient trs probablement encore il n'y a pas longtemps.Ou sait que Pierre Gylli n'en vit plus que la base. (V. plus haut, p. 78). Saad-uddin a d crire au xvi" sicle.

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en pierre et en brique, matriaux plus rsistants, Il existait a signales. comme celles que Gerlach sans encore quelques rues droites, qui conservaient des anciennes voies byzantines. doute le caractre L'une a t signale par Heberer. Les monuments continuent se dtriorer. On entoure de cercles de fer la Colonne de Constantin branle. Toutefois les ports del Marmara n'ont pas encore garde sa toiture 2. Saintedisparu 1. Tekfour-Sra Sophie conserve encore intactes les mosaques de son Baptistre; et si les Turcs ont gratt les figures etjes croix des mosaques l'intrieur de la Grande-Eglise, encore sur les de grands ensembles apparaissaient murs et sur les votes. On pouvait galement voir entours de cellules, cette poque des monastres comme ceux qu'avait signals Ibn Batoutah et des clochers, car cet Arabe fit, au xiv" sicle, son entre dans lavilleau son des cloches 3. Le monastre de la Vierge Pammacaristos, qui fut occup par le patriarcat grec de 1456 i586, tait encore intact et prsentait le type du monastre de la fin du xui sicle avec sa grande cour plante d'arbres, autour de laquelle s'ouvraient des moines et les dpendances' 5. Le les habitations clocher, qui prcdait l'glise et qui n'existe plus n'tait pas unique Constantinople. aujourd'hui, de Cet lment tranger \ l'ancienne ^architecture 1 V. plus haut, p. 11011.4. 2 Sur les anciens plans le palais de Constantin apparat recouvert d'un toit tantt quatre pentes, tantt deux pentes; v. 'plus haut, p. 96 n. 1, 106,112,n. 1. 3 V. plus haut, p. 43, 46. '' Cf. J. Ebersoltet A. Thiers,Les Eglises de Constantinople,Paris, 191.3, 229,2.2. p.

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la capitale avait t import par les Croiss au xme siclei. Les voyageurs du xvie sicle ont la curiosit des hommes de la Renaissance. Avec une extrme bonhomie, sans aucune prtention ils promnent le lecteur dans les lieux qu'ils ont visits et lui communiquent leurs impressions. Ce sont des esprits positifs, qui tranchent sur ceux des voyageurs du moyen ge, encore tout enivrs de mysticisme. S'ils n'ont plus la fracheur et la candeur d'me de ces derniers, ils ont, en revanche, plus de srnit, plus d?objectivit. Ils savent mieux voir et mieux dcrire. Mais ils voient le monument en bloc, pour ainsi dire, et nepeuventdonner une description complte de chacune des parties, qui le constituent. Les monuments figurs leur chappent. Aucun n'a su donner une description des mosani mentionner sommairement ques de Sainte-Sophie l'ordonnance de cette dcoration. Pierre Gylli luimme, pourtant si exact, ne dit des sculptures de la Colonne d'Arcadius qu'une chose: c'est qu'elles reprsentaient des combats varis. Aussi leur rudition est peu captivante parce qu'ils ne savent pas en dgager la vie. S'ils ne manquent pas tout fait d'aptitude esthtique, ils n'ont pas su exprimer la posie des formes et des couleurs. Il en sera, du reste, ainsi jusla capitale recequ'aux temps modernes. Cependant lait des trsors d'art que d'autres, aprs eux, devaient dcouvrir. Mais les humanistes du xvi sicle, avaient dfinitivement ouvert la voie aux chercheurs de l'ge suivant. 1 V. plus loin; cf. G. Millet,L'cole grecque dans l'architecture byzantine, Paris, 1916,p. i35-i36.

