Vision Stratégique du Système des Nations Unies à Madagascar: 2010-2011

11
 VISION STRATEGIQUE DU SYSTEME DES NATIONS UNIES MADAGASCAR  20102011 Système des Nations Unies Madagascar 

Transcript of Vision Stratégique du Système des Nations Unies à Madagascar: 2010-2011

Page 1: Vision Stratégique du Système des Nations Unies à Madagascar: 2010-2011

8/8/2019 Vision Stratégique du Système des Nations Unies à Madagascar: 2010-2011

http://slidepdf.com/reader/full/vision-strategique-du-systeme-des-nations-unies-a-madagascar-2010-2011 1/10

 

VISION STRATEGIQUE 

DU SYSTEME DES NATIONS UNIES 

MADAGASCAR 

2010‐2011 

Système des Nations Unies Madagascar 

Page 2: Vision Stratégique du Système des Nations Unies à Madagascar: 2010-2011

8/8/2019 Vision Stratégique du Système des Nations Unies à Madagascar: 2010-2011

http://slidepdf.com/reader/full/vision-strategique-du-systeme-des-nations-unies-a-madagascar-2010-2011 2/10

 

1

I INTRODUCTION

Au cours du processus de mise à jour (revue annuelle) du Plan-Cadre des Nations Unies pourl’Assistance au Développement (UNDAF) pour Madagascar 2008-2011 en novembre 2009, l’Equipede pays a décidé d’élaborer une vision stratégique pour la période 2010-2011. Cette disposition sans

précédent a été adoptée compte tenu de l’environnement programmatique difficile dans lequelintervient le système des Nations Unies depuis le changement inconstitutionnel de régime du 17 mars2009. Elle a pour objectif de permettre aux Nations Unies et à ses agences de remplir leur mandatrespectif dans un contexte de crise et pendant la phase de transition, une fois un accord politiqueaccepté par la Communauté internationale.

Dans le cadre des négociations facilitées par l’équipe conjointe de médiation internationale sousl’égide de l’Union Africaine (UA) dirigée par Joaquim Chissano au nom de la Communauté deDéveloppement de l’Afrique Australe (SADC) et avec la participation de l’Organisation Internationalede la Francophonie (OIF) et de l’Organisation des Nations Unies (ONU), les quatre principalesmouvances politiques nationales ont signé les Accords de Maputo et l’Acte additionnel d’Addis Abeba

entre les mois d’août et novembre 2009. Ces textes prônent la non violence, la tolérance, le pardon, laréconciliation, le respect mutuel et le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales ; ilsétablissent un cadre pour la gestion d’une période de transition de 15 mois, qui permettra le retour àl’ordre constitutionnel à Madagascar à travers la tenue d’élections crédibles et transparentes.

La mise à jour de l’UNDAF quant à elle conforte les cinq effets UNDAF qui restent ainsi pertinents etvalables dans leur ensemble ; cela se justifie essentiellement par le fait que l’UNDAF a pourobjectif d’accompagner les efforts nationaux pour l’atteinte des OMD et la mise en œuvre de ladéclaration du Millénaire. Les produits ont été réajustés au vu du contexte actuel et des nouveauxdéfis liés à la transition.

Ainsi, dans la ligne des résultats de l’UNDAF, la vision stratégique du Système des Nations Unies

(SNU) définit les axes d’actions prioritaires répondant aux besoins spécifiques du contexte. Elle prendaussi en considération les conclusions de la note sur l’impact de l’arrêt de l’assistance audéveloppement et de certains accords commerciaux internationaux qui a été communiquée auGroupe International de Contact (GIC) en octobre 2009.

Tenant en compte la situation de crise, la vision stratégique du SNU vise :1) la promotion des droits humains qui sont des droits universels, indivisibles, inter reliés,

interdépendants et qui se renforcent mutuellement, à travers la mise en œuvre desinstruments internationaux des droits humains

2) l’atteinte progressive des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) notammentpour les populations vulnérables.

Elle s’articule autour des cinq axes suivants :1) l’appui au processus de transition et à la réconciliation nationale selon le processus adopté et

reconnu par la communauté internationale, ainsi que l’appui au respect de l’état de droit et à lapromotion de la culture de la paix et la prévention des conflits

2) l’accès aux services sociaux de base dans les domaines de l’éducation et de la santé3) la protection des couches vulnérables et des populations à risque, y compris la gestion des

catastrophes4) le soutien à l’économie5) le renforcement de l’information, du suivi/évaluation et de la communication.

