Voltaire Et Kant

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10 Cahiers Voltaire

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Sur Voltaire et Kant

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  • Les Cahiers Voltaire, revue annuelle de la Socit Voltaire

    Rdacteur

    Ulla Klving

    Comit de rdaction

    Franois Bessire, Andrew Brown, Roland Desn, UllaKlving, Andr Magnan, Jean-Nol Pascal, Alain Sager, Alain Sandrier

    Revue publie avec le concours de la Rgion Rhne-Alpes

    La Socit Voltaire bnficie du soutien du Centre national du livre

    Cahiers Voltaire, BP 44, F-01212 Ferney-Voltaire cedex [email protected] | societe-voltaire.org

    Cah

    iers Voltaire 10

    2011

    Abrviations courantes

    Best. Voltaires correspondence, Genve, 1953-1965

    Best.D ou D Correspondance and related documents dans Voltaire, OC, t. LXXXV-CXXXV

    BnF Bibliothque nationale de France

    BV Bibliothque de Voltaire : catalogue des livres, Moscou, 1961

    CN Corpus des notes marginales de Voltaire, Berlin, 1979-

    CV Cahiers Voltaire

    Desnoiresterres Voltaire et la socit du XVIIIe sicle, 1867-1876

    Encyclopdie Encyclopdie, ou dictionnaire raisonn, Paris, 1751-1765

    IMV Institut et Muse Voltaire, Genve

    Inventaire Voltaire Inventaire Voltaire, Paris, 1995

    Moland uvres compltes de Voltaire, Paris, 1877-1885

    Pliade Voltaire, Correspondance, Paris, 1963-1993

    RHLF Revue d'histoire littraire de la France

    SVEC Studies on Voltaire and the eighteenth century, Genve, Banbury, Oxford, 1955-1998

    Voltaire, OC uvres compltes de Voltaire / Complete works of Voltaire, Genve, Banbury, Oxford, 1968-

    La couverture reproduit une des ttes de Voltaire du dessin original attribu Jean Huber. Collection particulire.

    Publi par le Centre international dtude du XVIIIe sicle, BP 44, F-01212 Ferney-Voltaire cedex

    Diffus par Aux Amateurs de Livres International, 62 avenue de Suffren, F-75015 Paris

    ISBN 978-2-84559-077-9 ISSN 1637-4096

    Imprim en France par Darantire, Quetigny 10societe-voltaire.org

    Cahiers Voltaire

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    Ferney-Voltaire

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    Revue publie avec le concours de la Rgion Rhne-Alpes

    La Socit Voltaire bnficie du soutien du Centre national du livre

    Nous remercions le Centre international dtude du XVIIIe sicle (Ferney-Voltaire) et le Centre de recherche sur les sciences de la littrature franaise

    (Universit Paris Ouest Nanterre La Dfense) de leur participation.

    La prparation de ce numro a t facilite par les services de la Bibliothque de Genve

    et de lInstitut et Muse Voltaire.

    Correspondance, manuscrits, ouvrages pour compte rendu

    Cahiers Voltaire, BP 44, F-01212 Ferney-Voltaire cedex, courriel [email protected] ouvrages pour compte rendu doivent tre envoys sans ddicace personnelle.

    Socit Voltaire et Centre international dtude du XVIIIe sicle 2011

    Diffus par Aux Amateurs de Livres International 62 avenue de Suffren, 75015 Paris, France,

    pour le Centre international dtude du XVIIIe sicle, BP 44, 01212 Ferney-Voltaire cedex, France

    ISBN 978-2-84559-077-9

    ISSN 1637-4096

    Imprim en France

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    Avant-propos

    La publication de ce volume des Cahiers Voltaire marque la fin de la premire d-cennie de la vie de notre revue annuelle, et le dbut de la seconde. Nos dix premiers volumes comportent prs de 3000 pages et 250 illustrations, 75 articles, 95contri-butions aux dbats, 110 aux enqutes, 85 comptes rendus et de nombreux autres textes dans la section des actualits : les phmrides, les relectures, le pot-pourri, les recherches bibliographiques, les manuscrits en vente, la bibliographie voltai-rienne annuelle, les thses. Lindex dtaill publi sur le site de la Socit Voltaire donne accs cette documentation riche et varie, le travail de 168 personnes.

    Pour lpoque qui souvre, nous passons, au moins partiellement, llectro-nique, en mettant laccent sur tout ce qui peut tre utilement enrichi et augment par cette voie, que ce soit par laddition dillustrations et de textes, par linser-tion de liens, par des additions et corrections, par des approfondissements de tout genre. Nous proposerons en outre un accs ouvert de nombreux lments de nos dix premiers numros et comptons ainsi rendre accessible tous le fruit des travaux de notre socit depuis sa cration le 30 mai 2000.

    Nous avions espr consacrer quelques pages de ce dixime numro de notre revue lheureuse dcouverte, en 2010, de la bibliothque du chteau de Cirey et des immenses archives de la famille Du Chtelet, perdues de vue depuis 1749. Si la plupart des ouvrages imprims que contient la bibliothque sont postrieurs la mort dmilie Du Chtelet, on trouve mls aux archives des documents concer-nant sa vie avec Voltaire et leurs travaux partags. Parmi eux, le prcieux manuscrit dun tat primitif des lments de la philosophie de Newton, sans doute lexemplaire prpar pour milie, plusieurs tats repris et corrigs de son Exposition abrge du systme du monde selon les principes de monsieur Newton manuscrits qui compltent ceux de la Bibliothque nationale de France , deux manuscrits dun substantiel ouvrage inconnu de Mme Du Chtelet sur loptique de Newton, de nombreux cahiers de notes sur des questions scientifiques, des lettres, et des centaines de do-cuments financiers et administratifs. Une premire tude de quelques lments de ce fonds exceptionnel a permis de relever dautres pistes, dautres voies explorer, et nous comptons revenir sur la grande aventure de Cirey dans le premier numro de notre deuxime dcennie.

    Andrew Brown

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    tudes & textes

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    Ci-dessus. La perce de lavenue de lOpra. Aspect du quartier de la Butte-des-Moulins, le 15 octobre au soir. Les dmenageurs. Les entrepreneurs , Le Monde illustr, no 1020, 28 octobre 1876. Gravure sur bois daprs un dessin de Frdric-Thodore Lix (1830-1897), fait sur un croquis de Henry Scott (1849-1884).

    Au recto. Eau-forte de Martial (Adolphe-Thodore-Jules-Martial Potmont,1828-1883), reprsentant les d-molitions nocturnes du quartier de la Butte des Moulins, publie dans Bertrand Moura, La Butte des Moulins, avec documents archologiques et administratifs indits, Paris, Veuve Cadart, 1877.

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    andrew brown et pierre leufflen

    Voltaire et milie Du Chtelet dans la rue Traversire (I)

    Quand Voltaire rentre Paris de Londres en 1729, il invite Thieriot lui rendre visite, certainement une premire visite son logement du moment car Voltaire doit lui indiquer le chemin prendre :

    je vous prie de venir dans la rue Traversine1, vis--vis un vitrier. Cest vers les dernires maisons gauche du ct de la fontaine, une des plus vilaines portes. La maison est un conseiller clerc nommM. de Mayenville, homme qui ne se soucie pas des dehors apparemment2.

    Vingt ans plus tard, en 1749, de retour dans la capitale aprs la mort dmilie Du Chtelet, Voltaire reprend le bail de la maison des Du Chtelet dans la mme rue, maison dont il occupait deux des tages depuis 17453. Le propritaire est

    1. Traversire-Saint-Honor. (Rue) Commence rue Saint-Honor, 246-248, et finit rue Richelieu, 41-43. Les numros sont noirs ; le dernier impair est 47, et le dernier pair 48. 2e Arrondissement. Q.du Palais-Royal. Ce nom lui a t donn parce quelle traverse de la rue Richelieu celle Saint- Honor ; on la trouve aussi, sur danciens plans, sous les noms de Traversine, Traversante, de la Brasserie, du Bton-Royal. Elle nest pas dans lalignement. (J. de La Tynna, Dictionnaire topographique, histo-rique et tymologique des rues de Paris, 2e d., Paris, J. Smith, 1817, p. 570-571). La rue porta par la suite les noms de Fontaine-Molire, puis de Molire tout court. La couleur des numros fut fixe ou confirme par un dcret du 23 mai 1806 : noir sur fond ocre dans les rues perpendiculaires ou obliques la Seine, rouge sur fond ocre dans les rues parallles la Seine.

    Dautres auteurs dun dictionnaire des rues de Paris, Flix et Louis Lazare, voquent la proximit de la rue Fontaine-Molire et la porte de la ville vers laquelle Jeanne dArc aurait assig Paris, ce qui leur permet de parler de La Pucelle de Voltaire : Quant Voltaire, on sait ce quil a fait de lhrone de Vaucouleurs. Rendons hommage au temps o nous vivons, ce crime du gnie, cette dbauche du talent ne serait plus possible aujourdhui ; Voltaire serait forc dtre Franais par ses sentiments comme par sa gloire. Les grandes insultes la patrie ne peuvent avoir lieu maintenant, car la libert est la sauve-garde de ces renommes nationales qui appartiennent tous les citoyens. (Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, Paris, Lazare, 1844, p. 225-227). Par contre, la prsence de Voltaire dans la rue semble avoir chapp la vigilance des Lazare.

    2. D356. Pour plus dinformations sur les mouvements de Voltaire cette poque, on consultera Lucien Foulet, Correspondance de Voltaire (1726-1729), Paris, Hachette, 1913, notamment p. 208 sur la localisation probable de la maison des de Majainville.

    3. Le bail de location entre de Majainville et les Du Chtelet est dat du 7 mai 1745. Le 17 mai, Voltaire envoie une lettre de la rue Traversire (D3120). En juin ou juillet 1745 (D3159), il indique quil habite la rue Traversine. Le 22 aot [1745], milie Du Chtelet crit Cideville : Je suis tablie dans ma nouvelle maison o je suis merveille et o M. de Voltaire se trouve enfin son aise. (D3203).

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    10 andrew brown et pierre leufflen

    nomm dans le contrat : Claude-Frdric Le Begue de Majainville4... Sagit-il, en 1729 et 1749, de la mme maison ?

    Voici le texte du bail de 1745, avec en note les clauses du bail du 17 septembre 1747 qui le remplacera :

    Bail loyer 7 mai 17455

    Fut prsent messire Claude Frederic Le Begue de Majainville, prtre, doc-teur de la maison et socit de Sorbonne, abb de Morigny, conseiller du roi en sa cour de parlement et grand-chambre, demeurant Paris rue dEnfer, paroisse Saint-Jacques du Haut-Pas.

    Ledit sieur de Majainville, tant en son nom que comme se portant fort de messieurs de Majainville ses neveux, tous propritaires de la maison ci-aprs.