CHAPITRE

IV

Les voyageurs du Levant au XVII0 sicle (Premire moiti du sicle)

FranoisArnaud. Henry de Beauvau: premiresdgradations la Colonne d'Arcadius. George Sandys : croquis d'ensemblede la Colonne.NicolausSchmidt : liste des portes de la ville. Otavio Sapiencia; Pietro dlia Valle: les mosaques figuresde SainteSophie.TommassoAlberti.Adam Wenner ; Louis .Deshayes: le badigeonblancsur les mosaquesde la Grande Eglise. De Stode choveet ses compagnons voyage : tat de la grande muraille; une inscription Sainte-Sophie deux glises disparues. Henry ; Blount. Evliyaefendi: la Colonnede Marcien.Du Loir: son travail Sainte-Sophie son opinionsur Tekfour Serai. De Mont; ; conys : tat des monuments l'glise du Christ Pantocrator; le monastrede la Pribleptos.Jona Malenki Extensiondu champ des dcouvertes. Sous le rgne de Henri IV deux Franais firent, au cours d'un voyage au Levant, un sjour de plusieurs mois Constantinople. Le premier tait un capitaine marseillais, Franois Arnaud, qui commandait le gallion de Franois Savary, comte de Brves, ambassadeur du roi prs la Porte ottomane. Il reste cinq mois Constantinople,

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pendant lesquels il visite le Srail du Grand Seigneur, o il assiste une audience, et parcourt la ville, prenant plaisir visiter les mosques, SainteSophie, la Colonne d'Arcadius, le palais de l'empereur Constantin et les belles murailles i . Un gentilhomme lorrain, Henry de Beauvau, baron dudit lieu et de Manonville, seigneur de Fleuville, s'embarquait dans l'Adriatique le 1er novembre 1604, avec le baron de Salignac, le nouvel ambassadeur, qui allait remplacer le comte de Brves, arriv la fin de son ambassade. Aprs avoir long les ctes d'Istrie, de Dalmati et de More, et travers les les de l'Arle 10 janvier i6o5. chipel, il arrive Constantinople Il y demeure quatre mois et s'embarque ensuite pour continuer son voyage en Syrie, en Palestine et en Egypte. En accomplissant ce voyage en Orient, Henry de Beauvau tait anim d'un noble sentiment : Le dsir de servir ma patrie, dit-il, m'a port au del des mers. A Stamboul il s'intresse plus la cour du roi ottoman , au divan et aux grandes mosques qu'aux antiquits byzantines. Cependant il ajoute un fait nouveau aux observations de ses prdcesseurs. La Colonne d'Arcadius avait son escalier intrieur tout rompu et tait consolide par des liens en fer 2. 1 Cf. H. Omont, Voyages Athnes, Constantinople Jrusalem et de Franois Arnaud (i6o2-l6o5) (FlorilegiumMelchior de Vogii, Paris, 1909,p. 467,468,472,47.3). 5 Cf. H. de Beauvau, Relation journalire du voyage du Levant, Toul, 1608,prface,p. 1 s., 26 s., 45-51,io5 s. A Sainte-Sophie le voyageuradmireles colonnes,les marbres, les mosaquesanciennes, il mais il ne les dcrit pas. A l'Hippodrome voit lestrois monuments de la spina. Il signale enfin la Colonneen porphyre de Constantin avec ses cerclesde fer et le palais de Constantin (TekfourSerai), qui n'est pas autrement beau mais assis en bel air .

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Cinq ans aprs le dpart du gentilhomme lorrain, le voyageur anglais George Sandys dessinait, en 1610, cette Colonne, qui, d'aprs lui, surpassait celles de Trajan et d'Antonin, qu'il avait vues Rome 1. Vers la mme poque un autre voyageur arrivait par la mer Noire et le Bosphore. Nicolaus Schmidt s'tait

Fig. 23. Mur de la Marmara. embarqu Varna, aprs avoir travers de Constantinople, Dans sa description la Bulgarie. il se borne

Photo. Sebah

1 Cf. G. Sandys, Travels, Londres, l658, p. 27. Ce croquis d'ensemble est reproduitpar .1. Str/.ygowski,Die Saule des Arkadius in Konsfantinopet(Jahrbuchdes Kaiserlichdeutschen archaeologischen Instituts, t. VIII, 189.3, . 2.52,fig. 1), par A. Getfroy,La p Colonned'Arcadius a Constantinople (Monuments et Mmoires publis par l'Acadmiedes Inscriptionset Belles-Lettres,t. II, 1895, p. 1o3,fig.1, et par Th. Reinach,Revue des tudes grecques, t. IX, 1896,p. 79).

