VIVRE avec la maladie de Parkinson · de tête” (n° 336, NDLR), vous ne parlez pas de migraine...

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SOM VIVRE avec la maladie de Parkinson N° 337 • AVRIL-MAI-JUIN 2018 • 1,88 € • TRIMESTRIEL • ISSN : 0154-8530 BONHEUR On a toujours une seconde chance ✆  39 19 Contre les violences faites aux femmes

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SOM

VIVRE avec la maladie

de Parkinson

N° 337 • AVRIL-MAI-JUIN 2018 • 1,88 € • TRIMESTRIEL • ISSN : 0154-8530

BONHEUROn a toujours une seconde chance

✆ 39 19 Contre les violences faites aux femmes

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Prix du numéro : 1,88 €.Abonnement annuel : 7,50 €(4 numéros par an) à souscrire auprès de la Ciem, 12, rue de l’Eglise, 75015 Paris.

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Origine du papier : Allemagne - Augsbourg.Taux de fi bres recyclées : + 50 %.Certifi cation : ce magazine est imprimé sur un papier porteur de l’écolabel européen, fourni par UPM, sous le certifi cat N° FI/11/001.« Eutrophisation » ou « Impact de l’eau » : PTot 0,005 kg/tonne de papier.

MUTUALISTES, n° 337, avril, mai, juin 2018.

Trimestriel d’informations mutualistes et sociales édité par Ciem, Coopérative d’information et d’édition mutualiste, pour Utema (organisme régi par le Code de la mutualité).12, rue de l’Eglise, 75015 Paris.Tél. 01 44 49 61 00. Internet www.ciem.fr.

• Directeur de la publication : Gérard Quittard, président de la Ciem.• Directeur délégué aux publications : Philippe Marchal, administrateur.• Directrice des rédactions : Laurence Hamon, directrice générale de la Ciem.• Rédactrice en chef : Sylvie Irissou (sylvie.irissou@ ciem.fr).• Secrétaire de rédaction : Camille Delaunay.• Rédacteurs : Isabelle Coston, Delphine Delarue, Vincent Portois, Léa Vandeputte.• Réalisation graphique :Claire Gaspel, Gabrielle Claisse, Edwige Kokten.• Impression : Maury Imprimeur SAS,rue du Général-Patton, ZI,45330 Malesherbes.• Couverture © Shutterstock.

Ce numéro 337 de « Mutualistes, Objectif et Action » de 32 pages comprend : une couverture spéciale pour Sud-Ouest Mutualité ; une couverture et deux pages spéciales (3 et 32) pour la Mutuelle des pays de Vilaine ; une couverture et trois pages spéciales (3, 4 et 5) pour la Memf ; une couverture et quatre pages spéciales (3, 4, 5 et 6) pour la Mucs et la Mutuelle saint-aubannaise ; une couverture et quatre pages spéciales (3, 4, 5et 32) pour Avenir Mutuelle ; une couverture et cinq pages spéciales (3, 4, 5, 6 et 7) pour la MCA ; une couverture et cinq pages spéciales (3, 4, 5, 6 et 21) pour MIP. Cet envoi comporte un supplément de 60 pages, « Le sommeil, une priorité », pour les lecteur de la Memf et de MIP.

Commission paritaire : 0718 M 06546.Dépôt légal : avril 2018.© Mutualistes, Objectif et Action, 2018.Reproduction interdite sans autorisation.

→ MIGRAINE OPHTALMIQUE« Dans votre dossier “En � nir avec le mal

de tête” (n° 336, NDLR), vous ne parlez pas de migraine ophtalmique. Pourquoi ? En quoi est-elle différente des autres migraines ? » (MME. T., PARIS.)

La migraine ophtalmique, également appelée migraine avec aura, n’est pas une migraine à part entière : elle désigne en réalité les signes neurologiques annonciateurs de la migraine classique, ressentis par 20 à 30 % des migraineux. Ces symptômes s’installent rapidement et durent généralement entre trente minutes et une heure, avant de disparaître et de laisser place au mal de tête (la phase d’aura cohabite parfois avec la phase de céphalée, on parle alors de migraine accompagnée). Ils se manifestent par des troubles visuels (points lumineux dans le champ visuel, « mouches noires », perception déformée des objets, vision floue), des troubles sensitifs (picotements, fourmillements), voire des troubles du langage (difficultés à s’exprimer) ou de l’équilibre (vertiges). Fréquente et bénigne, la migraine ophtalmique res te très handicapante dans la vie quotidienne. Il est toutefois conseillé ne pas prendre de médicament avant que la phase d’aura ne soit passée. Ensuite, pour soulager la crise de migraine, le médecin prescrira certains vasoconstricteurs, les triptans par exemple, ou des anti-inflammatoires non stéroïdiens (comme indiqué dans notre dossier). Si les crises se répètent trop souvent, un traitement de fond sera mis en place, à base de bêtabloquants, d’antiépileptiques ou d’antisérotoninergiques.

→ ALGIE FACIALE

« Votre article sur l’algie vasculaire de la face (n° 336, NDLR) m’a beaucoup intéressée, mais je regrette qu’il ne précise pas si l’on peut guérir de cette maladie… » (MME V. PAR COURRIEL.)

L’algie vasculaire de la face peut guérir spontanément. Comme nous l’expliquons dans notre dossier « En finir avec le mal de tête », cette céphalée primaire se manifeste par des cycles assez réguliers de crises extrêmement douloureuses d’une durée de quarante-cinq minutes à une heure chacune. Lorsque ces cycles disparaissent, il faut néanmoins un recul de plusieurs années pour être sûr de leur arrêt définitif.

Mutualistes, Courrier des lecteurs, 12, rue de l’Eglise, 75015 Paris. [email protected].

→ TRAVAIL SUR ÉCRAN« J’ai lu avec attention votre dossier sur la prévention des risques

professionnels (n° 335, NDLR). Vous y évoquez les troubles musculo-squelettiques, en soulignant qu’ils peuvent être favorisés par le travail sur écran. Pourriez-vous nous donner des conseils pratiques ? » (MME R., PAR COURRIEL.)

Pour réduire l’astreinte musculo-squelettique du travail sur écran, l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles recommande tout d’abord d’alterner les tâches sur écran et celles de bureau ou de multiplier les

pauses (au moins cinq minutes par heure en période d’activité intensive, un quart d’heure toutes les deux heures si la tâche est moins soutenue). Le siège doit permettre une position confortable, dos droit ou légèrement en arrière, soutenu par un dossier réglable. Les cuisses sont horizontales et les pieds reposent au sol ou sur un cale-pied si l’on

ne peut pas régler le siège en hauteur. Pour prévenir la fatigue visuelle, l’écran – dont l’affichage se fait de préférence sur fond clair – est mat, inclinable et perpendiculaire à la fenêtre afin d’éviter les reflets (si ce n’est pas le cas, il conviendra d’installer des stores). Dans l’idéal, le haut de l’écran se situe au niveau des yeux et la distance œil-écran doit être de 50 à 70 centimètres. La souris se trouve dans le prolongement de l’épaule, l’avant-bras est appuyé sur la table, près du clavier, et forme un angle droit ou légèrement obtus au niveau du coude. Les avant-bras sont proches du corps. Enfin, si le salarié surveille des écrans haut placés, un appuie-nuque est nécessaire.

ne peut pas régler le siège en hauteur. Pour prévenir la fatigue visuelle, l’écran – dont

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ED I T O

2 COURRIER DES LECTEURS3 ÉDITO4 MUTUALITÉ ET ÉCONOMIE SOCIALE French Impact, l'accélérateur national de l'innovation sociale

6 EUROPE ET AILLEURS Turquie : en constante progression

7 ÉCONOMIE DE LA SANTÉ8 ENTRETIEN Questions à Yves-Alexandre Thalmann, professeur de psychologie : la mémoire et l’imagination comme outils du bonheur

10 PRÉVENTION Se doper pour « tenir » au travail11 Lumière bleue : quels dangers pour nos yeux ?12 Aux petits soins avec son foie

13 FORME ET BIEN-ÊTRE Et si on mangeait des algues ?14 Transpiration excessive : quelles solutions ?15 MÉDECINE Cinq idées reçues sur la fertilité

16 EN BREF17 DOSSIER Vivre avec la maladie de Parkinson

21 KIOSQUE22 WEB Surfer contre le mal de dos

23 VIE PRATIQUE Assurance emprunteur : changer, c’est plus facile24 Retraite progressive : pour � nir sa carrière en douceur

26 INITIATIVES Wake up Café : combattre la solitude en milieu carcéral30 Le 39 19, pour lutter contre les violences faites aux femmes

« CARPE DIEM » : L’EXPRESSION LATINE A TRAVERSÉ LES SIÈCLES. La méditation de pleine conscience, en vogue ces dernières années, a remis au goût du jour l’invitation à vivre l’instant présent en y portant une attention totale. Mais ce n’est pas toujours facile… Que faire si, absorbé par les soucis du quotidien, on n’a pas pu ou pas su profiter des bons moments de son existence ? Selon le professeur Yves-Alexandre Thalmann, tout n’est pas perdu : on peut très bien les savourer après-coup, en se les remémorant. Repenser au bonheur passé, c’est encore du bonheur, nous explique le psychologue, et l’on a donc toujours une seconde chance d’être heureux (pages 8 et 9).

EN FRANCE, LE PARKINSON TOUCHE PLUS DE 200 000 PERSONNES ET, CONTRAIREMENT À UNE IDÉE REÇUE, TOUTES NE SONT PAS ÂGÉES : dans un cas sur deux, la maladie se déclare avant l’âge de 58 ans, autrement dit bien avant la retraite. Certes, des médicaments permettent d’en atténuer les symptômes, mais ils ne sont pas dénués d’effets indésirables. Et surtout, le sujet reste tabou : près d'un Français sur deux avoue que, s’il était diagnostiqué parkinsonien, il le cacherait sur son lieu de travail. Pour les patients, qui souffrent du regard des autres au risque de s’isoler, c’est la double peine. Lutter contre l’ignorance et les idées reçues sera l’un des objectifs des associations et des professionnels de santé mobilisés lors de la journée mondiale qui se tiendra le 11 avril prochain (pages 17 à 20).

AU 39 19, UN NUMÉRO GRATUIT, ANONYME ET INTRAÇABLE, DES ÉCOUTANTES AIDENT LES FEMMES VICTIMES DE VIOLENCES CONJUGALES à démêler les fils de leur histoire. Elles leur permettent de mettre des mots sur ce qu’elles vivent, de faire le point sur leur situation. Elles les informent aussi sur leurs droits, avant de les orienter au besoin vers des structures spécialisées pour une prise en charge adaptée. Connaître et faire connaître cette plateforme d’appels est indispensable. En 2016, plus de la moitié des victimes de violences physiques ou sexuelles au sein de leur couple n’ont fait aucune démarche auprès d’un professionnel ou d’une association, et moins d’une sur cinq a déposé plainte. La même année, 123 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire, soit une tous les trois jours (page 30).

SYLVIE IRISSOU, RÉDACTRICE EN CHEF

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DR

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MU T U A L I T É E T É C O N O M I E S O C I A L E

La nouvelle équipe gouvernementale chargée de l’Economie sociale et solidaire (ESS) a frappé un grand coup, en ce début d’année, en présentant un programme ambitieux de soutien à l’innovation sociale : le label collectif French Impact.

L’accélérateur national de l’innovation sociale

A près la victoire du non à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le

ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, enchaînait à la mi-janvier avec une autre théma-tique chère à ses yeux : le lancement du label French Impact. Soutenu par Christophe Itier, haut-commissaire à l’ESS, il a aussi pu compter, à cette occasion, sur la présence de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, de Julien Denormandie, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Cohésion des territoires, et même de l’ancien ministre Jean-Louis Borloo.French Impact s’inscrit dans une logique de réconciliation entre inté-rêt général et ef� cacité économique souhaitée par l’actuel président de la République. Dans son discours, Nicolas Hulot a confirmé vouloir « remettre dans l’économie ce qui n’aurait jamais dû en sortir, […] réinventer les liens privés, publics et citoyens ». « L’ESS peut devenir une référence, voire une matrice, voyons grand, pour réinventer l’économie et le travail, a-t-il pour-suivi. […] La France est à la pointe sur l’ESS comme elle le fut sur la création de l’Etat-providence. » L’intérêt général, le bien commun sont des mots porteurs de sens et, pour le ministre, face à la frac-ture sociale, l’ESS peut donner

le ton : « Notre rêve commun, à Christophe et [à] moi, c’est que l’ESS soit un foyer irrésistible d’inspiration pour l’ensemble du tissu économique. […] Les valeurs que promeut l’ESS doivent devenir la norme et non plus l’exception. […] J’ai décidé de faire le pari que les solutions sont à notre portée. »Le nouvel accélérateur – qui n’est pas sans rappeler La France s’engage, une fondation lancée par le gouverne-ment précédent et pilotée aujourd’hui par François Hollande – béné� cie déjà d’un soutien interministériel important.

