Visiteurs en ligne, visiteurs in situ au musée national Jean-Jacques Henner. Un public homogène ?
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ÉCOLE DU LOUVRE
Clara LICHT
Visiteurs en ligne, visiteurs in
situ au musée national Jean-
Jacques Henner Un public homogène ?
Mémoire d'étude
(1ère année de 2ème cycle)
présenté sous la direction
de Mme Marie-Clarté O’NEILL
Volume I : Texte
Mai 2011
1
Remerciements
Sans le soutien, les conseils et l’écoute d’un certain nombre de personnes, ce travail
n’aurait pu voir le jour. Je tiens à leur exprimer ici ma reconnaissance.
Tout d’abord, je remercie Madame Marie-Clarté O’Neill, directrice de ce mémoire, de
nous avoir guidés durant cette année au sein de son groupe de recherche.
J’exprime toute ma gratitude envers Madame Marie-Hélène Lavallée, conservatrice
générale du patrimoine et directrice du musée national Jean-Jacques Henner ainsi que
Madame Diane Drubay, fondatrice de Buzzeum et chargée de la communication en ligne au
musée national Jean-Jacques Henner, pour avoir soutenu ma démarche et m’avoir apporté leur
aide.
Je souhaite également remercier très sincèrement Mesdames Jacqueline Eidelman,
adjointe au chef du Département de la politique des publics à la Direction générale des
patrimoines, et Anne Jonchery, chargée des études sociologiques au Département de la
politique des publics de la Direction générale des Patrimoines pour leur disponibilité et le
temps qu’elles m’ont consacré.
Enfin, je remercie Noémie Couillard et Flore Ricoux pour leurs conseils et leur
soutien, et Aurélien Marty pour m’avoir accompagnée tout au long de ce travail par son
enthousiasme à propos du musée.
2
Sommaire Avant-propos ....................................................................................................... 3
Introduction ......................................................................................................... 4
1 Cadre de la recherche ................................................................................... 6
1.1 Le musée national Jean-Jacques Henner : présentation ........................................ 6
1.1.1 Présentation générale ....................................................................................................... 6
1.1.2 Historique ........................................................................................................................ 7
1.1.3 Fonctionnement actuel..................................................................................................... 8
1.2 Le musée et Internet .................................................................................................. 9
1.2.1 Les musées et Internet : petit historique de la présence des musées en ligne ................ 10
1.2.2 Le musée Henner en ligne : politique ............................................................................ 14
1.2.3 Les différentes plates-formes ........................................................................................ 17
1.3 Enjeux de la recherche ............................................................................................ 21
1.3.1 Musées, Internet et publics : problématiques ................................................................ 21
1.3.2 Positionnement de la recherche ..................................................................................... 22
2 Méthodologie ............................................................................................... 23
2.1 Présentation des outils ............................................................................................. 23
2.1.1 Le questionnaire destiné aux visiteurs in situ ................................................................ 24
2.1.2 Le questionnaire en ligne ............................................................................................... 28
2.2 Limite des outils utilisés .......................................................................................... 34
2.2.1 Limites du questionnaire papier .................................................................................... 34
2.2.2 Limites du questionnaire en ligne .................................................................................. 36
2.2.3 Autres limites ................................................................................................................ 37
3 Résultats ....................................................................................................... 38
3.1 Résultats : les visiteurs in situ ................................................................................. 38
3.1.1 Profil sociodémographique ............................................................................................ 38
3.1.2 Les liens avec le musée ................................................................................................. 40
3.1.3 La place d’Internet dans l’avant et l’après visite ........................................................... 41
3.2 Résultats : les visiteurs en ligne .............................................................................. 44
3.2.1 Profil sociodémographique ............................................................................................ 44
3.2.2 Pratiques en ligne .......................................................................................................... 46
3.2.3 Les visiteurs en ligne et le musée in situ ....................................................................... 48
3.3 Un public homogène ? ............................................................................................. 51
3.3.1 Profils des visiteurs........................................................................................................ 51
3.3.2 Distinctions et rapprochements ..................................................................................... 53
3.3.3 Passer d’un type de visite à un autre.............................................................................. 60
Conclusion .......................................................................................................... 62
Bibliographie ...................................................................................................... 64
3
Avant-propos
Ce travail incarne la rencontre entre deux univers qui composent une partie de mon
quotidien : un musée consacré à un artiste du XIXe siècle, et le Web. Le point de départ de ce
sujet a été ma volonté de trouver une façon de lier ma passion pour les arts du XIXe siècle à
une problématique relevant de la médiation et des publics. Travaillant cette année dans le
cadre d’un stage pour un site Internet, il m’a semblé naturel de me tourner vers un sujet
touchant à ce domaine. Dès lors, le musée national Jean-Jacques Henner et son activité sur
Internet constituait un sujet de choix. Après tout, mon cas personnel n’est guère éloigné de
celui des autres visiteurs du musée : comme beaucoup, ma rencontre avec Henner a eu lieu en
2007 lors de l’exposition au musée de la Vie Romantique. Je l’ai ensuite croisé sur Facebook
et je suis devenue son « amie » avant de devenir membre du public du musée, aussi bien en
ligne qu’entre ses murs. Cette proximité avec le sujet a été une chance, mais a aussi suscité
quelques obstacles à surmonter, notamment la difficulté de prendre tout le recul nécessaire. Il
a fallu mettre de côté l’envie de tout savoir, et de tout expliquer. En outre, face à un sujet sur
lequel beaucoup de choses restent à étudier, à savoir les liens entre les musées, Internet et les
publics, il n’est pas facile de se restreindre à un angle d’attaque tant le champ paraît vaste ;
l’axe retenu m’est apparu comme le meilleur moyen d’exploiter des données récoltées à la
fois en ligne et in situ. J’ai alors fait le choix de privilégier un recentrage sur l’objet de la
problématique et de concentrer mon analyse sur l’étude du profil des visiteurs. Cependant, si
toutes les questions n’ont pas fait l’objet d’une analyse approfondie, il m’a semblé important
de faire apparaître les données concernant le détail des pratiques en ligne ; en effet, elles
participent de la connaissance des visiteurs en ligne et c’est pourquoi elles apparaissent dans
les annexes.
4
Introduction
Internet fait aujourd’hui partie de notre quotidien : deux tiers des ménages en France
possèdent un accès à Internet et 70 % des Français l’utilisent tous les jours ou presque1. La
présence des musées sur le réseau des réseaux s’impose aujourd’hui comme une évidence. A
l’heure du Web 2.0 et des technologies mobiles, il n’est plus tant question de savoir si les
établissements doivent ou non être présents sur Internet que de déterminer sous quelle forme.
Les sites Internet de musée servent de support d’information et, de plus en plus, proposent des
outils multimédias de médiation. Avec la montée en puissance des réseaux sociaux
numériques, le site Facebook étant utilisé par plus d’un tiers des Français de 18 ans et plus2,
de nouveaux enjeux se font jour, impliquant une évolution de la relation entre le musée et son
public. Alors que les pratiques en ligne s’imbriquent de plus en plus dans la vie réelle, on peut
se demander jusqu’à quel point Internet est susceptible d’influencer la composition des
publics.
Au moment de sa réouverture en novembre 2009, le musée national Jean-Jacques
Henner a souhaité renouveler son public en se dotant d’une image plus jeune et dynamique. Il
fallait faire face à une faible notoriété que sa fermeture pour travaux durant cinq années avait
contribué à accentuer. Son choix a été de déployer une stratégie de communication et de
médiation en ligne à partir de plusieurs plates-formes, ciblant un public de 18-34 ans. Si le
plus souvent en France la décision d’une forte implication d’un musée sur le Web social
semble provenir d’un intérêt pour les nouvelles technologies de la part d’un membre du
personnel3, il s’agit ici d’une stratégie réfléchie émanant de la direction du musée, qui a fait
appel dans cet objectif à un prestataire privé, initiative plutôt rare dans une petite structure.
Il ne s’agit donc pas, dans ce cas précis, d’utiliser Internet comme un simple « pendant
virtuel » du musée, mais d’en faire véritablement le point de départ d’une politique des
publics reliant intimement visite en ligne et visite in situ. Nous n’utiliserons pas dans ce
1 Source : Insee, enquête Technologies de l'information et de la communication, avril 2010 [Réf. du 03/05/11]
<http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=0&ref_id=ip1340#inter3> 2 Source : TNS Sofres, étude Les Français et Internet réalisée pour Notre Temps, janvier 2011 [Réf. du
03/05/11] <http://www.tns-sofres.com/points-de-vue/748D6425B8814FB890B81DCB63D39B6D.aspx> 3 COUILLARD Noémie, Présence muséale dans le « Web social » : enjeux, pratiques et effets, mémoire de
recherche, M2 de l’Ecole du Louvre, 2010. P.77.
5
travail l’opposition classique «virtuel / réel » pour qualifier les visiteurs du musée. D’une part,
le sens du terme « virtuel » a évolué et endosse désormais une polysémie qui pourrait troubler
notre propos. D’autre part, pratiques numériques et pratiques « traditionnelles » vont
aujourd’hui de pair plus qu’elles ne s’opposent ; en outre, si ces visites se déroulent dans un
univers virtuel, l’expérience vécue est elle bien réelle. Ainsi, les visiteurs en ligne nous
paraissent être tout autant « réels » que les visiteurs in situ.
Au cœur de la stratégie du musée Henner se trouve l’idée qu’expérience en ligne et
expérience « sur place », dans les murs du musée, se situent dans la continuité l’une de
l’autre. Les visiteurs en ligne sont donc appelés à devenir des visiteurs in situ et inversement.
Dès lors, la question du rôle que joue Internet sur la composition du public du musée est
centrale. Ces deux types de visiteurs, caractérisés par la nature différente de leur visite,
physique dans le premier cas et en ligne dans le second, forment-ils un public homogène ?
Notre démarche se fonde sur une analyse des profils de ces visiteurs afin de mettre en
lumière les éléments qui les séparent et ceux qui les rapprochent. Il s’agit également de savoir
si des liens existent entre visite in situ et visite en ligne, selon le principe de continuité que
souhaite créer le musée. En d’autres termes, pour répondre à notre question de recherche,
l’analyse suivra deux axes étroitement liés : qui sont les visiteurs et passe-t-on d’un type de
visite à l’autre ?
Dans un premier temps, nous définirons le cadre de notre recherche : nous
présenterons le musée national Jean-Jacques Henner et les enjeux de sa présence en ligne, en
les resituant dans le contexte plus global des musées sur Internet. Nous détaillerons ensuite la
méthodologie employée et notamment les outils mis en place. Enfin, nous exposerons les
résultats et notre analyse.
6
1 Cadre de la recherche
1.1 Le musée national Jean-Jacques Henner : présentation
La présence du musée national Jean-Jacques Henner sur Internet s’inscrit dans une
réflexion globale sur l’évolution de l’établissement, qui ne peut se comprendre qu’au regard
de son passé. Il convient donc, pour commencer, de présenter quelques éléments importants
de l’histoire du musée et de son fonctionnement.
1.1.1 Présentation générale
a) Cadre légal
Le musée national Jean-Jacques Henner est un établissement public à caractère
administratif sous tutelle du ministère de la Culture et de la Communication4 qui a pour siège
l’immeuble situé au 43, avenue de Villiers dans le XVIIe arrondissement de Paris. Il a reçu
l’appellation Musée de France au sens de la loi n°2002-5 du 4 janvier 2002.
Marie-Hélène Lavallée en a été nommée directrice pour une durée de trois ans par
arrêté du 15 décembre 2009 du ministre de la Culture et de la Communication, succédant ainsi
à Rodolphe Rapetti.
b) Le musée et ses collections
Le musée présente une sélection d’œuvres des différentes périodes de la vie de l’artiste
de manière à retracer l’évolution du style de Jean-Jacques Henner (1829-1905), de sa jeunesse
passée en Alsace à la fin de sa vie, en passant par les années du Prix de Rome. La collection
se compose essentiellement d’œuvres issues de la donation fondatrice de 1923 qui s’est
enrichie au fil des années de dons, donations et legs ainsi que de dépôts du musée d’Orsay et
d’un achat en 19985. Tableaux d’histoire, portraits, paysages mais aussi scènes de la vie
quotidienne et natures mortes permettent au visiteur de découvrir la carrière de Henner sous
ses principaux aspects. Le musée conserve également des œuvres d’autres artistes provenant
4 Loi du 27 août 1926 portant acceptation définitive de la donation consentie à l’Etat par Mme veuve
Henner en vue de la création d’un musée national et conférant la personnalité civile et l’autonomie financière à
cet établissement. 5 Le Portrait de la Comtesse de Callac
7
de la propre collection de Henner ainsi que des meubles, objets et documents ayant appartenu
au peintre.
En plus d’abriter la plus importante collection d’œuvres du peintre, le musée national
Jean-Jacques Henner prend place dans un ancien atelier d’artiste, l’un des rares exemples
d’architecture privée de la IIIe République ouverts au public. Cet élément a toute son
importance, puisque le bâtiment lui-même confère au musée une autre dimension, celle d’une
architecture témoin de l’ambiance d’une époque.
1.1.2 Historique
a) Naissance du musée
Marie Henner, veuve de Jules Henner, neveu du peintre, avait acquis en 1921 un
immeuble mis en vente par les héritiers du peintre Guillaume Dubufe dans le but d’y installer
le musée Henner. Mais l’acte fondateur du musée remonte véritablement à 1923. Le procès-
verbal du 19 juin6 nous indique : « En mémoire de Monsieur Jean-Jacques Henner son oncle
par alliance… et selon la volonté de Monsieur Jacques-Jules Henner son défunt mari… fait
donation entre vifs et irrévocable… à l’Etat Français… des biens, meubles et immeubles…
dont l’ensemble devra former un Musée National Jean-Jacques Henner ouvert au public… ».
Le musée s’installe donc dans l’ancien atelier d’un peintre contemporain de Henner,
immeuble de trois étages construit entre 1876 et 1878 par l’architecte Nicolas Félix Escalier
(1843-1920). La donation est acceptée provisoirement en janvier 19247 et le musée inauguré
peu après, le 7 mars de la même année, par le ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-
Arts, Léon Bérard.
b) Evolution au XXe siècle
Deux étages sont ajoutés en 1935 dans le but d’adapter le bâtiment à sa fonction de
musée. Au même moment, l’aménagement intérieur est remanié avec l’ajout d’un ascenseur.
Des références à Henner sont intégrées à l’édifice, comme les initiales des ferronneries de la
porte d’entrée, ou le buste sculpté par Paul Dubois trônant au centre de la façade.
6 DE LANNOY Isabelle, Musée national Jean-Jacques Henner, Catalogue des peintures, Editions de la RMN,
Paris, 1990. P. 11. 7 La donation fut acceptée de manière définitive avec la loi du 27 aout 1926 déjà mentionnée.
8
Si la muséographie évolue peu au cours du XXe siècle, le début du siècle suivant
marque un jalon important dans l’histoire du musée. En 2001 s’engage une réflexion globale
sur la rénovation du musée qui aboutit à sa fermeture en 2005 pour une durée de cinq ans afin
de permettre une importante campagne de travaux. Ceux-ci ont plusieurs objectifs : la mise
aux normes des installations techniques, la modernisation des conditions d’accueil du public
(comprenant l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite) et la conception d’un
nouveau parcours de visite avec l’ouverture de nouvelles salles. La muséographie a été pensée
de manière à rendre à l’hôtel particulier un aspect proche de celui qu’il avait à l’époque de
Guillaume Dubufe, mettant en valeur une polychromie retrouvée et les éléments du décor
éclectique.
c) L’organisation administrative du musée
Le procès verbal de 1923 définissait les conditions de création du musée, prévoyant
également son organisation interne. Ainsi, le musée devait être régi par un conseil
d’administration, dont le rôle était de régler par ses délibérations les affaires de
l’établissement, constitué de huit membres nommés à vie : un membre de la famille Henner-
Dujardin, un artiste peintre, un statuaire, un architecte (tous membres de l’Académie des
Beaux-Arts), ainsi que quatre artistes ou amateurs. Ce conseil devait nommer un président,
forcément peintre, un vice-président, un secrétaire, un trésorier et un conservateur. Cette
organisation est restée effective jusqu’en 2005.