    Lequel esdits noms a par ces prsentes donn loyer et prix dargent pour six annes entires et conscutives, qui commenceront le jour et fte de saint Jean Baptiste prochain6, et a promis pendant ledit temps faire jouir trs haut et trs puissant seigneur Florent Claude marquis du Chatelet, Lomont et de Cirey, commandeur de lordre royal et militaire de Saint-Louis, lieutenant- gnral des armes du roi, et trs haute et trs puissante dame Gabrielle Emilie de Breteuil, son pouse, ce accept par madame dame marquise du Chatelet, tant en son nom que comme fonde de la procuration gnrale dudit seigneur son mari pour ladministration de ses biens, par laquelle il la autorise, ladite procuration passe devant Jean Riem notaire imprial Duren au duch de Juliers7, prsents tmoins le treize dcembre mil sept cent quarante-un, dont loriginal dment lgalis a t certifi vritable et dpos pour minute Me Bronod8, notaire Paris, le trente dudit mois de dcembre, ladite dame marquise du Chatelet demeurant Paris, Grande rue du faubourg Saint-Honor9, paroisse de la Madelaine de la Ville lvesque, ce prsente et acceptante, preneuse tant pour elle que pour ledit seigneur son poux.

    Une grande maison porte cochre sise Paris rue Traversire, consis-tante en un dessous de porte10, gauche de laquelle sont deux curies, un

    4. D.app.92. Claude-Frdric Le Begue de Majainville signe pour ses deux neveux, Jean-Franois et Louis Le Begue de Majainville, galement propritaires de la maison : voir D.app.132. Il meurt le 12mai 1749, abb de labbaye royale de Marigni [sic], chanoine de lglise de Chartres, et conseiller de la Grande chambre du Parlement de Paris (Mercure de France, juin 1749, t. II, p. 204).

    5. Archives nationales, Paris, ET/XCVI/360. En marge de la premire page figure la rsiliation du bail, date du 17 septembre 1747, date du bail (ET/XCVI/369) qui a remplac celui de 1745. Nous en modernisons le texte, sauf les noms propres, en rajoutant un minimum de ponctuation. Les mots rays sont indiqus entre crochets angulaires.

    6. Le 24 juin.7. Le 7 dcembre 1741, milie informe Bernoulli que son mari est larme de M. le marchal de

    Maillebois, en quartier Duren, dans le pays de Juliers (D2572).8. Louis Bronod (1687-1766), notaire au Chtelet (1719-1765), secrtaire du roi (1731), tabli rue

    Sainte-Avoie, prs de la rue de lchelle du Temple, tait le notaire de la famille Du Chtelet.9. Actuellement la rue Saint-Honor.10. Le terme semble avoir plusieurs sens, il sagit probablement ici du logement du suisse.

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    andrew brown et emmanuel fradois

    Les ditions Prault des uvres deVoltaire

    La premire lettre que nous connaissons de Voltaire son diteur Laurent- Franois Prault1, et qui pourrait bien tre la premire de leur correspondance, date du 9 fvrier 1736 :

    Les prires de monsieur Dargental, Monsieur, seront toujours des ordres pour moi, et la rputation de probit et dintelligence que vous avez ne sont pas une moindre recommandation. Je serai charm que ceux2 qui feront im-primer Alzire vous donnent la prfrence.

    lgard du recueil de mes tragdies, il faut que je passe beaucoup de temps les corriger avant doser les donner au public. Lintrt dun libraire doit tre quun auteur travaille soigneusement ses ouvrages. Je ne peux vous tre utile quen tchant de mriter par un travail long et assidu lindulgence du public3.

    Il ne semble pas que Prault ait eu la prfrence pour Alzire4, mais il a publi pour Voltaire ldition de La Henriade parue en 17375 et qui est sans doute ldition dont parle Voltaire dans sa lettre Mme Prault6 du 30 aot 1736 :

    Pray madam, send me by the coach of Bar sur Aube two copies of what has been printed already. You know you have promisd me 72 copies fairly bound when the book shall be printed. J must have besides a hundred copies sowd at the price you will set upon ; but j will pay for em7.

    1. Dans sa thse, Les Libraires et imprimeurs parisiens la fin du XVIIIe sicle (1750-1789), Micheline Zphir recense pas moins de neuf imprimeurs et libraires de la famille Prault. Laurent-Franois, fils an de Pierre Prault (vers 1685-1768), est n en 1712 et mort en 1780. Reu libraire le 24 avril 1733, il succda son pre comme imprimeur en 1758. Voltaire a travaill avec dautres membres de la famille, notamment le pre.

    2. Il est probable que la responsabilit fut partage entre dArgental, Pont-de-Veyle et Thieriot.3. D1005. Nous modernisons les citations de la correspondance de Voltaire, en conservant lortho-

    graphe des noms propres.4. Les premires ditions dAlzire sont parues sous la marque de Jean-Baptiste-Claude Bauche,

    lditeur de Zare (1733).5. BnC 1699.6. Claude-Franoise Desfebves, fille dun joaillier de Paris. Nous ignorons les origines de ses com-

    ptences linguistiques. Loriginal est en anglais.7. D1136 : Je vous prie, Madame, de menvoyer par le coche de Bar-sur-Aube deux exemplaires

    de ce qui a dj t imprim. Vous savez que vous mavez promis 72 exemplaires trs bien relis quand louvrage paratra. Il me faut en plus 100 exemplaires cousus au prix que vous fixerez, que je tiens

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    22 andrew brown et emmanuel fradois

    Dans la mme lettre, il commande Prault un exemplaire de la traduction de Coste de lOptique de Newton. Par la suite, cest Prault qui fournira lessentiel de la biblio-thque scientifique de Cirey.

    Prault ditera Brutus (1736)8, Hrode et Mariamne (1736)9, Ldipe (1736)10, LEnfant prodigue (1738)11, les lments de la philosophie de Neuton (1738, 1741 et 1745)12, les ptres sur le bonheur (1738)13, le Recueil de pices fugitives en prose et en vers (1740)14, La Mrope franaise (1744)15... mais Voltaire nest pas toujours satisfait de son travail : lgard de lEnfant prodigue il faut quil soit mieux que La Henriade. Je suis honteux de la ngligence de Prault ; mauvais papier, mauvais caractre : point de table, cela est honteux16.

    Cependant, ds le 27 janvier 1738, Voltaire envisage de confier Prault une dition de ses uvres compltes :

    Le projet que vous avez de donner un recueil de mes faibles ouvrages, re-double en moi lardeur de les corriger. Non seulement je retouche La Henriade avec un soin trs scrupuleux mais je retravaille toutes mes tragdies17.

    Ce projet semble avoir t suspendu, peut-tre supplant par la publication du Recueil de pices fugitives, mais Voltaire revient la charge le 21 juillet 1739 :

    Depuis que jai vu la nouvelle dition de Ledet18 je suis plus que jamais, mon cher Praut, dans la rsolution de vous en procurer une qui vous soit utile et honorable. Je crois que vous pouvez compter sur la protection de M. dArgen-son19, comme sur mon zle. Je serais trop fch que les trangers profitassent seuls de mon travail et que le libraire de Paris que jestime le plus net de moi que des offres inutiles de service. Je suis donc tout prt. Parlez, quand com-mencerez-vous ? Je vous offre et mon travail et de largent20.

    payer. Vers le 5 septembre, il prcise Berger : Vous savez sans doute le march que jai fait avec Prault. Je lui donne La Henriade, condition quil men donnera soixante-douze exemplaires magni-fiquement relis et dors sur tranches. Outre cela je veux en avoir une centaine dexemplaires au prix cotant en feuilles, que je ferai relier mes frais. Il faudra un petit avertissement au-devant de cette dition. Je vous lenverrai quand il sera temps. (D1142).

    8. BnC 762-763. Il sagit en fait dune nouvelle mission, avec cartons, de ldition publie par Josse en 1731.

    9. BnC 1736, autre cas de nouvelle mission dune dition prcdente.10. BnC 1285.11. BnC 881-888.12. BnC 3749-3750, 3758-3759 et 3760.13. BnC 2124-2126. Voir aussi 2130, dition Prault de lptre de la modration en tout, 1738.14. BnC 369-370.15. BnC 1057-1068.16. Voltaire Berger, vers le 10 novembre 1736, D1197.17. D1438.18. uvres de M. de Voltaire, Amsterdam, Ledet ou Desbordes, 1738, 4 volumes, nouvelle dition en

    1739. Les tomes V IX de cette dition paratront de 1744 1756.19. Ren-Louis de Voyer de Paulmy, marquis dArgenson (1694-1757). Le 28 juillet, Voltaire se

    plaint dArgenson de ldition faite par Prault de la Vie de Molire (D2054).20. D2049.

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    david smithavec la collaboration de

    Andrew Brown, Martin Fontius, Sergue Karp, Andr Magnan et David Williams

    Prsent de lauteur, corrig de sa main : lesannotations de Voltaire dans une dition

    desesuvres (Dresde, Walther, 1748)

    la mi-octobre 1748, George Conrad Walther publie en huit volumes son di-tion des uvres compltes de Mr de Voltaire1. Au cours des trois annes suivantes, lauteur corrige et rvise le texte de cette dition, il y fait des additions, soit sur des bouts de papier, soit sur des feuilles spares, et va mme jusqu faire imprimer des textes nouveaux ou rviss quil intercale dans certains volumes. Il dresse ga-lement deux listes de ces annotations destines ses libraires. Le but de Voltaire est double. Dune part, il cherche prparer le texte dditions ultrieures de ses uvres compltes, auxquelles il prtera sa collaboration : celles de Robert Machuel (Rouen, 1750) et de Michel Lambert (Paris, 1751) ainsi que la seconde dition de Walther (Dresde, 1752). Dautre part, il cre ainsi des exemplaires dhommage quil prsentera diffrents membres de familles royales et ducales. Nous propo-sons dans cet article dexaminer ces listes et ces diffrents exemplaires, de tracer la gense de leurs annotations, et de souligner leur importance pour tout diteur des uvres de Voltaire. Dans un long relev qui figure sur le site du Centre interna-tional dtude du XVIIIe sicle de Ferney-Voltaire, nous avons transcrit toutes ces annotations et indiqu les textes qui ont t insrs dans diffrents exemplaires2.

    Lauteur na pas corrig les preuves de ldition Walther, mais il a reu un exemplaire de chacun des volumes mesure quils sortaient des presses, et au fil de sa lecture, il a expdi au libraire un errata, en exprimant sa consternation devant

    1. Voir Martin Fontius et David Smith, La publication en 1748 des uvres compltes de Mr de Vol-taire par George Conrad Walther, de Dresde , dans Voltaire & le livre, textes runis par Franois Bessire et Franoise Tilkin, Ferney-Voltaire, Centre international dtude du XVIIIe sicle, 2009, p. 47-66.

    2. Corrections, rvisions, additions et insertions dans des exemplaires des uvres de Mr de Voltaire (Dresde, Walther, 1748-1750, 9 vol.) . Nous incluons galement les corrections des errata de cette dition et nous indiquons si chaque chan-gement figure dans 50 et 51.

