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SÉVÉRIEN DE GABALA, évêque, † avant 431. Extrait de l'article "Sévérien de Gabala" dans le Dictionnaire de spiritualité, tome 14 (Paris, 1990), 752-63, par S. J. Voicu. 1. Vie. -2. Œuvres. -3. Doctrine. 1. Vie. Plusieurs sources historiques nous renseignent sur Sévérien. Mais on ne retire qu'un maigre butin de la lecture des Histoires ecclésiastiques de Socrate (PG 67, 696-736) et de Sozomène (éd. J. Bidez, Berlin, 1960, p. 362-63, 370, 373-75), du Dialogus de uita Chrysostomi de Pallade (éd. A.-M. Malingrey et Ph. Leclercq, SC 341-342, 1988), du codex 59 de la Bibliotheca de Photius (éd. R. Henry, t. 1, 1959, p. 52-57), des textes hagiographiques publiés par Halkin (1977), de la notice de Gennade de Marseille. En effet, sauf le dernier, tous ces documents ne s'occupent de Sévérien qu'à propos de son séjour à Constantinople pendant l'épiscopat de Jean Chrysostome (398- 404) et de quelques événements successifs, en tout moins d'une décennie. De surcroît, même si leur version des faits est probablement exacte, ces sources sont moins fiables lorsqu'elles mettent en scène des sentiments et des motivations, car on peut les soupçonner d'avoir noirci les adversaires de Chrysostome pour mieux le défendre. Par ailleurs, la notice de Gennade, décevante par sa concision, glisse sur le différend avec Chrysostome: «Severianus, episcopus Gabalensis ecclesiae, in Divinis Scripturis eruditus et in homiliis declamator admirabilis fuit. Unde et frequenter ab episcopo Iohanne et Arcadio imperatore ad faciendum sermonem Constantin op olim evocabatur ... » (De viris illustribus 21, éd. E.C. Richardson, TU 14/1, Leipzig, 1896, p. 70). On connaît peu de choses à propos de l'origine de Sévérien: rien sur le lieu et la date de sa naissance, rien non plus sur les études qu'il a pu faire; le syriaque était sa langue maternelle, et les sources ironisent sur sa maîtrise et sa prononciation du grec. Il était déjà évêque de Gabala (aujourd'hui Jeblé), petite ville sur la côte syrienne (cf.

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SÉVÉRIEN DE GABALA,évêque, † avant 431.

Extrait de l'article "Sévérien de Gabala"dans le Dictionnaire de spiritualité, tome 14

(Paris, 1990), 752-63, par S. J. Voicu.

1. Vie. -2. Œuvres. -3. Doctrine.

1. Vie.Plusieurs sources historiques nous renseignent sur Sévérien. Mais on ne retire qu'un maigre butin de la lecture des Histoires ecclésiastiques de Socrate (PG 67, 696-736) et de Sozomène (éd. J. Bidez, Berlin, 1960, p. 362-63, 370, 373-75), du Dialogus de uita Chrysostomi de Pallade (éd. A.-M. Malingrey et Ph. Leclercq, SC 341-342, 1988), du codex 59 de la Bibliotheca de Photius (éd. R. Henry, t. 1, 1959, p. 52-57), des textes hagiographiques publiés par Halkin (1977), de la notice de Gennade de Marseille. En effet, sauf le dernier, tous ces documents ne s'occupent de Sévérien qu'à propos de son séjour à Constantinople pendant l'épiscopat de Jean Chrysostome (398-404) et de quelques événements successifs, en tout moins d'une décennie. De surcroît, même si leur version des faits est probablement exacte, ces sources sont moins fiables lorsqu'elles mettent en scène des sentiments et des motivations, car on peut les soupçonner d'avoir noirci les adversaires de Chrysostome pour mieux le défendre.

Par ailleurs, la notice de Gennade, décevante par sa concision, glisse sur le différend avec Chrysostome: «Severianus, episcopus Gabalensis ecclesiae, in Divinis Scripturis eruditus et in homiliis declamator admirabilis fuit. Unde et frequenter ab episcopo Iohanne et Arcadio imperatore ad faciendum sermonem Constantin op olim evocabatur ... » (De viris illustribus 21, éd. E.C. Richardson, TU 14/1, Leipzig, 1896, p. 70).

On connaît peu de choses à propos de l'origine de Sévérien: rien sur le lieu et la date de sa naissance, rien non plus sur les études qu'il a pu faire; le syriaque était sa langue maternelle, et les sources ironisent sur sa maîtrise et sa prononciation du grec. Il était déjà évêque de Gabala (aujourd'hui Jeblé), petite ville sur la côte syrienne (cf. DGHE, t. 19, col. 501-05), lorsque, vers 398-399, il arriva à Constantinople, où il fut bien accueilli par Jean Chrysostome. Si, comme le veulent les sources, il était mû par le désir d'égaler le succès oratoire d'un de ses compatriotes, Antiochus de Ptolémaïs (DHGE, t. 3, col. 707-08), il faut reconnaître qu'il a atteint son but. Toutes les indications de lieu qu'on peut glaner dans ses homélies renvoient à un auditoire constantinopolitain, peut-être pas toujours très attentif, mais souvent assez important. Les sources font aussi état de ses fréquentations de la cour et de ses liens avec l'impératrice Eudoxie.