En agissant ainsi, les Nations Unies contribueront à un environnement de paix et de stabilité qui seranécessaire pour un engagement concerté des acteurs nationaux dans leurs efforts vers une quatrièmeRépublique et la reprise du développement économique et social.

Page 3: Vision Stratégique du Système des Nations Unies à Madagascar: 2010-2011

8/8/2019 Vision Stratégique du Système des Nations Unies à Madagascar: 2010-2011

http://slidepdf.com/reader/full/vision-strategique-du-systeme-des-nations-unies-a-madagascar-2010-2011 3/10

 

2

II SITUATION ET DEFIS

Madagascar fait face à plusieurs défis liés à l’atteinte des OMD et au contexte institutionnel présent.Avant la crise, Madagascar était considéré comme étant « on track » pour trois OMD sur huit(éducation primaire, autonomisation de la femme, et lutte contre le VIH, la malaria et les autresmaladies).

1) Budget de l’Etat

La crise politique a contribué à l’érosion le fonctionnement des services publics de base. Cela a eupour conséquences la baisse des finances publiques, des conflits au sein de l’administration, desdésaccords au sein du gouvernement de transition sur les aspects essentiels de gestion du secteurpublic et la migration de la force de travail publique vers le secteur privé ou à l'étranger. Les recettesfiscales et douanières ont diminué suite au déclin de la production économique et au gel de l’aideextérieure d'un montant de 300 millions US dollars. Cette dernière pèse lourdement sur le budget del’Etat car elle finance 50 % du budget de fonctionnement public hors solde et 75 % du budgetd'investissement public. Ainsi la suspension de l’aide allouée aux investissements publics a desimpacts négatifs sur le secteur « infrastructures publiques». La forte chute des recettes publiquespourrait affecter le paiement du service de la dette qui a permis de maintenir un niveau d’engagementminimal de la Communauté internationale. Le budget de l’Etat pour l’année 2010 reste inconnu à ladate de fin novembre 2009, ce qui empêche la planification.

2) Gouvernance politique, démocratie et état de droit

Bien que Madagascar soit partie à la plupart des instruments internationaux de droits humains, lescapacités de suivi, de collecte et d’analyse des informations en la matière sont faibles, tant celles desinstitutions publiques que de la société civile. Le manque d’un système national de suivi indépendantcapable de veiller à l’application des normes internationales en matière de droits humains restetoujours un défi pour la société. Malgré ces faiblesses de capacité en terme de « monitoring », les

organismes non gouvernementaux nationaux et internationaux ont constaté une dégradationprogressive de la situation des droits humains, non seulement civils et politiques mais aussisocio-économiques et culturels.

Des milliers d’emplois ont été perdus dans le secteur secondaire et tertiaire. Bien que ce soit déjàproblématique avant la crise, on a observé en 2009 une plus grande fréquence des arrestationsarbitraires, des restrictions à la liberté d’opinions, d’expression et de rassemblements ainsi quel’usage excessif de la force. La situation dans les prisons et les conditions de détention sont ellesaussi affectées par les restrictions budgétaires. Les incidents de violence, y compris la violence etl’exploitation sexuelle et la violence à l’encontre des enfants, sont aussi plus nombreux.

Selon Reporters Sans Frontières, Madagascar a reculé dans le classement annuel sur la liberté de lapresse se classant à la 134ème place en 2009. Enfin, « Transparency International » relève dans sondernier rapport que Madagascar régresse en matière de lutte contre la corruption ; avec un Indice dePerception de la Corruption (IPC) de 3 sur 10 en 2009, le pays est passé du 85

èmeau 99

èmerang sur

les 180 pays qui ont fait l’objet d’enquête.

Dans un contexte de contrainte budgétaire et de défis organisationnels majeurs, un budget de 10 à 20millions US dollars pour chaque élection et un budget de fonctionnement de 5 à 7 millions US dollarspar mois pour les nouvelles institutions sont nécessaires. Les listes électorales devront être revuesdans un contexte de pauvre performance de l’état civil.