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numrer les bains turcs et lesportes les.mosques, de la ville 1. Un prtre espagnol, Otavio Sapiencia, qui vcut en Turquie douze ans dont cinq en captivit (il fut libr en 1604), rdigea un trait sur la Turquie et PhiConstantinople, qu'il' ddia au roi d'Espagne lippe IV. Il eut les loisirs de visiter la ville en dtail, d'observer les diffrentes nations et leurs moeurs, de A ce parcourir les bazars et les rues innombrables. propos il remarque que les Turcs ne construisent que les chrtiens . Les pas aussi somptueusement anciens retiennent aussi son attention. monuments : Il dit propos des mosaques de Sainte-Sophie Celles que les Turcs ont pu atteindre depuis le sol sont dfigures; l'une il manque les yeux, l'autre Mais les bras, une troisime d'autres membres... celles qu'ils n'ont pu atteindre demeurent intactes'et sont trs belles. Parmi celles qui ne sont pas endommages se trouvent les images du Christ, de NotreDame et des saints, qui sont trs nombreux. Elles sont toutes en mosaque et occupent l'tage infrieur et l'tage suprieur de l'glise 2 . II est regrettable 1 Cf. N. Schmidt, Seer aaiiinerkelyhereys-bcschryvinge na Constaiitiiiopolen en Egypten gcdaan in hei Jaar l6o5 en vcrvolgens Yoyagienna.Oost en West Indien, Leyde, (De aanmerkens-waardige s. d., p. 2, 5, 23 s.) 2 Cf. O.. Sapiencia,Nuevo Iralado de Turt/uia con niia ileseripcion del sifo y eiudad de Coiistantiiioplti.Madrid,1622,p. 1 s., 8, 9 s., 47 s. Le prtre espagnol a vu, en outre, Ie-palaisde Constantin (Tekfour Sra), la Colonne d'Arcadius (Colonne historiale), la Colonnede Constantin, qu'il appellela colonne ferre, cause des cercles en fer, qui la consolidaient, sur la place de l'At-Medan l'Oblisquede Thodose,l'Oblisquede pierre et la Colonneserpentine avec ses trois ttes.

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que ce prtre, qui connaissait son histoire religieuse, n'ait pas pouss sa description plus avant. Ces renseignements sur les mosaques de SainteSophie sont confirms par le gentilhomme romain

Fig. 24. Tour de marbre prs de Ydi-Koul. et illustre voyageur Pietro dlia Valle. Il adressait Schipano, son plus intime ami, des lettres dates de 1614 et de 1615, o il racontait son voyage par mer ses impressions depuis Venise, et lui communiquait sur la ville turque et ses difices, sur les moeurs et la Il est intressant de constater religion musulmanes. l'autorit dont jouissaient les voyageurs franais du 0 XVI sicle, Belonet Gylli. Ce dernier surtout est pour

