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Ateliers d'écriture créative 2016-2017 VOYAGES Les Passeurs d'Arts Vallée Verte

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Ateliers d'écriture créative2016-2017

VOY AGES

Les Passeurs d'ArtsVallée Verte

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Ateliers animés par Francine Collet

Avec la participation de :

Christiane

Erik

Françoise B

Françoise C

Gilles

Ginette

Herman

Josette

Peggy

Philippe G

Philippe M

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Reculfou

Trois pas en avant, trois pas en arrièreQui c’est celui-là, papa j’ai peurJ’ai peur du fou, du fou du roiGrelots, chapeau crochuRecule recule, moi je m’amuseJe galipette, je gigouletteFou, folle, feux folletsRecule, recule je brûleFeux de joie, fou d’amourApproche-toi, n’avance pasTrois pas en avant, trois pas en arrière.

Françoise C

Lieux-dits24 septembre 2016

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Lieux dits

Ardon aux ÉcharmassesLe Martinet aux Étronchets

Maladobas, MaladobasCatray d’en Haut, Catray d’en Bas

Pré Michaillet, Fontaine ÉgrasVers les Iris, Les Feuillets

Maladobas, MaladobasCatray d’en Haut, Catray d’en Bas

Cul de la Mayes, La RovacheLes moulins, Champs Maillet

Maladobas, MaladobasCatray d’en Haut, Catray d’en Bas

Erick

Lieux-dits24 septembre 2016

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Ouarzazate

C’est une exclamation qui m’échappe « ouah ! » en imaginant cette cité. Je la sens ocre comme le O qu’elle porte en initiale, avec un vent fort qui s’y engouffre, qui en ouvre les portes tout comme j’ouvre grand la bouche pour me gargariser de ce début de nom. Riante bien sûr à la façon de ce A qui me fait chanter presque.

Le vent y tourbillonne, et ceux qui y vivent en attrapent une espèce de folie zozotante, zinzinabulante. Comment prendre au sérieux un peuple qui marche en dansant, qui sautille, qui laisse éclater son rire, qui porte la légèreté dans son patronyme. Mais au fait comment appelle-t-on les habitants de Ouarzazate ? Sont-ils Ouarzans, Ourzazins, Ouarzazanais ? La tête m’en tourne. Ouarzazate m’étourdit à la façon de ce vent facétieux qui se glisse à travers chaque ouverture, gonfle les robes et emporte les couvre-chefs. Un vent d’ocre qui peindrait une cité, la ferait chanter et danser, lui donnant chaque jour une figure nouvelle.

Cependant elle sait se protéger, referme par un « ate » sec les portes, laissant au dehors le froid, et la folie qui la guette. Danser, zinzinabuler oui, mais savoir arrêter quand il en est l’heure. Et derrière les lourdes portes refermées, attendre que les esprits se calment et que les corps se reposent, pour savourer à nouveau la douceur de cet « ouar » si caressant. Laisser les lèvres former lentement son nom comme une berceuse ; dors, dors tranquille Ouarzazate te protège, te prend dans ses bras tout gorgés de soleil. Tu sens déjà tes yeux se fermer, tu glisses comme le sable échappé d’une main, et une vague « zazate, zazate » te berce à jamais.

Françoise BCourir le monde à l'oreille24 septembre 2016

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Ollioules

Ollioulles la plaintive sise au fond de la vallée du Râle.Il fallait en vouloir pour échouer ici. Masoch lui-même n’aurait pas souhaité naître en ces murs. Pourtant il le fit. Peut-être aurait-il été pigiste à l’Almanach Vermot s’il avait vu le jour à Montcuq ou à Monteton mais …

Ollioulles la ténébreuse où tout rire est banni, son camaïeux de gris, ses volets fermés, sa colonie de choucas ravitailleurs.

Ollioulles la maladives que les rats ont depuis longtemps quittée.