  • 42 david smith

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    le grand nombre derreurs. Le 22 octobre, il commande six exemplaires de ldition et fait bon accueil la proposition du libraire de faire paratre une seconde di-tion au bout dun an (D3795). Le 19 novembre, il dcline loffre de Walther d un service de porcelaine de Saxe , mais indique quil recevrait volontiers quelques exemplaires de son dition (D3809). Le 25 fvrier 1749, il informe son libraire quil na toujours pas reu Lunville les exemplaires demands (D3878), mais ils ont d lui parvenir peu aprs. Aid par Sbastien Longchamp, son secrtaire parisien qui ne laccompagnera pas en Prusse en juillet 1750, Voltaire se met corriger cette dition, probablement en vue den faire publier une nouvelle par Robert Machuel, de Rouen. Malgr son intervention en 1748 pour faire supprimer une dition ant-rieure de ses uvres, dans laquelle le libraire rouennais avait inclus des ouvrages apocryphes et dangereux, Voltaire a certainement collabor avec lui dans la prpa-ration de son dition de 1750, car un document rdig parLongchamp et intitul Corrections et errata de ldition de Rouen faites sur celle de Dresde3 com-porte les principales fautes dimpression de cette dition. Ces Corrections et errata , trs dtaills, sont videmment destins Machuel4.

    On sattendrait ce que les corrections, rvisions et additions destines au li-braire rouennais soient moins nombreuses que celles des exemplaires annots plus tard, car ceux-ci auraient bnfici de nouvelles lectures et vrifications. On sat-tendrait galement ce quelles soient crites de faon parfaitement lisible, pour que rien nchappe limprimeur, alors que dans les exemplaires dhommage, dont nous traiterons plus loin, de nombreux changements sont effectus lencre blanche pour les cacher lil du lecteur. Or, il se trouve que deux exemplaires correspondent ces suppositions. Dans lun deux5, seuls les tomes I, II, III, IV et VII comportent des annotations, dont certaines sont de la main de Voltaire, mais le plus grand nombre y sont inscrites par Longchamp. Lautre exemplaire, dont seuls les tomes I et II ont survcu, fut propos sur eBay en 2007, puis retir de la vente, et enfin vendu Paris chez Sothebys le 29 novembre 2007 pour 15 850 euros. Nous nen savons pas la localisation actuelle. La page de garde du second volume porte la note suivante :

    Ces deux prcieux volumes enrichis de notes marginales et de corrections tant en prose quen vers de la main de Voltaire, viennent de Vagniere son secre-taire. Ils ont t donns en cadeaux Mr. de Florian dans un des voyages quil fit Ferney quelques annes avant que Vagniere conduisit la Bibliotheque de Voltaire St. Petersbourg.

    3. Lille, Mdiathque Jean Lvy, collection L. Quarr-Reybourbon. 4. Voir David Smith, Did Voltaire collaborate in the publication of the Rouen Machuel 1750 edi-

    tion of his uvres ? , Journal for eighteenth-century studies 31, 2008, p. 571-577.5. BnF, Rs. Z Beuchot 12 (1-10). Cest le seul exemplaire de la BnF comporter tous les dix

    volumes, y compris les deux volumes supplementaires.

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    bertram eugene schwarzbach

    La datation de certains articles des Questions sur lEncyclopdie

    Thrift, thrift, Horatio. The funeral baked meats Did coldly furnish forth the marriage tables. Hamlet, I, 2

    Il semble que la perfection soit atteinte non quand il ny a plusrien ajouter, mais quand il ny a plus rien retrancher. Saint-Exupry, Terre des hommes, III

    La rutilisation par Voltaire, dans les Questions sur lEncyclopdie (1770-1771, 1774) et ailleurs, de textes dj publis par lui a t signale par Georges Ben-gesco dans sa bibliographie des uvres de Voltaire1. La question a t dbattue par Nicholas Cronk2 et Henri Duranton3 au cours des Journes Voltaire de Pise en juillet 2005, afin de savoir si lon peut dtecter dans les Questions une esthtique des mlanges 4, du pot-pourri ou du copier/coller , thse de N. Cronk ; ou si la raison de la rutilisation de morceaux dj diffuss tait lambition de les faire lire par un public plus important, thse de H. Duranton. Nous nous occuperons ici des articles dont les homonymes avaient dj paru dans le Dictionnaire philoso-phique (1764, 1765, 1767, 1769), sous-ensemble des rutilisations dans les Questions de textes rdigs pour dautres circonstances.

    nonc :

    Certains des articles du Dictionnaire philosophique qui ont t rutiliss dans les Questions sur lEncyclopdie y paraissent en fait sous une forme plus primitive ,

    1. Georges Bengesco, Voltaire : bibliographie de ses uvres (Paris, 1882-1890), t. I, p. 423-424, mais Bengesco nindique pas combien darticles du Dictionnaire philosophique sont reproduits dans les Questions sur lEncyclopdie.

    2. N. Cronk, Voltaire autoplagiaire , dans Copier/coller. criture et rcriture chez Voltaire. Actes du colloque international (Pise, 30 juin-2 juillet 2005), textes runis et dits par Olivier Ferret, Gianluigi Goggi et Catherine Volpilhac-Auger, Pise, Edizioni Plus, Pisa University Press, 2007, p. 9-28.

    3. H. Duranton, Annales de lEmpire, Essai sur les murs, Histoire du Parlement de Paris : trois uvres pour un fonds commun , dans Copier/coller, p. 139-149.

    4. Voir Revue Voltaire 6, 2006, pour plusieurs communications sur les mlanges et lintertextualit dans lesthtique voltairienne.

  • Cahiers Voltaire 10 (2011) preuve 2011-10-23 13:14 page 58

    58 bertram eugene schwarzbach

    pour rappeler le terme que Naves et Benda emploient dans leurs annotations, que celle dans laquelle ils avaient paru dans le Dictionnaire philosophique.

    Discussion :

    cartons dabord un phnomne qui risque de se confondre parfois avec notre sujet, lexploitation dans le Dictionnaire philosophique, dans les Questions sur lEn-cyclopdie, ainsi que dans dautres ouvrages, de notes de lecture et de brouillons darticles, rdigs entre les annes cinquante, date de parution des premiers tomes de lEncyclopdie, et la fin des annes soixante, dont certains ont finalement t pu-blis, aprs la mort de Voltaire, dans le fonds de Kehl . Ceci, dmontr en 19785, implique que dans certains cas la date de parution dun texte de Voltaire peut tre fort loigne des diverses tapes de sa rdaction. Cette constatation implique aussi que Voltaire possdait des notes de lecture et des brouillons desquels il pouvait assez rapidement tirer, avec seulement un peu de mise en forme et deffort litt-raire pour les rendre bien voltairiens, de nouveaux articles, voire de nouveaux ouvrages, qui en fait ntaient pas entirement nouveaux. Jacques-Henri Meister le savait ou le souponnait lorsquil parlait, dans son compte rendu de La Bible enfin explique, en septembre 1776, dun portefeuille de Voltaire qui contenait des brouillons prts tre exploits6. Une implication est que Voltaire ne publiait pas tous ses brouillons ; certains sont rests indits jusqu ce que les diteurs de Kehl les aient obtenus de diverses sources, et aient dcid de les publier bien que Voltaire ne lait jamais autoris.

    Depuis que Naves et Benda ont publi une table synoptique des articles du Dic-tionnaire philosophique et de leur histoire, on sait lesquels ont t repris intacts dans les Questions, lesquels ont subi soit des additions, soit des remaniements de forme, et lesquels ont acquis des supplments numrots, comme si ceux-ci taient des articles autonomes que Voltaire venait dcrire pour ce recueil, et certains ltaient peut-tre en effet7. Pour rsumer, quarante et un articles du Dictionnaire philoso-phique ont reparu dans les Questions sur lEncyclopdie sans modifications, et cin-quante-six articles y ont paru avec des remaniements. Les articles du Dictionnaire philosophique qui ne furent pas absorbs dans les Questions sur lEncyclopdie furent rdits sous le titre Fragments sur divers sujets par ordre alphabtique dans le t. XXVIII de ldition de Genve de 1768, 68 (1774), puis dans le t. XXXVIII de l encadre , 75G (1775), pour prserver les moindres brins de sa production

    5. Voir B. E. Schwarzbach, The problem of the Kehl additions to the Dictionnaire philosophique : sources, dating and authenticity , SVEC 201, 1982, p. 7-66, et son rsum en franais, Un regard sur latelier voltairien , dans Rousseau et Voltaire en 1978. Actes du colloque international de Nice (juin 1978), Genve ; Paris, Slatkine, 1981, p. 250-272.

    6. Grimm, Diderot, Raynal, Meister, et al., Correspondance littraire, philosophique et critique, d. Mau-rice Tourneux, Paris, 1877-1882, t. XI, p. 327.

    7. Dictionnaire philosophique, introduction, relev des variantes et notes par Julien Benda, texte tabli par Raymond Naves, Paris, Classiques Garnier, 1961, p. xxii-xxix.

  • Cahiers Voltaire 10 (2011) preuve 2011-10-23 13:14 page 73

    pierre leufflen

    Une nouvelle interprtation de la clbration du centenaire de la mort de Voltaire en 1878 :

    lapportessentiel des Archives de la Prfecture de Police

    30 mai 1878 : les mnes de Voltaire dans la bataille politique

    Il nest pas dautre exemple en France dune commmoration lie un grand crivain qui ait pris une ampleur aussi considrable et surtout une dimension de lutte politique aussi vive que celle du centenaire de la mort de Voltaire en 18781. Rappelons-en rapidement les faits. Rclam par certains plus de dix ans aupara-vant2, un premier comit dorganisation, bauch ds 1876, voit le jour en 1877. Mais il doit rapidement tre mis en sommeil pour permettre aux rpublicains de consacrer toute leur nergie lutter contre le coup de force du 16 mai 1877, per-ptr contre les Chambres par Mac-Mahon, le prsident monarchiste de la fragile Troisime Rpublique balbutiante. Le verdict des lections lgislatives doctobre 1877 ayant oblig ce dernier se soumettre, la voie tait libre pour la prparation du Centenaire. Le 20 janvier 1878, lissue dune runion laquelle participaient de nombreux chefs de file rpublicains et les reprsentants de tous les journaux progressistes, un comit dorganisation voyait le jour. Trs vite, il fut commun-ment dsign sous le nom de comit Mnier , du nom de cet industriel du cho-colat3 qui stait engag le financer trs largement. Ayant rapidement cart le

    1. On peut juste voquer, mais un degr bien moindre, les polmiques et les manifestations aux-quelles donna lieu le bicentenaire de la naissance de Rousseau en 1912.