3) Système de santé et d’éducation

En 2009, les budgets alloués aux Ministères en charge de la santé et de l’éducation ont été coupés de20 à 30 %. Les faiblesses en ressources humaines et les difficultés à les maintenir affaiblissentdavantage le secteur public. Moins de 3.000 médecins généralistes sont employés dans le secteurpublic pour une population de presque 20 millions d’habitants, avec une tendance à la baisseobservée. 40 % des formations sanitaires ne sont pas suffisamment approvisionnées en médicaments

Page 4: Vision Stratégique du Système des Nations Unies à Madagascar: 2010-2011

8/8/2019 Vision Stratégique du Système des Nations Unies à Madagascar: 2010-2011

http://slidepdf.com/reader/full/vision-strategique-du-systeme-des-nations-unies-a-madagascar-2010-2011 4/10

 

3

et autres intrants de santé par le circuit national d’approvisionnement à travers la centrale d’achat demédicaments SALAMA, et par conséquent leurs services ne sont pas sollicités. Le budget pour 2010du Ministère de la Santé risque d’être encore plus réduit, ce qui affectera d’avantage la chained’approvisionnement avec comme conséquence un possible effondrement du système de santé. Lescommandes pour 2010 ont déjà été affectées. En plus l’enclavement de certaines localités inhibel’accessibilité géographique des populations aux soins de santé avec selon les Régions 40 à 60 % despopulations sans accès. Dans le cadre de la lutte contre le VIH et le SIDA, les 9/10 du financementdes besoins nationaux prioritaires dépendent du soutien des partenaires techniques et financiers. Lasuspension des financements risque d’engendrer des impacts difficiles à rattraper tant sur le planinstitutionnel et social qu’en ce qui concerne la prise en charge des personnes.

Si l'inscription dans l’éducation primaire a presque doublé depuis 2002 c’est grâce à un effortconsidérable du gouvernement en termes de ressources nationales ainsi qu’un financement extérieurimportant. Cependant, le plan Education Pour Tous (EPT) endossé par les partenaires techniques etfinanciers (PTF) en février 2008 et pour lequel une allocation de 85,1 millions US dollars pour2009-2011 avait été obtenue du Fast Track Initiative - Catalytic Fund (FTI-CF) semble parfois êtreremis en cause, ayant comme résultat une confusion considérable aux niveaux déconcentrés du

système éducatif.

Les donateurs sont déjà intervenus à travers les fonds Fast Track Initiative (FTI) cette année pour nepas perdre les ressources susmentionnées, et dans en premier temps de décaisser 15 millions USdollars à travers l’UNICEF pour, notamment couvrir les subventions pour les premiers 4 mois de2010 de 38,585 enseignants FRAM assurant la scolarisation d'environ 2 millions d’élèves des écolesprimaires. Aussi la réaffectation au PAM de 1,9 millions US dollars dans le cadre du contrat dedésendettement entre la France et Madagascar a pu assurer la continuité des cantines scolaires dansle sud pendant l’année scolaire 2009/2010. Pour l’allocation des 70,1 millions restant, 21,1 millions ontdéjà été coupés en raison de perte de l’année 2009 pour la mise en œuvre, et les 49 millions USdollars restant à demander en Juillet 2010 dépendront de l'engagement du nouveau gouvernement.

Bien qu’une partie des fonds (15 millions US dollars) ait été sécurisée pour la période de janvier à juin2010, il est primordial qu’une cohérence et continuité soient rétablies dans le secteur éducation pouréviter non seulement la perte des ressources, mais surtout la perte des acquis en termes de taux descolarisation, taux de réussite et d’autres indicateurs de qualité. En sus des efforts pour appuyer cettecontinuité, les programmes en cours concernant aussi les enfants vulnérables et l’alphabétisationnécessitent d’être mis à l’échelle.

4) Vulnérabilité et croissance économique

Alors que le taux de croissance annuel de Madagascar pour 2008 était prévu à 7,2 %, lesperspectives pour 2009 ont été confirmées comme étant négatives. On estime que les niveauxglobaux de vulnérabilité sont très élevés : près de 69 % de la population vit en dessous du seuil de lapauvreté, un taux qui est demeuré presque inchangé depuis 1993, malgré une croissanceéconomique modeste mais constante. On estime que 44 % de la population soit 8,3 millions depersonnes vivent dans une situation de pauvreté extrême. Madagascar est aussi parmi les 18 paysdont le taux de prévalence de la malnutrition chronique est supérieur à 45 %.

La pauvreté touche en premier lieu la population rurale (représentant 80 % de la population malgache)où les indicateurs sont les plus élevés. Dans certains endroits, notamment le Sud et l’Est/Sud est dupays, l’insécurité alimentaire et le taux de malnutrition chronique sont particulièrement élevés avecdes crises nutritionnelles aigues qui se manifestent souvent suites aux catastrophes naturellesrécurrentes. En milieu urbain également, plus de 50 % de la population vit en dessous du seuil de

pauvreté. Les enquêtes en fin 2008 ont aussi montré que presque la moitié de ces pauvres sont eninsécurité alimentaire et, dans la capitale, leur taux de malnutrition chronique est plus élevé que lamoyenne nationale.