Disposer de relais de croissanceMieux cerner l’innovation sociale, l’accompagner dans de bonnes conditions quand elle apparaît dans des coopératives, des fondations, des mutuelles ou des associations et permettre à des initiatives locales « de changer d’échelle et de deve-nir des solutions nationales », telle est l’ambition de French Impact. Petit

frère du label French Tech (qui, lui, concerne l’univers du numérique), il n’en est pas moins bien loti, puisque ce sont 1 milliard d’euros en fonds publics et privés qui lui seront alloués pour toute la durée du quinquennat : les projets sociaux et environnemen-taux vont pouvoir s’épanouir.L’objectif est donc bien de placer l’innovation sociale au cœur des poli-tiques publiques, en renforçant l’ESS par la même occasion. Ce label met ainsi en œuvre l’une des promesses d’Emmanuel Macron, qui assurait dans son programme présidentiel vouloir « déployer, en relation avec les collectivités territoriales, une politique publique de promotion et de soutien à l’innovation sociale, à l’image de ce qui a été fait pour la French Tech, y compris à l’étran-ger, pour en faire un atout de l’image de la France : créer une marque et une boîte à outils, valoriser les réseaux d’incuba-teurs et de fabrique d’initiatives, favoriser les synergies avec la French Tech ». ● VINCENT PORTOIS

Une première année riche en événements• Janvier 2018 : appel aux « pionniers » French Impact.• Février 2018 : lancement de la plateforme digitale French Impact.• Mars 2018 : appel à candidatures permanent pour labelliser les accompagnateurs

et les territoires innovants.• Mai-juin 2018 : lancement sur les territoires pilotes French Impact.• Janvier 2019 : déploiement national du dispositif dans toutes les régions de France.

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Cinq ans de viager solidaireDepuis 2013, la société coopérative d’intérêt collectif (Scic) Les Trois Colonnes propose un service inédit pour faciliter le maintien au domicile des personnes âgées : le viager solidaire. Elle a déjà permis l’achat de 95 logements

partout en France – « peu importe leur emplacement ou leur prix » –, grâce à plus de 23 millions de fonds levés. Financer le vieillissement de la population en démocratisant le viager solidaire, tel était l’objectif de cette Scic, dont le siège est à Lyon. Elle a donc « pris le contre-pied d’un outil ancien et peu utilisé, le viager, et le transforme en outil social. Elle le rend solidaire et mutualisé afin de contribuer au financement de la dépendance et du maintien à domicile ».La coopérative Les Trois Colonnes va peu à peu bénéficier de nouveaux partenaires, qui viendront ainsi rejoindre l’Institut de développement de l’économie sociale (Ides) ou la Caisse d’épargne Rhône-Alpes.

Pour plus d’infos : 3colonnes.com.

Pour la solidarité numériqueSous l’égide de la Fondation de France, la fondation Afnic, créée en 2015, a pour vocation de faire entrer le numérique dans tous les foyers, en soutenant celles et ceux

« qui veulent mettre Internet et ses usages au service d’une société plus inclusive, plus solidaire et plus égalitaire ». A la suite de son appel à projets 2017*, elle a reçu trois cents candidatures (soit 16 % de plus qu’en 2016), qui pour être retenues devaient répondre à au moins l’un de ces objectifs : « le numérique pour renforcer la cohésion sociale, la formation pour le développement d’un internet solidaire, la transformation des organisations et des lieux, le numérique au service des mutations sociétales et le numérique au cœur de la trans-formation des mécanismes de solidarité ». C’est lors de sa « journée annuelle » que la fondation a mis à l’honneur les plus originales et les plus qualitatives de ces initiatives. Parmi les six lauréats français « coup de cœur » de 2017, on retiendra Elix/Wikimédia, qui se bat pour l’intégration de la langue des signes française sur des sites comme Wikipédia.

* L’appel à projets 2018 est ouvert, les dossiers peuvent être déposés jusqu’au mois de mai.Pour plus d’infos : Fondation-afnic.fr.

UN MOTEUR DE RECHERCHE SOLIDAIRETrois ans après son lancement, le moteur de recherche Lilo (« générosité » en haïtien) prouve que son ambition de solidarité était réalisable et que son modèle est viable, même face à Google, le mastodonte indétrônable. Le principe est simple : pour chaque recherche, l’internaute génère des « gouttes », converties ensuite en argent et reversées à des porteurs de projet. Au mois de mars 2018, la start-up française a collecté 683 298 euros au total, avec lesquels elle va pouvoir soutenir des projets sociaux ou envi-ronnementaux. Ses deux fondateurs ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin : ils ont déjà ouvert de nouveaux bureaux « Lilo » en Italie et en Espagne et espèrent dépasser bientôt le million d’utilisateurs mensuels.

Pour plus d’infos : www.lilo.org.

Page réalisée par Vincent Portois

Accompagner les entrepreneurs de l’ESSHubESS est une plateforme numérique lancée par la Caisse des dépôts et animée par l’Avise, le portail du développement de l’ESS, et, selon ces deux structures, elle constitue « le premier volet d’un projet d’envergure ». Elle vise en effet à soutenir tous les entrepreneurs de l’ESS qui souhaitent changer d’échelle, chacun des projets trouvant « une solution d’accompa-gnement adaptée, adossée à un fonds d’ingé-nierie public-privé dédié (en expérimenta-tion) ». HubESS permet principalement de gagner en visibilité, notamment grâce à un outil de diagnostic qui identifie « la (les) solu-tion(s) d’accompagnement la (les) plus perti-nente(s) au regard des besoins et de la situation du projet ».La plateforme propose par ailleurs un annuaire de tous les acteurs de l’accompagnement, parmi lesquels l’Adress, les Cress, le disposi-tif local d’accompagnement ou le laboratoire d’innovation citoyenne Pro Bono Lab. On peut aussi faire une recherche précise selon son étape d’accompagnement ou son statut.

Pour plus d’infos : Hubess.fr.

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C ertes, les propos du président Erdogan sur le système de santé turc

méritent d’être contextualisés, mais, selon l’étude annuelle sur la qualité de vie publiée dans la revue The Lancet, la Turquie se trouvait en 2017 parmi les pays ayant le plus progressé en termes de qualité de soins. Elle aurait même dépassé les objectifs fixés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), notam-ment pour l’espérance de vie, qui atteint désormais 78 ans, et le taux de mortalité infantile, qui a chuté à 10,7 (chiffres OCDE, 2015).Considéré comme un pays en pleine consolidation, la Turquie souhaite, selon le célèbre média turc Trt, dispo-ser d’un système de soins de très haut niveau avant 2023, année du cente-naire de la République turque. Lors de l’inauguration de l’hôpital de ville de Mersin, en plus de comparer les normes de qualité de soins à celles des autres pays du monde, le président avait dressé un bilan de son action dans ce domaine depuis ses débuts, en tant que Premier ministre en 2003, soulignant qu’à l’époque « vous trou-viez des hôpitaux sans docteurs ; vous trouviez des docteurs, mais pas de matériel médical. Vous ne pouviez pas faire de radiographie

ni obtenir les médicaments qu’il faut. Les pharmacies n’avaient pas les médicaments dont vous aviez besoin. Avant, vous entriez dans un hôpital en bonne santé, vous en ressortiez malades ». L’un des plus grands chantiers entrepris depuis concerne les urgences, que présen-tait en ces termes le nouveau média indépendant Red’Action, un nouveau regard sur la Turquie : « La muta-tion des services d’urgences en Turquie s’accompagne de chan-gements profondément radicaux. Outre le fait que ces services devront se trouver non loin d’accès routiers principaux, c’est la mise en place de spécialités de garde associées qui devrait entrouvrir les portes d’un accès optimal aux soins. »

Accès simplifi é à des soins gratuitsMême si l’opacité des informations demeure et qu’être journaliste dans ce pays n’est pas chose aisée selon Amnesty International, on veut croire aux progrès apportés par le Programme de transformation dans le domaine de la santé, lancé il y a main-tenant quinze ans. Parmi ces actions : l’éclosion d’un véritable parc hospita-lier dans la plupart des régions, offrant un accès plus simple aux soins gratuits

et un bon échange entre le médical et la chirurgie. Selon le Centre des liai-sons européennes et internationales de Sécurité sociale (Cleiss), l’Assu rance maladie universelle (AMU) permet aux travailleurs ainsi qu’aux plus jeunes et aux chômeurs de béné� cier de la prise « en charge des soins de santé [nécessaires] et sert des allo-cations journalières pendant les périodes d’incapacité temporaire. Des frais de déplacement peuvent également être pris en charge lorsque les soins ne peuvent pas être dispensés sur place », avec le soutien du SGK, l’orga nisme public de référence sous contrôle du ministère du Travail et de la Sécurité sociale. Beaucoup de cliniques privées sont présentes sur le territoire et jouissent d’une meilleure image que la méde-cine publique en termes de qualité de soins. Mais, toujours dans le privé, un médecin généraliste propose des tarifs avoisinant 80 euros et il faut compter plus de 100 euros pour une consul-tation chez un spécialiste. L’aide du SGK permet de ne régler qu’un reste à charge. Sinon, une consultation dans le public restera toujours moins chère, mais elle sera aussi de qualité moindre. ● JEAN-MICHEL GÉNÉREUX

Sources : Diplomatie française, The Lancet, Amnesty International, Cleiss, Red’Action, Trt.

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Le président Recep Tayyip Erdogan, qui tient son pays d’une main de fer, affirme qu’en Turquie « le système de santé est meilleur que celui des Européens ou des Américains ». Se soigner dans de bonnes conditions serait en effet bien plus simple qu’il y a quinze ans.

Turquie : en constante progression

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Hausse de la pénurie de médicaments en 2017D’après l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), 530 médicaments étaient en rupture de stock en 2017, soit 30 % de plus qu’en 2016. Parmi ceux-ci, de nombreux produits d’intérêt thérapeutique majeur : des vaccins, des traitements pour les maladies du système nerveux, comme l’épilepsie ou la maladie de Parkinson, et des anticancéreux. Plusieurs phénomènes peuvent expliquer ces pénuries : une défaillance du système de production (retard de fabrication, panne d’équipement, perte de savoir-faire), un manque de matière première ou, tout simplement, une production très inférieure à la demande. Pour l’ANSM, la situation, qui empire d’année en année et concerne toute l’Europe et l’Amérique du Nord, est la conséquence « des nouvelles stratégies industrielles de rationalisation des coûts de production qui conduisent les laboratoires à produire en � ux tendu » – autrement dit, la mondialisation des chaînes de production et leur délocalisation à l’étranger.

250 millions d’euros supplémentaires pour les établissements de santé

La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé récemment le reversement de 250 millions d’euros supplémentaires aux cliniques et hôpitaux publics et privés. Une décision rendue possible par le fait que les dépenses d’assurance mala-

die ont moins progressé en 2017 que ce que prévoyait l’objectif national des dépenses de santé (Ondam) voté dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale. Dans le détail, « 200 millions d’euros seront répartis entre l’ensemble des établissements de santé en fonction de leur activité et 50 millions d’euros seront consacrés à des aides en trésorerie pour des établissements en diff iculté », précise le ministère dans un communiqué. Les établisse-ments de santé avaient déjà bénéfi cié à l’automne d’un reversement partiel, à hauteur de 150 millions d’euros, des montants mis en réserve en début d’exercice pour garantir le respect de l’Ondam. « Avec le versement complémentaire de 250 millions d’euros décidé aujourd’hui, c’est la totalité des montants mis en réserve dans le champ des établisse-ments de santé qui est reversée », ajoute le ministère.

Chute inquiétante du nombre de gynécologues médicauxSelon une enquête publiée fi n 2017 par Le Monde, le nombre de gynécologues médicaux (c’est-à-dire hors obstétriciens) aurait chuté de 41,6 % en dix ans. Cette baisse serait due « à la décision des pouvoirs publics de ne plus en former entre 1987 et 2003 afi n de s’aligner sur les formations des autres pays européens ». Si aujourd’hui on forme chaque année une soixantaine de gyné-cologues, les effectifs restent insuffisants, notamment pour compenser les départs à la retraite. Conséquence : ils ne seraient plus que 1 136 pour assurer la santé de 28 millions de femmes âgées de plus de 16 ans. Une pénurie qui touche à la fois les déserts médicaux et les zones les mieux dotées. Et si rien n’est fait, on ne compterait plus, d’après les projections de l’Ordre des médecins, que 531 gynécologues médicaux en 2025.

LE CHIFFREdes Français estiment que le système de santé est d’« excellente qualité »,

selon le baromètre MGEN-Solidaris « Confi ance et bien-être 2018 ». La question des déserts médicaux et les diff icultés d’accès aux médecins spécialistes continuent toutefois de les inquiéter, et « 57 % dénoncent aussi l’attente pour être admis à l’hôpital », précise la MGEN dans un communiqué. L’accès aux médicaments prescrits leur apparaît en outre de plus en plus problématique, de même que l’accès aux médecins généralistes. Un autre sondage, réalisé récemment par Le Généraliste, nous apprend d’ailleurs que 53 % des généralistes refuseraient désormais de devenir le médecin traitant de nouveaux patients.

