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Vous ne connaîtriez pas quelqu’un pour garder pépé ? Comédie de BERNARD FRIPIAT Bernard FRIPIAT 25 rue de la Croix Nivert 75015 PARIS Tél. : O6.59.51.85.73. http://www.orthogaffe.com/ [email protected] Dépôt : SABAM (Belgique) Responsable : Sophie Gohr (00 32 2 286 82 73) [email protected] Merci de noter que cette pièce est déposée à la SABAM et non à la SACD Vous ne connaîtriez pas quelqu’un pour garder pépé ? Bernard Fripiat. [email protected] (06 60 90 95 47). Dépôt SABAM : [email protected] 1

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Vous ne connaîtriez pas quelqu’un pour garder pépé ?

Comédie

de

BERNARD FRIPIAT

Bernard FRIPIAT 25 rue de la Croix Nivert 75015 PARISTél. : O6.59.51.85.73.http://www.orthogaffe.com/[email protected]épôt : SABAM (Belgique) Responsable : Sophie Gohr(00 32 2 286 82 73) [email protected] de noter que cette pièce est déposée à la SABAM et non à la SACD

Vous ne connaîtriez pas quelqu’un pour garder pépé ? Bernard Fripiat. [email protected] (06 60 90 95 47). Dépôt SABAM : [email protected]

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Scène 1

Pénélope. (Heureuse). Chéri, tu te rends compte ? Saint-Tropez !

Nestor. (Contrarié). Ah ça, je me rends compte !

Pénélope. Et pas comme la dernière fois ! (Un temps). Tu te souviens ? Quelle horreur ! On marchait durant des heures sur le quai à scruter la médiatique vedette bronzant sur son yacht. La honte de ma vie ! J’avais l’impression d’être une grosse vache ruminant son herbe maigre en regardant d’un air triste le T.G.V. fonçant à toute allure vers une destinée qu’on peut à peine imaginer. Cette fois, ce sera nous la VIP ! Ce sera nous qui marchera !

Nestor. Marcherons !

Pénélope. Peut-être ! Mais en tout cas, ce sera eux les vaches. Nous, nous promènerons notre nonchalance dans la rue observant discrètement du coin de l’œil le touriste smicard qui essaye de deviner qui on est ! (Imitant). Où est-ce qu’on les a vus ? A la télévision ? Au cinéma ? Dans la presse people ? Pourtant, je suis sûr qu’on les a vus quelque part. (Cessant d’imiter). Pendant ce temps, nous continuerons notre chemin le regard vague et le menton indifférent. Chéri, tu te rends compte ?

Nestor. Très bien !

Pénélope. Un agent ! Comment n’y as-tu pas pensé plus tôt ? Quand je pense que dans toutes les histoires que tu as écrites, il y a un rôle pour moi et que voilà 20 ans que tu essayes vainement de caser un scénario alors qu’il suffisait d’avoir un agent pour que toutes les portes s’ouvrent.

Nestor. Il me prend 50 %.

Pénélope. Il vaut mieux 50 % de quelque chose que 100 % de rien du tout. En plus, regarde les invitations qu’il nous a obtenues. Quand je pense que des gens travaillent, qu’on oblige les gosses à faire des études alors qu’il suffit d’avoir un carnet d’adresses pour devenir VIP à Saint-Tropez ! Chéri, tu te rends compte ?

Nestor. Oui, je me rends compte ! Est-ce que tu vas arrêter de me poser tout le temps la même question ?

Pénélope. (Choquée). Nestor !

Nestor. C’est vrai ça ! Depuis qu’on est marié, je n’arrête pas de me rendre compte. Je commence à en avoir marre, moi, de me rendre compte.

Pénélope. Chéri, est-ce que tu te rends compte comment tu me parles ?

Nestor. La seule chose dont je me rends compte, c’est que tu oublies quelqu’un.

Pénélope. Pépé Albert !

Nestor. Oui, pépé Albert ! On va en faire quoi de pépé Albert pendant qu’on est à Saint-Tropez ?

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Pénélope. Il va vouloir venir avec nous ?

Nestor. Je le crains !

Pénélope. D’un autre côté si en 20 ans tu as pu écrire tous ces scénarios qui ne nous ont jamais rapporté le moindre euro, c’est parce qu’il a bien voulu nous loger…

Nestor. (Acquiesçant). Quand on s’est retrouvé à la rue, il nous a recueillis. (Un temps). C’était aussi une manière facile d’éviter la solitude.

Pénélope. Il nous a nourris.

Nestor. Oui, d’un autre côté, nous n’avons jamais abusé de la nourriture.

Pénélope. Habillé…

Nestor. On ne lui a jamais rien demandé. Quand on fait des cadeaux aux gens, la moindre des politesses est de ne pas le leur reprocher.

Pénélope. Offert des vacances chaque année.

Nestor. Et on l’a toujours emmené avec nous.

Pénélope. C’est vrai aussi !

Nestor. Si seulement j’avais rencontré cet agent, il y a 10 ans. On serait parti en douce et on se serait expliqué à notre retour.

Pénélope. En douce ! Il aurait quand même fallu lui expliquer pourquoi il nous payait le billet de train.

Nestor. J’aurais emprunté.

Pénélope. Je me demande bien à qui !

Nestor. À mon agent ! Pour 50 %, il peut bien faire ça !

Pénélope. Je te rappelle, mon chéri, que ton agent te croit rentier. (L’imitant) « J’ai écrit ces petites choses uniquement pour mon plaisir. Non seulement, je n’ai jamais essayé de les faire jouer, mais je n’ai même jamais envisagé la chose. Maintenant, si on peut en faire des films, pourquoi pas ? Il ne me serait pas désagréable d’imaginer que ma petite histoire puisse divertir le peuple ». (Cessant d’imiter). Du grand art ! Ton plus beau rôle, mon chéri.

Nestor. C’est ça qui l’a intéressé ! Si je lui avais dit que tous les studios m’ont claqué la porte au nez pendant 20 ans, tu crois qu’il m’aurait ouvert celles de Saint-Tropez. (Un temps). Tu ne vas pas me reprocher une stratégie qui a réussi ?

Pénélope. Non ! Seulement, il aurait été légèrement surpris que tu le tapes de 200 euro pour payer le train.

Nestor. J’aurais bien trouvé quelque chose. De toute façon, on ne va pas se disputer sur ce qu’on aurait fait, il y a 10 ans. Aujourd’hui, on ne peut pas le laisser seul, ton pépé Albert.

Pénélope. C’est vrai que si on part, on doit trouver quelqu’un pour le garder ! … Et qu’il soit d’accord !

Nestor. 20 ans que j’attends ma chance et je sens qu’il va tout faire foirer.

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Pénélope. D’un autre côté, on doit réfléchir à deux fois avant de le vexer ! On ne sait jamais. Les portes de Saint-Tropez peuvent se refermer aussi vite qu’elles se sont ouvertes.

Nestor. Si, au moins, il était discret !

Pénélope. Tu ne crois pas que son humour décalé pourrait plaire à Saint-Tropez ?

Nestor. Quoi ?

Pénélope. On aime peut-être l’humour décalé à Saint-Tropez !

Nestor. Tu te fous de moi ?

Pénélope. Il a quand même de l’humour, pépé Albert !

Nestor. De quoi ?

Pénélope. Tu dois bien reconnaître qu’il possède un certain humour !

Nestor. Un quoi ?

Pénélope. Un humour certain ! Quand j’étais petite, il me faisait toujours rire.

Nestor. Et bien, il serait temps que tu grandisses.

Pénélope. Je dois reconnaître que j’ai souvent du mal à résister. Et toi aussi, la première fois que tu l’as vu lécher son assiette avec sa langue pour ramasser la sauce, tu as ri.

Nestor. Oui ! Mais quand il a renouvelé son humour à la Tour d’argent, je trouvais ça moins drôle.