    2. Je madresse tous, je madresse aux gens de cur, aux amis de la civilisation et du progrs, aux artistes, aux gens de lettres. Que lon constitue un comit, charg de prparer le premier centenaire du grand homme du XVIIIe sicle, et je ne puis en douter, les oboles viendront de toutes parts. Nous pour-rons enfin payer cette dette nationale. LEurope, lAmrique, les cinq parties du monde sassocieront la France pour laccomplissement de ce grand acte, qui sera rellement un acte dhumanit (douard de Pompry, Le Vrai Voltaire, lhomme et le penseur, Paris, Agence gnrale de librairie, 1867, p. 467).

    3. mile-Justin Mnier (1826-1881) avait hrit de son pre une affaire de produits chimiques et pharmaceutiques prospre. En quelques annes, il la transforma et devint le plus grand fabricant et marchand de chocolat de France. Entr en politique, il fut lu en 1876 dput rpublicain radical de Seine-et-Marne, o se trouvaient ses usines ultramodernes, Noisiel. Anticlrical, partisan du libre-change en conomie et persuad que le drame de la Commune de 1871 venait de la trop grande

  • 74 pierre leufflen

    Cahiers Voltaire 10 (2011) preuve 2011-10-23 13:14 page 74

    projet dune commmoration commune avec le centenaire de la mort de Rousseau, ce comit, trs actif, publie une dition duvres choisies de Voltaire4, dans le but avou de rpandre lanticlricalisme jusque dans les campagnes les plus recules, et organise une souscription nationale pour lrection dune statue, Place du Ch-teau deau Paris5, dont linauguration publique devait initialement constituer le temps fort des manifestations du 30 mai 1878. Les projets du comit Mnier, trs marqu gauche par le soutien que lui apportrent, ds lorigine, la quasi-tota-lit des conseillers municipaux rpublicains radicaux de Paris, rencontrrent trs logiquement lopposition farouche des milieux conservateurs et clricaux emme-ns par Mgr Dupanloup6. Mais ils suscitrent aussi les rticences des rpublicains modrs et opportunistes queffrayait la violence de lanticlricalisme affich par leurs promoteurs et dsireux de maintenir les crmonies uniquement sur le plan littraire. Sous lgide de la Socit des gens de lettres, qui avanait le nom pres-tigieux de son prsident dhonneur, Victor Hugo, pour prendre la direction dun comit largi et moins marqu politiquement, on essaya dallumer un contre-feu pour contenir les menes radicales du comit Mnier. Cependant, chacun resta sur ses positions malgr les efforts de conciliation de Victor Hugo et, aprs que le gouvernement eut interdit, au nom de lordre public, toute manifestation ext-rieure, ce sont finalement deux runions prives qui furent organises le 30mai. Au cirque Myers, devant prs de 7 000 personnes, ouvriers, artisans, tudiants et francs-maons, le comit Mnier exalta, au nom de Voltaire, une rpublique so-ciale, intransigeante et anticlricale, tandis quau Thtre de la Gat, devant une assistance plus bourgeoise de 2 3 000 personnes, on clbrait le Voltaire litt-rateur et dfenseur des opprims, avec en point dorgue un magnifique discours

    misre du peuple, il militait pour une redistribution plus quitable des richesses, notamment par la cration dun impt sur le capital. Il utilisait une partie de limmense fortune que son gnie industriel lui avait permis damasser pour soutenir ses ides progressistes, finanant les campagnes lectorales rpublicaines, soutenant de ses deniers les journaux trangls par les condamnations pcuniaires et subventionnant les socits et associations de progrs. Ha par les grands bourgeois, ses pairs, qui le considraient comme un tratre, il tait contest jusque dans sa propre famille que ses ides politiques et religieuses drangeaient. Pourtant, gnreux, sincre et courageux, il mrite mieux que les quolibets de ses adversaires clricaux et monarchistes et le surnom de chocolatier , teint dironie et de mpris, de ses amis rpublicains et mme de nombre de voltairiens ingrats. Voir Archives de la Prfecture de Police (dsormais : APP), Ba 1179.

    4. Voltaire, uvres choisies, dition du Centenaire 30 mai 1878, Paris, Aux bureaux du Comit central, 1878, 1000 pages.

    5. Actuelle Place de la Rpublique.6. Lvque dOrlans jeta dans cette bataille toutes les forces de son journal quotidien clrical La

    Dfense sociale et religieuse et publia en brochures de propagande diffuses profusion dix Lettres MM. les membres du Conseil municipal de Paris sur le Centenaire de Voltaire qui reprenaient tout le vieux fonds de la critique clricale antivoltairienne du XIXe sicle, constitu grand renfort de citations tronques savamment choisies et sorties de leur contexte afin de prsenter une image diabolique et repoussante de lauteur du Dictionnaire philosophique, affubl de tous les vices et de tous les dfauts. Snateur ina-movible, il pronona galement la tribune du Snat une virulente interpellation du Prsident du Conseil, Jules Dufaure, pour rclamer linterdiction du livre dit par le comit Mnier. Mais le chef du gouvernement refusa cette censure en rpondant avec humour quil ne se voyait pas, aprs un sicle, traner Voltaire devant un tribunal. Voir APP, Ba 892.

  • Cahiers Voltaire 10 (2011) preuve 2011-10-23 13:14 page 119

    1. Les dputs de lavenir. M. Mnier, par Gill , Lclipse, 24 septembre 1871

  • Cahiers Voltaire 10 (2011) preuve 2011-10-23 13:14 page 120

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    Tableau des runions du comit Mnier selon les rapportssigns Burg de la Prfecture de Police (App. Da 397)

    La quasi-totalit des informations ci-dessous proviennent des 24 rapports signs Burg du 18/02 au 24/05/1878.Elles ont t compltes le cas chant par les quelques autres rapports existants signs dofficiers de police. En labsence de rapports Burg, ces autres rapports sont la seule source dinformation pour les runions spciales (premires runions de lancement et runion gnrale dorganisation

    de la fte) des 27/04/1877, 20/01 et 27/05/1878. Enfin, les donnes de la runion du 05/04/1878 ont t compltes par celles du journal manuscrit de Lon Laurent-Pichat (BHVP, fonds Clartie)

    27/04/1877 32 22 x A x x x x x x Premire runion constitutive avec lection dune commission de 23 ou 24 membres sur liste prpare lavance

    20/01/1878 150 27 x x P x x x A x x x x Vritable runion de dpart avec toute la presse rpublicaine aprs la mise en sommeil due aux vnements du 16 mai 1877

    18/02/1878 20 9 x x x x x x xi x Envoi dun appel tous les conseils municipaux de France (texte de Y. Guyot adopt); invitation la SGDL + autres socits

    22/02/1878 12 12 x S xi x P xi x x x x Cration de commissions; dlgations vers les journaux; dbut de controverse sur le patronage de grands noms littraires

    25/02/1878 14? 7 xi x A xi Pi xi La cration dun comit de patronage de personnalits est vote (Hovelacque vote contre) mais pas de suite concrte

    01/03/1878 12 8 x Si xi xi x xi Pi x Vif dbat sur la proposition de la SGDL dun comit Hugo; Mnier conciliant mais le groupe Hovelacque nettement oppos

    06?/03/1878 10 7 xi xi xi Pi xi Si x Mnier a vu Hugo, plutt conciliant; on dcide lenvoi dune dlgation chez Hugo; cahier des charges de la statue adopt

    11/03/1878 30? 15 xi xi xi xi P x x x x xi x x x x x Hugo veut lentente et invite le comit avec la SGDL chez lui; on ira mais Hovelacque fait adopter une motion peu conciliante

    16/03/1878 20 10 x x x x x x x xi x x L.Blanc + 50 pers. rclament toujours de fter Rousseau; chec de la runion chez Hugo; conditions dures poses la SGDL

    18/03/1878 18 9 xi xi x x xi xi x P x A La SGDL refuse et pose ses conditions draconiennes: on les accepte contre lavis du gr. Hovelacque qui dtourne le vote

    22/03/1878 16 9 xi x x x P xi S x x Guyot sinsurge contre les journaux qui ont publi le vote du 19; la SGDL rpond: Hugo dcidera; appel aux conseils gnraux

    25/03/1878 15 9 xi xi xi x x xi x x xi Suite un nouvel article, on vote linterdiction de publier les C.R.; palabres pour rdiger une rponse ngative sur Rousseau

    29/03/1878 18 8 xi x x x x x x x La rponse de Hugo se fait attendre; on dcide denvoyer 3 dlgus (du gr. Hovelacque) chez lui pour le forcer se dcider

    05?/04/1878 30 14 xi xi x P xi xi x S x x x x La SGDL rompt (Guyot a provoqu Hugo dans un article et une confrence); on ne rpondra pas; Hugo dfinitivement vacu

    08/04/1878 15 8 xi P xi x x x x xi x Deschanel et Schlcher, inactifs pour les confrences, remplacs; le livre ne sortira que le 1er mai (grve des typographes)

    12/04/1878 20 8 xi x xi xi P xi x x Rouen, un comit local sest form avec les dputs, les industriels et commerants; Guyot est malade

    15/04/1878 35 10 xi x P x x x S x x Mnier confirme une avance de 60.000 fr. pour la propagande, la statue et le livre; palabres sans fin pour le choix de la statue

    19/04/1878 30 11 xi x xi xi x x x P x x Mauvaise volont de la presse rpublicaine: Mnier fait adopter une commission de propagande adjointe Gillet-Vital

    22/04/1878 20 11 xi x P x x x x x x xi x Violent dbat sur la commission de propagande: pour Gillet-Vital, soutenu par le gr. Hovelacque, cest une injure personnelle

    26/04/1878 40 14 xi x x x P xi x xi x x xi x x x Les rentres sont insuffisantes; Mnier espre encore Hugo mais ne cdera en aucun cas et ira jusqu 100 ou 200.000 fr.

    29/04/1878 20 12 x x xi x x x xi x xi x P x x x On ne sait pas comment se dptrer du choix de la statue et dpartager les sculpteurs Maillet et Caill classs ex-aequo

    03/05/1878 40 10 x x x xi Pi xi x x x x x Maillet refuse toute nouvelle comptition: on choisit Caill; Reinwald commercialisera le livre sur proposition de Mnier

    06/05/1878 30 10 x x x x Pi xi x x x x On prpare le dtail de la manifestation extrieure du 30; la statue ne sera pas prte, on naura quune maquette

    11?/05/1878 40 4 cits xi xi P x Une runion de la majorit de la presse rpublicaine et de la SGDL a eu lieu: on sinquite dune souscription concurrente

    13/05/1878 30 13 xi xi x x xi x x P x xi x x On arrte litinraire de la manifestation du Panthon la place du Chteau deau, tudiants en tte puis conseil municipal

    17/05/1878 50 12 xi x x x x x P x xi xi xi La dlibration du conseil municipal sur le Centenaire casse par le prfet; on soutient les tudiants et on paie leur bannire

    21/05/1878 24? 12 x x xi xi x xi x x x xi x Les loges veulent dfiler avec leurs insignes. Caubet prne la prudence; dlgation pour demander lautorisation de la manif.