En tout cas, c'est à Sévérien que Chrysostome confia le soin de l'église constantinopolitaine en 401, au moment de son long voyage en Asie Mineure. Cette charge sera la source d'un âpre conflit avec le diacre Sérapion, désigné lui aussi par Chrysostome pour s'occuper des affaires ecclésiastiques. La réconciliation de courte durée qui aura lieu au retour de Chrysostome nous a valu la seule homélie de Sévérien qui soit datée avec quelque certitude, le Sermo de pace (mai-juin 401 ?).

Deux ans plus tard, dans le conflit qui oppose l'évêque de Constantinople et Théophile d'Alexandrie, Sévérien se range du côté des accusateurs. Il sera parmi les témoins à charge lors du synode du Chêne (automne 403), qui décidera le premier exil de Chrysostome. Ayant

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quitté la capitale au moment du retour de celui-ci, Sévérien y reparaît au début de 404; avec Antiochus et Acace de Béroé, quelque temps plus tard il remettra en question auprès de l'empereur la validité de la réintégration de Chrysostome et en obtiendra l'exil définitif.

Le dernier épisode connu de sa vie est, en cette même année 404, son intervention dans la succession de Flavien d'Antioche, où, toujours avec Antiochus et Acace, il consacre le prêtre Porphyre, hostile à Chrysostome. La date de son décès est inconnue. Gennade affirme: «Moritur iuniore Theodosio, filio suo in baptismo, imperante », c'est-à-dire entre 408 et 450; mais Sévérien était déjà mort sans doute au moment du concile d'Éphèse (431), très probablement avant le décès d'Atticus de Constantinople (425; cf. Altendorf 1959, p. 52; Aubineau 1983, p. 13, n. 14). Dans les synaxaires arabe et éthiopien on retrouve la mention de Sévérien agrémentée d'une biographie romanesque dont la valeur historique est vraisemblablement nulle (Basset 1905, p. 240-46; Colin 1986, p. 364-71; Budge 1928, t. 1, p. 23-27).

Son souvenir a dû s'estomper en milieu grec, car dans la tradition directe toutes ses homélies ont été transmises le plus souvent sous le nom de Chrysostome. Cette «ironie de l'histoire », sur laquelle les sources anciennes gardent un silence total, a été évoquée maintes fois, mais les explications proposées sont peu convaincantes. Rien ne permet de soupçonner, par exemple, que Sévérien ait jamais été jugé hérétique; on n'a pas démontré qu'il ait tenu des propos théologiques choquants ou que ses oeuvres aient fait l'objet d'une révision doctrinale. L'hypothèse d'une sorte de vengeance posthume à cause de ses agissements pendant le conflit avec Chrysostome défie toute logique: pourquoi alors sauver ses écrits et pourquoi les abriter sous le nom de l'ancien adversaire?

Deux données sont connues qui nous orientent vers une autre solution, plus acceptable:

1) l'ampleur du phénomène indique que le changement d'attribution a affecté tout le corpus homilétique de Sévérien;

2) la date probable de ce changement est la moitié du 6e siècle, car l'attestation la plus ancienne en est la citation tirée de l'homélie De fide dans le florilège arménien Sceau de la foi (début 7e s.). L'attribution à Chrysostome serait ainsi de peu postérieure à la condamnation de Sévère d'Antioche (536), avec lequel Sévérien a été confondu quelquefois. En ce cas, il ne s'agirait pas d'une damnatio memoriae mais justement, au contraire, du désir de sauver du bûcher son héritage homilétique.

On trouvera des détails supplémentaires sur la vie de Sévérien dans Zellinger (1916, p. 2-7); Dürks (1917, p. 11-17); Baur (1930, surtout p. 134-42; 1960, surtout p. 15564); G. Bardy (DTC, t. 14/2, col. 2000-06) ; Aubineau (1983, p. 11-17); pour le synode du Chêne, cf. aussi Hefele et Leclercq (1908, p. 137-54).

2. Œuvres.La seule notice ancienne que nous ayons sur le patrimoine littéraire de Sévérien, celle de Gennade de Marseille, déclare «in Divinis Scripturis eruditus et in homiliis declamator admirabilis fuit ... Legi eius Expositionem in epistulam ad Galatas et De baptismo et Epiphaniae sollemnitate libellum gratissimum» (éd. Richardson, p. 70). Dans les deux pièces mentionnées il faut voir probablement les fragments sur Gal. publiés par Staab et l'homélie In theophaniam. Selon Gennade, Sévérien a donc pratiqué les seuls deux genres littéraires que nous lui connaissons: le commentaire des Écritures et l'homilétique. A part cela, sa notice s'avère trop vague et trop courte pour être utile. En effet, d'après ce qu'en livrent les chaînes,

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Sévérien a commenté tout le corpus paulinien; nous reviendrons plus loin sur l'importance de son héritage homilétique.