Pénélope. C’est lui qui payait !

Nestor. C’est ce que tu as dit aux autres convives pour l’excuser ! Je ne sais pas pourquoi (un temps) ils sont restés de marbre.

Pénélope. C’est de l’humour décalé, il y a un mouvement philosophique derrière ça !

Nestor. Je suppose que quand il a mis deux sucres dans un vin millésimé, il suivait les conseils de Jean-Paul Sartre.

Pénélope. Non, ça c’est parce qu’il aime le vin sucré.

Nestor. Le morceau de sucre le plus cher du monde !

Pénélope. S’il aime ça !

Nestor. Non ! C’est ce qu’il a dit au sommelier en le suçant, souviens-toi ! Il lui a demandé d’évaluer le prix du vin qui était dans son verre. Je passe sur la délicatesse de la question. Ensuite, il a demandé un morceau de sucre, l’a trempé dans son verre, s’est mis à le sucer en disant « putain, j’ai toujours rêvé d’être l’homme qui suce le morceau de sucre le plus cher du monde ».

Pénélope. Tu n’as jamais compris l’humour décalé.

Nestor. Le sommelier non plus ! Il a dégobillé tout son déjeuner dans mon assiette. Et ton humour décalé de prendre la salle à témoin en criant « Regardez- moi ça quel service ! » et il a engueulé le sommelier. Et le pauvre type a été obligé de s’excuser. Voilà comment il traite les travailleurs ton pépé Albert.

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Pénélope. Ça te va bien de dire ça ! Tu n’as jamais travaillé.

Nestor. Oui ! Ben ça ne donne pas envie de commencer !

Pénélope. N’empêche qu’on a bien ri !

Nestor. Tu imagines les dégâts qu’il pourrait faire à Saint-Tropez !

Pénélope. (Qui vient d’avoir une illumination). Les insectes !

Nestor. Quoi les insectes !

Pénélope. Je sais comment le convaincre de ne pas venir. Pépé Albert a une peur bleue des insectes. En plus, il ne supporte pas la chaleur.

Nestor. On va à Saint-Tropez, pas en Amazonie.

Pénélope. La planète se réchauffe !

Nestor. Hein !

Pénélope. Si, je l’ai lu dans le journal. Raisonne ! (Comptant sur ses doigts). Un : les gens vont à Saint-Tropez pour le soleil. Deux : la planète se réchauffe. Trois : les insectes aiment la chaleur et quatre : pépé a peur des insectes. Ça va marcher. Je suis géniale ! On va utiliser le réchauffement. (Sincère). C’est vrai ! On n’arrête pas de le critiquer le réchauffement. Grâce à nous, il servira à quelque chose...

Nestor. Je ne la sens pas ta méthode !

Pénélope. Fais-moi confiance, je vais t’épater !

Nestor. Je ne la sens pas.

Pénélope. Approuve ce que je dis et il n’y aura pas de problème

Scène 2

Pépé. (Entrant avec un maillot de bain). On parle de moi ? Si ! En général, quand vous dites « il n’y aura pas de problème », vous parlez de moi !

Pénélope. C’est quoi ça, pépé Albert ?

Pépé. Un maillot de bain ! Quand on va sur une plage, il faut toujours avoir un maillot de bain. Sinon, les flics n’aiment pas. J’ai vu ça au cinéma

Il chante do be Saint-Tropez.

Sinon, c’est quoi le problème ? (Un temps, puis devant le malaise qu’il a installé). Moi, je parie !

Pénélope. (Au culot). Perdu, c’est Nestor !

Pépé. C’est Nestor le problème ? Alors il faut le piquer ! (Expliquant le plus sérieusement du monde). Dans les fermes, c’est comme ça qu’on fait ! Quand un animal cause problème, on le pique. Comme ça, il n’y a plus de problème.

Pénélope. Non, en fait, ce n’est pas Nestor le problème !

Pépé. Ah bon !

Pénélope. Non !

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Pépé. (Très sérieux). On ne le pique pas alors ?

Pénélope. Non !

Pépé. Tant mieux, depuis 20 ans qu’il dort, bouffe et s’habille chez moi, je m’étais attaché.

Pénélope. En fait, Nestor pense que tu ne seras pas heureux à Saint-Tropez !

Pépé. Ah bon !

Pénélope. Mais il se trompe, n’est-ce pas ?

Pépé. Évidemment, regarde ! C’est une photo de Brigitte Bardot.

Nestor. Joli !

Pépé. Je l’ai prise sur Internet ! (Un temps). Tu ne savais pas qu’elle habitait là ?

Nestor. Si !

Pépé. Je sens que je vais la séduire !

Pénélope. Tu sais, pépé Albert, elle a peut-être changé un peu depuis la photo.

Pépé. C’est pas grave. Moi aussi, j’ai changé.

Pénélope. Peut-être un peu moins !

Nestor. Faut dire qu’elle partait de plus loin !

Pénélope. N’empêche, tu vois bien Nestor que pépé Albert va bien s’amuser à Saint-Tropez !

Pépé. (Salivant). Ça va flamber !

Pénélope. À ça pour flamber ! C’est justement ça la grande inquiétude de Nestor. Il s’inquiète à cause du réchauffement de la planète. Tu as dû en entendre parler aux infos ?

Pépé. Non ! Moi les infos, je m’endors. Je préfère Internet, il a y de belles photos !

Pénélope. Et bien, figure-toi que le réchauffement a fait un bond en avant ! À tel point que le climat tropical a atteint la côte d’Azur.

Pépé Albert a parfaitement compris son jeu. Il s’amuse à la laisser s’enfoncer. Pénélope, devant un sang-froid qu’elle n’imaginait pas, est obligée de surenchérir. Nestor décide peu à peu de l’aider, se disant « on ne sait jamais ».

Pépé. Non ?

Pénélope. Si !

Pépé. C’est les Bretons qui vont être contents.

Nestor. Pour le moment, il s’est arrêté à la côte d’Azur.

Pénélope. 45 degrés à l’ombre. Nestor croit que tu ne les supporteras pas ! Mais, je lui ai dit, tu ne connais pas pépé Albert ? Pépé Albert, quand il y a 45 degrés à l’ombre, il se met au soleil.

Pépé. Oueh avec Brigitte !

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Pénélope. Alors, il me dit (imitant Nestor) : « oui mais, chérie, tu oublies les insectes, ces millions de moustiques, ces essaims d’abeilles, ces nids de guêpes qui poussent comme des champignons, ces cafards qui se promènent en bandes organisées ».

Nestor. (L’interrompant). C’est pas des insectes, les cafards.

Pénélope. (Cessant d’imiter pour répondre à Nestor). Justement ! Ils se sont fait accompagner. La peur de la solitude, c’est fréquent chez les insectes. En plus, toujours d’après Nestor, il y a des insectes qui sont tellement gros qu’on ne sait même pas comment ils s’appellent.

Nestor. (Appuyant la parole de Pénélope). Ce sont les plus méchants !

Pénélope. (Cherchant). C’est pour ça qu’ils veulent rester anonymes. Et tu ne sais pas ce que Nestor me dit ?

Pépé. Ben non !

Pénélope. (Imitant Nestor). « Tu imagines pépé Albert au milieu de toutes ces monstrueuses bestioles ! » Mais, je lui ai répondu (Cherchant). Je lui ai répondu … « Tu oublies que pépé Albert a fait son service militaire ».

Pépé. Non, j’ai été réformé P4. Ils ont dit que j’étais fou !

Nestor. Déjà !

Pénélope. Peut-être ! Mais si pépé Albert avait fait son service militaire, on l’aurait envoyé en Afrique.

Pépé. C’est sûr !

Pénélope. Et l’Afrique !

Pépé. Les jolies blacks !