1.1.3 Fonctionnement actuel
L’année 2005 marque non seulement la fermeture du musée pour travaux, mais aussi
la révision de ses statuts8. Depuis cette date, le conseil d’administration ne comporte plus huit,
mais dix membres :
Le directeur des musées de France ou son représentant ;
Le directeur de l’administration générale du ministère chargé de la culture ou son
représentant ;
L’administrateur général de la Réunion des musées nationaux ou son représentant ;
Le président de l’Etablissement public du musée d’Orsay ou son représentant ;
8 Décret n° 2005-538 du 23 mai 2005 relatif à l’Etablissement public du musée national Jean-Jacques Henner.
Annexe 1.
9
Toujours un représentant de la famille du donateur ;
Un représentant du personnel ;
Quatre personnalités choisies en raison de leur compétence dans le domaine d’activité
de l’établissement, dont un membre de l’Académie des Beaux-arts.
Le président du conseil est choisi parmi ces dernières. Il est nommé pour une durée de
trois ans renouvelable. Les membres ne sont plus nommés à vie, mais sont soit membres de
droit (pour les quatre premiers), soit nommés pour trois ans renouvelables.
Le directeur gère et dirige l’établissement. Ce n’est plus un artiste peintre, mais un
professionnel des musées. Il est nommé par arrêté du ministre chargé de la culture sur
proposition du directeur des musées de France pour une durée de trois ans renouvelable. Il
rend compte de sa gestion au conseil d’administration. Sous son autorité directe et nommé sur
sa proposition, le secrétaire général du musée prépare et met en œuvre ses décisions. L’équipe
administrative comporte enfin un agent comptable nommé par arrêté conjoint du ministre
chargé de la culture et du ministre chargé du budget.
Ces changements répondent à une volonté d’adaptation de l’établissement aux enjeux
contemporains en matière de gestion des musées. On le voit tout d’abord avec la décision de
confier la direction à un professionnel des musées et non plus à un artiste. En outre, cette
modification des statuts marque une véritable ouverture du musée et de ses collections :
auparavant, le prêt d’œuvres était interdit. Cette clause présente dans les anciens statuts a été
supprimée afin de permettre, notamment, de passer des conventions avec d’autres
établissements dans la perspective d’un développement du musée. Notons tout de même que
les nouveaux statuts adoptent une posture de compromis, en maintenant dans le Conseil
d’Administration au moins un artiste issu de l’Académie des Beaux-arts et un représentant de
la famille du peintre. Cela correspond à une volonté de conserver l’esprit de la donation
originelle9.
1.2 Le musée et Internet
Après avoir présenté le musée, il convient de définir sa stratégie en ligne en matière de
publics. Afin d’éclairer le positionnement du musée sur Internet, nous commencerons par
9 Source : entretien avec Marie-Hélène Lavallée, annexe 6.
10
dresser un bref historique de la présence des musées en ligne et des pratiques les plus
répandues actuellement.
1.2.1 Les musées et Internet : petit historique de la présence des musées en ligne
Notre ambition n’est pas ici de retracer une histoire exhaustive d’Internet et du
développement de la présence des musées en ligne10
. Il s’agit plutôt d’exposer quelques
grands jalons de cette histoire afin de mieux appréhender et de mieux situer les pratiques en
ligne du musée Henner.
a) Les premiers pas des musées sur Internet
La question de la présence des musées en ligne s’est posée dès les années 1990. Les
premières conférences internationales sur le sujet, celles de l’ICHIM11
et de Museums and the
Web12
, ont ainsi eu lieu respectivement en 1991 et 1997. La décennie 1990 marque
l’apparition sur la toile d’une première génération de sites Internet de musées. Ces sites
Internet sont alors purement informationnels, utilisés avant tout comme des substituts aux
supports physiques de communication et d’information13
. Ils prennent la forme de sites
« vitrines » ou « brochures», assez caractéristiques de ce que l’on appelle aujourd’hui « Web
1.0 »14
. Ce terme désigne ce que l’on pourrait appeler un premier stade du Web, avec
des pages statiques, que l’on peut considérer comme étant principalement un outil de
diffusion et de visualisation de données. Le milieu muséal français semble au départ avoir
accusé un certain retard en matière d’exploitation des possibilités du Web à cause de ses
réticences à l’égard des nouvelles technologies, malgré l’existence de « pionniers » comme la
Cité des Sciences15
, et plus généralement les centres de sciences et les musées d’art
contemporain.
10
Nous renvoyons pour cela le lecteur à la lecture de BEN SASSI Mériam, Le musée à l’ère de l’Internet,
mémoire de M1 de Paris I Panthéon-Sorbonne, 2007. 11
International Conference on Hypermedia and Interactivity in Museums :
<http://www.archimuse.com/conferences/ichim.html> 12
<http://www.archimuse.com/conferences/mw.html> 13
CRENN Gaëlle, VIDAL Geneviève. Les musées français et leurs publics à l’âge du Web 2.0. Nouveaux
usages du multimédia et transformations des rapports entre institutions et usagers ?, in Patrimoine et culture
numérique [en ligne], ICHIM, octobre 2007, Toronto [réf. du 03/05/11]. Disponible sur le World Wide Web :
<http://www.archimuse.com/ichim07/papers/crenn/crenn.html> 14
Par opposition à l’expression « Web 2.0 » 15
DRUBAY Diane, Musées, Web 2.0 et nouvelles technologies en ligne et mobiles : étude d’une nouvelle
dynamique numérique servant les missions fondamentales des musées, mémoire de M2 de Paris I Panthéon-
Sorbonne, 2009, p.16.
11
Suit une seconde génération de musées en ligne intégrant peu à peu de nouveaux
contenus. L’idée du site Internet en tant qu’espace virtuel distinct du musée physique,
exploitant les propriétés spécifiques au Web afin d’enrichir l’expérience du visiteur se
développe au début des années 2000 : ainsi, les expositions virtuelles mais aussi les forums et
les listes de diffusion se multiplient16
. En 2001, le bilan du « Programme d’Action
Gouvernementale pour la Société de l’Information » (lancé en 1998) marque pour la France la
reconnaissance officielle de l’importance du rôle d’Internet pour les musées. Au-delà, la
multiplication des sites Internet de musées traduit une reconnaissance au sein même du milieu
muséal en France, selon Mériam Ben Sassi17
. Peu à peu, une véritable volonté de prise en
compte de la perception de l’expérience en ligne vécue par le visiteur émerge. C’est dans cette
optique qu’apparaissent les premières études des publics à destination des internautes18
, avec
notamment, en 1999, une enquête de la Direction des Musées de France sur l’appropriation et
l’usage des sites de musées19
. Ceux-ci commencent à être perçus comme de véritables outils
de médiation20
. La problématique de la relation avec le public, sous-jacente dès les premières
réflexions sur la présence des musées en ligne, prend alors de plus en plus d’importance.
L’idée qu’Internet peut faire évoluer la relation entre le musée et le public se développe et
prendra bientôt son essor.
b) Les musées à l’ère du Web 2.0
En 2005 en effet intervient la « révolution Web 2.0 »21
. En réalité, les changements ne
sont pas apparus du jour au lendemain ; pour le sociologue Dominique Cardon, les principes
étaient en germe dès l’origine du réseau22
. Mais ils éclatent alors au grand jour avec la
diffusion du terme « Web 2.0 » popularisé par Tim O’Reilly23
, fondateur de la société
O’Reilly Media, maison d’édition spécialisée dans l’informatique. Il est difficile de donner
une définition exacte du Web 2.0, parfois aussi appelé « Web social » ou encore « Web
participatif » car ce sont des expressions souvent utilisées pour décrire des réalités très
16
BOWEN Jonathan, Le musée virtuel, Museum International, janv.-mars 2000, vol.52, n°205. Paris : éditions
Unesco, 2000, p.4-7. 17
BEN SASSI Mériam, Le musée à l’ère de l’Internet, Op. Cit., p.73 18
Ibid. p.69-70 19
BERNIER Roxane ; VOL Alexandra. Pratiques et représentations de sites-musées sur l'internet, Paris :
Ministère de la culture et de la communication, Direction des musées de France, Département des publics, 1999 20
BEN SASSI Mériam, Le musée à l’ère de l’Internet, Op. Cit., p. 76-77. 21
Pour un éclairage plus complet sur les notions de « Web 2.0 », « Réseaux sociaux » et « communautés
virtuelles », voir COUILLARD Noémie, Présence muséale dans le « Web social » : enjeux, pratiques et effets,
Op. Cit. 22
CARDON Dominique, La démocratie Internet. Promesses et limites, Paris : Seuil, 2010 (La République des
Idées) p.55 23
O'REILLY, Tim, What Is Web 2.0: Design Patterns and Business Models for the Next Generation of
Software, [en ligne], 2005 [ réf. du 18/04/11]. <http://oreilly.com/web2/archive/what-is-web-20.html>
12
différentes, comme le montre Noémie Couillard24
. Néanmoins, il est possible de faire
apparaître quelques-unes des grandes tendances qui caractérisent cette évolution d’Internet et
que ces termes sous-tendent. Selon la définition d’O’Reilly, le Web devient pour les usagers
une plate-forme de services dont les contenus sont accessibles et appropriables. On associe
généralement le Web 2.0 au développement de nouveaux types de « services » en ligne et
notamment ceux qui nous intéressent dans le cadre de notre étude, les réseaux sociaux et les
blogs. En effet, ces deux types de sites incarnent bien la liberté nouvelle qui est donnée aux
internautes de devenir eux-mêmes producteurs de contenus et de partager des informations,
dépassant la « dynamique d’auteur à lecteurs »25
qui caractérisait Internet auparavant. La
participation et le partage sont ainsi les maîtres mots du Web 2.0. L’internaute n’est alors plus
seulement utilisateur, mais aussi producteur, diffuseur et prescripteur26
. Autre caractéristique
du Web 2.0, le développement spectaculaire d’Internet en tant qu’espace de socialisation et
moyen de constituer des réseaux de connaissances, ce qu’incarnent très bien les réseaux
sociaux et qui a contribué à la diffusion de l’idée de la possibilité de créer des « communautés
virtuelles » autour de valeurs ou d’intérêts communs.
Dans ce contexte, les musées, après avoir investi le « Web 1.0 », s’emparent peu à peu
des nouvelles possibilités d’Internet, des nouveaux outils de socialisation comme de ceux de
partage et d’échange de données. On assiste à une diversification des types de contenus, à une
meilleure exploitation des potentialités de l’interactivité offertes par le Web, et au
développement de l’enjeu pour le musée de se créer une véritable identité en ligne. Au-delà de
la volonté d’offrir des contenus multimédias plus variés, qui reste de l’ordre de la relation
producteur-récepteur, certains musées entrent dans une logique d’échange avec le public à
partir des « outils 2.0 »27
.
Le blog est l’un de ces outils ; tenu par un ou plusieurs membres de l’équipe du musée,
le blog est alors parfois appelé « blog institutionnel ». Ce phénomène prend de l’ampleur à
partir de 200628
. A la fois outil d’information et de partage, il offre généralement des données
que l’on ne peut trouver sur le site Internet de musée ; il ne le remplace pas, mais vient en
24
COUILLARD Noémie, Présence muséale dans le « Web social » : enjeux, pratiques et effets, Op. Cit. p. 10. 25
Ibid. p. 10. 26
DRUBAY Diane, Musées, Web 2.0 et nouvelles technologies en ligne et mobiles : étude d’une nouvelle
dynamique numérique servant les missions fondamentales des musées, Op. Cit., p. 13. 27
Pour une analyse plus exhaustive de l’utilisation des outils du Web 2.0 par les musées, voir DRUBAY
Diane, Musées, Web 2.0 et nouvelles technologies en ligne et mobiles : étude d’une nouvelle dynamique
numérique servant les missions fondamentales des musées Op. Cit. 28
AUBIN Laetitia, Museum 2.0. La construction de la participation sociale, mémoire de M1 de Paris I
Panthéon-Sorbonne, 2010, p. 37.
13
complément. Derrière un blog de musée se cache généralement la volonté de définir des
nouveaux rapports avec le public : à partir d’un contenu inédit et de la possibilité d’échanger
avec un ou plusieurs interlocuteurs membres de l’institution, il s’agit souvent d’instaurer avec
l’internaute une relation de proximité et un contact privilégié. Une ligne directrice est donc
généralement définie selon le type de discours que désire faire passer le musée. Diane Drubay
propose ainsi une classification de la blogosphère muséale en fonction des objectifs qui
président à la création du blog, qu’il s’agisse de parler de l’actualité de l’institution, de
promouvoir une exposition, de lever le voile sur le fonctionnement du musée, etc.29
. Les sites
de réseaux sociaux comme Facebook30
, Twitter31
, ou encore Myspace32
constituent d’autres
« outils 2.0 » peu à peu plébiscités par les musées. Noémie Couillard souligne l’existence de
deux vagues d’inscriptions des musées sur les sites de réseaux sociaux33
. La première, à situer
aux alentours de 2008, concerne en premier lieu les musées anglo-saxons, et en France, les
musées de sciences, d’art contemporain ; on note la même réticence de la part des institutions
françaises que quelques années plus tôt vis-à-vis d’Internet. Mais les musées français, et
surtout les musées de Beaux-arts, rattrapent en partie ce retard lors d’une seconde vague
d’inscriptions en 2009-2010. Les musées investissent aussi les sites de partage et de diffusion
tels que Flickr34
pour les photographies, Dailymotion35
ou Youtube36
pour les vidéos.
La présence des musées en ligne se pense alors de plus en plus en lien avec la vie du
musée in situ. L’actualité du musée se vit en temps réel sur Internet. Mais au-delà, certains
établissements, au premier rang desquels se trouve le Brooklyn Museum réputé pour son rôle
de pionnier en matière d’utilisation du Web 2.0, commencent à rechercher des façons de créer
une véritable continuité entre la vie du musée en ligne et la vie du musée in situ. Noémie
Couillard a étudié l’une des manifestations de ce phénomène : les « soirées Facebook »37
,
événements organisés en ligne, réservés au public du musée présent sur Facebook, mais qui se
déroulent dans les murs du musée. Nous verrons que les nocturnes organisées au musée Jean-
Jacques Henner, si elles ne sont pas exclusivement réservées aux internautes, s’inscrivent
dans une logique similaire.
29
DRUBAY Diane, Musées, Web 2.0 et nouvelles technologies en ligne et mobiles : étude d’une nouvelle
dynamique numérique servant les missions fondamentales des musées, Op. Cit., p. 61 – 68. 30
<http://www.facebook.com/> 31
<https://twitter.com/> 32
<http://www.myspace.com/> 33
COUILLARD Noémie, Présence muséale dans le « Web social » : enjeux, pratiques et effets, Op. Cit., p. 41
– 43. 34
<http://www.flickr.com/> 35
<http://www.dailymotion.com/> 36
<http://www.youtube.com/> 37
Ibid. p.153-157.
14
L’idée d’un véritable « musée 2.0 », fondé sur la logique participative qui caractérise
le web 2.0 commence à faire son chemin, portée notamment par Nina Simon38
et son blog
Museum 2.039
. Celle-ci propose une transposition de la philosophie 2.0, basée sur la
participation des internautes et l’intelligence collective, pour l’adapter à l’intérieur des murs
du musée physique et au public40
. On voit ainsi comment le Web 2.0 soulève des enjeux bien
plus complexes que la volonté de toucher un nouveau public et d’apporter les données et
informations souhaitées par les visiteurs ; il entraîne l’apparition de questionnements qui
remettent en cause le fonctionnement même des institutions.