Une augmentation de la vulnérabilité d'une population, qui a peu de marge de manœuvre pour faireface, risque de s’accentuer d’avantage suite à : (a) une hausse du taux de chômage (plus de 200.000

Page 5: Vision Stratégique du Système des Nations Unies à Madagascar: 2010-2011

8/8/2019 Vision Stratégique du Système des Nations Unies à Madagascar: 2010-2011

http://slidepdf.com/reader/full/vision-strategique-du-systeme-des-nations-unies-a-madagascar-2010-2011 5/10

 

4

emplois ont été déjà perdus pendant 2009 dus à la crise et au ralentissement de la demandeéconomique globale) ; (b) une réduction de la production agricole due au manque d’intrantshabituellement fournis par le gouvernement mais absents en 2009 et (c) une mauvaise gestionpossible de la régulation de prix de denrées alimentaires sur le marché. Bien que la population de laCapitale n'ait pas montré une détérioration marquée de sa sécurité alimentaire en 2009, partiellementdue à une diminution des prix de denrées alimentaires de base, les tendances doivent être observéescontinuellement comme pendant la dernière crise politique et économique de 2001/2002, où lesindicateurs de pauvreté ont augmenté de 20 % dans les zones urbaines contrairement à 10 % dansles milieux ruraux, la capitale étant la plus affectée. Beaucoup dépend du développement ultérieur dusecteur agricole et des opportunités d'emploi dans les secteurs secondaire et tertiaire déjànégativement affectés.

Madagascar est le pays le plus exposé aux cyclones en Afrique (3 à 4 cyclones majeurs par an) ce quientraîne des effets dévastateurs sur sa population et son économie. L’évaluation des dommages,pertes et besoins pour la réhabilitation et la reconstruction menée en 2008 a estimé les dommages etpertes à 333 millions US dollars soit 4 % du PIB. 25 % de la population vivent dans des zones à risqueet les trois dernières années, entre 121.000 et 353.000 personnes ont été affectées. En même temps,

des périodes de sécheresse affectent les régions dans le sud du pays, soit 1,3 million de personnes.Environ 9.500 enfants ont été pris en charge pour malnutrition sévère en 2009. Le mécanisme nationalpour répondre à ces urgences a été désorganisé suite à la crise.

III LES DOMAINES PRIORITAIRES

Au vu du nouveau contexte et des défis, les Nations Unies concentreront leurs efforts sur cinqdomaines prioritaires d’intervention.

1) L’appui au processus de transition et à la restauration de l’état de droit. Dans ce cadre,

une fois qu’une transition consensuelle acceptée par la communauté internationale sera enplace, l’ONU pourrait fournir un accompagnement politique et un appui de type technique (àtravers l’appui aux institutions et activités de la transition) y inclus le renforcement de lacapacité nationale et de la participation citoyenne en matière d’organisation des élections(dont les modalités restent à préciser) en collaboration avec les partenaires locaux etinternationaux. Les agences du SNU consolideront aussi leurs programmes en cours enmatière de respect et protection des droits humains et de culture de la paix et prévention desconflits.

2) Au vu de l’érosion progressive de certains services publics et afin de garantir à la populationl’accès aux soins de santé et à l’éducation, le SNU appuiera la fourniture d’un minimum de

services sociaux de base notamment 1) la santé à travers i) l’appui à la chaîned’approvisionnement et la distribution des médicaments et intrants essentiels de santé , ii)l’extension des stratégies mobiles et avancées (outreach) des services de santé et denutrition ; , iii) l’appui à la fourniture de services de base de qualité, iv) l’approvisionnementen eau potable et en services d’assainissement des CSB et des communautés rurales eturbaines ciblées ; 2) et  l’éducation où le SNU prendra un rôle de leader pour soutenir lescapacités de base visant la pérennité d’une éducation de qualité, inclusive et accessible, dansle cadre du plan EPT. Les programmes de développement dans ces domaines seront aussipoursuivis.

3) La protection des couches vulnérables incluant les personnes vivant avec le VIH et despopulations à risque, ainsi que leur protection face aux catastrophes naturelles ouhumanitaires, avec des interventions ciblées de soutien aux filets de sécurités sociaux, aurenforcement de la production vivrière et à la préparation, la coordination et la réponse auxurgences. à travers le système des clusters renforcé par « l’inter-cluster1 ».