Pénélope. Mais pour séduire les jolies blacks, pépé Albert aurait dû affronter les gorilles, des scorpions, des mygales, des mantes religieuses … Désolée Nestor ! Mais quand on a vécu tout ça, ce ne sont pas les millions d’insectes tropéziens qui vont vous effrayer.

Pépé. Et comment ?

Pénélope. À nous deux : guêpes, abeilles, scorpions ….

Pépé. (Rectifiant). À nous quatre ! Guêpes, abeilles, scorpions et moi : ça fait quatre

Nestor. Mais moi, pépé Albert, je m’inquiétais seulement pour ta santé.

Pénélope. Quel idiot !

Pépé. Oueh !

Nestor. On a vu des gens mourir d’une crise cardiaque à la vue d’un essaim d’abeilles foncer sur eux.

Pénélope. Qu’importe de vivre vieux quand on a atteint l’âge de pépé Albert. (Un temps). Si on doit s’inquiéter sur tout.

Pépé. Où irait-on ?

Pénélope. Je me le demande.

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Nestor. Au cimetière.

Pénélope. Et alors ? Il faudra bien y aller un jour. Autant que ce soit entouré de millions d’abeilles.

Pépé. C’est toujours mieux de mourir accompagné.

Pénélope. Admire, Nestor, ce que c’est un homme. Prends-en de la graine ! Bravant les grandes chaleurs, les insectes ravageurs, les serpents dévastateurs, Pépé Albert fonce droit devant lui. Ce sera peut-être son dernier voyage, mais il le fera. Qu’importe les trente années qui lui restent à vivre, il a décidé que telle serait sa destinée.

Pépé. Parfaitement ! C’est ma destinée de mourir à Saint-Tropez et rien ne m’en empêchera. (Un temps). Ah si ! Peut-être une chose ! Que vous n’ayez pas envie que je vienne avec vous…

Nestor. Quelle idée !

Pépé. Je sais que ce n’est pas le cas ! (Un temps). Sinon, vous me l’auriez déjà dit…

Pénélope. Bien sûr !

Pépé. Tant mieux ! Parce que j’ai tellement peur d’être un problème pour vous !

Pénélope. Pour être franche, pépé Albert, je ne dis pas qu’on n’a pas envie que tu viennes avec nous à Saint-Tropez.

Nestor. (Sincère). Ah non ?

Pénélope. (Sûre de sa stratégie). Non ! Mais si on n’avait pas envie que tu viennes, je ne suis pas sûre qu’on oserait te le dire… Hein chéri ?

Nestor. (Perdu). Je ne sais pas !

Pénélope. Tu comprends, tu as été tellement bon avec nous. On t’aime tellement qu’on aurait trop peur de te faire de la peine.

Pépé. Vous feriez comment ?

Pénélope. Ben ! (Perdu). On ne sait pas puisqu’on n’a pas envie de ne pas avoir envie que tu viennes.

Pépé. Mais moi, j’aimerais savoir.

Pénélope. (Cherchant une aide). Comment ferait-on, chéri ?

Nestor. (En ayant marre). Je ne sais pas, c’est toi le cerveau.

Pépé. (S’amusant à les aider). L’idéal, ce serait de me convaincre de ne pas venir sans que je m’en rende compte.

Pénélope. Peut-être !

Nestor. Ça ne serait pas bête !

Pépé. Par exemple en me décrivant le voyage de manière tellement catastrophique que je n’aurais plus envie de le faire.

Pénélope. (Commençant à être mal à l’aise). Ah oui, tiens, je n’y avais pas pensé.

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Pépé. Par contre, le climat tropical sur la côte d’azur et les abeilles qui essaiment des crises cardiaques… C’est un peu gros ! Faudrait trouver autre chose !

Nestor. Chérie, je crois que pépé Albert essaye de te faire comprendre quelque chose !

Pépé. (Confirmant). Chacun son tour !

Nestor. Je crois qu’il n’a pas été complètement dupe de ton manège.

Pénélope. Ah bon ?

Pépé. (Confirmant). Le climat tropical qui envahit la côte d’azur ! J’ai déjà été pris pour un con, mais à ce point-là !

Nestor. Je t’avais dit que je ne la sentais pas ta théorie du réchauffement.

Pénélope. Pourtant la terre se réchauffe bien un peu…

Pépé. Oui, mais pour que le Sahara atteigne le port de Fréjus, il faudra au moins que les USA élisent quatre présidents républicains.

Pénélope. Tu crois ?

Pépé. Sûr !

Nestor. Mais, j’ai aussi cru comprendre que pépé Albert acceptait qu’on aille sans lui à Saint-Tropez … C’est bien ça ?

Pépé. Oui !

Pénélope Vrai ? Oh merci, pépé Albert !

Pépé. À une condition.

Pénélope. Accordée !

Pépé. C’est moi qui choisirai la personne qui s’occupera de moi !

Pénélope. D’accord ! (À Nestor). Chéri, tu vois quand on me fait confiance.

NOIR

Scène 3Ils attendent.

Pépé. À partir du moment où c’est moi qui paye et qui choisis, je ne vois pas pourquoi vous devez être là.

Nestor. Je trouve aussi !

Pénélope. Non, mon pépé Albert, je veux savoir dans quelles mains on va te laisser.

Pépé. Bon à la première de ces demoiselles ! Candidate papy-sitter première !

Scène 4Albert a un calepin pour noter.

Pénélope. Je vous en prie, Mademoiselle, asseyez-vous !

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Elle rectifie. Pénélope ne comprend pas.

Comment ?

Pénélope répète sa phrase sans comprendre.

Vous êtes une dame !

Elle comprend.

Ah vous voulez dire que vous êtes mariée.

Pépé. Suivante !

Pénélope. Non, non, notre pépé Albert plaisante.

Nestor. Vous verrez, il blague souvent.

Elle leur demande s’ils voient un inconvénient au fait qu’elle soit mariée.

Pénélope. Nous n’y voyons aucun inconvénient. Pépé Albert ne cherche pas une compagne mais une papy sitter.

Pépé. Tout à fait ! (Un temps). À condition qu’elle ne soit pas fidèle à son mari. Comme tout célibataire qui se respecte, j’ai toujours détesté les femmes fidèles.

Pénélope. Ne l’écoutez pas !

Nestor. Il plaisante évidemment.

Pépé. Comment je plaisante ? Vous n’allez tout de même pas m’obliger à dormir seul pendant que vous partouzez à Saint-Tropez ! De toute façon, je ne m’inquiète pas puisqu’elle sera obligée de m’aider à sortir de la baignoire. Et là quand elle découvrira ma masculinité, elle en oubliera jusqu’au nom de son mari.

Nestor. J’espère que vous avez compris qu’il plaisantait.

Elle demande s’il faut l’aider à sortir de la baignoire.

Pénélope. C’est vrai ! Il ne peut pas sortir de sa baignoire, seul.

Pépé. Et là, vous allez voir !

Elle s’offusque.

Pénélope. (Répétant les termes de la dame). Comment ça pas question !

Pépé. Et bien, il va sentir bon leur pépé Albert !

Nestor. Il plaisante !

Pépé. Suivante !

NOIR

Scène 5Une autre visite.

Pénélope. Je vous préviens tout de suite, notre pépé Albert est plein d’humour. Et un humour souvent décalé. Donc ne vous effrayez pas !

Nestor. La candidate précédente est partie parce que pépé Albert, vous voyez son état, lui a proposé la bagatelle.

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Pénélope. Elle n’a pas compris qu’il plaisantait.

Pépé. Mais non, justement ! C’est quand vous lui avez dit que je plaisantais qu’elle est partie. La pauvre enfant était rouge de désir et vous lui avez fait perdre ses illusions.

Nestor. (Rassuré). Mademoiselle rit !

Pénélope. Je vois que vous appréciez l’humour.