1.2.2 Le musée Henner en ligne : politique41
Le contexte de l’apparition et du développement des musées en ligne étant défini, nous
allons maintenant nous attacher à présenter la stratégie du musée Jean-Jacques Henner en
matière de publics, qui se déroule essentiellement en ligne.
a) Les origines
Avant la réorganisation du musée, il n’y avait pas réellement de politique des publics.
Les seuls outils mis à la disposition des visiteurs étaient quelques rares éléments d’aides à la
visite présents dans les salles du musée. Mais le personnel du musée ne semble pas avoir mis
en place des initiatives pour développer la fréquentation du musée. Comme nous l’avons vu,
les années 2000 marquent pour le musée un moment de réflexion globale qui concerne aussi
bien le bâtiment que la politique et le fonctionnement du musée. En 2007, une partie de ses
collections est exposée au musée de la Vie Romantique dans le cadre de l’exposition « Face à
l’Impressionnisme, Jean-Jacques Henner (1829-1905), le dernier des romantiques »42
. Comme
le notait Jean-David Jumeau-Lafond dans un article pour le journal en ligne La Tribune de
l’Art, « ce « déplacement» s’explique par la fermeture pour d’importantes rénovations du
Musée national Jean-Jacques Henner (…). Il se justifie aussi pleinement par un constat un
peu triste mais éloquent : il y aura probablement cent fois plus de visiteurs au Musée de la vie
romantique pour voir les œuvres de l’artiste que dans son propre musée pourtant situé à
38
Consultante indépendante à l’origine, Nina Simon a annoncé sa nomination à la tête du Museum of Art &
History au McPherson Center de Santa Cruz le 14/04/11 sur son blog. 39
<http://museumtwo.blogspot.com/> 40
AUBIN Laetitia, Museum 2.0. La construction de la participation sociale, Op. Cit. 41
Sources : entretiens avec Diane Drubay et Marie-Hélène Lavallée, annexe 6. 42
Exposition ouverte au public du 26/06/07 au 13/03/08.
15
quelques dizaines de rues seulement43
.». Cet événement a en quelque sorte lancé un
mouvement de redécouverte du peintre par le public et est considéré par Marie-Hélène
Lavallée comme le premier jalon d’une nouvelle communication. Le deuxième moment
essentiel dans la réflexion sur les publics au musée est sa réouverture en novembre 2009. A
cette occasion, une véritable stratégie de communication a été déployée. Celle-ci s’est
déclinée selon deux axes, avec d’un côté une communication assez classique, à partir d’un
dossier de presse et d’une campagne d’affichage, et parallèlement, tout un pan « nouveaux
médias » dont la responsabilité à été confiée de septembre à novembre 2009 à l’agence
Buzzeum, fondée par Diane Drubay, en tant que prestataire pour le Ministère de la Culture et
de la Communication. C’est à ce moment-là qu’il faut situer les débuts de la vie en ligne du
musée Henner, et c‘est cette stratégie que le musée a choisi de poursuivre une fois passée la
réouverture en prolongeant sa collaboration avec Buzzeum.
b) Les enjeux et les principes
« Nous nous sommes retrouvés face à un musée et un artiste qui n’étaient connus de
personne, des œuvres cachées dans les réserves, donc face à un musée qui n’avait pas de
public potentiel, mis à part les passionnés du XIXe ou des Alsaciens. »
44
Cette phrase de Diane Drubay illustre bien la problématique à laquelle le musée a été
confronté après plusieurs années de fermeture : la nécessité de faire connaître non seulement
le musée, mais aussi le peintre auprès du public. Et c’est dans ce double objectif que se met en
place une stratégie sur Internet. Cela se concrétise en ligne dès septembre-octobre 2009 avec
la création de deux sites, l’un dédié au musée, l’autre au peintre, mais aussi comme nous
allons le voir, avec une présence sur Facebook sous deux formes différentes, ainsi que sur
Flickr et Dailymotion. L’activité du musée sur les nouveaux médias en ligne s’inscrit
également dans la logique de modernisation du musée développée à différents niveaux. La
création d’une « identité numérique » vient en quelque sorte finaliser ce processus : à la
modernisation du bâtiment et du fonctionnement du musée s’ajoute une modernisation de son
image. Internet est un terrain de choix pour le musée Henner. Tout d’abord, la communication
en ligne est la stratégie la moins coûteuse, ce qui est un point important pour un petit
établissement. En outre, elle apparait plutôt bien adaptée au public ciblé par l’établissement
43
JUMEAU-LAFOND Jean-David, « Face à l’impressionnisme, Jean-Jacques Henner (1829-1905), le dernier
des romantiques »[en ligne], La Tribune de l’Art, 27 juin 2007 [réf. Du 03/05/11]. Disponible sur le World Wide
Web : <http://www.latribunedelart.com/face-a-laeur-tm-impressionnisme-jean-jacques-henner-1829-1905-le-
dernier-des-romantiques-article00945.html> 44
Entretien avec Diane Drubay, annexe 6.
16
dans sa volonté de « dépoussiérer » l’image du musée : les 18-34 ans. En effet, l’enquête
sur « Les pratiques culturelles des Français » de 2008 a montré que les moins de 35 ans ont
largement intégré l’ordinateur dans leur temps libre et qu’ils s’illustrent par la diversité de
leurs usages en ligne, y compris culturels. Selon cette même enquête, plus de la moitié des
jeunes de 15 à 34 utilisent Internet quotidiennement45
.
Mais une fois le public informé, encore faut-il le faire venir, et revenir. Autrement dit,
il s’agit de fidéliser le public, en développant une programmation originale. Depuis 2010,
cette programmation a pris essentiellement deux formes : de petites expositions d’une part, et
d’autre part des animations proposées au public lors de nocturnes au musée une fois par mois.
La première a vite rencontré ses limites, les espaces d’exposition étant pour le moment peu
adaptés à l’accueil d’expositions d’envergure. La seconde en revanche rencontre
véritablement du succès, si l’on en juge le nombre de participants46
. Ces soirées, dont
l’organisation a également été confiée à Buzzeum, proposent des animations en relation soit
avec le peintre, soit avec son époque, soit avec la vocation originelle des lieux, en accord avec
le souhait de la directrice de privilégier un concept de développement du musée autour de la
notion d’atelier d’artiste. En 2010 et 2011, le public a ainsi pu se faire photographier dans le
musée à la manière de Nadar ou encore participer à une séance de dessin avec modèles
vivants en costume. Néanmoins, ces nocturnes ne peuvent se penser totalement
indépendamment de la présence du musée sur Internet et sont intégrées à la stratégie de
communication en ligne. En effet, l’événement se déroule in situ mais sa construction et son
organisation se passent en ligne. Le musée va chercher son public sur Internet à partir de
Facebook et de blogs en lien avec la thématique de la soirée. « Il s’agit d’organiser
l’événement en ligne, de vivre quelque chose d’assez unique sur place qui va toucher ce
public des 18-35 ans, avant de retourner en ligne pour mettre des commentaires, ses photos
etc. Le but est de montrer que c’est un vrai cercle que l’on peut produire autour de ces
événements. »47
. La vie du musée en ligne et son animation in situ sont donc intimement liées.
45
DONNAT Olivier, Les pratiques culturelles des Français à l’ère numérique : enquête 2008, Paris : La
Découverte, 2009, p.46-47. 46
Plus d’une centaine lors des deux derniers événements (mois de mars et avril 2011). Source : entretien avec
Marie-Hélène Lavallée (non enregistré) 47
DRUBAY Diane « Musées 2.0 ? », in Rencontres Wikimédia, déc. 2010, Paris. Disponible sur World Wide
Web : < http://rencontres.wikimedia.fr/index.php/Video-audio>
17
1.2.3 Les différentes plates-formes48
Il convient désormais de présenter les différents sites sur lesquels le musée est actif et
les objectifs qui sous-tendent chacune de ces présences en ligne. Ils nous apportent des
éléments de compréhension des enjeux actuels concernant les musées face aux possibilités
offertes par le Web 2.0.
a) Le site officiel49
Il s’agit du site Internet du musée, comme beaucoup de musées en possèdent
aujourd’hui. Le contenu ne présente pas d’originalité particulière. On y trouve des
informations assez générales concernant la présentation de l’établissement, qui se déclinent
essentiellement en six grandes sections :
- « Informations pratiques » : cette section regroupe les informations utiles pour se
rendre au musée (adresse, horaires, tarifs).
- « Actualités » : cette section présente la programmation du musée (expositions et
nocturnes).
- « Le musée et ses collections » : on y trouve une brève présentation des collections du
musée ainsi qu’une sélection de dix œuvres commentées.
- « Jean-Jacques Henner » : cette section contient une biographie de l’artiste.
- « L’Hôtel particulier » : cette section est dédiée à la présentation du bâtiment.
- « Contact » : un formulaire permet d’envoyer un message au personnel du musée.
Cette organisation est plutôt classique. A titre de comparaison, le site du musée
Gustave Moreau propose à quelques variantes près des sections très similaires50
. Les contenus
proposés restent assez traditionnels, l’interactivité n’est pas recherchée ; finalement, on n’est
guère éloigné du site Internet « brochure ». Cela se justifie par la fonction attribuée au site.
Selon Diane Drubay, le site officiel s’adresse avant tout à un public déjà conquis, un public
averti en matière de loisirs culturels et de musées. Il s’agit alors de lui fournir de la façon la
plus claire possible les informations de base dont il peut avoir besoin.
48
Source : entretien avec Diane Drubay, annexe 6. 49
<http://www.musee-henner.fr/> (annexe 3) 50
<http://www.musee-moreau.fr/> (annexe 3)
18
b) Le site Henner intime51
Ce site se présente sous une forme différente : celle du blog. Un blog est constitué
d’un ensemble de billets ou notes rédigés et publiés par une ou plusieurs personnes et mis en
ligne au fil des jours. Ces billets peuvent contenir du texte, des images, des sons ou encore
des vidéos. Ils peuvent généralement recevoir des commentaires et apparaissent le plus
souvent selon un ordre antéchronologique52
. C’est à partir du blog Henner intime qu’a été
conçue la « personnalité numérique » du musée en ligne. Le nom même du blog reflète l’état
d’esprit que le musée tente de faire passer à travers cet outil ; il s’agit d’essayer de créer une
relation différente du public au musée, à l’artiste et à ses œuvres, qui se fonde sur l’intimité.
On peut s’interroger sur cette notion d’« intimité ». Quel est ce sentiment d’intimité que le
musée souhaite développer chez ses visiteurs en ligne ? Pour Diane Drubay, « une
information ne sera pas prise de la même manière s'il vient de la sainte parole du musée ou
s'il vient d'une personne qui écrit derrière un blog... Tout l'intime réside dans le porte-parole
et la qualité du contenu. ». Ainsi, il s’agit d’instaurer avec l’internaute un climat de confiance
et de proximité, en mettant à sa disposition un contenu scientifique, c’est-à-dire validé par
l’institution, mais toutefois produit par un interlocuteur spécifique, à qui l’on peut s’adresser
personnellement, et non par l’entité abstraite et autoritaire que peut représenter pour certains
le musée. L’intimité réside aussi dans le type de contenu disponible sur le blog : en effet, on y
trouve essentiellement des anecdotes qui permettent d’approcher l’artiste et son travail de
façon différente, moins officielle. Le blog étant un outil parfaitement adapté à une
actualisation fréquente, Henner intime est également utilisé pour diffuser les actualités du
musée et propose surtout toute une série de billets au contenu inédit, regroupés dans une
section thématique portant sur la vie du musée avec des documents sur ses « coulisses », ainsi
que des photographies et vidéos prises durant les événements. Autrement dit, Henner intime
accueille un contenu qui trouverait difficilement sa place sur le site officiel. Il exploite par
ailleurs davantage le multimédia en faisant appel à différents supports : on y trouve textes,
photographies et vidéos. On est très proche de l’analyse faite par Gaëlle Crenn et Geneviève
Vidal lors des conférences de l’ICHIM en 2007 : « […] le blog apparait ainsi comme un
moyen de transmettre un autre contenu et une autre image du musée : l’institution s’ouvre et
51
<www.henner-intime.fr> (annexe 3) 52
DRUBAY Diane, Musées, Web 2.0 et nouvelles technologies en ligne et mobiles : étude d’une nouvelle
dynamique numérique servant les missions fondamentales des musées, Op. Cit., p. 60.
19
offre un contenu autrefois confidentiel : les coulisses permettent aux visiteurs de pénétrer
l’intimité de l’institution, et ainsi de créer un lien de proximité plus fort avec les publics.»53
.
c) Facebook54
La présence sur le site Facebook est également un élément central de la stratégie du
musée en ligne. Créé en 2004, Facebook se présente sous la forme d’une multitude de pages
qui se déclinent en profils individuels, en groupes thématiques et en pages « fans »55
. La
France compte actuellement plus de vingt millions d’utilisateurs, les 18-34 ans représentant
un peu plus de la moitié56
. Chaque utilisateur constitue son réseau de contacts nommés
« amis » à partir de son profil personnel et peut rejoindre des « groupes » qui correspondent à
ses centres d’intérêts ou bien afficher ses goûts en s’abonnant aux pages « fans » qui
l’intéressent. Il reçoit sur son « fil d’actualité » toutes les actualisations de son réseau ainsi
constitué, qu’il s’agisse de modifications d’informations ou d’éléments publiés. Le nombre de
musées sur Facebook s’est considérablement accru ces deux dernières années. Une
communication à moindre coût, une volonté de changer son image, de pouvoir cibler son
public ou de trouver un nouveau canal de diffusion… Les motivations qui poussent les
musées à s’inscrire sont nombreuses et ont été analysées récemment par Noémie Couillard57
,
qui a par ailleurs montré que Facebook était la plate-forme communautaire la plus plébiscitée
par les musées nationaux en 2010. La plupart utilisent une page de type « fans ». Le musée
Henner quant à lui est présent sous deux formes différentes :
- une page « fans » assez classique, intitulée simplement « Musée national Jean-Jacques
Henner », et qui est la page officielle, institutionnelle, du musée à proprement parler58
.
762 personnes ont rejoint cette page à l’heure actuelle.
- une page de type « profil » individuel, ce qui est plus rare pour un musée59
mais qui
s’explique néanmoins par les objectifs de cette présence en ligne. Ce profil Facebook60
est en quelque sorte le prolongement du site Henner intime sur un réseau social.
53
CRENN Gaëlle, VIDAL Geneviève. Les musées français et leurs publics à l’âge du Web 2.0. Nouveaux
usages du multimédia et transformations des rapports entre institutions et usagers ?, Op. Cit. 54
Pour une description complète du fonctionnement de Facebook, voir COUILLARD Noémie, Présence
muséale dans le « Web social » : enjeux, pratiques et effets, Op. Cit. P. 32 – 35. 55
Aussi appelées pages « j’aime », l’utilisateur devant cliquer sur un bouton « j’aime » pour rejoindre une page
de ce type. 56
Source : <http://www.checkfacebook.com/> 57
COUILLARD Noémie, Présence muséale dans le « Web social » : enjeux, pratiques et effets, Op. Cit., 2010 58
<http://www.facebook.com/pages/Mus%C3%A9e-national-Jean-Jacques-Henner/155468760644> 59
Les pages « fans » présentent certains avantages pour les institutions ou entreprises commerciales,
notamment la possibilité d’avoir accès à des statistiques sur les utilisateurs. 60
<http://www.facebook.com/jeanjacques.henner>
20
Intitulé « Jean-Jacques Henner », il incarne virtuellement le peintre et contribue ainsi à
créer la personnalité numérique du musée et de l'artiste61
. Mais ce profil Facebook
constitue également un point de départ en ligne à partir duquel s’organisent les
événements in situ.