1L’inter-cluster est un organe destiné à arbitrer les priorités en matière d’interventions humanitaires

Page 6: Vision Stratégique du Système des Nations Unies à Madagascar: 2010-2011

8/8/2019 Vision Stratégique du Système des Nations Unies à Madagascar: 2010-2011

http://slidepdf.com/reader/full/vision-strategique-du-systeme-des-nations-unies-a-madagascar-2010-2011 6/10

 

5

4) Des actions spécifiques pour soutenir la relance économique avec un accent particuliersur les femmes, les jeunes, et les victimes de la crise, y compris les entreprises sont aussiprévues. Elles appuieront i) la mise en place des mesures de promotion de l’emploi et del’auto-emploi ; ii) les mesures urgentes d’assistance spéciale aux PME, moteur économiquedu pays; iii) la mise en place de dispositifs de développement des marchés inclusifs ; iv)l’amélioration de l’accès aux services financiers, notamment de la micro-finance.

5) Afin de renforcer la connaissance de la situation et la préparation de tout processusfutur de planification en matière de développement, les activités pour améliorer la collected’informations, le suivi/évaluation et la communication seront également promues.

III.1 Gouvernance politique, démocratie et état de droit

Dans la cadre de la mise en œuvre des accords de Maputo et d’Addis Abeba et en fonction ducalendrier à venir, les Nations Unies s’engageront à appuyer:

(i)La mise en œuvre de la transition  en général, à travers la facilitation et la médiation dans lecadre d’un mécanisme de suivi dont les modalités restent à définir

(ii) Le processus électoral qui va avoir lieu à plusieurs niveaux (mise en place et opérationnalisationdu CNR et des commissions de révision des textes (code électoral et Constitution), de laCommission Electorale Nationale Indépendante, établissement des listes électorales, opérationsenregistrement des électeurs, logistique, appui aux instances judiciaires de contrôle etd’approbation des votes, la Haute Cour de la Transition, etc.) et respectera les bonnes pratiquesinternationales en la matière,

(iii)La mise en place d’un nouvel ordre constitutionnel et la réédification de l’Etat malagasy  (state building) dont en particulier la révision de la Constitution et l’appui aux diverses institutionsde la transition (le Congrès de la Transition, le Conseil Supérieur de la Transition, la Commissionpour la Réunification Nationale, etc. …) pour leur permettre de jouer pleinement leurs rôlesrespectifs dans le respect des normes et standards internationaux des droits de l’homme,notamment sur le droit à l’information et le droit à la participation ;

(iv) La réconciliation nationale et la justice de la transition, et la résolution des déclencheurs de crise : appui au processus de réconciliation et d’amnistie découlant desAccords de Maputo et d’Addis Abeba, afin de jeter les bases d’une résolution durable de problèmessociopolitiques récurrents.

Par ailleurs, les Nations Unies renforceront leurs programmes existants dans les deux domainessuivants :

(v) L’appui à la mise en place de l’état de droit et le renforcement du système national de la protectionet la promotion des droits humains en renforçant la capacité en matière de droits de l’homme dupouvoir judiciaire et des intervenants de l’application des lois, en encourageant les autorités àcollaborer avec les mécanismes des droits de l’homme des Nations Unies et à terme mettre enplace la Commission nationale des droits humains et en renforçant les capacités de la société civileen matière de promotion et de protection des droits de l’homme ;

(vi) La Culture de la paix et prévention des conflits :  les Nations Unies mettront

particulièrement l’accent sur le renforcement de capacités des media nationaux ainsi que desmécanismes de dialogue communautaire pour la lutte contre la violence et la prévention desconflits, en s’appuyant sur des réseaux existants. Un accent particulier sera mis sur le rôle positif

Page 7: Vision Stratégique du Système des Nations Unies à Madagascar: 2010-2011

8/8/2019 Vision Stratégique du Système des Nations Unies à Madagascar: 2010-2011

http://slidepdf.com/reader/full/vision-strategique-du-systeme-des-nations-unies-a-madagascar-2010-2011 7/10

 

6

que les média peuvent jouer en matière de cohésion sociale ainsi que sur le rôle indispensabledes jeunes dans l’instauration d’une culture de la paix et de prévention de conflit dans unedémarche participative.

III.2 Accès aux services sociaux de base 

Tout en maintenant les activités de développement et dans le cadre des effets 3 et 5 de l’UNDAF, lesNations Unies fourniront un appui accru au fonctionnement des services sociaux de base dans lesdomaines de l’éducation et de la santé, en garantissant l’accès des plus vulnérables.