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EN T R E T I E N

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Mutualistes. – On parle beaucoup de la pleine conscience et de son utilité pour mieux profiter des petits moments agréables qui font notre quotidien. Mais selon vous, le bonheur n’est pas seulement une question d’appréciation de l’instant présent : on peut aussi s’appuyer sur ses souvenirs pour être heureux…Yves-Alexandre Thalmann. – Imaginez que quelqu’un vous offre la possibilité de vivre unique-ment des émotions agréables en toute conscience, mais sans aucune mémoire : vous ne seriez pas d’accord ! L’éternel présent n’est pas complet : on tient quand même à pouvoir se rappeler ce qu’on a vécu. S’il est vrai que la pleine conscience et la méditation font partie des dimensions du bonheur qui nous amènent à apprécier davantage notre existence, elles peuvent aussi donner à certaines personnes l’idée qu’elles sont passées à côté de quelque chose, qu’elles auraient pu profiter davantage de nombreux moments de leur vie. Même si ces moments étaient joyeux, elles n’ont pas pu les investir parce qu’elles étaient soucieuses, stressées… Bref, leur attention n’y était pas. Or tout n’est pas perdu pour autant : on peut très bien savourer les bons moments après coup, en se les remémorant.

Concrètement, comment utiliser cette mémoire pour être plus heureux ?D’abord, il faut en comprendre le fonctionne-ment. Beaucoup ont encore l’image de la mémoire comme une sorte d’enregistreur, un disque dur ou un appareil photo. On pense que nos souvenirs sont figés et qu’ils correspondent exactement

à ce qui s’est passé. Les recherches menées depuis des dizaines d’années nous montrent qu’en réalité notre mémoire est reconstructive et que les souvenirs sont malléables. Je crois que c’est ça, l’idée principale : les souvenirs se modifient avec le temps et avec notre activité cérébrale. Par exemple, j’ai de très bons souve-nirs de mes dernières vacances passées avec mon ou ma partenaire, tout était parfait. Si trois mois plus tard j’apprends qu’il ou elle m’était infidèle à ce moment-là, qu’il ou elle échangeait des messages avec une autre personne, mes souvenirs deviendront mauvais. La mémoire peut aussi faire le travail inverse : un souvenir qui n’était pas très bon peut le devenir grâce à une information reçue après coup. En fonction des connaissances acquises, mais aussi de notre humeur, de l’évolution de nos valeurs et de la façon dont nous voyons le monde, la mémoire modifie nos souvenirs. On peut donc commencer par se remémorer ses bons souvenirs, notamment pour les consolider.

Comment un événement passé peut-il encore générer du bonheur dans le présent ?Quand on se remémore un souvenir joyeux, on vit des émotions agréables, et ça, c’est déjà du bonheur. Par exemple, je me souviens de mes vacances, qui étaient excellentes. On va dire de façon chiffrée qu’elles m’ont apporté cent unités de bonheur. A chaque fois que je vais y repenser, de belles émotions seront au rendez-vous et de nouvelles unités de bonheur vont s’ajouter. Et le calcul ne s’arrête pas là, parce que j’ai très bien pu, avant de partir en vacances,

La mémoire et l’imagination comme outils du bonheur

QUESTIONS À Yves-Alexandre Thalmann, professeur de psychologie

A l’heure où l’on présente la pleine conscience et la méditation comme l’une des voies d’accès privilégiées au bonheur, le psychologue Yves-Alexandre Thalmann nous explique, dans son dernier livre, qu’il existe des chemins complémentaires : ceux de la mémoire, des souvenirs et de l’imagination.

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avoir anticipé les bons moments que je m’apprê-tais à vivre, et là encore, ce sont des unités de bonheur supplémentaires. Finalement, aux cent unités de bonheur vécues sur place, je peux en ajouter vingt avant l’événement et disons plus d’une centaine après. Notre mental a cette force de pouvoir se découpler du moment présent pour nous faire voyager dans le temps et dans nos souvenirs heureux. On le voit très bien avec les personnes âgées qui éprouvent beaucoup de plai-sir à se remémorer les événements agréables de leur vie. Dans ce sens-là, ce n’est pas une fuite, au contraire : c’est un investissement de bonheur.

N’y a-t-il pas là un risque sombrer dans la nostalgie ?C’est moins le souvenir en lui-même qui est porteur de nostalgie que le regard que l’on y porte. Celui-ci peut être triste parce que l’on y voit surtout une perte irrémédiable, mais il peut aussi être très gai. On peut choisir de se dire : « J’ai eu de la chance de vivre cela. » Prendre conscience d’avoir vécu de bons moments et considérer cela comme une chance permet également de ressentir de la reconnaissance et de la joie. Il ne s’agit pas de comparer nos bons souvenirs au présent, mais de les évoquer pour en dégager encore des effluves de bonheur. A nous de décider, par exemple, si nous préférons être tristes à l’évocation d’un amour passé ou satisfaits d’avoir aimé et d’avoir été aimés.

Vous encouragez également vos lecteurs à multiplier les occasions de se construire de bons souvenirs…Notre mémoire enregistre surtout les événe-ments qui sortent de l’ordinaire et sont porteurs d’émotions. Ce point est intéressant parce qu’il nous permet de comprendre pourquoi, avec l’âge, on a l’impression que le temps passe plus vite. Les personnes plus ou moins âgées ont tendance à dire : « Comme le temps passe, je n’ai pas vu la dernière année tellement c’était rapide ! », alors que ce n’est pas du tout le cas des plus jeunes. Pourtant, que l’on ait 7, 17 ou 77 ans, une heure reste une heure. Mais si j’ai 7 ans, je vis beau-coup de choses surprenantes, nouvelles et liées

On a toujours une seconde chance d’être heureux, d’Yves-Alexandre Thalmann. Odile Jacob (160 pages, 16,90 euros).

à des émotions, ce qui fait que ma mémoire enre-gistre de nombreux événements. Par contre, ce que je vis à l’âge adulte est surtout de la routine, c’est sensiblement la même chose d’un jour à l’autre : mon travail, mes soirées, mes loisirs… Ma mémoire enregistre donc moins d’événements, or elle ne retient pas la durée : c’est le nombre d’événements enregistrés qui nous dit si le temps a passé vite ou pas. Par conséquent, pour vivre plus d’instants heureux et enregistrer davantage de bons souvenirs que l’on pourra se remémorer à loisir, il faut s’exposer à des situations nouvelles, s’extraire de son petit confort quotidien. Cela aura le mérite à la fois de nous faire vivre de beaux instants et d’enrichir notre mémoire.

Vous dites que l’on peut choisir d’enjo-liver ses souvenirs. N’est-ce pas se mentir à soi-même ?Notre mémoire nous trompe, alors autant qu’elle le fasse bien ! Elle enregistre des infor-mations qui sont la plupart du temps lacunaires, et c’est notre imagination qui vient combler les trous de façon automatique, sans que l’on s’en rende compte. L’idée, c’est que l’on peut parfaitement conscientiser ce mécanisme et l’utiliser à dessein. On peut choisir de gérer ses souvenirs un peu comme des photos dans un album. Prenez un mariage, par exemple : le photographe prendra entre trois et cinq cents clichés pendant l’événement et n’en imprimera qu’une cinquantaine. Le résultat ne reflétera pas du tout l’événement de façon objective. C’est une sélection qui va dans le sens des plus beaux moments que l’on aimerait garder. On ne conserve pas la photo de la mariée avec son maquillage qui coule ou celle du marié avec sa chemise froissée de fin de soirée. Pourtant, ces images font aussi partie du lot, mais ce ne sont pas celles dont on a envie de se souvenir. Il ne s’agit pas du tout de se mentir à soi-même, mais d’utiliser de façon consciente les méca-nismes de la mémoire pour aller dans le sens de l’appréciation et du bonheur. On ne nie pas le négatif, on donne simplement plus d’attention aux éléments positifs. ●

Propos recueillis par Delphine Delarue

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aux contraintes professionnelles de hautes exigences d’ordre privé, comme vouloir gérer une vie familiale de qualité, entretenir des relations sociales épanouissantes ou avoir des activités culturelles enrichissantes.

Tous les milieux professionnels concernésSi la consommation de substances psychoactives concerne généralement les postes soumis à un stress élevé, tous les milieux professionnels sont touchés. « Le recours aux produits concerne surtout les organisations de travail où les collectifs ne produisent pas ou plus de régula-tions sociales suf� santes, constate Gladys Lutz. Là où les dé� s de l’entreprise empêchent toute renormalisation collective du travail, le salarié est isolé et contraint à puiser en lui sans limite pour trouver les ressources nécessaires à sa tâche. » La prévention des conduites addictives en milieu profes-sionnel a constitué l’une des priorités du Plan de lutte gouvernemental contre les drogues pour 2013-2017. Face à l’ampleur du phénomène, cette thématique � gure égale-ment parmi les actions prioritaires du troisième Plan santé-travail (2016-2020). Plusieurs initiatives ont été mises en œuvre, comme la création d’un portail addictions et travail (Addictaide.fr), l’expérimentation de nouvelles stratégies de prévention territoriales avec l’Agence natio-nale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) ou encore le développement de la formation des médecins et in� rmiers de santé au travail. Autant de démarches conduites avec l’idée que la prévention ne peut plus être traitée uniquement sous l’angle du dépistage et de la sécurité. « Les organisations du travail doivent elles aussi se remettre en question, même si en apparence tout va bien puisque l’usage de psychotropes contribue à la production et à la performance des salariés », conclut Gladys Lutz. ● DELPHINE DELARUE

Boire un verre en rentrant du bureau histoire de décompresser, fumer une cigarette après une réunion éprouvante ou prendre un anxio-

lytique avant une présentation stressante : de plus en plus de Français consomment des produits psychoactifs pour gérer leur cadence de travail, surmonter un con� it avec un collègue ou améliorer leurs performances. D’après la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), plus de 20 millions d’actifs sont concernés. « Pour certains produits tels que le tabac et les médicaments psychotropes (anxiolytiques et somnifères, NDLR), les taux sont supérieurs à la prévalence observée dans la population générale », précise-t-elle. Même constat concernant l’alcool : selon des chiffres de novembre 2017, « 18,6 % des actifs occupés ont eu un épisode d’alcoolisation ponctuelle importante dans le mois, contre 17 % des Français ». Parallèlement, on relève une forte évolution de la consommation de cannabis (9 % des travailleurs en 2014, contre 6,5 % en 2010) et de cocaïne (0,8 % en 2014, contre 0,5 % en 2005).

Intensifi cation et individualisationPour les actifs concernés, « l’usage de produits, c’est le gros coup de pouce qui vient pallier l’intensi� cation du travail, l’individualisation des performances et l’optimisation productive, explique Gladys Lutz, docteur en psychologie du travail et présidente de l’Additra (asso-ciation Addictologie et Travail). Les tensions mentales et physiques augmentent et les consommations aident à les amortir. Le produit est un outil ef� cace, au moins un temps, d’adaptation des professionnels à leur situation de travail ».Le risque de consommer est d’autant plus élevé que la personne présente une vulnérabilité préexistante. Le danger s’accroît également lorsque l’on ajoute

Se doper pour « tenir » au travailSelon la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), les Français sont de plus en plus nombreux à recourir aux substances psycho-actives pour gérer leurs contraintes professionnelles.

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On en parle de plus en plus : la lumière bleue soulève de nombreuses questions, notam-ment au sujet des risques qu’elle ferait peser sur notre santé. Faut-il s’en protéger et, si oui, comment ?

Lumière bleue : quels dangers pour nos yeux ?

La lumière bleue est émise par le soleil, mais aussi par les sources lumineuses artificielles, comme les ampoules led, les écrans de télévision, les

ordinateurs, les tablettes et les smartphones. « Elle fait partie du spectre lumineux perçu par nos yeux, explique le professeur Gilles Renard, directeur scienti-fique de la Société française d’ophtalmologie (SFO) et spécialiste de la lumière bleue. Ce spectre est constitué de bandes de différentes couleurs, dont le bleu, qui s’étend du bleu turquoise au bleu violet proche de l’ultraviolet (UV). »Selon une étude de Santé publique France publiée en 2017, la durée quotidienne moyenne passée devant un écran a augmenté ces dix dernières années. Alors qu’en 2006 53 % des adultes déclaraient passer trois heures ou plus par jour devant un écran en dehors du travail, ils étaient 80 % en 2015. De même, chez les 15-17 ans, le temps quotidien passé devant un écran a augmenté en moyenne de près de deux heures entre 2006 et 2015.

Des effets à court et à long termeOr cette surexposition n’est pas sans conséquences. « Tout comme les UV, la lumière bleue provoque une perturbation du filtre lacrymal qui peut engendrer une gêne, des picotements, une sécheresse oculaire, voire des douleurs, indique le professeur. Ces symp-tômes sont généralement temporaires et s’atténuent dès que l’on met ses yeux au repos. » D’autres effets, plus inquiétants, se révèlent à long terme : « La lumière bleue altère la rétine, avec les mêmes répercussions que la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). »

Cette maladie, qui se traduit par une perte progressive de la vision centrale, est la première cause de cécité chez les seniors. Le fait que la lumière bleue soit un facteur de risque de cataracte (une opacification partielle ou totale du cristallin) n’est en revanche « pas clairement démontré », ajoute l’ophtalmologiste.Par ailleurs, la lumière bleue inhibe la production de méla-tonine, l’hormone du sommeil, et aide ainsi à maintenir l’état d’éveil. Une action qui se révèle problématique à l’heure du coucher, quand il devient difficile de s’endormir et que le sommeil est perturbé.