En effet, la communication du musée sur Internet s’appuie essentiellement sur deux types de
publics en ligne : d’une part, des blogueurs « ambassadeurs », qui viennent régulièrement au
musée et parlent de leurs expériences de visite sur leur blog, touchant un lectorat parfois
considérable62
. D’autre part, le profil Facebook « Jean-Jacques Henner », avec son réseau de
plus de 1600 « amis », permet de diffuser des informations sur les événements du musée. Une
fois l’événement passé, sa vie se poursuit en ligne, sur le blog Henner intime mais surtout sur
Facebook, où sont publiées photos et vidéos des nocturnes, mais où sont également relayées
les impressions des visiteurs par le biais des commentaires qu’ils peuvent écrire sur chaque
élément publié, et de billets publiés sur des blogs. Le profil Facebook est ainsi utilisé pour
partager des données, concernant souvent des expériences de visiteurs, qui circulent par des
canaux externes à l’institution, comme les blogs. En relayant ces contenus, le musée Henner
se positionne en dehors de la conception traditionnelle du musée en tant que détenteur et
dispensateur de savoir exclusif. En somme, « l’accès aux contenus et les échanges avec les
usagers deviennent des relations moins asymétriques »63
.
d) Flickr et Dailymotion
Flickr64
et Dailymotion65
sont deux outils de diffusion et de partage de contenus, l’un
concernant la photographie et l’autre la vidéo. Ils accueillent dès lors surtout des
communautés spécialisées dans le domaine qui leur est propre. Par une présence sur ces
réseaux sociaux, l’objectif du musée Henner est double. La volonté d’intégrer ces
communautés d’utilisateurs est présente, sans être privilégiée. Ces communautés pouvant
constituer un public potentiel pour le musée, il a semblé important à Diane Drubay que le
musée y soit représenté ; cependant, il n’y joue pas pour autant un rôle actif. L’utilisation
principale de ces sites est celle de la diffusion de contenu, ce qu’ils permettent facilement : les
61
Il existe d’autres exemples d’une telle utilisation de Facebook, comme la création du profil de Juliette
Récamier par le Musée des Beaux-arts de Lyon ou encore de Dominique-Vivant Denon pour le Louvre.
Toutefois, ce n’est pas l’usage le plus répandu de Facebook par les musées. 62
La blogueuse mode Louise Ebel, connue sous le pseudonyme de «Miss Pandora» (<www.misspandora.fr>)
suscite ainsi à chacun de ses billets sur le musée Henner une vague de connexions sur le site Henner intime. 63
CRENN Gaëlle, VIDAL Geneviève, Les Musées Français et leurs publics à l’âge du Web 2.0.Nouveaux
usages du multimédia et transformations des rapports entre institutions et usagers ? Op. Cit. 64
<http://www.flickr.com/photos/hennerintime/> (annexe 3) 65
<http://www.dailymotion.com/henner-intime/> (annexe 3)
21
photos et vidéos publiées sur Flickr et Dailymotion sont ainsi « exportables », c’est-à-dire que
l’on peut reprendre ces contenus pour les diffuser sur d’autres plates-formes en ligne, ce que
fait le musée Henner en les publiant sur Facebook ou sur le blog. Les internautes peuvent eux-
mêmes partager ces contenus. Par cette présence en ligne, le musée Henner n’est donc pas très
éloigné d’un autre fondement de la « philosophie 2.0 », à savoir l’accessibilité et
l’appropriation des contenus pour les usagers.
1.3 Enjeux de la recherche
Nous avons montré comment le musée Henner, à travers sa présence en ligne, essayait
de créer une continuité entre visite en ligne et visite in situ. La question qui se pose alors est :
y-a-t-il aussi une continuité entre public en ligne et public in situ ? Les visiteurs forment-il un
public homogène ?
1.3.1 Musées, Internet et publics : problématiques
Bien qu’il y ait encore assez peu d’ouvrages de référence sur le sujet, ce qui pourrait
s’expliquer par le fait qu’Internet est un espace en perpétuelle évolution, encore récent et peu
facile à cerner, plusieurs tendances se dessinent aujourd’hui dans la manière d’aborder les
rapports entre Internet, le public et les musées. On peut séparer ces tendances en deux grandes
catégories.
Tout d’abord, comme on l’a vu notamment au travers de l’exemple de Nina Simon, se
posent des questions de fond sur l’évolution de la conception du musée et de ses rapports au
public, c’est-à-dire tout ce qui tourne autour de la notion de « Musée 2.0 ». Cette
problématique est souvent abordée sous l’angle des usages participatifs, collaboratifs et
collectifs, et donc de l’évolution des conceptions de l’auctorialité des contenus et de l’autorité
de l’institution. Elle est également souvent l’occasion d’analyser les utilisations des outils 2.0
par les musées.
Une seconde grande thématique concerne la connaissance des utilisateurs sous l’angle
de leur profil sociodémographique ou de leurs pratiques en ligne parfois considérées au regard
22
de leurs pratiques culturelles « traditionnelles »66
. En dehors des études d’évaluation de la
satisfaction portant sur les sites de musée, phénomène de plus en plus important67
qui répond
à des besoins internes aux institutions mais qui montre bien l’intérêt croissant qu’elles portent
à ce type de visiteurs, quelques études ont tenté d’aborder le sujet sous un angle plus proche
de la recherche fondamentale. Parmi les grandes interrogations des chercheurs, on retrouve
souvent les usages qui sont faits des sites Internet de musée ; la question de la substitution est
peut être la plus récurrente et se retrouve dans la quasi totalité des études : les pratiques
numériques se substituent-elles aux pratiques traditionnelles68
? L’usage des plates-formes en
ligne remplace-t-il la visite au musée ? Ou bien, au contraire, pour reprendre la formulation de
Nadège Dutardre, « le « surf » sur internet produit-il le visiteur »69
?
1.3.2 Positionnement de la recherche
Evidemment, il arrive que ces deux grandes tendances se recoupent : il paraît en effet
difficile de penser musée et Internet sans penser visiteurs et internautes, et inversement. C’est
pourquoi, si l’objet de notre recherche est plutôt à placer du côté de la connaissance des
visiteurs, il nous a semblé important de présenter plus haut quelques pistes de réflexion sur
l’utilisation d‘Internet par les musées et ses implications. Notre étude propose une approche
centrée non seulement sur la connaissance des internautes mais aussi sur celle du public du
musée in situ. L’avantage d’une telle démarche est de ne pas se contenter des déclarations des
internautes sur leurs visites au musée ou au contraire sur les intentions des visiteurs in situ à
se rendre sur Internet à la suite de leur venue, mais de pouvoir comparer deux réalités à partir
de données récoltées à la fois en ligne et in situ. Cette recherche tente d’éclairer les liens qui
existent entre ces deux types de visite sous l’angle du public : s’agit-il d’un public
homogène ? Ou bien est-ce qu’à deux types de visites correspondent deux types de profils de
visiteurs bien distincts ? Y-a-t-il des passages d’un type de visite à l’autre ? Pour répondre à
ces interrogations, il convient de vérifier si des profils différents se dessinent en identifiant ces
visiteurs : qui sont-ils ? Comment ont-ils connu le musée ? Quelle est la place d’Internet dans
66
Expression empruntée à Olivier Donnat, utilisée pour désigner les activités culturelles qui existaient avant
l’arrivée d’Internet. 67
Ainsi, en 2010 et 2011, plusieurs établissements français comme le Louvre, la Cité de l’Architecture et du
Patrimoine ou encore le château de Versailles ont proposé un questionnaire en ligne à destination des internautes. 68
DONNAT Olivier, les pratiques culturelles des Français à l’ère numérique : enquête 2008, Op. Cit. 69
DUTARDRE, Nadège. Publics des musées en ligne et publics des musées réels : quels liens?
Paris : Ministère de la culture et de la communication, Direction des musées de France, 2003, p.17.
23
leur expérience de visite ? Ainsi, il parait difficile de définir un public d’internautes sans
s’intéresser à ses utilisations du musée en ligne. Ces interrogations nous paraissent
particulièrement pertinentes dans le cadre du Musée national Jean-Jacques Henner, petit
établissement fermé pendant longtemps, dont les collections concernent un artiste méconnu, et
qui tente depuis sa réouverture de se constituer un public en liant étroitement activités en ligne
et in situ.
Compte tenu de l’histoire du musée et notamment de sa fermeture sur une longue
période, de son thème spécifique et de la stratégie mise au point en matière de public, on
s’attendrait à retrouver dans ses murs d’un côté, un public naturel d’amateurs et de
passionnés, plutôt âgé et local ; d’un autre côté, un public jeune et internaute, qui correspond à
celui ciblé par l’institution. En ligne, on s’attend à retrouver essentiellement ce public des 18-
34 ans, un public jeune dont les pratiques en ligne n’excluent pas la venue au musée, selon la
logique du cumul mise au jour notamment par Olivier Donnat qui a démontré que pratiques
numériques et pratiques culturelles traditionnelles vont globalement de pair70
.
2 Méthodologie
2.1 Présentation des outils
Dès l’origine, l’utilisation de deux questionnaires complémentaires, l’un adressé aux
visiteurs du musée in situ, l’autre aux visiteurs du musée en ligne, a été envisagée. L’objectif
étant d’établir une comparaison entre les profils des uns et des autres afin de mettre en
lumière points communs et spécificités, la solution de les interroger séparément avant de
recouper les résultats s’est en effet imposée d’elle-même. Le questionnaire est apparu comme
l’outil le plus adapté : il permet de faire apparaitre le profil des visiteurs à partir de quelques
questions (âge, lieu de résidence, niveau d’études…). Le choix retenu a été celui du
quantitatif ; en effet, il s’agit de savoir qui sont ces visiteurs dans leur globalité, de les
identifier de façon assez générale de manière à repérer des grandes tendances.
70
DONNAT Olivier, Pratiques culturelles et usages d’Internet [en ligne], Culture Études, Ministère de la
Culture et de la Communication, Département des études, de la prospective et des statistiques, mars 2007[réf. Du
03/05/11]. Disponible sur le World Wide Web : <http://www2.culture.gouv.fr/deps/fr/pratiquesinternet.pdf>
24
2.1.1 Le questionnaire destiné aux visiteurs in situ
a) Choix de l’outil
Si l’utilisation d’un questionnaire destiné aux visiteurs du musée in situ a rapidement
été décidée, les modalités de sa mise en œuvre ont été davantage discutées. En effet, depuis
juillet 2010 et jusqu’à juin 2011, une étude de public réalisée également à partir d’un
questionnaire auto-administré distribué systématiquement aux visiteurs est en cours au musée
Henner. L’objectif de cette étude, initiée par le Département de la politique des publics71
à la
demande de Marie-Hélène Lavallée, directrice de l’établissement, est de faire un point sur les
grands questionnements quelques mois après la réouverture du musée, dans la perspective de
construire un projet scientifique et culturel pertinent : qui sont les visiteurs, sont-ils satisfaits
de leur visite et quelles sont leurs attentes ? Dès lors, il paraissait difficile de proposer un
second questionnaire aux visiteurs sans faire de la concurrence, si l’on peut dire, au premier.
C’est pourquoi la solution retenue a été l’utilisation des données issues de l’enquête
déjà en cours au musée. Cette solution présentait un certain avantage ; l’enquête étant en
cours depuis le mois de juillet 2010, le nombre de questionnaires recueillis ne serait en effet
pas un problème. Plusieurs centaines de réponses étaient ainsi disponibles, permettant la
constitution d’un échantillon suffisamment étendu pour fournir une idée à priori fidèle du
profil des visiteurs in situ.
Cependant, la totalité des données issues de ce questionnaire n’a pas été traitée dans
le cadre de ce mémoire. Les mois de juillet et août 2010 n’ont pas été retenus, de façon à
répondre à un souci de cohérence vis-à-vis du déroulement de l’étude. En effet, comme l’un
des questionnaires avait d’ores et déjà été distribué et que l’autre restait à concevoir, il n’était
pas envisageable d’interroger les deux types de visiteurs au même moment, ce qui aurait été
idéal dans la mesure où il s’agit d’une étude comparative. Il fallait donc faire en sorte que la
comparaison soit pertinente malgré cette contrainte. Puisque l’étude ne pouvait se dérouler sur
un temps unique et homogène, il nous a paru important que les deux questionnaires soient
proposés aux visiteurs sur des périodes où la vie du musée est similaire. Correspondant à une
période de calme en termes de visites et d’événements, les mois de juillet et d’août ont ainsi
été écartés.
71
Service de la Direction Générale des Patrimoines, ministère de la Culture et de la Communication
25
La période retenue correspond aux mois de septembre à février 2011 inclus.
L’échantillon représente un total de 661 visiteurs.
b) Description de l’outil72
Le formulaire, conçu par le Département de la politique des publics et la directrice de
l’établissement, se compose de trente-sept questions. Ce sont, pour une large majorité, des
questions dites fermées (le visiteur se contente de choisir entre des propositions déjà
formulées). Seules six questions sont « ouvertes », le visiteur étant libre de choisir ses propres
mots. Ceci s’explique par la nature de l’étude qui privilégie l’aspect quantitatif : les questions
fermées permettent en effet un traitement des données normalisé, plus efficace quand il s’agit
de faire ressortir de grandes tendances à partir d’un nombre important de réponses. Le
questionnaire se présente sous une forme assez classique pour une étude de type quantitatif et
répond à la préconisation de François de Singly : « (…) le mieux est d’adopter un compromis
entre questions ouvertes et questions fermées, le primat étant accordé au dernières (…)73
.
Les questions sont réparties en quatre grandes sections :
« Votre appréciation de la visite par rapport à vos attentes » : cette section s’intéresse
aux attentes des visiteurs et à la satisfaction ou non de celles-ci.
« Votre expérience de visite aujourd’hui, comment jugez-vous… » : dans cette partie,
le visiteur est invité à donner son avis sur sa visite selon quatorze critères différents
(concernant aussi bien la qualité des œuvres que le confort de visite ou encore les
supports de médiation écrite…), puis à renseigner ses intentions « post-visite ».
« Votre venue aujourd’hui : circonstances et contexte » : cette section renseigne d’une
part sur le mode de connaissance du musée et du peintre par le visiteur et d’autre part
sur les circonstances de sa visite (première venue ou non, seul ou accompagné…).
« Quelques informations supplémentaires » : il s’agit de constituer la fiche
biographique du visiteur : son capital de familiarité muséale74
, son genre, son âge, son
niveau d’études, sa profession…
72
Reproduction du questionnaire : annexe 4. 73
DE SINGLY François. L’enquête et ses méthodes : le questionnaire, Paris : Nathan université, 2001, p. 68. 74
Score calculé à partir de la fréquence des visites.
26
c) Les questions retenues
Toutes les données issues d’un questionnaire visant essentiellement à mesurer la
satisfaction ne pouvaient être utilisées dans le cadre de notre étude, l’objet de la recherche
étant différent. Nous avons donc sélectionné uniquement les questions pertinentes dans le
cadre de cette recherche, laissant de côté toutes les questions en rapport avec l’évaluation de
la satisfaction.
Ce sont tout d’abord les questions relatives au profil sociodémographique des
visiteurs. En effet, puisqu’il s’agit de déterminer si les visiteurs internautes et les visiteurs du
musée forment un public homogène ou non, il importe dans un premier temps de caractériser
ces visiteurs à partir de questions assez basiques mais néanmoins indispensables75
.
Nous avons donc retenu les déterminants sociaux, c’est-à-dire les questions relatives
au genre (n°28), à l’âge (n°29), à la provenance géographique (n°30 et 31), au diplôme et à la
profession (n°32 à 36). Elles permettent de faire apparaître la fiche biographique des visiteurs,
et ce d’autant qu’elles peuvent être également posées telles quelles dans un second
questionnaire à destination des internautes pour permettre une comparaison.
A ce profil général, nous avons souhaité associer le capital de familiarité muséale,
évalué à l’aide du score obtenu à partir des questions n° 26 et 27 qui concernent les habitudes
de fréquentation de musées. Cette question nous permet de savoir si nous avons à faire à des
visiteurs habitués ou non.
75
Idem, p. 48 - 62
27
Trois questions concernant les liens des visiteurs avec le musée retiennent également
notre attention. Elles nous permettent d’une part de savoir si le public du musée est plutôt
constitué de primo-visiteurs ou d’habitués (n°18), et d’autre part d’évaluer la proportion des
visiteurs « connaisseurs » faisant partie du public naturel du musée (n°21 et 22).