(i) Education 

Compte tenu du contexte de fragilité et de vulnérabilité accrue, et de l’importance de l’éducation pourla consolidation de la paix, de la sécurité, et de la bonne gouvernance, le système des Nations Unies :

assumeront un rôle de leader pour garder l’harmonisation des partenaires techniques et financiers , en vue d’assurer que le système éducatif fonctionne, que les ressources pour

l’éducation soient assurées, que les acquis soit capitalisés et que les objectifs du plan EPT soitatteints, surtout en ce qui concerne la réforme.

Les agences SNU sensibilisent  la population sur l’intégrité du secteur de l’éducation : les établissements de l’éducation ne doivent pas être utilisés pour des buts politiques .

assureront que les moyens et les stratégies de suivi et de réponse des effets des crises surl’éducation de la population vulnérable soient en place (insécurité alimentaire, vulnérabilitédes familles, augmentation des couts, perte des valeurs, violence politique, effets dechangement climatique, etc.).

prendront un rôle de leader pour renforcer les capacités de base  visant la pérennité d’uneéducation de qualité pour tous dans un environnement protecteur, sain et convivial pour lesenfants qui sont les vecteurs de changement de comportement dans la communauté.

auront un rôle clé pour assurer une éducation inclusive  (enfants et jeunes déscolarisés,exclus, analphabètes, etc.) et pour assurer qu’elle soit intégrée dans la collaboration EPT-FTIpour une discussion globale du système éducation (SWAP complet). 

(ii) Santé

En complément aux programmes de développement régulier, les Nations Unies appuieront troisinterventions critiques pour assurer l’accès des populations aux services de santé tout en évitant unécroulement total et une désorganisation profonde du système de santé après la crise. Il s’agit de :

Support de la chaine d’approvisionnement et la distribution des médicaments et intrantsessentiels de santé : Les Nations Unies supporteront la chaine d’approvisionnement et la distribution des médicaments et intrants essentiels de santé  à travers le Central d’achatSALAMA, y compris la santé reproductive (Heath essential commodities) (médicaments, vaccins,seringues, contraceptifs, ARV, kits d’accouchement, kits chirurgicaux, réactifs de dépistage duVIH,…), ce qui permettra aux services de santé publique, en général, et aux institutionssanitaires publiques et privées de maintenir leur fonctionnement dans le pays et de délivrer lesservices de santé de base. Les Nations Unies supporteront aussi la gratuité de certains produitsessentiels dans des zones prioritaires et pour les plus vulnérables.

Support à la fourniture des services aux populations les plus desservies dans les zonesprioritaires à travers les stratégies avancées et mobiles (outreach) de santé, santé reproductiveet de nutrition : Les Nations Unies supporteront aussi l’extension des stratégies mobiles et avancées  (outreach) des services de santé et de nutrition pour les mères, les enfants et les  jeunes, pour assurer que les services essentiels sont accessibles aux communautés les plus

Page 8: Vision Stratégique du Système des Nations Unies à Madagascar: 2010-2011

8/8/2019 Vision Stratégique du Système des Nations Unies à Madagascar: 2010-2011

http://slidepdf.com/reader/full/vision-strategique-du-systeme-des-nations-unies-a-madagascar-2010-2011 8/10

 

7

desservies. Cela inclura la distribution de moustiquaires, l’identification des femmes enceintes àrisque pour les référer aux services compétents, les services pour la santé maternelle etreproductive, les prestations des services amis des jeunes, l’intégration du VIH et les maladiestropicales et le renforcement des services communautaires ainsi que la promotion de l’hygiène.

Support de l’offre de service de qualité : Les Nations Unies supporteront la fourniture de services de qualité par le renforcement des soins à base communautaire à travers des ONGs etla société civile. Il s’agira d’approvisionner en eau potable et en services d’assainissement lesCSB et les communautés rurales et urbaines ciblées, ainsi que d’assurer la surveillanceintégrée, la riposte aux maladies à tendance épidémique, la supervision et le renforcement desressources humaines.

III.3 Protection des couches vulnérables et des populations à risque

Les Nations Unies intensifieront leurs efforts en vue de la protection des couches vulnérables et despopulations à risque

2. Ces interventions seront d’autant plus cruciales dans la mesure où elles

contribueront à diminuer de plus grandes tensions économiques et sociales dans les mois à venir qui

pourraient compromettre l’aboutissement du processus de transition, avec une attention particulièresur les milieux urbains et périurbains.

