VOUS TROUVEREZ LE VRAI SUD AU MISSISSIPPI · Le week-end, les bars résonnent des rythmes du blues,...

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VOUS TROUVEREZ LE VRAI SUD AU MISSISSIPPI ! On n’aurait jamais dû quitter le Mississippi ! (« Les affameurs », Anthony Mann – 1952) Un voyage au Mississippi, c’est la garantie d’une plongée au plus profond du Vieux Sud ! C’est d’abord le « grand fleuve » (traduction littérale de son nom indien) qui incarne et véhicule l’âme du pays qui a peu changé depuis l’époque du coton roi et des grands steamers qui s’y faisaient la course. Et puis l’histoire est arrivée avec la Guerre de Sécession, puis la lutte des Noirs pour leurs droits civiques, racontée aujourd’hui par la Freedom Trail. Revitalisé par le retour des bateaux à roue à aubes, le Mississippi arrose toujours, parfois trop, les campagnes endormies et de jolies petites localités hors du temps, se réveillant le temps des « pèlerinages » quand les maisons patriciennes s’ouvrent au public, avide de humer l’atmosphère d’autrefois.

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VOUS TROUVEREZ LE VRAI SUD AU MISSISSIPPI !

On n’aurait jamais dû quitter le Mississippi ! (« Les affameurs », Anthony Mann – 1952)

Un voyage au Mississippi, c’est la garantie d’une plongée au plus profond du Vieux Sud ! C’est d’abord le « grand fleuve » (traduction littérale de son nom indien) qui incarne et véhicule l’âme du pays qui a peu changé depuis l’époque du coton roi et des grands steamers qui s’y faisaient la course. Et puis l’histoire est arrivée avec la Guerre de Sécession, puis la lutte des Noirs pour leurs droits civiques, racontée aujourd’hui par la Freedom Trail. Revitalisé par le retour des bateaux à roue à aubes, le Mississippi arrose toujours, parfois trop, les campagnes endormies et de jolies petites localités hors du temps, se réveillant le temps des « pèlerinages » quand les maisons patriciennes s’ouvrent au public, avide de humer l’atmosphère d’autrefois.

Le week-end, les bars résonnent des rythmes du blues, né dans le Delta, cette vaste plaine alluviale où s’étirent encore les champs de coton entre Memphis et Vicksburg. Les villages s’animent lors de l’un de ces nombreux festivals. Partout on trouvera des collections de bâtiments historiques, musées, drugstores antédiluviens et fresques murales blottis autour de leur square dominé par le vénérable palais de justice digne d’un « retour vers le Futur », flanqué du Monument aux Confédérés. Et les plantations, qu’elles soient paysannes ou aristocratiques, sont devenues souvent des auberges de charme à l’ombre de chênes drapés de mousse espagnole.

INCONTOURNABLES ! Il faut se perdre le long de la Natchez Trace, l’ancien chemin des bateliers remontant à Nashville avec les cargaisons de coton. C’est la seule route classée Parc National aux Etats-Unis.

En arpentant la Route 61, la célèbre Blues

Highway revisitée par Bob Dylan, on humera le parfum entêtant des magnolias, la fleur fétiche de l’état, aussi blanche que le coton. Puis on dormira dans une orgueilleuse demeure patricienne ou bien une humble cabane transformées en B&B après avoir écouté les vieux bluesmen jouer « toute la musique qu’on aime » dans un juke-joint surchauffé, ou encore des gospels inspirés dans une église immaculée. Sirotez un mint-julep ou un

Southern Comfort et relisez Tennessee Williams et William Faulkner en vous balançant en rocking-chair sur la véranda. Rêvez devant la colonnade dressée vers le ciel immense de la plantation Windsor, l’un des sites les plus évocateurs d’un monde enfui. Car le charme du Mississippi vient d’abord de son ambiance marquée par la nostalgie d’un monde meilleur, l’essence même du blues, quand on pouvait se laisser vivre, alangui, dans la moiteur du Sud où l’« on aurait pu vivre un million d’années et toujours en été » comme le chantait Nino Ferrer.