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Il le voyageur italien une autorit incontestable. se rapporte, lui en tout et partout. A la vote du dme de Sainte-Sophie, ajoute-t-il, en dedans et aux autres votes aussi, l'on voit encore la mosaque et de figuquelques restes d'ouvrages res, qui les ornaient, gtes et effaces en partie par les visages. Il a eu la les Turcs, particulirement curiosit de monter sur la coupole et a pu se rendre compte de l'aspect de certains quartiers. Il a remarqu une rue fort longue, large et droite, qui allait du palais du grand Turc jusqu' la porte d'Andrinople. Les autres rues taient malpropres et incommodes, et ls maisons bties en vils matriaux. Il note ce propos que l'intrieur de la ville ne rpond pas au bel aspect extrieur* . Si Pietro dlia Valle s'intresse tous les monuments, son compatriote Tommasso Alberti, qui fit plusieurs sjours de 1609 1621, n'est attir que par les splendeurs du Srail, dont il donne une description dtaille 2. Mathias En l'anne 1616, l'empereur envoyait auprs du sultan Ahmed Ier une ambassade, qui eut dans la personne de Adam Wenson historiographe ner. Pendant son sjour, qui se prolongea jusqu'en i Cf. Pietro dlia Valle, Les fameux voyages, Paris, 1661,p. 1 s., le 24-3o,37, 41, 182. A l'Hippodrome voyageursignaleles deux Oblisques et "la Colonne serpentine avec ses trois ttes. II a vu la Colonneen porphyre de Constantin toute environne de bandes de fer . Au sujet de l Colonne historie il fait erreur, en disant qu'elle a t abattue par un tremblementde terre.La Colonne dArcadiusexistait encore cette poque. Les voyages de Pietro dlia Valle dans l'Inde ont t dits par . Grey dans la collection de l'Hakluyt Society de Londres, 1892,t. 84-85. 2 Cf. A. Bacchi dlia Lega, Viaggio a Costantinopoli di Tommasso Alberti (160^-1621),Bologne,1889,P- 3 s., 60 s,

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1618, Wenner ne se contente pas d'assister aux audiences du sultan; il regarde autour de lui et est frapp par l'aspect minable et dlabr des maisons. Il admire les Colonnes honorifiques et, SainteSophie, les belles images de Dieu en mosaques de couleurs; mais, dit-il, les Turcs ont effac ces dernires avec du blanc J. En 1621, Louis XIII dpchait le sieur Louis Deshayes, qui, pour arriver au but de son voyage, mettait deux mois et vingt-trois jours, en suivant la route terrestre par l'Allemagne, l'Autriche, Belgrade, Sofia, Philippopoli, Comme beaucoup Andrinople. de voyageurs, il crut bon de retracer l'histoire de La description sommaire qu'il en a Constantinople. faite est plus utile. A Sainte-Sophie, il note fort justement le contraste entre l'extrieur du monument, qui est massif et austre, et l'intrieur, dgag par une coupole hardie et svelte, et richement dcor. La vote, dit-il, est toute garnie de mosaques que les Turcs ont blanchies en quelques endroits pour y crire le nom de Dieu en grands caractres arabes. sa mission diplomatique, Aprs avoir accompli Deshayes se rendit en Terre sainte 2. Neuf ans plus tard, en i63o, plusieurs voyageurs visitaient ensemble l'Italie et delserendaientpar mer. 1 Cf. A. Wenner, Ein ganz neu Reysebuch von Prag auss biss gen Constantinopel,Nuremberg,1622,p. i s., 87-89,91, 99, 123. Le voyageura vu aussi la Colonne'de Constantin, la Colonne d'Arcadius Avret-Bazar, l'Hippodromeles deux Oblisques et la Colonneaux serpents, qui tendent leur cou et leur tte de trois cts . 2 Cf. Deshayes, Voyagede Levant fait par le commandementdu roy en l'anne 1621, Paris, 1624,p. 1 s., 89,96,102-103, 07-108,112, 1 341 s. Le voyageura insr dans sa relationun plan de Gonstanti-

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C'taient Fermanel, conseiller au Constantinople. parlement de Normandie, Fauvel, matre des comptes Baudouin de cette province et sieur d'Oudeauville, d Launay, et de Stochove, sieur de Sainte-Catheflamand. Ce dernier eut soin de rine, gentilhomme rdiger, jour aprs jour, des notes de voyage, qu'il publia aprs son retour dans les Flandres. Quand de la mer ils dcouvrent Stamboul, cette vue si agrable leur fait oublier aussitt les peines et les fatigues de leur long voyage. Il leur semble que cette ville a t btie pour commander tout le monde, tant . Aussitt son assiette est . belle et avantageuse dbarqus, ils vont rendre visite M. de Csy, l'ambassadeur du roi, qui leur avait prpar un logis Pra. Ils demeurent jusqu'au 13 avril l63l dans la capitale, qu'ils quittent pour voir tous les lieux les du Levant , la Terre Sainte et plus remarquables l'Egypte. S'ils sont charms par la vue extrieure de la ville, \ ilsle sont moins, quand ils voient les rues si troites i que les carrosses n'y peuvent passer, si montueuses qu'on est oblig d'aller cheval, et des maisons mal bties, dont la plupart n'ont qu'un tage. Ils font le tour de la grande muraille, qui tait en piteux tat. Les murailles sont en plusieurs endroits tombes de sorte qu'elles ont presque rempli les fosss, parce, que les Turcs sont peu soigneux d'entretenir nople, sommaireet sans chelle, sur lequel sont indiqus les princideux Oblisqueset paux monuments.A l'Hippodromeil a vu les la Colonne d'Arcales trois serpents de bronze , dans la ville, dius (Colonnehistoriale),la Colonne en porphyre de Constantin, et l'angle nord-ouest,le long de la muraille,du ct de la terre, l'ancien palais de Constantin en ruine (TekfourSerai).