(i) Tout en assurant l’accès et le fonctionnement des services de base, les filets de sécurités sociaux  devront être immédiatement renforcés afin de protéger les  couches vulnérables etpopulations à risque et prévenir une dégradation extrême, voir irréversible, de leur situation desécurité alimentaire, nutritionnelle et de santé déjà très précaire avant la crise. Pour des zonesurbaines, ceci nécessitera le déclenchement d’un ensemble d’activités complémentaires quipourront inclure une combinaison de transferts ciblés d'argent et/ou de nourriture, la fournitured’aliments fortifiés pour les femmes et les enfants, l’extension des programmes à haute intensitéde main d’œuvre (HIMO) et les programmes d’appui à la production agricole dans les zones

urbaines et périurbaines.

(ii) Etant donné l’importance de l’agriculture dans l’économie, le SNU soutiendra des interventionsciblées visant le renforcement rapide de la production vivrière, à travers :- un plaidoyer pour la mise en place d’un mécanisme de facilitation de l’accès des paysans aux

intrants (semences et engrais) et aux financements ;- la redynamisation du sous-secteur semences (en cours) et constitution d’un capital semencier

pour supporter les urgences agricoles ;- la mise en place d’un programme d’achats des produits locaux pour les aides alimentaires ;- une contribution à la mise en place d’un cadre institutionnel approprié et crédible pour la

gouvernance des ressources naturelles.

(iii) Dans une situation où la capacité du gouvernement en matière de gestion des catastrophes estréduite, les Nations Unies renforceront aussi leur rôle de préparation, coordination et mise enœuvre des réponses d’urgence à travers le système de clusters humanitaires. Les Nations Unieset leurs partenaires assureront à la fois le pré positionnement des produits essentiels pourl’assistance immédiate aux populations et l’appui aux activités de préparation, de mitigation et dereconstruction pour le relèvement précoce. Leur mise à l’échelle s’appuiera davantage sur lesréseaux communautaires existants ainsi que sur le partenariat avec les organisations nongouvernementales qui les encadrent.

2  Les populations à risque incluent les personnes vivant avec le VIH 

Page 9: Vision Stratégique du Système des Nations Unies à Madagascar: 2010-2011

8/8/2019 Vision Stratégique du Système des Nations Unies à Madagascar: 2010-2011

http://slidepdf.com/reader/full/vision-strategique-du-systeme-des-nations-unies-a-madagascar-2010-2011 9/10

 

8

III.4 Soutien à l’économie

Les interventions des Nations Unies comprendront des actions spécifiques pour soutenir la relance économique pour tous avec un accent particulier sur les femmes, les jeunes, et les victimesde la crise, y compris les entreprises, tout en soutenant le développement social.

Les Nations Unies appuieront :

(i) la mise en place des mesures de promotion de l’emploi et de l’auto-emploi .

(ii) l’assistance technique nécessaire aux partenaires afin que des mesures urgentes d’assistance spéciale aux PME , moteur économique du pays, soient initiées pour éviter que les entreprises quisont déjà vacillantes ne tombent pas dans des situations de faillite dans le but de sauver desemplois. Une attention spéciale sera accordée à la mise en place de dispositifs de développementdes marchés inclusifs et à la mise aux normes et à la standardisation des produits.

(iii) l’amélioration de l’accès de tous aux services financiers, notamment de la micro-finance. A ce titre,

l’infrastructure technique et financière de ce secteur sera renforcée. Ensuite, les produits financiersseront vulgarisés, notamment auprès des populations vulnérables (jeunes, femmes) et enfin menerune expérimentation de produits de capital risque dans les zones pôles de croissance.

(iv) la mobilisation durable des ressources en eau et l’accès à l’assainissement pour les populationsurbaines dans les quartiers pauvres et en milieu rural. Les interventions en eau et assainissementconcerneront aussi l’appui technique pour la fourniture de l’eau à travers la construction/ laréhabilitation des infrastructures communautaires, le renforcement des mécanismes d’accès auxpauvres en milieu urbain dans 5 grandes villes, la mise en place et le renforcement de la gestion desservices et du ‘supply chain’ dans 5 régions ainsi que la promotion de l’hygiène du milieu, lespratiques de lavage des mains et l’appui à la gestion des déchets solides.

III.5 Gestion de l’information, suivi/évaluation et communication

Cette composante transversale comporte deux éléments :

(i) Gestion de l’information, suivi et évaluation des programmes

Le Système des Nations Unies continuera son appui aux systèmes d’information pour améliorer ladisponibilité des informations fiables sur la réponse aux besoins de la population et sa vulnérabilité.L’appui consistera, d’une part, à valoriser et renforcer la collecte et l’utilisation des données dessources administratives pour sauvegarder les systèmes d’information des ministères sectoriels àl’instar des ministères de l’éducation, de la santé et de l’agriculture ; et d’autre part, à organiser desenquêtes ou études périodiques, particulièrement pour le suivi et évaluation de la vulnérabilitéaggravée de la population malgache, comme l’enquête de pauvreté des ménages 2010, y inclus unmodule sur la nutrition, et les enquêtes périodiques urbaines McRAM. Par ailleurs, une attentionspéciale sera accordée à la collecte de données en situation d’urgence humanitaire et aurenforcement du système d’alerte précoce dans les zones exposées aux catastrophes naturelles.