    23/05/1878 12? 6 x x x P x Convoqus trop tard, seuls 14 dlgus des chambres syndicales ouvrires apportent leur soutien: nouvelle runion le 28

    24/05/1878 40 12 x x x x x x x x P xi xi La manif extrieure interdite: fureur! On fera le dfil lintrieur: on loue 3000 fr. le cirque Myers (7000 pl.), entre gratuite

    28/05/1878 300 3 cits x x A A P Runion dorganisation avec dlgus ouvriers et des arrondissements; consignes et distribution des cartes dentre

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    Souscription sur la 1re liste 02/78

    cole ou Socit dAnthropologie

    Conseil municipal de Paris

    Franc-maonnerie

    Journalistes

    Lgende x : prsence la runion (nom cit dans la liste de Burg ou le corps du compte rendu) P : lu prsident de la runion (charg de diriger les dbats) A : lu assesseur charg d'aider le prsident S : lu secrtaire de la runion i : cit dans le compte rendu comme intervenant ou prenant part aux dbats Remarques cole ou Socit d'Anthropologie (A) : fondateurs, donateurs ou membres actifs d'une des deux structures fondes par Paul Broca en 1876 et 1859 Conseil municipal de Paris : CM (lu au moment du Centenaire) ; CM ( avant ou aprs) Franc-maonnerie (FM) : frre dont l'aliation une loge maonnique est avre (notamment au vu des tableaux annuels par loge consultables la BnF, fonds maonnique) ou en cours (FM). Il est bien vident que, compte tenu du caractre secret de ces aliations, certaines nous ont chapp. FM : maon lu au Conseil de l'Ordre du Grand Orient de France (organe excutif de la plus importante obdience de la franc-maonnerie franaise)

  • Cahiers Voltaire 10 (2011) preuve 2011-10-23 13:14 page 121

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    Tableau des runions du comit Mnier selon les rapportssigns Burg de la Prfecture de Police (App. Da 397)

    La quasi-totalit des informations ci-dessous proviennent des 24 rapports signs Burg du 18/02 au 24/05/1878.Elles ont t compltes le cas chant par les quelques autres rapports existants signs dofficiers de police. En labsence de rapports Burg, ces autres rapports sont la seule source dinformation pour les runions spciales (premires runions de lancement et runion gnrale dorganisation

    de la fte) des 27/04/1877, 20/01 et 27/05/1878. Enfin, les donnes de la runion du 05/04/1878 ont t compltes par celles du journal manuscrit de Lon Laurent-Pichat (BHVP, fonds Clartie)

    27/04/1877 32 22 x A x x x x x x Premire runion constitutive avec lection dune commission de 23 ou 24 membres sur liste prpare lavance

    20/01/1878 150 27 x x P x x x A x x x x Vritable runion de dpart avec toute la presse rpublicaine aprs la mise en sommeil due aux vnements du 16 mai 1877

    18/02/1878 20 9 x x x x x x xi x Envoi dun appel tous les conseils municipaux de France (texte de Y. Guyot adopt); invitation la SGDL + autres socits

    22/02/1878 12 12 x S xi x P xi x x x x Cration de commissions; dlgations vers les journaux; dbut de controverse sur le patronage de grands noms littraires

    25/02/1878 14? 7 xi x A xi Pi xi La cration dun comit de patronage de personnalits est vote (Hovelacque vote contre) mais pas de suite concrte

    01/03/1878 12 8 x Si xi xi x xi Pi x Vif dbat sur la proposition de la SGDL dun comit Hugo; Mnier conciliant mais le groupe Hovelacque nettement oppos

    06?/03/1878 10 7 xi xi xi Pi xi Si x Mnier a vu Hugo, plutt conciliant; on dcide lenvoi dune dlgation chez Hugo; cahier des charges de la statue adopt

    11/03/1878 30? 15 xi xi xi xi P x x x x xi x x x x x Hugo veut lentente et invite le comit avec la SGDL chez lui; on ira mais Hovelacque fait adopter une motion peu conciliante

    16/03/1878 20 10 x x x x x x x xi x x L.Blanc + 50 pers. rclament toujours de fter Rousseau; chec de la runion chez Hugo; conditions dures poses la SGDL

    18/03/1878 18 9 xi xi x x xi xi x P x A La SGDL refuse et pose ses conditions draconiennes: on les accepte contre lavis du gr. Hovelacque qui dtourne le vote

    22/03/1878 16 9 xi x x x P xi S x x Guyot sinsurge contre les journaux qui ont publi le vote du 19; la SGDL rpond: Hugo dcidera; appel aux conseils gnraux

    25/03/1878 15 9 xi xi xi x x xi x x xi Suite un nouvel article, on vote linterdiction de publier les C.R.; palabres pour rdiger une rponse ngative sur Rousseau

    29/03/1878 18 8 xi x x x x x x x La rponse de Hugo se fait attendre; on dcide denvoyer 3 dlgus (du gr. Hovelacque) chez lui pour le forcer se dcider

    05?/04/1878 30 14 xi xi x P xi xi x S x x x x La SGDL rompt (Guyot a provoqu Hugo dans un article et une confrence); on ne rpondra pas; Hugo dfinitivement vacu

    08/04/1878 15 8 xi P xi x x x x xi x Deschanel et Schlcher, inactifs pour les confrences, remplacs; le livre ne sortira que le 1er mai (grve des typographes)

    12/04/1878 20 8 xi x xi xi P xi x x Rouen, un comit local sest form avec les dputs, les industriels et commerants; Guyot est malade

    15/04/1878 35 10 xi x P x x x S x x Mnier confirme une avance de 60.000 fr. pour la propagande, la statue et le livre; palabres sans fin pour le choix de la statue

    19/04/1878 30 11 xi x xi xi x x x P x x Mauvaise volont de la presse rpublicaine: Mnier fait adopter une commission de propagande adjointe Gillet-Vital

    22/04/1878 20 11 xi x P x x x x x x xi x Violent dbat sur la commission de propagande: pour Gillet-Vital, soutenu par le gr. Hovelacque, cest une injure personnelle

    26/04/1878 40 14 xi x x x P xi x xi x x xi x x x Les rentres sont insuffisantes; Mnier espre encore Hugo mais ne cdera en aucun cas et ira jusqu 100 ou 200.000 fr.

    29/04/1878 20 12 x x xi x x x xi x xi x P x x x On ne sait pas comment se dptrer du choix de la statue et dpartager les sculpteurs Maillet et Caill classs ex-aequo

    03/05/1878 40 10 x x x xi Pi xi x x x x x Maillet refuse toute nouvelle comptition: on choisit Caill; Reinwald commercialisera le livre sur proposition de Mnier

    06/05/1878 30 10 x x x x Pi xi x x x x On prpare le dtail de la manifestation extrieure du 30; la statue ne sera pas prte, on naura quune maquette

    11?/05/1878 40 4 cits xi xi P x Une runion de la majorit de la presse rpublicaine et de la SGDL a eu lieu: on sinquite dune souscription concurrente

    13/05/1878 30 13 xi xi x x xi x x P x xi x x On arrte litinraire de la manifestation du Panthon la place du Chteau deau, tudiants en tte puis conseil municipal

    17/05/1878 50 12 xi x x x x x P x xi xi xi La dlibration du conseil municipal sur le Centenaire casse par le prfet; on soutient les tudiants et on paie leur bannire

    21/05/1878 24? 12 x x xi xi x xi x x x xi x Les loges veulent dfiler avec leurs insignes. Caubet prne la prudence; dlgation pour demander lautorisation de la manif.

    23/05/1878 12? 6 x x x P x Convoqus trop tard, seuls 14 dlgus des chambres syndicales ouvrires apportent leur soutien: nouvelle runion le 28

    24/05/1878 40 12 x x x x x x x x P xi xi La manif extrieure interdite: fureur! On fera le dfil lintrieur: on loue 3000 fr. le cirque Myers (7000 pl.), entre gratuite

    28/05/1878 300 3 cits x x A A P Runion dorganisation avec dlgus ouvriers et des arrondissements; consignes et distribution des cartes dentre

    27 run.+3 25 (moy.) 10 (moy.)

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    16 6 6 8 4 6 3 4 3 1 8 2 1 0 1 4 3 4 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0participations aux dbats :

    nombre de prsences :

    nombre de fois prsident :

    nombre de fois assesseur :

    nombre de fois secrtaire :

    Souscription sur la 1re liste 02/78

    cole ou Socit dAnthropologie

    Conseil municipal de Paris

    Franc-maonnerie

    Journalistes

    Lgende x : prsence la runion (nom cit dans la liste de Burg ou le corps du compte rendu) P : lu prsident de la runion (charg de diriger les dbats) A : lu assesseur charg d'aider le prsident S : lu secrtaire de la runion i : cit dans le compte rendu comme intervenant ou prenant part aux dbats Remarques cole ou Socit d'Anthropologie (A) : fondateurs, donateurs ou membres actifs d'une des deux structures fondes par Paul Broca en 1876 et 1859 Conseil municipal de Paris : CM (lu au moment du Centenaire) ; CM ( avant ou aprs) Franc-maonnerie (FM) : frre dont l'aliation une loge maonnique est avre (notamment au vu des tableaux annuels par loge consultables la BnF, fonds maonnique) ou en cours (FM). Il est bien vident que, compte tenu du caractre secret de ces aliations, certaines nous ont chapp. FM : maon lu au Conseil de l'Ordre du Grand Orient de France (organe excutif de la plus importante obdience de la franc-maonnerie franaise)

  • Cahiers Voltaire 10 (2011) preuve 2011-10-23 13:14 page 122

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    abderhaman messaoudi

    Voltaire et Kant : vers dautres Lumires1

    Serons-nous tents, pour finir, de donner raison Kant et dire sa suite que le philosophe nest quune ide ? (Pierre Bouretz)

    La principale rfrence pour la question des relations entre Kant et Voltaire provient de la thse de Jean Ferrari consacre aux sources franaises de la phi-losophie de Kant et parue chez Klincksieck en 1979. Limpression gnrale est celle dune attitude hostile du philosophe allemand lgard de lauteur franais. Do la raction de Charles Porset qui, traitant de la philosophie de Voltaire , prouve le besoin de prciser que son propos nest pas de rhabiliter Voltaire , au motif que ce serait peine perdue de revenir sur le jugement de Kant2 . De mme, Didier Masseau, voquant la place de Voltaire chez le philosophe alle-mand, conclut sur le fait que Kant naime gure le penseur, quil juge superfi-ciel3 . Dautres vocations conjointes de ces deux figures, prcises au cours de notre tude, ont pu tre pisodiquement effectues, elles ne nous empchent pas de partir de ce constat dun climat gnral dinhibition. Pour relancer le dbat sur Voltaire philosophe , nous nous proposons ici de rpondre la question suivante : comment les tudes rcentes qui renouvellent la connaissance de Kant entranent-elles rvaluer la philosophie de Voltaire ? En effet, une confrontation qui promet dtre des plus fructueuses et dans laquelle bien de ces rapprochements voqus peuvent tre ractivs, semble bien celle qui se situerait sur le plan mme des Lumires, cest--dire lintrieur du projet dmancipation port par ce mou-vement : comment ce projet se traduit-il respectivement dans la philosophie de Voltaire et dans celle de Kant ?