Nous avons enfin retenu deux questions, l’une relative à l’avant-visite (n°25), l’autre à
l’après-visite (n°16).
Ce choix s’explique par la volonté de mesurer l’importance des « allers-retours » entre le
musée in situ et sa présence sur Internet au cœur du projet de l’institution.
La question « Comment avez-vous pris connaissance du musée et de son
programme ? » permet de mesurer le rôle d’Internet par rapport aux autres sources
d’informations, mais aussi le poids respectif de chaque type de plate-forme (site officiel, blog,
réseaux sociaux).
La question « Avez-vous l’intention de… », quant à elle, nous intéresse
essentiellement pour deux des modalités qu’elle propose : « Approfondir la visite par le site
28
Internet, une conférence » et « Parler de votre visite sur un média en ligne (blog, facebook,
twitter…). ». En effet, cela nous permet d’estimer la propension des visiteurs à se rendre sur
Internet après leur visite, et par conséquent à valider ou non l’hypothèse des « allers-retours ».
Les questions retenues peuvent ainsi être réparties en trois thèmes principaux :
- Profil sociodémographique (questions 26 à 36)
- Liens avec le musée (questions 18, 21, 22)
- Place d’Internet dans l’avant et l’après visite (questions 25 et 16).
2.1.2 Le questionnaire en ligne
a) Choix de l’outil
Il est tout de suite apparu naturel d’utiliser un outil similaire pour les deux types de
visiteurs, pour des raisons pratiques évidentes : il est plus aisé de recouper des données
récoltées de manière comparable. C’est pourquoi le questionnaire destiné aux internautes suit
globalement la logique du questionnaire distribué aux visiteurs in situ, c’est-à-dire une
logique plutôt quantitative, à partir de questions essentiellement fermées.
La solution la moins contraignante aurait été de travailler à partir d’un même logiciel
pour les deux études. Cependant, pour des raisons financières, l’utilisation de Sphinx n’a pas
été possible dans le cadre du questionnaire en ligne. L’une des étapes dans le choix de l’outil
a alors consisté à rechercher et tester diverses solutions. Il existe de nombreux sites Internet
permettant de concevoir des sondages en ligne, mais leurs performances sont très inégales.
Certains sont gratuits, d’autres payants, mais avec des prestations souvent bien plus
intéressantes. Le critère le plus important retenu dans notre cas, outre le coût, a été la
possibilité d’exporter les données. En effet, si certains sites proposent des outils d’analyse des
résultats, il était plus commode d’utiliser le même outil de traitement statistique que pour le
premier questionnaire, à savoir le logiciel Sphinx.
A la suite des tests, il est apparu que le seul outil gratuit permettant l’import des
données de façon à effectuer leur traitement à partir du logiciel Sphinx était celui mis à
disposition par Google Documents76
. Outre sa gratuité et la possibilité d’enregistrer les
résultats sous un format informatique lisible à partir de Sphinx (dans notre cas, le format
« .xls »), l’outil de formulaire Google présente d’autres avantages parmi lesquels le nombre
76
<http://docs.google.com>
29
illimité des questions ainsi que la possibilité de créer des questions conditionnelles77
. En
revanche, les types de questions proposés sont assez limités, ce qui nous a conduit à revoir
certaines formulations de manière à adapter techniquement le questionnaire aux performances
offertes par l’outil. En outre, les options de personnalisation sont très restreintes, ce qui est
certes secondaire, mais qui nous ne nous a pas permis d’insérer, par exemple, le logo du
musée afin de faciliter l’identification du questionnaire et son association à l’institution par les
internautes.
L’étude a été menée du 8 mars au 4 avril 2011. Un lien vers le questionnaire a été mis
en ligne sur chaque plate-forme utilisée par le musée. L’échantillon se compose d’un total de
76 personnes.
b) Description et conception de l’outil
Le formulaire, intitulé « Le musée Henner en ligne et vous », comporte vingt-sept
questions. Le questionnaire commence par une phrase introductive :
Suit une première question destinée à déterminer la provenance des internautes qui ont
accédé au formulaire.
77
« Question dont l'utilisation par l'enquêteur est subordonnée à la nature de la réponse apportée par le
répondant à une question préalable (question filtre). Elle n'est donc pas utilisée avec tous les répondants à un
même questionnaire. » Source : <http://www.e-marketing.fr/>
30
Cette question a son importance dans la mesure où elle permet de mettre en lumière la
surreprésentation des utilisateurs de certaines plates-formes par rapport à d’autres comme
nous le verrons plus loin.
Les questions suivantes se répartissent selon quatre grands thèmes :
« Internet et vous »
Ne comportant qu’une seule question (n°2), cette partie a pour fonction de connaître
les habitudes des visiteurs en ligne vis-à-vis des types de plates-formes utilisées par le musée.
« Votre utilisation du musée Henner en ligne »
Cette section se compose de sept questions. Elle a pour objectif de définir l’utilisation
que font les internautes du musée en ligne, pour chaque plate-forme (questions n°3 à 8) mais
aussi de manière plus globale (question n°9).
La question n°3 vise à évaluer la familiarité des internautes à chacune des plates-
formes, de façon à voir lesquelles sont les plus plébiscitées par les visiteurs en ligne78
.
78
Il serait particulièrement intéressant d’établir un barème de manière à calculer un capital de familiarité avec
ces plates-formes, que l’on pourrait croiser notamment avec le nombre de visites au musée afin de constater
l’existence ou non d’un lien entre assiduité au musée en ligne et assiduité in situ, ce que nous n’avons
malheureusement pu faire faute de temps.
31
Les questions n°4 à 8 visent à connaitre les motifs de consultation pour chaque plate-
forme. Elles sont posées de la même façon pour chacune d’elles, avec les mêmes modalités.
Plusieurs choix sont possibles.
La question n°9 s’intéresse aux rubriques consultées et aux actions effectuées afin de
déterminer des potentiels usages récurrents. C’est également une question à choix multiples.
32
« Le musée national Jean-Jacques Henner et vous »
Cette partie concerne les rapports qu’entretiennent les internautes avec le musée in
situ. La première question de la section (n°10), « comment avez-vous connu le musée et son
programme ? », est reprise du questionnaire « papier » pour rendre la comparaison plus facile.
Il est ensuite demandé au visiteur le nombre et le moment de ses visites au musée
(questions n° 11 à 13), de manière à évaluer l’assiduité des internautes au musée in situ.
La question n°14 fait le lien direct entre le musée en ligne et le musée physique en
demandant à l’internaute si l’une des présences en ligne du musée a déjà eu une influence sur
sa volonté de se rendre sur place.
Si la personne n’est jamais venue, la question n°15 tente d’en connaître la (ou les) raisons.
« Votre profil »
Cette section est essentiellement composée de questions reprises du questionnaire du
Département de la politique des publics, qu’il s’agisse du capital de familiarité muséale
33
(n°16), du genre (n’°17), de l’âge (n°18), de la résidence (n°19 et 20) ou des études et de la
profession (n°21 à 25). L’objectif de cette reprise littérale, de l’intitulé jusqu’aux modalités,
est de pouvoir comparer les profils des visiteurs in situ à ceux des visiteurs en ligne de la
manière la plus pertinente possible. Une autre question issue du premier questionnaire a été
ajoutée : « Pour vous, le musée Jean-Jacques Henner, c’est… » (n°26). Il est donc demandé
aux internautes de qualifier le musée en quelques mots. Cette question n’avait pourtant pas été
retenue dans la perspective de la présente étude pour une question de temps, le traitement des
questions ouvertes nécessitant un temps de travail considérable (et notamment la constitution
d’un inventaire des réponses et la construction d’un code)79
. Cependant, il pourrait être
intéressant d’établir par la suite une comparaison de la perception du musée par le public in
situ et le public en ligne et c’est dans cette perspective que nous avons pris la décision
d’inclure tout de même cette question dans le formulaire.
La question « Avez-vous un blog ou un site internet ? » (n°27) clôt le questionnaire. Il
s’agit d’évaluer la proportion de blogueurs (et plus généralement des créateurs de contenus en
ligne) parmi le public du musée en ligne puisque ceux-ci constituent une cible privilégiée par
le musée en tant que potentiels relais de l’information, mais également parce que cela nous
apporte un élément supplémentaire sur les visiteurs et leur pratiques en ligne, non plus en tant
que simples utilisateurs (voir la question n°2 à ce sujet) mais en tant qu’acteurs du Web. Il est
ensuite demandé à ceux qui ont répondu positivement à cette question s’ils souhaitent
indiquer l’adresse URL de leur site ou blog (n°28). Les réponses seront transmises à titre
indicatif au musée, qui pourra ainsi tenir les internautes concernés au courant de son actualité.
Une petite phrase de remerciement vient enfin marquer la fin du questionnaire.
79
DE SINGLY François. L’enquête et ses méthodes : le questionnaire, Op. Cit., p. 66-70.
34
Le questionnaire est ici présenté tel qu’il était proposé aux internautes. On peut
cependant classer les variables selon trois grands thèmes :
- Profil sociodémographique (questions 16 à 25)
- Pratiques en ligne (questions 1 à 9, 27)
- Liens avec le musée (questions 10 à 15).
2.2 Limite des outils utilisés
2.2.1 Limites du questionnaire papier
Les principales limites de cet outil proviennent du fait qu’il n’a pas été conçu à
l’origine dans la perspective d’une telle étude centrée sur les rapports entre visite in situ et
visite en ligne. Les questions reflètent majoritairement une logique d’évaluation de la
satisfaction suivant la motivation qui a présidé à la réalisation du questionnaire. Or, l’objet de
notre étude est tout autre ; il a donc été nécessaire de composer avec les seules données
offertes par cet outil concernant les visiteurs in situ. C’est-à-dire essentiellement les
déterminants sociaux. Le peu d’informations apportées sur le rapport des visiteurs à Internet a
conduit à un recentrage de la problématique autour de la question du profil.
Certaines formulations à l’intérieur des questions ne sont pas sans poser problème. Les
questions en rapport avec l’avant- et l’après-visite ne sont ainsi pas totalement satisfaisantes
au regard de l’objet de notre recherche. Les propositions de la question n°25, « Comment
avez-vous pris connaissance du musée et de son programme », ne sont ainsi pas assez
explicites en ce qui concerne les plates-formes Internet. La modalité « réseaux sociaux en
ligne » ne permet pas de savoir précisément si la connaissance du musée résulte de la
présence du musée en ligne sur ces réseaux sociaux. En outre, la formulation « presse et
médias » paraît trop vague dans la mesure où elle ne distingue pas la presse Web de la presse
35
écrite « traditionnelle ». Des sites internet comme www.exponaute.com80
, à la frontière entre
l’agenda et le réseau social, trouvent difficilement leur place dans ce système et peuvent aussi
bien être placés dans « presse et médias » que dans « réseaux sociaux en ligne ». Ceci limite
d’autant plus la précision des résultats que, pour faciliter l’analyse, la question a dû être posée
telle quelle dans le second questionnaire.
La question n°16 relative aux intentions de l’après-visite pose aussi le problème de la
formulation des réponses. Parmi les modalités proposées, on trouve « approfondir la visite » ;
les modes d’approfondissement sont précisés : « par le site Internet », ce qui nous intéresse
particulièrement, mais aussi « une conférence ». Il est impossible de dissocier les deux dans
les résultats, et il faut donc rester très prudent quant à cette modalité. La seconde modalité qui
retient notre attention, « parler de votre visite sur un média en ligne » ne pose en tant que telle
aucun problème. En revanche, elle en pose si on la considère au regard d’un autre
questionnaire distribué au musée dans le cadre de l’enquête « à l’écoute des visiteurs »,
également à l’initiative du Département de la politique des publics81
. Ce questionnaire, bien
qu’assez proche de celui qui nous intéresse, comporte quelques différences parmi lesquelles
l’emplacement de cette modalité, qui devient en fait une variable à part entière. Ce choix
dénote un intérêt croissant pour ce type d’informations concernant les liens entre visite in situ
et le partage de son expérience en ligne. Mais, comme le rappelle François de Singly, « les
réponses dépendent, en partie, de la forme des questions »82
. Dès lors, on peut se demander si
le simple fait d’en faire une question bien distincte ne peut pas influencer les résultats… ce
que semblent confirmer les chiffres83
; bien que l’échantillon soit plus restreint dans le cas de
l’enquête « à l’écoute des visiteurs», la différence est tout de même importante. Il convient
donc de manier ces chiffres avec précaution.
Ces points mettent en évidence non seulement la difficulté de travailler à partir d’un
outil conçu dans un autre objectif, mais éclairent aussi plus généralement les limites des
questionnaires aux questions fermées. En effet, si celles-ci facilitent une exploitation
quantitative des résultats, elles ne laissent par définition pas de place aux réponses les plus
spontanées qui ne rentrent pas toujours dans les cases définies et imposées par le concepteur
du questionnaire, d’autant que l’emplacement et la formulation des différentes modalités ont
une influence possible sur les réponses des interrogés.
80
Plusieurs visiteurs ont en effet indiqué ce site comme étant à l’origine de leur venue au musée, ne sachant où
placer leur réponse parmi les choix proposés. 81
Etude menée en 2010 notamment dans 38 musées et monuments nationaux. 82
DE SINGLY François. L’enquête et ses méthodes : le questionnaire, Op. Cit., p. 70 83
Voir les résultats p. 43
36
Enfin, il est à noter que le questionnaire n’est pas distribué aux visiteurs dans le cadre
des nocturnes, ce qui nous prive des réponses d’un public potentiellement plus jeune et plus
en lien avec le musée en ligne.
2.2.2 Limites du questionnaire en ligne
Comme nous l’avons vu plus haut, la conception du questionnaire destiné à être mis en
ligne a souffert de quelques contraintes techniques liées aux possibilités restreintes offertes
par Google Documents en matière de création de formulaire. Mais une fois le questionnaire
créé, d’autres limites sont apparues.
Le principe étant de le rendre disponible sur chacune des plates-formes sur lesquelles
le musée est présent (site officiel, blog, Facebook, Dailymotion, Flickr), la question de la
visibilité du questionnaire sur ces sites s’est très vite posée. Là aussi, des contraintes
techniques se sont imposées et il a fallu s‘adapter aux options offertes par chaque plate-
forme84
. Le questionnaire est donc plus ou moins visible et accessible selon les sites. A cette
limite se joint la difficulté de réunir un échantillon significatif. Pour qu’un questionnaire soit
enregistré, il faut d’abord que la personne visite l’une des plates-formes, ce qui parait évident
mais représente en soi une contrainte ; il faut ensuite qu’elle repère le lien vers le
questionnaire, qu’elle fasse la démarche de cliquer et de le remplir en entier. Autrement dit,
les conditions pour obtenir un questionnaire rempli sont multiples, d’autant que l’on s’adresse
à une entité largement impalpable, celle des internautes.
On touche là aux limites propres au questionnaire en ligne, nécessairement auto-
administré. Contrairement à un questionnaire classique, il n’y a pas de distribution « de
personne à personne », par le biais d’un enquêteur ou d’un membre du personnel. Il n’y a pas
de rapport physique qui peut s’établir entre l’enquêteur et l’enquêté, personne pour demander
au visiteur de remplir le questionnaire et pas d’interlocuteur pour le guider. En outre, la
contrainte de temps et d’espace qui s’exerce lorsque l’on se trouve au musée et qui impose
une participation immédiate n’a pas lieu, ou beaucoup moins, en ligne. Le nombre de
réponses est ainsi rendu d’autant plus aléatoire qu’il dépend essentiellement du bon vouloir
des internautes.
84
Voir annexe 3.