Elle demande combien de temps ça va durer.

Nestor. Ça devrait durer un mois, peut-être plus !

Elle dit que c’est ennuyeux.

Pénélope. Pourquoi est-ce ennuyeux ?

Elle leur dit qu’elle a un enfant à garde.

Écoutez, cet appartement est vaste. Je ne vois aucun inconvénient à ce que vous ameniez votre enfant ! À moins que pépé Albert …

Pépé. Pas du tout, il a quel âge ?

Elle répond huit ans.

Pénélope. Écoutez, ça tombe bien, pépé Albert adore les enfants. Il m’a pour ainsi dire élevée. C’est un petit garçon ou une petite fille ?

Elle répond un petit garçon.

Pépé. Très bien, j’adore les petits garçons de 8 ans. Il est blond au moins ?

Pénélope. Je dois vous dire que les plaisanteries de pépé Albert ne sont pas toujours du meilleur goût !

Nestor. Au niveau de la rémunération, puisque vous acceptez de vous occuper du ménage, nous avons prévu un petit supplément par rapport au minimum légal.

Pénélope. (Coupant Nestor avant qu’il ne dise une bêtise). De deux euro par jour !

Pépé. Ah bon, elle va faire le ménage ?

Pénélope. Elle nous l’a très gentiment proposé.

Pépé. Pendant qu’elle fera le ménage, je garderai son petit garçon. J’adore jouer avec les petits blondinets dans ma chambre pendant que leur maman fait le ménage.

Elle est outrée.

Nestor. Mademoiselle, c’est de l’humour !

Pénélope. Je vous ai prévenue qu’il n’était pas toujours de très bon goût.

Elle part.

Nestor. (A Albert). Tu le fais exprès !

Pépé. Évidemment ! Je n’ai pas envie de passer un mois avec une constipée. En plus, je cherche une papy Sitter pas à me caser comme bonne d’enfant.

Nestor. Va falloir remettre une annonce.

Pépé. Pas encore ! Moi, j’ai mis une annonce. Mais pas dans un journal comme les ploucs, sur Internet ! Elle doit venir cet après-midi.

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NOIR

Scène 6Nouvelle visite.

Pénélope. Bonjour, Mademoiselle ! Je vous en prie, asseyez-vous !

Nestor. Notre pépé Albert vous a choisie. J’espère que vous comprendrez que nous désirions faire, tout d’abord, votre connaissance.

Elle lui demande ce qu’il entend par là.

Pénélope. Par là, nous n’entendons rien de particulier. Vous comprenez, notre pépé Albert est ce que j’ai de plus cher au monde et…

Nestor. (Choqué). Merci pour moi, c’est agréable !

Pénélope. (Se disant qu’il pourrait faire un effort). En dehors de toi, évidemment.

Pépé. (A la fille, complice). Au fond, ce n’est qu’un mari.

Pénélope. Vous travaillez seule ?

Elle dit qu’elle préfère.

Nestor. Vous préférez !

Pénélope. (Précisant sa pensée). Je veux dire, vous n’avez pas d’enfants avec vous !

Elle répond jamais de manière très catégorique.

Nestor. Jamais !

Elle ajoute que c’est un principe.

Pénélope. (Qui se demande pourquoi elle réagit si vivement). Mais, c’est un principe, Mademoiselle, que nous comprenons fort bien ! !

Nestor. Sans indiscrétion, vous avez déjà fait du papysitting ?

Elle répond qu’elle en a fait très souvent.

Pénélope. Tant mieux ! Je préfère.

Nestor. Remarquez, nous comprenons parfaitement qu’il faille bien commencer un jour. Seulement, c’est la première fois que nous confions notre pépé Albert à quelqu’un. Et nous préférons avoir affaire à une vraie professionnelle.

Pénélope. Là, je crois que c’est le cas !

Nestor. (Mal à l’aise). Il arrive que notre pépé Albert ait du mal à s’extraire de sa baignoire et dans ce cas-là, il appelle à l’aide…

Pénélope. Naturellement, notre pépé Albert sera muni d’un maillot.

Elle dit que ce n’est pas nécessaire.

Nestor. Ce n’est pas nécessaire ! Ah bon !

Pénélope. Évidemment, chéri, c’est comme les infirmières ou les médecins. Il serait temps que tu te mettes à Internet. Tant que nous y sommes, il lui arrive aussi, (à Albert) tu me pardonnes pépé, (à la fille) de s’oublier… Au lit notamment !

Vous ne connaîtriez pas quelqu’un pour garder pépé ? Bernard Fripiat. [email protected] (06 60 90 95 47). Dépôt SABAM : [email protected]

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Nestor. Mais ce n’est pas fréquent !

Pénélope. Non, mais ça arrive !

Elle leur dit que dans ce cas, il faut prévoir un supplément.

Nestor. (Reprenant ses mots). Dans ce cas, il faudra prévoir un petit supplément.

Pénélope. Je ne suis pas contre, ça l’aidera peut-être à faire attention.

Nestor. D’accord pour le supplément.

Pénélope. Bon, je sais que c’est pépé qui paye, mais je crois que nous avons le droit de vous demander vos tarifs ! Vous connaissez les barèmes en vigueur évidemment ?

Nestor. (Catastrophé). Combien ?

Pénélope. 200 euro de l’heure, 1100 la nuit !

Pépé. (A la fille). Vous m’avez promis que si je vous prenais 24 heures sur 24, vous arrondiriez à 2000 euro par jour.

Pénélope. 2000 euro !

Nestor. (A Albert). Sur quel site, as-tu contacté Mademoiselle ?

Pépé. Un truc où il y a plein de photos !

Pénélope. Ça va te ruiner !

Pépé. (Acquiesçant). En trois ans ! J’ai compté ! Avec ce que j’ai comme économie un peu partout, elle peut rester ici trois ans.

Pénélope sort sa calculette.

Nestor. 2000 x 360 x 3, ça te fait plus de deux millions.

Pénélope. 2.160.000 euro exactement.

Pépé. Et oui, c’est le travail ça ! Vous ne pouvez pas comprendre.

Nestor. Tu as économisé deux millions en travaillant ?

Pépé. Oui mais c’est parce que j’ai travaillé au vingtième siècle. À cette époque, les gens étaient payés... Et tout ça, ça va valser en trois ans. Après, on espacera, car je n’aurai plus que ma retraite.

Nestor. Je ne crois pas que Mademoiselle sera volontaire pour rester trois ans avec toi !

Pénélope. (Regardant bien la fille). Pour deux millions d’euro, je crois que si !

Pépé. Je crois aussi !

Pénélope. Il n’en est pas question.

Nestor. (Pensant à Saint-Tropez). Chérie, on s’en fout, c’est son argent.

Pénélope. Tu ne te rends pas compte, elle va le vider.

Pépé. (Jouant sur les mots). Ça pour me vider, elle va me vider.

Pénélope. (Choquée). Albert !

Nestor. Il fait ce qu’il veut de son fric !

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Pénélope. (Bas). Oui, mais ce sera peut-être un jour le nôtre. (Haut). Il n’en est pas question !

Pépé. Je vous préviens, c’est elle pendant trois ans ou Saint-Tropez pendant un mois.

Pénélope. C’est Saint-Tropez !

Nestor. Mais Chérie !

Pénélope. C’est Saint-Tropez !

NOIR

Scène 7Ils se retrouvent à une fête.

Pénélope. Il y en a du monde à cette fête !

Nestor. Plus de 1000 personnes

Pénélope. Ça doit lui coûter cher !

Nestor. Largement de quoi financer un film.

Pépé. Par contre, on a un problème.

Nestor. Lequel ?

Pépé. Pénélope !

Pénélope. Quoi ?

Pépé. Tu as vu les filles qui sont ici ?

Pénélope. Je ne vois pas ce qu’elles ont de plus que moi.