    Ce qui peut bien rapprocher ces deux auteurs est lexistence dune proccu-pation commune pour les Lumires. Celles-ci, qui prennent le nom de philoso-phie sous la plume de Voltaire, sont alors pour tous deux un objet danalyse et de rflexion. Cette dmarche prend un aspect, en un sens du moins, plus systmatique ou plus explicite chez Kant, car il a t amen rpondre, dans un article, la ques-

    1. Cet article constitue la seconde partie dune tude portant sur le thme des rapports entre Vol-taire et Kant. La premire partie, sous-titre tude de rception , sattarde sur les enjeux mthodo-logiques et heuristiques lis au traitement de ces figures ; elle est consultable sur le site sans papier de lUniversit Cornell : http ://www.einaudi.cornell.edu/french_studies/publications/

    2. La philosophie de Voltaire , Europe, mai 1994, 781, p.53.3. Voir la fin de larticle Kant de lInventaire Voltaire, p.774-775.

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  • Cahiers Voltaire 10 (2011) preuve 2011-10-23 13:14 page 138

    138 abderhaman messaoudi

    tion Quest-ce que les Lumires ? 4. Pour le philosophe allemand, les Lumires dsignent la sortie de lhomme hors de ltat de tutelle , sachant que ltat de tutelle est lincapacit de se servir de son entendement sans la conduite dun autre (AK VIII 35/43). Au Sapere aude ! que Kant identifie la devise des Lumires , rpond alors effectivement le Osez penser par vous-mme de lAnglais voltai-rien Boldmind, personnage apparaissant larticle Libert de penser du Dic-tionnaire philosophique de Voltaire. la rvolution dans les esprits5 que Voltaire a en vue, fait cho lexigence dune vraie rforme du mode de penser de Kant (AK VIII 36/45). Cependant, la diffrence du philosophe allemand, Voltaire semble moins confiant dans les capacits de la masse sclairer. Les diatribes contre ce quil identifie la populace sont assez connues, ou du moins gnrale-ment et depuis longtemps admises (cest la question du caractre conservateur de la pense de Voltaire). De ce point de vue, son pessimisme anthropologique ne manque pas de sexprimer ; ainsi dclare-t-il en conclusion du chapitre V de La Philosophie de lhistoire (1765) que le gros du genre humain a t trs longtemps insens et imbcile . Cette attitude lamne souvent distinguer, dans son public de lecteurs, llite cultive ( les philosophes , les honntes hommes ) du vul-gaire. Quelles que soient les rserves, mises au point ou nuances quon peut tre amen effectuer propos de cet aspect de Voltaire, force est de constater quil pourrait expliquer laccent mis sur le rle dterminant de cette lite et des philo-sophes. Par consquent, sa perspective parat plus politique : lattention porte sur les conditions extrieures (do la lutte contre lInfme exigeant, selon Voltaire, lalliance entre philosophes et lite politique). En revanche Kant, sil lui arrive de parler du grand nombre dpourvu de pense (AK VIII 36/45), nen met pas moins laccent sur la responsabilit de tout un chacun pour sclairer : il parle de la situation de minorit, de ltat de tutelle dont, souligne-t-il demble, on est soi-mme responsable (AK VIII 35/43). De ce point de vue, sa perspective peut paratre avoir une tonalit plus morale : lattention est porte aux rsistances int-rieures ( la cause tient non pas une insuffisance de lentendement mais une insuffisance de la rsolution et du courage ). Les Lumires apparaissent alors comme une affaire de volont personnelle (do lexhortation : Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! ). Sclairer, cest oser penser par soi-mme dans une lutte contre les penchants la paresse et la lchet pour sappro-prier constamment sa libert.

    Paresse et lchet sont les causes qui font quun si grand nombre dhommes,

    4. Rponse la question : quest-ce que les Lumires ? , dans Kant, Vers la paix perptuelle ; Que signifie sorienter dans la pense ? Quest-ce que les Lumires ? et autres textes, Garnier-Flammarion, 2006, p.41-51. Aux rfrences ldition AK pourra donc sajouter lindication de la page dans cette dition de Franoise Proust (traduction assure avec Jean-Franois Poirier), indication spare par une barre oblique. La notation AK, suivi dun nombre en chiffres romains pour dsigner le tome et dun nombre en chiffres arabes pour dsigner la page, renverra ldition encore inacheve des uvres compltes de Kant publies par lAcadmie des sciences de Berlin.

    5. Expression fameuse de Voltaire qui apparat par exemple dans une lettre du 26 mars 1765 lie Bertrand, D12503.

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  • Cahiers Voltaire 10 (2011) preuve 2011-10-23 13:14 page 155

    Dbats

  • Cahiers Voltaire 10 (2011) preuve 2011-10-23 13:14 page 156

    Au recto. Charles Pore (1675-1741), professeur de rhtorique au collge Louis-le-Grand de 1708 sa mort. Voltaire avait pour son ancien matre un respect et affection marqus. En lui envoyant La Henriade en 1730, il crit : Si vous vous souvenez encore, mon rvrend pre, dun homme qui se souviendra de vous toute sa vie avec la plus tendre reconnaissance et la plus parfaite estime, recevez cet ouvrage avec quelque indulgence, et regardez moi comme un fils qui vient aprs plusieurs annes prsenter son pre le fruit de ses travaux dans un art quil apprit autrefois de lui. (D381).

    En 1746, dans une lettre Simon de La Tour, principal du collge Louis-le-Grand, il fait lloge de Pore : Rien neffacera dans mon cur la mmoire du pre Pore qui est galement chre tous ceux qui ont tudi sous lui. Jamais homme ne rendit ltude et la vertu plus aimable. Les heures de ses leons taient pour nous des heures dlicieuses ; et jaurais voulu quil et t tabli dans Paris comme dans Athnes que lon pt assis-ter tout ge de telles leons. Je serais revenu souvent les entendre. (D3348).

    En 1764, cependant, en crivant son ancien ami dcole Fyot de La Marche au sujet du pre Adam, Voltaire voque un aspect du caractre du professeur : Jai de plus un aumnier jsuite, ou ex-jsuite, que vous connaissez peut-tre, il a longtemps profess Dijon ; ce nest pas un pre Pore, mais aussi il nen a pas le fanatisme, car ce pauvre pre Pore, tout homme desprit quil tait, croyait toutes les btises de la thologie, et qui pis est, il avait le malheur de sen piquer. (D11772).

  • Cahiers Voltaire 10 (2011) preuve 2011-10-23 13:14 page 157

    Dbat. Voltaire lcole (II)

    Aprs une premire livraison (CV 9, p. 133-169) contenant lappel dbat liminaire, cette deuxime livraison du dbat Voltaire lcole sattache prsenter plus concr-tement la manire dont les enseignants du secondaire envisagent la pratique des textes de Voltaire. Hormis lenqute propose par Anne-Raymonde de Beaudrap sur lensei-gnement du fait religieux enqute qui ouvrira, nous lesprons, un questionnement intressant dans les prochaines livraisons , la parole est donne essentiellement des professeurs de collge et de lyce. Certains ont accept de rpondre au questionnaire que nous leur avions soumis et dont nous proposons ci-dessous une synthse ; dautres, comme Stphanie Ghanne Gavoty, Myrtille Mricam-Bourdet et Marie Fontaine, nous font part plus librement de leur exprience.

    Nous donnons immdiatement ci-dessous le questionnaire qui a servi de support notre rflexion densemble sur lenseignement actuel de Voltaire en classe. Il est repro-duit tel quil a t envoy aux participants, avec son mode demploi et son protocole de prsentation. Les citations qui suivent dans la synthse de Batrice Ferrier sont extraites des rponses des enseignants qui se sont aimablement prts au jeu.

    Alain Sandrier ([email protected]) Batrice Ferrier ([email protected])

    Questionnaire du dbat Voltaire lcole Mode demploi : ce questionnaire vous invite partager une exprience pdagogique.Il nest ni contraignant ni directif. Il indique nos attentes gnrales et nous aidera

    traiter, classer ventuellement vos rponses.Vous ntes pas tenu(e) de rpondre toutes nos questions, ni den suivre lordre ;

    vous pouvez vous concentrer sur les points qui vous semblent les plus importants ; vous pouvez aussi rdiger une rponse suivie, articule librement.

    Longueur des contributions attendues : une deux pages en cas de rponses fac-tuelles mais des exceptions sont souhaites.

    Il sagit, en toute simplicit, de tmoigner entre nous de notre pratique de Voltaire en classe, de nos ambitions, de nos vises pdagogiques et, en corollaire, des rac-tions de nos lves, des rsultats obtenus. Nous souhaitons recueillir et diffuser un maximum de donnes concrtes, de tmoignages directs sur la situation actuelle de Voltaire lcole .

    Nom de lenseignant Classes concernes (collge, lyce, rgion, zones sensibles, etc.)

    1) Quelles sont les uvres de Voltaire (genre, titres, formes : extrait ou uvre in-tgrale) que vous tudiez en classe ? Les tudiez-vous depuis longtemps ? Avez-vous chang le choix des textes tudis ? Les manuels scolaires vous sont-ils utiles pour aborder les textes de Voltaire ?

    2) Quels sont, daprs votre exprience, les dispositifs ou activits pdagogiques

  • Cahiers Voltaire 10 (2011) preuve 2011-10-23 13:14 page 158

    158 dbats

    (lecture mthodique, lecture suivie, lecture personnelle, dbat, explications, exercices crits, etc.) les plus intressants et efficaces pour tudier Voltaire ?

    3) Quels aspects de luvre et de lhomme (le philosophe , laptre de la tol-rance, lcrivain, etc.) mettez-vous le plus en avant ? Quelles limites, mais aussi quels obstacles, quelles difficults et quels intrts percevez-vous dans ltude des textes de Voltaire ? Les enjeux que soulvent son uvre et son criture vous paraissent-ils dac-tualit ?

    4) Quelles sont les ractions remarquables de vos lves loccasion dun travail sur Voltaire ? Quelles taient les circonstances ? Quels aspects de luvre concernent-elles ? Quelle interprtation en donnez-vous ?

    Batrice Ferrier, Retour sur un questionnaire : Voltaire lpreuve des lves

    Loin doffrir une vision exhaustive, lanalyse de ces questionnaires offre nanmoins un aperu des pratiques de classes dans des tablissements trs divers situs Paris, en banlieue, dans de petites villes de province, depuis le collge ZEP en zone de pr-vention violence jusquau lyce classes europennes. Nous exploitons les rponses de cinq enseignants : Georges Mathieu, Julien Dubruque, Vronique Heute, Carole Desgorces et Stphanie Nabarro. Prcisons galement que les enseignants qui nous ont rpondu tudient tous Voltaire dans leurs classes, mais il serait aussi intressant de connatre les rponses de ceux qui sy refusent, linstar du personnage dEntre les murs1.