37
Ces deux limites conjuguées peuvent expliquer la surreprésentation des visiteurs ayant
eu accès au questionnaire par Facebook ou au contraire l’absence d’internautes en provenance
de Flickr ou Dailymotion. En effet, la nature de ces plates-formes a entraîné une forte
visibilité du questionnaire sur Facebook doublée d’une sollicitation des internautes qui se veut
plus directe qu’ailleurs. L’inconvénient principal de Facebook est que l’information
« descend » au fur et à mesure que de nouvelles actualités sont déposées sur le « mur » et finit
par devenir quasiment invisible pour peu que le profil soit un minimum actif. Un lien vers le
questionnaire a donc été déposé à plusieurs reprises sur le profil « Jean-Jacques Henner »
ainsi que sur la page officielle du musée et sur les pages des événements du musée pour que
l’information reste accessible. Mais ce système comporte un aspect plus positif : chaque fois
que le lien vers le questionnaire a été ajouté sur le profil et sur la page, chaque abonné, ami ou
fan, a reçu l’information en temps réel dans son « fil d’actualité ». En déposant le lien à
plusieurs reprises sur Facebook, on multiplie ainsi les chances que l’information parvienne au
plus grand nombre. Non seulement cela permet d’informer ceux qui ne l’avaient pas reçue
auparavant, mais cela peut également faire office de « piqûre de rappel » pour les autres.
L’absence de visiteurs ayant eu accès au questionnaire par le biais de Flickr ou Dailymotion
peut, elle, non seulement s’expliquer par une fréquentation plus faible pour ces plates-formes,
mais aussi parce qu’à l’évidence, elles se prêtent moins à la publication d’une telle
information, ayant été conçues comme des plates-formes de diffusion de photographies pour
la première et de vidéos pour la seconde.
2.2.3 Autres limites
Au-delà des limites propres à chacun des deux outils, notre étude a été confrontée à
des difficultés plus générales, au premier rang desquelles figure la contrainte du temps. Dans
l’idéal en effet, il aurait été préférable de conduire les deux enquêtes, auprès des visiteurs in
situ et des visiteurs en ligne, non seulement sur une durée identique, mais également au même
moment ce qui n’a pas été possible dans la mesure où l’un des questionnaires était déjà créé et
distribué depuis plusieurs mois. Malheureusement, certaines données issues de questions
ouvertes ont dû être laissées de côté car leur traitement aurait nécessité trop de temps85
. Cela
concerne la profession ainsi que la discipline étudiée.
85
DE SINGLY François. L’enquête et ses méthodes : le questionnaire, Op. Cit. p. 67
38
Comme on l’a vu, il a été difficile de réunir un grand nombre de questionnaires en
ligne à cause du caractère aléatoire de cette méthode de collecte de données. 661
questionnaires ont été pris en compte dans le cadre des visites in situ contre 76 en ligne.
L’échantillon de l’enquête en ligne ne peut être considéré comme représentatif, la stabilité,
généralement admise à partir de 100, n’ayant pu être atteinte. Il faut donc souligner le
caractère expérimental de notre recherche, et surtout ne pas perdre de vue que l’analyse à
suivre exprime uniquement des tendances possibles et non des résultats incontestables en ce
qui concerne le questionnaire en ligne et la comparaison des réponses avec celles obtenues au
musée. Les pourcentages, générés automatiquement par le logiciel d’analyse statistique
Sphinx, ne sont laissés, lorsque l’on raisonne sur des chiffres inférieurs à 100, qu’à titre
indicatif. Il convient également de ne pas négliger le fait que les résultats obtenus portent sur
les pratiques déclarées et qu’il nous est évidemment impossible de vérifier si ces pratiques
sont effectives.
3 Résultats
3.1 Résultats : les visiteurs in situ
3.1.1 Profil sociodémographique
Genre et âge
39
Le public du musée est majoritairement féminin (64 %, tableau 1). C’est un public
plutôt âgé, ou du moins, que l’on ne peut qualifier de « jeune » (tableau 2) : les moins de 35
ans ne représentent que 19,7 % du total, la classe d’âge la plus représentée étant les 55-64 ans
(23,1 %). Les moins de 18 ans sont assez nettement les moins présents (1,9 %). La présence
des 18-24 ans est également assez discrète (5,4 %) ; cumulée à celle des 25-34 ans pour
obtenir la représentation de la classe d’âge ciblée par le musée, on atteint une proportion un
peu plus conséquente de 17,8 %.
Niveau d’études et activité
L’on voit très clairement se détacher un public de visiteurs très diplômés : une large
majorité a effectué des études supérieures (tableau 3) et parmi cette majorité, 79,2 % ont un
niveau supérieur à la licence (tableau 4).
Se détachent les personnes en activité (53,1 %) ainsi que les retraités (32 %). Les
étudiants arrivent loin derrière avec 8,3 %, ce qui tend à confirmer que le public jeune se situe
plutôt en retrait.
40
Provenance géographique
86
Les visiteurs résidant en France (tableau 6) sont très largement majoritaires (94,5 %).
Ils sont pour moitié Parisiens (tableau 7). Si l’on ajoute ceux habitant en banlieue parisienne,
on obtient un total de 77,9 % de Franciliens. On note également que les Alsaciens (6,4 %) se
détachent légèrement des visiteurs provenant des autres régions de France qui totalisent toutes
moins de 5 % des réponses.
Capital de familiarité muséale
87
Le public du musée Henner est majoritairement constitué de visiteurs habitués aux
musées : plus de la moitié (52,8 %) possèdent un capital de familiarité fort ou très fort.
3.1.2 Les liens avec le musée
Une grosse part du public (84,4 %) se compose de primo-visiteurs.
86
Nous n’avons retenu ici que les régions totalisant plus de 5% des réponses. Pour le détail, voir l’annexe 5 87
« FamMus » signifie familiarité muséale ; « TFort » signifie très fort ; « TFaible » signifie très faible.
41
Près de 30 % des visiteurs déclarent avoir des liens particuliers avec le musée (tableau
10). A l’origine de ces liens (tableau 11), on trouve principalement des origines alsaciennes
(près de 25 %), des centres d’intérêt (23,2 %) ainsi qu’un métier ou des études en rapport avec
le musée ou le peintre (19,9 %).
3.1.3 La place d’Internet dans l’avant et l’après la visite
Le mode de connaissance du musée le plus représenté sur la totalité de l’échantillon
est la presse et les médias (31,6 %). Suivent le bouche-à-oreille avec 18,3%, le site officiel
(16,2 %) et les visiteurs qui déclarent avoir toujours connu le musée (15,9 %). Cependant, si
l’on additionne les résultats qui concernent la présence en ligne du musée (site officiel, site
Henner intime et réseaux sociaux), on parvient à 20,6 % et Internet devient la seconde source
de connaissance du musée.
Il nous a semblé intéressant de croiser les variables concernant l’âge et la connaissance
du musée afin notamment de savoir quels sont les classes d’âge les plus en lien avec Internet.
42
Les résultats soulignés en bleu concernent les modalités significativement
surreprésentées (soulignée en rose, au contraire, une modalité sous-représentée). Quelques
tendances apparaissent et notamment l’absence des visiteurs de 75 ans et plus parmi ceux qui
ont connu le musée par Internet et la surreprésentation des plus de 65 ans pour la modalité « je
l’ai toujours connu ». Des relations entre le site officiel et les 25-34 ans ainsi qu’entre les
réseaux sociaux et les 18-34 ans se dessinent également. Nous avons souhaité approfondir
cette question en isolant les résultats des 18-34 ans afin d’évaluer le poids d’Internet dans leur
connaissance du musée.
Nous avons vu qu’ils représentent 17,8 % de notre échantillon, soit un total de 92
visiteurs. C’est un nombre trop petit pour obtenir un résultat considéré comme stable, mais
cela nous permet tout de même de mettre au jour certaines tendances. L’on constate en effet
qu’Internet est davantage présent dans leur mode de connaissance du musée au regard de
43
l’échantillon total. Parmi les 18-34 ans, 38 visiteurs ont ainsi connu le musée par Internet, soit
plus d’un tiers. La presse et les médias n’arrivent qu’en seconde position (24 réponses) suivis
de près par le bouche-à-oreille (23), après le site Internet officiel qui passe de la troisième
place pour l’échantillon total à la première pour les 18-34 ans (27).
De la même façon, nous avons souhaité confronter les résultats de l’échantillon total
(tableau 15) et des 18-34 ans isolés (tableau 16) concernant les intentions relatives à l’après-
visite. Il n’y a cependant pas de différence majeure, la répartition des réponses est en réalité
assez similaire et se caractérise dans les deux cas par la relative discrétion d’Internet, en
particulier de la modalité « parler de votre visite sur un média en ligne » ; si celle-ci semble
tout de même être un peu plus présente chez les 18-34 ans, elle n’arrive dans tous les cas
qu’en avant-dernière position. Cependant, comme nous l’avons signalé plus haut, nous avons
noté une différence avec les résultats obtenus sur l’échantillon total de l’enquête « à l’écoute
44
des visiteurs » (tableau 17). La modalité « approfondir… » concentre un nombre plus
important de réponses, environ 1/5e dans les deux cas.
3.2 Résultats : les visiteurs en ligne88
Etant donné le volume des données obtenues, nous ne présenterons ici qu’une
sélection des résultats qui nous ont paru être les plus pertinents89
.
3.2.1 Profil sociodémographique
Genre et âge
La répartition hommes/femmes (tableau 18) se rapproche de celle observée pour le
public du musée in situ : on retrouve une majorité féminine de l’ordre d’un peu plus de deux
tiers de l’échantillon. En revanche, la répartition par classes d’âge (tableau 19) montre de
grandes différences : les 18-24 ainsi que les 25-34 dominent, représentant presque deux tiers
des visiteurs (47 sur 75 répondants), suivis par les 35-44 ans. Les plus de 45 ans sont peu
nombreux (11) alors qu’ils étaient majoritaires in situ. La très faible représentation des moins
de 18 ans (un seul) semble cependant être une constante.
88
Suite à un problème technique que nous ne sommes pas parvenus à résoudre, le logiciel Sphinx a quelquefois
omis de faire figurer les modalités n’ayant reçu aucune réponse. 89
Nous avons notamment mis de côté les questions dont les réponses étaient destinées à être croisées avec
d’autres ; en effet, la taille de notre échantillon ne nous permet pas de d’établir des relations significatives. Les
données non traitées sont présentées en annexe (annexe 5).
45
Niveau d’études et activité
Comme les visiteurs in situ, les visiteurs en ligne ont pour plus des trois quarts
poursuivi des études supérieures (tableau 20), au-delà du Bac +3 pour la plupart (tableau 21).
Les visiteurs en ligne sont actifs pour plus de la moitié ce qui correspond à peu près
aux réponses réunies in situ. En revanche, les proportions d’étudiants et de retraités
s’inversent, ce qui semble aller dans la direction des réponses obtenues pour les classes d’âge,
à savoir davantage de jeunes et moins de personnes âgées qu’au musée. Les parents au foyer
et personnes sans profession sont absents.
Provenance géographique
46
La provenance géographique affiche une répartition assez proche de celle des visiteurs
in situ. Près de la totalité des répondants provient ainsi de France (tableau 23), Paris puis l’Île
de France se détachant très nettement (tableau 24). Les Alsaciens semblent timidement
émerger mais la taille de notre échantillon ne nous permet pas d’en tirer des conclusions.
Capital de familiarité muséale
On remarque que l’on a là aussi des visiteurs habitués aux musées, les trois quarts
ayant une familiarité muséale forte ou très forte. On note l’absence de visiteurs ayant un
niveau de familiarité très faible.
3.2.2 Pratiques en ligne
Comme nous l’avons expliqué plus haut, une grosse majorité des répondants (deux
tiers environ) a eu accès au questionnaire par le biais de Facebook (49 personnes en tout).
Assez loin derrière, on trouve le site Internet officiel du musée (18), puis Henner intime (7).
Flickr et Dailymotion sont totalement absents.
47
On remarque que la plupart des visiteurs en ligne ont déjà consulté le site Internet
officiel du musée. Facebook n’arrive qu’en deuxième position, alors que la majorité des
répondants a eu accès au questionnaire à partir de cette plate-forme ; Henner intime a été
consulté par près de la moitié des internautes interrogés alors que seulement 7 personnes ont
accédé au questionnaire par ce biais. Flickr et Dailymotion sont moins consultés mais ne sont
pour autant pas totalement absents. Le nombre de visiteurs ayant déjà consultés une plate-
forme est toujours supérieur au nombre de visiteurs qui ont eu accès au questionnaire par le
biais de celle-ci. On peut donc en déduire que les visiteurs en ligne ne sont pas fidèles à une
seule plate-forme mais croisent dans l’ensemble l’utilisation de plusieurs d’entre elles.
Citées par la plupart des visiteurs en ligne, la consultation des actualités et celle des
informations pratiques arrivent en tête des usages, suivies par le visionnage de photographies
et de l’aperçu des collections pour environ la moitié des internautes. On note également que si
l’utilisation des plates-formes de partage de photographies et de vidéos du musée paraît peu
plébiscitée (tableaux 27 et 28), le visionnage de ce type de contenus semble l’être davantage ;
Or ces contenus proviennent essentiellement de ces plates-formes (Flickr pour les
photographies90
et surtout Dailymotion pour les vidéos). Cela correspond à l’utilisation qu’en
90
Les photographies peuvent également provenir de Facebook.
48
fait le musée puisqu’il s’agit avant tout de s’en servir comme des supports permettant la
diffusion de contenus sur d’autres plates-formes.
On remarque que la proportion des visiteurs ayant leur propre blog ou site Web est
loin d’être négligeable : un tiers des répondants est concerné.
3.2.3 Les visiteurs en ligne et le musée in situ
On note une différence sensible avec les visiteurs in situ au niveau du mode de
connaissance du musée : les réseaux sociaux se détachent nettement et sont cités par près de la
moitié des visiteurs en ligne (tableau 30), contre une très faible proportion pour les visiteurs in
situ (2,1 %, tableau 12). Le site officiel et Henner intime se situent en revanche très en retrait.
Plus de la moitié des visiteurs en ligne est déjà venue au musée.
49
Afin de savoir si les visiteurs qui sont déjà venus au musée ont d’abord fréquenté le
musée en ligne ou le musée in situ, nous avons isolé les modes de connaissance du musée des
44 répondants. Nous les avons ensuite classés selon leurs réponses :
- « Via Internet » regroupe les modalités « site officiel », « site Henner intime » et
« réseaux sociaux ».
- « Hors Internet » concerne toutes les autres modalités.
- « Internet et hors Internet » concerne les visiteurs qui ont croisé ces deux modes de
connaissance, la question étant à choix multiples.
On remarque qu’un peu plus de la moitié des visiteurs concernés n’a pas connu le musée par
Internet ; il est donc probable qu’ils se soient rendus en ligne après leur visite.
Parmi les visiteurs en ligne qui sont venus au musée, la plupart (un peu moins des
deux tiers) sont venus plusieurs fois (tableau 33). Pour un peu plus de la moitié (25 sur 44
7
1123
3
connaissance du musée des visiteurs qui sont déjà venus in situ
Via Internet
Internet et hors Internet
Hors Internet
Autres
50
répondants), les visites ont eu lieu uniquement pendant les horaires d’ouverture normaux, en
journée ; 10 sont venus seulement à l’occasion de nocturnes, et 9 visiteurs sont venus à la fois
en journée et en nocturne (tableaux 34 et 35). 34 personnes sont donc venues au musée en
journée, 19 ont participé à une nocturne au moins.
On observe que, parmi ceux qui se sont déjà déplacés in situ, une majorité (28 sur 44)
déclare avoir été influencée dans sa décision de visite par au moins l’une des présences en
ligne du musée : Facebook arrive en tête (16), suivi du site officiel (14). Henner intime est
moins cité (7), mais est présent tout de même ; en revanche, Dailymotion et Flickr ne le sont
pas du tout, ce qui semble confirmer que la fonction « diffusion de contenus » prime sur la
dimension communautaire dans l’utilisation qu’en font le musée et les visiteurs en ligne.