Toutefois, il faut d'abord mettre en relief la complexité déroutante de la transmission manuscrite de ses écrits, qui dès les premiers témoignages pose des problèmes. Si Théodoret dans son Eranistes cite une homélie authentique, il le fait à côté d'une pièce pseudochrysostomienne d'origine cappadocienne. Dans son traité Ad Dominas, Cyrille d'Alexandrie insère sous le nom de Sévérien une citation tirée d'un ouvrage pseudo-athanasien, le De incarnatione contra Arianos. Plus tard les confusions et les données contradictoires ne font que se multiplier. Dans la tradition grecque directe le nom de Sévérien est rare: il ne recouvre que treize homélies, dont plusieurs apocryphes; en même temps toutes les homélies en grec dont l'authenticité a été reconnue sont attribuées presque toujours à Jean Chrysostome. En latin, on connaît un Sévéri(e)n évêque (d'habitude sans indication du siège), mais, pour des raisons qui défient toute explication, dans la plupart des cas on lui prête des homélies de Pierre Chrysologue et d'autres auteurs latins (cf. A. Olivar, Los sermones de san Pedro Crisologo.' estudio critico, Montserrat, 1962, surtout p. 101-23). En arménien, Sévérien est confondu souvent avec Eusèbe d'Émèse. Les chaînes grecques sur l'Octateuque placent plusieurs fragments tirés du cycle De mundi creatione sous le nom de Sérapion de Thmuis (cf. Zellinger 1916, p. 35-36), etc.

Devant une transmission pareille il n'est pas surprenant qu'après trois quarts de siècle de recherches nous n'ayons pas de liste définitive des oeuvres de Sévérien. Celle que nous proposerons essaie d'éviter soit certaines attributions hâtives ou mal fondées, soit la timidité excessive d'autres listes, pour frayer la voie à l'édition d'ensemble qu'est en train de préparer un groupe de chercheurs réunis par Cornelis Datema. Pour affirmer ou rejeter l'authenticité des pièces n'ayant pas encore fait l'objet d'un travail publié, nous nous sommes fondé, sous toutes réserves, sur la présence ou l'absence des marques stylistiques énumérées dans Voicu 1983-84.

Depuis 1916, date du premier volume de Zellinger, Sévérien a fait l'objet de plusieurs travaux d'ensemble: Dürks en 1917, encore Zellinger en 1926, puis Marx en 1939 et Altendorf en 1957. Les résultats de ces recherches et de nombre d'articles de moindre étendue sont résumés de façon satisfaisante dans la notice de CPG qui date de 1974. Toutefois, puisque, en quinze ans, plusieurs travaux ont précisé et élargi nos connaissances sur l'héritage littéraire de Sévérien, elle exige au moins une mise à jour de la bibliographie et des questions d'attribution. Cette mise à jour ne concerne que les homélies. Pour les commentaires sur le corpus paulinien c'est toujours la notice de CPG 4219 qui fait autorité (y compris les remarques sur les problèmes que pose l'édition de Staab 1933, p. 213-351 ; pour un petit complément, cf. Lienhard 1983, p. 352).

Dans la suite les homélies authentiques seront réparties en trois catégories: celles inconnues de CPG, celles qui y figurent dans la notice consacrée à Sévérien et celles rangées parmi les Pseudochrysostomica. Pour finir cette section, il y sera question de trois pièces d'authenticité douteuse et de quelques attributions fautives, qu'elles aient l'appui de la tradition manuscrite (directe ou indirecte), ou qu'elles soient le résultat de conjectures modernes. Sauf exception, nous laisserons de côté les découvertes de nouveaux témoins manuscrits (par exemple CCG IV et V, parus après la notice de CPG).

1° TROIS HOMELIES INCONNUES DE CPG.

-In Iudaeos et Graecos, inc. « Palin Ioudaïkè kakia» (ms Jérusalem, Sabait. 27, f. 152r-162v).

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-In illud: Secundum imaginem et similitudinem, inc. « Prôèn ho logos hèpsato» (Paris, A. F. grec 758, f. 45r-52v). -In illud: Christus est oriens, inc. « Chthès hèmin, ô philochristoi » : le seul témoin complet connu est la version géorgienne (Shanidzé 1984, p. 61-62, avec trad. angl. de quelques passages); en grec il n'en reste qu'une courte citation chez Photius (Bibliotheca, cod. 277: éd. Henry 1977, p. 133-34).

2° COMPLEMENTS AUX INDICATIONS DE CPG

(48 homélies complètes, 3 homélies fragmentaires et quelques extraits).