Limiter la durée d’expositionPour se protéger des méfaits de la lumière bleue, plusieurs solutions existent. « Comme on met de la crème solaire l’été sur la plage, on doit porter des lunettes de soleil lorsque l’on est à l’extérieur, conseille le professeur. Il ne faut cependant pas choisir des verres teintés en bleu, qui ne filtrent justement pas la lumière bleue. » A  l’ intérieur de la maison, mieux vaut opter pour des ampoules led blanc chaud, avec une température de couleur de 2 700 à 3 000 kelvins, qui contient moins de bleu. Enfin, devant les écrans, la distance et la durée d’exposition jouent un rôle important. « Plus on est loin, moins l’œil reçoit de lumière, précise Gilles Renard. Il ne faut pas passer plus d’une heure devant son smartphone, par exemple, et pas plus de dix minutes avec un casque de réalité virtuelle, car l’écran est vraiment très proche des yeux. Quand on travaille sur ordinateur, il est conseillé de faire des pauses de cinq minutes toutes les heures et de baisser le plus possible la luminosité de l’écran. »Des lunettes anti-lumière bleue sont désormais proposées par les opticiens, mais « elles ont seulement une effica-cité partielle, puisqu’elles ne filtrent que 20 à 30 % de la lumière bleue », souligne le professeur Renard, qui conclut : « On ne peut pas retirer tout le bleu d’une image sans l’altérer. Sans bleu, elle nous paraîtrait plus fade, moins belle… » ● Léa Vandeputte

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un stockage anormal de triglycérides dans le foie. Elle peut évoluer en une forme agressive, la NASH (pour non alcoholic steatohepatitis, ou stéatose hépatique non alcoolique), qui ajoute à ces dépôts graisseux une inflammation et peut mener à la cirrhose ou au cancer du foie. Associée au syndrome métabolique (surpoids, diabète, hypertension artérielle, excès de cholestérol et de triglycérides), cette stéatose est devenue, aux Etats-Unis, la deuxième cause de transplantation hépatique. Autant dire que ses conséquences sont graves, voire dramatiques.

On ne fait pas n’importe quoiLa mode est actuellement à la détox censée « purifier » le foie. De la cure de jus à celle de bouillons ou d’herbes, de l’alimentation « tout légumes » à la « mono-diète », aucune de ces pratiques ne s’appuie sur des arguments scienti� ques et toutes sont réfutées par les spécialistes. Certains aliments réputés pour « nettoyer » le foie, comme le radis noir ou l’ arti-chaut, ne sont en réalité d’aucun effet sur celui-ci, n’agissant que sur la diges-tion. Pour que cet organe fonctionne bien et accomplisse sereinement son travail d’épuration, il suf� t qu’il soit en bonne santé, et nul n’est besoin de « détox ». A� n de prévenir son engor-gement par les graisses, il faut adopter

Organe le plus volumi-neux du corps (1,5 kilo environ) et l’un des

plus vascularisés (il est traversé par 1,4 litre de sang chaque minute), le foie a pour rôle majeur la détoxi� ca-tion du sang issu de l’estomac, des intestins, de la rate et du pancréas. Il l’épure des toxines, des bactéries et des substances médicamenteuses (transformées en urée, elle-même éliminée par les reins), avant de le renvoyer vers le cœur. Il participe également à la formation de la bile et au métabolisme des sucres et des graisses, il maintient la glycémie, assure la majeure partie de la synthèse des protéines et stocke les vitamines… Au total, plus de trois cents missions clés accomplies par cet organe à la fois résistant et discret, car il fait peu parler de lui.

De plus en plus souvent maladePourtant, il reste fragile. Depuis près de vingt ans, les spécialistes voient avec inquiétude émerger une nouvelle maladie, la NAFLD (pour non alcoholic fatty liver disease, ou « maladie du foie gras non alcoo-lique », dite également « maladie du soda » aux Etats-Unis). Touchant déjà 10 à 20 % des Français, cette affection est liée à une surconsom-mation de graisses et de sucres (doublée de sédentarité) qui entraîne

Aux petits soins avec son foieSouvent négligé, le foie est pourtant un organe clé de la détoxification et plus généralement de la santé. On en redécouvre – enfin – l’utilité.

un régime alimentaire de type médi-terranéen : riche en légumes, fruits, céréales complètes et légumineuses, en bonnes graisses (oléagineux, huile d’olive), en poisson et en viande, et pauvre en sucres (choisis de faible index glycémique). En effet, les subs-tances phytochimiques des végétaux protègent le foie, tout comme les bons acides gras, les � bres et les probio-tiques. A proscrire, en revanche : les sucres, l’alcool (il faut rester à moins d’un verre par jour pour les femmes et deux pour les hommes), les mauvaises graisses dites trans (fritures, pâtisse-ries industrielles), les excès de sel et les aliments raf� nés. Si l’on y ajoute la pratique d’exercice physique, c’est le meilleur moyen de traiter son foie « comme un roi » et de le protéger durablement pour qu’il continue de ne pas se faire entendre. ●

ISABELLE DELALEU

Pour en savoir plus :• Je dépollue mon foie, par Kristin Kirkpatrick et le docteur Ibrahim Hanouneh (Marabout, 352 pages, 19,90 euros). Un guide pratique sur la NAFLD, comment s’en proté-ger, mais aussi comment se soigner, avec recettes et conseils.• La crise de foie n’existe pas : comment protéger son foie, véritable usine du corps, du professeur Didier Samuel (Marabout, 224 pages, 17,90 euros). Un ouvrage « de pro » très accessible, qui fait le point sur les nouvelles maladies et les progrès en hépa-tologie, en particulier la transplantation.

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FO R M E E T B I E N - Ê T R E

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Véritable concentré d’oligoléments et d’antioxydants bénéfiques pour la santé, les algues sont devenues les nouvelles stars de nos assiettes. Et en plus, elles sont faciles à cuisiner.

Et si on mangeait des algues ?

Qu’elles soient brunes, vertes ou rouges, les algues sont des trésors nutritionnels. Peu caloriques (environ 200 kcal pour 100 g), les

macro-algues (dulse, laitue de mer, wakamé, haricots de mer, nori…) regorgent de vitamines et de sels minéraux nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme : du magnésium, aux vertus antistress (10 g de laitue de mer séchée en fournissent 278 mg, soit plus de la moitié des recommandations journalières), du potassium, essentiel au bon fonctionnement des nerfs et des muscles, du phosphore et du calcium. « Elles renferment également de puissants antioxydants, les caroténoïdes et les polyphénols, qui aident à lutter contre le vieillissement cellulaire, les maladies cardiovasculaires et certains cancers, comme ceux du sein et du côlon », souligne Sibylle Naud, diété-ticienne aux Sables-d’Olonne*. Autre atout : leur richesse en fibres (3,5 g dans 10 g de nori séchée), lesquelles faci-litent le transit intestinal et induisent une sensation de satiété qui limite les grignotages entre les repas. La spiruline et la chlorelle, deux microalgues, sont également intéressantes pour leur richesse en protéines.

A limiter chez certains maladesCertaines algues marines sont particulièrement concen-trées en iode (32 500 µg pour 100 g de dulse et 486 000 µg pour 100 g de kombu breton, sous leur forme séchée) et doivent donc être consommées avec parcimonie par les personnes souffrant de troubles thyroïdiens. « On peut aussi les blanchir une minute dans de l’eau bouillante pour en diminuer la teneur ou se tourner vers les microalgues, qui, cultivées en eau douce, sont exemptes de cet oligoélément », précise Hélène Marfaing, ingénieure agroalimentaire,

chef de projet au Centre d’étude et de valorisation des algues (Ceva). La consommation d’algues est également à éviter si l’on est sous traitement anticoagulant, en raison de leur teneur en vitamine K, ou si l’on présente une hypertension artérielle (100 g d’algues séchées apportent en moyenne 4 g de sel).

Pour varier les saveursIl existe de multiples façons de cuisiner les algues. On peut en parsemer une omelette ou une soupe, les mélanger à des rillettes de poisson pour en rehausser le goût ou encore les déguster fraîches dans une poêlée de légumes. Elles se préparent aussi en tartare ou en chips.

En consommer une ou deux fois par semaine permet de varier les saveurs en apportant

une touche colorée à son assiette.Désormais, il est facile de trouver des algues dans les magasins bio ou de produits diététiques, sous forme déshy-dratée (séchée en morceaux ou en pail-lettes) ou même fraîches, conservées

dans du sel (à rincer avant préparation). Bien sûr, il est exclu d’en faire la cueillette

en milieu naturel et encore moins sur la plage, pour des raisons de sécurité sanitaire. Il existe en

effet un risque de contamination, notamment aux métaux lourds, dans certaines régions maritimes. Par ailleurs, leur récolte est très réglementée et nécessite l’obtention d’une licence. ● Sylvie Boistard

* Fondatrice du site Dietetique-des-sables.net.

Spiruline : mise en garde de l’AnsesA la suite de plusieurs signalements d’effets indésirables, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) met en garde les consommateurs de compléments alimentaires contenant de la spiruline : ces produits peuvent être contaminés par des cyanotoxines, des bactéries ou des traces de plomb, de mercure et d’arsenic. L’Anses leur recommande de privilégier les circuits d’approvisionnement contrôlés, en conformité avec la réglementation fran-çaise, pour lesquels il existe une traçabilité et une identification du producteur.

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Transpiration excessive : quelles solutions ?

Transpirer est un phénomène naturel qui permet de maintenir la température corpo-relle à 37 °C. La thermorégulation est gérée

dans le cerveau, au niveau du système nerveux, lequel active la sudation lorsqu’il fait trop chaud, pendant un exercice physique ou à l’occasion d’une vive émotion. Mais parfois, sans que l’on sache bien pourquoi, ce système se dérègle : on transpire plus qu’il ne faut des mains, des pieds, du dos ou des aisselles. On parle alors d’hyperhidrose.

Antitranspirants et ionophorèseLorsque le phénomène s’étend à l’ensemble du corps, deux médicaments sont préconisés pour réduire la transpi-ration : l’oxybutynine ou le propranolol, à prendre par voie orale (sur prescription).Pour les formes localisées (mains, pieds, aisselles), il existe plusieurs possibilités de traitement. Les produits antitranspirants régulent l’hypersudation en bouchant les pores de la peau (contrairement aux déodorants, qui, eux, n’empêchent pas la sueur, mais l’absorbent et masquent les mauvaises odeurs). Les plus ef� caces sont à base de sels d’aluminium. Ceux que l’on trouve en pharmacie ou en parapharmacie sont plus concentrés (jusqu’à 5 % de sels d’aluminium, au lieu de 2 % pour les produits vendus en grande surface), mais ils peuvent être très irritants pour les peaux les plus sensibles. « Dans ce cas, on les utilise un jour sur deux ou on nettoie la peau au bout de douze heures, et le week-end on opte pour un déodorant peaux sensibles sans sels d’aluminium », conseille le docteur Nina Roos*, dermatologue à Paris. On peut aussi recourir aux produits naturels à base de pierre

d’alun (exempts de sels d’aluminium), à humidi� er avant de les appliquer sur la peau, ou à des plantes médicinales comme la sauge et le thym, à utiliser en décoction pour un bain de pieds ou de mains.Lorsque cela ne suf� t pas, une autre solution, baptisée ionophorèse, consiste à immerger les mains, les pieds et éventuellement les aisselles dans un bain d’eau où passe un courant électrique, ce qui a pour effet de diminuer la sécrétion des glandes sudoripares. Cette technique, sans danger et bien tolérée, nécessite deux ou trois séances de dix minutes par semaine durant deux mois, à renouveler environ tous les trois mois pour obtenir un effet permanent. Elle peut se pratiquer chez un kinésithérapeute ou même à la maison, mais il faut savoir que les appareils à ionophorèse sont assez chers (entre 150 et 400 euros).

Toxine botulique et chirurgieInitialement connue comme paralysant musculaire, la toxine botulique diminue également les sécrétions de sueur et se révèle très ef� cace pour combattre la transpi-ration excessive localisée. « Le dermatologue applique une crème anesthésiante sur la peau, puis il réalise plusieurs micro-injections de toxine pour tapisser l’ ensemble de la paume des mains, de la plante des pieds ou des aisselles, explique le docteur Roos. Ce produit ne provoque aucun effet secondaire et les résultats sont constatés quatre à cinq jours après la séance. » Seul bémol, son coût : il faut compter en moyenne 500 euros la séance (non remboursée par la Sécurité sociale), à renouveler tous les six mois.En dernier recours, la solution chirurgicale consiste à sectionner le nerf sympathique (au niveau du thorax), à l’origine des problèmes d’hypersudation. Cette interven-tion est toutefois de moins en moins proposée en raison du risque d’effets secondaires. « Dans certains cas, con� rme la dermatologue, l’hyperhidrose se déplace à d’autres zones du corps et peut se révéler encore plus invalidante ». ● SYLVIE BOISTARD

* Auteure d’Une peau en pleine forme, paru chez Solar (160 pages, 6,90 euros).