32 internautes ne sont donc jamais venus au musée. Pour justifier cela, près des trois
quarts (23) invoquent le manque de temps ou d’occasion ; 12 déclarent habiter trop loin du
musée. Un seul affirme ne pas en avoir l’envie ou ne pas se sentir concerné. Mais personne ne
fait savoir qu’Internet suffit à répondre à ses attentes.
51
3.3 Un public homogène ?
3.3.1 Profils des visiteurs
a) Visiteurs in situ
In situ, le type de public que l’on a le plus de chance de rencontrer est donc plutôt
féminin, âgé de plus de 45 ans et très diplômé. Il se constitue en majorité de visiteurs en
activité ou retraités. C’est un public largement francilien, et surtout parisien. Si ce sont pour
près de 85 % des primo-visiteurs, ce sont des visiteurs familiers aux musées. Près de 30 %
sont des connaisseurs voire des spécialistes. On note également qu’émerge un public alsacien
ou d‘origine alsacienne.
On constate donc que l’on a à faire à un musée plutôt sélectif, voire élitiste en matière
de public, dans le sens où émerge assez clairement un public plutôt homogène de visiteurs
parisiens de plus de 45 ans, très diplômés et habitués aux musées. En 1997, l’enquête sur les
pratiques culturelles des Français avait fait apparaître la domination des milieux les plus
diplômés et des Parisiens pour la fréquentation des musées d’art91
; c’est particulièrement vrai
ici, même si évidemment, le fait que le musée soit situé à Paris facilite l’accès aux Parisiens.
Toutefois, l’importance de ce public de proximité est notable ; en effet, la visite de musée a
souvent lieu dans un contexte de tourisme, en dehors de sa propre région92
. Or,
l’établissement attire peu les touristes au vu du faible nombre de visiteurs étrangers et
extérieurs à l’Ile de France, ce qui peut s’expliquer par la nature du musée. Les touristes ont
en effet plutôt tendance à visiter les établissements de notoriété nationale sinon internationale,
l’un des facteurs de l’importance du public local étant une notoriété limitée à la ville ou
l’agglomération93
. Dans un petit établissement aussi spécialisé que le musée Henner, on
s’attend à trouver un public local, et un public de connaisseurs, hypothèse que les résultats
viennent confirmer. Parmi le public de connaisseurs, notons la place particulière des
Alsaciens. En effet, ceux-ci apparaissent à la fois par leur provenance géographique et dans la
nature des liens avec le musée, par le biais de la modalité « par mes origines alsaciennes ».
91
DONNAT Olivier, Les pratiques culturelles des Français, enquête 1997, Paris : La Documentation
Française, 1998, p.258. 92
GOLDSTEIN Bernadette, BIGOT Régis, Fréquentation et image des musées en France au début 2005, in
La place des publics, de l’usage des études et recherches par les musées, Paris : La Documentation Française,
2008, p.57 93
FRANCE. Direction des musées de France. Observatoire permanent des publics. Cent musées à la rencontre
du public, Réd. Lucien Mironer. Cabestany : France édition, 2001, p.42.
52
L’intégration d’une telle modalité dans le questionnaire traduit une hypothèse de la part du
musée qui se confirme avec les résultats de l’étude : une part du public naturel du musée,
petite mais néanmoins présente, est constituée de visiteurs partageant avec Jean-Jacques
Henner des origines alsaciennes. Le peintre s’est en effet illustré dans sa prise de position
contre la perte de l’Alsace-Lorraine et est devenu un personnage emblématique de cette lutte,
fait historique qui marque encore profondément la culture alsacienne, ce qui peut expliquer la
présence de ce public. Le public du musée semble donc se constituer principalement d’un
public naturel, qui vient de lui-même. Qu’en est-il du public ciblé par l’établissement, à savoir
les 18-34 ans ? Il est présent, mais plutôt timidement, représentant moins de 20 % des
visiteurs.
b) Visiteurs en ligne
On aurait en ligne un public plutôt féminin et de moins de 45 ans, les 18-34 ans
dominant assez largement l’ensemble. Allant dans le sens de la répartition des classes d’âge,
on a une majorité de personnes en activité ou étudiantes, les retraités n’étant que trois. C’est
également un public très diplômé. Dominent là aussi nettement les visiteurs habitant en
France (pour le public en ligne comme pour le public in situ, cela pourrait s’expliquer par le
fait que le questionnaire ne soit disponible qu’en français ; cependant, en ce qui concerne le
questionnaire en ligne, les statistiques disponibles pour Facebook et le blog94
tendent à
confirmer cette tendance) et surtout en Île de France, la plupart étant Parisiens. Ce sont là
aussi des visiteurs familiers aux musées.
Ce public en ligne de jeunes, diplômés et au capital de familiarité muséale élevé qui
aurait donc tendance à se détacher va dans le sens de ce qu’a montré Olivier Donnat sur les
pratiques culturelles des Français et les liaisons entre pratiques culturelles et pratiques
numériques. En 2008, les moins de 35 ans étaient deux fois plus nombreux à utiliser Internet
que les 55-64 ans et huit fois plus nombreux que les 65 ans et plus95
. On sait par ailleurs que
forte fréquentation des équipements culturels et haut niveau de diplôme sont souvent
corrélés96
. En outre, la proportion d’internautes augmente régulièrement avec le rythme de
fréquentation des équipements culturels, y compris les musées97
. L’existence de liens entre
94
Annexe 2 95
DONNAT Olivier, Les pratiques culturelles des français à l’ère numérique, enquête 2008, Op. Cit., p.46 96
DONNAT Olivier, Les pratiques culturelles des français, enquête 1997, Op. Cit., p.221. 97
DONNAT Olivier, Pratiques culturelles et usages d’Internet, Op. Cit.
53
pratique muséale et visite de sites Internet de musée a également été établie98
. Il n’est pas
étonnant de trouver en ligne un tel type de public.
Concernant les pratiques en ligne de ces visiteurs, bien que certaines plates-formes
semblent plus utilisées que d’autres, on note une tendance globale à croiser l’utilisation de
différentes présences du musée en ligne, ou du moins à ne pas consulter qu’une seule plate-
forme. Même si ce point nécessiterait une analyse approfondie à partir des réponses à la
question n°3, cela nous amène à penser que la complémentarité des plates-formes est au
moins partiellement effective. On constate que certains usages sont beaucoup plus fréquents
que d’autres, et se détachent en particulier la consultation des informations pratiques et des
actualités du musée, ce que Paul F. Marty qualifie d’informations basiques (« basic
information resources99
); dans son étude sur les visiteurs en ligne100
, celui-ci a montré que ce
type d’usage est plutôt relié à une activité d’ « avant-visite ». Cela tendrait donc à démontrer
que la plupart des visiteurs en ligne se sont déjà rendus ou ont déjà eu l’intention de se rendre
au musée. En effet, les chiffres semblent également l’indiquer : les visiteurs en ligne sont
majoritairement des visiteurs in situ ; la raison la plus largement invoquée pour les non-
visites est le manque de temps ou d’occasion, l’absence totale d’intention de visite ne
concernant qu’une seule personne.
Le profil qui paraît se dessiner pour les visiteurs en ligne serait donc plutôt proche du
public ciblé par le musée : un public jeune, qui exploite différentes présences en ligne du
musée mais qui y vient également. En outre, un tiers des répondants possède un blog ou un
site Internet, ce qui correspond aussi à un type de public en ligne privilégié.
3.3.2 Distinctions et rapprochements
Il semble donc que l’on ait pour chaque type de visites un type de public avec d’un
côté un public globalement plutôt âgé, et de l’autre un public jeune. Mais nous avons aussi
repéré quelques constantes qui tendent à rapprocher ces visiteurs. Il s’agit maintenant
d’éclairer spécifiquement ces éléments.
98
GOTTESDIENER Hana, VILATTE Jean-Christophe, VRIGNAUD Pierre. Image de soi- image du visiteur
et pratiques des musées d’art [en ligne], Cultures études, Ministère de la culture et de la communication,
Département des études, de la prospective et des statistiques, 2008 [réf. Du 03/05/11]. Disponible sur le World
Wide Web : <http://www2.culture.gouv.fr/culture/deps/2008/pdf/Cetudes08_3.pdf> 99
MARTY Paul F. Museum websites and museum visitors : before and after the Museum visit, Museum
Management and curatorship, vol. 22, n°4, déc. 2007, p.337-360. 100
Idem.
54
a) Eléments de distinction
Nous commencerons par nous intéresser aux variables qui distinguent les deux types
de visiteurs, au premier rang desquelles se trouve l’âge. En effet, celui-ci nous concerne
particulièrement dans la mesure où le musée cible son public essentiellement à partir de ce
critère.
Âge
Nous avons vu que les visiteurs en ligne étaient majoritairement des personnes de
moins de 45 ans, suivant une logique générationnelle (les jeunes ayant massivement intégré la
pratique d’Internet dans leur vie quotidienne). In situ, nous avons vu que les plus de 45
ans sont, à l’exception des plus de 75 ans (ce qui s’explique certainement par des difficultés
de mobilité), clairement les plus nombreux. On a donc une différence importante.
Le public naturel du musée semble plus âgé que la moyenne des visiteurs pour les
musées d’art au regard des résultats publiés par l’Observatoire permanent des publics en
2001101
. On peut émettre l’hypothèse que le type d’établissement (un musée monographique
de type maison de « Grand Homme ») influe sur la répartition des classes d’âge, ce que nous
n’avons malheureusement pu vérifier faute de source. Lucien Mironer remarque cependant
quelques caractéristiques qui reviennent dans le cas de musées qui attirent un public
particulièrement âgé parmi lesquels l’ancienneté du musée, et l’importance du public
d’amateurs et d’initiés102
. Il associe la faible représentation du public jeune à une déficience
de l’image et de la notoriété des établissements concernés103
. Ces explications nous semblent
pouvoir s’appliquer dans le cas du musée Henner compte tenu de son histoire. De plus,
l’enquête 2008 sur les pratiques culturelles des Français a mis en lumière une tendance au
vieillissement des publics, du fait notamment de « l’accroissement du poids des seniors dans
la population française et de leur mode de loisirs plus tourné vers les sorties »104
.
101
FRANCE. Direction des musées de France. Observatoire permanent des publics. Cent musées à la
rencontre du public, Op. Cit., p.75 102
FRANCE. Direction des musées de France. Observatoire permanent des publics. Cent musées à la
rencontre du public, Op. Cit., p. 77 103
Ibid. p.78-79 104
DONNAT Olivier, Les pratiques culturelles des Français à l’ère numérique. Éléments de synthèse 1997-
2008 [en ligne], Culture Études, Ministère de la Culture et de la Communication, Département des études, de la
prospective et des statistiques, mai 2003[réf. Du 03/05/11]. Disponible sur le World Wide Web :
<http://www.pratiquesculturelles.culture.gouv.fr/doc/08synthese.pdf>
55
Pour autant, il serait risqué d’en déduire que la stratégie du musée en ligne est
inefficace ou inadaptée à l’égard du public ciblé. Celui-ci est certes discret, mais il n’est pas
pour autant inexistant. Si l’on s’intéresse aux modes de connaissance du musée, on s’aperçoit
qu’Internet est la seconde source d’informations pour les visiteurs105
, ce qui est loin d’être
négligeable, et ce d’autant qu’Internet arrive en tête pour les 18-34 ans. Il est difficile
d’affirmer avec certitude que ceux-ci correspondent aux visiteurs en ligne, mais ces résultats
ont tendance à aller dans ce sens. La modalité « en parler sur un média en ligne » ne semble
pas cependant se détacher nettement pour ce public jeune. Mais si l’on regarde les usages des
visiteurs en ligne, on s’aperçoit que ce qui ressort de l’interactivité et des utilisations
purement « 2.0 » (modalités « partagé » et « réagi, commenté ») ne semble pas davantage
plébiscité ; ce sont en effet les usages les moins souvent cités. En outre, les données issues du
questionnaire en ligne ont tendance à montrer que la plupart des visiteurs du musée sur
Internet se rendent aussi physiquement au musée. La relative discrétion des 18-34 ans in situ
pourrait s’expliquer par le fait que le questionnaire ne soit pas distribué lors des événements
qui, en quelque sorte, concrétisent ces liens entre Internet et le musée in situ que
l’établissement s’efforce de tisser : les nocturnes. On peut penser en effet que si les 18-34 ans
ne sont pas nombreux en journée, ils le sont davantage lors des nocturnes, hypothèse à
laquelle nous tenterons d’apporter des éléments de réponse par la suite.
Mode de connaissance du musée
On remarque une différence assez importante entre visiteurs en ligne et visiteurs in situ
quant au mode de connaissance du musée. In situ, la modalité « presse et médias » est celle
qui revient le plus souvent. En ligne, ce sont les réseaux sociaux qui sont les plus cités. Si
cette donnée est quelque peu à nuancer dans la mesure où la plupart des répondants ont eu
accès au questionnaire via Facebook, cela peut tout de même indiquer une tendance générale.
Cette différence est notable, car in situ les réseaux sociaux sont très peu cités, et en ligne, la
modalité « presse et médias » n’arrive qu’en cinquième position. Sans doute doit-on attribuer
ce fort taux de réponses en ligne en faveur des réseaux sociaux à la présence du musée sur
plusieurs d’entre eux, même si cela reste à vérifier. In situ, la relative absence de ce mode de
connaissance au musée est peut-être en partie à relier à la différence d’âge que l’on rencontre
entre le public in situ et le public en ligne ; la surreprésentation des 18-34 ans pour cette
modalité vient appuyer cette hypothèse. De même, on peut émettre l’idée que l’importance de
la presse pour les visiteurs in situ, source d’information plus « traditionnelle », est à mettre en
105
En cumulant les modalités « site officiel », « Henner intime » et « réseaux sociaux »
56
relation avec une différence générationnelle. Soulignons toutefois qu’in situ, Internet reste le
second mode de connaissance du musée ce qui atteste de l’importance de ce média.
Assiduité au musée
Non seulement les visiteurs en ligne se sont pour la plupart déjà rendus physiquement
au musée, mais il semblerait qu’ils soient plus fidèles que le public naturel du musée. Il faut
évidemment être très prudent étant donnée l’ampleur de notre échantillon en ligne ; on note
tout de même que parmi ceux qui sont déjà venus au musée, près des deux tiers sont venus
plusieurs fois. In situ en revanche, près de 85 % viennent pour la première fois malgré un
capital de familiarité muséale globalement fort. Ce constat n’est pas une spécificité du musée
Henner comme l’a démontré l’Observatoire permanent des publics106
. Cependant, la part
considérable d’un public de proximité que l’on pourrait croire plus à même de revenir qu’un
public extra-local, ainsi que les données obtenues par le biais du questionnaire en ligne nous
amènent à nous interroger sur le grand nombre de visiteurs qui viennent pour la première fois.
Lucien Mironer attribue l’importance des primo-visiteurs dans les musées à une préférence
pour la découverte de nouveaux établissements et les expositions temporaires de la part du
public107
. Etant donné l’étendue de l’offre muséale parisienne, cette explication pourrait
convenir, surtout dans le cas d’un petit musée qui ne propose pas de grandes expositions. En
revanche, le musée offre une programmation originale à partir des nocturnes, à destination
principalement des 18-34 ans et du public internaute. Ces rendez-vous mensuels
expliqueraient-ils la différence des habitudes de fréquentation du musée qui semble se
dessiner entre les visiteurs in situ et les visiteurs en ligne ? On peut en effet penser que la
fidélité des visiteurs en ligne s’explique par leur participation régulière aux nocturnes. Au
regard des données obtenues, on note que parmi ceux qui sont venus plusieurs fois, les
visiteurs sont un peu plus nombreux à être venus uniquement en journée, et la plupart de ceux
qui sont déjà venus en nocturne sont également venus en journée. La présence du musée en
ligne ne serait donc pas seulement en lien avec la participation des visiteurs aux événements,
mais également avec la découverte du musée pendant les horaires d’ouverture normaux. Cette
relative fidélité du public en ligne pourrait peut-être s’expliquer par une proximité plus
importante avec l’information et des contenus concernant le musée, ceux-ci étant
principalement diffusés en ligne. On peut également penser qu’un contact au quotidien entre
le musée et les visiteurs en ligne, notamment ici par le biais de Facebook, contribue à
106
FRANCE. Direction des musées de France. Observatoire permanent des publics. Cent musées à la
rencontre du public, Op. Cit., p.123 107
Ibid.