-De fide et lege naturae (CPG 4185), PG 48, 1081-88: Lehmann (1975b, p. 273-86) analyse la version arménienne, qui témoigne que la finale du grec publié (PG 48, 1086,46-1088) appartient à CPG 4210. -De paenitentia et compunctione (CPG 4186), PG 49, 323-36: sur une citation en arménien, cf. Renoux (1985, p. 54). -In ascensionem D. N. I. C. (CPG 4187), PG 52, 773-92: Boismard et Lamouille (1984, t. 1, p. 33-34 et n. 16) semblent la considérer, à tort, comme authentiquement chrysostomienne. -De Spiritu sancto (CPG 4188), PG 52, 813-26: le Vatic. gr. 2401, p. 390, a gardé l'attribution à Sévérien ; citée par Photius (Bibliotheca, cod. 277, éd. Henry 1977, p. 131-33, qui n'a pas reconnu la source); citée aussi par Jean Cantacuzène (cf. Voordeckers et Tinnefeld 1987, p. 133-34). -De Christo pastore et oue (CPG 4189) PG 52, 827-36: Shanidzé (1984, p. 56) en a découvert une version géorgienne; citée par Jean Cantacuzène (Voordeckers et Tinnefeld 1987, p. 228). -In Psalmum 96 (CPG 4190), PG 55,603-12: commentée par Lienhard (1983, p. 352). -In Psalmum 95 (CPG 4191), PG 55, 619-30. -Homilia de legislatore (CPG 4192), PG 56, 397-410: Wallach (1977, p. 116-18) fait l'histoire des citations latines. -In illud: In qua potestate (CPG 4193), PG 56, 411-28: version géorgienne découverte par Shanidzé (1984, p. 57). - De mundi creatione homiliae 1-6 (CPG 4194), PG 56, 429-500 ; quelques extraits ont été publiés par Petit (1986); pour la 7e homélie, cf. CPG 4232; la cosmologie de ces homélies est discutée par Ricciotti (1932, p. 43-49); elles ont été utilisées en milieu slave par Jean Exarque (Lägreid 1965, p. 29-45). -Quomodo animam acceperit Adamus (CPG 4195): quelques passages ont été commentés par Visonà (1985a, p. 368-69; 1985b, p. 464). -De serpente homilia (CPG 4196), PG 56, 499-516 : attribuée aussi à Sévérien par le florilège arménien de Galata (Lehmann 1982, p. 118-19). -In Genesim sermo 2 (CPG 4197), PG 56, 522-26 : authenticité confirmée par Voicu (1983-84, p. 12-14) ; un fragment de ce texte rare s'est glissé dans l'homélie chrysostomienne De resurrectione D. N. I. C. (PG 50, 437,17-46 = PG 56, 523-24). -In illud: Pone manum tuam (CPG 4198), PG 56, 553-64: trois citations arméniennes ont été découvertes par Lehmann (1986, p. 482). - In filium prodigum (CPG 4200), PG 59, 627-36 attribution conjecturale (à rejeter) de deuxième main à Jean le Jeûneur dans le Vat. Ottob. gr. 422, f. 315v Shanidzé (1984, p. 59) a découvert une version géorgienne; courte citation chez Photius (Bibliotheca, cod. 277 : éd. Henry 1977, p. 155-56). -In illud: Quomodo scit litteras (CPG 4201), PG 59, 643-52: attribuée à Sévérien par le florilège arménien de Galata (Lehmann 1982, p. 118-19).

