Voyage à travers le PERIGORD

Le Périgord (dessin J.L. Vial)

V o y a g e à t r a v e r s l e P E R I G O R D

Christian JOUSSEIN EDITIONS S.A.E.P.

Composition périgordine (dessin Alain Cartau)

PREFACE

C'est avec une vive satisfaction que j'ai pris connaissance des p age s qui suivent. Consacrées à la présentation du Périgord, elles sont écrites par un jeune et me pa-

raissent convenir aux jeunes à qui elles apportent un appréciable lot d'indications uti- les sur une région qui leur va parfaitement.

Région de tourisme de plein air, elle répond au besoin qu'ont les jeunes de contact di- rect avec la nature et à leur curiosité de réalités simples et variées sur le chemin de l'évasion et de la joie.

Il ne s'agit pas d'une œuvre littéraire venant après tant d'autres dont certaines très brillantes. Mais elle n'ignore pas ce que les écrivains ont appelé la sagesse périgour- dine, l'esprit individualiste et le sens humain des Périgourdins. Personne d'ailleurs ne l'ignore et n'oublie LA BOETIE, farouche résistant à toutes les oppressions, MONTAIGNE, tolérant et pacifique, FENELON, généreux partisan de la justice sociale, très en avance sur son temps et JOUBERT, capable de toutes les délicatesses.

Le Périgord présente, au physique, la même diversité de traits que les illustres esprits qui l'honorent. Nul pays n'est plus divers et qui suit ses routes attachantes et sinueuses voit le paysage changer à chacun de leurs nombreux tournants. Etonnante variété de paysages, le plus souvent pleins de poésie et bien émouvants quand on se souvient qu'ils sont, d'après les témoignages qui nous restent, un des pays les plus anciennement peu- plés fait d'une terre depuis toujours pétrie d'humanité.

Robert LACOSTE Président de l'Office Départemental

du Tourisme de la Dordogne Sénateur - Ancien Ministre

Sarlat : la maison natale de La Boetie (dessin E.H. Cordier)

I - LE PAYS ET LES HOMMES

UN PAYS TRES VARIE

Situé au beau milieu de la zone dite tempérée, puisqu'il s'étend à cheval sur le 1 et le 2 de- grés de longitude ouest et le 45 degré de latitude nord, le Périgord recouvre à peu près la quasi totalité du département actuel de la Dordogne tout en débordant légèrement sur les dé- partements voisins.

Parce que l'on a voulu conserver son intégrité à cette ancienne province, le département oc- cupe le 3e rang par la superficie (918 034 hectares) soit les 1/60 du sol métropolitain. Il com- plète ainsi le trio dont ses deux voisins : les Landes et la Gironde sont les leaders.

Tout naturellement un «pays» aussi étendu peut et se doit de présenter de multiples facettes. Pourtant il existe des provinces qui se laissent appréhender d'un seul coup d'œil, c'est le cas de l'Alsace depuis le donjon du Haut-Kœnigsbourg, certaines, au contraire, sont si platement mornes qu'elles n'ont rien à cacher, d'autres enfin sont si tourmentées qu'elles ne livrent ja- mais leurs secrets. Le Périgord, ce n'est rien de tout cela ou plutôt c'est tout cela à la fois. Pays de luttes sur le plan historique, il le fut aussi sur le plan géologique. Les ères géologiques se surpassèrent pour modeler son sol, la mer et les cours d'eau luttèrent contre ses roches pour y imprimer leurs marques indélébiles. Ainsi en est-on arrivé à la conclusion que le Périgord pos- sède plusieurs visages bien distincts et qu'il est le pays des oppositions. Ce caractère à la fois indéniable et ô combien appréciable provient du fait qu'il est un pays de transition entre le Li- mousin et ses derniers contreforts du Massif Central et la Gironde qui annoncent à la fois la plaine alluviale de la Garonne et les Landes, et la Champagne des Charentes qui tranche avec les Causses dénudés du Lot Quercynois.

Au point de vue géologique plusieurs «régions» sont donc à distinguer. Ainsi tout le nord-est du département (au nord d'une ligne Nontron-Terrasson) est formé de terrains très anciens que l'on qualifie de primitifs. Le granit, le quartz, le gneiss... constituent une vieille pénéplaine usée qui se rattache aux monts du Limousin. Cette région possède d'ailleurs le point culmi- nant: la forêt de Vieillecourt qui culmine, si j'ose dire, à 478 m. A ces terrains froids imper- méables et peu fertiles correspond une couverture végétale de prairies, landes, bois, taillis, châtaigniers et bruyères... en tout point semblable à celle du Limousin voisin.

Toute la partie centrale du département, que nous qualifierons aussi de région «intermé- diaire», est constituée de terrains sédimentaires abandonnés par la mer en se retirant. C'est le royaume du calcaire qui est souvent à l'origine d'un terrain sec, perméable et souvent fertile. Contrairement à ce que l'on pourrait penser ce paysage n'est pas uniforme car il présente au moins deux variantes : au sud-est (Terrassonnais et Sarladais) le sol est pierreux, les eaux courantes sont sousterraines, la végétation est pauvre et chétive, c'est le domaine des forêts rabougries et peu fournies, des génévriers et de la lavande. Cette région annonce le Quercy d'où le nom de «Causse» que lui attribuent volontiers ses habitants. A l'opposé de celle-ci, l'ère tertiaire a déposé sur le socle calcaire des sables et des argiles dont P. Grelière estime qu'ils «constituent la caractéristique du sol Périgordin». C'est la région de la Double avec ses forêts et ses marécages et le Landais dont le nom est très évocateur.

Pour terminer cette brève esquisse de la Géologie Périgordine, il nous faut signaler l'œuvre des cours d'eau qui durant le quaternaire ont généreusement alluvionné les plaines qui bor- dent leurs rives.

Ainsi donc, le visiteur qui arriverait de Paris par la route de Limoges (N. 21) et qui ferait le tour du Périgord dans le sens des aiguilles d'une montre avant d'arriver à Périgueux rencontrerait-il successivement : les taillis et prairies du Limousin, le Causse et les collines boi- sées entaillées de profondes vallées du Sarladais, les prémices des vergers de l'Agenais, les cô- teaux plantés de vignes du Bergeracois, le Landais, la Double avec ses étangs et parviendrait enfin dans les bois qui encerclent Périgueux.

Tout ceci est d'ailleurs judicieusement mis en valeur par un Périgordin d'adoption, Jean Se- cret: «opposition entre la dureté et la sévérité du Nontronnais, dernier contrefort du Massif Central, et le reste du Périgord calcaire, opposition également entre le Ribéracois presque Charentais et le Sarladais entaillé par les rivières, opposition entre ce royaume des eaux qu'est la Double et la sécheresse du Causse, opposition enfin entre les forêts du Périgord noir et la riche région consacrée à la viticulture du Bergeracois». Le même auteur parle aussi de la symphonie des couleurs du manteau végétal. Les enfants du pays savent apprécier cette va- riété dans les couleurs, aussi, depuis très longtemps, ont-ils pris l'habitude de distinguer trois grands ensembles : - Au nord c'est le Périgord Vert dont Brantôme s'enorgueillit d'être la capitale, c'est la région des forêts aux tons clairs, des prairies et des étangs. - Au centre c'est le Périgord Blanc avec Périgueux; c'est le pays du calcaire.

Achevé d'imprimer sur les presses de la S.A.E.P. Colmar-Ingersheim

le 8 avril 1974 dépôt légal 2e trim. 1974

n° 536

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