57
instaurer une relation plus forte entre eux108
. Cette hypothèse est difficilement vérifiable dans
le cadre de notre étude ; signalons toutefois que près des deux tiers des visiteurs en ligne qui
se sont rendus au musée déclarent que leur décision de visite a déjà été influencée par l’une
des présences du musée sur Internet.
Si une large majorité du public in situ se compose de visiteurs venant pour la première
fois, ils sont presque la moitié à déclarer leur intention de revenir. L’idée que la proximité
avec l’information encourage les visiteurs à retourner au musée nous semble pouvoir
s’appliquer, puisque ce n’est pas l’intention qui semble manquer aux visiteurs in situ : en
effet, pour près de la moitié d’entre eux, ils se déclarent prêts à revenir. Le public in situ étant
d’une façon générale plus âgé et la place de la presse étant assez importante dans son mode de
connaissance du musée, on peut émettre l’hypothèse qu’une plus grande visibilité du musée et
de son actualité sur d’autres types de supports, plus « traditionnels », entrainerait une
augmentation des « déjà visiteurs » au musée. Cependant, les données encourageantes
obtenues en ligne tendent à montrer qu’à moindre coût, une telle présence sur Internet
fonctionne bien au regard du public ciblé.
b) Points communs
Tout ne sépare pas pour autant visiteurs en ligne et visiteurs in situ. Il semble même
qu’ils soient très proches sur certains points que nous allons maintenant aborder.
Genre
Dans les deux cas, on trouve un public à majorité féminine. In situ, cela ne saurait
nous surprendre. C’est en effet un constat qui revient régulièrement dans les études de publics
concernant les musées d’art. Lucien Mironer y voit « un effet de la répartition traditionnelles
des rôles féminins et masculins »109
. En outre, l’étude 2008 sur les pratiques culturelles des
Français a montré une tendance à la féminisation des activités culturelles110
. On constate en
tous cas que ce phénomène semble se reproduire en ligne, la répartition des genres étant très
similaire à celle observée au musée.
Familiarité aux musées
108
MARTY Paul F. Museum websites and museum visitors : before and after the Museum visit, Op. Cit. 109
FRANCE. Direction des musées de France. Observatoire permanent des publics. Cent musées à la
rencontre du public, Op. Cit., p.42 110
DONNAT Olivier, Les pratiques culturelles des français à l’ère numérique, enquête 2008, Op. Cit., p.175
58
Un score élevé au capital de familiarité muséale semble aussi rapprocher visiteurs en
ligne et visiteurs in situ. Cette donnée va dans le sens des résultats de l’Observatoire
permanents des publics qui montrent que le public des musées d’art a une pratique de visite
particulièrement importante111
.
Les visiteurs en ligne ne font pas exception ; la présence du musée sur Internet touche
vraisemblablement un public déjà familier aux musées. Plutôt que de permettre au musée de
toucher de nouveaux publics dans le sens d’une démocratisation, cette présence en ligne
semble surtout être un bon moyen de faire connaître l’établissement auprès d’un public
potentiel. Cela ne nous surprendra pas, sachant que la propension à visiter un musée ou une
exposition en ligne augmente avec la fréquentation des musées112
et qu’il existe une
corrélation positive entre utilisation d’Internet et fréquentation d’équipements culturels113
.
Niveau de diplôme
De la même manière, on note que l’on a, à la fois en ligne et in situ, des visiteurs
majoritairement très diplômés. Le diplôme est une variable qui apparait comme étant l’une
des plus liées à la visite de musée, même auprès des jeunes générations114
. Ces données vont
donc dans le sens de celles obtenues pour le capital de familiarité muséale.
Provenance géographique
La provenance géographique est une autre variable rapprochant les visiteurs in situ et
les visiteurs en ligne. La plupart sont en effet Franciliens, et surtout Parisiens. Nous avons vu
que l’importance de ce public de proximité in situ pouvait s’expliquer par une notoriété
restreinte à l’échelle extra-locale compte tenu de la nature du musée et de sa fermeture
pendant une longue période. En ligne, les contraintes géographiques ne s’exerçant pas, on
pourrait penser trouver plus de diversité dans les provenances des visiteurs mais il n’en est
rien. Les principaux modes de connaissance du musée pour les internautes sont les réseaux
sociaux ainsi que le bouche-à-oreille, deux systèmes de propagation de l’information « de
proche en proche », favorisés par la stratégie de communication du musée. En somme, si les
visiteurs du musée sont essentiellement parisiens, l’information sera partagée sur un réseau
111
FRANCE. Direction des musées de France. Observatoire permanent des publics. Cent musées à la rencontre
du public, Op. Cit., p.123 112
DONNAT Olivier, Les pratiques culturelles des français à l’ère numérique, enquête 2008, Op. Cit. p.46 113
Ibid. p.58 114
DONNAT Olivier, LEVY Florence, Approche générationnelle des pratiques culturelles et médiatiques [en
ligne], Culture Prospective, Ministère de la culture et de la communication, mars 2007 [réf. Du 03/05/11].
Disponible sur le World Wide Web: <http://www2.culture.gouv.fr/culture/deps/2008/pdf/Cprospective07_3.pdf>
59
essentiellement parisien, ce qui rejoint ce que Dominique Cardon appelle la « revanche de la
géographie » : « les communautés virtuelles, loin de rassembler des inconnus à travers le
monde, réunissent surtout des internautes vivants à proximité les uns des autres »115
. Cela
nous conforte dans l’idée que la présence du musée en ligne toucherait davantage un public de
visiteurs potentiels plutôt que de nouveaux publics.
Finalement, on constate que, l’âge mis à part, on retrouve en ligne et in situ des profils
sociodémographiques très proches : dans les deux cas, on a essentiellement un public
francilien très diplômé, habitué à visiter des musées et à majorité féminine. Les différences
qui s’expriment paraissent en outre corrélées à la variable « âge ». En effectuant un raccourci,
on pourrait résumer les choses ainsi : l’utilisation d’Internet concerne massivement les jeunes,
qui sont donc les plus nombreux parmi les visiteurs du musée en ligne ; l’information sur le
musée étant principalement diffusée en ligne, ces visiteurs sont les mieux informés et
reviennent donc plus facilement au musée. Cependant, la communication en ligne ne concerne
pas n’importe quels jeunes, mais il semble qu’elle touche assez largement un public déjà
acquis à la fréquentation des musées. Si Internet paraît être un outil efficace pour informer et
fidéliser un public jeune dans le cas du musée Henner, il ne semble pas que ce soit un moyen
d’atteindre les « non-publics »116
. Dans les deux cas, on a à faire à des visiteurs dont les
profils rejoignent ceux des publics de la culture. Cela ne se situe pas pour autant en
contradiction avec la politique du musée : il s’agit en effet dans un premier temps de
développer la notoriété du musée auprès d’un public potentiel jeune. Il serait intéressant de
savoir à quel point le type d’établissement, à savoir une maison-atelier et une maison de
«Grand Homme », donc un musée monographique, influence la composition du public. A ce
titre, une comparaison avec des institutions similaires comme le musée Gustave Moreau nous
paraîtrait particulièrement pertinente117
.
115
CARDON Dominique, La démocratie Internet. Promesses et limites, Op. Cit., p. 27 116
DONNAT Olivier, OCTOBRE Sylvie (dir.), Les Publics des équipements culturels : méthodes et résultats
d'enquêtes, travaux du séminaire "Pratiques culturelles et publics de la culture", 1999 – 2000, Paris : Ministère
de la culture et de la communication, 2001 (Les travaux du DEP), p.183. 117
Ce que nous n’avons malheureusement pu faire faute de source.
60
3.3.3 Passer d’un type de visite à un autre
Outre sa volonté de développer sa notoriété, on a vu que le musée Henner souhaitait
créer une continuité entre expériences in situ et en ligne. Dans quelle mesure cette continuité
est-elle effective ? Les visiteurs passent-ils d’un type de visite à l’autre ?
a) D’Internet au musée…
Notre recherche semble confirmer qu’Internet constitue plus un moyen de
connaissance du musée qu’un substitut à la visite. Plusieurs éléments contribuent à nous en
convaincre.
Tout d’abord, Internet est le deuxième mode de connaissance du musée le plus cité par
les visiteurs in situ, et le premier pour les 18-34 ans. En outre, il semble que les visiteurs en
ligne soient majoritairement aussi des visiteurs in situ ce qui va dans le sens de l’analyse que
donne Olivier Donnat d’Internet comme étant lié à une « culture de sortie »118
. Parmi les
internautes qui sont déjà venus au musée, près des deux tiers déclarent que l’une des
présences du musée en ligne a déjà influé sur leur décision de visite ; parmi ceux qui ne sont
jamais venus, un seul déclare ne pas en avoir l’intention.
b) Et du musée à Internet
Il est en revanche plus difficile d’évaluer la propension des visiteurs à se rendre sur
Internet après être venus au musée. Les données concernant les intentions d’ « après-visite »
des visiteurs in situ ne font pas ressortir clairement leur volonté de consulter l’un des sites du
musée ou de parler de leur visite en ligne, même si cela semble légèrement plus sensible chez
les 18-34 ans. Nous avons cependant évoqué plus haut la difficulté d’interpréter ces résultats
en raison de la formulation des modalités qui concernent Internet.
Toutefois, il est possible d’obtenir des éléments de réponse à partir du questionnaire en
ligne. La plupart des visiteurs constituant notre échantillon se sont en effet déjà rendus au
musée, ce qui signifie, puisqu’ils ont eu accès au questionnaire, qu’ils se sont ensuite rendus
sur Internet, ce qui vient appuyer l’hypothèse des « allers-retours », de la continuité entre le
musée in situ et le musée en ligne. Facebook accentue probablement cette tendance puisque
l’on reste virtuellement connecté avec le musée tant que l’on est « ami » avec le profil de
Jean-Jacques Henner ou « fan » du musée. Mais quel est le point de départ : visite en ligne ou
118
DONNAT Olivier, Pratiques culturelles et usages d’Internet [en ligne], Op. Cit.
61
visite in situ ? On ne peut répondre avec certitude, néanmoins on observe qu’un peu plus de la
moitié des internautes qui sont déjà venus au musée ne citent pas Internet au sujet de la façon
dont ils l’ont connu : il est donc probable que ces visiteurs se soient rendus sur Internet après
leur visite du musée.
Des passages d’un type de visite à l’autre existent donc mais semblent plutôt
concerner les jeunes générations pour qui visite in situ et visite en ligne apparaissent plutôt
complémentaires. Cette observation va dans le sens de ce que notait Olivier Donnat dès 2007
à propos des liens entre pratiques culturelles et pratiques numériques : « désormais, rares sont
les pratiques culturelles ou médiatiques qui se laissent aussi facilement réduire à l’équation
simple : une activité = un support ou un média + un lieu ».
62
Conclusion
A l’issue de notre étude, plusieurs tendances se dessinent. Une différence d’âge assez
conséquente tend à séparer visiteurs en ligne et visiteurs in situ, les internautes étant plus
jeunes. Cependant, les visiteurs en ligne semblent également faire partie du public in situ,
croisant leurs pratiques numériques et leurs pratiques culturelles traditionnelles. Plutôt que
deux types de visites, on aurait donc deux types de public : d’une part, un public naturel de
plus de 45 ans, bien identifiable et qui compose l’essentiel du public du musée in situ, mais ne
se rend pas beaucoup sur le musée en ligne ; d’autre part, un public de moins de 45 ans, et
surtout de 18-34 ans, qui est plus discret mais qui semble mêler pratique du musée en ligne et
pratique in situ. La présence du musée en ligne paraît être un bon moyen de toucher un public
jeune, avant comme après la visite, puisque si Internet constitue pour les 18-34 ans le mode de
connaissance du musée privilégié, la plupart des visiteurs en ligne de notre échantillon s’est
déjà rendue au musée. L’idée que la visite en ligne se substitue à la visite in situ nous semble
donc à exclure. Internet apparaît comme un outil permettant à la fois aux visiteurs d’entrer et
de rester en contact avec le musée via Internet avant et après leurs visites, ce que favorise
particulièrement une plate-forme comme Facebook d’où provient la majorité des répondants.
Ce lien entre visite en ligne et visite in situ qui semble transparaitre permet
vraisemblablement de fidéliser un public jeune qui, eu égard aux données obtenues en ligne,
revient davantage au musée que le public plus âgé largement composé de primo-visiteurs.
Cependant, selon d’autres critères, le public du musée semble particulièrement
homogène ; en dehors de leur âge, visiteurs en ligne et visiteurs in situ présentent un profil
sociodémographique similaire qui est celui que l’on retrouve souvent chez les publics de la
culture, caractérisé notamment par un haut niveau de diplôme et une forte fréquentation des
musées. Dans les deux cas, les Parisiens dominent. Internet semble donc être avant tout un
outil apte à toucher un public de visiteurs potentiels, ce qui est somme toute cohérent avec la
volonté du musée d’accroître sa notoriété et de rajeunir son image.
Les données recueillies en ligne semblent encourageantes au regard de la stratégie du
musée puisque notre échantillon correspond majoritairement au public ciblé. Mais dès lors,
comment interpréter la discrétion de la proportion des 18-34 ans in situ alors que les visiteurs
en ligne déclarent pour la plupart s’être rendus au musée ? Cela pourrait s’expliquer par le fait
que le questionnaire ne soit pas distribué pendant les nocturnes ; mais notre étude tend à
63
montrer que les visiteurs en ligne viennent autant, sinon plus, en journée. Il est donc probable
que, si des tendances positives se dessinent, l’on raisonne encore sur un nombre restreint de
jeunes. Il n’est pas à écarter qu’étant donnée la taille de notre échantillon, seuls les visiteurs
les plus « impliqués » aient répondu à notre questionnaire. Néanmoins, notre étude permet
tout de même de souligner des tendances qui laissent à penser qu’il faut donner le temps de se
développer à cette politique encore récente pour en mesurer pleinement les effets sur la
composition du public. Une étude portant sur le public des nocturnes serait par ailleurs
probablement très instructive et apporterait un éclairage précieux sur la nature des liens entre
les visiteurs, le musée et Internet.
Une question reste cependant en suspens : comment interpréter le lien qui s’esquisse
entre pratique du musée en ligne et fidélité des visiteurs ? L’hypothèse selon laquelle les
visiteurs en ligne reviennent essentiellement dans le cadre des nocturnes dont l’organisation
s’opère en ligne paraissait convaincante et n’est pas à exclure totalement ; néanmoins, on note
que les visiteurs en ligne sont assez nombreux à n’être venus qu’en journée. Dès lors, doit-on
attribuer cette relative fidélité à cette relation d’ « intimité » qu’il s’agit d’instaurer avec les
internautes à partir de la communication en ligne ? Si nous n’avons pu répondre à cette
question, la proximité et la visibilité de l’information sur Internet semble toutefois être une
explication plausible ; on peut supposer que si l’information empruntait d’autres canaux de
diffusion plus « traditionnels » comme la presse, le public in situ reviendrait davantage,
puisque près de la moitié déclare en avoir l’intention. Cependant, la stratégie du musée
semble adaptée au public ciblé, à savoir les 18-34 ans tout en permettant de répondre
également à des impératifs financiers.
Cette question en amène une autre : les données obtenues tendent à montrer que le
public du musée est davantage utilisateur qu’acteur vis-à-vis du musée en ligne, bien que les
blogueurs semblent assez nombreux parmi les visiteurs en ligne ; le musée, à partir ce petit
nombre de visiteurs fidèles qui intègre les usages numériques à ses pratiques culturelles, est-il
pour autant parvenu à former une communauté active et créative ?
64
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