    Sans aucune surprise, au collge comme au lyce, ce sont les contes de Voltaire qui obtiennent les faveurs des enseignants, corroborant ainsi ltude dA. Vibert et de G. Plissonneau (CV9, p. 139-142). En quatrime, et parfois mme en seconde, Jeannot et Colin apparat comme le conte le plus accessible, ainsi que le prcisait dj Erik Leborgne lan dernier (CV9, p. 151). Il est suivi de prs par Micromgas puis par Zadig et Candide. LIngnu quant lui semble plus adapt au lyce o les contes saccom-pagnent rgulirement darticles du Dictionnaire philosophique ou dextraits des Lettres philosophiques. On y trouve aussi des passages du Trait sur la tolrance, des Mmoires, du Mondain et des pigrammes. Le thtre fait figure dexception. Un cas intressant nous est cependant prsent par Julien Dubruque, enseignant au lyce Voltaire Paris :

    Au lieu dune tragdie de Corneille ou de Racine, jai choisi Zare pour mes quatrime, une classe constitue uniquement dlves extrmement dfavoriss et/ou en chec scolaire. Cette dcision peut paratre dautant plus curieuse que lon nest mme plus cens aborder la tragdie classique en quatrime : si lon est un prof ractionnaire, quoi bon choisir, ds lors, une uvre inconnue des lves comme de la plupart de nos collgues plutt que, disons, Le Cid ? Jy vois deux avantages majeurs. Le premier est dordre pratique : si Zare nest pas connue, les vers de Voltaire et cest bien ce que la majorit des esthtes leur ont reproch sont plus intuitifs, plus faciles comprendre que ceux de Corneille ou Racine pour des lves dnus de bagage potique. Le second est dordre idologique : Zare permet dexpliquer de manire extrmement concrte ce que cest que le tragique : Zare va-t-elle rester fidle la religion de ses anctres, le christianisme, ou bien pouser

    1. Franois Bgaudeau, Entre les murs, ditions Verticales, 2006 ; Gallimard, Folio, 2007, qui consti-tue la matire du scnario du Entre les murs de Laurent Cantet de 2008.

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    Enqutes

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    Ci-dessus. Sarah Bernhardt en couverture du numro de Radio 44 qui annonait la diffusion, le 2 dcembre, de ladaptation radiophonique de Candide par Jean Tardieu.

    Au recto. Jean Tardieu et Raymond Queneau dans les studios de la Radio en 1945.

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    Enqute sur la rception de Candide (IX)

    Coordonne par Andr Magnan

    La neuvime srie de cette enqute, lance en 2003, comporte trois notices.La prsentation des documents distribue les donnes selon un ordre dfini :0. Bandeau de titre, indiquant la date et la source1. Description, citation ou rsum du document2. Circonstances et contexte3. Analyse du rapport Candide sous les divers aspects en jeu4. Intrt ou porte du document5. Aspects connexes : rapprochements, questions, bibliographie, etc.Les prochains contributeurs sont invits suivre ce dispositif, sauf cas particuliers. On peut natu-rellement participer lenqute sans fournir des notices rdiges, par exemple en communiquant des documents, en signalant des rfrences exploiter, en rassemblant des informations, en four-nissant des complments ou des corrections aux notices publies dans les livraisons antrieures.La liste des documents dj traits est consultable .Le site de lUniversit de Trves prsente un ensemble trs riche de rfrences exploitables ladresse suivante : .Pour plus de dtails et pour lenvoi des contributions, prire de sadresser au coordinateur : Andr Magnan, 8 rue des Bouleaux, F-33930 Montalivet ([email protected]).

    1944-1946 Candide, adaptation radiophonique de Jean Tardieu, musique de Claude Arrieu (1946)

    1 Cest une raret revenue des annes 40 du sicle dernier : une adaptation radiophonique de Candide crite en septembre 1944 par Jean Tardieu (1903-1995), diffuse le 2 dcembre 1944 sur la chane nationale de la Radiodiffusion franaise, loccasion du 250e anniversaire de la naissance de Voltaire, puis rediffuse le 10 septembre 1946 sur la mme chane, dans une nouvelle distribu-tion, avec une musique originale de Claude Arrieu (1903-1990). La diffusion de 1944, probablement une lecture au micro, produite en direct, peut tre considre comme perdue. En revanche la ver-sion de 1946, enregistre en studio pour les besoins du mixage, a t parfaitement conserve dans les fonds de lInstitut national de laudiovisuel. Transfre des 78 tours dorigine sur bande magn-tique, puis sur CD, elle a t sauve par la technique, obscurment, jusqu sa dcouverte et sa r-dition rcente. Le retour de cette archive sonore ranime lvidence du texte jouer, connu depuis 1975 ; lcoute y ajoute aujourdhui, sur une scne invisible forme de voix, de bruits et de musique, ltonnement de retrouver luvre si vivante, pour le plus grand bonheur de loreille et de lesprit.Divers facteurs adverses, imbroglio domissions et dapproximations o Tardieu lui-mme eut sa

  • 180 enqutes

    Cahiers Voltaire 10 (2011) preuve 2011-10-23 13:14 page 180

    part, auront longtemps occult la version enregistre qui vient de sortiren livre-CD : Jean Tardieu, Candide, adaptation radiophonique du roman de Voltaire (1944-1946), musique de Claude Arrieu, Centre international dtude du XVIIIe sicle, Ferney-Voltaire, 2010, 64 p. (Publications de la Socit Vol-taire, 2). Louvrage runit le texte de 1944, tel quil fut publi en 1975, et la mise en ondes indite de 1946, restaure par lIna, avec un propos liminaire de Christiane Lemire ( Un trsor radiopho-nique ), une prsentation de Delphine Hautois, Andr Magnan et Morgane Paquette ( Comment Candide dcouvrit la radio et ce quil en advint ) et deux annexes documentaires, lune sur le gn-rique de lmission, lautre sur les musiques crites autour du Candide de Voltaire, du XVIIIe sicle nos jours. Lcoute rvle un certain nombre de variantes entre le texte de 1944 (le seul connu jusquen 2010, sous droits Gallimard) et celui de 1946 (indit, sous cession de droits Ina), essen-tiellement des insertions ponctuelles de brves rpliques, une vingtaine au total, sans incidence majeure sur lensemble et sans effet proprement voltairien (voir la fin du point 3), mais intressantes dun strict point de vue textuel : avis dventuels diteurs scientifiques !Dans son thtre, Tardieu avait donc rang ce Candide parmi ses Pices radiophoniques et Livrets dopras de chambre , sous le titre : Candide. Adaptation radiophonique du roman de Voltaire. Voir Une soire en Provence ou le Mot et le cri, Thtre III, Gallimard, Collection Blanche, 1975, p. 161-205. On lit sous le texte la date de rdaction : Paris, 15-22 septembre 1944 ; en fin de volume, une Nota apporte la prcision suivante : Ladaptation de Candide, premire uvre crite pour le micro par lauteur, a t diffuse sur lex-Chane nationale de lex-Radiodiffusion franaise,en automne 1944 (p. 271). Aucun autre dtail, pas le moindre repre pour orienter, par exemple, un amateur voltairien un peu curieux des conditions dune rencontre aussi heureuse. La documentation sur Tardieu homme de radio laissait ce point indcis. Mais on y trouve divers indices dune rediffusion du Candide, indices tnus, dissocis, mais insistants : une anne (1946), un nom de compositrice (Claude Arrieu, amie et collgue de Tardieu la RDF), et mme deux dates denregistrement, dune prcision bouriffante : 1er janvier ou 17 avril 1946 le tout sans rfrence ni preuve tangible Il faut avouer quon sy perdit un peu. Une seconde diffusion navait pu avoir lieu qu linitiative de lauteur ou avec son accord : il dirigea successivement, dans ces mmes annes, le Service drama-tique de la RDF (cr en 1944), puis le Club dEssai (cr en 1946), les deux units de production de ce genre dmissions. Dun ct des donnes labiles, de lautre une Nota dissuasive. De quoi se mettre un beau jour en chasse, pour voir.Il se trouve que la partition originale tait conserve la BnF, la Rserve du Dpartement de la musique : Claude Arrieu / Candide / Adaptation de Jean Tardieu (Ms 23325). Cest un superbe manuscrit autographe de 100 pages, soigneusement prpar pour ldition, mais rest indit, lgu par lauteure la BnF avec tous ses papiers, et qui porte trace dun dpt fait la Sacem le 10 fvrier 1947 (n 615599). On y dcouvre une musique dillustration, expressive, brillante, vive et pleine dhumour, qui souligne classiquement les actions, les motions et les lieux. Leffectif comprend : flte, hautbois, clarinette, basson, cor, trompette, trombone, tuba, saxophone, timbales, caisse claire, cymbales, piano, quintette de cordes et voix une voix de tnor, pour un O Sole mio path-tique au dpart de Venise. La partition comporte vingt et un morceaux intituls et prsents comme suit :

    1. Ouverture2. Violence3. Lamentations de Candide4. lhtellerie chur de soldats dans le brouhaha du cabaret5. Marche de capture6. La Tempte

  • Cahiers Voltaire 10 (2011) preuve 2011-10-23 13:14 page 203

    Enqute sur les voltairiens et les anti-voltairiens (X)

    Coordonne par Grard Gengembre

    linitiative dAndr Magnan, les Cahiers Voltaire contiennent depuis leur origine une rubrique consacre une enqute sur les voltairiens. En accord avec lui, jai accept avec plaisir den coor-donner la suite, particulirement pour ce qui concerne le XIXe sicle. Nous avons galement pens en tendre explicitement le champ aux figures danti-voltairiens, si nombreuses et significatives jusqu aujourdhui.Je sollicite ici la contribution de tous les lecteurs des Cahiers Voltaire, en esprant des collaborations nombreuses et suivies. Une liste rcapitulative des notices publies depuis 2002 est consultable . dfaut de contribuer ds le prochain numro, on pourra soit mindiquer un ou des cas que lon souhaite rserver pour les traiter par la suite, soit signaler des textes dont dautres contributeurs pourraient se charger, soit proposer des amliorations au matriel joint.Soucieux dassurer une fconde continuit, je remercie lavance tous nos collaborateurs venir.Prire de sadresser : Grard Gengembre, 8 impasse des Terres franches, F-78270 Blaru ([email protected]).

    Fiche type de prsentation des notices0. Bandeau de titre : date(s) / source / nom de la personne ou du personnage qualifi ou dfini comme voltairien ou anti-voltairien.1. Indication des faits et circonstances.2. Comment la qualit de voltairien / anti-voltairien est-elle actualise et / ou motive ?3. Quest-ce qui est en cause dans la rfrence Voltaire ? On peut relever et dterminer, par exemple : les crits de Voltaire mentionns / cits / voqus, etc. ; les ides, les thmatiques voltairiennes enga-ges ou impliques, etc. ; les indices ou traces dinfluence, etc.4. Commentaire gnral, en particulier sur lintrt historique du cas.5. lments connexes : rapprochements, questions, bibliographie, etc.