UNE LEÇON D’HISTOIRE…

Le Mississippi était le territoire des Choctaw, Chickasaw, Crees et autres Natchez. Ils laissèrent, avec leurs ancêtres de la culture du Mississippi, plusieurs sites dont les tumulus sont les vestiges les plus remarquables avec le Grand Village des Indiens Natchez ou le Chickasaw Village and Fort. Après l’exploration de Cavelier de La Salle, les français fondèrent la première colonie permanente de Louisiane à Biloxi en 1699 où, comme un symbole, Jefferson Davis, le président confédéré déchu, passa ses 12 dernières années dans sa résidence de Beauvoir sur le golfe du Mexique. Natchez suivra en 1716 pour nous laisser en héritage un trésor architectural avec plus de 500 bâtiments classés, s’ouvrant lors des « Pèlerinages » avec de nombreuses plantations et maisons de maître, souvent devenus des hôtels de charme. Le fleuve devenu la voie de communication essentielle de ce nouveau pays n’allait jamais se laisser domestiquer totalement. A Greenville, le Flood of ’27 Museum illustre l’une de ses crues les plus dévastatrices. Pour tout savoir de la relation tumultueuse entre le fleuve et la région, il faut voir le tout récent Lower Mississippi River Museum & Riverfront Interpretive Site de Vicksburg.

La Guerre de Sécession va laisser une marque indélébile dans le décor et dans les esprits comme en témoignent les National Battlefields de Tupelo, Brice’s Crossroads ou Corinth dont le magnifique Civil War and Interpretive Centre raconte la bataille de 1862. A visiter également Port Gibson ou Grand Gulf Military

Monument, un endroit parfait pour un pique-nique, ainsi que Newton, théâtre d’un raid de cavalerie nordiste en 1863 qui a inspiré à John Ford « Les Cavaliers » et surtout Vicksburg dont

le National Military Park, jonché de monuments et de canons, raconte le siège de 1863, un moment clé qui marqua le début de la fin des espoirs confédérés. Tous les deux ans, les descendants de Jefferson Davis se réunissent à Woodville dans la rustique plantation de famille de Rosemount, à quelques hectomètres du lieu de naissance du grand Lester Young. La renaissance passera par la lutte des noirs pour leurs droits civiques, commémorée tout au long de la toute récente Mississippi Freedom Trail comme à Jackson, la capitale où l’on trouve la demeure de Medgar Evers, le secrétaire du NAACP, martyr de la lutte pour les droits civiques assassiné sur le pas de sa porte, ou l’université d’Ole Miss d’Oxford où un monument honore James Meredith, le premier étudiant noir à vouloir s’y inscrire en septembre 1962. Comme un symbole, c’est à Ole Miss, dans la ville de William Faulkner, qu’eut lieu l’un des débats de la campagne présidentielle entre Obama et Mc Cain. Un voyage au Mississippi est donc aussi un voyage dans un passé, riche, fantomatique, hanté et tumultueux, forcément plein de « bruit et de fureur », ranimé lors de reconstitutions de batailles (les commémorations des 150 ans de la Guerre iront jusqu’en 2015), ou au travers d’un cours d’architecture XXL dans d’innombrables autant que charmantes localités aux Historic Districts « atmosphériques » comme Columbus, Hattiesburg, Natchez, Okolona, Philadelphia, Raymond, ou les minuscules mais très évocatrices D’Lo, SoSo, Panther Burn ou Hot Coffee… La Natchez Trace National Scenic Parkway, route au statut unique de Parc National, relie en 450 miles Natchez à Nashville, capitale du Tennessee. Ancienne piste indienne (tumulus) utilisée par les bateliers qui remontaient par voie de terre au Tennessee, elle allait devenir la première route commerciale de l’Ouest américain de l’époque avant de tomber en désuétude avec l’arrivée de la vapeur. Interdite aux poids lourds et aux panneaux publicitaires, ne traversant aucune ville avec ses deux voies et une vitesse limitée, scandée par des forêts dégoulinant de mousse espagnole, lacs, bayous et cascades, elle forme un trait d’union bucolique et historique entre les deux états, avec de nombreuses activités en pleine nature : observation de la faune, randonnée à pied, à cheval, en canot ou en vélo à volonté. Près d’Okolona, les tumulus précolombiens d’Owl Creek Mounds et Bynum Mounds sont surpassés par le colossal Emerald Mound, voisin de Natchez et près duquel subsiste la Mount Locust Inn & Plantation, la seule halte de diligence à avoir survécu.