Suer lorsqu’il fait chaud, c’est normal, mais quand la transpiration devient trop abondante, cela peut vite se révéler gênant. Il existe heureusement plusieurs méthodes pour la réguler.

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Entre ce que l’on croit savoir et la réalité, il y a parfois un monde, y compris dans le domaine intime de la fertilité. On fait le point sans tabou…

Cinq idées reçues sur la fertilité

C’est entre le quatorzième et le dix-septième jour du cycle qu’une femme est la plus fertileSi le cycle est de vingt-huit jours, le quatorzième jour est théoriquement celui de l’ovulation. Mais les femmes « réglées comme des horloges », avec des cycles stables de vingt-huit jours, ne sont pas si nombreuses : chez la plupart d’entre elles, ils sont plus courts, plus longs, irréguliers…, sans que cela soit inquiétant – c’est même la norme ! En réalité, la date d’ovulation se calcule rétro-spectivement à partir des règles. Cette « date clé » � xée au quatorzième jour n’est donc pas très � able, et elle ne doit surtout pas conduire à programmer ses rapports sexuels à cette période en vue d’une grossesse ou, à l’inverse, à ne pas adopter de contraception le reste du mois en croyant – à tort – ne pas courir de risque.

Avoir pris longtemps la pilule réduit les chances de grossesseLe recours prolongé à une contraception hormonale, de quelque nature qu’elle soit (pilule, mais aussi implant ou DIU hormonal), n’in� ue absolument pas sur le capital fertilité. En revanche, à l’arrêt de cette contraception, il faut à certaines femmes un peu de temps (de trois à six mois) pour retrouver leur cycle naturel (qui sera tout aussi court ou long ou irrégulier qu’il l’était avant la contracep-tion), ce qui peut retarder d’autant une grossesse.

Certaines positions facilitent la conceptionAucune étude n’a réussi à prouver ce qui n’est � nalement qu’un mythe : adopter une position particulière pendant l’amour (c’est souvent la levrette qui est citée dans ce contexte) ou faire les pieds au mur juste après n’augmente pas les chances d’être enceinte. Le plus simple, quand on souhaite concevoir un enfant, c’est d’avoir deux ou trois

rapports sexuels par semaine, dans les positions que l’on apprécie, et sans tenir compte des dates théoriques d’ovulation (lire le point 2).

On ne peut pas tomber enceinte quand on allaiteL’allaitement ne protège que théoriquement et il ne doit surtout pas être considéré comme un moyen de contracep-tion. En effet, s’il réduit la fécondité, il ne la bloque pas toujours, et cela dépend souvent de l’ intensité des tétées. Il est donc essentiel de s’occuper de sa contraception dès la sortie de la maternité, où une contraception tran-sitoire est le plus souvent proposée, avant d’effectuer la visite post-partum avec son gynécologue (autour de six à sept semaines après l’accouchement) pour mettre en place une méthode sûre et durable.

Tant que l’on n’est pas ménopausée, on peut avoir un enfantLa ménopause signe la � n des règles et, logiquement, l’impossibilité totale de grossesse. La fécondité de la femme chute toutefois bien avant : dès la quarantaine, il est souvent dif� cile de tomber enceinte, car non seule-ment on n’a plus que 6 % de chances de grossesse par cycle, mais le risque de fausse couche augmente. Cela dit, la possibilité d’être enceinte n’est pas nulle et il faut donc conserver une contraception jusqu’à 50 ans pour éviter une grossesse non désirée. Chaque année, environ 14 000 femmes de plus de 40 ans ont recours à l’IVG. ●

ISABELLE DELALEU

Merci au docteur Laurence Lév y-Dutel, gynécologue et endocrinologue, auteure d’Envie de bébé (124 pages, 13 euros) et coauteure de l’ouvrage Le grand livre de la fertilité (288 pages, 23,90 euros), parus tous deux aux éditions Eyrolles.

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Un nombre de suicides en baisse, mais encore élevéEntre 2003 et 2014, le taux de suicide a baissé de 26 % en France, rapporte l’Obser-vatoire national du suicide (ONS) dans un document publié en février. Derrière cette nouvelle encourageante se cache toute-fois une réalité plus sombre : la France présente l’un des taux les plus élevés en Europe. Alors que la moyenne est de 11,25 suicides pour 100 000 habitants dans l’UE, l’Hexagone aff iche un taux de 14,9. Il se place au dixième rang sur une liste de trente-deux pays, loin derrière les premiers que sont la Grèce et l’Italie (avec respectivement un taux de 4,98 et 6,32 suicides pour 100 000 habitants). Le centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a enregistré 8 885 décès par sui-cide en 2014, soit près de vingt-quatre par jour. C’est la deuxième cause de morta-lité après les accidents de circulation chez les 15-24 ans (16,2 % des décès dans cette tranche d’âge).

COSMÉTIQUES : UNE APPLI QUI TRAQUE LES SUBSTANCES À RISQUEL’association de consommateurs UFC-Que Choisir vient de lancer QuelCosmetic, une application gratuite qui per-met de faire la chasse aux perturbateurs endocriniens, allergènes et autres substances irritantes contenus dans de nombreux produits d’hygiène ou de beauté. Grâce à cette appli, il suf�t de scanner le code-barres d’un produit (dentifrice, déodorant, shampooing, crème, etc.) ou d’en taper le nom pour être immédiatement informé de la pré-sence de composés dangereux pour la santé, selon que l’on est une femme enceinte, un bébé, un enfant, un adoles-cent ou un adulte. Parmi déjà plus de 6 000 cosmétiques recensés dans la base de données, près de la moitié (46 %) recèlent des ingrédients indésirables… mais, bonne nouvelle, QuelCosmetic propose une liste alternative de produits sans substances nocives. Cette appli étant participative, les consommateurs sont aussi invités à enrichir la base de données.

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Les aliments ultra-transformés augmenteraient le risque de cancerOn savait que manger des produits transformés par l’industrie agro-alimentaire avait une incidence sur notre tour de taille. Aujourd’hui, des chercheurs associent la consommation d’aliments ultra- transformés (AUT) à un sur-risque de tumeur cancéreuse. Selon une étude menée pendant huit ans par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), l’Institut national de la recherche agro-nomique (Inra) et l’université Paris-XIII auprès des 104 980 participants de la cohorte NutriNet-Santé, accroître de 10 % sa consommation d’AUT élèverait de plus de 10 % le risque de développer un cancer, et notamment un cancer du sein. Même si ces résultats restent à con�r-mer par des études plus poussées, mieux vaut donc ne pas abuser des pains et brioches industriels, des barres chocolatées, des biscuits apé-ritifs, des nuggets, des soupes instantanées ou des plats préparés, qui non seulement sont riches en sucres et en graisses, mais contiennent aussi des colorants, des édulcorants, des émulsi�ants et autres additifs.

EN B R E F

des Français (soit 14 à 17 millions de personnes) souff rent ou ont déjà

souff ert d’acouphènes. C’est ce que révèle un sondage Ifop* réalisé pour la XXIe Journée nationale de l’audition (JNA), qui s’est déroulée le 8 mars 2018. Les acouphènes, caractérisés par la perception de siff lements ou de bourdonnements, peuvent provenir d’un traumatisme sonore, de certaines pathologies ou du vieillissement et sont parfois associés à une perte d’audition. Un test mené sur des personnes acouphéniques a d’ailleurs montré une baisse auditive chez 23 % d’entre elles. Des expositions répétées à des niveaux sonores élevés, comme l’écoute de musique amplifi ée au casque, sont mises en cause par l’association JNA. L’étude dévoile en eff et que les moins de 25 ans sont particulièrement touchés : ils sont deux fois plus nombreux que la moyenne des Français à avoir déjà ressenti des acouphènes (56 % des 15-17 ans et 49 % des 18-24 ans).

* « Acouphènes et hyperacousie, fléaux du XXIe siècle ? », sondage Ifop réalisé en ligne entre le 9 et le 12 février 2018 auprès de 1 003 Français âgés de 15 ans et plus.

28 % LE CHIFFRE

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Vivre avec la maladie de Parkinson

Avec plus de 200 000 personnes touchées en France, la maladie de Parkinson est l’affection neurodégénérative la plus fréquente après l’alzheimer. Elle évo-lue lentement, se manifeste parfois par des tremblements, mais surtout par des difficultés à effectuer des gestes et constitue ainsi une cause de handicap. Bien que l’on ne sache pas encore la guérir, il est possible d’en atténuer les symptômes grâce aux traitements pharmacologiques associés à des thérapies complémentaires comme la kinési thérapie ou l’orthophonie.

La maladie de Parkinson touche près de 2 % de la population âgée de plus de 65 ans, et l’on compte plus de 25 000 nouveaux cas chaque année. Chez une personne sur deux, elle se

déclare avant l’âge de 58 ans. Si les patients ont une espérance de vie normale, leur quotidien est gâché par des diffi-cultés physiques qui ont tendance à s’accroître avec le temps. Cette pathologie se carac-térise en effet par la destruction progres-sive des neurones qui produisent la dopa-mine, un neurotrans-met teu r i mpl iqué dans le contrôle des mouvements. Elle est généralement asympto-matique pendant plusieurs

années, et on la découvre lorsque le cerveau n’arrive plus à compenser le manque de sécré-tion de dopamine.

Déceler les premiers signes« Il y a parfois un tremblement, mais

souvent des difficultés pour accomplir certains gestes quotidiens, comme

boutonner sa chemise, faire un nœud de cravate ou se bros-

ser les cheveux, explique le professeur Philippe Damier, neurologue au CHU de Nantes et président du comité scien-tifique de France Parkinson. Au départ, il n’est pas rare que la gêne gestuelle soit faussement attribuée à un problème rhumatologique. » Pour poser le diagnostic, aucun examen radiologique ou biolo-gique n’est généralement néces-

saire : le neurologue s’appuie sur des symptômes moteurs, notam-

ment « une difficulté gestuelle

Dossier réalisé par Isabelle Coston

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42 ans C’EST L’ÂGE AUQUEL LE BOXEUR MOHAMED ALI A ÉTÉ DIAGNOSTIQUÉ PARKINSONIEN.

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des membres supérieurs ou inférieurs, par exemple une écriture devenue plus petite (on parle alors de micrographie, NDLR), une lenteur, une rigidité des membres. » Les signes sont le plus souvent asymétriques : un côté du corps est plus atteint que l’autre. Quant au tremblement parkinsonien, c’est un tremblement au repos, ce qui le distingue du tremblement essentiel, plus courant (300 000 cas). D’ailleurs, contrairement à une idée largement répandue, tous les parkinso-niens ne tremblent pas. « La maladie existe bien avant que les premiers symptômes moteurs ne se manifestent, précise Philippe Damier. Certains troubles du sommeil, comme des rêves agités, peuvent être présents chez des personnes qui vont développer la maladie des années plus tard. Il peut aussi y avoir une anosmie (baisse de la perception olfactive, NDLR) ou encore des problèmes de constipation. Ces symptômes prédiagnostiques ne sont toutefois pas spécifiques et ils sont loin d’être systématiques. » Une grande fatigue, des douleurs, voire une dépression peuvent également être des signes annonciateurs de la maladie. Aucun parkinsonien n’est semblable à un autre : les symptômes et l’évolution de la maladie sont très variables. La micrographie fait certes partie des premiers symptômes typiques, mais « comme la pathologie est souvent diagnostiquée bien après l’appa-rition de ce trouble, il est en général trop tard pour rééduquer, d’autant qu’il y a alors d’autres choses à travailler, constate Pauline Lorrain-Debrin, orthophoniste à Metz. Le patient peut en effet développer ensuite des troubles de la voix, avec une diminution de l’intensité vocale et des difficultés à articuler. C’est généralement son entourage qui s’aperçoit de ces diffi-cultés et qui l’alerte ».