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-In Chananaeam et Pharaonem (CPG 4202), PG 59, 653-64: Lehmann (1975b, p. 319-27) analyse les versions arméniennes. -In illud: Non quod uolo facio (CPG 4203), PG 59 663-74: sur ses liens avec CPG 4230, cf. Aubineau (1983, p. 46-49). -In incarnationem Domini (CPG 4204), PG 59, 687-700: Photius en tire une longue citation très libre (Bibliotheca, cod. 277 : Henry 1977, p. 134-43). -In proditionem seruatoris (CPG 4205) PG 59,713-20: Beatrice (1983, p. 75-76 et 193) commente quelques passages. -De fide (CPG 4206), PG 60, 767-72; éd. critique de l'éthiopien par Weischer (1980, p. 19-67); version géorgienne découverte par Shanidzé (1984, p. 57). - Contra Iudaeos, in serpentem aeneum (CPG 4207), PG 61, 793-802: prononcée le lendemain de CPG 4217. -De sacrificiis Caini (CPG 4208), PG 62, 719-22 : le seul ms grec complet est le Vindob. Theol. gr. 64, f. 98-113 (cf. CCG IV, p. 28); Zanetti (1983, Synopsis, n. 15) a identifié une version arabe. -De sigillis sermo (CPG 4209), PG 63, 531-44: Wallach (1977, p. 88-94) fait l'histoire des citations latines. - In illud: In principio erat uerbum (CPG 4210), PG 63, 543-50: Lehmann (1975b, p. 273-86) analyse la version arménienne, qui a gardé en place la finale transmise en grec avec CPG 4185 ; il analyse aussi le texte de Jean 1,3-4 utilisé (1975a, p. 142). -In sanctam Pentecostem (CPG 4211), PG 63, 933-38: Voicu (1982, p. 1203, n. 8) mentionne une citation grecque sous le nom de Sévérien; citée par Boismard et Lamouille (1984, t. 2, p. 339), qui paraissent ignorer l'attribution à Sévérien; van Esbroeck (1978, p. 75-80) a publié la version géorgienne (CPG 4286). -In theophaniam (CPG 4212), PG 65, 15-26: le ms Escorial Φ.III.20, f. 152v-160r ajoute encore une page au complément publié par Wenger; version latine très fragmentaire sous le nom d'Augustin (Voicu 1979, p. 517-18). -In pretiosam et uiuificam crucem (CPG 4213). -De pace (CPG 4214), éd. A. Papadopoulos-Kérameus, Analecta Hier. Stachuol., t. 1, St-Pétersbourg, 1891, p. 15-26: version géorgienne découverte par Shanidzé (1984, p. 58). -In illud: Pater, transeat (CPG 4215): six citations arméniennes découvertes par Lehmann (1986, p. 482-83). -In lotionem pedum (CPG 4216), éd. A. Wenger, Revue des ét. byz., t. 25, 1967, p. 219-34: la version longue présupposée par van Esbroeck (1975, p. 82 et 270) n'existe pas; en grec il s'agit d'un centon, en géorgien d'une interpolation; Wallach (1977, p. 94-102) fait l'histoire des citations latines; Beatrice (1980, p. 45-49; 1983, p. 192-94) en commente quelques passages.-Homilia sine nomine (CPG 4217) : fragment publié par Dyobouniotès (1914, p. 148-49), avec le titre de CPG 4232, de l'homélie prononcée la veille de CPG 4207. -CPG 4218: fragments tirés de CPG 4947. -De centurione et contra Manichaeos et Apollinaristas (CPG 4230): éditée, traduite et commentée par Aubineau (1983), qui a découvert aussi que CPG 4295 (9) lui appartient; conjectures de Nautin (1984) et Goulet (1985) ; malgré le titre de l'édition, il ne s'agit pas d'un traité mais bien d'une homélie. -In Noe et filios eius (CPG 4232): CPG renvoie à cette pièce aussi sous CPG 4217 et 4194 ; le grec, publié en partie par Dyobouniotès (1914, p. 144,20-148,4, où le texte précède le titre!), existe en entier dans le ms du Vatican; une trad. allem. partielle de la version arabe a été publiée par Zellinger (1916, p. 17).

Homélies conservées en arménien:

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-De incarnatione (CPG 4240): quatre citations arméniennes découvertes par Lehmann (1986, p. 481). -De dogmate baptismoque (CPG 4241): Lehmann (1986, p. 481) en a découvert une citation arménienne; utilisée en géorgien pour rédiger CPG 4285 (cf. van Esbroeck 1979). -De apostolis (CPG 4242): deux citations arméniennes découvertes par Lehmann (1986, p. 482); utilisée en géorgien pour rédiger CPG 4285 (cf. van Esbroeck 1979). -De pascha, deque catharis (CPG 4243): Lehmann (1986, p. 482) en a découvert une citation arménienne. -In illud: Libri aperti sunt (CPG 4244): citation arménienne découverte par Lehmann (1986, p. 482). -In sanctum martyrem Acacium (CPG 4245). -De aduentu Domini super pullum (CPG 4246): Lehmann (l975b, p. 335-67) analyse la version arménienne longue et en démontre l'authenticité; la version géorgienne partielle (CPG 4287) a été traduite par van Esbroeck (1978, p. 80-90). -In uenerabilem trinitatem consubstantialem (CPG 4248): commentée, avec un long résumé du contenu, par Lehmann (1975b, p. 287-317), qui en démontre l'authenticité. -In matrem filiorum Zebedaei (CPG 4249): la citation du florilège arménien de Galata transmet l'incipit de cette homélie (Lehmann 1982, p. 117 et 119).

En syriaque: -De natiuitate (CPG 4260) : citée par le florilège syriaque de Jean Maron (Nau 1899, p. 197); d'après Breydy (1987, p. 6) elle est la source de la citation de Léonce de Jérusalem (CPG 4295/7). -De Noe et de arca (CPG 4271; inédite): malgré ma négation notée en CPG, elle est bien authentique car elle renvoie à CPG 4203. -Homilia in apostolos (CPG 4285, en géorgien): composée à partir de CPG 4241-4242; traduite par van Esbroeck (1979). -CPG 4286 : regrouper sous CPG 4211. -4287 : regrouper sous 4246. -Fragments divers (CPG 4295) : (1), republiés en partie par Petit (1977, p. 98 et 143); (5), cf. Renoux (1985, surtout p. 54, 60 et 130-31); (7): d'après Breydy (1987, p. 6) il provient, quoique déformé, de CPG 4260; (9): Aubineau (1983, p. 34-35 et 101-06) a découvert qu'il provient de CPG 4230; (17a): In illud: Confiteor tibi, Pater: les deux citations arméniennes découvertes par Lehmann (1982, p. 118-20) englobent le passage cité par Sévère d'Antioche.