Ollioulles la délaissée, son pensionnat de vieilles filles,son dépôt de pain, son point poste, sa cabine téléphonique … enfin … sa cabine téléphonique faisant office de point poste etde dépôt de pain pour vieilles filles attardées.

Ollioulles la douloureuse pour qui aime la vie.

Erick

Courir le monde à l'oreille24 septembre 2016

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Fauve qui peut

Depuis deux ans, j’adhère au réseau Gyps&co, une société de transport aérien créée par un aigle suisse.Il cherchait un vautour fauve capable de faire des livraisons sur l’ensemble de l’Europe. J’ai postulé, on m’a fait faire quelques tests, et depuis ça roule. Enfin, ça vole ! J’suis plutôt bon pour les longues distances. Mon seul handicap, c’est mon envergure, qui ne me permet pas de me poser sur des espaces réduits et par très mauvais temps.Ce sont des roitelets et des pinsons qui assurent ce genre de service pour la livraison des petits colis chez les clients habitants en forêt.En deux ans, j’ai été amené à transporter de tout. J’ai participéau déménagement d’une grande ville de fourmis rousses qui voulaient quitter une zone inondable. En juin dernier, un ours des Pyrénées avait commandé Le dégoût de la vie de Bernard Lenoir. L’occasion de rendre visite à mes cousins du Béarn…Je transporte souvent des commandes de pâtisserie, chaussons aux pommes, tartes à la rhubarbe, clafoutis… Autant de douceurs que le patron ne confie jamais aux corbeaux qui ne résisteraient pas à la tentation de grignoter dans la cargaison.J’ai un collègue vautour moine, très pieu, spécialisé dans le ravitaillement des églises en vin de messe et en hosties. Une cigogne a été choisie pour le transport des nouveaux nés. Quelques pies font le porte à porte et assurent la com. C’est unbon job, le patron, est cool et réglo…

***

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Un vrai con prétentieux ce vautour !Sous prétexte que « Monsieur » est grand planeur, il ne prend aucun soin de ses clients…Qu’il perde en cours de vol des pâtisseries ou un chargement de stylos billes, passe encore : mais notre déménagement a étéun vrai désastre.Rien à dire sur l’installation, faite aux petits oignons par une compagnie de sangliers. Mais dès l’envol de ce sapajou volant, notre cité s’est vidée du quart de sa population. Il ne s’est même pas aperçu qu’une armée d’hirondelles nous suivait en gobant les malheureuses fourmis emportées par la vitesse. Nous nous accrochions désespérément des mandibulesà ses plumes, c’était comme être prises dans une tornade.Et l’autre là, insensible à nos appels au secours, continuait, imperturbable…A l’arrivée, nous n’étions plus qu’une poignée sur les cent milles du départ !Merci Gyps&co ! On n’est pas prêtes de refaire appel à vous et comptez sur nous pour vous faire de la publicité…Escrocs !

Philippe M

Moyen de transport15 octobre 2016

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La roulotte au fond du jardin

Voilà déjà de longs mois que je suis installée au fond du jardin, attendant le grand départ. Devant mon état de délabrement, mon nouveau propriétaire a décidé d’entreprendre de quoi redonner mon lustre d’antan. C’est une révision générale à laquelle j’ai eu droit. Mon plancher percé a été remplacé par de belles planches en chêne assemblées à grand renfort de coups de marteau. Et puis il a fallu graisser mes essieux, remplacer les pneus qui avaient parcouru les routes de France. De longues journées sont venues où il m’a fallu endurer la morsure de la ponceuse.Me voilà nue sans mes couleurs chatoyantes, sans le nom du cirque avec qui je voyageais. J’espère ne pas rester tristement marron. Heureusement j’ai entendu les enfants réclamer à leur père du bleu, du vert, du jaune… Rêver déjà aux dessins qu’ils feront sur mes parois avant de s’embarquer pour cette semaine de vacances en Dordogne.