Une cause encore méconnueLa cause de la maladie de Parkinson reste inconnue. Le professeur Damier évoque les facteurs génétiques « importants,

puisqu’une une seule mutation génétique suffit à entraîner la maladie dans 10 % des cas, ce qui est beaucoup plus que dans la maladie d’Alzheimer par exemple ». Si des causes génétiques sont avérées, « dans d’autres cas, des facteurs environne-mentaux peuvent être responsables. Les pesticides, notamment, pourraient être à l’origine de certaines maladies », ajoute le neurologue, mais, dans la grande majo-rité des cas, « il s’agit d’une interaction plus complexe entre des facteurs géné-tiques de prédisposition et des facteurs environnementaux, dont la plupart sont encore non identifiés ». La piste environne-mentale est toutefois prise très au sérieux. Un lien de causalité entre cette pathologie et l’usage de produits phytosanitaires a d’ail-leurs été clairement établi. Depuis 2012, le parkinson est reconnu comme maladie professionnelle chez les agriculteurs qui ont été exposés pendant plusieurs années aux pesticides.« Même si la cause réside plus certai-nement dans des facteurs génétiques et , surtout, environnementaux, il est cependant probable que des chocs violents, répétés, puissent favoriser la maladie, souligne Philippe Gros, kiné-sithérapeute-ostéopathe à Paris. De plus, le fait de subir des coups sur le crâne

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de façon répétée entraîne une perte de neurones, ce qui peut expliquer qu’elle se révèle plus tôt. » Et de citer l’exemple du boxeur Mohamed Ali, diagnostiqué parkinsonien alors qu’il n’avait que 42 ans. « Les traumatismes peuvent aussi agir comme un révélateur de la pathologie, qui est dans l’attente d’un facteur déclenchant, poursuit le kiné. Parmi mes patients, j’ai eu un jeune de 40 ans qui pratiquait le rugby et qui avait subi de nombreux chocs à la tête, et un autre chez qui la pathologie s’était révélée après avoir été renversé par une moto. »

Prendre en charge au plus tôtLes séances de kiné comme celles d’ortho-phonie sont données sur prescription médi-cale. Les mettre en place le plus tôt possible va permettre au patient d’apprendre à se connaître et à appréhender sa maladie. Le travail du kiné ne se limite pas aux massages pour diminuer les douleurs dues à la rigi-dité des muscles. Un programme spécifique, composé d’étirements et d’exercices muscu-laires de coordination, améliore la qualité de vie des patients et leur permet de « garder la plus grande autonomie pour toute activité de la vie journalière, en priorité pour la marche », assure Philippe Gros. Pauline Lorrain-Debrin s’accorde, elle aussi, sur les bénéfices, en termes de qualité de vie, d’une prise en charge précoce. « Malheureusement, on ne m’adresse souvent le patient qu’une fois qu’il a des troubles de la déglutition », regrette l’ortho-phoniste. Elle reçoit cependant des personnes de plus en plus jeunes : « Avant, c’étaient plutôt des retraités, qui avaient entre 60 et 75 ans, alors qu’aujourd’hui il y a des moins de 40 ans. Cela s’explique certai-nement par un diagnostic plus précoce, et il y a aussi beaucoup de gens qui

se renseignent sur Internet et demandent à consulter. Il y a généralement plus d’hommes, je vois très peu de femmes. » Que propose-t-elle aux patients ? « Pour ceux qui ont 40 ans, je fais d’abord un bilan, je ne commence pas tout de suite l’orthophonie. Je les alerte surtout sur les signes, afin qu’ils soient informés sur le développement du parkinson, car c’est une maladie qui se vit sur le long terme. »

Des médicaments pour supprimer les symptômesActuellement, il n’existe pas de traitement qui permette de guérir définitivement de cette maladie, mais « les médica-ments administrés pallient le manque

Cafés jeunes parkinson :mettre des mots sur les maux

D es Cafés jeunes parkinson, soutenus par l’association France Parkinson, ont vu le jour dans huit grandes villes pour aider les malades jeunes à sortir de l’isolement. A Caen, Christine

(diagnostiquée à 49 ans) et Marie-Hélène (à 55 ans) animent un vendredi soir par mois, avec deux membres du comité du Calvados, une réunion accueillant une quinzaine de personnes âgées de 32 à 60 ans, toutes atteintes de la maladie. « Nous retrouver nous permet de mettre des mots sur ce qui nous affecte », expliquent les deux béné-voles, qui ont par ailleurs suivi un stage de formation et d’écoute et qui débriefent chaque réunion avec un psychologue. « C’est une pathologie très compliquée, avec beaucoup de symptômes différents, qui impacte la vie professionnelle et peut également engendrer des problèmes de couple. On devient plus lent, on a soi-même du mal à se reconnaître et le conjoint, lui aussi, doit faire le deuil de celle ou de celui qu’il a connu », soulignent-elles, décrivant les tracas du quotidien : les difficultés rencontrées lorsque l’on a de jeunes enfants, les troubles de sommeil, les « nuits cauchemardes-ques », la fatigue, les douleurs… « Même si l’on n’a pas tous les mêmes symptômes, on se sent moins seul, on se donne des tuyaux. Beaucoup reviennent d’ailleurs en disant qu’ils ont enfin pu en parler à leur famille », constatent Christine et Marie-Hélène, qui grâce aux Cafés jeunes parkinson espèrent aussi changer le regard du public sur la maladie.

Pour plus d’infos : Franceparkinson.fr, onglet « Vivre avec la maladie », rubrique « Rompre l’isolement », puis « Les Cafés jeunes parkinson ».

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de dopamine, indique le professeur Damier, et font disparaître les symptômes, aidant ainsi le patient à vivre le plus normale-ment possible. Il existe aussi un traitement chirurgical, pratiqué chez 5 à 10 % des malades, qui consiste à poser des électro-des sur le cerveau. Cette méthode donne des résultats spectaculaires et permet de garder la maladie sous contrôle de façon prolongée. Mais l’intervention n’est pas anodine, et chez un grand nombre de patients elle est trop risquée pour être envisagée de façon raisonnable. »Les traitements médicamenteux entraînent hélas des complications et des effets indési-rables, dont certains sont psychiques, voire psychiatriques. « Le patient peut connaître des troubles du comportement, comme des pulsions, con� rme le neurologue. La lévodopa, un précurseur de la dopa-mine, peut par exemple être à l’origine de complications motrices. Au bout de quelques années, elle n’est plus ef� cace tout au long de la journée et les symp-tômes � uctuent. Des dyskinésies (mouve-ments soudains, incontrôlés, NDLR) sont donc parfois associées à ces traitements. » Par ailleurs, « la maladie, avec le temps mais aussi avec l’âge, se diffuse dans le cerveau, prévient-il. Cette généralisation s’accompagne de troubles de l’équilibre et provoque des chutes. Les fonctions cogni-tives et intellectuelles peuvent également être atteintes, par exemple sous la forme

d’une apathie (on n’a plus d’énergie pour faire les choses). Puis surviennent les problèmes de mémoire. Or, bien qu’il y ait de nombreuses pistes de recherche, les possibilités de traitement médicamenteux sont pour l’instant encore limitées pour les troubles de l’équilibre ou des fonctions intellectuelles. » Le spécialiste insiste sur la nécessité, pour entretenir le cerveau, de « maintenir une activité physique régu-lière et de conserver du lien social ». Ce n’est certes pas toujours facile, car le parkin-son entraîne des troubles du sommeil, du stress et de l’anxiété, et il modi� e profondé-ment l’image de soi, ce qui induit très souvent un état dépressif.Pour conclure, le professeur Damier pointe le caractère stigmatisant de cette affec-tion neurologique, qui « a le gros inconvé-nient de provoquer des symptômes qui se voient ». C’est la raison pour laquelle neurologue, kiné, orthophoniste…, tous les professionnels de santé mais aussi l’entou-rage du patient doivent être mobilisés a� n de l’aider à mieux vivre avec sa maladie. ●

Proche aidant :tenir sur la duréeMarie-Line, dont le père a été diagnostiqué parkinsonien à 58 ans,

est membre de l’association France Parkinson. Elle y conseille les aidants afi n qu’ils appréhendent mieux les signes de la maladie. « C’est une pathologie caractérisée par la lenteur, il faut donc chan-ger de rythme », souligne-t-elle, décrivant un patient « perclus de douleurs, apathique, qui doit fournir continuellement de gros eff orts pour obtenir de petits résultats ». Elle qui connaît bien ce quotidien ponctué par les séances de kiné et d’orthophonie relate aussi les repas qui traînent en longueur, les sautes d’humeur, la diff iculté à prendre une décision. « Le moindre geste est compliqué. C’est comme si l’on avait des moufl es lorsque l’on tient un objet ou comme si l’on portait un énorme sac à dos et des palmes lorsque l’on marche », explique Marie-Line, qui précise que, « contrairement à alzheimer, le malade est conscient de ce qui lui arrive ». Elle recommande aux aidants de « conserver une vie sociale autant que faire se peut », mais aussi d’être patients, de ne pas trop en demander, de se satisfaire de petites choses, comme une simple partie de dominos, et d’accepter que la personne soit fatiguée et ait fréquemment besoin de repos.

• France Parkinson : l’association informe les patients et les familles sur la maladie et anime localement des réunions et des activités pour lutter contre l’isolement. Les bénévoles organisent également, tout au long du mois d’avril (journée mondiale le 11), des manifestations partout en Francepour sensibiliser le grand public à la maladie. Renseignements sur le site Franceparkinson.fr.• A lire : Mieux vivre avec la maladie de Parkinson, le guide info, ouvrage collectif (Dangles, 192 pages, 19 euros).

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Page réalisée par Benoît Saint-Sever et Aliisa Waltari

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Une BD qui redonne le sourire aux enfants maladesLes planches de quarante auteurs de bande dessinée sont regroupées dans cet album résolument positif. Lewis Trondheim, Tebo, Olivier Supiot ou encore David Gilson, chacun y présente une histoire indépendante sur une à trois pages. Avec humour et tendresse, ils délivrent un message d’espoir et de bienveillance aux enfants touchés par le cancer. Quatre pages sont dédiées à l’expression libre de ces jeunes lecteurs, qui peuvent par exemple y faire un dessin résumant leur journée et créer eux-mêmes une histoire qui leur

fera du bien. Les profits issus de la vente de cet album iront à l’association Imagine for Margo, qui lutte contre le cancer des enfants.

La BD qui fait du bien, ouvrage collectif. Editions Glénat (72 pages, 10 euros).

Apprendre à se relaxer pour désamorcer les tensions

Entre le couple, les enfants, le travail, les loisirs et la vie sociale, nos emplois du temps sont surchargés et l’épui-sement guette. Le mal-être, la lassitude et la déprime ne sont pas loin. Il est grand temps d’apprendre à se détendre, histoire de retrouver un peu de sérénité. Issus des thérapies comportementales et cognitives (TCC), de la sophrologie et de la pleine conscience, les outils déve-loppés dans cet ouvrage vous y aideront. Au fil des pages, à l’aide d’exercices et de cas concrets, vous découvrirez comment apaiser votre esprit, relaxer votre corps et mieux

gérer les situations problématiques. Tous les aspects quotidiens sont passés en revue (kilos en trop, belle-mère envahissante, promiscuité en open-space, conflit conjugal…), avec pour chaque thématique les routines à mettre en place afin de rester calme malgré les agressions extérieures. Accompagné d’un CD contenant des séances de relaxation guidées, ce livre, rédigé par une sage-femme conseillère conjugale et familiale formée aux TCC et par une journaliste spécialisée dans la santé et le bien-être, est un bel hommage à la « zen attitude ».

La relaxation pour tous, de Noëlla Jarrousse et Lise Bouilly. Editions Leducs (176 pages, 18 euros).

Seniors, dites adieu à la fatigueSi l’on connaît tous la fatigue, celle due à l’âge prend des formes et un retentissement bien spécifiques. Chez les seniors, elle peut être liée à la somatopause (baisse naturelle du taux de certaines hormones),

à un affaiblissement des défenses immunitaires ou encore aux conséquences d’un stress oxydatif subi pendant de longues années. Auteur de nombreux livres consacrés à la santé, le docteur Jean-Loup Dervaux décrit ici les différents aspects de cette

fatigue, ainsi que ses conséquences sur la vie sociale et familiale. Il présente ensuite une série de solutions pratiques pour mieux la maîtriser au quotidien, en mettant l’accent sur l’importance du repos et de l’hygiène de vie, mais aussi sur les médecines naturelles (oligoéléments, phytothérapie, homéopathie), ainsi que sur des disciplines comme l’acupuncture, la relaxation, la méditation ou le yoga. Enfin, l’ouvrage propose plusieurs recettes de cuisine sélectionnées pour leurs vertus stimulantes.

La fatigue des seniors, comment s’en libérer et y échapper ? du docteur Jean-Loup Dervaux. Editions Dangles (288 pages, 20 euros).

Voyage culinaire en « Autistan »Né de l’improbable rencontre entre Josef Schovanec, célèbre philosophe et écrivain autiste, et Claude Carat, président de l’Association des amis de la Fête de la gastronomie, ce livre propose un voyage culinaire inédit dans le monde de l’autisme. Ce trouble s’accompagnant très souvent de difficultés alimentaires (certains enfants n’acceptent de manger que de la nourriture de couleur rouge, d’autres ne consomment que des aliments crus, d’autres encore exigent des soupes parfaitement mixées…), les auteurs ont donc choisi de présenter des recettes inventées par de jeunes autistes et leurs parents. Avec délice, on y découvre aussi

le récit des expérimentations gustatives et familiales qui ont mené à l’élaboration de mets originaux. Un livre touchant, dans lequel les gastronomes trouveront soixante-huit recettes dont la purée volcanique de Marine et ses trésors de légumes cachés, les quenelles roses d’Ewan, les spaghettis bleus de Corentin ou encore la non-recette philosophique et mathématique du chou romanesco. Tout un programme.

Je cuisine un jour bleu, conçu par Josef Schovanec et Claude Carat. Editions Terre vivante (177 pages, 21 euros). Les droits d’auteur seront en partie reversés aux associations œuvrant pour les droits des personnes autistes.