Pépé. 40 ans de moins.

Pénélope. Oh !

Nestor. Il n’a pas tout à fait tort. Regarde, il n’y en a pas une qui dépasse les 30 ans.

Pépé. Ça doit être l’âge où on les pique.

Pénélope. Tout de même, je n’ai pas 70 ans.

Pépé. Quand je dis 40, je faisais une moyenne. Par contre, nous deux ça va, on est dans la moyenne masculine. Tu es même peut-être un peu jeune. Si vous voulez mon avis, à cette soirée, c’est plutôt les mecs qui ont choisi les gonzesses que l’inverse. Regardez-moi ces morceaux !

Pénélope. Finalement, on n’a pas tellement évolué depuis le moyen âge. N’empêche, regarde la femme là-bas !

Ils regardent.

Nestor. Qu’est-ce qu’elle a ?

Pénélope. Elle est plus vieille que moi.

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Pépé. Ça dépend des parties ! D’accord, les jambes sont plus âgées, mais la poitrine est nettement plus jeune.

Nestor. Et bien moi, je trouve tout à fait normal qu’une femme qui en a les moyens s’efforce de demeurer séduisante le plus longtemps possible.

Pépé. Là, ça fait un peu puzzle, quand même.

Nestor. Bon j’aimerais que vous arrêtiez vos considérations de beaufs aigris. Mon agent m’a fait inviter à cette fête pour que je fasse des connaissances. Comme ça quand je rencontrerai un producteur, je pourrai dire quelques mots sur cette soirée et parler des VIP que j’y ai rencontrées. En plus, il m’a refilé la technique pour parler d’une personne que tu as à peine vue comme si tu la connaissais depuis vingt ans. Un régal ! Ne me regardez pas comme ça ! C’est très important de connaître ces trucs qu’utilisent les VIP pour savoir si vous faites partie du sérail.

Pénélope. Sérail est le mot exact ! À voir ces filles faire semblant de s’amuser aux plaisanteries de ces gros tas de graisse, j’ai l’impression d’être à la cours du sultan d’Istanbul.

Nestor. Tu écoutes ce que je te dis ? Je ne suis pas ici pour m’amuser. Je joue 20 ans de création artistique sur cette soirée.

Pépé. Et on n’a pas beaucoup de cartes dans notre jeu !

Nestor. Regarde ! Pour te dire à quel point, je suis sérieux. (Montrant un cahier). J’ai même pris un cahier au cas où j’aurais peur d’oublier des détails. Là, le nom ; là, la description physique ; là, mon commentaire.

Pépé. S’ils te voient écrire, ils vont croire que tu travailles aux impôts ! Et je ne te dis pas comment ton agent va ramer pour obtenir un rendez-vous !

Nestor. Je n’écrirai qu’aux toilettes ! Tout ça pour vous dire que pour moi, c’est du sérieux ! D’accord ?

Pénélope et Pépé. D’accord !

Nestor. La seule chose qu’on doit avoir en tête, ce sont mes scénarios, d’accord ?

Pénélope et Pépé. D’accord !

Nestor. Et si on fait tapisserie toute la nuit c’est mal parti, d’accord ?

Pénélope et Pépé. D’accord !

Nestor. On est ici pour faire connaissance. Là, on a l’air de trois ploucs aigris qui ne savent pas quoi faire !

Pépé. C’est vrai que depuis qu’on est là, on n’a parlé à personne.

Pénélope. Parlez pour vous !

Nestor. Tu as parlé à qui ?

Pénélope. Au monsieur là-bas qui, entre parenthèses, est plus jeune que vous.

Nestor. Tu lui as parlé ?

Pénélope. Il m’a galamment offert un verre. Il s’appelle Tony. Il est arrivé la semaine passée à Saint-Tropez et compte rester toute la saison.

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Nestor. C’est normal qu’il t’ait offert un verre, c’est un serveur.

Pénélope. Le monsieur là-bas ?

Nestor. Oui !

Pénélope. Il est hyper bien habillé !

Nestor. C’est à ça qu’on les reconnaît !

Pépé. Et puis c’est aussi les seuls qui ne font pas semblant de s’amuser.

Pénélope. N’empêche qu’il m’a parlé !

Nestor. Oui, mais si je dis à mon producteur que j’ai rencontré un serveur qui s’appelle Tony et qui compte travailler ici toute la saison, il aura du mal à croire que je suis le rentier que mon agent lui a décrit.

Pénélope. Ça va ! Il ne faut pas paniquer ! C’est le début ! Il est toujours difficile de briser la glace au début

Pépé. Et dis donc, ce n’est pas le philosophe là-bas ?

Pénélope. Où ?

Pépé. Là-bas qui sirote un citron derrière le demi-litre de coca !

Pénélope. Oui ! C’est lui ! Chéri, regarde !

Nestor. Ne paraissons pas étonnés !

Pépé. Qu’est-ce qu’il fout ici, je le croyais maoïste !

Pénélope. Mais Albert, vis avec ton temps ! Les philosophes ne sont plus maoïstes aujourd’hui. Ils boivent du coca.

Pépé. C’est Sartre qui doit se marrer. (Parlant au ciel). Tu veux savoir ce que c’est que l’enfer, Jean-Paul ? Regarde : ton ancien disciple qui boit du coca dans une fête de milliardaires. Finalement, l’enfer, c’était bien les autres.

Nestor. Je ne comprends rien à ce qu’il dit ! Arrêtons de le regarder ! Et puis essayons aussi de paraître plus naturel ! Je nous trouve un peu empâtés.

Un temps.

Pépé. Si on attend qu’une VIP invite Pénélope à danser, la glace risque de finir la nuit intacte.

Pénélope. Merci !

Pépé. La loi de l’offre et de la demande est dure, mais appliquée au sexe, elle est cruelle.

Pénélope. Non, mais tu t’es regardé, vieux con !

Nestor. Vous ne pouvez pas vous calmer ! On nous regarde !

Pépé. C’est un progrès !

Nestor. Franchement, vous ne m’aidez pas !

Pépé. Vas-y toi ! Tu n’as qu’à la briser la glace ! On ne t’empêche pas !

Nestor. (Essaye puis renonce). C’est vrai que ce n’est pas facile.

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Pénélope. À mon avis, on a tort de rester tous les trois ensemblex. On fait bloc, ça nous empêche de bouger et ça les dissuade de venir vers nous !

Pépé. Ah ça pour dissuader, on dissuade.

Nestor. Tu as peut-être raison. Vous les empêchez de venir vers moi. Je m’écarte un peu, restez là !

Pénélope. (Choquée). Pourquoi on doit rester là ?

Pépé. (Pensant au scénario). Ça lui monte à la tête !

Nestor. (Avançant près de quelqu’un) Bonjour, cher ami ! Vous êtes invité ici aussi ? (Répétant les propos du type). Oui, forcément ! (Un temps) Dites donc (un temps) il y en a du monde. (Répétant les propos du type). Je ne vous le fais pas dire. (Un temps). D’un autre côté, c’est mieux qu’il y ait du monde. (Un temps). Dites-moi, cher ami, votre visage me dit quelque chose.

L’autre dit non.

Ah je crois que si ! Je ne vous ai pas croisé cet hiver à la mamounia ? Vous savez celle qui est au Maroc ? (Répétant les propos du type) Vous n’y allez jamais, c’est trop vulgaire ! (Un temps) Ah bon et bien, je n’irai pas non plus alors ! (Un temps) Pourtant, votre visage me dit quelque chose ! Vous venez souvent à Saint-Tropez ?

L’autre répond oui.

Moi aussi, chaque année, en été hop ! D’ailleurs, existe-t-il une vie ailleurs qu’à Saint-Tropez ! (Répétant les propos du type). Oui vous avez raison, on s’en fout ! (Un temps) C’est vrai, on s’en fout ! (Un temps) Pourtant je suis sûr que je vous connais. (Répétant les propos du type) Vous avez raison, on s’en fout aussi finalement.