Un grand tapis est installé,qui protègera du froid les petits pieds au réveil. Dans le fond, une grande couchette recouverte de coussins brodés. Une guirlande fait le tour de l’habitacle, petits fanions amoureusement cousus, pendeloques pareilles à des boucles d’oreille de gitane, perles et franges m’apportent de la chaleur et de la fantaisie. Il le faut bien puisque je serai pendant ces vacances leurmaison roulante. Une grosse lanterne accrochée au plafond, des bougies pour animer les soirées, il ne fait rien oublier et là, la mère y veille. Moi j’emporte en mon cœur tous les rires de ces années laborieuses, toutes ces histoires glanées le long des routes.

Pas de radio, pas de télévision, pas de portable à bord, tel estle choix que la famille a fait pour cet été ; oubliés Donald Trump, la téléréalité et les pubs pour Mac Do. Et vive les chansons entonnées en chœur. Je me fais forte de procurer de beaux rêves à eux tous, d’inspirer les plus belles histoires,de bercer leurs écrits. J’ai vraiment hâte que tout soit prêt et que je puisse reprendre la route, et

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si ce voyage n’est que de courte durée, je sais qu’il y en aura d’autres et qu’en attendant j’accueillerai au fond du jardin toutes les envies de silence, je me ferai refuge pour les amours débutantes ou les menus chagrins.

« WAOUH !, qu’est-ce qu’elle est belle notre roulotte, il est trop fort mon papa. Il m’a même fait une petite couchette rien que pour moi avec deux petits volets pour m’y enfermer. J’ai demandé à ma maman si je pouvais déjà y dormir avant qu’on parte vraiment .Trop cool ,elle a dit oui ! Et ce soir je prends ma lampe de poche, mon livre de Moumine, mon nin-nin, mon oreiller et je dors là.Si j’ai un peu peur, maman me laisse son portable, je peux l’appeler et elle viendra avec moi. J’ai dit à Marius, c’est mon meilleur copain, que je l’inviterai un jour. Il en crève d’envie, lui qui habite dans une super maison toute blanche, avec des tapis où il ne faut pas marcher et des grands tableaux qui ne veulent rien dite. Moi, dans ma couchette j’ai mis ma médaille de ski et puis toutes les photos du concours de grimaces qu’on a fait en classe verte. Sous la couette j’ai caché ma provision de bonbons rapportés à Halloween. Maman a cru que j’avais déjà tout mangé et elle m’a grondé. J’ai pris mon air coupable mais je rigolais bien en pensant aux fraises tagada que je sucerais le soir, bien caché derrière ces petits volets que papa m’a laissé peindre tout seul ,un rouge et un jaune avec des étoiles dessinées dessus .

Bon, c’est quand la nuit ? C’est long d’attendre !

Françoise B

Moyen de transport15 octobre 2016

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La cossignale au reisen

Mon niño, ma sorora,Songe à la véloutéD’aller là-bas vivre tessamen !Amarer à loisir,Amarer et pingarerAu contry qui te ressemble !Les éclatos mouillésDe ces envolares brouillésPour mon esprit ont les désiradesSi silivivariumDe tes traîtres eyes,Brillant à travers leurs lacrimés.

Là, tout n’est que robolivia et fabios,Brillantou, doubidou et ducitimilippu.

Collectif

En langues étranges19 novembre 2016

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Hôtel Fin del Mundo

Ce petit hôtel familial d’une quinzaine de chambres saura vous séduire par sa situation. Niché dans un écrin de verdure face à des montagnes enneigées, vous y trouverez tout le calme pour vous ressourcer. Les chambres avec salle de bainssont simples, mais très cosy. Il a été rénové par la famille qui la gère maintenant. Elle en a fait un petit cocon: les matériauxnaturels utilisés sont ceux que l’on trouve autour, bois, pierre.La décoration est chaleureuse, beaucoup de tissages de couleurs claires, des coussins, des rideaux et tapis chauds. Une vaste cheminée pour s’abandonner à la rêverie. On vous y indiquera volontiers les itinéraires de randonnées alentour. Il faut réserver longtemps à l’avance, car il est victime de son succès. Les prix sont abordables, (60 €/nuit avec petit déjeuner).Cet hôtel isolé vous reconnectera à la nature, au calme et à la simplicité. Et puis surtout, clou de ce bijou, le bain japonais à l’extérieur (à faire de nuit pour plus de magie !) pour vivre encore plus près des éléments.A ne pas rater !