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Sur les murs ils reconnaissent leurs fortifications. plusieurs marques des anciens chrtiens, comme des croix, des images et des inscriptions grecques . Ces voyageurs ont l'esprit curieux et savent observer mais les dtails. A non seulement les ensembles,

Fig. 25. Mur terrestre. Vue d'ensemble. l'glise de la Sapience divine , ils ont en grosses lettres grecques la mosaque la ddicace par tion, qui commmorait sur une bordure en haut, qui rgne vu crite l'inscripJustinien, autour de

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l'glise . En haut contre la vote du dme on voit encore le portrait d'un Dieu le Pre, n'ayant rien d'effac que le visage. Ils ont encore le mrite d'avoir signal deux glises crit de Stoaujourd'hui disparues. Les Armniens, chove dans son Journal, ont un grand enclos dans la ville, o est la demeure de leur patriarche; l'glise est pauvre et petite; l'on y voit encore une grande salle o il s'est tenu un concile du temps des empereurs chrtiens. Tous les pres qui y assistrent, y sont peints au naturel; il y en a de fort trangement vtus. Au haut de la porte il y a le portrait d'un emet deux dames peintes la pereur, d'une impratrice ils semblent aussi nouveaux encore mosaque; comme s'ils venaient d'tre faits. Les Armniens nous dirent que sultan Soliman en tait si curieux, qu'il les venait voir souvent et les aurait enlevs pour mettre dans son Srail, n'et t que sa religion dfend expressment d'avoir le portrait d'aucune crature. Au-dessus de ce lieu nous allmes dans un vieil btiment, lequel nous reconnmes aussitt pour avoir servi d'glise aux chrtiens, y voyant encore en peinture le long des murailles Notre Seigneur et les douze Aptres. Cette dernire glise tait situe, d'aprs de Stochove, prs del Colonne appele la Brle , qui tait entoure de plusieurs cercles de fer, donc prs de la Colonne en porphyre de Constantin. La premire glise se trouvait plus du patriarcat des Armniens, bas, sur l'emplacement dans le quartier actuel de Koum-Kapouf. 1 Cf. de Stochove, Voyage d'Italie et du Levant, Rouen, 1670, prface, p. 25 s., 42-46,5o-52,54-56.A l'Hippodrome le voyageur a vu les deux Oblisques et les trois serpents de bronze avec leur