L’autre s’excuse de le quitter.

Mais je vous en prie, on est ici pour danser.

Il revient vers les deux

Je n’ai pas réussi à avoir son nom, mais il s’en est fallu de peu

Pénélope. Tu sais, Nestor, je ne voudrais pas te vexer, mais vu ton succès, je trouve que tu devrais nous laisser notre chance.

Pépé. Bonne idée, partons chacun de notre côté.

Nestor. D’accord ! Mais vous ne parlez pas de moi. Vous prenez des renseignements, mais je ne veux pas que vous me grilliez.

Pépé. Pourquoi qu’on n’a pas de carnet, nous ?

Nestor coupe son carnet en trois.

Pourquoi qu’on a moins de pages ?

Nestor. Je ne veux pas tomber à court !

Scène 8Ils sont séparés.

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Pépé. Dites mon vieux, vous ne pourriez pas me refiler un peu de votre whisky, mon verre est vide et je le plains.

Nestor. Garçon ! Un verre de champagne ! (Un temps) Oui, une coupe.

Pénélope. (Répondant) Bonjour Monsieur !

Pépé. Excusez-moi de vous aborder aussi cavalièrement, mais j’étais coincé par deux beaufs et je n’arrivais pas à m’en débarrasser.

Nestor. Merci garçon ! Dites-moi, ça dure combien de temps en général, ces soirées ? (Reprenant ses propos). Ah toute la nuit !

Un homme demande à Pénélope s’il peut s’asseoir.

Pénélope. Mais je vous en prie, asseyez-vous, la place est libre.

L’interlocuteur de pépé demande qui sont les deux beaufs.

Pépé. Ce sont les deux là-bas ! Celui qui cause avec le garçon et celle qui est assise de l’autre côté. (Reprenant ses propos) Oui, la vieille ! Au moins, elle, on est sûr que ce n’est pas une pute.

Nestor. Garçon encore une coupe !

Pénélope. Rassurez-moi, vous n’êtes pas un serveur !

L’autre répond que non.

Tant mieux ! (Il lui demande pourquoi elle demande ça et elle répond comme si c’était une évidence). Je vous demande ça pour le savoir.

Pépé. (Répétant les propos du type). Leur fantasme, c’est de se taper une vielle ? Allez ! J’y crois pas ! J’ai beaucoup vécu, mais je ne pensais pas que des fantasmes comme ça existaient.

Nestor. Merci ! Vous avez des cacahouètes ?

Pénélope. (A l’homme qui l’invite). Mais bien sûr que vous pouvez m’inviter à danser.

Pépé. Et comment qu’ils appellent ça ? (Répétant les propos du type) Gérontophilie ! (Un temps). Et ça marche ? (Répétant les propos du type). C’est la dernière mode !

Nestor. Merci ! Vous me remettrez une coupe ! Oui avec des cacahouètes.

Pénélope. (Dansant). Cela fait plusieurs années que je n’étais pas venue. Je trouve que ça a bien changé. Je trouve que ce n’est plus ce que c’était.

Pépé. (Répétant les propos du type). Ah bon ! Même des professionnelles ! Et ils les recrutent où ? (Répétant les propos du type) Dans les hospices ! (Un temps). Vous m’en direz tant !

Nestor. (A quelqu’un qui lui demande s’il peut prendre le tabouret). Oui ! Vous pouvez prendre les tabourets, je n’attends qu’une personne.

Pénélope. (Dansant). Cela dit, cette petite fête est sympathique. Même si les filles sont un peu vulgaires. On a toutes été jeunes, je comprends qu’on veuille séduire et que la loi de l’offre et de la demande peut être cruelle quand il s’agit de sexe. Mais vous comprenez, la peur de ne pas plaire n’excuse pas tout.

Pépé. Et vous croyez que ces deux-là font commerce de gérontophilie ?

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L’autre dit oui.

Mince alors !

Nestor. (A quelqu’un qui lui demande s’il peut prendre le tabouret). Oui ! Oui, le tabouret est libre !

Pénélope. (Dansant). Vous me serrez peut-être un peu de trop !

Pépé. Et vous ? Que faites-vous ? Laissez-moi deviner ! Vous êtes dans l’import-export !

Nestor. Cette solitude m’exaspère !

Il sort son carnet.

Pénélope. C’est peut-être un slow, mais j’aimerais pouvoir respirer.

Pépé. J’ai deviné parce que moi aussi je suis dans l’import-export.

L’autre lui demande ce qu’il importe.

De tout ce qui est légal. En France, il vaut mieux.

Nestor écrit. Pénélope répond à une proposition.

Pénélope. Si je veux aller avec vous dans la piscine ? C’est curieux comme demande !

Pépé. La France n’a pas que des avantages.

Nestor écrit.

Pénélope. Un bain de mer ? Mais pourquoi voulez-vous absolument me mettre dans l’eau ?

Pépé. Dites-moi, tout à l’heure, quand vous parliez de gérontophilie ! Ça ne fait pas partie de vos fantasmes ?

L’autre dit non.

Vous êtes comme moi, vous préférez les jeunes. En termes de drague, on pourrait faire équipe.

Nestor écrit.

Pénélope. Je sais que c’est la tradition ici. Mais voyez-vous, Monsieur, ce n’est plus de mon âge. Comment ça, (répétant les propos du type) c’est mon âge qui vous attire ? (Un temps. Répétant les propos du type). Ça veut dire quoi gérontophile ?

Pépé. Regardez les deux petites blondes là-bas ! On y va ?

L’autre dit oui, ils y vont.

Mademoiselle, ça vous dirait un petit plongeon dans la piscine ? Comment ça, vous vous tâtez ? Elle se tâte ! La petite veinarde !

Nestor. (Agressé). Mais où m’emmenez-vous ? J’ai compris, vous me prenez pour un inspecteur des impôts. Vous vous trompez, je suis journaliste.

Pénélope. Comment ça « quels sont mes tarifs pour une nuit ? » Mais vous êtes fou ?

Pépé. Pas de problème, on vous suit !

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NOIR

Scène 9Une horloge marque 13 heures.

Pénélope. Des malades ! Ce sont des malades !

Nestor a un œil au beurre noir.

Pépé. En tout cas, ces Russes, quelle santé !

Pénélope. Je n’ai pas envie de rester ici une minute de plus.

Pépé. Moi, je suis épuisé.

Nestor. Ne vous plaignez pas, vous n’avez pas passé la nuit au poste

Pénélope. (Imitant l’autre). Je suis gérontophile, combien demandez-vous pour une nuit ? (Cessant d’imiter). Des malades !

Nestor. Bon, mon agent m’a envoyé un producteur !

Pépé. Ah bon ! C’est le producteur qui se déplace. Et tu le crois ?

Nestor. Oui ! Figure-toi que mon agent est puissant. J’aimerais voir le producteur seul.

Pénélope. Ah non ! J’ai assez souffert.

Nestor. Bon, Pénélope, tu restes. Mais Albert, j’aimerais que tu t’éloignes

Pépé. Je vais où ?

Nestor. Te reposer ! Tu as dit que tu étais fatigué.

Pépé. Bon, ben, je vais faire un jogging

Nestor. Voilà !

NOIR

Scène 10L’horloge indique 18 heures.

Nestor. Non, vous n’êtes pas en retard !

Pénélope. Vous savez, nous, 15 heures ou 16 heures… C’est pareil !

Nestor. Il est 18 heures.

Pénélope. 15, 16, 17, 18 … Vous pouviez venir à 23.

Nestor. Attention ! N’allez pas croire que nous vous attendions... Non !

Pénélope. Non !

Nestor. On savait que vous veniez...