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Sfr.larhumatologie.frLe portail de la Société française

de rhumatologie (SFR) comporte un onglet « La rhumatologie pour tous » dédié au grand public. Son objectif est d’informer sur les grandes maladies de l’appareil locomoteur, et notamment sur la lombalgie. Cette

affection, qui entraîne une douleur dans le bas du dos, est très fréquente :

selon la SFR, 80 % de la population a connu ou connaîtra un épisode lombalgique au cours de sa vie. Ce n’est toutefois pas une raison pour la négliger, il faut au contraire la prendre en charge précocement. Dans la rubrique « Infos pratiques », les « fiches d’information » délivrent de nombreux conseils de prévention et rappellent en particulier l’importance de l’activité physique.

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Neluitournezpasledos.frModerne et ludique,

ce portail destiné au grand public encourage à se faire diagnostiquer en cas de mal de dos afin d’être pris en charge au plus tôt. Le visiteur

peut répondre à un questionnaire pour trouver

l’origine de ses douleurs dorsales, puis être orienté vers un médecin. Des conseils lui sont aussi prodigués pour atténuer la douleur et améliorer son quotidien, notamment en modifiant ses habitudes de vie. Enfin, il est invité à participer à la promotion du site, réalisé par le laboratoire Abb Vie en partenariat avec l’Association française de lutte antirhumatismale (Aflar) et l’Association France Spondylarthrites (AFS), en diffusant sur les réseaux sociaux l’affiche qu’il aura lui-même créée.

Fondationcotrel.orgLa Fondation Cotrel, du nom du médecin

qui l’a créée en 1999, finance la recherche sur les pathologies de la colonne vertébrale et s’attache plus particulièrement à comprendre les causes encore méconnues de la scoliose. Cette déviation permanente de la colonne vertébrale,

liée à une rotation des vertèbres, concerne en moyenne 1 % des jeunes de 8 à 15 ans,

principalement des filles (elles sont huit fois plus touchées que les garçons). La rubrique « La scoliose » fait le point et permet d’en finir avec les idées reçues. Encourageant le dépistage précoce, la fondation invite aussi les parents à observer leur enfant, dos droit puis penché en avant : l’apparition d’un espace entre le bras et le torse ou d’une bosse d’un côté du dos doit amener à consulter.

Sofcot.frL’onglet « Infos public/patients »

du site de la Société française de chirurgie orthopédique et traumatologique (Sofcot) publie des informations nombreuses et variées. L’internaute peut

par exemple se renseigner sur le métier de chirurgien

orthopédiste et traumatologue, à travers un texte de présentation et un reportage vidéo consacré aux urgences de cette spécialité. Des articles et des interviews de médecins détaillent les causes, les symptômes et les traitements de pathologies telles que la hernie discale ou le canal lombaire étroit. Enfin, des fiches pratiques expliquent le fonctionnement de chaque articulation et indiquent les pathologies auxquelles celle-ci est exposée.

Le mal de dos est, dit-on, le mal du siècle, et il est vrai qu’il touche tout le monde, les femmes comme les hommes, des plus jeunes aux plus âgés. On sait moins que, pour soulager les douleurs dorsales et prévenir les récidives, un petit tour sur Internet peut se révéler fort utile.

Surfer contre le mal de dos

Page réalisée par Léa Vandeputte

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Quand vous souscrivez un prêt pour � nan-cer un achat immobilier, l’établissement de crédit exige que vous preniez une assurance

pour couvrir les risques liés au décès, à l’invalidité et à l’incapacité temporaire de travail. L’assureur rembour-sera la banque à votre place ou à celle de vos héritiers si le risque se réalise.

Liberté de choixL’établissement de crédit qui vous accorde le prêt immo-bilier vous propose en général d’adhérer au contrat de groupe qu’il a souscrit. Vous êtes libre de le choisir ou d’opter pour un autre contrat aux garanties équivalentes proposé par un assureur différent.Pendant l’année qui suit la signature du contrat, vous avez la faculté de changer d’assureur quand bon vous semble. La demande de résiliation doit être envoyée par lettre recommandée avec avis de réception et doit parvenir à l’assureur au plus tard quinze jours avant l’expiration du délai de douze mois. Par exemple, pour un contrat de prêt conclu le 1er décembre 2017, vous avez jusqu’au 15 novembre 2018 dernier délai pour changer d’assureur.Vous pouvez ensuite résilier l’assurance, chaque année, à la date anniversaire de votre contrat de prêt, à condition de respecter un délai de préavis de deux mois. Depuis le 1er janvier 2018, cette faculté vous est offerte quelle que soit la date de signature du contrat.

Des garanties équivalentesAu cours de la première année du prêt ou à sa date anni-versaire, la banque peut toutefois refuser le nouveau contrat si celui-ci ne présente pas un niveau de garantie équivalent à l’ancien. Pour apprécier cette équivalence,

chaque banque doit retenir onze critères sur une liste de dix-huit, déterminés par le Comité consultatif du secteur � nancier, qui correspondent aux garanties minimales qu’elle exige. Ces critères vous sont communiqués dans une � che remise au moment de la négociation du prêt. Si vous n’avez pas eu ce document, renseignez-vous auprès de votre établissement de crédit.

Changement, mode d’emploiDeux mois avant la date anniversaire de votre contrat, votre demande de substitution d’assurance emprunteur doit parvenir à votre banque. Vous devez envoyer la lettre en recommandé avec avis de réception. L’établissement de crédit a dix jours pour vous répondre. En cas de refus, il doit vous en donner les raisons précises. En cas d’accep-tation, il a à nouveau dix jours pour vous envoyer l’avenant au contrat de prêt mentionnant la nouvelle assurance. Le nouveau contrat prend effet à la date d’échéance mensuelle.Le prêteur ne peut, en raison de la résiliation du contrat d’assurance emprunteur, modi� er le taux du prêt ou les conditions du crédit ni facturer des frais, par exemple pour l’analyse du nouveau contrat.

Quand y avez-vous intérêt ?Si vous avez souscrit le contrat de groupe ou collectif proposé par l’établissement prêteur, vous pouvez avoir intérêt à opter pour un contrat individuel qui prendra en compte de façon plus précise votre pro� l, notamment si vous êtes en bonne santé. Ce peut être également le cas si vous présentez moins de risques qu’auparavant, par exemple si vous avez arrêté de fumer ou de pratiquer un sport considéré comme risqué. ● CATHERINE DOLEUX

Durant les dix, quinze ou vingt ans sur lesquels court votre prêt immobilier, votre situation familiale et financière peut changer et, par conséquent, votre besoin d’assurance aussi. Il est également possible que des contrats plus performants apparaissent sur le marché. Désormais, la loi vous donne le droit de changer de contrat.

Assurance emprunteur : changer, c’est plus facile

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E lle est méconnue, et c’est bien dommage. La retraite progressive concerne les

salariés qui réduisent leur temps de travail à l’approche de l’âge de la retraite, mais également ceux qui travaillent à temps partiel depuis plusieurs années déjà. Si, par exemple, vous avez choisi de ne pas travailler le mercredi depuis la naissance de vos enfants et que vous avez gardé ce rythme de travail à quatre cinquième de temps, à 60 ans vous pouvez demander votre retraite progressive et percevoir ainsi un revenu supplémen-taire : une fraction de votre retraite. Il faut néanmoins, pour cela, remplir certaines conditions.

Une formule pour les sexagénairesPour accéder à la retraite progressive, vous devez avoir au moins 60 ans et cent cinquante trimestres d’assu- rance. Vous pouvez véri� er le nombre de trimestres acquis sur votre relevé de situation individuelle, consultable dans votre espace personnel sur le site Lassuranceretraite.fr. En ce qui concerne le temps partiel, la durée de votre travail doit être comprise entre 40 et 80 % du temps plein applicable dans votre entreprise. Si un travail à temps plein correspond à trente-cinq heures par semaine, il vous faudra travailler entre quatorze et vingt-huit heures hebdomadaires.

Jusqu’à la � n 2017, l’accès à la retraite progressive était exclusivement réservé aux salariés ayant un seul employeur. Depuis le 1er janvier 2018, cette restriction est supprimée. Une bonne nouvelle pour les salariés des particuliers employeurs et pour les assistantes maternelles, qui cumulent bien souvent plusieurs contrats de travail. Attention toutefois, la durée totale de travail doit rester comprise entre 40 et 80 % d’un temps plein.Notez, en outre, que les salariés dont l’activité à temps partiel n’est pas décomptée en heures n’ont pas accès à la retraite progressive. Sont dans cette situation les mandataires sociaux, les dirigeants de société, les VRP ou encore les salariés ayant conclu une convention de forfait en jours.

Versement d’une fraction de retraiteLa fraction de retraite est égale à la différence entre 100 % et la quotité de travail à temps partiel, celle-ci étant calculée par rapport à la durée applicable dans l’entreprise. Par exemple, dans une entreprise aux trente-cinq heures, un salarié travaille vingt heures par semaine. Sa quotité de travail à temps partiel est de : 20 ÷ 35 x 100 = 57,14 % arrondi à l’entier le plus proche, soit 57 %. Il recevra 43 % (100 % − 57 %) de sa retraite de base.

Pour les salariés d’un particulier employeur, un temps plein correspond à quarante heures par semaine. Par exemple, pour une auxiliaire de vie qui a quatre employeurs et qui travaille au total vingt-deux heures, la quotité de travail est de : 22 ÷ 40 x 100 = 55 %. Elle recevra 45 % de sa retraite de base (100 % – 55 %).La retraite sur la base de laquelle est appliqué le taux est calculée comme si le salarié faisait liquider sa pension au moment où il entre dans le disposi-tif, mais elle sera recalculée quand il cessera totalement son activité.

Les démarchesLes salariés qui travaillent déjà à temps partiel et remplissent les conditions requises (âge, nombre de trimestres…) peuvent demander leur retraite progres-sive auprès de leur caisse d’assurance retraite (Carsat, Cnav pour l’Ile-de-France) et, pour les cadres, auprès de leurs caisses de retraite complémen-taire Arrco et Agirc.Les salariés qui travaillent à temps plein doivent au préalable demander un temps partiel à leur employeur, lequel est l ibre de l’accepter ou de le refuser. Avant d’engager les démarches, il est prudent de faire calculer par les caisses la fraction qui sera accordée, a� n d’apprécier les conséquences � nancières de la retraite progressive. ●

CATHERINE DOLEUX

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La retraite progressive permet de travailler à temps partiel tout en percevant une partie de sa pension à partir de 60 ans. Depuis le 1er janvier 2018, davantage de salariés peuvent opter pour ce dispositif.

Retraite progressive : pour fi nir sa carrière en douceur

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PAGE RÉALISÉE PAR CATHERINE DOLEUX

Prime à la casse : de nouveaux critèresPlutôt que de vendre votre vieille auto, vous pouvez la mettre à la casse et obtenir la prime à la conversion. Vous y êtes éligible si :▶ votre ancien véhicule a été mis en circula-tion avant 2001 pour un diesel (avant 2006 si vous êtes non imposable) ou avant 1997 pour un véhicule essence (que vous soyez imposable ou non) ;▶ vous faites l’achat d’un véhicule neuf ou d’occasion peu polluant, c’est-à-dire élec-trique ou roulant à l’essence ou au diesel à condition qu’il porte l’étiquette Crit’air 1 ou 2 et émette moins de 130 g de CO2 par kilomètre.Le montant de la prime est de : 2 500 euros pour l’achat d’une voiture électrique neuve ; 1 000 euros pour l’achat d’une voi-ture électrique d’occasion ou d’une voiture diesel ou essence peu polluante neuve ou d’occasion (2 000 euros pour un ménage non imposable).

Pour plus de précisions, faites une simulation sur le site Primealaconversion.gouv.fr.

Lycéens : le calendrier Parcoursup 2018Pour entrer dans l’enseignement supérieur, les élèves de terminale doivent doré-navant s’inscrire sur la plateforme Parcoursup.fr, laquelle remplace la très contestée APB (Admission post-bac). Voici le calendrier qu’il leur faudra respecter dans les mois à venir :• Du 22 mai au 21 septembre, ils prendront connaissance des décisions prises pour

chacun de leurs vœux et devront répondre, dans un délai imparti, aux propositions d’admission qui leur seront faites. Pour les vœux formulés dans une filière sélec-

tive (IUT, écoles…), les établissements peuvent refuser une candidature.• A partir du 26 juin et à défaut d’admission dans une filière, le lycéen peut formuler de nouveaux vœux pour des formations disposant de places vacantes.• Après les résultats du bac, la commission d’accès à l’enseignement supérieur étudie les dossiers des bacheliers n’ayant reçu aucune réponse positive. Elle leur

fait des propositions de formation au plus près de leurs choix initiaux.Pour plus d’infos : Parcoursup.fr.

Bientôt le prélèvement à la sourceLe prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu entrera en application le 1er janvier 2019. Une grande partie des revenus de 2018 ne sera ainsi pas imposée. Certains avantages fi scaux attachés à des dépenses réalisées en 2018, comme celles qui auront été enga-gées pour l’ emploi d’une aide à domicile, seront en revanche maintenus.

Pour plus d’infos : Economie.gouv.fr/prelevement-a-la-source.