MUSIC UNLIMITED Blues, Country, Rock’n’ Roll... Tout a commencé ici ou presque. La densité d’artistes légendaires au kilomètre carré est sans doute unique au monde. Le Blues est né dans le Delta, hérité des esclaves qui s’encourageaient en chantant dans les champs de coton. Nombreux furent les ouvriers agricoles partis gagner leur vie comme musiciens dans les grandes villes de la Highway 61, la fameuse « Route du Blues ».

Si le gospel était la musique sacrée, on a dit que le blues était celle du diable, celle qui permettait de se coltiner avec les duretés de la vie en y mettant ses joies et ses peines... D’ailleurs la légende veut que Robert Johnson, inspirateur des Rolling Stones ou d’Eric Clapton, ait vendu son âme au diable en échange d’une dextérité inégalable à la guitare. Si Jimmie Rodgers de Meridian est considéré comme le pape de la country, représentée aussi par Tammy Wynette, le roi hors catégorie est bien le « King » du rock’n’roll, Elvis

Presley. Quantités de musées, touchant de simplicité comme à Clarksdale ou à Leland, ou à la pointe de la modernité muséographique comme le fantastique BB King Museum d’Indianola, racontent un patrimoine musical qui parle à toute la planète. Avec la Mississippi Blues Trail et la Country Music Trail, le Mississippi s’est doté de deux fantastiques livres ouverts en permanence, racontant les destins d’artistes connus ou oubliés, et que l’on peut écouter avec une application Iphone. Car la musique est toujours vivante : chanteurs et musiciens continuent à faire vibrer les vieux juke joints, les clubs historiques, les salles de concert et les innombrables festivals : l’Elvis Presley Festival de Tupelo, le Jimmie Rodgers Country Music Festival de Meridian, tous en en juin, mais aussi ceux de Bentonia ou Greenville, ne sont que quelques-uns sur les centaines de festivals musicaux jalonnant l’année. Les amateurs d’ambiance « roots » ne manqueront pas de passer le jeudi soir à Po’Monkey’s du côté de Merigold, ou à Ground Zero, ou chez Red’s à Clarksdale, au Club

Ebony à Indianola, pour ne citer que quelques lieux marquants, tout en sachant que l’animation, ruralité oblige, est surtout au rendez-vous le week-end… Il est amusant de noter que le Mississippi est aussi la terre natale du crooner Jimmy Buffet (Pascagoula) qui vient de commettre un album avec Lady Gaga, ainsi que de la grande soprano Leontyne Price (Laurel) qui obtint 15 Grammy Awards, ou de Britney Spears (McComb).

La Mississippi Blues Trail La Piste du Blues est rythmée de plaques commémoratives sur les sites historiques liés au Blues. A ce jour, plus de 140 plaques composent un musée en plein air unique racontant l’histoire et le monde du Blues. www.msbluestrail.org

La Mississippi Country Music Trail Selon le même principe, la Piste de la Country, avec à ce jour une trentaine de panneaux didactiques, met en valeur la contribution à la country des artistes du Mississippi comme Jimmie Rodgers.

Les étapes musicales à ne pas manquer Au coeur du Delta, Clarksdale a vu passer une riche lignée de bluesmen comme W.C. Handy, Charley Patton, Robert Johnson, John Lee Hooker, Ike Turner, Sam Cooke, etc. Le Delta Blues Museum, l’un des plus anciens du genre, abrite la cabane d’un certain Morganfield McKinley alias Muddy Waters, gourou des Rolling Stones à qui il doit la célébrité. Le Crossroads marquant l’intersection de la 61 et de la 49 est rattaché à la légende de Robert Johnson. Plusieurs clubs, ouverts surtout le week-end, et plusieurs festivals entretiennent la réputation de la ville. A Cleveland, les Delta State University Archives présentent des expositions temporaires et des rétrospectives historiques sur le Delta. Les amoureux du blues se donnent rendez-vous tous les jeudis soirs à Merigold où Po' Monkey's est l’un des rares juke joints authentiques à avoir survécu jusqu’au XXIe siècle.

Un peu au Sud, les bâtiments épars de la Dockery

Plantation sont un témoignage sur la fin des plantations de coton. Charley Patton considéré comme le père du blues du Delta y travailla. Y passèrent Eddie « Son » House, Robert Johnson, « Howlin’ Wolf » Burnett, Roebuck « Pops » Staples, David « Honeyboy » Edwards. Non loin, le Parchman Penitentiary fut une source d’inspiration pour certains d’entre eux...