(ii) Mobilisation et plaidoyer 

Il s’agit de mener une action conjointe pour une communication basée sur les droits humains avec unaccent sur les jeunes et la dignité humaine, sans oublier le VIH et le Sida. La communication porteraégalement sur la promotion des thèmes fondateurs tels que la démocratie, la protection de la faune et

de la flore afin de préserver l’héritage de Madagascar.

Page 10: Vision Stratégique du Système des Nations Unies à Madagascar: 2010-2011

8/8/2019 Vision Stratégique du Système des Nations Unies à Madagascar: 2010-2011

http://slidepdf.com/reader/full/vision-strategique-du-systeme-des-nations-unies-a-madagascar-2010-2011 10/10

 

9

IV LES RISQUES MAJEURS

Le contexte de mise en œuvre de l’assistance des Nations Unies s’expose aux risques majeurssuivants :

Les risques politiques inhérents à une situation de transition, risques marqués par la fragilitédu cadre politique de la transition et le contexte pré électoral. La vulnérabilité du cadrepolitique de la transition se trouverait accrue en l’absence de filets de protection sociale,compte tenu de la dégradation des conditions économiques.

Les risques administratifs et opérationnels liés à la désorganisation de l’appareil administratifde l’Etat, ayant affecté la cohérence des structures, la stabilité des cadres organiques et lerespect du système de commandement. Ces risques se trouveraient aggravés parl’effondrement attendu des recettes fiscales dès 2010.

L’effet conjugué de la baisse des recettes fiscales et douanières et de la suspension de l’aideinternationale aboutirait à une carence dans la fourniture globale des services sociaux debase, à la réalisation des droits humains, à l’augmentation de la pauvreté et du niveau devulnérabilité des couches les plus défavorisées de la population, de même qu’une diminutiondu niveau de la préparation et de la capacité de réponse dans les cas de catastrophes, ainsiqu’à l’impossibilité d’entreprendre plusieurs activités de développement.

Le risque de recours à la violence ne doit pas être totalement écarté.

V LES MODALITES D’INTERVENTION

Au vu des risques énumérées ci-dessus, les agences du système des Nations Unies adopteront lesmodalités de mise en œuvre les mieux appropriées. Le recours à des prestataires et partenaires tiers,dont ceux issus de la société civile (ONG) et des communautés elles-mêmes sera accru,particulièrement lorsqu’il s’agira d’assurer la délivrance de services de base. En outre, toujours en vued’optimiser la délivrance de leur assistance, les agences utiliseront les possibilités de « mise en œuvredirecte » (direct implementation ) et du système de « paiement direct » (direct payement ) ou de« remboursement » permis par la Situation Spéciale de Développement. Au cas par cas, des avancespourront être faites aux partenaires gouvernementaux au niveau central ou décentralisé avec unsystème renforcé de contrôle et de suivi.

Après évaluation de la situation et lorsque la situation le permettra, le système des Nations Uniespourra envisager l’application progressive des principes de la Déclaration de Paris sur l’Efficacité de

l’Aide.

Le leadership des Nations Unies sera nécessaire dans les domaines où elles disposent d’un avantagecomparatif reconnu tel que la gouvernance, les réponses humanitaires en collaboration avec lesONGs internationales, les services sociaux de base, et la protection des plus vulnérables et laréduction de la pauvreté, dans le cadre de la réalisation des OMD et des droits humains. Dans le casactuel de Madagascar, la bonne gouvernance pour la préservation des Aires Protégées et du capitalde biodiversité du pays serait aussi un point essentiel.

Les Nations Unies assumeront aussi un rôle de coordination à travers la plateforme des partenairestechniques et financiers (PTF), les groupes sectoriels, et les clusters humanitaires (IASC). Enfin, tout

particulièrement dans cette phase délicate de transition politique, les Nations Unies s’efforceront derester un intermédiaire neutre, efficace et rassembleur entre les parties nationales et la communautéinternationale, en vue de maximiser les possibilités de retour à la paix sociale et à la stabilité politiquepour l’atteinte des OMD à Madagascar.