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Pénélope. Mais on ne vous attendait pas ! Il faut dire qu’on trouve toujours quelque chose à faire.

Nestor. Voilà ! Comme on a toujours quelque chose à faire, on n’attend jamais personne.

Pénélope. (Commentant la trouvaille de Nestor). Voilà, c’est bien ça !

Nestor. (Abrégeant). Oui ! C’est bien !

L’autre lui demande comment ils ont trouvé la soirée.

Pénélope. Oh une soirée magnifique.

Nestor. Géniale !

L’autre s’étonne de ne pas les avoir vus.

Pénélope. Nous ne nous y sommes pas vus parce qu’il y a tellement de monde.

Nestor. En général, nous refusons les mondanités. Mais, on ne pouvait pas refuser ça à Robert. Nous l’avons connu débutant, nous l’avons suivi tout au long de sa carrière.

Pénélope. On ne pouvait pas le décevoir.

Scène 11

Pépé. (Entrant). Quel est le con qui bloque l’entrée avec sa voiture rouge ? (Voyant le producteur) Vous ne me présentez pas ?

Nestor. Monsieur Rizon, Albert le pépé dont nous nous occupons.

Pénélope. On vit de plus en plus vieux, ce sera le problème du XXIe siècle.

Pépé. Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre. (Montrant le ventre) Dites donc, je ne vous demande pas comment va le régime ?

Pénélope. Nous disions ?

Pépé. Quel est le con qui bloque l’entrée avec sa voiture rouge ?

L’autre est désolé que sa voiture gêne.

Nestor. Mais non, votre Ferrari ne gêne pas.

Pénélope. Non, ne la déplacez pas !

Pépé. Elle ne gêne plus, je suis rentré.

Il leur propose de la voir.

Pénélope. Avec joie ! J’adore les Ferrari.

Ils se lèvent et vont à la fenêtre admirer la voiture

Nestor. En effet, c’est une très belle voiture.

Pépé. Il n’y a que deux places.

Nestor. Ce n’est pas rare dans une Ferrari.

Pépé. Faut quand même être tordu pour amener une voiture à deux places dans une ville où on passe ses nuits à faire des partouzes.

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Pénélope. Excusez notre pépé Albert, il n’est jamais sorti de sa campagne.

Pépé. Je ne suis peut-être jamais sorti de ma campagne, mais moi je prévois toujours la possibilité de ramener plusieurs personnes.

Nestor. Sinon, Freddy vous a parlé des quelques scénarios que j’ai commis.

Pépé. Tout de suite le ton qu’il prend pour parler de ça.

Pénélope. Ne trouvez-vous pas qu’il faudrait d’abord le traduire en anglais ?

Pépé. Ici, c’est plutôt le Russe !

Nestor. N’importe quoi !

Pépé. Ça va, à la soirée de l’autre mafieux, on parlait plus le Russe que l’Anglais.

L’autre est choqué. Pénélope essaye de rattraper les choses.

Pénélope. Non, je peux parler pour lui. Albert ne remet aucunement en cause la probité de notre hôte.

Nestor. (Répétant les propos du type). Mais nous non plus nous ne l’accepterions pas.

Pénélope. Il a simplement voulu plaisanter sur le fait que beaucoup de nos amis parlaient le russe. N’y voyez aucune allusion.

Pépé. D’ailleurs, Al Capone, parlait anglais.

Pénélope. N’allez surtout pas croire que Pépé Albert n’aime pas les Russes.

Pépé. Cette nuit, je m’en suis même pourlécher les babines.

Nestor. Il a toujours été admiratif de la culture russe.

Pépé. Surtout leurs facultés d’adaptation.

Pénélope. C’est vrai qu’ils s’adaptent vite.

Pépé. Je n’ai jamais vu personne passer aussi vite de la Courneuve à Courchevel.

Pénélope. C’est la vie ! C’est la chute du mur !

Pépé. Et en chutant, il a fait tomber un « h ».

Les autres ne comprennent pas.

C’est ainsi que je suis passé des chœurs de l’armée rouge aux cœurs de l’armée blonde.

Pénélope. Très drôle pépé Albert !

Nestor. Franchement, je ne sais pas vous. Mais, moi, je les préfère maintenant.

Pépé. Ah oui ! Surtout, je me souviens de la femme de Brejnev que j’ai vue en photo. Franchement, je les préfère maintenant.

Nestor. Merci, Albert ! Monsieur nous entretenait d’autre chose.

Il répond à une remarque sur la traduction.

Pénélope. C’est trop tôt pour l’anglais.

Nestor. Vous avez raison, il vaut mieux d’abord voir ce que ça donne en français.

Pénélope. Mais si ça marche, vous n’excluez pas une traduction en anglais.

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Pépé. Si ça marche !

Nestor. Évidemment…

Pépé. Si ma tante en avait, on l’appellerait mon oncle.

Nestor. Notre pépé Albert est pessimiste. Je crois d’ailleurs que mon agent vous a dit que plusieurs de nos scénarios pouvaient éventuellement rapporter beaucoup d’argent. N’est-ce pas ?

Pépé. Il ne va pas dire non ! Ils sont de combine tous les deux.

Pénélope. Albert !

Pépé. Ils vont vous faire mariner jusqu’à ce qu’ils te convainquent de financer en partie ton film et puis ils foutent le camp avec ton fric.

Nestor. N’importe quoi !

Pépé. C’est de ta faute ! Tu leur as fait croire que tu étais rentier. Ils y ont vu une rente.

Pénélope. Ne l’écoutez pas, Monsieur, il débloque parfois un peu.

Nestor. Monsieur l’a compris ! Cela fait plusieurs minutes qu’il n’écoute plus pépé Albert.

Pépé. Au contraire ! Il a les oreilles grandes ouvertes. Vous vous trompez, ils n’ont pas un rond. Ils vivent sur ma retraite. Vous n’êtes pas obligé de me croire. Mais, je vous certifie qu’ils ne mettront jamais un centime dans votre poche. Pas parce qu’ils sont intelligents, mais qu’ils n’ont pas un rond. Pour venir ici, c’est moi qui ai payé le train.

Pénélope. (Voulant le rattraper). Monsieur !

Pépé. Tu vois, il est parti !

Pénélope. C’est vrai !

Albert téléphone.

Pépé. Allô, Alexandre ? Albert à l’appareil ! Alors mon vieux, tu te remets ? Dis donc, ce que tu m’as dit hier soir sur le prétendu agent, tu pourrais le répéter à mon neveu !

Il donne le téléphone à Nestor

Nestor. Allô, oui, je vous écoute.

Pénélope. C’est vrai ? C’était un escroc !

Pépé. Par contre, le type qu’il a au bout du fil, lui c’est un vrai producteur. Et il m’a promis de lire ceux de Nestor dès qu’il sera rentré à Paris. D’ailleurs, il m’a donné son mail.

Il lui donne

Alors, dès que ton Nestor en aura fini de sa douche froide, tu l’emmèneras dans sa chambre et vous enverrez, par mail, tous ses scénarios.

Pénélope. Tu crois qu’il les aimera ?

Pépé. En tout cas, je lui ai raconté l’histoire où il y a Pénélope et pépé Albert.

Vous ne connaîtriez pas quelqu’un pour garder pépé ? Bernard Fripiat. [email protected] (06 60 90 95 47). Dépôt SABAM : [email protected]

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Pénélope. Dans le scénario, il a mis tonton pas pépé.

Pépé. Pour pas que je me reconnaisse.

Pénélope. Et il a aimé l’histoire ?

Pépé. Il m’a même dit qu’il me verrait bien dans le rôle d’Albert !

Pénélope. Et moi dans celui de Pénélope !

Pépé. Tu as trois semaines pour le convaincre.

Pénélope. Génial !

Pépé. Par contre, il ne lira le scénario qu’une fois de retour à Paris. Lui, ici, il fait la fête.