3° DOUZE HOMELIES AUTHENTIQUES enregistrées par CPG parmi les pseudo-chrysostomiennes.

-In Genesim sermo 1 (CPG 4561), PG 56, 519-22: authentique selon Voicu (1983-84, p. 12-14), contre Altendorf (1957, p. 90-91). -In Iob sermones 2-4 (CPG 4564), PG 56, 567-82: restitués à Sévérien par Voicu (1983-84, p. 14-16); sur les versions arabe et vieille-russe, cf. Samir (1977), Samir et Scharpé (1978). -De tribus pueris sermo (CPG 4568), PG 56, 593-600: authenticité démontrée par Voicu (1983-84, p. 16-17). -De caeco nato (CPG 4582), PG 59, 542-54: authenticité confirmée par Voicu (1983-84, p. 17-19) ; version géorgienne découverte par Shanidzé (1984, p. 56). -De caeco et Zacchaeo (CPG 4592), PG 59, 599-610: authenticité confirmée par Voicu (1983-84, p. 19-22). -In illud: Quando ipsi subiciet omnia (CPG 4761): authenticité démontrée par Voicu (1980-82).

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-In illud: Genimina uiperarum (CPG 4947; inédite): Kecskeméti (1978) a consacré une thèse inédite à cette homélie, qui est la source des fragments rangés sous CPG 4218; Shanidzé (1984, p. 57-58) en a découvert une version géorgienne. -In martyres (CPG 4950; inédite): sûrement authentique; version géorgienne découverte par Shanidzé (l984, p. 58). -In postremum iudicium (CPG 4968; inédite), sûrement authentique. -In ascensionem Domini (CPG 5028; inédite): sûrement authentique.

4° TROIS HOMELIES D'AUTHENTICITE DOUTEUSE.

-De cruce et latrone (CPG 4728): rejetée par Altendorf (1957, p. 78-85), la question mériterait un nouvel examen, soit parce que les pièces CPG 4582 et 4592, utilisées par Wenger comme termes de comparaison, sont authentiques (Voicu 1983-84, p. 17-22; contre Altendorf 1957, p. 52-72), soit parce que Wenger fait état d'une recension fort différente, à côté de la forme qu'il publie (cf. aussi Aubineau 1983, p. 30). Aldama (1965, p. 10, n. 34) fait erreur lorsqu'il affirme que cette homélie a été attribuée à Proclus de Constantinople par Altendorf, car celui-ci rejette explicitement cette possibilité (1957, p. 84). -De exaltatione crucis (éd. Pseutogas 1979; CPG 4872): authenticité défendue par le premier éditeur et par moi-même (Voicu 1983-84, p. 22-23); toutefois, la recension publiée et les arguments trouvés posent des problèmes. -In temptationem D. N. I. C. (CPG 4906; inédite): son style exigerait un examen ex professo.

5° PIECES INAUTHENTIQUES.

-Nous distinguons les fausses attributions qu'on retrouve dans la tradition manuscrite de celles proposées par des auteurs modernes mais rejetées par la suite, d'ordinaire pour des raisons stylistiques (nous laissons de côté l'essai malheureux de Dupin, qui «régla» une trentaine d'homélies en une demi-page).

1) Fausses attributions à Sévérien dans la tradition manuscrite.

-De incarnatione et contra Arianos (CPG 2806 ; 4295, n. 6): le florilège éthiopien a été republié par Weischer (1980b); Simonetti (1973, p. 322-29) démontre que la pièce ne revient pas à Marcel d'Ancyre, mais pourrait provenir des milieux eustathiens. -De caeco nato (inédite; CPG 4231): malgré l'attribution de l'unique ms, sûrement inauthentique. -In illud: Vir quidam descendebat (CPG 4246): inauthentique. -In dedicationem pretiosae et uiuificae crucis (CPG 4270): plagiat de pièces authentiques. -In natalem domini (éd. Lucchesi 1979; CPG 4282) : malgré l'avis de l'éditeur et celui d'Aubineau (1983, p. 21), elle ne paraît pas plus authentique que d'autres attributions à Sévérien en copte (cf. CPG 4278-81). -In parabolam de ficu (CPG 4588) : appartient à un auteur cappadocien (cf. Voicu 1986b, p. 88-89; 1986a, p. 287, n. 10). -In natale Domini nostri Iesu Christi (CPG 4657): la citation chez Théodoret a été republiée par Ettlinger (1975, p. 117); Lehmann (1982, p. 114-15, 117, 119) a découvert un centon et une citation en arménien sous le nom de Sévérien, mais la pièce appartient à un auteur cappadocien (Voicu 1986b, p. 99-101; 1988); sur la soi-disante version copte, cf. Voicu 1983, p. 666-67.