Le Greenwood Blues Heritage Museum & Gallery, abrite une importante collection de souvenirs et d’objets liés au Blues. Il se concentre sur Robert Johnson qui a un certain don d’ubiquité avec plusieurs de ses tombes aux environs. Indianola est fière du B.B. King Museum and Delta Interpretive Center où à travers le destin émouvant de Riley B. King, enfant du pays devenu une star internationale, c’est toute l’histoire des noirs, de leur condition et de leur musique qui est racontée. Le Club

Ebony fait partie de la légende.

Graceland Too est un musée privé de Holly Springs, intégralement dédié à Elvis, foisonnant d’un incroyable bric-à-brac rassemblé par un père et son fils raides dingues du « King ». Les mordus du « King » iront voir à Horn Lake, le Elvis and Priscilla Presley's Honeymoon Cottage où le couple passa sa lune de miel. Fin septembre, et désormais installé à Greenville, le Highway 61 Blues Festival est jumelé avec le King Biscuit d’Helena en Arkansas dans le cadre de « Bridging the Blues ».

Leland, la ville natale du guitariste albinos Johnny Winter disparu en 2014 après un dernier concert à Cahors où venait d’être inauguré le premier marker de la Mississippi Blues Trail en France, possède bien sûr son musée du blues. Les murs de la localité sont ornés de quantités de fresques ayant la musique pour thématique.

Chaque jeudi soir, c’est « Pickin’ on the Square » sur la place de Corinth où les musiciens se rassemblent pour faire un boeuf. L’histoire moderne de Tupelo doit tout à Elvis Presley qui y vint au monde en 1935. La modeste maison familiale est pieusement préservée au Elvis Birthplace &

Museum, à côté d’un musée et d’une chapelle où l’on découvre son talent pour le gospel. En ville, le Tupelo Hardware Store où Gladys Presley acheta à son fils sa première guitare et Johnnie's Drive In où le gamin venait déguster hamburger et ice cream sont incontournables… Parmi de nombreux autres sites : ses écoles ou le Lee County Courthouse, tribunal où il participa à sa première émission de radio. Le Jimmie Rodgers Museum de Meridian, point de départ de la Mississippi Country Music Trail est dédié au « père de la Country Music ». Peavey Electronics Co., premier fabricant mondial de matériel musical, d’amplis et guitares, y a aussi son siège.

A Oxford, ville universitaire oblige, on a toutes les chances d’écouter de la musique « live ». Les Archives du Blues entreposées à l’Université “Ole Miss”, enrichies par de nombreux dons dont ceux de B.B. King, sont exceptionnelles. La ville est aussi le siège du label Fat Possum et d’autres studios. Woodville, ville natale de Lester Young dont Tavernier raconta l’histoire dans « Autour de Minuit », a connu aussi des bluesmen comme Scott Dunbar ou Robert Cage.

LE MISSISSIPPI EST UN ROMAN… La littérature a beaucoup fait pour identifier le Sud, et l’école sudiste est un genre en soi. De nombreux festivals, lectures, signatures animent l’état dont la littérature a très souvent été popularisée par le cinéma. C’est à Oxford, dans sa maison de Rowan Oak (fermée le lundi) que William Faulkner, Prix Nobel de littérature en 1949, vécut jusqu’en 1962, s’inspirant de la région pour son comté imaginaire de Yoknapatawpha, toile de fond de son œuvre. On en profitera pour aller bouquiner à Square Books, l’incontournable librairie locale. Grâce au prolifique John Grisham, dont nombre de best sellers tirés de son expérience juridique au Mississippi ont connu le grand écran, plusieurs écrivains vivent en résidence à Oxford grâce à sa fondation. C’est notamment le cas de Tom Franklin, auteur de « La Culasse de l'enfer », un puissant western sudiste. Citons aussi, originaire d’Oxford, l’ancien pompier Larry Brown, connu notamment pour « Dur comme l’amour », devenu « Big Bad Love » au cinéma, et dont la carrière s’est arrêtée trop vite.