Nestor. (Au téléphone). Je vous remercie !

Albert prend le téléphone.

Pépé. Allô, Alexandre, dis donc il te doit une fière chandelle.

Pénélope. Nestor, viens, il faut que je te raconte. Tu vas être content.

Pépé. De toute façon, on remet ça ce soir ? Avec les mêmes (L’autre en propose d’autres). Non au contraire, moi j’ai toujours aimé le changement. Au fait, mon neveu va t’envoyer des scénarios ? Je compte sur toi pour leur dire que tu ne peux pas les lire avant d’être de retour à Paris. Et tant que j’y suis, je crois que sa femme pourrait faire une bonne actrice. (L’autre ne comprend pas). Ben si moi je le crois, toi aussi tu le crois. Quand tu viendras me chercher, tu lui feras comprendre que ce serait bien qu’ils retravaillent les rôles Pénélope. Telle que je la connais, elle les lui fera recommencer cent fois. Comme ça ils nous fouteront une paix royale ? Et quand tu rentreras à Paris tu auras tout ça sur ton Mail. (Il lui demande ce qu’il doit en faire). Ben tu les supprimes ! Qu’est-ce que tu veux faire avec des scénarios ? Tu vends du matériel agricole ! (L’autre a des scrupules) On leur a évité de se faire rouler. Il ne manquerait plus qu’il nous en veuille. Et puis, ça va nous permettre de déconner pendant trois semaines. À toute à l’heure.

Il raccroche et s’adresse au public.

Franchement, vous ne trouvez pas qu’ils me doivent bien ça !

Bernard FRIPIAT 25 rue de la Croix Nivert 75015 PARISTél. : O6.59.51.85.73.http://www.orthogaffe.com/[email protected]épôt : SABAM (Belgique) Responsable : Sophie Gohr(00 32 2 286 82 73) [email protected] de noter que cette pièce est déposée à la SABAM et non à la SACD

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Du même auteur…La série orthogaffe.com dont vous trouverez tous les épisodes sur le sitehttp://www.orthogaffe.com/

Le Juge et le Ministre suivi des Killers (théâtre). Paris 2005. Éditions GUNTEN.

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Les Killers « Je ne connais rien de plus jubilatoire que d'interpréter un personnage qui assouvit une légitime vengeance. Il suffit de voir le nombre de vedettes qui ont joué le Comte de Monte-Cristo. Malheureusement, de tels rôles au féminin sont rares. Il faut dire que la vengeance nécessite une vive intelligence et que la plupart des auteurs sont des hommes… Lorsque s'est présentée l'occasion de jouer Sylvie qui, pendant plus d'une heure, se venge patiemment d'un mufle qui s'est cru killer, je ne l'ai pas laissée passer. On devrait conseiller la lecture de cette pièce à toute femme victime d'une goujaterie. » (Nadia Moreau, Comédienne)

Le Juge et le Ministre « Deux êtres forts, durs, insensibles (en tout cas en apparence) qui s'affrontent droit dans les yeux est toujours un spectacle original. En jouant ce rôle du Juge, je me remémore les westerns de Sergio Leone qui ont bercé mon enfance. Avec un plaisir extrême, j'y retrouve la même force, la même tension et, surtout, le même humour. » (Jean-François Warmoes, Comédien).

Les Monstres ordinaires (recueil de nouvelles). Paris 2003. Éditions GUNTEN.

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22 textes inspirés de la fable « le loup et l'agneau » qui racontent l'histoire tragique de la violence face à l'innocence, du pouvoir de la méchanceté sur la gentillesse. Parfois la gentillesse prend le dessus, mais n'utilise-t-elle pas une autre forme de méchanceté ? « Si ces innocents récits pouvaient apporter un réconfort aux agneaux et dépouiller les loups de leur carapace de faux prétextes, ils n'auraient pas été complètement inutiles. En tout cas, il faudrait les conseiller à toute personne qui possède une ombre de pouvoir» (Aimé Stelling)

Winston Churchill. La décision qui sauva le monde (théâtre). Paris 2001. Éditions de l’Harmattan.

http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=10797La pièce décrit l'hypothétique rencontre entre Churchill et Hess, le 10 mai 1941. Hess veut que l'Angleterre cesse le combat, Churchill voudrait savoir quand l'Allemagne attaque la Russie. Chacun essaye de soutirer à l'autre ce qu’il désire. N'hésitant pas à puiser dans des documents historiques et dans les discours de Churchill, elle permet de comprendre comment et pourquoi ce dernier prit la décision de poursuivre la lutte. Décision qui sauva le monde.

Le Siècle des Pardase (roman). Paris. 2000. Éditions GUNTEN

http://www.editionsgunten.com/catalog/product_info.php?products_id=77Nous sommes le 21 novembre. Bertrand Pèlerin déposé voilà 27 ans dans un orphelinat par sa mère soucieuse de le protéger a reçu une lettre bizarre l'invitant à retrouver ses origines. Il va découvrir les branches survivantes de cette famille de fous, son histoire et vivre un week-end que les vieux auraient voulu pacifique, mais qui sera meurtrier car la vengeance de Théophile Pardase ne s'arrête que le lundi 23 novembre.

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Se Réconcilier avec l’Orthographe. Paris. 1997. Éditions DEMOS

http://www.amazon.fr/réconcilier-avec-lorthographe-Bernard-Fripiat/dp/2910157318/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1288194212&sr=1-1Cette méthode, évitant les règles grammaticales, offre une multitude de moyens mnémotechniques empreints d'humour afin d’écrire sans faute.

Comment réussir vos examens ? Paris. 2007. Éditions DEMOS.

http://www.amazon.fr/Comment-réussir-vos-examens-Lintelligence/dp/2915647267/ref=sr_1_4?s=books&ie=UTF8&qid=1288194458&sr=1-4Partant du principe que l'intelligence ne vous dispense pas d’être malin, ce livre vous offre une série d’astuces afin de mettre toutes les chances de votre côté.

99 questions à mon coach d’orthographe. Paris. 2008. Éditions DEMOS.

http://www.amazon.fr/99-Questions-mon-coach-dorthographe/dp/2915647410/ref=sr_1_3?s=books&ie=UTF8&qid=1288194242&sr=1-3

Au pluriel, faut-il un s à euro ? Quand écrit-on j’ai et j’aie ?

Depuis quinze ans, Bernard Fripiat répond à ces interrogations lors de stages d’orthographe que fréquentent chefs d’entreprises, assistantes de direction, commerciaux, informaticiens... Ce sont ces questions et ses réponses que vous retrouverez regroupées dans cet ouvrage. Chaque question se termine par une saynète qui résume avec humour la problématique exposée.

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On vous casse les pieds avec l'orthographe ? Ripostez ! Paris. 2010. Éditions DEMOS

Comment peut-on commettre de telles fautes ? Votre orthographe ne dépasse pas le niveau CM1. Comment un bac + 4 peut-il confondre le conditionnel et le futur ? Voilà le genre de sentences que Gwendoline doit supporter depuis qu'elle travaille. Sa tortionnaire, Mademoiselle Bingault, prend un véritable plaisir à les énoncer. Pour qu'on cesse de lui casser les pieds, Gwendoline va apprendre l'orthographe et découvrir le moyen de se venger. Trop sûre d'elle, Mademoiselle Bingault est moins forte qu'elle ne le croit. L'orthographe est tellement compliquée que tout le monde peut se faire attraper ! Et Gwendoline aussi va pouvoir allumer Mademoiselle Bingault ! Ce livre nous montre comment...

BERNARD FRIPIAT. 25 RUE DE LA CROIX NIVERT. 75015 PARIS. TÉL. : 01.47.83.94.72. [email protected] HTTP://B.FRIPIAT.GOOGLEPAGES.COM/

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