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-In illud: Mari est similis haec uita (CPG 4699) : malgré la citation arménienne découverte par Lehmann (1982, p. 117-19), elle appartient à un Pseudo-Chrysostome cappadocien (Voicu 1986b, p. 106-07). -In illud: Ignem ueni mittere (CPG 4669) : à propos des mss arméniens sous le nom de Sévérien, cf. Lehmann (1982, p. 115-16), mais selon Voicu (1971, p. 91-96) elle appartiendrait à un Pseudo-Chrysostome début 6e siècle. -De remissione peccatorum (CPG 4629): sur un centon arménien sous le nom de Sévérien, cf. Lehmann (1982, p. 116), mais elle appartient à un Pseudo-Chrysostome cappadocien (Voicu 1986b, p. 92-93). -In natiuitatem Christi (inédite; CPG 5008): repoussée par Zellinger (1926, p. 5, n. 2) et par Altendorf (1957, p. 9-10; contre Jugie 1926, p. 134). -De proditione Iudae (CPG 5523): appartient au Pseudo-Eusèbe d'Alexandrie.

2) Attributions fausses dues à des auteurs modernes.

-Homilia 2 in annuntiationem Virginis Mariae (CPG 1776) : attribuée à Sévérien par Wenger (1957, p. 185), rejetée par Altendorf (1957, p. 79-80). -In meretricem et pharisaeum (CPG 4199); malgré Aldama (1965, p. 144, n. 396), qui a confondu probablement cette pièce avec CPG 4186 dont l'incipit est fort semblable, Altendorf ne l'attribue pas à Sévérien, cf. sa liste des oeuvres (publiée par Lehmann 1975b p. 18-19; cf. aussi Aubineau 1983, p. 20, note 83). -CPG 4272 ; Aubineau (1987) a démontré qu'il s'agit de la catéchèse XV de Cyrille de Jérusalem. -Homilia in sanctum pascha (CPG 4408); Baur (1955, l, p. 404) hésite sur l'attribution. -In illud: Exiit edictum. (CPG 4520); Caro (1971-72, p. 450-51) hésite sur l'attribution. -In ascensionem Domini homilia 2 (CPG 4532); Aldama (1965, p. 54, n. 145) fait erreur en affirmant l'attribution à Sévérien par Baur; sa méprise provient peut-être d'une confusion avec CPG 4408 dont l'incipit est identique. -In Samaritanam (CPG 4581) apparemment Aldama (1965, p. 171, n. 457) se trompe en affirmant qu'elle a été attribuée à Sévérien; en tout cas les premiers paragraphes de sa notice concernent CPG 4588 (cf. Lehmann 1982, p. 122, n. 6). -De paenitentia et in Herodem et in Ioannem Baptistam (CPG 4614) et In Iordanem fluuium (CPG 4648): attribuées par Marx (1939, p. 332-37,344-46), mais rejetées par Altendorf (1957, p. 72-77). -In baptismum et in tentationem (CPG 4735); attribuée à Sévérien par Wenger (1956, p. 46) et à Chrysostome par Halton (1976), elle appartient à un Pseudo-Chrysostome (cf. Voicu 1976; 1981, p. 302, n. 16). -Oratio de epiphania (éd. Wenger 1977; CPG 4882) ; l'éditeur hésite sur la paternité de la pièce; l'atribution a été rejetée par Aubineau (1983, p. 20-21). -In illlud: Nemo bonus nisi solus Deus (CPG 4916); attribution erronée dont je porte la responsabilité (CPG, I.c.).

3. Doctrine.

-L'oeuvre littéraire de Sévérien étant dispersée et en partie inédite ou contestée, il n'est pas surprenant que sa pensée n'ait pas fait l'objet d'une vue d'ensemble. Mais même les travaux qui en abordent l'un ou l'autre aspect sont peu nombreux; de surcroît, le progrès de nos connaissances a périmé en entier ou en partie, certains articles, comme ceux de Jugie (1911)

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et de Soares (1953), qui se fondent avant tout sur des textes dont nous savons maintenant qu'ils reviennent à Eusèbe d'Emèse ou à d'autres.

Sévérien s'intéresse surtout aux questions dogmatiques et exégétiques, mais quelquefois sans une perception véritable des enjeux théologiques. Il défend avec verve l'orthodoxie nicéenne, c'est-à-dire la consubstantialité et l'égalité parfaite des Personnes de la Trinité; mais il est aussi parmi les tenants d'une sorte de fondamentalisme biblique assez réservé envers les termes théologiques étrangers à l'Écriture (Zellinger 1926, p. 146-73).