Rowan Oak, Oxford

Autre auteur national majeur, Tennessee Williams vécut à Columbus puis à Clarksdale, chérissant le souvenir de l’auteur de « La Chatte sur un toit brûlant ». On pourra aussi passer à Uncle Henry's Place, au bord du Moon Lake, 30 minutes au sud de Tunica, un haut lieu de la Prohibition où, enfant, l’écrivain venait régulièrement avant que ce site ne se retrouve régulièrement dans ses œuvres.

A Natchez, on ira voir la maison d’enfance de Richard Wright, petit-fils d'esclave et premier écrivain noir reconnu internationalement. Exilé à Paris en plein maccarthysme, devenu ami de Jean-Paul Sartre, il est enterré au Père Lachaise. Natchez est également la ville natale de Prentiss

Ingraham. Cet ancien colonel de l’armée sudiste est l’un des inventeurs du « dime novel », ces romans à dix sous (d’où leur nom) qui firent la popularité incroyable de Buffalo Bill. Plus dans la veine typiquement sudiste, mentionnons Brad

Watson qui s’inspira de sa ville de Meridian pour « Le Paradis perdu de Mercury », Richard

Ford, né à Jackson, tout comme Kathryn Stockett dont « La couleur des sentiments » a été porté à l’écran.

AU MISSISSIPPI, LE CINEMA EST PERMANENT ! Il était normal que son patrimoine historique et culturel inspire les cinéastes qui sont venus très souvent sur place tourner en extérieur des dizaines de films, profitant de ses décors préservés pour y représenter tous les genres ou presque, fresques historiques, histoires intimistes typiques de la ruralité de l’Amérique profonde ou films noirs teintés de la part d’ombre propre à la région, alimentés souvent par les auteurs locaux, Williams, Faulkner ou Grisham en tête. Sur fond de Guerre de Sécession, « L’Arbre de Vie » se déroule dans les ruines hantées de la Plantation Windsor à proximité de Port Gibson quand « Les Cavaliers » de John Ford, tourné aux environs de Natchez, raconte l’histoire du raid éclair d’un escadron nordiste sur la petite localité de Newton. C’est à Bay St. Louis que Sydney Pollack tourna « Propriété Interdite », adapté de la pièce homonyme de Tennessee Williams, le premier de ses 7 films avec Robert Redford. A propos de Tennessee Williams, son seul scénario original, le sulfureux « Baby Doll » sera filmé par son ami Elia Kazan à Benoit, dans la maison du juge J.C. Burrus surnommée depuis la Hollywood Plantation, heureusement restaurée dans sa splendeur de 1858. Le centre classé de Canton où trône son spectaculaire tribunal, voit souvent débarquer les équipes de tournage. Y ont été tournés « Le Droit de tuer ? » adapté de John Grisham où jouaient déjà Matthew McConaughey, « Mississippi Burning » (aussi à Vaiden) et le picaresque « O Brother » des frères Coen dont plusieurs scènes marquantes furent tournées à Hazlehurst, Bolton, Leland, à Alligator Lake près de Vicksburg, et sur la Strong River à D’Lo. Canton a d’ailleurs érigé un intéressant petit musée sur le cinéma local. « Nous sommes tous des voleurs », qui se déroulait à Canton et autour de Yazoo City, et « Cookie’s Fortune » qui réveilla la charmante bourgade de Holly Springs, sont des œuvres marquantes du grand Robert Altman. Natchez accueillit quelques scènes de « Ladykillers », autre opus des frères Coen, tandis que le tout récent « La Couleur des Sentiments » s’est dispersé entre Greenwood et Jackson. Isolé au milieu de ces longs métrages, on n’oubliera pas Kermit la grenouille et Piggy la cochonne apparus dans un premier temps dans Sesame Street, célèbre émission pour enfants. En effet le créateur du « Muppet Show », Jim Henson, né à Greenville, passa son enfance à Leland où un musée lui rend hommage. Pour finir en musique, mentionnons « Mississippi Blues », le superbe documentaire réalisé par Bertrand Tavernier et Robert Parrish, partis à la recherche des vieux bluesmen.

NATURE ET ACTIVITES EN PLEIN AIR

Ses 6 Forêts Nationales offrent quantités d’opportunités pour pratiquer pêche, vélo, rando, équitation, canotage et observation de la faune, protégée par de nombreux refuges nationaux. L’une des plus spectaculaires est la Delta National

Forest, au nord de Vicksburg. Excursions ou expéditions en canoë vous ramèneront avant Mark Twain du côté de Clarksdale.