La chambre dans laquelle je pénétrai me plut tout de suite. Une invitation à « poser ses valises » au sens figuré.Le lit spacieux était adossé à une paroi de larges planches en pin d’une chaude couleur blonde. Les tables de chevet, également en pin, étaient joliment et sobrement peintes de fleurs de montagne. Accrochés aux vitres de la petite fenêtre, deux rideaux crochetés représentaient un motif alpestre.Dans un angle de la chambre, une bergère Louis XV, étonnante dans ce décor rustique, donnait une touche de chic

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discret.Je posai donc mes valises « pour de vrai », me

réjouissant à l’avance de ce séjour reposant qui s’annonçait. C’est alors qu’on frappa à ma porte, et sur mon « entrez »apparut sur le seuil un homme à la mine patibulaire, sanglé dans un costume noir. Sa barbe de trois jours masquait mal une cicatrice encore récente. Un frisson glacé me traversa,et je restai bêtement la bouche ouverte, stupéfaite d’effroi. L’homme me demanda si j’avais besoin de quelque chose et m’annonça l’heure du repas. Il referma la porte brusquement tandis que je m’asseyais, tremblante, dans la bergère.

Toute la magie du lieu disparût immédiatement. Le lendemain, après une nuit agitée de cauchemars, je prétextai un contre temps professionnel qui m’obligeait à écourter mon séjour. L’après-midi, un taxi me redescendait dans la vallée, il me semblait que j’échappais à un grand danger.

Peggy et Françoise C

A l'hôtel14 janvier 2017

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Hôtel du Phare

Vous êtes passionnés par la mer et vous rêvez d’un week-end sans stress.Venez plonger dans l’ambiance de la vie d’un gardien de phare des siècles passés. Laissez-vous séduire par le charme de nos chambres aménagées dans le Phare du Corsaire automatisé en 1960. Déco d’époque, confort garanti.100 € la chambre avec salle de bains. Balades inoubliables en compagnie de Yann, petit-fils du dernier gardien.Accès à internet impossible.

Tout en haut des 107 marches de l’escalier en colimaçon s’ouvre une porte en bois verni, épaisse de 10 cm, fermée par un loquet patiné et une serrure dont la clé de 20 cmde long pend à une chaîne. La chambre est ronde, les murs recouverts de boiseries soigneusement entretenues. Sur le côté droit un lit clos renferme un matelas d’une épaisseur confortable, recouvert d’un couvre-pied en duvet de couleur bordeaux sous lequel on devine un traversin rebondi. Les portes qui ferment le lit coulissent de part et d’autre recouvrant alors deux placards situés l’un au pied, l’autre à la tête du lit et qui accueillent le linge de toilette. Au sol un parquet de marqueterie figure une rose des vents de grande dimension. Au centre de la pièce trône un beau bureau au plateau recouvert de cuir vert, avec quelques restes de dorure dans les angles .Un tiroir abrite un bloc de correspondance au nom de l’hôtel ainsi qu’une plume et un encrier. Un fauteuil à l’assise arrondie est installé derrière le bureau. A gauche de la porte, un paravent de très grande taille, en bois façon persiennes, dissimule une baignoire en cuivre avec deux robinets aux capuchons émaillés. La lumière vient de deux

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appliques rondes recouvertes de grilles en laiton. Un fenestron, rond lui aussi, cerclé de laiton à la façon d’un hublot de navire, laisse apercevoir l’océan tout en bas et permet au regard de s’élancer dans l’infini du ciel.