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Si ces voyageurs ont observ dans le Stamboul du c'est qu'ils xvii 0 sicle des monuments si intressants, et loisir. Ce visitaient la ville mthodiquement n'est pas le cas de Henry Blount, un gentleman, qui va s'embarquer Venise, en mai 1634, d'Angleterre visite la Dalmatie et la Bosnie, traverse toute la pninsule balkanique et jette un regard rapide sur les monuments de Constantinople avant de repartir pour l'Egypte. Sa relation est, comme son voyage, rapide et brve. Il ne fait que contempler un instant cette ville qui, par sa situation, est la plus apte commander au monde entier i . En ce moment Constantinople tait l'objet d'une tude gnrale, entreprise par un Turc, qui avait pass sa vie voyager. N en 1611, Evliya efendi, fils du derviche Mohammed, mourut en 1679, aprs avoir crit le rcit de ses prgrinations vers le soir de sa vie. En 1634, il mesure patiemment la circonfrence de Stamboul, en calculant le nombre de pas entre chacune des portes de l'enceinte. Il se complat recueillir, durant ce travail, les nombreuses lgendes qui circulaient dans la population musulmane sur les monuments byzantins, qu'il prend trop souvents pour des talismans . Il s'appuie, en somme, sur la tradition orale. Cependant il uniquement tte ; l'extrmitde la ville, vers le septentrion,les ruines de l'ancien palais de Constantin (TekfourSerai) et la Colonne d'Arcadius (Colonnehistoiiale). 1 Cf. H. Blount, A Voyageinfo the Levant, Londres,i636,p. 5 s., 25 s. Le voyageurne fait que mentionnerSainte-Sophie,la Colonne serpentine,l'Oblisquegyptien, et l'aqueduc (de Valens). Sa relation a t traduite en hollandais et insre dans la collectionDe Wijd-beroemdeVoyagien na Oost en West Indien, Leyde,s. d., P- M.

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signale, outr les monuments dj connus, l'existence d la Colonne de Marcien, qui avait chapp l'attention des voyageurs (fig. 27, 28). Au sujet de SainteSophie, il raconte une lgende relative une image de la Vierge et donne des dtails sur la construction des minarets et sur le clerg attach la mosquei. les investigations des voyageurs occiCependant dentaux se poursuivent et les recherches gagnent en prcision et en tendue. Un voyageur franais, Du de novembre 163g Loir, qui sjourne Constantinople fvrier 1641, russit prendre des mesures et donne une description sommaire, il Sainte-Sophie est vrai, mais exacte de l'ancienne glise. Un jour, vnidit-il^ le signor Antonio Boldu, gentilhomme tien, homme trs savant et trs curieux, et moi, nous en prmes toutes les mesures avec une corde divise par noeuds en plusieurs pieds, moyennant quelque argent que nous donnmes un des officiers, qui en ont les clefs et qui nous enferma dans les galeries pour cet effet. Les deux voyageurs peuvent ainsi mesurer le dme, le l'paisseur des piliers, qui soutiennent diamtre de la coupole, la largeur des galeries et compter les colonnes. Du Loir mentionne aussi les mosaques fond d'orque les Turcs ont toutes barbouilles de blanc pour en effacer les figures . 1 Cf. Evliya efendi, Narrative of Travels in Europe, Asia and Africa in the seventeenth century, translated from the turkish by the Ritter Joseph von Hammer, t. I, 1, Londres, 18.34, III s., 12s., p. 16-19,56 s. L'auteura vu l'Hippodrome l'Oblisque de Thodose et la Colonneserpentine aux trois ttes , la Colonne d'Arcadius Avret-Bazar,la Colonneen porphyre de Constantin, et non pas celle de Thodosecommele dit par erreur l'auteur de la traduction. Cette dernire n'existait plus depuis longtemps; v. plus haut, p. Si.

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A propos de Tekfour-Sraqu'on attribuait toujours avec la mme obstination Constantin le Grand, notre voyageur met un doute fort justifi. Cette

l'ig. 26.Tour du mur terrestre. attribution est peu vraisemblable selon mon opinion, la petitesse du lieu n'tant pas capable de loger un