La compagnie Quapaw Canoe y organise des expéditions guidées de quelques heures ou de plusieurs jours en canoë et en kayak sur le Mississippi, ses affluents, bayous ou autres bras morts. Pagayage en rivière, camping sur un banc de sable effilé, nage dans un trou d’eau sont au programme. Autre site typique : la Black Creek River et ses méandres, seule National Scenic River de l’état qui traverse la touffue DeSoto National Forest. Sur la côte, ourlée par le chapelet d’îles du Gulf Islands National Seashore, on pratique tous les sports nautiques, du kayak à la voile en passant par la pêche au gros. Dans l’arrière-pays baigné de bayous, on partira à la recherche des oiseaux et des alligators à pied ou en kayak.

MISSISSIPPI BY THE SEA

Idéale ponctuation finale au voyage, la côte du Mississippi, à 90mn de l’aéroport de New Orleans, balance entre le charme rétro du temps jadis et l’atmosphère décontractée des stations balnéaires. Les plages de sable blanc sont jalonnées de casinos inspirés par Vegas, voisinant avec de délicieux petits villages de pêcheurs tels Ocean Springs,

Pascagoula, Bay St. Louis ou Pass Christian, devenus le refuge d’artistes locaux, avec magasins d’antiquités et B&B à gogo. Le soir, la côte s’auréole des néons des casinos.

Golf et kayak de mer conviendront aux plus actifs. Et également à expérimenter : de belles balades en mer avec Fort Massachusetts, planté sur West Ship Island, combinant plage et découverte, une partie de pêche à la crevette, ou une croisière sur un schooner croisant au large de Biloxi vers les Gulf Islands protégées par un National Seashore. Dans l’arrière pays, les marécages plantés de cyprès arrosés par la Pascagoula River ou la Grand Bay National Estuarine Research Reserve sont propices à l’écotourisme.

GOLF ALONG THE GULF

Le Mississippi est riche de plus de 170 parcours dont plusieurs ont été réalisés par Jack Nicklaus, Arnold Palmer, Jerry Pate ou encore Tom Fazio. On le pratique toute l’année dans les 5 régions de l’état, du Delta à la côte du Golfe du Mexique. Original : testez vos capacités sur le 18 trous du Dancing Rabbit Golf Club sur la réserve des Choctaws. Preuve de la renommée de ses parcours, l’état reçoit 2 compétitions siglées PGA : en mars, la Mississippi Gulf Resort

Classic au Fallen Oak Golf Course, au nord de Biloxi, et en juillet, le True South Classic, à l’Annandale Golf Club proche de Jackson.

CROISIERES SUR LE MISSISSIPPI

Les passagers embarquant sur l’American Queen de l’American Queen Steamboat Company, le plus grand bateau à aubes du monde dont le port d’attache est Memphis, se plongeront dans la nostalgie et le rythme d’une époque révolue lors de croisières au long cours de 3 nuits ou plus. Si le confort est contemporain et la cuisine élaborée, le décor grandiose est digne de la magnificence d’avant la Guerre de Sécession avec le féerique Grand Saloon, la salle de spectacles réplique du Théâtre Ford de Washington.

Le navire opère sur le Mississippi depuis Beale Street Landing, au cœur de Memphis. S’y ajoutent les croisières du Mississippi Queen d’American Cruise Lines (encore un bateau à roue) et les navires fluviaux plus classiques de Blount Small Ship Adventures. A Greenville ou Tunica, il existe de nombreuses excursions sur le fleuve le temps d’une balade ou d’un dîner.

QU’EST-CE QU’ON MANGE ?! Modestes gargotes en bord de route ou établissements huppés servent barbecue, émincé de porc, poisson-chat, poulet pané, gumbo, tamales (Il y a même une Mississippi’s Tamale Trail), crevettes et grits typiques, les spécialités locales. Restaurants et écoles de cuisine ont su fusionner les apports indien, noir, caraïbe, latino et européen.

Mammy's Cupboard, Natchez

Les cours de cuisine : • Greenwood, Ridgeland : A la réputée Viking Cooking School, on assouvit sa passion en apprenant les recettes sudistes. • Jackson : L’Everyday Gourmet fait venir des chefs qui vous transmettent leur savoir. • Natchez : A High Cotton, on assiste à des démonstrations et on met aussi la main à la pâte.