C’est là que je découvre, perdu sur les vagues, un frêle esquif. Un homme portant un bonnet rouge rame sans faillir endirection de l’horizon. Le commandant Cousteau ? Lui? Est -ce possible? Mais non, voilà déjà longtemps qu’il a disparu. Mais alors ? C’est bien cela : sûrement Lambert Wilson qui a pris goût à son rôle de commandant et qui, le film terminé, n’aura pas voulu quitter son bonnet et sera venu profiter d’un séjour près du Phare du Corsaire pour parfaire sa musculature en s’accordant une petite sortie en mer à la rame. Quand je raconterai ça lundi à mes collègues, ils ne vont pas en revenir !Juré craché que c’était Lambert !

Josette et Françoise B

A l'hôtel14 janvier 2017

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Andalousie

Dans la tension chaude de l’automne andalou,le Guadalquivir, large et gris,les orangers de Séville,les oliveraies, la terre rouge,des chiens efflanqués dans le quartier tzigane,et l’Alhambra, ses parfums, ses fontaines,les stucs et les faïences bleues.

Un village immaculé perché sur une colline de sang.Les ruelles de Cordoue qui montent tournent et se perdent, inondées de soleil…Ces stores de perles qui bruissent,ouvertures légères sur des patios fleuris,éclatantes flambées de couleursdans cet univers blanc.

Des bars à Tapas, une vie noctambule,Horaires décalésEt chaque jour cette envie de se perdreDans le dédale des rues.

Philippe M

Sur la route11 février 2017

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Un jour, je partirai

Partir à pied, vagabonder dans ce pays dont on parle la langue de façon imparfaite, mais savourer chaque mot lu ou entendu. Découvrir par ce biais les endroits reculés, y trouver de quoi contenter le regard et l’âme. S’arrêter au seuil des églises, s’inviter au couvent, partager en silence le repas simple et frugal, et remercier avant de partir.

Partir chaque jour et quitter le précédent le cœur léger. Partir vers soi-même sur ce chemin sans fin. Avoir choisi le printemps pour fuir la pluie et ses désagréments. Laisser au corps la liberté de se dénuder, goûter à la caresse du soleil, de la brise sur la peau. Frissonner au soir à regarder les étoiles.

Ecouter tous ces mots nouveaux, ces vies inconnues. Se laisser aller à la surprise de l’autre; avoir ignoré si longtemps son existence et maintenant agrandir son horizon. Et partir encore, au rythme lent de la marche. Sentir la fatigue de ce chemin chaque jour renouvelé. Ne plus vouloir s’arrêter de marcher. Se plaire dans ce rythme, se laisser porter par lui. Et continuer encore et encore de vallées en vallées. Et puis un jour s’arrêter, happé par un regard.

Françoise B

Partir11 mars 2017

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Vacances improvisées

Se lever le matin, se retrouver autour du petit déjeuner et se dire « Et si on y allait ? ». S’octroyer le pouvoir des parents et décider que les deux sœurs vont manquer la classe une journée. Prévenir la cousine qu’on n’ira pas dîner chez elle. Seréjouir de la surprise que l’on va créer. Excitation et complicité de la fratrie.

Préparer fébrilement quelques sandwichs et s’embarquer dans la vieille 203, première voiture du grand frère admiré. Quitter Paris sous le ciel gris de novembre, nos cœurs ensoleillés. Se marrer parce qu’on ne sait pas si la voiture arrivera à atteindre le sommet de la cote de Lisieux. Approcher du but et s’inquiéter à l’idée de se faire engueuler.

Et arriver.

Lendemain de noces, dans la cour de la ferme, tout est calme et somnolence. A peine un « Tiens, vous voilà » !, mais quellesbelles vacances improvisées !

Françoise C

Partir11 mars 2017

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En baver ?