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empereur et ses officiers 1. Du Loir est le dernier voyageur du rgne de Louis XIII. Avec de Alontconys commence la liste des voyageurs du rgne de Louis XIV en Orient devaient pendant lequel les recherches aboutir des rsultats particulirement brillants. De Montconys occupait une haute situation ; il tait conseiller du roi et lieutenant criminel au sige prsidial de Lyon. Esprit curieux, il est hant de bonne heure par l'ide d'un voyage aux Indes et entretient de nombreuses relations dans le monde savant. En 1645, il voyage en Portugal, en 1646, en Provence, en Italie, en Egypte. En 1647, il-est en Syrie et, en mai 1648, Constantinople o chaque jour il note avec soin ce qu'il a vu. Il demeure dans la capitale jusqu'en 1648, date laquelle il part pour son septembre voyage de Natolie . Au cours de ce voyage, il crit 1 Cf. Les Voyagesdu sieur Du Loir contenusen plusieurs lettres critesdu Levant, Paris, 1654,]' 46,47, 53,6o, 63, 225,283.Parmi les antiquitsbyzantinesle voyageursignale la Colonneen porphyre de Constantin (Colonne brle), la Colonne d'Arcadius (Colonne il historiale).A l'Hippodrome remarquequ'il ne reste plus de trace de l'ancien Cirque, sauf l'Oblisque de Thodose, l'Oblisque de pierre et la Colonneserpentine.A propos de celle-ci, il ajoute que l'une des.ttes fut enleved'un coup de masse d'armespar un*grand seigneur.Ce serait doncsous le sultan Mourad IV (1623-1640) que la premirette des trois fameux serpents aurait disparu. En effet, Stochove,en i63o, Blount,en 1634,et Evliya fendi, vers la mme poque,ont vu encorela colonneintacte (v. plus'haut, p. 126,n. 1, 127,n. 1, 128,11.1). ependant,commeon le constatera plus loin, les C trois ttes sont encoresignalespar plusieurs voyageurspostrieurs Du Loir. D'aprs une autre tradition, MohammedII, lors de son entre-dans la ville, en 14-53, urait abattu d'un coup de masse a d'armesla mchoireinfrieured'une des trois ttes ; cf. Ptri d'Outremanni Constantiiiopolis Uelgica, Tornaci, 1643,p. 556.Les voyageurs du xvi"siclecependantne disent rien de cette mutilation.On est en prsenced'une tradition, qui rapparat intervallesplus ou niions loigns,mais qui ne reposesur aucun fondementcertain.

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I;ij.27.Colonnede Marcien.

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des lettres un ami sur la ville dont le souvenir tait toujours prsenta sa mmoire. Comme Du Loir il prend des mesures, non pas Sainte-Sophie, mais l'Hippodrome, dont il note la il voit les longueur et la largeur. A Sainte-Sophie, mosaques rompues partout o il y avait des figures ; ainsi elles sont toutesdfigures et laides. La Colonne en porphyre de Constantin (Colonne brle) avait alors sa base et son pidestal cachs par les maisons qui l'entouraient. Il ne peut tudier la Colonne d'Arcadius et est oblig de s'en rapporter aux renseignements de Pierre Gylli ; car il n'eut pas la facilit de pntrer l'intrieur, soit cause du danger, dit-il, car elle est casse en divers endroits, soit que les Turcs ne le veuillent permettre . De Montconys s'intresse tout, aux vnements politiques, aux moeurs, aux habitants. Il va au Srail et au divan aussi bien qu'au march des esclaves o il ne vit rien que d'affreux . Il parcourt Stamboul dans tous les sens allant du palais de Constantin (Tekfour Sra), o il monte sur le balcon de pierre d'o l'on dcouvre tout le port et presque toute la ville , jusqu' la Porte Dore, o il voit les basreliefs des travaux d'Hercule . Il ne dit pas si ces beaux reliefs taient encore au complet. Mais on sait que sir Thomas Roe, qui fut ambassadeur d'Angleterre la Porte de 1621 1628, avait essay d'acqurir les douze reliefs, qui taient encore en place cette poque, comme au temps de Pierre Gylli'. Sur une porte du Chteau des Sept Tours (Ydi-Koul) le 1 Cf. The Negotialions sir ThomasRoc in his embassyto the of OttomanPorte, Londres,1740,p. 386s.

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voyageur franais a vu encore une grande Victoire tenant une palme . Il signale enfin deux glises fort belles ; l'une existe encore, l'autre a disparu. La premire est situe non loin de la mosque de sultan Mohammed et se compose de trois glises, qui se tiennent l'une l'autre par les cts, et l'on passe des unes aux autres par l'ouverture entire des arcades, qui en sont la sparation . Ces glises taient ornes de beaux marbres tant au pav qu'aux murailles