Une toute petite sélection de restaurants : • Borroums’ Drug Store, Corinth : Ambiance hyper locale et salade traditionnelle au maïs. • Doe’s Eat Place, Greenville : Le Doe originel est toujours réputé pour ses steaks. • Ground Zero Blues Club, Clarksdale : Le restaurant dont Morgan Freeman est l’un des actionnaires vaut surtout pour la musique et le décor dans le style juke-joint. • Leatha’s BarBQue, Hattiesburg : Essayez l’émincé de porc avec sa salade de patates. • Mammy's Cupboard, Natchez : Pour son architecture typique de la route américaine, le restaurant se cachant sous la jupe d’une Mamma noire haute de 3 étages… • Peggy’s, Philadelphia : Ambiance familiale, des légumes et un poulet fabuleux. • White Front Café, Rosedale : Peut-être les meilleurs tamales du Delta

HEBERGEMENT Si la plupart des grandes chaînes hôtelières sont représentées au Mississippi, y compris celles des casinos, on y trouve quantités d’hébergements originaux qui sont autant d’expériences « collant » avec l’esprit de la région :

- Hôtels de charme souvent chargés d’histoire (L’Alluvian de Greenwood, un superbe hôtel « boutique » très recherché, le modeste et touchant Riverside de Clarksdale où Bessie Smith passa ses derniers instants, le méconnu Chester à Starkville, le Greenville Inn, le Main Street Hotel de Yazoo City, etc.) - Même des hôtels de chaîne peuvent receler un riche passé. C’est le cas du Hilton Garden Inn Downtown de Jackson, l’ex King Edward Hotel, dont plusieurs chambres faisaient office de studios d’enregistrement… - Auberges classées Monuments Historiques à Vicksburg, plantations, demeures de maître après un dîner aux chandelles du côté de Natchez, ou cabane archi rustique du Delta, un harmonica ou une guitare dans une main, un Southern Comfort dans l’autre (Shack Up Inn sur la Hopson Plantation, Tallahatchie Flats, etc.)…

Tallahatchie Flats, Greenwood

- B&B intimistes un peu partout - Les amateurs de nature privilégieront les 150 campings pour des étapes « nature ».

TOUR OPERATEURS Tous les voyagistes membres du Visit USA Committee, notamment les spécialistes du sur-mesure, sont à même d’organiser un voyage au Mississippi. Il existe quelques circuits accompagnés mais qui passent essentiellement à Jackson ou Natchez, ne permettant qu’une découverte limitée. Retrouvez leurs coordonnées ici : http://www.office-tourisme-usa.com/trouvez-le-bon-contact/voyagistes

ACCES, TRANSPORTS - Par voie aérienne : Memphis est la porte d’entrée la plus logique. New Orleans, juste au Sud, Jackson, la capitale d’état, Gulfport, sur la côte du Golfe du Mexique, sont également desservies par les grandes compagnies américaines via Atlanta, Charlotte, Dallas, Houston, etc. avec notamment Delta Air Lines, American Airlines ou United Airlines. - Par la route : Les Interstates 55 (reliant Memphis à New Orleans) et 20 traversant l’état d’Est en Ouest, se croisent à Jackson, tandis que la 59 forme une diagonale entre l’Alabama et la côte du Golfe du Mexique, elle-même longée par la I-10. On a déjà mentionné la Highway 61, son artère musicale, et l’historique Natchez Trace Parkway, parc national se déroulant dans un océan de verdure. Le réseau secondaire, très apprécié des motards, permet de faire corps avec la région. - En train :

Le mythique train d’Amtrak « City of New Orleans », reliant depuis 1947 Chicago à New Orleans via Memphis, offre 6 étapes au Mississippi, l’occasion d’une balade ferroviaire autant que musicale sur la Route du Blues dont le train a été l’une des grandes sources d’inspiration. Il sera facile de le combiner avec des locations de voiture. - En bateau : Des croisières sont disponibles dans cette région.

CONTACTS Représentation en France (Informations et documentation)

Americana French Gateway, Bureau de représentation du Mississippi et du Tennessee M. Jean-Marie Douau. E-mail : [email protected]

Sites internet : En français www.memphis-mississippi.fr

En anglais www.visitmississippi.org