Quitter le tas de compost, oser franchir le montant de bois moisi, y laisser sa trace, mais pas trop longtemps, ne surtout pas s’attarder, viser le plan d’orties, à l’ombre de la charmille. Antennes à l’affût des mouvements du merle, avancer lentement, par petites reptations lascives, contourner la primevère et le gros caillou blanc, rester dans leur fraîcheur, humer l’odeur acidulée de l’ail, goûter au passage une pousse d’herbe tendre et la mastiquer longuement.

Baver tout son saoul, frotter sa coquille luisante contre celle d’un autre voyageur, mêler nos humeurs dans la moiteur orangée d’une aube de mai. Oublier un temps jusqu’à son genre, jusqu’au soleil trop dur.

Philippe M

Partir11 mars 2017

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Seuls dans la nuit

Il est tard, le sommeil le fuit depuis longtemps. Ce soir il laisse de côté son manuscrit, il s’habille chaudement. Sûr de lui il avance dans les rues désertes guidé par le bruit de quelques vagues qui cognent la jetée. La nuit est sombre, de rares étoiles peinent à se refléter dans le lac. L’air est chargé d’odeurs connues, algues accrochées à la coque des bateaux, fientes de mouettes et de canards. Son pas résonne sur les pavés il avance lentement goûtant à ces instants de solitude profonde.

Ne plus penser, s’immerger dans l’infini de l’eau noire,sans rien pour accrocher le regard. Ce soir il fait bon s’arrêter. Sur ce banc face au large, poser le poids des années. Tressaillirà un frôlement, une toute petite fourrure qui glisse contre ses jambes, se frotte à lui.

Un peu de chaleur traverse le tissu, atteint sa peau. Il sebaisse à la recherche de ce compagnon noctambule. Petit, couleur de la nuit, il semble bien décidé à l’adopter. Le voilà distrait de ses envies de solitude, de ses difficultés, presque séduit par cette petite vie. Quelle confiance dans ce regard, quelle constance dans ces caresses. Sans avoir rien décidé il repart. Oubliés le lac, la nuit. Il reprend le chemin qui le mène chez lui.

Ouvrir la porte, se déshabiller et s’installer à sa table. Et ce soir être deux face au manuscrit.

Françoise B

Lieu (pas) désert11 mars 2017

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Tout était pourtant si bien préparé...

Elle a décidé d’aller dans cet endroit dont on lui a tant parlé. Une petite bicoque de berger toujours ouverte, inaccessible en voiture, perchée sur une colline rafraîchie par les brises.

Elle a pris deux ou trois livres dont elle a pris soin de lire les premières pages pour s’assurer qu’ils lui plairont. Elle n’a pas voulu s’inquiéter de la météo. Peu importe qu’il vente qu’il pleuve ou que le soleil la grille, du short à l’anorak, elle atout prévu. Pour ses repas, elle a choisi la frugalité pour sa légèreté matérielle et spirituelle.

Car elle a décidé que ce séjour serait une retraite, une parenthèse dans sa vie surchargée, si encombrée qu’elle ne voit même plus le chemin qu’elle s’était tracé.

Et voilà, le jour fixé et programmé de longue date est enfin arrivé. Avec son sac à dos raisonnablement chargé, elle enchaîne les moyens de transports, bus, train, correspondance, train, autocar. Elle s’évertue à chasser toute pensée qui la ramène à sa vie occupée, préoccupée même.

Une longue journée commencée au petit matin, s’achève lorsqu’elle arrive au sommet de la colline et qu’elle aperçoit le chalet décrit par ses amis.

Elle sourit. Puis brusquement elle s’arrête, anéantie: une légère fumée s’échappe de la cheminée tandis que sèchentquelques vêtements sur un buisson. Le chalet est déjà occupé.Elle avait pourtant tout préparé...

Françoise C

Lieu (pas) désert11 mars 2017

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Le cendrier millefiori en verre de Murano(faux souvenir)

Je ne fume pas et personne ne fume à la maison, mais ce cendrier trône en permanence sur la table basse du salon. Siquelqu’un l’a déplacé pour une raison quelconque, je me mets en quête de le retrouver ou de demander à la ronde qui a bien pu oser le prendre.