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USURPATION D’IDENTITÉ :DES GESTES SIMPLES POUR S’EN PRÉMUNIROn appelle usurpation d’identité le fait de prendre délibérément l’identité d’une personne vivante afin de réaliser des actions frauduleuses. Tout le monde peut y être confronté, qu’il s’agisse du pira-tage d’une adresse mail, d’une fraude bancaire ou d’un vol de papiers. Pour éviter que cela ne vous arrive :• ne communiquez pas la copie d’un document permettant de vous identifier (papier d’identité, justificatif de domicile, avis d’imposi-tion…) à une personne ou à une entreprise que vous ne connaissez pas ou dont vous ignorez la fiabilité ;• avant de le jeter, détruisez tout papier sur lequel figurent des infor-mations d’identification ;• lorsque vous recevez un appel téléphonique, restez vigilant. En se faisant passer pour un enquêteur d’un institut de sondage, par exemple, un escroc peut vous soutirer de nombreuses informations ;• vérifiez l’authenticité d’un expéditeur avant de lui envoyer des infor-mations personnelles par e-mail ;• pour consulter en ligne vos comptes en banque ou vos espaces personnels, choisissez des mots de passe complexes (alternant majus-cules, minuscules, chiffres…) et différents selon les sites (n’utilisez pas toujours le même) ;• mettez un code de sécurité complexe sur votre téléphone portable (pas une date de naissance ou quatre fois zéro) afin de ne pas laisser filtrer d’informations personnelles en cas de vol.

Demandes de bourse et de logement social étudiant : ne tardez pas !Attention, le dossier social étudiant (DSE) doit être rempli le 31 mai 2018 au plus tard. Sur le site Messervices.etudiant.gouv.fr, à la rubrique « Demande DSE », vous pouvez solliciter à la fois une bourse d’études et un logement social étudiant pour la rentrée 2018, ainsi que des aides auprès du centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous). Cette démarche est indépendante de l’inscription à Parcoursup.

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combattre la solitude en milieu carcéral

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A lors qu’Emmanuel Macron a présenté la feuille de route de la réforme péni-

tentiaire, l’association boulonnaise Wake up Café, créée il y a trois ans, pourrait apporter un supplément d’huma nité aux débats et mettre à profit son expérience du terrain, puisque le plan du gouvernement vise aussi à redonner de la dignité aux détenus et à éviter au maxi-mum la récidive. La bienveillance, l’absence de jugement et la discré-tion constituent en effet le socle des valeurs de l’association, dirigée par Clotilde Gilbert, ancien aumônier à la prison de Nanterre. « J’ai constaté que la prison était un lieu où la personne s’abîmait, se déshu-manisait, se déstructurait parce qu’elle était enfermée vingt-deux heures sur vingt-quatre dans sa cellule, raconte la directrice. J’ai rencontré un détenu, Olivier, qui écrivait de la musique. On a créé une chorale dans la prison, enre-gistré un disque… Finalement, on s’est rendu compte que donner du temps à des personnes incarcérées leur redonnait l’envie d’avancer. » C’est sur cette réinsertion que « tout s’est vraiment fondé ». Le premier « Waker », qui est devenu chauffeur

de poids lourd et a retrouvé « une vie normale », revient sur cette expé-rience : « Ça m’a permis d’avoir quelque chose à faire à la prison de Nanterre, quelque chose de passionnant qui fédérait beau-coup de monde, même s’il y avait de nombreuses autorisations à demander… J’avais un objectif, et j’ai passé mes années de prison complètement différemment. En fait, j’ai pu sortir en conditionnelle grâce à tout cela. J’avais fait bonne impression et, en plus, j’avais une promesse d’embauche en CDI et un hébergement. Mais le plus dur est de retrouver une vie sociale, et là, il faut un gros appui… »

Un soutien à long termeAvec un nom évoquant le réveil* et la convivialité, cette association, à qui il a fallu du temps pour être reconnue par le système pénitentiaire, et notam-ment par les magistrats, apporte aujourd’hui du peps dans plusieurs prisons d’Ile-de-France – et bientôt ailleurs, espère sa directrice. Wake up Café intervient à la demande des services pénitentiaires d’insertion et de probation (Spip), qui lui proposent eux-mêmes des dossiers présélection-nés allant dans le sens de ses valeurs.

Si la récidive et la solitude sont ses grands ennemis, l’association prouve surtout que rien n’est perdu pour les détenus. « Cela nous aide énor-mément », confirme Olivier, qui se lance aujourd’hui un nouveau défi : « De Waker accompagné, je vais devenir bénévole engagé en me formant au coaching de groupe. » Une communauté s’est ainsi créée autour de Wake up Café, qui emploie quatorze salariés : les anciens déte-nus acceptent d’être « volontaires et d’aider les autres à s’en sortir comme eux », souligne Clotilde Gilbert. Le soutien de tous les « Wakers » se révèle primordial, car « les prisonniers, avant de connaître le Wake up Café, sont pour la plupart dans un grand isolement, même quand ils ont une famille, parce que l’isolement est aussi dans la tête du détenu, par rapport à ce qu’il a vécu, à ce qu’il est dans la société, à la manière dont il est regardé », note la directrice, qui conclut : « On connaît des taux de récidive énormes en France : 65 % dans les cinq ans après la sortie de prison, c’est incroyable ! Il y a là un vrai problème. » ●

Vincent Portois

* Wake up signifie « se réveiller » en anglais.Pour plus d’infos : Wakeupcafe.org.

Lauréate du trophée Up-Alternatives Eco et du prix « Accélération » de la Fondation Cognacq-Jay, l’association de réinsertion Wake up Café voit enfin reconnu son travail d’accompagnement auprès des détenus.

Shake up Party, la fête d’anniversaire

de l’association, le 7 juillet dernier.

Wake up Café :

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ACCOMPAGNER LE DÉMÉNAGEMENT D’UN SENIORLauréate 2017 du prix Fondation Cognacq-Jay, catégorie « Accélération », l’association nantaise Demen’âge accompagne les seniors lorsqu’ils doivent changer de lieu de vie. Objectif : leur éviter de se retrouver seuls et dépassés, car un déménagement est souvent lourd en termes de charge physique et émotionnelle, voire réellement anxiogène. L’association les aide par exemple à trier et à emballer leurs affaires ou à entreprendre les démarches administratives. Elle peut égale-ment les mettre en relation avec des déménageurs et assurer le suivi des opérations le jour J. Demen’âge organise par ailleurs des ateliers de sensibilisation aux problèmes de logement, à destination des aidants, des professionnels et, bien sûr, des seniors. De nouvelles antennes seront bientôt ouvertes à Angers et aux Sables-d’Olonne.Pour plus d’infos : Demen-age.fr.

Un réseau social et solidaire intergénérationnelRécompensée par le prix de l’ESS 2017 Occitanie, catégorie « Innovation sociale », Ammy Générations est la première plate-forme éthique de services entre généra-tions. Elle a été lancée par AppliServ, une start-up nîmoise agréée par l’Etat comme entreprise solidaire d’utilité sociale, qui conçoit et développe des logiciels et des plateformes numériques d’accompagne-ment des personnes âgées et fragilisées. Avec Ammy Générations, il s’agit de sortir ces dernières de leur isolement en favori-sant leur rôle social, notamment auprès des plus jeunes, afin qu’ensemble ils puissent partager des activités ou se rendre des services (déplacement intra- urbain , aide à domicile, baby-sitting, dépannage, partage d’un repas « fait maison »…). La plateforme ne tirant pas de revenus de la publicité, une cotisation de 18 euros par an, soit 1,50 euro par mois, est demandée à ses utilisateurs.

Pour plus d’infos : Ammygenerations.fr.

Tamèrantong ! pour un théâtre accessible à tousReprenant une expression populaire dans les banlieues, le nom de cette association détonne, tout comme la manière qu’elle a de se présenter sur son site Internet : « Tamèrantong ! C’est le feu sacré du théâtre, la discipline martiale, l’énergie punk, la poésie du kung-fu, le vif des quartiers, la turbulence des mômes, la révolte des voraces, la fantaisie sportive, l’offensive de la plume… » Rien que ça ! Il faut beaucoup de passion pour rassembler et accompagner les enfants et adolescents d’origines socioculturelles diverses de Seine-Saint-Denis (93) dans l’organisation d’ateliers et de spectacles de théâtre. Soutenue depuis 2017 par la Fondation Transdev

pour une meilleure « mobilité sociale », la compagnie Tamèrantong ! réussit même à aller au-delà de son lieu de création, La Plaine Saint-Denis, en se produisant sur scène partout en France lors de « tournées surréalistes et fraternelles ».

Pour plus d’infos : Tamerantong.org.

Des pressings solidaires à PerpignanVoici une initiative locale qui pourrait et devrait en inspirer d’autres. Stéphane Ruel, patron de quatre pressings à Perpignan, s’attristait de devoir stocker ad vitam æternam les vêtements jamais récupérés par ses clients. D’après la loi de 1903 modifiée en 1969, les pressings sont tenus de conserver pendant un an et un jour les articles non réclamés, puis ils peuvent les vendre aux enchères. Stéphane Ruel, lui, préfère attendre deux ans et offrir ensuite les vêtements, les couvertures et les couettes oubliés aux sans-domicile-fixe de sa ville. Près de trois cents vêtements ont ainsi trouvé un nouveau proprié-taire parmi les plus démunis.

Page réalisée par Vincent Portois

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Le cycle de la violence est le même pour toutes celles qui nous appellent », constate Sofia, écoutante au 39 19, la plateforme télé phonique

nationale dédiée aux violences faites aux femmes. Géré par la Fédération nationale Solidarité femmes (FNSF), ce numéro gratuit, anonyme et intraçable* reçoit près de 50 000 appels chaque année. Au bout du fil, des femmes victimes de violences conjugales, mais aussi des proches inquiets ou des professionnels à la recherche d’informa-tions**. « En général, l’histoire de ces femmes commence par de la violence verbale et psychologique, poursuit Sofia. L’emprise du conjoint est totale, la victime est insultée, rabaissée. Puis, petit à petit, cela conduit à de la violence physique. » Les crises sont entrecou-pées d’épisodes dits de lune de miel, au cours desquels l’agresseur exprime des regrets, redevient très amoureux, jure qu’il ne recommencera pas. Au bout du compte, la femme ne sait plus du tout où elle en est : « Pour éviter les crises, elle essaie d’adapter son comportement en permanence, mais elle n’y parvient pas et s’épuise, explique Françoise Brié, directrice générale de Solidarité femmes. A un moment donné, elle ne pense plus qu’à travers son agresseur. Elle n’est plus sujet de sa vie, elle devient objet des injonctions de son conjoint. »

Espace de paroleLe rôle des écoutantes est d’aider ces femmes à démêler les fils de leur histoire de violence au sein du couple. « Notre mission, c’est de leur offrir un espace de parole pour qu’elles puissent mettre des mots sur ce qu’elles vivent, précise Sofia. On les aide à comprendre où elles en sont. Les femmes n’appellent jamais ici par erreur. » Les appelantes sont aussi informées sur leurs droits et ceux de leurs enfants. « On leur rappelle que

Le 39 19, pour lutter contre les violences faites aux femmesAccessible sept jours sur sept, gratuit, anonyme et intraçable, le 39 19 offre un espace d’écoute aux femmes victimes de violences conjugales. L’occasion pour elles de démêler le fil de leur histoire, de comprendre leur situation et de prendre connaissance de leurs droits.

Les écoutantes sont des professionnelles (assistantes

sociales, psychologues…) ayant reçu une formation de base

sur le secteur social.

la violence est un délit et qu’elles peuvent déposer plainte, souligne Françoise Brié. Une fois qu’elles ont bien réfléchi avec l’écoutante et qu’elles ont compris leur situation, elles sont guidées pour pouvoir entamer ou non des démarches. » La victime est alors orientée vers l’une des soixante-sept associations locales fédérées par Solidarités femmes. C’est cette structure qui mettra en place la stratégie de prise en charge la plus adaptée (préparation au départ, mise en sécurité dans un centre d’hébergement si nécessaire, puis retour à l’autonomie).

Soutien psychologiquePour faire face à ces histoires difficiles, la vingtaine d’écoutantes du 39 19 bénéficient d’analyses de pratiques deux fois par mois avec une psychologue victimologue. Toutes sont des professionnelles (assistantes sociales, juristes, psychologues…) ayant reçu une formation de base sur le secteur social. Salariées par la FNSF, elles suivent aussi régulièrement des sessions de formation continue. « L’écoute d’une femme victime de violence ne s’improvise pas », conclut Françoise Brié.De son côté, Sofia ne regrette pas son engagement : « Je suis très touchée par ce que vivent ces femmes, confie-t-elle. En travaillant ici, je me sens utile, j’ai envie d’être là pour elles, de m’investir dans cette cause. Souvent, avant de raccrocher, elles nous disent : “Merci pour ce que vous faites.” » Un bel encouragement. ●

Delphine Delarue

* Le 39 19 est accessible de 9 à 22 heures du lundi au vendredi et de 9 à 18 heures les week-ends et jours fériés. Pour plus d’infos : Solidaritefemmes.org.** Les appels de femmes victimes d’autres types de violences, comme le viol extérieur au couple, sont orientés vers des partenaires spécialisés.

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