La christologie, qui est au centre de ses préoccupations, a été à peine étudiée (cf. Dürks 1917, p. 76-79 ; Aubineau 1983, p. 86-89; totalement ignorée par Grillmeier 1979). Deux dossiers sur sa polémique antimanichéenne et anti-apollinariste ont été constitués par Aubineau (1983, p. 61-85), mais il s'en prend sans cesse aux ariens, aux anoméens, aux juifs et à des groupes moins importants, comme les novatiens ou les psathyriens. Les passages où il est question du péché originel ont été réunis et commentés brièvement, avec ceux d'autres auteurs antiochiens, par E. Testa, Il peccato di Adamo nella Patristica (Gen. III), Jérusalem, 1970, p. 76-106.

En cosmologie Sévérien se range décidément du côté antiochien lorsque, à l'encontre des cappadociens, il insiste sur une lecture strictement littérale du récit de la création, qui l'amène, par exemple, a affirmer que la terre est plate et a été bâtie sur les eaux, et qui, dans l'ensemble est tributaire d'Ephrem (Zellinger 1916, p. 54-90; cf. Wolska 1962 à propos de son influence sur Cosmas Indicopleustès).

Malgré leur importance dans la pensée de Sévérien ni les présupposés ni les développements de son exégèse n'ont fait l'objet d'aucune recherche détaillée.

Simonetti (1985, p. 188-90) en résume les traits saillants tels qu'ils apparaissent surtout dans le cycle De mundi creatione: comme tous les antiochiens, Sévérien accorde une préférence de principe au sens littéral du texte biblique, mais souvent il fait intervenir des interprétations symboliques. Dans son vocabulaire exégétique il dépend de Diodore de Tarse auquel il a dû emprunter la distinction entre theôria («sens authentique du texte (au-delà de la lettre»), tropologia («interprétation allégorique justifiée par le texte») et allègoria ("interprétation arbitraire") (sur Diodore, cf. Simonetti 1985, p. 159-61 ; pour Sévérien cf. PG 61, 796, où il mentionne les trois termes et s'explique sur leur sens; voir aussi PG 59, 669). Parmi les étymologies des noms bibliques rappelées souvent par Sévérien, il y en a qui sont originales et qu'il fait dériver de l'hébreu; mais il ne révèle nulle part une connaissance véritable de cette langue, dont il semble d'ailleurs majorer les affinités avec le syriaque (cf. par exemple PG 56, 473).

Peut-être sous l'influence d'Éphrem, sa mariologie est bien plus importante que celle des antiochiens ; il revient plusieurs fois sur le parallélisme entre Ève et Marie. Il est aussi parmi les défenseurs de la sainteté excellente et du rôle d'intercession de Marie (Gila 1964; cf. aussi Soares 1953; Jugie 1926, p. 131-34). Il est toutefois douteux qu'il ait utilisé le titre theotokos même si on le trouve, rarement dans ses homélies, là où il n'est pas simplement interpolé, il dérive probablement d'une correction de kyriotokos, terme que Sévérien a certainement fait sien et qu'après Éphèse on a pu juger moins acceptable. Pour des raisons semblables on évitera d'en faire un partisan de la virginité perpétuelle de Marie; il utilise couramment hagia parthenos, mais la seule attestation d'aeiparthenos dans ses homélies est suspecte (PG 56,403).

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La prédication morale de Sévérien est assez limitée; il donne souvent et explicitement la préférence aux questions théologiques, se contentant de temps à autre d'exhorter son public à pratiquer l'aumône (l'homélie De paenitentia, PG 49, 323-36, qui lui est presque entièrement dédiée, demeure de ce point de vue un exemple isolé).

Sévérien ne ménage ni ses invectives ni son ironie à l'adresse de la culture païenne, qu'il accuse d'être une source d'hérésies et égarements doctrinaux; pourtant Goulet (1985) a pu démontrer qu'il utilise une comparaison tirée du répertoire stoïcien, qui n'est certainement pas unique dans son oeuvre.

Tributaire de Diodore et d'Éphrem, Sévérien paraît se placer, avec une sorte de synthèse personnelle qui n'a pas de parallèle exact à la fin du 4e siècle, au croisement entre la théologie grecque (sous sa forme antiochienne) et la théologie syriaque. Il n'est donc pas surprenant qu'il ait plusieurs points de contact avec un ouvrage où se fait jour le même jeu d'influences entre le monde grec et le monde syriaque, les Quaestiones ad orthodoxos du Pseudo-Justin / Pseudo-Théodoret (cf. Lehmann 1969, qui n'a fait qu'entamer une voie de recherche prometteuse).

Pour faciliter la consultation des références données dans l'article, la bibliographie est établie selon l'ordre alphabétique des auteurs.

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La rédaction de cette notice a bénéficié des transcriptions inédites et des conseils de Gilberte Astruc-Morize, Judit Kecskeméti, Cornelis Datema, Henning J. Lehmann et Holger Villadsen.

DS, t. l, col. 865; t. 3, col. 811; t. 4, col. 891,1467-1785, 1981; t. 5, col. 485; t. 6, col. 205, 818, 836; t. 7, col. 607, 612, 615; t. 8, col. 356-61 passim; t. 9, col. 335, 1194; t. 10, col. 1466.

Sever J. VOICU.