Ce cendrier vert et rouge, léger et transparent, semble porter en lui toute la lumière du monde. Je l’ai acheté à Murano. Je travaillais alors dans un centre de vacances et j’accompagnais un groupe de retraités pour un voyage de 3 jours à Venise. C’était au mois d’octobre, Venise était inondée comme cela arrive souvent à cette époque de l’année. Ce séjour a été tellement pittoresque que voir cet objet, c’est faire réapparaître une succession d’instantanés :

L’achat groupé d’une série de paires de bottes de toutesles tailles pour équiper les pieds des vacanciers.

Leur sortie de l’hôtel sur un grand chariot à bagages que le chauffeur de car avait emprunter à la gare toute proche.

Les fous rires qui suivirent ce moyen de locomotion insolite.

Les ronchonnades de certains insatisfaits de ces vacances les pieds dans l’eau.

La tension permanente que l’un d’entre ne eux loupe lalimite entre la rue et le canal.

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La vision de la place Saint-Marc où les touristes se déplaçaient précautionneusement, à la queue-leu-leu, sur des planches installées sur des plots.

Et cette visite à la verrerie de Murano qui avait finalement réconciliés contents et mécontents par la vision de tous ces objets multicolores que le soleil jouait à faire flamboyer de mille feux.Peu nombreux sont ceux qui ce jour là, n’ont pas acheté un de ces souvenirs.Moi, j’ai acheté un cendrier.

Françoise C

Objets de souvenirs8 avril 2017

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Le cendrier millefiori en verre de Murano(vrai souvenir)

Vacances de Pâques entre amies. Une semaine à Venise. Départ de Genève, train de nuit. Sac à dos couvert d’écussons, une couchette un peu dure et, au réveil, la gare de Venise, s’ouvrant sur le canal. L’émerveillement habituel, cettesensation de planer au-dessus de mes chaussures, le sentiment d’arriver chez moi. L’air frais et humide de la lagune, les porteurs de bagages envoyés par les grands hôtels et nos premiers pas pour prendre le vaporetto. Et déjà un malaise, plus envie d’être là dit-elle, et moi tellement heureuse d’y être au contraire. Discussions, dispute et séparation, elle repart. Des projets annulés, une semaine solitaire en perspective. Peu importe, l’accent chantant des Vénitiens, la douceur de l’air, les pas qui résonnent sur les ponts seront mon quotidien. Une excursion à Burano, une autre à Torcello, une journée à San Michele et la veille du départ le bateau pour Murano. L’admiration pour les maîtres souffleurs de verre, la tentation de tout acheter mais la réalité d’un salaire de débutante, le poids du sac à dos. Alors cet achat symbolique après un choix difficile, ce cendrier si petit, rouge et vert en millefiori qui tient dans le creux de la main. Fin d’une amitié, tristesse et pourtant tout le bonheur de ces jours-là, posé aujourd’hui encore sur un rayonnage de ma bibliothèque.

Françoise B

Objets de souvenirs8 avril 2017

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Amuse bouche

Choisir une falaise de belle factureUne d’ocre sera du meilleur effetDéposer, juste devant, un banc meurtri par le tempsEncadrer l’ensemble de deux ifsL’un fier, l’autre rabattu par le ventLaisser se parsemer à l’envieQuelques feuilles de lierre et de châtaignierRégler le minuteur sur temps indéterminéAttendre patiemment qu’un vieux vienne se poserGuetter l’éclaircieServir aussitôt

Erick

Recette13 mai 2017

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Paysage

Disposez quelques falaisestrès hautes et crayeuses.

Laissez serpenter un joli sentier au sommet.

Ecoutez et regardez la mers’agiter à marée haute.

Respirez l’air frais et iodé du large.

Dessinez des nuages sans cessepoursuivis par un vent fort.

Placez dans un lointain brumeuxles côtes anglaises.

Ginette

Recette13 mai 2017

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