    La dixime srieElle comporte une seule notice, consacre Gustave Flaubert, voltairien original, sollicit ici partir de sa correspondance et non en fonction de son usage spcifique de lironie. Souhaitons que la moisson de 2011 soit dpasse en 2012 !

    Grard Gengembre

  • Cahiers Voltaire 10 (2011) preuve 2011-10-23 13:14 page 204

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    1835-1880 Cest pour moi un saint ! : Voltaire dans les lettres de Flaubert. Correspondance1

    1 Une fiche avait t consacre lindispensable Homais dans le CV1 (p. 196-198). Caricature du voltairien du XIXe sicle, cette figure ironise jusquau grotesque ne saurait, il sen faut, reprsenter le rapport que Flaubert entretient avec le grand homme de Ferney. Trs tt, Flaubert a pratiqu et got Voltaire, comme nous lindique sa correspondance, que nous allons exploiter ici.Si lon nglige une allusion difficilement interprtable dans une lettre son ami Ernest Chevalier en date du 14 mai 1831 (rappelons que Flaubert est n en 1821), la premire vritable mention appa-rat dans une lettre au mme date du 14 aot 1835. quatorze ans donc, Flaubert annonce son programme de lectures : Beaumarchais, Shakespeare, W. Scott, Voltaire (I, 20). Au fil des annes, il ne cessera de vanter la prose voltairienne ( ses contes sont pour moi dun ragot exquis , 7juin 1844, I, 210 ; [la prose doit tre] clair[e] comme du Voltaire , 13 juin 1852, II, 105), ce qui ne lempche nullement de critiquer la scheresse du style des grands prosateurs du XVIIIe sicle : Mais je rpte encore une fois que jusqu nous, jusquaux trs modernes, on navait pas lide de lharmonie soutenue du style. [] leur style trs souvent manque de mouvement, et ceux qui ont du mouvement (comme Voltaire) sont secs comme du bois. (6 juin 1853, II, 350).Labeur dont il dira quil lui a donn une constitution robuste lgard des lectures embtantes (2 juillet 1853, II, 370), Flaubert analyse la plume la main le thtre de Voltaire, jug ennuyeux (juillet 1845, I, 247), mais privilgi en raison de la rigueur de la construction des pices. On sait que Flaubert procde pour ses romans llaboration minutieuse de scnarios successifs. Il y trouve cependant des vers tonnamment btes (II, 370). Matre du vers lger , celui des ptres (4oc-tobre 1846, I, 376), Voltaire cependant a t malgr lui, rtrci par Boileau (14 octobre 1846, I, 390). Dailleurs, Qui a eu plus desprit que Voltaire et qui a t moins pote ? , car lesprit [] est incompatible avec la vraie posie (15 juillet 1853, II, 385).Contre le romantisme lamartinien en prose, celui de Graziella (1852), Flaubert en revient Voltaire : (La fin de Candide est ainsi pour moi la preuve criante dun gnie de premier ordre. La griffe du lion est marque dans cette conclusion tranquille, bte comme la vie.) Cela [la fin que Flaubert suggre, un jeune homme couchant avec la fille dun pcheur et lenvoyant promener aprs , laquelle ne meurt pas, mais se console, ce qui est plus ordinaire et plus amer ] et exig une ind-pendance de personnalit que Lamartine na pas, ce coup dil mdical de la vie, cette vue du vrai enfin, qui est le seul moyen darriver de grands effets dmotion (24 avril 1852, II, 78).

    2 La cause semble entendue : malgr son insuffisance potique, malgr la scheresse dun style par ailleurs remarquable, Voltaire appartient au panthon flaubertien. Tout en dplorant que comme Chateaubriand, il ait fait artistiquement tout ce qu[il] a pu pour gter les plus admirables facults que le bon Dieu [lui] avait donnes et que, sans Racine , il et t un grand pote (8 mai 1852, II, 86), Flaubert rvre lauteur de Candide. Admirateur inconditionnel des contes en gnral, lus et relus ( pour la millime fois , 14 octobre 1875, IV, 981), et de ce chef-duvre en particulier, Flaubert aura aussi recours cette forme, et on peut penser que ses Trois contes consti-

    1. Les rfrences de cette notice seront prises dans ldition de la Correspondance de Flaubert de la Bibliothque de la Pliade, t. I IV, prsents, tablis et annots par Jean Bruneau (1973-1998), t. V, prsent, tabli et annot par Jean Bruneau et Yvan Leclerc (2007), Index par Jean-Benot Guinot et al. (2007). Elles apparatront sous la forme tomaison, page (ex. : I, 20).

  • Cahiers Voltaire 10 (2011) preuve 2011-10-23 13:14 page 209

    Actualits

  • Cahiers Voltaire 10 (2011) preuve 2011-10-23 13:14 page 210

    Au recto. La couverture des Secrets et mystres de la cour de Prusse, Paris, F. Rouff, [1914-1915 ?], numro 54 de La Grande collection nationale , publication de 36 pages comportant les Mmoires de Voltaire, Les Mati-nes du roi de Prusse qui ne sont pas de Voltaire et plusieurs lettres, notamment celles rcrites par Voltaire aprs son dpart de Prusse et qui font partie de ce quon appelle son Pamla. La couverture porte, en-dessous du titre : Cest dans ses Mmoires ce chef-duvre inconnu redevenu dactualit que Voltaire raconte la chronique scandaleuse de la Cour de Prusse, les murs dplorables du grand Frdric, et dvoile les secrets de la politique du gouvernement prussien.

    Un Avant-propos , sign V. T. , prsente les textes aux lecteurs de la collection :

    Dabord publi Amsterdam, en 1784, sous le titre de : La Vie prive du roi de Prusse, cet ouvrage se retrouve tout entier dans les ditions compltes des uvres de Voltaire.

    Macaulay disait de ces pages : cest le pamphlet le plus mordant qui ait jamais t crit.

    La chronique scandaleuse de la cour de Prusse, les secrets et les mystres du palais de Potsdam, y sont dvoils et raconts par un tmoin, et quel tmoin : Voltaire, lauteur de Candide !

    On sait que Voltaire avait t attir auprs du roi de Prusse par des promesses de plus de libert. En France, la Pompadour rgnait, et Voltaire ntait pas dans ses bonnes grces. Potsdam, le philosophe libre-penseur avait trouv un roi familier avec lequel il soupait presque chaque soir. Mais ce roi tait un roi de race prussienne ; et Voltaire ne tarda pas sen apercevoir.

    La Mettrie ayant rapport Voltaire le propos que Frdrix II avait tenu sur lui : Jen ai encore besoin pour revoir mes ouvrages ; on suce lorange, et on jette lcorce. Voltaire, partir de ce jour, ne songea plus qu schapper et laisser l sa cl de chambellan pour reprendre celle des champs. Il prtexta que les eaux de Plombires lui taient ncessaires. Le roi lui rpondit quil y en avait daussi bonnes en Silsie. Enfin, il obtint la permission de retourner en France, mais il ntait pas au bout de ses perscutions : Frdric laccusa de lui avoir vol un de ses manuscrits et le fit arrter Francfort.

    chapp des griffes du roi de Prusse, Voltaire se vengea en crivant les Mmoires sur la cour de Prusse, et lopuscule qui lui fait suite : Les Matines du roi de Prusse ou Entretiens sur lart de rgner, dont lauda-cieux cynisme caractrise si bien la diplomatie prussienne.

    Voltaire, l encore, arrache au souverain de race prussienne son masque dhypocrisie et nous le montre, en le faisant parler lui-mme, tel que doit tre un souverain prussien voleur de provinces, tyran cruel et sans murs, voilant sous le manteau du philosophe son mpris de lhumanit .

    lintrt de ces pages peu connues dun de nos plus grands crivains, et dun ordre littraire qui les classe parmi les chefs-duvre de notre langue, sattache aujourdhui une actualit qui leur donne une saveur nouvelle.

    Lauteur de cet avant-propos est sans doute le Fribourgeois Victor Tissot (1845-1917). Rdacteur en chef de la Gazette de Lausanne de 1870 1873 et du supplment littraire du Figaro de 1888 1893, Tissot tait lauteur de plusieurs ouvrages sur lAllemagne et la Prusse. Il a lgu ses collections et sa bibliothque la ville de Bulle.

    La maison ddition Rouff, fonde vers 1880 et active jusquen 1982, tait un des grands diteurs populaires de la fin de XIXe et du dbut du XXe sicles. La date de publication de notre brochure est incertaine. La Bibliothque nationale de France la date de 1918 mais si la collection a t cre en 1913 ce qui semble avoir t le cas, et si le rythme de publication annonc deux volumes par mois a bien t suivi, le numro 54 daterait plutt de 1914 ou 1915.

  • Cahiers Voltaire 10 (2011) preuve 2011-10-23 13:14 page 211

    phmrides pour 2011Lance en 2004, la rubrique des phmrides voltairiennes en est sa huitime srie : on trouvera ici runis, mls quant aux annes, mais rangs par mois et quantimes, des faits, vnements ou anecdotes dannes en 01, 11, 21, 31, etc. intressant diversement la vie et luvre de Voltaire et son histoire post-hume. Ont contribu ces phmrides 2011 : Roger Bergeret, Lucien Choudin, Pierre Leufflen, Andr Magnan et Anne Soprani.

    Dans lesprit rcratif de la rubrique, les rfrences bibliographiques ont t omises ; mais les donnes fournies devraient permettre de remonter assez facilement aux sources ou aux outils usuels. Les textes cits ont par ailleurs t moderniss.

    La chasse est ouverte pour les phmrides du prochain numro de notre revue. Merci tous ceux qui voudront bien apporter la collecte 2012 des lments dats tenant aux annes en 2 (idalement de 1702 2002) intressant la vie et la survie de Voltaire, quil sagisse de faits, de rfrences ou de citations.

    Le choix initial des dates conditionnant les quilibres internes et la mise au point de la rubrique, prire denvoyer au plus tt les rfrences ou contributions proposes [email protected].

    Janvier lapproche de lan 1761, Voltaire se vieillit dun seul coup dun sicle. On connat sa manie de jouer avec ses dates de naissance, novembre ou fvrier, plus des variations de jour, pour se vieillir de quelques mois ou dun an selon loccasion, voire de deux ans aux changements de dcennie. Mais cest la seule fois o il est all jusquau sicle. Voici le dbut de cette lettre date du 28 dcembre 1760 et adresse au comte dArgental, son ange , le plus indulgent de ses correspondants, assurment habitu pire : Et les yeux de mon ange ? Comment vont-ils en 1761 ? Je me souviens de 1601 tout comme si jy tais. Ctait hier. Ah comme le temps vole ! Les hommes vivent trop peu. peine a-t-on fait